Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques · Avril 2015 Chambres d’agriculture de Bretagne...

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Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques ? Avril 2015 Chambres d’agriculture de Bretagne – Pôle porcs 1 La production porcine biologique obéit à un cahier des charges qui évolue régulièrement pour s’adapter à la demande des consommateurs, des éleveurs, mais aussi de la filière. C’est une production de niche, qui représente 0,8 % de la production porcine française en 2013. Depuis 5 ans, des travaux de recherche sont menés à différents niveaux : régional, national et européen afin de répondre à différentes questions sur l’alimentation, la génétique et les performances. Cette synthèse permet de faire le point sur la production de porc biologique, élevage, filière et travaux de recherche en cours. 1. La filière porcine biologique 1.1. La Production De 2008 à 2013, la production porcine biologique française a fortement augmenté aussi bien en nombre d’élevages qu’en effectifs de truies reproductrices certifiées bio (Agence Bio, 2014). Au niveau national, nous ne disposons pas d’informations concernant les élevages engraisseurs et post sevreurs-engraisseurs. En 2013, la Bretagne avec 1320 truies est la 2ème région productrice de porcs biologiques après la région des Pays de la Loire (2090 truies). Tableau 1 : Evolution du cheptel truies 2008/2013 en France, Bretagne et Pays de Loire pour les élevages certifiés biologiques et en conversion (source Agence Bio, FRAB, ORAB, 2009, 2014) Nb fermes certifiées bio 2013 Nb fermes certifiées bio 2008 Nb truies certifiées bio 2013 Nb truies certifiées bio 2008 Bretagne 47 37 1320 923 Pays de la Loire 51 27 2090 1049 France 344 251 8025 4724 En 2013, la taille moyenne d’un élevage est de 23 truies au niveau national, 28 truies en Bretagne. Cependant, cette moyenne cache des disparités importantes, de moins de 10 truies à plus de 170 truies en naissage. Le département d’Ille et Vilaine comptabilise près de la moitié des truies biologiques bretonnes. Graphique 1 : Répartition des effectifs truies biologiques en Bretagne 3 groupements de producteurs spécialisés en agriculture biologique commercialisent les porcs bretons, Bretagne Viande Bio, basée au Faouët (56), ErcaBio, basé à Laval (53) et Unebio basé à Alençon (61). 1.2. L’abattage La production de viande porcine biologique française est en augmentation ces deux dernières années. Néanmoins, les tonnages représentent moins de 1 % du volume total de viande de porc française. Les chiffres prennent en compte les volumes commercialisés en circuits courts qui représentent 1100 tonnes, soit 11,6 % du tonnage commercialisé (Interbev, 2014). Ce sont plutôt les élevages de petite taille (moins de 30 truies) qui commercialisent leurs porcs en totalité ou en partie en circuits courts. C.Nicourt (2013) précise que le développement de la vente directe chez les éleveurs de porcs biologiques semble se faire au détriment de l’élevage. Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques ? Le point sur la filière, la règlementation, la conduite d’élevage et les résultats de la recherche Catherine Calvar, Chambres d’agriculture de Bretagne 2015

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Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques ? Avril 2015

Chambres d’agriculture de Bretagne – Pôle porcs 1

La production porcine biologique obéit à un cahier des charges qui évolue régulièrement pour s’adapter à la demande des consommateurs, des éleveurs, mais aussi de la filière. C’est une production de niche, qui représente 0,8 % de la production porcine française en 2013. Depuis 5 ans, des travaux de recherche sont menés à différents niveaux : régional, national et européen afin de répondre à différentes questions sur l’alimentation, la génétique et les performances. Cette synthèse permet de faire le point sur la production de porc biologique, élevage, filière et travaux de recherche en cours.

1. La filière porcine biologique

1.1. La Production

De 2008 à 2013, la production porcine biologique française a fortement augmenté aussi bien en nombre d’élevages qu’en effectifs de truies reproductrices certifiées bio (Agence Bio, 2014). Au niveau national, nous ne disposons pas d’informations concernant les élevages engraisseurs et post sevreurs-engraisseurs.

En 2013, la Bretagne avec 1320 truies est la 2ème région productrice de porcs biologiques après la région des Pays de la Loire (2090 truies).

Tableau 1 : Evolution du cheptel truies 2008/2013 en France, Bretagne et Pays de Loire pour les élevages certifiés biologiques et en conversion (source Agence Bio, FRAB, ORAB, 2009, 2014)

Nb fermes certifiées bio 2013

Nb fermes certifiées bio 2008

Nb truies certifiées bio 2013

Nb truies certifiées bio 2008

Bretagne 47 37 1320 923

Pays de la Loire

51 27 2090 1049

France 344 251 8025 4724

En 2013, la taille moyenne d’un élevage est de 23 truies au niveau national, 28 truies en Bretagne. Cependant, cette moyenne cache des disparités importantes, de moins de 10 truies à plus de 170 truies en naissage. Le département d’Ille et Vilaine comptabilise près de la moitié des truies biologiques bretonnes.

Graphique 1 : Répartition des effectifs truies biologiques en Bretagne

3 groupements de producteurs spécialisés en agriculture biologique commercialisent les porcs bretons, Bretagne Viande Bio, basée au Faouët (56), ErcaBio, basé à Laval (53) et Unebio basé à Alençon (61).

