RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE · de sûreté hydraulique, au sens de la...

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RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

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RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

I 2 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

SOMMAIRESOMMAIRE

Photo de couverture : Aménagements hydroélectriques de la basse Isère, UP Alpes, dans la Drôme.Vanne du barrage de La Vanelle. © edf - Philippe GROLLIER

24 La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

28 La sûreté d’exploitation hors crue

14 Les indicateurs de résultats sûreté 2017

10 Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

4 L’essentiel de l’année 2017 et quatre recommandations

18 La surveillance et la maintenance du patrimoine

32 Les filiales du groupe EDF inspectées en 2017

34 Annexes

3 I

Ce rapport annuel est destiné d’abord au président d’EDF avec pour objectif de lui présenter mon évaluation sur le niveau de sûreté hydraulique, au sens de la sécurité industrielle liée aux différents risques vis-à-vis des biens et des personnes créés par la présence et l’exploitation des installations hydroélectriques(1). Il est le deuxième d’un cycle de trois

années durant lesquelles j’aurai inspecté l’ensemble des entités du Groupe EDF en charge d’hydraulique. Il vient à ce titre compléter et préciser le rapport 2016. Il couvre les activités des métiers hydrauliques exercées principalement par la Division Production ingénierie hydraulique (DPIH) et la direction des Systèmes énergétiques insulaires (SEI) d’EDF.

En 2017, outre huit entités de la DPIH, j’ai inspecté trois filiales du Groupe dédiées à l’hydraulique : SHEMA, gestionnaire d’actifs de petite hydraulique (EDF 100 %), Hydrostadium, en charge d’ingénierie (EDF 100 %), et Nam Theun Power Company (NTPC, EDF 40 %), qui détient et exploite un aménagement hydroélectrique au Laos. J’y consacre un additif particulier.

Ce rapport s’adresse aussi à tous les acteurs de la sûreté hydraulique, à commencer par le directeur du Pôle Énergies renouvelables, le directeur de la DPIH et les présidents et directeurs des filiales dont la responsabilité les conduit sans cesse à alimenter et renouveler leurs réflexions sur la sûreté. Son but est de leur proposer des axes de progrès et des objectifs d’amélioration, pour toujours continuer à renforcer le management de la sûreté et la maîtrise des risques associée.

Il met l’accent sur les points de fragilité et de faiblesse et propose en partage les quelque 40 bonnes pratiques constatées en 2017 lors des inspections d’entités opérationnelles : elles ont vocation à stimuler les partages d’expérience et à accompagner dans leurs progrès tous ceux qui s’engagent dans la sûreté, qu’ils soient exploitants, mainteneurs, acteurs de l’ingénierie, experts, etc.

Je formule quatre recommandations essentielles pour maintenir le bon niveau des résultats actuels de sûreté hydraulique et 18 recommandations d’orientation métier, destinées à l’ensemble des hydrauliciens pour progresser dans tous les registres opérationnels de la sûreté.

Ce rapport est rendu public, il peut ainsi apporter un éclairage à tous ceux qui sont concernés ou intéressés par la production d’hydroélectricité et par les actions d’EDF pour la rendre toujours plus sûre.

Il est étayé par les observations et informations recueillies durant l’année lors de mes visites d’inspection et des visites thématiques à l’initiative des entités opérationnelles. J’ai particulièrement apprécié les apports interrogatifs et challengeants des pairs qui ont pu m’accompagner lors des inspections. Je tiens à remercier tous ceux que j’ai rencontrés pour la qualité de leur accueil, leur attitude d’ouverture et de transparence ainsi que leur capacité à accepter un regard externe.

Paris, le 24 janvier 2018

Alain BeaudouxInspecteur Sûreté Hydraulique

AVANT-PROPOS

(1) Les risques liés aux actes de malveillance, qui sont couverts par une organisation dédiée placée sous la responsabilité du directeur de la DPIH, ne sont pas traités dans ce rapport.

I 4 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

L’essentiel de l’année 2017 et quatre recommandations

En 2017, les résultats de sûreté hydraulique du groupe EDF(2) sont satisfaisants. Les dépenses et investissements de maintenance affectés à la sûreté (> 130 M€ Capex + Opex) demeurent stables ces der-nières années.

La détection des précurseurs de sûreté de niveau 0 (la base de la pyramide du risque sur une échelle de 0 à 6) continue de progresser, avec plus de 3 800 précurseurs détectés au total. Cette bonne détection s’accompagne toutefois de trop peu d’analyses approfondies (< 70, dont 12 SEI).

Le nombre de précurseurs de niveau ≥ 1, déclarés à l’administration en EISH(3), se stabilise autour de 12 après la décroissance importante constatée en 2016. La majorité de ces EISH porte sur les risques liés aux variations de débit dans les rivières. 6 sites de criticité élevée (≥ 4 sur une échelle de 1 à 5) au regard de la maîtrise des variations de débit à l’aval des ouvrages hydrauliques résistent encore aux réflexions et parades mises en œuvre par les exploitants.

Sur la base d’une connaissance sans cesse actualisée des débits potentiels des crues naturelles des rivières, la DPIH poursuit, depuis une dizaine d’années, des efforts soutenus de réévaluation et souvent de travaux conséquents pour garantir la

capacité de passage des crues sur les barrages. Le cumul de ces opérations est clairement repérable lors des inspections 2017. Cette année encore, aucune crue significativement importante n’est venue exposer les ouvrages hydroélectriques et l’hydrologie a été déficitaire, ou très déficitaire, sur presque tout le territoire métropolitain (avec des déficits en débit d’une fréquence atteignant jusqu’à 50 ans dans certaines régions).

De plus, les services de l’État (Direction générale de la prévention des risques) poursuivent, en concertation avec l’ensemble des exploitants français d’installations hydrauliques, l’élaboration de nouveaux textes réglementaires pour renforcer la prévention des risques de sûreté hydraulique. Ils concerneront les conduites forcées et les ouvrages exposés aux séismes et aux crues. Ils auront nécessairement des impacts significatifs sur EDF compte tenu de l’importance du parc d’ouvrages potentiellement concernés. Les mises au point s’effectuent désormais sur la base du projet d’arrêté « prescription techniques barrages », proposé à l’automne 2017 par l’administration.

Afin de garantir les bons résultats dans la durée, j’insiste sur quatre recommandations essentielles et un point d’attention, auprès de l’ensemble des managers hydrauliciens du groupe EDF.

(2) Ailleurs dans le monde, on peut citer, entre autres, quatre barrages importants ayant subi des avaries graves lors d’un passage de crue en 2017. Oroville (Californie, États-Unis) : rupture partielle de l’évacuateur de crue en février 2017 nécessitant d’évacuer 200 000 habitants ; Elko (Nevada, États-Unis) : rupture totale du barrage lors d’une crue en février 2017 ; Nam Ao (Laos) : rupture totale du barrage en cours de construction, consécutive à une crue en septembre 2017 ; Guajataca (Porto Rico) : le fonctionnement de l’évacuateur de crue a provoqué une érosion régressive du pied du barrage lors des pluies torrentielles du cyclone José en septembre 2017, nécessitant d’évacuer 70 000 habitants.

(3) Événement important pour la sûreté hydraulique.

5 I

Barrage Cap-de-Long.© edf - Philippe ERANIAN

L’essentiel de l’année 2017 et quatre recommandations

I 6 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

RECO 1 — Le projet de transformation de la DPIH, Cap Hydro, dans ses impulsions managériales, gagnerait à promouvoir plus explicitement les progrès de sûreté hydraulique.

En cohérence avec le projet Cap Hydro, qui renforce les délégations faites aux Unités de production et d’ingénierie et appelle de ses vœux la simplification et l’innovation, j’axe cette recommandation sur trois thématiques d’action.

La DPIH doit s’attacher à mieux contractualiser les ambitions de sûreté hydraulique avec ses Unités. Dans une logique stricte de résultat, contractualiser la baisse du nombre de sites critiques ou/et la réduction des DMP sûreté (dispositifs dérogatoires de sûreté) serait porteur de sens pour un leadership de sûreté actif et mieux perceptible.

Le management doit promouvoir une approche systémique de la sûreté, ce qui passe par une coopération renforcée entre exploitants, ingénierie et experts, créatrice de valeur pour le groupe EDF. Les pratiques et la culture de sûreté se sont jusqu’à présent nourries des approches complémentaires des différents maillons d’une organisation intégrée (exploitants, mainteneurs, ingénierie, experts). Selon de nombreux témoignages que j’ai recueillis, les équipes exploitantes apparaissent aujourd’hui trop livrées à

elles-mêmes dans des arbitrages, parfois difficiles, concernant les options de sûreté. Les managers opérationnels doivent mieux garantir la nécessaire confrontation dans les approches complémentaires des exploitants, de l’ingénierie intégrée et des experts. Les directives « voies de recours » et « alertes techniques de sûreté » pourraient être revisitées et réactivées pour mieux assurer les arbitrages d’un dialogue contradictoire indispensable à la sûreté.

Le management de la DPIH doit aussi s’attacher à mieux capter les bonnes pratiques innovantes, souvent issues du terrain, à les stabiliser, puis à les généraliser. De bonnes pratiques émergent, ici ou là, dans les entités opérationnelles, souvent en avance sur le référentiel : elles illustrent la créativité constante des hydrauliciens et des managers de terrain. Ce rapport reprend, comme en 2016, quelques bonnes pratiques constatées au cours des inspections de terrain.

Chantier de l’aménagementhydraulique de Romanche-Gavet (Isère).© edf - Christophe HURET

7 I

RECO 2 – Les défenses en profondeur face aux risques en rivière à l’aval des installations hydroélectriques doivent être renforcées.

Chaque année, une à deux vannes de barrage s’ouvrent de façon intempestive, sans créer heureusement de victimes ni de dégâts. Le nombre d’événements importants de sûreté hydraulique (EISH) en lien avec les problématiques de risques en rivière représente 80 % des déclarations d’EISH à l’administration. De plus, l’épisode de juillet 2017, lié à la présence d’une classe d’enfants dans une rivière à l’aval d’une prise d’eau où l’exploitant se préparait à ouvrir une vanne de vidange, illustre la vulnérabilité potentielle de nos défenses de sûreté sur ce registre. Heureusement, cet épisode a été tout à fait maîtrisé, l’exploitant ayant inspecté la rivière à pied selon la consigne, avant d’effectuer sa manœuvre.

