Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse...

82
Que peut le numérique pour la transition écologique ? État des lieux de l’empreinte écologique du numérique et étude de ses impacts positifs annoncés pour la transition Mars 2021

Transcript of Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse...

Page 1: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique Eacutetat des lieux de lrsquoempreinte eacutecologiquedu numeacuterique et eacutetude de ses impactspositifs annonceacutes pour la transition

Mars 2021

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Sommaire

Lrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenant plusvite que le PIB et surtout bien plus vite que lapopulation

Le peacutetrole le charbon et le gaz repreacutesententtoujours 80 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale Toutefois le taux de croissance le pluseacuteleveacute est celui des eacutenergies renouvelables avecpresque 12 de croissance en quatre ansMalgreacute la croissance des EnR la consommationdrsquoeacutenergie fossile ne baisse pas La reacuteduction de lademande drsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

Selon lrsquoIEA lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique nrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 leplus faible taux depuis 2010

Peser le numeacuterique les diffeacuterenteshypothegraveses de consommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES du secteurLes eacutetudes globales offrent une version partiellede lrsquoempreinte environnementale du numeacuterique agravecause drsquoune sous-estimation de lrsquoimpact de lafabrication de lrsquoabsence de donneacutees de reacutefeacuterenceissues de lrsquoeacutecosystegraveme asiatique et de lrsquoomissionde nouvelles tendances influant sur la croissancedu secteur (IoT Blockchain hellip)

Toutes les estimations globales preacutevoient uneaugmentation de la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique Cela est tregraves probleacutematique dans lecadre des politiques de transition

La focalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir comment lrsquoempreinte mateacuterielleaugmente et dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue

Aujourdrsquohui la focalisation par pays lagrave ougrave lesdonneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees semble ecirctreune strateacutegie plus pertinente que lrsquoestimationglobale

On peut estimer que lrsquoempreinte carbone globaledu secteur numeacuterique serait aux alentours de 11agrave 14 GtCO2e en 2020

5

Analyse laquo1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2e eacuteviteacutesdans les autres secteursraquoLe rapport de la GSMA et Carbon Trust estimeque les technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 GtCO2e en 2018 (2 135millions de tonnes) soit 10 fois plus quelrsquoempreinte des reacuteseaux mobiles estimeacutee agrave 022GtCO2e

La meacutethodologie du rapport se base sur deseacutetudes de cas fournies par les entreprises dusecteur de la litteacuterature scientifique et grise ainsiqursquoun sondage drsquoopinion de 6 100 personnes faitpour lrsquooccasion Les hypothegraveses drsquoeacutevitement sontformuleacutees dans 6 secteurs et dans 14 paysdiffeacuterents puis extrapoleacutees au niveau global

Le ratio de 101 nrsquoest pas valable car il consiste agraveprendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (lesreacuteseaux de transmission) tout en reacuteclamant lrsquoeffetdrsquoeacutevitement potentiellement permis parlrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique

Parmi les hypothegraveses du rapport les plusoptimistes les auteurs estiment que les systegravemesintelligents de chauffage ventilation climatisation (HVAC) reacuteduiraient de 25 laconsommation eacutelectrique du bacircti commercial que les reacuteseaux mobiles favoriseraient ledeacuteploiement du parc photovoltaiumlque agrave hauteur de30 que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait lesadmissions agrave lrsquohocircpital de 45 en moyenne queles systegravemes intelligents de gestion du traficreacuteduiraient les eacutemissions de 85 agrave 10 que lestechnologies mobiles reacuteduiraient lrsquousage defertilisants chimiques de 40 et la consommationdrsquoeau de 20 agrave 40 Il est aussi estimeacute agrave traversle sondage drsquoopinion fourni par la GSMA que lepartage drsquohabitation (CouchSurfing AirBnB)reacuteduirait les eacutemissions agrave hauteur de 2215MtCO2e et que les confeacuterences en lignereacuteduiraient les eacutemissions agrave hauteur de 2037MtCO2e

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de la GSMA avec les eacutemissions deGES au niveau mondial europeacuteen national etsectoriel (dans les 14 pays de lrsquoeacutechantillon)montre que les reacuteductions lieacutees au numeacuterique nesont pas visibles quand on passe agrave lrsquoeacutechelle oune sont pas suffisamment fortes pour compenserla croissance tendancielle En lrsquooccurrencelrsquoexercice de calcul proposeacute par la GSMA etCarbon Trust consiste agrave prouver que lrsquoon a eacuteviteacute

theacuteoriquement des eacutemissions plutocirct qursquoagrave prouverque ces eacutemissions aient existeacute en premier lieu

Cette meacutethode de calcul consiste uniquement agraveestimer les eacutemissions que les technologiesnumeacuteriques enlegravevent dans tous les secteursdrsquoactiviteacute Mais si le numeacuterique permet de fluidifieret drsquooptimiser la production la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette

Au vu de la meacutethodologie de lrsquoeacutetude et de sonpeacuterimegravetre incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacuteeen lrsquoeacutetat pour les deacutecisions politiques concernantles technologies numeacuteriques pour le climat

Analyse laquo le numeacuterique permet de reacuteduirejusqursquoagrave 20 les eacutemissions de GES dans lesautres secteursraquoCe rapport de GeSI et Accenture fait lrsquohypothegraveseque le secteur de lrsquoICT (Information andCommunication Technologies) peut reacuteduire leseacutemissions de GES de 20 drsquoici 2030 maintenantainsi les eacutemissions agrave leur niveau de 2015

Le rapport se base sur trois variables lesdonneacutees de reacutefeacuterence le taux drsquoadoption destechnologies numeacuteriques et leurs impactsdrsquoeacutevitement 12 eacutetudes de cas fournies par desgrandes entreprises du secteur numeacuterique onteacuteteacute ensuite utiliseacutees pour modeacuteliser des reacutesultatsdans 9 pays Eacutetats-Unis Royaume-Uni ChineInde Allemagne Breacutesil Australie et Kenya Lesreacutesultats obtenus dans ces neuf pays ont eacuteteacuteextrapoleacutes pour obtenir des projectionsmondiales

Parmi les hypothegraveses les plus optimistes durapport les auteurs estiment que lrsquoenseignementagrave distance va reacuteduire les trajets vers les lieuxdrsquoeacuteducation de 30 que la consommationdrsquoeacutenergie des meacutenages va diminuer de 40 parles meacutenages gracircce aux compteurs intelligents etde 45 dans le bacircti commercial que lanumeacuterisation va reacuteduire de 65 la consommationdrsquoeacutenergie de lrsquoagriculture lrsquousage de fertilisants etles eacutemissions lieacutees agrave la digestion du beacutetail que lanumeacuterisation va reacuteduire la production de voiturede 15 que la logistique intelligente va reacuteduirele fret routier de 30 le fret maritime de 20 lefret ferroviaire de 25 le fret aeacuterien de 20 quela numeacuterisation va reacuteduire la production drsquoeacutenergiede 20 que le teacuteleacutetravail va reacuteduire les trajets

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 2: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Sommaire

Lrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenant plusvite que le PIB et surtout bien plus vite que lapopulation

Le peacutetrole le charbon et le gaz repreacutesententtoujours 80 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale Toutefois le taux de croissance le pluseacuteleveacute est celui des eacutenergies renouvelables avecpresque 12 de croissance en quatre ansMalgreacute la croissance des EnR la consommationdrsquoeacutenergie fossile ne baisse pas La reacuteduction de lademande drsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

Selon lrsquoIEA lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique nrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 leplus faible taux depuis 2010

Peser le numeacuterique les diffeacuterenteshypothegraveses de consommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES du secteurLes eacutetudes globales offrent une version partiellede lrsquoempreinte environnementale du numeacuterique agravecause drsquoune sous-estimation de lrsquoimpact de lafabrication de lrsquoabsence de donneacutees de reacutefeacuterenceissues de lrsquoeacutecosystegraveme asiatique et de lrsquoomissionde nouvelles tendances influant sur la croissancedu secteur (IoT Blockchain hellip)

Toutes les estimations globales preacutevoient uneaugmentation de la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique Cela est tregraves probleacutematique dans lecadre des politiques de transition

La focalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir comment lrsquoempreinte mateacuterielleaugmente et dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue

Aujourdrsquohui la focalisation par pays lagrave ougrave lesdonneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees semble ecirctreune strateacutegie plus pertinente que lrsquoestimationglobale

On peut estimer que lrsquoempreinte carbone globaledu secteur numeacuterique serait aux alentours de 11agrave 14 GtCO2e en 2020

5

Analyse laquo1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2e eacuteviteacutesdans les autres secteursraquoLe rapport de la GSMA et Carbon Trust estimeque les technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 GtCO2e en 2018 (2 135millions de tonnes) soit 10 fois plus quelrsquoempreinte des reacuteseaux mobiles estimeacutee agrave 022GtCO2e

La meacutethodologie du rapport se base sur deseacutetudes de cas fournies par les entreprises dusecteur de la litteacuterature scientifique et grise ainsiqursquoun sondage drsquoopinion de 6 100 personnes faitpour lrsquooccasion Les hypothegraveses drsquoeacutevitement sontformuleacutees dans 6 secteurs et dans 14 paysdiffeacuterents puis extrapoleacutees au niveau global

Le ratio de 101 nrsquoest pas valable car il consiste agraveprendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (lesreacuteseaux de transmission) tout en reacuteclamant lrsquoeffetdrsquoeacutevitement potentiellement permis parlrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique

Parmi les hypothegraveses du rapport les plusoptimistes les auteurs estiment que les systegravemesintelligents de chauffage ventilation climatisation (HVAC) reacuteduiraient de 25 laconsommation eacutelectrique du bacircti commercial que les reacuteseaux mobiles favoriseraient ledeacuteploiement du parc photovoltaiumlque agrave hauteur de30 que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait lesadmissions agrave lrsquohocircpital de 45 en moyenne queles systegravemes intelligents de gestion du traficreacuteduiraient les eacutemissions de 85 agrave 10 que lestechnologies mobiles reacuteduiraient lrsquousage defertilisants chimiques de 40 et la consommationdrsquoeau de 20 agrave 40 Il est aussi estimeacute agrave traversle sondage drsquoopinion fourni par la GSMA que lepartage drsquohabitation (CouchSurfing AirBnB)reacuteduirait les eacutemissions agrave hauteur de 2215MtCO2e et que les confeacuterences en lignereacuteduiraient les eacutemissions agrave hauteur de 2037MtCO2e

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de la GSMA avec les eacutemissions deGES au niveau mondial europeacuteen national etsectoriel (dans les 14 pays de lrsquoeacutechantillon)montre que les reacuteductions lieacutees au numeacuterique nesont pas visibles quand on passe agrave lrsquoeacutechelle oune sont pas suffisamment fortes pour compenserla croissance tendancielle En lrsquooccurrencelrsquoexercice de calcul proposeacute par la GSMA etCarbon Trust consiste agrave prouver que lrsquoon a eacuteviteacute

theacuteoriquement des eacutemissions plutocirct qursquoagrave prouverque ces eacutemissions aient existeacute en premier lieu

Cette meacutethode de calcul consiste uniquement agraveestimer les eacutemissions que les technologiesnumeacuteriques enlegravevent dans tous les secteursdrsquoactiviteacute Mais si le numeacuterique permet de fluidifieret drsquooptimiser la production la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette

Au vu de la meacutethodologie de lrsquoeacutetude et de sonpeacuterimegravetre incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacuteeen lrsquoeacutetat pour les deacutecisions politiques concernantles technologies numeacuteriques pour le climat

Analyse laquo le numeacuterique permet de reacuteduirejusqursquoagrave 20 les eacutemissions de GES dans lesautres secteursraquoCe rapport de GeSI et Accenture fait lrsquohypothegraveseque le secteur de lrsquoICT (Information andCommunication Technologies) peut reacuteduire leseacutemissions de GES de 20 drsquoici 2030 maintenantainsi les eacutemissions agrave leur niveau de 2015

Le rapport se base sur trois variables lesdonneacutees de reacutefeacuterence le taux drsquoadoption destechnologies numeacuteriques et leurs impactsdrsquoeacutevitement 12 eacutetudes de cas fournies par desgrandes entreprises du secteur numeacuterique onteacuteteacute ensuite utiliseacutees pour modeacuteliser des reacutesultatsdans 9 pays Eacutetats-Unis Royaume-Uni ChineInde Allemagne Breacutesil Australie et Kenya Lesreacutesultats obtenus dans ces neuf pays ont eacuteteacuteextrapoleacutes pour obtenir des projectionsmondiales

Parmi les hypothegraveses les plus optimistes durapport les auteurs estiment que lrsquoenseignementagrave distance va reacuteduire les trajets vers les lieuxdrsquoeacuteducation de 30 que la consommationdrsquoeacutenergie des meacutenages va diminuer de 40 parles meacutenages gracircce aux compteurs intelligents etde 45 dans le bacircti commercial que lanumeacuterisation va reacuteduire de 65 la consommationdrsquoeacutenergie de lrsquoagriculture lrsquousage de fertilisants etles eacutemissions lieacutees agrave la digestion du beacutetail que lanumeacuterisation va reacuteduire la production de voiturede 15 que la logistique intelligente va reacuteduirele fret routier de 30 le fret maritime de 20 lefret ferroviaire de 25 le fret aeacuterien de 20 quela numeacuterisation va reacuteduire la production drsquoeacutenergiede 20 que le teacuteleacutetravail va reacuteduire les trajets

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 3: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

Sommaire

Lrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenant plusvite que le PIB et surtout bien plus vite que lapopulation

Le peacutetrole le charbon et le gaz repreacutesententtoujours 80 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale Toutefois le taux de croissance le pluseacuteleveacute est celui des eacutenergies renouvelables avecpresque 12 de croissance en quatre ansMalgreacute la croissance des EnR la consommationdrsquoeacutenergie fossile ne baisse pas La reacuteduction de lademande drsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

Selon lrsquoIEA lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique nrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 leplus faible taux depuis 2010

Peser le numeacuterique les diffeacuterenteshypothegraveses de consommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES du secteurLes eacutetudes globales offrent une version partiellede lrsquoempreinte environnementale du numeacuterique agravecause drsquoune sous-estimation de lrsquoimpact de lafabrication de lrsquoabsence de donneacutees de reacutefeacuterenceissues de lrsquoeacutecosystegraveme asiatique et de lrsquoomissionde nouvelles tendances influant sur la croissancedu secteur (IoT Blockchain hellip)

Toutes les estimations globales preacutevoient uneaugmentation de la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique Cela est tregraves probleacutematique dans lecadre des politiques de transition

La focalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir comment lrsquoempreinte mateacuterielleaugmente et dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue

Aujourdrsquohui la focalisation par pays lagrave ougrave lesdonneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees semble ecirctreune strateacutegie plus pertinente que lrsquoestimationglobale

On peut estimer que lrsquoempreinte carbone globaledu secteur numeacuterique serait aux alentours de 11agrave 14 GtCO2e en 2020

5

Analyse laquo1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2e eacuteviteacutesdans les autres secteursraquoLe rapport de la GSMA et Carbon Trust estimeque les technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 GtCO2e en 2018 (2 135millions de tonnes) soit 10 fois plus quelrsquoempreinte des reacuteseaux mobiles estimeacutee agrave 022GtCO2e

La meacutethodologie du rapport se base sur deseacutetudes de cas fournies par les entreprises dusecteur de la litteacuterature scientifique et grise ainsiqursquoun sondage drsquoopinion de 6 100 personnes faitpour lrsquooccasion Les hypothegraveses drsquoeacutevitement sontformuleacutees dans 6 secteurs et dans 14 paysdiffeacuterents puis extrapoleacutees au niveau global

Le ratio de 101 nrsquoest pas valable car il consiste agraveprendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (lesreacuteseaux de transmission) tout en reacuteclamant lrsquoeffetdrsquoeacutevitement potentiellement permis parlrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique

Parmi les hypothegraveses du rapport les plusoptimistes les auteurs estiment que les systegravemesintelligents de chauffage ventilation climatisation (HVAC) reacuteduiraient de 25 laconsommation eacutelectrique du bacircti commercial que les reacuteseaux mobiles favoriseraient ledeacuteploiement du parc photovoltaiumlque agrave hauteur de30 que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait lesadmissions agrave lrsquohocircpital de 45 en moyenne queles systegravemes intelligents de gestion du traficreacuteduiraient les eacutemissions de 85 agrave 10 que lestechnologies mobiles reacuteduiraient lrsquousage defertilisants chimiques de 40 et la consommationdrsquoeau de 20 agrave 40 Il est aussi estimeacute agrave traversle sondage drsquoopinion fourni par la GSMA que lepartage drsquohabitation (CouchSurfing AirBnB)reacuteduirait les eacutemissions agrave hauteur de 2215MtCO2e et que les confeacuterences en lignereacuteduiraient les eacutemissions agrave hauteur de 2037MtCO2e

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de la GSMA avec les eacutemissions deGES au niveau mondial europeacuteen national etsectoriel (dans les 14 pays de lrsquoeacutechantillon)montre que les reacuteductions lieacutees au numeacuterique nesont pas visibles quand on passe agrave lrsquoeacutechelle oune sont pas suffisamment fortes pour compenserla croissance tendancielle En lrsquooccurrencelrsquoexercice de calcul proposeacute par la GSMA etCarbon Trust consiste agrave prouver que lrsquoon a eacuteviteacute

theacuteoriquement des eacutemissions plutocirct qursquoagrave prouverque ces eacutemissions aient existeacute en premier lieu

Cette meacutethode de calcul consiste uniquement agraveestimer les eacutemissions que les technologiesnumeacuteriques enlegravevent dans tous les secteursdrsquoactiviteacute Mais si le numeacuterique permet de fluidifieret drsquooptimiser la production la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette

Au vu de la meacutethodologie de lrsquoeacutetude et de sonpeacuterimegravetre incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacuteeen lrsquoeacutetat pour les deacutecisions politiques concernantles technologies numeacuteriques pour le climat

Analyse laquo le numeacuterique permet de reacuteduirejusqursquoagrave 20 les eacutemissions de GES dans lesautres secteursraquoCe rapport de GeSI et Accenture fait lrsquohypothegraveseque le secteur de lrsquoICT (Information andCommunication Technologies) peut reacuteduire leseacutemissions de GES de 20 drsquoici 2030 maintenantainsi les eacutemissions agrave leur niveau de 2015

Le rapport se base sur trois variables lesdonneacutees de reacutefeacuterence le taux drsquoadoption destechnologies numeacuteriques et leurs impactsdrsquoeacutevitement 12 eacutetudes de cas fournies par desgrandes entreprises du secteur numeacuterique onteacuteteacute ensuite utiliseacutees pour modeacuteliser des reacutesultatsdans 9 pays Eacutetats-Unis Royaume-Uni ChineInde Allemagne Breacutesil Australie et Kenya Lesreacutesultats obtenus dans ces neuf pays ont eacuteteacuteextrapoleacutes pour obtenir des projectionsmondiales

Parmi les hypothegraveses les plus optimistes durapport les auteurs estiment que lrsquoenseignementagrave distance va reacuteduire les trajets vers les lieuxdrsquoeacuteducation de 30 que la consommationdrsquoeacutenergie des meacutenages va diminuer de 40 parles meacutenages gracircce aux compteurs intelligents etde 45 dans le bacircti commercial que lanumeacuterisation va reacuteduire de 65 la consommationdrsquoeacutenergie de lrsquoagriculture lrsquousage de fertilisants etles eacutemissions lieacutees agrave la digestion du beacutetail que lanumeacuterisation va reacuteduire la production de voiturede 15 que la logistique intelligente va reacuteduirele fret routier de 30 le fret maritime de 20 lefret ferroviaire de 25 le fret aeacuterien de 20 quela numeacuterisation va reacuteduire la production drsquoeacutenergiede 20 que le teacuteleacutetravail va reacuteduire les trajets

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 4: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

Lrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenant plusvite que le PIB et surtout bien plus vite que lapopulation

Le peacutetrole le charbon et le gaz repreacutesententtoujours 80 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale Toutefois le taux de croissance le pluseacuteleveacute est celui des eacutenergies renouvelables avecpresque 12 de croissance en quatre ansMalgreacute la croissance des EnR la consommationdrsquoeacutenergie fossile ne baisse pas La reacuteduction de lademande drsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

Selon lrsquoIEA lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique nrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 leplus faible taux depuis 2010

Peser le numeacuterique les diffeacuterenteshypothegraveses de consommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES du secteurLes eacutetudes globales offrent une version partiellede lrsquoempreinte environnementale du numeacuterique agravecause drsquoune sous-estimation de lrsquoimpact de lafabrication de lrsquoabsence de donneacutees de reacutefeacuterenceissues de lrsquoeacutecosystegraveme asiatique et de lrsquoomissionde nouvelles tendances influant sur la croissancedu secteur (IoT Blockchain hellip)

Toutes les estimations globales preacutevoient uneaugmentation de la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique Cela est tregraves probleacutematique dans lecadre des politiques de transition

La focalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir comment lrsquoempreinte mateacuterielleaugmente et dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue

Aujourdrsquohui la focalisation par pays lagrave ougrave lesdonneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees semble ecirctreune strateacutegie plus pertinente que lrsquoestimationglobale

On peut estimer que lrsquoempreinte carbone globaledu secteur numeacuterique serait aux alentours de 11agrave 14 GtCO2e en 2020

5

Analyse laquo1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2e eacuteviteacutesdans les autres secteursraquoLe rapport de la GSMA et Carbon Trust estimeque les technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 GtCO2e en 2018 (2 135millions de tonnes) soit 10 fois plus quelrsquoempreinte des reacuteseaux mobiles estimeacutee agrave 022GtCO2e

La meacutethodologie du rapport se base sur deseacutetudes de cas fournies par les entreprises dusecteur de la litteacuterature scientifique et grise ainsiqursquoun sondage drsquoopinion de 6 100 personnes faitpour lrsquooccasion Les hypothegraveses drsquoeacutevitement sontformuleacutees dans 6 secteurs et dans 14 paysdiffeacuterents puis extrapoleacutees au niveau global

Le ratio de 101 nrsquoest pas valable car il consiste agraveprendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (lesreacuteseaux de transmission) tout en reacuteclamant lrsquoeffetdrsquoeacutevitement potentiellement permis parlrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique

Parmi les hypothegraveses du rapport les plusoptimistes les auteurs estiment que les systegravemesintelligents de chauffage ventilation climatisation (HVAC) reacuteduiraient de 25 laconsommation eacutelectrique du bacircti commercial que les reacuteseaux mobiles favoriseraient ledeacuteploiement du parc photovoltaiumlque agrave hauteur de30 que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait lesadmissions agrave lrsquohocircpital de 45 en moyenne queles systegravemes intelligents de gestion du traficreacuteduiraient les eacutemissions de 85 agrave 10 que lestechnologies mobiles reacuteduiraient lrsquousage defertilisants chimiques de 40 et la consommationdrsquoeau de 20 agrave 40 Il est aussi estimeacute agrave traversle sondage drsquoopinion fourni par la GSMA que lepartage drsquohabitation (CouchSurfing AirBnB)reacuteduirait les eacutemissions agrave hauteur de 2215MtCO2e et que les confeacuterences en lignereacuteduiraient les eacutemissions agrave hauteur de 2037MtCO2e

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de la GSMA avec les eacutemissions deGES au niveau mondial europeacuteen national etsectoriel (dans les 14 pays de lrsquoeacutechantillon)montre que les reacuteductions lieacutees au numeacuterique nesont pas visibles quand on passe agrave lrsquoeacutechelle oune sont pas suffisamment fortes pour compenserla croissance tendancielle En lrsquooccurrencelrsquoexercice de calcul proposeacute par la GSMA etCarbon Trust consiste agrave prouver que lrsquoon a eacuteviteacute

theacuteoriquement des eacutemissions plutocirct qursquoagrave prouverque ces eacutemissions aient existeacute en premier lieu

Cette meacutethode de calcul consiste uniquement agraveestimer les eacutemissions que les technologiesnumeacuteriques enlegravevent dans tous les secteursdrsquoactiviteacute Mais si le numeacuterique permet de fluidifieret drsquooptimiser la production la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette

Au vu de la meacutethodologie de lrsquoeacutetude et de sonpeacuterimegravetre incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacuteeen lrsquoeacutetat pour les deacutecisions politiques concernantles technologies numeacuteriques pour le climat

Analyse laquo le numeacuterique permet de reacuteduirejusqursquoagrave 20 les eacutemissions de GES dans lesautres secteursraquoCe rapport de GeSI et Accenture fait lrsquohypothegraveseque le secteur de lrsquoICT (Information andCommunication Technologies) peut reacuteduire leseacutemissions de GES de 20 drsquoici 2030 maintenantainsi les eacutemissions agrave leur niveau de 2015

Le rapport se base sur trois variables lesdonneacutees de reacutefeacuterence le taux drsquoadoption destechnologies numeacuteriques et leurs impactsdrsquoeacutevitement 12 eacutetudes de cas fournies par desgrandes entreprises du secteur numeacuterique onteacuteteacute ensuite utiliseacutees pour modeacuteliser des reacutesultatsdans 9 pays Eacutetats-Unis Royaume-Uni ChineInde Allemagne Breacutesil Australie et Kenya Lesreacutesultats obtenus dans ces neuf pays ont eacuteteacuteextrapoleacutes pour obtenir des projectionsmondiales

Parmi les hypothegraveses les plus optimistes durapport les auteurs estiment que lrsquoenseignementagrave distance va reacuteduire les trajets vers les lieuxdrsquoeacuteducation de 30 que la consommationdrsquoeacutenergie des meacutenages va diminuer de 40 parles meacutenages gracircce aux compteurs intelligents etde 45 dans le bacircti commercial que lanumeacuterisation va reacuteduire de 65 la consommationdrsquoeacutenergie de lrsquoagriculture lrsquousage de fertilisants etles eacutemissions lieacutees agrave la digestion du beacutetail que lanumeacuterisation va reacuteduire la production de voiturede 15 que la logistique intelligente va reacuteduirele fret routier de 30 le fret maritime de 20 lefret ferroviaire de 25 le fret aeacuterien de 20 quela numeacuterisation va reacuteduire la production drsquoeacutenergiede 20 que le teacuteleacutetravail va reacuteduire les trajets

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 5: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

5

Analyse laquo1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2e eacuteviteacutesdans les autres secteursraquoLe rapport de la GSMA et Carbon Trust estimeque les technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 GtCO2e en 2018 (2 135millions de tonnes) soit 10 fois plus quelrsquoempreinte des reacuteseaux mobiles estimeacutee agrave 022GtCO2e

La meacutethodologie du rapport se base sur deseacutetudes de cas fournies par les entreprises dusecteur de la litteacuterature scientifique et grise ainsiqursquoun sondage drsquoopinion de 6 100 personnes faitpour lrsquooccasion Les hypothegraveses drsquoeacutevitement sontformuleacutees dans 6 secteurs et dans 14 paysdiffeacuterents puis extrapoleacutees au niveau global

Le ratio de 101 nrsquoest pas valable car il consiste agraveprendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (lesreacuteseaux de transmission) tout en reacuteclamant lrsquoeffetdrsquoeacutevitement potentiellement permis parlrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique

Parmi les hypothegraveses du rapport les plusoptimistes les auteurs estiment que les systegravemesintelligents de chauffage ventilation climatisation (HVAC) reacuteduiraient de 25 laconsommation eacutelectrique du bacircti commercial que les reacuteseaux mobiles favoriseraient ledeacuteploiement du parc photovoltaiumlque agrave hauteur de30 que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait lesadmissions agrave lrsquohocircpital de 45 en moyenne queles systegravemes intelligents de gestion du traficreacuteduiraient les eacutemissions de 85 agrave 10 que lestechnologies mobiles reacuteduiraient lrsquousage defertilisants chimiques de 40 et la consommationdrsquoeau de 20 agrave 40 Il est aussi estimeacute agrave traversle sondage drsquoopinion fourni par la GSMA que lepartage drsquohabitation (CouchSurfing AirBnB)reacuteduirait les eacutemissions agrave hauteur de 2215MtCO2e et que les confeacuterences en lignereacuteduiraient les eacutemissions agrave hauteur de 2037MtCO2e

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de la GSMA avec les eacutemissions deGES au niveau mondial europeacuteen national etsectoriel (dans les 14 pays de lrsquoeacutechantillon)montre que les reacuteductions lieacutees au numeacuterique nesont pas visibles quand on passe agrave lrsquoeacutechelle oune sont pas suffisamment fortes pour compenserla croissance tendancielle En lrsquooccurrencelrsquoexercice de calcul proposeacute par la GSMA etCarbon Trust consiste agrave prouver que lrsquoon a eacuteviteacute

theacuteoriquement des eacutemissions plutocirct qursquoagrave prouverque ces eacutemissions aient existeacute en premier lieu

Cette meacutethode de calcul consiste uniquement agraveestimer les eacutemissions que les technologiesnumeacuteriques enlegravevent dans tous les secteursdrsquoactiviteacute Mais si le numeacuterique permet de fluidifieret drsquooptimiser la production la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette

Au vu de la meacutethodologie de lrsquoeacutetude et de sonpeacuterimegravetre incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacuteeen lrsquoeacutetat pour les deacutecisions politiques concernantles technologies numeacuteriques pour le climat

Analyse laquo le numeacuterique permet de reacuteduirejusqursquoagrave 20 les eacutemissions de GES dans lesautres secteursraquoCe rapport de GeSI et Accenture fait lrsquohypothegraveseque le secteur de lrsquoICT (Information andCommunication Technologies) peut reacuteduire leseacutemissions de GES de 20 drsquoici 2030 maintenantainsi les eacutemissions agrave leur niveau de 2015

Le rapport se base sur trois variables lesdonneacutees de reacutefeacuterence le taux drsquoadoption destechnologies numeacuteriques et leurs impactsdrsquoeacutevitement 12 eacutetudes de cas fournies par desgrandes entreprises du secteur numeacuterique onteacuteteacute ensuite utiliseacutees pour modeacuteliser des reacutesultatsdans 9 pays Eacutetats-Unis Royaume-Uni ChineInde Allemagne Breacutesil Australie et Kenya Lesreacutesultats obtenus dans ces neuf pays ont eacuteteacuteextrapoleacutes pour obtenir des projectionsmondiales

Parmi les hypothegraveses les plus optimistes durapport les auteurs estiment que lrsquoenseignementagrave distance va reacuteduire les trajets vers les lieuxdrsquoeacuteducation de 30 que la consommationdrsquoeacutenergie des meacutenages va diminuer de 40 parles meacutenages gracircce aux compteurs intelligents etde 45 dans le bacircti commercial que lanumeacuterisation va reacuteduire de 65 la consommationdrsquoeacutenergie de lrsquoagriculture lrsquousage de fertilisants etles eacutemissions lieacutees agrave la digestion du beacutetail que lanumeacuterisation va reacuteduire la production de voiturede 15 que la logistique intelligente va reacuteduirele fret routier de 30 le fret maritime de 20 lefret ferroviaire de 25 le fret aeacuterien de 20 quela numeacuterisation va reacuteduire la production drsquoeacutenergiede 20 que le teacuteleacutetravail va reacuteduire les trajets

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 6: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

6

domicile-travail de 53 les voyages drsquoaffaires envoiture de 80 et les voyages drsquoaffaires en avionde 80 que lrsquooptimisation des machines vareacuteduire les eacutemissions du secteur industriel de40

La comparaison systeacutematique des eacutevitementsdrsquoeacutemissions de GeSI avec les eacutemissions de GESau niveau mondial et sectoriel montre que lesreacuteductions lieacutees au numeacuterique ne sont pasvisibles

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir de leviers et drsquoeffetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largement misen deacutefaut par la litteacuterature scientifique existante

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture nedevraient pas ecirctre utiliseacutees pour lrsquoeacutevaluation desimpacts environnementaux positifs du numeacuterique