1.2. L’abattage

La production de viande porcine biologique française est en augmentation ces deux dernières années. Néanmoins, les tonnages représentent moins de 1 % du volume total de viande de porc française. Les chiffres prennent en compte les volumes commercialisés en circuits courts qui représentent 1100 tonnes, soit 11,6 % du tonnage commercialisé (Interbev, 2014).

Ce sont plutôt les élevages de petite taille (moins de 30 truies) qui commercialisent leurs porcs en totalité ou en partie en circuits courts. C.Nicourt (2013) précise que le développement de la vente directe chez les éleveurs de porcs biologiques semble se faire au détriment de l’élevage.

Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques ?

Le point sur la filière, la règlementation, la conduite d’élevage

et les résultats de la recherche

Catherine Calvar, Chambres d’agriculture de Bretagne

2015

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Graphique 2 : Evolution des volumes abattus (Tonnes Equivalent Carcasse) en viande porcine biologique depuis 2011 (Interbev 2014)

2. L’élevage de Porc biologique

2.1. La conduite en bandes

En production de porcs biologique, bien que l’âge minimum au sevrage fixé par le cahier des charges soit de 40 jours (cf. chapitre Règlementation), le sevrage a lieu en moyenne à 42 jours pour qu’il soit toujours réalisé le même jour de la semaine. La conduite en bandes n’est pas toujours mise en place dans les élevages, surtout ceux de petite taille (moins de 20 truies). Le choix du nombre de bandes (3 à 8) dépend des objectifs de l’éleveur, des contraintes d’exploitation mais aussi parfois du mode de commercialisation des porcs, circuits courts ou filière longue.

L’organisation du travail dépend du choix de la conduite en bandes. Tout est possible, mais certaines conduites sont plus à risques (gestion des retours, taille des lots …).

Tableau 3 : Avantages et inconvénients des différentes conduites en bandes (exemple : 30 truies – 10 sevrés/portée)

Nb bandes

Gestion des

retours

Nb materni

tés

Nb lots Sev-vente

Taille des

lots de porcs

Organisation

3 Difficile 1 3 100 5 semaines allégées en

travail

4 facile 2 4 75 4 semaines allégées en

travail

5 Difficile 2 5 60 2 semaines allégées en

travail

6 Difficile 3 6 50 1 semaine allégée en

travail

7 Facile 3 8 45 1 semaine allégée en

travail

8 Facile 3 8 40 1 semaine allégée de temps en

temps

En filière longue, des lots importants sont souhaitables pour faciliter la gestion des porcs par la filière abattage. A l’inverse, en circuits courts, des petits lots sont privilégiés pour une vente de porcs régulière tout au long de l’année.

2.2. Le logement

Le mode de logement des porcs biologiques est diversifié, aussi bien au niveau du naissage que de l’engraissement. Le naissage est souvent réalisé en plein air, le post-sevrage et l’engraissement plutôt en bâtiment sur litière (Casdar Porc Bio, 2010-2013). Mais l’inverse existe aussi. Dans certains élevages, le post-sevrage des porcelets est réalisé dans des chalets en plein air. Depuis 2009, la règlementation impose pour les élevages en bâtiments d’avoir une courette extérieure pour les truies gestantes et l’engraissement. Le logement des porcs sur caillebotis intégral est interdit, quel que soit le stade physiologique (cf chapitre Réglementation). En Bretagne, la majorité des élevages ont les truies en plein air et les porcs charcutiers en bâtiments.

En naissage plein air, le chargement (nombre de truies/ha) préconisé varie de 10 à 12 truies/ha selon le type de sol, car c’est une cause de dégradation du couvert végétal des prairies (Berger et al, 2003). En général, les parcs « maternité » sont des parcs individuels (une cabane de mise bas par parc). Les parcs collectifs (plusieurs cabanes dans un parc) sont néanmoins possibles mais à éviter pour les cochettes. En gestantes, les parcs sont collectifs. Selon le nombre de bandes de truies, avoir plusieurs parcs est indispensable pour pouvoir alloter les truies et mieux gérer l’alimentation.

• Parc maternité : 500- 600 m2/truie, 500 m2 pour les cochettes

• Parc gestante : 600-700 m2/truie

La rotation des parcs tous les deux ou trois ans est indispensable, d’une part pour limiter leur dégradation dans le temps, d’autre part pour réduire le parasitisme sur les animaux.

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2.3. La génétique

Actuellement, il n’existe pas d’organisation de la génétique porcine en production biologique. Les types génétiques utilisés sont le plus souvent, les mêmes qu’en production conventionnelle. La production de porcs biologiques avec des races locales existe, mais la valorisation en filière longue est pratiquement impossible, car les porcs charcutiers sont souvent trop gras. Les restaurateurs sont par contre demandeurs de cette viande de porcs. Les types génétiques conventionnels ont été sélectionnés pour produire de nombreux porcelets, ce qui est gérable dans les élevages conventionnels, mais plus difficile en production biologique compte tenu du mode de logement des truies en maternité (truies libres en bâtiment ou en plein air, durée de lactation longue). Cela se traduit par une forte mortalité néonatale affectant 25 à 33 % des porcelets en maternité dans ce système d’élevage, Maupertuis (2010).

