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BTS Tertiaire 2 e année Radia Bouderbane Économie générale Cours Directrice de publication : Valérie Brard-Trigo Les cours du Cned sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes qui s’en serviraient pour d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction sans le consentement du Cned, s’exposeraient à des poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par le Code de la propriété intellectuelle. Les reproductions par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées par le Cned avec l’autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris).

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BTS Tertiaire 2e année

Radia Bouderbane

Économie générale

Cours

Directrice de publication : Valérie Brard-TrigoLes cours du Cned sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes qui s’en serviraient pour d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction sans le consentement du Cned, s’exposeraient à des poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par le Code de la propriété intellectuelle. Les reproductions par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées par le Cned avec l’autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris).

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SommaireSéquence 1 : la monnaie, la création monétaire et ses contreparties 3

Séquence 2 : les circuits de financement et le marché des capitaux 21

Séquence 3 : Thème 1 : le développement des marchés de capitaux 37

Séquence 4 : les échanges internationaux de biens et services 51

Séquence 5 : les théories et l’organisation du commerce international 77

Séquence 6 : Thème 2 : les forces et les faiblesses du commerce exterieur français 105

Séquence 7 : le système monétaire international 115

Séquence 8 : les flux et les marchés internationaux de capital 145

Séquence 9 : l’hétérogénéité de l’économie mondiale 177

Séquence 10 : l’Europe 209

Séquence 11 : croissance et déséquilibres dans les pays développés depuis les années 1980 243

Séquence 12 : Thème 3 : l'interdépendance des économies et le problème de la coordination internationale des politiques économiques 289

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Séquence 1

La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

u Contenu

Partie 1

Les fonctions et les formes de la monnaie ............................................ 5

1. Les fonctions de la monnaie ................................................................... 5

2. Les formes de la monnaie ....................................................................... 5

2A. Première forme : la monnaie divisionnaire ................................................ 6

2B. Deuxième forme : la monnaie fiduciaire .................................................... 6

2C. Troisième forme : la monnaie scripturale ................................................... 6

3. Le processus de dématérialisation de la monnaie et les instruments de paiement ............................................................. 7

Partie 2

Les mécanismes de création monétaire ................................................. 8

1. Les différentes opérations et les agents à l’origine de la création monétaire ......................................................................... 8

1A. Le processus de création monétaire ........................................................... 8

1B. Les opérations et les agents à l’origine de la création monétaire ......... 10

2. Le « multiplicateur de crédit » et la limite du pouvoir de création monétaire ............................................................................ 12

2A. Le principe de multiplicateur de crédit ..................................................... 12

2B. Les limites à la création monétaire : le risque de liquidité bancaire ..... 13

2C. Les mesures de limitation du pouvoir de création monétaire

par la politique monétaire ......................................................................... 13

Partie 3

La masse monétaire et ses contreparties .............................................. 15

1. La composition de la masse monétaire et les agrégats monétaires .................................................................... 15

1A. La composition de la masse monétaire : les agrégats monétaires ........ 15

1B. Les agrégats monétaires en France .......................................................... 16

2. Les contreparties de la masse monétaire .......................................... 16

2A. La notion de contrepartie .......................................................................... 16

2B. L’évolution de la masse monétaire et la mesure de l’inflation .............. 17

Réponses aux questions ...................................................................................... 19

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Séquence 1

u Objectifs de la séquence 1. Identifier les fonctions et les formes de la monnaie et mettre en évidence le processus

de dématérialisation de la monnaie, des instruments de paiements (partie 1).

2. Comprendre la création monétaire et le principe du multiplicateur de crédit (partie 2).

3. Présenter la composition de la masse monétaire et ses contreparties (partie 3).

u Mots clefsPartie 1 : intermédiaire des échanges, unité de compte, réserve de valeur, monnaie divi-sionnaire, monnaie fiduciaire, monnaie scripturale, dématérialisation de la monnaie.

Partie 2 : création monétaire, agents à l’origine de la création monétaire, multiplicateur de crédit, liquidité, limites à la création du pouvoir monétaire, réserves obligatoires, open market.

Partie 3 : agrégats monétaires, contreparties de la masse monétaire, inflation, M3, endettement intérieur brut.

u IntroductionEntrée en matière : selon le Larousse, le terme monnaie provient de Juno Moneta, Junon la Conseillère, dans le temple de laquelle les Romains frappaient la monnaie. En fait, il n’est pas vraiment possible de déterminer à quand remonte avec certitude la première forme de monnaie, mais la monnaie existait car il fallait trouver un instrument technique pour faciliter les échanges. Quand les échanges devenaient importants, le troc ne suffi-sait plus : les pièces de monnaie en métal précieux sont alors nées.

Définition et intérêt du sujet : depuis, la monnaie a évolué. Les pièces de monnaie ne sont plus en métal précieux. Pourtant, la monnaie est vitale pour l’économie car elle per-met aux agents économiques de finaliser leurs actes marchands en les payant. En effet, la monnaie est aujourd’hui définie comme l’ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents économiques.

Problématique : qu’est-ce que la monnaie ?

Présentation du plan : pour cela, nous étudierons les formes et les fonctions de la mon-naie (partie 1), ensuite nous découvrirons les mécanismes de création monétaire (par-tie 2), enfin nous analyserons la composition et les contreparties de la masse monétaire (partie 3).

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Partie 1

Les fonctions et les formes de la monnaieLa monnaie est l’ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents économi-ques pour régler leurs transactions. Quelles sont les fonctions de la monnaie ? Quelles sont les formes de la monnaie ?

1. Les fonctions de la monnaiePour mieux comprendre pourquoi la monnaie est une réserve de valeur, lisez l’article ci-dessous.

La monnaie comme réserve de valeurEn tant que réserve de valeur, la monnaie rend possible l’utilisation différée dans le temps de la valeur d’échange qu’elle représente : le consommateur n’est pas dans l’obligation de la dépenser immédiatement. « Porteuse de choix » et bien indirect, dans la mesure où elle n’est pas un bien de consommation (elle ne procure pas directement de satisfaction), la monnaie représente également un pouvoir d’achat immédiat, indéterminé et général ainsi qu’un moyen de paiement : son acceptation par tous lui confère un « pouvoir libératoire » sur tous les marchés. Au même titre que les valeurs mobilières (actions, obligations...) ou les biens immobiliers, la monnaie est alors un instrument d’épargne, un moyen de conserver la richesse (patrimoine) qui présente deux avantages spécifi ques :

– elle est l’actif liquide par excellence ;

– hormis le risque d’infl ation, elle ne fait courir aucun risque de perte en capital à son détenteur.

Parce qu’elle conserve et accumule les valeurs acquises, la monnaie « résume » le passé. Fondant la richesse et participant à la puissance de son détenteur, elle anticipe également l’avenir. Son « importance découle essentiellement du fait qu’elle constitue un lien entre le présent et l’avenir ». Elle est un moyen d’assurer la continuité de l’activité économique à travers les discontinuités de la réalité présente. C’est ce mécanisme de réserve de valeur qui permet l’épargne et l’investissement mais aussi la thésaurisation et la spéculation.

Michel RUIMY

« La monnaie au cœur de la relation marchande », Cahier français, n°315, p. 19-20

Pour faciliter les échanges, il faut scinder le circuit achat-vente, ce qui implique que les échangistes puissent conserver la monnaie dans l'intervalle. Pour être un bon moyen d'échange et de mesure, elle doit être un bon moyen d'épargne : il faut que sa valeur dans le temps reste la même pour permettre la continuité de l’activité économique.

Maintenant que nous comprenons pourquoi la monnaie a trois fonctions (intermédiaire des échanges, unité de compte et réserve de valeur), nous allons nous intéresser aux formes de la monnaie, c’est-à-dire les différents moyens de paiement.

2. Les formes de la monnaieComme nous l’avons vu, la monnaie est l’ensemble des moyens de paiement à disposition des agents économiques.

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Séquence 1

Question 1

Quels sont les différents moyens de paiement dont vous disposez en tant qu’agent économique ?

2A. Première forme : la monnaie divisionnaireCe sont les pièces. C’est de la monnaie métallique ou divisionnaire car elle a une faible valeur nominale et sert aux règlements des petites transactions.

2B. Deuxième forme : la monnaie fiduciaireCe sont essentiellement les billets. C’est de la monnaie fiduciaire car tous les agents éco-nomiques ont confiance en elle, ayant une faible valeur intrinsèque. Le terme est issu du latin fides (confiance), qui traduit le fait que cette forme de monnaie n’a aucune valeur intrinsèque et que, finalement, son acceptation repose sur la confiance.

2C. Troisième forme : la monnaie scripturaleCe sont les chèques, les paiements par virement bancaire, par carte de crédit et porte-monnaie électronique. C’est de la monnaie scripturale car elle correspond aux instru-ments de paiement sous forme de jeu d’écriture sur les comptes bancaires ou postaux.

Schéma de synthèse : les différentes formes de la monnaie

Monnaie marchandisesMonnaie métallique

ou divisionnaireMonnaie papier

ou fiduciaire

Sucre, blé, sel, métal, bétail, riz; etc.

Pièces métalliques en euros : 1c, 2c, 5c, 10c, 20c, 50c, 1 euro,

2 euros

Billets de banque en euros :

5 euros, 10 euros, 20 euros, 50 euros,

100 euros, 200 euros, 500 euros

Monnaie scripturale

Monant portés sur les comptes à vue tenus dans les banques, les centres de chèques postaux, les caisses

nationales d'épargne, chez les comptables du

trésor

Émise en France par le trésor

Émise par la banque de France

Transmission par chèque ou virement

Michel RUIMY, « La monnaie au cœur de la relation marchande », Cahiers français, n° 315, p. 22

Comme vous pouvez le constater, les monnaies divisionnaire et fiduciaire sont de moins en moins en circulation dans l’économie du fait du développement des banques et de la technologie des moyens de paiement. Même les petites pièces circuleront moins avec l’utilisation du porte-monnaie électronique.

Cela signifie-t-il que nous ayons moins de monnaie ? Non, cela signifie tout simple-ment que nos instruments de paiement se dématérialisent au profit de la monnaie scripturale. C’est la dématérialisation de la monnaie.

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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3. Le processus de dématérialisation de la monnaie et les instruments de paiement

La monnaie divisionnaire ou fiduciaire s’est donc progressivement dématérialisée au profit de la monnaie scripturale.

Pour lecturePetit à petit, pourtant, la monnaie s’est dématéria-lisée, prenant la forme de reçus sur papier émis et gérés par les banques (la Chine a inventé une forme de papier-monnaie au IXe siècle, près de cinq cents ans avant l’Occident). Ces reçus étaient parfois appelés « lettres de change ». Un particulier, par exemple, pouvait déposer des pièces d’or dans une banque, obtenir des reçus signés signifi ant que cette banque détenait bien à ce nom un certain poids d’or. Ainsi, le commerçant payé par un tel reçu savait qu’il pourrait obtenir de l’or en échange ou bien l’utiliser autrement.

Progressivement, il est devenu obligatoire d’accep-ter les reçus. Ces billets, gagés par l’État, avaient « cours légal » (tous, sur un même territoire, étaient contraints de les accepter, sans pouvoir en

demander la conversion en or). Après la générali-sation du papier-monnaie dans la seconde moitié du XIXe siècle sont apparues des formes toujours plus immatérielles de monnaie : les chèques et les virements de compte à compte, puis les cartes de crédit. L’un des avantages de la monnaie, c’est d’être immédiatement disponible (les experts disent liquide, ou fongible, d’où l’expression « liquidités »). La monnaie fait référence à des éléments dis-tincts (pièces nationales ou étrangères, virements bancaires, prêts, obligations...). L’un des moyens commodes pour la quantifi er et la classifi er est l’utilisation des agrégats monétaires* qui classent la monnaie depuis son appellation la plus étroite (Ml) jusqu’à la plus large (M4).

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 389

L’histoire de la monnaie montre un processus constant de dématérialisation ; les billets ont supplanté les pièces, ils ont eux-même été supplantés par les chèques, qui eux-même le sont aujourd’hui par la monnaie électronique (CB et porte-monnaie électronique).La monnaie s’est tant dématérialisée qu’aujourd’hui moins de 10 % de la monnaie cir-cule sous forme de monnaie divisionnaire et fiduciaire.

Ce phénomène est d’autant plus marquant que la monnaie scripturale, par un jeu d’écriture, permet en plus d’activer le mécanisme de création monétaire (partie 2).

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Séquence 1

Partie 2

Les mécanismes de création monétaireLa création monétaire est le processus de création de nouveaux moyens de paiements mis à la disposition des agents économiques. Quels sont les opérations et les agents à l’origine de la création monétaire ? [partie 2/1.]. Quel est le principe du multiplicateur de crédit ? [partie 2/2.].

1. Les différentes opérations et les agents à l’origine de la création monétaire

1A. Le processus de création monétaireÉtant donné que ce sont les banques qui financent l’économie, elles mettent la monnaie en circulation dans l’économie. Ce sont d’abord elles qui créent de la monnaie en émet-tant des créances sur les comptes des clients.

Question 2

Concrètement, comment une banque crée-t-elle de la monnaie ?

Synthèse petite histoire de la monnaie, fi che 1 de la BP

Jean-Yves CAPUL et Olivier GARNIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, éd. Hatier, 2005, p. 273-274, 293

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Voici un schéma de création monétaire (attention au sens de lecture) :

Schéma de création monétaire

Denis CLERC,

Déchiffrer l’économie, éd. Syros, 2004, p. 164

Dans ce cas, la banque A ayant initialement crédité le compte de M. Durand de 1 000 €, a ensuite la possibilité d'octroyer encore 700 € de moyens de paiement à d'autres agents économiques.

Le principe de création monétaire est donc simple : c’est en accordant des crédits et des avances que les banques mettent à la disposition de l’économie de la monnaie scripturale.

Il existe différentes opérations effectuées par différents agents économiques à l’origine de la création monétaire.

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Séquence 1

1B. Les opérations et les agents à l’origine de la création monétaireTrois agents créent de la monnaie : les banques de second rang mais aussi la Banque de France et le Trésor.

Les banques créent de la monnaie en créditant le compte de leurs clients qui sont des ménages, des entreprises et des administrations de l’État. Voici quelques exemples :

La création de monnaie par les banques

La monnaie est offerte par les banques : elles créent de la monnaie par un simple jeu d’écritures, en portant des sommes au crédit des comptes des différents agents économiques. Elles procèdent à cette création monétaire pour répondre aux besoins de liquidités des agents non bancaires (adminis-trations, ménages, entreprises). Prenons quelques exemples :

1. Un explorateur est payé en dollars ; ces dollars ne sont pas de la monnaie (en France) mais une créance sur un pays étranger ; l’explorateur demande à sa banque de convertir ses dollars en francs ; la ban-que crédite son compte d’un montant en francs ; elle met en circulation des moyens de paiement supplémentaires en contrepartie d’une créance sur les États-Unis.

2. Une entreprise accorde des délais de paiement de 90 jours à ses clients ; elle détient donc des reconnaissances de dettes (effets de commerce : lettre de change, billet à ordre…) qui constituent des créances sur d’autres agents économiques : quand l’entreprise a des besoins de liquidités, elle peut faire escompter ces effets de commerce par sa

banque : la banque reprend les effets de commerce à son compte, moyennant paiement d’un taux d’intérêt, et porte leur valeur au crédit du compte de l’entreprise : elle met en circulation des moyens de paiement supplémentaires en contrepartie d’une créance sur des agents économiques intérieurs.

3. L’État a besoin de liquidités pour fi nancer le défi cit du budget : il émet des bons du Trésor pour emprunter les liquidités nécessaires. Les banques peuvent créer de la monnaie en créditant le compte du Trésor public en contrepartie des bons du Trésor qu’elles souscrivent.

4. Un ménage a besoin d’argent et demande un prêt personnel à sa banque. Dans ce cas, il n’existe pas de contrepartie préalable à la création moné-taire : la banque créé simultanément la monnaie (le montant qu’elle inscrit au compte du ménage) et la contrepartie (le contrat de crédit qu’elle fait signer au ménage).

Jacques Généreux, Économie politique, 2. Macroéconomie et comptabilité

nationale, les fondamentaux, Hachette supérieur, 1998, p. 88-89

L’État crée aussi de la monnaie par le biais de la Banque de France mais aussi par le Trésor public.

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Question 3

Comment la Banque de France et le Trésor public créent-ils de la monnaie ?

Qui peut créer de la monnaie ?

La Banque de France

Une Banque centrale crée deux sortes de monnaie. Il s’agit d’abord de la monnaie fiduciaire puis-qu’elle détient depuis 1848 le monopole d’émission des billets (c’est la fameuse « planche à billets »). Aujourd’hui, c’est la Banque centrale européenne qui crée les billets en euros. Il s’agit ensuite de la monnaie scripturale qu’elle peut créer selon les mêmes mécanismes que la création mo-nétaire des banques, c’est-à-dire lorsqu‘elle transforme une créance en moyens de paiement (on parle de monétisation d’une créance). La Banque de France crée de la monnaie scripturale au profi t des banques lorsqu’elle leur achète les créances qu’elles détiennent (créances sur les particuliers, les entreprises ou le Trésor). Elle peut ainsi pratiquer le réescompte.

Prenons l’exemple d’une société X qui doit une somme d’argent à une société Y ; X signe donc une recon-naissance de dette ; si Y a besoin de cette somme avant l’échéance, elle peut porter ce papier (effet de commerce, traite) à sa banque qui le lui échangera contre les moyens

de paiement disponibles immédia-tement (moyennant un prix qui est le taux d’escompte). La banque peut à son tour faire escompter ce papier auprès de la Banque de France par le réescompte, la Ban-que de France crée de la monnaie au profi t de la banque (la dette de X est donc transférée à l’actif de la Banque de France).

La Banque de France peut aussi créer directement de la monnaie au profi t du Trésor public en lui accordant des avances (c’est un découvert puisque le compte du Trésor est crédité de nouveaux moyens de paiement) ou en lui achetant directement des bons du Trésor.

Enfi n, la Banque de France crée de la monnaie, en l’occurrence des euros, en contrepartie des devises étrangères (qui sont des créances sur l’extérieur) apportées par les banques et provenant des clients. Si, une certaine journée, les échanges d’euros contre des dollars et des dollars contre des euros ne se compensent pas, et s’il y a, par exemple, une importante demande d’euros en échange de dollars, la Banque de France va

acquérir les dollars et donner les euros demandés, augmentant ainsi la masse monétaire. Plus générale-ment, un excédent commercial conduit à une augmentation de la masse monétaire, puisque les exportateurs français ont des excé-dents de devises qu’ils souhaitent échanger contre des euros.

Le Trésor public

La dernière institution qui crée de la monnaie est le Trésor public. Le Trésor est l’agent fi nancier de l’État, une sorte de « caissier », puisqu’il perçoit les recettes pu-bliques (impôts) et exécute les dépenses. C’est aussi le banquier de l’État. Le Trésor crée la mon-naie divisionnaire (monopole de fabrication des pièces), mais il peut aussi créer de la monnaie scripturale. Par exemple, lorsque le compte chèque postal (CCP) d’un fournisseur de l’État (ou d’un fonc-tionnaire à qui l’État doit verser un salaire) est crédité, le Trésor crée sa propre monnaie scripturale.

Jean-Yves CAPUL,

l’Économie et les sciences socia-les de A à Z, 2004, p. 76-77

Maintenant que nous avons vu les opérations qui sont essentielles à la création monétaire (crédits à l’État par le Trésor, achat de devises par la Banque de France, crédits aux entreprises et aux ménages par les banques commerciales), nous allons évaluer l’ampleur de la création monétaire par le « multiplicateur de crédit » mais aussi les limites de ce pouvoir [partie 2/B.]

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Séquence 1

2. Le « multiplicateur de crédit » et la limite du pouvoir de création monétaire

2A. Le principe de multiplicateur de créditLe multiplicateur de crédit désigne le coefficient multiplicateur par lequel on multiplie la quantité de monnaie centrale pour connatre la quantité de monnaie qui peut être créée par les banques commerciales (= banques de « second rang »). Il décrit les possibilités de création monétaire des banques à partir de leurs ressources en monnaie banque centrale.