Ces constats récurrents me conduisent à recommander trois actions.

Promouvoir une approche co-responsable des derniers sites critiques.Tous les appuis (ingénierie, services centraux, experts) de la DPIH doivent se mobiliser avec les exploitants locaux concernés pour concevoir et mettre en œuvre les parades permettant de déclasser la criticité des 6 sites encore classés 4 ou 5 (sur une échelle de 1 à 5). Pour ces sites les plus difficiles, les équipes d’EDF ne doivent raisonnablement pas compter résoudre ces problèmes par leur seul engagement. Ma conviction est que ce travail doit désormais s’accomplir en compréhension et en partage de responsabilités avec les parties prenantes externes, notamment les collectivités locales, sous le pilotage des autorités préfectorales (cf. chapitre VI).

Clarifier et hiérarchiser les expressions de besoins d’automatisme en donnant la priorité aux fonctions de sûreté.Cette nécessité concerne les barrages, prises d’eau et rampes de démarrage des groupes de production. L’objectif est d’éradiquer l’ouverture inappropriée des vannes de barrage. En s’appuyant sur le retour d’expérience (REX) important des dernières années, les projets sur les automates de barrage (APB) qui gèrent de multiples fonctions (production, multi-usage de l’eau, environnement) doivent prioritairement s’attacher à piloter les fonctions de sûreté. En outre, la conception des automatismes de sûreté doit intégrer leur maintenabilité ainsi que les risques potentiels lors des interventions ultérieures des différents acteurs (exploitants, agents d’astreinte, équipes de contrôle électrique et des télécoms).

Renforcer partout la connaissance des rivières par les exploitants (notamment les plus jeunes) et des conséquences potentielles du fonctionnement des installations hydrauliques.Les mouvements d’eau créés dans les rivières à l’aval des installations peuvent mettre des personnes ou des activités en difficulté, cela parfois plusieurs kilomètres à l’aval des usines ou des barrages. Les exploitants doivent connaître avec précision les conséquences de chaque manœuvre effectuée.

Vue aval de la centralehydraulique et du barrage de Saint-Pierre-Cognet (GU Drac Amont).© edf - Lionel ASTRUC

L’essentiel de l’année 2017 et quatre recommandations

I 8 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

RECO 3 – Les attendus et les procédures associés à la maintenance (courante et spécialisée) des ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique (OMISH) sont à réaffirmer en accentuant leur spécificité par rapport à la maintenance des autres ouvrages et matériels.

Mise en place après l’incident de Tuilière (rupture d’une vanne du barrage en 2006 sur la Dordogne), la notion d’OMISH avait fait émerger un processus de maintenance spécifiquement renforcé. Progressivement, les standards de l’ensemble de la maintenance ont été “upgradés”, pratiquement au niveau applicable aux OMISH, banalisant de facto ces derniers. Il s’agit donc de réaffirmer l’importance de la sûreté dans la définition renouvelée d’une maintenance renforcée pour les OMISH. Trois actions pourraient y contribuer.

Garantir que les choix d’arbitrage aboutissent effectivement à 100 % de maintenance sur les OMISH (aujourd’hui 80 %) et que les écarts résiduels sont tracés et traités en écarts de sûreté.

Définir et mettre en œuvre des exigences techniques spécifiquement renforcées pour la maintenance des OMISH. Cet approfondissement technique pourrait résulter d’analyses fonctionnelles de sûreté et d’analyses de défaillance. De plus, la démarche liée aux dispositifs dérogatoires de sûreté (DMP pour

« dispositif et moyen particulier sûreté ») doit être redynamisée et leur nombre (aujourd’hui > 450), certes en diminution, demeure trop élevé. Il devrait être contenu sous le seuil d’une centaine environ. Ce nombre correspondrait au solde des DMP posés et ceux qui sont résolus. Ce solde est un indicateur de l’engagement de maintenance sur les problématiques de sûreté.

Entourer les gestes de maintenance des OMISH de pratiques de fiabilisation adaptées (minute d’arrêt, prejob briefing, etc.).

Barrage de Vieux-Pré, UP Est, GEH RhinPuits de la vanne de vidange© edf - David QUEYREL

9 I

RECO 4 – Le partage d’expérience et la mémoire des incidents de sûreté doivent être plus intensément promus dans la culture de sûreté de la génération d’hydrauliciens massivement renouvelée ces dernières années.

Le retour d’expérience (REX) des incidents de sûreté est de bonne qualité. Les analyses sont fouillées et les conclusions sont claires. En revanche, lorsqu’on sonde les acteurs sur le terrain (exploitants et ingénierie), il apparaît que le partage d’expérience (PEX) et la connaissance des conclusions métiers de ces REX ne sont pas au niveau attendu compte tenu des enjeux.

Ainsi, je propose de :favoriser l’appropriation du retour d’expérience (REX) des incidents significatifs majeurs de sûreté hydraulique (incidents historiques, EISH⁽4) et ESSH(5)

de niveau 1 et plus).

Cela suppose une pédagogie adaptée, contextualisant le REX aux conditions locales d’exploitation (cf. bonne pratique Unité de production Alpes). Cela suppose aussi de développer les échanges entre les Unités.

L’essentiel de l’année 2017 et quatre recommandations

POINT D’ATTENTION La maintenance et le renouvellement des technologies de télécommunications et de transmissions des alarmes des installations de la petite hydraulique (PAH).

Ce point s’inscrit dans la suite du rapport 2016 où il était recommandé que les nouvelles organisations et les nouvelles pratiques métiers issues de la segmentation des actifs de production entre la grande et la petite hydraulique (< 12 MW, soit la moitié des installations pour 8 % du productible) devaient continuer de garantir le même niveau de sûreté pour toutes les installations. La décision récente de la DPIH d’en confier la maîtrise d’œuvre conjointe à la Division d’appui industriel à la production (DAIP) d’EDF et à Hydrostadium marque le démarrage du processus auquel je prêterai attention en 2018.

(4) Événement important pour la sûreté hydraulique.

(5) Événement significatif pour la sûreté hydraulique.

Ce présent rapport est le deuxième d’un cycle de trois ans au cours duquel j’aurai inspecté toutes les entités du Groupe en charge d’hydroélectricité. Les recommandations, dont les réponses adaptatives peuvent naturellement s’échelonner sur plusieurs années, doivent s’entendre en complément des recommandations du rapport 2016. Je note avec satisfaction que depuis 2016 l’ensemble de la ligne managériale s’est de nouveau mobilisée sur les thématiques de sûreté. Les feuilles de route de niveau national et Unité sont porteuses de progrès, dont certains déjà repérables sur le terrain. La culture de sûreté des jeunes hydrauliciens recrutés massivement ces dernières années demeure toutefois un point sensible auquel le management doit rester attentif.

Intervention sur roue (Villarodin-Mont-Cenis, Savoie, Rhône-Alpes).© edf - Michel JACQUEMMOZ

I 10 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydrauliqueLe parc hydroélectrique exploité par EDF demeure indispensable à l’équilibre du système électrique français et européen. Par sa souplesse et sa réactivité, l’hydraulique est particulièrement adaptée pour répondre notamment aux pics de consommation d’électricité, en hiver comme en été. Son coût moyen de production en fait l’énergie renouvelable à ce jour, globalement la plus compétitive du marché.

Pour que cette énergie renouvelable soit effectivement durable, le management doit pouvoir garantir la maîtrise de tous les aspects de sûreté et en piloter

les coûts associés. Les dépenses et investissements de maintenance affectés à la sûreté (> 130 M€ Opex + Capex) demeurent stables ces dernières années. La baisse de profitabilité de la production hydroélectrique constatée ces dernières années doit inciter à un pilotage plus explicite des dépenses et investissements de sûreté. Celles-ci résultent principalement des parades associées aux risques industriels engendrés par les importantes quantités d’énergie potentielles stockées dans les barrages et réservoirs ainsi que par les différents ouvrages d’adduction d’eau (galeries, canaux, conduites forcées).

Maintenance sur turbine Kaplan bulbedans la centrale de Gambsheim (Bas-Rhin, Alsace).© edf - Cédric HELSLY

11 I Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

Le bon état de fonctionnement du patrimoine de production dont la moyenne d’âge se situe au-delà de 70 ans. L’objectif est de se prémunir de tout risque de rupture (totale ou partielle) d’ouvrage. Les parades sont la surveillance des comportements attendus et la maintenance adaptée sur la base de diagnostics et de réévaluations étayés. L’investissement soutenu de ces dix dernières années devra se poursuivre, y compris pour les installations de la petite hydraulique (PAH) qui portent les mêmes risques sûreté que celles de la grande hydraulique.

Le comportement maîtrisé des ouvrages hydrauliques lors du passage des crues. Le dimensionnement hydraulique des ouvrages (au regard notamment des évolutions des connaissances hydrologiques) et leur conduite en crue (qui s’appuie sur la pertinence et la fiabilité des consignes et gestes d’exploitation) doivent maintenir ces ouvrages

La culture historique d’EDF concernant la sûreté hydraulique a conduit à aborder et traiter ces risques selon trois champs.

dans des conditions de fonctionnement attendues et maîtrisées, et à tout moment ne pas aggraver les états de débits naturels créés par les crues.

L’incident grave survenu en février 2017 au barrage d’Oroville en Californie (États-Unis), qui a nécessité d’évacuer 200 000 habitants, nous a rappelé ces exigences.

Les risques en exploitation dus au fonctionnement des installations, en interférence avec les autres activités aux abords des rivières et des lacs. Le process industriel de production hydroélectrique n’est pas physiquement enclos. Les lacs et rivières font partie de la géographie à la fois physique et humaine. Ce process s’est bâti et se vit en nécessaire interférence avec les nombreuses autres activités économiques et de loisirs (irrigation, tourisme, pêche, activités pédagogiques, sportives et ludiques de toutes sortes). Il peut ainsi amener les multiples usagers des rivières et des lacs à être confrontés aux risques liés au fonctionnement des installations hydroélectriques, notamment aux variations de débit des rivières et des cotes des plans d’eau.

Il m’apparaît que ces risques constituent aujourd’hui le point le plus sensible où l’occurrence des précurseurs de sûreté est la plus élevée (9 EISH/12 en 2017).