Deux expérimentations ont été menées, l’une à la station porcine biologique des Trinottières, l’autre à l’INRA de Rouillé pour répondre aux besoins des éleveurs sur la gestion de l’hyperprolificité, et de l’autorenouvellement, obligatoire en élevage biologique. L’objectif a été de tester des types génétiques moins prolifiques et plus maternels, en introduisant la race Duroc dans la génétique femelle, largement utilisée en croisement dans les élevages plein air de nos voisins européens. Aux Trinottières, l’expérimentation a porté sur les résultats techniques et comportementaux de truies croisées 3 voies (25 % Duroc, 25 % Landrace et 50 % large White) élevées en plein air et sur les performances d’engraissement et de carcasse de leurs descendants. Les résultats montrent que les réticences des éleveurs français face à l’introduction de Duroc dans la génétique des truies ne sont pas fondées car le comportement d’œstrus est bien marqué, l’agressivité envers l’homme n’est pas plus importante qu’avec des truies croisées LW*LRF et les carcasses des issus ne sont pas plus grasses. F. Maupertuis note que les femelles croisées 3 voies avec ¼ de sang Duroc donne naissance à des porcelets plus lourds car elle possède une meilleure capacité à mobiliser ses réserves. L’apport de Duroc entraine également une meilleure vitalité des porcelets, d’où une meilleure consommation du colostrum maternel

et une réduction des risques d’hypothermie. En conséquence, les truies sèvrent davantage de porcelets (moins d’écrasements avant 72 heures, moins de pertes jusqu’au sevrage) et ils sont plus lourds (F.Maupertuis, 2015). Cependant, il est désormais difficile de se procurer des cochettes croisées Duroc car elles sont peu utilisées en production conventionnelle. F. Maupertuis (2014) conclut que la solution serait de développer un élevage de multiplication de cochettes biologiques croisées Duroc. En parallèle des essais menés aux Trinottières, S. Ferchaud (2014) a testé à l’INRA de Rouillé le comportement de truies croisées Duroc*Piétrain (TGA : type génétique alternatif). Il a mis au point des outils simples pour vérifier la bonne adaptation des truies à l’élevage biologique (qualification de l’œstrus, comportement, relation Homme-Animal) mais aussi pour sélectionner les cochettes de renouvellement. Ces deux auteurs concluent pour ces premiers travaux sur la génétique en porc biologique que la proportion de Duroc souhaitable dans le produit final est de 25 % maximum. En effet, s’il n’y a pas de problème au niveau des résultats de naissage, les performances en engraissement sont moins bonnes quand la part de sang Duroc augmente chez le porc charcutier.

2.4. L’alimentation

Parmi les questions techniques qui se posent pour accompagner le développement de la filière, celle de l’alimentation est particulièrement prégnante. En effet, l’aliment représente la part principale du coût de production du porc biologique, de l’ordre de 80 %.

2.4.1 – Les besoins alimentaires des porcs

Les besoins alimentaires des porcs varient selon l’âge et le poids des animaux. A chaque stade physiologique, les besoins alimentaires sont spécifiques.

Tableau 4 : Types d’aliments porcs selon le stade physiologique

Stades physiologiques

Porcelets 1er âge Sous la mère et jusqu’à 7 à 10 jours après sevrage

Porcelets 2ème âge Jusqu’à 25 kg

Porc croissance Jusqu’à 60-70 kg

Porc finition Jusqu’à 110-115 kg

Porc lourd Après 110-115 kg

Gestation Du sevrage jusqu’à 2 à 3 jours après la mise bas

Lactation De 2 à 3 jours après la mise bas jusqu’au sevrage

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L’idéal est bien sûr de disposer d’un aliment pour chaque stade physiologique (Maupertuis et Alibert, 2014 ; Référentiel CRAB 2012). Cependant, il est possible en fonction de la taille de l’élevage, des équipements, du tonnage d’aliment parfois faible, de limiter le nombre d’aliments à 3 : 1 aliment porcelet 2ème âge ; 1 aliment porc croissance et truie allaitante ; 1 aliment porc finition et truie gestante.

La couverture des besoins nutritionnels est aussi fonction des quantités d’aliment consommées par jour. Lorsque l’éleveur fabrique son aliment, il ne faut pas chercher à maximiser l’énergie, car les apports protéiques devront être aussi plus élevés pour équilibrer la formule d’aliment.

NB : Pour les aliments porcelets en particulier, il est difficile en production biologique de satisfaire les apports d’acides aminés et de respecter les équilibres recommandés avec des taux de MAT de l’ordre de 18-19 %. Un taux de MAT supérieur, s’il permet de mieux répondre aux besoins en acides aminés risque de provoquer des troubles digestifs chez le porcelet.

Les besoins des animaux en minéraux sont couverts partiellement par les matières premières courantes. Celles-ci ont des teneurs en général très faibles en calcium. Par contre, elles apportent des quantités intéressantes et parfois suffisantes en phosphore. Les aliments minéraux utilisables en agriculture biologique sont listés dans le règlement européen. Ils sont introduits dans l’aliment à un taux variant de 3 à 5 % dans l’aliment.

Les quantités d’aliment à prévoir pour un élevage sont fonction du nombre d’animaux, des performances de prolificité des truies et des croissances des animaux. Par truie et sa suite, il faut compter entre 7 et 8 tonnes d’aliment par an pour un élevage naisseur engraisseur.