Prospecter le numeacuterique trouver les effetspositifs dans les bons contextesLa numeacuterisation semblerait ecirctre un facteurmarginal dans la transition eacutecologique dessecteurs eacutetudieacutes

La pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsi ducontexte drsquoapplication le passage agrave lrsquoeacutechelledrsquoune technologie nrsquoest pas systeacutematiquementpertinent pour la reacuteduction de lrsquoimpactenvironnemental des activiteacutes humaines Celasera drsquoailleurs un point de tension majeur entreles modegraveles eacuteconomiques qui sous-tendentlrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique actuel et les strateacutegiesde transition eacutecologique

Aujourdrsquohui il semble que les gains drsquoefficaciteacute etdrsquooptimisation permettent geacuteneacuteralementdrsquoaugmenter la productiviteacute et le flux de matiegravere etdrsquoeacutenergie associeacute pas de le stabiliser ou agrave plusforte raison de le reacuteduire Lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique (industriels opeacuterateurs Eacutetatsfabricants consommateurs hellip) doit ecirctreextrecircmement vigilant agrave stabiliser et reacuteduire saconsommation drsquoeacutenergie en valeur absolue plutocirctque de deacutecarboner la croissance de celle-ci gracircceagrave la monopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables

Conclusionil est important agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct decomprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Mettre agrave leacutechelle des technologiesnumeacuteriques sans consideacuteration des speacutecificiteacutesterritoriales semble contre-productif en termes detransition eacutecologique

Les technologies numeacuteriques ne remplacent pasdes politiques concregravetes drsquoameacutenagement duterritoire de programmation eacutenergeacutetiquedrsquoinvestissement industriel etc La numeacuterisationne doit pas ecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationales

La numeacuterisation nrsquoest qursquoun facteur parmi drsquoautreset il nrsquoest geacuteneacuteralement pas le plus important Ilsemble contreproductif de survendre leffet de lanumeacuterisation et ce faisant de minorer dautresfacteurs bien plus efficaces

Il ne semble pas pertinent de faire desextrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Nous ne sommes qursquoau tout deacutebut drsquoune longueenquecircte pour comprendre ougrave est-ce que lesecteur numeacuterique preacutesente un beacuteneacuteficeenvironnemental net et dans quelles conditionset ougrave est-ce qursquoil repreacutesente un fardeaueacutecologique

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 7: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

with almost 12 growth in four years Reducingenergy demand is crucial for decarbonation to bepossible

According to the IEA the improvement in energyefficiency would have been only 12 in 2018 thelowest rate since 2010

Weighing up the numbers the sectorsdifferent assumptions on energy consumptionand GHG emissionsGlobal estimates provide a partial version of thedigital environmental footprint because of anunderestimation of the impact of manufacturingthe lack of baseline data from the Asianecosystem and the omission of new trendsaffecting the growth of the sector (IoT Blockchain)

All global estimates predict an increase in energyconsumption of the digital sector This is veryproblematic regarding transition policies

The focus on energy and GHG does not allow tosee how the material footprint is increasing and inwhat proportion nor how the water footprint ischanging

Today focusing by country where data can bestabilized seems to be a more relevant strategythan the global estimate

It can be estimated that the overall carbonfootprint of the digital sector would be around 11to 14 GtCO2e in 2020

Analysis laquo1g of CO2e invested in mobiletechnologies represents 10g of CO2e avoidedin other sectorsraquoThe GSMA and Carbon Trust report estimatesthat mobile technologies have prevented theemission of 2135 GtCO2e in 2018 (2135 milliontonnes) 10 times more than the estimated mobilenetwork footprint of 022 GtCO2e

The methodology of the report is based on casestudies provided by leading companies in thesector scientific and grey literature as well as anopinion poll of 6100 people carried out for theoccasion Avoidance hypotheses are formulated

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 8: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

8

in 6 sectors and in 14 different countries and thenextrapolated to the global levelThe 101 ratio is not valid because it consists intaking the footprint of a sub-sector (mobilenetworks) while claiming the avoidance effectpotentially allowed by the entire digitalinfrastructure

Among the reports most optimistic hypothesesare that intelligent heating ventilation airconditioning (HVAC) systems would reduce theelectricity consumption of commercial buildings by25 that mobile networks would promote thedeployment of photovoltaic energy systems by30 that telemedicine would reduce hospitaladmissions by 45 on average that intelligenttraffic management systems would reduceemissions by 85 to 10 that mobiletechnologies would reduce the use of chemicalfertilizers by 40 and water consumption by 20 to40 It is also estimated through the opinion pollprovided by GSMA that home sharing(CouchSurfing AirBnB) would reduce emissionsby 2215 MtCO2e and that online conferencingwould reduce emissions by 2037 MtCO2e

Systematic comparison of GSMA emissionsavoidance with GHG emissions at the globalEuropean national (in the 14 countries of theirsample) and sectoral levels shows that digital-related reductions are not visible when scaling upor are not strong enough to offset trend growth Inthis case the calculation exercise proposed byGSMA and Carbon Trust is to prove thatemissions have been theoretically avoided ratherthan to prove that they existed in the first place

This method of calculation consists solely ofestimating the emissions that digital technologiesremove in all sectors But if digital technologyenables production distribution and consumptionto be fluid and optimized then it is necessary toquantify the emissions potentially added bydigital technology in the same sectors in order tohave a net balance

In view of the methodology of the study and itsuncertain scope it cannot be used as it stands forpolitical decisions concerning digital technologiesand sustainability

Analysis laquodigital technology can reduce GHGemissions up to 20 in other sectorsraquoThis report by GeSI and Accenture hypothesizesthat the ICT sector can reduce greenhouse gas

emissions by 20 by 2030 thereby maintainingemissions at their 2015 level

The report is based on three variables baselinedata the rate of adoption of digital technologiesand their avoidance impacts 12 case studiesprovided by leading digital companies were thenused to model results in 9 countries UnitedStates United Kingdom China India GermanyBrazil Australia and Kenya Results from thesenine countries were extrapolated to obtain globalprojections

Among the reports most optimistic assumptionsthe authors estimate that online learning willreduce travel to educational facilities by 30 that household energy consumption will bereduced by 40 through smart metering and by45 in commercial buildings that digitization willreduce energy consumption in agriculturefertilizer use and emissions from livestockdigestion by 65 that digitization will reduce carproduction by 15 that smart logistics willreduce road freight by 30 sea freight by 20rail freight by 25 air freight by 20 thatdigitization will reduce energy production by 20 that teleworking will reduce commuting by 53business travel by car by 80 and business travelby air by 80 that machine optimization willreduce emissions from the industrial sector by40

Systematic comparison of GeSIs emissionsavoidance with global and sectoral GHGemissions shows that numerically relatedreductions are not visible

GHG emission reductions are calculated usinglevers and multiplier effects that are now largelychallenged by the existing scientific literature

In view of the method used the baseline data andthe ultra-optimistic assumptions the estimatesproposed by GeSI and Accenture should not beused for the assessment of the positiveenvironmental impacts of the numerical model

Prospecting the digital sector finding positiveeffects in the right contextsDigitization would seem to be a marginal factor inthe ecological transition of the sectors studied

The relevance of digitization thus depends on thecontext of application scaling up a technology isnot systematically relevant for reducing the

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 9: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre

9

environmental impact of human activitiesMoreover this will be a major point of tensionbetween the economic models underlying thecurrent digital ecosystem and ecological transitionstrategies

Today it seems that efficiency and optimizationgains generally increase productivity and theassociated flow of material and energy The digitalecosystem (industries operators statesmanufacturers consumers ) must be extremelyvigilant to stabilize and reduce its energyconsumption in absolute terms rather thandecarbonize its growth through themonopolization of renewable energy productioncapacities

ConclusionIt is important in the long run to understand whatdigitization can and cannot do with respect toecological transition An agnostic stance isrecommended donrsquot start from the principle thatmore digitization necessarily allows environmentalgains but rather try to understand preciselythrough examples in specific territories theconditions that allow these gains and to whatextent they are reproducible Scaling up digitaltechnologies without considering territorialspecificities seems counter-productive in terms ofecological transition

Digital technologies are not a substitute forconcrete policies for land use planning energypolicies industrial investment etc Digitizationmust not be an incantatory policy or a defect ofnational policiesDigitization is only one factor among others and itis generally not the most important one transition-wise It seems counterproductive to overstate theeffect of digitization especially when it meansundermining the other much more effectivefactors

It does not seem relevant to extrapolate to theglobal level in view of the lack of data It would bepreferable that future estimates be restricted tothe national level while maintaining a sectoralanalysis

We are only at the very beginning of a long inquiryto understand where the digital sector has a netenvironmental benefit and under what conditionsand where it represents an environmental burden

Que peut lenumeacuterique pour latransition eacutecologique

11

Introduction

Le rocircle de lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique1 dans latransition eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre deacutebattuces derniegraveres anneacutees autant dans la sphegraverescientifique que dans la sphegravere publiqueJusqursquoalors tregraves peu de donneacutees eacutetaientdisponibles pour eacutevaluer les impacts positifscomme neacutegatifs du numeacuterique par rapport agrave laquestion environnementale Ce jeune champ derecherche dispose maintenant drsquoun peu plus dedonneacutees et les modegraveles sont en train drsquoeacutevoluerdepuis 2018 Toutefois eacutevaluer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique reste toujoursun exercice drsquoune incroyable complexiteacutenotamment lieacutee agrave lrsquoabsence de donneacuteesouvertes lrsquoabsence de meacutethodologie communeet agrave la nature transverse du numeacuterique agrave lafois un secteur en soi tout en eacutetant disperseacutedans drsquoautres secteurs

Diffeacuterentes positions srsquoaffrontent sur les impactsreacuteels estimeacutes et projeteacutes du numeacuterique Certainsestiment qursquoacceacuteleacuterer la numeacuterisation auraforceacutement un impact positif car cela augmenteraitlrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation des processus deproduction et de distribution ndash permettant unereacuteduction de la consommation drsquoeacutenergie et deseacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) Laquestion environnementale est alors inteacutegreacutee eneacutenonccedilant que par deacutefaut le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de GES danstous les autres secteurs Les concepts drsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et de substitution des eacutequipementsalimentent alors cet horizon Drsquoautres estimentplutocirct que lrsquourgence climatique implique unereacuteduction rapide de lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique bien plus rapide Dans cette optiqueles taux de croissance annuelle estimeacutes de sonempreinte environnementale et lrsquoincertitude de sesimpacts positifs appraissent comme un frein agrave latransition eacutecologique Cette position preacutesente latrajectoire actuelle de deacuteveloppement dunumeacuterique comme une impasse ndash geacuteneacuteralement agravecause des effets rebond2 et de lrsquoempilement deseacutequipements Ces deux positions repreacutesentent aumieux des pocircles avec diffeacuterents niveaux depesanteur avec un deacutegradeacute de positionsintermeacutediaires plutocirct que deux blocs nets etdistincts

sup1 Lrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique inclut ici les infrastructures et les servicesnumeacuteriquessup2 laquo On appelle effet rebond la faccedilon dont certains gainsenvironnementaux obtenus gracircce agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique (isolation chauffage plus performant diminution des

consommations des veacutehicules etc) vont ecirctre annuleacutes par uneaugmentation des usages raquo Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuteriepratique ndeg 61 1er mars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021

Reacuteduire lrsquoempreinte eacutecologique des activiteacuteshumaines est neacutecessaire et doit ecirctre placeacute aucentre des arbitrages politiques plutocirct qursquoagrave lamarge Il nous faut alors eacutevaluer avec preacutecision lesoutils et les systegravemes agrave notre disposition pouratteacutenuer autant que possible la vitesse detransformation de nos milieux (reacutechauffementclimatique stress hydrique pollutionstransformation des sols etc) Ceci eacutetant eacutenonceacute ilnous faut eacutegalement eacutemettre une premiegravereconstatation lrsquoinfrastructure a eacuteteacute construite et desservices numeacuteriques sont en fonctionnement qursquoonle veuille ou non Du travail humain des matiegraveresde lrsquoeacutenergie ont eacuteteacute investis dans cet eacutecosystegraveme ilva donc falloir deacutebattre de ce que nous pouvons enfaire dans le cadre de la transition eacutecologiqueMecircme si nous formulions lrsquohypothegravese que lenumeacuterique tel qursquoil est aujourdrsquohui nrsquoa aucunimpact positif il faudrait tout de mecircme enquecircterpour trouver dans quelles conditions cetteinfrastructure peut aider agrave la transition carlrsquoinvestissement a eacuteteacute deacutejagrave fait et toutes lesressources disponibles doivent ecirctre mobiliseacuteespour reacuteduire notre empreinte

Afin de poser les premiegraveres pierres de cetteenquecircte ce rapport analyse une grande partie de lalitteacuterature mettant en avant les impacts positifs dunumeacuterique pour la transition eacutecologique Cela estdrsquoautant plus important que lrsquoestimation delrsquoempreinte environnementale du numeacuterique estsoumise agrave un vif deacutebat mais les hypothegravesesdrsquoimpacts positifs sont rarement questionneacuteesDans le contexte de la crise eacutecologique deacutebattreefficacement de la trajectoire que doit prendre lenumeacuterique neacutecessite que tous les participantsjouent cartes sur table Il ne srsquoagit pas drsquoacceptersans interrogation les affirmations drsquoimpactspositifs et il ne srsquoagit pas non plus de lesdisqualifier drsquoembleacutee Plutocirct il semble importantde comprendre comment sont formuleacutes cessceacutenarios sur quelles hypothegraveses et quel niveaude confiance peut leur ecirctre accordeacute Danslrsquohypothegravese drsquoune reacuteorientation du numeacuterique cessceacutenarios sont autant de pistes pour comprendreplus preacuteciseacutement comment cet eacutecosystegraveme peutecirctre effectivement un acceacuteleacuterateur de transitions etlagrave ougrave il ne lrsquoest pas

12

Point drsquoeacutetape planeacutetaire

Les eacutemissions de gaz agrave effet de serre

Avant drsquoanalyser la litteacuterature eacutenonceacutee il estimportant de constituer une base de reacutefeacuterence surles indicateurs climatiques et physiques qui vontecirctre utiliseacutes par la suite Les donneacutees les plusreacutecentes de sources officielles (disponibles en findrsquoanneacutee 2020) ndashsur lrsquoeacutevolution des eacutemissions deGES de lrsquoempreinte mateacuterielle du mixeacutenergeacutetique et de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquendash ont eacuteteacuteregroupeacutees pour fournir un tableau de bord desfacteurs preacutepondeacuterants pour les politiques detransition et pour lrsquoempreinte environnementaledu numeacuterique

Drsquoapregraves le rapport laquo Emissions Gap 2020 raquo delrsquoUNEP (le Programme des Nations Unies pourlrsquoEnvironnement) publieacute en novembre 2020 leseacutemissions de gaz agrave effet de serre ontaugmenteacute globalement pour atteindre lamesure record de 524 GtCO2e (sans UTCATF)et 591 GtCO2e (avec UTCATF) en 20193 LesUTCATF indiquent les eacutemissions lieacutees auchangement drsquoaffectation des terres et agrave laforesterie Les eacutemissions de chaque gaz(carbone gaz fluoreacutes meacutethane protoxydedrsquoazote) ont aussi augmenteacute individuellement Leseacutemissions de carbone qui repreacutesentent 65 deseacutemissions totales de GES ont atteint le record de380 GtCO2 en 20194

En mettant de cocircteacute les UTCATF les eacutemissions deGES auraient augmenteacute de 13 par an enmoyenne depuis 2010 et agrave hauteur de 11 en2019 drsquoapregraves les donneacutees preacuteliminaires Eninteacutegrant les eacutemissions difficiles agrave modeacuteliserlieacutees aux UTCATF les eacutemissions globales deGES auraient augmenteacute de 14 par an enmoyenne depuis 2010 en 2019 elles auraientaugmenteacute de 26 agrave cause des nombreux feuxde forecircts5

sup3 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-20204 Ibid5 Ibid p XIV-XV

6 Les eacutemissions de CO2 auraient baisseacute de 7 en 2020 leseacutemissions des autres gaz ont eacuteteacute moins affecteacute drsquoapregraves laquo EmissionsGap Report 2020 raquo Ibid p XV7 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

13

10

1990 1995 2000 2005 2010

Changement dutilisation des terres (CH4+N2O)

524 GtCO2e

38 GtCO2

Changement dutilisation des terres (CO2)

Gaz fluoreacutes

N2O

CH4

CO2 fossile

Changement dutilisation des terres (2019)

2015 20190

20

30

40

50

60

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2e)

Note La ligne pointilleacutee montre les eacutemissions globalesdepuis un jeu de donneacutees diffeacuterent pour lallocationdutilisation des terres (Houghton and Nassikas 2017)utiliseacute dans le rapport preacuteceacutedent

Source traduit depuis Emissions Gap Report 2020UNEP Crippa et al (2020) Olivier et Peters (2020 enpreacuteparation) Friedlingstein et al (2019)

Fig 1 ndash Eacutevolution des eacutemissions globales de gazagrave effet de serre de 1990 agrave 2019

Les projections de reacutechauffementLes projections de reacutechauffement se basent surlrsquoeacutevolution de la concentration de gaz agrave effet deserre dans lrsquoatmosphegravere geacuteneacuteralement exprimeacuteen parties par million (ppm) Cette accumulationentraicircne un forccedilage radiatif qui va augmenter latempeacuterature moyenne globale crsquoest-agrave-dire lamoyenne des releveacutes de tempeacuteratures de lrsquoanneacuteedrsquoun reacuteseau mondial de stations de mesure Ceprocessus entraicircne donc un reacutechauffementclimatique exprimeacute par rapport au niveau destempeacuteratures en 1800 (egravere preacuteindustrielle)Diffeacuterents sceacutenarios de reacutechauffement ont eacuteteacutecalculeacutes par rapport aux eacutemissions annuelles et agraveleurs tendances Le sceacutenario de base (appeleacuteBusiness-as-Usual (BAU)) montre lrsquoeacutevolutionprobable des tempeacuteratures entre +41 et +48degCde reacutechauffement planeacutetaire drsquoici 2100 si riennrsquoest fait pour inverser les tendances actuellesdrsquoeacutemissions On projette ensuite le sceacutenario dereacutechauffement avec les politiques de reacuteductiondes eacutemissions actuelles celui-ci nous amenant

plutocirct de +27 agrave +31degC drsquoici la fin du siegravecleEnsuite les projections prenant en compte lespromesses de reacuteduction des eacutemissions de GESdes Eacutetats sont modeacuteliseacutees allant de +23 agrave 26degCdrsquoici 2100 Certains types de programmes dereacuteduction des eacutemissions se rajoutent agrave celacomme les objectifs de zeacutero eacutemissions nettes(net-zero targets) La projection la plus optimisteune fois ces objectifs inclus ramegravene agrave +21degCdrsquoici 2100

Finalement les projections viseacutees sont cellesstatueacutees lors de lrsquoAccord de Paris sur le Climatpour limiter le reacutechauffement planeacutetaire agrave +2degCmaximum drsquoici la fin du siegravecle selon lesrecommandations du GIEC8 Un sceacutenariocompleacutementaire agrave +15degC a eacuteteacute rajouteacute en octobre2018 par le mecircme groupe de travail du GIECsuite agrave la demande de certaines institutionspolitiques Le sceacutenario agrave +2degC amegravene unreacutechauffement moyen de +16 agrave +17degC agrave la fin du

8 laquo Summary for Policymakers In Climate Change 2014 Mitigationof Climate ChangeContribution of Work-ing Group III to the FifthAssessment Report of the Intergovernmental Panel on ClimateChange raquo IPCC 2020 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

14

50

1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

Reacutefeacuterence (Business as Usual)41 - 48degC

Politiques actuelles27 - 31degC

Objectifs et engagements23 - 36degC

Sceacutenario optimiste des objectifszeacutero eacutemission21degC

Sceacutenario 2degC respecteacute16 - 17degC

Sceacutenario 15degC respecteacute13degC

Eacutemissions historiques

0

-50

100

150

200

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Reacutechauffement projeteacutedici 2100

Source Climate Action Tracker (mise agrave jourdeacutecembre 2020)

siegravecle +2degC eacutetant la limite agrave ne pas deacutepasser cesceacutenario tend agrave rester en dessous notammentgracircce agrave lrsquoabsence drsquoeacutemissions nettes drsquoici 2080Le sceacutenario agrave +15degC amegravenerait quant agrave lui agrave unetempeacuterature moyenne de +13degC bien que celui-ci soit quasiment hors de porteacutee maintenant Ilfaut noter que crsquoest particuliegraverement la vitesse dece reacutechauffement qui le rend tregraves dangereux

Ces diffeacuterentes trajectoires permettent drsquoeacuteclairerles choix gouvernementaux et surtout lrsquoeacutecart entreles politiques mises en vigueur et lrsquoeffort reacuteel agrave

fournir Les politiques actuelles nousamegraveneraient aujourdrsquohui agrave un reacutechauffementde +29degC drsquoici la fin du siegravecle Lesconseacutequences drsquoun tel reacutechauffement sontdifficiles agrave preacutedire mais ses effets influeraient surla reacutecurrence des vagues de chaleur les reacuteservesdrsquoeau douce lrsquointensiteacute des pluies lesrendements agricoles pour en citer quelques uns

Fig 2 ndash Diffeacuterentes trajectoires de reacutechauffementglobal et drsquoeacutemissions jusqursquoen 2100

15

Les eacutecarts drsquoeacutemissionsLes eacutecarts drsquoeacutemissions montrent la diffeacuterenceentre les trajectoires neacutecessaires pour atteindreles objectifs de stabilisation de tempeacuterature et lestrajectoires lieacutees aux politiques actuelles Lespolitiques de transition sont geacuteneacuteralement lieacuteesaux contributions deacutetermineacutees au niveaunational les CDN ou NDCs pour NationallyDetermined Contributions Les CDN indiquent decombien un pays est precirct agrave reacuteduire seseacutemissions Il existe deux types de CDN cellesinconditionnelles crsquoest-agrave-dire celles possiblesavec seulement les ressources du pays enquestion et les conditionnelles crsquoest-agrave-direcelles possibles si un soutien international drsquoordretechnique et financier est mis en place et sidrsquoautres conditions sont reacuteunies (ambitioncollective meacutecanismes de marcheacute etc) Enreacutesumeacute les CDN inconditionnels sont le minimumagrave faire au niveau national les CDN conditionnelssont ce qursquoil est possible de faire gracircce agrave unecoopeacuteration internationale reacuteelle

Drsquoapregraves le rapport le plus reacutecent de lrsquoUNEP leseacutecarts drsquoeacutemissions entre lrsquoobjectif destabilisation agrave +2degC et les CDN inconditionnels

sont de lrsquoordre de 15 GtCO2e et de 12 GtCO2epour les CDN conditionnels par rapport agravelrsquoanneacutee 2030 Pour atteindre lrsquoobjectif destabilisation agrave +15degC lrsquoeacutecart est de 32 GtCO2epar rapport aux CDN inconditionnels et de 29GtCO2e pour les CDN conditionnels toujours enreacutefeacuterence agrave 2030

En reacutesumeacute il est tregraves improbable de respecterlrsquoobjectif de +15degC mais il reste encore unecertaine marge de manœuvre pour atteindrelrsquoobjectif de +2degC Le rapport des Nations Uniesestime que laquo Les CDN actuels restent tregravesinsuffisants pour atteindre les objectifsclimatiques de laccord de Paris et entraicircneraientune augmentation de la tempeacuterature dau moins3degC dici la fin du siegravecle Les objectifs deacutemissionsnettes zeacutero (net-zero targets) reacutecemmentannonceacutes pourraient reacuteduire cette augmentationdenviron 05degC agrave condition que les CDN agrave courtterme et les politiques correspondantes soientconformes aux objectifs deacutemissions netteszeacutero9 raquo Plus nous attendons plus lrsquoeacutecart secreuse et plus il sera difficile de respecterlrsquoobjectif agrave +2degC car les reacuteductions annuellesdrsquoeacutemissions seraient alors plus radicales

9 laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United Nations EnvironmentProgramme 2020 p XXI consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

16

40

2015 2020 2025 2030

Sceacutenario avec les politiques de 2010

Sceacutenario avec les politiques actuelles

Sceacutenario avec les CDN inconditionnels

Sceacutenario avec les CDNconditionnels

Eacutecart pourrester sous les2degC

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 2degC 41 GtCO2e(de 39 agrave 46)

Estimationmeacutediane avecle sceacutenario 15degC 25 GtCO2e(de 22 agrave 31)

30

20

50

60

70GtCO

2e

Source UNEP Emissions Gap Report 2020

Eacutecart avec CDNinconditionnels 32 GtCO2e

Eacutecart avec CDNinconditionnels 15 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 12 GtCO2e

Eacutecart avec CDNconditionnels 29 GtCO2e

Plage15degC

Plage2degC

Fig 3 ndash Eacutecarts drsquoeacutemissions entre les trajectoiresactuelles les engagements actuels et lessceacutenarios agrave +15degC et + 2degC

Lrsquoempreinte mateacuterielle et son intensiteacuteLrsquoempreinte mateacuterielle est la somme des matiegraveresbrutes extraites pour reacutepondre agrave uneconsommation finale Elle inclut principalement lesmeacutetaux les eacutenergies fossiles la biomasse et lesminerais non-meacutetalliques (sable roche etc)Drsquoapregraves les donneacutees de lrsquoOrganisation des NationsUnies (ONU) lrsquoempreinte mateacuterielle eacutetait de 92 Gten 2017 Lrsquoempreinte mateacuterielle a augmenteacute de70 depuis 2000 (54 Gt) ou de 113 depuis 1990(43 Gt)10 Depuis 2000 le taux drsquoextraction desressources naturelles a acceacuteleacutereacute si aucuneaction nrsquoest engageacutee lrsquoONU projette uneempreinte mateacuterielle agrave hauteur de 190 Gt drsquoici2060 On observe depuis une vingtaine drsquoanneacuteesque lrsquoaugmentation de lrsquoempreinte mateacuterielle est

correacuteleacutee agrave lrsquoaugmentation du PIB Toutefoislrsquoempreinte mateacuterielle augmente maintenantplus vite que le PIB et surtout bien plus viteque la population A priori lrsquoempreinte mateacuterielleest bien plus lieacutee agrave la croissance eacuteconomique qursquoagravela croissance de la population

LrsquoONU rappelle que les modes de vie des paysriches ou des cateacutegories socio-professionnelles agraverevenu eacuteleveacute deacutependent largement des payspauvres ougrave sont extraites les ressources Alorsqursquoun individu agrave faible revenu nrsquoaurait qursquouneempreinte de 2 tonnes en 2017 un individu agravefort revenu aurait plutocirct une empreinte de 263tonnes

10 laquo Goal 12 Responsible Consumption and Production Ensuresustainable consumption and production patterns raquo Organisationdes Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

17

140

2000 2005 2010 2015 2017

120

100

160

180

Source Nations Unies Rapport sur les ODD 2019Objectif 12

Population Empreinte mateacuterielle

Compraison par rapport agrave lanneacutee dereacutefeacuterence 2000

PIB

Fig 4 ndash Croissance du PIB de lrsquoempreintemateacuterielle et de la population 2000-2017

LrsquoOCDE a fait des projections plus preacutecises surles trajectoires de consommation de ressourcesdrsquoici 2060 Elle estime pour sa part quelrsquoempreinte mateacuterielle atteindra 167 Gt en 2060dont la moitieacute lieacutee aux minerais non-meacutetalliques (sable roche etc)11 Il estinteacuteressant de noter que lrsquoempreinte mateacuterielleprojeteacutee par lrsquoOCDE en 2060 serait de 362 Gtmais des changements structurels reacuteduiraientcette empreinte de 112 Gt et drsquoautreschangements technologiques soustrairaient 84 Gtpour arriver au reacutesultat final de 167 Gt en 2060

LrsquoOCDE explique lrsquoaugmentation de lrsquoempreintemateacuterielle par une augmentation encore plus fortedu PIB entre 2011 et 2060 Par exemple le PIBpar habitant serait multiplieacute par 27 alors que

lrsquoempreinte mateacuterielle ne serait multiplieacutee que par21 et la population par 15 entre 2011 et 206012LrsquoOCDE mise sur une ameacutelioration de lrsquointensiteacutemateacuterielle pour projeter une empreinte mateacuteriellequi augmenterait moins vite que le PIB mondialAlors que lrsquointensiteacute mateacuterielle avaitseulement eacuteteacute reacuteduite de 11 entre 1980 et2017 lrsquoOCDE estime qursquoelle pourrait ecirctrereacuteduite de 13 entre 2017 et 206013 Cela veutdire qursquoentre 2017 et 2060 il faudrait 13 moinsde matiegraveres chaque anneacutee pour produire uneuniteacute de PIB LrsquoOCDE estime que cetteameacutelioration continue ralentirait en partielrsquoaugmentation de la consommation deressources lieacutee agrave la croissance eacuteconomique et agravelrsquoeacutevolution de la population

11 laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndash Economic driversand environmental consequences ndash Highlights raquo OECD Publishing2018 p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpwwwoecdorgenvironmentwastehighlights-global-material-resources-outlook-to-2060pdf

12 Ibid p 413 Ibid p 5

18

40

2011 2020 2030 2040 2050 2060

20

0

60

80

100

Source OCDE Global Material Resources Outlook to2060

Minerais non-meacutetalliques Biomasse Eacutenergies fossiles Meacutetaux

Fig 5 ndash Croissance projeteacutee de lrsquousage des matiegraverespremiegraveres jusqursquoen 2060

Lrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetiqueLe charbon le peacutetrole et le gaz repreacutesentent 80de la consommation eacutenergeacutetique mondiale ougraveseul le charbon commence agrave deacutecroicirctre depuis lesquatre derniegraveres anneacutees Le peacutetrole et le gazcontinuent leur progression toutefois le tauxde croissance le plus eacuteleveacute est celui deseacutenergies renouvelables avec presque 12 decroissance en quatre ans14

Agrave part pour le charbon les eacutenergies fossilescontinuent agrave prendre toujours plus de place dansle mix eacutenergeacutetique mondial Bien que lacroissance des renouvelables soit bienvenue elle

repreacutesente une part bien trop faible par rapport agravela demande eacutenergeacutetique globale Lrsquoeacutevolution dumix eacutenergeacutetique est toujours surveilleacutee de pregravescar les politiques de transition (strateacutegie bas-carbone sceacutenario zeacutero-eacutemissions nettes)srsquoappuient geacuteneacuteralement sur plusieurs strateacutegieslieacutees agrave lrsquoeacutenergie

bull reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie (transition versune consommation moins intensive en eacutenergieaugmentation de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique)

bull deacutecarbonation du mix (deacutecroissance des eacutenergiesfossiles et croissance des eacutenergiesrenouvelables)

14 Pierre Friedlingstein et al laquo Global Carbon Project 2020 raquo EarthSyst Sci Data ndeg 12 2020 p 42 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

19

bull eacutelectrification des secteurs consommateursdrsquoeacutenergie fossile (voitures eacutelectriques pompes agravechaleur etc)

bull deacutecarbonation des usages non-eacutelectriques(chauffage urbain raffinage etc)

bull eacutelimination du dioxyde de carbone (EDC ouCarbon Dioxide Removal en anglais) agrave travers lareforestation (UTCATF) et les techniques decapture de carbone15

Mecircme si la deacutecarbonation du mix eacutenergeacutetiqueavance reacuteguliegraverement la croissance de laconsommation mondiale repose toujours enbonne partie sur la croissance de la productiondrsquoeacutenergie fossile De ce fait les strateacutegies de

reacuteduction de la demande drsquoeacutenergie ne sont pasforceacutement perceptibles au niveau mondial Parexemple la croissance de la productiondrsquoeacutelectriciteacute entre 2015 et 2018 a inclus 949 TWhde gaz 417 TWh de charbon et 1405 TWhdrsquoeacutenergie renouvelable16 Au final autantdrsquoeacutenergies fossiles que drsquoeacutenergie renouvelableont eacuteteacute rajouteacutees de mecircme maniegravere pouraccompagner lrsquoaugmentation de laconsommation17 La reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie est cruciale pour que ladeacutecarbonation soit possible

