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HAUTE ÉCOLE LÉONARD DE VINCI ÉCOLE NORMALE CATHOLIQUE DU BRABANT WALLON Site de Louvain-la-Neuve Voie Cardijn, 10 1348 Louvain-la-Neuve QUELS RYTHMES ET TEMPS SCOLAIRES POUR FACILITER LES APPRENTISSAGES ? Travail de fin d'études présenté en vue de l'obtention du grade de Bachelier-Agrégé de l'Enseignement secondaire inférieur en Français – FLE par Simon POMPONIO Promotrice : Madame Natacha BIVER Année académique 2014-2015

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HAUTE ÉCOLE LÉONARD DE VINCIÉCOLE NORMALE CATHOLIQUE DU BRABANT WALLON

Site de Louvain-la-NeuveVoie Cardijn, 10

1348 Louvain-la-Neuve

QUELS RYTHMES ET TEMPS SCOLAIRES POURFACILITER LES APPRENTISSAGES ?

Travail de fin d'études présenté en vuede l'obtention du grade de Bachelier-Agrégé

de l'Enseignement secondaire inférieur enFrançais – FLE par Simon POMPONIO

Promotrice : Madame Natacha BIVER

Année académique 2014-2015

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REMERCIEMENTS

Avant toute chose, je tiens à remercier les personnes qui m'ont aidé dans la réalisation de ce travailde fin d'études.

En premier lieu, je remercie ma promotrice, Madame Biver, enseignante à la Haute-École Léonardde Vinci, pour le temps qu'elle m'a consacré, sa supervision de mon travail ainsi que ses précieux

conseils.

Je me dois également d'adresser mes remerciements à Madame Fonteyn, enseignante à la Haute-École Paul-Henry Spaak de Nivelles qui m'a donné de son temps et fourni de judicieux conseils.

Je n'oublie pas non plus les élèves et enseignants de mes écoles de stages qui ont accepté de donnerde leur temps pour compléter mon questionnaire et me fournir ainsi des informations précieuses.

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TABLE DES MATIÉRES

Introduction

1. Les rythmes scolaires : de quoi parle-t-on ?

2. Les rythmes et temps scolaires en Belgique et ailleurs en Europe.

2.1. En Belgique

2.2. En Europe

2.3. Rythmes scolaires / temps scolaires et performances des élèves

2.4. Similitudes au niveau européen et international

3. Quels rythmes et temps scolaires pour faciliter les apprentissages ? État des lieux des recherches.

3.1. Quelles pistes sont envisagées pour les rythmes scolaires ?

3.2. Quelles pistes sont envisagées pour les temps scolaires ?

3.2.1. Commencer la journée de cours plus tard.

3.2.2. Modifier la durée des temps de pause à midi.

3.2.3. Inclure le travail personnel dans la journée.

3.2.4. Les expériences de la pédagogie différenciée.

3.2.5. Terminer les cours plus tard.

3.2.6. Le retour de la sieste ?

4. Les rythmes et temps scolaires : sondage auprès des élèves et des enseignants.

4.1. Résultats du sondage auprès des élèves.

4.2. Leçons du sondage auprès des élèves.

4.3. Leçons du sondage auprès des enseignants.

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5. Quel pourrait être le rythme et temps scolaires idéal ?

5.1. Quel temps scolaire idéal ?

5.2. Quel temps scolaire idéal ?

6. Que pouvons-nous faire en tant qu’enseignants pour respecter le rythme biologique de nos élèves ?

Conclusion

Annexes

Bibliographie

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Introduction

Ce travail de fin d'études a pour objectif d'aborder un sujet qui fait l'objet de maints débats depuisplusieurs années sans que l'on sache toujours très bien de quoi il s'agit exactement : les rythmesscolaires.

L'actualité du monde de l'enseignement est régulièrement agitée par ces fameux rythmes dont on nesait pas toujours ce qu'ils recouvrent exactement, ni ce qu'une éventuelle réforme de ces rythmesapporterait concrètement. Une modification des rythmes scolaires est-elle d'ailleurs souhaitable oun'est-ce qu'un faux débat détournant l'attention de problèmes plus importants ?

En ce qui me concerne, et notamment à travers ma jeune expérience en tant que stagiaire, il m'asemblé que le sujet méritait que l'on s'y attarde. En effet, si ces stages sont finalement relativementbrefs, ils m'ont permis de me rendre compte à quel point les moments de l'année et de la journéepeuvent influer sur le comportement d'une classe. Ce phénomène m'a été confirmé par tous lesprofesseurs que j'ai rencontrés et ne peut être négligé si l'on veut, d'une part, donner cours dans demeilleures conditions et, d'autre part, faciliter les apprentissages de ses élèves.

