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Soucieu-en-Jarrest HORS SÉRIE 2014 historique Publication jarrézienne Balade

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Soucieu-en-Jarrest

HORS SÉRIE 2014

historiquePublication jarrézienne

Balade

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Ce document est davantage un recueil d’histoires, qu’unvéritable récit historique.

D’ailleurs le village a son historiographe en la personnede Jacques Rivoire, auteur passionné et érudit d’unouvrage de référence : Soucieu-en-jarez et ses environs.

L’ambition de ce document est plus modeste, il proposeune approche anecdotique du passé du village.Remonter le fil du temps en évoquant les «historiettes»,les légendes ou les évènements qui émaillèrent la viequotidienne des Jarréziens du Moyen-age jusqu’à laRévolution, est une autre manière d’aborder l’histoire.Elle met l’accent sur la distance qui existe entre l’histoirevécue et la «grande histoire» telle qu’on se la repré-sente.

Plus on se rapproche de l’époque contemporaine et plusle récit va s’enrichir de souvenirs crédibles, de témoi-gnages émouvants, d’expériences vécues. Puis débutece troisième millénaire et c’est l’entrée du village dansun futur conditionnel.

Des traces de l’Antiquité, en passant par des anecdotesd’antan, relatées en marge des différentes périodes his-toriques, jusqu’au vécu d’aujourd’hui, vous prendrezplaisir à remonter le fil du temps pour mieux cernerl’identité du village.

Gérard Grange, maire de Soucieu-en-Jarrest

AVANT PROPOS

Oucieud’antan et d’aujourd’huiS

ou l’histoire inachevée d’un village…

h Le groupe mémoire au puits du Brichet

Des celtes à l’an 1000 4L’époque romaine 5

Le 8e siècle 5

L'an 1000 6

De la féodalité au 19e 7La féodalité 8

Le 18e siècle 10

La Révolution 11

Le 19e siècle 13

Le 20e siècle 16La seconde guerre mondiale 27

L’après guerre 29

Les années 60 31Le temps des fêtes 32

Le village évolue 34

Le 3e millénaire 35Un village entre ville et nature 36

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Des Celtes à l’an 1000

[Les premiers habitants de la région sont des Celtes.

Le Garon, principalerivière qui traverse la commune, doit sonnom, d'ailleurs, à un mot d'origine celtique : «garo», qui signifie «âpre» ou «sauvage».]

«Il est permis de rêver…

L’ÉPOQUE ROMAINE«Le domaine de Socius»

La Gaule est conquise par lesRomains, avec Lugdunum toutprès, l'Italie guère plus loin, la roma-nisation est forte. La langue latineremplace peu à peu le gaulois.Dans les premiers siècles de l'èrechrétienne, de grandes propriétésrurales s'installent dans le Lyonnais.C'est là l'origine de beaucoup denos villages.Ainsi l'ancien nom de Soucieu était-ilSOCIACU, nom d'une propriété agri-cole, domaine d'un certain Socius.Au 1er siècle, la construction del'aqueduc romain du Pilat est lan-

cée. Celui-ci traversera la com-mune pour aboutir, après 86 km —un vrai travail de Romain ! — surl'acropole de Fourvière et alimenteren eau la nombreuse population deLugdunum. Le réservoir de chasse,élément constitutif du système desiphon permettant de franchir lavallée du Garon, au lieu-dit «LaGerle», représente une prouessetechnique.Après la domination romaine, lesinvasions étrangères commencent.Vient le temps des «barbares» : lesBurgondes fondent, à la fin du 5e

siècle un royaume éphémèreenglobant le Lyonnais.

h Le réservoir de la Gerle témoignage du génie romain

LE 8ÈME SIÈCLELes tuyaux de plomb de l’aqueduc très convoitésLes Sarrazins déferlèrent sur laFrance et remontèrent la vallée duRhône. La légende dit que pour

s'emparer de Lyon, ils entreprirentla destruction de l'aqueduc du Pilatet privèrent d'eau la population dela ville. En souvenir de ce fait, lesquelques piles de l'aqueduc traver-sant la vallée du Garon reçurent le

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De la féodalitéau 19ème

[Pour se protéger des attaques, les habitants ontrehaussé le clocherqu’ils utilisent commetour de guet]

il est recommandé de rêver…

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h Lithographie de Baron 19e siècle. « Ruines » d’aqueduc romain

L'AN 1000

nom «d'Arcs des Sarrasins». En réa-lité, ceux- ci n'ont rien à voir avec ladestruction de l'aqueduc car, dansl'ancienne langue française, leterme sarrazin désigne tout simple-ment une ruine romaine.Les archéologues lyonnais estimentque c'est dès le 4e siècle que la col-line de Fourvière fut privée de son

alimentation en eau. La campagnelyonnaise traversa une période d'in-sécurité et le vol des tuyaux deplomb par des bandes de pillardsfut une bonne affaire.Le chameau n'a pas été oublié parles Sarrazins. Sa silhouette résultede l'action du temps.

Les dons à la grande Abbayede Savigny suffiront-ils à repousser la fin du monde ? Le village de Soucieu sort de la nuitdes temps.

L'abbaye de Savigny (près del’ArbresIe) est un monastère très

puissant. Ses possessions territo-riales sont immenses. Les gens for-tunés lui font d'importantes dona-tions pour racheter leurs fautes, lapanique règne, notamment à l'ap-proche de l'an 1000 et d'une hypo-thétique fin du monde.

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Un fief important s'était développésur le territoire de la paroisse,englobant Prasseytout, Marjon,Brichet, Rensuel, Argencieu et desdépendances sur Rontalon. Aujour -d'hui encore, il reste des traces du

château à Prasseytout (vieillestours et fortifications).L'église était «fort petite et incom-mode», la nécessité d'un plusgrand édifice se faisait sentir.Jeanne Demare, bourgeoise Lyon -

naise propriétaire d’une maison àVerchery finança la constructiond’une nouvelle nef et d’un choeuren 1646. Au 17e siècle, le villageperd peu à peu son allure féodale. Ils'étend. Des constructions nou-velles apparaissent comme le châ-teau de la Rivière bâti en 1669 (l'ac-tuel château Brun).

Le commerce se développe : il y a3 foires annuelles. L'artisanat est

en plein essor. Les premiers tisse-rands s'installent au bourg. Lesmétiers de tous genres sont repré-sentés, boucher, maître-cordon-nier, maître-charpentier, maréchal,voiturier, marchands de tous pro-duits et même un chirurgien et unmaître-écrivain.

Comme tous les villages, Soucieupossède son notaire, personnagede première importance dans la vie

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En 1445, le notaire Antoine Bigauddresse l'inventaire des biens deschanoines du chapitre de St Jean.Ces comtes de Lyon se compor-taient comme de véritables sei-gneurs. Ils percevaient la dîme, lesredevances en nature et s'occu-paient de la protection de leurssujets. Ils aménagèrent pour celaune enceinte fortifiée englobant :l'église, le cimetière, la cure, la mai-son de la dîme, les prisons, l'audi-toire de justice, les bâtiments sei-gneuriaux (avec pressoir, cuve et

four). En cas d'alerte, tous les habi-tants se regroupaient à l'intérieurde l'enceinte avec leurs richesses.Ces fortifications ont subsisté trèslongtemps. L'église était enclosedans le fort. Aucune route importante ne tra-versait Soucieu. Le village, isolé,était relié aux autres seulement pardes chemins traversant des vallonsinhospitaliers. De nos jours encore,de tous côtés, il faut franchir unpont pour entrer dans Soucieu.A la fin de la guerre de cent ans levillage décimé va connaitre un«baby boom». Les testaments del'époque le confirment. 8 habitantsont ensemble 25 fils et 14 filles,soit une moyenne de 5 enfantschacun au moment où ils testent.