50

Charbon Peacutetrole Gaz Nucleacuteaire Hydro

Taux de croissance annuel 2014-2019

Autresrenouvelables

0

100

150

200

-03 an

+14 an

+30 an

+12 an

+12 an+119 an

250

Con

sommationan

nuelledeacuten

ergieprimaire

(enEJ)

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 BP 2020 Jackson et al 2019

15 laquo Net-zero Pathways for Industrialized Countries raquo ClimateScenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

16 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019171405 ndash (949+417) = 39 TWh drsquoEnR dans le mix initial

Fig 6 ndash Eacutevolution de la consommation drsquoeacutenergieprimaire de 2000 agrave 2019

20

Face agrave lrsquoaugmentation de la consommationdrsquoeacutenergie en valeur absolue lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique permet drsquoestimer si lrsquoeacutenergie estutiliseacutee de faccedilon plus laquo productive raquo crsquoest-agrave-direcombien drsquoeacutenergie primaire est neacutecessaire pourproduire une uniteacute de PIB LrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IEA) estime quelrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique est endeacuteclin depuis 201518 Cela indique que lessecteurs drsquoactiviteacute arrivent toujours agrave utiliserefficacement de lrsquoeacutenergie mais que cettedynamique srsquoessouffle Selon lrsquoIEAlrsquoameacutelioration de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquenrsquoaurait eacuteteacute que de 12 en 2018 le plus faible

taux depuis 201019 Ce mecircme organisme et lesNations Unies estiment qursquoune ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de 3 est neacutecessaire pourmaintenir le niveau de croissance de PIB projeteacuteet pour stabiliser en mecircme temps les eacutemissionsde GES20

Lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique

1

2

3

4

20182017201620152010 -20142000 - 2009

0

+12

Ameacutelioration de lefficaciteacute eacutenergeacutetique primaire (en )

Source IEA 2018

Fig 7 ndash Eacutevolution de lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique primairede 2000 agrave 2018

18 laquo Energy Efficiency 2019 raquo International Energy Agency consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-201919 Ibid

20 laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable 2020 raquoOrganisation des Nations Unies 2020 p 39 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpsunstatsunorgsdgsreport2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

21

Il est neacutecessaire drsquoobserver avec prudence cesdonneacutees moyennes globales car elles ne donnentpas agrave voir les eacutevolutions propres agrave chaque payset agrave chaque secteur drsquoactiviteacute (transportagriculture eacutenergie industrie etc) Chaque paysnrsquoeacutevolue pas agrave la mecircme vitesse et nrsquoa pas lamecircme responsabiliteacute Au fur et agrave mesure de cerapport les donneacutees nationales seront mises enavant lorsque cela est neacutecessaire pour eacutevitertoute erreur drsquoanalyse Par exemple leseacutemissions par habitant des Eacutetats-Unis teacutemoignentdrsquoun mode de vie tregraves intense en carbone etsupposeacutement en eacutenergie et en matiegravere loindevant les autres grands eacutemetteurs mondiaux

Toutefois ces donneacutees globales montrent queles trajectoires de reacuteduction des eacutemissions deGES ne sont pas encore respecteacutees Pluslrsquoeacutecart se creuse entre ces trajectoires et noseacutemissions reacuteelles et plus il sera difficile destabiliser la tempeacuterature sur Terre Laconsommation drsquoeacutenergie continue agrave augmenterreacuteduisant lrsquoimpact de la deacutecarbonation aumoment mecircme ougrave lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetiquecommence agrave stagner Un indicateur non-climatique est souvent associeacute agrave ces projectionset dans un des rapports analyseacutes plus bas lacroissance du PIB Il srsquoagit bien lagrave drsquoune pommede discorde parmi la communauteacute des

Remarques geacuteneacuterales

5

Monde Autres pays Chine Eacutetats-Unis EU27

Taux de croissance annuel2014-2019

Inde

0

10

15

20

-03 an

-03 an

+03 an

-14 an

-08 an

+28 an

25

tCO

2pa

rhab

itant

Source traduit depuis Global Carbon Budget 2020 Jackson et al 2019 (CDIACUNFCCCBPUSGSUN)

Fig 8 ndash Eacutevolution de lrsquoempreinte carbone nationale parhabitant de 2000 agrave 2019

22

particuliers soit insuffisants par rapport auxefforts de transition agrave fournir en valeur absolueEn somme un deacutecouplage PIB ressources ampimpacts ne serait pas suffisant pour atteindre lesobjectifs fixeacutes par lrsquoAccord de Paris La prudenceimpose alors drsquoenvisager des sceacutenarios dereacuteduction du PIB afin de reacuteduire les eacutemissions Ilne srsquoagit pas ici de formuler un avis sur le deacutebatcroissance deacutecroissance Neacuteanmoins le secteurnumeacuterique sera ameneacute tocirct ou tard dans ce deacutebatdont il faut commencer agrave tracer les contours Demecircme il semble pertinent de consideacutererlrsquoensemble des strateacutegies agrave notre disposition etleur effet possible dans le secteur qui nousinteacuteresse le numeacuterique

eacuteconomistes et au-delagrave pouvons-nous reacuteduirenos eacutemissions et notre empreinte tout enmaintenant la croissance de cet indicateur ndash ceqursquoon appelle le deacutecouplage Il existe plusieursfaccedilons drsquoenvisager et drsquoinvoquer le deacutecouplage relatif absolu local global GDP ressources ampimpacts temporaire permanent suffisant insuffisant21

En juin 2020 Haberl et al ont publieacute une revuesysteacutematique de toutes les publicationsscientifiques eacutetudiant les deacutecouplages soit 835publications dans des journaux agrave comiteacute delecture et des chapitres de livres22 Ils concluentleur revue en estimant que la poursuite destendances observeacutees dans le passeacute ne permetpas de deacutecouplage absolu Les deacutecouplagesobserveacutes sont soit relatifs agrave des contextes tregraves

21 Timotheacutee Parrique laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked22 Haberl et al laquo A systematic review of the evidence on decouplingof GDP resource use and GHG emissions part II synthesizing theinsights raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

23

Peserle numeacuterique

24

Peser le numeacuterique lesdiffeacuterentes hypothegraveses deconsommation drsquoeacutenergie etdrsquoeacutemissions de GES dusecteur

Relativement peu de chercheurs se sont lanceacutesdans lrsquoestimation globale de la consommationeacutenergeacutetique et des eacutemissions de GES dunumeacuterique crsquoest un sujet complexe avec passuffisamment de donneacutees disponibles Crsquoestun fait saillant de ce champ de recherche larecherche manque cruellement de donneacuteesCelles-ci sont confidentielles pour raison desecret industriel soit les mesures nrsquoont jamais eacuteteacutefaites et il nrsquoy a pas de donneacutees existantes soitles donneacutees sont de trop mauvaise qualiteacute ouincertaines pour ecirctre utiliseacutees

Sur la question de lrsquoestimation globale troiseacutequipes deacuteveloppent des modegraveles diffeacuterents il ya Jens Malmodin (Ericsson) et Dan Lundeacuten(Telia) Anders SG Andrae (Huawei) et Tomas

Edler (ancien Ericsson devenu Huawei) LotfiBelkhir et Ahmed Elmeligi (McMaster University)Chacune de ces eacutequipes a publieacute un ou desarticles de reacutefeacuterence sur lrsquoestimation globale etses projections dans le futur

Lrsquoestimation des impacts environnementaux dunumeacuterique se deacutecoupe en trois pocircles centres dedonneacutees reacuteseaux eacutequipements utilisateurs Pourchacun de ces pocircles on estime aussi lrsquoempreintepour la phase de fabrication et drsquousageAujourdrsquohui on ne sait pas encore inteacutegrer lesimpacts lieacutes agrave la fin de vie car ils seraientmarginaux sur les eacutemissions et la consommationdrsquoeacutenergie (mais tregraves importants sur drsquoautresfacteurs ecotoxiciteacute biodiversiteacute etc) Selon

2009200920082007 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trendsto 2030Andrae et Edler 2015

New perspectives on internetelectricity use in 2030Andrae 2020

The Energy and Carbon Footprint ofthe Global ICT and EampM Sectors2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amprecommendationsBelkhir et Elmeligi 2018

The future carbon footprint of the ICTand EampM sectorsMalmodin et al 2013

Green IT The new industry shockwaveGartner 2007

Smart 2020 Enabling the LowCarbon Economy in the InformationAgeGeSI 2008

Worldwide energy needs for ICT Therise of power-aware networkingPickavet et al 2008

Greenhouse Gas Emissions andOperational Electricity Use in the ICTand Entertainment amp Media SectorsMalmodin et al 2010

Lensemble de la litteacuterature ne peut pas ecirctrerepreacutesenteacutee ici mais de nombreuses eacutequipes onttravailleacute sur le sujet Hilty Coroama Koomey

Litteacuterature analyseacutee dans leacutetude

Fig 9 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee sur lrsquoestimation globale deconsommation drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissions de GES dunumeacuterique

25

On Global Electricity Usage ofCommunication Technology Trends to2030 New Perspectives on InternetElectricity Use in 2030

Andrae et Elder 2015Andrae 2020

une meacutethodologie drsquoanalyse de cycle de viesimplifieacutee (ACV) lrsquoempreinte est estimeacutee selon 4facteurs consommation drsquoeacutenergie primaireconsommation de ressources abiotiques (meacutetauxetc) consommation drsquoeau douce eacutemissions degaz agrave effet de serre Les trois eacutequipesmentionneacutees utilisent des ACV dans leurbibliographie mais ne partent pas drsquounemeacutethodologie ACV dans le sens ougrave ils nrsquoeacutetudientpas un service ou un produit en deacutetail Ils utilisentdes meacutethodes drsquoestimation appeleacutees top-down etbottom-up qui se concentrent uniquement sur la

consommation drsquoeacutenergie (sous forme drsquoeacutelectriciteacute)et les eacutemissions de gaz agrave effet de serre Lesfacteurs lieacutes agrave la consommation de ressources(meacutetaux eau etc) et les pollutions ne sont paseacutetudieacutes Les trois eacutetudes exposeacutees seconcentrent uniquement sur la consommationdrsquoeacutenergie non-exhaustive et sur les eacutemissions degaz agrave effet de serre avec une grande focalisationsur le carbone Ces eacutetudes offrent donc uneversion partielle de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique Les raisons decette focalisation seront expliciteacutees par la suite

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude drsquoAndrae et Edler a eacuteteacute publieacutee en 201523elle se concentre sur un peacuterimegravetre incluant leseacutequipements utilisateurs principaux (ordinateursteacuteleacutephones mobiles smartphones teacuteleacuteviseurs eteacutequipements domestiques de divertissement) lesreacuteseaux teacuteleacutecom les centres de donneacutees Lrsquoeacutetudenrsquoinclut pas les imprimantes les appareils photoet cameacutera les baladeurs audio et videacuteo lesobjets connecteacutes (thermostats connecteacutes etc)les systegravemes de seacutecuriteacute les satellites les dronespersonnels les robots les veacutehicules autonomeset les batteries portatives

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique630gCO2e kWh (2010)590gCO2e kWh (2020)580gCO2ekWh (2030)

InfluenceCette eacutetude a eacuteteacute publieacutee avec lrsquoensemble desdonneacutees utiliseacutees ce qui doit ecirctre noteacute tant legeste est rare et a un peacuterimegravetre drsquoanalyse tregraveslarge Cette eacutetude a permis au think tank TheShift Project de produire agrave partir de 2019 unmodegravele simplifieacute (1byte) et plusieurs rapports quiont rencontreacute un eacutecho important en France ainsiqursquoagrave drsquoautres chercheurs de partir sur une

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pas

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellitesdronesetc

Reacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissement

Eacutecranspublics

23 Anders S G Andrae et Tomas Edler laquo On Global Electricity Usageof Communication Technology Trends to 2030 raquo Challenges ndeg 62020 pp 117-157

26

nouvelle base de donneacutees quitte agrave la critiquer Cequi sera drsquoailleurs fait en 2018 par Belkhir etMalmodin

ReacutesultatsAndrae et Edler estiment que la consommationeacutelectrique du numeacuterique pourrait repreacutesenterentre 8 et 21 de la consommation globale en2030 En 2020 Andrae corrige ses estimationspour un nouveau sceacutenario meacutedian agrave 9 drsquoici203024 Dans lrsquoeacutetude de 2015 les auteurs estimentla part des eacutemissions de GES du numeacuterique entre22 et 67 drsquoici 2030 La mise agrave jour de 2020propose 18 agrave 42 des eacutemissions du numeacuteriquerapporteacutees aux eacutemissions globales drsquoici 2030

CritiqueAndrae et Edler integravegrent la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES agrave lrsquousage et agravela fabrication Cette eacutetude comporte des erreursconnues corrigeacutees en 2020 Les auteurs ont

surestimeacute la consommation de la partie Reacuteseaux(RAN) et dans une moindre mesure celle de lapartie Centres de donneacutees Cette erreur est lieacuteeau manque de donneacutees disponibles au momentde la publication et agrave la sous-estimation delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des reacuteseaux et descentres de donneacutees De plus Andrae et Edler ontutiliseacute des fonctions non lineacuteaires pour faire leursprojections agrave horizon 2030 donc les erreurs dedeacutepart ont eacuteteacute amplifieacutees par la suite Le piresceacutenario projeteacute par cette eacutetude nrsquoest donc paspertinent et ne peut pas ecirctre utiliseacute en lrsquoeacutetat

2015 2020 2030

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)Eacutetude 2015

Meilleur 1 509 1 507 2 698 (8)

Attendu 2 312 2 878 8 265 (21)

Pire 3 677 5 976 30 715 (51)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)Eacutetude 2015

Meilleur 09 09 (16) 15 (22)

Attendu 14 17 (3) 48 (67)

Pire 23 36 (62) 199 (23)

Consommationdrsquoeacutenergie (TWh)MagraveJ 2020

Meilleur 1 350 1 204 1 357 (4)

Attendu 1 938 1 988 3 218 (9)

Eacutemissions deGES (GtCO2e)MagraveJ 2020

Meilleur 08 07 (19) 07 (18)

Attendu 11 11 (3) 17 (42)

24 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-31

27

Assessing ICT global emissions footprintTrends to 2040 amp recommendations

Belkhir et Elmeligi 2018

PeacuterimegravetreLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi25 integravegrent lescentres de donneacutees les reacuteseaux et leseacutequipements de type ordinateurs fixes et portableseacutecrans CRT et LCD smartphones et tablettes Ellenrsquointegravegre pas les eacutequipements de teacuteleacutevision(deacutecodeurs) les imprimantes les laquo smart raquo TVsles consoles de jeux et les objets connecteacutesLrsquoeacutetude utilise une meacutethode bottom-up pour leseacutequipements utilisateurs et une meacutethode top-downpour les centres de donneacutees et les reacuteseaux

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique500gCO2e kWh

InfluenceLrsquoeacutetude de Belkhir et Elmelegi relegravevera que lrsquoeacutetudede Malmodin de 201026 sous-estime largement lapart de la fabrication dans la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES Elle indiqueraaussi qursquoAndrae et Edler surestiment laconsommation eacutelectrique de la partie Reacuteseaux etutilise des dureacutees de vie drsquoeacutequipements tropcourtes par rapport agrave la litteacuterature

ReacutesultatsBelkhir et Elmelegi estiment qursquoen 2020 leseacutemissions de GES du secteur repreacutesentent 306 agrave36 des eacutemissions globales Ils mettent en avantlrsquoacceacuteleacuteration de la contribution des smartphones

Inclut

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Eacutecranspublics

Imprimantesobjetsconnecteacutescapteursappareilsphotoscameacuterassatellites dronesteacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementetc

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphones

repreacutesentant plus de 50 de lrsquoempreinte deseacutequipements utilisateurs Ils estiment aussi que lescentres de donneacutees repreacutesentent 45 deseacutemissions du secteur en 2020 En tendant lessceacutenarios jusqursquoen 2040 avec une progressionlineacuteaire puis exponentielle les auteurs de lrsquoeacutetudeestiment que dans sa dynamique actuelle leseacutemissions du secteur repreacutesenteraient 6 agrave 7 deseacutemissions globales en progression lineacuteaire et 14en progression exponentielle Agrave partir dessceacutenarios utiliseacutes cette eacutetude estime la croissanceannuelle des eacutemissions de GES agrave 73

CritiqueLes limites de ces reacutesultats sont lieacutees au fait qursquoilsutilisent la croissance historique observeacutee pourextrapoler la croissance future ce qui ne permetpas drsquointeacutegrer les gains en efficaciteacute eacutenergeacutetique Ilsutilisent aussi un peacuterimegravetre (laquo scope raquo) assezrestreint sur les eacutequipements utilisateurs qui amegraveneagrave une sous-estimation de lrsquoempreinte geacuteneacuterale De

2020

Eacutemissions deGES (GtCO2e)

Lineacuteaire (Min) 110 (17)

Lineacuteaire (Max) 130 (22)

Exponentielle (Min) 185 (3)

Exponentielle (Max) 22 (36)

25 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46326 Jens Malmodin ldquoGreenhouse gas emissions and operationalelectricity use in the ICT and entertainmentamp media sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

28

The Energy and Carbon Footprint of theGlobal ICT and EampM Sectors 2010ndash2015

Malmodin et Lundeacuten 2018

PeacuterimegravetreLe peacuterimegravetre de lrsquoeacutetude27 preacutesente un deacutecoupagepeu commun entre ICT (InformationCommunication Technologies) et EampM(Entertainment amp Media) La partie ICT regroupeles reacuteseaux drsquoaccegraves les centres de donneacutees leseacutequipements utilisateurs les activiteacutes desopeacuterateurs (voyages des employeacutes bureauxeacutequipements professionnels etc) les eacutecranspublics tous types de teacuteleacutephones les routeurs etmodems (CPE) La partie EampM regroupe lesteacuteleacuteviseurs les reacuteseaux teacuteleacute les peacuteripheacuteriquesteacuteleacute les consoles les imprimantes lrsquoimpressionpapier les activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation de contenupour lrsquoICT et lrsquoEampM Les eacutemissions de GES et laconsommation drsquoeacutenergie sont diviseacutes entre cesdeux pocircles en incluant ou en excluant parfoiscertaines sections comme lrsquoimpression papier

Facteur drsquointensiteacute carbone du mix eacutelectrique600gCO2ekWh (2007-2015)

Inclut (EampM)

Ordinateursteacuteleacutephonesmobilessmartphonesobjetsconnecteacutes(grandpublic)capteurs

Teacuteleacuteviseurseacutequipementsdomestiquededivertissementimprimantesmeacutediapapier

Eacutecranspublics

plus lrsquoestimation de la consommation eacutelectriquedes centres de donneacutees semble trop eacuteleveacutee parrapport agrave la litteacuterature cela peut ecirctre ducirc agravelrsquointeacutegration de donneacutees venant des centresasiatiques

Inclut (ICT)

Eacutequipementsutilisateur Reacuteseaux Centresdedonneacutees

Nrsquoinclut pasReacuteseauxfixesetmobilescentresopeacuterateurs

Centresdedonneacuteesreacuteseauxdrsquoentreprises

Capteursappareilsphotoscameacuterasobjetsconnecteacutes(professionnels)satellites dronesetc

27 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

InfluenceJens Malmodin et Dag Lundeacuten publient leurspremiegraveres eacutetudes sur le sujet degraves 2010 puis en2013 et en 2015 mais crsquoest finalement leur eacutetudede 2018 qui est la plus pousseacutee et qui va ecirctre defait la plus utiliseacutee Lrsquoeacutetude de 2018 a pour but dereacutepondre agrave un des deacutefis sur le sujet le manquede donneacutees Malmodin et Lundegraven vont reacuteussir agraveobtenir des donneacutees confidentielles drsquoau moins 10opeacuterateurs De plus ils vont srsquoappuyer sur lesdonneacutees publiques de 36 opeacuterateurs teacuteleacutecom 31fabricants et 10 opeacuterateurs de centres dedonneacutees ainsi que les ACV drsquoune trentainedrsquoeacutetudes De toutes les eacutetudes preacutesenteacutees crsquoest laseule qui est utiliseacutee par les professionnels desteacuteleacutecommunications et de lrsquoICT

ReacutesultatsLes auteurs de lrsquoeacutetude essayent de favoriser lesapproches bottom-up mais integravegrent aussiquelques approches top-down pour veacuterifier deshypothegraveses Au final cette eacutetude preacutesente une

consommation drsquoeacutenergie des ICT quirepreacutesenterait 36 de la consommationmondiale (805 TWh) lrsquoEampM qui repreacutesenterait28 (585 TWh) ou un peu moins en excluantlrsquoimpression papier (510 TWh) En termesdrsquoeacutemissions des GES Malmodin et Lundeacutenestiment que lrsquoICT repreacutesente 14 deseacutemissions mondiales (730 Mt) et lrsquoEampM 12 (640Mt) ou 078 en excluant le papier (420 Mt) Sion preacutesente une somme totale de lrsquoICT et delrsquoEampM (en excluant le papier) cela revient agrave 1315TWh soit 605 de la consommation drsquoeacutenergiemondiale et 1150 Mt de GES soit 218 deseacutemissions globales

CritiqueLes reacutesultats de lrsquoeacutetude de Malmodin et Lundegravenpreacutesentent lrsquoestimation la plus basse en termesdrsquoeacutemissions Les auteurs estiment que lrsquoempreinteeacutenergeacutetique et carbone du secteur a diminueacuteentre 2010 et 2015 et projettent une tendance agrave ladiminution dans les anneacutees agrave venir Ils eacutetayentcette hypothegravese par une grande ameacutelioration delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique des eacutequipements labaisse des ventes de TV et drsquoordinateurs ladeacutemateacuterialisation de certains eacutequipements pardes applications (radio-reacuteveil etc) et la baissede la consommation de papier gracircce aunumeacuterique Lrsquoeacutetude finit drsquoailleurs avec une notepositive ldquoAt least for the ICT and EampM sectors itseems that the age of dematerialization has finallyarrivedrdquo28

Cependant cette eacutetude fait des hypothegraveses quipeuvent ecirctre questionneacutees Premiegraverement lesauteurs ne souhaitent pas travailler depuisdes donneacutees drsquoeacutenergie primaire et nrsquointegravegrentdonc pas lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie primaire comme les autres eacutetudes

29

2015 2020

Consommation drsquoeacutenergie(TWh) hors papier 1 315 (6) -

Eacutemissions de GES(GtCO2e) hors papier 1153 (22) 1087

28 Traduction personnelle laquo Au moins dans le secteur de lrsquoICT etlrsquoEampM il semblerait que lrsquoacircge de la deacutemateacuterialisation a finalementcommenceacute raquo

29 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 2018 p 330 laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf laquo Life Cycle Assessment forMobile Productsrdquo Samsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

preacutesenteacutees Ils justifient leur choix par le manquede donneacutees sur lrsquoeacutenergie primaire durant la phasede production et la complexiteacute de la veacuterificationdes donneacutees Lagrave ougrave une analyse de cycle devie va prendre en compte lrsquoensemble de laconsommation drsquoeacutenergie primaire agrave lafabrication et agrave lrsquousage lrsquoeacutetude se concentreplutocirct sur les donneacutees de la phase drsquousage etreacuteintegravegre la phase de fabrication en estimantque celle-ci repreacutesente en moyenne 20 de laconsommation drsquoeacutenergie totale Les eacutetudesdrsquoAndrae et Edler partent drsquoailleurs de lamecircme hypothegravese Lrsquoimpact de la phase defabrication semble donc sous-estimeacute parrapport aux reacutesultats drsquoACV drsquoeacutequipementseacutelectroniques la fabrication drsquoun smartphonerepreacutesente en moyenne 80 agrave 90 de laconsommation drsquoeacutenergie de lrsquoappareil 70pour un ordinateur portable Par exemple lesauteurs estiment que lrsquoempreinte carbone drsquounsmartphone est de 45kgCO2e

29 sur une dureacutee devie de 3 ans alors que les modegraveles desmartphones sur le marcheacute depuis 2013 affichentgeacuteneacuteralement une empreinte carbone supeacuterieureagrave 50 kgCO2e et une dureacutee de vie de 2 ans30

De mecircme comme le soulegravevent les auteurs lesdonneacutees sur lesquelles srsquoappuient lrsquoeacutetude peuventecirctre potentiellement biaiseacutees car les acteurs quiles fournissent ont deacutejagrave entameacute des deacutemarchesdrsquoefficaciteacute et de transition Notamment les jeuxde donneacutees utiliseacutes pour estimer laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions de CO2des centres de donneacutees proviennent en partiedes acteurs ameacutericains et allemands Lrsquoabsencede donneacutees provenant notamment des centres dedonneacutees asiatiques est probleacutematique Il estpossible que lrsquoextrapolation au niveau global quepropose Malmodin et Lundegraven soit baseacutee sur deschiffres optimistes malgreacute le soin qursquoont pris lesauteurs agrave reacuteduire ce risque Une desconclusions inteacuteressantes proposeacutee par cetteeacutetude est que la consommation drsquoeacutenergie delrsquoICT augmente bien mais qursquoelle nrsquoest peut-ecirctre pas correacuteleacutee au flux de donneacutees (trafic)mais plutocirct au volume drsquoabonnements

30

Observations

Ces trois eacutetudes montrent la complexiteacute agrave estimerlrsquoempreinte environnementale du secteurnumeacuterique au niveau mondial et cela sur deuxfacteurs la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES Les peacuterimegravetres drsquoanalyse nesont pas les mecircmes les jeux de donneacutees sontdiffeacuterents ainsi que les hypothegraveses de projection

Il est primordial de rappeler que les impacts dunumeacuterique vont bien au-delagrave de la consommationdrsquoeacutenergie et des eacutemissions de GES Laconsommation de ressources non-renouvelables(meacutetaux etc) et la consommation drsquoeau sont desfacteurs cruciaux avec des impacts reacuteels sur lescommunauteacutes et les territoires ougrave se situentlrsquoextraction et la transformation de la matiegravere Lafocalisation sur lrsquoeacutenergie et les GES ne permetpas de voir si lrsquoempreinte mateacuterielle augmenteet dans quelle proportion ni commentlrsquoempreinte hydrique eacutevolue Ainsi les transfertsde consommation et de pollution sont pour lrsquoinstantinvisibles dans ces eacutetudes De mecircme les impactsde la fin de vie ne sont pas inteacutegreacutes pour lrsquoinstant

Une meilleure inteacutegration de la consommationdrsquoeacutenergie primaire semble neacutecessaire pour mieuxcomprendre lrsquoimpact de la phase de fabrication Deplus les jeux de donneacutees utiliseacutes aujourdrsquohui sontsouvent issus drsquoAmeacuterique du Nord ou drsquoEuropemais rarement drsquoAsie ougrave lrsquoeacutecosystegraveme estgigantesque Alibaba a une clientegravele deux foissupeacuterieure agrave celle drsquoAmazon et deacuteploie des centresde donneacutees partout en Chine ougrave le mix eacutenergeacutetiquereste fortement carboneacute Lrsquoobtention et lrsquointeacutegrationde donneacutees asiatiques veacuterifieacutees vont ecirctre uneprochaine cleacute pour mieux mesurer lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique au niveaumondial Aujourdrsquohui la focalisation par paysougrave les donneacutees peuvent ecirctre stabiliseacutees sembleecirctre une strateacutegie plus pertinente

Lrsquoapproche en ACV procircneacutee par le collectif GreenITen France pourrait permettre de mieux piloterlrsquoempreinte nationale afin de reacutepondre aux deacutefis dela transition eacutecologique Dans lrsquoeacutetude laquo iNum raquo surles impacts environnementaux du numeacuterique enFrance31 le collectif GreenIT estime que lenumeacuterique repreacutesentait en 2020 62 de la

consommation drsquoeacutenergie primaire nationale 32des eacutemissions de GES franccedilaises 22 de laconsommation en eau et lrsquoexcavation de 4 milliardsde tonnes de terre Une part importante de cesimpacts se font en dehors du territoire nationalnotamment lors de lrsquoextraction des matiegraveres et deleur transformation Elles sont neacuteanmoinsdirectement lieacutees agrave la consommation franccedilaise denumeacuterique

En conclusion lrsquoestimation de lrsquoempreinteenvironnementale du numeacuterique est toujoursincertaine car il manque de nombreusesdonneacutees repreacutesentatives de toutes les zones defabrication et drsquousage du numeacuteriquenotamment lrsquoAsie Il manque aussi des donneacuteescleacutes des constructeurs Cette analyse de lrsquoeacutetat delrsquoart pointe vers deux angles morts lrsquoeacutecosystegravemeasiatique et le secteur de la fabrication deseacutequipements numeacuteriques De plus des facteursdrsquoimpacts cleacutes ne sont pas encore inteacutegreacutes commela consommation de ressources et drsquoeau Il estdonc neacutecessaire drsquoameacuteliorer les processus deproduction de structuration et de partage desdonneacutees En attendant une focalisation par payssemble plus approprieacutee pour stabiliser nos jeux dedonneacutees et informer les politiques nationales

AddendumEn feacutevrier 2021 au moment de la relecture de cerapport des chercheurs de lrsquouniversiteacute deLancaster et le cabinet de consultation Small Worldse sont associeacutes pour faire une revue desestimations globales preacutesenteacutees ici Leurs travauxsont lieacutes agrave une commande de la Royal Society ofTechnology concernant la place du numeacuterique dansla transition eacutecologique Leurs conclusions parrapport aux travaux drsquoAndrae et Elder deMalmodin et Lundeacuten et de Belkhir et Elmeligisont similaires agrave celles preacutesenteacutees ici Lesauteurs concluent aussi que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique est systeacutematiquementsous-estimeacutee jusqursquoagrave 25 agrave cause drsquounemauvaise inteacutegration des impacts de lafabrication De plus ils estiment que lrsquoempreintecarbone du numeacuterique va continuer agrave augmenter

31 Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementauxdu numeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le 28feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

31

pour trois raisons historiquement les gainsdrsquoefficaciteacute permis par lrsquoICT sont alleacutes de pair avecdes augmentations de la consommation deacutenergieet des eacutemissions de GES autant dans le secteur delrsquoICT que dans leacuteconomie en geacuteneacuteral les eacutetudesactuelles font plusieurs omissions importantesconcernant les tendances de croissance de lrsquoICT(Blockchain IA IoT) des investissementsimportants sont consentis pour deacutevelopper etaccroicirctre lutilisation de ces technologies Nousencourageons vivement le lecteur agrave aller lire leurrapport et leurs analyses vis-agrave-vis de nombreuxpoints qui ne sont pas abordeacutes ici

De plus lrsquoeacutequipe de recherche propose unerepreacutesentation visuelle des hypothegraveses ainsi qursquouneuniformisation des scopes utiliseacutes pour avoir desestimations comparables pour lrsquoanneacutee 2020 Nousreproduisons et compleacutetons un de leurs graphiquesreacutecapitulatifs ici

Voir Freitag et al laquoThe climate impact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo Physics and Society consulteacute le 3 mars 2021httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

laquo Digital technology and the planet Harnessing computing to achievenet zeroraquo Royal Society of Technology consulteacute le 3 mars 2021httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Fig 10 ndash Reacutecapitulatif des estimations de lrsquoempreintecarbone du numeacuterique en 2020 (TV exclus) drsquoapregravesFreitag et al

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Reacuteseaux et Centres dedonneacutees sous-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacuteImpacts des Centres de donneacutees sur-estimeacutes

Impact de la fabrication sous-estimeacute --

--

-

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climateimpact of ICT A review of estimates trendsand regulationsraquo