Pour comprendre le principe comptable du multiplicateur de crédit, une lecture atten-tive suffit.

La base monétaire et le multiplicateur de crédit

Le système bancaire ne peut donc créer de la monnaie que s’il est assuré de pouvoir se procurer la monnaie banque centrale qui sera nécessaire pour faire face aux retraits en billets : cette monnaie banque centrale constitue la base nécessaire de la création monétaire :

La base monétaire (ou encore la liquidité bancaire) comprend les avoirs des banques en compte à la banque centrale et les billets détenus par les banques.

Plus cette base monétaire est importante, plus la création monétaire peut être développée. Imaginons, par exemple, une banque qui dispose d’une réserve initiale en monnaie banque centrale (un compte créditeur à la banque centrale ou un stock de billets) R0 = 100. Elle peut prêter cette somme sans crainte, puisqu’elle pourrait faire face aux retraits de billets même si ces derniers atteignaient 100 % des dépôts. Si elle prête 100, elle crée 100 de monnaie supplémentaire en créditant le compte d’un ou plusieurs agents. Si le taux de retrait de billet est r = 20 %, la banque doit s’attendre à des retraits à concurrence de 20, et conserver ces 20 en réserve. Mais il lui reste une réserve disponible en monnaie banque centrale, égale à 80, qui ne sera jamais retirée en billets et qu’elle peut à nouveau prêter. Il peut s’ensuivre une série d’opérations de crédit ; à chaque vague de crédit, de nouveaux dépôts sont créés, une partie de ces nouveaux dépôts sort de la banque en billets (ce qui réduit ses avoirs en monnaie banque centrale), mais la réserve qui reste disponible peut alimenter une nouvelle vague de crédit selon le schéma suivant :

Crédit initial

Retrait de billets

Réserve disponible

Nouveau crédit

1re vague 100 í 20,0 et 80,0 í 80,02e vague 180 í 16,0 et 64,0 í 64,03e vague 164 í 12,8 et 51,2 í 51,2Etc.

Au total, dans cet exemple, la monnaie créée sera égale à 500. En effet, pour créer 500 de monnaie, il faut détenir 100 de réserves en monnaie banque centrale pour faire face à 20 % de retraits en billets. Plus généralement, on démontre que la monnaie créée (ΔM) est un multiple de la réserve selon la relation suivante : ΔM = 1/r . R0

où 1/r mesure le multiplicateur de crédit (on vérifi e que, dans notre exemple, le multiplicateur est égal à 5).

En conséquence, pour un multiplicateur donné, la capacité de création monétaire des banques dépend directement de leurs avoirs en monnaie banque centrale (la liquidité bancaire).

Jacques GÉNÉREUX, Économie politique, 2. Macroéconomie et comptabilité nationale, les fondamentaux,

Hachette supérieur, 1998, p. 90-91

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Donc, plus une banque a une « base » monétaire importante en monnaie centrale, plus elle a des possibilités de création monétaire et donc du pouvoir. Vous compre-nez alors la raison pour laquelle les banques commerciales se livrent bataille pour attirer de nouveaux clients car leur pouvoir de création monétaire dépend directe-ment de leurs avoirs et donc de ceux de leurs clients.

2B. Les limites à la création monétaire : le risque de liquidité bancaireEffectivement, les banques peuvent ainsi très facilement créer de la monnaie et cela n’est pas sans risque pour la liquidité de l’économie.

La liquidité a plusieurs significations :

Signification 1La liquidité bancaire correspond à l’ensemble des billets et avoirs à vue que les banques de second rang détiennent sur un compte obligatoire et non rémunéré à la banque centrale.

Signification 2La liquidité bancaire correspond aussi à la capacité des banques de faire face à une demande de conversion en monnaie fiduciaire par les clients non rémunérés de leurs avoirs en monnaie scripturale.

Signification 3

La liquidité d’un actif ou d’un avoir est sa capacité à être transformé rapidement et sans coût de transaction en monnaie billets. Ceci explique que la monnaie fiduciaire, sous forme de billets, est considérée comme l’actif liquide par excellence.Cf. l’expression française : « avoir du liquide sur soi », c’est-à-dire des pièces et des billets.

Question 4

Donc si les banques de second rang créent aussi facilement de la monnaie par les crédits qu’elles accordent, quelles sont les limites de ce pouvoir de création monétaire ?

2C. Les mesures de limitation du pouvoir de création monétaire par la politique monétaire

Pour limiter le pouvoir de création monétaire des banques de second rang, la banque centrale agit sur le volume de création monétaire par la politique monétaire. Elle déter-mine le niveau des réserves obligatoires et agit sur les taux d’intérêt de l’open market. (La politique monétaire européenne sera approfondie dans les séquences 9 et 10.)

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Séquence 1

Moyens ExplicationsEffets sur la création monétaire

des banques commercialesLes réserves obligatoires Ce sont les avoirs obligatoires en

monnaie centrale que les banques de second rang sont tenues de détenir sur un compte-courant non rémunéré à la banque centrale.

En augmentant le taux de réserves obligatoires, les banques sont obligées de baisser le montant des crédits accordés, ce qui limite leur pouvoir de création monétaire.

Intervention sur le marché monétaire (open market) pour agir sur les prix (taux d’intérêt)

Les taux monétaires sont les taux de refinancement des banques de second rang auprès de la banque centrale sur le marché monétaire interbancaire (voir séquence 2). Quotidiennement, les banques commerciales se retrouvent sur le marché monétaire pour s’échanger leurs excédents de monnaie centrale et revendre leurs déficits. La Banque de France agit sur les prix des titres (offre-demande), ce qui modifie les taux d’intérêt.

En baissant les taux d’intérêt, il aura plus de monnaie en circulation. En augmentant les taux d’intérêt, la monnaie est plus chère, donc plus rare.

Anciens instruments pour agir sur le niveau de création monétaire, au jourd’hui interdits car contraires aux principes libéraux

Le réescompte permet à une banque qui a besoin de se refinancer d’escompter ses effets de commerce auprès de la banque centrale.L’encadrement du crédit : la banque centrale fixait des quotas de crédit distribuables par les banques commerciales.

Le taux d’intérêt du réescompte a longtemps joué un rôle important pour contrôler la masse monétaire. S’il était élevé, il freinait la progression de la masse monétaire.Des quotas faibles obligeaient les banques à distribuer moins de crédit et donc à freiner la création monétaire.

Maintenant que nous nous sommes intéressés au processus de création monétaire et à ses limites, nous allons étudier la quantité de monnaie en circulation dans l’écono-mie. C’est la masse monétaire.

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Partie 3

La masse monétaire et ses contrepartiesLa masse monétaire correspond à la quantité de monnaie en circulation dans l’éco-nomie. Cette quantité est composée des différents moyens de paiement [partie 3/1.]. Cette quantité de monnaie a des contreparties qui indiquent l’origine de cette monnaie [partie 3/2.].

1. La composition de la masse monétaire et les agrégats monétaires

La masse monétaire étant la quantité de monnaie en circulation dans le système écono-mique, elle est répertoriée par des lettres symboles qui s’organisent comme des « pou-pées russes » en fonction de leur liquidité. Ce sont les agrégats monétaires.Les agrégats monétaires correspondent donc à l’appellation des différentes formes de monnaie en fonction de leur liquidité.

1A. La composition de la masse monétaire : les agrégats monétaires

Question 5

À partir du document suivant, quels sont les éléments de M1, M2 et M3 ?

La masse monétaire de la France

Une pièce dans un porte-monnaie, un livret ouvert par un particulier, un règlement à percevoir par un entrepreneur sont différentes formes de monnaie, qu’il faut parfois distinguer. En se basant sur les pratiques internationales, la BCE identifie les agrégats suivants :

M1 : agrégat étroit qui comprend la monnaie fiduciaire (billets et pièces) ainsi que les dépôts à vue (le salaire versé sur un compte-chèques par exemple) qui peuvent être immédiatement utilisé pour des paiements (monnaie scripturale).

M2 : agrégat intermédiaire formé de M1, auquel s’ajoutent des dépôts de nature liquide (livret A, etc.).

M3 : agrégat large, formé de Ml et M2, auxquels sont ajoutés divers instruments financiers liquides émis par les établissement financiers pour une duré inférieure à deux ans. Les billets et piéces en circulation représentent 7% à peine de M3. M3 étant l’agrégat le plus large, considéré comme le plus stable, il sert de référence pour mesurer la vitesse dela croissance de la masse monétaire. La BCE estime que M3 devrait augmenter entre 3% et 5% par an, et de nombreux responsables et analystes redoutent qu’une croissance trop rapide conduise à une reprise de l'inflation.

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 52

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Séquence 1

1B. Les agrégats monétaires en France

2. Les contreparties de la masse monétaire

2A. La notion de contrepartie

Selon le Larousse, une contrepartie est définie comme « ce qui sert à compenser, à équi-librer ; ce qui est fourni en échange, en dédommagement ».

Question 6

D’après vous et à partir du texte suivant, quelles sont les contreparties de la masse monétaire ?

Question 7

Quelle en est la logique ?

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Comment naît la monnaie ?

Si l’on veut être riche, peut-on imprimer des billets qui, en circulant permettront d’acheter de nombreux produits de luxe et donneront l’impres-sion que la masse monétaire a augmenté ? Non, malheureusement, car avant même que l’on voie que les billets sont faux, on s’apercevra que cette « monnaie » n’a pas de « contrepartie ».

Sous cette appellation, on fait référence à l’ensemble des créances qui permettent la création monétaire. Seules, les banques commerciales, la Banque de France et le Trésor public peuvent faire de la créa-tion monétaire.

Si, par exemple, une banque commerciale consent un prêt immobilier à une famille pour l’achat d’un appartement à Paris, elle peut présenter cette créance (la promesse de remboursement du prêt), avec toutes les autres qu’elle détient, à la Banque de France. Muni de ces « contreparties », l’institut

d’émission (la Banque de France) transférera à la banque la masse de billets qui approvisionneront les distributeurs dans la rue et seront consolidés (gérés) par les institutions fi nancières. Lorsque la famille aura fi ni de rembourser son prêt immobilier, la créance disparaîtra. Il y aura alors une « destruc-tion monétaire ».

Les banques centrales peuvent être tentées de faire marcher la « planche à billets », c’est-à-dire d’émettre des billets de banque sans contreparties suffi santes. Mais l’opération se solde par une hype-rinfl ation et un dérèglement de l’économie, car il y a rapidement trop de transactions par rapport à l’activité réelle dans le pays.

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 389

2B. L’évolution de la masse monétaire et la mesure de l’inflationSi la quantité de monnaie en circulation augmente plus vite que la variation de l’activité économique, alors il y a de l’inflation. Or l’inflation se définit comme un processus cumu-latif et auto-entretenu de la hausse des prix. Nous verrons au cours des séquences 9 et 10 pourquoi l’inflation est pernicieuse pour l’économie. Quoiqu’il en soit, tout État, pour garantir de bonnes conditions monétaires, doit surveiller l’inflation.

La politique monétaire étant gérée par la BCE, c’est elle qui décide de l’indicateur privilégié pour mesurer l’inflation. Il est considéré comme de la « quasi-monnaie » car immédiatement liquide. L’agrégat M3 est la référence pour surveiller l’inflation, la crois-sance de M3 ne doit pas dépasser 3 à 5 % par an. Ce qui est logique car elle doit suivre la croissance économique qui dépasse difficilement 3 % de croissance par an. Sinon, il y a un risque inflationniste : les prix augmentent, ce qui est nuisible à l’économie (notion importante pour les séquences 9 et 10).

Donc, surveiller le volume de M3 permet de prévenir de l’inflation.

Cependant, il est aussi nécessaire de suivre l’ensemble des financements obtenus pour éviter que la demande intérieure, ayant de l’argent emprunté, ne s’emballe, réveillant ainsi l’inflation.

Cet indicateur est l’endettement intérieur total. C’est un agrégat qui englobe l’ensemble des dettes des agents non financiers français : les dettes contractées auprès des institu-tions financières mais aussi via les marchés financiers. Pour 2006, l’endettement intérieur total de la France était de 2 824,2 milliards d’euros, soit deux fois plus que son PIB. Les agents ayant ainsi de l’argent disponible, l’objectif est d’éviter l’inflation.

L'intérêt de l'étude des contreparties de la masse monétaire est d’analyser d'où vient la monnaie en circulation, ce qui permet de surveiller et d'agir sur l'inflation et d'être un peu plus vigilant sur les liquidités de l'économie issues de trafics divers.

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Séquence 1

Conclusion

Résumé : nous avons donc vu que la monnaie est bien plus complexe qu’elle ne le semble. Elle a des formes et fonctions diverses. Les établissements de crédit peuvent en créer mais, pour être « valable », elle doit avoir une contrepartie. De plus, un excès de monnaie en circulation dans l’économie est souvent inflationniste. Il est donc nécessaire de surveiller la quantité de monnaie en circulation. C’est d’ailleurs l’une des fonctions principales de la Banque centrale européenne en matière de politique monétaire : surveiller la quantité de monnaie disponible (séquence 10).

Ouverture : le point étant fait sur la monnaie, nous allons rester dans le monde du capital pour nous intéresser à son corollaire : le financement de l’économie (séquence 2).

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La monnaie, la création monétaire et ses contreparties

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Réponses aux questions

Question 1

Les pièces, les billets, les chèques, les paiements par virement bancaire ou par carte de crédit.

Question 2

La banque a créé de la monnaie scripturale : elle a crédité le compte de son client de 10 000 €. Cet argent créé sera un moyen de paiement utilisé par M. Martin comme bon lui semble. En contrepartie, il est tenu de rembourser sa créance.

Cependant, le processus de création monétaire est bien plus complexe car il y a une multi-tude d’opérations bancaires et une multitude de banques commerciales qui ont des relations entre elles, procédant à de la création monétaire en créditant des comptes.

Question 3

Monnaie fiduciaire et divisionnaire Monnaie scripturaleLa Banque de France

Monnaie fiduciaire : monopole de fabrication des billets de banque aujourd’hui délégué à la Banque centrale européenne.

– En rachetant leurs créances.– En pratiquant des réescomptes.– En accordant des avances au Trésor ou en

achetant des bons du Trésor.– En convertissant les devises issues des

échanges internationaux en euros.Le Trésor public Monnaie divisionnaire : monopole de la

fabrication des pièces.– En exécutant les dépenses nécessaires au

fonctionnement de l’État, notamment au versement des salaires des fonctionnaires.

Voici un schéma de synthèse des agents économiques et des opérations à l’origine de la création monétaire :

Banques Banque centrale Trésor

‚ ‚ ‚

Crédit aux agents économiques (particuliers, entreprises, État)

Fabrication de billets(monnaie fiduciaire)

Achats de créances aux banques (réescompte)

Avances au Trésor publicet achat de bons du Trésor

Fabrication de pièce (monnaie divisionnaire)

Comptes chèques postauxqui permettent de créditer

les comptes de certainsagents économiques

Achat de devises et émissions de monnaie nationale en contrepartie‚ ‚ ‚

Création monétaire

Processus de création de nouveaux moyens de paiement mis à disposition des agents économiques

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Séquence 1

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Séquence 2

Les circuits de financement et le marché des capitaux

u Contenu

Partie 1

Le financement de l’économie .................................................................. 23

1. Panorama des modes de financement ............................................... 23

1A. Les différents modes de financement existants ...................................... 23

1B. L’autofinancement ...................................................................................... 24

2. Finance indirecte et finance directe .................................................... 24

2A. La finance indirecte .................................................................................... 24

2B. La finance directe ....................................................................................... 25

Partie 2

Le marché des capitaux : le marché monétaire et le marchéfinancier ............................................................................................................ 27

1. Le marché monétaire .............................................................................. 27

1A. Les deux compartiments du marché monétaire ...................................... 27

1B. Schéma de synthèse du marché monétaire ............................................. 28

2. Le marché financier ................................................................................. 28

2A. La structure des marchés financiers ......................................................... 29

2B. Les modalités de financement sur les marchés financiers ...................... 30

2C. Les marchés dérivés et la gestion des risques sur les marchés dérivés .............................................................................. 31

Réponses aux questions ...................................................................................... 33

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Séquence 2

u Objectifs de la séquence 1. Caractériser les formes de fiancement de l’économie : la finance directe et la finance

indirecte (partie 1).

2. Déterminer le rôle du marché des capitaux : le marché monétaire et le marché financier (partie 2).

u Mots clefsPartie 1 : agent à capacité de financement, agent à besoin de financement, autofinan-cement, finance interne, finance externe, finance directe, finance indirecte, intermé-diaire financier, désintermédiarisation.

Partie 2 : marché des capitaux, marché monétaire, marché interbancaire, marché moné-taire élardi, titre de créance négociable, marché financier, marché primaire, marché secondaire ou bourse, marché unique réglementé, action, obligation, marchés dérivés.

u IntroductionEntrée en matière : le financement de l’économie est l’essence même de l’économie. Nous avons vu au chapitre précédent qu’une partie des financements était possible grâce au crédit et au pouvoir de création monétaire des établissements de crédit. Nous savons aussi qu’il y a d’autres modes de financement substituables ou complémentaires, le plus connu étant la Bourse. Et contrairement à la croyance collective, c’est un mode de finan-cement très ancien, datant sans doute de la période antique romaine.

Définition et intérêt du sujet : le financement de l’économie désigne l’ensemble des modalités par lesquelles les agents économiques (ménages, entreprises, administra-tions...) se procurent les capitaux nécessaires pour réaliser leurs projets.

Problématique : quel est l’ensemble des modes de financement de l’économie ?

Présentation du plan : étudier les modes de financement de l’économie revient donc à savoir comment financer les activités marchandes. Quelles sont les différentes formes de financement ? (partie 1). Quel est alors le rôle du marché des capitaux ? (partie 2).

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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Partie 1

Le financement de l’économie

1. Panorama des modes de financement

1A. Les différents modes de financement existantsGrâce au financement, un agent apporte des fonds à un autre agent. À partir des 2 docu-ments ci-après, nous allons découvrir quels sont les modes de financement possibles.

Question 1

1. Analysez la structure et l’évolution des données du graphique intitulé « Besoin et capacité de financement des secteurs institutionnels en France ».

2. Quels sont les trois modes de financement des agents économiques ? Présentez-les par un schéma.

Besoin et capacité de fi nancement des secteurs institutionnels en France (en % du PIB)

Alternatives économiques, Les chiffres de l’économie 2006, hors-série n° 66, p. 13

FinancementOpération par laquelle un agent apporte des fonds à un autre agent.

Lorsqu’un particulier, une entreprise ou l’État ont besoin d’argent pour fi nancer leurs dépenses (achat d’une voiture, construction d’une usine ou d’un hôpital…), ils cherchent du fi nancement. Par exemple, le fi nancement de l’économie représente l’ensemble des fonds engagés pour permettre l’ac-tivité économique d’un pays.

Les agents économiques disposent de trois modes de fi nancement de leurs activités. Tout d’abord, l’autofi nancement*, ou fi nancement interne, est

une somme prélevée sur ses propres revenus : une entreprise s’autofi nance lorsqu‘elle prélève sur ses profi ts les sommes nécessaires au fi nancement de ses projets. Ensuite, une entreprise peut se fi nancer en émettant des valeurs mobilières, actions* ou obliga-tions*, auprès du public. Il s’agit d’un fi nancement externe, en ce sens que les apporteurs de fonds sont extérieurs à l’entreprise. Enfi n, il existe une dernière forme de fi nancement, externe elle aussi, le fi nancement bancaire, obtenu en empruntant auprès des banques.

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 268

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Séquence 2

1B. L’autofinancementNous avons déjà vu l’an dernier l’autofinancement des entreprises (séquence 5) et l’épar-gne des ménages (séquence 8). L’autofinancement est la capacité qu’ont les agents éco-nomiques à financer eux-mêmes leurs projets à partir de leur épargne préalable. C’est donc un mode de financement interne car il ne fait appel à aucun agent extérieur. Les entreprises aujourd’hui financent à presque 80 % leurs investissements productifs et les ménages épargnent près de 15 % de leurs revenus. Donc les ménages et les entreprises ont de réelles capacités de financement. Mais cette analyse est d’ordre macroéconomi-que. D’un point de vue microéconomique, les possibilités d’épargne des agents ne sont pas homogènes. Par exemple, les jeunes ménages et les entreprises naissantes ont besoin de fonds pour des projets à moyen et long terme. Donc ils doivent trouver des sources de financement.