Tableau 6 : Consommation annuelle d’aliment pour une truie et sa suite (kg)

Animal Consommation / animal

Nombre Aliment/truie et sa suite/an

Truie 1300 kg/an

1 1300 kg

Verrat 1200 kg/an

1 pour 10 truies

120 kg

Porcelet 40 kg 18 par truie

720 kg

Charcutier 300 kg 18 par truie

5400 kg

Nb : les truies logées en plein air ont une consommation d’aliment supérieure à celles logées en bâtiment

2.4.2 - Valorisation des fourrages dans l’alimentation des porcs biologiques

La distribution de fourrages frais, secs ou ensilés pour les monogastriques en production biologique est une obligation règlementaire. Les données bibliographiques sur la valeur alimentaire des fourrages sont rares. Les parcours peuvent contribuer à l’alimentation dans les systèmes d’élevage en plein air. Une expérimentation menée aux Trinottières (49) a permis de quantifier l’ingestion d’herbe par des truies en lactation. Les résultats montrent qu’il existe une grande variabilité dans le comportement de pâturage des truies (de 200 g à 1,6 kg de Matière sèche pour une même période) et une différence entre saisons (Roinsard, 2014).

Tableau 7 : Valorisation de l’ingestion d’herbe (tous types de couverts) par les porcins au pâturage (synthèse bibliographique ; programme ICOOP, cité par Roinsard, 2014)

Stade

physiologique

Quantité

brute/jour

Quantité sur

sec/jour

Porc

charcutier 0,5 à 3,2 kg 100 à 650 g

Truie

gestante 1,8 à 12,5 kg 0,9 à 2,5 kg

Truie

allaitante 1 à 8 kg 0,2 à 1,6 kg

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Pour les truies en gestation, lors des pleines périodes de pâturage, au printemps et à l’automne, l’herbe peut couvrir jusqu’à 20-25 % des besoins des truies en gestation, ce qui peut permettre de diminuer l’aliment complet de 1 à 1,5 kg, (Roinsard, 2014).

La valorisation de l’herbe sous forme d’enrubannage a aussi été testée à la ferme des Trinottières. Cette présentation permet de diminuer la ration des truies gestantes de 10 à 15 % d’aliment (Roinsard et al, 2014).

Les essais de pâturage des porcs charcutiers donnent de moins bons résultats, avec une dégradation notable de l’indice de consommation, de 10% pour la luzerne à 16 % pour la prairie de raygrass-trèfle blanc (Kongsted, 2014).

Cet auteur, pour une meilleure valorisation des fourrages issus des parcours plein-air, préconise une gestion annuelle de cette ressource, alternant pâturage et distribution sous forme de fourrage conservé.

2.4.3 – Vers une alimentation 100 % bio

Depuis 2009, la règlementation européenne impose un approvisionnement local pour 20 % des besoins alimentaires de l’élevage. Le passage à l’alimentation 100 % bio est prévu pour le 1er Janvier 2018. Toutes les productions animales sont concernées, mais pour le porc et la volaille, l’équilibre des rations en protéines peut être difficile à atteindre. Actuellement, les monogastriques peuvent recevoir 5% d’aliments non bio dans leur ration. Différents travaux de recherche ont été engagés depuis 2010, aussi bien au niveau régional, national qu’européen, pour pouvoir satisfaire les besoins alimentaires des animaux, tout particulièrement en protéines. Actuellement, les légumineuses sont sous utilisées par les fabricants d’aliment du bétail en raison d’une faible disponibilité sur le marché. Le passage à une alimentation 100 % AB pourrait encore plus favoriser le tourteau de soja bio au détriment des pois et des féveroles, au moins dans un premier temps.

Son utilisation pourrait augmenter de + 40 % à + 50 % (Coop de France, 2014 ; CEREOPA 2014, Colloque Porc Bio, 2014).

Des freins techniques de différente nature existent aussi pour le développement des surfaces en oléoprotéagineux biologiques à destination de l’alimentation animale (Lubac, 2014).

Aujourd’hui, les éleveurs de porcs utilisent préférentiellement des sources de protéines tels le tourteau de soja, la graine de soja extrudée, la levure de bière, dans les 5% non bio, afin d’équilibrer les formules d’aliment porcelet et truie allaitante. Pour les porcs charcutiers et les truies gestantes, il est possible de faire des formules équilibrées sans soja et avec des protéagineux.

Depuis 2010, les travaux de recherche (Monalim Bio, Casdar Porc Bio, ProtéaB) ont porté essentiellement sur les nouvelles sources de protéines possibles valorisables en production porcine : le tourteau de chanvre, le concentré protéique de luzerne. Ces matières premières sont très intéressantes pour le porcelet en post-sevrage, mais elles sont peu disponibles sur le marché de l’alimentation animale biologique. Les protéagineux, comme le pois et la féverole, sont pour le moment des sources de protéines disponibles et bien valorisées par les porcs. Dans différents essais ces matières premières ont été comparées au tourteau de soja bio. Les performances zootechniques des animaux ont été équivalentes, voire supérieures pour les critères de croissance, d’indice et de qualité de carcasse. Les auteurs insistent sur l’importance de la diversification des sources des protéines pour pallier des carences en certains acides aminés. En conclusion, faire des formules 100 % AB pour le porc, c’est possible, mais elles seront sans doute un peu plus coûteuses.

