Radioprotection et suivi dosimétrique des travailleurs ...

Dr Najoua BEN HARIZ , Dr Hager KAMOUN

ISST: Vendredi 28 avril 2017

Radioprotection et suivi dosimétrique des travailleurs dans une entreprise utilisant la gammagraphie industrielle

INTRODUCTION

Utilisation croissante des rayonnements ionisants, en milieu industriel en particulier dans le domaine du Contrôle Non Destructif (CND) et plus précisément la gammagraphie.

Le risque radiologique encouru par l’utilisation de la gammagraphie n’est pas lié uniquement à l’utilisation des RI mais aussi aux caractéristiques de cette pratique .

INTRODUCTION

Survenue d’un accident radiologique en Tunisie en 2008 dans une entreprise de CND.

Depuis, l’entreprise en question a mis en place des procédures de travail afin d’améliorer l’organisation de la radioprotection.

Cette activité est connue source de plusieurs accidents radiologiques dans le monde.

INTRODUCTIONC’est dans ce cadre que nous avons réalisé ce travail

afin:

•d’évaluer l’organisation de la radioprotection dans

cette entreprise ;

• d’évaluer le suivi dosimétrique des travailleurs sur 5

ans.

MATERIEL ET METHODESCe travail a été réalisé en 2 volets :

1er volet

Etude transversale sur l’organisation de la

radioprotection au sein de la société spécialisée dans le CND en se référant à une checklist préétablie conformément aux

données de la littérature et aux recommandations de l’AIEA

2ème volet

Etude rétrospective sur l’exposition des

travailleurs aux RI sur une période de 5 ans allant de

2010 à 2014 en ayant recours aux relevées

dosimétriques des salariés

MATERIEL ET METHODESPremière partie :Organisation de la radioprotection selon les rubriques suivantes de la Checklist :

•Identification de la société ;•Vérification de la sûreté des sources scellées et du dispositif émetteur de rayonnements ionisants ;•Vérification de la protection des travailleurs ;•Formation en radioprotection ;•Vérification de la protection du public ;•Préparation et réponses aux urgences radiologiques.

Identification de l’entreprise Siège, responsable de la source , effectif

Vérification de la sureté et de la sécurité des sources radioactives

Type de sources, nombre , activité, lieu d’entroposage (porte fermée à clé, signalistions, sécurité)

Vérification de la protection des travailleurs

Existence d’une organisation de travail (horaire , distance, temps)Surveillance dosimétrique (individuelle, radiamètre),surveillance médicale (visite, tiers temps)

Vérification de la protection du public Lieu d’entroposage, transport des sources et organisation de travail sur chantier

Formation Formation professionnelle :organisme ,diplômeFormation en radioprotection au CNRP et mise à niveau des formations

Réponses aux urgences radiologiques Plan d’urgence,exercice de simulation ,équipement d’intervention d’urgence(pince de manipulation,conteneur de la source)

MATERIEL ET METHODESDeuxième partie :

Collecte des relevés dosimétriques sur 5 ans de

tous les opérateurs concernés par l’étude et calcul

des équivalents de dose annuels.

Population de l’étude :

Population de salariés ayant travaillé dans une

société de CND durant la période de 2010 à 2014.

MATERIEL ET METHODES

MATERIEL ET METHODESEtude statistique :Objectif: Comparer les résultats trouvés aux limites

réglementaires en vigueur et aussi à d’autres

études similaires.

L’analyse statistique réalisée en utilisant les outils

du tableur Excel. D’autres paramètres statistiques

ont été calculés au sein du service d’épidémiologie

de la Faculté de Médecine de Tunis.

RESULTATSOrganisation de la radioprotection :

• Société crée en 2002 et siégeant à l’Ariana• Activités: Contrôle des soudures par radiographie• Effectif: 13 salariés dont 7 exposés aux RI• Sources : type gamma isotope Ir192

• Nombre de sources : Cinq• Disponibilité d’une traçabilité des autorisations

délivrées pour les sources radiologiques.

Identification de la société

Le Directeur de la société est la personne responsable de la radioprotection. Ce Directeur est secondé par un ingénieur en maintenance industrielle.

Responsabilité

RESULTATSSécurité des sources radioactives :

RESULTATSSécurité des sources radioactives :

Absence de :

Caméra de surveillance

Alarme anti vol

Gardien pour éviter toute intrusion au local.

RESULTATSRadioprotection des travailleurs :Tous les opérateurs concernés par cette étude étaient directement affectés à travailler sous RI.Moyens de protection sur chantier :1. Réalisation des tirs radiographiques de préférence la nuit;2. Travail en binôme pour réduire la durée d’exposition;

Ecran en plomb et balisageRadiamètre

RESULTATSRadioprotection des travailleurs (suite) :3. Utilisation de radiamètre pour le balisage;4. Balisage par gyrophare, trèfle, etc.5. Utilisation de feuille de plomb comme écran ou à

défaut source à basse activité;6. Supervision des tirs par une personne qualifiée en RP.