Pour cette raison, ils recourent soit à la finance indirecte (dont les banques), soit à la finance directe pour bénéficier de capitaux. Nous allons donc développer le finance-ment externe direct et indirect.

2. Finance indirecte et finance directe

Marché des capitaux, bourse,

marché monétaire

Systhèmebancaire

Financementmonétaire

Financementnon monétairede l'économie

Finance directe

Finance indirecte

J.-Y. CAPUL et O. GARNIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, éd. Hatier, p. 220

2A. La finance indirecte

Question 2

1. Qu’est-ce qu’un intermédiaire financier ?

2. Déterminez les différentes catégories d’intermédiaires financiers.

3. En plus de la fonction de prêteurs intermédiaires, quelle est l’utilité des intermédiaires financiers ?

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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L’intermédiation fi nancièreSelon la terminologie de Gurley et Shaw devenue aujourd’hui classique, les intermédiaires fi nanciers sont des emprunteurs/prêteurs intermédiaires (on dit aussi : secondaires ou indirects) qui font circuler les fonds des prêteurs fi naux (primaires, directs) jusqu’aux emprunteurs fi naux. Mais la fonction de prêteur intermédiaire ne se réduit pas à celle d’écran : l’actif de l’intermédiaire fi nancier n’a pas les mêmes caractéristiques que son passif. L’in-termédiaire fi nancier détient des actifs fi nanciers (crédits, titres) en général illiquides et/ou risqués qu’il transforme en créances liquides et sûres sur lui-même, assumant, à la place du prêteur fi nal, les risques de liquidité et de défaut.

Les intermédiaires fi nanciers les plus classiques sont les établissements de crédit qui se répartissent entre banques et non banques. Les banques empruntent des ressources, pour partie sous forme de dépôts, pour partie par émission de titres. Ces fonds sont utilisés pour accorder des fi nancements par crédit (au guichet) ou en achetant des titres émis sur les marchés. Rappelons que les banques sont des intermédiaires financiers d’un type particulier puisqu’elles disposent d’un pouvoir de création monétaire (cf. ch. 2).

Les établissements de crédit non bancaires (ou sociétés fi nancières) ne peuvent pas recevoir de dé-pôts. Leurs ressources proviennent essentiellement d’emprunts sur les marchés fi nanciers. Ces sociétés accordent des crédits à la consommation, à l’habitat (Cofi dis, Savac, UCB, etc.).

Certains intermédiaires fi nanciers se rangent parmi les « investisseurs institutionnels ». Il s’agit des compagnies d’assurance dont les ressources sont constituées par les primes versées par les assurés. Ces ressources sont principalement investies en titres sans risque ou peu risqués.

On trouve encore les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM ou Mutual Funds). Ce sont des organismes qui s’interposent entre les épargnants et les marchés fi nanciers. Le capital des OPCVM est fractionné en parts que le public acquiert. Les fonds ainsi recueillis sont uti-lisés à la souscription de titres émis par les agents à besoin de fi nancement (actions, obligations, titres de créances à court terme). La valeur des parts varie ensuite en fonction des cours des titres détenus en portefeuille par l’OPCVM. L’épargnant redevient liquide lorsqu’il le désire, l’OPCVM lui rachetant ses parts à leur valeur de marché sur simple de-mande.

Les fonds de pension constituent une autre caté-gorie d’intermédiaire fi nanciers : les versements réalisés au cours de la période d’activité permettent d’obtenir, au moment de la retraite, un capital ou une rente. C’est le système dit de « capitalisation » où les versements et leurs revenus sont investis en ti-tres. Cela représente donc une forme d’assurance.

JEAN-LOUIS BESSON, Marchés, banques et politiques monétaires en Europe,

Presse universitaire de Grenoble, coll. « L’Économie en plus », 2003, p. 27-28

2B. La finance directeComme son nom l’indique, la finance directe permet aux agents à besoin de finance-ment de s’adresser directement aux agents à capacité de financement sans passer par les « entremetteurs » que sont les intermédiaires financiers. On parle aussi de financement désintermédié. Ils se mettent en contact direct sur le marché des capitaux (partie II). Pour cela, les entreprises et l’État émettent des titres. Les agents ayant des capacités de finan-cement peuvent ainsi y souscrire. Voici le processus du financement direct.

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Séquence 2

Processus de financement direct

Sociétés Sociétés financières

État et administrations

TITRES Actions

ObligationsTitres courts

Agent à besoins de financement

Agent à capacité de financement

MénagesInstitutions financières

EntreprisesAgents étrangers

versement du capital dû + intérêts / dividendes

paiement du titre en transférant du capital

On peut cependant noter que les sociétés financières interviennent beaucoup sur le mar-ché des capitaux. Ce qui est un paradoxe, compte tenu du fait que la finance directe est qualifiée de désintermédiée. Ainsi, elles se procurent des capitaux mais elles souscrivent aussi des titres avec l’épargne collectée. Les intérêts et dividendes perçus constituent ainsi une partie de leurs bénéfices. En plus, le plus souvent, pour souscrire des titres, les ménages passent par des banques. On parle de désintermédiation, mais cela est relatif car ce sont par les opérations des institutions financières que ce circuit de financement est aussi dynamique aujourd’hui.

Les sociétés financières restent donc au cœur du financement de l'économie : pour emprunter ou prêter des moyens de financement, elles opèrent sur le marché des capitaux (partie 2).

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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Partie 2

Le marché des capitaux : le marché monétaire et le marché financierLe marché des capitaux est le lieu de rencontre de l’offre et la demande de fonds. Il est structuré en fonction de l’échéance des titres : le marché monétaire pour les titres à court terme (partie 2A.), le marché financier pour les valeurs mobilières (partie 2B.).

1. Le marché monétaire

1A. Les deux compartiments du marché monétaireLe marché monétaire est constitué de deux compartiments : le marché interbancaire et le marché monétaire.

Question 3

À partir du texte suivant, nous allons découvrir les caractéristiques du marché monétaire :

1. Quelle est l’échance des titres sur le mlarché monétaire ?

2. À qoui sert le marché interbancaire ?

3. Qu’est-ce qu’un titre de créance ?

4. Quels sont les agents qui en émettent ?

5. Qui peut les souscrire ?

1. Le marché monétaire

1A. Les deux compartiments du marché monétaireLe marché monétaire est constitué de deux compartiments : le marché interbancaire et le marché monétaire élargi.

Questions

À partir du texte suivant, nous allons découvrir les caractéristiques du marché monétaire :

1. Quelle est l’échéance des titres sur le marché monétaire ?

2. À quoi sert le marché interbancaire ?

3. Qu’est-ce qu’un titre de créance ?

4. Quels sont les agents qui en émettent ?

5. Qui peut les souscrire ?

Le marché monétaireLe marché monétaire est le marché des capitaux à court terme. Bien que plusieurs défi nitions s’ap-pliquent à l’expression « court terme », elle corres-pond généralement à une période d’emprunt des capitaux inférieure à un an. On peut aussi retenir une défi nition plus large du marché monétaire en considérant qu’il englobe le moyen terme, avec un marché de titres dont l’échéance peut aller jusqu’à sept ans.

En france, le marché monétaire comporte deux compartiments :

– Le marché interbancaire. C’est un marché réservé aux établissements de crédit. Il leur permet de placer ou d’emprunter de la monnaie émise

par la banque centrale pour une durée qui peut se limiter à 24 heures.

– Le marché monétaire élargi. Il est à tous les agents qui placent ou empruntent de la monnaie contre divers titres, pour l’essentiel des bons du Trésor émis par l’état, des certitudes de émis par les institutions fi ancières ou des billets de trésorerie émis par les entreprises.

« Le fonctionnement de l’économie, le fi nancement de l’économie », Gilles JACOUD,

Comprendre l’économie, concepts et mécanismes, Cahiers français, n° 315, p. 28

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Séquence 2

1B. Schéma de synthèse du marché monétaire

Marché monétairetitres ≤ 7 ans

Marchéinterbancaire

Marchémonétaire

élargi

Refinancement des banques

à 24 h

Émission de titres par les agents à besoin de financemnt souscrits par les agents à capacité de financement

Banque commerciales et

banque centraleÉtat í Bons du TrésorSociétés í financières í Certificat de dépôtEntreprise í Billets de trésorerie

Le marché monétaire permet donc à certaines entreprises, aux établissements de crédit, à l'État de se financer sur du très court terme et du moyen terme. Cependant, en fonction des projets à financer, l'échéance de moins de 7 ans est trop courte. Donc ces mêmes organisations se retournent vers le marché financier qui leur permet de gérer sur le long terme la charge de leur financement.

2. Le marché financier

Comme le marché monétaire, le marché financier est scindé en 2 compartiments : le mar-ché primaire qui est le lieu d’émission des nouveaux titres et le marché secondaire que vous connaissez sur le terme de Bourse. S’échangent sur ce marché les valeurs immobi-lières (actions, obligations) mais aussi la possibilité de se protéger des risques grâce aux produits dérivés.

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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2A. La structure des marchés financiers

Marché primaire + Marché secondaire ou Bourse + Marchés dérivés

Marchés Financiers

Sur le marché primaire sont lancés les nouveaux titres. Mais, une fois le premier achat effectué, la revente des titres s’effectue sur le marché secondaire, le marché de l’occa-sion : la Bourse.

Par exemple, courant novembre, la France a procédé à l’ouverture du capital d’EDF. Donc, les ventes ont eu lieu sur le premier marché. Sauf si l’État cherche à réduire sa participation et revend une partie de ses parts, pour acquérir des actions EDF, il faut désormais opérer sur le marché secondaire.

Autrefois le marché secondaire était hiérarchisé en fonction du montant de la capita-lisation boursière, c’est-à-dire en fonction de la somme de la valeur de toutes les actions des sociétés cotées en Bourse. Cependant, depuis 2005, il y a une réforme de la Bourse. Il n’y a plus plusieurs sous-marchés mais un seul : « le marché réglementé unique ».

Les sociétés y sont classées par ordre alphabétique et identifiables grâce à un critère de capitalisation.

Ce critère de capitalisation permet de distinguer facilement :

– les petites valeurs : capitalisation inférieure à 150 millions d’euros ;

– les moyennes : capitalisation entre 150 millions et 1 milliard d’euros ;

– les grandes entreprises : capitalisation supérieure à 1 milliard d’euros.

Mais toutes les entreprises ne peuvent aussi facilement être cotées en Bourse. Il y a des conditions d’admission à respecter.

Nous savons que sur le marché financier s'échangent, en grande partie, des actions et des obligations. Ce qui permet aux entreprises de se financer. Mais, concrètement, comment une entreprise peut-elle se financer en Bourse ? En fait, le principe est simple.

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Séquence 2

2B. Les modalités de financement sur les marchés financiers

Deux partenaires souhaitent dé-velopper leur entreprise de logi-ciels mais n’ont pas suffi samment d’argent et leur banquier juge l’opération trop risquée.

Ils décident alors de se rendre en Bourse (aux Etats-Unis au Nasdaq*, en France au second marché) et de faire coter leur entreprise.

Ayant 100 actions, ils en mettront 40 sur le marché, qui seront acquises ^par de nombreuses personnes. Les fondateurs ob-tiennent les fonds nécessaires pour poursuive leur aventure, mais gardent le contrôle de leur

affaire, ayant encor plus de 50 % du capital.

Ils devront néanmoins informer les actionnaires de l’évolution des performances et leur verser une partie des bénéfi ces (divisés en autant de parts que d’actions, d’où le nom de dividende).

L’évolution du cours de la Bourse illustrera la capacité ou non de l’entreprise à se développer. Plus tard, si la croissance se poursuit, les fondateurs pourront encore « ouvrir leur capital » ou émettre des obligations, qui sont des emprunts (des personnes prêtent de l’argent à l’entreprise pour un

temps déterminé et touchent chaque année des intérêts). Ac-tions et obligations sont cotées en Bourse et peuvent être ache-tées ou vendues à tout moment. C’est d’ailleurs la limite de l’in-dépendance : une entreprise qui a une large part de son capital sur le marché peut être rachetée par une autre à la Bourse, selon la technique de l’offre publique d’achat (OPA*).

Bezbakh et Gherardi, Dictionnaire de l’économie de A à Z, , Larousse et Le Monde, 2003,

p. 100

Comment une entreprise se fi nance en Bourse ?

Donc, pour se financer en Bourse, il suffit que l'entreprise, obligatoirement sous forme sociétaire, vende une partie de ses parts sociales (voir cours de 1re année de droit sur les structures juridiques des entreprises). Cependant, effectivement, elle bénéficie de financement mais elle s’expose au risque de perte d’indépendance. Mais, dans ce cas, pourquoi émettent-elles des actions ?

Question 4

Pourquoi les sociétés émettent-elles des actions pour se financer au risque de perdre l’autonomie du management ?

La caractéristique d’une dette est d’engendrer pour l’emprunteur une charge fi nancière : paiement périodique des intérêts fi xés et remboursement à l’échéance. Ces engagements doivent être tenus quelle que soit la situa-tion de l’emprunteur. Pour une société dont les résultats sont incertains ou lointains, la charge de la dette peut se révéler trop lourde. En particulier, lorsqu’elle se crée, une société doit fi nancer

des investissements, faire face à des coûts fi xes, alors que ses résultats d’exploitation, ou même son chiffre d’affaires, vont rester faibles pendant un certain temps. On se souvient que l’une des causes des diffi cultés fi nancières d’Eurotunnel fut, précisément, une mauvaise structure du pas-sif : trop de dette (bancaire, en l’occurrence) entraînait des frais fi nanciers immédiats alors qu’il fallait du temps pour que la

nouvelle infrastructure monte en puissance et conquière des parts de marché.

C’est pourquoi une société a besoin de fonds propres, d’un capital qui, s’il fi gure au passif du bilan, ne constitue pas une dette. Ces ressources stables ne sont pas sans coût puisque, à défaut d’une rémunération suffi sante, les actionnaires vendront leurs titres. Pour optimiser sa structure fi nancière (entre dette et capital),

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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une société doit comparer le taux d’intérêt du marché et les exigen-ces des actionnaires : si ceux-ci réclament 15 %, la fi rme est pous-sée à s’endetter à outrance !

Pour obtenir des fonds propres, les sociétés émettent des parts de capital social, des actions. Les actionnaires sont, en quelque sorte, copropriétaires indivis de la

société et, en tant que tels, ils ont un droit d’information et partici-pent à la direction de la société, proportionnellement à la part du capital qu’ils détiennent. En cas de faillite, la vente des actifs de la société permet e rembourser (en tout ou en partie) les créanciers. Il va de soi que les actionnaires ne sont pas remboursés puisque ce sont eux qui font faillite.

JEAN-LOUIS BESSON,

Marchés, banques et politiques monétaires en Europe,

Presse universitaire de Grenoble,

coll. « L’Économie en plus », 2003, p. 29-30

2C. Les marchés dérivés et la gestion des risques sur les marchés dérivésLes marchés dérivés sont des marchés spécialisés dans l’assurance des fluctuations futu-res. En effet, du fait de l’inflation, du taux d’intérêt, du taux de change, de l’indice boursier, les valeurs mobilières peuvent se déprécier. Donc, les opérateurs qui le désirent peuvent prendre des positions moyennant des primes contre les risques. Le système est ainsi de type assurantiel. Bien entendu, le degré de couverture du risque est fonction du montant de la prime.

Cependant, sur les marchés financiers, la prévisibilité est impossible à moyen et long terme. Quoi qu’il en soit, il y a toujours un risque du fait de l’incertitude sur l’avenir. Mais ceci est inhérent à toute forme d’investissement. Comme le remarquait Schumpeter et de façon plus contemporaine et triviale Richard Branson, l’investisseur est un risk-taker (« preneur de risque ») !

Sur les marchés dérivés, il existe deux grands marchés : le Matif et le Monep.

MONEP

(Marché des options négociables de Paris)

Marché dérivé où sont proposées des options sur une cinquantaine de valeurs françaises et sur l’in-dice CAC 40.

Ce marché, qui a démarré son activité le 10 septem-bre 1987, est géré désormais par Euronext Paris, qui en assure l’organisation et le bon fonctionnement. Depuis 2002, le marché français des produits déri-vés sur actions et indices (anciennement MONEP et MATIF) est devenu Euronext Liffe Paris.

Ce ne sont pas les titres qui sont négociés sur le MONEP, mais les options, autrement dit des enga-gements d’achats futurs sur les titres : il s’agit donc de « produits dérivés ». Si vous désirez acheter un appartement, mais que vous n’êtes pas sûr de vous, vous préférez le réserver avant de vous engager. Vous prenez une option d’achat auprès du vendeur en déposant une somme d’argent avec, pour prin-

cipe, de verser le reste dans les deux mois. Passé ce délai, soit vous confi rmez votre acquisition et vous apportez le complément, soit vous renoncez et vous perdez votre avance.

Sur le MONEP, on parle de call pour une option d’achat, de put pour une option de vente, de « prix d’exercice » pour le tarif à l’échéance et de « prime » ou « premium » pour le prix de l’option.

D.G.

MATIF(Marché à terme international de France)

Marché où se négocient les instruments fi nanciers permettant de se protéger contre les fl uctuations des taux d’intérêts, du cours des actions, des taux de change et du prix de certaines matières pre-mières.

Cette pratique dite des produits dérivés est inspirée du marché agricole au XIXe siècle. Un négociant

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Séquence 2

s’engage en mars à acheter à un agriculteur sa récolte de blé prévue en août, à un prix fixé d’avance. L’acheteur doit acheter la moisson qu’elle soit bonne ou mauvaise, mais il peut revendre ce contrat jusqu’à ce que la récolte soit faite.

Le besoin de contrat à terme (futures) s’est imposé dans le monde de la fi nance au début des années 1970 après la suppression des aux de change fi xes (qui entraîna une fl uctuation générale des mon-naies). Le contrat vedette est le « notionnel », qui permet de réagir à l’évolution des taux d’intérêt à long terme.

Crée en 1986, le MATIF a été menacé dix ans plus

tard par son concurrent germano-suisse, Eurex, avec l’apparition de l’euro en 1999. Pour réagir, Euronext, la plate-forme boursière commune de Paris, Amsterdam et Bruxelles, prenait, en janvier 2002, le contrôle du London International Finan-cial Futures & Options Exchange (Liffe), le mar-ché britannique des produits dérivés. Le marché français des produits dérivés sur actions et indices (anciennement MONEP et MATIF) est ainsi devenu Euronext Liffe Paris.

D.G.

Dictionnaire de l’économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, p. 378 et 383

Le Matif est donc le marché où se négocie les instruments financiers permettant de se protéger contre les fluctuations des taux d'intérêt, du cours des actions, des taux de change et du prix de certaines matières premières. Alors que le Monep est un marché dérivé où sont proposées des options. Une option donne un droit : acheter/vendre à un prix convenu aujourd'hui à une échéance.

Les marchés dérivés sont donc essentiels à la fluidité et donc à la vitalité des marchés financiers, car ils permettent d’apporter une solution relative à la gestion du risque. En effet, le marché des capitaux est apprécié pour la facilité à se procurer des financements. Mais il faut au préalable les sécuriser car il n’y a pas, comme dans le cadre de la finance indirecte, de prêteurs intermédiaires, qui certes proposent des produits de financement plus chers et moins rémunérateurs, mais endossent le risque de perte de valeurs ; cette baisse de la valeur des actifs est en toute logique due à la conjoncture économique mais surtout à la spéculation existante comme nous l’avons vu avec la crise de 1993, en 2002 avec l’éclatement de la bulle Internet florissante sous l’ère de la nouvelle économie, et peut être prochainement avec l’éclatement de la bulle immobilière.

Conclusion

Résumé : les circuits de financement sont donc principalement ceux de la finance indirecte par l’intermédiaire des sociétés financières mais aussi ceux de la finance directe grâce au déve-loppement du marché des capitaux.