Sur ces trois axes, le groupe EDF a accumulé 70 ans d’expérience en matière de sûreté hydraulique et s’est doté d’organisations éprouvées, de procédures robustes et de compétences sans cesse renouvelées.

I 12 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Cette année encore, je mets en exergue quelques bonnes pratiques concernant le management et le pilotage de la sûreté hydraulique. Les bonnes pratiques notées dans le rapport 2016 restent, bien entendu, pertinentes à partager.

Le leadership• Des managers qui s’appuient et communiquent (de nouveau) sur des feuilles de route

sûreté affirmées (Unités de production Alpes, Méditerranée, Centre, Sud-Ouest, filiales Hydrostadium, NTPC, SHEMA).

• Le rééquilibrage du leadership sur les enjeux santé et sécurité au travail (SST) d’une part et sûreté d’autre part par l’alternance des sujets SST/sûreté dans l’animation hebdomadaire depuis début 2017 (GEH Aude-Ariège, Limoges, Loire-Ardèche, Service de réparation hydraulique).

Le pilotage• Des boucles de pilotage structurées (feuille de route > contractualisation > contrôle >

bilan > plan d’action) claires et affirmées, témoignant d’un pilotage engagé et exigeant dans un nombre croissant de sous-unités visitées (GEH Aude-Ariège, Limoges, Loire-Ardèche, Tarn-Agout, Service de réparation hydraulique).

• Une impulsion du contrôle interne repérable au GEH Limoges et au Service de réparation hydraulique.

• Un contrôle externe très important dans la filiale NTPC, en permanence sous le regard de panels d’experts mandatés par les autorités laotiennes, le consortium des banques et les assureurs.

FOCUS

Les points qui s’améliorent sur le management et le pilotageEn 2017, je constate que l’ensemble de la ligne managériale s’est de nouveau remobilisée pour reprendre le pilotage actif des progrès et des nouveaux objectifs à impulser dans les domaines de la sûreté hydraulique. Les Unités et les filiales inspectées en 2017 se sont dotées de feuilles de route sûreté et ont cherché à améliorer la contractualisation du domaine. Ces dernières années, le taux de fréquence des accidents du travail a focalisé l’attention (Tf agent de 3.8 à fin 2017). En évolution favorable, les managers ont su trouver un meilleur équilibre de leadership

entre, d’une part, les enjeux de prévention de la santé et sécurité au travail (SST) des intervenants et, d’autre part, les enjeux de sûreté où il faut sans cesse réaffirmer les exigences, alors même que les résultats opérationnels apparaissent satisfaisants depuis plusieurs années. Ma conviction est que la SST est, bien sûr, essentielle à l’intégrité et au respect des salariés ainsi qu’à la performance des métiers, ce qui n’empêche pas de donner toute sa place à la sûreté, tant un incident grave pourrait remettre en cause la légitimité du producteur hydroélectrique EDF.

Recommandations sur des points qui nécessitent une attention particulière

Exprimée en synthèse (page 5), la recommandation essentielle N°1 (promouvoir plus explicitement les progrès de sûreté hydraulique dans les impulsions managériales) illustrée de ces trois thématiques d’action (mieux contractualiser les ambitions de sûreté hydraulique avec les Unités, promouvoir une approche systémique de la sûreté via une

coopération renforcée entre exploitation-ingénierie-expertise, mieux capter, stabiliser et généraliser les bonnes pratiques innovantes souvent issues du terrain) doit nourrir la réflexion des différents niveaux de management sur le diagnostic et les voies d’amélioration que je propose, au sein de la DPIH et dans les filiales.

13 I

L’appropriation du retour d’expérience • Tenue d’un premier Forum sûreté au GEH Loire-Ardèche, conçu comme un outil de

partage d’expérience.

Des pratiques collaboratives • Une collaboration qui s’affirme entre les GEH (Limoges, Loire-Ardèche) et la filiale

Hydrostadium dédiée à l’ingénierie de la petite hydraulique.• Le Centre de conduite hydraulique Rhin (supervision de conduite), qui propose des

alertes pouvant impliquer la sûreté.• L’engagement très explicite du GMH Est au côté du GEH Rhin sur la sûreté hydraulique.

Des pratiques organisationnelles et managériales innovantes• Mise au point d’un journal de bord Maîtrise des risques opérationnels (MRO)

par Groupement d’usines favorisant la continuité des responsabilités lors des renouvellements des encadrants (GEH Aude-Ariège).

• La directive Affaires d’Hydrostadium, déclinaison des exigences POPAH de la grande hydraulique pour la petite hydraulique, avec sa méthode préconisant de partir de l’enveloppe globale des gestes et démarches puis de proposer des renoncements et simplifications argumentés.

• La méthode Analyse des risques affaires (ARA) d’Hydrostadium, qui stimule l’attitude interrogative et s’appuie sur une arborescence de questionnements adressant notamment la sûreté.

• La démarche Revue des exigences (RDE), pratiquée au Service de réparation hydraulique, où la reformulation des besoins est conduite avec beaucoup de soin et de rigueur.

• Des bilans sûreté par Groupement d’usines, qui se généralisent et sont challengés chaque année par les directeurs de GEH dans une revue spécifique de sûreté (GEH Limoges, Loire-Ardèche, Rhin).

La gestion des compétences• PREST’EAU, TUT’EAU : des formations terrain particulièrement pertinentes,

pragmatiques et appréciées (GEH Aude-Ariège, Tarn-Agout).• PROFEX : formations professionnalisantes développées notamment aux GEH Rhin

et Var-Roya ainsi qu’au Service de réparation hydraulique. • Analyse de risques et de défaillance « moyens et compétences » pour la gestion

des ouvrages en crue (GEH Aude-Ariège, Loire-Ardèche).• Le Livret de sensibilisation des agents à la sûreté, développé au Service de réparation

hydraulique, à la fois simple, adapté, de bonne facture et assorti de sessions pédagogiques pertinentes.

• Mise au point de courtes sessions pédagogiques, à usage des managers de terrain, reprenant les événements historiques de la culture sûreté DPIH (UPA).

Le management et le pilotage des enjeux de sûreté hydraulique

Équipe de chargés de conduiteau CCH de Toulouse (UP Sud-Ouest).© edf - Philippe GROLLIER

I 14 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Les indicateurs de résultats sûreté 2017Les indicateurs(6) de la maîtrise de la sûreté hydraulique sont satisfaisants en 2017. Aucune personne n’a été blessée, aucun bien d’autrui n’a été altéré par interférence d’activité avec les moyens de production d’EDF, ce qui est la finalité bien comprise de toutes les démarches de sûreté évoquées dans ce rapport.

Dans le référentiel de la DPIH, les précurseurs de sûreté recouvrent les ESSH (événement significatif de sûreté hydraulique) détectés par les exploitants, les ESSI (écart significatif de sûreté à l’ingénierie) détectés par les ingénieries et, de façon émergente, les ESSH-M (maintenance) détectés par les mainteneurs. La détection et l’analyse des précurseurs constituent

un champ d’application de l’attitude prudente et interrogative dont les hydrauliciens d’EDF ont fait un pilier de la culture de sûreté.

Plus de 3 800 ESSH ont été détectés en 2017, en augmentation régulière ces dernières années, soulignant l’attention soutenue et renouvelée des exploitants de terrain à la sûreté. Je note avec satisfaction que cette détection, examinée sur les dix dernières années, ne montre aucun fléchissement au moment du très important renouvellement générationnel. Ces ESSH sont essentiellement de niveau 0 (sur une échelle de gravité de 0 à 6) : il s’agit de vrais précurseurs n’ayant entraîné aucune conséquence (base de la pyramide).

La retenue et la digue du barrage de la centralehydraulique d’Ambialet(GEH Tarn-Agout, UP Sud-Ouest, UPSO, GU Saut-de-Sabo). © edf - Jean-Marie TADDEI

15 I Les indicateurs de résultats sûreté 2017

(6) Indicateurs au périmètre DPIH + SEI.

0

40

80

120

160

200

250

300

2010

2011

2012

ESSI

2013

2014

2015

2016

2017se

pt.

53

80 85 93

117

87

176

244

32 ESSH de niveau 1 ont été enregistrés (25 en 2016, 43 en 2015). Ils correspondent à des écarts avérés, aux conséquences néanmoins très faibles.

Plus de 240 ESSI (écart significatif de sûreté à l’ingénierie) ont été enregistrés par les deux Unités d’ingénierie en 2017 (197 au CIH, Centre d’ingénierie hydraulique, et 47 à la DTG, Division technique générale). La filiale Hydrostadium commence à produire quelques ESSI (15), signe de son implication

dans la culture sûreté. Le référentiel de détection est à présent stabilisé dans les deux Unités (DTG et CIH). Ce chiffre progresse régulièrement depuis la création de cet indicateur en 2010. L’affirmation de l’attitude interrogative et la transparence de la culture des écarts semblent à présent acquises. Les analyses (10 % des ESSI) établies pour ces événements commencent à aboutir à des actions pertinentes alimentant les boucles d’améliorations continues.

I 16 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

A B C D S

A : Atteintes aux personnes

B : Atteintes aux biens

C : Cotes non maîtrisées

A : Débits non maîtrisés

A : Situations non sûres

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

455

2 928

36128134

Ventilation des ESSH par nature

2013

2014

2015

2016

2017

0

5

10

15

20

25

2012

Jaune

Orange

Rouge

25

1719

23

1011

3

01

01

01

00 0 0 0

Zoom sur les EISH

Les EISH (événement important pour la sûreté hydraulique) sont des précurseurs classés par l’administration selon trois niveaux (jaune, orange, rouge) définis réglementairement par les décrets de 2007 et de mai 2010 (cf. Annexes). Les PSH (précurseurs de sûreté hydraulique) constituent un type de précurseurs en lien avec les EDD (études de danger) des barrages.

La baisse très significative du nombre d’EISH enregistrée en 2016 se confirme en 2017 avec 12 EISH (dont zéro pour SEI). 11 EISH ont été classés par les DREAL(7) en niveau jaune, et un en niveau orange.

