RAPPORT D’ACTIVITE 2009 - atherbea.fr rue de la Feuillée à Bayonne En 1997, au 10, rue de la...

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1 RAPPORT D’ACTIVITE 2009

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RRAAPPPPOORRTT DD’’ AACCTTII VVII TTEE 22000099

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Santiago Angosse a été salarié de l’Association Atherbea du 18Aout 2008 au 17 Août 2009. Hormis ses compétences professionnelles il est aussi un artiste qui peint depuis de nombreuses années. A cet égard il nous a proposé d’exposer ses tableaux dans le hall du Foyer Atherbea. Cette exposition a remporté un vif succès tant auprès du personnel, des résidents, que des nombreuses personnes de passage durant la période d’accueil hivernal. Cette exposition s’inscrit dans le cadre d’une ouverture du Foyer Atherbea sur le monde extérieur, elle vient après une autre exposition réalisée par les élèves (BTS) du lycée hôtelier de Biarritz qui avaient exposé des œuvres au cours d’un repas offert et servis aux résidents. Parallèlement un atelier d’expression picturale fonctionne régulièrement le samedi matin, animé par une ancienne élève des beaux arts actuellement étudiante en psychologie qui vient bénévolement apporter son concours. Nous remercions Santiago Angosse, les élèves du Lycée Hôtelier et leurs professeurs ainsi que Laura Lstiburek.

* * * * * * *

Ce rapport d’activité est dédié à Guillaume ARMAND. Il travaillait dans nos cuisines avec Eric AUDRAIN, le chef cuisinier. Il possédait un BTS de restauration mais de graves ennuis de santé l’ont empêché de mener une carrière professionnelle normale. Guillaume en plus des compétences, possédait le regard, l’écoute, la compréhension de ceux qui ont souffert et qui pour cela pouvait se mettre à la place des personnes que nous accueillons. La maladie a fini par l’emporter. Qu’il soit ici remercié pour sa gentillesse, sa volonté de bien faire et de servir les

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autres, jusqu’au bout, en dépit des circonstances. Cette pensée s’adresse aussi à ses parents, à sa compagne et à son petit garçon.

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G L O S S A I R E

AJ : Aide Juridictionnelle AAH : Allocation Adulte Handicapé ACI : Ateliers et Chantiers d’insertion ACOR : Accueil Crise Orientation (service d’urgence psychiatrique du CHCB) AGEFIPH : Association Nationale de Gestion des Fonds pour l'Insertion Professionnelle des personnes Handicapées AGIR abcd : Association Générale des Intervenants retraités AI : Allocation d’Insertion versée par les ASSEDIC ALT : Aide au Logement Temporaire APP : Atelier Pédagogique Personnalisé ARIT : Association pour la Recherche et l'information sur les Toxicomanes ARS : Agence Régionale de Santé ASE : Aide Sociale à l’Enfance ASSEDIC : Association pour l'Emploi dans l'Industrie et le Commerce BAB : Bayonne, Anglet , Biarritz. BAL : Bureau d’Accès au Logement CADA : Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile CAF : Caisse d’Allocations Familiales CASF : Code de l'Action Sociale et des Familles CHCB : Centre Hospitalier de la Côte Basque CHRS : Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale CIO : Centre d’Information et d’Orientation CLI : Commission Locale d'Insertion CLSH :Centre de Loisirs sans Hébergement CMP : Centre Médico-Psychologique CMPP : Centre Médico-Psycho-Pédagogique CMU : Couverture Maladie Universelle CODES : Comité Départemental de l’Education à la Santé Conseillère ESF : en Economie Sociale et Familiale CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie CPOM : Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens CROSMS : Comité Régional de l'Organisation Sociale et Médico-Sociale

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G L O S S A I R E

CSF : Confédération Syndicale des Familles DDCS : Direction Départementale de la Cohésion Sociale DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (se substitue dès 2010 aux DDTEFP) DSD : Direction de la Solidarité Départementale EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées EPRD : Etat Prévisionnel des Recettes et des Dépenses FNARS : Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale FSE : Fonds Social Européen GCSMS : Groupement de Coopération Social et Médico-social GRETA : Groupement d'Etablissements pour la Formation continue HLM : Habitations à Loyers Modérés HPST (loi) : Hôpital, Patient, Santé et Territoires IME : Institut Médico-Educatif LABO : Laboratoire d’apprentissage de base par l’ordinateur LHSS : Lits Halte Soins Santé MVC : Maison de la Vie Citoyenne OFI : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration ORL : Oto-rhino-laryngologiste PAF : Police des Airs et des Frontières PMI : Protection Maternelle et Infantile RASED : Réseau d’Aide et de Soutien aux Elèves en Difficulté RGPP : Révision Générale des Politiques Publiques RMI : Revenu Minimum d’Insertion ROME : Répertoire Opérationnel des Métiers et de l'Emploi RSA : Revenu de Solidarité Active SLT : Service de Lutte Contre la Tuberculose SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance SOP : Syndicat général des Organismes Privés sanitaires et sociaux à but non lucratif STAB : Société de Transport de l’Agglomération Bayonnaise UNIFED : Union des Fédérations et Syndicats de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif URIOPSS : Union Régionale Inter fédérale des Organismes Privés Sanitaires et Sociaux URSSAF : Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales

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SS OO MM MM AA II RR EE

PPRREEAAMMBBUULLEE 11-- LL’’AASSSSOOCCIIAATTIIOONN AATTHHEERRBBEEAA

p 7

11--11 L’historique p 8

11--22 Ses Statuts p 8

11--33 Les équipements en gestion p 9

11--44 Le cadre légal et réglementaire p 9

11--55 L’habilitation p 9

11--66 La Population accueillie par Etablissement p 18

11--77 L’effectif autorisé p 19

22-- PPRREESSEENNTTAATTIIOONN DDEESS EELLEEMMEENNTTSS SSIIGGNNIIFFIICCAATTIIFFSS DDEE LL ’’AANNNNEEEE 22000099 p 20

2-1 L’évolution de la population accueillie p 20

2-1-1 Le SAO (Service d’Accueil et d’Orientation) a reçu en 2009 p 20

2-1-2 L’hébergement d’urgence, l’hébergement d’insertion tout public, l’hébergement d’insertion pour des jeunes de 18 à 25 ans et le séjour LHSS p 21

2-2 Evolution des politiques sociales, innovation, comp lexité et stratégies de gouvernance p 22

2-2-1 Les indicateurs balisant cette nouvelle logique p 22

2-2-2 L’évolution de l’organisation administrative territ oriale p 23

2-2-3 Les effets dans l’Action sociale p 23

2-2-4 Sommes-nous incités ou condamnés à la créativité ? p 25

2-3 Le CPOM (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moye ns) p 26

2-4 Ouverture des Lits Halte Soins Santé p 34

2-5 Le Projet d’Hôtel Social sur la CABAB p 35

33-- LLEESS EETTAABBLLIISSSSEEMMEENNTTSS p 35

3-1 Le Foyer Les Mouettes p 37

3-1-1 Le contexte et nos convictions p 37

3-1-2 Le service d’accueil et d’orientation p 48

3-1-3 l’Hébergement d’urgence p 49

3-1-4 Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale p 50

3-1-4-1 Le Dispositif d’Accueil Mères enfants : DAME p 53

3-1-4-2 Le centre d’écoute des violences conjugales p 58

3-1-4-3 Question de famille-ONDOAN : l’action soutien à la parentalité p 62

3-1-5 Parts de vie p 69

Famille D p 69

Famille B.L p 71

Histoire de vie de Madame J p 73

Histoire de vie de Melle N P 76

Histoire de vie de Madame M p 78

Histoire de vie de Christian p 79

Histoire de vie de Mlle C p 81

Sonia et Théo p 84

Loula et Fatiha p 86

Mademoiselle M. p 88

Famille A p 90

Famille B p 92

Famille G p 94

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3-2 Le Foyer Atherbea p 98

3-2-1 Les personnes accueillies p 98

3-2-1-1 Au SAO (Service d’Accueil et d’Orientation) p 98

3-2-1-2 En Hébergement d’Urgence p 103

3-2-1-3 En Hébergement d’Insertion p 106

3-2-2 Les professionnels engagés dans leur accompagnement p 113

3-2-2-1 L’effectif au 31 décembre p 113

3-2-2-2 Les mouvements du personnel p 113

3-2-2-3 L’Accueil des stagiaires p 115

3-2-2-4 Les formations réalisées p 116

3-3 Le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile p 118

3-4 Les ateliers chantiers d’insertion p 128

3-5 Les Lits Halte Soins Santé (LHSS) Gozaldi p 135

44-- LLEESS RREELLAATTIIOONNSS AAVVEECC LL ’’EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT p 143

CONCLUSION ET PERSPECTIVES p 144

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PP RR ÉÉ AA MM BB UU LL EE

1- L'ASSOCIATION ATHERBEA

11--11 LL ’’ hhiissttoorr iiqquuee ::

� Elle a été fondée le 20 octobre 1954 sous le nom d’association Centre d’Accueil et Foyer Côte Basque (patronyme qu’elle conserve jusqu’en 2005) à Bayonne dans le but « d’organiser un Centre d’Accueil pour l’hébergement des sans-logis et de toute personne démunie de logement Monsieur HALZUET en est le Président. Le 22 juin 1956 est ouvert le Centre l’ETAPE au 6, rue des gouverneurs à Bayonne.

� En 1966, Monsieur SEGUIN est élu Président.

� A partir de 1971, l’action d’hébergement s’élargit à :

• La réadaptation au réentraînement au travail dans les Ateliers de paillage et d’entretien, ainsi qu’à la recherche d’emploi avec le concours de l’ANPE.

• L’aide aux « malades éthyliques ».

� Le 21 décembre 1973 : le Centre L’ETAPE ferme ses portes et le CENTRE ATHERBEA prend le relais au 10, rue de la Feuillée à Bayonne. Deux ateliers y sont installés.

� En 1976 sur un complément de terrain cédé par la Ville de Bayonne, l’Association ajoute un bâtiment :

• abritant ateliers et salle polyvalente (jeux, réunions, théâtre), • construits par des hébergés rarement qualifiés, sous la direction de moniteurs,

avec les conseils d’ingénieurs, • dans le but de réadaptation ou d’adaptation à l’effort et au monde du travail.

Ainsi, depuis 1971, des ateliers accompagnent et complètent le travail d’accueil, de soutien, de restauration réalisé au CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) auprès des personnes en situation de grande détresse sociale et professionnelle sur la Côte Basque.

� Le 7 février 1983 : Convention préfectorale autorisant l’ouverture du Foyer « Les Mouettes », au 14. rue Jacques Laffitte, dans les locaux de l’ancienne caserne de pompiers, propriété de la Ville de Bayonne, pour accueillir : « sur la demande, des personnes en difficulté (à partir de 18 ans), seules ou accompagnées d’enfants et, notamment :

• des personnes sortant d’hospitalisation, dont les conditions de vie ne permettent pas, dans l’immédiat, une reprise d’activités dans de bonnes conditions,

• des personnes, seules ou accompagnées d’enfants, souffrant d’un handicap social récent (décès, naissance mal supportée, difficultés familiales, pertes de droits sociaux),

• des personnes sans logement (expulsées, sinistrées), notamment des femmes obligées de quitter leur foyer pour se soustraire aux violences qu’elles y subissent,

• des personnes en danger de prostitution, sans possibilité immédiate de réinsertion ».

• (article 1 de la Convention).

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� En octobre 1992, ouvre le CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), au 10, rue de la Feuillée à Bayonne

� En 1997, au 10, rue de la Feuillée (Foyer Atherbea et CADA) une opération de réhabilitation et d’extension des locaux est réalisée avec le concours de l’OPHLM (Office Public d’HLM) de la ville de BAYONNE et transforme l’hébergement par chambres de 3 à 4 places en studios individuels équipés chacun de sanitaires, de douches, d’un poste de télévision et d’un mobilier neufs Un restaurant social et des cuisines neuves voient le jour, ainsi qu’un pôle éducatif et administratif avec bureaux pour les entretiens d’accompagnement éducatif, social, psychologique et médical.

� Ces nouveaux locaux offrent un cadre enfin adapté à un accueil et un soutien de qualité pour les personnes qui sollicitent les services d’Atherbea.

� En 2005, Monsieur PICOT est élu Président

� En 2007, des ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion) voient le jour

� 1er juillet 2009 : ouverture des Lits Halte Soins Santé « Gozaldi » (*)

11--22 SSeess ssttaattuuttss ::

L’article 2 (modifié par l’Assemblée Générale du 28 juin 2005) précise que :

« L'Association a pour but, dans l’esprit de la loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, de favoriser et de promouvoir toutes activités sanitaires et sociales, éducatives et culturelles, pour les personnes ou les familles en difficulté ou en situation de détresse et, notamment, de créer, organiser, ou gérer, tous établissements ou services destinés à les accueillir et permettre leur insertion sociale et professionnelle ».

11--33 LL eess ééqquuiippeemmeennttss eenn GGeesstt iioonn ::

Quatre établissements dont deux sont des CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) et un service.

� le « Foyer ATHERBEA »

� le « Foyer LES MOUETTES » : créé en 1983 au 14 rue Jacques Laffitte à Bayonne dans les locaux de l’ancienne caserne des pompiers que la ville de BAYONNE met gratuitement à la disposition de l’Association par un bail de trois ans renouvelable (en 2007).

� le CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) du Pays Basque : n’est plus un CHRS depuis la « Loi n°2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration et le décret n°2007-399 du 23 mars 2007 relatif aux CADA » qui prévoit la création d’une 13ème catégorie d’établissements sociaux et médico-sociaux distincts des CHRS : les CADA. Jusqu’alors, les CADA étaient intégrés comme CHRS « spécialisés ».

� Les ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion)

� Les Lits Halte Soins Santé : c’est un établissement médico-social (alors que les autres structures gérées par l’association sont sociales)

(*) moment d’adoucissement des douleurs physiques et morales, en basque.

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11--44 LL ee ccaaddrr ee llééggaall eett rr éégglleemmeennttaaii rr ee ::

Les CHRS sont inscrits dans l’Aide Sociale à l’Hébergement et à la Réinsertion qui :

� est une forme particulière de l’Aide Sociale générale définie ainsi : « aide apportée par les collectivités publiques aux personnes dont les ressources sont insuffisantes ». Elle relève de l’assistance et traduit le devoir de solidarité de la société envers ses membres les plus démunis.

� est subsidiaire, c’est à dire qu’elle intervient lorsque les dispositifs de droit commun sont inaccessibles ou insuffisants (ainsi les Actions Santé à Atherbea)

� est arbitraire, c’est à dire non automatique (mais il s’agit néanmoins d’un droit réel de la personne ou de la famille).

11--55 LL ’’ hhaabbii ll ii ttaatt iioonn ::

Mais qu’est-ce qu’un CHRS ?

Selon l’article L.312-1 du code de l’action sociale et des familles, un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale est un « établissement comportant ou non un hébergement, assurant l’accueil, notamment dans les situations d’urgence, le soutien ou l’accompagnement social, l’adaptation à la vie active ou l’insertion sociale et professionnelle des personnes ou des familles en difficulté ou en situation de détresse ». On le voit, les caractéristiques de la population que nous pouvons accueillir sont on ne peut plus étendues.

Une catégorisation existait auparavant (jusqu’à la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions qui a élargi les missions des CHRS) : Ainsi,

� en 1953 : les sortants de prison, de cure, de rééducation, d’hôpitaux ou en danger de prostitution.

� en 1976 : peuvent être accueillis en CHRS :

• « les personnes sans logement sortant d’établissements hospitaliers, d’établissements de cure ou de rééducation ou d’établissements sociaux ou médico-sociaux assurant l’hébergement des handicapés.

• les personnes et les familles qui se trouvent privées de leur logement par des circonstances indépendantes de leur volonté et qui ont besoin d’être momentanément hébergées.

• les personnes et les familles qui se trouvent sans logement, de nationalité française, rapatriées de l’étranger

• les personnes et les familles sans logement en instance d’attribution du statut de réfugié

• les personnes et les familles qui se trouvent hors d’état d’assumer leurs responsabilités sociales ou familiales

• les vagabonds ayant accepté les mesures qui leur auront été proposées en vue de leur reclassement

• les inculpés placés sous contrôle judiciaire et les condamnés au sursis avec mise à l’épreuve

• les personnes libérées de prison

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• les personnes en danger de prostitution ou celles qui se livraient à la prostitution ».

Aujourd’hui, toute personne en difficulté ou en situation de détresse peut solliciter les services d’un CHRS avec une réserve cependant : pas n’importe quel CHRS. La plupart des CHRS sont habilités de manière spécifique qui les conduit à une forme de spécialisation :

� pour les hommes isolés ou les couples (c’est le cas du Foyer Atherbea)

� ou pour les femmes seules, les mères isolées et leurs enfants, les familles (comme le Foyer les Mouettes)

� pour les personnes alcooliques (ex : CHRS le Renouveau à Dijon)

� etc…

La question se pose pour l’avenir : doit-on passer de l’accueil de publics spécifiques à un accueil non ciblé, avec mixité, ouvert à tous (comme en dispose la loi de lutte contre les exclusions) ?

Qu’est-ce qu’un CADA ?

Les Centres d’Accueil pour demandeurs d’asile (CADA) ont été créés à partir de 1991 lorsqu’une circulaire du Premier ministre interdit aux demandeurs d’asile l’accès au travail. La perte de l’autonomie de ressources oblige l’Etat à mettre en place un dispositif d’accueil de substitution pour assurer la prise en charge matérielle des personnes qui demandent l’asile.».

Si la personne accepte l’offre de prise en charge en CADA, une allocation temporaire d’attente lui est versée par les ASSEDIC jusqu’à cette prise en charge. La loi n°2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration (art L348.1 à L348.4 du code l’action sociale et des familles) a créé une treizième catégorie d’établissement sociaux et médico-sociaux accueillant un public spécifique : « Bénéficient , sur leur demande, de l’aide sociale pour être accueillis dans les CADA, les étrangers en possession d’un des documents de séjour mentionnés à l’article L.742-1 du code de l’entré et du séjour des étrangers et du droit d’asile ».

La circulaire du 24 juillet 2008 précise les missions des CADA définies par l’article 95 de la loi n°2006-911 du 24 juillet 2006 et ses textes d’application ainsi que les relations entre les partenaires de la gestion du dispositif national d’accueil.

« Les centres d’accueil pour demandeurs d’asile ont pour mission d’assurer l’accueil, l’hébergement ainsi que l’accompagnement social et administratif des demandeurs d’asile en possession de l’un des documents de séjours mentionnés à l’article L.742-1 du code l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, pendant la durée d’instruction de leur demande d’asile. Cette mission prend fin à l’expiration du délai de recours contre la décision de l’office français de protection des réfugiés et apatrides ou à la date de notification de la décision de la commission des recours des réfugiés ».

Les missions des CADA sont donc :

� l’accueil et l’hébergement.

� l’accompagnement administratif, social et médical.

� la scolarisation des enfants et l’organisation d’activités socioculturelles au profit des résidents.

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� la gestion de la sortie centre.

Depuis le 1er janvier 2005, l’Agence Nationale de l’Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM) est chargée de l’animation et de la coordination du dispositif national d’accueil (DNA) des demandeurs d’asile, selon les modalités définies par la circulaire DPM/AC13/n°2003/605 du 19 décembre 2003. Dans ce cadre-là, les DRASS et les DDASS sont amenées à intervenir en matière d’admission pour répartir les places disponibles entre les départements.

L’accueil des demandeurs d’asile en France résulte de l’application de la Convention de Genève du 28 juillet 1951, modifiée par le protocole de New York du 31 janvier 1957. La Convention ne parle pas de demandeurs d'asile, mais définit le réfugié comme toute personne qui, «craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays» (art. 1er). Elle reconnaît aux réfugiés les droits au travail, aux prestations sociales, au logement, à la propriété, à l'enseignement, à la libre circulation et à la liberté d'association.

Selon l’UNESCO, « les demandeurs d’asile, sont des personnes qui ont quitté leur pays d’origine, qui ont demandé à être reconnues comme des réfugiés dans un autre pays et qui attendent que l’instance gouvernementale compétente prenne une décision à leur sujet ». Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) dépendant de l’ONU, donne une définition équivalente (voir Réfugiés, HCR, n°129 ; 2002) et précise : « L’absence de reconnaissance officielle ne diminue pas ses droits à la protection en vertu du droit international relatif aux réfugiés (…). Si l’on estime, à l’issue de l’examen du dossier que cette personne ne requiert pas une protection internationale, elle se retrouve dans la même situation que les étrangers en situation irrégulière et peut être expulsée ».

Les limites légales et réglementaires d’intervention des CADA

Le CADA a pour mission d’accueillir et d’accompagner les personnes ayant déposé une demande de statut de réfugié auprès de l’OFPRA et/ou de la CNDA. En conséquence, ces personnes sont en situation régulière au regard du séjour.

1. Accueil et hébergement :

La décision d’admission est prise par le DNA dans les conditions fixées par la Circulaire MES/DPM N) 99/399 du 08 juillet 1999. Si aucune admission directe n’est possible, le responsable du centre peut refuser l’admission proposée par le DNA. Exemples : difficulté de prise en charge de soins spécifiques sur place, handicap incompatible avec la structure d’hébergement…

Le contrat de séjour et le règlement intérieur, traduit pour les non francophones, doivent être acceptés par les nouveaux arrivants. Le non-respect du contenu de ces documents peut entraîner le départ du Centre des personnes concernées. Cette décision est prise par le responsable du Centre, après accord des services DDASS.

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2. Accompagnement administratif, social et médical :

� administratif :

L’équipe du CADA accompagne les demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives liées au séjour et à la demande de statut de réfugié pendant la procédure OFPRA et Commission de Recours. (CNDA)

Suite à une réponse négative de la CNDA, le terme du séjour en CADA concorde avec la fin de validité de l’OQF délivrée par la Préfecture. Il n’appartient pas à l’équipe du CADA de faire des demandes de réouverture de dossiers, de régularisation…et de leur fournir des attestations de domiciliation.

Nous aidons à la préparation des dossiers OFPRA et/ou CNDA. Le centre ne peut prendre en charge les frais d’avocat liés à leur défense.

Nous pouvons faire traduire des documents en lien avec la demande de statut de réfugié dans les limites suivantes :

- 185 € pour un individuel - 250 € pour un couple

� social :

Pour des problèmes spécifiques liés à la protection des enfants, nous sollicitons les services de l’ASE. Ce travail en partenariat reposant sur nos limites d’intervention, nous permet de confronter ces personnes à la loi française.

� médical :

Le rôle des intervenants est de faciliter le contact entre les demandeurs d’asile et les institutions de soins ou le corps médical. Il n’appartient pas à l’équipe de se substituer au corps médical pour apporter les soins ou conseils dans le domaine de la santé.

3. Animation et scolarisation des enfants

Le Centre peut prendre en charge une partie ou la totalité (suivant le coût) d’une activité pour chaque résident.

La scolarité est obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans. L’équipe peut également rechercher les moyens de soutien scolaire avec la collaboration des services de l’éducation nationale ou des associations locales.

Les enfants restent sous la responsabilité et la prise en charge entière de leurs parents et il n’appartient pas à l’équipe de se substituer à ces derniers pour remplir ce rôle.

Qu’est-ce que des ACI ?

Mission de l’ACI :

Selon l’article L322-4-16-8 du code du travail, les ACI « organisent le suivi, l’accompagnement, l’encadrement technique et la formation de leurs salariés en vue de faciliter leur insertion sociale et de rechercher les conditions d’une insertion professionnelle durable.

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Objectif principal :

Mise en relation de travail des personnes présentant des difficultés sociales et professionnelles, ayant une productivité particulièrement faible et fortement éloignées de l’emploi du fait de leur situation de pauvreté, de leurs compétences réduites ou inadaptées, de leurs difficultés de comportement ou de leurs problèmes de santé.

Objectifs opérationnels

� Organiser des activités permanentes, d’utilité sociale non rentables dans les conditions de droit commun ou d’une entreprise d’insertion : Bois

• activité bois : menuiserie, petite charpente. • activité entretien espaces verts.

� Accueillir, en contrats aidés (Contrat d’Avenir ou Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi…) des personnes en difficulté sociale et professionnelle temporairement ou durablement éloignés de l’emploi

� Viser leur insertion au cours ou au terme de leur contrat en aidant à :

• Restaurer l’estime de soi • Connaître leurs droits et devoirs, favoriser la prise de responsabilité • Favoriser l’élaboration du « roman familial » • Permettre l’accès aux soins : bilan de santé, PMI, médecine générale et

spécialisée, prévention (I.S.T. , conduites addictives …) • Régulariser l’ « administratif » (remise à jour des droits…), le « juridique »

(exercice du droit commun…) et l’aspect financier (gestion du budget, perspectives ...)

• Se préparer à l’exercice de la citoyenneté (droit de vote, ouverture à la vie de cité – loisirs culture….)

• Informer et accompagner si nécessaire à l’intérieur du dispositif social ou professionnel

• Ouvrir à l’insertion professionnelle : soutien dans les démarches pour trouver ou retrouver un travail, pour se former et accéder à un emploi qualifié et gratifiant

• Inscrire les personnes les plus éloignées de l’emploi dans une logique de requalification sociale

• Réapprivoiser leurs capacités à échanger avec autrui en : - s’intégrant dans un groupe de travail - respectant les règles - acceptant l’autorité d’un supérieur hiérarchique - étant solidaire des autres puisque chacun travaille à son rythme et selon

ses capacités, tout en percevant une rémunération équivalente - retrouvant une certaine stabilité dans le quotidien

• Donner accès à chaque intervenant aux Ateliers : - à un statut (1) d’ouvrier : une identité professionnelle ainsi recouvrée

ouvre à l’insertion professionnelle en milieu ordinaire - à une évolution de l’exercice de la citoyenneté passant du rôle de

consommateur (d’allocations) à celui de producteur (de biens manufacturés, de services)

- à une réappropriation de son corps particulièrement lorsque celui-ci a été meurtri (blessures, scarifications, conduites addictives etc…)

(1) du latin stature : placer, établir – Ensemble des positions qui le situe dans la hiérarchie sociale

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• Découvrir (ou maintenir) une dynamique de mobilisation dans un travail, tout en se (re)mettant progressivement (parfois très rapidement) en recherche active de travail en milieu ordinaire.

Les origines latines (serere = semer et in serere = implanter, entrelacer) du mot insertion marquent d’emblée les deux étais de cette notion : le temps (des semailles) et l’espace (pour l’implantation). Ces deux éléments doivent se conjuguer pour réussir une insertion (prendre le temps, ouvrir un espace)

Qu’est-ce que des Lits Halte Soins Santé?

Les bénéficiaires :

� Les bénéficiaires sont des personnes sans domicile fixe, quelque soit leur situation administrative et la pathologie qu’elles présentent, dont l’état de santé nécessite une prise en charge sanitaire et un accompagnement social. Il s’agit de personnes dont l’état de santé ne justifie pas d’hospitalisation mais qui, faute de domicile, ne peuvent bénéficier des soins nécessaires dans des conditions satisfaisantes.

Ces lits Halte Soins Santé ne se substituent pas à l’hôpital (ils n'en sont pas non plus une annexe), ni à aucune catégorie de structure sanitaire, médico-sociale ou sociale existante. Ils s’inscrivent dans une perspective de prise en charge globale. Ils articulent la dimension des soins (et de la prévention) avec un hébergement temporaire (il ne constitue pas un logement), un accompagnement social permettant à la fin du séjour la mise en place d’une solution relais adaptée (soit vers l’autonomie, soit vers une autre structure ou prise en charge complémentaire). Une mutualisation de moyens, un échange permanent de compétences, l’ouverture à des interventions extérieures (consultations de praticiens hospitaliers, rencontre in situ avec des praticiens médico-sociaux et sociaux) est recherchée avec l’ensemble des partenaires existant sur le territoire du Pays Basque. Cet établissement est mixte, ouvert aux hommes, aux femmes isolées et couples sans enfant. L’Association Atherbea prépare une relocalisation d’un autre CHRS qu’elle gère, le Foyer les Mouettes accueillant femmes isolées, parents avec enfants pour lesquels des lits halte soins santé pourraient être ouverts lorsque le projet de relocalisation aura abouti.

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Exemples de pathologies présentées par les personnes sans abri qui sont accueillies dans les LHSS :

• affections diverses (grippes, angines …) • fractures en cours de consolidation • suivi de pathologies cancéreuses (cérébrale ou pulmonaire) pendant les

périodes de « rémission », entre les chimiothérapies. • convalescence après hospitalisations pour hépatite C • séquelles d’accidents de travail ou de la vie (perte d’un œil en voie de

cicatrisation, visage défiguré suite à une agression etc.…) • préparation d’une intervention chirurgicale cardiaque par un retour à un

équilibre de vie, pondéral et d’hygiène de vie (tabagie…) • transition entre la fin d’une hospitalisation et la libération d’une place en

maison de repos, de post-cure ou maison de retraite etc.…

Capacité, amplitude d'ouverture, type de locaux :

� 5 lits ouverts 365 jours par an, 24 h sur 24 au 1er étage (accessible par ascenseur) du

10, rue de la feuillée à Bayonne, dans 4 chambres, dont une à deux lits, trois à un lit et comportant chacune :

• un cabinet de toilette avec douches et sanitaires • une télévision • un poste téléphonique avec numéro de téléphone particulier permettant d'être

appelé directement sans passer par le standard.

Le fonctionnement :

L'admission : � Elle est inconditionnelle sans exigence préalable d’engagement dans un projet

d’insertion sociale et/ou professionnelle.

Elle est prononcée, sur demande de la personne, par le directeur de l’Association, après avis du médecin coordinateur des « Lits Halte Soins Santé » qui aura auparavant évalué et identifié :

• le besoin sanitaire de la personne en demande • la pertinence médicale de son admission • l’absence de nécessité de prise en charge hospitalière.

La régulation :

� La régulation des places disponibles est assurée par le SAO (Service d'Accueil et d'Orientation) du Pays Basque géré par notre Association. Un protocole définissant les procédures d’orientation, de régulation et d’accueil a été élaboré entre le SAO et les « lits halte soins santé ».

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Les personnes peuvent avoir été orientées par :

• les médecins libéraux • les associations du type Médecins du Monde, Emmaüs, Secours

Catholique • les associations de lutte contre l'addictologie • le Centre Hospitalier de la Côte Basque • les cliniques • les services sociaux (CCAS, DSD etc.…)

Durée prévisionnelle de séjour :

� Elle ne doit pas excéder deux mois (circulaire du 7 février 2006) mais "reste conditionnée à l'évolution de l'état de santé de la personne accueillie". Elle est déterminée par l'équipe soignante et la personne accueillie selon la nécessité des soins. Il y aura possibilité d'interruption du séjour, à la demande de la personne ou du responsable du service, si nécessaire.

Il est donc clair qu'il s'agit d'une réponse transitoire prenant la forme d'un hébergement (et non d'un logement) dans une structure médico-sociale.

La sortie du dispositif :

� Elle est soumise à avis médical rendu après concertation de l'équipe médico-sociale.

Dés le début du séjour, une préparation à la sortie se met en place avec recherche d'une orientation adaptée (maison de repos, appartements thérapeutiques, CHRS, logement etc.…)

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Les objectifs poursuivis

� Permettre l’accès aux soins des plus démunis pour qui l’hospitalisation constitue souvent la dernière possibilité d’être protégé des agressions provoquées par des conditions de vie précaire, mais peut constituer de leur point de vue également un « danger » en termes d’atteinte à leur « liberté » de mouvement. � Assurer une continuité des soins en amont pour préparer la personne à une hospitalisation (avant un sevrage ou une opération par exemple) en sachant que bien souvent, les personnes en situation de précarité reportent jusqu’au dernier moment l’intervention. � Offrir un hébergement avec restauration (au Restaurant Social du Foyer Atherbea), vestiaire etc.…, en chambre individuelle et accessibilité aux personnes handicapées. � Accéder à un service de prévention et d’information, limitant les récidives ou les passages à l’acte en proposant des « parcours individuels de santé » et la mise en place de protocoles de soin ad hoc, en cas de nécessité. � Aider les personnes à accéder à leurs droits non seulement en termes de santé mais aussi sociaux pour favoriser l’insertion de ces personnes et leur orientation vers les services médicaux ou sociaux existants. � Elaborer avec chaque personne un parcours de sortie vers une structure ou un mode d’accompagnement adapté à sa situation (appartements thérapeutiques, maison relais, CHRS, logement autonome etc…) � Mettre en contact les personnes avec les partenaires médico-sociaux de la structure en développant un engagement réciproque de tous les services concernés par la santé ou l’insertion sociale, et le bénéficiaire. � Associer dans la mesure du possible les personnes accueillies dans ce service, au fonctionnement de la structure, par une intégration dans des groupes de paroles et de réflexion, ainsi que par des activités d’animation.

- Organiser la réalisation des examens prescrits par le médecin du service en vue de diagnostic et/ou suivi thérapeutique

Réaliser les soins infirmiers et para-médicaux (kinésithérapie…) nécessaires - Diffuser une éducation à la santé et une éducation thérapeutique dans le cadre des soins réalisés - Fournir les médicaments et autres matériels nécessaires aux soins non pris en charge par la Sécurité Sociale et les mutuelles. - Veiller, sous contrôle médical, à la gestion des traitements (par le personnel médical ou par la personne elle-même) - Favoriser la stabilisation d’un état pathologique par une prise en charge matérielle et morale dans des conditions de vie restaurées, permettant un soutien et une hygiène de vie indispensable. - Donner la possibilité, durant la convalescence, à la personne de se soigner en toute «tranquillité « , c’est à dire en sachant où elle mangera et où elle dormira le soir.

OOBBJJEECCTTIIFFSS PPRRIINNCCIIPPAAUUXX

OOBBJJEECCTTIIFFSS

OOPPEERRAATTIIOONNNNEELL

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11--66 LL aa ppooppuullaatt iioonn aaccccuueeii ll ll iiee ppaarr EEttaabbll iisssseemmeenntt ::

� Le Foyer les Mouettes à vocation généraliste, est ouvert aux femmes seules, aux mères isolées avec enfants de moins de trois ans (Convention avec le Conseil Général, pour une prestation de type Foyer Maternel), aux parents isolés avec enfant(s), aux familles, aux jeunes (garçons et filles) de 18 à 25 ans ayant un projet d’insertion professionnelle.

� Le Foyer ATHERBEA, lui aussi à vocation généraliste accueille des hommes seuls, parfois des couples en hébergement d’urgence, sans logement et quels que soient les symptômes associés : troubles du comportement, troubles mentaux, consommation de psychotropes, ruptures sociales, professionnelles

� Le CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) du Pays Basque :

« Bénéficient sur leur demande, de l’aide sociale pour être accueillis dans les CADA, les étrangers en possession d’un des documents de séjours mentionnés à l’article L.742.1 du CESEDA ».

L’Etat assure le financement de ces centres et en confie par convention la gestion à des organismes ou associations de droit privé.

Le statut de réfugié est accordé :

• à « toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté » selon l’alinéa 4 du préambule de la Constitution de la République Française de 1946 (asile constitutionnel).

• ou à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée (les menaces à la vie ou à la liberté pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’opinions politiques ou d’appartenance à un certain groupe social sont des persécutions) selon la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés (asile conventionnel).

� Les Lits Halte Soins Santé : accueillent des patients sans abri, hommes ou femmes,

quelque soit leur situation administrative, dont l’état de santé somatique ne justifie pas d’hospitalisation mais qui, faute de domicile, ne peuvent bénéficier des soins nécessaires dans des conditions satisfaisantes.