Ouverture : de cette duplication des modes de financement, il en résulte une transition d’une économie d’endettement à une économie de marchés de capitaux. En effet, dans les pays développés, les modes de financement sont aujourd’hui désintermédiés, le taux d’intermé-diation en France étant aujourd’hui d’à peine de 20 %. Ce qui signifie qu’aujourd’hui près de 80 % des financements se font sur le marché des capitaux. Cette situation se confirme d’autant plus à l’heure où l’État, par de nombreuses incitations fiscales, cherche à orienter vers l’épar-gne longue les placements des ménages. Serait-ce la mort programmée des banques et autres intermédiaires financiers, figures emblématiques du capitalisme ? Loin s’en faut, car même s’ils ne délivrent plus autant de crédits, ce sont leurs sociétés qui gèrent l’achat et la vente de titres pour eux-mêmes ou le compte de leurs clients, c’est-à-dire les entreprises, les ménages.

Nous allons désormais nous intéresser à l’importance de ce marché des capitaux en plein essor.

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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Réponses aux questions

Question 1

1. Ce graphique présente l’évolution de la situation des agents à capacité et à besoin de financement en % du PIB. Cela signifie, par exemple, que le solde du compte financier des ménages dégage un solde positif à 3,9 % du PIB en 2004 alors que les administrations publiques ont emprunté un montant équivalent à 3,6 %. Même la situation des agents économiques évolue. Globalement, il est possible de déduire que :

– les agents à capacité de financement sont les ménages ;

– les agents à besoin de financement sont les sociétés, l’ensemble des adminis-trations.

2. Schéma de synthèse : Modes de financement des agents économiques

AutofinancementÉmisssion

d'obligation d'action

Emprunt bancaire

MénagesEntreprise

individuelle

SociétésÉtat

MénagesEntreprises

État

Financement

Les agents ont plusieurs possibilités de financement que nous allons étudier.

Question 2

Attention la correction est importante.

1. Un intermédiaire est celui qui se trouve entre deux situations ou agents pour assurer la transition. Donc les intermédiaires financiers sont les organismes qui sont entre les agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement. Les intermédiaires financiers sont alors des emprunteurs/prêteurs intermédiaires qui font circuler les fonds des prêteurs finaux jusqu’aux emprunteurs finaux.

Cela signifie que ce sont des institutions financières qui prêtent des capitaux qu’ils ont collectés de différentes manières auprès des épargnants, à des emprunteurs. Il y a différentes catégories d’intermédiaires financiers que l’on regroupe sur le vocable d’ins-titutions financières.

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Séquence 2

2. Les différentes catégories d’intermédiaires financiers

Institutions financières Processus Exemples

Établissements de crédit

Perçoivent des dépôts, empruntent des ressources pour accorder des financements par crédit ou en achetant des titres.

Crédit mutuel

Sociétés financières. Établissements de crédit

non bancaires

Empruntent sur les marchés financiers des capitaux liquides pour accorder des crédits à la consommation ou à l'habitat aux ménages.

Cofidis

Investisseurs institutionnels

Les compagnies d'assurances ont des ressources grâce aux primes versés par les assurés qu'elles réutilisent pour investir en titres sans risques et/ou peu risqués.

AGF, Caisse de retraite privé complémentaire

OPCVM

Ce sont des Organismes de placement collectif de valeurs mobilières. Un portefeuille collectif de valeurs mobilières est géré par des spécialistes d'une grande institution financière. Les fonds proviennent des épargnants qui ne souhaitent pas intervenir en Bourse tout en bénéficiant de ses avantages. Les fonds permettent d'acheter des titres émis par des agents à besoin de financement.

FCP (Fonds commun de placement), Sicav (Société d'investissements à capital variable)

Les fonds de pensionCe sont des organismes qui prélèvent sur les actifs des sommes pendant leur activité professionnelle, pour leur reverser pendant leur retraite des revenus ou un capital.

Groupe Malakoff

3. Utilité des intermédiaires financiers : leur fonction dépasse leur capacité à permettre la rencontre de l’offre et la demande de financement. Ils réalisent l’adéquation quantitative et qualitative entre l’épargne disponible des prêteurs et les besoins de financement des emprunteurs.En effet, grâce aux intermédiaires financiers, les agents à capacité de financement épargnent en fonction de leurs préférences et les agents à besoin de financement empruntent en fonc-tion de leurs besoins.Surtout, l’intermédiaire financier a la faculté de transformer des crédits et des titres illiqui-des et/ou risqués en créances sûres et liquides sur lui-même. Ils assurent donc le risque de défaut de liquidité pour le prêteur final.L’intermédiation est donc une transformation des risques et des échéances, car les actifs risqués à long terme sont convertis en actifs moins risqués à court terme. Finalement, les opérations d’intermédiation sont possibles par la mutualisation qui diminue le risque global. Le risque est dilué par la loi des grands nombres : les intermédiaires financiers multiplient et diversifient les prêts, ce qui leur confère une relative sécurité. D’un point de vue macro-économique, leur rôle est essentiel pour le financement de l’économie. Ils permettent une meilleure allocation des ressources.

Il est aussi possible de se passer des intermédiaires financiers pour obtenir des capitaux, notamment pour les entreprises et l'État. C'est la finance directe ou désintermédiée.

Question 3

1. L’échéance des titres sur le marché monétaire est inférieure à 7 ans ; les titres dont l’échéance est supérieure à 7 ans s’échangent sur le marché financier.

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Les circuits de financement et le marché des capitaux

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2. Le marché interbancaire, comme son nom l’indique, est réservé aux banques. Il leur permet de se refinancer à court terme : les banques y échangent leurs déficits et leurs excédents de trésorerie. La Banque de France intervient sur ce marché dans le cadre de la politique euro-péenne définie par la Banque centrale européenne. Le niveau du taux d’intérêt est fonction des interventions (ex. : demande de titres = offre de monnaie = baisse des taux d’intérêt).

3. Titre de créance est un document représentant un droit de créance. Celui qui l’émet obtient des fonds du montant de la part de celui qui le souscrit. En contrepartie, l’émetteur est tenu de lui verser régulièrement des intérêts et au remboursement de l’intégralité du capital prêté. Ils sont négociables car le souscripteur a la possibilité de les revendre à un autre souscripteur avant son échéance. Ils s’échangent donc comme les titres de propriété (= actions). Sur ce marché, leur durée maximale est de 7 ans.

4. Tous les agents économiques ne sont pas habilités à émettre des titres de créance négo-ciables. Seuls l’État, les sociétés financières, les entreprises cotées en Bourse peuvent émettre des titres. L’État émet des bons du Trésor, les sociétés financières des certificats de dépôt, les entreprises des billets de trésorerie.

5. Tous les agents économiques peuvent souscrire des titres de créance négociable. Donc les ménages, toutes les entreprises qui veulent investir sur le marché monétaire élargi, les agents économiques étrangers et surtout toutes les sociétés financières peuvent souscrire.

Question 4

Les sociétés émettent des parts sociales ou actions car, au passif du bilan, ces titres ne consti-tuent pas une dette mais permettent d’obtenir des financements. Les actionnaires deviennent copropriétaires de l’entreprise proportionnellement à la part du capital qu’ils détiennent. Ils endossent donc la responsabilité en cas de faillite : ils ne seront pas remboursés. Pour attirer les actionnaires, les sociétés sont tenues de reverser des dividendes aux actionnaires en place d’intérêts pour le détenteur d’une obligation. C’est un financement intéressant quand les charges fixes sont très importantes a contrario, d’une obligation dont le capital prêté doit être intégralement restitué. Cependant, le financement par l’actionnariat peut être problé-matique quand la pression des actionnaires est telle qu’ils exigent un rendement de 15 % avec risque de revente des actions, et donc baisse du cours, s’ils n’étaient pas satisfaits.

Donc, les marchés financiers permettent aux sociétés financières et non financières de se financer. Ils permettent aussi à l’État d’émettre des obligations et vendre les actions des entreprises publiques privatisées comme pour EDF dernièrement.

Cependant, sauf dans le cas des obligations où le seul risque de perte est lié à l'inflation, les valeurs mobilières sont potentiellement risquées. Donc pour se prémunir du risque de perte ont été créés les marchés dérivés.

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Séquence 3

Thème 1

Le développement des marchés de capitauxÀ partir des documents ci-après, nous allons apprécier le développement du marché des capitaux. Pour cela, vous répondrez aux 2 questions suivantes.

Question 1Quels sont les facteurs économiques, financiers et juridiques qui expliquent un tel essor du marché des capitaux ?

Question 2Quels sont les risques sur le marché des capitaux et comment peut-on y remédier ?Annexe 1 : « les marchés financiers », sciences humaines, n° 146, février 2004.Annexe 2 : « l’évolution du financement de l’économie en france depuis 1945 », cahiers fran-çais, n° 331, « le financement de l’économie », avril 2006, la documentation française.

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Annexe 1 1/2

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Annexe 1 2/2

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Annexe 2 1/7

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Annexe 2 2/7

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Annexe 2 3/7

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Annexe 2 4/7

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Annexe 2 5/7

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Annexe 2 6/7

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Annexe 2 7/7

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Thème 1

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Voici ma proposition de correction. Même si elle n’était pas demandée, je vous propose une synthèse rédigée avec une introduction, une conclusion et un plan apparent.

u IntroductionAccroche : aujourd’hui, sur le marché des capitaux, ce sont plus de 1 500 milliards de dollars qui circulent quotidiennement. Un seul jour de transactions sur le marché des capitaux est l’équivalent d’une année de PIB de la france, pourtant 5e puissance économique. Les mon-tants échangés sont donc colossaux !

Définition et intérêt du sujet : le marché des capitaux permet aux sociétés, aux institutions financières et à l’état de se financer directement par souscription de titres : il est composé du marché monétaire pour se financer à court terme et du marché financier pour obtenir des fonds à long terme. À cela s’ajoute les marchés dérivés. Il est courant par commodité d’en-glober le marché des capitaux de long terme par le terme « marchés financiers ».

Problématique : comment expliquer un tel essor des mouvements de capitaux et surtout quels en sont les risques ?

Présentation du plan : pour cela, nous verrons quels sont les facteurs économiques, juridi-ques et financiers qui expliquent un tel essor du marché des capitaux (partie 1). Nous verrons aussi quels sont les risques sur le marché des capitaux et comment y remédier (partie 2).

1. Facteurs économiques, juridiques et financiers expliquant l’essor du marché des capitaux

1A. Les facteurs économiques et financiersUn financement sur le marché des capitaux revient moins cher qu’un financement bancaire. En effet, à l’époque des années 1970-1980, les taux d’intérêt étaient très élevés du fait de l’inflation, des taux de change et de l’encadrement du crédit. Donc le recours aux marchés financiers permettait à l’état de mieux gérer la charge de sa dette et ses déficits répétés. De plus, les entreprises qui devaient financer la modernisation de leur équipement préféraient émettre des obligations et des actions (qui allègent la charge de la dette). Enfin, les sociétés financières s’y retrouvaient, car elles pouvaient à la fois se financer et procéder à des opéra-tions rémunératrices.

1B. Les facteurs juridiquesLa vague libérale des années 1980 a eu comme corollaire la libéralisation du marché des capitaux.

Cela s’est d’abord traduit par les « 3d » d’henri bourguinat : déréglementation, désintermé-diation, décloisonnement. La déréglementation correspond à l’abolition des réglementa-tions lourdes et fastidieuses et le décloisonne ment favorise l’interconnection des différents marchés de tous les pays. Ces 3 phénomènes ayant pour objectif de faciliter la circulation internationale des capitaux.

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Séquence 3

1C. Les facteurs financiersAinsi se développe le monde de la finance. Fleurissent alors de nouveaux produits financiers (sicav et FCP) mais aussi de nouveaux marchés (un nouveau marché pour les entreprises du secteur de la nouvelle économie). De plus, les actifs achetés sur les marchés financiers ne sont pas payés au comptant. Seules les commissions sont payées, ce qui facilite les achats. Les emprunteurs mais surtout les fournisseurs de fonds y gagnent. Les ménages aussi s’y retrouvaient doublement. D’abord par une défiscalisation de l’épargne longue pour les titres de créance. Mais surtout par la possibilité d’empocher des dividendes, part de bénéfice au prorata des parts sociales. Ces opportunités économiques ont été accentuées par une régle-mentation en faveur des marchés financiers et donc des mouvements de capitaux.

Tous ces facteurs expliquent alors le développement du marché des capitaux. Finalement, le développement des capitaux s’expliquerait par un gain pécuniaire pour tous ceux qui inter-viennent.

Cependant, même s’il semblerait que le gain soit facile, la perte par contre est autant voire plus probable car le financement via les marchés financiers reste risqué !

2. Risques et mesures de prévention

2A. La volatilité du prix des actifs financiersSur les marchés financiers, les actifs ne sont pas stables. Cette variation au jour le jour du prix des actifs est très risquée. C’est cette volatilité d’ailleurs qui explique l’importance des mou-vements journaliers. Gérés par des professionnels, leurs profits proviennent de leurs capacités à acheter le moins cher possible pour revendre le plus cher possible. Donc, ils se déplacent en fonction des profits par un jeu d’écriture sur les écrans sans avoir à débloquer les fonds. Or, à ce jeu, il n’y a pas que des gagnants.

2B. Les marchés financiers sont sans cesse menacés par les spéculationsNormalement, la valeur d’un actif, notamment les actions, est en toute logique cohérente avec la vitalité et les bénéfices de la société. Or, il arrive que la valeur de l’actif soit déconnectée de la sphère réelle pour être surévaluée par rapport à sa « vraie valeur ». C’est la spéculation. Initialement, il y a un engouement pour un actif. Il prend de la valeur car la demande, mimé-tique, du fait de la croyance collective, achète même quand le prix monte. Et puis la réalité prend le devant en même temps que tous croient au retournement de marché. Et puis la « pro-phétie devient autoréalisatrice » et « les prix tombent comme un précipice ». C’est le krach dont les conséquences sont la perte sèche pour les porteurs de titres et la faillite des entreprises et sociétés financières. C’est ce qui s’est passé en 1630 avec les bulbes de tulipes en hollande, en 1929, en 1987 et en 2000 pour les valeurs technologiques. (C’est aujourd’hui peut-être ce qui se passe avec l’immobilier dont les prix atteints en si peu de temps sont faramineux.) Et les crises financières sur la scène internationale sont fréquentes : Mexique en 1994, Thaïlande en 1997, Russie en 1998 et Argentine en 2002. Les conséquences économiques et sociales sont très lourdes. Si bien que l’état réagit bon gré mal gré, en refinançant les institutions financières pour éviter le risque systémique et les faillites en cascade. C’est exactement ce qui s’est passé en

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Thème 1

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1994, les États-Unis ayant approvisionné en dollars la banque centrale mexicaine. De même, en 1998, dans l’affaire LCTM. La France aussi a dû agir en 1993 en France avec le crédit lyonnais. Le sauvetage du crédit lyonnais avait coûté à l’époque 5 000 francs par contribuable. Donc, avant d’en arriver là, quelles mesures préventives peuvent être efficaces ?

2C. Les mesures de préventionComme le dit un bon dicton : « il vaut mieux prévenir que guérir ». C’est pour cela que ces mesures ont pour objectif d’empêcher les spéculations et les krachs. Avant toute opération financière, un ratio de solvabilité doit être respecté : le ratio cooke (le rapport entre le montant des fonds propres / tous les actifs financiers en cours ≥ 8 %). De plus, il existe des institutions capables de surveiller les opérations en bourse (autorités des marchés financiers ou commission des opérations en bourse). Enfin, il est possible de taxer à hauteur de 0,5 à 1 % les mouvements de capitaux. Cela a un effet sur les mouvements car, si le même capital doit transiter plusieurs fois dans la journée, cela bien entendu érose le montant initial. Donc, cela réduirait les mouvements de capitaux spéculatifs.

Donc, les conséquences sur les marchés financiers sont d’autant plus dangereuses que le ris-que est d’ordre systémique. Il faut donc organiser des mesures préventives efficaces car, le cas échéant, la collectivité adosse un coût social.

Conclusion

Résumé : les marchés des capitaux concourent au dynamisme de l’économie en la fi nançant. Cependant, cette facilité de fi nancement a des limites. D’abord, elle ne sert que les sociétés cotées en bourse. Cela ne concerne donc pas les petites entreprises et petits producteurs du monde entier. Mais surtout elle entretient l’illusion que l’on peut gagner de l’argent avec de l’argent. C’est l’appellation triviale d’économie de casino. Et puis quand la crise arrive l’état est obligé de réagir avec la contribution forcée des citoyens !

Ouverture : comme le remarquait François Perroux : « La science économique ne saurait être le gardien des bureaux du business. Il serait bon que partout on s’en persuade. L’économie réelle est tout autre chose qu’une machine à sous d’un genre inédit, surmontée de lettres lumineuses : « Mettez un peu de monnaie ! Retirez-en beaucoup ! »... »

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Séquence 4

Les échanges internationaux de biens et services

u Contenu

Partie 1

Les principaux courants d’échanges de biens et de services ........ 53

1. L’histoire et dynamisme des courants d’échanges internationaux ... 53

1A. L’origine des échanges internationaux..................................................... 53

1B. Essor du commerce international et industrialisation ............................ 54

1C. Le commerce international depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui ............................................................................. 55

2. La structure des biens et services échangés aujourd’hui .............. 56

2A. L’échange des marchandises ..................................................................... 56

2B. L’èchange des services ............................................................................... 57

2C. Synthèse ...................................................................................................... 58

Partie 2

Les caractéristiques du commerce international aujourd’hui ..... 58

1. L’importance du commerce inter-firme et intra-branche ............... 58

1A. Le rôle des firmes multinationales dans le dynamisme du commerce international : le commerce intra-firme ................................................... 58

1B. Le commerce intra-branche ....................................................................... 60

2. La géographie économique du commerce international ............... 60

2A. La hiérarchie du commerce mondiale ....................................................... 60

2B. La polarisation du commerce mondiale ................................................... 61

2C. Les nouvelles tendances du commerce international : le dynamisme fulgurant de la Chine ................................................................................. 62

3. Asymétrie et vulnérabilité des pays du sud ..................................... 63

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Séquence 4

Partie 3

La balance des transactions courantes dans la balance des paiements ................................................................................................. 64

1. La balance des transactions courantes .............................................. 64

1A. La balance commerciale : l’enregistrement des échanges de marchandises ......................................................................................... 64

1B. La balance des invisibles : l’enregistrement des échanges de services ................................................................................................... 66

1C. La balance des transactions courantes : l’enregistrement des échanges de marchandises et de services ................................................................. 66

2. La balance des paiements ..................................................................... 67

2A. La structure de la balance des paiements ................................................ 67

2B. Le principe d’équilibre de la balance des paiements .............................. 68

3. La balance des transactions courantes de la France en 2004 ....... 69

Réponses aux questions ...................................................................................... 74

u Objectifs de la séquence 1. Connaître les principaux courants d’échange de biens et services (partie 1).

2. Distinguer les caractéristiques du commerce international aujourd’hui (partie 2).

3. Identifier les éléments constitutifs de la balance des transactions courantes et situer celle-ci dans la balance des paiements (partie 3).

u Mots clefsPartie 1 : échanges internationaux, commerce international, structure des échanges.

Partie 2 : commerce inter-fi rme, commerce intra-branche, triade, polarisation, asymétrie.

Partie 3 : balance commerciale, balance des invisibles, balance des transactions couran-tes, balances des paiements.

u IntroductionEntrée en matière : en 2004, selon l’Organisation mondiale du commerce, ce sont plus de 8 880 milliards de dollars de biens qui ont été exportés.

Définition et intérêt du sujet : les échanges internationaux de biens et services corres-pondent aux exportations et aux importations entre les nations. Ils sont l’essence même du capitalisme.

Problématique : quelle est la nature du commerce international aujourd’hui ?

Présentation du plan : quels sont les principaux courants d’échange de biens et de servi-ces ? (partie I). Quels sont les caractéristiques du commerce international aujourd’hui ? (partie II). Comment les échanges sont-ils comptabilisés ? (partie 3).

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Partie 1

Les principaux courants d’échange de biens et de servicesPar échange, on entend – en dehors des prélèvements ou dons – cession d’un bien ou d’un service entre deux agents économiques. Cet échange est qualifié d’international quand les deux agents économiques ne résident pas dans le même pays.