Analyse de ces précurseurs

Les ESSH et ESSI sont analysés à trois niveaux. • Un premier niveau où les analyses (dites N0) sont faites par les exploitants locaux des Groupements

d’usines (GU) concernés et enregistrées sur l’outil SILEX. • Un deuxième niveau, déclenché sur demande du management des Groupes d’exploitation hydraulique (GEH),

où ils font l’objet d’une analyse plus approfondie (dite N1), généralement avec l’appui d’ingénieurs risques formés. Ces analyses sont partagées en CODIR de sous-unité et, fréquemment, d’Unité de production.

• Enfin, quelques événements font l’objet d’une attention nationale (analyse type N2 incluant un volet socio-organisationnel et humain) : un événement de ce type survenu fin 2017 est en cours d’analyse.

(7) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

17 I

Sur ce thème des précurseurs, je propose deux recommandations.

1. La baisse continue du nombre d’analyses N1 (350 en 2016, 60 en 2017) nécessite un sursaut critique de l’ensemble du management. Il convient de revisiter et redynamiser sans tarder le recueil et l’analyse des précurseurs en exploitation à la fois sur la pertinence de leur détection et sur les analyses de leurs causes et conséquences. Cela suppose sans doute d’accompagner les plus jeunes hydrauliciens par des formations appropriées.

2. Traiter et analyser à part les ESSH relevés sur les installations de la petite hydraulique pour mieux en caractériser le modèle sûreté.

0

100

200

300

400

500

600

700

800

Auto

Télé

com

Vann

es

Barra

ges

Canau

x CF

Galerie

s

768690

524

488

226

142

49

Ventilation des ESSH selon les principales familles de matériel

Seules les analyses N1 et N2 alimentent clairement les boucles d’améliorations de sûreté au sein des entités. La baisse en 2017 du nombre d’analyses N1 à la DPIH est à regarder (< 60). Ce nombre correspond à moins de 3 % des ESSH. La dynamique d’analyses à l’ingénierie et à SEI (10 %) reste satisfaisante. Comme en 2016, j’ai noté, lors de mes inspections, que la sélection des événements type N1 gagnerait à être plus explicite et plus homogène dans ses critères. Cette catégorie recouvre les ESSH > 0 et les ESSH de type C0(8) ou D0(9) ainsi que des précurseurs jugés « porteurs d’enseignements » par le management local. La pratique émergente de distinguer les ESSH subis de ceux détectés me semble porteuse d’un progrès sur le sens. Une Unité a fait émerger des ESSH « remarquables ».

(8) Cote réelle non conforme à la cote souhaitée.

(9) Débit non souhaité sans dépassement des limites définies dans la consigne.

Les indicateurs de résultats sûreté 2017

I 18 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La surveillance et la maintenance du patrimoineSurveillance des ouvrages : rigueur et vigilance

La surveillance des performances nominales de tenue des structures dans le temps vise à repérer toute évolution pouvant conduire à la rupture, partielle ou totale, des ouvrages. Ces risques sont d’occurrence faible à très faible. Pour autant, les conséquences seraient très graves au niveau de la sécurité publique et sans nul doute très dommageables pour la légitimité et l’image du groupe EDF, premier producteur hydroélectrique français.

Les six familles d’ouvrages les plus sensibles vis-à-vis de ce risque (barrages, galeries, canaux, écluses, conduites forcées et vannes) font l’objet :

• de visites périodiques réalisées par les exploitants et de mesures régulières d’auscultation qui alimentent les bases de données de suivis techniques (datant de plus de 60 ans pour certaines),

• et d’analyses de réévaluations périodiques effec-tuées par les experts de l’ingénierie d’EDF.

L’organisation et les procédures, encadrées par la réglementation et par les règles internes du référentiel de sûreté hydraulique d’EDF, constituent un ensemble robuste qui continue à donner confiance dans la maîtrise de cet aspect de la sûreté par tous les hydrauliciens d’EDF.

Galeries de circulationsous le barragede Vieux-Pré (UP Est, GEH Rhin).© edf - David QUEYREL

19 I

Je formule toutefois deux recommandations pour progresser dans la surveillance des ouvrages.

1. Le décret réglementaire de 2007 a fait émerger, pour les barrages, un nouveau type de précurseurs de sûreté hydraulique (PSH) issus de l’analyse fonctionnelle. Absente du référentiel interne d’EDF, cette notion de PSH impose de bien s’approprier les barrières de défense vis-à-vis des risques explicités dans les études de danger (EDD). L’efficacité opérationnelle attendue de cette nouvelle notion doit s’appuyer sur une meilleure appropriation des EDD et des PSH par les exploitants de terrain. Les premiers efforts pédagogiques entrepris sur ce point, portant à la fois sur le sens et sur les modes opératoires, sont à amplifier et à généraliser.

2. Les Plans particuliers d’intervention (PPI), recueils des parades ultimes, sont à la main des autorités en cas d’avaries graves sur les barrages de grande capacité. Les premiers éléments du retour d’expérience (REX) de l’évacuation de 200 000 personnes à la suite de l’incident du barrage d’Oroville aux États-Unis en février 2017 montrent l’efficacité des réseaux sociaux dans cette situation d’urgence. Ce REX pourrait être mis à profit conjointement par les services de l’État et EDF pour réexaminer et moderniser les parades conçues dans le cadre du décret de 1970.

La surveillance et la maintenance du patrimoine

I 20 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La surveillance s’exerce également par la bonne gestion des alarmes techniques équipant les installations. Cette chaîne de surveillance s’appuie sur des capteurs d’acquisition de données embarqués dans les ouvrages et sur l’ensemble de la chaîne de télétransmission des informations et de gestion des renvois d’alarme à destination des exploitants d’astreinte. Les capteurs et les systèmes d’acquisition sont sous contrôle direct des exploitants. Les liaisons interautomates et les systèmes de télétransmission et d’alarme sont, pour leur conception et leur maintenance, sous maîtrise d’œuvre historique de la filière télécom du Groupe aujourd’hui abritée dans l’UNITEP(10) de la Division d’appui industriel à la production (DAIP) d’EDF. Une centaine de salariés de cette unité assurent quotidiennement ces services pour le compte des exploitants hydrauliciens. Ce domaine télécom constitue un relatif angle mort du périmètre technique des exploitants et génère 10 % des ESSH. Nombre d’exploitants expriment une certaine résignation devant leur récurrence.

Maintenance du patrimoine de production : clairvoyance et constance

En aval du processus de surveillance se situe l’ensemble du processus de maintenance en conditions opérationnelles (MCO) des Ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique (OMISH). S’y ajoutent les mises à niveau des performances attendues de sûreté résultant de l’évolution technique des règles de l’art (mises à niveau des contrôles-commandes, connaissance des matériaux, enseignements des modèles numériques actualisés, etc.) ainsi que les évolutions de la réglementation (crues de projet, séismes, etc.).Presque partout lors de mes inspections en 2016 et 2017, j’ai pu mesurer le cumul effectif des améliorations apportées ces dix dernières années aux ouvrages présentant les risques de sûreté les plus importants (en lien avec le programme Superhydro notamment). En 2017, j’ai été particulièrement attentif aux nombreux barrages qui ont fait l’objet d’une réévaluation de leur capacité de passage des crues, souvent assortie de travaux importants (cf. chapitre V). Cette maintenance, qui s’accompagne souvent de redimensionnements, s’appuie et prend ses arbitrages sur la démarche des six principales familles du patrimoine(11) pour lesquelles les exploitants et les experts internes établissent, ouvrage par ouvrage, une note d’état et de criticité sous l’angle de la sûreté (note Urgence sûreté). Les travaux sont ensuite programmés et, en attendant leur achèvement, des dispositions provisoires sont élaborées et mises en œuvre (DMP pour « dispositif et moyen particulier »).

Un engagement financier au service de la sûreté maintenu ces dernières années.La maintenance du patrimoine de production, à finalité de sûreté, s’est poursuivie de façon résolue en 2017. La part des budgets (Opex + Capex) qui y sont consacrés (> 130 M€ pour la sûreté en 2017) dans l’enveloppe globale de maintenance apparaît stable pour un volume de dépenses affecté à l’ensemble de la maintenance (hors développement) stable également autour de 400 M€.En 2017, la DPIH s’est dotée d’un outil pour suivre les dépenses affectées à la petite hydraulique (PAH). Les résultats dans la durée seront un marqueur pertinent de l’engagement de la DPIH sur ce segment d’actifs.

Je formule deux recommandations sur le chapitre des télécoms

d’exploitation.

1. La DPIH, s’appuyant sur l’UNITEP, doit se donner une ambition forte sur la qualité et la fiabilité des télécoms d’exploitation, par nature composantes importantes de la sûreté.

2. La DPIH a récemment décidé de confier au tandem UNITEP/Hydrostadium, la maîtrise d’œuvre des prestations télécom pour la petite hydraulique (PAH). Cette décision était très attendue par les exploitants qui voyaient leur système frappé d’obsolescence. Les déclinaisons opérationnelles de cette décision devront continuer de garantir les mêmes exigences de sûreté que pour le segment de la grande hydraulique.

(10) Unité nationale systèmes d’information et télécom d’exploitation du producteur.

(11) Barrages, galeries, canaux, écluses, conduites forcées et vannes.

21 I

La démarche OMISH à améliorer sur le sens et sur le fond. Les insuffisances des processus de maintenance des OMISH relevées dans le rapport 2016 se sont confirmées tout au long des inspections des entités réalisées en 2017. Aucune inflexion n’est encore perceptible ici ou là. Pour ces raisons, les recommandations faites en 2016 sur ce chapitre demeurent et j’ai choisi de les remonter dans la liste des quatre recommandations essentielles mises en exergue au début de mon rapport 2017 (cf. recommandation N°3 de la synthèse).

Depuis dix ans, la démarche OMISH a été bâtie afin de garantir, je cite : « une attention particulière en termes de conception, d’exploitation et de maintenance » (doctrine X-DR-03-03) à des ouvrages et matériels identifiés comme importants pour la sûreté hydraulique.

Concernant l’attention particulière à opérer sur ces matériels, la démarche est aujourd’hui clairement à relancer.

En premier lieu, la qualification MISH doit garantir la priorisation des actions de maintenance. Les taux de réalisation moyens s’établissent à moins de 80 %, pratiquement sans contraste avec l’ensemble de la maintenance. En second lieu, les gestes spécifiques à intégrer au processus de maintenance, qui avaient été prescrits dans le passé sur ces matériels, ont été progressivement généralisés à l’ensemble du matériel (notamment pour la requalification et l’analyse de risques). Pour continuer à démarquer les pratiques sur les OMISH, il conviendrait de redéfinir des gestes et des actions réellement spécifiques (cadences de surveillance, gestes techniques de maintenance courante, gestion des renoncements, contrôles des protections différenciés, prescriptions spécifiques à inclure au cahier des charges des prestataires, etc.).