LA FÉODALITÉ

L’ANCIEN RÉGIME

Ë CHARIVARI ! L'insécurité et l'isolement devaient

rendre les habitants peu sociables.Une histoire révèle combien ils

étaient moqueurs. En janvier 1378,trois habitants de Soucieu s'étaient

ligués contre un bourgeois de Lyonqui avait épousé en seconde noces

une femme de Soucieu. Ils avaientinsulté et battu les époux, exigé des

vivres et fait pendant dix nuits charivari.

h La portegothique de

l’église côté sud

Ë DANS L’ÉGLISE SURPEU-PLÉE, LA TRIBUNE S’EFFON-DRE SUR LES PAROISSIENS Le 17e siècle commence à Soucieupar un incident qui aurait pu êtrecomique mais qui fut tragique,relaté par le curé Coignet sur unregistre paroissial : «Le second jourdu mois de septembre 1601, quiétait le dimanche après la fête desaint Julien (patron de la paroisse deSoucieu) jour de la vogue pendantque Messire Pierre Chanal, vicaire deSoucieu, qui disait la grand'messe,faisait la seconde élévation du pré-cieux corps de Jésus-Christ, la tri-bune de l'église qui était chargéed'une multitude de peuple, rompit ettomba avec le dit peuple sur ceux quiétaient sous la tribune. Cela blessaplusieurs personnes, et par la folie dupeuple, une fille, sœur de BenoîtJaricot fut tuée. La chute de la tribune

rompit les deux cuisses et les reins àGasparde Challamel laquelle mourutsix semaines après, elle cassa l'esto-mac à la Chapon nanda, laquelle mou-rut peu après l'autre. Cet événementmiraculeux a été mis en mémoire parmoi, André Coignet».

h L’ancienneéglise de Soucieu

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cabarets. Les seigneurs de Soucieuse veulent garants de la moralité deleurs sujets alors que ceux-ci ontjustement envie de faire la danse auson du hautbois dans quelquescabarets, d'attraper le lièvre qui gîtedans leur champ ou d'aller chahuter(le charivari) quelques couples à l'is-sue du mariage ! Et l'on envoie leseigneur à tous les diables, d'autantplus qu'il y a double plaisir à faire cequi est défendu ! A partir de 1750,

une augmentation de la populationse fait sentir, les tisserands de plusen plus nombreux, se concentrentautour de la rue Bacchus.

Le mécontentement du peuples’accroît avec les mauvaisesrécoltes. L'hiver 1789, très rigou-reux, ne fait qu'augmenter lamisère. Le coût de la vie s'élève rapi-dement et la Révolution est accueil-lie comme un remède à tous cesmalheurs.

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Le curé, le seigneur et les villageois secherchent querelle.

À Soucieu comme ailleurs, le 18e

siècle est le siècle de la désunion. Ilest émaillé de querelles en tousgenres, les unes sérieuses, lesautres comiques, entre les habi-tants et leur curé, entre le curé etles seigneurs, entre les seigneurs etles villageois. Elles montrent unmécontentement grandissant etun besoin de revendication quiengendrera la Révolution. D'autantplus que l'autorité des seigneurs sefait alors sentir de façon trèspesante. Beaucoup d'interdictions :pêche, chasse, charivari, fêtes surles places publiques ou dans les

de l'Ancien Régime. Il représente leseigneur du village et porte le titrede capitaine-châtelain.

Alors que la culture de la vigneest très répandue au Moyen-Age, la pêche de vigne s’ins-

talle dans les coteaux du lyonnais.Elle arrive du Moyen-Orient en pas-sant par la Hongrie (Prunus persicae)

LE 18ÈME SIÈCLE

h L’ancienne prison des seigneurs

«Fontaine nationale. 1792. Au puits deBrichet qui ne se tarit jamais»

De part sa proximité avec Lyon,notre village est plus perméableaux idées nouvelles. Elles provo-quent ici, sinon l'enthousiasme, dumoins le consentement passif de lapopulation. Il n'y a pas de véritable oppositionaux forces révolutionnaires commedans les villages de la montagne(les monts du Lyonnais). Il faut direque la population n'est pas unique-ment rurale, elle comprend unepopulation importante d'artisans etd'ouvriers très favorables à laRévolution.Celle-ci débute à Soucieu dans uneatmosphère de kermesse ; l'ère de

la grande liberté est ouverte, beau-coup croient que tout va changerd'un jour à l'autre.Au mois de janvier 1790, la pre-mière municipalité formée siègetout de suite après avoir prêté ser-

LA RÉVOLUTION h Le puitsde Brichet

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ment à la nation, l'époque du ser-ment au Roi était révolue, l'adjectif«national» venait sur toutes leslèvres. On le gravait partout, mêmesur les fontaines, comme sur levieux puits du hameau dePrasseytout où l’inscription estencore visible. Tous les biens dessuspects, des émigrés et descontre-révolutionnaires sont alorsplacés sous séquestre, tels le châ-teau de la Rivière (château Brun), lechâteau de Prasseytout. Danschaque commune, le Comité deSalut Public exige des déclarationsde récoltes, des recensements degrains et farines car le ravitaille-ment se met à manquer. La mairiede Soucieu déclare : «Le sol de lacommune est très ingrat, surtoutpour les grains. On trouve la roche

partout, de sorte qu'il y a tout au plussix pouces de terre. La moindresécheresse se fait sentir, au pointque toutes les productions sont des-séchées. La commune manqued'eau les trois quart de l'été. Seule lavigne croît assez facilement».

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Ë Si la chute de Robespierre metfin à la Terreur, c'est l'anarchie quis'installe. Des bandes de brigandsen profitent pour mettre le canton àfeu et à sang. Ils vont se rendre célè-bres sous le nom des «chauffeurs duLyonnais» attaquant de préférenceles fermes isolées.Ils s'en prennent à plusieurs reprisesà la ferme de Chabran en mars 1795.Ils tuent la fille de la famille et undomestique. La municipalité deSoucieu essaie de rassurer la popula-tion et prend des mesures sévèresavec l'aide des gendarmes deVaugneray. Un système d'alerte estorganisé à l'aide de cloches pour pré-venir la population de l'arrivée des«chauffeurs». On distribue de la pou-dre dans tous les hameaux.

Les bandits utilisaient la fameuseméthode qui leur a valu leur surnom : ilschauffaient les pieds de leurs victimessur un feu de sarment pour savoir oùcelles-ci cachaient leur «magot». Lechef de bande était surnommé étrange-ment «le petit Monsieur». Il sera guillo-tiné à Lyon sur la place des Terreaux.

La Révolution apporte une plusgrande égalité entre les citoyens eten théorie moins d'arbitraire dansl'autorité. Cependant, en 1793Robespierre doit mener la luttecontre les «ennemis» de la France.La Terreur s'installe, la période laplus tragique pour notre région estcelle qui suit la prise de Lyon révol-tée contre la Convention. Le tribu-

nal révolutionnaire siège en perma-nence à Lyon, Robespierre essayede créer un nouveau culte, pourremplacer la religion catholique.Ainsi l'église de Soucieu devient«Temple de la Raison» voué auculte de I'«Être Suprême» et unegrande fête révolutionnaire estorganisée dans le village le19 Prairial An II.

Sous l'Empire, la commune est remiseen cause !

Le maire est un simple administra-teur nommé par le préfet. Le pre-mier garde champêtre est désigné.De nombreux garçons de Soucieu

sont envoyés sur les champs debataille. Partis derrière l'empereur àla conquête de l'Europe ils n'oublie-ront jamais le pays natal. Leurs let-tres finissent toutes de la mêmefaçon «Je vous prie de me marquer

LE 19ÈME SIÈCLE

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ce qui se passe de nouveau aupays, si les vendanges ont étébonnes, j'espère vous voir tousensemble pour la vogue».Après la chute de l'empereur en1815, les Autrichiens occupent le

pays. Leurs troupes sont canton-nées dans tous les villages environ-nants. Elles séjournent à Soucieuplus de deux ans et imposent desréquisitions successives.Les nombreux changements derégime politique dans le courant du19e siècle ne semblent pas avoirsuscité dans notre village un intérêtËDES BANQUETS…

Pendant trois jours ! En 1827,Eustache Burtin, fils de M Burtin dela Rivière, trésorier de France etbourgeois de Lyon, propriétaire duchâteau de la Flette fut promu capi-taine de cavalerie. Il décida d’arro-ser ses nouveaux galons en invitantses camarades d’enfance à ungrand festin qui durerait trois jours.La commune entière prit part à lafête et but à la fortune de son glo-rieux enfant. Mais son destin fut decourte durée. On suppose qu’il futtué en duel, deux ans plus tard. Àcette époque, royalistes et bonapar-tistes ne s’aimaient guère.A la santé de la République ! En avril 1848, un banquet démocra-tique et social à 1 franc et vingt cen-times par personne eut lieu à Soucieudans le pré du fils Fillon, veloutier. Leprésident en fut le citoyen HuguesGaudin, boulanger sur la place dubourg. On but moult rasades de vind’Argencieu ou des Pierres Blanches àla santé de la République. D’aprèsl’abbé Bournet, les Pâques furent moinsnombreuses cette année là : la politiquefaisait concurrence à la religion !

ËUN CLOCHER AUX ALLURES DE TOUR DE PISE Faut-il incriminer la maladresse desmaçons ou le résultat d’une construc-tion reprise au fil des siècles ?