� Les ACI : embauchent en Contrats aidés (Contrat d’avenir ou contrat d’accompagnement dans l’emploi) des personnes en difficulté sociale et professionnelle, temporairement ou durablement éloignées de l’emploi.

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11--77 LL ’’ eeff ffeecctt ii ff aauuttoorr iisséé ::

Nous accueillons 253 personnes, 365 jours /an dont :

Au Foyer Les Mouettes :

• 2 en moyenne par jour au S.A.O. (Service d’Accueil et d’Orientation) qui est en fait le « guichet » auquel parviennent toutes les demandes d’aide (téléphone : 05.59.46.12.08).

• 20 en hébergement d’Urgence (pour 3 nuits, éventuellement renouvelables). • 35 (pour des séjours de 6 mois renouvelables, après évaluation) (7 places

supplémentaires à moyens en personnel constants ont été ouvertes au 1er décembre) dont 6 en prestation de type Foyer Maternel (avec financement complémentaire de l’Aide Sociale à l’Enfance).

• 10 au « Service Jeunes ».

Au Foyer Atherbea :

• 9 en moyenne par jour au SAO (téléphone 05 59 52 22 23) qui est en fait le « guichet» auquel parviennent toutes les premières demandes d’aide.

• 27 personnes en Hébergement d’Urgence (3 nuits éventuellement renouvelables).

• 85 au CHRS.

Au CADA :

• 60 résidents (10 hommes seuls et 50 résidents en familles).

Aux Lits Halte Soins Santé

• 5 patients (hommes ou femmes isolés et couples sans enfants)

Aux ACI :

• 15 ouvriers en insertion (hommes ou femmes)

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22-- PPRREESSEENNTTAATTII OONN DDEESS EELL EEMM EENNTTSS SSII GGNNII FFII CCAATTII FFSS DDEE LL ’’ AANNNNEEEE 22000099

22--11 LL ’’ éévvoolluutt iioonn ddee llaa ppooppuullaatt iioonn aaccccuueeii ll ll iiee

2-1-1 Le SAO (Service d’Accueil et d’Orientation) a reçu en 2009 :

• un nombre toujours aussi soutenu de demandes qu’en 2008 - 771 personnes (pour 3116 situations) l’ont sollicité

(4 095 en 2008, 552 en 2007, 585 en 2006)

• une part de personnes originaires du Pays Basque en hausse pour les familles et femmes isolées : 56 % (51 % en 2008 soit 307 personnes et 41 % en 2006)

• la part des hommes isolés originaires du Pays Basque fluctue :

- 22 % soit 535 personnes (31 % soit 1066 personnes en 2008, 20 % soit 328 personnes en 2006)

Mais leur nombre a bien augmenté depuis 2006. Si l’on escompte les personnes originaires de l’ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques, on observe les mêmes caractéristiques. * 78 % des familles et femmes isolées (soit 426 personnes) sont des Pyrénées-Atlantiques * le nombre et la part d’hommes isolés est moindre : 23 % soit 725 personnes (40 % et 1 367 personnes en 2008)

• le nombre d’étrangers a augmenté : - 1 839 en 2009 - 1 264 en 2008

On peut probablement y voir là un effet du phénomène migratoire Sud-Nord et Est-Ouest lié aux difficultés économiques des pays du Maghreb, Lusitano-hispanique et baltes.

• Les enfants : 170 accompagnaient leur(s) parent(s) (pour 3601 adultes) (218 en 2008)

• Pour l’ensemble de la population accueillie au SAO : la proportion respective d’enfants, de femmes et d’hommes reste étonnamment stable entre 2008 et 2009

2009 2008

Enfants 4,5 % 5 % Femmes 17 % 16 % hommes 77,5 % 79

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2-1-2 L’hébergement d’urgence, l’hébergement d’insertion tout public, l’hébergement d’insertion pour des jeunes de 18 à 25 ans et le séjour LHSS

Nous faisons ici état des personnes ayant pu accéder à un hébergement , mais cela ne nous renseigne pas sur le nombre de demandes qui en fait sont en moyenne trois fois plus nombreuses que nos capacités d’accueil un exemple :

DEMANDES D’ADMISSION 2009 EN CHRS (HEBERGEMENT D’I NSERTION)

Origine Foyer les Mouettes Foyer Atherbea Total

SAO Total des demandes

544 3227 3771

Demandes d’admission en Hébergement d’Insertion

295 249 544

Accords admission 71 Soit 1/4

112 Soit 1/2

183 Soit 1/3

Nous veillons à maintenir un taux d’occupation maximum (compte tenu des travaux d’entretien, parfois de réparation des logements entre deux séjours de familles ou personnes isolées). Quant aux durées de séjour, elles sont en moyenne de 10 mois. Le dispositif fonctionne donc à sa plus grande efficience et seule une augmentation de la capacité pourra accroître l’offre et ainsi réduire le nombre de demandes non satisfaites. - l’hébergement d’urgence : à nouveau une augmentation (après une baisse en 2008 : 52 personnes contre 1009 en 2007) : 648 personnes. On peut noter encore cette année un manque patent de places pour les familles. - l’hébergement d’insertion : L’origine géographique :

• 40 % des résidents CHRS sont originaires du Pays Basque. Et en y englobant l’ensemble du département, on est à 60 % des résidents

Ce qui confirme que les CHRS répondent avant tout à une demande locale qui s’amplifie. Un mot enfin à propos des jeunes de 18 à 24 ans dont le nombre et la part restent préoccupants depuis 2006, puisque

• 627 ont été accueilli en SAO (17 % du total des accueillis) • 208 ont pu être hébergés (22 % du total des résidents)

- Les lits halte soins santé : Ouverts le 1er juillet, ils ont pu bénéficier à 10 patients (dont une femme) dont deux étrangers et six originaires du Pays Basque. Ils présentaient des affections de longue durée (Hépatite C, SIDA) nécessitant des traitements lourds et parfois douloureux, des traumatismes après des accidents (fractures…), des pathologies cardiaques, oculaires, respiratoires. Le séjour leur a permis de traiter enfin convenablement l’affection ou les pathologies dont ils sont atteints. Deux d’entre eux ont trouvé un logement (l’un des deux a même repris un travail), tous ont pu être admis au Foyer Atherbea, un chez Emmaüs à Tarnos, un dans un établissement de soins, un chez une amie, un est reparti dans son pays et le dernier se loge à l’hôtel pour l’instant. Au vu des besoins actuels, un doublement de la capacité serait amplement justifié.

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22--22 EEvvoolluutt iioonn ddeess PPooll ii tt iiqquueess SSoocciiaalleess,, II nnnnoovvaatt iioonn,, CCoommpplleexxii ttéé eett SSttrr aattééggiieess ddee ggoouuvveerr nnaannccee

3 sigles signent la révolution copernicienne qu’est en train de vivre le Travail Social.

• RGPP (révision générale des Politiques publiques) • GCSMS • CPOM

mais il en est d’autres tout aussi exotiques :

• EPRD (Etat Prévisionnel des Recettes et des Dépenses) • HPST (loi Hôpital, Patient, Santé et Territoires) • ARS • ESMS Pic (Etablissement et Service Social et Médico-Social Privés d’Intérêt

Collectif)) avec 1 cerise sur le triptyque : l’appel à projet Cela signe le renversement de l’initiative du projet. On passe d’une logique « ascendante » qui a pour projet de départ les besoins diagnostiqués des personnes et qui conduit à l’élaboration de réponses et donc de moyens nécessaires à une logique « descendante », gestionnaire, où la puissance publique, en son autorité centrale, prescrit les besoins, la nature des réponses et les moyens « plafonds » nécessaires. La 1ère logique est de type « clinique », de santé publique, la seconde est à visée fondamentalement comptable.

2-2-1 Les indicateurs balisant cette nouvelle logique : 1- suppression de l’opposabilité financière des Conventions Collectives 2- instauration de tarifs plafonds (dans les EHPAD, CHRS, CADA, ESAT) 3- mise en concurrence implicite =

apparition des appels à projets (les Lits Halte Soins Santé ont été créés selon cette procédure ) .

fin des CROSMS remplacés par des commissions de sélection consultatives d’appels à projet.

explicite = déconventionnement, passage en marché public …. 4- concentration des opérateurs. 5- standardisation et formatage de l’offre de service 6- recherche de la performance au détriment des finalités ( ex : les ACI, les ESAT.)

quand l’irruption de la contrainte commerciale vient tempérer les ardeurs cliniques. 7- séparation du médico-social (qui rejoint le sanitaire) et du social (a contrario de la Loi

Sociale de 1975)

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2-2-2 L’évolution de l’organisation administrative terri toriale: Les DDASS et les DRASS, nées respectivement en 1964 et 1977, ont vécu ,après avoir longtemps constitué le cœur administratif de la déconcentration de l’Etat en matière de mise en œuvre des Politiques Sociales. La perte même de certaines de leurs compétences (protection de l’enfance pour les DDASS) n’ont pu réduire leur puissante représentation dans l’imaginaire collectif (« les enfants de la DDASS »… qui ne le sont plus depuis 1982 et les lois de décentralisation). A ce propos, Jérôme VACHON (1) parle de « la fin d’une époque » et selon lui « la question se pose déjà de savoir qui portera, demain, la culture et les préoccupations du secteur social et médico-social au sein des services de l’Etat ». Nous compléterons ceci par un fait généralement passé sous silence : les « inspecteurs » (ASE ou DDASS) auparavant tous formés à l’ENSP tendent à disparaître et sont remplacés par des « attachés » dont peu d’entre eux possèdent la culture de « Santé Publique » et sont plutôt des juristes ou des économistes. Enfin, les Préfets de région ont (élément nouveau) maintenant autorité hiérarchique sur les Préfets…

2-2-3 Les effets dans l’Action Sociale : - Selon Robert LAFORE (2), le modèle assistanciel français se recompose actuellement autour de trois types d’activités :

a) la gestion des risques familiaux b) l’Action Sociale de services : c’est la dimension consumériste de la loi 2002-2 qui se

manifeste là. l’offre est marchandisée, le « panier de services » apparaît. Pour résoudre les difficultés d’une personne, il faut lui offrir le choix entre les prestations, les services qu’elle vient consommer.

c) le modèle d’Insertion : chacun est ramené vers la norme sociale qui est la norme d’employabilité.

(1) VACHON Jérôme-Revue ASH Magasine – mars 2008 (2) LAFORE Robert « quel avenir pour les associations ? » Intervention aux Etats Généraux de la

FNARS Aquitaine - 24/9/09-Villenave d’Ornon

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- Il y a rééquilibrage entre l’organe et la fonction :

• jusqu’alors l’organe faisait la fonction :

- je crée l’établissement social (l’organe) - il remplit sa fonction (la fonction)

• dorénavant, peu importe qui fait. Seul compte que cela soit fait : ainsi les

acteurs privés, les bénévoles pourront intervenir dans l’Action Sociale (cf : les ESMS Pic mais aussi comme l’indique Julien ADDA (3) « nous assistons depuis 2003 à un festival de création de nouvelles fondations, afin de favoriser une véritable « culture du mécénat » face à la baisse programmée des financements publics de la culture, de l’université, de la recherche, des différentes causes d’intérêt général, qui ne relèveraient plus des fonctions régaliennes de l’Etat, le processus de « libéralisation » a atteint son sommet avec la création du fonds de dotation(4), pensé en référence au modèle américain de la philanthropie ».

- L’impact sur les associations sociales et médico-sociales : une complexité accrue. Qu’est-ce que la complexité ? Selon Régis LAPAUW(5), c’est un « état dynamique d’instabilité au sein de situations compliquées. G.J.B PROBST et H. ULRICH définissent la complexité par l’aptitude d’un système à adopter un grand nombre d’états différents pendant un laps de temps déterminé ».

Pour l’UNIOPSS (6) « Diriger une association gestionnaire, dans notre secteur, est de plus en plus difficile. Il faut maîtriser des législations de plus en plus complexes, recruter et fidéliser des personnels aux compétences multiples, négocier les budgets sur des bases évolutives, anticiper les transformations d’un environnement mouvant. Seules, les petites associations peinent à mobiliser et financer les compétences nécessaires, à plusieurs c’est possible. A nos yeux, la pluralité du secteur a fait sa force. Ainsi, où en serait-il, si des dizaines de milliers de

(3) ADDA Julien, « le fonds de dotation, un rêve associatif ? » Juris Association n° 395- 15 mars 2009

(4) crée par la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008, il est dédié au financement privé d’actions d’intérêt général.

(5) LAPAW Régis- « la pratique du management dans les entreprises sanitaires et sociales » – Toulouse, Ed. Privat, 1993.

(6) UNIOPSS- Rentrée Sociale 2009-2010- Revue Union Sociale - Hors Série n° 230- Septembre 2009.

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citoyens n’avaient créé des associations pour apporter une réponse aux personnes handicapées trop longtemps délaissées par la collectivité, lutter contre l’exclusion sociale et professionnelle, accompagner les personnes âgées à domicile, etc. Ce qui fait sa force semble aujourd’hui présenté comme un handicap, au nom de la rationalisation budgétaire et des moyens humains réduits des administrations chargées de le réguler. Certes, il nous faut collectivement optimiser l’organisation des réponses, l’utilisation des moyens dédiés au secteur ; mais il convient aussi de se garder des effets de mode ou des dogmes. Le secteur ne gagnera rien à une concentration excessive autour de quelques grands opérateurs ou groupements désincarnés. De petites structures ancrées sur le territoire, enracinées dans leurs projets, ont toute leur utilité. »

2-2-4 Sommes-nous incités ou condamnés à la créativité ? Dans un très proche avenir, nos organisations devront évoluer vers une configuration de type plutôt réticulaire (et non plus pyramidale) observe Jean-René LOUBAT (7) . Souplesse, adaptation aux besoins, imagination devront y être promues. Une interrogation demeure selon lui : « A l’heure où l’inventivité se révèle la qualité la plus essentielle, y sommes-nous vraiment préparés ? Une grande partie de nos écoles, de nos centres de formation comme de nos grandes écoles, ne privilégie-t’elle pas le formatage, c’est-à-dire la reproduction de la pensée au détriment de l’anticipation et de la créativité – même si l’on sait qu’il faut toujours un savant dosage des deux ? »

(7) Jean-René LOUBAT- « sommes-nous préparés à l’inventivité ? » - Revue ASH n° 2581 14 novembre 2008

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22--33 LL ee CCPPOOMM ((CCoonnttrr aatt PPlluurr iiaannnnuueell dd’’ OObbjj eecctt ii ffss eett ddee MM ooyyeennss))

La DDASS nous avait proposé en 2008 de préparer une procédure visant à la signature d’un CPOM. Le diagnostic interne préalable a débuté en décembre 2008 par la constitution d’un groupe de travail composé de deux administrateurs, le directeur général, les quatre chefs de services, deux délégués du personnel, la secrétaire de direction de l’association et la secrétaire comptable du Foyer les Mouettes. Ce groupe s’est réuni une heure chaque lundi matin jusqu’en octobre 2009. Le Cabinet PRACTIS a apporté son concours par un soutien méthodologique à la démarche qui a abouti à la production d’un document en trois parties :

• le diagnostic stratégique • le diagnostic opérationnel • les aspects financiers des propositions d’orientation

Rappelons les caractéristiques d’un CPOM :

Principe : pas de caractère obligatoire Buts poursuivis :

• assurer une reconduction, actualisée chaque année selon des règles permanentes, de ressources allouées lors d’un exercice antérieur

• garantir la prise en charge, sur plusieurs années, des surcoûts résultant d’un programme d’investissement ou d’une restructuration

• programmer sur plusieurs années l’alignement des ressources de l’établissement sur celles des équipements comparables

• mettre en oeuvre un programme de réduction des écarts , • permettre d’organiser une procédure budgétaire annuelle allégée (notamment

par la suppression des budgets prévisionnels) Effets : Avantages :

• un seul budget (dotation globalisée commune), pluriannuel • pérennisation et mutualisation des moyens • contrôle a posteriori • libre affectation des résultats • les structures signataires de CPOM seront prioritaires dans les procédures

d’appels d’offre (qui vont se substituer aux CROSMS et provoquer le passage d’une logique de partenaire des collectivités publiques à une logique de prestation de service)

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Risques et incertitudes : • Obligation de résultats • Pas de garantie annuelle de financement (car liée au montant des enveloppes

régionales annuelles limitatives • Non opposabilité des engagements pluriannuels de la DDASS (car le processus

de fixation annuelle des tarifs permet à l’autorité de tarification de réviser ses engagements)

• Anticipation des évolutions de la convention collective de travail • La performance au détriment de l’intervention sociale (ou « clinique ») :

développement d’une logique de prestation de service au détriment du développement des missions propres de l’association qui peut se trouver enfermer dans une course frénésie de réponses d’appels à projet opportuniste occultant la notion même de mission globale et de projet d’ensemble.

• Avec les procédures d’appels d’offre, fragilisation du financement pérenne des associations

• Culture d’une réponse au marché plutôt q’une réponse à la demande (des usagers)

3 critères :

• cohérence avec le schéma Départemental AHI (existence du schéma provisoirement facultative – circulaire DGAS du 20/07/06)

• existence d’un Projet d’Etablissement • objectif d’optimisation des coûts

Préalables : • diagnostic financier • rebasage

Durée : ( recommandée) Cinq ans Conditions :

• ne pas provoquer une disparition de la notion d’établissements en tant qu’entité à part entière

• le CPOM doit être seulement un outil au service d’une gestion • les autorisations de fonctionnement sont délivrées avant tout au regard d’un

projet d’Etablissement spécifique et cohérent avec des besoins identifiés sur un bassin de vie

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Contenu : (Circulaire DGAS du 26/03/07) Pour chaque structure :

• objectifs de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) • analyse des effets de noria en matière de charges de personnel (= évolutions de

la masse salariale suite aux départs en retraite et aux différences de rémunérations entre salariés sortis et entrés)

• objectifs de mutualisation de moyens : « gains de productivité » • indicateurs de sécurité et de performance financière • mission et organisation du Siège et de chaque structure • objectifs de convergence tarifaire interne

Le CPOM de l’Association ATHERBEA : Pour ce qui nous concerne, nous avons voulu saisir cette élaboration d’un CPOM comme une opportunité à compléter la démarche d’évaluation interne réalisée dans chaque établissement en lui conférant une dimension associative et prospective. Ce qui nous a autorisé et incité à reconsidérer nos logiques de fonctionnement et à imaginer une nouvelle organisation de l’offre de services. Nous proposons ainsi de passer d’une logique catégorielle (actuellement, les deux CHRS se distinguent (conventionnellement) par le « genre » de population accueillie : les hommes au Foyer Atherbea, les femmes et familles au Foyer les Mouettes) à une logique fonctionnelle distinguant trois pôles selon la fonction assignée à chacun d’eux :

• un pôle « Accueil, Urgence, Orientation » • un pôle « Socialisation » (pour les hommes, femmes isolés ou en couple ou en

familles, fortement désocialisés, en situation de grande précarité etc…) • un pôle Insertion (pour les hommes, femmes isolées ou en couple ou en

famille, déjà inscrits dans une dynamique d’insertion sociale et/ou professionnelle).

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- DIAPO CPOM N°1

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DIAPO CPOM N 2

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DIAPO CPOM N 3

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DIA2PO CPOM N 4

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Le groupe projet devait se transformer en groupe de pilotage intégrant la DDASS, à ses travaux d’élaboration d’un « diagnostic partagé » avec un objectif de signature du CPOM à la fin 2009. Cet objectif n’a pu se réaliser faute de disponibilités de notre autorité de tarification et de contrôle, elle-même absorbée par une réorganisation générale de ses missions et fonctionnement (ce qui a abouti à la partition de la DDASS en délégation locale de la nouvelle Agence Régionale de Santé et la tout aussi nouvelle Direction Départementale de la Cohésion Sociale). Nous espérons concrétiser cette signature en 2010.

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22--44 OOuuvveerr ttuurr ee ddeess LL ii ttss HHaall ttee SSooiinnss SSaannttéé ::

Après un avis favorable du CROSMS le 1er décembre 2006, la DGAS a enfin accordé les crédits nécessaires à la création de ce nouvel établissement (qui est pour l’instant une « micro »-structure de 5 lits dont nous souhaitons doubler la capacité le plus tôt possible) qui a ouvert le 1er juillet 2009. ���� Les lits halte soins santé sont situés au 10, rue de la Feuillée à Bayonne.

Ils sont un Etablissement Médico-Social à part entière, mais leur proximité avec le CHRS ATHERBEA leur permet de bénéficier de moyens matériels et prestations existants (Restaurant Social, Service d'Entretien, Service de Veille permanent 365 j/an 24h/24) en les adaptant à la spécificité de la structure LHSS (menus adaptés, restauration dans les chambres selon les besoins, entretien spécifique de la literie, du linge personnel, personnel dédié spécifiquement aux LHSS) Une équipe permanente (chef de service, médecin, infirmière, aide-soignante, kinésithérapeute, éducateur, psychologue, agents d'entretien, surveillant de nuit) en assure le bon fonctionnement sous l'autorité du Directeur d'Association.

Les bénéficiaires :

���� Les bénéficiaires sont des personnes sans domicile fixe, quelque soit leur situation administrative et la pathologie qu’elles présentent, dont l’état de santé nécessite une prise en charge sanitaire et un accompagnement social. Il s’agit de personnes dont l’état de santé ne justifie pas d’hospitalisation mais qui, faute de domicile, ne peuvent bénéficier des soins nécessaires dans des conditions satisfaisantes. Ces lits Halte Soins Santé ne se substituent pas à l’hôpital (ils n'en seront pas non plus une annexe), ni à aucune catégorie de structure sanitaire, médico-sociale ou sociale existante. Ils s’inscrivent dans une perspective de prise en charge globale. Ils articulent la dimension des soins (et de la prévention) avec un hébergement temporaire (il ne constitue pas un logement), un accompagnement social permettant à la fin du séjour la mise en place d’une solution relais adaptée (soit vers l’autonomie, soit vers une autre structure ou prise en charge complémentaire). Une mutualisation de moyens, un échange permanent de compétences, l’ouverture à des interventions extérieures (consultations de praticiens hospitaliers, rencontre in situ avec des praticiens médico-sociaux et sociaux) est recherchée avec l’ensemble des partenaires existant sur le territoire du Pays Basque.

Cet établissement est mixte, ouvert aux hommes, aux femmes isolées et couples sans enfant.

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L’ensemble du projet immobilier est réalisé : un site réservé (à Biarritz) , toutes les études architecturales réalisées, les entreprises retenues, les financements obtenus (y compris pour le mobilier). Les travaux pouvaient débuter en septembre 2009. Mais la moitié du budget nécessaire au fonctionnement et attribué par l’Etat, fait encore défaut… Le projet est en suspend ! L’ensemble du collectif d’association à l’origine du projet restera mobilisé et vigilant à sa réalisation dont la nécessité est plus que jamais cruciale dans le contexte actuel (foncier, social, économique).

33-- LL EESS ÉÉTTAABBLL II SSSSEEMM EENNTTSS

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3-1-1 Le contexte et nos convictions

En 2009, l’ensemble des dispositifs animés par le Foyer les Mouettes aura permis à 66 ménages en détresse sociale de bénéficier d’une prise en charge.

Ainsi, 116 personnes ont pu séjourner en moyenne 7 mois, dans un cadre d’hébergement adapté, et bénéficier d’un accompagnement social global personnalisé et intense, assuré par un travailleur social à raison d’une rencontre par semaine.

Parallèlement, l’année 2009 aura été le théâtre de la continuité de l’évolution silencieuse des politiques publiques dans notre secteur. On peut la présenter en deux points :

� Le passage d’une logique de moyens à une logique de la performance, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques : l’argent engagé par l’Etat doit maintenant produire des effets positifs quantifiables. Cette logique est déjà mise en action notamment avec les rapports annuels de performance que les établissements doivent renseigner chaque année.

� La réorientation des objectifs des dispositifs avec un mot d’ordre : le logement

d’abord, et un risque de négation de la complexité de la situation des usagers. Ces derniers n’auraient finalement besoin que d’un logement, ici … ou ailleurs.

Deux dimensions, deux mondes, une tension. Un bilan annuel d’établissement d’un côté, et de l’autre des Politiques Publiques qui viennent questionner la capacité à la performance, bousculer des pratiques et des valeurs. Sur 66 ménages ayant terminé leur séjour au foyer les Mouettes en 2009, 28, soit 48 personnes, ont été relogés de façon durable dans le parc privé ou en logement social, dans des conditions matérielles, administratives et financières saines :

• Situation géographique du logement adapté au projet de la personne et à la préservation de son réseau social.

• Logement adapté à la composition familiale • Logement meublé et équipé par la personne ou en partenariat avec Emmaüs et

la CAF • Loyer adapté aux ressources • Droits à l’allocation logement ouverts • Situation financière stabilisée (dossier de surendettement, plan d’épurement

des dettes) • Ressources financières mensuelles assurées (salaires, droits CAF ou pôle

emploi) • Droit à une couverture santé ouvert (CMU ou sécurité sociale salariée) • Papiers d’identité à jour (carte de séjour ou carte d’identité) • Enfants de + de 6 ans scolarisés pour les familles.

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42% des ménages ont été relogés selon ces critères non exhaustifs, pour certains avec une évolution remarquable. Un tiers des ménages sortis en 2009 a choisi de partir vivre chez des membres de leur famille ou chez des amis au cours de leur parcours d’insertion. Les effets positifs de nos dispositifs sur l’insertion des ménages ne sont pas nouveaux, ils sont réels et en partie quantifiables. Quantifier, c’est le principe de base de la logique de la performance ; ce qui ne peut pas l’être peut très difficilement être valorisé. Hors comment quantifier l’évolution de l’état psychologique d’une personne, de sa santé, de ses compétences parentales, et avec quels risques éthiques ? Comment établir des critères cohérents quand le public pris en charge présente des niveaux de problématiques si variés ? Renseigner des dossiers HLM peut prendre une semaine avec certains usagers, cela peut prendre plusieurs mois, voir nécessiter des actions préalables pour des usagers très désocialisés. Les critères des rapports annuels de performance ne permettent pas de valoriser un accompagnement ayant favorisé l’inscription d’un usager au pôle emploi par exemple, et pourtant pour certains cela peut être une véritable évolution. Comment la logique de la performance prendrait-elle en compte les spécificités locales des marchés immobiliers ou de l’emploi avec des critères identiques au niveau national ? On le voit, la logique de la performance ne reconnaît que ce qui est immédiatement quantifiable. En ignorant ce qui ne peut l’être, elle tend à simplifier à outrance les problématiques sociales collectives et individuelles , et à nier la complexité. Hors, l’année 2009, nous a confirmé au travers des accompagnements que nous avons réalisé que la complexité est au cœur de la situation des usagers, qu’elle va grandissante, et que c’est justement sa prise en compte qui produit des effets positifs sur l’insertion des personnes. Pour Edgar Morin « est complexe ce qui ne peut se ramener à une loi, ce qui ne peut se réduire à une idée simple. ». La complexité est multidimensionnelle et elle a pour particularité de rendre la réalité imprévisible. La complexité des situations des usagers, nécessite une réponse multidimensionnelle : l’accompagnement social global, et l’acceptation des limites, tout ne peut pas toujours réussir ou pas tout de suite. Sauf si des réponses toutes faites sont imposées aux usagers, sans tenir compte de leur désir, ce qui n’est pas souhaitable. Les personnes que nous avons accompagnées en 2009 étaient toutes dans des problématiques multidimensionnelles complexes :

• Problèmes de logement bien sûr, • histoire familiale traumatique, • problèmes de santé, problèmes psychologiques, • problèmes financiers, dettes, • difficultés à assumer la fonction parentale, • problèmes administratifs • violences conjugales • perte des solidarités familiales • illettrisme • très faible niveau de formation

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Un problème agissant sur un autre puis sur troisième, un quatrième, pour finir par créer un système dynamique instable qui tire les personnes vers le bas. En 2009, l’évolution des dimensions extérieures aux personnes est venue faire grandir la complexité. Le marché immobilier local est resté saturé et cher, le marché de l’emploi s’est écroulé sous l’effet de la crise économique. La mise en place des dispositifs RSA et DALO avec leurs méandres administratifs a renforcé l’opacité de l’accès aux droits communs pour les usagers. Pour les personnes étrangères le durcissement des critères d’attribution du RSA a créé des situations financières et administratives plus difficiles. Enfin, pour les ressortissants des nouveaux pays entrés dans l’Union qui peuvent circuler librement sur le territoire français, le recours administratif pour obtenir le droit de travailler est resté quasi impossible à faire aboutir. L’insertion de ces personnes est donc sans issus. Face à de telles évolutions, l’accompagnement social global reste plus que jamais la réponse adaptée aux phénomènes d’exclusion. Pour conclure, nous pourrions affirmer que la performance existe déjà dans la lutte contre les exclusions. C’est ce que réalisent chaque jour les travailleurs sociaux au contact des plus démunis :

� en acceptant la complexité, � en créant une relation d’aide � en accompagnant les personnes dans toutes leurs dimensions, sur le long terme, � en confrontant les personnes à nos normes sociales, sans jugement préétablis de ce

qui serait bon pour elles � enfin, en partageant leurs réussites et leurs échecs.

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L’accompagnement social global : Vignettes cliniques Lydie et son fils Karim Accueillie le 28 novembre 2008 au Foyer les Mouettes dans le cadre du DAME (Dispositif d’Accueil des Mères et Enfants) à la demande des services sociaux. En effet, Lydie, réactive au signalement effectué par sa mère auprès des services sociaux se retrouvait à la rue, suspectée de maltraitance auprès de son fils Karim. Dès son arrivée, Lydie a adopté une attitude réservée, basée sur l’observation : elle semblait découvrir un lieu où beaucoup de personnes gravitaient autour d’elle et de son enfant. Son intelligence et sa pertinence nous ont permis d’instaurer une relation beaucoup plus sereine : la discussion a fait place au rideau de cheveux qu’elle nous proposait tout au début de son séjour. En effet, Lydie baissait souvent la tête et semblait se cacher derrière ses longs cheveux, comportement que l’on retrouvait chez Karim Cette jeune dame était volontaire pour toutes les activités proposées : sortie familiale en week-end avec d’autres familles de la prestation, activités décoration. Par contre, le fait de confier son fils afin qu’elle puisse avoir du temps pour elle, n’était pas encore acquis. Au fil du temps l’idée a fait son chemin. De plus Lydie contrairement au début de l’hébergement acceptait l’aide proposée quand son enfant faisait un caprice. Il ne voulait pas la lâcher d’un pouce ou refusait de manger sur sa chaise et réclamait ses bras pour finir le repas. Lydie était parfois excédée par le comportement de Karim mais immédiatement acceptait d’en discuter, expliquant le pourquoi de son énervement et se calmait rapidement. Karim était un enfant pétillant de malice et très charmeur. Il savait ce qu’il veut et surtout ce qu’il ne voulait pas : c'est-à-dire contrarier ses petits plans ! Il employait rarement des mots pour s’exprimer et émettait des petits grognements de satisfaction ou de déplaisir. Il criait fort pour manifester son désaccord mais acceptait les règles posées après lui avoir expliqué le pourquoi de notre intervention. C’était un petit garçon très sociable qui s’installait sur le fauteuil face au bureau pour dialoguer à sa manière avec l’éducateur. Lydie, comme Karim, avaient besoin d’être sécurisés pour être réellement eux mêmes. L’observation de l’équipe éducative des trois premiers mois de son hébergement nous avait amené à infirmer totalement les accusations de maltraitance envers enfant à l ‘encontre de Lydie. Néanmoins, lors de la Commission Technique Educative, une reconduction de prise en charge dans le cadre du DAME a été décidée afin de permettre à cette jeune femme de pouvoir vivre avec son fils sans le regard permanent de l’équipe éducative, mais à proximité immédiate si elle avait besoin de notre aide. Elle a donc emménagé dans un petit appartement du résidentiel regroupé en mars 2009. Immédiatement elle a investi les lieux en proposant une jolie décoration personnalisée et un espace chaleureux et confortable pour la chambre de son fils. A partir de ce changement, Lydie nous a paru plus épanouie, moins irritable : elle a su nous montrer qu’elle était capable de gérer sa vie et celle de son enfant. C’est avec un plaisir évident qu’elle a pu ouvrir la porte de son appartement pour nous inviter à partager non seulement un café mais aussi un petit bout de son histoire, de son chemin.

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• Les rythmes de sommeil et de repas étaient respectés. • Elle a bien géré son quotidien, qu’il soit matériel, administratif ou financier. • Elle s’est ménagée des temps personnels, en confiant Karim à son père ou à

l’éducatrice de service, ou à ses propres relations familiales. • Elle est sortie de sa réserve et de sa méfiance et a profité pleinement des

activités proposées par le DAME. • Elle s’est également détendue suffisamment pour échanger sur ses ressentis et

questionnements autour du développement psychologique de son fils (rythmes d’apprentissage, phase d’opposition …) et a su tenir compte des avis ou informations qui lui étaient donnés, pour encore mieux répondre aux besoins de Karim.

Financièrement, elle s’est trouvée contrainte de saisir le juge aux affaires familiales afin d’obtenir la fixation d’une pension alimentaire pour Karim, et ainsi maintenir l’A.P.I. (Allocation de Parent Isolé) à taux plein. Il est à noter que cette procédure a été engagée conjointement par les deux parents. Persévérante, elle s’est mise en quête d’un logement dès le rétablissement de son API, en révisant ses objectifs pour trouver un appartement au loyer compatible avec son budget. Le B.A.L. (Bureau d’Accès au Logement) l’a soutenu auprès du propriétaire pour pouvoir l’obtenir. Lydie a voulu récupérer du mobilier personnel entreposé chez sa mère. Ne désirant pas reprendre une relation avec elle, elle s’est appuyée sur l’éducatrice référente pour tenter une médiation. Elle a ainsi pu meubler en partie son futur logement et négocier un prêt C.A.F. (Caisse Allocations Familiales) pour le compléter. En conclusion, Lydie et son fils ont profité pleinement de leur hébergement en C.H.R.S.(Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) avec accompagnement de la DAME , et sont capables aujourd’hui de vivre de façon autonome, sans soutien éducatif.

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Madame MJ

� Contexte d’arrivée MJ a sollicité nos services à plusieurs reprises : en novembre 2008, orientée par le BAL, car elle était, à ce moment là, hébergée provisoirement chez la mère d’une amie, et craignait de se retrouver à la rue, cette solution ne pouvant durer. La commission d’admission avait alors proposé une orientation vers le soin, au vu des éléments donnés (grande fragilité psychologique, problématique d’alcool…) Début décembre 2009, MJ se présente en urgence et bénéficie de 4 nuitées d’hôtel, et une orientation sur Ma nuit. S’en suivent plusieurs interventions du CMP et de la MSD de Bayonne. Le 11 février, sortante de Bellevue, elle demande à repasser en commission d’attribution, mais il n’y a pas de place disponible. Le 20 février, nous l’accueillons dans un studio en ALT.