Reacuteseaux35

Reacuteseaux22

Reacuteseaux24

Centres dedonneacutees33

Centres dedonneacutees41

Centres dedonneacutees18

Eacutequipementsutilisateurs

33

Eacutequipementsutilisateurs

37Eacutequipementsutilisateurs

57

Andrae amp Edler (Best) (2015)623 MtCO2e

Belkhir amp Elmeligi (Moy) (2018)1 207 MtCO2e

Malmodin (2020)690 MtCO2e

Note Limpact des TV nest pas inclus dans ces estimations Le meilleur sceacutenariondAndrae amp Edler est retenu car il semble le plus plausible daupregraves les auteurs Lapart des eacutequipements utilisateurs est plus importante chez Malmodin car la partestimeacutee des Reacuteseaux et Centres de donneacutees est la plus basse parmi toutes les eacutetudespreacutesenteacutees

32

1

2

GreenIT(2020)

Andrae ampEdler

(Expected)(2015)

Andrae ampEdler (Best)

(2015)

Belkhir ampElmeligi(Max)

Eacutemission

sglob

ales

enGtCO

2e

Belkhir ampElmeligi(Min)

Malmodin ampLundeacuten

0

140

-

184

32

102

18

170

29

150

26

109

19

Source dapregraves Freitag et al laquoThe climate impact ofICT A review of estimates trends and regulationsraquo

Note lrsquoestimation de GreenIT estporteacutee sur les eacutemissions de 2019

Part des eacutemissionsglobales en 2020

Fig 11 ndash Estimations de lrsquoempreinte carbone dunumeacuterique en 2020 ajusteacutees sur le mecircme peacuterimegravetre(TV et eacutelectronique inclus) drsquoapregraves Freitag et al

33

Projeterle numeacuterique

34

Projeter le numeacuterique lecalcul des effets positifs dunumeacuterique sur le climat

Lors des discussions et deacutebats autour delrsquoempreinte environnementale du numeacuteriquelrsquoimpact positif du numeacuterique sur les politiques detransition est geacuteneacuteralement mis en avant par deuxchiffres Le premier issu drsquoun rapport de laGSMA consiste agrave dire que 1g de CO2 investidans le numeacuterique repreacutesente 10g de CO2 eacuteviteacutesdans les autres secteurs Le second issu drsquounrapport de GeSI avance que le numeacuterique peutreacuteduire jusqursquoagrave 20 des eacutemissions de CO2 dansles autres secteurs Ces chiffres repreacutesentent desordres de grandeur assez conseacutequents quiconstituent potentiellement des strateacutegiessuppleacutementaires pour aider agrave la transitioneacutecologique Au vu de lrsquoimportance de ces ordresde grandeur il est neacutecessaire de comprendrecomment ils sont calculeacutes (dans quel contexte agravepartir de quels sceacutenarios quelles hypothegraveses

quelles donneacutees de reacutefeacuterence) afin drsquoestimer leurfiabiliteacute (conditions de reacuteussite et drsquoeacutechec)Une majeure partie de la litteacuterature grise (rapportsde cabinets et drsquoorganismes professionnels) ainsique la litteacuterature scientifique sur laquelle lapremiegravere srsquoappuie ont eacuteteacute analyseacutees afin dedeacuteterminer les publications les plus souventmobiliseacutees et les plus fournies en termes dedonneacutees Le deacutecoupage de la bibliographieeacutetudieacutee est preacutesenteacute ci-dessous par ordrechronologique de parution et par type delitteacuterature

2012 2015 2016 2017 2018 2019 2020

SMARTer 2020 The Role of ICT indriving a Sustainable FutureGeSI BCG 2012

SMARTer 2030 ICT Solutionsfor 21st Century ChallengesGeSI Accenture 2015

SystemTransformation -Summary ReportGeSI Accenture 2016

Digitalization amp EnergyIEA 2017

Exponential Roadmap 151Future Earth WWF Ericsson2020 (reacuteviseacute)

Guidance for ICT Companiessetting Science Based TargetsITU GeSI GSMA Science BasedTargets 2020

The Enablement EffectGSMA Carbon Trust 2019

ITU-T L1470 Greenhouse gasemissions trajectories for the ICTsector compatible with the UNFCCCParis AgreementITU 2020

Litteacuterature analyseacutee ici

The Energy and Carbon Footprintof the Global ICT and EampMSectors 2010ndash2015Malmodin et Lundeacuten 2018

A high-level estimate of thematerial footprints of the ICT andthe entertainment and mediasectorsMalmodin Bergmark et Lundeacuten2018Li

tteacuterature

scientique

Institutions

Litteacute

rature

grise

Fig 12 ndash Litteacuterature eacutetudieacutee pour analyser les impactspositifs possibles du numeacuterique pour la transitioneacutecologique

35

Analyse laquo 1g de CO2e investi dans lenumeacuterique repreacutesente 10g de CO2eeacuteviteacutes dans les autres secteurs raquoCette premiegravere affirmation provient drsquoun rapportreacutedigeacute par laquo Carbon Trust raquo pour la GSMA(Global System for Mobile Communications)intituleacute laquo The Enablement Effect The impact ofmobile communication technologies on carbonemission reduction raquo32 La GSMA est laquo uneassociation professionnelle repreacutesentant lesinteacuterecircts de plus de 750 opeacuterateurs etconstructeurs de teacuteleacutephonie mobile de 220pays raquo33 La GSMA conduit diffeacuterents groupes detravail pour participer agrave la deacutefinition et lapublication des normes de teacuteleacutephonie mobile LaGSMA est aussi un lobby qui repreacutesente etdeacutefend les inteacuterecircts des industriels de la teacuteleacutephoniemobile La preacutesidence tournante de la GSMA estoccupeacutee par Steacutephane Richard le PDGdrsquoOrange depuis 2019 laquo Carbon Trust raquo est uneagence de conseil qui travaille avec de nombreuxgouvernements et institutions afin de produire desplans de transition bas carbone coupleacutes agrave unprogramme de deacuteveloppement eacuteconomique Cerapport a eacuteteacute publieacute en deacutecembre 2019 etcomprend 31 pages de synthegravese et drsquoeacutetudes decas et 59 pages drsquoannexes expliquant lameacutethodologie de calcul

laquo LrsquoEnablement effect raquo soutient lrsquohypothegravese quelrsquoinvestissement dans le secteur des technologiesmobiles permet de reacuteduire les eacutemissions de GESdans les autres secteurs Ce rapport estime queles technologies mobiles ont permis drsquoeacuteviterlrsquoeacutemission de 2135 Gigatonnes de GES en2018 (2 135 millions de tonnes) soit 10 foisplus que lrsquoempreinte des reacuteseaux mobilesestimeacutee agrave 220 millions de tonnes de GES34Une connectiviteacute accrue une ameacutelioration de

lrsquoefficaciteacute et lrsquoaide au changement decomportement expliqueraient ce pheacutenomegravene quele rapport nomme lrsquoEnablement Effect quipourrait ecirctre traduit par lrsquoeffet drsquoactivation ou lrsquoeffetdrsquoeacutevitement Un exemple drsquoeffet drsquoeacutevitementdonneacute par le rapport est lrsquousage des banquesmobiles via smartphones qui eacutevite les eacutemissionslieacutees au transport jusqursquoagrave un bureau de banqueLe directeur geacuteneacuteral de la GSMA estime drsquoailleursque les connexions machine-to-machine (M2M) etlrsquointernet des objets (IoT) permettront drsquoaller plusloin dans cette tendance35 Ce nrsquoest pas lapremiegravere fois qursquoun effet drsquoeacutevitement est annonceacuteUn rapport de 2015 publieacute par GeSI (Global e-Sustainability Initiative) estimait que le secteurnumeacuterique pourrait permettre un Enablementeffect de 5136 Toutefois cette publication seconcentrait uniquement sur le peacuterimegravetre nord-ameacutericain et europeacuteen pour faire uneextrapolation globale et doit ecirctre utiliseacutee avec uneextrecircme prudence

Avant drsquoanalyser comment est estimeacute lepheacutenomegravene drsquoeacutevitement de 2 135 millions detonnes de GES il est important de deacutefinircomment est estimeacute lrsquoempreinte du secteurnumeacuterique eacutetudieacute Comme vu preacuteceacutedemment lesecteur numeacuterique est souvent deacutecoupeacute en troispocircles les eacutequipements utilisateurs les reacuteseauxde transmission et les centres de donneacuteesLrsquoempreinte carbone utiliseacutee dans ce rapport nerepreacutesente que les reacuteseaux de transmission Sonchiffrage provient des travaux de Malmodin etLundeacuten et de lrsquoITU37 qui estiment lrsquoempreintecarbone des reacuteseaux agrave 220 MtCO2e en 201838

32 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 Leffet dactivation Limpact des technologies descommunications mobiles pour permettre la reacuteduction des eacutemissionsde carbone33 laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association34 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 6

35 Ibid p 736 Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf37 laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gas emissionstrajectories for the information and communication technology sectorcompatible with the UNFCCC Paris Agreement raquo ITU 202038 Jens Malmodin et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015 ndashSupplementary Materialrdquo Sustainability 10 ndeg 9 201839 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-463

36

Les travaux de Belkhir et Elmeligi proposentplutocirct 2432 MtCO2e

39 Dans sa mise agrave jour de2020 le sceacutenario attendu (expected) drsquoAndraeestime la partie reacuteseaux agrave 284 MtCO2e en 201840Malmodin et Lundeacuten ont lrsquoestimation la plus bassesur la partie reacuteseaux et aucune autre estimationnrsquoest inteacutegreacutee pour fournir une meacutediane dans lerapport de la GSMA

Une fois lrsquoempreinte des reacuteseaux estimeacutee nouspouvons revenir au pheacutenomegravene drsquoeacutevitementDans lrsquoannexe meacutethodologique les auteursindiquent que lrsquohypothegravese de 2 135 MtCO2eintegravegre toutes les eacutemissions eacuteviteacutees gracircce auxtechnologies numeacuteriques41 laquo Il est donc courantdaffirmer simplement que la technologie permetdeacuteviter la totaliteacute des eacutemissions et de ne pastenter de proceacuteder agrave une allocation arbitraire Letest eacutetant que si la technologie joue un rocirclefondamental dans lobtention du reacutesultat on peutdire quelle permet deacuteviter les eacutemissions raquo42Suivant cette logique on peut affirmer que lesreacuteseaux de transmission jouent un rocirclefondamental pour permettre au secteurnumeacuterique de fonctionner Ainsi les reacuteseauxpeuvent revendiquer lrsquoensemble des eacutemissionseacuteviteacutees gracircce au numeacuterique Toutefois lesauteurs de ce rapport mettent en garde contre lapossibiliteacute de double comptage En effet si lesecteur des centres de donneacutees procegravede aumecircme exercice il pourra lui aussi revendiquer2 135 Mt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees de mecircme pour lesecteur des eacutequipements utilisateurs En theacuteorietout le secteur numeacuterique pourrait revendiquerjusqursquoagrave 64 Gt drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Cela voudraitdire que sans un eacutevitement de 10 agrave 11 permispar le numeacuterique les eacutemissions globales de GESauraient atteint 617 Gt en 201843 Cela

impliquerait un taux de croissance des eacutemissionsmondiales de bien plus de 5 par an Dans cecas secteur numeacuterique ou pas cette croissanceserait bien trop importante pour espeacuterer activerune strateacutegie de transition quelconque Si onreste sur lrsquohypothegravese initiale que le numeacuteriqueaurait eacuteviteacute 2 135 Mt cela repreacutesenterait 37 deseacutemissions globales en 201844

Suite agrave ces observations on peut estimer quele ratio de 101 nrsquoest pas valable car celaconsiste agrave prendre lrsquoempreinte drsquoun sous-secteur (les reacuteseaux de transmission) tout enreacuteclamant lrsquoeffet drsquoeacutevitement de tout le secteur(le numeacuterique) Si on regarde lrsquoensemble deseacutemissions du secteur en 2018 alors Malmodin etLundeacuten proposent un chiffrage aux alentours de 1100 MtCO2e Belkhir et Elmeligi 1 100 Mt (enfonction lineacuteaire ou 1 750 MtCO2e enexponentiel) Andrae et Edler (2015) 1 600 Mt et Andrae (2020) agrave 1 100 MtCO2e En prenantlrsquohypothegravese la plus optimiste de 1100 Mt alors leratio serait plus proche de 21 lrsquohypothegravese la pluspessimiste amegravene agrave un ratio de 1221 Leslimites de lrsquoexercice fait par Carbon Trust et laGSMA sont visibles crsquoest le premier exercice dugenre avec les donneacutees qursquoils ont agrave leurdisposition les auteurs confirment que crsquoest unexercice peacuterilleux45 Allouer tout le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement potentiel agrave un seul sous-secteur nrsquoestpas pertinent et deacuteforme largement le ratiodrsquoeacutevitement possible Finalement cetteallocation ne permet pas de deacutefinir quelssous-secteurs quels usages delrsquoinfrastructure globale ou quels contextessont les plus importants pour faire advenir cepheacutenomegravene drsquoeacutevitement

39 Lofti Belkhir et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT global emissionsfootprint Trends to 2040 amp recommendations raquo Journal of CleanerProduction ndeg 177 2018 pp 448-46340 Anders S G Andrae laquo New perspectives on internet electricityuse in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp 19-3141 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 5042 ldquoIt is therefore common to simply state that the technology enablesthe full avoided emissions and not attempt any arbitrary allocationThe test being that if the technology plays a fundamental role indelivering the outcome then it can be said to enable the avoidedemissionsrdquo Ibid43 Les eacutemissions totales de GES y compris celles issues duchangement drsquoaffectation des terres ont atteint 553 Gt CO2e en2018 375 GtCO2e pour le carbone seul laquo Emissions Gap Report2019 ndash Executive Summaryraquo United Nations EnvironmentProgramme 2019 p IV consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

44 Cette estimation implique que les eacutemissions globales auraient eacuteteacutede 57435 Gt sans lrsquoeacutevitement de 2135 Gt (553+2135)45 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 10

37

Ratio 21

Eacutemissions de GES eacuteviteacutees potentielles gracircce aux technologies numeacuteriques en 2018

Empreinte carbone (CO2e) estimeacutee du numeacuterique en2015

Part des opeacuterateurs mobiles

2 135 Mt

1 100 Mt 220 Mt

Ratio 101Ratio utiliseacute par le rapportGSMA

Fig 13 ndash Explication du ratio 101 minimisation delrsquoempreinte de deacutepart et revendication de toutes leseacutemissions eacuteviteacuteespotentielles

MeacutethodologieIl est maintenant neacutecessaire de comprendrecomment sont calculeacutees les eacutemissions eacuteviteacutees agravehauteur de 2 135 MtCO2e Le rapport se base surun eacutechantillon de 14 pays pour ensuite extrapoler agravelrsquoeacutechelle globale Le continent europeacuteen estrepreacutesenteacute par la France le Royaume-UnilrsquoEspagne lrsquoAllemagne le continent africain estrepreacutesenteacute par le Kenya lrsquoEacutegypte lrsquoAfrique dusud le continent asiatique est repreacutesenteacute par laCoreacutee du sud la Chine lrsquoInde le continentameacutericain est repreacutesenteacute par le Breacutesil leMexique les Eacutetats-Unis le continent oceacuteanien estrepreacutesenteacute par lrsquoAustralie

Pour mieux qualifier les changements decomportement lieacutes aux smartphones Carbon Trusta commandeacute une eacutetude globale visant uneacutechantillon de plus de 6 000 utilisateurs desmartphones au Royaume-Uni en Chine en Indeaux Eacutetats-Unis au Mexique au Breacutesil et en Afriquedu sud soit la moitieacute des pays de lrsquoeacutechantillongeacuteneacuteral

Carbon Trust et la GSMA identifient six cateacutegoriesougrave les eacutemissions peuvent ecirctre eacuteviteacutees le secteurdu bacircti reacutesidentiel et tertiaire (Smart Buildings)celui de lrsquoeacutenergie (Smart Energy) un secteurtransverse du travail vie quotidienne et santeacute

(Smart Living Working and Health) le secteur destransports et des villes intelligentes (SmartTransport and Cities) le secteur de lrsquoagriculture(Smart Agriculture) et finalement le secteur delrsquoindustrie (Smart Manufacturing) Ces sixcateacutegories principales se divisent ensuite en 33sous-cateacutegories que nous allons eacutetudier par lasuite

Dans un deuxiegraveme temps les auteurs estimentqursquoil y a deux types drsquoeacutevitement possibles lesconnexions entre machines (M2M) qui ont plus traitagrave lrsquoaugmentation de lrsquoefficaciteacute et de lrsquooptimisationet les changements de comportement individuelnotamment lieacutes agrave lrsquousage des smartphones

En additionnant les deux types drsquoeacutevitementpossibles le rapport conclut que le secteur SmartLiving Working and Health repreacutesente 39 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircce au numeacuterique(833 Mt) le secteur Smart Transport and Citiesrepreacutesente quant agrave lui 30 (640 Mt) le secteurSmart Manufacturing 11 (235 Mt) le secteurSmart Buildings 10 (214 Mt) le secteur SmartEnergy 7 (149 Mt) et le secteur SmartAgriculture 3 (64 Mt)46 Nous pouvonsmaintenant analyser en deacutetail les hypothegraveses et lescalculs dans chacun de ces secteurs

46 Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact of mobilecommunications technologies on carbon emission reductions raquoGSMA 2019 p 16

38

640 Mt 235 Mt 214 Mt

149 Mt

64 Mt

833 Mt

Smart Living Working and Health

Smart Transport and Cities

SmartIndustry

SmartBuildings

SmartEnergy

SmartAgriculture

2 135 Mt

Fig 14 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2018 selon laquoEnablementEffectraquo par la GSMA Carbon Trust

39

Smart Buildings

Le secteur Smart Buildings couvre le bacirctireacutesidentiel commercial public ainsi que lesservices qui y sont lieacutes Les eacutemissions de GESlieacutees agrave la construction ne sont pas comptabiliseacuteesdans ce secteur Lrsquoempreinte de ce secteurintegravegre la consommation drsquoeacutenergie finaleprincipalement le chauffage et la consommationdrsquoeacutelectriciteacute

Les auteurs du rapport suggegraverent que lestechnologies mobiles peuvent faciliter la reacuteductiondes eacutemissions du secteur car celles-ci permettentdes ameacuteliorations concernant lrsquoefficaciteacuteeacutenergeacutetique et des changements decomportement reacuteduisant la consommation de gazet drsquoeacutelectriciteacute Les technologies citeacutees commeexemple sont les systegravemes informatiques degestion technique des bacirctiments (BuildingManagement Systems) les compteurs intelligentset les systegravemes de controcircle de chauffage deventilation et de climatisation (HVAC) Les auteursavancent que les connexions entre capteurs etsystegravemes de controcircle (M2M) permettraient dereacuteguler automatiquement la tempeacuterature laventilation la climatisation en fonction de latempeacuterature inteacuterieure et de lrsquooccupation Cetteautomatisation permettrait alors une optimisationde consommation drsquoeacutenergie Lrsquoeacutevitement potentielest estimeacute agrave 103 Mt CO2e en 2018 soit la moitieacutedes eacutemissions eacuteviteacutees potentielles dans cesecteur47 Les Smart Buildingsrepreacutesenteraient 10 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

De faccedilon globale le rapport indique que lestechnologies mobiles aideraient le secteur du bacirctireacutesidentiel et tertiaire agrave reacuteduire sa consommationdrsquoeacutenergie et donc ses eacutemissions de GES mecircmedans les pays ougrave moins de capital est disponiblepour des bacirctiments agrave haute efficaciteacute eacutenergeacutetiqueUne eacutetude de cas est preacutesenteacutee pour deacutemontrerles effets possibles Telefonica a eacutequipeacute un hocirctelde capteurs et drsquoun systegraveme de controcircle pourreacuteguler la climatisation et le chauffageLrsquooptimisation permise par ce systegraveme auraitreacuteduit la consommation drsquoeacutelectriciteacute de lrsquohocirctel de1248

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartBuildings

Compteurs intelligents

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -143

Reacuteduction de la consommationde gaz du bacircti commercial -7

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du reacutesidentiel -3

Systegravemes intelligents de chauffage ventilation climatisation

Reacuteduction de la consommationeacutelectrique du bacircti commercial -25

40

du secteur Entre 2017 et 2018 lrsquointensiteacuteeacutenergeacutetique du chauffage lrsquoeacutenergie neacutecessairepour chauffer un m2 et lrsquoeacuteclairage se sontameacutelioreacutes respectivement agrave -2 et -1451 Lanouvelle eacutedition du rapport des Nations Unies de2020 montre que les eacutemissions nrsquoont que peuaugmenteacute entre 2018 et 2019 par contre laconsommation drsquoeacutenergie a encore augmenteacute Latendance srsquoest poursuivie alors que la croissancedu secteur srsquoeacutetait ralentie agrave 2652 La politique laplus importante pour reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions du secteur restelrsquoisolation thermique devant lrsquoameacutelioration duchauffageclimatisation et lrsquoefficaciteacute deseacutequipements domestiques On peut conclure defaccedilon preacuteliminaire que les effets de lanumeacuterisation ne sont pas visibles au niveaumacroscopique soit parce qursquoils ne sont pasassez importants pour contrebalancer lacroissance du secteur soit parce que la moyenneglobale cache les ameacuteliorations permises dansdes pays plus numeacuteriseacutes soit parce que les

eacutemissions eacuteviteacutees sont surestimeacutees soit les troisagrave la fois avec des variabiliteacutes diffeacuterentes

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleAfin de mieux observer le pheacutenomegravenedrsquoeacutevitement il est neacutecessaire drsquoeacutetendre larecherche aux pays preacutesents dans lrsquoeacutechantillon durapport de la GSMA LrsquoUnion Europeacuteenne fournitune base de donneacutees permettant drsquoobserver lavariation des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 201753 nous pouvons retenir cet intervalle car ilcorrespond agrave peu pregraves au deacuteveloppement dusecteur numeacuterique notamment avec lrsquoarriveacuteemassive des smartphones agrave partir de 2007 Cettebase de donneacutees sera utiliseacutee degraves que possibletout au long de cette eacutetude Il est important denoter que ces donneacutees sont en CO2 fossile et nonpas en eacutequivalent carbone nous les utilisonsuniquement pour observer une possibletendance

Eacutevolutionde

lacroissan

cede

puis20

10

2010 2005 2013 20142005 2015 2016 2017 2018 2019

0

5

10

15

20

25

-5

Source UNEP 2020 Global Status Report forBuildings and Construction IEA (2020b)Energy Technology Perspectives 2020

Eacutemissions Superfice habitable Eacutenergie Population

Fig 15 ndash Variation des facteurs drsquoeacutevolution de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions du secteurlaquoBacircti raquo entre 2010 et 2019

41

La diffeacuterence de variation peut ecirctre expliqueacutee pardiffeacuterents facteurs Le plus important est lameacuteteacuteo des hivers doux reacuteduisent lrsquousage duchauffage et donc les eacutemissions de GES dusecteur Des eacuteteacutes de plus en plus chauds vontaccroicirctre lrsquousage de la climatisation et leseacutemissions de GES qui y sont lieacutees Ensuite lespays en train de srsquourbaniser rapidementaugmentent aussi leur consommation drsquoeacutenergie etleurs eacutemissions plus de surface habitableconstruite induit plus de surface agrave chauffer ou agraverefroidir En ce sens lrsquoaugmentation de lapopulation est un facteur agrave prendre en comptemais complexe agrave analyser Le niveau denumeacuterisation semble ecirctre un facteur moinsimportant pour expliquer la variation un paysfortement numeacuteriseacute mais subissant des eacuteteacutes deplus en plus chauds comme lrsquoAustralie aaugmenteacute ses eacutemissions de 18 entre 2005 et2017 Un autre pays tregraves numeacuteriseacute mais plusfroid comme la Coreacutee du sud a reacuteduit seseacutemissions de 14 sur la mecircme peacuteriode Il sembleeacutevident que de nombreux progregraves ont permis de

reacuteduire les eacutemissions lieacutees au chauffage du bacirctiPar contre il paraicirct impossible de savoir dansquelle mesure la reacuteduction des eacutemissions est dueagrave une optimisation permise par le numeacuterique parrapport agrave une strateacutegie mieux comptabiliseacuteecomme lrsquoisolation thermique

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 le secteur du reacutesidentiel et du tertiaireen UE28 repreacutesentait 691 MtCO2e et en 2018568 MtCO2 soit 123 Mt en moins en 12 ans54 Lerapport de la GSMA estime que la numeacuterisationaurait eacuteviteacute 278 MtCO2e en 2018 dans cesecteur55 Cette estimation ne paraicirct pascoheacuterente par rapport agrave la tendance observeacuteeentre 2005 et 2017 en Europe car lrsquoeacutevitementannonceacute est trop eacuteleveacute par rapport agrave unereacuteduction annuelle moyenne de 10 Mt et parceque la numeacuterisation est un facteur marginal pourla reacuteduction des eacutemissions de ce secteur Leschiffres de la GSMA reposent sur deshypothegraveses trop optimistes pour qursquoellessoient aligneacutees avec lrsquoeacutevolution des eacutemissionsdans une zone pourtant fortement numeacuteriseacuteecomme lrsquoUE28

ConclusionBien qursquoune optimisation gracircce agrave un systegravemenumeacuterique soit visible au cas par cas il nesemble pas que cela soit un facteur dereacuteduction absolue des eacutemissions lrsquousagecroissant de la climatisation reste un problegraveme etle meilleur facteur drsquoefficaciteacute dans ce secteurreste majoritairement lrsquoisolation thermique Lessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoutilisationde la climatisation pourraient avoir un effetpotentiellement tregraves positif De mecircme dessystegravemes numeacuteriques visant agrave reacuteduire lrsquoeacutetalementurbain auraient potentiellement de larges impactspositifs Agrave premiegravere vue il ne semble pas que cetype de services existe

Eacutevolution des eacutemissions de CO2 fossile entre 2005et 2017 dans le secteur Smart Buildings

France -28

Royaume-Uni -28

Espagne -9

Allemagne -17

Kenya +55

Eacutegypte +16

Afrique du sud +19

Coreacutee du sud -14

Chine +40

Inde +41

Breacutesil +8

Mexique +5

Eacutetats-Unis -10

Australie +18

42

Smart Energy

Le secteur Smart Energy integravegre la productiondrsquoeacutelectriciteacute la geacuteneacuteration de chaleur et tous lesusages non-eacutelectriques du secteur Cela nrsquointegravegrepas la consommation drsquoeacutenergie lieacutee au transport(consommation drsquoessence keacuterosegravene etc)

Le rapport suggegravere que la numeacuterisation peutrendre la distribution drsquoeacutelectriciteacute plus efficace etacceacuteleacuterer le deacuteploiement des eacutenergiesrenouvelables et leur pilotage Cela seraitnotamment permis par la communication demachine-agrave-machine (M2M) et la possibiliteacute deconnecter des petits reacuteseaux au reacuteseau nationalLe rapport met en avant que les technologiesmobiles permettent de creacuteer des reacuteseauxdrsquoeacutenergie distribueacutes drsquoautant plus importants pourles pays eacutemergents qui voient leur demandedrsquoeacutenergie augmenter rapidement Lrsquoeacutetude de caspreacutesenteacutee deacutecrit un systegraveme de panneauxphotovoltaiumlques et de lampes LED loueacute agrave desfoyers sans accegraves au reacuteseau eacutelectrique geacuteneacuteralLe systegraveme est loueacute agrave hauteur de 045$ par jouravec un paiement initial de 33$ Ce paiement estpossible via un service mobile GSMM2MLrsquoutilisation du systegraveme aurait reacuteduit lrsquoutilisationdes geacuteneacuteratrices de keacuterosegravene et les coucirctsassocieacutes agrave hauteur de 750$ par an et par foyer56La Smart Energy repreacutesenterait 7 deseacutemissions eacuteviteacutees potentielles selon la GSMA

HypothegravesesLes reacuteseaux intelligents (Smart grids) facilitent lacharge des veacutehicules eacutelectriques favorisant ainsile changement des veacutehicules thermiques vers lesmodegraveles eacutelectriques La connexion entremachines (M2M) facilite le deacuteploiement depanneaux solaires et leur interconnexion aureacuteseau Il est fait lrsquohypothegravese que 30 du parcphotovoltaiumlque peut ecirctre piloteacute agrave distance gracircceaux reacuteseaux teacuteleacutecom leur attribuant ainsi lareacuteduction drsquoeacutemissions obtenues La mecircmehypothegravese est faite avec le parc eacuteolien avec untaux drsquoattribution de 5 Il est finalement estimeacuteque 100 du reacuteseau eacutelectrique sera smart drsquoici2050 permettant ainsi de reacuteduire les pertesdrsquoeacutenergie lieacutees agrave la transmission et agrave ladistribution eacutelectrique de 75

Observations macroscopiquesLa premiegravere partie du preacutesent rapport intituleacutelaquo Point drsquoeacutetape planeacutetaire raquo traite largement delrsquoeacutevolution du mix eacutenergeacutetique au niveau mondialLe secteur Smart Energy est le premier secteurmondial en termes drsquoeacutemissions de GES57 Pourrappel entre 2014 et 2019 la consommationdrsquoeacutenergie issue du charbon a reacuteduit de 03 auniveau mondial Par contre sur la mecircme peacuteriodela consommation de peacutetrole a augmenteacute de 14celle du gaz de 3 et celles des eacutenergies non-renouvelables de 119 La consommationdrsquoeacutenergie augmente donc globalement Un desfacteurs deacuteterminants de la croissance des EnRest lrsquoaugmentation de lrsquoinvestissement par lesgouvernements et les acteurs priveacutes Il estextrecircmement complexe de deacuteterminer dansquelle proportion la hausse des EnR est lieacutee audeacuteveloppement des reacuteseaux deteacuteleacutecommunication (M2M etc)

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant de regarder depossibles effets agrave lrsquoeacutechelle nationale Il est difficiledrsquoobtenir les eacutemissions globales du secteur delrsquoeacutenergie pour chaque pays nous pouvons nousconcentrer sur les eacutemissions lieacutees agrave la productiondrsquoeacutelectriciteacute Celle-ci repreacutesente geacuteneacuteralement

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartEnergy

Pilotage agrave distance via reacuteseaux telecom

Deacuteveloppement du parcphotovoltaiumlque 30

Deacuteveloppement du parc eacuteolien 5

Reacuteseaux drsquoeacutenergie intelligents

Reacuteduction des pertes drsquoeacutenergielieacutees agrave la transmission et dedistribution eacutelectrique

-75

43

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 de laproduction drsquoeacutelectriciteacute (geacuteneacuteration de chaleur etusages non-eacutelectriques exclus)

France -42

Royaume-Uni -28

Espagne -27

Allemagne -7

Kenya -19

Eacutegypte +75

Afrique du sud +15

Coreacutee du sud +54

Chine +77

Inde +107

Breacutesil +147

Mexique +10

Eacutetats-Unis -23

Australie -6

une grande partie des eacutemissions du secteur etpeut-ecirctre dans une certaine mesurerepreacutesentative de lrsquoeacutevolution globale du secteur

Une nouvelle fois il est tregraves complexe deconclure sur la pertinence des technologiesnumeacuteriques dans la transformation du secteur delrsquoeacutenergie Le choix du mix eacutenergeacutetique de chaquepays deacutepend de nombreux facteurs impossibles agraveisoler Lrsquoaugmentation des eacutemissions estgeacuteneacuteralement correacuteleacutee agrave lrsquointeacutegration de nouvelleseacutenergies fossiles au mix comme le charbon pourlrsquoInde et la Chine ou le peacutetrole pour le Breacutesil Lespays dont les eacutemissions se reacuteduisent sont despays moins industrialiseacutes et avec un largeinvestissement des pouvoirs publics dans leseacutenergies bas-carbone (incluant le nucleacuteaire)

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de gaz agrave effet de serre dusecteur de lrsquoeacutenergie dans lrsquoUE28 eacutetaient de 171GtCO2e puis de 126 GtCO2e en 2017 soit unebaisse de 450 MtCO2e en 12 ans Sachant quecela correspond agrave une reacuteduction 375 Mt enmoyenne par an le rapport de la GSMA estimeque le numeacuterique aurait eacuteviteacute 198 Mt danslrsquoUnion Europeacuteenne Le chiffre de la GSMArepreacutesenterait alors plus de la moitieacute de lareacuteduction annuelle de la zone Europe Est-ce queles technologies numeacuteriques seraient

responsables drsquoautant drsquoeacutevitement et est-ceqursquoelles peuvent ecirctre deacutesigneacutees comme un desfacteurs principaux du deacuteveloppement des EnR