Le commerce international est le commerce entre nations, les achats étant des impor-tations et les ventes des exportations. Voici l’histoire du commerce mondial (partie 1A.) et la structure des échanges aujourd’hui (partie 1B.).

1. L’histoire et dynamisme des courants d’échanges internationaux

1A. L’origine des échanges internationauxNous avons vu lors de notre premier cours d’économie (séquence 1, 1re année) que la satisfaction de nos besoins est la base de l’économie. Il en est de même pour les échanges internationaux. Pour illustration je vous propose de lire André Fourcans.

Une première raison que tu ne contesteras pas je pense : tu aimes bien manger des bananes, boire du bon café, et profi ter des avantages de l’essence qui fait carburer ma vieille guimbarde.

Malheureusement, il fait un peu trop froid à Paris pour que prospèrent de beaux fruits exotiques ou de verts caféiers, et les dieux ne nous ont pas suf-fi samment gâtés en nappes d’or noir. Dommage, mais l’on n’y peut pas grand-chose. Nous avons donc besoin des autres pour satisfaire nos besoins

et nos désirs comme d’autres ont besoin de nous pour obtenir les produits qui n’existent pas chez eux pour des raisons climatiques, géologiques ou autres. Évident diras-tu ? Mais ne crois pas que c’est là la seule explication à l’échange entre nations.

André FOURCANS,

L’économie expliquée à ma fi lle, éd. du Seuil, 1997, chapitre 1 : « L’échange international, pour faire quoi »,

p. 127-128

Pourquoi donc l’échange international ?

C’est pour répondre à la satisfaction de ceux de toute la population qu’il y a toujours eu de l’échange international. Donc ce n’est pas une activité nouvelle qui serait née avec le développement du système économique capitaliste. Les échanges internationaux remon-tent même à l’Antiquité comme vous pouvez l’apprécier en lisant cet article.

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Séquence 4

Dès l’antiquité, les cités maritimes de Grèce, après les navigateurs phéniciens, établissent des réseaux d’échange à travers la Méditerranée ; les relations commerciales s’étendent de l’Égypte et de l’Orient profond à la Sicile et aux côtes espagnoles jusqu’en Galice. Céréales, métaux, produits artisanaux et esclaves constituent l’essentiel de ce commerce au long cours. Athènes à l’époque classique (Ve siècle avant J.-C.) puis Rome après sa victoire sur Carthage (IIIe siècle avant J.-C.) apparaissent comme des centres puissants capables d’orienter les fl ux com-merciaux sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Le progrès des techniques de navigation soutient l’expansion du trafi c. À la fi n de la République, Rome importe 480 000 hectolitres de blé par an. Sa monnaie favorise un processus d’intégration, ainsi les prix du blé ont-ils tendance à s’unifi er au sein de l’Empire et à varier dans le même sens à Rome, en Sicile, à Rhodes et en Égypte.

Après la chute de l’Empire romain et l’ère des inva-sions, le pouvoir politique se morcelle en Occident. L’insécurité grandit et le commerce lointain connaît du Ve au Xe siècle un net ralentissement.

Sa réactivation est l’œuvre de villes d’Italie du Nord qui parviennent à s’affranchir des structu-res féodales en affi rmant leur autonomie. Leurs réseaux commerciaux transcendent les frontières et s’adaptent aux recompositions territoriales. La plus puissante de ces cités est Venise, république marchande dès le IXe siècle, qui achète à l’Occident des esclaves, des bois, du fer, plus tard des draps de laine qu’elle vend aux byzantins et aux musulmans contre des épices et de la soie venue d’Extrême Orient, des parfums et de l’encens d’Arabie, des

ivoires d’Égypte. Venise, imitée par Pise et Gênes, profi te du déclin des empires byzantin et musulman pour étendre ensuite son infl uence sur l’ensemble de l’espace méditerranéen, et de la constitution de l’empire mongol (XIIIe siècle) pour se passer des intermédiaires arabes sur les marchés orientaux. Des routes commerciales terrestres s’ouvrent alors vers l’Inde et la Chine.

À une moindre échelle, une « révolution commer-ciale » analogue se produit au Nord de l’Europe autour de la mer du Nord et de la mer Baltique. À la fi n du XIe siècle, Bruges connaît ainsi un dé-veloppement commercial spectaculaire. Les villes autonomes de Lübeck et de Hambourg imposent leur puissance commerciale et militaire sur le Sud de la Baltique : dans le cadre de la Ligue hanséatique, elles forment une alliance qui organise la protection des convois de marchandises.

À partir du XIIe siècle, les foires régionales – notam-ment celles de Champagne – assurent des liens entre ces deux espaces maritimes. Ces foires qui s’enchaî-nent et durent chacune plusieurs semaines forment une sorte de « marché continu » qui rassemble des commerçants venus de Flandres, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, de France, voire d’Angleterre. Les produits lainiers et les draperies des Flandres s’y échangent contre des vins français, des étoffes syriennes et persanes, des épices rapportées d’Orient par les commerçants italiens.

Jean-Charles ASSELAIN et Bertrand BLANCHETON, Cahiers français, n° 325, « Les mutations de l’écono-

mie mondiale, mondialisation et commerce interna-tional, une histoire ancienne », p. 33-34

Cités marchandes et commerce au long cours

de l’Antiquité au Moyen Âge

Mais le commerce international connaît un véritable dynamisme à partir du XIXe siècle, avec l’ère de l’industrialisation.

1B. Essor du commerce international et industrialisation

Question 1

Après avoir lu l’article suivant, relevez quelles sont les causes de l’essor du commerce international depuis la première révolution industrielle jusqu’à la Première Guerre mondiale.

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Le commerce international, après son effondrement pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire, a connu au XIXe siècle une formidable expansion : son volume est multiplié par vingt environ entre 1815 et 1913 (+3 % par an, un rythme de croissance qui ne sera dépassé qu’après 1945). Cet essor a pour origine directe la révolution industrielle, qui confère un quasi-monopole pour les exportations manufacturières à quelques pays et instaure une véritable division mondiale du travail : produits in-dustriels des pays avancés contre

denrées alimentaires et matières premières des « pays neufs » et des économies coloniales. Les produits primaires représentent vers 1913 plus de la moitié de la valeur du commerce inter-national. Ils bénéficient de la baisse de long terme des coûts de transport, qui s’accélère au milieu du XIXe siècle avec la révolution des transports : le chemin de fer (qui unifi e le marché national, tout en assurant la desserte des grands ports), la navigation à vapeur, le percement des isthmes de Suez (1869) et Panama (1914). Le premier câble transatlantique

est posé en 1865 ; en 1913, la lon-gueur des réseaux télégraphiques représente onze fois le tour de la Terre, et le téléphone est déjà en plein essor : un pas décisif vers la transmission instantanée de l’information a été franchi.

Jean-Charles ASSELAIN et Ber-trand BLANCHETON, Cahiers français, n° 325, « Mondialisation et commerce international, les mutations de l ’ é conomie mondia l e , une histoire ancienne », p. 35

Industrialisation et première mondialisation

1C. Le commerce international depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui

Question 2

Calculez les taux d’évolution périodiques et globales et faites un commentaire succinct.

50 ans d’échanges mondiaux (en milliards de dollars)

Christian CHAVAGNEUX,« 50 ans d’échanges mondiaux »,

Alternatives économiques, les chiffres de l’économie 2006,hors-série n° 66, 4e trimestre 2005, p. 68,

e

, ,

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Séquence 4

2. La structure des biens et services échangés aujourd’hui

Pour 2004, ce sont près de 8 880 milliards de dollars de biens qui sont échangés.

O les données sont en dollars alors que sa valeur s’est initialement appréciée puis dépréciée vis-à-vis de l’euro.

2A. L’échange des marchandisesLa structure de l’échange des marchandises est la suivante :

Évolution à long terme du commerce des marchandises par principaux secteurs (en %)

Lahsen ABDELMALKI et René SANDRETTO, Cahiers français, n° 325, « Mondialisation et commerce international, État des lieux

du commerce international, la nouvelle géographie du commerce international », p. 5

Les marchandises représentent plus de 80 % des biens échangés, la part des services étant encore mineure, ce qui est apparu logique pendant longtemps.

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Les échanges internationaux de biens et de services

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2B. L’échange des services

Échanges mondiaux de services

L’Économie mondiale 2007, Coll. Repères, édition La Découverte

Répartition du commerce mondial en 2001 : 7 442 milliards de dollars

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, « Le commerce international », p. 146

Aujourd’hui, la valeur du commerce des services est de 1 795 milliards de dollars. L’échange des services est certes en progression mais moins que les marchandises. Ceci s’explique car cette évolution est très disparate d’une catégorie de services à l’autre. En effet, les secteurs en croissance sont ceux des services informatiques, des services finan-ciers et d’assurance. Par contre, les services des transports et ceux liés à la construction stagnent voire régressent.

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Séquence 4

2C. SynthèseLes services représentent à peine 20 % des échanges, les secteurs dynamiques étant ceux de l’informatique, de la finance et des assurances.

Les marchandises représentent 80 % des échanges, soit plus de 6 000 milliards de dollars.

Les échanges de produits manufacturiers à haute valeur ajoutée sont dynamiques à l’instar de ceux de la sidérurgie et du textile. Ils représentent 75 % en 2003 des échanges de marchandises.

Par contre les produits miniers et agricoles sont extrêmement sensibles aux cours inter-nationaux. Ils représentent respectivement 14 % et 10 % en 2003 des échanges de mar-chandises.

Ces chiffres sont éloquents et parlent d'eux-mêmes. Cependant, certains phénomè-nes ne transparaissent pas dans les chiffres : ce sont les caractéristiques du com-merce international aujourd'hui (partie 2).

Partie 2

Les caractéristiques du commerce international aujourd’huiDerrière l’importance des échanges, le commerce international répond surtout à une logique de pouvoir. C’est ce que nous allons voir en étudiant l’importance du commerce inter-firme et intra-branche (partie 2 1.), la polarisation du commerce international (par-tie 2 2B.), les difficultés des pays en voie de développement à prendre part aux échan-ges internationaux (partie 2 2C.).

1. L’importance du commerce inter-firme et intra-branche

Les échanges internationaux sont les champs des firmes multinationales et du commerce intra-branche.

1A. Le rôle des firmes multinationales dans le dynamisme du commerce international : le commerce intra-firme

Les firmes multinationales jouent un rôle de prime importance dans le commerce inter-national, comme l’explique Wladimir Andreff dans l’article ci-après.

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Les échanges internationaux de biens et de services

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En moyenne, près de 45 % des ventes totales des multinationales sont des exportations. Un investis-sement direct à l’étranger crée du commerce inter-national dès lors qu’une fi liale étrangère exporte une part de sa production et importe une part (majeure avec les stratégies globales) de ses intrants (matières premières, pièces détachées, composants, etc.). Les multinationales contrôlent une part appréciable du commerce mondial. La division internationale du travail et la répartition des activités productives dans le monde résultent, en outre, de plus en plus des décisions de ces fi rmes.

Leur commerce captif (fl ux international de pro-duits entre la société mère et les fi liales) porte sur-tout sur des biens intermédiaires, des composants

et des produits semi-fi nis. Le négoce international des produits de base est presque totalement sous leur contrôle : elles réalisent 90 % du commerce mondial du blé, du café, du maïs, du bois, du tabac, du jute et du minerai de fer, 85 % du commerce du cuivre et de la bauxite, 80 % de celui du thé et de l’étain, 75 % pour les bananes, le caoutchouc naturel et le pétrole brut. Les marchés des produits fi nis industriels sont globaux, spécialement dans l’électronique ou l’automobile, où des normes internationales s’imposent après avoir été mises au point par des multinationales.

Wladimir ANDREFF,L’économie repensée, éd. Sciences Humaines, 2000,

« Le règne des FMN », p. 310-311

Globalisation du commerce et de la production

Aujourd’hui, d’après la Cnuced, ils existent dans le monde environ 65 000 FMN qui ont environ 850 000 filiales à l’étranger. Une entreprise est qualifiée de FMN quand elle réalise une partie de sa production dans au moins un pays étranger. L’ONU fixe le seuil à 10 %. Donc les FMN ont de nombreuses filiales et organisent leur production à l’échelle mondiale. Les FMN détiennent une part importante du commerce mondial car les échanges entre la société mère et les filiales à l’étranger sont comptabilisés comme des exportations, ce qui augmente le volume des échanges internationaux et donc la valeur du commerce international. Au final, les FMN contrôlent environ 1/3 du commerce international alors que ce n’est que commerce intra-firme, c’est-à-dire entre les firmes.

Alternatives économiques, hors-série, décembre 2005

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Séquence 4

1B. Le commerce intra-brancheLe commerce intra-branche correspond à des échanges de produits issus d’une même branche. Deux pays peuvent exporter et importer l’un vers l’autre des automobiles de marques et de modèles différents. Les échanges sont croisés mais sont comptabilisés comme des importations et des exportations.

Aujourd’hui, le commerce intra-branche représente une part importante du commerce mondial et jusqu’à 50 % du commerce des pays développés.

Question 3

Donnez un exemple de commerce intra-branche.

2. La géographie économique du commerce international

La géographie du commerce international est très disparate : plus les pays sont riches, plus ils commercent, plus ils s’enrichissent et inversement.

2A. La hiérarchie du commerce mondialLe commerce mondial est hiérarchisé. Les dix premiers pays exportateurs mondiaux de marchandises réalisent à eux seuls 55 % des exportations mondiales.

Christian CHAVAGNEUX,Alternatives économiques, les chiffres de l’économie 2006,

hors-série n° 66, 4e trimestre 2005, « 50 ans d’échanges mondiaux », p. 68

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Les échanges internationaux de biens et de services

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De plus, ce sont les Pays développés à économie de marché (PDEM) qui totalisent les 2/3 du com-merce mondial, contre 20 % des Pays en voie de développement (PED) et moins de 10 % pour les pays en transition. Cela est d’autant plus manifeste que cette répartition est environ la même depuis plus de 50 ans.

Part relative des trois grands groupes de pays dans le commerce mondial 1948-2003

Lahsen ABDELMALKI et René SANDRETTO, Cahiers français, n° 325, « Mondialisation et commerce international, État des lieux du commerce

international, la nouvelle géographie du commerce international », p. 6

Donc plus un pays est riche, plus il exporte, d’où la polarisation du commerce mondial entre les régions riches.

2B. La polarisation du commerce mondialEn effet, le commerce mondial n’est pas homogène entre les nations. Les pays de la triade (c’est-à-dire les pays de l’Europe occidentale, de l’Amérique du Nord et de l’Asie) réalisent à eux seuls 71 % du commerce mondial.

Alternatives économiques, hors-série, n° 70, 4e trimestre 2006

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Séquence 4

Donc la géographie des flux commerciaux est fortement structurée autour de trois pôles : la triade. D’autant plus que la majeure partie des échanges se fait au sein des régions, c’est l’importance du commerce intra-régional.

Cependant, avec l'émergence de nouvelles puissances économiques sur la scène internationale se profile une nouvelle géographie des échanges internationaux.

2C. Les nouvelles tendances du commerce international : le dynamisme fulgurant de la Chine

Au cours du dernier demi-siècle, le changement le plus remarquable dans l’évolution du paysage du commerce international est la montée en puissance des nouveaux pays industriels, en Amérique latine mais surtout en Asie, avec notamment les quatre « dragons » (Hong Kong, Corée, Taïwan, Singapour) et la Chine.

Au début des années 50, ces pays étaient relégués au fi n fond du classement des exportateurs et im-portateurs. Vingt ans plus tard, ils commencent à apparaître entre les 20e et 40e rangs. Aujourd’hui, les quatre dragons et la Chine se situent entre le 4e et le 16e rang des principales puissances exporta-trices. Ils entrent même tous dans les dix premiers rangs si l’on considère l’Union européenne comme une seule et même entité commerciale, ce qu’elle est d’ailleurs effectivement.

En 2003, la Chine a ravi à la France le 4e rang qu’elle occupait depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Bien que les chiffres défi nitifs ne soient pas encore connus à ce jour, elle aura sans doute devancé le Japon au 3e rang en 2004.

Globalement, si on agrège les exportations de la Chine et des quatre dragons, cet ensemble repré-sentait en 2003 le premier ensemble commercial du monde (1 156,2 milliards de dollars d’exportations) devant l’Union européenne (1 105,4 milliards de dollars) et les Etats-Unis (723,8 milliards de dollars).

Le résultat de cette évolution est la montée de la production manufacturière des pays du Sud, qui depuis le début des années 90 sont devenus majo-ritairement exportateurs de produits manufacturés. Ceux-ci représentent en effet aujourd’hui 70 % du total de leurs exportations (graphique 12).

Lahsen ABDELMALKI et René SANDRETTO, Cahiers français, n° 325, « Mondialisation et com-merce international, État des lieux du commerce

international, la nouvelle géographie du com-merce international », p. 6-7

Les principaux changements

Au cours du dernier demi-siècle, le changement le plus remarquable...

Ceux-ci représentent en effet aujourd’hui 70 % du total de leurs exportations.

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Alternatives économiques, n° 251, octobre 2006

La Chine devrait bientôt être la troisième puissance mondiale exportatrice. Avec les 4 dragons, ils sont aujourd’hui devant l’Union européenne des 25 et les États-Unis. Cependant, ce n’est pas le cas des autres pays du tiers-monde qui peinent à prendre part aux échanges internationaux.

3. Asymétrie et vulnérabilité des pays du Sud

Les pays du Sud sont un ensemble très disparate. Les 10 premiers pays dont la Chine, les 4 dragons, le Mexique et le Brésil concentrent à eux seuls 80 % des échanges intra-Sud. Donc les autres pays du Sud échangent avec le Nord surtout des matières premières.

La centaine d’autres pays du Sud, et donc la majeure partie de la population mondiale se partageant les quelques parts de marché restant. Ils sont donc vulnérables car dépendent des économies du Nord, des stratégies des FMN, des fluctuations des cours mondiaux. Pour les pays exportateurs de minerais, le cours du baril de pétrole étant de 70 $ (cota-tion en octobre 2004), effectivement dans l’immédiat le cours est à leur avantage mais ils ne sont pas à l’abri d’un retournement de conjoncture.

Donc les pays du Sud participent très inégalement et très insuffisamment aux échanges internationaux. Il semble dans ce cadre difficile pour une grande partie de la population mondiale de sortir du sous-développement et de la pauvreté. (Cette partie sera appro-fondie à la séquence 8 : « L’hétérogénéité de l’économie mondiale ».)

Le commerce international est donc très hétérogène car il répond à une logique de pouvoir économique. En effet, le commerce international est un jeu à somme nulle : ce que gagne les uns est perdu par les autres. Mais comment tous ces échanges sont-ils comptabilisés ? C'est ce que nous allons voir avec la balance des paiements (partie 3).

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Séquence 4

Partie 3

La balance des transactions courantes dans la balance des paiementsC’est grâce à la balance des transactions courantes que sont comptabilisés tous les échanges de biens et services d’une nation. La balance des transactions courantes est composée de la balance commerciale et la balance des invisibles (partie 3 1.). Elle fait partie de la balance des paiements (partie 3 2.). Pour mieux comprendre comment la balance des paiements enregistre toutes les opérations avec l’extérieur, nous découvri-rons celle de la France en 2004 (partie 3 3.).

1. La balance des transactions courantes

1A. La balance commerciale : l’enregistrement des échanges de marchandises

La balance commerciale est un document comptable qui enregistre les exportations et importations des marchandises. Elle ne prend en compte que les marchandises. La balance commerciale enregistre donc un solde commercial.

Solde commercial = Exportations – Importations

Solde commercial positif = Exportations > Importations û Excédent

Solde commercial négatif = Exportations < Importations û Déficit

Soldes Éléments d’explication Exemples

Excédents commerciaux

1. Importance de la demande étrangère ou faible demande interne

2. Croissance dans les pays clients

3. Prix de la monnaie bas qui elle-même dépend du taux de change et du niveau d’inflation

4. Innovation des produits

5. Qualité des produits et étendue de la gamme

6. Compétitivité prix des produits vendus

1. Augmentation des exportations vers l’Allemagne suite à la réunification en 1989

2. Augmentation récente des exportations vers l’Algérie suite à son développement

3. La monnaie chinoise est actuellement sous-évaluée, ce qui avantage son excédent commercial

4. L’innovation du Japon lui permet d’être la deuxième puissance exportatrice au monde

5. Les voitures allemandes se vendent bien à l’étranger pour leur qualité

6. La compétitivité prix des pays d’Asie du Sud-Est étant sans précédent explique le niveau de leurs exportations

Les raisons des déficits commerciaux sont en toute logique l’inverse des raisons des excédents commerciaux. D’ailleurs depuis 2003, celle de la France est déficitaire (voir graphique ci-dessous).