� Histoire et parcours MJ est née à Toulouse en 1952 (57 ans). Sa mère est décédée en 1989 son père en 2009. Elle a un frère de 46 ans, qui vit dans l’Héraut avec une très bonne situation socio- professionnelle. Elle a un CAP aide comptable, un brevet professionnel des banques, et un niveau capacité en droit. Avant d’arriver sur la région, elle a vécu et travaillé près de Toulouse (elle commence à travailler en 1970) elle se marie une première fois, mais divorce rapidement. Au travail, son ambition d’alors l’a menée à un très bon poste (sténo dactylo, secrétaire de direction puis conseillère en recrutements) dans le cabinet qui l’employait, ce qui lui a permis de mener un train de vie très confortable. Lorsqu’elle rencontre son deuxième mari, elle accepte de tout quitter et de le suivre dans la région Côte Basque. Le couple s’y installe en 1987. Elle travaille avec son mari pour une société d’installations frigorifiques, jusqu’en 1992, puis, ils créent une société de vente d’éléments de cuisson avec un associé, qui par la suite, s’en va avec la caisse en 1998. Des lors, monsieur occupe un emploi chez Moulinex, et MJ divers CDD. Ils habitent alors à Ciboure. En 2002, les contrats de travail prenant fin, le couple décide de partir sur Limoges où il a la possibilité de prendre la gérance d’un petit commerce de proximité. Rapidement, ils obtiennent, après l’avoir sollicité, la gérance d’un commerce identique sur Bayonne, où ils s’installent. Cependant, le couple se trouve aux prises avec une personne très vindicative, qui prend la gérance de leur magasin, eux étant alors « mutés » sur un autre quartier. MJ parle d’une période difficile, notant qu’entre 2002 et 2004, ils déménagent 5 fois. Pendant qu’elle reste en magasin, son mari décide de ne travailler plus que pour les livraisons, ce qui devient lourd pour elle, et progressivement, les relations au sein du couple commencent à se dégrader. Monsieur part du domicile conjugal avant la saison en 2005, et s’en va à l’étranger. MJ doit alors faire appel à un employé, et reçoit l’aide d’une amie. Le divorce est prononcé en mai 2006. Quand son mari revient sur la région, en 2007, avec le projet d’épouser la femme qu’il a rencontré à l’étranger, pour MJ c’est le choc : en effet, elle est encore éprise de cet homme, et le voir revenir vivre si près, lui est insupportable.

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Ayant repéré une annonce en Charente pour tenir une épicerie, elle part s’y installer, mais une vente a été organisée « dans son dos », et elle perd l’emploi. Cependant, le partenaire commercial lui propose une autre affaire en Gironde, mais qui n’aboutit pas. (Mise en liquidation du gérant précédant). Elle tente alors une dernière piste, toujours en Charente, pour devenir gérante salariée jusqu’en fin 2008, mais après n’avoir reçu que des acomptes sur salaire, en juillet 2008 les propriétaires vendent le fond de commerce, MJ, quant à elle, est en arrêt de travail depuis le mois de juin. L’affaire passe aux prud’hommes à Angoulême., elle est toujours en cours. Tous ces échecs en cascade depuis le divorce l’ont fragilisée énormément, et MJ sombre dans la dépression et la prise d’alcool. S’en suit, à son initiative, une première hospitalisation sur Angoulême. A sa sortie, en septembre 2008, elle revient dans la région, pour se rapprocher aussi de son père malade et âgé qui vit en maison de retraite à Bayonne. Il décèdera dans le courant de l’année.

� Administrativement Avant son arrivée au Foyer, avec une assistante sociale, MJ a fait un dossier de surendettement (dettes du couple), et sur les conseils de cette dernière, une demande de curatelle, car elle explique sa difficulté face aux démarches administratives à ce moment là. A son arrivée, MJ n’a plus aucune ressources : jusqu’en janvier, elle percevait des indemnités journalières. Avec l’aide de l’assistante sociale, elle a fait une demande d’aide financière auprès du Conseil Général, du CCAS et du secours catholique de Bayonne. Elle est depuis Janvier, en longue maladie. Rapidement, nous faisons une demande de RMI et une avance sur droits supposés. Elle s’acquitte, des lors, de la caution et de la participation. Constitution des demandes HLM, et régularisation administrative ; carte d’identité, carte vitale + recherche d’une mutuelle avec aide financière de la CPAM (le crédit d’impôt ou aide à l’acquisition d’un contrat complémentaire) régularisation CAF, impôts, etc… Pour toutes ces démarches, MJ s’est montrée très efficace, rigoureuse, autonome, et dynamique. Apres un temps de réflexion, elle remet en question sa demande auprès du juge des tutelles qu’elle avait déjà rencontré, et qui questionnait lui même la nécessité de ce soutien. Elaboration du projet individualisé, dans lequel elle met en avant son désir et son besoin de se maintenir dans le soin, sa priorité sur l’accès à un logement personnel, et enfin son désir d’un reclassement professionnel par le biais du pôle emploi.

� Familial et personnel

MJ parle d’une enfance heureuse, avec un frère et des parents sans histoire particulière. Elle grandit dans la région Toulousaine, et suit une scolarité normale. Elle évoque sa « déchéance », « partant du haut, pour finir en bas », à partir du moment ou elle rencontre son deuxième mari. Très amoureuse de cet homme, elle dit s’être totalement oubliée, effacée. Son mari n’aurait pas supporté sa très bonne situation d’alors, son statut socio professionnel, et elle aurait donc tout quitter pour le suivre. Depuis son arrivée au Foyer, MJ parle de la nouvelle relation qu’elle vit avec un homme, de 15 ans son cadet, qu’elle a rencontré à l’hôpital, en cure de désintoxication lui aussi, et alors hébergé au Foyer Atherbea.

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Elle analyse clairement cette relation dans le registre d’une substitution de dépendance : ce monsieur semble s’appuyer totalement sur elle, qui trouve dans le soutien qu’elle lui apporte une satisfaction, une raison d’être. Elle fait un lien avec ses mariages précédents, dans lesquels elle était totalement écartée de toute initiative, se faisant porter par le conjoint. Aujourd’hui, de vivre la situation inverse la renforce, la valorise, et lui font prendre de l’assurance. Elle dit être très lucide, consciente de cela et de sa difficulté à s’en détacher, d’autant que les relations du couple fluctuent en fonction des épisodes d’alcoolisation de monsieur. De son côté, elle dit ne plus boire, vivant très douloureusement le mal être que cela engendre après chaque prise d’alcool. Elle évoque la difficulté qu’elle a eu pour affirmer son refus d’alcool face à monsieur qui a bien tenté de lui faire partager ses « rechutes ». Aujourd’hui, après un épisode de rupture dans le couple (monsieur l’avait « bousculé »), elle s’affirme plus sereinement face à lui, et n’hésite pas à le refouler. Cependant, dernièrement, monsieur a eu une fin d’hébergement à Atherbea et MJ n’a pu se résoudre à lui refuser le gîte. Le jour même, elle nous en a informé, et a accepté le délai de deux jours pour le faire sortir. Sa difficulté à trouver une autre solution pour lui l’a amenée a nous demander un hébergement exceptionnel le temps des fêtes de Bayonne, bien qu’elle appréhendait cette période, ce qui a été refusé. Elle a semble t-il pu se saisir du cadre de son hébergement pour tenir tête à monsieur, bien qu’elle ne se soit pas résolue à le laisser seul : le couple est donc parti faire du camping durant les fêtes, et monsieur s’est trouvé une chambre d’hôtel ensuite. Dans le même temps, MJ a trouvé un logement sur St Pierred’Irube, qu’elle devrait intégrer rapidement. Durant tout son hébergement, et maintenant encore, elle se maintient dans l’accompagnement thérapeutique, avec le psychiatre ainsi qu’avec la psychologue du CMP de Bayonne. MJ s’installe dans un logement autonome sur St Pierre d’Irube le 1er septembre. A sa sortie du dispositif d’accueil au CHRS, MJ avait retrouvé un dynamisme et une autonomie de gestion. Cependant, elle était toujours dans une réflexion sur sa relation avec un homme dans la problématique de l’alcool, connaissant sa propre fragilité. Elle avait conscience de la nécessité de ce détacher de cette nouvelle « dépendance »mais ne s’en sentait pas encore capable. Elle est partie avec l’idée de s’investir dans des actions diverses (bénévolat, visite aux personnes âgées…) lui permettant de rencontrer du monde et de sortir de l’isolement dans lequel sa relation la mettait, ainsi que dans la ferme intention de maintenir les soutiens qu’elle avait su mettre en place. Au niveau de l’accompagnement, nous avons pu aller jusqu’au bout, avec sa totale implication et finaliser la relation d’aide et d’accompagnement mise en place durant l’hébergement de MJ.

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Mademoiselle D

� Contexte d’arrivée Melle D, orientée par la MLAJ a été accueillie dans le service jeune en novembre 2008. Elle était hébergée par des amis de façon très provisoire suite à une expulsion de son logement. Elle n’avait pas payé son loyer depuis plusieurs mois (loyer + dégradations 6000€), le propriétaire a négocié son départ immédiat en annulant sa dette. Elle est restée à la rue pendant 1 semaine avant de faire une demande d’hébergement auprès de nos services.

� Histoire personnelle Melle D est issue d’une fratrie de 4 enfants ; elle est l’aînée et la seule fille de la famille. Elle a 2 ½ frères 1 de 10 ans du coté maternel et un autre de 10 mois qu’elle connaît très peu du coté paternel. Sa mère vit à l’intérieur du Pays Basque depuis peu avec ses 3 enfants et son nouveau compagnon. Sa mère a divorcée quand elle était très jeune. Camille parle du compagnon précédent comme d’une personne violente. Elle a quitté le domicile familial car ne s'entendait pas avec lui. Elle s’est alors installée avec son copain qui était hébergé par une autre structure de façon clandestine. Ils se sont installés rue Maubec dans un logement autonome ; les parents de Mlle D se sont portés garants. Cette période s’est avérée difficile pour elle, son compagnon étant toxicomane, dépensant tout l’argent du ménage pour sa consommation et invitant ses copains pour faire la fête. Débordée par la situation, elle n’a pas assumé la gestion du logement (bruits, deal, dégradations). Cela a eut des incidences sur le plan professionnel (absentéisme, manque d’attention…) ; elle s’est retrouvé rapidement sans emploi et sans ressources. Elle a alors fait la manche pour subvenir a ses besoins. Mr a été incarcéré pour trafic de drogue (libération en Décembre). Suite à ses différents épisodes le propriétaire lui a demandé de quitter le logement. Ses parents sont intervenus financièrement afin de régler son litige. Mlle D donne l’image d’une jeune femme dynamique et volontaire, en réalité elle a un parcours ou la violence est très présente (père, beau père) ; elle même se scarifie, n’arrivant pas a mettre des mots sur ses souffrances. Depuis maintenant 1 an elle n’a plus de lien avec son père suite à un épisode de violence, elle développe une phobie envers lui tout en étant très malheureuse de cette situation. Son père est installé avec une nouvelle compagne. Le couple a 1 bébé de 10 mois. Elle n’accepte pas cette dame et lui reproche d’avoir pris sa place dans le cœur de son père. Elle estime qu’elle est une mauvaise mère pour son ½ frère et qu’elle vient faire discorde dans sa relation à son père. Elle souhaite renouer contact avec lui mais appréhende fortement qu’il ne lui réponde pas. Elle va régulièrement voir sa mère et ses frères, mais dit ne pas pouvoir vivre là- bas car l’éloignement rend son insertion professionnelle difficile, à cela s’ajoute le sentiment d’être un élément perturbateur pour l’équilibre de ses frères. Etant l’aînée de la fratrie, elle a le sentiment de leur renvoyer une image très négative, et ne peut se situer en modèle pour eux.

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� Parcours scolaire et professionnel A la naissance de son ½ frère elle a été envoyée en internat, elle a très mal vécu cette situation se sentant exclue du milieu familial. L’année du BAC elle dit avoir fait une fugue et avoir à ce moment tente de se suicider (par absorption de cachets) suite à un épisode de violence de la part de son père. Elle était alors enceinte et a choisi de se faire avorter. Elle à un BEP hôtellerie restauration + Bac Pro service. Au niveau professionnel elle à du mal à se stabiliser dans l’emploi. Elle est suivie par la MLAJ et est dans le parcours Civis. Camille dit que sa situation matérielle retentit sur sa mobilisation vers l’emploi (pas sûre d'elle) Elle dit avoir besoin de travailler pour avoir un but, servir à quelque chose. Actuellement elle travaille en extra à l’hôtel du Palais. Elle pense avoir d’ici la saison, un emploi durable. Si cette piste ne se concrétise pas elle envisage de faire une formation d’auxiliaire de vie. Elle se finançait des cours de danse (70 € par trimestre en faisant la manche), ni va plus depuis quelque temps faute de moyen, elle réalise que cette activité lui permettait d’évacuer ses tentions, elle va tenter de négocier des paiements par mois.

� Relation familiale Mlle D entretien de bonne relation avec sa mère et son beau-père, mais un hébergement n'est pas possible; sa situation serait source d'inquiétude pour ses frères notamment pour l'un d'eux qui verrait ses résultats scolaires chuter. Elle se dit très soucieuse de ne pas perturber leur équilibre. Elle n’a plus de relation avec son père, depuis plus de un an, suite a un épisode de violence. Elle se questionne beaucoup sur l’attitude rejetante de son père, qui ne répond ni à ses courriers ni au téléphone. Elle pense qu’il est très influencé par sa nouvelle femme qu’elle décrit comme une femme possessive, ne tolérant pas les aînés de son mari.

� Finance Mlle D a du mal a gérer ses finances. Elle n’anticipe pas les échéances de ces prêts, minimise ces dettes, pense toujours que les choses vont s’arranger d’elle même. Au début de son séjour, elle avait 3000€ de dettes dont 2000€ à ses parents.

� Accompagnement Mlle D a dans un premier temps utilisé les temps d’entretien à verbaliser ses souffrances par rapport ses relations conflictuelles avec son père, a ses pulsions agressives (auto mutilation, intolérance a l’autorité..), a son impossibilité a se maintenir dans l’emploi… Ce temps de réflexion lui a était nécessaire pour prendre conscience de ses difficiles l’empêchant de se projeter, de s’engager dans l’avenir. Nous l’avons orienté vers une prise en charge thérapeutique, elle a rencontré régulièrement des professionnels d’EMOA.

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Dans son projet personnel Mlle D a souhaité être accompagnée dans : • sa recherche d’emploi

En partenariat avec la mission locale Mlle D a pu faire plusieurs remplacements dans l’hôtellerie, ces différentes expériences lui ont permis de reprendre confiance en elle, et confirmer son désir de travailler dans ce domaine.

• dans une régularisation de sa situation financière Mlle D nous a confie ses difficultés relationnelles avec l’agence qui lui avait louer son logement avant son arrivée dans notre service. Elle avait un litige à propos d’un trop perçu d’allocation logement ce qui dans le futur pourrait l’empêcher de percevoir ses prestations. Nous avons été les médiateurs entre la CAF et l’agence afin de régulariser la situation. Nous avons fait un état des lieux de ses dettes afin de favoriser les remboursements, et nous l’avons soutenu dans l’élaboration d’un budget en fonction de sa réalité financière.

• reprise de lien avec ses grands parents maternels Mlle D a souhaité être soutenu dans une reprise de lien avec sa famille maternelle. Nous avons eu des échanges réguliers avec ses Grands Parents, qui avaient besoin d’être rassuré sur l’évolution de leur petite fille. Ils ont pu renouer le dialogue avec elle, et lui ont proposé de se rapprocher d’eux (il vivent dans une autre région), ils l’ont accompagné dans sa recherche d’emploi.

• prise d’un logement Son projet de vie ayant évolué Mlle D a déménagé dans la région de ses Grands Parents, elle a trouvé une location saisonnière avec pour objectif de transformer son emploi d’été en contrat durable et de prendre un logement dans cette région. Mlle D a quitté la structure en 2009, assurée du soutien de sa famille pour entamer sa nouvelle vie, elle a encore besoin de cette proximité familiale et de se sentir soutenue dans ses projets. Elle souhaite mettre de la distance avec ses parents, elle pense qu’ainsi elle se sentira moins impliquée dans les conflits qui les déchirent encore. Nous lui avons donné des adresses de CMP afin qu’elle puisse continuer son suivi psychologique, car nous la sentons encore très fragile.

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3.1.2 Le Service d’Accueil et d’Orientation

Le Service d’Accueil et d’Orientation du pays Basque géré par l’Association ATHERBEA, se divise aujourd’hui en deux antennes animées par le Foyer les Mouettes et le Foyer Atherbea. Il s’inscrit dans le dispositif de veille sociale départementale défini par la loi de lutte contre les exclusions. L’antenne animée par le Foyer les Mouettes a pour mission l’accueil, l’évaluation et l’orientation : des femmes seules sans enfants et des familles, de façon inconditionnelle. En 2009, le nombre de ménages ayant sollicité le SAO est resté globalement stable. La tranche d’âge des 18/25 ans reste largement majoritaire parmi les personnes en demande d’hébergement, soit 33%. Cette tendance confirme une observation déjà constatée les années précédentes. La proportion élevée de femmes isolées sans enfants (56%, soit 197 ménages sur 347) se confirme également. Le nombre de femmes victimes de violence conjugale ayant sollicité le SAO est un peu en augmentation (85 en 2009, pour 71 en 2008).

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3.1.3 L’hébergement d’Urgence (ALT) :

HEBERGEMENT D'URGENCE FOYER LES MOUETTES (ALT)

ALT 2009 HEBERGEMENT D'URGENCE

PLACES 30

Chambres 2 personnes

Logt T1 ET T1bis 12

Logt T2 et plus 4

dont chambres d'hôtel 2

Capacité d'accueil en personnes

nbr de personnes pouvant être logées simultanément 30

HEBERGEES DURANT L'ANNEE (présent au 1/1 + entrées)

Nbr de personnes hébergées sur l'année 69 hm isolé sans enfant 4

Fm isolées sans enfant 27

hm isolé avec enfant 4

Fm isolées avec enfant 15

couple avec enfants 15

couple femme enceinte 2

couple sans enfant 2

dont enfants de moins de 18 ans 17

dont jeunes de 18 à moins de 26 ans 22

HU SORTIES 2008

Durée d'occupation des ménages ayant quitté après un séjour de moins de 15 jours 6

de 15 jours à 6 mois 13

plus de 6 mois 16

HU SORTIES 2008 Nombre de personnes ayant quitté dans l'année 53 Pour un logement autonome parc social 9

pour un logement autonome parc privé 15

vers un établissement médico social 3

vers une autre structure d'hébergement 15

autre type (squat, réincarcération, retour à la rue, hébergement mobile 6

Pas renseigné 5

Sexe Masculin 28

Féminin 41

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Tranche d'age

< 18 ans 17

18 à 24 ans 25

25 à 29 ans 4

30 à 39 ans 9

40 à 49 ans 6

50 à 59 ans 4

> 60 ans 4

Nationalité

Francaise 56

Etrangère 13

TOTAL 69

Origine géographique

Béarn 2

Hors dépt 5

Etranger 8

Hendaye St Jean de luz 5

bayonne 33

Anglet 5

Biarritz 3

St Pierre d'irube 0

Boucau 2

St jean pied de port St palais 1

Hasp cambo 4

Sud landes 1

Non précisé 0

TOTAL 69

3.1.4 Le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale

Statistiques 2007 - 2008 - 2009 CHRS LES MOUETTES 2007 2008 2009 Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Nombre de personnes hébergées 77 30 72 31 91 43 Nombre de nuitées année 11412 11309 10445 Séjours en cours au 1er janvier 26 8 45 16 20 9 Entrées dans l'année 51 22 27 15 71 34 Sorties dans l'année 38 17 46 20 59 31 Flux CHRS 77 30 72 31 91 43

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Répartition des séjours terminés au 31 décembre par durée

Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Moins de 3 mois 15 9 3 3 30 21 De 3 à 5 mois 8 4 6 3 10 4 De 6 à 8 mois 6 2 6 4 2 1 De 9 à 11 mois 9 2 8 3 7 2 De 12 à 17 mois 0 0 13 4 6 2 De 18 à 23 mois 0 0 10 3 4 1 24 mois et + 0 0 0 0 Total 38 17 46 20 59 31 Séjours en cours au 31 décembre 39 13 26 11 32 12 Total 77 30 72 31 91 43

Répartition des personnes par âge Personnes Personnes Personnes Moins de 18 ans 44 37 44 De 18 à 24 ans 7 8 5 De 25 à 29 ans 3 4 8 De 30 à 34 ans 9 8 15 De 35 à 39 ans 8 8 5 De 40 à 44 ans 3 6 6 De 45 à 49 ans 2 1 1 De 50 à 54 ans 1 0 5 De 55 à 59 ans 0 0 0 De 60 ans et + 0 0 2

Total 77 72 91

Répartition des personnes par type de public Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Femmes seules avec enfants 54 21 46 18 56 20 Couples avec enfants 17 3 17 4 16 4 Femmes seules sans enfants 6 6 9 9 19 19 Hommes seuls avec enfants 0 0 0 0 0 0 Couples femme enceinte 0 0 0 0 TOTAL 77 30 72 31 91 43

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Répartition des personnes par origine géographique Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Etranger 5 1 1 0 4 1 Hors département 21 8 12 4 18 7 Béarn 2 1 0 0 2 2 Bayonne 19 8 27 12 35 16 Anglet 13 6 6 3 5 3 Biarritz 0 0 1 1 3 2 Saint Jean de Luz 9 3 9 3 1 1 St Jean Pied de Port St Palais 0 0 0 0 3 2 Hasparren Cambo 4 1 4 1 6 3 Boucau 0 0 0 0 4 2 Saint Pierre d'Irube 0 0 0 0 2 1 Hendaye 0 0 6 3 5 2 Sud des Landes 4 2 6 4 3 1

TOTAL 77 30 72 31 91 43

Origine orientation actuelle Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Usager lui-même 40 16 29 12 28 13 Service social 23 7 30 13 33 16 Mission locale 3 3 0 0 0 0 Police 1 1 1 1 9 5 Association 8 2 8 2 8 2

115 0 0 0 0 1 1 Justice 0 0 0 0 0 0 Hôpitaux 2 1 4 3 12 6 Famille 0 0 0 0 0 0

TOTAL 77 30 72 31 91 43

Logement à l'entrée Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Personnel 10 4 15 5 37 19 Hébergement famille 47 18 35 15 32 12 Hébergement amis 3 2 5 4 5 3 Etablissement de soin 1 1 1 1 0 0 Autre établissement 2 1 3 2 6 3 Caravane camping 9 2 9 2 0 0 Hôtel 1 1 1 1 3 3 Rue 2 1 2 1 1 1 Non précisé 2 1 7 2

TOTAL 77 30 72 31 91 43

Logement à la sortie

Personnes Situations Personnes Situations Personnes Situations Appartement parc privé 8 4 14 6 10 6 Appartement BAL 0 0 0 0 0 0 HLM 6 2 13 4 15 5 Hébergement famille amis 4 3 16 8 17 9 Autre structure 8 5 2 1 3 2 Retour domicile 2 1 0 0 5 3 Inconnu 10 2 1 1 9 6 Séjours en cours au 31 décembre 39 13 26 11 32 12

TOTAL 77 30 72 31 91 43

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3-1-4-1 Le Dispositif d’Accueil Mères Enfants : DAME

Depuis 2005, une convention signée avec le Conseil Général permet l’accueil de 6 mères isolées avec leurs enfants de moins de trois ans. 3 familles ont bénéficié de cette prestation en 2009. L’accompagnement de ces mères repose sur des stratégies à mettre en œuvre afin de jouer l’adhésion réelle de la personne. Il s’agit de découvrir, mobiliser et développer le potentiel de chacune afin de leur donner une meilleur image d’elles même en les aidants à évaluer elle même leurs réels atouts d’insertion. L’objectif

• Favoriser l’éveil et le développement de la relation mère / enfant et créer un accompagnement vers une intégration sociale la plus large possible

• Apporter un soutien moral et des actions d’accompagnement à visée éducative afin de favoriser une meilleure utilisation du potentiel de chaque mère dans sa capacité à entretenir des relations avec l’environnement social et familial.

Le local du Dispositif d’Accueil Mère Enfant

1. L’historique

Mi janvier 2009, la famille hébergée dans l’appartement CHRS du résidentiel regroupé déménage. A ce moment là, ce local est attribué au DAME. Avec la chef de service nous évaluons les travaux à faire : repeindre tout l’appartement (mur et plafond), remeubler les espaces : la pièce de vie avec un salon à acheter, une grande table et des chaises à prévoir – le bureau avec des chaises à acheter et avec une table, des placards et un bureau relookés – une chambre réservée comme espace jeu et détente pour les enfants avec un lit récupéré et les jeux éducatifs et meubles enfants existant. Début mars, un bénévole de l’association « France bénévolat » accepte de retapisser la pièce principale et peindre les plafonds ainsi que les murs du bureau et de la salle de bain. Les trois personnes inscrites dans le cadre de la prestation investissent les lieux et décident de participer aux travaux de restauration. L’appartement devient un petit chantier où les portes sont ouvertes, le café toujours chaud et l’accueil chaleureux. Nous improvisons un espace pour les enfants afin que les mamans puissent venir sans problème. Une d’entre elles s’organise en confiant la garde de son fils au père de ce dernier. Elle décide de peindre le local destiné aux enfants. Nous travaillons dans cet espace qui devient lieu de rencontre, de partage de moments vécus, d’échanges avec diverses personnes de leur entourage conviées à visiter et découvrir nos travaux : famille, amis, personnel du foyer…Cet état de fait nous démontre l’importance de leur implication quasi quotidienne. Toutes les décisions concernant la restauration des lieux sont prises de façon collective : chaque résidente participe au choix des couleurs et des motifs, à l’achat du matériel, à la répartition des tâches à effectuer. Ces moments là se vivent dans la bonne humeur et chacune trouve sa place, se sent valorisée et actrice dans l’accompagnement proposé.

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2. L’aménagement Fin juin, les travaux sont terminés. Je demande le soutien de notre chef de service et d’un collègue pour l’achat et la réalisation de la décoration. L’idée d’un ameublement style loisirs et détente commence à cheminer : Un salon de jardin, un parasol, un transat, un lino représentant de l’herbe, des chaises aux couleurs variés autour d’une grande table blanche, des tabourets de bar pour le comptoir de la cuisine, un coin jeux enfants avec un lino avec un motif de galets de plage, des bouées d’enfants comme décoration murale… tout ceci installé dans la pièce principale, nous donne l’ambiance désirée : convivialité, gaieté et bien-être ! Les chambres sont aménagées : l’une en bureau, l’autre en espace repos avec un lit pour les éventuelles siestes des enfants, des poufs et matelas, une bibliothèque à la hauteur des bambins avec des livres adaptés à leur âge. La salle de bain fera l’objet d’un coin peinture avec un panneau mural et des étagères pour poser le matériel. Il est envisagé de créer un espace pataugeoire pour les bébés. La kitchenette est équipée afin que nous puissions cuisiner pour les enfants ou partager un repas avec toutes les personnes accueillies dans le cadre de la prestation.

3. Le fonctionnement Le projet d’accompagnement éducatif tel qu’il a été conçu prend toute sa dimension dans ce nouvel espace d’accueil. En effet, le local ainsi agencé permet de réaliser les activités, les ateliers, sans se heurter à un manque de place et de matériel. Les activités, les ateliers, les temps de garde pour les enfants sont systématiquement présentés aux mères et sont programmés suivant le projet établi avec les personnes. L’appartement reste ouvert en de la présence de l’éducatrice. Une permanence peut être assurée suivant ses horaires :

• Le lundi de 10h à 15 h durant les vacances scolaires, • le mardi de 9 h 30 à 16 heures 30, • le mercredi de 10 h 30 à 16h 30, • le jeudi de 9h à 11 h et de 15h à 16H 30 • un vendredi par mois de 9h30 à 15h

Cette permanence peut changer suivant les projets en cours : il se peut que le choix d’un accompagnement se déroule à l’extérieur (parc jeux d’enfants, visite PMI, marché …) quoiqu’il en soit les personnes concernées seront obligatoirement informées. Certains mercredis après-midi pourront être ouverts aux mères et leurs enfants accueillis dans le cadre du CHRS : ceci se mettra en place suivant la disponibilité de l’éducateur désireux de participer aux animations proposées.

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Atelier Cuisine

Durant l'année 2009, nous avons accueilli 8 personnes. Toutes ont manifesté un grand intérêt à participer à cet atelier. Les objectifs fixés tels que : la confection de repas équilibrés avec un budget restreint, l'accueil réservé aux invités pour partager leur réalisation culinaire, le travail en équipe… ont permis aux participantes de vivre des moments importants où chacune a pu trouver sa place et part le fait même, se sentir valoriser. La participation assidue d'Agnès, illustrera ces propos de façon plus concrète :

Depuis le mois d’octobre 2009, Agnès est inscrite dans l’atelier. Sa motivation est importante et elle peut s’expliquer par l’idée de plaisir : plaisir de faire, plaisir de faire partager et plaisir d’avoir fait. Elle peut aussi se justifier par la demande pressante qu’Agnès pose fréquemment : « occupez-vous de moi » ! Le fonctionnement de l’atelier, tel qu’il existe, à savoir un cadre très structuré faisant appel à des notions de temps et d’espace, de respect des règles, de capacité à gérer les moments de socialisation ou tout simplement la gestion du quotidien, peut paraître à la fois sécurisant mais aussi perturbant pour des personnes trop préoccupées par leur histoire. A mon avis, Agnès correspond à ce profil et pour lui permettre de s’investir positivement, d’appréhender sereinement les contraintes posées, nous avons institué dès leur arrivée un temps convivial où la possibilité de déposer une partie de leurs soucis est ouverte. Temps que je qualifierai prioritaire dans le déroulement de l’activité proposée. Agnès s’en saisit particulièrement pour nous faire part de son vécu de la semaine mais surtout du week-end passé. Les lundis, où avant l’atelier, elle accompagne son fils Paul à l’arrêt du bus, elle pose ses préoccupations ou ses satisfactions liées aux moments vécus avec son fils qui est un enfant souffrant d'autisme. A ce moment là, j’ai un rôle d’écoute attentive qui lui permet par la suite d’être plus disponible pour s’investir dans l’atelier. Agnès trouve sa place dans le cadre posé. Elle découvre progressivement ses compétences et elle arrive à dépasser son manque de confiance en elle en sortant, par exemple, de l’endroit clos de la cuisine qu’elle maîtrise parfaitement, pour gérer l’accueil des invités, la présentation du menu et la conversation entre la préparation des plats. Durant ces moments là, elle réalise ses capacités d’adaptation. Dans le groupe, Agnès de part son désir de bien faire, d’être reconnue de tous, prenait une place de « gentille » qui acceptait tout et surtout ce que les autres voulaient d’elle. Au fil du temps, elle a pris beaucoup plus d’assurance et aujourd’hui, elle est en capacité de réagir, d’affirmer ses idées et parfois de conseiller. En conclusion, je dirai que pour Agnès cet atelier prend une réelle importance dans son quotidien et lui permet de retrouver une image valorisante.

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Le week end Familial Durant l’année 2009, 14 personnes ont pu bénéficier de trois week-ends organisés dans le cadre du Dispositif d’Accueil Mère Enfant.

• Le 13, 14 et 15 février, nous avons accompagné deux familles. Notre choix s’est porté sur « un week-end à la ferme ».

• Le 5, 6 et 7 juin deux familles ont séjourné dans la maison familiale « le carrefour des landes » à Mimizan

• Le 9, 10 et 11 octobre trois familles ont participé au séjour, de nouveau organisé à Mimizan.

Notre objectif étant de proposer des moments de loisirs et de détente, nous essayons de trouver des sites adaptés à la fois aux adultes et aux enfants. Nous optons pour une formule en demi-pension avec pique-nique et restaurant le midi afin d’éviter aux mères de famille toute l’intendance matérielle qu’elles gèrent habituellement. Durant ces trois jours, nous accordons beaucoup d’importance à l’animation car elle permet de favoriser la relation « mère enfant » à travers le jeu, les chansons partagés, la découverte… Par exemple, nous organisons des sorties dans un parc d’attraction adapté aux enfants en bas âge : tours de manèges avec leur maman, jeux gonflables partagés en famille…nous passons une journée dans une ferme : rencontre et soins prodigués aux animaux, initiation au jardinage… Ces séjours permettent à ces personnes de découvrir leurs capacités à vivre et partager des moments privilégiés avec leurs enfants : elles sont sécurisées par notre accompagnement et le cadre structurant de l’organisation proposée. Elles ont la possibilité de vivre leur fonction de mère autrement que dans leur quotidien : quotidien empreint de diverses responsabilités qui, parfois les dépassent ou permettent peu de disponibilités récréatives avec leurs enfants… Dans le cadre de l’accompagnement psychologique et parallèlement aux entretiens individuels proposés aux mères accueillies dans le dispositif d’accueil mères-enfants (DAME), un espace d’expression collective a été mis en place, celui-ci étant basé sur une médiation (modelage de l’argile). Trois mères avec leurs enfants ont été accueillies cette année et ont rencontré la Psychologue du dispositif pour un entretien de présentation et d’évaluation. Deux d’entre elles ont sollicité un suivi individuel sur la première partie de leur séjour et ont souhaité s’inscrire sur l’activité de groupe pour ce qui concerne la deuxième partie de leur séjour. L’autre mère n’ayant pas de demande d’aide psychologique s’est plus particulièrement saisie de l’accompagnement éducatif et psychomoteur ; la démarche pour une demande de soutien auprès de la Psychologue restant basée sur la libre adhésion. Le projet à l’origine d’une proposition de médiation élaboré en 2006, à l’ouverture du DAME et ayant pris forme cette année, est basé sur une expression créatrice sollicitant l’imaginaire. Il s’agit pour les participants de modeler une quantité d’argile, offrant ainsi un support à la

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projection du vécu intérieur. Par la suite, chaque participant attribue un titre à sa production. La deuxième séquence de cet « atelier » consiste à favoriser des échanges autour des créations, suivie d’un travail de mise en scène : chaque participant écrit une histoire qui intègre tous les « personnages » modelés et lit son scénario au groupe. L’activité s’appuie sur l’aspect contenant et porteur du groupe. Il est à considérer comme une aire transitionnelle propice à l’acte créatif ; espace où la régression est possible par le mouvement créatif, dans un environnement sécurisé. Elle favorise les processus psychologiques suivants :

• l’individuation : par un mouvement entre création individuelle et création collective ; celui-ci est basé sur le groupe mais il sollicite l’imaginaire de chacun à travers les productions personnelles (matière et écrit) tout en s’étayant sur les créations du collectif.

• la symbolisation : par le travail d’élaboration mentale, dans le temps de la mise en scène (création sur un mode actif en lien avec la matière engageant le corps, le mouvement puis orientée vers l’élaboration d’un récit) ; mais aussi avec la possibilité de mise en mots de ce qui s’est agi en ce lieu au cours de l’activité, dans un deuxième temps, celui des entretiens individuels (mise au travail par la pensée et la verbalisation).

Cette activité est à considérer comme un moyen d’exprimer autrement que par des mots, quand dire s’avère être inaccessible ou trop douloureux. Les participantes à cet « atelier » l’ont investi avec assiduité durant trois mois, selon une fréquence bimensuelle et sur une durée d’une heure et demie. Ces rencontres ont permis à ces mères d’exprimer leur questionnement sur des sujets en rapport avec : leur identité de mère mais aussi de femme, la confrontation aux violences intra-familiales, l’éducation des enfants, la coéducation parentale et les difficultés qui s’y rapportent quand il y a séparation conjugale, le rôle et la place de la mère quand elle n’est pas celle qui a la garde de l’enfant (souffrance et difficultés), les réponses éducatives et l’appréhension relationnelle quand l’adolescence surgit, le développement et les progrès de l’enfant, les séparations notamment celle avec le foyer (le départ de l’une étant imminent)… Elles ont pu également préciser l’intérêt qu’elles avaient trouvé dans cet espace, grâce au partage d’une expérience singulière, leur permettant de rompre avec l’isolement, de verbaliser leurs difficultés, d’éprouver un sentiment d’appartenance et de partage en rapport avec l’expérience immédiate et l’évocation d’histoire personnelle. Il s’agissait aussi pour elles, d’un moment privilégié, bien à elles, leur procurant détente et possibilité d’évacuer leurs soucis.