Comme l’église attenante, ce clo-cher aurait été construit sur desassises de différentes époques.Lorsqu’il fut rehaussé pour servir detour de guet, au 15e siècle, on n’auraitconservé que le mur ouest. Malgré depuissants contreforts réalisés pourcontrer son inclinaison, la tour se seraitlentement affaissée vers l’est.

La petite église initiale construite au11e siècle, agrandie en 1645 seraentièrement démolie en 1836. Seulsles piliers de pierre seront transportésdans une grande propriété deVerchery (ancienne maison de CésarGeoffray). La nouvelle église bénéficiedès 1845 d’un ornement exceptionnelgrâce à l’acquisition d’une partie desstalles et boiseries en provenance del’abbaye de Cluny. Figurent aussi dansce patrimoine deux beaux tableaux del’Ecole française du XVIIe.

extraordinaire. On accepte laMonarchie, puis la République,puis l'Empire avec passivité et sansdoute scepticisme.Néanmoins, sous la Ille République,Soucieu connaît une vie politiquedifficile. Pays de contact entre lacampagne et la ville, il sera sanscesse tiraillé entre l'esprit conser-vateur des uns fortement attachésaux traditions, et l'esprit révolution-naire des autres, qui subissent l'in-fluence urbaine.

«Les bistinclins»Dans toutes les rues, on entend leurclaquement sec; le «bistanclac» (véri-table onomatopée) d'où on tirera fina-lement le sobriquet des Jarréziens :les «Bistinclins».

Les maisons hautes sont conçuespour gagner de la lumière dans leurdernier étage. C’est là qu’on entre-

pose les métiers à tisser. Soucieuen Jarrest compte en 1896, 403maisons pour 1665 habitants, 446veloutiers, 343 cultivateurs, 11 ins-tituteurs, 8 boulangers, 8 cafetiers-cabaretiers, 8 cordonniers, 6 maré-chaux-ferrants. On travaille dansson village.L'année 1895 est marquée pardeux faits importants : la créationdu corps des sapeurs pompiersvolontaires et la construction del'école publique de filles.

n «La banquière du ciel» (1799-1862)Issue d’une grande famille bour-geoise lyonnaise, Marie PaulineJaricot n’a probablement passéqu’une petite partie de son enfancedans la ferme paternelle au hameaude Verchery.

Animée par la foi de ses vingt ans,cette jeune fille appliquera à la let-tre le principe évangélique «Nul nepeut servir Dieu et l'argent», aban-donnant ses vêtements de luxe, sesbijoux, brûlant ses livres et fuyant le

théâtre pour se consacrer aux plusdémunis. Elle imagine alors un dis-positif pour récolter des fonds pourles missions, réunit des millions dechrétiens adhérents, rencontre lepape, soutient la révolte des canutsen 1834 avant de mourir, totalementruinée. Elle aura suscité à Lyonautant l'admiration que le rejet. Sonitinéraire spirituel lui a valu récem-ment d’être élevée au rang de «véné-rable», sachant qu’un petit groupe defidèles militent actuellement pour sacanonisation. Le village lui a donnésa place, en 1984. n

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Le 20ème

siècle [Un paysage de granit, d’eau et de vigne]

sur les livres et les souvenirs…

1716

Les débris de roche s'accumulent,on construit des murets de part etd'autre des chemins.

C'est le paysage dominant de cettepremière moitié du siècle. La sym-bolique de cette roche abondantedans tout le village est d'ailleursreprésentée au collège, par unesculpture contemporaine de JosephCiesla. Sous la roche, l'eau sourdun peu partout, mais pas suffisam-ment et jamais quand il faut. Lesboutasses font la joie des écoliersqui s'exercent aux glissades oupèchent les grenouilles et les sala-mandres ! Plus arides, moins géné-reuses, les terres étaient jadis cou-vertes de vigne.

Et la pêche de vigne ? Entre deux rangs de vigne,elle servait à prévenir l’oï -

dium. C’était un fruit sauvage, au goûtprononcé qu’on consommait pendantla vinification.

Les lyonnais et les mineurs de laLoire venaient faire provision de vinà Soucieu, sans oublier la petiteréserve pour la route, jusqu'à qua-tre litres ! qui bien souvent lescontraignait au retour à dormirdans le fossé.Grâce au réseau d'irrigation, l'eauarrivera du Rhône dans les années70, les vergers remplaceront défi-nitivement les cépages.

400 veloutiers au début du siècle ou la délocalisationavant l’heure ?Après la révolte des Canuts pourl’amélioration de leurs conditionsde travail, les entreprises lyon-naises recherchent une main d’œu-vre plus docile dans les campagnesalentour.

Souvenirs : «Mes grand parents dis-posaient de deux salles dans leurmaison d'habitation, l'une étaitcomplètement occupée par lemétier à tisser, ils se levaient à qua-tre heures du matin, travaillaienttard à la nuit tombée pour terminerune pièce de I, 50 m2, qu'ils descen-daient sur le dos jusqu'à Lyon. Unpetit bout de jardin et deux vachesfaisaient l'appoint. Ils vivaient depas grand-chose».

En 1896, on dénombrait à Soucieu446 veloutiers, dont 333 au bourg,79 à Verchery, 21 au Marjon et 12

h La queue pour l’eau place de la Flette, 1906.

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1918

Les coquetiers, sur plusieurs géné-rations collectaient les oeufs et pro-duits laitiers dans les fermes duhaut pour aller les vendre, deux foispar semaine, sur les marchés lyon-nais, ils utilisaient la charrette, puis,à partir de 1914, le chemin de fer. La collecte de lait organisée aprèsguerre leur portera un coup fatal.Les anciens évoquent le bourrelierBerthelot, dit père «Lolotte», l'horlo-ger «le Père Souchon», infaillibledans la réparation des mécanismes,et «Toine Bret», infatigable sonneurde cloches. Tant et si bien que deson vivant le père Deflotrière s'étaittoujours refusé d'électrifier le clo-cher ! Le village a ses manufactures, signed'une activité bien implantée(fabrique de porte monnaieBonnardel, place du Pillot) ce mot estpassé dans le langage courant : «Disdonc, t'as pas oublié ton bonnardel ?»

Quatre foires (l'une en janvier, celledu 12 mai , celle de la vogue etcelle du «cochon gras») permettentaux habitants de faire provision degaloches, chapeaux, blouses, bérets.et entre autres de choisir le cochonqu'ils engraisseront tout l'été.Soucieu compte une bonne dizainede cafés, les hommes se retrouventpour jouer aux boules sous les pla-tanes à Verchery comme à Marjon.

nHistoire de cordonnierL'anecdote rapportée durant laseconde guerre met en scène,Duchamp le cordonnier de la rueBas-Culs. «Cet homme là acceptaitabsolument tous les souliers que leshabitants lui amenaient mais il neles réparait jamais ! Parce qu'iln'avait rien. Et puis d'abord iln'avait pas le goût ! Il buvait descanons, il n'avait point de colle, iln'avait pas de clou, il n'avait rien !

h Le marché en 1900

au Grand Champs. En 1926, ils neseront plus que 89, en 1936, l'ef-fectif chutera à 26. Plusieurs velou-tiers sont au chômage, une quin-zaine d'ouvrières sont employées à laManufacture de Velours et Peluchesau Pillot.Les années d'avant-guerre ontdonné le coup de grâce à la profes-sion de veloutier. Bénédicte Bret futla dernière veloutière du village. Ellecessa son activité en 1957, à 80ans. Sa dernière commande fut untapis de table en soie bleu saphir,pour la restauration de Versailles. Lavieille dame fut effrayée de constaterqu’en 2 heures chaque jour ellegagnait l’équivalent d’un mois de tra-vail autrefois.Ë«LE PÈRE POIZAT, charron,avait pour habitude de préparer sonfeu au beau milieu de la route», on lecontournait pour aller à l'école».