D'où une question qui est celle de ce travail de fin d'études : quel(s) rythme(s) scolaire(s) pourfaciliter les apprentissages et comment, en tant qu'enseignant, pouvoir gérer au mieux cette réalitéde façon concrète lorsque l'on est en classe.

Dans le but d'apporter une (ou plusieurs) réponse de la façon la plus crédible, je compte procéder enplusieurs étapes.

Premièrement, définir les choses clairement. Qu'est-ce qu'un rythme scolaire ? Comment appelle-t-on l'organisation du calendrier scolaire d'une année complète et quelle dénomination pourl'agencement de la journée de classe type ?

Il me semble aussi important de voir ce qu'il se fait ailleurs en la matière. Comment est-ce qued'autres pays européens organisent leur calendrier scolaire. Le but n'est pas d'inviter à adopter telquel un système étranger sous prétexte qu'il fonctionne très bien dans son pays d'origine, mais d'ypuiser d'éventuelles idées susceptibles de nous faire réfléchir sur ce qui existe en matièred'aménagement des périodes scolaires. Comme on le verra, certaines conclusions peuvent être tiréeslorsque l'on compare les différents systèmes en vigueur en Europe. Pour chaque pays, je présenteraiégalement ses résultats obtenus dans le classement de référence de la performance scolaire Pisa.Nous verrons qu'il y a également matière à réflexion à la simple mise en parallèle entrel'organisation du calendrier scolaire et des journées de classe et les résultats scolaires.

Je rassemblerai également les principales idées proposées en vue d'améliorer ou de réformer lerythme scolaire. Il peut s'agir de systèmes déjà en application en Belgique ou à l'étranger, ou d'idéesqui ne sont encore qu'à un stade théorique. Ces idées concerneront aussi bien l'organisation de lajournée d'école que celle de l'année scolaire.

Dernier point : me renseigner au sein même du monde de l'école. Élèves, professeurs, directeursd'école, membres des services d'accompagnement (PMS par exemple) afin d'obtenir l'avis desprincipales personnes concernées par cette problématique. Que pensent-elles de notre rythmescolaire ? Quels seraient les changements à apporter ou, au contraire, est-ce que le système actuel ases qualités ? Est-il vraiment nécessaire de changer les choses ? À cette fin, j'ai soumis unquestionnaire dont les résultats sont inclus dans ce travail, un chapitre à part y étant consacré.

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L'intérêt d'un travail de fin d'études est également de dégager des pistes concrètes permettant aufutur enseignant de tirer des éléments pouvant influencer l'exercice de son métier. J'expliciteraiainsi, à la fin de ce travail, quelques pratiques concrètes auxquelles j'ai eu recours lors de messtages. Le but était d'exploiter au mieux les potentialités des élèves en fonction du moment de lajournée et de la semaine en tenant compte du rythme naturel (fatigue, moments où l'on est le plus enforme...) des adolescents qui m'étaient confiés.

J'espère ainsi que ce travail de fin d'études sera non seulement une source d'informations sur laproblématique et l'avancement de la recherche en matière de rythmes scolaires, mais aussi de pistesde réflexions dont on pourra dire qu'elles apportent un mieux dans la manière de donner cours à desélèves adolescents.

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Chapitre 1Les rythmes scolaires : de quoi parle-t-on ?

La notion de rythme scolaire est un terme fort vague recouvrant bien souvent deux domainesdistincts mais qui sont souvent confondus, la distinction entre les deux n'étant que rarementexplicitée.

Il y a d'une part l'ensemble des horaires et emplois du temps qui organisent la journée à l'écolecomme les heures de cours ou de récréation ainsi, les heures auxquelles les cours commencent et seterminent, l’organisation d’activités extra-scolaires pendant la journée...

D'autre part, le calendrier scolaire étalé sur l'année, c'est-à-dire à quelle période de l'année civile lescours commencent et se terminent-ils, quand sont placés les congés...

Si ces deux domaines sont deux choses différentes, ils sont souvent désignés sous le même vocablede « rythme scolaire » ce qui ne manque pas de prêter à confusion. Dans le cadre d'un travail de find'études il me semble important de bien distinguer ces deux éléments et de les désigner chacun sousdes termes différents.

Le site du Ministère de l'Éducation français1 exerce une séparation en parlant de temps scolaires2 etde rythmes scolaires3.

Le rythme scolaire concerne l’articulation des périodes scolaires au sens large du terme (jours,semaines) avec les périodes de repos.