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3-1-4-2 Le Centre d’Ecoute des Violences Conjugales

La mise en place du Référent Violence sur le Pays Basque, assuré par le CIDFF, a changé notre pratique professionnelle. En effet, toutes les 6 semaines, nous nous retrouvons en séance de régulation et nous échangeons sur nos dossiers. Ce travail de partenariat (CIDFF, ACJPB, Planning Familial, Centre d’Accueil et d ‘Ecoute) a permis d’améliorer la prise en charge globale des femmes victimes de violence et ce, par une grande réactivité des services, une meilleur coordination et une plus grande complémentarité. Le Bilan d’Activité 2009 n’a pas pu être fait à partir du logiciel « Regroupinfo », celui-ci étant hors service.

Bilan quantitatif

Nombre de victimes avec enfants à charge 132 Victimes en état de grossesse 4 Nombre d’enfants 68

Origine Géographique Lieu de domiciliation d’origine Nombre % Bayonne 48 37% Anglet 12 10% Biarritz 14 11% Ustaritz 15 12% Saint Palais 1 0.5% Hendaye 7 6% Hasparren 3 2% Bidache-Espelette 5 3% St Etienne de Baigory 1 0.5 Saint Pierre d’Irube 1 0.5 Saint Jean Pied de Port 2 1% Saint Pée sur Nivelle 6 5% Guéthary – Saint Jean de Luz 4 3% Mouguerre 3 2% Itxassou 1 0.5 Boucau 4 3% Arcangues 2 1% Autres (Sud landes 3 3% Total 132 100% Situations familiales Nombre % Union libre 38 29% Mariée 51 39% Pacsée 5 3% Divorcée 16 12% Séparée 22 17% Total 132 100% Situation économique Nombre % Salariée 23 17% Demandeur d’emploi 19 14% Retraitée 9 7% Personne au foyer 75 57% Sans réponse 6 5% Total 132 100%

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Date des faits Nombre % 1 jour 2 0% 1 semaine 17 12% Moins d’un mois 32 24% 1 à 3 mois 23 17% 3 mois à 1 an 41 31% 1 an et plus 22 16% Total 132 100%

Age Nombre % 19 à 25 ans 24 18% 26 à 39 ans 63 48% 40 à 65 ans 43 33% + de 65 ans 2 1% Total 132 100%

Origine de la demande Nombre % Victime 30 23% Famille ou amis 12 9% Travailleurs sociaux 55 42% Police gendarmerie 14 11% Professionnels de santé 4 2% Service Accueil et Orientation 17 13 Total 132 100%

Typologie de violence Nombre % Verbale et psychologique 74 57% Economique 36 30% Physique 37 28% Sexuelle 0 0% Menaces 16 13%

Total 132 100% Certaines femmes subissent plusieurs types de violence simultanément.

Type de procédure Nombre % Main courante 19 15% Dépôt de plainte 16 12% Aucune 73 55% SSans réponse 24 18% Total 132 100%

Nature des demandes Nombre %

Ecoute – Conseils 132 100 Soutien psychologique 10 8% Protection mère enfants 60 46% Relogement 40 30% Informations juridiques 81 62% Plusieurs demandes peuvent être formulées par une même personne.

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L’orientation des personnes

• CIDFF : mise en contact avec le référent violence du CIDFF • Les services sociaux des Maisons de la Solidarité Départementale, de la

Mutualité Agricole, des Armées • L’ACJPB : pour les personnes ayant porté plainte et dans le cadre d’un soutien

psychologique • Le SAO : lorsque les personnes sont en demande d’Hébergement • Les professionnels de santé : médecins généralistes, psychiatres • Les professionnels du droit : avocats, permanence juridique du tribunal de

Bayonne • Les services de police et de gendarmerie : lorsque les personnes souhaitent

porter plainte • Activation du réseau familial et amical : possibilité de téléphoner, faxer du

courrier, utiliser Internet pour entrer en contact avec une personne pouvant les aider.

Bilan qualitatif

En 2009, nous avons accueilli 132 personnes victimes de violence conjugale (131 femmes et 1 homme) au Foyer les Mouettes. La majorité de ces personnes sont mariées, avec un ou plusieurs enfants et sans emploi, donc dépendantes financièrement de leur conjoint. Elles sont pour un tiers d’entre elles victimes de violences conjugales depuis plus de 3 mois. La majorité des femmes accueillies est dans la tranche d’âge de 26 à 39 ans. Elles sont orientées vers le Centre d’Accueil et d’Ecoute par les travailleurs sociaux des différents services (Maison de la Solidarité Départementale, Mutualité Sociale Agricole, Service des Armées, de la Gendarmerie, de la SNCF …). Leur première demande est l’écoute. Parfois, c’est lors de l’entretien au centre d’Ecoute et d’Accueil qu’elles « osent » parler de l’enfer qu’elles vivent au quotidien et qu’elles se libèrent enfin du vécu lourd à supporter. La plupart de ces femmes est originaire de la zone urbaine (de la communauté d’agglomération du BAB). L’étude des statistiques montre que d’autres villes aujourd’hui sont des lieux où s’exercent des actes de violence conjugale : Ustaritz et Hendaye. Ustaritz est une ville située en proximité de Bayonne, qui a construit de très nombreux logements et qui accueille de nouveaux habitants (anciens résidents du BAB). Hendaye est une ville frontalière qui accueille en permanence des « migrants » ayant séjournés en Espagne et arrivant en précarité sur le sol français (Roumains, marocains, portugais). Pour un très grands nombre de personnes accueillies, le type de violence subie est verbal ou psychologique. Très souvent ces femmes subissent simultanément d’autres violences de type économique et/ou physique. La violence conjugale touche tous les milieux et pour certaines femmes issues d’un milieu favorisé, la prise de conscience de leur problématique peut venir de lectures ou à d’émissions de télévision, ou des journées de sensibilisation organisées par le CIDFF. Pour d’autres, la violence est liée à une situation de précarité parfois mêlée à un contexte d’addiction (alcool, drogue, jeu …).

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10% des femmes accueillies sont d’origine étrangère (marocaine, portugaise, russe, slave, algérienne, chilienne, malienne, angolaise …). Certaines ne parlent pas le français et il nous est difficile de les accompagner sans interprète. Nous avons passé une convention de partenariat avec l’association AGIR-ABCD qui met à notre disposition une interprète en langue portugaise mais nous nous trouvons démunis pour converser en russe. Nous notons qu’après leur demande d’écoute, les personnes nous formulent des demandes de conseils juridiques. Le travail partenarial nous permet ainsi une complémentarité et une réactivité. La mise en commun de nos données nous a permis de quantifier le nombre de personnes qui s’adressent aux partenaires et ainsi de pouvoir estimer des chiffres de la « zone d’ombre ».

Les journées de sensibilisation

A la demande du CIDFF, nous avons participé à deux journées de sensibilisation destinées aux travailleurs sociaux et aux associations, sur le thème de la répercussion de la violence conjugale sur les enfants. Cette thématique a été appréciée et les journées ont rencontré un vif succès. Les axes de progrès 2010

• Participer à l’amélioration du dispositif d’Accueil des Femmes victimes de violence conjugale dans le cadre du Référent violence.

• Mettre en place un logiciel de saisie de données sur le centre d’accueil et d’Ecoute.

• Enrichir le contenu du Référentiel sur les violences conjugales édité par la Fédération Régionale des Centres d’Accueil et d’Ecoute Aquitaine

• Poursuivre les actions de sensibilisation • Travailler sur l’accueil des conjoints violents au niveau régional et local.

La violence conjugale représente un combat de tous les instants pour les victimes qu’il est quasiment impossible de mener seule. Le Centre d’Accueil et d’Ecoute du Foyer les Mouettes s’inscrit dans un partenariat et un réseau qui peuvent aider ces femmes à combattre l’enfer dans lequel elles vivent.

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3-1-4-3 Questions de famille - ONDOAN : l’action soutien à la parentalité

L’année 2009 représente une année de transition. En effet, suite aux préconisations de la Caisse d’Allocation Familiale au mois d’août 2009, le dispositif d’Accueil de Questions de famille - ONDOAN a connu les modifications suivantes :

• La suppression du poste de la psychomotricienne • La mise en place d’une permanence téléphonique • L’accueil des familles par un seul professionnel • La diversification de l’offre de services par :

- L’animation de tables rondes - La mise en place d’une action de soutien à la parentalité dans le cadre du

Programme de Réussite Educative de Bayonne, intitulé « Parlons-En »

Madame Monique MENDIBOURE, Référent Famille Conseillère Technique à la Caisse d’Allocation Familiale a accompagné les professionnels dans ces changements. Six réunions de travail, de mai à décembre 2009, ont permis de construire une offre de services mieux adaptée aux besoins des familles.

Le dispositif d’accueil

���� Quelques rappels : L’esprit de Questions de Famille - ONDOAN Depuis décembre 2000, le Centre d’Hébergement et de réinsertion Sociale du Foyer les Mouettes, répondant à un appel d’offre de la CAF (Caisse d’allocations Familiales de Bayonne), s’est inscrit dans le dispositif du RAP (Réseau Appui Parents 64), dans le cadre d’une action de Soutien à la Parentalité intitulée Questions de Famille - ONDOAN. Cette action est menée au côté des parents, des enfants, jamais à leur place. Situé dans un lieu neutre, il propose un espace de parole et d’écoute sur la parentalité à des adultes en questionnement ou en difficulté sur cette thématique. Ils viennent accompagnés ou non de leurs enfants sans distinction d’âge (prioritairement âgés de plus de 6 ans). Par la permanence, la fiabilité et la continuité du cadre, les parents peuvent à leur rythme aborder leurs questionnements, parler de leurs doutes, élaborer et retrouver le chemin de leurs compétences. Pour beaucoup d’entre eux, les professionnels de ce dispositif deviennent les témoins d’un trajet parcouru. Ils leur arrivent de re-solliciter ce dispositif au bout de plusieurs mois, voire de plusieurs années.

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���� Les objectifs

• Permettre à toute personne concernée ou interrogée par les questions de famille de trouver des réponses et d’élaborer elle même une solution à sa problématique.

• Encourager les parents et les enfants à consolider ou à se réapproprier leurs compétences propres.

• Favoriser la ré appropriation des places et statuts de chacun (parent et enfant) en permettant d’appréhender différentiation, séparation et individuation.

• Inciter les personnes à reconsidérer et à se réapproprier l’histoire familiale dans sa dimension de filiation, de transmission, de fondation d’une nouvelle famille. Certains pourront se saisir de ce dispositif pour élaborer et exprimer le désir de nouer ou renouer des relations affectives, familiales.

• Aller à la rencontre des pères isolés, afin de les soutenir dans l’exercice de leur fonction parentale.

���� Le public

Toute personne concernée ou interrogée par des questions de famille (parentalité et filiation) accompagnée ou non d’enfants.

���� Les modalités d’intervention

• Entretiens individuels et/ou familiaux • Jusqu’au mois de mai 2009 : un espace d’expression personnalisé par le biais d’une

médiation psychomotrice pour enfant et adulte • Orientation vers le Réseau Appui Parents et le réseau élargi, Questions de famille -

ONDOAN servant de passerelle • Animation de tables rondes sur des thématiques en lien avec l’exercice de la

Parentalité • Supervision bi-mensuelle de l’équipe assurée par une thérapeute familiale pour

garantir la méthode d’intervention

���� Les modalités d’accueil Un lieu neutre situé au 21 rue de Baltet à Bayonne. Téléphone : 05 59 25 63 78 Une permanence hebdomadaire, de 11h, assurée chaque semaine :

• Le mardi de 15h à 19 h • Le mercredi de 15h à 20h • Deux permanences téléphoniques hebdomadaires :

- Le mardi de 14h à 15h - Le mercredi de 14h à 15h

Les professionnels respectueux de l’histoire de la personne, de celle de l’enfant, de celle de l’adulte, parent aujourd’hui mais aussi de l’enfant qui sommeille en lui (l’équipe est sensibilisée à la dimension transgénérationnelle) proposent des rencontres de trois quart d’heure sur rendez-vous.

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La permanence de proximité au Foyer Atherbea En 2009, nous avons poursuivi notre action auprès des pères isolés hébergés au Foyer Atherbea, afin de leur proposer une permanence de proximité. Nous avons fait le choix de maintenir la permanence de proximité au Foyer Atherbea afin de permettre à ces pères isolés de :

• Aborder leurs difficultés à faire reconnaître leurs droits parentaux • Trouver des informations, des conseils, des orientations • Réfléchir les fonctionnements ou dysfonctionnements familiaux • Pouvoir exercer leur parentalité et leur place de père

De part la connaissance de ce dispositif offert sur le lieu d’hébergement grâce à une action délocalisée, certains hommes, en quittant le Foyer Atherbea, poursuivent la réflexion engagée en se rendant à Questions de famille - ONDOAN, rue du Baltet.

���� Les moyens humains De janvier à mai 2009 : accueil réalisé par deux intervenants

• 2 éducateurs • Une psychologue clinicienne • Une psychomotricienne dont l’intervention a cessé en juin 2009 • Une psychanalyste thérapeute familiale assurant la supervision.

Depuis la rentrée de septembre 2009 l’accueil est réalisé par un seul intervenant.

���� La supervision Bi-mensuelle, elle se révèle rester incontournable d’autant plus que les familles sont reçues par un seul intervenant. Elle a même permis de mettre en évidence, que dans certaines situations, il sera important de proposer un accompagnement avec 2 intervenants.

���� Le réseau Partenarial 2009 Origine de l’orientation : Les personnes accueillies à Questions de famille - ONDOAN ont été orientées par les services suivants :

• Le point Info Famille de la Caisse d’Allocations familiales • Les Maisons de la Solidarité Départementale • Les dispositifs s’adressant aux familles : le Réseau Appui Parent, la maison du

handicap, les associations caritatives, les dispositifs scolarisés et de loisirs (MVC, centres sociaux)

• Les dispositifs d’hébergement (CHRS …) • Les structures de résidence ou de domiciliation des hommes et pères isolés :

CCAS … • Autres : Service Accueil Orientation, tables rondes, « bouche à oreilles »,

Questions de Famille – ONDOAN 2008

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Orientation vers : En favorisant l’émergence de leurs compétences familiales, les professionnels de Questions de famille - ONDOAN soutiennent les familles afin qu’elles s’approprient les démarches à effectuer si nécessaire auprès des lieux spécialisés :

• Les services du soin : Espace 64, Dabanta, suivi thérapeutique en libéral, CMPP, Pédo Psychiatrie, Maison de l’Adolescent Adoenia

• Dispositif s’adressant aux familles : Trait d’union, AEMO, Ecoles • Dispositif de justice : CIDF (par le biais de la section de médiation

internationale), avocats … ���� Le Programme de Réussite Educative

Nous avons répondu à une sollicitation du Programme de Réussite Educative au mois de juillet 2009, pour mener une action de soutien à la parentalité pour les familles ayant un enfant âgé de 6 à 11 ans scolarisé à Bayonne Rive Droite, et qui rencontre des difficultés dans le cadre scolaire. Notre action Parlons-EN se déroule dans les locaux de Bayonne Solidarité. Les familles sont accueillies sur rendez-vous d’une durée de ¾ d’heure, avec ou sans leurs enfants. L’accompagnement est prévu sur une durée de 3 mois maximum. Toutes les semaines, le mardi (de 17h à 19h) et le mercredi (de 16h à 18h), un éducateur tient une permanence. Une fois par mois, le mercredi de 14h30 à 16h, la psychologue de Questions de famille - ONDOAN anime un groupe de paroles.

Bilan quantitatif

Typologie et nombre de personnes accueillies Questions de famille -

ONDOAN Perm Atherbea Total

Couples 1 0 1 Vivant en couple venu sans le conjoint 3 0 3 H F H F H F Parents isolés 4 9 9 0 13 9

H F H F H F Célibataires sans enfants 1 0 1 2 0

nombre d'enfants reçus 7 0 7 Nombre d'enfants "parlés" 23 12 35

Nbre de situations familiales accompagnées 18 10 28

Accueil téléphonique Nombre de personnes Observations Entretiens téléphoniques 106 Prise de rendez vous, orientation

vers partenaires, renseignements Ecoutes téléphoniques 38 Soutien, Réassurance et si besoin

rencontre Prises de rendez-

vous Permanences à Questions

de famille - ONDOAN Permanences au Foyer

Atherbea TOTAL

Prises de rendez-vous

153 51 204

Rendez vous honorés

110 46 156

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���� Thématiques travaillées Les demandes exprimées par les familles sont des questionnements ciblés sur des problématiques diverses, notamment :

• Coparentalités difficiles : en couple, en post séparation, en famille recomposée. • Place du père : les droits des pères, reconnaissance de paternité, maintien du

lien, la place du père sur un plan symbolique … • Dysfonctionnements conjugaux et leurs conséquences sur les enfants. • Symptômes d’enfants : conduite à risque, rythmes alimentaires et de sommeil,

difficultés scolaires …

���� Les tables rondes Préconisée par Mme JANVIER fin 2007, nous avons développé cette action en 2009 et avons animé 4 tables rondes (2 sur Hendaye, 1 à Marmande, 1 à Bayonne). 124 personnes y ont participé. A l’initiative de ces animations, le Centre Social Denentzat d’Hendaye, le collège IRANDATZ d’Hendaye, le collège Marracq de Bayonne et la FNARS Aquitaine à Marmande . Les thématiques sont travaillées en concertation avec les partenaires. Ainsi, nous avons animé des débats autour des thèmes suivants :

• Multimédia : avantages et inconvénients • L’utilisation d’Internet • La sexualité chez les adolescents • Comment renouer des liens familiaux et/ou en créer de nouveaux ? (à

Marmande).

���� Les rencontres partenariales • Nous avons été en relation, cette année, avec 15 partenaires dont 2 nouveaux :

le groupement d’achat familial de Bayonne et l’équipe mobile de Psychiatrie de l’hôpital de Bayonne EMOA.

• Journée RAP du 1er décembre 2009 • Durant l’année 2009, 31 liaisons téléphoniques ont été réalisées pour

information, pour faire le point sur une demande et au sujet des tables rondes. • Enfin, le nouveau partenariat spécifique créé grâce à l’action Parlons – En

(RASED, Médecine scolaire, Ecoles)

���� Le Programme de Réussite Educative

Pour la mise en place de cette nouvelle action, les professionnels de Parlons – En ont rencontrés à plusieurs reprises : les représentants des financeurs (CAF et GIP DSU dans le cadre de la politique de la ville), la coordinatrice du PRE, les équipes du RASED et de la médecine scolaire. La fréquentation des 2 permanences d’écoute a débuté petit à petit, compte tenu des délais nécessaires, à nos partenaires scolaires, pour repérer et travailler les orientations familiales :

• 1 rendez vous pris (reporté sur janvier 2010) • 3 tables rondes pour lesquelles (7 personnes se sont pré inscrites) une personne

est venue.

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Une nouvelle action du PPPProjet

de RRRRéussite EEEEducative pour l’année scolaire 2009/2010

L’école et les Questions L’école et les Questions L’école et les Questions L’école et les Questions dans la familledans la familledans la familledans la famille Pour quels parentsPour quels parentsPour quels parentsPour quels parents ???? Pour vous, parents d’enfants de 6 à 11 ans, scolarisés à Bayonne RIVE Droite.

PourquPourquPourquPourquoioioioi ???? Parce que vous vous questionnez sur votre (vos) enfant(s) et que vous vous préoccupez de ses difficultés à l’école.

OùOùOùOù ???? Dans les locaux de Bayonne Solidarité (CCAS) – 30 Place des Gascons.

CommentCommentCommentComment ???? ---- En rendez vous individualisé, d’une durée de ¾ h , avec ou sans enfants. Accompagnement de 3 mois maximum.

- En petit groupe de parole, sur une durée de 1 h 30.

QuandQuandQuandQuand ???? - Toutes les semaines, le mardi de 17 h à 19 h et le mercredi de 16 h à 18 h pour les RV individualisés - Une fois par mois, le mercredi de 14h30 à 16h, pour le groupe de parole.

Avec quiAvec quiAvec quiAvec qui ???? Avec les professionnels de l’accueil, de l’écoute et du soutien à la parentalité de Question de Famille – ONDOAN. Marie Noëlle VERSAVAUD Psychologue, Marie Claude POEYDESSUS Educatrice Michel GUTIERREZ Moniteur Educateur

Nos grands principes Nos grands principes Nos grands principes Nos grands principes Libre adhésion

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���� Premiers effets et constats de l’expérimentation

L’accompagnement proposé par Mme MENDIBOURE nous a permis de mettre en place de nouveaux outils d’évaluation afin de valoriser au mieux notre activité. Les différents tableaux statistiques cumulés font apparaître une activité soutenue et un nouveau mode de contact semble se dessiner : l’écoute téléphonique. Nous avons accompagné 28 familles dont 3 étaient connues en 2008. Nous observons que peu de familles s’inscrivent dans un « travail » autour de la parentalité sur une période longue (plus de 3 mois). 30% des familles qui prennent rendez vous ne viennent qu’à un seul entretien. Cette année encore, les personnes accueillies sont majoritairement des chefs de famille monoparentale originaires du BAB, parfois accompagnées de leurs enfants. Actuellement, la psychologue intervient sur l’animation de tables rondes, le groupe de parole du Programme de Réussite Educative et assure la permanence de proximité au Foyer Atherbea. De ce fait elle ne peut proposer que peu d’accompagnements individuels sur son temps d’intervention (qui est de 4h) à la permanence de Questions de Famille – ONDOAN, rue du Baltet. Nous avons trop peu de recul pour savoir si les modifications apportées à notre fonctionnement donneront les résultats attendus (en termes d’augmentation d’activité). Le constat que nous pouvons faire fin décembre est le suivant : Il a fallu à certaines familles un temps aux familles d’adaptation pour accepter le changement dans notre écoute (présence d’un seul intervenant). Grâce à une nouvelle organisation du temps, nous proposons davantage de plages d’accueil.

���� Quelques perspectives partenariales pour 2010 Projet de mise en place d’un partenariat, dès le début 2010, avec la Maison de l’Adolescent Adoenia pour animer conjointement des tables rondes en direction des parents et des jeunes. Maintient du partenariat avec le centre social Denentzat pour l’animation d’autres tables rondes. Dans le cadre du PRE, projet, en début d’année 2010, d’aller à la rencontre des parents relais des diverses écoles de Bayonne Rive Droite.

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3-1-5 Parts de vie

Parts de vie

Quelques mois au Foyer les Mouettes

Famille D.

Orienté par un service social, M. D. a demandé un hébergement au sein de notre structure pour lui et son fils de 22 mois. Il avait décidé de quitter la Cote d'Ivoire, pour se rapprocher de sa mère et de ses frères dans la métropole. Il espérait ainsi échapper au milieu marginal qu'il fréquentait, et pousser sa compagne à se sortir de la toxicomanie pour s'occuper de leur enfant. Arrivé en France, il s'est retrouvé tributaire de différentes personnes, contraint de supporter des hébergements temporaires, les lieux et les durées étant soumis au bon vouloir des tiers. L'enfant était soumis aux rythmes de vie des adultes, sa vie au quotidien étant bridée ; souci de ne pas faire de bruit, de contenir les manifestations et comportement liés à son âge. Par ailleurs, n'ayant pas de résidence fixe, les transferts de différents dossiers étaient impossibles, engendrant ainsi des difficultés supplémentaires pour cette famille.

Au mois de juin 2004, il entre dans un appartement d'urgence. Il exprime dés son accueil, avoir des difficultés éducatives et relationnelles avec son fils. Parfois, il ne le supporte plus mais il n'arrive pas à s'en séparer. Il se dit tenter par les différentes orientations successives qui lui sont faites (CAMPS, TRAIT D’UNION, crèche ...), mais ne s'en saisit pas. Il est soucieux du bien être de son fils, mais l'extérieur lui fait peur. Il a l'impression d'être épié, jugé. Il fait régulièrement appel à des amis qui prennent en charge l'enfant, le promènent ...mais en profitant en retour pour le solliciter financièrement. Il envisage alors, d'envoyer son fils chez sa grand-mère qui a déménagé en Corse...mais supporte mal les inquiétudes de cette dernière à son propre égard.

Progressivement, avant chaque bilan de séjour mensuel, il arrive à atteindre les objectifs fixés avec ses référents : régularisation administrative, crèche pour son fils, travail sur son budget...Il réduit de façon significative sa consommation de cannabis, mais ne peut envisager un quelconque soutien pour le soutenir. Il a des crises d'angoisse, de paranoïa, s'isole, s'enferme. Il commence à parler de problèmes de voisinage, qu'il essaie d'arrêter en se montrant violent sur le mobilier. Les variations de son état psychique inquiètent les éducateurs. Mr pourra t-il ou sera-t-il toujours en capacité d'appeler à l'aide s'il devenait « défaillant » dans son rôle parental ? Une admission en C.H.R.S est favorisée au mois de juin 2004 afin qu'une protection immédiate soit possible pour tous les deux. Mr est soulagé, et réalise que n'ayant plus de voisins au dessus de lui, les voix qu'il entend sont issues de sa tête. Il les attribue à son passé toxicomane et arrête net sa consommation de cannabis. Il économise en vue de financer un déplacement vers la Corse, et s'appuie sur l'équipe

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pour offrir un rythme de vie régulière à son fils. Il n'arrive toujours pas à affronter seul les différents organismes sociaux, et refuse tout accompagnement physique. Au mois de mars, il appelle la police pour demander de l'aide, et être protégé. Celle-ci nous contacte immédiatement. Le médecin appelé à son chevet diagnostique une décompensation laissant apparaître une suspicion de psychose schizophrénique. Il n'y a pas lieu de l'hospitaliser, s'il accepte un traitement médicamenteux sous surveillance et se repose au minimum pendant une semaine. Mr confie son fils à ses amis, qui acceptent de le faire pour une courte durée. Mais Mr supporte mal la séparation et refuse de respecter la médication proposée. Le Procureur est saisi. En lien avec les services judiciaires, il se résout à accepter de confier son fils à sa grand-mère, mais « fugue » pour le conduire lui-même en Corse. A son retour, il n'a de cesse que de construire un avenir pour son fils mais se dit incapable de s'y atteler sans lui. Il fuit les rendez-vous médicaux et ne prend pas ses médicaments. Dés lors le Juge pour enfants ordonne le maintien de l'enfant chez sa grand-mère. Même s'il est désormais un père isolé, nous maintenons l'hébergement espérant ainsi favoriser une appropriation des soins.

Mais deux mois plus tard cet objectif n'étant pas atteint, son contrat d'hébergement n'est pas prolongé. Il quitte la structure au mois de juin 2005. Après quelques semaines d'errance, il s'est résigné à accepter l'hospitalité de sa mère, pour, nous a-t-il dit, revoir son fils.

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Famille B L. Au mois d'Octobre 2003, Mr B. et Mlle L., accompagnés de leurs 2 jeunes enfants, âgés de 4 ans et de 3 mois, ont quitté leur logement pour venir s'installer au Pays Basque où les parents de Mlle devaient les héberger en attendant un appartement autonome. Or le couple découvre très vite l'expulsion imminente des parents. N'ayant pas de solution personnelle et étant dans une situation financière critique (dettes…), ils se sont adressés à différents services sociaux et ont contacté le Service d'Accueil et d'Orientation qui favorise une demande d'admission auprès de nos services. Ne disposant pas de places suffisantes pour un hébergement immédiat, des fonds sont débloqués pour financer un hébergement d'urgence à l'hôtel. Dans un même temps, l'école fait part de ses inquiétudes aux travailleurs sociaux pour le devenir de l'aîné des enfants : qui parle peu, mal, et présente des troubles du comportement. L'absentéisme scolaire est important, le couple est fuyant, les grands parents parient de la violence de Mr à l'encontre de cet enfant dont il n'est pas le père. Mr B. et Mlle L. se démènent pour trouver un logement car ils se sentent menacés de se voir retirer leurs enfants. C'est dans cet environnement, que soucieux du maintien de l'unité familiale, ils acceptent avec réticence, certes, mais avec un grand soulagement, un accueil en appartement d'urgence le 1er juin 2004. Dès le premier jour, le couple parle de sa crainte de perdre les enfants, tout en faisant part de leurs grandes difficultés à changer leur mode de vie pour tenter d'y remédier. Les questions s'enchaînent sans fin : comment faire face aux dettes ? en travaillant ... mais Mlle serait seule et ayant des problèmes de thyroïde, est souvent fatiguée. Comment s'occuper correctement du bébé? et assurer les accompagnements scolaires de l'aîné, voire, « si c'était indispensable », les séances d'orthophonie ? Petit à petit, ils arrivent à ordonner leurs différents objectifs et livrent parallèlement leurs histoires personnelles, leurs difficultés conjugales et parentales. Ils semblent « commencer » à faire des liens avec leur situation, leurs pratiques et à comprendre le sens des injonctions des services sociaux pour le bien-être de leurs enfants et tout particulièrement de l'aîné.

• Comment les soutenir dans leurs fonctions parentales ? En nous appuyant sur les événements du quotidien, en servant de médiateurs dans le couple. Quelle place occupait Mr ? Quelle place souhaitait il avoir ? Quelle place était donnée par Mlle? Nous avons pu ainsi les aider à exprimer leurs vécus, leurs ressentis, leurs principes d'éducation afin d'en mesurer les tenants et aboutissants, et mettre en place des bases communes afin que chacun puisse avoir des attitudes parentales cohérentes. Mlle L a cheminé doucement acceptant difficilement, la séparation d'avec son aîné, et le développement tant physique que psychique de ses enfants. Progressivement, elle a abandonné le « langage bébé », les « attitudes bébé » aidant, en cela, ses enfants à grandir. Le couple a commencé à donner des limites (horaires des repas, type d'alimentation ...) et à entrevoir les progrès de leur aîné. Très vite Mlle parle de son désir de maternité et d'officialiser leur union afin que son fils puisse porter le nom de Mr Lui, insiste sur la nécessité de consolider leur situation sociale pour différer, tout en ne pouvant pas cacher ses émotions qu'il relie à son histoire personnelle d'enfant abandonné, recueilli puis adopté. Tous deux adhérents enfin au projet d'une scolarité assidue et à temps plein (cantine) pour l'aîné. Nous avons, avec l'aval des parents, régulièrement échangé avec l'équipe enseignante afin

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d'optimiser le travail auprès de cet enfant, la démarche vers les soins orthophoniques venant soutenir la prise en charge.

• Comment assainir leur situation financière ? Déjà interdits bancaires et poursuivis pour de multiples dettes, ils ne peuvent se résoudre à saisir la Banque de France. Nous leur avons proposé de les accompagner dans leur gestion financière : nous avons travaillé sur la mise en place du budget mensuel et favorisé la reprise de contact avec les créanciers afin de permettre un apurement progressif des dettes. Puis, Mr décide de se remettre au travail pour accroître leurs revenus, et ce malgré quelques problèmes de santé persistants et l'anxiété de son épouse de se retrouver seule à gérer les enfants. Mlle, quant à elle, vient prospecter les annonces de logement avec les éducateurs du Foyer, s'occupe de tout l'administratif et du quotidien. Nous avons de notre côté privilégié le prêt d'une voiture dans le cadre du dispositif RMI pour optimiser la capacité de travail de Mr qui était intérimaire dans le bâtiment. Au terme de six mois d'hébergement, le bilan montre une évolution positive de leur situation. Dans l'incapacité de les accueillir au CHRS par manque de place, nous leur proposons une prolongation de leur séjour dans le même cadre. Le couple n'a de cesse que de donner une image active et responsable tant au niveau personnel que parental. Alors même que les éducateurs notent de nouveaux signes d'augmentation du train de vie en inadéquation avec leur budget. C'est dans ce contexte que le couple, après de multiples démarches, apprend qu'il bénéficiait d'une attribution d'un logement dans le parc HLM. Mais une installation sereine est elle possible ? En effet, les éducateurs référents découvrent que le couple a bien assaini sa situation vis-à-vis des dettes, mais, a, dans un même temps, effectué avec beaucoup d'habileté de fausses déclarations afin de cumuler différentes ressources Inquiets pour le devenir de cette famille et plus particulièrement des conditions de vie future des enfants, les référents obtiennent du couple qu'un lien, exposant l'évolution de leur hébergement soit fait avec les travailleurs sociaux (BAL, MSD) intervenants désormais auprès d'eux. Et c’est dans ces circonstances que la famille s’installa après 1 an d’hébergement.

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Histoire de vie de Madame J.

Mme J, 50 ans, a 3 enfants : un jeune homme de 25 ans, autonome, vivant dans la région parisienne, une fille de 20 ans enceinte et en couple, et un adolescent de 14 ans, qu'on nommera Ben, qui vit avec elle. Mme J est veuve. Elle a perdu son mari, père de ses deux derniers enfants, quand Ben n'avait encore que 1 an. Son mari était dépressif ; il a mis fin à ses jours par absorption d'alcool et de médicaments. Mme J a vécu environ 3 ans avec le père de son fils aîné, qu'il n'a pas reconnu. C'est son mari qui le fera par la suite. Apres la mort de ce dernier, elle rencontre un homme de 15 ans son cadet, auprès duquel elle restera 8 ans, et qui sera très investi par Ben. C'est dans cette période que Mme J demande au Juge des enfants un placement en Foyer pour Ben, auprès de qui elle se sent dépassée. Par la suite, elle rencontre Mr Y, originaire des pays de l'Est, et elle s'installe avec lui dans la région Paloise, et Ben vient vivre avec eux, en bénéficiant d'une AEMO éducative. Mme J apprend vite que Mr Y mène une double vie : il est marié et père de famille (5 enfants de 18 à 32 ans) dans la même région. Son épouse serait alcoolique et malade, c'est du moins ce qu'il dit à Mme J, qui accepte cette situation. Au terme de deux ans de relation, le couple vit dans un climat de violences. Mr Y séquestre Mme J et son fils. Régulièrement, il les brime, les humilie, Mme J essayera plusieurs fois de fuir cette situation, sans y parvenir. L'éducateur chargé de la mesure d'AEMO de Ben fait alors un signalement. Mme J est convoquée devant le Juge des Enfants et se trouve face à un choix : soit elle choisit de rester avec Mr Y, et une mesure de placement pour Ben est prononcée, soit elle quitte ce compagnon, et son fils peut rester vivre avec elle, la priorité, à ce moment là, étant de protéger Ben des violences dénoncées. Mme J décide alors de quitter Mr Y, et revient vivre sur Bayonne, chez sa mère. C'est dans ce contexte qu'elle fait une demande d'hébergement auprès du Foyer, les relations avec sa mère malade se dégradant de plus en plus, et les conditions de logement étant plutôt précaires. Nous avons accueilli Mme J et son fils dans la partie collective du Foyer en mars 2006. Cet hébergement en collectivité nous aura permis de mesurer les difficultés relationnelles entre Mme J et son fils, de même que ses propres difficultés, tant sur le plan financier que sur celui de l'insertion, professionnelle ou sociale : Mme J est très vite totalement « dépassée » par le comportement de son fils, elle ne sait pas poser de limites, de cadre, et face aux exigences de l'adolescent, elle est vite en difficulté : elle ne se situe pas à sa place de mère, préférant être une « amie », et n'affirme pas son autorité. De son côté, Ben se mêle de très près de la vie de sa mère, interférant dans les conversations des adultes du collectif, notamment dans les discussions d'ordre féminin, se mettant souvent en spectacle. Il répond à la place de sa mère lors des entretiens, et intervient dans ses choix notamment dans celui de ses compagnons qu'il critique ouvertement. Il nous semble que Ben se rend compte de la situation, car il reproche à sa mère de s'adresser à ses amis comme une copine et non une mère. Mais il semblerait qu'il y trouve également un certain confort. Mme J comme Ben réagissent, mal, dès lors que nous les remettons chacun à leur place. Au terme de 3 mois d'hébergement, nous favorisons leur installation dans un logement autonome, pour tenter d'aborder et de travailler, dans un contexte nouveau, leurs difficultés. C'est

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aussi pour Mme J et Ben, l'occasion de se retrouver, et pour nous de mesurer comment ils vont fonctionner en dehors du collectif. Très rapidement, nous les avons sentis tous les deux beaucoup plus apaisés, Ben beaucoup plus calme. Nous avons pu travailler sur la notion de cadre, la place de chacun, et le respect de celle- ci. Nous avons refusé que Ben participe désormais aux entretiens de façon systématique, recentrant ainsi notre accompagnement sur Mme J. Nous avons régularisé nos échanges avec l'éducatrice de l'AEMO pour l'accompagnement de Ben. Depuis le début de son hébergement, Mme J n'a pas souhaité que nous abordions les questions de gestion financière, allant jusqu'à s'emporter quand nous insistions. Cependant, elle nous informait qu'elle était en difficulté, qu'elle n'arrivait pas à gérer son budget, et à refuser à Ben ce qu'il lui demandait, vêtements de marque, téléphone portable, argent de poche...malgré cela, elle refusait nos propositions de soutien à la gestion, et d'aborder la question de l'argent tout cela restait très flou, et contradictoire. Par ailleurs, Mme J parle de son état dépressif, de sa médication (anxiolytiques) et des phases de déprime qu'elle traverse depuis plusieurs années déjà. Nous l'avons invitée à se remettre en lien avec un thérapeute, ou auprès d'un organisme susceptible de lui venir en aide (Etxeparria, par exemple). Mme J n'a également de cesse, notamment depuis que nous avons abordé les difficultés de gestion, de trouver un travail qu'elle peut cumuler avec sa pension retraite, argumentant que cela pourrait régler tous ses problèmes. Bref, Mme J se met dans des recherches tous azimut de travail, de logement, d'argent... sans en mesurer les enjeux : recherche d'un appartement, sans avoir le moindre argent de côté, ni de garant, dans l'impossibilité de l'assumer, recherche d'un travail sans anticiper les contraintes liées à son fils, emprunts familiaux.... Au terme de 6 mois d'hébergement, nous avons fait un point avec Mme J, et lui avons proposé les axes de travail suivants :

• aborder la question de la gestion financière avec l'intervention d'une conseillère en économie sociale et familiale, en imposant la régularisation des dettes sur la participation aux frais d'hébergement (10% de ses ressources), et la mise en place d'économie en vue d'une installation.