Je renvoie à la recommandation N°3 de la synthèse (cf. page 8) :• Garantir que les choix d’arbitrage aboutissent

effectivement à 100 % de maintenance sur les OMISH (aujourd’hui 80 %) et que les écarts résiduels sont tracés et traités en écarts de sûreté.

• Définir et mettre en œuvre des exigences techniques spécifiquement renforcées pour la maintenance des OMISH.

• Entourer les gestes de maintenance des OMISH de pratiques de fiabilisation adaptées (minute d’arrêt, prejob briefing, etc.).

Je recommande que la part de la maintenance affectée à la sûreté soit

explicitement pilotée dans les indicateurs de la DPIH.

J’ajoute, comme en 2016, une recommandation sur l’étiquetage des MISH.

Terminer l’étiquetage in situ des MISH.

Une voie de progrès consisterait à ce que cet étiquetage renvoie aux fonctions de sûreté couvertes par le matériel considéré. Rappelons qu’il s’agit d’une défense en profondeur assez simple visant notamment à mieux sécuriser les interventions des prestataires externes et des jeunes exploitants ainsi que les interventions en astreinte.

Relevé et contrôle de débitpar le technicien d’exploitation,

barrage de Vieux-Pré, UP Est, GEH Rhin.© edf - David QUEYREL

La surveillance et la maintenance du patrimoine

I 22 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Les premières améliorations constatées en 2017 concernant la dynamique de la démarche DMP sont à amplifier.Le nombre de DMP (dispositif et moyen particulier en attendant l’achèvement des travaux), attendu à la baisse comme le résultat d’une politique de maintenance volontariste, commence à décroître de nouveau pour atteindre 480 fin 2017 (525 fin 2016, et plus de 950 en 2007 lors du lancement de la démarche). En dynamique, une centaine de DMP ont été levés cette année cependant qu’une soixantaine de nouveaux DMP sont apparus.

Lors de mes inspections des entités d’exploitation en 2016 puis en 2017, je me suis attaché à examiner la plupart des fiches DMP. D’un GEH à l’autre, le nombre de DMP varie de 1 à 6. Globalement, j’en viens à réitérer mon analyse des causes ainsi que les recommandations techniques du rapport 2016 en ajoutant un axe managérial de contractualisation précisé dans la RECO 1 de synthèse. Mes observations 2017 confirment la permanence (à quelques exceptions près) de deux causes, l’une méthodologique et l’autre circonstancielle.

D’abord, un dévoiement méthodologique, où l’on s’aperçoit que, par le passé, les notes de criticité sûreté maximum (US3) ont été largement attribuées pour stimuler les priorisations de maintenance. Les décideurs n’ont logiquement pas donné suite à une partie de ces demandes sur le fond injustifiées mais qui, pour autant, n’ont pas été levées par les responsables d’exploitation. Ainsi, les DMP ont tendance à demeurer actifs de longues années, sans réelles perspectives de résolution.

Ensuite, un report circonstanciel d’opérations de maintenance pour les ouvrages devant basculer à partir de 2017 dans le modèle des aménagements de petite hydraulique (PAH). La DPIH a structuré mi-2017 un projet PAH pour opérer ces mutations dans le plus bref délai.

Au-delà, en termes de responsabilité, la démarche DMP, par la mise en place de dispositions transitoires, ne permet en général pas de garantir, dans la durée, la couverture totale des fonctions de sûreté. D’où la nécessité d’expliciter le risque résiduel et les moyens complémentaires à mettre en œuvre. Sur ces deux points, le manager responsable d’exploitation engage sa responsabilité en signant la fiche DMP.

Je recommande aux managers d’exploitation, en s’appuyant sur

l’ingénierie hydraulique, de s’accorder sur les notes US3 pour parvenir à une liste resserrée des DMP nécessaires.

Cela a déjà été réalisé dans quelques GEH.

Je recommande aux managers d’exploitation de mieux marquer

un point d’arrêt sur cette signature, via un dialogue plus explicite et plus contradictoire avec les Missions d’appui des Unités de production, les mainteneurs et l’ingénierie, afin de mieux circonscrire cette notion de risque résiduel.

23 I

Bonnes pratiques relevées en 2017

La surveillance• Une attention surveillance des ouvrages (SDO) très soutenue au barrage de Vieux-Pré,

un des barrages EDF les plus auscultés, avec le formalisme très bienvenu des « fiches anomalies » (GEH Rhin).

• Le remarquable entretien général des digues du canal du Rhin et de leurs abords compte tenu du linéaire concerné. Les actions de surveillance, particulièrement d’inspection visuelle, y gagnent d’autant plus de pertinence (GEH Rhin).

• Un processus de surveillance des conduites forcées (Appui opérationnel conduites forcées, AOCF) pleinement opérationnel (GEH Aude-Ariège, Tarn-Agout) ou en très bonne voie (GEH Var-Roya).

• Une méthode rigoureuse du suivi cartographique de l’état de corrosion et d’endommagement des portes d’écluses (GMH Est).

• Une application SmartSDO, sur smartphone, codéveloppée avec la filière RH permettant à l’agent effectuant sa tournée SDO de pouvoir joindre en ligne (de façon instantanée) le référent SDO du GU (GEH Var-Roya).

La maintenance• Une application bien comprise des requalifications, avec une présence permanente

des mainteneurs aux côtés des exploitants, depuis les points zéro avant intervention jusqu’aux requalifications fonctionnelles. Les attendus quantitatifs explicitement chiffrés sont définis dans les fiches de requalification, assortis des tolérances admissibles (GMH Est).

• L’utilisation récente des données du Centre régional d’e-exploitation (CREEX) pour les points zéro de fonctionnement avant incident (GMH Est).

• Pour les soudures à effectuer sur les MISH, validation préalable systématique du procédé par la DTG, Division technique générale (GMH Est).

• La bonne dynamique et compréhension de la démarche DMP, avec environ 10 DMP patrimoine aujourd’hui : entrées/sorties, sens, partage des responsabilités avec le directeur technique de l’Unité de production (GEH Aude-Ariège, Tarn-Agout).

• La démarche d’analyse fonctionnelle et la pratique d’analyses de défaillances appliquée aux OMISH (Hydrostadium).

• L’explicitation des risques résiduels de sûreté après travaux, quand tout ne peut être atteint (Hydrostadium).

• Un chantier de maintenance d’une vanne à flotteurs et contrepoids à Saint-Marc, où toutes les matières enlevées ou ajoutées sont rigoureusement pesées pour garantir la cinématique de la vanne (GEH Limoges).

• Des pratiques de fiabilisation et des contrôles de conformité supplémentaires associés au traitement des OMISH (Service de réparation hydraulique).

FOCUS

La surveillance et la maintenance du patrimoine

Barrage de Roselend,Unité de Production Alpes (GEH Savoie Mont-Blanc).© edf - Julien GOLDSTEIN

I 24 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des cruesLa DPIH n’a pas eu à subir de crue significative en 2017, dans un contexte généralisé de faible hydrologie sur la plupart des bassins-versants (déficit en débit atteignant des fréquences jusqu’à 50 ans sur certains bassins-versants des Alpes et du Sud-Est). Globalement, dans les exploitations inspectées, je note que l’attention aux risques liés au passage des crues sur les barrages reste à un niveau de maîtrise élevé.

Au niveau international, l’année a été marquée par plusieurs épisodes marquants pour les exploitants de barrages, notamment par l’épisode de crue au barrage d’Oroville en Californie (États-Unis) en février 2017. Les autorités ont dû déclencher l’évacuation de 200 000 habitants. La transparence du retour d’expérience sur un des plus importants barrages américains et la clarté des conclusions auxquelles les analyses ont abouti sont à souligner. De nombreuses insuffisances ont été révélées : elles concernent à la fois la conception, les contrôles lors de la construction et la maintenance de ces installations réalisées dans les années 60. La capacité effective des autorités américaines à évacuer en un week-end 200 000 riverains à l’aval mérite un retour d’expérience spécifique. Rappelons que les défaillances dans la maîtrise des barrages en crue représentent la moitié des incidents graves affectant les barrages dans le monde.

EDF poursuit, à un rythme soutenu ces douze dernières années, ses études et travaux de réévaluation concernant la capacité effective d’évacuation des crues sur ses barrages. J’ai été frappé, dans mes inspections en 2017, du nombre de barrages dont les évacuateurs ont été réétudiés, voire recalibrés ces dernières années, en application des règles et doctrines de la DPIH. Cette dynamique

résulte d’une part de l’accumulation, dans le temps, de données hydrologiques permettant de disposer de chroniques plus profondes, d’autre part du constat et de l’intégration d’événements extrêmes plus nombreux en lien avec l’évolution climatique désormais reconnue. Inspectés en 2017, les barrages de Labarre, Campauleil (GEH Aude-Ariège), La Raviège, Record, Ponviel (GEH Tarn-Agout), Malarce, Gage (GEH Loire-Ardèche), Saint-Marc (GEH Limoges), Breil (Var-Roya), Nakaï et Reg Dam au Laos (NTPC) ont ainsi fait l’objet de travaux, parfois très importants.

25 I

Barrage de Villefort lors de la crue (GU du Chassezac, GEHLoire-Ardèche, UP centre).© edf - Patrice DHUMES

S’ajoutant à la maintenance courante et programmée des évacuateurs de crue, ces travaux sont des éléments d’assurance qui permettent d’écarter une transposition directe des causes incriminées ayant pu conduire à l’incident marquant d’Oroville aux États-Unis.

Le principe de gestion des barrages en crue est que chaque barrage ne doit pas accentuer, en termes de débit et de gradient de débit, les valeurs entrantes en queue de retenue. Autrement dit, le barrage doit être,

au pire, neutre par rapport aux entrants naturels de la crue. Dans la pratique, les barrages exercent souvent un effet bénéfique pour les territoires situés à l’aval (laminage, déphasage, etc.). Pour transiter les débits de crue, ils disposent d’évacuateurs de crue (EVC), statiques et/ou vannés. Dans le présent chapitre, les vannes sont examinées sous l’angle de leur fonction sûreté de passage de crue. Le risque que ces vannes constituent par ailleurs, sous l’angle des débits à l’aval en dehors des crues, est traité au chapitre VI (risque sûreté MVD, maîtrise des variations de débit).