Le bourg offrait un large éventaild'échoppes aujourd'hui disparues.La boutique Morillon (vers le cafédu pèreVial) faisait commerce derouenneries (toiles de Rouen),comme on les appelait. «Mais on ytrouvait de tout ! Du caoutchoucpour les chaussettes, des lacets,des boutons, du coton à repriser,c'était Melle Morillon qui tenait laboutique. Son père était photo-graphe, (Charles ou Antoine) c'étaitle frère d'Etienne le peintre». On trouvait aussi modiste, cordon-nier, tailleur, quincaillerie, maroqui-nier, horloger, nombreux bistrots etmême deux maternités ! Un ancien se souvient : «L'une étaiten face de la cure, et même que lecuré fermait toutes les portes et lesvolets quand il s'apercevait qu'onallait accoucher. T’as des chosesqu'il voulait ni voir, ni entendre !».

h Sortie des veloutiers de l’usine Bonnardel

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non pacifique on retiendra mêmela démission d'un maire en 1896.Jean-François Assada fut acculé àcette décision pour avoir inscrit sonfils à l'école «congrégationaliste».Témoignage : «Ils étaient Rouges, ilsétaient Blancs, les gens ne savaientpas toujours bien pourquoi. Lessoirs d'élection, on buvait beau-coup, on s'échauffait, très vite onentendait : «À bas la calotte, vive laRépublique !» Mon grand-pèrequant à lui, était monté sur la tableet avait crié : «Vive nous !»II fallait alors choisir entre l'écolelibre au Château Brun, tenue par lesreligieuses de St-Joseph et l'écolepublique. Et cela posait parfois desérieux problèmes. On dit que lescommerçants, qui ne souhaitaientdéplaire à personne, mettaient legarçon «à la publique» et la fille «àla libre» avec l'idée que «là bas, onlui donnerait de bonnes manières

et on lui apprendrait à tenir sonménage.» Les petits jarréziensconnaissaient aussi deux façons dejouer aux billes, les règles pou-vaient changer selon qu'on jouait«à la libre» ou «à la laï que».Durant de longues années, l'écolepublique fut dirigée par Claude etThérèse Barange, de 1928 à 1955,fortement inspirés par la traditionlaï que et républicaine. L'école deSoucieu fut l'une des premières àadopter la mixité dès 1939 ! Soninfluence dépassa largement les mursde l'école, jusqu'en 1960, ClaudeBarange fut le secrétaire de mairie.

Etrange Marianne… Quand lamonarchie abrite la république14 Juillet 1920 : M de Sousy remetofficiellement le buste de Marianneau maire de l'époque, M Poizat.Datée de 1848, la statue n'a pasune allure de star moderne maiselle a une belle histoire. Il s'agitd'une Marianne «miraculée» ce quiest très paradoxal pour ce symbolede la République, ajoutons que sonmaintien même, la tête légèrementpenchée, évoque «une figure miséri-cordieuse», tout aussi surprenante.Ce buste provient de Pontcharrasur Turdine. Le plébiscite du 21novembre 1852 rétablissant ladignité impériale entraîna la des-truction systématique des sym-boles de la république. Un citoyen

Evidemment, les gens ont perdupatience, ils ont porté plainte. Unbeau jour, tous ceux qui avaientencore des grollons chez le pèreDuchamp se sont rendus au tribu-nal, à Lyon. Duchamp avait mis, lui,toutes ses chaussures dans unegrande valise.

Le président du tribunal : «MonsieurDuchamp, vous gardez tous les sou-liers des clients, qu'est-ce que vousen faites ?» Il a ouvert la valise ettous les souliers sont tombés.

«Mais ils sont tous là, que voulezvous que je fasse, je ne peux pas lesréparer, j'ai pas de clou, j'ai pas decuir, j'ai pas de ligneul.»

Le président : «Tachez de les répareret remballez moi ces grollons !» Surce, tout le monde a quitté la salle dutribunal.» n

«Un des bruits familiers de l’été durantmon enfance était le ronflement de labatteuse, on reconnaissait à des kilo-mètres son bruit sourd qui accompa-gnait les chaleurs de l’été»

Très tôt, les gamins attachent lavigne, récoltent les petitespommes de terre, râtèlent les présderrière le chargement de foin,ramassent de l'herbe pour leslapins, des orties pour les cochons,mènent les vaches au champ etpromènent les chèvres quand ils nepossèdent pas assez de terrain.»

«À bas la calotte, vive la république !»Le village s’est structuré autourd’une lutte qui va traverser le siè-cle, opposant les «Calotins»aux«Républicains» D'un côté une tradi-tion conservatrice, catholique, del'autre l'affirmation anticléricale quise livreront un combat sansconcession dans cette premièremoitié du siècle. Parmi les étapesqui marqueront cette coexistence

h La cavalcade du 2 octobre 1904h Procession de la fête Dieu à Soucieu

h La fin desmoissons

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Les «Mystères de Noël» : arrivé àSoucieu en 1926, l’abbé Deflo -trière, dit père Déflo, a préparé et

organisé avec ses ouailles de célè-bres représentations. L'abbé Farjat,en véritable artiste a peint tous lesdécors au moyen d'un pinceau qu'ilaccrochait tout simplement sur unmanche à balai. Ces fresques cham-pêtres, grandeur nature, sontstockées aujourd'hui à la salle St-Jean. Ce théâtre là se jouait à guichets

courageux sauva Marianne de ladestruction. Le buste trouva refugedans les combles du châteaud'Avauges près de Saint-Forgeuxoù il fut caché par son sauveur àl'insu du marquis Alexis d'Albon,propriétaire du château. Pendantde très nombreuses années,Marianne resta ainsi dans la clan-destinité, longtemps introuvablemalgré les recherches policières etles instructions des préfets. On nesait pas exactement quand elle futextraite de sa cachette, enrevanche, il est avéré qu'en 1920,l'arrière petit fils de ce républicainobstiné faisait officiellement dondu buste à la commune deSoucieu.

La Grande Guerre«Je suis de la classe la plus creuse dusiècle. On était 6 conscrits. On a dûpayer le tribut de la guerre de 14.»

La population souffre, les femmesassurent les travaux des champs etle tissage. En 1906 le village comp-tait 1506 habitants, ce nombrechutera à 1135 en 1921.

Les traditions reprennent leurs droitsSoucieu a ses cavalcades, sa fan-fare, sa société de gymnastique,ses majorettes, sa vogue et son tir àl'anguille ! (Le Rhône, poissonneuxest proche).Les anciens évoquent les veilléesd'autrefois, agréables mais labo-rieuses : l'hiver particulièrement, oùl'on confectionnait les «chapons»de vigne, des «sarments coupés àtrois yeux» et destinés à être repi-qués au printemps, où les femmespréparaient les couronnes deperles en commande ; l'été où l'on«prenait le frais» entre voisins, surle pas de la porte. Tout au long de l'année, les cons critsportaient la cocarde aux filles, selonla coutume, chacune leur préparaitun repas. Ensuite on s'éparpillaitdans les hameaux pour porter labrioche et chanter le mai. Tout seterminait encore par un banquet !

h Ce buste provient de Pontcharra sur Turdine

h Les mystères de Noël

ËSALLE ST JEAN (1910)Les paroissiens l’ont construite surleurs deniers et à la sueur de leurfront pendant 10 ans.

Sa devise «Dieu, Patrie et Liberté»lui confère un charme désuet etattachant. La jeunesse prend goûtaux représentations théâtrales quin’ont pas toutes un caractère spéci-fiquement religieux. Son fondateur,le curé Michallon l’a voulu ainsi :Dieu et la patrie certes, mais il fallaitquand même penser à l’autre moitiédu village ! L’homme de foi avait doncinsisté pour qu’on inscrive en frontoncette liberté qui rassemble.

h Les conscrits

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l'usage qu'on pouvait en faire àl'époque. A la suite du développement duservice de cars, la ligne sera défini-tivement abandonnée en I933.

L’impériale d’Étienne

II y avait autant de monde sur l'im-périale qu'à l'intérieur de ce véhi-cule de 50 places. L'expressionusuelle «On rentrera ben encoreun !» faisait qu'on poussait tout lemonde. Ceux qui n'arrivaient vrai-

fermés tous les dimanches dedécembre, il permettait aussi de rétri-buer les institutrices de St-Joseph !

Les changements au quotidienLes blanchisseuses désertent la rueBas-culs.

L'électricité fait son apparition en1926. Trois ans plus tard, l'eau dubarrage de Thurins arrive sur leséviers du village. Elle bouleverseravraiment les traditions. Lesfemmes abandonneront la «Buye»qui les rassemblait autour des six

lavoirs répartis entre le bourg et seshameaux. Celui de la place de laFlette est d'ailleurs à l'origine d'unecontroverse. À qui cette rue du8 mai 1945 doit elle son ancienneappellation ?Était-ce la rue «Bacchus» descavistes et veloutiers adeptes de la«chopine» ou la rue «Bas-culs»débouchant sur le lavoir du village,situé en contrebas où s’activaientles blanchisseuses ? En 1930 laboulangère, personne très conve-nable, la désignait pudiquement «larue du nom». À cette époque, lesrues n’avaient pas leur plaque !