• la recherche effective d'un logement : ne pouvant bénéficier du soutien du BAL du fait de ses ressources, Mme J doit effectuer ses recherches dans le parc privé, ses demandes de logement HLM n'aboutissant pas. Et ce avec notre soutien.

• elle se maintient dans le soin (suivi thérapeutique, orientation Etxeparria....)

• maintien du contact avec l'éducatrice de l'AEMO pour Ben.

Nous laissons à Mme J le document « projet individualisé », en lui demandant de réfléchir, aux objectifs qu'elle se donne et aux moyens qu'elle pense utiliser pour y parvenir, et à la manière dont elle pense pouvoir être soutenue dans son hébergement. Très vite après ce premier bilan, Mme J nous semble perturbée, inquiète, mais n'en dit rien. Au mois de septembre, elle nous informe, par téléphone, et en larmes, qu'elle a de gros soucis de santé, qu'elle pensait pouvoir les porter seule, mais qu'elle « craque », et est extrêmement angoissée, car elle doit se faire opérer rapidement (hystérotomie).

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Avant de renter à l'hôpital, Mme J déverse son angoisse, et se met à nous parler de son histoire : Depuis l'enfance, elle dit avoir eu de grandes angoisses de mort par rapport à ses parents, sa sœur, et à l'adolescence, elle ne supportait pas la foule, les autres... elle dit avoir elle-même fait la demande d'un accompagnement thérapeutique à ce moment là. Elle nomme également sa tentative de suicide d'il y a 4 ans, par prise de médicaments et d'alcool, qui la laissée plusieurs jours dans le coma avec intubation. Elle devra d'ailleurs se refaire opérer des suites de cette intubation pour détérioration de la trachée. Elle nous parle également de sa dépendance aux jeux, ce qui explique en partie ses difficultés. Il lui aura fallu se trouver dans une situation extrême pour enfin arriver à donner un peu de son histoire, et mieux cerner certaines des difficultés qu'elle véhicule depuis longtemps déjà. A la lecture de son « projet individualisé », nous nous apercevons que Mme J nous demande clairement notre soutien dans la gestion financière, alors que jusque là, elle était dans un refus total de ce soutien. Quand nous abordons cela avec elle, elle reste dans ce déni et ce paradoxe, s'obstinant à vouloir décrocher un contrat qui arrangerait ses affaires. Ce n'est qu'à ce stade de l'hébergement, qu'on s'aperçoit que tout son fonctionnement est conditionné par son problème d'argent.

Lors du dernier bilan, nous relevons l'incapacité de Mme J à réagir à ses difficultés avant d'y être contrainte:

• elle n'a quitté Mr Y que parce que le Juge a menacé de placer son fils, • elle n'effectue les démarches administratives et financières qu'après que

nous ayons insisté maintes fois, et parce que nous lui avons clairement signifié les limites de son hébergement face à sa mobilisation.

• elle s'est préoccupée de sa santé en dernière limite, son état étant critique. Après avoir fait ces constats, nous orientons notre accompagnement uniquement sur la recherche de logement. Mme J refusant tout accompagnement éducatif, nous n'avons d'autre choix que de la laisser se confronter à sa propre réalité. Dans le même temps, Ben fait une tentative de suicide, par absorption de médicaments et d'alcool lui aussi. Il s’en sortira avec un suivi psychiatrique régulier, mais de grandes difficultés comportementales au collège et avec sa mère. Mme J, malgré sa difficulté à accepter cette situation, reste mobilisée dans la recherche d'un appartement, qui finit par aboutir. Elle s'installe dans son propre logement, avec le concours financier de sa sœur, en mars 2007, et attend toujours aujourd'hui un logement du parc HLM. Mme J, est parvenue à se reloger, c'était son but, mais nous avons conscience qu'elle s'installe de nouveau avec toutes ses difficultés.

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Histoire de vie de Mademoiselle N. Le 17 Janvier, Melle N. se présente au CCAS de Bessèges où elle est reçue par Mme M. assistante sociale. Lors de cet entretien Melle N. évoque les violences conjugales dont elle est victime de la part de son compagnon et fait une demande d'un accueil mère/enfant sur Bayonne; ville où elle a vécu plusieurs années avant son départ sur Bessèges. Une demande d'accueil est également faite sur le centre Cestac. Le 23/01/2007, Melle N. arrive sur Bayonne dans l'urgence et nous demande une solution d'hébergement pour elle et son fils. Dans ce cadre, elle est accueillie pour 3 nuitées à l'hôtel Côte Basque puis elle intègre le 25/01/2007 avec son fils le collectif du CHRS.

���� L'accompagnement : Dans le cadre de la prestation de type foyer maternel, Melle N. a bénéficié d’un soutien dans l’accompagnement éducatif de son enfant. Melle N. a adhéré, sans aucune difficulté, aux activités proposées : ateliers « débrouille culinaire » et « lecture à voix haute ». De même, elle a su utiliser à bon escient les moments de garde prévus pour son fils E.. Melle N. aborde de façon sereine l'éducation de son enfant. Elle relève les petits soucis rencontrés, réfléchit aux solutions à apporter et n'hésite pas à chercher le conseil qui peut améliorer la situation. Très à l'écoute de son enfant, elle lui accorde un réel intérêt. Elle favorise son éveil en proposant des activités adaptées, en verbalisant ce qu'ils font, en l'intéressant à ce qui l'entoure. E. se révèle comme un petit garçon qui ne supporte pas la frustration et qui réagit à toutes contrariétés en s'opposant vivement à sa mère où à l'éducateur présent. Melle N. redéfinit les limites à ne pas dépasser et avec calme et détermination, elle maintient le cadre posé. Les moments de séparation avec E. sont toujours préparés : Melle N. prend le temps d'accompagner son enfant et de lui exprimer le sens de sa démarche. La garde alternée est bien vécue par Melle N. qui semble accorder une grande confiance au père d' E. quant à l'éducation de leur enfant. Leur relation ne paraît pas conflictuelle et de nombreux échanges téléphoniques existent entre les parents et E. Sur le plan personnel, Melle exprime clairement les difficultés qu'elle rencontre et souhaite poursuivre un soutien psychologique. En conclusion, Melle N. a su utiliser l'accompagnement éducatif proposé avec le souci constant d'apporter à E. le meilleur épanouissement possible.

���� Accompagnement psychologique Mlle N. s'est inscrite dès le début de son séjour sur la prestation de type foyer maternel (de début février à début mars 2007), avec une demande d'aide psychologique qu'elle maintiendra jusqu'à son départ.

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Elle s'est saisi des soutiens qui pouvaient lui être apportés de manière adéquate et projette de poursuivre sa démarche en psychothérapie à travers les relais qui lui ont été proposés. Au cours de son séjour, Mlle N. a pu renouer des liens avec sa famille ; liens qui avaient été rompus avant la naissance de l'enfant (E. qui a aujourd'hui 18 mois). Cette jeune mère a des capacités évidentes pour se mobiliser rapidement et efficacement, puisqu'en un mois, elle a pu mener de front recherches de logement (qui ont abouti) et réflexion sur des pistes professionnelles. Par ailleurs, ses ressources psychologiques lui permettent de se ressaisir et de se relever de situations douloureuses et destructrices. Les parents seront peut-être confrontés à la difficulté de gérer une garde qu'ils souhaitent « quasi alternée » (avant la scolarisation), pour un enfant en bas âge et entre deux lieux si éloignés. Nous y reconnaissons là une volonté à soutenir, quant aux efforts de chacun des deux parents pour que l’autre parent garde sa place auprès de l’enfant.

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Histoire de vie de Madame M.

Après un énième épisode de violence conjugale, Madame M. a été hospitalisée. Sur les conseils du personnel médical, Madame a demandé de l'aide auprès de notre structure. Elle a bénéficié de nuitées d'urgence avant d'intégrer une chambre d'hôtel gérée par nos services. Dépressive, sans ressources, culpabilisant d'avoir « abandonné » ses enfants, la première étape de son hébergement a consisté à l'accompagner vers l'acceptation d'un suivi médical, ce qui a pu être réalisé grâce à un partenariat avec l'équipe du CMP Etcheparria :

• assurer ses besoins quotidiens, tant sur le plan alimentaire qu'hygiénique • débloquer ses ressources personnelles, en déposant une demande RMI.

A la deuxième étape de son hébergement, les axes de travail ont été :

• l'aider à gérer sa nouvelle situation familiale : après avoir déposé plainte contre son époux, Madame a entamé une procédure de divorce, réactivant les conflits conjugaux, mais également accroissant le rejet de ses enfants.

• l'aider à gérer sa situation financière.

Le couple venait d'obtenir le bénéfice d'un échelonnement du paiement de leurs dettes et créances, grâce à l'intervention de la Banque de France. Lorsque Madame a quitté le domicile, Monsieur ne les a pas honorées, malgré des revenus confortables. Seule interlocutrice joignable par les créanciers, Madame a subi énormément de pressions, qui ont entraîné de fortes perturbations psychologiques. Nous avons décidé d'être les médiateurs, et avons déposé un dossier de surendettement, avec l'aval de Madame. Il a fallu également convaincre Madame des mauvais choix qu'elle faisait, par exemple en retenant financièrement son fils délinquant ou en choisissant des écoles privées éloignées pour sa fille. Le dilemme auquel elle était confrontée était : « comment puis-je penser à moi avant mes enfants ? ».

• l'aider à cheminer vers la nécessité d'une thérapie • l'aider à accepter de suivre un traitement médical-antidépendant : somnifères,

sevrage alcoolique malgré des effets secondaires. • l'aider à constituer des dossiers de demande de logement.

Lors du troisième temps de son hébergement, Madame s'est lancée dans une recherche active de logement, se heurtant à la réalité du marché locatif : petitesse des ressources, absence de salaire, pas de garant, pas d'économies. Elle a saisi l'opportunité d'une proposition de notre association pour s'installer dans un appartement d'Ustaritz, adapté à sa situation financière.

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Histoire de vie de Christian Nous avons été sollicités en fin mai 2006 par un travailleur social en charge d'un secteur limitrophe à la ville de Bayonne, relayé ensuite par un conseiller de la Mission Locale Avenir Jeunes. Christian, alors âgé d'un peu plus de 20 ans, vivait depuis 2 ans dans un mobil home n'ayant pratiquement pas d'isolation. Il était employé en CAE dans une entreprise d'insertion (espaces verts) et y donnait toute satisfaction. Sa famille est originaire du Nord de la France et est arrivée dans la région alors qu'il avait 6 ans. Ses parents ont divorcé peu de temps après. Ils vivent tous les 2 dans le sud des Landes et ont refait leur vie. Ses relations avec eux semblent difficiles et il dit s'en tenir à distance sans trop donner d'éléments. Peu de contacts avec son père, il voit plus régulièrement sa mère. Issu d'une fratrie de 5 enfants, il en est l'unique garçon et entretient quelques relations avec sa sœur et sa demi sœur qui vivent toujours auprès de sa mère et de son beau père, Mr a quitté leur logement dès qu'il a eu 18 ans, disant ne pas y trouver pas sa place. Auparavant il avait séjourné plusieurs années à Idekia. Sa scolarité l'a mené vers un CAP espaces verts qu'il n'a pas obtenu. Son enfance a été marquée par un grave accident. A l'âge de 6 ans, un instituteur lui a crevé, accidentellement, l'œil avec son stylo, en voulant lui donner un coup de cahier sur la tête. Aujourd'hui il porte une prothèse et un dossier COTOREP était en cours lors de son accueil.

���� Accompagnement

Lors de son arrivée, en juin 2006, Christian, exprimait, uniquement, une problématique liée au logement. En effet, inscrit au Bureau d'Accès au Logement il faisait des recherches depuis plusieurs mois qui ne donnaient rien. Il avait aussi fait des démarches vers le Foyer des Jeunes Travailleurs qui n'avaient pu aboutir. Pourtant assez vite, grâce à la relation créée, nous avons mesuré que Christian avait d'autres difficultés qui ne pouvaient que compliquer son accès à une autonomie durable.

• D'abord autour de la gestion administrative. Il était à jour de ses droits, mais encore sous le couvert de sa mère et du côté de la CAF, il n'avait pas fait valoir ses droits car « on » lui avait dit qu'il n'en avait pas I

• Christian entassait son courrier dans un tiroir, sans même le lire, dépassé par leur contenu ayant des difficultés de lecture et de compréhension. Nous avons sans cesse repris un lent travail de re formulation, expliquant les échéances, les enjeux.

• Autour du permis, Christian présentait des difficultés d'apprentissage au niveau de code; nous avons sollicité l'association Agir afin qu'il puisse bénéficier d'un appui personnalisé venant en renfort de l'auto-école. Sachant que dans un même temps les cours de conduite n'allaient pas de soi, handicapé par la perte de son œil. Nous avons dû être, là aussi, très présent pour dédramatiser, apaiser, encourager, remotiver.

• Le travail sur le budget, nécessaire à une projection vers un logement autonome, nous a permis de bien mesurer le fonctionnement de Christian. De son accident, il avait reçu un capital (placé sur un compte épargne) qui lui avait servi à l'achat du mobil home, au financement de son permis, sur lequel il comptait pour son installation et qu'il avait très nettement destiné aux financements exceptionnels. Par contre son salaire, n'était absolument pas maîtrisé, il dépensait et quand il n'y avait plus rien attendait la rentrée du mois suivant.

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Totalement incapable, dans un premier temps, de quantifier ce qu'il, dépensait par poste ; il faisait un nombre incalculable de retraits par carte bleue dont une grande majorité de quelques euros (pour 1 repas). Nous avons cherché avec lui, un fonctionnement qu'il puisse tenir et qui lui permette d'aller au bout du mois. Ce qui à terme lui a permis de faire des économies.

Très peu de temps après son intégration dans le service, Christian nous faisait part d'insomnies quotidiennes, il avait consulté son médecin mais sans résultat. Nous avons cherché, lors des entretiens, à lui permettre d'aborder son vécu, de se pencher sur son histoire pour peut être entamer un travail personnel (ce qu'il a toujours farouchement refusé). Il a pu alors aborder ses consommations de stupéfiants pour dormir et d'alcool pour la fête en Espagne, ce depuis l'âge de 13 ans. Parler de son agressivité, de ses idées noires, de sa « rage » à propos de son œil, des efforts qu'il fait régulièrement pour arrêter, des conséquences sur son travail. Nous avons orienté Christian vers « ELSA » afin de parler de ses consommations abusives. Il y a été 2 fois, mais n'a pas suffisamment été en confiance pour s'engager dans un travail thérapeutique. Nous avons continué à le soutenir dans l'expression de ses difficultés. I! a pu nous parler de ses fréquentations, de ses « pratiques festives », des situations de mise en danger qu'il vivait {il a été victime à plusieurs reprises de racket, d'agressions...). Ceci lui a permis de réaliser sa vulnérabilité et de prendre conscience de son implication dans les événements qui jalonnent sa vie. En Janvier 2007, Christian trouve un logement sur Bayonne. Nous l'accompagnons dans l'investissement de ce nouvel appartement. Mais très vite nous comprenons que sa localisation, le quartier de la gare, risque de le mettre de nouveau en danger. Malgré tout Christian s'installe dans ce logement Peu de temps après, nous apprenons qu'il a quitté Bayonne pour retourner dans l'intérieur du Pays Basque, espérant ainsi faire face plus facilement à sa vie autonome

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Histoire de vie de Mlle C

Mlle C, 30 ans est née à Bayonne. Elle est la fille unique d'un couple qui a divorcé quand elle avait 18 ans. Ses parents habitent respectivement Dax et Labenne, et bien qu'ayant des liens avec eux, sa référence reste ses grands-parents domiciliés à Bayonne. Elle a un CAP photo qu'elle n'a pas utilisé en France, ayant été essentiellement employée pour du travail saisonnier (restauration, station service, animations à Tarnos) Elle rencontre son compagnon, Mr F, en 2001, et décide de partir avec lui à Mayotte en 2003, après avoir perçu un héritage familial, et espérant aussi pouvoir utiliser ses compétences en photo. De cette union est né M, en septembre 2005 à Mayotte. L'épidémie de Chikunguya en 2006 les effraie, et le couple décide alors de rentrer en France, mais avec beaucoup de regrets pour Mr, et sans réellement avoir préparé les conditions de leur retour ils se retrouvent dans un bungalow onéreux, et leurs prévisions budgétaires s'avèrent mauvaises. En effet, Mr ne peut percevoir les Assedic, et Mme lutte avec la CAF des Landes pour un rappel d'AJE qu'elle n'a, dit-elle, jamais perçu à Mayotte. Ayant utilisé leurs découverts bancaires respectifs au maximum, ils demandent de l'aide à leurs familles respectives. La relation du couple commence alors à se fragiliser. S'en suit donc une séparation momentanée, Mr F allant à Emmaûs et Mlle C dans sa famille avec M, avant de faire une demande, en couple, auprès de nos services le 1er septembre 2006 : ils sont accueillis en appartement d'urgence le 12/09/06. Au terme de cet accompagnement en appartement d'urgence, leur situation s'est quelque peu éclaircie :

• Rétablissement de leur situation administrative et de leurs droits financiers. • Mlle a pu faire le constat de leur endettement et a accepté l'idée de ne pas pouvoir

assumer seule cette situation (intervention du GAF, qui a positivement abouti : diminution de leurs créances).

• Rétablissement de leur droit aux soins : bilan de santé effectué et indiquant la nécessité d'un suivi médical important.

• Constat et acceptation de la nécessité d'une aide extérieure, un soutien psychologique, un lieu d'aide à la parentalité

• Remise au travail de Mr F, après avoir été soutenu par CAP Emploi. Durant cet accueil de couple, Mlle C s'est saisie des entretiens pour exprimer sa souffrance et son mal être personnel et conjugal, arrivant enfin à se positionner dans son couple, elle a pu acter une séparation : elle a organisé le départ de Mr, avec l'aide de sa famille. Cette décision lui a tant coûté qu'elle s'est autorisée à « craquer » avant même qu'elle ne soit effective. C'est dans ce contexte que nous avons demandé une poursuite de l'hébergement de Mlle C avec son fils, mais sous une autre forme. En effet, au vu de ses inquiétudes, notamment concernant les réactions éventuelles de son enfant au départ du père, sa difficulté à gérer le mal- être de son enfant et le sien (elle s'autorise pour la première fois à ne plus être celle qui veut tout porter et assumer pour l'autre, elle souffre du mal qu'elle inflige à Mr F en se séparant de lui...), nous avons souhaité qu'elle et M bénéficient de la PTFM (soutien de la psychologue, la psychomotricienne, et de l'éducatrice). Mlle C a adhéré à l'idée de ce soutien supplémentaire. Cette demande a été validée par la Commission d'Admission, suivie d'une installation le 27 mars 2007, dans un appartement CHRS.

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Au terme de 6 mois d'hébergement de Mlle C et M, nous avons fait le bilan de son accompagnement, qui a essentiellement porté sur les thèmes suivants :

• Les finances : elle a enfin accepté et enclenché un dossier de surendettement. La constitution de ce dossier a mis du temps, Mlle ayant de grandes réticences à se confronter avec ses créanciers. Elle obtiendra un moratoire. Du fait des économies faites grâce à l'utilisation du GAF, elle a pu réparer son véhicule. Elle s'est également mise à jour de la participation aux frais de séjour, et a déposé ses premières économies, (il est à noter que depuis le dépôt du dossier de surendettement, Mlle C gère mieux son argent).

• Le logement : elle a acte la constitution des dossiers HLM et les rendez-vous avec le BAL.

• La santé : elle a entamé d'importants soins dentaires puis médicaux {intervention chirurgicale pour un adénome). Ces démarches ont pu être réalisées grâce à la disponibilité de l'éducatrice de la PTFM qui lui gardait M. La période estivale a été particulièrement pénible pour Mlle C qui attendait les résultats médicaux et qui a eu du mal à assumer sa solitude à certains moments.

• la relation à son enfant : vis-à-vis de M, Mlle C a semble t- il, depuis la séparation d'avec Mr, une perception plus positive de l'évolution de son enfant : auparavant, ses propos étaient teintés d'amertume car la relation père/fils prenait beaucoup de place et elle disait se sentir exclue (« il n'en a que pour son père, je ne suis là que pour la bouffe, et les réprimandes... ») aujourd'hui elle tient des propos valorisant à son fils. La séparation du couple a permis de rapprocher la mère et l'enfant, et malgré la douleur que cela a engendré pour l'un et pour l'autre, ils se sont dans un premier temps « consolés » mutuellement (relation fusionnelle : endormissement du petit avec et dans le lit de maman...) après deux mois d'absence, Mr F est revenu sur Bayonne, espérant être hébergé par Mlle C, voir reprendre une vie commune. Cette dernière n'a pas « cédé » mais l'a toutefois vivement incité à faire une demande d'hébergement auprès du CHRS Atherbea. Par la suite, chacun a trouvé ses nouveaux repères, car, entre autres prestations, l'utilisation de l'appartement d'Atherbea pour l'accueil père- enfant, a facilité cet apaisement familial.

A ce stade de l'hébergement, Mlle C s'est dit désormais prête à s'assumer en autonomie, et s'est lancée tout azimut dans une recherche de logement où elle se projette en fin d'année, pensant utiliser les personnes influentes qu'elle connaît. Jusqu'à présent, elle pensait ne plus avoir de lien dans la région, du fait de son vécu à Mayotte. Elle dépose un dossier DALO. Elle se disait sereine, ne souhaitant plus continuer les rendez- vous avec la psychologue de la PTFM. Nous pensons également que les objectifs visés, avec le renfort de la PTFM, ont été réalisés : Mlle C pouvant se saisir elle-même des dispositifs extérieurs, comme la crèche, dont elle commençait à parler, en l'associant à un futur professionnel, et comme un soutien psychologique indépendant de l'hébergement. Elle quittera le dispositif de la PTFM en janvier 2008.

• Du point de vue de l'insertion professionnelle, contrairement à ce qu'elle avançait à son arrivée, nous constatons alors qu'elle est loin de l'emploi, et elle-même tient un autre discours quant à ses qualifications (compétences dépassées...). Cependant, elle avait repris contact avec ses anciens employeurs, sans grande illusion.

• Du point de vue des finances, elle espère, à ce stade de l'hébergement, avoir une rentrée d'argent, Mr F lui ayant promis une part d’héritage qu’il devait percevoir.

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• Du côté de la relation du couple parentale ; Mr F a annoncé son départ pour Mayotte, argumentant une probable fin d'hébergement à Atherbea, et l'opportunité d'utiliser son héritage pour cela. Melle C donne alors l'impression d'en être perturbée, remettant en avant ses inquiétudes quant aux réactions de son enfant au nouveau départ de son père. Mais, elle évoque d'elle-même la possibilité de saisir le JAF pour le bien être de l'enfant. Nous lui rappelons qu'à notre niveau, nous pensons que cette démarche peut surtout lui profiter à elle : symboliquement, elle officialiserait alors la séparation du couple tout en préservant leurs droits et devoirs vis à vis de M. Le couple saisira alors le JAF par un courrier commun, dans une entente sur les droits de visites et de garde de M.

Mlle C, malgré une forte mobilisation dans ces recherches, seule, accompagnée par le BAL ou nous-mêmes, tant dans le parc privé que public, ne trouve pas de logement. Au printemps 2008, les HLM Coligny lui attribuent un appartement. Dès lors, notre accompagnement consiste à une aide matériel et humaine pour rassembler le mobilier, et pour déménager. Elle s'installe en juin 2008 avec son fils. L'hébergement de Mlle C, dans un premier temps en couple, puis seule avec son enfant aura duré 22 mois, dont 6 mois en logement d’urgence et 16 mois en appartement CHRS, (dont 10 mois avec le soutien supplémentaire de la PTFM). Ce temps lui aura été nécessaire et bénéfique, dans la mesure où elle a su se saisir du soutien qui lui a été proposé, tant dans l'accompagnement socio éducatif que dans l'accompagnement de la PTFM, qui se sont complétés. Elle a, au fil du temps, prit la mesure de ses réelles difficultés, les accepter, ainsi que ses propres limites. Aujourd'hui, elle vit dans un logement et a repris la maîtrise et le cours de sa vie. Nous avons appris par la suite que Mr F était revenu de Mayotte, et le couple semblait alors composer dans la sérénité le partage et les visites de M à son père.

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Sonia (24 ans) et Théo, 1 mois Entrée le 9/08/2004 dans la prestation de type Foyer Maternel. Jeune femme ayant accouché sous X Connue par de nombreux travailleurs sociaux, ayant une pathologie « psy » (phobie, scarifications, anorexie...). L'accompagnement de Sonia a été axé sur plusieurs points :

• Aide à la reconnaissance de son enfant en lien avec le psychiatre qui !a suit, • Elle a reconnu son enfant mi-août, • Mise en place de l'ouverture de ses droits (API , CMU...) • Soutien dans la relation mère-enfant.

Très vite, de part ses difficultés de santé, elle ne pouvait plus garder son enfant. Nous avons pris contact avec les services de l'ASE et Théo a été placé chez une assistante maternelle. Toutefois, pour garder le lien, tous les jours nous allions chercher l'enfant chez l'assistante maternelle et nous le ramenions tous les soirs. Ceci a permis à Sonia de reprendre des forces, de l'énergie, et de diminuer son traitement. Aux vacances scolaires de Toussaint, Sonia a renoué des liens avec son enfant de 4 ans, Hugo, et l'accueille au Foyer de temps en temps, Hugo étant à la garde non officielle de son père. Une nouvelle assistante maternelle a été proposée par le Foyer de l'Enfance, et Sonia garde Théo le mercredi pour permettre que les 2 enfants se rencontrent.

���� Accompagnement physique : Sonia, à son arrivée, avait de nombreuses phobies (de la foule, des transports urbains}. Nous avons dû la véhiculer pour se rendre dans de nombreuses administrations.

���� Fin décembre :

• Sonia va mieux du point de vue de la santé. • Elle commence à se projeter dans l'avenir en parlant d'une possible installation

seule dans l'immédiat. • Elle suit assidûment sa thérapie (au CAMPS, en ville). • Elle a vaincu la phobie de la foule, mais pas celle des transports en commun. • Elle s'alimente un peu mieux. • Sa relation avec Théo est fragile et manque d'étayage. • Elle a bénéficié d'un accompagnement de très grande proximité assuré tant par les

services de l'ASE (par son Assistante sociale) que par les services du Foyer Les Mouettes. Elle a pu intégrer quelques jours la structure de REGAIN grâce à des financements de l'ASE.

Cette expérience lui a permis de se redynamiser, de redéfinir des objectifs et de se remobiliser. Trois synthèses sur la situation de Sonia, avec les services de l'ASE, la mise en place d'une travailleuse familiale, un accompagnement par l'équipe éducative dans la gestion du quotidien, le soutien de son psychiatre, ont permis à Sonia d'intégrer un logement autonome sur l'intérieur du Pays Basque et de renouer avec sa famille. Il reste à concrétiser la mise en place d'une AEMO administrative pour continuer l’étayage de sa fonction parentale.

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Son séjour a pris fin à la mi-décembre et aura duré seize mois.

RESSOURCES SOLLICITEES

Au niveau de l’Aide Sociale de l’Enfance Les Assistantes Sociales de la MSD La Sage Femme Les Services de la PMI : puéricultrice, médecin Le Foyer de l’Enfance de Hardoy La Psychologue de secteur L’association Regain

Au niveau juridique Le juge des Enfants Le SPIP Le CIDF

Au niveau de l’hôpital Le CAMPS La PASS Le Service Social les Urgences Pédiatriques

Au niveau des solutions de garde La Créche familiale Le trait d’Union L’Aide aux Mères

Au niveau du Logement Le BAL Le FSL Les O.P.H.L.M les agences immobilières

Au niveau des administrations AEMO La COTOREP La CPAM La CAF

Au niveau des lieux de socialisation LRA de la MVC du Polo Beyris

CONCLUSION

Sur toutes ces situations, nous avons travaillé sur la mise à jour de l'administratif, de l'ouverture des droits, des modes de garde et ce de façon individualisée. Nous avons, cet été, organisé une séance d'information collective animée par le médecin de la PMI autour des conduites à tenir face à la canicule. D'autres informations collectives ont eu lieu avec le CIDF, (autour de l'autorité parentale), avec les lieux rencontre du LRA. Les prises en charge généralement accordées pour une période de trois ou six mois sont renouvelées après une évaluation qui réunit toutes les personnes en charge de la mère et de l'enfant. Les personnes sont alors amenées à préciser leurs projets pour les mois à venir et à prendre des nouveaux engagements, après avoir été informées des exigences qui leur seront demandées et de l'aide sur laquelle elles pourront compter. Sur 11 personnes bénéficiaires de TAPI, cinq ont accédé à un logement autonome dans un délai moyen de 9 mois, en ayant comme seules ressources l'API mais aucune n'a pu accéder à l'emploi, surtout à cause du manque de solutions de gardes d'enfants à temps plein.

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Loula (née le 18/08 /1969 à Alger) Fatiha (née le 25/09/2003 à Bayonne)

• Entrée le 24/06/2004 • Séjour : 6 mois • Sortie le 12/12/2004. • Motif : Absence de logement ; vivait dans un logement saisonnier sur Biarritz. • DSD : Service Social MSD Biarritz • Jeune femme ayant un Statut de Travailleur Handicapé (COTOREP), car elle

souffre d'un Lupus.

���� L'accompagnement : Accueillie dans le collectif du Foyer, en proximité de l'équipe éducative car cette jeune femme connaît des moments de très grande fatigue liée à sa maladie. L'accompagnement de Loula a porté sur plusieurs points :

• La relation mère-enfant, • Les démarches administratives • L'aide à la recherche et l'aménagement de son appartement • L’accès pour Loula aux loisirs.

���� La relation mère-enfant :

Loula s'est montrée très fusionnelle avec sa fille Fatiha. Nous l'avons encouragée dans un premier temps à s'inscrire à l'atelier de Psychomotricité du CHRS pour commencer un travail de séparation mère-enfant. Puis lorsque ce travail a été concrétisé, elle a, avec le soutien des éducateurs et de la crèche familiale, rencontré deux assistantes maternelles pour que Fatiha puisse être en contact avec d'autres enfants et avec d'autres adultes que sa mère. Une première expérience a été négative. Loula ne se sentait pas « en confiance » avec cette gardienne. La seconde tentative, menée différemment, avec « immersion » de Loula lors de sorties avec la gardienne et Fatiha a permis d'établir un meilleur contact et de concrétiser un contrat avec cette gardienne. Loula avait besoin d'être rassurée et soutenue en permanence par rapport aux différents maux de son enfant (rhume, dents, etc..,),

���� Les démarches administratives : Le père de Fatiha l'a reconnu pendant le séjour de Loula au Foyer. Dès lors, Loula nous a sollicité pour que nous l'aidions à connaître ses droits et ses devoirs. Une rencontre au Foyer avec le CIDF a été organisée et a permis à Loula d'engager une procédure juridique pour mettre en place les droits de visite du père de Fatiha.

���� La recherche de logement : Très laborieuse, Loula n'ayant aucun garant, cette recherche nous a mobilisé pendant quatre mois. Un contact privilégié avec une agence nous a permis de concrétiser avec le soutien du BAL l'accès d'un logement en centre ville. L'ensemble du personnel du Foyer a aidé à l'aménagement de Loula, grâce aux dons de mobilier et vaisselle faits au Foyer.

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���� L’accés pour Loula aux loisirs :

Loula s'est « autorisée » grâce à la garde de Fatiha par l'assistante maternelle à suivre des cours de dessin et de peinture dans un Atelier sur Bayonne. Ceci a contribué à permettre à Loula d'avoir du temps pour elle, à se faire plaisir et à lui redonner de l'énergie. Aujourd'hui, Loula s'est installée, a gardé l'assistante maternelle pour Fatiha, suit ses cours de dessin et a pris contact sur Toulouse avec un professeur renommé pour avoir un avis de spécialiste sur sa maladie.

���� La mise en place d'une tierce personne : Au Foyer : Loula ne faisait aucune course, ne portait aucun poids, faisait un peu de ménage. Son état de santé se dégradant, nous avons pris contact avec les services de la CPAM pour qu'une tierce personne intervienne auprès de Loula dès son installation. Ceci ne s'est pas concrétisé à temps et sa mère interviendra jusqu'à ce que la tierce personne intervienne (courant février 2005).

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Mademoiselle M. Accueil de Mlle M. au mois d'avril, dans un studio du Service Jeunes, suite à une rupture de couple. Elle subissait des violences physiques importantes depuis quelques mois. N'ayant aucun relais amicaux ou familiaux stables elle souhaitait un accueil et un accompagnement social (administratif, emploi, logement).