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationSi certaines technologies rendent plus efficaces latransformation et la distribution drsquoeacutenergienotamment renouvelable cela peut aussisrsquoappliquer aux eacutenergies fossiles Il serait alorsinteacuteressant de deacuteterminer lrsquoeffet laquo drsquoactivation raquodes technologies numeacuteriques sur le secteurcharbon gaz peacutetrole De nombreuses grandesentreprises du numeacuterique sont connues pourfournir des services drsquooptimisation et drsquoefficaciteacute(cloud machine learning IA) agrave des entreprisespeacutetroliegraveres Neacuteanmoins les technologiesnumeacuteriques ont un rocircle agrave jouer dans latransformation du secteur de lrsquoeacutenergie Ladeacutecarbonation aura un reacuteel effet seulement sila demande drsquoeacutenergie baisse rapidementAlors les systegravemes numeacuteriques qui visentconcregravetement agrave reacuteduire la demande drsquoeacutenergieglobale vont ecirctre importants Piloter un reacuteseaudistribueacute drsquoeacutenergies intermittentes va aussineacutecessiter lrsquointeacutegration de systegravemes numeacuteriquesouverts auditables et eux-mecircmes distribueacutes

44

Smart Living Working and Health

Les auteurs du rapport structurent une cateacutegorieautour de nombreux pheacutenomegravenes et activiteacutesheacuteteacuterogegravenes qui ne correspondent pas agrave unecateacutegorie officielle de calcul des eacutemissions deGES Cette cateacutegorie regroupe cinq activiteacutes quipermettraient drsquoeacuteviter des eacutemissions lecommerce en ligne les services bancaires enligne les appels videacuteo avec les amis et la familleles confeacuterences en ligne audio le partagedrsquohabitations Ces activiteacutes compteraient pour39 des eacutemissions eacuteviteacutees potentielles gracircceau numeacuterique Selon la GSMA les activiteacutespreacutesenteacutees sont relieacutees agrave lrsquousage massif dessmartphones pour acceacuteder agrave diffeacuterents services etmodifier certains comportements et usages Undes plus gros gains estimeacutes dans ce laquo secteur raquoest lrsquoeacutevitement de trajets toutes distancesconfondues trajet agrave la banque confeacuterences etseacuteminaires dans drsquoautres villes voyagesfamiliaux etc Le second gain estimeacute est lieacute agravelrsquoeacuteconomie du laquo partage raquo partage drsquohabitationsdrsquoobjets et divers biens En lrsquooccurrence lepartage drsquohabitations repreacutesente la plusgrande part drsquoeacutemissions eacuteviteacutees selon lerapport (104 sur les 39 du laquo secteur raquo)58

Concernant les activiteacutes professionnelles lestechnologies numeacuteriques permettent de faire duteacuteleacutetravail et ainsi de reacuteduire les deacuteplacementsles surfaces de bureaux et la consommationdrsquoeacutenergie qui y est lieacutee Dans les activiteacutes desanteacute lrsquoutilisation de smartphones permettrait dereacuteduire les visites agrave lrsquohocircpital en ayant accegraves agrave uneconsultation en ligne De plus les patientspeuvent ecirctre suivis agrave distance gracircce agrave descapteurs remontant des donneacutees directement auxsystegravemes de suivi deacutedieacutes dans les hocircpitaux

Plusieurs exemples sont preacutesenteacutes sur leteacuteleacutetravail Le gouvernement de lrsquoUtah auraitreacuteduit ses eacutemissions de 13 tCO2e par mois et sescoucircts fonciers en permettant le teacuteleacutetravail pourses employeacutes De mecircme Dell estime que leteacuteleacutetravail a reacuteduit lrsquoempreinte annuelle de sesemployeacutes de 1 tCO2e Xerox aurait reacuteduit de40 894 tCO2e ses eacutemissions en 2014 enpermettant agrave 8000 employeacutes de travailler agravedistance59 Dans le volet santeacute deux eacutetudes decas sont preacutesenteacutees Hello Doctor un service deconsultation meacutedicale en ligne sud-africain mais

aucune estimation de reacuteduction des eacutemissionsnrsquoest proposeacutee Le reacuteseau teacuteleacutecom du NHS estaussi mis en avant car il permet la prise derendez-vous la prescription drsquoordonnances enligne et diffeacuterents services de videacuteo-confeacuterenceCette mise en reacuteseau aurait permis de reacuteduire leseacutemissions du NHS de 2 100 tCO2e gracircce agrave lareacuteduction des trajets60

HypothegravesesLes calculs drsquoeacutevitement sont baseacutes en grandepartie sur le sondage de plus de 6000 participantsmis en place pour le rapport Concernant lesconfeacuterences en ligne audio si les participantsdeacuteclarent utiliser ce service alors on suppose quecela remplace un trajet vers une reacuteunion enpreacutesentiel lrsquoeacutevitement est calculeacute agrave partir de ladistance moyenne entre le domicile et le lieu detravail et le type de transport utiliseacute Vis-agrave-vis desappels videacuteo en ligne avec les amis et la familleles participants ont deacuteclareacute srsquoils avaient des amisproches et de la famille agrave plus de deux heures dedistance et srsquoils faisaient des appels videacuteo enligne avec eux Il a eacuteteacute ensuite demandeacute auxparticipants combien de fois ils visitentphysiquement ces proches et par quel moyen detransport et si les smartphones nrsquoexistaient pascombien de fois ils iraient les voir La mecircmelogique est appliqueacutee aux services de banque enligne combien de fois les participants vont agrave labanque srsquoil y a un bureau agrave proximiteacute et combiende fois ils utilisent une application en ligne etcombien de fois la consultation en ligne remplaceun trajet agrave la banque locale Les mecircmesquestions ont eacuteteacute poseacutees pour le commerce enligne en inteacutegrant cette fois la visite en magasin

Ensuite il est estimeacute qursquoun smartphone sesubstitue agrave de nombreux autres appareils(baladeur console de jeu navigation GPS) etreacuteduit ainsi les eacutemissions lieacutees agrave tous lesappareils substitueacutes Un eacutevitement a aussi eacuteteacutecalculeacute en estimant le partage drsquoobjets(perceuses tondeuses etc) permis par lenumeacuterique et reacuteduisant les eacutemissions lieacutees agravelrsquoachat de ce type drsquoeacutequipements

Il est fait lrsquohypothegravese que le suivi des patients agravedistance reacuteduit le nombre de nuits agrave lrsquohocircpitaldonc le nombre de trajets jusqursquoagrave celui-ci Il est

45

estimeacute que la teacuteleacutemeacutedecine reacuteduirait de 45 lesadmissions agrave lrsquohocircpital au Royaume-Uni 4175aux Eacutetats-Unis 495 en France

Dans la sphegravere domestique il est suggeacutereacute que lecontrocircle des appareils domestiques via un

smartphone (thermostat etc) reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie agrave hauteur de 125Finalement les smartphones permettraient detravailler agrave distance et donc de reacuteduire lesbesoins de trajets professionnels La mecircmelogique de calcul pour la banque et le commerceen ligne est appliqueacutee La consommationdrsquoeacutenergie lieacutee au chauffage de la maison et auxeacutequipements eacutelectroniques domestiques estreacuteinteacutegreacutee pour comparer aux gains drsquoeacutenergie lieacutesagrave lrsquoabsence de trajet vers le lieu de travail 20Wde puissance eacutelectrique additionnelle pendant 8heures par jour 15 kW pour le chauffage climatisation pendant 8 heures (pendant 6 moispar an)

Observations geacuteneacuteralesLe caractegravere heacuteteacuterogegravene des activiteacutes preacutesenteacuteesdans cette section ne permet pas de faire unecomparaison macroscopique Le secteur preacutesenteacuteici nrsquoest pas compatible avec une cateacutegoriepreacutecise de calcul des eacutemissions de GES auniveau international Nous pouvons toutefoisreprendre les eacutetudes de cas preacutesenteacutees pourmieux les comprendre et les remettre enperspective Par exemple Dell aurait reacuteduit seseacutemissions de 9 800 tCO2e gracircce agrave sonprogramme de teacuteleacutetravail Si on reporte cela agrave seseacutemissions internes (scope 1 et 2) celarepreacutesenterait une baisse de 32 de seseacutemissions Ce type de reacuteduction est plutocirctencourageante notamment dans un pays commeles Eacutetats-Unis ougrave les trajets domicile-lieu detravail sont plus eacuteleveacutes et eacutemetteurs de carboneToutefois si on reporte cette reacuteduction auxeacutemissions globales de Dell (scope 1 2 et 3)alors cela repreacutesente une reacuteduction de00661 Dans le cas du National Health System(NHS) le systegraveme informatique connecteacuteaurait permis drsquoeacuteviter 50 000 tCO2e etdrsquoeacuteconomiser 926 millions de livres sterling enpresque 10 ans Ces eacutemissions eacuteviteacuteesrepreacutesenteraient 025 de lrsquoempreinte totaledu NHS62

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartLiving Working and Health

Massification de lrsquousage des smartphones

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee aupartage drsquohabitation (AirBnBCouchSurfing etc) (en MtCO2e)

-2215

Reacuteduction des eacutemissions destrajets lieacutee aux confeacuterences enligne audio (en MtCO2e)

-2037

Reacuteduction des eacutemissions desdeacuteplacements personnels gracircceaux appels videacuteo (en MtCO2e)

-1492

Reacuteduction des eacutemissions destrajets agrave la banque gracircce agrave labanque en ligne (en MtCO2e)

-485

Reacuteduction des eacutemissions destrajets gracircce au commerce enligne (en MtCO2e)

-1043

Substitution et partage des eacutequipements gracircce ausmartphone

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravelrsquoeacuteconomie de partage viaapplication (en MtCO2e)

-28

Reacuteduction des eacutemissions lieacutee agravela baisse drsquoachat drsquoeacutequipementseacutelectroniques gracircce au multi-fonctions drsquoun smartphone(reacuteveil baladeur etc) (enMtCO2e)

-75

Teacuteleacutemeacutedecine

Reacuteduction des admissions agravelrsquohocircpital gracircce agrave la teacuteleacutemeacutedecine(UK USA FR)

Moy -454

Domestique

Reacuteduction drsquoeacutenergie gracircce ausmart thermostat -125

Reacuteduction des eacutemissions leacutee auteacuteleacutetravail (en MtCO2e)

-47

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

46

Concernant le partage drsquohabitation il estneacutecessaire de diffeacuterencer les diffeacuterents types deservices gratuits (Couchsurfing Warm Showers)les services reacuteciproques (Home Exchange MyTwin Place etc) et les locations (Airbnb) Leseffets de ces services sont rarement eacutetudieacutesmecircme pour le cas drsquoAirbnb Lrsquoentreprise avanceque la location drsquoun domicile permet de reacuteduire laconsommation drsquoeau drsquoeacutenergie et drsquoeacutemissionspar rapport agrave un hocirctel Toutefois de nombreuxeffets rebond sont envisageacutes face agrave lrsquoexpansiondrsquoAirbnb lrsquoaugmentation des voyagestouristiques due agrave un prix de seacutejour moins cher ledeacuteplacement des logements des habitants usuelsvers la peacuteripheacuterie face agrave la monteacutee de loyersetc63 Mecircme srsquoil nrsquoest aujourdrsquohui pas possiblede connaicirctre lrsquoimpact environnemental reacuteeldrsquoun service comme Airbnb les autres typesde partage semblent moins enclins aux effetsrebond

Lrsquoimpact du teacuteleacutetravail sur la consommationdrsquoeacutenergie et les eacutemissions de GES a faitreacutecemment lrsquoobjet drsquoune eacutetude systeacutematique de lapart de Hook et al Sur 9000 articles publieacutesseulement 39 eacutetudes ont eacuteteacute jugeacutees pertinentes etsuffisamment structureacutees pour une analysepousseacutee Parmi les 39 eacutetudes 26 indiquent que leteacuteleacutetravail cause une reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie 8 indiquent une augmentation Laprincipale cause de reacuteduction de la demandedrsquoeacutenergie provient de la reacuteduction de la distanceparcourue en veacutehicule chaque semaine Les 26articles indiquant une reacuteduction suggegraverent que lareacuteduction de la demande drsquoeacutenergie pourrait allerjusqursquoagrave 20 voire plus si les bureaux reacuteduisentleur demande drsquoeacutenergie Hook et al indiquenttoutefois que laquo les eacutetudes les plus rigoureuses etavec un peacuterimegravetre drsquoanalyse plus large preacutesententdes reacutesultats plus ambigus raquo64 Quand les eacutetudesintegravegrent les impacts additionnels comme lestrajets hors travail ou la consommation drsquoeacutenergiedomestique les gains drsquoeacutenergie paraissent pluslimiteacutes Le teacuteleacutetravail pourrait accroicirctre la distanceentre domicile et lieu de travail et le teacuteleacutetravail agravemi-temps pourrait accroicirctre la consommationdrsquoeacutenergie nette Au final des gains nets drsquoeacutenergiepeuvent ecirctre deacutetermineacutes si le peacuterimegravetre drsquoanalyse

reste limiteacute LrsquoADEME estimait en 2020 que leteacuteleacutetravail repreacutesentait une eacuteconomie de 271kgCO2e en France et que les effets rebondreacuteduisaient cette eacuteconomie de 84 kgCO2e65 Ilest alors neacutecessaire drsquoecirctre prudent avant deconclure sur la porteacutee et les effets drsquoeacutechelle duteacuteleacutetravail sur la consommation drsquoeacutenergie et leseacutemissions de GES

Sur la question des confeacuterences en ligne Ong etal estiment dans une eacutetude de 2014 que lesfacteurs de comparaison sont la distanceparcourue la dureacutee de la confeacuterence et lestechnologies utiliseacutees Ils suggegraverent que lesconfeacuterences videacuteo repreacutesentent jusqursquoagrave 7 descoucircts eacutenergie carbone drsquoune confeacuterence enpreacutesentiel66 Les gains seraient moins importantspour les reacuteunions qui neacutecessitent de parcourir peude distance Les auteurs tracent des tendancesfutures ougrave les confeacuterences videacuteo repreacutesenteraientune part bien plus importante du trafic et estimentque les gains eacutenergie carbone seraient toujoursplus importants que le preacutesentiel Ong et alconcluent en rappelant que lrsquoefficaciteacute de la videacuteocomme moyen de communication par rapport aupreacutesentiel doit ecirctre eacutetudieacutee soigneusement pourmieux comprendre les gains possibles

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLe sondage reacutealiseacute agrave lrsquooccasion du rapport de laGSMA reste la source de donneacutees principale drsquoougravesont extrapoleacutees les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles Les questions du sondage semblenttrop restreintes pour comprendre reacuteellementlrsquoimpact des activiteacutes eacutetudieacutees Les hypothegravesesreacutesultantes partent du principe qursquoil y atoujours substitution et jamais empilementdes usages un appel videacuteo ne remplace pastoujours une visite chez sa famille et viceversa

Agrave deacutefaut de pouvoir avoir une perspectiveglobale les eacutetudes de cas preacutesenteacuteesmontrent que les technologies mobilesreacuteduisent de tregraves peu lrsquoempreinte carbone desinstitutions eacutetudieacutees Il semble encore trop tocirctpour conclure que le teacuteleacutetravail permet touteschoses eacutegales par ailleurs des reacuteductions ou des

47

augmentations de consommation drsquoeacutenergie Lesconfeacuterences en ligne repreacutesenteraient a priori unmeacutecanisme important de reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie et des eacutemissions lieacutees Ilfaut toutefois ecirctre vigilant agrave ne pas provoquer uneinflation des heures de confeacuterence en ligne quisurpasseraient agrave terme les heures de confeacuterenceen preacutesentiel autant pour des raisons de

consommation drsquoeacutenergie que pour la qualiteacute de lacommunication En conclusion lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique ne fait pas que remplacer desusages deacutejagrave existants il en modifie et enrajoute aussi de nombreux autres Il srsquoagitalors de les identifier et de les analyser autantdu point de vue environnemental que social

Chaicircnes modalesDautres trajets sont maintenus (creacuteche

eacutecole services )

Nouvelles mobilieacutesquotidiennes

Micro-shopping transfert de mobiliteacute duweek-end vers la semaine

RelocalisationEacuteloignement accru du domicile et du lieu

de travail

LogementAugmentation de la consommation

deacutenergie au domicile

Congestion routiegravere diminueacutee

Nouvelles mobiliteacutes longues

Bureau agrave la maison

Pouvoir dachat

Flexibiliteacute horaire (lissage de la mobiliteacutependulaire)

Eacutequipement informatique

Deacutemateacuterialisation de lentreprise

Teacuteleacutecentres et espaces de coworking

Extension de horizons professionnels

Vie quotidienne

Campus densifieacute

Virtualisation des relationsprofessionnelles

Bureau-On-DemandReacuteduction des surfaces occupeacutees par les

bureaux et diminution de laconsommation deacutenergie

Visio-confeacuterenceAugmentation du temps de reacuteunion

suppleacutementaire

Effet modal directOn prend moins son veacutehicule pendantun jour de teacuteleacutetravail reacuteduction de 30des impacts environnementaux lieacutes aux

trajets domicile-bureau

Effet principal

Effets rebond directsEffets rebond directs

Effets systeacutemiques

Effets non modeacutelisables aujourdhui

Effets peu significatifs agrave court terme

Source ADEME Eacutetude sur la caracteacuterisationdes effets rebond induits par le teacuteleacutetravailseptembre 2020

Fig 16 ndash Diffeacuterents effets rebond lieacute au teacuteleacutetravail

48

Smart Transport and Cities

Geacuteneacuteralement le secteur Smart Transport integravegreles eacutemissions de GES lieacutees au transport maritimeet fluvial le trafic aeacuterien national le transportferroviaire et le transport routier (veacutehiculesparticuliers utilitaires poids lourds deux roues)Le transport international aeacuterien commemaritime est calculeacute agrave part car il est difficilementattribuable agrave un pays preacutecis Le terme SmartCities ne correspond pas agrave une cateacutegorie decalcul des eacutemissions de GES et ne peut pas ecirctrecompareacute Son empreinte peut ecirctre reacutepartie entrela plupart des secteurs drsquoactiviteacute (constructionservices modes de vie etc)

Le rapport de la GSMA suggegravere que les reacuteseauxde teacuteleacutecommunication ameacuteliorent lrsquooptimisationdes itineacuteraires et les eacuteconomies de carburant etpeuvent aussi acceacuteleacuterer lrsquousage de points dechargement pour les veacutehicules eacutelectriques Lechiffrement de ce secteur estime que le plus grosfacteur drsquoeacutevitement est lrsquoameacutelioration ducomportement des conducteurs permise gracircceaux technologies de suivi et supervision duveacutehicule67 Les Smart Transport and Citiesrepreacutesenteraient 30 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Concernant les villes les auteurs du rapportconsidegraverent que les technologies decommunication peuvent ameacuteliorer la congestiondu trafic urbain et reacuteduire les eacutemissions desveacutehicules gracircce agrave un meilleur accegraves auxtransports publics permis par les applications desmartphones Par exemple gracircce agrave des capteurset un systegraveme de controcircle les feux designalisation peuvent ecirctre piloteacutes pour reacuteduire letemps drsquoattente des conducteurs

Diffeacuterentes eacutetudes de cas sont preacutesenteacuteescomme un service drsquoassistance et de capteursembarqueacutes sur poids-lourds pouvant reacuteduirejusqursquoagrave 15 la consommation de carburant gracircceagrave des conseils sur lrsquooptimisation du carburant lesstations-service et le positionnement GPS Unsystegraveme de gestion des places drsquoun parking et depaiement de la place est aussi preacutesenteacute commedonneacutee de chiffrage un service de reacuteservation detaxi-scooters en Suegravede ou encore un service de

location de veacutelo via application en Chine(Mobike)68

HypothegravesesUne premiegravere hypothegravese est formuleacutee concernantlrsquoautopartage Les membres drsquoun servicedrsquoautopartage reacuteduiraient leur nombre dekilomegravetres parcourus compareacutes agrave celui despossesseurs de veacutehicule individuel Lrsquohypothegravesedrsquoeacutevitement de kilomegravetres parcourus etdrsquoeacutemissions nrsquoest pas exprimeacutee clairement Laseconde hypothegravese concerne lrsquoameacutelioration du

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartTransport and Cities

Smart Transport

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautopartage (enMtCO2e)

-12

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce agravelrsquoameacutelioration du comportementde conduite gracircce auxtechnologies mobiles

-10

Reacuteduction de la consommationde carburant gracircce auxapplications de navigation

-19

Reacuteduction des eacutemissions deGES du commerce maritimegracircce aux communication M2M

-2

Reacuteduction des eacutemissions deGES du transport routier gracircceaux communication M2M

-5

Smart Cities

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce aux systegravemesintelligents de gestion du trafic

-85~10

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave la meilleureaccessibiliteacute des transportspublics via app (en MtCO2e)

-148

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoaccegraves agrave desservices mobiles de location deveacutelos

-306

Hypothegraveses issues drsquoun questionnaire en ligne dela GSMA compleacuteteacute un eacutechantillon de 6100personnes

49

comportement des conducteurs gracircce auxtechnologies mobiles Ces derniegraveres reacuteduiraient laconsommation de carburant pour les voitures lessemis et les poids lourds de 10 Le rapport faitlrsquohypothegravese que les applications de navigation(Google Maps Waze etc) reacuteduisent laconsommation de carburant de 19 Lesapplications de service de transport (Uber Lyftetc) et de covoiturage sont aussi inteacutegreacutees sansfournir de chiffres preacutecis Il est estimeacute aussi queles communications M2M permettraient dereacuteduire les eacutemissions de GES du commercemaritime de 2 Le suivi des flottes de poidslourds permettrait des reacuteductions deconsommation de carburant agrave hauteur de 5Une optimisation du chargement des camionsgracircce agrave des systegravemes de suivi et de controcirclepermettrait de reacuteduire de 2 la consommation decarburant Lrsquoeacutevitement attendu des systegravemes decontrocircle du trafic nrsquoest pas clairement formuleacutehorsmis quelques donneacutees des services de laville de Londres Il est fait lrsquohypothegravese que lessystegravemes intelligents de gestion du trafic (feuxsignalisation) reacuteduiraient de 10 les eacutemissions deGES en Europe et 85 aux USA Lrsquoeacutevitementdes eacutemissions permis par lrsquoaccessibiliteacute destransports publics via application est calculeacutee par

les reacuteponses agrave un sondage de 6 115 personnescommandeacute par la GSMA en estimant qursquounvoyage en transport public remplace un voyageen voiture (et ne se cumule pas) De mecircmelrsquoeacutevitement permis par les services de location deveacutelos est calculeacute depuis le sondage de la GSMA

Observations macroscopiquesLe secteur des transports nrsquoa jamais cesseacute decroicirctre depuis les anneacutees 50 agrave lrsquoexception delrsquoanneacutee 2020 Toutes les strateacutegies de reacuteductionet drsquoatteacutenuation des eacutemissions ont eacuteteacute largementcontrecarreacutees jusqursquoagrave preacutesent Il est aujourdrsquohui ledeuxiegraveme secteur le plus important en termesdrsquoeacutemissions de GES Drsquoapregraves le GIEC le secteurdes transports aurait eacuteteacute responsable de 7GtCO2e en 2010 soit 23 des eacutemissions de CO2mondiales Le groupe de travail du GIEC insistesur le fait que sans mesures fortes les eacutemissionsdu secteur pourraient atteindre 12 GtCO2e drsquoici2050 Les donneacutees plus reacutecentes de lrsquoUnionEuropeacuteenne montrent que les eacutemissions deCO2 fossile du secteur ont augmenteacute de 21entre 2005 et 2017 agrave lrsquoeacutechelle mondiale letransport international de +18 le traficaeacuterien international de +2969

1

2

1970 1975 1980 19901985 1995

Train

7 GtCO2e an

47 GtCO2e an

28 GtCO2e an

Transport routier

Aviation domestique

Fret maritime cocirctier et international

Pipeline etc

Flotte domestique

HFC et N2O indirect

Aviation internationale

2000 2005 20100

3

4

5

6

7

8

Eacutemission

sde

gazagraveeffetd

eserre(GtCO

2ea

n)

Note Les eacutemissions indirectes de la production dedessence de la fabrication des veacutehicules de laconstruction des infrastructures etc ne sont pas inclues

Source IPCC IEA (2012a) JRC PBL (2013)

191

926

410

652

216 238160

7206

Fig 17 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES par type detransport entre 1970 et 2010

50

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleLes eacutemissions de CO2 fossile de lrsquoeacutechantillonpreacutesenteacute par la GSMA montrent une tendancequasi-geacuteneacuterale drsquoaugmentation des eacutemissions agravelrsquoexception des baisses observables en Espagneet au Royaume-Uni Il ne semble pas y avoir decorreacutelation entre taux de numeacuterisation despays et eacutevolution des eacutemissions lieacutees autransport Par exemple les eacutemissions sud-coreacuteennes ont augmenteacute de 17 en 12 ans Surune peacuteriode plus large de 1990 agrave 2017 leseacutemissions du secteur ont mecircme eacuteteacute multiplieacuteespar 28 Drsquoapregraves le gouvernement sud-coreacuteencela serait ducirc au nombre de veacutehicules encirculation (x66 entre 1990 et 2017) agravelrsquoexpansion du transport de marchandises (x6 surla mecircme peacuteriode) et lrsquoexpansion du reacuteseauroutier70

La baisse des eacutemissions du Royaume-Uni est agraverelativiser les eacutemissions lieacutees au transportdomestique sont quasiment inchangeacutees depuis2010 (1245 MtCO2e en 2010 1244 MtCO2e en201871) En fait entre 1990 et 2018 ces mecircmeseacutemissions nrsquoont baisseacute que de 3 Le mecircmepheacutenomegravene est observable en Espagne Ilsemblerait que de nombreux pays aient connuleur pic drsquoeacutemissions du secteur vers 2007 ce qui

laisse apparaicirctre une forte baisse si on regardeuniquement les eacutemissions de 2005 agrave 2018 Enfait les eacutemissions des transports sont aujourdrsquohui

Eacutemissions de CO2 fossile entre 2005 et 2017 lieacuteesau transport

France -3

Royaume-Uni -16

Espagne -18

Allemagne +2

Kenya +212

Eacutegypte +89

Afrique du sud +23

Coreacutee du sud +17

Chine +104

Inde +141

Breacutesil +34

Mexique +19

Eacutetats-Unis -6

Australie +19

Eacutemissions nettes domestiques lieacutees au transport au R U (MtCO2e)

1995 1999 2000 2001 2002 2003 20041997 19981996 2005 2006 2007

1375 Mt (pic)1244 Mt

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

50

100

150

0

Source Ricardo-AEABEIS (NAEI)Office for National Statistics(Environmental Accounts)

Fig 18 ndash Eacutevolution des eacutemissions de GES lieacutees autransport au Royaume-Uni entre 1995 et 2018

51

sur un plateau depuis 2010 dans de nombreuxpays drsquoEurope

Si le numeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions deGES lieacutees au transport alors ce nrsquoestlargement pas suffisant pour contrebalancerla hausse du trafic et encore moins pour fairereacuteduire les eacutemissions agrave long terme De mecircmeun point drsquointention doit ecirctre souleveacute si lessystegravemes numeacuteriques permettent lrsquooptimisation etlrsquoefficaciteacute du transport de marchandises il estalors neacutecessaire de quantifier lrsquoaugmentationtotale de tonnes transporteacutees que cela engendreLrsquoexemple sud-coreacuteen nous montre un paysfortement numeacuteriseacute mais qui a augmenteacute lestonnes de marchandises transporteacutees par 6 entre1990 et 2017 Si le numeacuterique fluidifie lesecteur alors il permet son acceacuteleacuteration celadoit ecirctre alors quantifieacute pour que la deacutemarchecomptable preacutesenteacutee par la GSMA soitcoheacuterente

Veacuterification agrave lrsquoeacutechelle europeacuteenneEn 2005 les eacutemissions de GES des transports enUE28 eacutetaient de lrsquoordre de 979 MtCO2e En 2018elles eacutetaient de lrsquoordre de 946 MtCO2e soit unereacuteduction de 33 MtCO2e en 12 ans Le rapport dela GSMA estime que les technologies numeacuteriquesdans le secteur laquo Transport et Villesintelligentes raquo auraient eacuteviteacute 1277 MtCO2e danslrsquoUnion Europeacuteenne en 2018 Encore une foislrsquoeacutevitement annonceacute semble trop eacuteleveacute parrapport agrave la faible reacuteduction des eacutemissionsconstateacutee dans la zone En parallegravele lacroissance annuelle moyenne des veacutehicules encirculation en Europe entre 2000 et 2017 a eacuteteacute delrsquoordre de 1472 La quantiteacute drsquoeacutemissions eacuteviteacuteesde la GSMA impliquerait que la croissance duparc de veacutehicules ait eacuteteacute beaucoup plus forte poureacuteviter autant drsquoeacutemissions

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationIl semblerait donc que les estimations de laGSMA soient trop optimistes et ne soient pasveacuterifieacutees avec les donneacutees officielles disponiblesCette erreur semble largement due agravelrsquoextrapolation drsquoun sondage drsquoopinion de6100 reacutepondants pour estimer lrsquoeffet demeacutecanismes subjectifs changements decomportement globaux et influence desapplications De plus la meacutethodologie utiliseacutee

estime que des trajets via un mode detransport public remplacent des trajets enveacutehicule individuel alors que ces trajetspeuvent se cumuler en conditions reacuteelles

Selon lrsquoestimation de la GSMA certains usagescomme la reacuteservation de voitures avec chauffeur(ride-hailing type Uber ou Lyft) provoquent unehausse de la consommation de carburantToutefois certains usages semblent plusprometteurs comme le co-voituragelrsquooptimisation de la circulation routiegravere et lrsquoaccegravesfaciliteacute aux reacuteseaux de transport public Lesecteur des transports est complexe et est ameneacuteagrave changer rapidement pour rentrer dans lesaccords de Paris le nombre de veacutehiculespersonnels en circulation doit diminuer le poidsdes voitures doit diminuer ainsi que la proportionde veacutehicules tregraves eacutemetteurs comme les SUV etles transports publics doivent se deacutevelopperLrsquourbanisme et lrsquoimpleacutementation des commercesde proximiteacute doivent aussi ecirctre repenseacutes pourreacuteduire lrsquousage de la voiture Le numeacuterique peutavoir une influence positive sur nombre de cesfacteurs mais il reste difficile agrave deacuteterminercomment le numeacuterique peut eacuteviter lrsquoaugmentationde ces usages

52

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture repreacutesente une grande part deseacutemissions mondiales de GES Le secteur fait faceagrave de nombreux deacutefis lieacutes agrave lrsquoutilisation des terresagrave lrsquousage de fertilisants agrave lrsquoefficaciteacute dessystegravemes drsquoirrigation ou encore au gaspillagealimentaire Les auteurs du rapport GSMAestiment que les technologies mobiles pourraientpermettre aux agriculteurs de mieux geacuterer etsurveiller agrave distance lrsquoirrigation et la qualiteacute dessols Ce type drsquousages faciliterait agrave terme unegestion des sols plus efficaces la reacuteductiondrsquointrants chimiques et la reacuteduction des pertesagricoles Lrsquoagriculture connecteacuteerepreacutesenterait 3 des eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles selon la GSMA