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

I 26 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Les barrages capacitifs : des crues extrêmes à garder en mémoire

Il s’agit des barrages dont la retenue, importante en volume et souvent située en altitude, exerce une action de laminage significative des hydrogrammes de crue entrants. Autrement dit, ce sont les barrages où la retenue ne passe pas en écoulement torrentiel lors des épisodes de crue. Sur ces ouvrages, les évacuateurs sont en général pilotés manuellement par des exploitants en quart. Les exploitants sont entraînés, recyclés et habilités au moyen de l’outil de simulation SIMBA. Tous ces ouvrages ont été réexaminés dans le cadre des 237 EDD (études de danger) issues de la réglementation de 2007 et les travaux nécessaires ont été engagés ou le seront. Concernant ces ouvrages, les épisodes de crue significative (entraînant un déversement ou nécessitant une ouverture en grand des EVC) sont rares et souvent antérieurs à la mémoire des exploitants présents. D’où une perception souvent optimiste quant à l’occurrence de crues extrêmes à la fois chez les exploitants et chez les parties prenantes externes.

Le cas du barrage de Nakaï, détenu et exploité par Nam Theun 2 Power Company (NTPC, EDF 40 %) au Laos, peut être souligné. Ce barrage a été mis en service en 2010 et la situation au Laos ne pouvait pas garantir que l’ingénierie disposât de tous les éléments pour approcher parfaitement les statistiques de crue. Survenue en 2011, une crue de fréquence 500 ans a conduit les hydrologues d’EDF à reconsidérer la crue de projet à la hausse. La solution a consisté à tirer parti de la surface très importante de la retenue pour permettre un effet de laminage maximum sans qu’il soit nécessaire de redimensionner les évacuateurs de crue. La consigne de crue a été modifiée en conséquence.

Les barrages mobiles en rivière (BMR) : des fonctions de sûreté parfois antagonistes

Ces barrages s’effacent (hydrauliquement), totalement ou partiellement, lors des épisodes de crue. Les vannes des évacuateurs de crue cumulent souvent plusieurs fonctions : passage effectif des débits de crue, stabilité du barrage en maintenant la cote de la retenue sous la cote PHE (des plus hautes eaux), régulation du plan d’eau hors crue, report des débits usiniers, gestion des lâchers d’eau et des débits réservés, lâchers d’eau à finalité

touristique, etc. Pour assurer toutes ces fonctions, ces vannes sont généralement pilotées par des APB, automates programmables de barrage. Concernant la sûreté, certaines de ces vannes assument deux fonctions, parfois antagonistes : s’ouvrir en crue pour l’évacuer et surtout ne pas s’ouvrir hors crue pour ne pas augmenter soudainement le débit à l’aval du barrage. Ces dernières années, aucune anomalie n’a été relevée en crue.

La traçabilité indispensable des gestes et des mesures lors des crues

Lors de mes inspections, j’ai noté que les consignes de crue ont été, ces dernières années, progressivement actualisées sur le fond et réécrites pour en harmoniser la forme. Les exploitants conduisent les ouvrages en crue en respectant strictement ces consignes, et il apparaît essentiel qu’ils puissent le démontrer a posteriori car les dégâts naturels occasionnés par le passage des crues aux abords des rivières sont souvent importants et les exploitants auront immanquablement à rendre des comptes.

Je recommande que les exploitants se réapproprient, lorsqu’ils existent, les comptes

rendus des crues historiques passées sur les barrages capacitifs, à l’aune notamment des consignes actuelles.

Je recommande que les exploitants puissent, de façon effective, assurer la

traçabilité d’une part de leurs gestes en crue, d’autre part des mesures des débits en application des consignes de leurs ouvrages.

27 I

Je recommande aux exploitants de régulièrement communiquer en dehors

des épisodes de crue. Ils doivent porter aux élus et aux parties prenantes les éléments de connaissance technique et de pédagogie qu’ils détiennent sur la gestion des ouvrages.

L’information des parties prenantes

Les populations vivant ou ayant une activité aux abords des rivières sont de plus en plus nombreuses et, surtout, de plus en plus sensibles aux conséquences potentielles des crues. Par sa connaissance de ces phénomènes et de leurs impacts sur les ouvrages, l’exploitant hydraulique EDF est un vecteur d’information écouté et reconnu. Lors des épisodes de crue, les élus et les responsables des services civils sont naturellement en première ligne, assumant leurs responsabilités d’annonce aux populations et de gestion des crues.

Bonnes pratiques relevées en 2017

La clarification des ressources nécessaires pour le passage des crues au Groupement d’usines de Ferrières (GEH Aude-Ariège) par une analyse de risques formalisée. Démarche d’explicitation similaire en cours au Groupement d’usines du Chassezac (GEH Loire-Ardèche).Une posture des mainteneurs du GMH Est très engagée auprès de leurs collègues exploitants au moment du passage des crues. Ainsi, ils interviennent régulièrement, pour assister l’exploitant sur les manœuvres mais aussi sur toute avarie mécanique touchant des OMISH (GMH Est).

FOCUS

La sûreté et la gestion des ouvrages au passage des crues

Barrage de Villefort lors de la crue (GU du Chassezac, GEHLoire-Ardèche, UP centre).© edf - Patrice DHUMES

I 28 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

La sûreté d’exploitation hors crueTroisième champ de la sûreté hydraulique, la sûreté d’exploitation hors crue regroupe les risques liés aux variations des débits des rivières consécutifs aux manœuvres d’exploitation (arrêts/démarrages des groupes, ouvertures/fermetures des vannes de barrage ou de prise d’eau). Ces manœuvres sont soit automatisées, soit manuelles. Se rangent également dans ce champ les risques aux abords des plans d’eau et des canaux lors des variations provoquées de cote ou de débit.

L’accumulation des précurseurs de sûreté (ESSH), en lien avec ces risques, continue d’attirer l’attention. Ainsi, chaque année, une à deux vannes de barrage (ou de prise d’eau) s’ouvrent de façon intempestive, ou non maîtrisée, sans heureusement créer de victimes ni de dégâts, ces dernières années. Les événements important de sûreté hydraulique (EISH) liés aux problématiques de risques en rivière représentent 80 % des déclarations à l’administration. De plus, l’épisode de juillet 2017, lié à la présence d’une classe

d’enfants dans une rivière à l’aval d’une prise d’eau où l’exploitant se préparait à ouvrir une vanne de vidange, illustre la vulnérabilité potentielle de nos défenses de sûreté sur ce registre. Heureusement, cet épisode a été tout à fait maîtrisé, l’exploitant ayant inspecté la rivière à pied selon la consigne, avant d’entreprendre sa manœuvre.

Cette situation qui perdure m’a incité à recommander de renforcer les défenses en profondeur face aux risques en rivière à l’aval des installations hydroélectriques (cf. recommandation N°2 en synthèse du rapport page 7) et à préconiser trois actions :• Promouvoir une approche coresponsable des

derniers sites critiques.• Clarifier et hiérarchiser les expressions de

besoins d’automatisme en donnant la priorité aux fonctions de sûreté.

• Renforcer partout la connaissance des rivières par les exploitants (notamment les plus jeunes) et des conséquences potentielles du fonctionnement des installations hydrauliques.

Barrage de Breil-sur-Roya,Alpes-Maritimes.© edf - Fabrice ARFARAS

29 I

La démarche de criticité des tronçons de rivières : attitude interrogative et démarche de coresponsabilité

Après l’accident du Drac en 1995, tous les tronçons de rivière exposés à ces risques ont été analysés selon la méthode « dite de criticité », développée alors par la Division technique générale d’EDF. La criticité d’un site (cotée de 1 à 5) traduit le risque résiduel après la mise en place effective de parades opérantes sur deux axes :

• l’un technique, visant à réduire la dangerosité potentielle des variations de débit ou de cote des plans d’eau. Ces parades (gradients contrôlés, placement de ces variations) se traduisent par des consignes transcrites le plus souvent dans les automatismes des ouvrages concernés et intégrées dans les manœuvres spécifiques d’exploitation hors automatismes (manuelles),

• l’autre sociologique, visant à actualiser sans cesse la connaissance des multiples usages de l’eau aux abords des ouvrages hydroélectriques pour aboutir à des parades types : conventionnement en rivières, arrêtés restrictifs (préfectoraux ou municipaux), actions pédagogiques dans les écoles et les lieux touristiques, présence active des hydroguides en périodes de vacances, réorientations des pratiques en lien avec les parties prenantes.

Tous les trois ans environ, les exploitants réexaminent ces parades et actualisent les cotations de criticité. Cela procède d’une bonne posture interrogative. Afin d’étayer l’approche, ils réalisent régulièrement des essais d’écoulement dans les rivières, souvent en pré-sence des parties prenantes.

Les sites classés 4 et 5 sont considérés comme critiques. Ils ont fait l’objet d’un traitement rigoureux ces dix dernières années. On en dénombrait 145 en 2005. Ce chiffre s’est réduit à 45 en 2008, puis à 19 en 2011. À ce jour, malgré les réflexions, les études et les parades souvent conséquentes réalisées par les exploitants avec le soutien de l’ingénierie intégrée, 6 demeurent classés 4 et 5, auxquels le site de La Rance doit être ajouté (bien que de nature un peu différente). Logiquement, les derniers sites « qui résistent » sont, par nature, les plus difficiles à traiter. Il apparaît impératif de réduire effectivement au plus vite la criticité de ces derniers sites, plus de 15 ans après leur premier classement.

Plus qu’une solution technique, ma conviction m’amène à

recommander la méthode de résolution mise en œuvre avec succès au GEH Tarn-Agout sur les sites des Avalats et de l’aval Montahut. Cette méthode s’organise en deux temps.

1. D’abord clarifier le partage des responsabilités potentielles avec les parties prenantes (collectivités locales, riverains et usagers, associations, etc.) et les amener à comprendre qu’EDF n’est pas forcément responsable de tout et, qu’en cas d’accident, les recherches en responsabilités seraient plus larges (comme le confirme la jurisprudence Drac). Ce travail doit se faire sous le pilotage de l’autorité préfectorale (en général la sous-préfecture), autour d’une table ronde où EDF est une partie prenante comme les autres.