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Balance commerciale

Bilan du Monde, 2006

Les exportations ont été pénalisées par les niveaux records atteints par l’euro face au dollar, ce qui a dégradé les échanges français même si la facture des importations pétro-lières était, elle, moins élevée.

Une balance commerciale défi citaire pour la France

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 80

O Les exportations sont évaluées franco-à-bord (FAB) : c’est-à-dire au prix de vente jusqu’à la frontière. Les importations sont évaluées au prix CAF : le prix du bien plus le coût du bien, les coûts d’assurance et le prix de transport.Après avoir abordé les échanges de marchandises nous allons préciser les échanges de services.

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Séquence 4

1B. La balance des invisibles : l’enregistrement des échanges de services

La balance des invisibles regroupe l’ensemble des échanges de services immatériels avec l’extérieur.

Question 4

D’après vous quelles sont les grandes catégories d’échange de services ?

Exemple d’échanges de services

Exportations de services =

gains de devises

Importations de services =

nécessité d’obtenir des devises

Tourisme des étrangers en France

Salaires des travailleurs français frontaliers

Revenus des capitaux français investis à l’étranger

Revenus provenant des grands travaux réalisés à l’étranger

Transports internationaux utilisés pour les exportations de marchandises

Salaires versés par les entreprises à des salariés étrangers non résidents

Versement d’intérêts pour les emprunts contractés à l’étranger

Achats de brevets à l’étranger

J.-Y. CAPUL et O. GARNIER,Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, éd. Hatier, p. 9

Les échanges de services sont « invisibles » mais permettent de gagner des devises. Les échanges de services et de marchandises sont regroupés dans la balance des transactions courantes.

1C. La balance des transactions courantes : l’enregistrement des échanges de marchandises et de services

De quoi se compose la balance des transactions courantes ?

Outre les opérations sur les marchandises (balance commerciale), cette balance regroupe les opérations sur les invisibles comptabilisant les mouvements entrants (importations) et sortants (exportations) de services.

Cette balance comprend les postes suivants :

– les biens : opérations d’importation et d’exportation de biens ;

– les services : opérations d’importation et d’exportation de transport, tourisme, ser-vices financiers ou d’assurances, services informatique ;

– les revenus : salaires versés à des non-résidents (saisonniers, frontaliers…), revenus d’investissement ;

– transferts courants : versements au budget européen, transferts des travailleurs étrangers.

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Les échanges internationaux de biens et de services

8 3509 TE PA 00 67

Le solde de la balance des transactions courantes permet d’indiquer si le résultat des opérations courantes d’un pays fait apparaître un besoin de financement ou permet de dégager une capacité de financement.

Le solde de cette balance est un bon indicateur de la compétitivité d’un pays : un solde positif signifie que le pays dépense moins qu’il ne gagne, du fait de ses échanges. Ce pays dégage une capacité de financement. Inversement, un pays dont la balance des transactions courantes est déficitaire dépense plus qu’il ne gagne. Ceci génère un besoin de financement qu’il faudra combler par l’emprunt ou par une ponction sur les réserves de change.

La balance commerciale des transactions courantes est un des quatre grands comp-tes de la balance des paiements (partie 2).

2. La balance des paiements

2A. La structure de la balance des paiementsLa balance des paiements est donc un document qui comptabilise l’ensemble des rela-tions économiques, commerciales, financières et monétaires effectuées entre un pays et le reste du monde. Elle permet de mettre en évidence les soldes relatifs aux échanges extérieurs très utiles pour analyser la situation économique d’un pays par rapport au reste du monde.

Les quatre grands comptes de la balance des paiements

Compte de transactions courantes

• Biens et services ;

• Revenus ;

• Transferts courants.

Compte de capital

Compte fi nancier

• Investissements directs ;

• Investissements de portefeuille ;

• Autres investissements ;

• Avoirs de réserve.

Erreurs et omissions

J.-Y. CAPUL et O. GARNIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, éd. Hatier, 2005, p. 11

Détails et illustrations des grands comptes de la balance des paiements

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Séquence 4

Compte Opérations comptabilisées Explications

Le compte de transactions courantes

– Biens et services– Revenus des facteurs de productions– Transferts courants

Voir paragraphe 1.

Le compte

de capital

Transfert en capital entre un pays et l’étranger :1. Le transfert en capital : dons, subventions, remises

de dettes effectuées sans contrepartie, transferts patrimoniaux des travailleurs migrants

2. Acquisition d’actifs non financiers

1. Annulation de dettes sur le tiers-monde, vente d’un brevet, travailleurs immigrés envoyant de l’argent dans son pays d’origine

2. Achats ou vente de brevets

Le compte financier

Comptabilisation des échanges de capitaux :

1. Les investissements directs2. Les investissements de portefeuille3. Les autres investissements4. Avoir de réserves

1. Investissements « matériels » des entreprises à l’étranger

2. Investissements financiers à l’étranger : actions, obligations

3. Crédits commerciaux, prêts bancaires4. Réserves de devises

Erreurs et omissions

Poste d’ajustement lié à la difficulté statistique d’enregistrement des transactions économiques internationales pour équilibrer la balance des paiements

Problème du « trou noir » de la balance des paiements qui s’explique par les difficultés d’homogénéité de comptabilité des échanges financiers internationaux et aussi par la circulation des capitaux à l’origine de l’économie souterraine (blanchiment d’argent, trafic illicite)

2B. Le principe d’équilibre de la balance des paiements

Question 5

Calculez le montant total des grands comptes de la balance des paiements en entrées et en sorties de devises. Que constatez-vous ? À votre avis pourquoi ?

La balance des paiements française en 2002

(milliards d’euro)Entrées

de devisesSorties

de devises

Balance des transactions courantes = + 28

Biens et services

Revenus

Transferts courants

415

86

21

386

72

36Transferts en capital = 0 1 1

Balance des opérations financières = –35

Investissements directs à l’étranger

Investissements directs de l’étranger

Investissements de portefeuille à l’étranger

Investissements de portefeuille de l’étranger

Autres investissements

69

65

39

81

85

42Variations des avoirs en devisesErreurs et omissions

43

Denis CLERC,Déchiffrer l’économie, éd. La Découverte, 2004, p. 153

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Pour mieux comprendre le principe de la balance des paiements, lisez l’article ci-dessous :

Toutes les ventes ou cessions sont mises dans la colonne des crédits alors que tous les achats ou acquisitions sont enregistrés en débits. On trouve donc dans les crédits les exportations du pays mais aussi les ventes de titres (c’est-à-dire les entrées de capitaux dans le pays) et les remises de monnaies dues aux paiements que les résidents effectuent pour régler leurs achats à l’étranger. Symétriquement, en débit fi gurent les importations, les achats de titres (sorties de capitaux) et les acquisitions de monnaies résultant des ventes de toute nature (marchandises, services et titres) du pays à l’extérieur.

Cette règle d’enregistrement permet d’obtenir une valeur globale des crédits égale à la valeur globale

des débits. En effet, comme toute transaction pos-sède une contrepartie inscrite pour la même valeur dans l’autre colonne, la balance des paiements est un document comptablement équilibré, aux erreurs et omissions près. Par exemple, si le pays exporte des marchandises pour une valeur de 1 million de dollars et si le paiement es fait, en dollars, par ver-sement sur un compte bancaire, l’opération donne lieu à deux écritures de même valeur (1 million de dollars) : une en crédits dans le poste « marchandi-ses » et une en débits dans le poste « devises ».

Dictionnaire de l’Économie de A à Z, éd. Larousse et Le Monde, 2003, p. 80-81

Le principe d’équilibre de la balance des paiements

3. La balance des transactions courantes de la france en 2004

Pour comprendre concrètement l’intérêt de la balance des transactions courantes, je vous propose de lire les résultats de la balance des paiements en France en 2004, ce qu’il faut retenir étant en introduction.

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Séquence 4

Prroblème économiques, n°2884, 12 octobre 2005, p.22-24

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Prroblème économiques, n°2884, 12 octobre 2005, p.22-24

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Séquence 4

Prroblème économiques, n°2884, 12 octobre 2005, p.22-24

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Les échanges internationaux de biens et de services

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Conclusion

Résumé : les échanges internationaux sont très dynamiques et risquent encore de croître à l’avenir du fait de l’émergence de certaines nations et du nécessaire développement des pays du tiers-monde. Mais la logique du commerce international est une logique de pouvoir qui ravive les réflexes de prédation. Donc cette croissance continue risque d’être une fois de plus bénéfique au plus fort : les nations riches, les firmes multinationales. Il est logique de craindre une fois de plus pour le tiers-monde.

Ouverture : c’est ce qui nous amène à la séquence 5 : les théories du commerce international, autrement dit : quels sont les fondements et les enjeux des échanges entre nations ?

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Séquence 4

Réponses aux questions

Question 1

Depuis la première révolution industrielle jusqu’à la Première Guerre mondiale, le volume du commerce international a été multiplié par vingt. Les raisons sont :

– politiques : les pays neufs et les économies coloniales participent au commerce internatio-nal ;

– industrielles : les produits manufacturiers sont exportés contre des produits primaires ;

– logistiques : le développement des transports maritimes (canal de Suez et de Panama) et ferroviaires favorise la baisse des coûts de transport ;

– informationnelles : la télégraphie est en plein développement et naît le téléphone.

Le rythme du commerce international ralentit ensuite de 1914 à 1945. Première Guerre mon-diale, protectionnisme voire autarcie conséquente à la grande dépression des années 30, Seconde Guerre mondiale... ce n’est qu’à partir des années 50 que le commerce international s’intensifie à nouveau.Depuis, le commerce international est en pleine expansion.

Question 2

1948 à 1953 1953 à 1963 1963 à 1973 1973 à 1983 1983 à 1993 1993 à 2004 1948 à 2004

Taux d’évolution 45 % 87 % 269 % 217 % 100 % 142 % 15 210 %

La croissance des exportations est foudroyante, mais c’est vraiment à partir des années 80 que l’essor des exportations est remarquable.

Il est d’usage de lier la progression du commerce à celle de l’activité, c’est-à-dire la croissance du PIB, comme vous pouvez l’apprécier dans les graphiques ci-dessous. Maintenant que nous avons vu son essor spectaculaire, nous allons nous intéresser à la structure du commerce international aujourd’hui.

Question 3

L’automobile. Le marché français de l’automobile propose des voitures de marques françai-ses mais aussi de marques étrangères (asiatiques par exemple) alors que les constructeurs français suffiraient à satisfaire les besoins.

Maintenant que nous savons que le commerce mondial est dominé par les échanges de pro-duits manufacturiers, que le commerce intra-firme représente jusqu’à 30 % du commerce international, que la part du commerce intra-branche reste prépondérante, nous allons observer la géographie du commerce international.

Question 4

Ce sont les échanges de service liés :

– au commerce extérieur : transport, assurance ;

– aux dépenses touristiques ;

– aux échanges de technologies : grands travaux, brevets, redevances ;

– à certains revenus du travail : salaires des travailleurs frontaliers ;

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Les échanges internationaux de biens et de services

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– aux revenus de particuliers sous forme de dividendes.

Certains éléments de la balance sont sans contrepartie, par exemple les transferts d’écono-mies des travailleurs étrangers ou encore les dons.

Question 5

Le total des entrées de devises est de 703 milliards d’euros et réciproquement pour celui des sorties de devises. Nous constatons que la balance des paiements est équilibrée, ce qui est logique conformément à la règle de la comptabilité en partie double : le solde des quatre grands comptes équilibre la balance des paiements. Dans les faits cet équilibre est obtenu par la variation des avoirs de réserve mais surtout grâce au compte d’ajustement erreurs et omissions. Dans notre cas pour 2002 en France il est de « + 3 entrées de devises ».

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Séquence 5

Les théories et l’organisation du commerce international

u Contenu

Partie 1

Les théories du libre-échange ................................................................... 79

1. La théorie des avantages absolus d’Adam Smith ................................ 79

2. Ricardo et la théorie des avantages comparatifs ............................ 80

2A. La théorie des avantages comparatifs ..................................................... 80

2B. L’explication ricardienne du commerce international ............................. 81

2C. La théorie des avantages comparatifs fonde le libre-échange .............. 82

3. Le théorème HOS .................................................................................... 83

4. Le renouvellement du commerce international ............................... 83

Partie 2

Le protectionnisme ....................................................................................... 86

1. Les théories classiques du protectionnisme .................................... 86

1A. La naissance du protectionnisme ............................................................. 86

1B. Le protectionnisme ................................................................................... 86

2. Le protectionnisme aujourd’hui ........................................................... 86

2A. Les politiques protectionnistes mises en œuvre aujourd’hui ................ 86

2B. Les nouvelles théories du commerce international ............................... 87

2C. Le protectionniste justifié par les termes inégaux de l’échange ........... 88

Partie 3

L’organisation des échanges internationaux aujourd’hui ............ 89

1. L’organisation du commerce mondial ................................................ 89

1A. Du GATT à l’OMC ........................................................................................ 89

1B. La crise de légitimité de l’OMC ................................................................. 93

2. L’organisation du commerce régional ................................................ 94

2A. La régionalisation ....................................................................................... 94

2B. La régionalisation, étape vers le multilatéralisme ou protectionnisme déguisée ? ................................................................. 98

Réponses aux questions .................................................................................... 101

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Séquence 5

u Objectifs de la séquence 1. Connaître les fondamentaux des échanges et services en présentant les principales

théories du commerce international, les théories du libre-échange (partie 1).

2. Connaître les fondamentaux des échanges et services en présentant les principales théories du commerce international, les théories du protectionnisme (partie 2).

3. Mettre en évidence les principes essentiels de l’organisation des échanges internatio-naux (partie 3).

u Mots clefsPartie 1 : théorie des avantages absolus, théorie des avantages comparatifs, théorème HOS, nouvelles théories du commerce international.

Partie 2 : protectionnisme, théorie du commerce international stratégique.

Partie 3 : GATT, OMC, principe de non-discrimination, ORD, multilatéralisme, régionali-sation, régionalisme.

u IntroductionEntrée en matière : c’est à Vincent de Gournay, au XVIIIe siècle, que nous devons l’expres-sion « Laissez faire, laissez passer ». Il entendait que non seulement la production mais surtout les échanges soient libres. Cela signifie qu’il n’y ait aucune contrainte (quotas, droits de douane, normes rigides), aucune entrave à la circulation des biens et services aux frontières entre les nations, d’où le terme libre-échange.

Définition et intérêt du sujet : le libre-échange est donc une doctrine économique mais aussi une politique commerciale qui vise à réduire tous les obstacles à la circulation inter-nationale des biens et services. Donc, aujourd’hui, selon le principe du libre-échange, toutes les nations et les citoyens du monde gagnent au libre-échange. A contrario, le protectionnisme aurait comme objectif inverse d’empêcher ou limiter l’importation de biens pour protéger des intérêts nationaux ou de certains groupes.

Problématique : quelles sont aujourd’hui les théories du commerce international ?

Présentation du plan : pour répondre à cette question, nous verrons d’abord les théories du libre-échange (partie 1). Ensuite, nous verrons les théories protectionnistes et les nou-velles théories du commerce international (partie 2). Enfin, nous essayerons d’analyser les théories du commerce international appliquées au niveau mondial avec l’exemple de l’OMC et au niveau régional avec le développement de la régionalisation (partie 3).

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Partie 1

Les théories du libre-échangeSmith au XVIIIe, Ricardo au XIXe, puis trois économistes contemporains, Heckscher, Ohlin et Samuelson, vont théoriser les fondements du libre-échange. Pour cela, ils vont justi-fier les échanges internationaux par une spécialisation de chaque nation, spécialisation résultant des différences de coûts et permettant un avantage pour les partenaires.

1. La théorie des avantages absolus d’Adam Smith

Dans son ouvrage, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith démontre que les nations gagnent à l’échange international quand chaque nation se spécialise dans les productions pour lesquelles elle est la plus efficace. Ainsi, les pays bénéficient tous des coûts de production les moins chers.

La maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu’à faire. Le tailleur ne cherche pas à faire ses souliers, mais il les achète au cordonnier ; le cordonnier ne tâche pas de faire ses habits, mais il a recours au tailleur ; le fermier ne s’essaye point à faire ni les uns ni les autres mais il s’adresse à ces deux artisans et les fait travailler. Il n’y en a pas un d’eux tous qui ne voie qu’il y va de son intérêt d’employer son industrie toute entière dans le genre de travail dans lequel il a quelque avantage sur ses voisins, et d’acheter toutes les autres choses dont il peut avoir besoin avec une partie du produit

de cette industrie, ou, ce qui est la même chose, avec le prix d’une partie de ce produit.

Ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier ne peut guère être folie dans celle d’un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de l’établir nous-mê-mes, il vaut bien mieux que nous la lui achetions avec quelque partie de notre propre industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage.

Adam Smith Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

Adam Smith et les avantages absolus

Question 1

Dans quelle production de bien les pays A et B doivent-ils se spécialiser ? Justifiez pourquoi le commerce international permet un gain à l’échange.

Le tableau suivant indique le nombre d’heures de travail (coûts de production) nécessaire à la fabrication d’une unité de bien :

Pays A Pays B

Bien X 10 8

Bien Y 15 20

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Séquence 5

2. Ricardo et la théorie des avantages comparatifs

2A. La théorie des avantages comparatifsRicardo, à partir des travaux de Smith, perfectionne la théorie des avantages absolus en proposant la théorie des avantages comparatifs ou relatifs. Toutes les nations auraient intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles sont relativement ou compa-rativement les plus efficaces.

Voici une petite explication ludique d’un avantage comparatif ou relatif.

Question 2

Expliquez succinctement pourquoi chaque nation a intérêt à se spécialiser en fonction de ses avantages comparatifs.

Je connais un professeur, véritable prodige du cla-vier, qui tape plus rapidement et aussi bien que sa secrétaire. Est-ce à dire qu’il devrait se débarrasser de sa charmante collaboratrice et frapper lui-même tous ses travaux et lettres ? Surtout pas. Il a intérêt à consacrer son temps grassement payé (oh ! le rêve) et son énergie à ses réfl exions et recherches et laisser son amour de secrétaire, qui reçoit un salaire de mi-sère, en charge de la frappe. La raison ? L’activité de dactylo, fût-elle sur l’ordinateur le plus performant, a pour notre professeur un « coût d’opportunité » : tous les brillants et fondamentaux articles et livres qu’il ne pourrait pas écrire à cause du temps passé à dactylographier ses manuscrits qu’il ne sait au premier abord gribouiller qu’à la plume (tu connais les profs et leurs petites manies…). Même s’il est meilleur dans cette tâche que sa collaboratrice favo-rite (il possède un « avantage absolu » sur elle), il a intérêt à se spécialiser dans les activités proprement dites de professeur (enseignement et recherche) où a pour notre professeur un « coût d’opportunité » : tous les brillants et fondamentaux articles et livres qu’il ne pourrait pas écrire à cause du temps passé à dactylographier ses manuscrits qu’il ne sait au premier abord gribouiller qu’à la plume (tu connais les profs et leurs petites manies…). Même s’il est meilleur dans cette tâche que sa collaboratrice favo-rite (il possède un « avantage absolu » sur elle), il a intérêt à se spécialiser dans les activités proprement dites de professeur (enseignement et recherche) où il a un avantage absolu encore plus important sur elle (du moins peut-on l’espérer).