Repères

1900 : installation du premier postetéléphonique tenu par un gérant.13 avril 1932 : les habitants de Haut-Marjon signent une pétition afind’obtenir l’eau potable.8 juillet 1945 : par souci d’écono-mie, seulement 8 lampes sur 51seront mises en fonction dans le vil-lage, aux carrefours de préférence.1945 : l’électricité arrive à Chatêtre.

La construction de la ligne de cheminde fer, en créant un remblais modifieradicalement les accès au village !

Elle débute en 1887, la ligne seraélectrifiée en I9ll. L'anecdote du «Grand Zè» permetd'avoir une assez fidèle représenta-tion de la vitesse de l’omnibus et de

h Le lavoir

h La ligne de chemin de fer

h Le transformateur de la fée électricité

ËLE «GRAND ZÈ»«Le Grand Zè» était «toucheur devaches», il convoyait les vaches dumaquignon, à pied, jusqu’à Tassin laDemi Lune . Ensuite, le maître reve-nait par le train, mais il avait un chienextraordinaire, capable de refaire laroute en sens inverse, pour arrivertoujours avant lui et l'attendre tran-quillement à la gare.»

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Les années noiresn «On ne pactisepas avec le mal,on s’essaie à ledétruire. Bien que notretendressesouffre, ne sommes-nouspas tacitement

d’accord?» Jean Naville - 23 ansEngagé dans le renseignement, lejeune homme est tombé en prépa-rant le débarquement des forcesalliées dans le midi. n

nMicky Baran gea fondé et dirigéle mouvementuni des jeunesrésistants(JMUR) avantd’être torturépuis exécuté le12 juillet 44.

«Je ne partirai pas parce qu’il fautque les résistants demeurent enFrance. Moi si je suis pris, je ne lais-serai personne derrière moi» Micky Barange, 24 ans. n

n Joseph Comeau17 ans, natif deVerchery, rejoindrale maquis dYzeron,on ne saura riendes circonstancesde sa disparition.Trois rues du vil-lage rappellent la

mémoire de ces jeunes résistants. n

n Un quatrième nom figure sur lemonument aux Morts. Le comman-dant Guillaud, a vécu quelquesmois, sous un faux nom, à Soucieu.Chargé de cacher des armes dans lacampagne environnante, il fut exé-cuté le 20 août 1944 à Côte Lorette. n

ment plus à rentrer montaient surl'impériale et le véhicule affrontaitalors la montée du Grand-Champen cahotant.

n Etienne Morillon 1884- 1949«Ce drôle de monsieur qui s’installedevant une coupe de fruit, unegrappe de raisin et qui peint, sansjamais nous dire un mot»

Au début du siècle, c'est d'abord unnom qui se lit au bas des cartes pos-tales, une silhouette familière, encostume anglais. Étienne pose alorspour ses frères, Charles et Antoine,photographes au village. Il occuperaensuite I'atelier, au rez-de-chausséede la maison familiale. Portraitistede talent, l’artiste laissera à la posté-rité de célèbres natures mortes. Ils'imposera comme l'un des maîtresde la peinture Lyonnaise. n

Les premières voitures séduisentles uns et inquiètent les autres ! Ilfaut dire qu’elles étaient conduitespar des femmes… séduisantesnaturellement.

h Premières voitures : familles Gonon et Vial

h La première pompe à essence

ËCODE DE LA ROUTE : À QUAND LES ZONES 12 ?Le maire de la commune deSoucieu-en-Jarrest :

l considérant que des accidentsgraves sont souvent occasionnéspar l’imprudence des conducteursdes divers véhicules allant à uneallure démesurée,

l considérant qu’il appartient à l’au-torité municipale de prendre desmesures pour assurer la sécurité dela circulation,

l arrête :

l art 1er : il est expressément défenduaux voitures attelées, aux véloci-pèdes et spécialement aux automo-biles et autres véhicules de ce genrede dépasser l’allure de douze kilomè-tres à l’heure dans la traversée dubourg de Soucieu.

Fait à Soucieu en Jarrest, le 9 décembre1904.

1936 : l'arrivée des réfugiés espagnols

Ils trouveront des débouchés dansle bâtiment. À la campagne, le ter-rain est encore très bon marché, lesnouveaux arrivés accèdent à la pro-priété. Soucieu gagnera ainsi cetteréputation d'hospitalité qui ne lais-sera pas les ressortissants portugaisindifférents, ils constitueront alors laseconde vague d'immigration.

LA SECONDE GUERRE MONDIALE

h Le pont sur le Furon

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avec une mitraillette. «Moi, le boulotque j'ai fait à la Résistance, vous n'enavez pas fait autant, alors foutez- moile camp de là, parce que je vais voustransformer en écumoire !» Ce jourlà, ils sont partis et n'ont plus riendemandé».

Si jamais ils voient le drapeau, ils vontprendre des otages ou brûler le village!«Juste avant la libération, le père F.passablement éméché, est montésur la croix du clocher pour ficeler le

drapeau tricolore à son sommet.Trop tôt, car les allemands mon-taient, on venait de les apercevoir enCherron. Prévenu à la hâte par lemaire, le grimpeur de la veille, tota-lement dégrisé n'osait plus cettefois remonter sur le clocher ! Il fal-lait pourtant faire très vite ! En der-nière minute quatre jeunes du vil-lage ont entrepris l'ascension péril-leuse. Sauvés !»

Les lyonnais montent respirerle bon airDès les années 20, l'auberge duCoq gaulois (sur la route d'accèsaux aqueducs romains) était répu-tée pour son omelette et ses fro-mages blancs. Les jarréziens conti-nuent d'y trouver une part de tarte,un verre de limonade. Les habituésviennent jouer au boules. Rose etson époux accueillent les soyeuxLyonnais (pas toujours avec leurépouse). Curieux destin pour cetteauberge : avec sa chapelle ouverteau public, elle fut aussi le siège d'unecommunauté religieuse, qui œuvrepour le quart-monde. Aux beaux jours, les Lyonnaisaffluent, ils viennent en famille goû-ter les joies de la campagne.Chaque été la population double àSoucieu. Ces vacanciers logent au

village; l'hôtel de la poste, puis l'hô-tel du midi disposeront de cham-bres à l'étage. À l'hôtel de la poste,dans la grande salle du rez-de-chaussée, chaque samedi, onrange les caisses pour faire desbals ou installer le cinéma.

n Jeanne Condamin : premièrefemme élueSi 1945 sera l'année d'obtention dudroit de vote pour les femmes fran-çaises, elle restera à Soucieu celle

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ËDES PETITS PENSIONNAIRES JUIFS Soucieu comptait deux maisonsd'enfants. Parmi ses petits pension-naires de la Vallonière Mme Naville aréussi à cacher quelques jeunesenfants juifs, évitant de justesse desvisites de la Gestapo. Elle recevra lamédaille des Justes en 1995 à titreposthume. Mme Joliet qui accueillaitaussi une dizaine de pensionnaires, ruedu Perron a effectivement reçu unevisite de la Gestapo, mais le petit juifqu'elle cachait elle aussi, n'a pas étédécouvert.

h L’auberge du Coq Gaulois

APRÈS GUERRE

Témoignage : «Les bonshommesétaient à peu près tous partis, l'es-sence et les chevaux étaient réquisi-tionnés. On en utilisait encore beau-coup pour les travaux des champs.Réquisitions : «les femmes ont dûatteler les boeufs et même lesvaches !»Il y avait une certaine organisation :le génie rural qui était en chevilleavec la Résistance, gérait les entre-prises de battage. Il avait attribuél'essence à tous les entrepreneurspuis communiqué leurs adresses.Le maquis allait donc chercher l'es-sence chez les gens qui en avaienten stock et camouflée».Rationnement : la «monnaie mâ -choire» : un bout de lard, un litred'huile ou un poulet !

Durant ces années de guerre, lesjarréziens ont réussi à manger à leurfaim, cultivant la moindre parcellede jardin. Les habitants des «com-munes du bas», comme St-GenisLavai, montaient d'ailleurs se ravitail-ler à Soucieu. À l'époque, une grosseration correspondait pour un adoles-cent à 350 grammes de pain.Souvent, c'était moins. Retour : «Parmi les prisonniers, quel - ques uns sont revenus. on ne saitcomment !» «B.C et son équipe nesavaient nager ni les uns, ni les autres.Ils ont pourtant traversé la Loirecomme ils ont pu. Ensuite, ils ont voulufaire une prière à la basilique deFourvière, mais ils n'ont eu que letemps de rentrer par une porte et sortirpar l'autre. Les allemands étaient là !Les fugitifs sont allés voir le curé quileur a fourni des «fringues» civiles pourrentrer à Soucieu».