Les principales conclusions des différents projets sur l’alimentation 100 % AB :

• Les formules riches en protéagineux (40 %) sont bien consommées par les porcelets

• Les formules avec le Concentré Protéique de Luzerne (CPL) 100 % AB maximisent la consommation d’aliment par les

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porcelets. Taux d’incorporation recommandé : 10 %.

• Les formules porcelet 100 % AB testées ne sont pas beaucoup plus chères que l’aliment 95 % AB

• Les formules 100 % AB sans tourteau de soja permettent les mêmes performances sur la période sevrage-vente que la stratégie tourteau de soja. Elle apparaît moins risquée sur le plan digestif et se traduit par une diminution du taux de pertes sevrage-vente.

• La variabilité des résultats dans les différents projets illustre la diversité des situations d’élevage et montre que l’aliment n’est pas le seul facteur qui influence les performances zootechniques.

2.5. La conduite sanitaire

En agriculture biologique, les éleveurs s’appuient sur des mesures préventives, sur l’observation et le recours aux alternatives pour maintenir leurs animaux en bonne santé. Néanmoins, le cahier des charges européen autorise les vaccinations, les traitements antiparasitaires, un traitement médicamenteux pour les porcs âgés de moins d’un an, trois par an pour les reproducteurs.

Des pratiques d’éleveurs concernant le suivi sanitaire des élevages de porcs biologiques ont été recensées dans le cadre du Casdar PorcBio, elles sont à prendre avec prudence, car l’analyse est très descriptive, et concerne peu d’élevages (Alibert, 2014) :

• Vaccinations : La vaccination contre le rouget est réalisée dans plus de 85 % des élevages, contre le parvovirus dans 70 % d’entre eux. Les vaccinations contre le circovirus, les colibacilles et le mycoplasme sont beaucoup moins pratiquées (< 30 % des élevages)

• Déparasitage : 73 % des éleveurs déparasitent les animaux, 91 % en interne mais seulement 6 % en interne et en externe. Ces pratiques varient selon le type d’élevage, N, NE ou PSE.

• Traitements : Aux dires des éleveurs, 48 % d’entre eux utilisent des antibiotiques, comme l’autorise la règlementation, 15 % l’homéopathie, 31 % la phytothérapie

• Equarrissage : 75 % des élevages sont équipés de bacs ou de congélateur pour les cadavres.

• Nettoyage-Désinfection : 81 % des élevages curent les bâtiments sur litière

ou sciure, 54 % les désinfectent (chaux, eau de javel, bactéries, extraits de plantes)

Dans le projet Corepig (2011), le nettoyage et la désinfection des bâtiments sont des leviers importants pour lutter contre les parasites de l’estomac ou des intestins. Le nettoyage reste efficace alors que la désinfection a peu d’effet sur les vers intestinaux transmis par des larves protégées comme celles d’Ascaris.

En plein air, la rotation des parcelles et le maintien des points d’alimentation et d’eau propre sont essentiels dans la gestion du parasitisme (Corepig 2011).

Au niveau de la conduite d’élevage proprement dite, la mortalité sous la mère, les diarrhées en post-sevrage et les troubles de la reproduction ont été les points faibles mis en avant par les éleveurs lors du projet Corepig. Des outils d’autodiagnostic, avec proposition de solutions ont été créés pour aider les éleveurs à résoudre ou à prévenir ces problèmes de santé des porcs.

Graphique 3 : Outil Corepig : diarrhées en Post-sevrage (2010)

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3. Les performances

En France, peu d’élevages de porcs biologiques sont suivis en GTTT et GTE. 45 élevages actifs sont codés BIO dans la base Nationale en Mai 2014, 25 élevages dans les références GTE 2013 (avec ou sans truies), 8 élevages dans les références GTTT 2013 (Badouard, 2015). Pour bon nombre d’éleveurs, les enregistrements des données via les logiciels proposés sont trop complexes au regard de leur petite taille d’élevage, de leur conduite en bandes. Cependant, dans le Casdar Porc Bio, réalisé sur la période 2010-2013, des données partielles de performances et de coût sont disponibles. D’autre part, des références ont été obtenues en 2011 dans 27 élevages de porcs biologiques des régions Auvergne, Bourgogne, Centre et Limousin, regroupés sous l’entité « Porc Bio Cœur de France ». Les résultats ont été comparés aux élevages de porc conventionnels sur la même période.

Tableau 8 : Résultats de naissage d’élevages de porcs biologiques, en comparaison à des élevages conventionnels

Casdar Porc Bio 2010-2013 19 NE + 6 N

Porc Bio Cœur de France 2011

Naisseurs

Production conventionnelle

GTTT 2011

Nb truies présentes 52,4 43 175

Porcelets sevrés/truie productive/ an

18,8 (16,5-22,1) 20,97 (15-25) 28,3

Nés totaux/ portée 12,3 12,4 14,3

Nés vivants/ portée 11,2 11,2 13,2

Taux pertes en maternité/ nés vivants

20 % (12,7-29,2) 14,5 % 14 %

Nb porcelets sevrés/ portée 9,33 9,55 (7,5-11,5) 11,4

Les résultats technico-économiques portent sur des élevages naisseurs engraisseurs, post-sevreurs –engraisseurs et engraisseurs pour les critères relatifs à la productivité par truie et aux performances du sevrage à la vente, recueillis sur les mêmes périodes.