Il ne s’intéresse donc pas au contenu des journées d’école, mais bien de savoir quand les élèves ysont et quand ils n’y sont pas.

Savoir à quelle date commence l’année académique, quand placer les périodes de congés, combiend’heures les élèves doivent (ou devraient) passer en classe par semaine (et par mois et par année)relèvent du domaine du rythme scolaire.

Le temps scolaire concerne l'organisation de la journée de cours et les horaires, tel qu'expliqué surle site du Ministère de l'Éducation : « À la rentrée 2014, tous les élèves bénéficient des nouveauxhoraires à l'école. »4

À quelle heure commencent-ils, combien de temps dure une période de cours, quand sont placés lestemps des pauses et combien de temps durent-elles, quand sont placées les activités extra-scolaires(artistiques, sportives...) sur la journée, relève du temps scolaire.

1 Ministrère de l’Éducation français. Site du Ministère de l’Éducation, [en ligne]. http://www.education.gouv.fr2 « La nouvelle organisation du temps scolaire à l'école », [en ligne] http://www.education.gouv.fr/pid29074/la-

nouvelle-organisation-du-temps-scolaire-a-l-ecole.html (Page consultée le 11 novembre 2014)3 « La réforme des rythmes scolaires à l'école primaire »,[en ligne] http://www.education.gouv.fr/cid66696/la-

reforme-des-rythmes-a-l-ecole-primaire.html (Page consultée le 11 novembre 2014)4 Ibid.

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Chapitre 2Les rythmes et temps scolaires en Belgique et ailleurs en Europe

2.1. En Belgique

Les rythmes scolaires actuels en Belgique sont le reflet d'exigences économiques et de coutumesremontant à l'époque où l'agriculture nécessitait encore une main-d'œuvre abondante. « Deux moisde congé en été, cela date de l'époque des moissons, quand les enfants de fermiers devaient aiderleurs parents aux champs », explique ainsi Joëlle Lacroix5, secrétaire générale de la Fédération deparents de l'enseignement officiel. Dans un pays alors essentiellement rural, les enfantsreprésentaient une source de main-d'œuvre importante. La semaine d'école, d'une durée de cinqjours, laissait alors un jour de congé et un jour pour l'éducation religieuse.

Quant aux congés pendant l'année scolaire ils sont généralement déterminés en fonction detraditions religieuses (Pâques, Toussaint, Noël...) mais aussi d'impératifs économiques. Dans lesannées 1960, la mutation de la société traditionnelle vers une société de loisirs et de tourisme ontcommencé à influencer les dates et la durée des vacances. L'étalement des vacances de Noël et d'été(juillet et août) répondait ainsi aux attentes des familles, mais aussi des stations touristiques.

Le calendrier scolaire belge varie (assez légèrement) d'une année à l'autre. Ici, on prendra l'annéescolaire 2011-2012 détaillée par Alizée Tutak6 comme modèle de référence, son travail ayant servide source de documentation pour ce travail de fin d'études. L'année scolaire commence le premier-septembre, puis près de neuf semaines de cours avant une semaine de congé à la Toussaint(vacances d'automne), puis sept semaines de cours et deux semaines de congé à Noël (vacancesd'hiver). Ensuite, six semaines jusqu'aux vacances de carnaval (une semaine de congé), puis encoresix semaines avant deux semaines de congé à Pâques. Le mois de mai est entrecoupé de jours decongé isolés (par exemple la Fête du travail) et, dans certaines écoles, des ponts. Une fois revenusdes vacances de Pâques les élèves ont une longue période de onze semaines de cours avant les deuxmois de vacances d'été.

Toutefois, une modification du calendrier est survenue fin 2013. Jusque-là les dates des congés etvacances scolaires étaient calculées et fixées deux ans d'avance pour deux années successives alorsque le décret-cadre adopté par le gouvernement de la Communauté française permet de les fixerdésormais sans limite dans le temps. Un système qui doit permettre, outre une simplificationadministrative, de mieux alterner semaines de cours et semaines de repos. Enfin, le nombre de joursde classe annuel a été établi à 182 jours.

Auparavant, des recommandations avaient déjà été formulées pour établir des rythmes et tempsscolaires plus respectueux du rythme des élèves et qui les rendraient également plus productifs enclasse et quelques projets ont vu le jour. Ainsi, en 2011, la ministre de l'Éducation Marie-DominiqueSimonet a remanié le premier degré du secondaire en lançant des projets qui touchent le tempsscolaire. Plusieurs écoles ont ainsi ramené les périodes de classe de cinquante à quarante-cinqminutes, ce qui a permis de dégager deux heures trente par semaine qui sont consacrées à desactivités diverses : remédiation en petits groupes, activités artistiques, sportives, culturelles...