Témoignage : «À la fin de la guerre,certains allaient rançonner les gens,affirmant que chacun avait fait dumarché noir. Ils leur demandaient 30000F c'était énorme (environ 50€maintenant) ! Beaucoup ont donné,sauf le boulanger. Car on n'en savaitrien à l'époque, mais c'était lui quiembrigadait les gens pour aller aumaquis d’Yzeron. Le boulanger nefaisait pas de marché noir, il donnaitdu pain à tout le monde, il passaittoute la nuit à taper les gerbes de blésur une benne (pour déjouer lescontrôles établis sur les batteuses), ilrécupérait le blé, allait le faire mou-dre chez le meunier. Quand ils sontvenus le rançonner, il les a accueillis

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Lesannées 60

sur l’histoire et sur la vie.»Louis Aragon

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d'une élection. Jeanne Condamin estla première jarrézienne à siéger auConseil Municipal. Elle y resteraplus de trente ans. Ses concitoyensresteront marqués par le personnagehumble, hors du commun qui fit decette universitaire, «pétrie» dans leterroir, un docteur en sciences phy-siques, chargée de cours à laSorbonne. En 1976, elle recevra lalégion d'honneur, au terme d'une viequ'elle consacrera modestement auxautres, à son travail et à la foi. n

n La bibliothèque de JeanneVindry«Elle avait deux passions, son com-merce et la lecture».

Dans sa boutique de mercerie, MelleVindry possédait une quantité delivres très importante qu'elle prêtaitvolontiers le dimanche après lamesse. Ce n'est qu'en 1977 qu'unlocal au dessus de la poste permettrade réunir les livres du village, on yaccédait par un escalier très raide.En 1982, avec l'achat et la restaura-tion de la tour, la bibliothèqueassociative trouvera sa 1ère place. n

n La pharmacie de Marie-Madeleine Bousset «On venait me chercher pour unedispute, un méchant coup de fusil,une chute de toit ou un accouche-ment qui tournait mal» n

Il faudra attendre la fin desannées 60 pour voir s’installerun médecin au village.Jusque là l’officine consti-

tuait le premier recours des jarré-ziens. Au plus fort de la vague d’im-migration espagnole puis portu-gaise, Marie Madeleine Boussets’était emparée d’une «méthodeAssimil» bien décidée à mieuxcomprendre les maux de sesclientes. À la pharmacie, on trou-vait d'abord des sièges pour s'as-seoir, on glanait des conseils.L'heure du thé était sacrée.

Repères

l 26 décembre 1965 : faute d’utilisa-teurs, le pont à bascule est définiti-vement fermé, il sera vendu à unferrailleur pour 150 f.l1966 : la commune décide de met-tre une taxe sur les chiens : 7,50 fpour les chiens de chasse et d’agré-ment, 1,50 f pour les autres.

ËROGER KOVALSKI, 1934-1975«Écoute, il y a derrière la vitre, ducôté de Dargoire, un tremblement delumière, l'image de feux que nousallumâmes et qui bougent encore,loin des années».

Extrait de la pierre milliaire. 1961

Un jeune homme de dix-sept ansrevient chaque été dans la maison fami-liale de Verchery.

Poète déjà, il connaîtra ses heures degloire avant une mort précoce en 1975.Un prix littéraire porte son nom.

[Somptueuse, la kermesse d'étéau Clos Champ !

Les chars fleurisferont leur apparitionen 1959, ils sesuccéderont dans undéfilé ininterrompu jusqu'en 1992.

Constitués de milliersde fleurs en papierpréparées tout au longde l'hiver, ces créationsoriginales mobiliserontl'imagination et l'ingéniosité de la quasi totalité du village.]

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La vogue a traversé les siècles

Elle débute le premier samedi deseptembre, les bistrotiers sortentles tables place de la Flette, on nepeut plus circuler, la bataille deconfettis est réputée dans toute larégion, la fête se poursuit jusqu'aumardi midi avec le «bal des Vieux»,au début du siècle cette journée estfériée ! Elle se clôt en soirée par

«l'enterrement» dans la liesse, lesjeunes gens brûlent un cercueil surla place, avant le dernier bal !n César Geoffray (1901-1972)

«II faut que lamusique pénètredans les besoinsde l'homme au -tant ou presqueque l'eau et lesoleil, et que sonchant soit le

prolongement naturel de laparole»

Les jarréziens se souviennent de cepèlerin au grand béret qu’ils croi-saient à Verchery. L’homme en san-dales, à la carrure imposante fut unvisionnaire, un père spirituel quidans la seconde moitié du siècle, aconquis des foules de jeunes à lacause du chant en fondant leMouvement International «À cœurJoie» et les Choralies de Vaison-la-Romaine. n

Des bals pour financer les nouvelles associations ! Salle Albert Grey, c'est l'AmicaleLaï que qui organise les balspublics. 1960 sera la grandeépoque de l'orchestre local «DanyMario» dont la réputation s'étendbien au delà des limites du canton.Malgré les mises en garde formu-lées lors de la messe dominicale,aux dires de certains, les jeunesfilles du village s'aventurent sur lapiste. Dix ans plus tard, desbagarres à répétitions déclenchéespar les bandes venues «d'en bas»,des conditions de sécurité du bâti-ment trop précaires mettront unterme à ces joyeux dimanchesaprès-midi ! Leur organisation régu-lière relevait d'un véritable engage-ment qui a permis de financer engrande partie, l'équipement et lessorties des écoles publiques.

Association sportive : «En 1961, sesfondateurs avancent chacun10 000 anciens francs et défrichenteux mêmes le terrain de football».Ils sont une petite dizaine, convain-cus que ce ballon rond porte unidéal social et éducatif. Jean Garinqui laissa son nom à la salle de sportfut l'un des leurs !Association des familles : une initia-tive masculine !

«Chargés de répartir les denréesalimentaires allouées par le servicede santé après guerre, ces pères defamille jarréziens eurent l’idée d’ad-joindre la location des premièresmachines à laver, pour soulagerleurs épouses et faire en sortequ’elles puissent recevoir des coursde couture» En 1959, ils ouvraientla première cantine scolaire.MJPT : les jeunes de l’époque laconstruisent de leurs mains.

1974 : le père Magat est l’un desplus fervent partisan du projet pro-posé par François Fond, maire del’époque. Les jeunes, épaulés pardes bénévoles se relaient sur lechantier pour assembler le kit«Mille club» qu’André Malraux des-tinaient aux loisirs, la MaisonJarrézienne pour Tous. Cettefameuse maison pointue qu'onverra émerger face aux écoles.

LE TEMPS DES FÊTES

h L’orchestre Dany Mario

ËSORTIE DE BALÀ l'époque, il y avait des costaudsredoutés. Mon frère qui revenait dela guerre d'Algérie avait un costumetout neuf. C'était une bande de SaintFons qui était venue en tractionsavant, munie de manivelles etchaînes de vélo. Ils étaient une tren-taine, la bagarre a été mémorable, onles a poursuivis jusqu'à Montagny etma soeur Rose qui criait : «Ton costumeneuf, tu vas abîmer ton costume neuf !»

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Le 3e

millénaire[Pour franchir la porte de l’an2000, le chameau a été restauré, prêt à traverser un nouveau millénaire.]

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LE VILLAGE ÉVOLUEPour retenir ses enfants au village, lamunicipalité entreprend la construc-tion du premier lotissement communal.

Trente années ont passé depuis lapremière vague d’immigrationespagnole. De nouvelles famillesse sont installées, d'autres com-mencent à déménager; elles sonttentées par plus de confort et sur-tout le chauffage central qu'offrentles nouvelles habitations collec-tives aux Minguettes de Vénissieuxou plus près, aux Pérouses, àBrignais. Et si les fils du pays sui-vaient tous ce mouvement ? Des Lyonnais restent dans les mai-sons de vacances. Peu à peu s'ame-nuise le caractère rural du village,les années 70 seront marquées parle «boom pavillonnaire». Beaucoupde nouveaux arrivants, venus de laville pour trouver un cadre de vienaturel viennent grossir la popula-tion jarrézienne.

1960 : Soucieu obtient son nom définitif !Hélas, il ne s'inspire pas fidèlementde l'histoire locale. Las de voir sabonne ville trop facilement confon-due avec les villages du Gier, lemaire de l'époque, Jean Vaillant, apoussé au choix d'une orthographejugée arbitraire . Si «Jarez» devientdéfinitivement «Jarrest», les habi-tants resteront des jarréziens.