Le rapport introduit un projet drsquoEricsson ougrave desobjets connecteacutes (capteurs drsquohumiditeacute cameacuterasetc) ont eacuteteacute deacuteployeacute dans une mangrove pourpermettre aux villageois de suivre lrsquoeacutevolution decelle-ci Depuis la mangrove en question auraitvu sa vie sauvage prospeacuterer Un projet drsquoATampT enCalifornie aurait permis de reacuteduire les eacutemissionsde GES des plantations drsquoasperge de 5 et de6 pour la consommation drsquoeau Ces reacuteductionsseraient dues agrave des capteurs enterreacutes dans leschamps qui avertiraient les agriculteurs desparcelles neacutecessitant drsquoecirctre arroseacutees via uneapplication smartphone Une expeacuterience similairedans des fermes verticales de fraises estpreacutesenteacutee sans preacuteciser des reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES73

HypothegravesesIl est estimeacute que les technologies mobilespeuvent permettre un meilleur usage des

ressources (travail carburant eau) uneaugmentation de la productiviteacute et une reacuteductiondes pertes agricoles De mecircme ellespermettraient de reacuteduire lrsquousage des fertilisantschimiques agrave hauteur de 40 par hectareLrsquoagriculture de preacutecision (via donneacutees remonteacuteespar des capteurs et lrsquousage de drones) reacuteduiraitlrsquousage drsquoeau de 20 agrave 40 aux Eacutetats-Unis et enAfrique du sud

Observations macroscopiquesLa contribution du secteur agricole aux eacutemissionsde GES a baisseacute au fur et agrave mesure des anneacuteesEntre 1990 et 1999 le secteur repreacutesentait 29des eacutemissions mondiales en moyenne en 2017ce secteur repreacutesentait 111 GtCO2e soit 20des eacutemissions Au fur et agrave mesure que leseacutemissions mondiales ont augmenteacute lrsquoagriculture arepreacutesenteacute une part relativement moinsimportante Drsquoapregraves la Food and AgricultureOrganization (FAO) cela serait principalement ducircagrave la baisse des eacutemissions lieacutees agrave lrsquousage desterres agricoles74

Drsquoapregraves la Banque Mondiale la surface agricolemondiale eacutetait de 48 millions de km2 en 2005 etde 486 millions km2 en 201675 En 2005 lesrendements ceacutereacutealiers eacutetaient de 3 312 kg parhectare et en 2017 de 4 074 kg par hectare76 En2005 la consommation de fertilisants eacutetait de1158 kg par hectare et en 2016 de 1405 kg par

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartAgriculture

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants chimiques parhectare

-40

Reacuteduction de la consommationdrsquoeau (USA Afrique du sud) -20~40

Eacutevolution du secteur agricole au niveau mondial

2005 2016

Surface agricolemondiale (en km2) 48 000 000 48 600 000

Rendementceacutereacutealier parhectare (en kg)

3 312 4 074

Consommationde fertilisants parhectare (en kg)

1158 1405

53

hectare77 Les donneacutees concernant laconsommation drsquoeau du secteur agricole sontplus parcellaires et lieacutees aux territoires eacutetudieacutes Ilest difficile drsquoassembler pour une vue globalenous traiterons donc la question au niveaunational

La surface des terres agricoles a peu augmenteacuteentre 2005 et 2016 La hausse des rendementsceacutereacutealiers agrave lrsquohectare suit la hausse de laconsommation de fertilisants agrave lrsquohectareContrairement agrave ce qui est annonceacute par laGSMA lrsquousage des fertilisants est en fortecroissance Il est difficile drsquoisoler lrsquoeffet particulierdu numeacuterique sur la question On peut neacuteanmoinsestimer qursquoil nrsquoest pas suffisamment importantpour contribuer agrave un changement de tendance

Observations agrave lrsquoeacutechelle nationaleIl semble plus inteacuteressant pour cette section de seconcentrer sur la consommation drsquoeau du secteuragricole plutocirct que sur les eacutemissions de GES carlrsquoeffet drsquoeacutevitement estimeacute par la GSMA est de 3soit lrsquoeacutevitement le plus faible (166 MtCO2e eacuteviteacutees

en 2018 dans le monde) Cependant leshypothegraveses avanceacutees se focalisent plutocirct sur laconsommation drsquoeau ou la consommation defertilisants il est donc inteacuteressant de regarder siun effet est visible

Il srsquoavegravere complexe de relever une quelconquecorreacutelation entre numeacuterisation drsquoun pays etreacuteduction de la consommation en eau La GSMAfait tout de mecircme lrsquohypothegravese que la SmartAgriculture aurait reacuteduit en 2018 laconsommation drsquoeau de 20 aux Eacutetats-Unis etde 40 en Afrique du Sud or ces deux paysont lentement augmenteacute la consommationdrsquoeau de leur secteur agricole entre 2007 et2017 Lrsquohypothegravese nrsquoest donc pas veacuterifiable defaccedilon preacuteliminaire au niveau national il est tregravesincertain de lrsquoextrapoler au niveau mondial

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationEn regardant de plus pregraves lrsquoeacutetude de cas sur lesuivi des mangroves le dispositif de suiviconnecteacute nrsquoa pas drsquoeffet positif direct surlrsquoeacutevolution des mangroves Les beacuteneacuteficesconstateacutes sont dus agrave la mobilisation drsquoemployeacutesvolontaires drsquoEricsson pour planter 3 400 arbresdans la zone concerneacutee78 Il existe denombreuses barriegraveres agrave lrsquoentreacutee pour lesobjets connecteacutes dans lrsquoagriculture autant auniveau de la seacutecuriteacute que de la robustesse dessystegravemes et leurs coucircts Il srsquoagit drsquoun dessecteurs les plus incertains quant aux effetsde la numeacuterisation Certains outils delrsquoagriculture de preacutecision comme les dronessemblent ecirctre un cas drsquousage inteacuteressant danscertains pays comme en Chine pour lrsquoirrigation etlrsquoeacutepandage de fertilisants ou de pesticides Laquestion du modegravele agricole reste toutefois ensuspens

Preacutelegravevements drsquoeau du secteur agricole en milliardde m3 par an (FAO Aquastat)

2007 2012 2017

France 393 291 311

Royaume-Uni 133 105 118

Espagne 2318 2547 2036

Allemagne 013 046 029

Kenya 184 19 32

Eacutegypte 646 615 6135

Afrique du sud 883 954 1139

Coreacutee du sud 1596 1596 1596

Chine 360 388 3852

Inde 6491 688 688

Breacutesil 35 4009 3983

Mexique 6057 6335 668

Eacutetats-Unis 1852 1755 1762

Australie 977 958 105

54

Smart Industry

Le secteur industriel regroupe les activiteacutesdrsquoextraction de transformation de matiegraveres defabrication de mateacuteriel et de construction ainsi queles activiteacutes de traitement de deacutechets La GSMAestime que les principales contributions de lanumeacuterisation dans lrsquoindustrie seront lrsquoaugmentationde lrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique et la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie Les eacutemissions eacuteviteacuteespotentielles dans lrsquoindustrie repreacutesenteraient11 des eacutemissions totales estimeacutees par laGSMA79

Des palettes connecteacutees en mateacuteriaux compositessont preacutesenteacutees comme une solution vis-agrave-vis dela perte de palettes en bois par les entreprisesutilisant des services de location de palettes Unemeilleure gestion de lrsquoinventaire des palettes viales technologies mobiles et lrsquoadoption de palettescomposites permettraient drsquoaugmenterconsideacuterablement la dureacutee de celles-ci de 18 agrave162 usages De mecircme un systegraveme de capteurs etde controcircle de la tempeacuterature aurait reacuteduit laconsommation drsquoeacutenergie de ces entrepocircts denourriture congeleacutee de 880

HypothegravesesLa gestion des inventaires via les technologiesmobiles permettrait de reacuteduire les stocksneacutecessaires et la taille des entrepocircts reacuteduisant laconsommation drsquoeacutenergie et les eacutemissions lieacutes Ilest estimeacute que cela reacuteduirait de 15 laconsommation drsquoeacutelectriciteacute des entrepocircts

Hypothegraveses de la GSMA pour le secteur SmartIndustry

Reacuteduction de la surface et de laconsommation drsquoeacutelectriciteacute desentrepocircts gracircce auxtechnologies mobiles

-15

ObservationsLrsquohypothegravese formuleacutee ne concerne que lesentrepocircts Il est tregraves complexe drsquoidentifier demesurer et de piloter les eacutemissions lieacutees auxactiviteacutes de gestion et de stationnement desstocks comme le rappellent Rudiger et al81 Unrapport de 2009 du World Economic Forumestimait les eacutemissions des bacirctiments logistiques agraveenviron 300 MtCO2e par an82 alors que la GSMAlrsquoestime plutocirct agrave 240 MTCO2e en 2018 Agrave deacutefautde pouvoir suivre ses eacutemissions au niveaumondial nous pouvons essayer de suivrelrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts En 2018 lasurface des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes eacutetait estimeacuteeagrave 616 millions m3 soit une augmentation de

Surfaces des entrepocircts reacutefrigeacutereacutes en million m3 de2014 agrave 2018

2014 2016 2018

France 155 629 -

Royaume-Uni 2465 3237 2418

Espagne - 10 75

Allemagne 2392 16 -

Kenya - 002 -

Eacutegypte 325 - 35

Afrique du sud 032 047 -

Coreacutee du sud - 12 -

Chine 7608 107 105

Inde 13072 14113 15023

Breacutesil 1605 1683 1905

Mexique 487 65 15

Eacutetats-Unis 11485 11807 13096

Australie 508 604 186

55

267 depuis 2016 selon la Global Cold ChainAlliance (GCCA)83 Ce rapport nous permet desuivre lrsquoeacutevolution des surfaces drsquoentrepocircts auniveau national pour observer si ces surfaces ontbaisseacute comme le suggegravere lrsquohypothegravese de laGSMA

Les donneacutees sont trop parcellaires pour pouvoirobserver un quelconque pheacutenomegravene positif ouneacutegatif lieacute agrave la numeacuterisation LrsquoInde les Eacutetats-Uniset la Chine possegravedent les plus grandes surfacesdrsquoentrepocircts reacutefrigeacutereacutes mais cela estprincipalement ducirc agrave leur place dans les chaicircneslogistiques la densiteacute de la population et lesconditions climatiques qui affectent laconservation des denreacutees Les donneacutees deconsommation drsquoeacutelectriciteacute de ces surfacesnrsquoeacutetant pas disponibles il nrsquoest pas possible dedeacutefinir une augmentation ou une baisse delrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique de ces bacirctiments Il nrsquoestdonc pas possible de tenir une conclusion quivaliderait ou invaliderait lrsquohypothegravese de laGSMA

Pistes de reacuteflexion et de reacuteorientationLes auteurs utilisent des donneacutees provenant durapport de GeSI laquo SMARTer 2020 raquo qui utilisentdes jeux de donneacutees anciens De mecircme lesauteurs opegraverent une reacuteduction arbitraire danslrsquoestimation de base (de 24 agrave 15) car GeSIfournit une estimation sur tout le secteur des ICTalors que la GSMA se focalise sur lestechnologies mobiles Ce meacutecanisme dedeacutecoupage nrsquoapparaicirct pas autre part dans lerapport a priori et nrsquoest donc pas coheacuterent avec ladeacutemarche globale Le calcul de la reacuteduction nrsquoestpas expliqueacute Les donneacutees disponibles nepermettent ni de valider ni drsquoinvalider cettehypothegravese toutefois la surface des entrepocirctsreacutefrigeacutereacutes qui sont les entrepocircts les plusconsommateurs drsquoeacutelectriciteacute a augmenteacute depresque 3 entre 2016 et 2018 (GCCA) donclrsquoeffet de reacuteduction des surfaces nrsquoest pasvisible agrave ce niveau

Lrsquoeacutetude de cas sur les palettes connecteacutees est agravepondeacuterer avec des analyses de cycle de vie Lespalettes en bois semblent avoir un potentiel de

reacutechauffement global moindre car les arbresservant agrave faire les palettes seacutequestrent ducarbone et les palettes usageacutees sont broyeacuteespour ecirctre reacuteutiliseacutees et eacuteviter les rejets de CO2dans lrsquoatmosphegravere84 Les palettes plastiques ontplus geacuteneacuteralement un plus gros potentiel dereacutechauffement global selon lrsquoutilisation deplastique vierge ou recycleacute Lrsquoajout drsquoun traccedilagedes palettes nrsquoimplique pas automatiquement unrallongement de la dureacutee de vie car denombreuses autres variables entrent danslrsquoeacutequation

De nombreuses donneacutees existent sur lrsquoeacutevolutiondes eacutemissions de GES du secteur industriel maislrsquohypothegravese de la GSMA concerne un segmentougrave preacuteciseacutement peu de donneacutees sontdisponibles La gestion des stocks de denreacuteesalimentaires et la chaicircne du froid sont un enjeumajeur pour reacuteduire les pertes de denreacutees et leurdistribution dans un monde globaliseacute ou mecircmeau niveau nationalndash comme en Chine qui a connude nombreux scandales sanitaires internes dansses approvisionnements Lrsquohypothegravese drsquounereacuteduction des surfaces drsquoentrepocircts gracircce agrave unemeilleure efficaciteacute repose sur le maintien drsquounelogistique en flux tendu (logique du juste agrave temps)qui ne peut pas ecirctre appliqueacute universellementpour diffeacuterentes raisons stocks drsquoeacutetat stocksspeacuteculatifs surplus neacutecessaire pour la reacutesiliencedrsquoune nation hellip Une enquecircte plus pousseacutee seraitneacutecessaire pour comprendre les effets de lanumeacuterisation sur drsquoautres secteurs industriels

56

Conclusion surlaquo The Enablement Effect raquoDans un premier temps il est important de situerle rapport de la GSMA et de Carbon Trust dansson contexte de publication Il est indiqueacute dansles premiegraveres pages que lrsquoobjectif de ce rapportest entre autres drsquoattirer les investissementsapregraves que le secteur des ICT a eacuteteacute fleacutecheacute commeun secteur drsquoinvestissement laquo soutenable raquo parlrsquoUnion Europeacuteenne en juin 2019 En cela cerapport permet agrave la GSMA de montrer un bilanpositif afin drsquoaller dans le sens des experts delrsquoUnion Europeacuteenne85 Essayer drsquoattirer delrsquoinvestissement dans le secteur nrsquoest pasprobleacutematique en soi car crsquoest le rocircledrsquoorganisations de repreacutesentation professionnellecomme la GSMA Par contre il est neacutecessairedrsquoidentifier les biais lieacutes agrave la position de cet acteuret agrave un contexte de publication speacutecifique

Dans un deuxiegraveme temps la meacutethode de calculdes eacutevitements utiliseacutee preacutesente deux deacutefautscruciaux En fait lrsquoexercice de calcul consiste agraveprouver que lrsquoon a eacuteviteacute des eacutemissions maiscela ne consiste pas agrave prouver que ceseacutemissions auraient existeacute en premier lieu Enlrsquooccurrence la comparaison systeacutematiquedes eacutevitements drsquoeacutemissions de la GSMA avecles taux de croissance des eacutemissions de GESau niveau mondial europeacuteen et nationalmontre que les reacuteductions lieacutees au numeacuteriquene sont pas visibles quand on passe agravelrsquoeacutechelle ou ne sont pas suffisamment fortespour compenser la croissance tendancielleEnsuite cette meacutethode de calcul consisteuniquement agrave estimer les eacutemissions que lestechnologies numeacuteriques enlegravevent dans tousles secteurs drsquoactiviteacute Mais si le numeacuteriquepermet de fluidifier et drsquooptimiser laproduction la distribution et laconsommation il est alors neacutecessaire dequantifier les eacutemissions potentiellementlaquo ajouteacutees raquo par le numeacuterique dans les mecircmessecteurs afin drsquoavoir une balance nette Enfinune hypothegravese cruciale agrave ce rapport consiste agravedire que le numeacuterique ne peut que substituer desusages mais ne srsquoempile pas avec les usagesdeacutejagrave existants

Exemple drsquoeacutemissions potentielles ajouteacuteesMcKinsey rapporte qursquoun grand producteurgazier et peacutetrolier aurait augmenteacute sonvolume de production de 2 sur sesinstallations peacutetroliegraveres offshore gracircce agravelrsquoanalyse numeacuterique en temps de reacuteel deses appareils de production DrsquoapregravesMcKinsey cette augmentation de laproduction aurait eacuteteacute possible sansaugmentation des eacutemissionssuppleacutementaires agrave lrsquoextraction Neacuteanmoins2 de peacutetrole brut en plus ont eacuteteacute extraits etseront transformeacutes par la suite sous formede carburant par exemple Quelles sontalors les eacutemissions potentielles rajouteacuteespar lrsquoextraction suppleacutementaire de 2 depeacutetrole brut

Drsquoapregraves lrsquoInternational Energy Agency 26400 000 barils drsquoeacutequivalent peacutetrole eacutetaientextraits des puits offshore chaque jour en2016 soit 964 milliards de barils en un anDrsquoapregraves Jing et al un baril de peacutetrole brutaurait en moyenne une empreinte carbonede 407 kgCO2e (estimation basse pourlrsquooffshore) Si le numeacuterique peuteffectivement augmenter de 2 laproduction de peacutetrole offshore alors celarajoute 192 800 000 de barils par an Enutilisant la mecircme logique que le rapportde la GSMA on peut alors estimer que laproduction suppleacutementaire de peacutetroleoffshore permise par le numeacuteriquerajouterait alors des eacutemissionseacutequivalentes agrave 784 MtCO2e Lameacutethodologie utiliseacutee par la GSMA etCarbon Trust peut avoir deux dimensionsmais seule celle qui est favorablelrsquoeacutevitement est preacutesenteacutee dans leur rapport

Sources bull Ferry Grijpink et al laquoHow tapping connectivity in oil

and gas can fuel higher performanceraquo McKinsey ampCompany publieacute le 6 novembre 2020 consulteacute le 3mars 2021 httpswwwmckinseycomindustriesoil-and-gasour-insightshow-tapping-connectivity-in-oil-and-gas-can-fuel-higher-performance

bull laquoOffshore Energy Outlook 2018raquo IEA Mai 2018consulteacute le 3 mars 2021 httpswwwieaorgreportsoffshore-energy-outlook-2018

bull Liang Jing et al laquoCarbon intensity of global crude oilrefining and mitigation potential raquo Nature ClimateChange 2020

57

incertain elle ne peut pas ecirctre utiliseacutee en lrsquoeacutetatpour les deacutecisions politiques concernant lestechnologies numeacuteriques pour le climat

Ce rapport se base en bonne partie sur deseacutetudes de cas et des sondages drsquoopinion pourestimer des tendances globales de reacuteduction deseacutemissions Ce type de pratiques pour calculer leseffets drsquoeacutevitement du numeacuterique a deacutejagrave eacuteteacutelargement critiqueacute notamment par Malmodin etCoroama86 Ceux-ci eacutenoncent diffeacuterents facteursqui rendent ces extrapolations incorrectes

bull les facteurs drsquoinfluence non-numeacuteriques sontsouvent ignoreacutes alors qursquoils sont geacuteneacuteralementplus importants que les facteurs numeacuteriques

bull le poids du dispositif numeacuterique est geacuteneacuteralementignoreacute ndash ce qui nrsquoest pas le cas ici

bull la repreacutesentativiteacute de lrsquoeacutechantillon est rarementanalyseacutee les personnes interrogeacutees sont-ellessensibles aux dispositifs numeacuteriques (earlyadopters) ou pas du tout

Dans le cas preacutesent lrsquoeacutechantillon reste insuffisantDe plus le sondage drsquoopinion de plus de 6000participants ne constitue pas un protocoledrsquoenquecircte rigoureux pour extrapoler desdonneacutees au niveau mondial Ainsi leseacutemissions eacuteviteacutees issues des donneacutees dusondage produisent geacuteneacuteralement lesestimations drsquoeacutevitement les plus eacuteleveacuteescomme dans le cas des confeacuterences en ligneaudio des appels videacuteo avec les amis et la familleet le partage drsquohabitations

Apregraves lrsquoanalyse approfondie des hypothegraveses etdes estimations dans chaque secteur celles-cisemblent trop optimistes en partie agrave cause de lameacutethode de calcul choisie et de lrsquoextrapolation decas particuliers au niveau global La somme de2 135 MtCO2e ne semble pas tenable et estdifficilement veacuterifiable au niveau mondialeuropeacuteen et national (dans les 14 pays delrsquoeacutechantillon) De mecircme le rapport preacutesente unbiais meacutethodologique en analysant seulement lestechnologies mobiles pour ensuite reacuteclamer lesgains potentiels permis pour toute lrsquoinfrastructurenumeacuterique Les technologies mobiles ne peuventpas fonctionner par elles-mecircmes (stand-alone)elles ont neacutecessairement besoin de serveursdrsquoordinateurs et drsquoautres eacutequipements crsquoest-agrave-dire lrsquoensemble de lrsquoinfrastructure numeacuterique qursquoilfaut alors comptabiliser Au vu de lameacutethodologie de lrsquoeacutetude et de son peacuterimegravetre

58

Analyse laquo le numeacuterique permet dereacuteduire jusqursquoagrave 20 les eacutemissions deGES dans les autres secteurs raquoCette deuxiegraveme affirmation provient du rapportlaquo SMARTer2030 ICT Solutions for the 21stCentury Challenges raquo publieacute en juin 2015 parGlobal e-Sustainability Initiative (GeSI) etAccenture Strategy87 GeSI est une associationdrsquoentreprises et drsquoorganisations du secteur delrsquoICT formeacute en 2001 qui fait la promotion desolutions technologiques pour accompagner lalaquo soutenabiliteacute eacuteconomique environnementale etsociale raquo88 Accenture est une des plus grandesentreprises de conseil notamment dans ledomaine des technologies et du managementlaquo SMARTer2030 raquo srsquoinscrit agrave la suite des rapportspreacuteceacutedents commandeacutes par GeSIlaquo SMART2020 raquo publieacute en 2008 etlaquo SMARTer2020 raquo publieacute en 2012

Ce rapport fait lrsquohypothegravese que le secteur delrsquoICT peut reacuteduire les eacutemissions de gaz agrave effetde serre de 20 drsquoici 2030 maintenant ainsiles eacutemissions agrave leur niveau de 2015 Celapermettrait laquo drsquoeacuteviter lrsquoarbitrage entreprospeacuteriteacute eacuteconomique et protectionenvironnementale raquo89 Il est estimeacute que ledeacuteploiement de technologies numeacuteriquespermettrait de reacuteduire les eacutemissions mondiales de12 GtCO2e drsquoici 2030 De mecircme les auteurs durapport suggegraverent que les eacutemissions du secteurICT vont baisser drsquoici 2030 agrave hauteur de 197des eacutemissions mondiales90 En plus de reacuteduire leseacutemissions de GES il est souligneacute que lrsquoICT peutapporter de larges beacuteneacutefices environnementauxcomme dans le secteur agricole ougrave lestechnologies numeacuteriques pourraient augmenterles rendements agricoles de 30 Finalementdes gains eacuteconomiques substantiels sontsuggeacutereacutes agrave hauteur de 11 trillions de dollars paran drsquoici 2030 Il srsquoagit des hypothegraveses les plusoptimistes de tous les rapports laquo SMART raquo deGeSI

Les auteurs du rapport estiment quelrsquoempreinte carbone du numeacuterique serait de125 GtCO2e en 2020 Agrave la diffeacuterence du rapport

de la GSMA laquo SMARTer2030 raquo comparelrsquoempreinte sectorielle totale de lrsquoICT agrave lrsquoensembledes reacuteductions potentielles Compareacute agrave lareacuteduction des eacutemissions annonceacutee de 1208GtCO2e le numeacuterique aurait alors un effet dereacuteduction 97 fois plus important que le poids dusecteur drsquoici 2030 Pour rappel le rapportlaquo SMART2020 raquo estimait que le numeacuteriquepourrait reacuteduire les eacutemissions de 78 GtCO2e drsquoici2020 amenant agrave un total drsquoagrave peu pregraves 45GtCO2e Le rapport laquo SMARTer2020 raquo estimaitlrsquoabattement agrave 91 GtCO2e indiquant un totaldrsquoeacutemissions en 2020 de 459 GtCO2e Leseacutemissions de gaz agrave effet de serre en 2019 eacutetaientde 524 GtCO2e

Un des objectifs de laquo SMARTer2030 raquo est demontrer que le numeacuterique permet de deacutecoupler lacroissance eacuteconomique de la croissance deseacutemissions Le rapport tend alors agrave deacutemontrer les

Synthegravese des rapports SMART

SMART2020

SMARTer2020

SMARTer2030

Estimation delrsquoeffetdrsquoabattementdu numeacuterique(en GtCO2e)

78 91 12

Eacutemissionsglobalesprojeteacuteesgracircce agrave cetabattement(en GtCO2e)

45 459 515

Eacutemissionsglobales dereacutefeacuterence (enGtCO2e)

519 55 635

Eacutemissionsglobalesmesureacutees (enGtCO2e)

524 524 -

59

beacuteneacutefices eacuteconomiques sociaux etenvironnementaux du numeacuterique tout au long deson deacuterouleacute La question du deacutecouplage deacutejagraveabordeacutee en introduction sera abordeacutee dans uneprochaine publication

Meacutethodologie du rapportLes auteurs partent des projections drsquoeacutemissionsdu GIEC pour 2030 pour ensuite inteacutegrer lessolutions technologiques et mesurer leur effetpotentiel Le sceacutenario du GIEC utiliseacute est celui duBusiness-As-Usual (BAU) impliquant qursquoaucunemesure nrsquoest prise pour reacuteduire les eacutemissions au-delagrave de celles deacutejagrave existantes Celui-ci projette leseacutemissions mondiales en 2030 agrave 635 GtCO2e Enenlevant la part drsquoabattement lieacutee aux eacutenergiesrenouvelables deacutejagrave compteacutee dans le scenario duGIEC lrsquoabattement total du numeacuterique serait de103 GtCO2e Le sceacutenario du GIEC choisi est lesceacutenario le plus pessimiste ce choix permetalors de calculer un potentiel drsquoabattementplus important Toutefois la section dupreacutesent document deacutedieacutee aux indicateursmacroscopiques montre que ce nrsquoest pas lesceacutenario suivi gracircce aux contributionsdeacutetermineacutees nationales (CDN) conditionnels etinconditionnels des pays

Plusieurs secteurs et usages sont identifieacutes pourcalculer lrsquoabattement des eacutemissions lrsquoindustrie(Smart Manufacturing) lrsquoagriculture (SmartAgriculture) le bacircti reacutesidentiel et tertiaire (SmartBuildings) lrsquoeacutenergie (Smart Energy) la logistique(Smart Logistics) le controcircle et lrsquooptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes leteacuteleacutetravail le commerce en ligne la teacuteleacutemeacutedecinelrsquoenseignement en ligne et les banques en ligne

Les estimations drsquoabattement sont projeteacuteesdepuis trois variables les donneacutees de reacutefeacuterencele taux drsquoadoption des technologies numeacuteriqueset les impacts pour la soutenabiliteacute (efficaciteacuteeacutenergeacutetique et autres) Par exemple pourcalculer les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine les donneacutees de reacutefeacuterence sont ladistance moyenne jusqursquoagrave un hocircpital et le nombredrsquoentreacutees en y ajoutant un taux drsquoadoption de75 le deacuteveloppement des services deteacuteleacutemeacutedecine correspond agrave une reacuteduction dunombre drsquoentreacutees de 2632 (donneacutee drsquouneeacutetude de cas) Lrsquoabattement des reacuteductions estcalculeacute agrave partir du nombre de kilomegravetres eacuteviteacutes etles eacutemissions moyennes par litre de carburant

Les auteurs du rapport rappellent que chacune deces variables est soumise agrave de nombreusesincertitudes et encouragent agrave la prudence lors delrsquousage de leurs estimations

Dans ses annexes le rapport fournit un calcul deseffets rebond potentiels dans chaque secteurCeux-ci seraient de 274 dans le teacuteleacutetravail20 dans la logistique 7 dans lateacuteleacutemeacutedecine commerces enseignement etbanques en ligne et dans les transports priveacutesconnecteacutes 10 dans lrsquoagriculture lrsquoindustrie lebacircti et la gestion du trafic Lrsquoensemble de ceseffets rebond potentiels repreacutesenterait 137GtCO2e ramenant le total agrave 1071 GtCO2e aulieu de 12 Gt91 Ce calcul des effets rebondnrsquoest toutefois pas utiliseacute dans la suite durapport

Les impacts du numeacuterique sont modeacuteliseacutes depuis12 eacutetudes de cas fournies par des grandesentreprises du secteur numeacuterique DeutscheTelekom ATampT Microsoft Fujitsu Huawei etcCes eacutetudes de cas ont eacuteteacute ensuite utiliseacutees pourmodeacuteliser des reacutesultats dans 9 pays Eacutetats-UnisRoyaume-Uni Chine Inde Allemagne BreacutesilAustralie et Kenya Les reacutesultats obtenus dansces neuf pays ont eacuteteacute extrapoleacutes pour obtenir desprojections mondiales

laquo SMARTer2030 raquo propose aussi des projectionseacuteconomiques et sociales qui ne seront pasdiscuteacutees ici Ce rapport est bien moins deacutetailleacuteque celui de la GSMA donc lrsquoanalyse qui suit seraplus bregraveve et srsquoappuiera sur les eacuteleacutements deacutejagraveobserveacutes dans le rapport laquo The EnablementEffect raquo

60

Mobiliteacute

Industrie

Bacircti reacutesidentiel et tertiaire

Eacutenergie

Agriculture

12 100 Mt

2 700 Mt3 600 Mt 2 000 Mt 2 000 Mt 1 800 Mt

Mobiliteacute inclut la logistique la gestion et loptimisation du trafic lestransports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et la banqueen ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance

Fig 19 ndash Deacutecomposition par secteurs des eacutemissionseacuteviteacutees potentielles en 2020 selon laquoSMARTer 2030raquopar GeSI Accenture

61

Teacuteleacutemeacutedecine

Les reacuteductions drsquoeacutemissions lieacutees agrave lateacuteleacutemeacutedecine seraient permises par quatretechnologies numeacuteriques les diagnostics agravedistance les confeacuterences videacuteo le stockage dedonneacutees par voie eacutelectronique et la reacutealiteacuteaugmenteacutee

Deux leviers sont identifieacutes les voyagesjusqursquoaux lieux de soins sont reacuteduits et commede moins en moins de personnes vont y alleralors la surface neacutecessaire va ecirctre reacuteduite Lareacuteduction des trajets ainsi que la reacuteduction de lasurface amegraveneraient agrave la reacuteduction des eacutemissionsde CO2e

Dans un premier temps il est neacutecessaire derappeler que le systegraveme de soins ne doit pasforceacutement ecirctre ameneacute agrave reacuteduire ses litsdisponibles mais doit ecirctre penseacute pour absorberles pics contagieux et les crises sanitaires Lacrise de la COVID-19 est un rappel douloureuxqursquoun service de soins ne peut pas ecirctre compriscomme une chaicircne de production agrave optimiserAinsi la reacuteduction de la surface hospitaliegravere nesemble pas ecirctre une hypothegravese tenablenotamment depuis 2020 Dans un second tempsla reacuteduction des voyages sur les lieux de soindeacutepend tregraves largement de chaque reacutegion etpays et des crises sanitaires qui traversentceux-ci Une extrapolation globale est alorstregraves peacuterilleuse et trop incertaine pour ecirctreeffectueacutee Des donneacutees reacutegionales et nationalesseraient plus pertinentes Finalement le tauxdrsquoadoption de 65-75 drsquoici 2030 semble tregraves

optimiste et ne semble pas baseacute sur deseacutetudes de terrain mais sur un cadre theacuteoriquede lrsquoentreprise de conseil Gartner (GartnerHype Cycle)

La teacuteleacutemeacutedecine peut soulager les entreacuteeshospitaliegraveres mais sa pertinence et son efficaciteacutedeacutependent tregraves largement de la reacutegion et du payseacutetudieacute ainsi que de facteurs internes et externes les symptocircmes preacutesenteacutes diffeacuterents risqueseacutepideacutemiques Par exemple dans lrsquoEacutetat de New-York la teacuteleacutemeacutedecine aurait permis de fairebaisser la dureacutee de seacutejours des admissions auxurgences entre 2010 et 201492 Cependantlrsquoeacutepideacutemie de COVID-19 dans lrsquoeacutetat de New-Yorken 2020 ne permet pas de poursuivre cettetendance Finalement il est crucial decomprendre la qualiteacute de la relation patient-meacutedecin permise par la teacuteleacutemeacutedecine et la qualiteacutede soin qui en reacutesulte