Tableau 9 : Performances sevrage-vente en élevage de porcs biologiques, en comparaison à des élevages conventionnels

Casdar Porc Bio 2010-2013

19 NE + 14 PSE

Porc Bio Cœur de France 2011

Production conventionnelle

GTTT 2011

Nb porcs produits/truie présente

17,0 16,96 22,4

IC global - 3,30 2,90

IC 8-115 3,2

(3,32-NE et 2,97-PSE)

- 2,66

GMQ 8-115 (g/j) 684 671

IC 30-115 - 2,98 2,81

GMQ 30-115 (g/j) - 649 794

Taux pertes SV (%) 7,4 (3,7-11,5) 4,31 (NE) – 6,61 (E) 5,8

Poids moyen vif (kg) 122,9 125,2 117,6

Poids moyen carcasse (kg) 94 95,8 90

TMP 57,7 57,4 60,5

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Les résultats de TMP sont moins élevés qu’en production conventionnelle, en lien avec l’engraissement des porcs en bâtiment sur litière, mais aussi en lien avec l’aliment qui n’est pas toujours bien équilibré en acides aminés, quand il est fabriqué à la ferme.

Le Projet « Porc Bio Cœur de France » a recueilli des résultats économiques dans 10 élevages naisseurs engraisseurs biologiques. Malgré un prix moyen aliment élevé (450 €/tonne), la marge moyenne sur le coût alimentaire de 1680 €/truie est bonne, mais cache une grande variabilité entre les élevages (de 464 € à 3002 €/truie/an), liée aux écarts de productivité et au coût alimentaire.

Graphique 3 : Marge brute sur coût alimentaire par truie, Porc Bio Cœur de France, en euros/truie/an (2011)

4 – Le travail

En production de porc biologique, l’éleveur a plusieurs « ateliers » au sein de son exploitation. Il autorenouvelle ses truies, règlementation oblige. Il fabrique en partie son aliment. Parfois il fait aussi de la vente directe. En 2005, une étude menée en Bretagne et pays de la Loire par Calvar et Maupertuis avait mis en avant un temps moyen de 42 heures par truie et par an, toutes tâches comprises (élevage, FAF, vente directe). La répartition du temps de travail pour les différentes tâches est aussi variable d’un élevage à l’autre. L’alimentation représente 43 % du temps global, cette tâche exige plus de temps dans les petits ateliers (54 %). Près de 70% des éleveurs fabriquent leur aliment à la ferme, ce qui nécessite en moyenne 70 minutes par tonne fabriquée, majoritairement en temps de présence lors de la fabrication. Enfin, près de 40% des éleveurs pratiquent la vente directe soit occasionnellement (1,6 h par porc) soit régulièrement (12,5 h par porc).

Tableau 11 : Temps de travail selon la taille de l’atelier (Calvar et Maupertuis, 2006)

Classes truies <40 truies 40-45 truies > 45 truies moyenne

Nb élevages 5 5 5 15

Nb moyen truies 19,9 41,0 61,2 40,9

Temps annuel 1123 1944 1830 1674

Temps/semaine 21h36 37h38 35h11 32h11

Temps/truie/an 51h 47h 30h 42h

C. Nicourt (2013) soutient aussi que l’éleveur de porc biologique doit être à la fois agronome (maîtrise des cultures), fafeur (autonomie alimentaire recherchée), multiplicateur (autorenouvellement des cochettes) et parfois vendeur en direct de ses porcs, donc aussi transformateur. Ceci afin de pouvoir vivre décemment de sa production.

5 – Quelles perspectives ?

La filière porc bio se structure petit à petit. Des groupements de producteurs se regroupent pour mieux répondre aux besoins des éleveurs, mais aussi de la filière. Des travaux de recherche permettent d’avancer dans les domaines de la génétique et de l’alimentation. Même si elles ne sont pas nombreuses, il existe aujourd’hui des références technico-économiques. Des difficultés subsistent telles les disponibilités de matières premières biologiques, en particulier riches en protéines et la valorisation de la carcasse de porc bio.

3002 2918

1020464

1270

2461

1832 1850

8051184

1680

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 moyenne

/t/an

Elevages

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La réglementation Européenne – Production de Porc Biologique

Règlements européens (CE) n° 834/2007 et 889/2008.

Les élevages de porcs sont soumis à la réglementation définie dans le cahier des charges concernant le mode de production et de préparation biologique des animaux et des produits animaux définissant les modalités d’application des règlements européens (CE) n° 834/2007 et 889/2008.

1 - Conversion

La période de conversion est une phase de transition entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. Elle induit le respect de l’ensemble des règles d’élevage définies dans les règlements précédemment cités.

- Durée de conversion des animaux = 6 mois. Les porcelets nés durant la phase de conversion des truies seront valorisables en AB dès la fin de la conversion des mères.

- Durée de conversion des parcours = 1 an, peut être réduit à 6 mois, selon le précédent cultural

2 - Origine des animaux

- Les porcelets sont obligatoirement d'origine biologique.