Sa devise demeure : «Sois toujourssoucieux de ton honneur, aye pource bon jarret noble cœur».1974 : la mairie quitte la placeFrançois Durieux pour s’installer àl’emplacement de l’ancien lavoir,place de la Flette.

Création d’un réseau d’irrigationDans les années 70, lesvergers de pommes, depêches et de petits fruitsrouges (framboises et

fraise) vont se développer et succé-der à une polyculture vivrière et unélevage en déclin. La vigne a dis-paru sans que la commune n'ait susaisir la chance que représentait leclassement en AOC du secteur.Avec l'eau du Rhône qui arrive surles Coteaux, l'agriculture s'ouvresur l'avenir, le blason du village (quisera définitivement adopté en1986) en témoigne : la branche decerisier est volontairement incom-plète, d'autres fleurs doiventéclore. Soucieu, commune desCoteaux-du-Lyonnais, fait partie dujardin de Lyon qualifié de verger leplus varié de France.

Et la pêche de vigne ? Pourrépondre aux nouvellesattentes des consommateurs

sur la qualité et l’origine certifiée desproduits, la pêche de vigne devientune production typiquement locale.Depuis 1994 elle a sa fête.

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l’objet d’une attention particulière,avec notamment la création de jar-dins d’enfants. Le village a aussi lachance de disposer de plusieursplaces publiques — on en compteune bonne dizaine — la plusrécente étant la place JeanneCondamin. Tous ces espaces derespiration jouent un rôle essentielpour « le bien vivre ensemble ».Leur mise en valeur et leur maillagepar des voies de circulation doucessont en cours de réalisation.

L’évolution sociologique et le coûtélevé du foncier ont fait naître uneforme de crise du logement ; fautede moyens suffisants, l’accès à lapropriété des jeunes couples estrendu plus difficile. L’offre de loge-ment doit ainsi s’adapter et s’étoffercomme au nouveau quartier de laPiat, où 39 logements à loyersmodérés s’ajoutent au parc locatiftout en répondant aussi auxbesoins des personnes âgées ouhandicapées.

Soucieu-en-Jarrest ne veut pasconnaître le destin de villages del’agglomération parisienne, c’estainsi que « le village de Montmartre »est devenu une curiosité touris-tique, et ses vendanges une acti-vité… folklorique. Pour son troi-sième millénaire, Soucieu veut res-ter un village où il fait bon vivre,entre ville et nature.

Le village veut conserver son ancrage ruralDes formes vallonnées, des rivières,marques de la variété paysagère,invitent à la promenade ; des prai-ries ou paissent vaches ou brebissignalent une agriculture pay-sanne ; des vergers omniprésentssignent une nature généreuse. Sicette agriculture nourricière, tou-jours bien présente, façonne notrepaysage et constitue le principal sup-port de notre identité, ce n’est passans difficulté. Aujourd’hui les exploi-tations agricoles sont confrontées àla mondialisation, dans le mêmetemps, l’émergence des préoccu-pations environnementales permetque la société porte un regard plusattentif à ce monde rural qui doute.En témoignent l’essor des ventesdirectes à la ferme et le désir par-tout réaffirmé d’une alimentationsaine et naturelle. Dans la logiquedu développement durable, lemaintien d’une agriculture à proxi-mité de la ville conforte son deve-nir. Cependant, quels que soient les

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h Une des quelques 300 bêtes àcornes encore présentes dans le village

UN VILLAGE ENTRE VILLE ET NATUREÀ l’aube du troisième millénaire, lasituation périurbaine de la com-mune a des effets sur l’ambiancedu territoire, pour les plus nostal-giques c’est comme un parfum de« paradis perdu. » Je me souviens,avant, les poules traversaientdevant la maison… ». Le villageembarqué dans le train du change-ment reste un lieu d’échange,d’émotions, de reconnaissance, quiveut conserver son identité ruraleet conviviale. Il s’est engagé dans lavoie du Développement durableafin d’orienter ses projets et seschoix. En 2012, Soucieu en Jarrestest l’une des 335 collectivités deFrance à rédiger un Agenda 21.Ainsi les aspects sociaux, écono-miques et environnementaux sontpris en compte à travers les 48actions choisies en concertation avecles acteurs locaux de la commune.

Vivre dans un village à taille humaineSoucieu, qui n’est accessible quepar un pont d’où qu’on vienne, arompu avec une situation d’isole-ment, comme en témoigne l’évolu-tion de la population qui aujourd’huiavoisine les 4000 habitants. Situé en lisière d’agglomération, levillage attire les familles citadines àla recherche d’un « bonheur à lacampagne ». Face à la pression fon-cière qui en découle, la protectiondes espaces agricoles et naturels aété renforcée. Notons que la com-mune a la chance de bénéficierd’une ceinture verte naturelleconstituée par les vallées du Garonet du Furon.Dans les secteurs urbanisés du vil-lage, les espaces de rencontre font

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h L’Espace Flora Tristan

giles, supports d’une biodiversitéparticulièrement riche.Parmi d’autres sites naturels remar-quables à préserver, citons la valléedu Furon, le puits du Brichet, le boisBouchat… Les arbres isolés, les haies,les mares font aussi l’objet d’uneattention particulière. Collectivités etassociations se mobilisent poursensibiliser la population au res-pect et à la protection de ce patri-moine environnemental. Diversesactions sont mises en œuvre : ani-mations scolaires, charte paysa-gère, charte de l’Agri-citoyen,charte de l’Éch’eau-citoyen.La fête de la Pêche de Vigne estdevenue la fête du village, lequels’est autoproclamé « capitale de lapêche de vigne ». C’est une fête del’agriculture et de la nature auxportes de Lyon. Devenue une pro-duction à part entière, la pêche de

vigne à la peau épaisse et duve-teuse a donné naissance à la necta-vigne, à la peau lisse et au goût dujour, création variétale récente quienrichit le patrimoine végétal de lacommune.

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modes de production et de com-mercialisation, l’avenir repose surla capacité d’adaptation des exploi-tations. Face à la pression foncièrequi fragilise l’agriculture, desactions sont mises en place poursécuriser le foncier agricole sur lelong terme et faciliter les transmis-sions d’exploitation et les installa-tions de jeunes. L’élevage et sur-tout les cultures fruitières représen-tent l’essentiel de l’activité agri-cole. Des parfums de terre, de prai-ries et le spectacle des vergers fleu-ris rythment les saisons pour leplus grand bonheur des habitants.Mais n’oublions pas qu’il n’y a pasde campagne sans agriculteur !

Un patrimoine « au sens large »Le village se caractérise par sonpatrimoine bâti, dont ses hautesmaisons en pierre. L’omniprésencede la pierre a été confortée ces der-nières années avec la restaurationde murs en pierre réalisée dans lesrègles de l’art. Les nouveaux équi-

pements, tels que l’École mater-nelle ou l’Espace Flora Tristan com-portent des parements en pierreconçus comme autant « d’ac-croches » dans ce parti pris patri-monial.

La protection et la mise en valeurdu site de la vallée en Barret (700hectares d’espace naturel sensible)traduisent la prise de consciencede l’atout nature. Composée d’unemosaï que de milieux naturelsdiversifiés (boisements, prairieshumides, landes, affleurementsrocheux, vergers…), la vallée enBarret abrite de nombreusesespèces animales et végétales.Enfin, la présence de vestiges del’aqueduc du Gier, l’un des pluslongs aqueducs construit par lesRomains (86 km), confère à ce siteune réelle valeur patrimoniale. Ilfait l’objet d’un plan de gestion quidoit concilier la maîtrise de la fré-quentation de cet espace de respi-ration dominical pour les familleset la protection d’écosystèmes fra-

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h 17e édition de la Fête de la pêche de vigne

h L’école maternelle « fait écho » à la Tour

h La nouvelle bibliothèque

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lage. Concernant le handicap men-tal, un établissement d’accueil dejour avec petit appartement collec-tif adjoint s’est aussi développé sur« la Ferme de Verchery ».L’Espace Flora Tristan, nouvellesalle d’animation a été inaugurée le25 janvier 2005. Une des plusanciennes maisons du vieux bourgrénovée en 2013 sera dédiée à laculture et au patrimoine.Aujourd’hui l’offre de services à lapopulation continue de s’étoffergrâce à l’intercommunalité, dansune logique de mutualisation desmoyens, comme en témoigne lafusion récente des corps desapeurs pompiers de Soucieu etOrliénas. La construction program-mée pour 2015 d’une nouvellecaserne face au collège, va grande-

ment améliorer la capacité opéra-tionnelle sur les deux communes.