Eacutevitements permis par la teacuteleacutemeacutedecine selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 17

Surface libeacutereacutee dans leszones urbaines (en m2) 271 400 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 7

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

62

Enseignement agrave distance

Drsquoapregraves GeSI et Accenture lrsquoenseignement agravedistance se caracteacuterise par lrsquoaccegraves agrave desplateformes et des contenus drsquoeacuteducation commeles MOOCs (Massive Open Online Courses) desjeux seacuterieux (serious games) ou de la reacutealiteacutevirtuelle via un smartphone et une connexion debonne qualiteacute

Trois leviers sont mis en avant la reacuteduction destransports pour lrsquoenseignement secondairelrsquoenseignement supeacuterieur et pour les formationsinternes Ces reacuteductions des trajets expliqueraientune reacuteduction des eacutemissions lieacutees Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale est que lrsquoenseignement agrave distancepermet de reacuteduire globalement les voyages versles lieux drsquoeacuteducation de 30

Comme pour la teacuteleacutemeacutedecine le taux drsquoadoptionest tireacute drsquoune theacuteorie de Gartner et nrsquoest pas baseacutesur des donneacutees empiriques Lrsquohypothegravesegeacuteneacuterale drsquoune reacuteduction des voyages de 30 estbaseacute sur une analyse interne agrave Accenture quinrsquoest pas publieacutee et nrsquoest pas auditable

La pertinence et les effets de lrsquoenseignement agravedistance sont aussi tregraves deacutependants du contexteet peu de publications ont eacutetudieacute lrsquoeffet delrsquoenseignement agrave distance sur les eacutemissionsde gaz agrave effet de serre Versteijlen et al ont

eacutetudieacute speacutecifiquement lrsquoimpact de lrsquoenseignementsupeacuterieur agrave distance aux Pays-Bas et concluentqursquoune reacuteduction est possible mais dans unemoindre mesure car les eacutetudiants aux Pays-Basont accegraves aux transports publics gratuitement93Lrsquoimpact ne serait pas le mecircme aux Eacutetats-Unis ouen Australie ougrave les trajets sont plus souvent faitsen voiture Il est aussi important drsquoanalyser laqualiteacute de lrsquoenseignement possible agrave distance Lacrise sanitaire permettra de tirer de nombreusesleccedilons de ce que peut et ne peut paslrsquoenseignement agrave distance

Hypothegraveses de SMARTer 2030 surlrsquoenseignement agrave distance

Reacuteduction des trajets versles lieux drsquoeacuteducation -30

Eacutevitements permis par lrsquoenseignement agravedistance selon SMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 5

Tonnes de papiereacuteconomiseacutees (en millions) 91

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 100

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 65

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 35

63

Smart Buildings

Les Smart Buildings sont deacutefinis comme lessystegravemes drsquoautomatisation les capteurslrsquointeacutegration de smart grids et des compteursintelligents (smart meters) lrsquoanalyse de laconsommation drsquoeacutenergie et toutes lestechnologies de suivi et de controcircle du bacircti Cesecteur neacutecessite le deacuteploiement drsquoun grandnombre drsquoobjets connecteacutes et de capteurs etdrsquoappareils mobiles afin drsquoopeacuterer sa numeacuterisation

Les deux leviers consideacutereacutes sont la reacuteduction dela consommation des meacutenages et celle desbacirctiments commerciaux Cette reacuteduction estestimeacutee agrave 40 pour le reacutesidentiel et agrave 45 pourle commercial Une partie des eacutemissions eacuteviteacuteesdans la partie Smart Energy est alloueacutee au bacirctinotamment par lrsquousage de compteurs intelligents(+118GtCO2e)

Ce secteur a largement eacuteteacute traiteacute dans lrsquoanalysepreacuteceacutedente et sera donc peu commenteacute ici Onpeut neacuteanmoins surligner les hypothegraveses tregravesoptimistes drsquoAccenture sur la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie (-40 -45) qui necorrespondent pas agrave la litteacuterature existantesur lrsquoeffet des compteurs intelligents

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur les SmartBuildings

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desmeacutenages gracircce agrave descompteurs intelligents

-40

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie desbacirctiments commerciauxgracircce agrave des compteursintelligents

-45

Eacutevitements permis par les Smart Buildings agravedistance selon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 5

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 300

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 20

Smart Agriculture

Lrsquoagriculture connecteacutee inclut lrsquousage decartographies numeacuteriques de capteurs decommunication machine-agrave-machine (M2M)drsquoanalyses de donneacutees et de plateformes degestion de lrsquoinformation Ce secteur requiert unebonne connexion internet et de nombreuxappareils et objets connecteacutes pour se numeacuteriserLes cas drsquousage projeteacutes vont de lrsquoagriculture depreacutecision (capteurs vue satellites analyse dedonneacutees) des plateformes drsquoinformation dessystegravemes de gestion agricole agrave la traccedilabiliteacute et ausuivi de la logistique alimentaire

Les leviers eacutevoqueacutes sont la reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie gracircce agrave des capteurspermettant de mieux utiliser les machinesagricoles une plus grande efficaciteacute agrave lrsquousage desfertilisants un meilleur usage des ressourcespour lrsquoalimentation du beacutetail et pour la gestion du

fumier et une plus grande efficaciteacute desressources pour la culture du riz

Les hypothegraveses citeacutees ci-dessous proviennent denouveau drsquoanalyses internes Les chiffresannonceacutes sont pheacutenomeacutenaux estimer que lanumeacuterisation permet de reacuteduire de 65 lademande drsquoeacutenergie du secteur agricole et quecela sera adopteacute agrave hauteur de 75 dans lrsquoOCDEsemble extrecircmement improbable Dans uneanalyse systeacutematique des publications sur lestechnologies laquo intelligentes raquo drsquoagriculture (SFT)Balafoutis et al montrent que la grandemajoriteacute des articles scientifiques ne seprononcent pas sur les reacuteductionsdrsquoeacutemissions de GES lieacutees agrave cestechnologies94 Les reacuteductions envisageacuteesviennent plutocirct de publications commercialesou drsquoarticles de recherche (sans publicationdans une revue scientifique)

64

Smart Mobility

La Smart Mobility est comprise commelrsquoensemble des systegravemes connecteacutes permettant lecontrocircle et lrsquooptimisation du trafic les services detransport priveacute (covoiturage VTC etc) et lalogistique laquo intelligente raquo Ces systegravemesrequiegraverent le deacuteploiement et lrsquoactivation drsquounensemble drsquoappareils et drsquoobjets connecteacutes ainsiqursquoun large accegraves au reacuteseau internet

Pour les transports priveacutes connecteacutes les levierssont une baisse du transport gracircce au co-voiturage et agrave lrsquoautopartage et une baisse de laproduction de voitures Il est fait lrsquohypothegravese quele co-voiturage reacuteduit les kilomegravetres parcourus de30 que lrsquoautopartage va reacuteduire le nombre de

voitures en circulation de 15 tout enaugmentant le nombre de kilomegravetres parcouruspar 20 et finalement que le nombre de voituresproduites va reacuteduire de 15

Concernant la gestion et lrsquooptimisation du traficles leviers sont une reacuteduction des distancesparcourues agrave hauteur de 25 et du carburantconsommeacute de 30 et la reacuteduction des kilomegravetresparcourus en voiture priveacutee agrave hauteur de 25due agrave lrsquoattractiviteacute des transports publics via lenumeacuterique

La logistique laquo intelligente raquo srsquoappuierait surquatre leviers une baisse du fret routier (30)

Drsquoapregraves Shoaib Farooq et al de nombreuxobstacles bloquent lrsquoadoption des technologiesnumeacuteriques pour lrsquoagriculture la seacutecuriteacute desdonneacutees et des capteurs le coucirct drsquoinstallation etdrsquoabonnement le manque de connaissances surces technologies la fiabiliteacute la difficulteacute de mise agravelrsquoeacutechelle la localisation et lrsquointeropeacuterabiliteacute95Chaque technologie doit ecirctre analyseacutee au cas parcas afin de deacuteterminer ses beacuteneacutefices

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartAgriculture

Reacuteduction de laconsommation drsquoeacutenergie delrsquoagriculture

-65

Reacuteduction de lrsquousage desfertilisants -65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la digestion dubeacutetail

-65

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la gestion dufumier

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES lieacutees agrave la riziculture -40

Reacuteduction du gaspillagealimentaire lors du transportet du stockage des denreacutees

-20

Eacutevitements permis par la Smart Agricultureselon SMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 1

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 251 000

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 000

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 45

65

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartMobility

Transports priveacutes connecteacutes

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus gracircceau co-voiturage

-30

Reacuteduction du nombre dveacutehicules en circulationgracircce agrave lrsquoautopartage

-15

Augmentation du nombre dekilomegravetres parcourus agrave causede lrsquoautopartage

+20

Reacuteduction de la productionde voitures -15

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 40

Gestion intelligente et optimisation du trafic

Reacuteduction des distancesparcourues -25

Reacuteduction du carburantconsommeacute -30

Reacuteduction du nombre dekilomegravetres parcourus envoiture priveacutee

-25

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 45

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 10

Logistique intelligente

Reacuteduction du fret routiergracircce agrave la logistiqueintelligente

-30

Reacuteduction du fret maritimegracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Reacuteduction du fret ferroviairegracircce agrave la logistiqueintelligente

-25

Reacuteduction du fret aeacuteriengracircce agrave la logistiqueintelligente

-20

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 85

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 75

Eacutevitements permis par la Smart Mobility selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 723

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 600

maritime (20) ferroviaire (25) et aeacuterien (20)gracircce agrave lrsquooptimisation des routes et agrave lamaximisation des capaciteacutes de transport

Drsquoune maniegravere ironique les hypothegraveses utiliseacuteespour la mobiliteacute relegravevent subtilement drsquounsceacutenario de deacutecroissance du secteur baisse deproduction des voitures de 15 baisse de frettous transports confondus augmentation delrsquousage des transports publics Ceci avec un tauxdrsquoadoption tregraves eacuteleveacute dans lrsquoOCDE comme endehors Malheureusement comme expliqueacutedans lrsquoanalyse preacuteceacutedente les veacutehicules encirculation et le fret continuent agrave augmenterdans le monde Les effets rebond de certainsusages (covoiturage autopartage etc) sontencore mal connus Il a eacuteteacute estimeacute agrave Paris que leseffets rebond du covoiturage annulent 68 agrave 77des reacuteductions drsquoeacutemissions96 Dans une eacutetude enanalyse de cycle de vie sur lrsquoautopartage il a eacuteteacuteestimeacute que cet usage reacuteduit entre 3 et 18 leseacutemissions de GES en fonction des zoneseacutetudieacutees97 (Calgary Pays-Bas San Francisco)Ainsi les hypothegraveses preacutesenteacutees semblentune nouvelle fois trop optimistes

66

Smart Energy

Le rapport deacutefinit la Smart Energy commelrsquoinclusion de compteurs intelligents drsquooutils decollecte de donneacutees de systegravemes drsquoanalyse dedonneacutees afin drsquooptimiser la gestion de lademande et la fourniture drsquoeacutenergie Cela impliquela gestion de reacuteseaux drsquoeacutenergies intermittentesdes reacuteponses en temps reacuteel aux demandesdrsquoeacutenergie et le suivi de la maintenance delrsquoinfrastructure

Les trois leviers preacutesenteacutes sont la reacuteduction dela demande drsquoeacutenergie lieacutee agrave des systegravemes plusefficaces la production drsquoeacutenergies renouvelableset la reacuteduction de la perte lieacutee au transport et agrave ladistribution de lrsquoeacutenergie Les deux hypothegravesessont que la numeacuterisation peut reacuteduire laproduction drsquoeacutenergie de 20 et les pertes detransport et de distribution de 5

Les hypothegraveses de -20 et -5 proviennentencore une fois drsquoune analyse interne drsquoAccenturequi nrsquoest pas accessible et donc inveacuterifiableToutefois estimer que la numeacuterisationpermettrait de reacuteduire de 20 la productiondrsquoeacutenergie mondiale va agrave lrsquoencontre de presquetoutes les preacutevisions disponibles surlrsquoeacutevolution de la production et de la demandedrsquoeacutenergie mondiale98 Les sceacutenarios dedeacutecouplage entre la croissance eacuteconomique etles eacutemissions de GES pleacutebisciteacutes par les auteurs

du rapport impliquent pour la plupart dessceacutenarios une croissance de la productioneacutenergeacutetiquendashdont les eacutemissions seraient reacuteduitespar lrsquoinclusion drsquoeacutenergie renouvelable Cettehypothegravese nrsquoest pas coheacuterente avec la litteacuteratureet les projections existantes de lrsquoAgenceInternationale de lrsquoEacutenergie (IAE) par exemple99Une hypothegravese suppleacutementaire suggegravere que lrsquoICTpermettra le deacuteploiement drsquoeacutenergiesrenouvelables reacuteduisant encore les eacutemissions de18 GtCO2e Pourtant il est incorrect que lesecteur numeacuterique srsquoattribue un rocircle majeurdans le deacuteploiement drsquoEnR Lesinvestissements des Eacutetats la baisse du prixdes EnR au kWh sont des facteursprimordiaux pour ce deacuteploiement Lenumeacuterique a un rocircle agrave jouer mais il ne peutpas se permettre de srsquoafficher comme unfacteur primordial

Les effets de lrsquoICT sur le secteur eacutenergeacutetique ontdeacutejagrave eacuteteacute discuteacutes dans lrsquoanalyse preacuteceacutedente maisil est important de rappeler que ces effets sonttoujours contextuels agrave un pays un typedrsquoinfrastructure eacutenergeacutetique de mix eacutenergeacutetiqueagrave un climat et agrave des taux drsquoeacutequipements

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur la SmartEnergy

Reacuteduction de la productiondrsquoeacutenergie -20

Reacuteduction des pertes lieacuteesau transport et agrave ladistribution drsquoeacutenergie

-5

Eacutevitements permis par la Smart Energy selonSMARTer 2030

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 63

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 1 610

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 30

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 15

67

Travail et affaires

Cette cateacutegorie heacuteteacuterogegravene regroupe lecommerce en ligne la banque en ligne et leteacuteleacutetravail Ces services requiegraverent le deacuteploiementmassif drsquoappareils connecteacutes et un large accegraves aureacuteseau

Le commerce en ligne ferait appel agrave un levier une reacuteduction des trajets vers les zones etcentres commerciaux de 50 et un effet rebondqui serait lrsquoaugmentation du transport logistique(Amazon etc)

Les services bancaires en ligne srsquoappuieraient surdeux leviers une baisse des transports vers lesbanques (50) et une baisse des eacutemissions deGES par employeacute de banque (50-60)

Le teacuteleacutetravail disposerait de trois leviers labaisse des trajets domicile-travail (53) la baissedes voyages drsquoaffaires en voiture (80) et celledes voyages drsquoaffaires en avion (80)

Les effets du teacuteleacutetravail ont eacuteteacute abordeacutes dans lapremiegravere analyse et ne seront pas reacutepeacuteteacutes iciNeacuteanmoins drsquoapregraves la litteacuterature eacutevoqueacuteepreacuteceacutedemment une reacuteduction des trajetsdomicile-travail de 53 semble une hypothegravesetregraves eacuteleveacutee et est sujette agrave de nombreux effetsrebond Une baisse des voyages drsquoaffaires enavion de 80 semble tregraves eacuteleveacutee sachant queles voyageurs drsquoaffaires repreacutesentent 12 dutrafic mondial mais une part conseacutequente durevenu des compagnies aeacuteriennes Agrave titredrsquoexemple les voyages drsquoaffaires en avion ontbaisseacute jusqursquoagrave 90 sur lrsquoanneacutee 2020 aux Eacutetats-Unis durant la crise sanitaire100 Cette baisse detrafic a provoqueacute une crise pheacutenomeacutenale surcette industrie et celle-ci espegravere attirer denouveau les voyageurs drsquoaffaires degraves quepossible Les hypothegraveses avanceacutees par lesauteurs du rapport sont en contradictionfondamentale avec les sceacutenarios decroissance eacuteconomique annonceacutes

Concernant le commerce en ligne unepublication de 2020 de Shahmohammadi et alcompare les eacutemissions de GES entre lrsquoachat deproduits de grande consommation en ligne vialivraison au domicile (Pure Players) en ligne puis

en retrait en magasin (Bricks amp Clicks) et lrsquoachaten magasin (Bricks amp Mortar) au Royaume-UniLes eacutemissions par produit sont geacuteneacuteralement plusimportantes chez les vendeurs en ligne aveclivraison agrave domicile notamment agrave cause dutransport sur le dernier kilomegravetre La solution

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur Travail etaffaires

Commerce en ligne

Reacuteduction des trajets versles zones et centrescommerciaux

-50

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 90

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 50

Services bancaires en ligne

Reacuteduction des trajets versles banques -50

Reacuteduction des eacutemissions deGES par employeacute de banque -50~60

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 77

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 60

Teacuteleacutetravail

Reacuteduction des trajetsdomicile-travail -53

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en voiture -80

Reacuteduction des voyagesdrsquoaffaires en avion -80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 80

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 32

Eacutevitements permis par Travail et affaires selonSMARTer 2030

Litres de carburanteacuteconomiseacutes (en milliard) 3313

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 600

68

meacutediane de commande en ligne et de retraiten magasin preacutesente la meilleure empreintecarbone101 Toutefois il peut y avoir une grandevariabiliteacute de lrsquoempreinte en fonction du pays leseacutemissions par produit fabriqueacute en Chine sont bienplus basses en Chine qursquoaux Eacutetats-Unis ou auRoyaume-Uni par exemple Le contexte fait donclargement varier les reacutesultats

Smart Manufacturing

Le Smart Manufacturing deacutesigne desdeacuteveloppements technologiques lieacutes au conceptde laquo Quatriegraveme reacutevolution industrielle raquo commelrsquoInternet Industriel des Objets (IIoT) la robotiqueles drones des appareils de reacutealiteacute augmenteacuteelrsquoimpression 3D des systegravemes de productionembarqueacutes et des systegravemes cyber-physiquesCela demande le deacuteploiement massif denouvelles infrastructures de teacuteleacutecommunication etla modification des appareils de production

Les leviers eacutevoqueacutes sont lrsquoautomatisation desprocessus industriels et lrsquooptimisation desmachines Lrsquoautomatisation des processusindustriels de fabrication et de refroidissementpourrait reacuteduire leurs eacutemissions jusqursquoagrave 50lrsquooptimisation des machines pourrait reacuteduire leurseacutemissions jusqursquoagrave 40

Les hypothegraveses de reacuteduction preacutesenteacutees iciproviennent de discussions entre lrsquoeacutequipedrsquoAccenture et les experts du secteur toutefoisleurs entreprises respectives et les conversationsne sont pas publieacutees Il faut noter que les auteursdu rapport utilisent lrsquohypothegravese la plus hautelaquo jusqursquoagrave 50 raquo pour faire leurs estimations Onpeut alors affirmer que celles-ci sont trop eacuteleveacuteescar elles ne repreacutesentent pas un sceacutenario meacutedian

Au vu de la litteacuterature existante il est complexe dese prononcer sur les effets reacuteels delrsquoautomatisation industrielle possible avec lrsquoIoTCertains secteurs industriels sont deacutejagrave largementautomatiseacutes et la plus-value semble plus maigreToutefois drsquoapregraves Stock et al les technologiesregroupeacutees sous le concept de laquo Industrie40 raquo semblent prometteuses pour la gestiondes deacutechets la reacuteutilisation de matiegravere et surlrsquoefficaciteacute eacutenergeacutetique Cette publicationsouligne aussi les limites de lrsquoautomatisationconcernant la consommation de matiegraveres parproduit et sur la consommation drsquoeacutenergie delrsquoeacutequipement industriel102

Hypothegraveses de SMARTer 2030 sur le SmartManufacturing

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquoautomatisationdes processus industriels

-50

Reacuteduction des eacutemissions deGES gracircce agrave lrsquooptimisationdes machines

-40

Eacutevitements permis par le Smart Manufacturingselon SMARTer 2030

Litres drsquoeau eacuteconomiseacutes (enmilliard) 81 182

MWh eacuteconomiseacutes (enmilliard) 42

Reacuteduction des eacutemissions deCO2e (en Mt) 2 700

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (OCDE) 75

Taux drsquoadoption projeteacute en2030 (Hors-OCDE) 65

69

Conclusion surlaquo SMARTer2030 raquoLe rapport propose une meacutethodologie bien moinsrobuste que celle preacutesenteacutee quelques anneacuteesplus tard par la GSMA et Carbon Trust Srsquoappuyersur 12 eacutetudes de cas preacutesenteacutees par desprofessionnels de lrsquoindustrie implique des chiffresde deacutepart geacuteneacuteralement optimistes et speacutecifiquesagrave des contextes preacutecis Ces eacutetudes de cas sontpasseacutees agrave travers les variables de 9 pays pourensuite ecirctre extrapoleacutees au niveau mondial Cetype drsquoextrapolation de cas speacutecifique vers destendances mondiales preacutesente de seacutevegravereslacunes deacutejagrave identifieacutees par Malmodin et al en2014103 une deacuteconnexion entre le potentiel delrsquoICT et les impacts reacuteellement adressables et laneacutecessiteacute drsquointeacutegration des analyses de cycle devie plutocirct que des donneacutees provenant drsquoune seuleeacutetape du cycle de vie comme une eacutetude de cas

Les reacuteductions drsquoeacutemissions de GES sontcalculeacutees agrave partir des leviers et des effetsmultiplicateurs qui sont aujourdrsquohui largementmis agrave deacutefaut par la litteacuterature scientifiqueexistante Les taux drsquoadoption viennent drsquouncadre theacuteorique de lrsquoentreprise de conseil Gartnerceux-ci ne sont donc pas renseigneacutes par desdonneacutees de terrain et restent hautementspeacuteculatifs Il est donc plus prudent drsquoaffirmerque les reacutesultats annonceacutes sont tropincertains dateacutes et pas exploitables en lrsquoeacutetat

Il est finalement inteacuteressant de constater que lessceacutenarios proposeacutes par GeSI et Accentureprojettent une prospeacuteriteacute eacuteconomique pour lesecteur de lrsquoICT mais impliquent unedeacutecroissance cibleacutee drsquoautres secteurs lanumeacuterisation ferait baisser la production devoitures de 15 en 2030 les voyages drsquoaffairesen avion et en voiture de 80 productiondrsquoeacutenergie de 20 pour citer quelques-unes deshypothegraveses utiliseacutees dans le rapport Celles-ciimpliquent donc des modegraveles eacuteconomiques tout-agrave-fait diffeacuterents des sceacutenarios habituels decroissance eacuteconomique et pointent plutocirct versdes sceacutenarios de croissance et de deacutecroissancecibleacutees

Au vu de la meacutethode utiliseacutee des donneacutees debase et des hypothegraveses ultra-optimistes lesestimations proposeacutees par GeSI et Accenture

ne devraient pas ecirctre utiliseacutees pourlrsquoeacutevaluation des impacts environnementauxpositifs comme neacutegatifs du numeacuterique Celane veut pas dire que les eacutetudes de cas oucertaines des hypothegraveses preacutesenteacutees sontincorrectes par deacutefaut en revanche leur utilisationet leur extrapolation sont fausseacutees et nepermettent pas de deacutefinir concregravetement les effetspotentiels du numeacuterique dans chaque secteur

70

Prospecterle numeacuterique

71

Prospecter le numeacuterique trouver les effets positifsdans les bons contextes

Lrsquoanalyse des rapports de la GSMA et de GeSIbien que questionnable sur leur meacutethodologiefournit des pistes pour identifier les sujets qursquoilsemble inteacuteressant drsquoapprofondir Lrsquoapprochesectorielle permet de relever des servicespotentiellement inteacuteressants Le deacutefi est toutefoistitanesque il srsquoagit de diviser par 4 agrave 5 leseacutemissions de GES drsquoici 2050 Toutes lestechnologies abordeacutees sont ainsi approcheacutees avecce deacutefi en tecircte

Dans le secteur du bacircti reacutesidentiel et tertiairedrsquoapregraves lrsquoeacutevolution des eacutemissions de GES lessolutions numeacuteriques qui eacutevitent lrsquoeacutetalement urbainseraient particuliegraverement utiles bien que ce typede services ne semble pas exister pour lrsquoinstantEn plus tout service numeacuterique pour repeacuterer etreacuteduire les icirclots de chaleur urbaine agrave lrsquousage desurbanistes permettrait de reacuteduire ledeacuteveloppement de la climatisation dans les zonesurbaines La numeacuterisation peut permettre de piloteret optimiser les systegravemes de chauffage et declimatisation dans le tertiaire et le bacircti commercialmais doit ecirctre eacutetudieacutee au cas par cas pour eacuteviterles effets rebond De faccedilon geacuteneacuterale ameacuteliorer laperformance thermique des bacirctiments est unchantier fondamental qui doit ecirctre financeacute enprioriteacute Dans ce cadre la numeacuterisation dessystegravemes de controcircle est alors compleacutementairemais non centrale

Dans le secteur de lrsquoeacutenergie si desinvestissements massifs vont dans les EnR alors lanumeacuterisation pourra aider le pilotage de reacuteseauxdistribueacutes drsquoeacutenergies intermittentes Cela semble leprincipal cas drsquousage Le transport et la distributionde lrsquoeacutelectriciteacute sont deacutejagrave largement optimiseacutes dansles pays de lrsquoOCDE toutefois des ameacuteliorationsmarginales restent possibles Les compteursintelligents pourraient permettre de reacuteduire un peula consommation drsquoeacutenergie des meacutenages si leseffets rebond sont maicirctriseacutes Dans ce secteur lebut est de reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie puisde deacutecarboner le mix restant Malheureusement lesecteur numeacuterique augmente drastiquement saconsommation drsquoeacutenergie et il en va de mecircme pourles autres secteurs drsquoactiviteacute Mecircme srsquoil intensifielrsquousage des eacutenergies renouvelables sur certainesparties de son infrastructure comme les centres

de donneacutees le secteur numeacuterique ne pourradeacutecarboner lrsquoensemble de la consommationdrsquoeacutenergie lieacutee agrave la fabrication (extraction miniegraveretransport etc) La numeacuterisation ne permet pasen lrsquoeacutetat de reacutepondre au principal deacutefi de latransition eacutenergeacutetiqueServices numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur du bacircti reacutesidentiel et commercial

Objectifs de transition stopper lrsquoeacutetalement urbainreacuteduire lrsquousage de la climatisation reacuteduire les ilocirctsde chaleur urbains ameacuteliorer la performanceeacutenergeacutetique du bacircti

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquoameacutelioration de la performanceeacutenergeacutetique

Service pour repeacuterer et reacuteduire les ilocircts de chaleururbains

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service permettant lrsquoeacutevitement de lrsquoeacutetalement urbain

Service pour reacuteduire le deacuteveloppement de laclimatisation

Secteur de lrsquoeacutenergie

Objectifs de transition reacuteduire la consommationdrsquoeacutenergie (en valeur absolue) deacutecarboner le mixrestant

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service drsquointerconnexion du reacuteseau eacutelectriquedistribueacute et intermittent

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie dunumeacuterique en valeur absolue

Secteur des transports

Objectif de transition reacuteduire le nombre deveacutehicules en circulation favoriser les veacutehiculesmoins eacutemetteurs augmenter lrsquousage des transportscommuns

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service favorisant lrsquousage des veacutelos

Service favorisant lrsquousage des transports publics

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Service pour reacuteduire lrsquoachat et lrsquousage de veacutehiculeseacutemetteurs (SUV etc)

72

Concernant les activiteacutes quotidiennes (teacuteleacutetravailteacuteleacutemeacutedecine commerces banques) leteacuteleacutetravail reste geacuteneacuteralement beacuteneacutefique si uncertain nombre de conditions sont reacuteunies Lesgains sont toujours contextuels et peuvent deacutejagraveecirctre eacutevalueacutes en conseacutequence Cela dit il y a unrisque que le teacuteleacutetravail favorise lrsquoeacutetalementurbain eacutevoqueacute plus haut ce meacutecanisme doit doncecirctre surveilleacute de pregraves Les confeacuterences en lignesi elles remplacent effectivement une confeacuterenceen preacutesentiel dans un lieu eacuteloigneacute (seacuteminairesymposium etc) sont aussi geacuteneacuteralement tregravespositives en termes drsquoeacutemissions eacuteviteacutees Lecommerce en ligne opeacuterant via un Click amp Collectsemble le meilleur sceacutenario pour reacuteduire leseacutemissions lieacutees agrave lrsquoachat en ligne Lateacuteleacutemeacutedecine semble plus complexe agrave eacutevaluer defaccedilon globale sa pertinence deacutependra denombreux facteurs contextuels Par exemple ilnrsquoest pas forceacutement eacutevident pour un meacutedecingeacuteneacuteraliste drsquoeacutemettre un diagnostic agrave distance etles consultations en ligne peuvent amener agrave untrajet vers un lieu de soin dans tous les cas Il enva de mecircme pour lrsquoenseignement agrave distance lareacuteduction drsquoeacutemissions de GES deacutepend fortementdu contexte Dans tous les cas lrsquoenseignement agravedistance remplit une fonction de support qui anotamment eacuteteacute utile durant les confinementssuccessifs Son usage doit tout de mecircme ecirctrepondeacutereacute pour permettre la sociabiliteacute entreeacutetudiants et enseignants et pour maintenir laqualiteacute de lrsquoenseignement Un cours en ligne et uncours en preacutesentiel nrsquoont pas le mecircme usage etleur contenu doit ecirctre diffeacuterencieacute Ainsi lanumeacuterisation nrsquoest pas pertinente dans tousles contextes mais peut ecirctre au cas par casun bon support pour tendre vers une meilleurequaliteacute de soins drsquoenseignements et deconditions de travail

Pour ecirctre pertinente la numeacuterisation de la mobiliteacuteet de la logistique doit viser agrave reacuteduire le nombrede veacutehicules en circulation de favoriser lesveacutehicules les moins eacutemetteurs de reacuteduire leseacutemissions des veacutehicules restants et de favoriserle deacuteveloppement des mobiliteacutes douces Face agravetous ces deacutefis la numeacuterisation ne sera pas unfacteur deacuteterminant compareacute aux choixdrsquourbanisme et de taxation des veacutehicules maispeut soutenir un effort global Des usages sontdeacutejagrave identifieacutes comme inefficaces concernant lareacuteduction des eacutemissions les effets rebond desservices de VTC surpassent les eacutemissionseacuteviteacutees par exemple Favoriser les transportspublics et lrsquousage de veacutelos par rapport aux

voitures est pertinent Lrsquooptimisation du traficaura des limites physiques lieacutees agrave lrsquoameacutenagementdes villes de mecircme que lrsquooptimisation dutransport logistique pourra amener agrave uneintensification contre-productive des flux demarchandises Les contextes drsquoapplication serontprimordiaux lagrave aussi

La numeacuterisation de lrsquoagriculture sembleconfronteacutee agrave de nombreux obstacles pour ecirctreconsideacutereacutee comme un pheacutenomegravene global Denombreux types drsquoexploitations ne neacutecessitentpas drsquoapplications numeacuteriques et nrsquoont pas les

Services numeacuteriques aligneacutes avec les enjeux detransition

Secteur Travail Affaires Santeacute

Objectifs de transition reacuteduire les trajets quotidienset les voyages professionnels ameacuteliorer la qualiteacutede soin et drsquoenseignement

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Services de confeacuterence en ligne

Service de Click amp Collect

Service de reacuteduction de la consommation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoindustrie

Objectifs de transition reacuteduire la consommation dematiegraveres reacuteduire la production de deacutechets et lespollutions reacuteduire la consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Service de reacuteduction des deacutechets de production