- En cas d’indisponibilité d’animaux biologiques pour le renouvellement,

o autorisation d’achat de verrats en circuit classique

o autorisation d’achat de cochettes de renouvellement non bio dans la limite de 20 % du cheptel adulte, voire à 40 % dans le cas d’une extension importante de l’élevage ou d’un changement de race, et sous réserve de l’accord de l’Organisme Certificateur (OC)

o autorisation d’achat d’animaux non bio en cas de mortalité élevée

NB : Les cochettes non bio doivent être élevées en bio dès le sevrage et peser moins de 35 kg.

3 - L’alimentation

- 20 % de l’alimentation des porcs doit principalement être produit sur la ferme ou provenir d’exploitations bio de la même région.

- Des fourrages grossiers, frais, secs ou ensilés doivent être ajoutés à la ration journalière des porcs, notamment grâce aux parcours.

- Alimentation en C2 (Conversion 2ème année) : Si achat, ≤ 30 % de la ration annuelle moyenne ; si produit sur l’exploitation, ≤ 100 % .

- Alimentation des porcelets : basée sur le lait naturel, de préférence maternel, pendant 40 jours minimum.

- Matières premières et additifs : liste positive pour les matières premières d’origine minérale (annexe V) et pour les additifs et autres substances, telles les vitamines de synthèse (annexe VI). Interdiction d’utiliser dans l’alimentation des aliments OGM, des acides aminés de synthèses, des antibiotiques, coccidiostatiques, substances médicamenteuses, stimulants de croissance ou toute autre substance destinée à stimuler la croissance ou la production.

A titre dérogatoire, jusqu’au 31/12/2017, le recours à des matières premières conventionnelles riches en protéines sont autorisés dans la limite de 5 % de la matière sèche de la ration.

(Règlement d’exécution (UE) N°836/2014 de la commission du 31 Juillet 2014).

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4 - Conditions de logement

- La taille de l’élevage n’est pas limitée.

Les conditions de logement des animaux doivent répondre à leurs besoins physiologiques et éthologiques (notamment les besoins comportementaux en matière de liberté de mouvement et de confort). Les espaces en plein air doivent offrir des protections suffisantes contre la pluie, le soleil, le vent et les températures extrêmes.

- Bâtiment : Caillebotis autorisés sur un maximum de 50 % de la surface intérieure, sauf pour les porcelets (interdiction de caillebotis et de cages). Obligation d’une aire de couchage en dur avec litière (paille non bio autorisée)

Densité A l’intérieur Aire d’exercice

Poids vif mini (kg) m²/tête m²/tête

Porcs reproducteurs 2,5/femelle

6,0/mâle*

1,9

8,0

Truies allaitantes avec porcelets de 40 jours maxi

7,5 m²/truie 2,5

Porcelets > 40 jours et ≤ 30 kg

0,6 0,4

Porcs d’engraissement ≤ 50 kg

≥ 85 kg

≤100 kg

0,8

1,1

1,3

0,6

0,8

1

* Si enclos pour la monte naturelle : 10 m²/verrat

- Si l’accès des parcours extérieurs végétalisés n’est pas obligatoire pour les porcs, ils doivent avoir accès au minimum à des aires d’exercice à l’extérieur. A noter que ces espaces de plein air peuvent être partiellement couverts (3 côtés ouverts sur au moins la moitié de la surface et séparation des cases limitée à la contention des animaux).

- L’aire de couchage des animaux doit être constituée de paille ou de matériaux naturels adaptés. Elle doit être propre et sèche.

5 - La conduite de l’élevage

- Insémination artificielle autorisée

- Conduite des truies en groupes, sauf autour de la mise bas

- Coupe des queues et meulage des dents interdit

- Castration des porcelets autorisée à moins de 7 jours d’âge, sous anesthésie ou analgésie

- Age au sevrage = 40 jours minimum

- Interdiction de synchronisation des chaleurs, d'induction des mises bas, de transferts d’embryons, coupe systématique de queues et des dents

- Interdiction d'utilisation d'appareils électriques ou de calmants allopathiques avant l'embarquement

- Mixité autorisée, sous condition qu’il ne s’agit pas de mêmes espèces animales, par exemple : élevage allaitant non bio et porcs bio.

6 - La prophylaxie et les soins vétérinaires

- Priorité à la prévention : action sur le milieu extérieur (sol, logement), sur l’alimentation et l’animal.

- Si un traitement est nécessaire : médecines douces (homéopathie, aromathérapie, phytothérapie, oligo-éléments, …).

- En dernier recours : allopathie avec des limitations (délais d’attente doublés, liste de produits interdits, ordonnances conservées).

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Les antiparasitaires, les vaccins et les traitements prescrits dans le cadre de plans d’éradication obligatoires ne sont pas comptabilisés dans le nombre maximal des traitements à base de médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse.

Nombre de traitements allopathiques chimiques et / ou d’antibiotiques autorisés

Animaux dont le cycle de vie est inférieur à 1 an (porcs à l’engraissement)

1 seul traitement durant le cycle de vie

Animaux dont le cycle de vie est supérieur à 1 an (porcs reproducteurs)

3 traitements par période de 12 mois

NB : Le délai d’attente suite à l’utilisation de médicament vétérinaire est doublé (antiparasitaire, antibiotique…). S’il n’y a pas de délai d’attente défini : 48 h de délai d’attente.