L’intercommunalité monte en puissanceLa Commune de Soucieu-en-Jarrestappartient à la Communauté deCommunes du Pays Mornantais, laCopamo, qui regroupe 16 com-munes de tailles diverses, soit27 000 habitants. Les compé-tences de cette structure se sontétoffées ces dernières années.Elles concernent des servicesessentiels : développement écono-mique et emploi, habitat et dépla-cements, agriculture et environne-ment, services jeunesse et petiteenfance, action sociale et culture…La mutualisation des moyens doitpermettre de développer ces ser-

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Bouger autrementLes habitants, lassés des bouchonset confrontés à l’envolée des coursdu pétrole, vont devoir changerleurs habitudes. Si la mobilité estune nécessité économique etsociale, les nombreux déplace-ments engendrent des nuisances(environnement, sécurité), notam-ment lorsque la voiture individuelleest encore le mode de déplace-ment ultra dominant. Dans le butde répondre aux besoins de dépla-cement tout en réduisant les nui-sances, la collectivité développel’offre de transport collectif notam-ment pour les déplacements quoti-diens domicile-travail, ainsi que lesmodes doux pour les courtes dis-tances (marche, vélo). L’intermodalité est la solution d’aveniravec des cars de rabattement, à lafois sur le réseau urbain de trans-ports et sur le rail. La collectivitésoutient aussi les solutions decovoiturage. C’est bien une nou-velle culture des déplacements quiémerge, elle amène les habitants àchanger peu à peu de comporte-ment et contribue dans un villagecomme Soucieu, exposé aux nui-sances du trafic, à améliorer la qua-lité de vie.

L’offre de services s’étoffeAvec l’aménagement du nouveauquartier de la Piat, un nouveau« pôle de services » s’est structuréau cœur du village. À l’origine, on

trouvait sur le site les écolespubliques, la Maison Jarréziennepour tous (MJPT) et les jeux deboules. Puis s’était installée lahalte-garderie « la Cajolerie ». LaCommune bâtit la « Maison de laMusique », puis la bibliothèque-médiathèque « Éclats de lire », la« Maison du Judo » et les locaux duservice jeunesse sont venus com-pléter l’offre. À proximité une mai-son médicale regroupant méde-cins, dentistes et kinésithérapeutesvoyait le jour. Les rez-de-chausséesont réservés à des locaux associa-tifs, les 300 m2 d’espace collectifainsi dégagés sont mis à disposi-tion pour partie à l’association desanciens du village et pour l’autrepartie à la MJPT. La création de lanouvelle place Jeanne Condamin,des murets en pierre, une fontainevégétalisée, des cheminements pié-tons et cyclables parachèvent lastructuration de ce nouveau quartier. L’action conjuguée de l’intercom-munalité et des associations a per-mis le développement des servicesaux familles : accueil petiteenfance, centre de loisirs, servicesde soins et d’aide à domicile… Fruitd’un projet associatif opiniâtre, unemaison d’accueil spécialisé desti-née à des jeunes adultes polyhan-dicapés a vu le jour en 2008. La« Maison Soleil », qui offre 48places, et 6 accueils de jours repré-sente quelque 80 emplois sur le vil-

h Le quartier de la Piat

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La conception traditionnelle de l’ur-banisme opposerait la ville à lacampagne, la première ne pouvantse développer que sur le dépérisse-ment de l’autre. La campagne vuecomme le réservoir d’expansion dela ville est un modèle périmé. Ilexiste aujourd’hui une alternativeau phénomène de banlieue fut-ellechic, qui est le réseau de villages, àcondition que la pérennité desespaces agricoles et des ceinturesvertes soit garantie. Notre espacevillageois doit être regardé commeun patrimoine, avec une déontolo-gie de l’aménagement prévoyanteet prudente, de nature à préserverson autonomie et sa vitalité écono-mique et sociale. Ce patrimoinedoit être géré comme un espacesusceptible de conserver dans lefutur, des potentialités d’adaptation

et des usages non prévisibles dansle présent. C’est aussi un héritageen paysages, en espaces naturels etespaces traditionnels bâtis quenous avons le devoir de préserver.

Nous aurons le destin quenous aurons mérité.

Albert Einstein

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«Soucieu-en-Jarrest, Balade historique» est une publication de la mairie — directeur de la publication :Gérard Grange — Commission communication : Sylvie Broyer, Véronique Lacoste, Ginette Coquet,Bernadette Pecile, Delphine Corbière — Illustrations humoristiques : Dubouillon.

Les maires de Soucieu-en-Jarrest1790 Jean VERGER ; 1793 François ASSADA ; 1802 Jean PERREL ; 1815 Jean PINAT ;1816 Jean PERREL ; 1817 Jean Antoine VINDRY ; 1831 Jean Claude FAYETTON ; 1837Jean Marie CHAMBRY  ; 1840 Jean PINAT  ; 1855 Jacques GRANJON  ; 1860 AntoineGETTE ; 1874 Jean Marie FAYETTON ; 1884 Tony ASSADA ; 1892 Jean Marie MARTI-NANT ; 1895 Jean François ASSADA ; 1900 François THEVENET ; 1919 Michel POIZAT ;1929 Jean Pierre JARICOT  ; 1935 François VILLARD  ; 1938 François FILLON  ; 1940Louis TRAUTWEIN (nommé par le préfet) ; 1944 Antoine TRAIVE ; 1959 Paul VAILLANT ;1965 Jean François DURIEUX  ; 1973 François FOND  ; 1989 Jean CHATAIN  ; 1993 -1995 – 2001 - 2008 etc. Gérard GRANGE.

Citoyens d’honneur : Antonin GINON pour 60 ans de présidence ; Jacques RIVOIRE, his-torien du village.

ËFLORA TRISTAN(1803 – 1844) : pionnière féminine, militante emblé-matique des canuts au 19e siècle. Voyageuse infati-gable, Flora Tristan sillonna la France pour plaider lacause des ouvriers textile. Le village de Soucieu, quicomptait nombre de ces veloutiers et métiers à tisser(résultat d’une délocalisation avant l’heure), en situa-tion précaire à la fin du 19e siècle, a ainsi choisi de ren-dre hommage à cette grande dame, difficile à classer.

Grand-mère du peintre Paul Gauguin, féministe avantl’heure, Flora Tristan soutint la cause des femmes les

plus démunies. Elle connut un destin contrasté : bourgeoise idéaliste, croyante etromantique, elle mourut prématurément à l’âge de 41 ans.

SOUCIEU, LE VILLAGE QUI CHANTEAncré sur notre commune grâce àCésar Geoffray (voir p33) le chant

donne à Soucieu des airs de fêtes. C'est l'oc-casion de rassemblements très appréciésautour de la chorale, de l'école de musiqueéponyme ou du Festival Brassens.

❞❝

vices intercommunaux dans unsouci d’équité et de solidarité. Leshabitants qui conservent d’abord le« reflexe mairie » souhaitent desservices toujours plus performantset accessibles. L’enjeu pour laCopamo est de conjuguer uneintercommunalité de proximitéavec l’intercommunalité de déve-loppement.La commune reste la cellule debase qui fait vivre la démocratielocale. Mais face à la Nouvellemétrople lyonnaise hyper puis-sante, les communes de la périphé-rie doivent aussi se reconnaîtredans une identité commune et coo-pérer étroitement pour conforterl’équilibre ville/campagne. Aujour -d’hui notre maillage territorial se struc-ture autour des couples Communes /

Communauté de Communes etdépartements/régions.

Paroles d’avenirLe Syndicat de l’ouest lyonnaisregroupe 47 communes associéespour faire exister ce territoire qui neveut pas être « dilué » dans l’agglo-mération lyonnaise. Elles souhai-tent promouvoir un mode de déve-loppement durable pour le terri-toire de l’Ouest lyonnais qui, mieuxrelié au Grand Lyon par des trans-ports collectifs, veut continuerd’évoluer dans un cadre paysagerde qualité. Ce positionnementrejoint celui de l’associationALCALY, dit de la voie durable, quiprône des solutions alternativespour contester les projets autorou-tiers qui menacent fortementl’équilibre de ce territoire.

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Mairie de Soucieu-en-JarrestPlace de la Flette • 69510 Soucieu-en-Jarrest • tél : 04 78 05 26 33

Site : www.soucieu-en-jarrest.frMail : [email protected]

Cré

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Autrefois la vie à Soucieu était

rythmée par l’agriculture.

C’était une existence rude,

qui permettait à peine aux

familles de vivre correctement.

Preuve en est qu’à partir

du 19e siècle s’est développé

toute une économie parallèle

avec la multiplication des

métiers à tisser.