Préparation de l’opération de radiographie sur un oléoduc

RESULTATS

7. Surveillance des opérateurs

7.1. Surveillance dosimétrique

• Tous les opérateurs exposés aux RI disposaient de

dosimètres passifs de type TLD.

• En dehors des tirs radiographiques, les TLD sont

rangés dans l’administration.

Radioprotection des travailleurs (suite) :

7.2. Surveillance médicale :

• Société adhérente au Groupement de Médecine de

Travail de Tunis de 2008 au début de 2011 et à celui de

l’Ariana de 2011 jusqu’à ce jour.

• Visite médicale + examen complémentaire (NFS +

examen ophtalmo) tous les 6 mois.

• Réunion du CSST tous les 2 mois ou en cas d’incident.

• Séances de sensibilisation (1 fois /3 ans).

• Pas de contrôle sur chantier.

RESULTATSRadioprotection des travailleurs (suite) :

• Procédure de travail sur chantier.• Règles d’entreposage au siège de l’entreprise et sur

chantier.• Transport des sources radioactives.

RESULTATSRadioprotection du public :

1. Formation professionnelleFormation des opérateurs :

Les opérateurs sont formés soit sur terrain soit au centre CETIME

2. Formation en radioprotection

Les opérateurs sont formés à l’embauche au CNRP mais pas de mise à niveau de la formation en radioprotection.

• Présence d’un plan d’urgence créé en 2009, mise à jour en cours lors de l’enquête.

• Plan d’urgence : conduite à tenir en cas d’incident ou d’accident et les numéros de téléphone à contacter.

• Pas d’exercices à blanc pour tester le plan d’urgence.

RESULTATSPréparation et réponse aux urgences radiologiques :

Plan d’urgence

Matériel d’intervention d’urgence

Matériel disponible, pince de manipulation, conteneur de la source.

Pas de formation spécifique en matière de réponse aux urgences radiologiques.

RESULTATSPréparation et réponse aux urgences radiologiques (suite) :

Formation

• Tous les dépassements de doses et les incidents ont fait l’objet de rapports détaillés de la part de l’entreprise.

• La victime est prise en charge par le médecin de travail

• Une réunion de CSST est déclenchée en cas d’incident grave.

Gestion des incidents et des accidents

Nombre de salariés

RESULTATSEvaluation de la surveillance dosimétrique

L’effectif total des salariés suivis par dosimétrie sur 5 ans est de 51.

Distribution du nombre de salariés durant la période d’étude

Le nombre des opérateurs variait d’une année à une autre avec une tendance à la baisse de 2011 à 2014.

Distribution des équivalents de doses annuels d’exposition

RESULTATSEvaluation de la surveillance dosimétrique (suite)

Les moyennes d’équivalents de dose annuels varient de 1,75 à 9,52 mSv.

Distribution des moyennes annuelles des équivalents de doses


Année Moyenne Ecart-Type Nombre d’opérateurs

2010 5,38 15,55 38

2011 3,16 6,18 42

2012 6,60 24,95 35

2013 1,75 1,83 25

2014 9,52 22,14 11

Valeurs moyennes et écart-types des doses reçues par les différents opérateurs

Nous relevons une grande disparité annuelle entre les doses reçues par les opérateurs, et ce, selon les valeurs calculées des écarts-types qui varient entre 1.8 jusqu’à 24.9.


Distribution des équivalents des doses annuelles d’exposition

L’effectif des travailleurs ayant reçu une dose annuelle inférieure à 1 mSv semble diminuer durant les années de notre étude.


Cas de dépassement des doses limites annuelles

Année 2010 2011 2012 2014

Dose annuelle(mSv/an)

95,08 38,06 149,19 75,98

• Les enquêtes réalisées par l’entreprise et le médecin de travail ont conclu que pour les années 2010, 2012 et 2014, les dépassements étaient en rapport avec un oubli des dosimètres à proximité de la source.

• Pour l’année 2011, l’enquête réalisée a conclu à un incident de surexposition.


Cas de dépassement des doses limites annuelles En effet, pour l’année 2011, la surexposition est en

rapport avec un blocage de la source au niveau de la gaine d’éjection survenue le 26.01.2011 à 17h30.

La source était en Ir192 avec une activité de 7 à 8 mCurie.

L’opérateur formé en radioprotection et en CND a procédé au déblocage de la source en s’aidant de son binôme.