Ce principe s’applique aux échanges entre les na-tions et justifi e l’essentiel du commerce internatio-nal. Deux pays gagnent à se spécialiser et échanger entre eux, même si l’un est meilleur que l’autre (il utilise moins de ressources, que ce soit du travail ou du capital) dans la production de tous les biens et services. Ainsi, une nation a avantage à importer un produit même si celui-ci pourrait être fabriqué à l’intérieur de ses frontières de façon plus effi cace que par l’autre nation, et ceci afi n de pouvoir se spécia-liser dans la fabrication de ceux où elle est encore plus effi cace. (Ce précepte est d’ailleurs à l’origine de tous les échanges, qu’ils soient entre pays, entre régions ou entre personnes sur un même territoire. La source de l’échange et de la division du travail est toujours la même : c’est la préférence relative des échangistes pour une marchandise par rapport à une autre, ou l’avantage relatif dont jouissent les producteurs dans la production d’une marchandise par rapport à celle d’un autre.) Voilà pourquoi notre honneur national n’est en aucune façon bafoué lorsque nous importons des vélocipèdes chinois ou des ordinateurs yankees ! Et pourquoi notre niveau de vie est alors supérieur à celui que l’on aurait si l’on empêchait l’importation de ces biens pour les fabriquer chez nous alors que « nous en sommes tout à fait capables ». Dans cette optique, le made in France est inférieur au made in China ou au made in America.

André FOURCANS, L’Économie expliquée à ma fi lle, éd. du Seuil, 1997,

p. 129-131

L’avantage comparatif

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Les théories et l’organisation du commerce international

8 3509 TE PA 00 81

e

, ,

2B. L’explication ricardienne du commerce international

Cahiers français, n° 315, « Comprendre l’économie, les analyses du commerce international », p. 63

La spécialisation de chaque nation par les avantages relatifs justifie la pertinence du libre-échange.

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Séquence 5

2C. La théorie des avantages comparatifs fonde le libre-échange

Cahiers français, n° 315, « Comprendre l’économie, les analyses du commerce international », p. 63-64

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Les théories et l’organisation du commerce international

8 3509 TE PA 00 83

Donc, pour Ricardo, la spécialisation et la division internationale du travail permet-tent à toutes les nations d'être avancées. Ce sont en grande partie les travaux de Ricardo qui fondent le libre-échange aujourd'hui mis en œuvre par l'Organisation mondiale du commerce. C'est dans le prolongement de ces travaux que fut construite la théorie dite Heckscher-Ohlin-Samuelson ou, communément, le théorème HOS.

3. Le théorème HOS

Le théorème HOS est un approfondissement de la théorie ricardienne de l’avantage rela-tif. Ricardo limitait son analyse au seul facteur travail. Ces trois économistes, Eli Eckscher, Bertif Ohlin et Paul Samuelson, ont intégré à leur analyse des coûts comparatifs les autres facteurs de production : la terre et le capital. Leur démarche était d’expliquer les diffé-rences de coûts comparatifs entre les pays en intégrant tous les facteurs de production. Ils en concluent que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production où ses fac-teurs de production sont abondants. Il doit, par contre, importer les biens produits qui nécessitent les facteurs de production qui sont en moindre quantité. La spécialisation se justifie par les dotations factorielles, c’est-à-dire les facteurs de production dont cha-que nation est le plus dotée.

Le théorème HOS stipule donc que chaque nation est inégalement pourvue de chacun des facteurs de production. Elle doit alors se spécialiser dans la production qui lui permet d’utiliser le facteur dont elle est richement dotée.

4. Le renouvellement du commerce international

Ces théories sont dans le prolongement des théories libérales car elles se fondent toutes sur un avantage compétitif. Donc, pour commercer, les nations et donc leurs industries doivent impérativement être compétitives.

À partir des documents suivants, nous allons découvrir les théories contemporaines du commerce international :

L’analyse néo factorielleSelon l’analyse néo factorielle, la qualité des facteurs de production doit être particulièrement prise en compte, comme l’évoque Leontief dans son célèbre paradoxe. Il remarque que les Etats-Unis exportent surtout des produits à forte teneur en travail et non en capital. Ce paradoxe semble contredire le théorème de HOS, en réalité il ne fait que le prolonger. En effet, il faut aussi tenir compte de l’hétérogénéité des facteurs de production. Ainsi Leontief explique son paradoxe en affi rmant que le travailleur américain, plus qualifi é et plus productif, vaut trois travailleurs étrangers. Le facteur travail doit être décomposé en plusieurs niveaux de qualifi cation : le capital ne doit pas être considéré comme un stock homogène car il faut tenir compte du degré de technologie.

L’importance de la demandeL’économiste suédois S. B. Linder pense (1961) que l’existence d’une « demande représentative » est né-cessaire. Un bien n’est exportable que s’il est établi sur des bases solides et donc s’il a d’abord satisfait

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Séquence 5

de façon effi ciente la demande intérieure. La production est d’autant plus effi ciente que la demande intérieure (demande représentative) est grande. Ainsi, le volume des échanges entre deux pays sera d’autant plus important que leur demande intérieure est forte ; la demande intérieure est, selon Linder, un déterminant de l’« exportabilité » des produits, mais aussi bien évidemment de leur « importabilité » (on n’importe que ce qui est vendu sur le marché). Cette théorie propose donc une explication intéres-sante aux échanges entre pays semblables et donc ne disposant pas d’avantages, les uns par rapport aux autres, en terme de facteurs de production.

Bernard Lassudrie-Duchêne propose aussi une explication du commerce de similarité. Il pense que les consommateurs des pays développés demandent une grande diversité dans les produits qui leur sont proposés. L’importation devient alors nécessaire pour proposer aux consommateurs une large gamme de produits. Cette « demande de différence » explique les échanges intrabranches – l’exemple le plus éloquent est celui de la branche automobile française, qui est fortement exportatrice, mais aussi forte-ment importatrice.

MONTOUSSÉ, Théories économiques, éd. Bréal, coll. Amphi, 1999, p. 138-140

Dans les années 1980, l’approche jusqu’alors do-minante est supplantée par une nouvelle théorie du commerce international dont l’initiateur le plus connu est Paul Krugman. La nouveauté est au demeurant très relative, dans la mesure où la théorie en question prolonge en réalité l’ensemble des travaux plus anciens qui, renonçant aux hypo-thèses trop irréalistes du modèle de concurrence parfaite, en tiraient les conséquences pour l’échange international. Nous ne pouvons ici qu’évoquer sommairement certains des arguments essentiels de cette approche alternative. La première piste rouverte par Krugman (1979) consiste à intégrer les effets de la concurrence monopolistique mise à jour par Edward Chamberlin en 1933, et déjà étudiés dès 1942 par Donald Marsh. Rappelons de quoi il s’agit. Chamberlin montre qu’à côté de la concurrence par les prix se développe une concurrence par les carac-téristiques des produits. Les entreprises s’efforcent de différencier leurs biens soit par leurs qualités objectives, soit par des qualités subjectives (marque, mode) vantées par des campagnes de publicité.

En cas de succès de leur stratégie de différencia-tion, les entreprises, tout en restant sur un marché concurrentiel, acquièrent des monopoles sur des variétés spécifi ques de biens que la théorie tradition-nelle considérait comme parfaitement homogènes. Par exemple, Volkswagen a le monopole de la Golf tandis que Peugeot détient le monopole de la 307.

Les deux entreprises sont en concurrence sur le marché de l’automobile, mais, au lieu de produire le même bien sur ce marché, elles développent des variantes originales de ce bien.

Dans la mesure où les consommateurs aiment la variété, un même bien sera habituellement produit par un ensemble de fi rmes qui se spécialisent dans une ou des variétés particulières de ce bien. Cette différenciation des produits pourrait expliquer à la fois le commerce intra-branche et l’essor des échan-ges entre pays aux dotations factorielles identiques : l’importation et l’exportation de biens identiques (des voitures) sont en fait des échanges de variétés différentes (Golf contre 307).

Une seconde piste, initiée par Michael Posner (1961) et Raymond Vernon (1966), explore les ef-fets de la recherche et des innovations technolo-giques. Une nation peut disposer temporairement d’un avantage comparatif quand elle est la pre-mière à exploiter une innovation et les produits nouveaux qu’elle engendre. Dans l’intervalle de temps nécessaire pour que les autres pays puis-sent l’imiter, elle est en position de monopole.

Jacques GÉNÉREUX, « Loi n° 16, la loi de l’avantage politique com-

paré », Les vrais lois de l’économie, éd. du Seuil, 2005, p. 278-279

La nouvelle théorie du commerce international

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Économistes Sources de l’avantage Explications

LEONTIEF Analyse néofactorielle Prolongement de HOS car le facteur travail américain est 3 fois plus qualifié et productif que les travailleurs des pays du Sud.

S.B. LINDER Demande représentative

Un bien n’est exportable que si la demande intérieure est pleinement satisfaite. Et inversement.

E. CHAMBERLIN Demande de différenciation

Approfondie par Lassudrie-Duchêne car les consommateurs veulent des produits répondant au même besoin générique mais avec des caractéristiques différentes (ex. : la Golf et la 307).

M. POSNER et R. VERNON

Innovation et écart technologique

L’avance technologique procure un avantage comparatif temporaire qui dynamise les exportations et donne de l’avance pour d’autres innovations.

Finalement, les échanges internationaux aujourd’hui ne sont peut-être pas fondés uni-quement sur des avantages en terme de coût de revient mais en terme de compétitivité. En management, la compétitivité est la capacité d’une entreprise à rencontrer mieux que ses concurrents la demande. Ceci est surtout possible grâce à la recherche-développement qui permet à cette entreprise d’être innovante, de bénéficier d’écart technologique, d’avoir une bonne connaissance du marché et des clients par le marketing stratégique. Dans cette perspective, les analyses basées sur l’innovation, la technologie, les besoins de la demande ont toutes leurs pertinences. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’État a choisi de relancer par un nouveau plan de financement la recherche-développement en France en 2005. L’enjeu est d’être compétitif à long terme notamment face à la puissance américaine et chinoise.

Le point commun de ces trois théories est de promouvoir le libre-échange. Chaque pays se spécialise donc dans la production qui lui permet de faire le plus grand gain. Il y a une division internationale de la production et donc du travail. Le libre-échange devient ainsi un jeu à somme positive car tous les pays y sont gagnants. Cependant, ce n'est pas l'avis des tenants du protectionnisme qui, au contraire, pensent que le commerce international est un jeu à somme nulle. Il y aurait donc des gagnants et des perdants à l'échange, d'où les théories protectionnistes.

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Séquence 5

Partie 2

Le protectionnismeTrès anciennes (partie 2 1.), les pratiques protectionnistes ont finalement précédées sa théorisation (partie 2 2.) et connaissent même un renouveau aujourd’hui (partie 2 3.).

1. Les théories classiques du protectionnisme

1A. La naissance du protectionnismeLes premières théories protectionnistes datent du XVIe et XVIIe siècles. En effet, selon Antoine de Montchrestien (1575-1621), « toute société doit être abondamment fournie et ne doit point empreindre ailleurs ce qu’elle tient de nécessaire car, ne pouvant être qu’à la merci d’autrui, elle se rend faible d’autant ».

Selon cet auteur, il n'y a pas égalité des chances et réciprocité du gain dans les échanges. D'autant plus que la supériorité dans les échanges internationaux appa-raît comme un enjeu stratégique, source de pouvoir politique. C'était aussi en partie la position de Friedrich List (libéral allemand, 1789-1846).

1B. Le protectionnisme des industries naissantes de ListSelon Friedrich List, « nous faisons avec la protection douanière un sacrifice à la valeur qui sera récompensée par le développement d’une force productive, laquelle assure à la nation, pour le futur, non seulement un flux important et ininterrompu des biens maté-riels, mais aussi l’indépendance industrielle en cas de guerre ».

Question 3

À partir de cette citation, expliquez quel est l’intérêt du protectionnisme selon List.

2. Le protectionnisme aujourd’hui

2A. Les politiques protectionnistes mises en œuvre aujourd’huiLes politiques protectionnistes désignent un ensemble de mesures prises par un gouver-nement pour empêcher ou limiter les importations.

Principes Exemples

Mesures tarifaires 1. Les droits de douane qui désavantagent les produits étrangers car ils sont plus chers.

1. Les droits de douane au Japon.

2. Les subventions à l’agriculture dans le cadre de la PAC.

2. Les subventions qui avantagent les productions nationales.

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Mesures non tarifaires 1. Les quotas et contingentements qui sont des restrictions quantitatives d’importation.

1. Les accords multifibres qui limitaient jusqu’ici les importations de textile asiatique.

2. Les Japonais et les Américains dont les normes sont très lourdes et changent régulièrement.

3. Actuellement le taux de change du yuan est sous-évalué.

2. Les mesures déguisées de protection nisme : normes techniques, sanitaires ou environnementales.

3. Les instruments monétaires comme la dévaluation et la sous-évaluation du taux de change.

2B. Les nouvelles théories du commerce internationalElles cherchent à dépasser le dualisme libre-échange/protectionnisme, pour proposer une complémentarité des théories du commerce international. En effet, dans certains cas, le libre-échange est nécessaire mais, pour être optimal, il faut qu’au préalable des interventions publiques permettent la compétitivité des entreprises nationales.

C’est la base des travaux d’économistes tels que Anton Brander et Barbara Spencer. Dans certains cas, les pays ont intérêt à aider leurs entreprises par des subventions et des mesu-res protectionnistes pour leur permettre de se développer et d’être compétitives à l’échel-le internationale. C’est une théorie qualifiée de commerce international stratégique.

C’est ce que Krugman diffusera avec son célèbre exemple d’application des politiques commerciales stratégiques.

Question 4

Pourquoi les gouvernements européens ont-ils intérêt à subventionner Airbus ?

Question 5

Quelles sont les limites du modèle ?

Airbus contre BoeingEn 1982, James Brander et Barbara Spencer proposaient un modèle théorique qui allait fournir des argu-ments en faveur de politiques commerciales dites « stratégiques ». Le modèle « Brander-Spencer » a été popularisé (et critiqué) par Paul Krugman à travers le cas hypothétique de la concurrence entre Boeing, constructeur aéronautique américain, et Airbus, un constructeur européen.

Supposons qu’on envisage de construire un nouveau type d’avions de transport qui représente un marché potentiel de 210 millions de dollars. Si la fabrication exige un investissement de 110 millions de dollars, le bénéfi ce escompté par Boeing sera de 100. Mais si une autre fi rme (Airbus) se lance sur le marché, cha-cune devant faire le même investissement initial alors qu’elles se partageront le marché, elles perdront chacune 5 millions de dollars. Dans ces conditions, il est peu probable qu’Airbus entre sur le marché.

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Séquence 5

BoeingProduit Ne produit pas

Airbus

ProduitBénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

– 5

– 5

Bénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

100

0

Ne produit pas

Bénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

0

100

Bénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

0

0

Supposons maintenant que les gouvernements européens versent à Airbus une subvention de 25 millions de dollars. Il devient alors profi table pour Airbus d’entrer sur le marché, que Boeing se maintienne ou non. Il est probable également que, face à une telle offensive, Boeing se retire du marché car il perdrait 5 millions de dollars dans l’affaire. Dans ce dernier cas, les gouvernements européens, en investissant 25 millions de dollars, auront permis à Airbus de réaliser 125 millions de dollars de bénéfi ces

Aide de 25 M de $ à Airbus

BoeingProduit Ne produit pas

AirbusBénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

20

– 5

Bénéfice Airbus :

Bénéfice Boeing :

125

0

On comprend alors que les gouvernements européens perçoivent un intérêt à aider leur fi rme à entrer sur le marché. Le modèle est un argument fort en faveur d’une subvention, même si elle viole les règles du jeu du commerce international.

Le modèle Brander-Spencer a donc pu être considéré comme un encouragement à l’adoption d’une « po-litique commerciale stratégique » qui constitue une forme d’interventionniste en faveur des industries nationales.

P. Krugman a contribué à diffuser le modèle Brander-Spencer, mais il en critique les conclusions interven-tionnistes. Selon lui, de fortes subventions amèneraient à des représailles au détriment d’autres secteurs et, au fi nal, aboutiraient à la perte de chacun.

Jean-François Dortier

Philippe CABIN, L’économie repensée, éd. Sciences Humaines, 2000, p. 296

2C. Le protectionniste justifié par les termes inégaux de l’échangeLe courant dépendantiste et tiers-mondiste justifie le protectionnisme par un juste retour pour les pays du tiers-monde, car les échanges sont inégaux et ne permettent pas de rattraper l’avance des pays occidentaux. De plus, les pays du tiers-monde, nouvelle-ment libres du fait de la décolonisation, ne peuvent pas se développer et s’enrichir en vendant des produits agricoles et miniers contre des produits manufacturiers et à haute valeur ajoutée (cette analyse sera revue à la séquence 8).

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Partie 3

L’organisation des échanges internationaux aujourd’huiL’organisation des échanges internationaux est marquée aujourd’hui par un paradoxe. En effet, d’un côté, on assiste à une contestation internationale du libre-échange comme le témoigne la crise de l’OMC (partie III.A). De l’autre, on constate une libéralisation intermédiaire totale des échanges avec la montée des accords régionaux (partie III.B).

1. L’organisation du commerce mondial

1A. Du GATT à l’OMCÀ partir des deux documents suivants, répondez aux questions suivantes :

Question 6

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quelles sont les raisons de la création du GATT ?

Question 7

Comment fonctionnait le GATT ?

Question 8

Comment est né l’OMC ?

Question 9

Quels sont les principes de l’OMC ?

Les Échos, lundi 12 décembre 2005

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Séquence 5

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Complément

Les grandes étapes des négociations commerciales internationales

Alternatives économiques, n° 240, octobre 2005, p. 72

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Séquence 5

Les cycles de NCM de 1947 à 1993

Cycles Dates Membres Décisions

1er cycle : Genève octobre 1947 23 pays 104 accords de réduction des droits de douane

2e cycle : Annecy avril-août 1949 33 pays 147 accords de réduction des droits de douane

3e cycle : Torquay septembre 1950-avril 1951

34 pays Réduction des droits de douane de 25 % par rapport au niveau de 1948, une centaine d’accords (la RFA fait partie de la négociation)

4e cycle : Genève janvier-mai 1956

22 pays Réduction des droits de douane, environ 60 nouvelles concessions tarifaires

5e cycle : Dillon round septembre 1960-juillet 1962

35 pays 49 accords bilatéraux de réduction des droits de douane (notamment entre la CEE et ses partenaires)

6e cycle : Kennedy Round

mai 1964-juin 1967

48 pays Réduction des droits de douane de 35 %

Mesures anti-dumping (1)

7e cycle : Tokyo (ou Nixon) Round

septembre 1973-avril 1979

99 pays Réduction des protections tarifaires de 34 %

Mesures de réduction des barrières non tarifaires

8e cycle : Uruguay Round septembre 1956-avril 1994

125 pays Réduction des droits de douane

Mesures de réduction des barrières non tarifaires

Négociations dans le domaine de l’agriculture, des services et des droits de propriété intellectuelle

Préférences commerciales pour les pays en développement (2)

Création de l’OMC

(1) Le dumping est une situation dans laquelle une entreprise choisit volontairement de vendre son bien à l’étranger à un prix inférieur à son coût de production.

(2) Les pays en développement peuvent se voir accorder des réductions tarifaires sans être obligés d’en accorder en retour. De même, ils peuvent profi ter de réductions tarifaires sans que le pays ayant accordé ces réductions ne soit contraint de les accorder à tous les autres pays.

CHARTOIRE et LOISEAU, L’Économie, éd. Nathan, coll. « Repères pratiques », 2005, p. 109

Et pourtant même si l’OMC vise à établir l’égalité de droits entre les nations qui échangent, elle est même dotée d’un tribunal interne pour faire valoir cette égalité. Aujourd’hui, cette institution est fortement contestée car ses règles visent l’égalité sans pour autant garantir de l’équité.

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Les théories et l’organisation du commerce international

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1B. La crise de légitimité de l’OMC

Question 10

Les arguments contestant l’OMC sont-ils fondés ?

Question 11

Cette prise de position vous paraît-elle toujours être soutenable ou au contraire faudrait-il la nuancer ?

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Séquence 5

« Les analyses du commerce international :Comprendre l’économie, concepts et mécanismes », Cahiers français, n° 315, p. 64-65

2. L’organisation du commerce régional

2A. La régionalisationLa régionalisation est un processus économique qui conduit plusieurs économies distinc-tes mais proches géographiquement à former un seul espace économique. Leur but est d’intensifier des échanges entre des pays proches pour favoriser la création de trafic (J. Viner).