7 - Les effluents d’élevage

- La quantité totale d’effluents d’élevage utilisés sur une exploitation ne doit pas dépasser 170 kg d’azote par hectare et par an (attention aux réglementations locales plus restrictives)

170 kg = 74 porcelets ou 6,5 truies ou 14 porcs charcutiers ou autres porcs.

- Le stockage est adapté à l’utilisation agronomique.

- Le fumier bio est épandu sur des terres bio de l'exploitation ou d’autres exploitations bios si les surfaces de la ferme sont insuffisantes.

-

8 - Contrôle de la production

Le carnet d’élevage est tenu à jour en permanence, portant tous les détails de flux (nombre d’animaux au départ, achats, ventes, pertes), origine, quantité, modifications alimentaires, soins thérapeutiques et interventions vétérinaires éventuelles.

Il est tenu à disposition des contrôleurs de l’Organisme certificateur, de la DGCCRF Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) et des services vétérinaires.

Pour plus de précision, se référer au RCE 834/2007, au RCE 889/2008 et au guide de lecture sur le site du Ministère : http://agriculture.gouv.fr/reglementation

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4. Références bibliographiques

Actes du colloque « vers une alimentation 100 % AB en élevage porcin biologique », 2014. ITAB, IBB, IFIP et CRAPL

Agence Bio 2014. La bio dans les territoires. Fiches régionales 2014

Alimentation des Porcins en agriculture biologique.2014. Cahier technique 40 pages.

Badouard B., 2015. Communication lors de la réunion du groupe National Porc Bio. Paris, le 10 Février 2015.

Berger F., Boulestreau A.L., Maupertuis F., Dubois A., Bellanger D, 2003. Concevoir un élevage de truies plein air. Synthèse 16 pages

Calvar C., Maupertuis F.2006. Temps de travail en élevage porcin biologique. Terra, 3 juillet 2006. Dossier. Pages 20-23.

Alibert L., 2014. Caractériser les conditions de la mise en œuvre et du développement d'une production porcine française biologique". Appel à projet Casdar 2010, n°10034

Corepig 2011. La production biologique de porcs en Europe. FiBL, INRA, IBB. Guide technique, 12 pages.

Despeghel M, 2015. Porc Bio : des effectifs en baisse. Symbiose. Le Mensuel des agrobiologistes de Bretagne. Février 2015

Ferchaud S. 2014. Mise au point d’outils simples pour qualifier le comportement des truies de type génétique alternatif. Les Trinottières, Journées sélection Bio, 4 décembre 2014

Ferchaud S., Maupertuis F., 2014. Quelles matières premières pour équilibrer les rations ? Actes du colloque : vers une alimentation 100 % AB en élevage porcin biologique, 20 Mai 2014 Rennes, ITAB, IFIP, IBB, CRAPL. 7-11.

Interbev 2014. Observatoire des viandes bio 2014. Une dynamique toujours positive

Les conduites en bandes en production porcine. Brochure Chambres d’agriculture de Bretagne, 2010

Kongsted 2014. Foraging growing-finishing pigs. Experiences and strategies for practice. Report from ICOOP Project, 16 pages

Lubac S. 2014. Développer les légumineuses à graines en Agriculture biologique pour sécuriser les filières animales et diversifier les systèmes de culture. Casdar ProtéaB, Synthèse 30 pages.

Maupertuis F. 2010. Résultats technicoéconomiques en élevages porcins biologiques en Pays de la Loire, juin 2010. Document CRCA Pays de la Loire

Maupertuis F. 2014. Une lignée 3 voies à base de Duroc peut-elle être utilisée sans risque dans les conditions du naissage plein air biologique ? 4 pages n° 126. Mai 2014. L’agriculture biologique en Pays de la Loire.

Maupertuis F., Alibert L., 2014. Quelles stratégies de formulation pour quelles performances ? Actes du colloque : vers une alimentation 100 % AB en élevage porcin biologique, 20 Mai 2014 Rennes, ITAB, IFIP, IBB, CRAPL. 13-21.

Maupertuis F., 2015. Performances d’une lignée 3 voies à base de Duroc dans les conditions du naissage plein air biologique. 4 pages n° 135. Avril 2015. L’agriculture biologique en Pays de la Loire.

Nicourt C. Economie Rurale 335. Mai-Juin 2013, p 69-84

Porc Bio Cœur de France. Résultats technico-économiques des élevages de porcs biologiques des régions Auvergne, Bourgogne, Centre et Limousin. 2014. Synthèse, 12 pages

Référentiel CRAB 2012 : la conduite en bandes en agriculture biologique

Références règlementaires : Règlement CE n° 505/2012 – Règlement CE n°889/2008 – Règlement CE n° 834/2007.

Roinsard A. 2014. Valorisation des ressources fourragères par les porcins. Cahier technique Alimentation des porcins en agriculture biologique. Pages 29-33

Comment citer ce document ?

Catherine CALVAR, Avril 2015. Quoi de neuf en élevage de porcs biologiques ? Le point sur la filière, la règlementation, la conduite d’élevage et les résultats de la Recherche. Chambres d’agriculture de Bretagne, 12 pages.

Mots-clés :

Porc, biologique, filière, élevage, performances