2. Après cela, ces mêmes acteurs sont plus enclins à proposer, élaborer et financer ensemble avec EDF les parades appropriées.

La sûreté d’exploitation hors crue

I 30 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Une telle démarche, qui peut nécessiter de la persévérance, ne peut pas être laissée à l’initiative des Groupements d’usines : elle doit être pilotée au niveau du GEH avec l’appui des missions territoriales et le back-office technique de l’ingénierie intégrée d’EDF.

J’ajoute une troisième recommandation concernant le panneautage aux abords des rivières, des sites critiques notamment, développé par EDF pour informer le public, l’inciter à la prudence, voire restreindre les accès (en lien avec des arrêtés publics). Le cumul et la superposition de ces panneaux au fil des campagnes successives conduit souvent à produire un message brouillé et place même parfois le public devant des injonctions contradictoires (cf. photo ci-après).

Clarifier et hiérarchiser les expressions de besoins d’automatisme des fonctions de sûreté

En 2017, j’ai eu l’occasion d’examiner certains des incidents qui ont marqué les dernières années (Kembs en 2013, La Saulce en 2014, Ausson en 2015, Mauzac, etc.). Les automatisations récentes du barrage/prise d’eau de Courbaisse et du barrage de Labarre sont également sources d’enseignements. Je pense qu’incriminer les automatismes constitue un diagnostic insuffisant et que l’automatisation des fonctions des barrages illustre pleinement la nécessité d’une compréhension systémique du fonctionnement de ces ouvrages.

Les barrages portent de multiples fonctions liées à la production électrique, au multi-usage de l’eau et aux exigences environnementales (débits réservés, irrigation, activités sportives, fonctionnement des passes à poissons), à la réglementation (droit de l’eau) et, bien sûr, aux exigences de sûreté hydraulique (cote maximum, passage des crues, gradient de variation des débits à l’aval, etc.). Toutes ces fonctions sont opérées souvent par les mêmes organes (vannes de barrage en particulier) et les mêmes automates, dans une architecture non différenciée. Toutes ces fonctions constituent le cahier des charges transmis aux automaticiens de l’ingénierie, qui ne sont généralement pas des exploitants chevronnés. Dans les exemples que j’ai examinés, les fonctions à automatiser ne sont en général pas hiérarchisées et, par voie de conséquence, l’automatisme est amené à gérer de front l’ensemble de ces fonctions avec le risque de conflit entre certaines fonctions, voire de choix impossibles ou inappropriés.

En complément, sur ce problème des sites critiques,

je réitère deux recommandations du rapport 2016.

1. Les exploitants de ces sites doivent assurer une meilleure traçabilité des mouvements d’eau (débits, gradients, durée, etc.) pour pouvoir démontrer a posteriori le respect strict des consignes d’exploitation.

2. Ils pourraient aussi davantage tracer les réflexions engagées, les études effectuées, les essais réalisés afin de pouvoir montrer, voire démontrer a posteriori, les efforts faits en matière de sûreté (cf. bonne pratique relevée en 2016 GEH Savoie Mont-Blanc).

Je recommande de simplifier et clarifier les messages destinés au public. Il s’agit

notamment de les hiérarchiser : d’abord affirmer fortement et sans ambiguïté les interdictions, ensuite donner à comprendre les éléments de contexte.

Panneaux sur les rives de la Siagne, GEH Var-Roya. © edf

31 I

De plus, l’architecture actuelle de ces automatismes conduit les exploitants et aussi les contrôleurs électriques à devoir intervenir dans le cadre de la maintenance courante, sans précaution spécifique en lien avec la sûreté. Ainsi, de simples changements de pile d’horloge, de contrôle de positionnement de capteurs ou de contrôle de chaînes fonctionnelles ont pu conduire à des incidents de manœuvres intempestives de vannes (par exemple à Salvages en 2016, Venthon en 2015, La Saulce en 2014).

Conforter la connaissance des rivières par les exploitants, surtout les jeunes

Les conséquences potentielles des différentes manœuvres des installations hydroélectriques s’exercent parfois plusieurs kilomètres à l’aval des installations. Les exploitants doivent entretenir une parfaite connais-sance de ces conséquences.Mes échanges sur le terrain et quelques événements importants pour la sûreté hydraulique (EISH) récents, comme à Brassac en 2017, révèlent une connaissance qui s’est amenuisée notamment parce que certains exploitants sont parfois encore jeunes dans le métier ou bien parce que les priorités actuelles d’apprentissage laissent de moins en moins de place à ce type de connaissance axée davantage sur le terrain que sur le geste technique stricto sensu.

Je recommande donc :

de clarifier et hiérarchiser les expressions des besoins d’automatisme et de bien mettre en évidence les fonctions de sûreté.

Cela passe par l’instauration d’un débat équilibré et contradictoire entre les différents acteurs concernés : les exploitants, mais aussi les prescripteurs des différentes fonctions précitées et, bien sûr, l’ingénierie chargée de la conception et de la réalisation de l’automatisme. Cela concerne les barrages, les prises d’eau et les rampes de démarrage des groupes de production.

Bonnes pratiques relevées en 2017

• La démarche globale (technique, concertation, juridique, créativité) en cours d’aboutissement pour réduire la criticité du site des Avalats (aujourd’hui classé 4) appuyée par la présence du cadre gestionnaire de vallée d’EDF auprès du Codir (GEH Tarn-Agout).

• Une démarche « risque amont » bien conduite, avec du sens (GEH Loire-Ardèche).• Une réelle supervision de certains aspects de sûreté (bilan volume et débit des bassins

pouvant laisser suspecter une fuite) par le Centre de conduite hydraulique Rhin.• Une démarche DMP exploitation très aboutie (GEH Aude-Ariège).• Une démarche DMP exploitation enrichie avec une distinction selon les enjeux (E1/E2)

où les E1 portent notamment des enjeux sûreté et sont surveillés (GEH Loire-Ardèche).• DMP travaux : il s’agit d’une extension du référentiel, sorte de DMP exploitation qui

trace les shunts et autres dispositions dérogatoires durant des phases de travaux ou d’essais (GEH Limoges).

FOCUS

La sûreté d’exploitation hors crue

I 32 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Les filiales du groupe EDF inspectées en 2017En 2017, j’ai eu l’occasion d’inspecter trois filiales du groupe EDF en charge d’hydroélectricité.

Tout d’abord, Hydrostadium (EDF 100 %), dont 95 % de l’activité porte sur l’ingénierie hydraulique de la petite hydraulique (PAH) de la DPIH. Ses missions portent sur la maîtrise d’œuvre d’études et de réalisations, l’assistance à la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’ouvrage déléguée. 110 salariés sont répartis entre le siège, à Annecy, et deux antennes, à Toulouse et Clermont-Ferrand. Le conseil d’administration est présidé par le directeur adjoint de la DPIH.

Ensuite, SHEMA (EDF 100 %) en charge de la très petite hydraulique (de quelques centaines de kW à

quelques MW). Gestionnaire d’actifs (83 installations pour un productible de 240 GWh), avec un modèle pour l’essentiel orienté sur le faire faire, il compte 15 salariés. Le conseil d’administration est présidé par le directeur adjoint de la DPIH.

Enfin, Nam Theun 2 Power Compagny (NTPC, EDF 40 %), propriétaire exploitant de l’installation de Nam Theun au Laos, mise en service en 2010. Puissance installée 1075 MW, productible 6 TWh dont plus de 95 % de la production est exportée en Thaïlande. 280 salariés composent cette filiale, dont résiduellement six (dont le directeur général) sont issus de la DPIH. Le conseil d’administration est présidé par un salarié d’EDF International.

Lâcher d’eau au barrage de Nam Theun.© edf - Philippe ERANIAN

33 I

De natures différentes, ces trois filiales entretiennent chacune un lien différent avec la DPIH, mais elles ont en commun d’arborer toutes trois le logo du groupe EDF et donc, au niveau de la sûreté hydraulique, d’en exposer l’image. Le référentiel et les pratiques de la DPIH devraient trouver progressivement une déclinaison opérationnelle, adaptée à l’activité de chacune. Au nom du groupe EDF, la direction de la DPIH exerce un contrôle sur les aspects sûreté dans le contexte de chacune de ces filiales, toutes trois récentes dans leur raison sociale actuelle (< 8 ans).

Chacune de mes inspections a donné lieu à un rapport spécifique destiné au directeur de la filiale. Dans la rédaction de cet additif, je retiens pour

Les filiales du groupe EDF inspectées en 2017

chaque filiale, en lien avec la sûreté hydraulique, un point d’attention ayant émergé de mon inspection.

Hydrostadium : le développement important et récent de son activité, lié au transfert de l’ingénierie de la petite hydraulique (exercée jusque-là par le Centre d’ingénierie hydraulique d’EDF), impose à HSM de stabiliser et renforcer sa culture et ses pratiques de sûreté. Celles-ci doivent davantage se nourrir au contact des exploitants et des autres ingénieries de la DPIH, de façon à appréhender les événements de sûreté dans leur globalité et non au seul sceau des pratiques internes de HSM.

SHEMA : bien que l’exposition aux risques sûreté hydraulique soit globalement modérée, SHEMA doit également renforcer et stabiliser ses pratiques de sûreté hydraulique, en écrivant ses premiers éléments de référentiel.

NTPC : les pratiques de sûreté hydraulique sont aujourd’hui de même niveau qu’à la DPIH. Inscrite au cahier des charges de la concession laotienne, la baisse à zéro du nombre de salariés de la DPIH affectés à cette filiale ne garantira pas à terme le maintien de pratiques en ligne avec le référentiel de la DPIH.