���� Historique : Mlle M. âgée de 19 ans a vécu toute son enfance sur Anglet. Elle a subi pendant de longues années des sévices moraux et physiques de la part de sa mère. Elle se réfugiait régulièrement chez sa grand-mère, auprès de laquelle elle trouvait réconfort et tendresse. A l'âge de 14 ans elle demande protection à la justice et fait à partir de ce moment des allers et retours dans différentes structures et chez sa mère. Elle est décrite par les travailleurs sociaux comme une adolescente très immature présentant de grandes carences sur le plan de la construction de sa personnalité (trouble de l'identification, difficultés à se repérer dans le temps, carences affectives) sans pour autant être déficiente sur le plan intellectuel. Elle a suivi une scolarité jusqu'en 4eme mais n'a pu continuer, trop perturbée par ses problèmes personnels. A l'âge de 17 ans elle a quitté le Foyer de l'Enfance pour aller vivre avec un copain. Cette relation a duré 1 an et demi, ponctuée par des ruptures, de la violence et de la toxicomanie. Lors d'une dispute plus violente que les autres et prenant conscience de la dégradation de sa situation, Mlle M. a décidé de rompre et fait appel à notre structure.

���� Accompagnement effectué :

• Soutien dans la verbalisation de son histoire de vie • Accompagnement et recherche emploi en partenariat avec la MLAJ (intégration

dans PLIE) • Orientation vers l'hôpital pour un soutien Psy. • Aide à la gestion du dossier administratif • Soutien dans la construction d'un projet de vie à court terme.

���� Par rapport à l'emploi :

Mlle M. s'est montrée très rapidement dans l'incapacité à s'inscrire dans l'emploi, n'arrivant pas à se contraindre à des horaires, se fatiguant très rapidement. Elle a fait plusieurs séquences de travail (entretien de locaux par le biais d'agences d'intérim) qui se sont soldés par autant d'échecs. La conseillère de la MLAJ la soutenant de façon très intensive tant sur le plan des contacts avec les employeurs que dans l'accompagnement auprès des entreprises. Devant ses difficultés nous lui avons proposé un Contrat Emploi Solidarité, afin qu'elle puisse réellement s'inscrire dans l'emploi à mi-temps et envisager dans un second temps une formation. Mlle M- nous a semblé intéressée par cette orientation ; elle a rencontré son futur employeur, l'entretien s'est bien passé et elle devait commencer quelques jours plus tard. Au dernier moment, elle a fui la structure sans vouloir donner suite aux démarches engagées.

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���� Son projet de vie : Melle M parle de normalisation par l'emploi, le travail et le logement. Nous avons pu constater sa difficulté à s'inscrire dans un projet de vie à long terme. Elle fonctionne dans le présent et n'a pas de repères suffisants. Durant son séjour dans l'appartement autonome Melle M à été confronté à de grandes difficultés, elle n'a pas su gérer le quotidien (alimentation, budget, relation amicale) A deux reprises elle a été agressée dans son logement (porte fracturée) Par mesure de protection nous lui avons proposé d'intégrer une chambre au CHRS, solution qui l'a rassuré. La proximité éducative et un lieu plus contenant l'ont apaisé, ce qui lui a permis de se recentrer sur elle-même et d'entamer un travail thérapeutique. Nous avons mesuré que Melle M. est encore loin de pouvoir vivre en autonomie (n’accède pas à une remise en cause a son fonctionnement). Nous orientons actuellement notre accompagnement vers une prise en charge de type Contrat Jeune Majeur en partenariat avec la Sauvegarde de l’Enfance.

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Famille A Exemple de suivi d'une situation de problématique conjugale : A la demande de son avocate, nous avons accueilli pendant 2 mois, Mme H et 5 de ses 6 enfants (âgés de 2 mois à 17 ans) pour les protéger d'un contexte de violence. Le temps de disposer d'un appartement autonome attenant à la structure, nous avons répondu à leur besoin d'hébergement en urgence, à travers une réponse « hôtel en pension complète » pendant 17 jours. Solution par défaut, insatisfaisante compte tenu de la composition familiale. Dans ce couple la problématique de violence était récurrente, aggravée par les alcoolisations de Mr. Dans son département d'origine, Mme H avait introduit une première démarche en divorce qu'elle n'avait pu mener à terme. Cette fois, elle semblait déterminée à obtenir un divorce pour faute, et la date d'Ordonnance de Non Conciliation était connue avant l'admission en CHRS. Mme H réagissait à la dernière scène conflictuelle avec son conjoint, père des 6 enfants, par un dépôt de main courante, hésitant toutefois à engager des éléments plus probants en matière pénale. Très soutenue par son avocate, elle avait rencontré le Juge aux Affaires Familiales. Tant que le conjoint présenté, irascible et dangereux, resterait dans les lieux, où à proximité, l'autorisation de réintégrer son domicile ne lui était pas accordée. Un nouveau jugement le concernant devait intervenir sous peu : Mr multirécidivjste et sous conditionnelle, risquait une nouvelle incarcération, pour violence. Aussi, Mme H sollicitait un accueil en CHRS, le temps que la situation judiciaire de Mr soit traitée. Parallèlement elle avait bon espoir que son dossier HLM, étayé de nouveaux éléments (santé) évolue positivement. Pendant son court séjour, le CHRS a eu pour fonction principale de protéger la famille, notamment vis-à-vis des harcèlements de Mr, qui continuait d'intervenir, menaçant, lorsqu'il s'alcoolisait. Le recours à la force publique s'est avéré nécessaire à 2 reprises. Dans les moments d'accalmie, les relations père / enfants se sont poursuivies et le dialogue entre parents a repris. Notre posture éducative était de soutenir chaque membre de la famille accueillie.

• La mère : La santé de madame nous préoccupait. Mme H souffrait de sclérose en plaque (titulaire d'une Allocation Adulte Handicapé). Sa vulnérabilité pouvait être réactivée à la fois par sa grossesse récente, et par le contexte familial difficile. Nous l'avons également soutenue dans son rôle de mère. Concernant le volet administratif, elle était autonome dans ses démarches et a pu compléter ses ressources par un différentiel d'API.

• Les enfants : Nous avons privilégié des moments de parole pour chacun (lors d'entretiens avec la mère ou de temps informels). Les plus jeunes ( 6ans et 9ans) ont pu exprimer leur attachement mêlé de peurs vis-à-vis de leur père tandis qu'un frère aîné (13 ans) s'identifiait au parent absent. Réactif, il se solidarisait avec son père et retournait vivre auprès de lui. Il éprouvait néanmoins de la culpabilité à avoir favorisé la localisation de sa mère au CHRS. Un travail de distanciation a été mené auprès de la fille de 17 ans afin qu'elle se désengage d'une « parentification » excessive vis-à-vis de sa mère. Enfin, nous restions attentifs à l'évolution du nourrisson.

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Nous sommes restés à l'écoute de leur souffrance singulière (somatisations / comportements scolaires) et avons préconisé des relais individualisés (référents santé / psychologue scolaire / loisirs -vacances été/ CIO ...) Le divorce aux torts et griefs exclusifs de Mr fut prononcé rapidement et l'autorité parentale exclusive, confiée à Mme H ; au grand soulagement de Mme, Mr a été réincarcéré. Dans les mêmes délais elle s'est vue attribuer un appartement en HLM, disposant désormais des conditions de logement qu'elle convoitait depuis son arrivée sur Bayonne, il y a 4 ans et demi. Cette situation illustre le rôle de protection et de maillon intermédiaire qu'a pu jouer le CHRS, grâce au partenariat efficace entre le juridique et le social. Des séjours de courte durée restent cependant exceptionnels.

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Famille B Le foyer Les Mouettes a accueilli et accompagné dans ses démarches d'insertion, un jeune couple Melle A. (moins de 18ans à son admission) et Mr B. (26 ans) - accompagné, dans un premier temps, d'Isabelle (2 ans), puis de Marie, conçue et née pendant le séjour en Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale. Au terme d'un accueil de 16 mois, ils seront relogés en HLM. Leur arrivée dans les Pyrénées Atlantiques est motivée par un désir de se rapprocher d'une sœur de Mr qui ne peut les accueillir durablement. La situation de précarité, de carences éducatives et d'errance repérée, successivement par les services sociaux de deux départements (département d'origine puis en situation de transit) a déjà provoqué deux signalements. Sur Bayonne, le Juge des Enfants met rapidement en place une Ordonnance de Placement Provisoire pour la mère mineure et sa fille. Par défaut de capacité d'accueil "couple/enfant" sur la Côte Basque, et pour éviter un placement provisoire d'Isabelle, le couple accepte d'être momentanément séparé. La mère et sa fillette intègrent le foyer maternel de Pau tandis que le père est admis dans un CHRS masculin, de la même ville. Si pendant les deux premiers mois, chacun adhère à l'accompagnement individuel proposé, il leur devient par la suite insupportable de vivre séparés et leur évolution et comportement s'en ressentent. A la demande du centre maternel et de l'Aide Sociale à l'Enfance, nous privilégions dans l'intérêt de la dynamique familiale, l'accueil familial en milieu protégé, dans un appartement autonome attenant à la structure. Cette admission favorise la levée de l'Ordonnance de Placement Provisoire, relayée par une mesure d'Aide Educative en Milieu Ouvert sur Isabelle, mesure mal acceptée et vécue comme un contrôle. Cependant, les parents évaluent bien que cet hébergement éloigne le risque de séparation d'avec leur fille. Le jeune couple arrive très réactif envers toute intervention sociale et/ou judiciaire de protection de l'enfance, vivant leur situation uniquement sur le mode de la victimisation et de la disqualification (chacun dans sa famille d'origine a eu l'expérience des services sociaux ou du placement). Il en est de même pour le suivi de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) qu'ils remplacent par un suivi en cabinet privé. Ce nouveau dispositif pourra-t-il leur donner l'occasion de s'approprier leur séjour et de devenir acteurs des projets qu'ils énoncent pour eux-mêmes et leur(s) enfant(s) ? C'est dans ce sens que va essentiellement notre accompagnement éducatif, avec comme objectif principal d'insertion sociale, la revalorisation de Melle A. et MR B. dans leur place de sujet, la reconnaissance de leur capacité à être parent, tout en travaillant sur la notion de responsabilisation. L'écoute de l'histoire personnelle de chacun est privilégiée, elle met en relief de grosses carences affectives et éducatives. Les difficultés sont lourdes mais nous veillons à toujours les considérer comme partenaires de contrat, à réfléchir ensemble, en associant ponctuellement leur relais familial local, bien investi. Nous cherchons progressivement à les décaler de positionnements parfois immatures et/ou d'attente passive de solution. Nous les convoquons systématiquement à leur place actuelle de sujets majeurs à responsabilités familiales.

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En évolution positive, nous notons pour les enfants : • La socialisation d'Isabelle par sa participation régulière à l'atelier libre de

psychomotricité du CHRS par la familiarisation avec la halte-garderie suivie d'une récente inscription scolaire en maternelle.

• Le bon investissement du bébé, avec accompagnement de proximité et étayage pendant la grossesse qui a permis ce deuxième accouchement dans de bonnes conditions, avec la participation du père.

En ce qui concerne les parents :

• Pour Melle A. : expérimentation des bienfaits de la parole, affirmation et plaisir dans son rôle de mère, reprise de contact récente avec sa famille (courrier / téléphone).

• Pour Mr B. : approche du monde du travail par un Contrat Emploi Solidarité qu'il n'a pu mener à terme suite à un accident non professionnel, maintien pendant 16 mois au sein d'un cadre tel qu'un CHRS.

Enfin, afin d'optimiser leurs chances d'insertion sociale par le logement, avant leur départ, ils ont demandé le soutien d'une tutelle aux prestations familiales. L'équilibre familial restant fragile, les relais sociaux ont également été organisés avec les assistantes sociales de secteur et l'Aide Educative en Milieu Ouvert a également été reconduite pour deux années supplémentaires. Auprès de cette famille, le CHRS a eu assurément une fonction contenante et protectrice, notamment vis-à-vis des fréquentations et conduites à risques. Dans une trajectoire faite de ruptures, on peut espérer que ce long séjour participera d'une étape de vie plutôt paisible. Melle A. et Mr B. eux-mêmes ont souvent exprimé l'importance d'avoir été accueillis en famille et d'avoir été reconnus en tant qu'interlocuteurs sujets.

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Famille G. Nous avons accueilli la famille G dans un appartement du dispositif d’urgence, le 1er Août 2003. D'origine gitane, elle avait fui la région tarbaise, ou elle était hébergée par une association, avec l'aval des services sociaux et judiciaires. Elle s'est rapprochée de la famille de Mme qui vit à Irun, et s'est installée dans une caravane aux environs de St Jean de Luz. La promiscuité, les conditions matérielles et la naissance imminente du troisième enfant ont conduit le couple à demander l'aide des services sociaux, qui à leur tour ont sollicité un hébergement pour la famille.

���� Historique de la famille : Suite à l'assassinat de son père, Mr s'est trouvé livré à lui-même à l'âge de 14 ans et a été hébergé en Espagne par le père de Mme, qui lui avait « promis » très vite sa fille. Dés sa majorité, il épouse officiellement Madame. Le couple attend rapidement son premier enfant et décide de venir vivre en France, ou elle bénéficiera de ressources sures et régulières. Héroïnomane, Mr s'attire des ennuis par des agissements délictueux et est incarcéré. Madame se retrouve seule avec un enfant à charge, à nouveau enceinte. Elle demande du soutien et un hébergement à une amie de la famille. Quelques mois plus tard, Mr obtient une liberté conditionnelle ayant pu présenter un contrat de travail (CES) et l'obtention d'un logement d'urgence grâce à ce relais amical. Les jours qui suivent sa sortie, il est violemment agressé par ses anciens complices qu'il avait dénoncés et se retrouve hospitalisé, dans le coma, souffrant de multiples fractures et d'un traumatisme crânien. C'est dans ce contexte, et dés que son état de santé l'a permis que Mr décide de fuir avec sa famille vers le Pays Basque.

���� Observation et accompagnement : Nous avons rapidement mesuré qu'au-delà de la nécessité d'un hébergement, la famille était confrontée à de multiples difficultés, difficultés accrues par une non maîtrise du français, voire par des comportements liés à leur culture gitane.

���� Sur le plan administratif :

•••• Pas de déclaration de grossesse de leur 3éme enfant, •••• pas de couverture santé pour Mme, •••• perte de documents officiels (permis de conduire, carte d'identité)

Nous les avons aidé à régulariser leur situation en : •••• construisant avec eux une organisation hebdomadaire des démarches successives à

réaliser, Mr ayant du mal à se repérer dans le temps. •••• en les accompagnant physiquement dans les différentes administrations

compétentes, Mr ne supportant pas la frustration des files d'attente et Mme ne comprenant pas le français.

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���� Sur le plan financier :

•••• Remboursement d'un trop perçu de prestations familiales, •••• Arrêts de travail non fournis à la CPAM, d'où un non versement d'I.J, alors même

qu'il était en contentieux avec la même caisse pour un paiement d'I.J indûment reçus par le passé.

•••• Dettes d'assurance automobile, •••• Non paiement de différentes amendes

Mr et Mme G. nous ont sollicité pour être soutenus dans leur gestion budgétaire afin de stabiliser leur situation. Au fur et à mesure des entretiens formels ou non, ils ont décidé de mieux respecter leurs devoirs et obligations de citoyens, puis de futurs locataires. Nous avons choisi d'être des médiateurs entre le couple et leurs créanciers, jusqu'à ce que le couple assume ses « erreurs » et accepte de les réparer. Nous nous sommes appuyés sur leur désir de sédentarisation pour les amener à se responsabiliser quant aux actes incivils posés.

���� Sur le plan santé :

• Mr exprime souffrir de violents maux de tête qu'il attribue au traumatisme crânien dont il a été victime.

• Il parle également de troubles de la mémoire, de troubles visuels, de douleurs articulaires au niveau de sa jambe. Il se plaint d’insomnies et de tremblements.

• Mme se dit fatiguée suite aux deux dernières naissances rapprochées d'autant plus qu’elle allaite et appréhende une nouvelle grossesse. Elle assume 24h/24 la présence et les besoins de sa famille.

• Leur deuxième fille souffre de malformation rénale et ses vaccins ne sont pas à jour. Elle supporte mal l'arrivée de son petit frère et souffre de problèmes d'endormissement. Le nouveau-né n'a pas subi les examens obligatoires.

Nous avons tout d'abord mis l'accent sur l'urgence du suivi médical des enfants .Sur ce volet aussi, nous avons accompagné physiquement les parents aux différentes consultations et leur avons préconisé un suivi P.M.I. avec succès, tout en restant vigilants sur leur évolution. Par ailleurs, ils ont progressivement modifié leurs habitudes pour mieux répondre aux besoins de leurs enfants. Témoins des différentes manifestations de souffrance de Monsieur, nous l'avons amené à réfléchir sur sa consommation effrénée de médicaments obtenus toujours dans l'urgence auprès de différents médecins. Nous avons pu établir une relation de confiance suffisante pour qu'il accepte notre orientation vers un médecin psychiatre. Son épouse nous a ainsi appelés lors d'une crise de manque, pour le faire hospitaliser. Ce n'est qu'après cet épisode, que Monsieur a autorisé son épouse à effectuer seule (ou avec nous) des démarches à l'extérieur. Nous avons également tenté d'être des médiateurs dans le couple afin que la fatigue de Mme ne devienne pas problématique en proposant : le centre aéré pour l'aînée, une reprise de suivi médical pour elle-même, une prise en charge ponctuelle des deux plus jeunes enfants . Fidèle à sa culture, Mr n'a pu encourager son épouse à utiliser un contraceptif amenant Mme à se questionner sur son avenir de femme, en tant que gitane .Le couple a commencé à « battre de l'aile » à la fin de son séjour.

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���� Sur le plan éducatif :

L'aînée des enfants n'a pas une scolarité assidue (malgré un plaisir certain et une volonté de bien faire) et échappe souvent à la vigilance de ses parents, qui ont du mal à lui faire respecter le cadre et les règles de vie... mais en avaient-ils eux-mêmes ? Nous avons privilégié des temps de parole pour cet enfant et tâché de soutenir chacun des parents dans sa fonction. Un partenariat étroit a été mis en place avec l'équipe enseignante, qui a permis d'obtenir l'adhésion des parents pour la mise en place d'un suivi psychologique dans le cadre scolaire, ainsi que des temps de travail avec un éducateur. Des rencontres formelles au sein de l'appartement mis à leur disposition, nous a également permis de mieux repérer les faiblesses parentales et ainsi en discuter avec eux afin de renforcer leur autorité.

���� Sur le plan insertion : Nous avons décidé de favoriser la demande de Mr quant à l'obtention d'un stage, en restant en étroite collaboration avec l'organisme formateur. Cette expérience lui a permis de mieux accepter l'idée du soin, étape nécessaire à la construction d'un projet professionnel réussi. Mr n'a pu supporter que quelques jours, que son épouse prenne des cours de français. Cette dernière y a donc renoncé. Au bout de dix mois d'hébergement, dans cet appartement d'urgence, l'accompagnement de cette famille aux problématiques multiples, a mobilisé de façon quasi permanente l'équipe éducative pendant 10 mois, et a permis l'installation de cette famille dans un logement à loyer conventionné et adapté à la composition familiale. Compte tenu de leurs difficultés passées, de leur récent équilibre administratif et financier, et de la fragilité du couple, nous avons fait le lien avec les différents interlocuteurs de leur nouvel environnement en la présence du couple.

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LL EE FFOOYYEERR

AATTHHEERRBBEEAA

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33--22 LL ee FFooyyeerr AATTHHEERRBBEEAA

3-2-1 Les personnes accueillies

3-2-1-1 Au SAO (Service d’Accueil et d’Orientation)

� Durant l’année 2009, l’activité SAO s’est maintenue avec 3208 personnes accueillies physiquement, sur 3227 demandes. Ces chiffres montrent l’importance en terme quantitatif d’un accueil qui ne passe pas simplement par un appel téléphonique, comme au 115 par exemple, mais se traduit par un entretien et une évaluation de la situation de chacune de ces personnes qui se sont présentées au Foyer ATHERBEA. La majorité de ces personnes ont été reçu par l’éducateur référent de ce service, Jean-Pierre LE BRISSE, les autres étant accueillies par les divers membres de l’équipe éducative. Cet accueil qui fonctionne toute l’année et tous les jours de la semaine, permet ainsi de recevoir et d’évaluer toutes les situations, sans à priori et sans postulat de départ quant aux possibilités de réponses.

Comme les années précédentes, on assiste selon la période de l’année à des pics et des

reflux des demandes, mais la fin de l’année 2009 a été particulièrement chargée pour le service SAO, par l’afflux massif de personnes arrivant d’Espagne. L’augmentation de la demande est régulière avec l’ouverture de l’accueil de nuit (MANUIT) en collaboration avec un collectif d’associations. Dès le mois de septembre, nous voyons arriver des migrants qui se préparent à intégrer cette structure ; il s’agit des personnes venant du Maghreb, qui ont transité par l’Espagne ; ils reviennent chaque année, sachant qu’ils peuvent être hébergés durant quelques mois dans des conditions moins précaires que d’habitude et bénéficier de repas et de services par l’intermédiaire du SAO. La crise économique, qui frappa l’Espagne l’année dernière, accrut encore ce flux où l’on retrouva aussi les traditionnels « travailleurs espagnols », saisonniers se déplaçant à travers la France au gré des offres de travail. Ces travailleurs passent par Bayonne, ils vont dans les Landes, puis vers Agen ou la Dordogne, reviennent ensuite vers la frontière. Ils sont équipés pour voyager et souvent autonomes. A cette population s’ajoute les migrants venus de l’Est, polonais pour la plupart, qui revendiquent haut et fort leur appartenance à la communauté européenne, et qui ne comprennent pas parfois pourquoi on aide ceux qui ne font pas partie de l’Europe….

Mais le SAO s’adresse également à des populations plus locales, souvent marginalisées

ou en grande précarité, qui n’ont pas d’autres lieux pour déposer leurs difficultés. La demande peut concerner un jeune qui vient d’avoir dix-huit ans, et qui après des années de prise en charge par les services sociaux et éducatifs, se retrouve livré à lui-même, sans véritable repère et moyen d’être autonome. Elle peut être celle du travailleur précaire qui vient de perdre son travail ou son logement, après une séparation avec sa compagne. D’autres déjà marqués par la vie, fragiles ou vulnérables en raison de leur pathologie ou de leur structure psychique, seuls ou en couple, viennent au SAO pour tenter de trouver une solution à leurs problèmes.

Chaque situation est étudiée, chaque demande écoutée, plusieurs fois si cela est

nécessaire ; il ne s’agit pas en effet de répondre par oui ou par non, comme pourrait le faire un ordinateur ou de ne pas répondre en sachant que les solutions sont limitées dans l’espace et le temps. Cette rencontre interpersonnelle, entre deux individus, deux subjectivités, permet d’abord d’apaiser les tensions, de partager les angoisses et les craintes, en les prenant en partie sur soi. Pour cela, il est nécessaire que l’éducateur ne soit pas seul à gérer cette écoute, qu’il puisse partager ses difficultés avec ses collègues ou le chef de service dans une régulation régulière. Les réponses les plus faciles à donner, au moins pour l’instant sont de proposer un

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repos de quelques heures, un repas (d’où le nombre important de dépannages repas 2932), ou un hébergement ponctuel (601 personnes hébergées en urgence).

Les plus difficiles concernent les demandes à plus long terme d’un hébergement durable

pour résoudre des situations sociales complexes, administratives, médicales, d’insertion professionnelle. Le CHRS prend en charge ces situations dans la mesure de ses possibilités, 118 personnes ont pu être orientées du SAO vers le CHRS (en hébergement d’insertion).

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VIGNETTE CLINIQUE SAO Le parcours de Mlle V. et de M. R. En novembre 2009 nous recevons au SAO un couple, M.R., 38 ans et Mlle V. 45 ans qui vivent sous un tente au bord de l’Adour depuis plusieurs mois. Ils vivent en couple depuis plus de 6 mois et se sont rencontrés à Bayonne par leur parcours respectif de personnes sans domicile. Nous avions déjà reçu à plusieurs reprises au SAO, au cours de l’année précédente, M. R. qui avait fait une demande d’accueil au CHRS Atherbea. Cette demande n’a jamais pu aboutir faute de soins préalables que nécessitait la situation personnelle de M. R. qui souffre d’un état dépressif important et d’une addiction à l’alcool depuis de nombreuses années. Il a fait plusieurs séjours hospitaliers à ce sujet mais qu’il n’arrive pas à mener à terme. Originaire de la région et logé chez sa mère jusqu’alors il est en rupture familiale depuis l’année précédente. Sa famille ne souhaite plus le recevoir, lassée par son comportement qui, lors de crises, peut se révéler violent. Au niveau professionnel M.R. a une qualification de plombier qu’il exerce en intérim mais sans réelle continuité au vu des nombreux arrêts que suscitent ses difficultés psychologiques chroniques. Il est en fin de droits Assedic et doit rembourser des crédits bancaires. Il lui reste alors moins de 400 euros par mois. Mme V., originaire de Gironde, est arrivée à Bayonne en mai 2009. Elle vit alors sous tente à proximité du Point Accueil Jour qui l’oriente vers le SAO afin de bénéficier d’un dépannage repas au restaurant social d’Atherbea. Parallèlement le P.A.J a entamé un accompagnement afin de réactualiser sa situation administrative (dossier RMI, domiciliation). En dehors de cet accompagnement ponctuel elle ne fait pas de demandes explicites. Elle reste évasive sur son histoire et se limite à expliquer qu’elle a dû quitter son logement en Gironde faute de pouvoir continuer à payer le loyer et un besoin de s’éloigner géographiquement. Ce que nous pouvons alors évaluer en concertation avec le PAJ c’est que le fait de dormir dehors est une situation nouvelle pour elle, qu’elle n’a aucun moyen de subsistance dans l’immédiat et sa situation risque de se dégrader rapidement. Nous continuons alors de la recevoir pour des dépannages repas ponctuels et l’accompagnement du PAJ lui permet d’obtenir la réouverture des droits RMI. Ce qui nous permet de garder un lien avec dans la continuité bien que ses demandes demeurent limitées et qu’elle se livre peu sur son histoire personnelle. C’est donc en novembre et en couple qu’ils se présentent pour une demande plus précise et axée prioritairement par la nécessité de bénéficier d’un toit. Entre temps M.R. a fait une nouvelle cure qu’il a pu mener à terme. Mais il ne cache pas qu’il se sent de plus en plus fragile, que leur situation précaire et la vie dans la rue l’expose de plus en plus à une rechute. Il avoue se démobiliser vis-à-vis des soins thérapeutiques. Bien que Mme V., qui n’a pas de problèmes addictifs, l’aide et lui apporte un certain apaisement, elle-même se sent de plus en plus fragilisée par le fait de ne pas bénéficier d’un lieu sécurisant. Elle arrive à exprimer sa difficulté à se projeter dans ses conditions. Les premières recherches qu’ils ont entamés pour obtenir un logement restent vaines au vu de leur situation financière

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mais également par le caractère d’urgence qui ne leur permet pas de faire ces démarches sereinement et de manière cohérente. La disponibilité d’un studio d’accueil d’urgence nous donne la possibilité de les accueillir immédiatement. Si la procédure d’admission est simplifiée et ne demande pas un seuil d’exigences élevé, principe même de l’accueil d’urgence, nous établissons toutefois un premier contrat de séjour pour une première période d’un mois avec pour priorité la continuité des soins pour M.R. Pour cela la mise à l’abri de ce couple s’avère la première nécessité. Durant ce premier mois nous les rencontrons régulièrement soit au studio soit au bureau du SAO. Peu à peu la sécurité du logement d’urgence leur permet de reprendre confiance et de construire leur projet. La priorité qu’ils expriment est de retrouver d’abord un logement personnel. Pour notre part nous constatons par les visites au studio la crédibilité de ce projet et leur capacité à être autonomes. Parallèlement aux dossiers de demandes de logements sociaux que nous établissons avec eux ils s’organisent dans leurs démarches auprès des bailleurs privés et du BAL. Toutes ces démarches sont rendues possibles et réalisables par leurs reprises de confiance en sachant que chaque évaluation faite avec eux afin de renouveler le contrat d’accueil d’urgence ne se limite pas à des exigences et des constats de leurs démarches mais à un étayage dans leur reprise de confiance et un encouragement notamment pour M.R. qui, par la régularité des soins et son abstinence, semble retrouver un certain équilibre dans ses rapports aux autres. C’est ainsi, par le biais d’une relation familiale avec qui il a pu renouer, il l’opportunité de se positionner pour un logement en mars 2010. L’accueil en urgence se prolonge le temps qu’ils s’organisent (achat d’ameublement à Emmaüs, économie pour la caution…) et peuvent aménager dés la mi mars dans leur appartement personnel. Chaque situation rencontrée au SAO est unique et demande une approche individualisée. Toutefois l’exemple de l’accueil de ce couple permet de constater l’importance de proposer un accueil suffisamment souple qui peut alors répondre à un moment donné où les personnes sont dans une demande spécifique- celle notamment de bénéficier d’un toit. Les conditions de vie suffisantes ainsi retrouvées leur ont permis d’éviter une plus grande dégradation de leur situation dans un premier temps. Ensuite l’énergie jusque là focalisée sur la survie quotidienne s’est déplacée vers des démarches concrètes. Ils ont exprimé à ce sujet le sentiment de « s’appartenir » à nouveau et d’être à même de rencontrer les autres personnes que leurs demandaient leurs démarches de logement (bailleurs, travailleurs, sociaux…). Ce parcours peut apparaître « linéaire ». Il ne l’est pas dans la réalité des personnes dont le parcours est souvent semé de rechutes et de découragements. Il illustre toutefois que, quelles que soient les difficultés et les efforts que les personnes produisent pour tenter de s’en sortir, elles doivent tout d’abord bénéficier d’un lieu sécurisant pour se ressourcer suffisamment. C’est une évidence de le dire, ça en est une également de le rappeler.

J.P Le Brisse Educateur au S.A.O

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FEUILLE DE SYNTHESE SAO ANNUELLE

FOYER ATHERBEA Année 2009 Période du 01/01/09 au 31/12/09 inclus

Nombre de demandes Nationalité Origine géographique Origine de la demande Médium Motifs Réponses

Non Précisé BEARN 97 Usager lui même 1357 Accueil physique 3208 Absence logement 295 Hébergement urgence

Nombre d'hommes 2898 Française 1362 Hors département 695 Services sociaux 65 Téléphone 18 Violence conjugale 3 HU : Hôtel

Nombre de femmes 329 Etrangère 1865 Etranger 1807 Associations 1756 Fax 1 Problème Administratif 64 HU : ALT

TOTAL 3227 Hendaye 3 Mission locale 16 Besoin Alimentaire 2865 HU : Lit de camp

St Jean de Luz 24 Police 4 Retour 3

Bayonne 357 Hôpitaux 12 Autre CHRS 18

St Pierre d'Irube 6 Justice 7 Refus 3

Boucau 7 115 5 Dépannage (repas) 2932

ST J P PORT ST PALAI 0 Famille 4 Pas venu au RV 2

Hasp + Cambo 10 ANPE 1 Ecoute téléphonique 0

Anglet 51 ANAEM 0 ETS Sanitaire et Social 6

Biarritz 127 Non précisé Dépannage Administratif 64

Sud Landes 43 CHRS Atherbea 186

Non précisé Logement 0

Départ inorganisé 4

non précisé

MANUIT 9

TOTAUX 3227 3227 3227 3227 3227 3227 3227

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3-2-1-2-En Hébergement d’Urgence

� Le Foyer ATHERBEA dispose de 27 places en hébergement d’urgence, 12 places en chambres individuelles au 10 rue de la feuillée et 15 places en milieu ordinaire (appartements T2, studios) sur Bayonne et Biarritz.. Chaque type d’hébergement d’urgence correspond à des situations différentes : sur l’enceinte du Foyer, les personnes peuvent bénéficier de trois nuits de dépannage. Ce choix de trois nuits résulte de la nécessité de pouvoir établir un roulement pour répondre de manière maximale aux demandes. Les personnes s’inscrivent le matin auprès du SAO pour pouvoir disposer d’une chambre le soir, selon les places disponibles. Durant ces trois jours, ils peuvent avoir accès à tous les services du Foyer (repas, ateliers Internet, service du SAO) et se reposer quelques temps.

Mais l’hébergement d’urgence offre également la possibilité à des personnes isolées ou à des couples, de s’installer plus longtemps, jusqu’à 15 jours à l’hôtel Le Baron à Biarritz ou quelques mois, dans les appartements en villes. Personnes en transit, en attente d’un logement, d’un départ en maison de repos ou de cure, travaillant régulièrement mais n’ayant plus de logement, cet accueil d’urgence est moins contraignant que la vie dans un Foyer qui à côté de ses avantages comporte quelques désagréments comme le fait de devoir vivre en collectivité. Dans les appartements, des couples sans enfant (le Foyer les Mouettes reçoit des couples avec enfants), ont pu séjourner plusieurs mois jusqu’à obtention d’un autre logement.

Nous avons ainsi reçu un couple de personnes arrivant d’une région éloignée du Pays Basque, pour « se mettre au vert », après un long passé de galères et de toxicomanie, un couple venant du Maroc qui grâce à ses capacités d’adaptation a trouvé un travail et un logement en HLM après quelques mois de séjour en hébergement d’urgence, ce qui montre que cela est possible malgré les difficultés rencontrés dans ce domaine. Un autre couple était composé d’un homme, sortant d’un séjour en hôpital psychiatrique, avec sa compagne elle-même très démunie (cf la vignette clinique citée ci-dessus). Ces trois exemples montrent la diversité des situations rencontrées mais également leur complexité : ce travail d’accompagnement nécessite de disposer d’un réseau pour prendre en charge efficacement ces personnes (travail, en partenariat avec les services hospitaliers pour s’assurer que le suivi médical est bien effectif, avec les services d’addictologie et notamment avec l’association ARIT). Il souligne enfin que la solution ne consiste pas seulement en un hébergement (disposer d’un toit comme voudrait le faire croire certaines associations ne résout pas tout) mais qu’une réelle prise en charge est nécessaire pour prendre en compte la réalité complexe des personnes « sans domicile ». Le second couple venant de l’hôpital a trouvé récemment un logement, le dernier envisage de repartir vers sa région d’origine après s’être soigné.

L’hébergement d’urgence au Foyer Atherbea a été longtemps une source de conflits entre l’intérieur et l’extérieur, le flux et le reflux, le Yin et le Yang, pour reprendre une formule taoiste. A cet égard, la métaphore d’une alternance Yin-Yang éclaire les rapports parfois tendus entre ceux de l’intérieur la montagne qui ne bouge pas, et l’extérieur, la mer toujours en mouvement. Les premiers vivent mal la présence des seconds qui eux-mêmes les envient, d’où des conflits entre personnes (spécialement durant la période hivernal qui voit un afflux de personnes extérieures) mais aussi entre membres du personnel qui s’en occupent. « Pourtant nous dit François Cheng dans L’un vers l’autre, si la montagne est foncièrement Yang et le fleuve Yin, ils sont attirés cependant l’un par l’autre, et entretiennent un rapport de devenir réciproque : les montagnes sont des vagues figées et les vagues d’un fleuve (qui finit toujours par se jeter dans la mer) ne sont autres que des montagnes à l’état liquide. »

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D’où la nécessité d’un mouvement (et l’eau qui s’évapore de la mer se transforme en nuages et en pluie qui arrose la montagne), entre le SAO, l’hébergement d’urgence, et le CHRS ; une procédure d’admission fonctionne maintenant de manière satisfaisante et la plupart des demandes d’hébergement en CHRS sont passées par le SAO en 2009.