Déclaration de l’incident au responsable de sécurité de l’entreprise qui a transmis au CNRP les 2 dosimètres pour lecture urgente.

1er opérateur : 37,7 mSv 2ème opérateur : < 6 mSv


Cas de dépassement des doses limites annuelles (suite)

• L’examen clinique et les examens complémentaires n’ont

pas relevés d’anomalies.

• Cet incident a été déclaré comme accident de travail.

• Eviction de travail sous RI de l’opérateur pendant une

année avec surveillance médicale rapprochée.

COMMENTAIRES Organisation de la radioprotection :

Les gammagraphes comptent parmi les plus exposés aux RI.

Leur dosimétrie individuelle élevée est due à:

•Des conditions de travail difficiles: travail en hauteur, les horaires de travail spéciales après le départ des autres intervenant sur chantier la nuit avec baisse de la vigilance, pendant les weekend ,exposition aux intempéries ,port de charges lourdes

Surveillance dosimétrique :

COMMENTAIRES (suite)

Surveillance dosimétrique :IRSN2014 Tunis

2006(Ben

Hariz)

Tunis 2016

(Chtourou)

Notre étude

Gam Cam *

GamNon Cam

2010 2011 2012 2013 2014

Moyenne annuelle

des équiv. de dosesmSv/an

3,38 2,10 3,83 1,70 5,38 3,16 6,60 1,75 9,52

*. Gam Cam: Gammagraphe camariste.

Dans notre étude, les moyennes des équivalents annuels de dose de nos opérateurs sont élevées, dépassant le double de celles rapportées dans la littérature.


Les incidents de surexposition

• Dans ce contexte, l’IRSN rapporte 17 incidents de radiographie survenue en 2014 dont 11 en radiographie industrielle. Les principales causes sont la perte de contrôle de la source radioactive et l’enfreint de la réglementation . Les résultats dosimétriques ont montré une surexposition chez l’un des opérateurs victime de l’un de ces incidents. Le mécanisme de ce dernier consistait au blocage de la source dans la gaine d’éjection.

• Chaque événement fait l’objet d’un classement sur l’échelle INES (Utilisée au plan international depuis 1991, l’échelle INES (International Nuclear Event Scale) comporte 8 niveaux, de 0 à 7. Les niveaux 1 à 3 correspondent à des « incidents », les niveaux 4 à 7 à des « accidents » .

Modélisation de l'échelle INES

Accident radiologique en Tunisie de 2008 :


Accident radiologique en Tunisie de 2008 (suite) :

Bacs de stockage de GPL à Radès Lieu de l’accident

L’absence de formation de l’opérateur et les conditions de travail ont transformé l’incident de blocage à un accident radiologique.


CONCLUSIONA l’issue de notre étude, il faut mentionner que notre travail

ne concerne qu’un échantillon de 51 gammagraphes

appartenant à une même société et il serait opportun

d’élargir cette étude pour couvrir toutes les sociétés de

gammagraphie en Tunisie en se servant de la même

checklist comme support lors des visites sur les chantiers ,

CONCLUSION (suite)Nous avons émis les suggestions suivantes :

1. L’obligation de se conformer à la législation tunisienne en matière de certification par la COTEND de tout gammagraphe intervenant sur chantier +++;

2. La nécessité de promouvoir le niveau de formation en radioprotection des opérateurs +++;

3. L’opportunité de se référer aux recommandations de l’AIEA +++ en matière de radiographie industrielle;

CONCLUSION (suite)4. L’importance de formation des opérateurs quant à

la réponse aux urgences radiologiques ;

5. La nécessité de gérer par le CNRP la base de données dosimétrique individuellement et non pas par employeur ;

6. La nécessité de créer un carnet individuel de dosimétrie sur lequel sont mentionnées les doses reçues par l’opérateur tout au long de son parcours professionnel et qui permet au médecin de travail de juger l’aptitude de l’opérateur.

Identification de l’entreprise Siège, responsable de la source , effectif

Vérification de la sureté et de la sécurité des sources radioactives

Type de sources, nombre , activité, lieu d’entroposage (porte fermée à clé, signalisations, sécurité)

Vérification de la protection des travailleurs

Existence d’une organisation de travail (horaire , distance, temps)Surveillance dosimétrique (individuelle, radiamètre),surveillance médicale (visite, tiers temps)

Vérification de la protection du public Lieu d’entroposage, transport des sources et organisation de travail sur chantier

Formation Formation professionnelle :organisme ,diplômeFormation en radioprotection au CNRP et mise à niveau des formations

Réponses aux urgences radiologiques Plan d’urgence,exercice de simulation ,équipement d’intervention d’urgence(pince de manipulation,conteneur de la source)

شكرا

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