Service de reacuteemploi de la matiegravere

Service de maintenance industrielle

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

Secteur de lrsquoagriculture

Objectif de transition reacuteduire lrsquousage drsquointrantschimiques reacuteduire la consommation drsquoeau en valeurabsolue reacuteduire la consommation deacutenergie envaleur absolue reacuteduire la production de viandedeacutevelopper lrsquoagro-eacutecologie

Services numeacuteriques existants potentiellement positifs

Pas de recommandation

Nouveaux numeacuteriques services potentiels

Pas de nouveau service potentiel identifieacute

73

moyens de les deacuteployer La Chine est sucircrementun pays au sein duquel les nouvellestechnologies sont largement expeacuterimenteacutees dansle secteur agricole (eacutepandage par droneblockchain etc) Cependant du recul seraneacutecessaire pour eacutevaluer lrsquoimpact et la pertinencede ces deacuteploiements

Le secteur industriel a deacutejagrave eacuteteacute fortementnumeacuteriseacute sous diffeacuterents aspects de nombreuseschaicircnes de production sont automatiseacutees commedans lrsquoindustrie automobile par exemple Agrave termece secteur doit viser agrave reacuteduire lrsquointensiteacute mateacuterielleet eacutenergeacutetique par produit et comme tous lesautres secteurs diviser ses eacutemissions par 5Lrsquoappareil industriel va donc devoir stabiliser sacapaciteacute de production pour que les possiblesoptimisations aient un effet reacuteducteur Au-delagravedrsquoune automatisation sous controcircle des usagespeuvent ecirctre potentiellement inteacuteressants pour lereacuteemploi de la matiegravere et la reacuteduction des deacutechetslors de la phase de production

Ainsi seule une bonne compreacutehension descontextes drsquoapplication permettra de structurerlrsquousage ou non drsquoune technologie numeacuterique afinqursquoelle soit efficace pour reacuteduire les eacutemissionsCela implique que les usages proposeacutes soienteacutevalueacutes avant leur deacuteploiement plutocirct qursquoapregravessur lrsquoensemble des critegraveres de transitioneacutecologique Il est aussi primordial de regardertous les autres indicateurs afin drsquoanticiper destransferts de pollution la consommation drsquoeaude ressources et la production de deacutechets doiventecirctre reacuteduites en mecircme temps que les eacutemissionsLa pertinence de la numeacuterisation deacutepend ainsidu contexte drsquoapplication le passage agravelrsquoeacutechelle drsquoune technologie nrsquoest passysteacutematiquement pertinent pour la reacuteductionde lrsquoimpact environnemental des activiteacuteshumaines Cela sera drsquoailleurs un point detension majeur entre les modegraveleseacuteconomiques qui sous-tendent lrsquoeacutecosystegravemenumeacuterique actuel et les strateacutegies detransition eacutecologique

74

Conclusion geacuteneacuterale

Lrsquoeacutetude des affirmations drsquoimpacts positifs dunumeacuterique sur le climat permet de conclure quecelles-ci ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pourinformer les deacutecisions politiques ou la rechercheElles reposent sur des donneacutees extrecircmementparcellaires et des hypothegraveses trop optimistespour extrapoler des estimations globales De plusles deux rapports eacutetudieacutes ne voient pas leseacutevitements dans les mecircmes secteurs voire secontredisent Cependant ces rapports ne sontpas des publications scientifiques et ont plutocirctpour vocation de produire des chiffres cleacutescommunicables dans un but de promotion Ilssont lagrave en partie pour attirer des investissementsdans un secteur drsquoactiviteacute Il pourrait ecirctre opposeacuteque les chiffres annonceacutes nrsquoont pas eacuteteacute atteintscar les investissements neacutecessaires nrsquoont pas eacuteteacutereacutealiseacutes mais cela ne reacutepond pas agrave tous lesdeacutefauts souleveacutes par la preacutesente analyse Cettelogique serait tout de mecircme incertaine car celarepreacutesenterait une tautologie il faudrait toujours

plus numeacuteriser dans lrsquoespoir que le numeacuteriqueatteigne son plein potentiel Or la preacutesenteanalyse suggegravere que aujourdrsquohui le secteurnumeacuterique nrsquooffre pas de garantie sur laquestion environnementale

La litteacuterature eacutetudieacutee tend agrave utiliser deshypothegraveses geacuteneacuteralement tregraves optimistes plutocirctque des hypothegraveses meacutedianes Cela doit ecirctrequestionneacute car utiliser des hypothegraveses optimistessur lrsquoeacutevitement drsquoeacutemissions preacutesente un risquecertain Sur la question climatique il estpreacutefeacuterable que toute la litteacuterature agrave venir srsquoappuiesur des sceacutenarios meacutedians et que les sceacutenariospessimistes soient envisageacutes et eacutetudieacutesseacuterieusement Eacutemettre bien moins que preacutevu nepreacutesente pas du tout le mecircme niveau de risqueqursquoeacutemettre plus que preacutevu De mecircme lalitteacuterature eacutetudieacutee estime que le numeacuterique nepermet que la substitution drsquoeacutequipements etremplace des usages Lrsquoempilement des

1

15

05

2

25

3

35

Estimations

deacutem

ission

seacuteviteacutees

enGtCO

2e

Industrie Agriculture Eacutenergie Bacircti reacutesidentielet tertiaire

Mobiliteacutetravail santeacute

SMARTer2030(Total 12 000 MtCO2e)

The Enablement Effect(Total 2 135 MtCO2e)

0

Note Cette section inclut la logistique la gestion et loptimisation dutrafic les transports priveacutes connecteacutes le teacuteleacutetravail le commerce et labanque en ligne la teacuteleacutemeacutedecine et lenseignement agrave distance durapport SMARTer2030 et les secteurs Smart Transports and Cities etSmart Living Working and Health du rapport The Enablement Effect

Fig 20 ndash Synthegravese des estimations drsquoeacutemissionseacuteviteacutees par secteur et par publication

75

usages et des eacutequipements nrsquoestgeacuteneacuteralement pas consideacutereacute Finalement si lenumeacuterique peut eacuteviter des eacutemissions dans tousles secteurs cela veut dire qursquoil peut aussi enpermettre comme les hausses de productionlieacutees agrave lrsquoefficaciteacute et lrsquooptimisation par exempledonc au-delagrave des effets rebond Ce double calculpermettrait drsquoavoir une balance nette caraujourdrsquohui ces rapports preacutesentent une balancehypotheacutetique brute

Les rapports de la GSMA et GeSI sont neacuteanmoinsune source drsquoinformation pour essayer drsquoidentifierou de confirmer les secteurs et les usages ougrave lenumeacuterique pourrait atteindre son plein potentielde reacuteduction des eacutemissions En effet lesconfeacuterences en ligne preacutesentent un grandpotentiel pour eacuteviter les trajets terrestres ouaeacuteriens et les eacutemissions lieacutees de mecircme pourlrsquoameacutelioration de lrsquousage des transports publics etleur qualiteacute Aujourdrsquohui il semble que lesgains drsquoefficaciteacute et drsquooptimisationpermettront geacuteneacuteralement drsquoaugmenter laproductiviteacute et le flux de matiegravere et drsquoeacutenergieassocieacute pas de le stabiliser ou de le reacuteduireLrsquoeacutecosystegraveme numeacuterique (industrielsopeacuterateurs eacutetats fabricants consommateurshellip) doit ecirctre extrecircmement vigilant agrave stabiliseret reacuteduire sa consommation drsquoeacutenergie envaleur absolue plutocirct que de deacutecarboner lacroissance de celle-ci gracircce agrave lamonopolisation des capaciteacutes de productiondrsquoeacutenergies renouvelables Cela permettra agravedrsquoautres secteurs drsquoeffectuer leur transition plusrapidement Enfin nos modegraveles dedeacuteveloppement ne nous permettent pas de voircertaines autres opportuniteacutes de deacuteveloppementdu numeacuterique pour la transition agrave quoiressemblerait un service numeacuterique pour eacuteviterlrsquoeacutetalement urbain Agrave quoi ressemblerait unservice pour eacuteviter lrsquousage de la climatisation Enretournant la faccedilon dont nous envisageons lenumeacuterique nous pourrions faire advenir denouveaux secteurs drsquoactiviteacutes et des servicesdont les effets positifs seraient beaucoup pluscertains

Quatre leccedilons sont agrave tirer de la preacutesente analysepour mieux qualifier les impacts positifs dunumeacuterique sur le climat Premiegraverement il estimportant agrave terme de comprendre ce que lanumeacuterisation peut et ne peut pas agrave lrsquoeacutegard de latransition eacutecologique Une posture agnostique estrecommandeacutee il ne srsquoagit pas de partir duprincipe que plus de numeacuterique permet forceacutementdes gains environnementaux mais plutocirct de

comprendre preacuteciseacutement agrave travers des exemplesdans des territoires preacutecis les conditions quipermettent ces gains et agrave quel point elles sontreproductibles Deuxiegravemement les technologiesnumeacuteriques ne remplacent pas des politiquesconcregravetes drsquoameacutenagement du territoire deprogrammation eacutenergeacutetique drsquoinvestissementindustriel etc La numeacuterisation ne doit pasecirctre une politique incantatoire ou unedeacutefausse des politiques nationalesTroisiegravemement la numeacuterisation nrsquoest qursquounfacteur parmi drsquoautres et il nrsquoest geacuteneacuteralement pasle plus important Il semble contreproductif desurvendre lrsquoeffet de la numeacuterisation quitte agraveminorer les autres facteurs bien plus efficacesFinalement il ne semble pas pertinent de fairedes extrapolations au niveau mondial au vu dumanque de donneacutees crsquoest peut-ecirctre pour celaqursquoil nrsquoy a pas de publications scientifiques sur lesujet a priori Il serait preacutefeacuterable que lesprochaines estimations soient restreintes auniveau national tout en maintenant une analysesectorielle

Le poids environnemental de la numeacuterisationcomme ses beacuteneacutefices sont complexes agrave estimerLa crise environnementale demande une grandevigilance et une exigence sur les systegravemes quenous utilisons et deacuteveloppons Dans le cas dusecteur numeacuterique nous ne sommes qursquoautout deacutebut drsquoune longue enquecircte pourcomprendre ougrave est-ce que celui-ci preacutesente unbeacuteneacutefice environnemental net et dans quellesconditions et ougrave est-ce qursquoil repreacutesente unfardeau eacutecologique Aujourdrsquohui nous vivonsdans un modegravele de deacuteveloppement du numeacuteriquetregraves particulier formuleacute originellement hors detoute consideacuteration environnementale qursquoil seraneacutecessaire de reacuteorienter reste agrave savoir ougrave etcomment

76

Remerciements

Creacutedits

AuteurGauthier RoussilheRelecteursThomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetDate de publication8 mars 2021Image de couvertureWinslow Homer Eight Bells (domaine public)Site webconseilgauthierroussilhecom

Merci agrave Thomas Lemaire Alain Tord Maeumll LevetAdrien Jahier et Florimond Manca pour leurrelecture et leurs corrections qui ont contribueacute agraverendre ce rapport meilleur

77

Glossaire

ACV Analyse de Cycle de Vie meacutethode deacutevaluationnormaliseacutee (ISO 14040 et 14044) permettant de reacutealiser unbilan environnemental multicritegravere et multi-eacutetape dunsystegraveme (produit service entreprise ou proceacutedeacute) surlensemble de son cycle de vie

BAU Businnes As Usual comme drsquohabitude sanschangement de meacutethode

Bottom-up partir du deacutetail du laquo bas raquo cest-agrave-dire leacutechelonle plus fin pour consolider progressivement et opeacuterer unesynthegravese

CO2e lrsquoeacutequivalent CO2 est pour un gaz agrave effet de serre laquantiteacute de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait lemecircme forccedilage radiatif que ce gaz cest-agrave-dire qui aurait lamecircme capaciteacute agrave retenir le rayonnement solaire

CPE Customer Premises Equipment ou laquoEacutequipement dansles Locaux du Client deacutesigne tout eacutequipement installeacute dansle site dun client (particulier entreprisehellip) et qui est raccordeacuteagrave linfrastructure dun opeacuterateurfournisseur de service

Deacutecouplage objectif de seacuteparer la prospeacuteriteacute eacuteconomique(geacuteneacuteration de revenu croissance eacuteconomique) de laconsommation de ressources et deacutenergie (impactenvironnemental neacutegatif eacutemissions de gaz agrave effet de serreetc)

Effet rebond les eacuteconomies drsquoeacutenergie ou de ressourcesinitialement preacutevues par lrsquoutilisation drsquoune nouvelletechnologie sont partiellement ou complegravetementcompenseacutees agrave la suite dune adaptation du comportement dela socieacuteteacute

EampM Entertainement and Media ou Meacutedia etDivertissement inclut le cineacutema la presse eacutecrite la radio etla teacuteleacutevision Ces segments comprennent les films leseacutemissions de teacuteleacutevision les eacutemissions de radio lesnouvelles la musique les journaux les magazines et leslivres

GES Gaz agrave Effet de Serre gaz naturels preacutesents danslatmosphegravere terrestre et qui emprisonnent les rayons dusoleil stabilisant la tempeacuterature agrave la surface de la planegravete agraveun niveau raisonnable

GeSI Global e-Sustainability Initiative organisationinternationaledont les activiteacutes sont centreacutees sur la mise enœuvre de la soutenabiliteacute numeacuterique

GSMA Global System for Mobile Communicationsassociation internationale repreacutesentant les inteacuterecircts de plusde 750 opeacuterateurs et constructeurs de teacuteleacutephonie mobile de220 pays du monde

HVAC Heating Ventilation and Air-Conditioning ouchauffage ventilation et climatisation ensemble dedomaines techniques regroupant les corps deacutetat traitant duconfort aeacuteraulique Ce qualificatif sapplique agrave tous types debacirctiments (habitat tertiaire industriel)

ICT Information and Communication Technologies ouTechnologies de lrsquoInformation et de la Communicationensemble des techniques et des eacutequipements informatiquespermettant de communiquer agrave distance par voieeacutelectronique

Intensiteacute eacutenergeacutetique une mesure de lefficaciteacuteeacutenergeacutetique dune eacuteconomie Elle est calculeacutee comme lequotient de la consommation deacutenergie au produit inteacuterieurbrut

Intensiteacute carbone Indicateur qui rapporte la quantiteacute degaz agrave effet de serre eacutemis mesureacutee par son eacutequivalent endioxyde de carbone au produit inteacuterieur brut

IoT Internet of Objects interconnexion entre lInternet etdes objets des lieux et des environnements physiquesLappellation deacutesigne un nombre croissant dobjetsconnecteacutes agrave lInternet permettant ainsi une communicationentre nos biens dits physiques et leurs existencesnumeacuteriques

IIoT Industrial Internet of Objects application destechnologies de linternet et de linternet des objets audomaine industriel pour interconnecter au seindarchitectures geacuteodistribueacutees les capteurs les eacutequipementsindustriels intelligents et les systegravemes informatiques

IEA International Energy Agency organisationintergouvernementale qui facilite la coordination despolitiques eacutenergeacutetiques des pays membres Cetteorganisation est rattacheacutee agrave lrsquoOCDE (Organisation deCoopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomique)

M2M Machine-to-Machine utilisation desteacuteleacutecommunications et linformatique pour permettre descommunications entre machines et ceci sans interventionhumaine

MOOC Massive Open Online Courses type ouvert deformation agrave distance capable daccueillir un grand nombre departicipants

NDC National Determined Contributions Contributionsdeacutetermineacutees au niveau national repreacutesentent les effortsdeacuteployeacutes par chaque pays pour reacuteduire ses eacutemissionsnationales et srsquoadapter aux effets du changement climatiqueLrsquoAccord de Paris (article 4 paragraphe 2) exige que chaquePartie eacutetablisse communique et actualise les contributionsdeacutetermineacutees au niveau national successives qursquoelle preacutevoitde reacutealiser Les Parties doivent eacutegalement prendre desmesures internes pour lrsquoatteacutenuation en vue de reacutealiser lesobjectifs de ces contributions

NHS National Health System systegraveme de la santeacute publiquedu Royaume-Uni

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppementeacuteconomiques organisation internationale deacutetudeseacuteconomiques dont les pays membres mdash des paysdeacuteveloppeacutes pour la plupart mdash ont en commun un systegraveme degouvernement deacutemocratique et une eacuteconomie de marcheacute

ONU Organisation des Nations Unies institution mondialequi comprend 193 pays Creacuteeacutee en 1945 lONU a remplaceacute laSocieacuteteacute des Nations Elle a pour principal but de preacuteserver lapaix et la seacutecuriteacute dans le monde par la diplomatie

Ppm Partie par million fraction valant 10ndash6 cest-agrave-dire unmillioniegraveme On utilise surtout le ppm pour exprimer unefraction massique Pour exprimer une fraction volumique onpreacutecise laquo partie par million en volume raquo

78

RAN Radio Access Network partie radio dun systegraveme deteacuteleacutecommunication mobile Il met en œuvre une technologiedaccegraves radio

SFT Smart Farming Technologies convergence delrsquoagriculture et des technologies de lrsquoinformation (capteursreacuteseaux intelligents outils de la science de la donneacuteesapplication voire automatisme et robotique) pour tout aulong de la chaicircne de valeurs ameacuteliorer la productiviteacute etreacutepondre aux attentes environnementales et socieacutetales

Top-down partir de lensemble on deacutecompose en eacuteleacutementstoujours plus deacutetailleacutes pour deacuteboucher sur une laquo mise agrave platraquo une laquo dissection totale raquo un eacutetat des lieux de lobjeteacutetudieacute

UTCATF Utilisation des terres changement daffectationdes terres et foresterie cateacutegorie utiliseacutee dans lesinventaires sectoriels deacutemissions de gaz agrave effet de serre quiregroupe les eacutemissions et les absorptions de ces gazdeacutecoulant directement des activiteacutes humaines lieacutees agravelutilisation des terres leurs changements daffectation et agrave laforecirct

79

Bibliographie

Alternatives Eacuteconomiques Hors-seacuterie pratique ndeg 61 1ermars 2013 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwalternatives-economiquesfrleffet-rebond-lefficacite-energetique-accroit-demande00066786

Amatuni Levon et al laquo Does car sharing reducegreenhouse gas emissions Assessing the modal shift andlifetime shift rebound effects from a life cycle perspective raquoJournal of Cleaner Production 266 2020

Andrae Anders S G et Tomas Edler laquo On Global ElectricityUsage of Communication Technology Trends to 2030 raquoChallenges ndeg 6 2020 pp 117-157

Andrae Anders S G laquo New perspectives on internetelectricity use in 2030 raquo Eng Appl Sci Lett ndeg 3 2020 pp19-31

Apple laquo iPhone 5s Environmental Report raquo Apple consulteacutele 7 feacutevrier 2021 httpswwwapplecomenvironmentpdfproductsarchive2013iPhone5s_PER_sept2013pdf

Balafoutis Athanasios T et al laquo Smart Farming TechnologyTrends Economic and Environmental Effects Labor Impactand Adoption Readiness raquo Agronomy 10 no 5 2020 p743

Belkhir Lofti et Ahmed Elmeligi laquo Assessing ICT globalemissions footprint Trends to 2040 amp recommendations raquoJournal of Cleaner Production ndeg 177 2018 pp 448-463

CAPA laquo Corporate and business travel will undergo afundamental transformation raquo CAPA Center for Aviation2020 consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpscentreforaviationcomanalysisairline-leadercorporate-and-business-travel-will-undergo-a-fundamental-transformation-536596

Carbon Trust laquo The Enablement Effect ndash The impact ofmobile communications technologies on carbon emissionreductions raquo GSMA 2019

Carbon Trust laquo Mobile Carbon Impact How mobilecommunications technology is enabling carbon emissionsreduction raquo GeSI 2016 p 3 consulteacute le 8 feacutevrier 2021httpswwwgsmacomlatinamericawp-contentuploads201611GeSI-Mobile-Carbon-Impact-study_Presentation-for-GSMA-Latam-webinar_20161129pdf

Climate Scenarios laquo Net-zero Pathways for IndustrializedCountries raquo Climate Scenarios consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsclimatescenariosorgcountries-pathways

Collectif GreenIT laquo iNum Impacts environnementaux dunumeacuterique en Franceraquo GreenIT 31 janvier 2020 consulteacute le28 feacutevrier 2021 httpswwwgreenitfrwp-contentuploads2021022021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-08pdf

Coulombel Nicolas et al laquo Substantial rebound effects inurban ridesharing Simulating travel decisions in ParisFrance raquo Transportation Research Part D Transport andEnvironment 71 2019 pp 110-126

Dell laquo Progress Made Real FY20 Social Impact report ndashStriving to create a positive and lasting impact on humankindand the planet raquo Dell Technologies 2019 pp 58-59consulteacute le 8 feacutevrier 2021 https

corporatedelltechnologiescomen-ussocial-impactreportingfy20-progress-made-real-reporthtmoverlay=contentdamdelltechnologiesassetscorporatepdfprogress-made-real-reportsdelltechnologies-fy20-progress-made-real-reportpdf

Deviatkin Ivan et al laquo Wooden and Plastic Pallets AReview of Life Cycle Assessment (LCA) Studies raquoSustainability 11 ndeg 5750 2019 p 15

EEA laquo Greenhouse gas emissions by aggregated sector raquoEuropean Environment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsdavizghg-emissions-by-aggregated-sector-5tab-dashboard-02

EEA laquo Size of the vehicle fleet in Europe raquo EuropeanEnvironment Agency 2019 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwweeaeuropaeudata-and-mapsindicatorssize-of-the-vehicle-fleetsize-of-the-vehicle-fleet-10

Ericsson laquo Latest from the Connected Mangrovesreforestation project raquo Ericsson Blog 2019 consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpswwwericssoncomenblog201910latest-connected-mangroves-reforestation-project

EU Technical Expert Group on Sustainable Finance laquoTaxonomy Technical Report raquo European Union 2019 p 27consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpseceuropaeuinfositesinfofilesbusiness_economy_eurobanking_and_financedocuments190618-sustainable-finance-teg-report-taxonomy_enpdf

FAO laquo The Contribution of Agriculture to Greenhouse GasEmissions raquo FAO consulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpwwwfaoorgeconomicessenvironmentdataemission-sharesen

FAO laquo Agricultural land (sq km) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGLNDAGRIK2view=chart

FAO laquo Cereal yield (kg per hectare) raquo The World Bankconsulteacute le 9 feacutevrier 2021 httpsdataworldbankorgindicatorAGYLDCRELKGview=chart

FAO laquo Fertilizer consumption (kilograms per hectare ofarable land) raquo The World Bank consulteacute le 9 feacutevrier 2021httpsdataworldbankorgindicatorAGCONFERTZSview=chart

Farooq Muhammad S et al laquo Role of IoT Technology inAgriculture A Systematic Literature Review raquo Electronics 9no 2 2020 p 319

Friedlingstein Pierre et al laquo Global Carbon Project 2020 raquoEarth Syst Sci Data ndeg 12 2020 p 26 consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwglobalcarbonprojectorgcarbonbudget20filesGCP_CarbonBudget_2020pdf

Freitag Charlotte et al laquoThe climate impact of ICT Areview of estimates trends and regulationsraquo Physics andSociety consulteacute le 3 mars 2021 httpsarxivorgftparxivpapers2102210202622pdf

GeSI et Accenture Strategy laquo SMARTer2030 ndash ICTSolutions for 21st Century Challenges raquo GeSI 2015

80

GovUK laquo Energy and environment data tables ndashENV0201 Greenhouse gas emissions by transport modeUnited Kingdom raquo Departement for Transport GovUK2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwgovukgovernmentstatistical-data-setsenergy-and-environment-data-tables-envGovernment of the Republic of Korea laquo 2050 CarbonNeutral Strategy of Republic of Korea raquo The Government ofthe Republic of Korea 2020 p 74 consulteacute le 8 feacutevrier2021 httpsunfcccintsitesdefaultfilesresourceLTS1_RKoreapdf

Greenworking et ADEME laquo Eacutetude sur la caracteacuterisation deseffets rebond induits par le teacuteleacutetravail raquo ADEME 2020 p 5

Haberl Helmut et al laquo A systematic review of the evidenceon decoupling of GDP resource use and GHG emissionspart II synthesizing the insights raquo Environ Res Lett ndeg152020 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsiopscienceioporgarticle1010881748-9326ab842ametaerlab842as5

Hook Andrew et al laquo A systematic review of the energyand climate impacts of teleworking raquo Environ Res Lett ndeg15 2020 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpsdoiorg1010881748-9326ab8a84

IEA laquo Energy Efficiency 2019 raquo International EnergyAgency consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsenergy-efficiency-2019

IEA laquo World Energy Outlook 2020 raquo IEA 2020 consulteacute le9 feacutevrier 2021 httpswwwieaorgreportsworld-energy-outlook-2020

IPCC laquo Summary for Policymakers In Climate Change2014 Mitigation of Climate ChangeContribution of Work-ingGroup III to the Fifth Assessment Report of theIntergovernmental Panel on Climate Change raquo IPCC 2020p 11 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwipccchsiteassetsuploads201802ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakerspdf

ITU laquo Recommendation ITU-T L1470 ndash Greenhouse gasemissions trajectories for the information and communicationtechnology sector compatible with the UNFCCC ParisAgreement raquo ITU 2020

Malmodin Jens ldquoGreenhouse gas emissions andoperational electricity use in the ICT and entertainment ampmedia sectors raquo J Ind Ecol ndeg 14 2020 pp 770-790

Malmodin Jens et Dag Lundeacuten laquo The Energy and CarbonFootprint of the Global ICT and EampM Sectors 2010-2015rdquoSustainability 10 ndeg 9 2018 p 3027

Malmodin Jens and Vlad Coroama laquo Assessing ICTrsquosenabling effect through case study extrapolation ndash theexample of smart metering raquo 2016 Electronics Goes Green2016+ (EGG) 2016 p 1

Malmodin Jens et al laquo Considerations for macro-levelstudies of ICT as enablement potential raquo ICT forSustainability 2014 (ICT4S-14) 179 ndeg 188 2014

Muntean Marilena et al laquo Fossil CO2 emissions of all worldcountries - 2018 Report raquo Publications Office of theEuropean Union 2018

NHS laquo Delivering a lsquoNet Zerorsquo National Health Service raquoNHS 2020 p 12 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswwwenglandnhsukgreenernhswp-contentuploadssites51202010delivering-a-net-zero-national-health-servicepdf

OECD laquo Global Material Resources Outlook to 2060 ndashEconomic drivers and environmental consequences ndashHighlights raquo OECD Publishing 2018 p 11 consulteacute le 7feacutevrier 2021

Ong Dennis et al laquo Comparison of the energy carbon andtime costs of videoconferencing and in-person meetings raquoComput Commun 2014 consulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpdxdoiorg101016jcomcom201402009

Parrique Timotheacutee laquo Decoupling debunked Evidence andarguments against green growth as a sole strategy forsustainability raquo European Environmental Bureau 2019 p11-16 consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpseeborglibrarydecoupling-debunked

Ritchie Hannah et Max Roser laquo Annual greenhouse gasemissions by sector raquo Our World in Data consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsourworldindataorgemissions-by-sectorannual-greenhouse-gas-emissions-by-sector

Royal Society laquo Digital technology and the planetHarnessing computing to achieve net zeroraquo Royal Society ofTechnology consulteacute le 3 mars 2021 httpsroyalsocietyorg-mediapolicyprojectsdigital-technology-and-the-planetdigital-technology-and-the-planet-reportpdf

Ruumldiger David et al laquo Managing greenhouse gasemissions from warehousing and transshipment withenvironmental performance indicators raquo TransportationResearch Procedia 14 2016 p 895

Salin Victoria ldquo2018 GCCA Global Cold Storage CapacityReport raquo International Association of RefrigeratedWarehouses and Global Cold Chain Alliance 2018 p3consulteacute le 10 feacutevrier 2021 httpswwwgccaorgsitesdefaultfiles201820GCCA20Cold20Storage20Capacity20Report20finalpdf

Samsung laquo Life Cycle Assessment for Mobile ProductsrdquoSamsung consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpswwwsamsungcomussmgcontentdamsamsungusaboutsamsung20192018-Life-Cycle-Assessment-for-HHP-and-Displaypdf

Shahmohammadi Sadegh et al laquo ComparativeGreenhouse Gas Footprinting of Online versus TraditionalShopping for Fast-Moving Consumer Goods A StochasticApproach raquo Environmental Science amp Technology 54 ndeg 62020 pp 3499-3509

Stock Tim et al laquo Industry 40 as Enabler for a SustainableDevelopment A Qualitative Assessment of its Ecological andSocial Potential raquo Process Safety and EnvironmentalProtection 118 2018 pp 254-267

Sun Shujing et al laquoDoes Telemedicine Reduce EmergencyRoom Congestion Evidence from New York State raquoInformation Systems Research 31 ndeg 3 2020 972-986

UN laquo Emissions Gap Report 2020 raquo United NationsEnvironment Programme 2020 p XIV consulteacute le 7 feacutevrier2021 httpswwwuneporgemissions-gap-report-2020

UN laquo Goal 12 Responsible Consumption and ProductionEnsure sustainable consumption and production patterns raquoOrganisation des Nations Unies consulteacute le 7 feacutevrier 2021httpsunstatsunorgsdgsreport2019goal-12

UN laquo Rapport sur les objectifs de deacuteveloppement durable2020 raquo Organisation des Nations Unies 2020 p 39consulteacute le 7 feacutevrier 2021 httpsunstatsunorgsdgsreport

81

2020The-Sustainable-Development-Goals-Report-2020_Frenchpdf

UN laquo Emissions Gap Report 2019 ndash Executive SummaryraquoUnited Nations Environment Programme 2019 p IVconsulteacute le 8 feacutevrier 2021 httpswedocsuneporgbitstreamhandle205001182230798EGR19ESENpdfsequence=13

UN laquo 2019 Global status report for buildings andconstruction Towards a zero-emission efficient and resilientbuildings and construction sector raquo Global Alliance forBuildings and Construction International Energy Agency andthe United Nations Environment Programme 2019 p 9

Versteijlen Marieke et al laquo Pros and cons of onlineeducation as a measure to reduce carbon emissions inhigher education in the Netherlands raquo Current Opinion inEnvironmental Sustainability 28 2017 pp 80-89

Voytenko Palgan Yuliya et al laquo Sustainability framings ofaccommodation sharing raquo Environmental Innovation andSocietal Transitions 23 2017 pp 70-83

Wikipedia laquo GSM Association raquo Wikipedia consulteacute le 8feacutevrier 2021 httpsfrwikipediaorgwikiGSM_Association

World Economic Forum laquo Supply Chain Decarbonization ndashThe role of logistics and transport in reducing supply chaincarbon emissions raquo World Economic Forum 2009 consulteacutele 10 feacutevrier 2021 httpwww3weforumorgdocsWEF_LT_SupplyChainDecarbonization_Report_2009pdf

82

Cette œuvre est mise agrave disposition selon les termesde la Licence Creative Commons Attribution - Pas drsquoUtilisation Commerciale - Partagedans les Mecircmes Conditions 40 International

Page 10: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 11: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 12: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 13: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 14: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 15: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 16: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 17: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 18: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 19: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 20: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 21: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 22: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 23: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 24: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 25: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 26: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 27: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 28: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 29: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 30: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 31: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 32: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 33: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 34: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 35: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 36: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 37: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 38: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 39: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 40: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 41: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 42: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 43: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 44: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 45: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 46: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 47: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 48: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 49: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 50: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 51: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 52: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 53: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 54: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 55: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 56: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 57: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 58: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 59: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 60: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 61: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 62: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 63: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 64: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 65: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 66: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 67: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 68: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 69: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 70: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 71: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 72: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 73: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 74: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 75: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 76: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 77: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 78: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 79: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 80: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 81: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre
Page 82: Quepeutle numériquepourla transitionécologique?niveau national tout en maintenant une analyse sectorielle. Nous ne sommes qu’au tout début d’une longue enquête pour comprendre