HEBERGEMENT D'URGENCE CHRS ATHERBEA (ALT)

ALT 2009 HEBERGEMENT D'URGENCE

PLACES 27 Chambres 2 personnes

Logt T1 ET T1bis 14 Logt T2 et plus 2

dont chambres d'hôtel 4

Capacité d'accueil en personnes nbr de personnes pouvant être logées

simultanément 27

HEBERGEES DURANT L'ANNEE (présent au 1/1 + entrées)

Nbr de personnes hébergées sur l'année 601 hm isolé sans enfant 567

Fm isolées sans enfant 2 hm isolé avec enfant couple avec enfants couple sans enfant 16

enfants de moins de 18 ans dont jeunes de 18 à moins de 26 ans 93

HU SORTIES 2008

Durée d'occupation des ménages ayant quitté après un séjour de

moins de 15 jours 549 de 15 jours à 6 mois 17

plus de 6 mois 7

HU SORTIES 2008 Nombre de ménages ayant quitté dans l'année 573

Pour un logement autonome parc social 2 pour un logement autonome parc privé 18 vers un établissement médico social 10

vers une autre structure d'hébergement 29 autre type (squat, réincarcération, retour à la rue,

hébergement mobile 364 Pas renseigné 150

Sexe

Masculin 583 Féminin 18

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Tranche d'age

18 à 24 ans 93 25 à 29 ans 75 30 à 39 ans 202 40 à 49 ans 155 50 à 59 ans 62

> 60 ans 14

Nationalité

Francaise 319 Etrangère 282

TOTAL 601

Origine géographique

Béarn 16 Hors dépt 215 Etranger 228

Hendaye St Jean de luz 16 bayonne 84 Anglet 4 Biarritz 19

St Pierre d'irube 0 Boucau 4

St jean pied de port St palais 2

Hasp cambo 5 Sud landes 4 Non précisé 4

TOTAL 601

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3-2-1-3 En Hébergement d’Insertion

� Durant l’année 2009, 183 personnes ont été accueillies dans le cadre du CHRS, chiffre correspondant globalement à ceux des années précédentes. La majorité de ces personnes est arrivée par l’intermédiaire du SAO, les autres personnes se sont présentées d’elles mêmes ou ont été envoyées par des associations, des services sociaux ou l’hôpital. Une commission d’admission composée d’un médecin et de travailleurs sociaux se réunit chaque semaine et examine la demande de cinq personnes en moyenne. Les personnes reçoivent rapidement une réponse a leur demande d’admission dans un délai de 3 à 5 jours maximum. Les admissions sont décidées par le Directeur Général d’Association ou son représentant par délégation. Elles permettent d’évaluer si la demande relève d’un CHRS ou d’une autre prise en charge, elles se font en fonction de la problématique de la personne et des places vacantes dans le Foyer.

Selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre se référant à une étude de l’INSEE concernant la population française âgée de plus de quinze ans en 2009, 350 000 personnes vivraient dehors ou en centre d’hébergement, 100 000 au camping, 150 000 chez un tiers, plus de 300 000 autres logées de manière précaire ou atypique (hôtel à l’année, constructions de fortune ou provisoires), soit une personne sur vingt qui connaîtrait pendant un laps de temps variable l’absence de logement : 2,5 millions d’hommes ou de femmes toujours selon l’INSEE se sont retrouvés sans « chez-eux », au cours de leur vie. Autrement dit, la rue n’arrive pas qu’aux autres, selon une idée reçue trop souvent entendue encore aujourd’hui.

Dans le lot de ces personnes ; des jeunes fâchés avec leurs parents, ou sans foyer ni famille d’accueil pour continuer à les suivre après leur 18 ans, des femmes fuyant leur conjoint, ou des hommes « chassés » du domicile conjugal après avoir perdu leur emploi, des endettées, des expulsés, beaucoup de pauvres ou de travailleurs précaires, quelques riches que la fortune a quitté, des sortants de prison, d’hôpitaux, sans oublier les malades mentaux privés de soins, des chômeurs, des accidentés de la vie, des déboutés du droit d’asile, des recalés des HLM, des gens qui rien ne rapproche dans leur diversité, sinon l’absence d’un hébergement.

Une autre idée reçue concerne la problématique d’isolement familial, social ou

professionnel des personnes Sans Domicile Fixe. La plupart des personnes que nous accueillons conservent des liens mêmes fragiles avec leur entourage, quand elles en possèdent un. Ces liens précaires, fragiles, sont bien sûr souvent marqués par la discontinuité engendrée par des conflits passés, des séparations conjugales, des placements, des exils, des deuils ou des disparitions, mais ils existent, en dépit d’histoires de vie chaotiques. Selon des chercheurs du CNRS, 97 % des personnes SDF possèdent encore un parent avec qui ils sont en contacts plus ou moins épisodiques. Ce chiffre peut être interprété négativement, soulignant l’éclatement de la famille traditionnelle et la perte de liens sociaux, mais il montre aussi qu’il est possible dans la majorité des cas, de retrouver un lien, une relation, qui a déjà existé.

Sur l’année 2009, 110 personnes ont quitté le foyer pour accéder à un logement, retrouver un parent, un ami, d’autres ont été hospitalisés, incarcérés ou sont repartis dans la rue, mais tous ont été pris en charge entre un mois et six mois en moyenne, avec un contrat centré sur la santé, la recherche d’emploi ou de formation, notamment pour les plus jeunes, le règlement de situations administratives ou financières, la recherche d’un logement. Sur ce plan plusieurs personnes ont été relogés en HLM grâce à la commission DALO, ce qui

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constitue une avancée notable dans ce domaine, une accession en HLM avec un loyer des plus réduits (à titre de comparaison, une personne logée en studio privé paie entre 400 et 500 euros, pour 30 euros mensuels en HLM).

La prise en charge de la santé des personnes accueillies est une question

particulièrement importante dans le CHRS, justifiée par la vulnérabilité des personnes Sans Domicile Fixe (quelques chiffres, plus de 500 morts dans la rue en 2009, une espérance de vie de moins de cinquante ans pour les SDF, alors que la moyenne nationale est de près de 80 ans). La plupart souffre non seulement de la précarité matérielle de leur situation qui entraîne angoisse, incertitude, maladies somatiques, mais aussi des conduites addictives, pour lesquelles l’absence de médecin et de psychologue se fait cruellement ressentir.

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Statistiques 2007 - 2008- 2009 CHRS ATHERBEA

2007 2008 2009 Nombre de personnes hébergées 189 188 183

Nombre de nuitées année 28948 27882 26166 Séjours en cours au 01/01/N 81 75 71

Séjours début du 01/01/N au 31/12/N 108 113 112 Séjours terminés du 01/01/Nau 31/12/N 114 110 110

FLUX CHRS (présent au 01/01/N + entrées N) 189 188 183

Répartition des Séjours terminés au 31/12/N par du rée

- de 3 mois 34 24 27 De 3 à 5 mois 42 30 24 De 6 à 8 mois 33 27 20 De 9 à 11 mois 25 29 14

De 12 à 17 mois 23 31 8 De 18 à 23 mois 15 24 8

24 mois et + 17 23 9

TOTAUX 189 188 110 Motif du départ

MALADIE 1 0 0 RELOGEMENT 90 33 31

Décédé - 1 1 Exclusion 4 3 11

Départ inorganisé 8 15 13 Maison d'arrêt - 1 4

Autre Etablissement 6 0 5 Projet professionnel 1 2

Débouté du droit asile - 0 0 Accord Dublin Schengen - 0 0

CPH - 0 0 Fin de prise en charge autonomie 4 0 0

NON RENSEIGNE 55 45 TOTAUX 114 110 110

Logement à la sortie

personnel 43 30 24 conjoint ou famille 7 4 6

ami(e)s 2 6 7 autre CHRS 1 3 2

hôtel 4 1 2 établissement soins 8 6 10

S.d.f 9 5 10 maison d'arrêt 3 4 5

non communiqué 19 21 33 FOYERS 10 0 2

CPH - 0 0 non précisé 8 20 9

TOTAUX 114 100 110

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Répartition des personnes par Age SUR FLUX ANNEE

- de 18 ans 1 0 0 De 18 à 24 ans 31 27 23 De 25 à 29 ans 23 17 32 De 30 à 39 ans 54 65 63 De 40 à 49 ans 49 52 42 De 50 à 59 ans 25 21 21

60 ans et + 6 6 2

TOTAUX 189 188 183 Répartition des personnes par type de public SU R FLUX ANNEE

10, rue de la Feuillée 174 170 167 MILIEU ORDINAIRE 15 18 16

TOTA 189 188 183

Répartition des personnes par origine géographique SUR FLUX ANNEE

BEARN 14 11 7 Hors département 34 29 54

Etranger 10 4 19 Hendaye 3 5 3

St Jean de Luz 4 5 5 Bayonne 95 98 55

St Pierre d 'Irube 2 2 5 Boucau 1 6 0

ST J P PORT ST PALAI - 3 0 Hasp + Cambo 5 6 5

Anglet 4 6 5 Biarritz 12 10 16

Sud Landes 5 3 9 TOTAUX 189 188 183

Origine orientation actuelle SUR FLUX ANNEE

Usager lui-même 22 28 25 Service social 5 30 20

ASSOCIATIONS 7 13 41 MISSION LOCALE - 0 0

POLICE - 0 1 HOPITAUX 9 13 16 JUSTICE 3 4 5

SAO ATHERBEA 97 14 75 FAMILLE - 0 0

CHRS ATHERBEA 46 53 0 NON RENSEIGNE 33 0

TOTAUX 189 188 183

Logement à l'entrée

personnel 26 27 16 conjoint ou famille 21 14 25

ami(e)s 16 18 12 autre CHRS - 1 7

hôtel 2 8 7 établissement soins 16 26 18

S.d.f 51 53 72 maison d'arrêt 2 3 12

non communiqué 20 14 7 FOYERS 35 16 2

CPH - 0 0 non précisé - 8 5

TOTAUX 189 188 183

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LE SOUTIEN A LA PARENTALITE AUPRES DES HOMMES ACCUE ILLIS EN CHRS.

L’action mise en place fin 2006 s’est poursuivie en 2009, sur les mêmes modalités de fonctionnement : mise à disposition pour les hommes hébergés au foyer, d’un Lieu d’Accueil Parental (LAP) grâce à un financement de la CAF de Bayonne. Nous avons permis cette année encore à six pères d’exercer leur droit parental. Ainsi, en fonction des droits d’hébergement définis par le juge aux Affaires Familiales ou selon une entente amiable entre les parents, ces pères ont pu héberger leur(s) enfant(s) sur des temps variables d’une journée, un week-end ou sur des périodes de vacances scolaires. Sept enfants âgés de 22 mois à 21 ans ont été accueillis au LAP au cours de l’année 2009.

L’organisation par l’Equipe du CHRS s’effectue en amont et en aval de ce temps d’accueil mais elle n’intervient pas en dehors des situations d’urgence au cours du LAP (faute de moyens, néanmoins à ce jour aucune situation d’urgence n’a nécessité notre intervention). L’accompagnement est réalisé par la Psychologue et l’Educateur référent. Le résident qui en fait la demande est reçu dans un premier temps par la Psychologue ; cette demande est étudiée en réunion d’équipe et la décision revient au Directeur de l’Association. Le père s’engage à des rencontres avec la Psychologue et/ou l’Educateur et lorsque des difficultés sont repérées, une orientation sur le service Question de Famille – Ondoan (service d’accueil, d’écoute et de soutien à la parentalité de l’Association) ou autre partenaire extérieur peut être envisagée. Par ailleurs, deux résidents ont effectué des demandes qui n’ont pu être satisfaites en raison du lieu unique dont nous disposons pour cette action. Pour chacun des pères ayant utilisé le LAP, ils ont pu selon les cas :

• Faire valoir leur droit d’exercer les temps de garde et d’hébergement. • Maintenir des liens et des moments de vie commune avec leurs enfants

notamment pour ceux qui habitaient dans un lieu géographiquement éloigné. • Permettre qu’ils maintiennent ou reprennent des liens avec leur(s) enfants(s) en

offrant des conditions d’accueil satisfaisantes et en y associant un accompagnement éducatif et psychologique adapté aux situations.

Ainsi, ce dispositif contribue à soutenir les hommes accueillis au foyer, après un divorce ou une séparation, dans leur statut de parent mais il propose également un accompagnement de la parentalité au sens plus large. En effet, il offre la possibilité de rencontres familiales d’hommes adultes, momentanément isolés, avec leurs proches, en particulier pour les jeunes hommes adultes, en rupture avec leur famille et souvent éloignés géographiquement. Dans un but de lutte contre l’isolement et la séparation des familles, ce dispositif constitue, par l’accompagnement et les moyens qu’il propose (rencontre(s) organisée(s) dans un lieu spécifique : appartement situé au centre de Bayonne), un espace de reconstruction des liens familiaux de personne en rupture relationnelle. Sur cette année d’activité, le dispositif dans son ensemble a été essentiellement sollicité sur le volet d’accueil père/enfant. Il est à noter que le dispositif ne repose pas seulement sur l’aspect matériel de mise à disposition d’un appartement mais qu’il s’agit bien d’un accompagnement à la parentalité qui engage des moyens humains (travail nécessaire d’organisation, d’évaluation, de suivi, de partenariat…) sans lesquels ce type d’action ne peut être assuré.

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VIGNETTE CLINIQUE

« Morceaux d’histoire » « Certaines personnes sont capables de trouver les ressources telles que les aides sociales, les mobilisations institutionnelles diverses, pour se maintenir au long cours dans ces états fragiles, tout en évitant une irrésistible évolution vers le pire » Ces « personnes vivent dans une sorte d’instabilité permanente et donc paradoxale puisqu’en fin de compte durable » Plusieurs situations peuvent illustrer cette notion développée par P. Declerck dans « les naufragés ». En dehors des similitudes des situations rencontrées quant à la confusion des récits, quant aux graves accidents de santé somatique mis en avant par les résidents, c’est l’aptitude à mobiliser les travailleurs sociaux durant plusieurs entretiens qui m’interroge. Que penser de l’énergie déployée de concert par le résident et moi-même sur plusieurs mois pour résoudre des problèmes administratifs très complexes, « des usines à gaz » jusqu’à résolution du Problème et… disparition immédiate de l’intéressé ? Selon P. Declerk, « cette dynamique est bien connue des personnels de terrain, c’est le scénario classique des prises en charge au long cours des personnes sans domicile fixe » Thierry A, 31 ans célibataire sans enfant s’est présenté en avril 2009 au Foyer ATHERBEA pour un entretien d’admission. Le récit est un peu confus, les repères dans le temps et l’espace sont flous. Cependant, Thierry s’exprime correctement, posément. Suite à une séparation, il est parti travailler en Angleterre et en Ecosse ou il a vécu une dizaine d’années. Il est revenu chez son père en Seine et Marne suite à une agression en Angleterre où il a perdu la vue de l’œil droit. Il avait alors besoin de soin. Il veut se rapprocher d’une tante qui vit à Mont de Marsan mais ne veut pas la contacter pour le moment. Il dit être attiré par « la qualité de vie, mer et montagne » de notre région et souhaite y trouver un travail. Il a deux CAP en plomberie et chauffage. Sa dernière activité serait récente 15 jours en mars 2009 en jardinage pour une association intermédiaire. Auparavant a vécu dans un foyer de la Croix Rouge dans la ville où habite son père. Il demande à consulter un ophtalmologiste en urgence. Il explique ne pas avoir pu se soigner à l’étranger et être revenu en France pour cela. Combien de temps a-t-il passé dans la rue ? Quelques mois ou quelques années ? L’éducatrice référente qui l’accompagne durant son séjour au Foyer ATHERBEA note : « Il est impossible de reconstituer son parcours depuis son retour en France en 2007. A priori de ville en ville, pas plus de trois semaines à un mois au même endroit, à la rue, en accueil d’urgence avec beaucoup d’alcoolisations. Il n’a demandé le RMI qu’en janvier 2009 lors d’un passage en foyer. En fait les 8 années passées en Angleterre et Ecosse sont des années de grosses galères, petits boulots, squatt, rue, quelques nuits d’hôtel. Au moins dix ans de rue derrière lui, une histoire très chaotique qu’il essaie d’enjoliver. L’alcool est présent dès l’âge de quatorze ans et il parle aussi d’un épisode de coma au même âge. Les relations familiales et l’enfance semblent peu structurantes. : les parents se séparent lorsqu’il avait 6 ans. Il est le dernier d’une fratrie de cinq enfants, a vécu avec sa mère jusqu’à l’âge de onze ans puis chez le père mais ne s’entendait pas avec sa belle mère. A dix huit ans, il vit avec une copine pendant un an et demi. A la séparation il part à l’étranger. »

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La priorité est l’orientation vers les soins. Un bilan de santé lui a été proposé ainsi qu’une prise en charge médicale par rapport à son problème de vue. En parallèle, il a fallu démêler ses droits administratifs. Thierry tente de m’aider, de retrouver les lieux où il a séjourné. Il vient à tous les rendez vous, et s’inscrit dans une certaine régularité. L’éparpillement des différents dossiers administratifs sur plusieurs départements témoigne du parcours d’errance de Thierry. A la suite du transfert de son dossier d’assurance maladie sur Bayonne il reçoit deux factures extrêmement élevées d’hospitalisation liées à deux séjours en psychiatrie de plusieurs mois, courant 2008 et début 2009. Il avait totalement occulté ces deux hospitalisations, hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT), c'est-à-dire en situation de crise. L’assistant social de l’hôpital de Reims m’explique ne pas avoir pu intervenir dans les premières semaines de l’hospitalisation du fait de l’incohérence des propos de Thierry. Il a fallu attendre qu’il s’apaise avant d’effectuer une recherche d’identité et de pouvoir déposer une demande de CMU. Ce dossier n’a certainement pas pu aboutir du fait du départ de Thierry dans un autre département dès la fin de son hospitalisation. Nous avons essayé de reprendre cela avec l’éducatrice, en vain. Dans un premier temps, Thierry conteste avec conviction la durée de l’hospitalisation et banalise complètement cet épisode. « Juste une petite alcoolisation pour laquelle les gendarmes m’ont amené à l’hôpital ». Nous lui proposons de rencontrer le Docteur Tourtel, médecin psychiatre alcoologue du Foyer, et l’informons qu’un rapport médical de l’hôpital lui sera transmis Thierry accepte de rencontrer le médecin mais continue ses alcoolisations massives dans le foyer, ce qui entraîne une suspension de séjour après plusieurs avertissements. Suite à une nouvelle alcoolisation, il décide de lui-même de partir et en informe l’éducatrice. Durant son séjour, durant les entretiens d’accompagnement socio-éducatif, Thierry avait le souci de donner une bonne image de lui-même, semblait se battre avec ses addictions, toujours à la recherche d’une reconnaissance. Ne pouvant faire face à ce combat interne, il a préféré choisir de partir en bon terme, mais en laissant tous ses problèmes en suspens, allant porter ailleurs ses difficultés. En fin d’année 2009, le service social de l’hôpital de Reims me contactait, reprenant le même ouvrage. Ils cherchaient à reconstituer son parcours et à démêler le même embroglio administratif. Nous avons transmis l’ensemble des éléments recueillis afin que le suivi puisse continuer. Qu’est ce qui se joue dans cette répétition ? ce « bataillage » avec les travailleurs sociaux ? Une forme de reconnaissance ? Quelque chose à déposer ? Est ce une monnaie d’échange rendant légitime sa présence en Centre d’hébergement et de réinsertion sociale ? Selon P. Declerk « les demandes pseudo-réelles des résidents sont beaucoup plus liées à un besoin de maternage, maternage asilaire qu’à une quelconque réponse s’inscrivant dans la réalité. (…) Il faut accepter et reconnaître le caractère chronique et irréversible du fonctionnement de ces sujets gravement désocialisés qui évoluent dans un ailleurs » .

Evelyne DATCHARY, Assistante sociale CHRS, texte écrit en collaboration avec mes collègues éducatrices

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3-2-2- Les professionnels engagés dans leur accompagnement 3-2-2-1 L’effectif au 31 décembre.

38 salariés conventionnés pour : 20,45 ETP au CHRS. 2,75 ETP aux Ateliers. 6,70 ETP au CADA.

3-2-2-2 Les mouvements du personnel.

� Maïté DECHA, licenciée le 20 juillet 2009 pour inaptitude physique, remplacée par Catherine ISEL .

� Joël TOURTEL : rupture conventionnelle de contrat le 30 août 2009

� Francis Boue De La Peyrere a quitté les ateliers le 30 avril 2009

� Christian MONET, Patrick GONZALEZ, Firmin ESPINHO, Edouard LAMARCA remplacé par Jacques LABRUNE ont été embauchés le premier en qualité d’éducateur spécialisé et les autres comme surveillants de nuit de décembre 2008 au 31 mars 2009.

� Les nouveaux CDD - Vincent JUNCA - Firmin ESPINHO - Patrick GONZALEZ

- Dorothée GRIMAN - Jacques LABRUNE - Christian MONNET

� Les fins de CDD - Firmin ESPINHO - Jacques LABRUNE - Patrick GONZALEZ

- Edouard LAMARCA - Dorothée GRIMAN - Christian MONNET

� Des fins de contrats aidés ont eu lieu pour :

• 7 en Contrat Avenir aux Ateliers : - Olivier BEAUVOIS - Emmanuel COUROUSSE - Michel DESHAYES - J. Michel DURRAGOURG - Olivier MASSAIT - Jean Marc OLANO - Omri FAICEL

• 6 en CAE en cuisine - Guy ORENGA - Madeleine HARGOUS - Guillaume ARMAND - Denis COMMET - Eric DUCOURNEAU - Zahira M’RAHOUNA

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• 6 en CAE aux services généraux - Jacques ANGOSSE - Marie Carmen ARRIBAS - Myriam BARANSKI - Jacqueline MONTALIBET - Corinne URBIZU - Salah ZERMANE

• 2 CAE au service Administratif

- Isabelle PENE - Christine VAUDIN

• 3 CAE aux Aeliers - André HENRYON - Hamed KASSMIA - Francis LEMAIRE

� 15 personnes ont été recrutées en contrats CAE et CA :

• 7 en Contrat Avenir aux Ateliers : - Patxi AMADO - Sébastien BRUTHE - Sagatel DAVTIAN - Gilles FLOURECK - Ulrick GOUIRRIEC - Stéphane MARTIN - Fernado MOURA

• 4 en CAE en cuisine

- Guy ORENGA - Raphael FERNADEZ - Hassane MAZINI - Nicolas SOULES

• 3 en CAE aux services généraux

- Myriam BARANSKY - Dominique MARTIGNY - Annie SIMOUILLE

• 3 en CAE aux Ateliers - Francis LEMAIRE - René POCHELU - Belkacem BENZELMAT

• 2 en CAE au service Administratif

- Christine VAUDIN - Elodie LAFARGUE

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3-2-2-3 L’accueil des stagiaires

� Conditions d’accueil des stagiaires en formation initiale de travailleur social :

Les candidats présentent un avant-projet de stage écrit soumis au Chef de Services qui les reçoit ensuite en entretien. Nous avons fait le choix, depuis de nombreuses années d’accueillir des stagiaires de deuxième et troisième année. En effet, il s’agit d’un stage dit spécialisé qui nécessite un temps de stage long (5 à 6 mois) afin que le stagiaire puisse repérer le fonctionnement de la structure, ses missions puis s’attacher à l’accompagnement socio-éducatif et surtout pourvoir se positionner dans une équipe pluridisciplinaire. Mais est survenu en 2008 un événement qui modifie nos possibilités d’accueil (et pas notre désir…) Les dispositions du Décret n°2008-96 du 31 janvier 2008 relatif à la gratification et au suivi des stages en entreprises, pris en application de l’article 9 de la Loi du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances sont applicables depuis le 1er février 2008 aux étudiants en travail social.

Les stagiaires accueillis pour une durée supérieure à 3 mois consécutifs dans un établissement social bénéficient donc d’une gratification minimale fixée à 12,5 % du plafond horaire de la Sécurité Sociale.

Or à ce jour, aucune ligne budgétaire ne nous est accordée pour faire face à ces dépenses.

Nous nous mobilisons auprès de nos autorités de tarification et de contrôle ainsi qu’auprès de nos instances représentatives nationales, pour pourvoir continuer à accueillir des stagiaires pour toute durée rendue nécessaire par les formations initiales et supérieures en travail social.

Mais dans l’attente, nous ne pouvons accepter de stages d’une durée supérieure à 3 mois.

� Relations avec les centres de formations :

Durant le stage des stagiaires assistantes sociales des rencontres régulières avec les formateurs école ont eu lieu afin de repérer les acquisitions effectuées par les stagiaires, de les aider à faire le lien entre théorie et pratique.

� Autres types d’actions liées à la formation :

• Accueil ponctuel d’étudiants travailleurs sociaux ou directeurs en formation pour répondre à des questionnaires dans le cadre de l’élaboration d’un mémoire.

• Actions de présentation de la structure à différents stagiaires situés sur d’autres lieux de stage afin de mieux repérer les ressources existant sur le plan local.

• Participation à des actions de formation : présentation du CHRS et intervention dans le cadre d’une semaine de transversalité sur le thème de l’accès aux soins des plus démunis à l’ITS de Pau. Présentation de la structure.

Considérant que le contrat de confiance instituant les professionnels et les associations employeurs comme véritables partenaires de la formation, était toujours unilatéralement rompu par l’AFMR ETCHARRY, nous n’avons toujours pas renoué de lien avec cet Institut de formation.

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3-2-2-4 Les formations réalisées:

12 formations ont été réalisées dans le cadre du plan de formation : • L’Adulte psychotique. • La situation juridique des étrangers. • Alcool et travail social. • Les troubles des conduites alimentaires. • Comprendre et gérer les conduites addictives. • Méthodologie et évaluation de l’accompagnement social. • Surveillant de nuit. • Le service restauration. • Ouvrier polyvalent d’entretien. • Assistante de direction. • L’Evaluation Interne. • Permis de conduire.

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LL EE CCEENNTTRREE DD’’ AACCCCUUEEII LL

DDEESS DDEEMM AANNDDEEUURRSS DD’’ AASSII LL EE

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33--33 LL ee CCeennttrr ee dd’’ AAccccuueeii ll ddeess DDeemmaannddeeuurr ss dd’’ AAssii llee

� L’accueil des demandeurs d’asile en France résulte de l’application de la Convention de Genève du 28 juillet 1951, modifié par le Protocole de New York du 31 janvier 1957. Les Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) ont été spécialement conçus pour les demandeurs d’asile primo arrivants n’ayant aucune possibilité de logement et sans ressources suffisantes, afin de leur offrir une prise en charge pendant la procédure OFPRA ou CNDA. En 2009, on compte 271 centres en France pour 20 689 places. L’Etat assure le financement de ces centres et en confie par convention la gestion à des organismes ou associations de droit privé. L’ensemble du dispositif est coordonné par l’OFII (Office Français de l’immigration et de l’intégration), la DRASS, la DDASS. (l’OFII a remplacé l’ANAEM : Agence Nationale d’accueil des étrangers et des migrations)

A- La loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration ( articles L. 348-1 à L. 348-4 du code de l’action sociale et des familles) consolide le régime juridique des CADA afin d’améliorer l’efficacité globale du dispositif d’hébergement des demandeurs d’asile. Les CADA sont désormais des établissements sociaux spécialisés avec une mission clairement définie :

« l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement social et administratif des demandeurs d’asile en possession de l’un des documents de séjour mentionnés à l’article L 742-1 du CESEDA, pendant la durée d’instruction et leur demande d’asile ».

B- Les missions sont :

• Accueil et hébergement • accompagnement administratif, social et médical • animation et scolarisation des enfants • gestion de la sortie du centre (déboutés en particulier)

� Les personnes accueillies au CADA durant l’année 2009 : La capacité du CADA est de 60 places, réparties comme suit :

• 10 places pour les hommes seuls hébergés en collectif (dans le CHRS) • 50 places pour les familles hébergées dans des appartements sur Bayonne soit

11 familles.

Ainsi en 2009, nous avons accueilli 81 personnes : • 15 hommes seuls • 66 personnes en famille (soit 15 familles dont 29 adultes et 37 enfants). Elles

proviennent toutes des pays de l’Est.

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Nationalité des familles

46%

27%

7%

20%Russe

Arménien

Albanais

Arménien-Azéri

Provenance des hommes isolés

20%

27%20%

13%

7%13% Arménie

Russie

Azerbaïdjan

Continent Africain

Albanie

Eurasiatique

� Les dossiers Le graphique ci-dessous montre le nombre de dossiers instruits au CADA de Bayonne

Dossiers instruits

12

0 01

0 0 0 0 0

14

9 9

15

111010

19

10

19

02468

101214161820

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Nbr

e

OFPRA

Compl.Ofpra

CNDA

Total

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Nous pouvons remarqué que le CADA n’instruit plus de dossier OFPRA depuis de nombreuses années. En effet, les délais étant long pour entrer dans notre dispositif (environ entre 4 et 6 mois), les dossiers sont fait sur le premier lieu d’hébergement c’est-à-dire les Accueils d’Urgences. Seul 1 dossier a été fait pour un Monsieur rejoignant sa femme et ses enfants.

� Les convocations

Nombre de convocations

611

26

13 15

38

14 1316

10

44

25

39

2925

0

10

20

30

40

50

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Nbr

e

OFPRA

CNDA

TOTAL

Durant l’année 2009 :

• 15 convocations ont été envoyées par l’OFPRA • 10 convocations ont été envoyées par la CNDA, une a fait l’objet d’un renvoi.

L’équipe du CADA a préparé 25 voyages pour Paris.

Les décisions

Au CADA de Bayonne :

Statutaires

Personnes sous protection subsidiaire

Déboutés

Années

Dossiers

Personnes

%

Dossiers

Personnes

%

Dossiers

Personnes

%

2005

8

8 adultes + 9 enfants

42

0

0

0

11

11adultes +

4enfants

58

2006

3

3 adultes + 3 enfants

21,5

0

0

0

11

11adultes +

5enfants

78,5

2007

6

6 adultes + 5 enfants

66,6

0

0

0

3

3 adultes + 2enfants

33,4

2008

8

7 adultes + 8 enfants (dont 1 enfant de + de

16 ans)

47

2

2 adultes

+ 3 enfants

12

7

7 adultes + 4

enfants

41

2009

4

4 adultes + 8 enfants

40

1

1 adultes

10

5

5 adultes + 3

enfants

50

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En 2009 :

• 4 dossiers statutaires : 1 individuel de nationalité Irakienne (5 années de procédure) + 2 familles (3 adultes + 8 enfants) de nationalité Russe (Tchétchénie) et de nationalité Arménienne.

• 1 dossier en protection subsidiaire : 1 individuel de Sierra Leone • 5 dossiers déboutés : 1 individuel de nationalité Russe + 2 familles (4 adultes +

3 enfants) de nationalité Russe et Arménienne. Est déboutée de l’asile toute personne dont la demande d’asile a été rejetée définitivement par l’OFPRA et par la CNDA et ayant épuisé tous les recours possibles. Le nombre de déboutés de l’asile comprend :

• les demandeurs d’asile rejetés par l’OFPRA n’ayant pas fait de recours, • les demandeurs d’asile rejetés par l’OFPRA et dont le recours a été rejeté ou

jugé irrecevable par la CNDA. En 2009, pour expliquer les réponses négatives, les raisons invoquées par la Commission Nationale du Droit d’Asile pour motiver les refus sont :

� « …considérant, que par la décision attaquée, le directeur général de l’Office a rejeté la demande de Monsieur K par le motif qu’entendu en entretien, les déclarations orales de l’intéressé, formulées en des termes particulièrement vagues, convenus et incohérents, ne permettent pas d’établir la réalité des faits allégués ; de plus, on observe qu’il n’invoque à l’origine de son acte d’insoumission présumé aucun des motifs énoncés dans la législation applicable, ni même un motif de conscience.

� « …considérant qu’à l’appui de son recours, M. K, qui est de nationalité russe et

d’origine tchétchène, se contente de reprendre sommairement les déclarations faites devant l’OFPRA, selon lesquels il est recherché par les autorités depuis 2001 en raison de son insoumission ; que toutefois, les craintes énoncées en raison du conflit géorgien de 2008 ne peuvent être tenues pour fondées ; qu’ainsi, il ne présente aucun élément sérieux susceptible de remettre en cause les motifs de la décision du directeur général de l’Office et que son recours doit être rejeté.

******

� « …considérant qu’il ne résulte pas de l’instruction que la requérante serait personnellement exposée à des persécutions au sens des stipulations de l’article 1er, A, 2 de la convention de Genève en cas de retour dans son pays d’origine ou à l’une des menaces graves visées par l’article L 712-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ; que si la requérante se plaint d’agressions de la part des « skinheads », de tels agissements ne peuvent lui ouvrir droit à la protection prévue aux articles L 711-1 et L 712-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, dés lors qu’il n’est pas établi que des motifs politiques ou ethniques en seraient la cause ; que si elle soutient qu’une personne a fait pression sur elle pour obtenir un rein de son fils, il est constant qu’elle a pu porter plainte auprès des autorités ; que la plainte déposée à la suite de l’agression de décembre 2002 a été suivie d’effet, son fils ayant été reconnu personne handicapée par les autorités russes, lesquelles lui ont accordé une aide financière ; qu’enfin les sévices dont elle avait fait l’objet au poste de police ne sont établis ; qu’ainsi le recours ne peut être accueilli.

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Les demandeurs d’asile doivent apportés une attention particulière à leur dossier, aux différents documents fournis à la CNDA via leur avocat.

• Le dossier CNDA ne doit pas être une simple redite du dossier OFPRA, il doit être argumenté en tenant compte des raisons du refus invoquées par l’OFPRA. En effet, si la personne n’apporte pas plus d’élément, celle-ci sera déboutée sans même être convoquée.

• Les témoignages, les déclarations de voisins ou de la famille restée au pays sont rarement pris en compte par la CNDA s’ils n’apportent aucun autre élément qu’une confirmation d’adresse.

• Les certificats médicaux systématiquement fournis ne présentent plus de garantie pour corroborer les dires des demandeurs d’asile

• Les documents comme des convocations de police, des avis de recherche doivent être toujours accompagnés de leurs traductions et présenter les originaux si possible.

L’équipe CADA est présente pour aider le demandeur d’asile à réfléchir sur l’argumentation du refus OFPRA afin qu’il apporte des réponses constructives, des éléments de preuve au sens large… Ce travail requière une écoute, une reformulation permanente afin de comprendre et de retranscrire les dires du résident. Cela demande plusieurs rencontres régulières, qui peuvent « perturber » le demandeur d’asile car il se replonge dans un passé qu’il a fui et qu’il souhaite oublier. Tout ce travail est basé sur le volontariat de la personne car ce sont eux les principaux acteurs.

� L’accueil des stagiaires

Du fait de la spécificité de la formation des salariés du CADA (deux conseillères en

économie sociale et familial), nous avons chaque année jusqu’à 20 demandes de stages émanant des centres de formation de Pau, Tarbes, Bordeaux, Toulouse et du département des Landes.

Durant l’année 2009, nous avons accueillie une stagiaire en formation technicienne

d’intervention sociale et familiale (2 mois), et deux étudiants de 3ème année de formation conseiller ESF (l’un 2 mois et l’autre 4 mois).

Le suivi de stagiaires dans de bonnes conditions demande du temps et une implication

des professionnels sur le terrain. L’équipe du CADA a mené une réflexion sur l’accueil des stagiaires, afin que

l’expérience vécue en stage leur apporte des outils applicables dans toutes les structures où ils travailleront.

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VIGNETTE CLINIQUE Une des missions des CADA est : «la gestion des sorties ». Dans cette vignette nous abordons la sortie du Centre des statutaires.