Les accords régionaux commerciaux et les degrés d’intégration régionale

Forum de coopération et clubs de commerce préférentiel

Accords régionaux commerciaux de promotion du libre-échange entre les pays membres.

Zone de libre-échange

Accords éliminant les droits de douane et les restrictions au commerce entre les nations qui conservent cependant des barrières nationales particulières dans les échanges avec le monde extérieur à la zone.

Union douanière Zone de libre-échange + tarif extérieur commun.

Marché communUnion douanière + mobilité des facteurs de production : libre circulation des hommes et des capitaux.

Union économique et monétaireMarché commun + monnaie commune + institutions monétaires communes.

Intégration économique Politique budgétaire commune.

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Les théories et l’organisation du commerce international

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Séquence 5

« L’OMC face au nouveau régionalisme économique », Problèmes économiques, n° 2855, 7 juillet 2004

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Les théories et l’organisation du commerce international

8 3509 TE PA 00 97

Aujourd’hui, il y a pratiquement autant d’accords régionaux qu’il y a de pays dans le monde, comme vous pouvez l’apprécier ci-après.

Cahiers français, n° 325, Mondialisation et commerce international, p. 43

La prolifération des accords régionaux nous amène cependant à nous demander si, in fine, ils ne correspondraient pas qu’à une libéralisation des échanges mais seraient une forme déguisée de protectionnisme.

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98 8 3509 TE PA 00

Séquence 5

2B. La régionalisation, étape vers le multilatéralisme ou protectionnisme déguisée ?

La régionalisation est finalement assez ambiguë car elle constitue à la fois une zone affranchie de droits de douane ou caractérisée par des tarifs préférentiels, et elle forme pourtant un bloc qui se préserve de la mondialisation.

Est-elle donc une étape vers le multilatéralisme ou les frontières régionales sont-elles un bloc contre le libre-échange ?

Pour sa part, l’OMC a tranché. En effet, les accords régionaux sont un stade intermédiaire avant la libéralisation des échanges mondiaux. Pour cela, des articles ont été prévus pour permettre la coexistence d’accords régionaux préférentiels et d’accords internationaux pour le libéralisme.

En réalité, la régionalisation est à la fois une composante de la mondialisation et une réponse face à ce phénomène.

L’Organisation mondiale du commerce et le mouvement de régionalisation accentuent la libéralisation mondiale et régionale des échanges de biens et services. Finalement, dans le cadre de l’OMC, ce sont les théories libérales qui sont mises en avant dans le souci de permettre à tous les citoyens de bénéficier des produits au meilleur rapport qualité-prix. Dans le même temps, dans le cadre des accords régionaux, les frontières deviennent des barrières devant permettre de préserver les emplois de ces mêmes citoyens. Ce qui nous permet de conclure que la régionalisation serait davantage fondée par un souci de pré-vention, donc le protectionnisme, alors que l’OMC tendrait vers le libre-échange.

Conclusion

Résumé : les théories du commerce international cherchent les fondements explicatifs de la nature et du bien-fondé des échanges. Or les théories du libre-échange répondent à des convictions libérales alors que les théories protectionnistes font en partie référence à une idéologie interventionniste. D’un point de vue empirique, on se rend compte qu’il est difficile de choisir un bord. Par exemple, les États-Unis, fervents du libéralisme, sont les champions du protectionnisme. À un degré moins transparent, il en est de même pour les Européens. Donc, la prédominance des échanges mondiaux par l’Organisation mondiale du commerce et le régionalisme économique restent un bon compromis en attendant une meilleure régulation du commerce international.

Ouverture : une véritable régulation est d’autant plus importante qu’il faut aujourd’hui une place pour tous dans les échanges internationaux car, sans garde-fou, la logique qui l’emporte est celle de la prédation des nations les plus pauvres par les nations les plus riches.

Après avoir vu les échanges internationaux et les théories qui les régissent, nous allons étudier dans la séquence 06 le commerce extérieur français : quelles sont ses forces et quelles sont ses faiblesses ?

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Pour aller plus loin

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Séquence 5

Pour aller plus loin

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Réponses aux questions

Question 1

Le pays A se spécialise dans la production du bien Y et le pays B dans la production du bien X. Les écarts de coûts absolus justifient l’échange qui procure à chaque pays un gain en heures de travail. En effet, en important le bien X, le pays A gagne 2 heures ; en important le bien Y, le pays B gagne 5 heures. Le commerce international permet un gain à l’échange pour les deux pays.

Donc, selon Adam Smith, un pays ne doit pas hésiter à acheter à l'extérieur ce que les producteurs étrangers peuvent produire moins cher que les producteurs nationaux. Allant plus loin que cette théorie de l'avantage absolu, David Ricardo a fondé la théorie des avantages relatifs.

Question 2

Même lorsqu’il est plus efficace dans la production de beaucoup de biens, un pays a tout de même intérêt à se spécialiser dans la production où il est le meilleur. Par exemple, la France a intérêt à se spécialiser dans la production d’avions plutôt que dans la production de vélos.

Question 3

Le protectionnisme permet de protéger au début une industrie pour qu’elle puisse devenir compétitive. Par la suite, elle pourra concurrencer les autres industries étrangères.

List, pourtant économiste libéral, prône contre Ricardo un protectionnisme éducateur. Pour lui, toutes les nations se développent mais pour atteindre une riche économie industrielle il faut protéger « les industries dans l’enfance ». L’objectif est de permettre aux industries nationales naissantes de se développer en s’appuyant sur le marché intérieur et de se proté-ger de la concurrence féroce. Cependant, ce protectionnisme ne doit pas être constant car, quand un pays aura atteint le niveau de développement des pays les plus avancés, il pourra se libéraliser. L’intérêt du protectionnisme éducateur est de permettre le développement. C’est un protectionnisme défensif qui fut appliqué dans la plupart des pays dont l’Allema-gne, les États-Unis et certains pays du tiers-monde.

Le protectionnisme défensif est aussi revendiqué pour les industries vieillissantes et très concurrencées. Par exemple, les industries navales et sidérurgiques furent protégées en France dans les années 1970, 1980, l’enjeu étant surtout de sauver des milliers d’emplois difficilement remplaçables.

Question 4

Dans notre cas, si les gouvernements subventionnent de 25 millions de dollars Airbus, alors son concurrent qui devient moins compétitif fait une perte de 5 millions. Donc, il « met la clef sous la porte » et se retire du marché. Airbus, seul sur le marché, empoche tous les béné-fices, soit 125 millions de dollars et, s’il restitue sa subvention, il lui en reste encore 100 mil-lions. Mais, dans la réalité, les deux entreprises d’aéronautique ont eu des subventions.

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Séquence 5

Question 5

D’un point de vue international, elles sont contraires aux principes du libre-échange. D’un point de vue national, de fortes subventions dans un secteur le sont au détriment d’autres secteurs. Donc, au final, la collectivité y perd en subventionnant trop un secteur. Dans les deux cas, les subventions sont toujours contestées par ceux qui ne peuvent en bénéficier.

Dans la réalité, on se rend compte que les théories protectionnistes et l’intervention de l’État sont revendiquées dans de nombreux secteurs. La course effrénée à la libéralisation est assu-rément un gain pour le consommateur qui bénéficie de produits moins chers mais elle ne l’est pas toujours pour les travailleurs dont la revendication est de préserver leur emploi et donc se prémunir du chômage, de la précarité, voire de la pauvreté. C’est d’ailleurs ce qu’ont essayé de défendre en manifestant avec pugnacité les petits producteurs coréens de riz à Hong-Kong pendant le dernier cycle de négociation de l’OMC (partie III).

Question 6

Après la Seconde Guerre mondiale, pour garantir la paix, il fallait garantir la stabilité de l’économie et favoriser les relations économiques et un partenariat pacifique. Des institu-tions internationales sont nées : FMI, BIRD. Par contre, l’OIT (Organisation internationale du commerce) est un échec : seuls certains accords pour démanteler le protectionnisme subsis-tent. Ainsi naît le GATT (general agreement on tariff and trade) qui a pour objectif de lever toutes les entraves au libre-échange.

Question 7

Le GATT fonctionnait par grands cycles de négociation commerciale : les décisions étant consensuelles, chaque pays est doté du droit de vote.

Question 8

L’OMC est née en 1995 car le GATT avait des carences pour régler les négociations sur les nouvelles préoccupations (services, propriété intellectuelle) et de régler les différends.

Question 9

Les principes du GATT sont de favoriser les gains mutuels à l’échange avec le principe de non-discrimination. D’où la clause de la nation la plus favorisée, le traitement national mais aussi une procédure de règlement des différends entre les nations.

Question 10

L’OMC est accusée d’être bureaucratique. ⁄ C'est une petite structure de quelques centaines de fonctionnaires.L'OMC est accusée d'imposer le libéralisme. ⁄ Elle promeut le multilatéralisme. Son objectif n'est pas d'imposer le libéralisme mais d'amener toutes les nations participantes à négocier leurs échanges.L'OMC est accusée de faire valoir les intérêts des États-Unis et des FMN. ⁄ Or elle a été créée à l'initiative de l'Europe et du Canada.L'OMC est accusé d'être antidémocratique. ⁄ Elle n'a pas un super-pouvoir car les décisions

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Les théories et l’organisation du commerce international

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sont prises selon le principe « un pays = une voix ». De plus, les décisions ne sont pas prises tant qu'elles ne satisfont pas. Par la suite, elles doivent être votées par les parlements natio-naux.Cependant, la critique la plus fondée serait celle de la non-participation des ONG, des syndi-cats et des associations, sachant que normalement l'intérêt général est défendu par la nation. Mais, dans l'immédiat, l'OMC permet d'ouvrir la voie vers une meilleure régulation mondiale du commerce au bénéfice de tous les citoyens du monde.

Question 11

Il est toutefois possible de prendre du recul sur l’argumentation de Sandretto, car il ne faut pas oublier que la finalité de l’OMC est d’instaurer le multilatéralisme. Ce qui pose des problèmes d’asymétrie de pouvoir car les petits pays sont exactement mis au même niveau que les nations riches, or les conditions d’échange sont inégales. Il a donc des relations de domination.

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Séquence 6

Thème 2

Les forces et les faiblesses du commerce extérieur françaisÀ partir des documents suivants, vous étudierez le thème des forces et faiblesses du com-merce extérieur français en 2 temps. Pour cela, vous répondrez aux 2 questions ci-dessous. Vous pouvez répondre, pour gagner du temps, sous forme de tirets. Cependant ayez le souci de structurer vos réponses.

Question 1Quelles sont les raisons qui expliquent l’essor du commerce extérieur français depuis plus d’une décennie ?

Question 2Quels sont les facteurs du déficit actuel ?

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Séquence 6

Document 1

Problèmes économiques, n° 2884, p. 30

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Thème 2

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La France a affi ché un défi cit commercial de 7,8 milliards d’euros en 2004, d’après les données des douanes. C’est le plus mauvais résultat depuis plus de dix ans et le premier défi cit depuis 2000. Le contexte, il est vrai, a été bien peu favorable : la hausse de la facture énergétique et l’appréciation de l’euro face au dollar, ainsi que la faiblesse de la demande chez nos deux principaux partenaires européens, ont pesé

sur les performances de notre commerce extérieur. D’autant que des causes structurelles s’ajoutent à ces facteurs conjoncturels : la nature et la destination de nos exportations ont empêché l’Hexagone de profi ter du dynamisme du commerce mondial, qui a progressé de près de 12 % en 2004.

Fabienne Broucaret et Sandra Moatti

Document 2

Document 3

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Séquence 6

Document 4

" Le commerce estérieur le retour du défi cit, les chiffres de l’économie 2006 » Alternatives économiques, hors série n° 66, p.10-11

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Thème 2

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Document 5

Problèmes économiques, n° 2872, p.38-42

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Séquence 6

Enjeux-Les Échos, n° 225, juin 2006

Document 6

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Thème 2

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Voici ma proposition de correction. Étant donné qu’en fait ces 2 questions constituent les 2 parties d’une synthèse sur les forces et les faiblesses du commerce extérieur français, je vous propose une correction avec une intro-duction et une conclusion rédigées. Pour mettre en avant l’essentiel, je vous suggère le plan détaillé mais structuré des 2 parties.

u IntroductionEntrée en matière : cette année, la France – jusqu’ici quatrième puissance exportatrice – a été devancée par la Chine pour être relayée à la 5e position. En effet, alors que de 1993 à 2002 les échanges avec l’extérieur étaient en croissance de 7 % par an, la France affiche cette année un déficit record de 7,8 milliards d’euros, ce qui constitue son plus mauvais résultat depuis plus de 10 ans.

Définition et intérêt du sujet : le commerce extérieur correspond à l’échange de biens et services d’une nation avec le reste du monde. S’il y a un déficit cela signifie que la France importe en valeur plus qu’elle exporte, ce qui à terme peut être nuisible pour l’économie. Le déficit commercial est qualifié de conjoncturel s’il résulte uniquement de l’évolution du rythme de croissance à court terme. Plus problématique, il est d’ordre structurel si, par man-que de compétitivité, les importations sont chaque année supérieures aux exportations.

Problématique : pour analyser ce déficit, il est nécessaire au préalable d’analyser le commerce extérieur français. Quelles sont donc les forces et les faiblesses du commerce extérieur français ?

Présentation du plan : Pour cela nous analyserons les forces du commerce extérieur français en examinant ses échanges depuis plus d’une décennie (question 1). Ensuite, nous cherche-rons les causes actuelles du déficit extérieur, ce qui revient à déceler les limites de la compé-titivité internationale française, et donc ses faiblesses (question 2), ce qui nous permettra de déterminer si le déficit actuel n’est que d’ordre conjoncturel ou au contraire correspond à un déficit structurel (conclusion).

1. Les raisons de l’essor du commerce extérieur français (question 1)

1A. Le dynamisme du commerce extérieur français grâce au mar-ché européen (document 1)

L’essor s’explique d’abord par l’émergence d’un large marché européen. Le marché unique et le développement économique des pays en transition à l’Est permettent à la France de nou-veaux échanges (création de trafic au sens de Viner). Les 2/3 des échanges de la France se font avec les pays européens, notamment avec les pays frontaliers. Dernièrement les échanges se sont intensifiés avec l’Irlande et les PECO.

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Séquence 6

1B. La contribution essentielle de l’industrie à la vitalité du com-merce extérieur

Les biens industriels français ont un solde positif dans les secteurs de l’automobile, la chimie, la construction mécanique, la pharmacie et l’agroalimentaire (document 1). Les grands groupes industriels qui profitent de la conjoncture internationale, dynamisent aussi les échanges français. Les investissements directs à l’étranger sont aussi favorables au commerce extérieur de la France car leurs échanges représentent une part non négligea-ble dans les échanges français avec l’extérieur (document 5).

1C. Les efforts faits par les gouvernements français en matière de commerce extérieur (non disponible dans les textes)

Ce sont d’abord les aides à l’exportation comme à la mise en place de structures finan-cières, juridiques, commerciales pour aider les entreprises pour exporter : Coface (Compagnie française d’assurance du commerce extérieur), CFCE (Centre français du commerce extérieur). Ce sont aussi les résultats des efforts nationaux en terme de conditions monétaires, notamment dus à la politique de désinflation compétitive à partir des années 1980 et le respect des critères de convergence européens à partir de 1992 pour entrer dans l’Union éco-nomique et monétaire avec l’euro. Enfin citons la vieille tradition colbertiste française d’industrie forte qui lui confère des spécialités industrielles stratégiques. Cf. aujourd’hui biens d’équipement, aéronavale, automobile, agroalimentaire.

Donc l'essor du commerce extérieur français s'explique par la réussite de l'Union euro-péenne mais aussi par les compétences françaises en matière d'industrie grâce aux grands groupes.

Cependant, depuis deux ans, il y a un net ralentissement du commerce extérieur et même un déficit qui pourrait encore s’aggraver et se répéter. Les raisons du déficit actuel sont-ils uniquement d’ordre conjoncturel ou faut-il craindre une certaine irréversibilité ?

2. Les raisons du déficit actuel du commerce extérieur français (question 2)

2A. Facteurs conjoncturels : Des fluctuations préjudiciables au commerce extérieur

L’importance de la facture énergétique : en augmentation d’1/5 par rapport à 2003 et représente 8 % des importations françaises. La réduction de la facture énergétique par d’autres énergies n’est pas encore possible vue les polémiques actuelles sur le nucléaire et sur la nécessité de sa réduction. De plus cette facture est sous-évaluée car la monnaie de facturation des barils de pétrole est le dollar et non l’euro. Pourtant, sans la progression du prix de pétrole, le solde aurait été positif (documents 1 et 3).

Des conditions monétaires défavorables conséquentes à l’appréciation de l’euro : la perte de compétitivité des biens français + 50 % face au dollar entre 2002 et 2004. Or, il est très difficile pour la France d’agir sur son taux de change car c’est la Banque centrale euro-péenne qui mène en toute indépendance la politique monétaire extérieure. Cette situation

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Thème 2

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est d’autant plus difficile actuellement car le dollar est 1/5 moins cher que l’euro, et que le yuan (monnaie chinoise) est pour le moment sous-évalué, le gouvernement se battant pour maintenir la faiblesse de sa monnaie pour renforcer sa compétitivité (documents 3 et 6).

2B. Facteurs structurels : La perte de compétitivitéDes soldes en régression voire négatifs avec de grandes zones géographiques : la France perd son excédent avec ses partenaires commerciaux : accroissement du déficit envers l’Asie, d’autant plus que cette situation risque de s’aggraver du fait de la concurrence imbattable des NPI. De plus, en dehors de l’Afrique, le commerce extérieur est en déclin avec les autres zones pour 2003. Compte tenu de la concurrence internationale et de la vive com-pétitivité des NPI, notamment de la Chine, de l’Inde, du Brésil, le retournement de situation semble difficile. Cela signifie donc que la France a perdu des parts de marché à l’étranger et qu’elle risque encore d’en perdre (document 2).

Les limites de la spécialisation sectorielle de la France : jusqu’ici, la France pouvait se prémunir de la concurrence internationale car elle était spécialisée dans des industries expor-tables et créatrices de valeur. Cependant, depuis les années 1995-2000, ses spécialisations sont fortement concurrencées par les pays occidentaux mais aussi par les NPI. Ces industries sont plus sensibles aux évolutions de prix et à la compétitivité internationale. Par exemple, la France avait jusqu’ici un avantage concurrentiel en automobile. Du fait de la concurrence internationale, le prix des automobiles a stagné alors que leur coût de revient a augmenté : il y a plus de recherche-développement, plus de composants électroniques, plus de sécurité, plus de fonctionnalité et surtout plus de marketing. La France peut d’autant moins faire face à la concurrence des NPI s’ils se mettent à fabriquer des voitures toujours moins chères. Or, ceci figure dans le programme de planification chinois, au même titre qu’elle veut aussi produire des machines et des avions (document 1).

Cette perte de compétitivité due à des fluctuations désavantageuses, une très faible croissance en Europe explique que le déficit est conjoncturel. Donc l'une des faiblesses actuelles du commerce français est sa sensibilité à la conjoncture internationale. Une de ses autres faiblesses est d'autant plus menaçante : celle de la compétitivité des NPI.

Conclusion

Résumé : d’un point de vue conjoncturel, la France souffre à ce jour d’un déficit commercial dû à l’augmentation de la facture énergétique, la perte de compétitivité à cause d’un euro fort. Du fait de l’importance de la concurrence des NPI, notamment de la Chine, ses activités déficitaires sont désormais les biens de consommation et les biens intermédiaires. Certes ce déficit est conjoncturel mais il faut tout de même réagir. Ses activités excédentaires restent les biens d’équipement, l’automobile, et l’agriculture. Le dynamisme de l’agriculture étant artificiellement maintenu par la PAC, il est d’autant plus urgent pour la France de maintenir son avance dans ces 2 secteurs voire d’essayer d’être performant dans des industries nouvelles.

Ouverture : face à cette situation, la France peut tout de même se réjouir d’être au deuxième ou troisième rang mondial pour ses investissements à l’étranger qui sont stratégiques pour ses échanges. De plus, elle bénéficie d’une politique de relance industrielle avec entre autres, la création de pôles de compétitivité en 2005. Elle saura réagir pour le dynamisme de son commerce extérieur.