I 34 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

Unité de production Centre :GMH CentreGEH OuestGEH DordogneGEH LimogesGEH Loire-ArdècheGEH Lot-Truyère

Unité de production Est :GMH EstGEH Jura-BourgogneCEH Revin Saint-NicolasGEH Rhin

Unité de production Alpes :GMH AlpesGEH Écrins-VercorsGEH Savoie Mont-BlancGEH Vallée de la MaurienneService de réparationhydraulique

Unité de productionMéditerranée :GMH MéditerranéeGEH Durance-VerdonGEH Var-Royan

Unité de production Sud-Ouest :GMH Sud-OuestGEH Adour et GavesGEH Aude-AriègeGEH Pyrénées GEH Tarn-Agout

EDF – DPIHSite de Cap AmpèreSaint-Denis (93)

Centre d’IngénierieHydraulique (CIH),Bourget-du-Lac

Direction TechniqueGénérale (DTG),Grenoble

PRÉSENTATION ET ORGANISATION DE LA DPIH

ANNEXES

LISTE DES ENTITÉS INSPECTÉES EN 2017 :UP Est : GEH Rhin, GMH Est

UP Alpes : SRH (Service de réparation hydraulique)

UP Méditerranée : GEH Var-Roya

UP Sud-Ouest : GEH Aude-Ariège, GEH Tarn-Agout, GMH SO (reporté en 2018 à la demande de la SU)

UP Centre : GEH Limoges, GEH Loire-Ardèche

SEI : Guyane (reporté en 2018 à la demande de SEI)

Les filiales Hydrostadium, SHEMA, NTPC

35 I

PRÉSENTATION ET ORGANISATION DE LA DPIHEDF, premier producteur hydraulicien de l’Union européenneEDF SA produit environ 10 % de son électricité à partir de l’énergie hydraulique. Associée au nucléaire, celle-ci permet au groupe EDF de produire en France 95 % de son électricité sans émission de CO2 et de contribuer de manière essentielle à la sécurité d’approvisionnement du pays et, plus largement, de la zone européenne. Les centrales hydroélectriques d’EDF produisent chaque année en moyenne environ 40 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle de l’Île-de-France. Cette production est variable en fonction des ressources disponibles en eau (pluies, fonte des neiges…). Le parc hydraulique d’EDF en France métropolitaine est géré par la DPIH (Division Production Ingénierie Hydraulique).

RÉPARTITION DE LA PUISSANCE HYDRAULIQUE INSTALLÉELe parc de production hydroélectrique d’EDF en France en quelques chiffres

hydrauliciens pour la maintenance, l’exploitation, la conduite et l’ingénierie.

grands barrages dont 150 de plus de 20 mètres.

de puissance installée, selon quatre types d’aménagements (lac : 8,8 GW ; pompage : 4,3 GW ; fil de l’eau : 3,6 GW ; éclusée : 3,1 GW).

5 60023919,8GW

433 centrales hydrauliques ayant une moyenne d’âge de 71 ans.

Annexes

I 36 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

AAtteintes

aux personnes

BAtteintesaux biens

CCotes

non maîtrisées

DDébits

non maîtrisés

SSituationsnon sûres

6Plusieurs personnesdécédées

5Une personnedécédée

Dégâts importants affectant le gros œuvre de plusieurs installations

4Personne(s) mise(s)en difficulté

Dégâts affectant des biens fixes (gros œuvre) isolés

3Personne(s) mise(s)en difficulté

Dégâts affectant des biens fixes (gros œuvre) isolés

2

Dégâts affectant des constructions légères

Cote réelle significativement supérieure à la cote des plus hautes eaux (PHE) ou à une cote assimilée

Débit ou gradient très supérieur à la valeur normalement attendue

Situation non sûre d’un ouvrage ayant nécessité l’application de plans, de procédures ou d’organisation de crise et une alerte des autorités pour action externe immédiate

1

Dégâts affectantdes biens mobiles

Dégâts mineurssur les biens

Cote réelle significativement supérieure à la cote de retenue normale (RN) ou inférieure à la cote mini d’exploitation réglementaire, hors cas prévus par consigne

Non-respect des limites de lâcher définies dans les consignes ou les conventions (débit, gradient ou horaires)

Situation non sûre d’un ouvrage ayant entraîné une action impérative d’exploitation et ayant nécessité l’information des autorités

0

Personne(s) présente(s)dans des tronçonsidentifiés à risques

Atteinte potentielleaux biens

Cote réelle non conforme à la cote souhaitée

Débit non souhaité sans dépassement des limites définies dans la consigne

Situations potentiellement non sûres, sur un ouvrage, un matériel, une procédure ou une attente d’un client susceptibles d’affecter la sûreté hydraulique

GRILLE DE COTATION INTERNE DES ESSHDans la gestion quotidienne d’un aménagement hydraulique, des événements d’exploitation non souhaités peuvent se produire.Ce sont des Événements Significatifs pour la Sûreté Hydraulique (ESSH) dès qu’ils concernent l’atteinte aux personnes ou aux biens, la non-maîtrise de cote ou de débit et, plus généralement, des situations « non sûres ».

Les ESSH, mis en place à l’initiative d’EDF, sont cotés selon deux paramètres : leurs conséquences et leur niveau de gravité. Ils sont ensuite classés en trois catégories : vert (indice de gravité égal à 0), orange (indice de gravité égal à 1, 2 ou 3) et rouge (indice de gravité égal à 4, 5 ou 6).

ANNEXES

Faits

Niveaude gravité

37 I

NIVEAU DE GRAVITÉ Jaune Orange Rouge

BARRAGES Événements à caractère hydraulique ayant conduit à :• une mise en difficulté des

personnes• des dégâts de faible

importance à l’extérieur de l’installation

Événements traduisant une non-conformité à un dispositif réglementaire sans mise en danger des personnes :• non-respect des consignes

d’exploitation en crue• non-respect de débits• non-respect de cotes

réglementaires

Défauts de comportement de l’ouvrage et de ses organes de sûreté imposant une modification de la cote ou des conditions d’exploitation en dehors du référentiel réglementaire d’exploitation de l’ouvrage, sans mise en danger des personnes

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• une mise en danger des

personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• des dégâts importants aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• des dégâts majeurs

aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

DIGUES Événements ayant conduit à une dégradation significative de la digue nécessitant une réparation dans les meilleurs délais, sans mise en danger des personnes

Événements :• à caractère hydraulique ou consécutifs à une crue ayant entraîné une mise en danger des personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• ayant entraîné des dégradations importantes de l’ouvrage, quelle que soit leur origine, mettant en cause sa capacité à résister à une nouvelle crue et nécessitant une réparation en urgence

Événements à caractère hydraulique ou consécutifs à une crue ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• une inondation totale ou

partielle de la zone protégée à la suite d’une brèche

NIVEAU DE GRAVITÉ DES EISHLes EISH concernent :• tout le périmètre des aménagements concédés ;• uniquement les barrages et les digues des

aménagements autorisés.

ClassificationLes définitions des trois niveaux de gravité – jaune, orange et rouge – données par les articles 4 et 5 de l’arrêté du 21 mai 2010 sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Annexes

I 38 RAPPORT 2017 DE L’INSPECTEUR DE LA SÛRETÉ HYDRAULIQUE

LEXIQUE AAPS : Avant-Projet Sommaire

APD : Avant-Projet Détaillé

AFEID : Association Française pour l’Eau, l’Irrigation et le Drainage

ART : Agence Régionale de Télécommunications

BBMR : Barrage Mobile en Rivière

CCCH : Centre de Conduite Hydraulique

CF : Conduite Forcée

CFBR : Comité Français des Barrages et Réservoirs

CIH : Centre d’Ingénierie Hydraulique

CNSH : Comité National de Sûreté Hydraulique

COCCHE : Comité de Contrôle Commande Hydraulique

COVAP : Comité de Validation des Projets

CREEX : Centre Régional d’E-Exploitation

CTSH : Comité Technique et Sûreté Hydraulique

CUTMH : Commission des Usures et de la Technologie du Matériel Hydraulique

DDFC : Dossier de Fin de Concession

DMP : Dispositif et Moyen Particulier

DPI : Direction de la Production et de l’Ingénierie

DPIH : Division Production et Ingénierie Hydraulique

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

DSPCF : Dispositif de Surveillance de Pression d’une Conduite Forcée

DTG : Division Technique Générale

EEDD : Étude De Danger

EIM : Équipe d’Intervention de Maintenance

EISH : Événement Important pour la Sûreté Hydraulique

ESSH : Événement Significatif de Sûreté Hydraulique

ESSI : Écart Significatif de Sûreté à l’Ingénierie

EVC : Évacuateur de Crue

FFFCK : Fédération Française de Canoë-Kayak

FHYM : Forces Hydrauliques de la Meuse

ANNEXES

39 I

GGEH : Groupe d’Exploitation Hydraulique

GMAO : Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur

GMH : Groupe de Maintenance Hydraulique

GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences

GU : Groupement d’Usines

HHydrostadium : Filiale ingénierie petite hydraulique

IIPHE : Ingénierie du Parc Hydraulique en Exploitation

IPR : Ingénierie de Production Régionale

IPSH : Indicateur de Prévention Sûreté Hydraulique

ISH : Indicateur Sûreté Hydraulique

MMMR : Mission Management des Risques

MPHy : Mission Production d’hydroélectricité

MPL : Manager de Première Ligne

MRC-D : Maîtrise du Risque Crue par le Dimensionnement

MRO : Maîtrise des Risques Opérationnels

MSP : Mission Sûreté Prévention

MVD : Maîtrise des Variations de Débit

OOMISH : Ouvrage et Matériel Importants pour la Sûreté Hydraulique

PPEX : Partage d’Expérience

PML : Plan de Maintenance Local

PMPS : Plan de Maintenance Préventive Standard

POI : Plan d’Orientation Interne

PPI : Plan Particulier d’Intervention

RREX : Retours d’Expérience

RS : Revue de Sûreté

SSDO : Surveillance Des Ouvrages

SHEMA : Société Hydraulique d’Études et de Mission d’Assistances

SILEX : Système d’Information de l’Exploitant

SIMBA : Simulateur Barrage

SOH : Socio-Organisationnel et Humain

SuperHydro : Sûreté et Performance du parc hydraulique

TTCC : Tronçon Court-Circuité

UUFPI : Unité de Formation de la Direction Production et Ingénierie

UI : Unité d’Ingénierie

UP : Unité de Production

VVMSH : Visite Managériale de Sûreté Hydraulique

Annexes

Direction Communication Énergies CAP Ampère - 1, place Pleyel - 93292 Saint-Denis CedexSiège social : 22-30, avenue de Wagram - 75008 ParisSA au capital de 960 069 513,50 euros – 552 081 317 RCS Paris

www.edf.fr

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