Il est précisé dans la convention signée en Juillet 2009 entre le CADA et la Préfecture des Pyrénées Atlantiques que : « La personne hébergée ayant obtenu le statut de réfugié ou le bénéfice de la protection subsidiaire peut, si elle en fait la demande, être maintenue dans le centre jusqu’à ce qu’une solution d’hébergement ou de logement lui soit présentée, dans la limite d’une durée de trois mois à compter de la date de notification de la décision définitive. Durant ce délai, l’intéressé prépare les modalités de sa sortie du centre. Le gestionnaire de CADA, en lien avec la DDASS et les services compétents, met tout en œuvre pour favoriser son accession à l’autonomie. A cet effet, il facilite son accès le plus rapidement possible à ses droits civils et sociaux ainsi qu’au service public de l’accueil géré par l’OFII et l’aide à trouver une solution d’hébergement adaptée à sa situation. Le gestionnaire est invité à contractualiser cette phase de la procédure au moyen d’un avenant au contrat de séjour précisant les conditions de préparation en commun de cette sortie du CADA. A titre exceptionnel, ce délai de séjour complémentaire peut-être prolongé pour une durée maximale de trois mois supplémentaires, avec l’accord du Préfet. » La famille X, russe d’origine tchétchène est composée de la mère de famille et de 5 enfants. Elle est arrivée au CADA en avril 2008 et a obtenu le statut de réfugié en juillet 2009. Concernant cette famille une demande de prise en charge en Centre Provisoire d’Hébergement (CPH) s’imposait pour les raisons suivantes :

• femme seule avec cinq enfants âgés de 1 an à 10 ans • intervention de l’assistante sociale de secteur un an auparavant, lors de la fin de

la grossesse avec mise en place d’un recueil temporaire de cette famille au centre Cestac. Au retour de la maternité, mise en place d’un suivi avec une TISF à domicile (entre 2 et 4 heures par semaine). Madame a essayé de l’utiliser pour garder les enfants le temps de faire des courses. Une prise en charge financière de journées au centre de loisirs a été accordée par l’ASE pour soulager la mère.

• Importants problèmes de nuisances sonores avec le voisinage. Les enfants étaient toujours cloîtrés à la maison, ceci malgré l’inscription en centre de loisirs et la proximité d’un parc aménagé.

• absentéisme répété à l’école pour les plus grands enfants en particulier la fille de 10 ans. Madame n’accompagne pas les enfants à l’arrêt d’autobus pour le centre de loisirs…

• Madame n’a pas adhéré au cours de français. Néanmoins, elle arrivait à comprendre le minimum mais se réfugiait facilement derrière la barrière de la langue dés qu’elle était contrariée.

• Nous avons fait appel à un interprète pour s’assurer qu’elle comprenne bien les enjeux et les conséquences de tous les actes posés.

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La prise en charge en CPH était urgente, si cette situation perdurée, un signalement aurait été fait. Dès l’obtention du statut de réfugié, nous la recevons avec le chef de service, pour lui expliquer les raisons de cette demande en sachant que le profil de sa situation correspond parfaitement aux missions des CPH. Cette famille a toujours un réel besoin de cadre éducatif afin d’intégrer progressivement les règles de vie de notre société. Le CPH est un tremplin indispensable vers un logement autonome. Nous montons le dossier mais il n’y a pas forcément de CPH dans les villes que la mère souhaite. Nous lui expliquons que nous demandons une place mais qu’elle n’aura pas le choix de la destination. Cela la contrarie. Néanmoins, elle réussit à nous faire noter sur le formulaire de demande seulement la ville qu’elle préfère. Après quelques semaines d’attente, nous relançons l’OFII Paris (organisme chargé d’étudier les demandes de CPH), le responsable nous dit que le dossier n’est plus prioritaire car il pensait qu’il fallait exclure la famille du fait du comportement délinquant de celle-ci. Nous ne sommes pas d’accord sur son analyse et relançons le dossier en insistant sur l’importance du travail éducatif fait en CPH. L’OFII nous informe qu’il y a de la place au CPH de Montauban. Le dossier de la famille est accepté en commission. Lors d’un entretien avec la mère, nous l’informons qu’elle partira à Montauban. Madame se met en colère, elle ne souhaite pas aller là-bas. Elle veut être hébergée à Nevers. Après plusieurs explications, Madame X nous menace « d’avoir à faire » au comité Tchétchène France et quitte le bureau. Le jour même, le Président du Comité tchétchène France appelle le chef de Service pour demander des explications, Madame lui a relaté que nous l’avions maltraité et manqué de respect. Le chef de service l’informe de la situation de la famille, à savoir, qu’elle a une place au CPH de Montauban, que cela est une chance pour sa famille et que si elle refuse, elle sera exclue du CADA, conformément aux textes de lois et à la convention qui nous lie avec la Préfecture. Le Président, satisfait d’avoir des explications, prend la décision d’imposer à Madame X d’accepter cette unique solution. Conclusion : Durant tout son séjour, cette dame a gardé sa ligne de conduite, étant «sourde» à nos explications. Nous étions dans la concertation, la négociation. Mais sans aucun résultat. Seule la contrainte nous a permis de débloquer les situations.

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L’évaluation interne : La démarche d’évaluation interne a été organisée sur l’année 2008 et terminée en 2009.L’ensemble du personnel socio-éducatif et le directeur de l’association, aidé par M. Caid (psychologue formateur) ont utilisé le référentiel CADA + pour mettre en œuvre cette évaluation. L’évaluation interne a permis de vérifier plusieurs points :

1) le CADA de Bayonne respecte le droit des usagers (loi du 02.01.02) : • respect de la dignité, de la vie privée, de l’intimité, de la sécurité. • Une prise en charge et un accompagnement individualisé de qualité favorisant

son développement et son autonomie avec le consentement éclairé de la personne

• La confidentialité des informations • L’accès aux documents de la prise en charge • Une information sur les droits fondamentaux • La participation directe à la conception et à la mise en œuvre du projet

d’accompagnement.

2) Le CADA respecte les missions définies par l’Etat (circulaire du 24.07.08) • L’accueil et l’hébergement • L’accompagnement administratif social et médical • La scolarisation des enfants et l’organisation d’activités socioculturelles • La gestion de la sortie du centre

3) L’évaluation a permis de constater que les professionnels du CADA proposent

aux usagers un projet personnalisé. L’auteur du projet personnalisé est la personne hébergée. Elle en est l’actrice principale. Elle nomme ses objectifs en fonction de ses aspirations et ses priorités en terme de procédure, de santé, d’éducation, de loisirs…

4) Le CADA intervient pour faire respecter les droits des usagers auprès des

organismes extérieurs : • Préfecture : refus de renouvellement de titre de séjour alors que les personnes

sont encore en demande d’asile • OFPRA ET CNDA : respect des délais pour pouvoir faire un recours (1 mois à

partir du moment où ils ont reçu les courriers de l’OFPRA) • CPAM : obtention de la CMU à partir des documents produits • CAF : ouverture des droits RSA pour des personnes sous protection

subsidiaire…

5) Le tissu associatif, particulièrement dense sur la Côte Basque, est à même de répondre à toutes les sollicitations :

• loisirs, bénévolat, activités occupationnelles… • Cours de français • Soutien à la parentalité.

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6) Pour la prise en charge globale des usagers, nous faisons appel aux services extérieurs compétents, après évaluation de nos propres compétences et limites :

• Problème de santé : hôpital public, centre médico-psychologique, centre medico-psychologique pour enfant et adolescent…

• Problème social : assistante sociale de secteur (MSD) qui a le mandat de protection de l’enfance

• Problème éducatif : club de prévention, école, collège.

Nous sommes reconnus comme un partenaire et nous participons aux réunions de synthèse avec ces services où l’usager est au centre de nos préoccupations.

� Points faibles :

• Par Manque de moyen financier : les frais d’interprétariat sont limités à 250€

pour un couple et 180€ pour une personne seule. Ces sommes ne suffisent déjà pas pour l’interprétariat des dossiers OFPRA et CNDA, donc nous n’avons pas de marge pour une utilisation autre (santé,…).

• Par manque de locaux adaptés, les besoins relationnels ne sont pas favorisés

car les hommes hébergés au foyer n’ont pas à leur disposition un lieu d’accueil pour la famille ou ami en journée.

• L’espace enfant dans les bureaux est trop petit. • Par manque de structure adaptée, nous n’avons pas sur Bayonne et les

alentours de consultations interculturelles. Au vu du nombre des personnes en souffrance, ce service nous paraît incontournable.

� Le plus de l’année 2009 : • Nous avons mis en place des rencontres avec les équipes pédagogiques des

différentes écoles pour présenter le CADA, la population, les limites de notre travail. Ceci afin de démystifier la situation du demandeur d’asile. Nous renouvellerons cette démarche à chaque rentrée scolaire.

• Rencontres mensuelles avec l’Equipe Mobile d’Accès aux Soins

Psychologiques pour personnes en situation de précarité de l’hôpital de Bayonne (composée d’une psychologue et d’une infirmière). Elle nous aide à mieux comprendre les fonctionnements des familles ; elle peut même les recevoir.

� Nos projets :

Nous comptons organiser des réunions pour échanger sur nos pratiques professionnelles entres équipes socio-éducatives des CADA d’Aquitaine.

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AATTEELL II EERRSS EETT CCHHAANNTTII EERRSS DD’’ II NNSSEERRTTII OONN

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33--44 LL eess AAtteell iieerr ss CChhaanntt iieerr ss dd’’ II nnsseerr tt iioonn ::

Atelier et Chantier d’Insertion Atherbéa Bayonne Activité 2009

� Les Chantiers : Les ACI ont deux activités :

• Espaces verts (tonte, élagage, tronçonnage, …) et Bois (palette, caissette, mobilier de jardin, aménagement intérieur de véhicules, ..). L’activité Espaces Verts a eu, en 2009, un plan de charge satisfaisant permettant d’affecter tout au long de l’année 4 à 5 de nos salariés en insertion sur cette activité. Malgré la concurrence locale assez importante, nous avons pu dégager un chiffre d’affaires pour les Espaces Verts, proportionnellement à l’activité Bois, plus important que l’année précédente. Ceci est intéressant, car sur cette activité nous avons une marge commerciale plus importante que sur l’activité Bois.

• L’activité Bois a connu des difficultés : les problèmes économiques de nos clients expliquent une baisse d’activité pour la partie Palettes et Caissettes. De plus, 2 de nos principales entreprises clientes sont en liquidation judiciaire et des importantes créances irrécouvrables seront responsables d’un compte de résultat très négatif. Malgré tout, nos démarches commerciales ont permis de fournir une activité soutenue à chacun de nos salariés en insertion.

Dans le cadre de nos compétences sur le champ des Espaces Verts et de la Menuiserie,

nous avons répondu à l’appel d’offre 2009 de la SNCF pour l’entretien des abords des gares du Pays Basque (entretien des espaces verts, des menuiseries et des peintures des bâtiments, etc). Nous avons signé une convention avec les 3 autres ACI de notre secteur : ADELI, LAGUN, MIFEN. Ainsi nous sommes le mandataire des 4 ACI auprès de la SNCF Pays Basque. Nous venons de terminer l’entretien des gares du Boucau et de Guétary dans de très bonnes conditions. Outre l’aspect financier, ces chantiers sont très intéressants car ils valorisent nos salariés en insertion à travers un partenariat avec une grande entreprise nationale.

Fin 2009, soucieux de diversifier notre activité Bois en allant vers des produits

permettant une marge commerciale convenable, nous avons présenté un projet qui allie Insertion et Développement Durable, à savoir la fabrication, en bois des Landes, de Bacs à Compost et de Lombricomposteurs. Pour ce projet, nos clients potentiels sont le syndicat Bil Ta Garbi (200 communes, 300 000 habitants) et le Conseil Général 64. Nous avons travaillé sur la conception de ces 2 produits et nous fabriquerons, début 2010, 30 prototypes à tester jusqu’à 2011 dans différentes structures de notre réseau. L’ACI MIFEN est notre partenaire chargé du développement et de la reproduction des lombrics. Début 2011 nous procéderons (avec le CG64 et Bil Ta Garbi) à l’évaluation de nos prototypes. Si ce bilan est positif, si nos prix de revient sont convenables, nous pourrons passer à la phase de production et de commercialisation pour les deux collectivités évoquées plus haut.

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� Les salariés : Nous salarions 15 personnes en insertion (12 en CA et 3 en CAE). En novembre

2009, 7 salariés sont arrivés en fin de contrat. Le nombre de sorties positives ne nous satisfait pas mais les conditions économiques du moment nous contraignent à des résultats décevants. Toutefois, notre accompagnement socioprofessionnel a permis de grandes avancées pour certains de nos salariés, en terme d’estime de soi, de lien social, de santé, etc. Nous avons donc recruté 7 nouvelles personnes. A noter qu’il y a eu 40 candidatures. En simplifiant : 5 grands précaires en situation d’exclusion, 5 pré-séniors, et 30 personnes ayant quasiment le même profil : homme, seul, environ 30 ans, quelques diplômes (du BEP au Bac), et un parcours professionnel constitué de quelques jours d’intérim chaque mois depuis des années. Ces 30 personnes ont exprimé une grande souffrance psychologique. Par ailleurs, le faible taux de grands précaires candidats à notre offre d’emploi mérite réflexion.

Nos 15 salariés en insertion sont encadrés par un Chef d’atelier et par une accompagnatrice socioprofessionnelle. L’association Atherbea vient de décider de compléter l’équipe des accompagnateurs de l’ACI en recrutant un moniteur d’atelier (menuiserie). Ce recrutement est devenu indispensable, car il est maintenant très difficile, pour le seul Chef d’atelier, de gérer les chantiers, les ressources humaines, les clients, les fournisseurs, les devis, … D’autre part cette embauche d’un nouveau moniteur nous conduit à créer 6 nouveaux emplois en insertion grâce à nos nouveaux chantiers. Nous procédons donc à la création de 7 emplois en 2010. De plus, notre accompagnatrice socioprofessionnelle a entrepris une formation qualifiante (au CNAM) pour approfondir les stratégies de son champ d’activité.

� Les finances :

Le compte de résultat de l’année 2009 sera négatif. Nous avons évoqué plus haut la

problématique des créances irrécouvrables. L’intervention (en 2009) du cabinet Alter Conseil (financée par le « Dispositif Local d’Accompagnement » va nous permettre désormais de modifier nos stratégies en matière de gestion comptable et commerciale (meilleur pilotage de la gestion comptable, tableau de bord, etc). Avec les nouveaux salariés, nous aurons une augmentation du Chiffre d’Affaires avec une marge plus importante sur les nouveaux produits. Tout ceci devrait nous permettre d’obtenir désormais un résultat comptable équilibré. Christian Murat Administrateur de l’Association, délégué auprès des ACI.

���� Parcours d’un salarié en insertion dans notre Atelier Chantier d’Insertion

Bénéficiaire du RSA, sans emploi depuis plusieurs années, Monsieur X a été recruté en novembre 2007 pour une durée initiale de 6 mois comme ouvrier polyvalent. Monsieur a évoqué dés son entrée dans la structure avoir un problème d’addiction, pour lequel il avait toujours un suivi médical. Son intégration a été particulièrement difficile car il refusait tout contact avec les autres et ne pouvait non plus regarder ses interlocuteurs en face. Il éprouvait un sentiment de culpabilité et manquait totalement de confiance en lui. Après 6 mois passés dans la structure, relevant le défi qu’il s’était efforcé de tenir, Monsieur X n’a pas spontanément accepté un renouvellement de son contrat, il avait besoin de réflexion.

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En le responsabilisant plus dans ses travaux, il a repris confiance en lui et s’est senti alors beaucoup plus intégré et reconnu dans la structure. Il s’est de ce fait engagé à nouveau sur une période de 6 mois pour totaliser une année de contrat. Cet engagement était bien entendu soumis à la mise en place d’un projet professionnel pour lequel nous n’avions que très peu d’éléments. Après plusieurs entretiens, une relation de confiance s’est mise en place et peu à peu, Monsieur a réussi à nous parler de son passé en évoquant de longues périodes de souffrance depuis son enfance. Logé dans une cave aménagée, sans chauffage depuis son arrivée à Bayonne, en rupture avec sa famille et ses amis, pas de formation allant au delà de la scolarité obligatoire, aucun moyen de locomotion, Monsieur n’avait plus aucun objectif professionnel. Il nous a fallu dans un premier temps, toujours en collaboration avec le travailleur social référent, mettre en place un plan d’action pour lever en urgence les freins à l’emploi et permettre à Monsieur X d’y voir plus clair dans sa situation.

• Le problème de logement qui nous semblait être une priorité a été réglé en janvier 2009 (obtention d’un studio dans une résidence à Anglet)

• Réinscription au permis de conduire après une annulation

Retrouvant confiance en lui, après ces interventions, Monsieur X a accepté de se projeter vers l’emploi malgré les contraintes qui lui étaient imposées (remise à niveau en interne dans la structure et en Centre de formation en dehors de ses heures de travail). Assiduité. Un deuxième renouvellement de contrat de 12 mois a été conclu pour continuer nos démarches entreprises avec le salarié

• Une orientation auprès de l’A.F.P.A. à été mise en place pour une formation en Charpente. Cette dernière n’a pu être finalisée à la date prévue, mais une nouvelle prescription a été faite auprès de la Fédération Compagnonique du Bâtiment à Anglet pour le 1er semestre 2010.

• Monsieur a obtenu sa licence Cariste. Même si la sortie vers l’emploi n’a pas été enregistrée comme une sortie positive au 30 novembre 2009, une grande progression a été réalisée entre la situation de départ avec celle constatée en fin de parcours. Le statut de salarié dans notre ACI, dont a bénéficié Monsieur, a favorisé son insertion, une adaptation sur le marché du travail mais également une meilleure intégration dans la société.

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PLAQUETTE DES ATELIERS A INSERER

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PLAQUETTE DES ATELIERS

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LL EESS LL II TTSS HHAALL TTEE

SSOOII NNSS SSAANNTTEE

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33--55 LL eess LL ii ttss HHaall ttee SSooiinnss SSaannttéé ((LL HHSSSS)) GGOOZZAALL DDII

� Un nouvel établissement a vu le jour au sein de l’association ATHERBEA le 1er juillet 2009. Il s’agit d’un établissement médico-social comprenant cinq lits pour des personnes sans domicile fixe dont l’état de santé nécessite une prise en charge sanitaire et un accompagnement social et psychologique. Ces LHSS sont réservés à des personnes présentant essentiellement des pathologies somatiques dont l’état de santé ne nécessite pas une hospitalisation ou un séjour en maison de convalescence, mais qui faute de domicile, ne pourraient bénéficier de soins dans des conditions satisfaisantes. La prise en charge est de deux mois maximum au cours desquels une solution relais adaptée d’hébergement ou de logement doit être proposée. Un passage entre GOZALDI et le foyer ATHERBEA est possible au terme de ce séjour en Lit Halte Soins Santé.

Une convention avec le Centre Hospitalier de la Côte Basque a été signée le 1er octobre 2009, qui permet aux patients des LHSS d’être hospitalisés en cas de nécessité, les LHSS s’engageant pour leur part à reprendre la personne après son hospitalisation. Placés sous l’autorité du Directeur d’Association, qui décide de l’admission des patients après avis médical du médecin coordinateur, les LHSS fonctionnent toute l’année avec une équipe médico-social et un réseau de partenaires. Un éducateur, s’occupe de toute la partie sociale et administrative et du suivi quotidien des patients. Un cabinet infirmier administre les soins journaliers, un médecin psychiatre et une psychologue peuvent intervenir, ainsi qu’un chirurgien dentiste et un kinésithérapeute. La coordination est assurée par le Chef de services de Gozaldi.

Depuis leur ouverture, les LHSS ont accueilli dix personnes, pour une durée moyenne de deux mois, avec un taux d’occupation de 88%, ce qui constitue un chiffre élevé compte tenu de l’absence d’information sur l’ouverture de ces lits au moment de leur création. A contrario, cela signifie aussi que cet établissement correspond à un véritable besoin, dans le contexte actuel et local. Sur ces dix personnes, la majorité est arrivée par l’intermédiaire de services sociaux ou d’associations, une seule par l’hôpital. Toutes ces personnes présentaient des pathologies somatiques et n’avaient plus de domicile au moment d’entrer à GOZALDI.

Les pathologies présentées par ces personnes concernaient aussi bien des affections de longue durée comme des hépatites C nécessitant des traitements lourds et douloureux, peu compatibles avec une vie dans la rue, que des traumatismes après des accidents (fractures, entorses, etc.). Mais les LHSS ont également permis à des personnes sans aucune couverture médicale ou sociale, de pratiquer des examens (problèmes cardiaques, oculaires, etc.), d’attendre dans de bonnes conditions une hospitalisation avant une opération chirurgicale. Le médecin coordinateur effectue des visites régulières de ces patients.

Le séjour à GOZALDI permet aussi de réaliser des démarches administratives pour régulariser des situations ou pour préparer la sortie de l’établissement, effectuer des démarches pour trouver un logement, faire une demande de tutelle. Toujours lors de ce séjour, le patient est orienté vers des services sociaux, (CCAS pour les domiciliations par exemple), les associations (ZUEKIN, PAJ, etc), pour conserver des liens sociaux ou en créer, d’autres structures de soins (ARIT, BIZIA, ANPAA), pour assurer la continuité des soins et démarrer une prise en charge qui pourra ainsi se poursuivre après le séjour à GOZALDI.

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Au total, durant cette moitié d’année 2009, sur les dix patients, deux personnes ont trouvé un logement (dont une qui a repris son travail en même temps), trois personnes ont pu intégrer le Foyer ATHERBEA ou un autre Foyer (une personne à EMMAUS), une personne s’est retrouvée à l’hôtel, une autre chez une amie, deux dans un établissement de soins. Toutes ces personnes ont bénéficié durant le durant le temps de leur séjour de tous les services du foyer ATHERBEA (restauration, animation, atelier Internet, etc), en plus des soins et de la prise en charge sociale et éducative.

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PLAQUETTE DES LITS HALTE SOINS SANTE A INSERER

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PLAQUETTE LHSS SUITE

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VIGNETTE CLINIQUE LHSS

Monsieur D est orienté par une mutuelle dont il est sociétaire. Il est alors dans une

maison de santé à la suite d’un accident domestique. Accident conséquent puisqu’il a subi deux interventions chirurgicales dans un CHU et une longue résidence dans un établissement de rééducation motrice. Il est porteur d’un appareillage qui substitue le système urinaire. Depuis plusieurs mois il se trouve sans domicile et ne perçoit pas l’équivalent d’un RSA en IJ. Tant sa situation médicale que sociale autorisent les Lits Halte Soins Santé à l’accueillir, après les avis favorables du médecin coordinateur, le Dr FORCADE et de la direction d’Atherbea. Il y restera deux mois. Un protocole est rapidement mis en place afin que ce patient puisse poursuivre les soins médicaux dans de dignes conditions. Ainsi, il rencontre chaque semaine le Dr FORCADE qui a en charge le suivi du patient part la coordination des soins, sans pour autant se substituer aux autres intervenants médicaux tel que le médecin traitant de Monsieur D. Parce qu’il est hébergé aux LHSS ce patient peut se rendre au CHU pour les visites mensuelles et suivre le traitement médical de manière adaptée. Au final ceci a participé à son rétablissement qui s’est en outre traduit par la suppression de l’appareillage urinaire sans nouvelle opération. D’un naturel discret voire silencieux, il n’a pas été aisé, dans le temps imparti relativement court d’établir une communication agissante, d’autant moins que les LHSS de création récente, sont avant tout perçus comme un établissement de soins. Mais la conjugaison du suivi éducatif et psychologique a permis de déconstruire cette représentation erronée pour reconstruire une image plus réelle d’un établissement médico-social qui prend en compte la majeure partie des problématiques des patients. Ainsi, c’est à la suite d’alcoolisations certes discrètes mais remarquables pour le personnel socio-éducatif d’Atherbea que nous avons pu aborder sans faux-fuyant, une difficulté essentielle qui mine son existence à savoir les déboires avec l’alcool. Cet épisode a été déterminant pour la suite du séjour de Monsieur D. A l’instar de nombreux alcooliques il pensait avoir, à défaut de maîtrise, une certaine emprise sur sa consommation. La longue période d’hospitalisation secondée par celle en maison de santé avaient bridé le besoin de boire. L’arrivée aux LHSS avait a contrario réactivé le besoin impérieux de boire de l’alcool, puisqu’il se retrouvait en quelque sorte libéré des nombreuses contraintes liées aux soins du milieu hospitalier. Au début, sans parler de déni il a tenté d’atténuer la portée de ses consommations, mais les comportements développés laissaient entrevoir une longue et rugueuse relation avec l’alcool. Ne pouvant plus se camoufler, il a choisi d’aborder cet aspect douloureux et de s’impliquer tout en demandant une aide. Selon sa propre analyse c’est un alcoolique de type cyclique qui s’est longtemps ignoré. Jusqu'à qu’il se rende compte que l’alcool prenait une place de plus en plus en grande dans son existence, jusqu'à la détruire. Une demande d’AAH est à l’étude tant il est diminué physiquement alors qu’il fut par le passé un sportif de haut niveau. Selon ses dires, il a connu des périodes d’abstinence notamment lorsqu’il était suivi par un service de soins ambulatoire, fait une cure dans un établissement spécialisé.

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Avant le terme de son séjour aux LHSS il a déposé une demande d’admission pour le CHRS Atherbea qui a été accepté avec l’objectif prioritaire de se réengager dans la poursuite des soins contre son alcoolisme. Nous ne pouvons encore émettre de conclusion qui serait bien trop hâtives car les LHSS ne disposent pas du recul nécessaire. Néanmoins nous pouvons dire que cet établissement est une nécessité absolue, qui permet à des hommes et des femmes de prendre soin de leur intégrité, de pouvoir faire un point sur la globalité de leur situation et selon leurs désirs d’entamer la longue marche vers la réinsertion qui n’a de chance d’aboutir qu’avec une santé retrouvée ou du moins fortifiée.

Filipe LESGOURGUES Moniteur Educateur

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Statistiques 2009 LHSS

2009 Nombre de personnes hébergées 10

Nombre de nuitées année 405 Séjours en cours au 01/01/N 5

Séjours début du 01/01/N au 31/12/N 10 Séjours terminés du 01/01/Nau 31/12/N 5

FLUX CHRS (présent au 01/01/N + entrées N) 10 Taux d'occupation 88%

Répartition des Séjours terminés au 31/12/N par dur ée - de 3 mois 4

De 3 à 5 mois 1 De 6 à 8 mois De 9 à 11 mois

De 12 à 17 mois De 18 à 23 mois

24 mois et + TOTAUX 5 Motif du départ

MALADIE RELOGEMENT 1

Décédé Exclusion

Départ inorganisé Maison d'arrêt

Autre Etablissement 1 Projet professionnel

Débouté du droit asile Accord Dublin Schengen

CPH Fin de prise en charge autonomie 3

NON RENSEIGNE TOTAUX 5

Logement à la sortie personnel 1

conjoint ou famille ami(e)s

autre CHRS hôtel 1

établissement soins S.d.f

maison d'arrêt FOYERS 2

CPH TOTAUX 5

Répartition des personnes par Age SUR FLUX ANNEE - de 18 ans 0

De 18 à 24 ans 1 De 25 à 29 ans 0 De 30 à 39 ans 3 De 40 à 49 ans 4 De 50 à 59 ans 2

60 ans et + TOTAUX 10

Répartition des personnes par type de public SUR FLUX ANNEE

10, rue de la Feuillée 10 MILIEU ORDINAIRE

TOTAL 10

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Répartition des personnes par origine géographique SUR FLUX ANNEE

BEARN Hors département 2

Etranger 2 Hendaye

St Jean de Luz Bayonne 5

St Pierre d'Irube Boucau

ST J P PORT ST PALAI Hasp + Cambo

Anglet Biarritz 1

Sud Landes TOTAUX 10

Origine orientation actuelle SUR FLUX ANNEE Usager lui-même 1

Service social 5 ASSOCIATIONS 2

MISSION LOCALE POLICE

HOPITAUX 1 JUSTICE

SAO ATHERBEA FAMILLE

ANPE ANAEM

CHRS ATHERBEA NON RENSEIGNE 1

TOTAUX 10 Logement à l'entrée personnel

conjoint ou famille ami(e)s 1

autre CHRS 1 hôtel 1

établissement soins 1 S.d.f 4

non communiqué FOYERS 2

CPH TOTAUX 10

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44-- LL EESS RREELL AATTII OONNSS AAVVEECC LL ’’ EENNVVII RROONNNNEEMM EENNTT::

Nous exerçons au cœur de la Cité, ce qui s’accorde logiquement avec notre mission d’insertion.

Nous sommes donc en interaction avec les ressources du territoire où nous sommes implantés: le Pays Basque.

Nous nous y inscrivons dans une dynamique de « Développement Social local » que l’on peut définir comme étant « une démarche fédérative de mobilisation des acteurs d’une zone géographique autour d’un projet global, cohérent, économique et culturel visant à créer une dynamique durable sur un territoire ».

Par nos investissements et notre fonctionnement, nous participons à la vie économique et sociale. Les acteurs évoqués plus haut sont donc nombreux et variés:

� élus (maires, députés, sénateurs, conseillers généraux, conseillers régionaux, conseillers municipaux).

� collectivités territoriales et leurs représentants:

• l’Etat: - Sous-Préfet de Bayonne. - Services de la DDASS,de la DDE, de la DDTEFP. - Tribunal de Grande Instance. - Police et Gendarmerie.

• le Département: - Services de la DSD (ASE, PMI, Circonscriptions d’action sociale)

• les Communes : - CCAS. - Service techniques (vie sociale, urbanisme, voirie). - Polices municipales.

• la Région: Services de la DRASS.

� organismes publics ou para-publics :

• CAF. • CPAM – CRAMA. • ANPE.

� services et établissements d’action sociale, médico-sociale et sanitaire.

� centres d’accueil pour toxicomanes.

� mission locale pour les jeunes.

� associations de lutte contre les exclusions.

� services de contrôle judiciaire.

� hôpitaux et cliniques généralistes et spécialisés

� cabinets médicaux libéraux, etc…

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CCOONNCCLL UUSSII OONN EETT PPEERRSSPPEECCTTII VVEESS

En 2010, le bouleversement annoncé en 2009 de l’organisation de l’Action Sociale deviendra effectif :

• le secteur médico-social rejoindra le sanitaire sous le contrôle des ARS (Agences Régionales de Santé) et sera ainsi sanctuarisé

• le secteur social, a contrario, se trouvera probablement plus exposé encore que par le passé.

• les procédures d’appel à projets vont se mettre en place et inverser la logique d’évaluation des besoins, d’analyse de réalités et d’élaboration des réponses. Celle-ci sera plus initiée par les opérateurs de terrain mais par les financeurs.

• notre secteur de l’Insertion Sociale et Professionnelle, de la lutte contre la Pauvreté et la Misère va être contraint à une « Refondation » de ses pratiques, de son fonctionnement.

Si certains principes contenus dans le projet ministériel ne peuvent qu’être salués et valorisés (inconditionnalité de l’accueil, continuité de la prise en charge, simplification des démarches d’accès à l’hébergement et au logement, traitement équitable de toutes les demandes, prévention de la mise à la rue, rééquilibrage territoriale) d’autres aspects méritent d’être questionnés.

Ainsi se réaffirme un objectif global : « le logement d’abord » (Circulaire n° DGAS/LCE 1A/2009 351 du 9/12/09 relative à la planification territoriale de l’offre d’accueil, d’hébergement et d’insertion des personnes sans domicile en liaison avec la politique d’accès au logement).

Face aux situations d’absence de domicile, il s’agit de proposer aux personnes, en priorité, l’accès à un logement. De fait, l’accueil en hébergement doit devenir plus exceptionnel. Comme si l’offre « logement » était qualitativement supérieure à l’offre « hébergement » Or ces deux types d’offre ne sont pas de même nature. Elles s’adressent à une même personne mais à deux moments différents de son parcours. L’offre d’hébergement, qui associe un binôme : « une prestation hôtelière » (une chambre ou un appartement) à un « accompagnement social » (réalisé par une équipe de travailleurs sociaux professionnels) intervient pour répondre à un besoin :

1- de sécurisation, de protection, d’apaisement, 2- de socialisation 3- de « réconciliation » avec :

- sa santé - sa situation administrative - son contexte familial - son parcours professionnel

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Dans le cas 1 : quelques jours pourront suffire 2 : le temps d’apprentissage ou réapprentissage des rites et rythmes archaïques (sommeil, alimentation, hygiène, relations sociales) demandera souvent plusieurs mois d’exercice. 3 : prendre enfin soin de soi, reconstruire son identité (sociale, professionnelle), renouer des liens affectifs, retrouver une activité professionnelle, devenir locataire de son logement : selon les situations, quelques semaines à 20 mois seront indispensables avec parfois des séjours ponctuels pendant plusieurs années avant une stabilisation pérenne. Les personnes qui nous sollicitent, pour lesquelles nos dispositifs ont été conçus, sont en situation de rupture (familiale, sociale, professionnelle). Elles vivent un épisode de pauvreté (voire de misère lorsqu’à la pénurie des ressources économiques se rajoute le délitement du Lien Social) et de perte de domicile (ou souhaitent en retrouver un après des années de vie dans la rue). Bien d’autres personnes (une majorité parmi les sans-domicile temporaires) se trouvent du jour au lendemain sans domicile. Pourtant, elles ne nous sollicitent pas. Elles ont les ressources (ou pensant pouvoir les mobiliser) nécessaires pour ne pas avoir besoin de notre accompagnement. Ce sont elles qui peuplent actuellement les hôtels, les campings et leurs mobil homes, qui résident temporairement dans leur famille, parfois chez des amis. Pour ces personnes –là, effectivement, un accompagnement social n’est pas à prescrire. Pour les autres, en revanche, ceux qui se trouvent englués dans leur histoire, embolisés par leurs histoires, nous allons proposer de construire un avenir pour leur éviter de revivre sans cesse un passé renié. C’est cela une action d’accompagnement social ! Et la mission des CHRS, définie par leur patronyme (Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), consiste bien à allier hébergement et accompagnement à l’insertion. Alors nous seront vigilants à préserver l’essence même de notre activité qui n’est pas seulement de « mettre à l’abri », de mettre un toit sur la tête de chaque sans abri mais aussi, et peut-être avant tout, d’aider les plus démunis à se restaurer

- dans leur dignité - dans la confiance à l’autre - dans les relations humaines - dans un projet de vie - dans la gestion de leurs dépendances

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« Tu viens de me rejoindre. Tu es là. Je t’aime. Tu m’apportes quelques beignets dans une assiette. Du cidre. On parle un peu. On a le temps aujourd’hui. Qui pourrait venir ? Et moi je n’ai pas à m’absenter… Te regarder T’écouter C’est tout. Tu vois : nous sommes pauvres. Tu es l’aile que l’ange envie dans sa ténèbre. » « 20 novembre . – Le gros œuvre est terminé. On n’a plus qu’à ranger les outils dans la baraque et partir. Demain on commence autre chose » Thierry METZ – Le journal d’un manœuvre – Ed. L’arpenteur – 1990 Thierry Metz est né à Paris le 10 juin 1956 et décédé le 16 avril 1997. Son père est chauffeur-livreur. Dès quatorze ans, il lit tout ce qu’il peut acheter aux chiffonniers d’Emmaüs. Après son service militaire, il s’établit dans la maison que ses parents ont acheté pour leur retraite, près d’Agen. Depuis lors, il n’accomplit que des travaux manuels : chantiers, entrepôts, abattoirs, bâtiment, terrassement. Il commence à écrire des poèmes, les montre à Jean Grosjean qui les recommande à la N.R.F. Soutenu et encouragé par sa femme et ses enfants, il travaille comme manœuvre durant huit mois, puis écrit pendant la période où il perçoit des indemnités de chômage. Aucun de ses camarades de travail ne sait qu’il écrit.