5 GILLIOZ Valérie, « Avons-nous le bon rythme scolaire ? », Télé Moustique, 10 avril 2013, pp. 22-256 UTAK Alizée, Recherche-accompagnement de projet d'innovation pédagogique et organisationnelle au sein du 2e

degré professionnel de l'enseignement secondaire de plein exercice. Expérimenter au service de la réussite des élèves de 3e professionnel, Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation Université de Mons.

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Autres expérience intéressante : un système de travail divisé en module de quatre à six heures de lamême matière au cours de la même journée, ce qui permet d'alterner différentes séquencesd'apprentissage. Selon les premiers rapports, ces deux projets ont montré des résultats positifs.

Néanmoins, aucune refonte nationale et en profondeur du système actuel n'a été appliquée malgréces quelques expériences.

2.2. En Europe

Chaque pays de l'Union Européenne – ou presque – dispose de son propre système d'aménagementdu temps scolaire. Il n'est pas question ici de relater les raisons qui ont poussé ces pays à adopter telou tel agencement de leur calendrier scolaire, mais de se limiter à le décrire et, le cas échéant,d'éclaircir les éventuels débats que créent ses rythmes scolaires dans leur pays – comme enAllemagne ou en France par exemple.

Il faut également tenir compte du fait que chaque pays européen propose une autonomie variable àses établissements scolaires. Ainsi, si le systèmes scolaire belge ou français est fort centralisé, enAllemagne l'organisation se fait au niveau des régions (länders) tandis que les établissementsdisposent d'une large autonomie en Angleterre peu importe leur localisation dans le pays. Les payscomparés dans les pages qui vont suivre ont en effet été choisis car ils se caractérisent par dessystèmes de rythmes et temps scolaires différents du nôtre, mais également parce que l'organisationnationale y est relativement différente et permet ainsi de découvrir d'autres façons d'organiser sonenseignement.

Enfin, il est à noter que nous ne nous pencherons dans le cadre de ce travail que sur les rythmes ettemps scolaires de pays européens puisque ces pays appartiennent à la même aire géographique etculturelle. Il apparaîtrait ainsi peu pertinent de comparer la Belgique avec des pays asiatiques dontle fonctionnement aussi bien pratique que culturel des établissements est totalement différent.

Allemagne

Le modèle allemand s'est longtemps caractérisé par un rythme scolaire moins chargé qu'en Franceou en Belgique avec des variations plus ou moins importantes selon les différents landërs. Lesjournées théoriques commençaient entre 7h30 et 8h pour finir vers 13h et 13h30 et se composaientde cours de quarante-cinq minutes. Les après-midi étaient laissés libres pour des activités extra-scolaires (remédiations, études, projets artistiques...) mais aussi du sport.

Le système scolaire allemand était en effet réputé pour faire la part belle aux activités sportives. Lesélèves allemands avaient entre deux et quatre heures de sport obligatoire par semaine à l'école maisbon nombre d'entre eux profitaient de leurs après-midi libres pour pratiquer une activité sportivedans un club. Ce système était considéré comme une des explications aux bons résultats sportifs del'Allemagne dans diverses compétitions internationales (football, Jeux olympiques...) par rapport àdes pays où le sport possède moins de poids dans le calendrier scolaire et dans la société.

Toutefois, ce modèle souvent vanté chez nous était loin d'être considéré comme tel dans son proprepays. L'une des premières critiques formulées contre ce modèle scolaire était d'être un système dereproduction sociale. Les élèves était en effet orienté dès la fin de l'école primaire (qui dure quatreans en Allemagne), la dernière année ne pouvant être redoublée. Ce qui signifiait que cette ultimeannée primaire déterminait leur orientation toute la durée du secondaire. De même, l'aménagementdes après-midi était laissé à la discrétion des familles ce qui permettait à celles qui en avaient les

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moyens de recourir à des professeurs privés pour améliorer le niveau scolaire de leurs enfants. Unluxe que toutes les familles ne peuvent se permettre. Enfin, ce modèle avec des cours seulement lematin était jugé inadapté au travail des femmes qui devaient rester disponibles pour venir chercherleurs enfants à l'école en début d'après-midi.

Depuis 2004, le gouvernement fédéral a ainsi dépensé plus de quatre milliards d'euros pourpermettre à un tiers des écoles primaires et un quart des écoles secondaires d'organiser des journéescomplètes d'école, c'est-à-dire jusque seize ou dix-sept heure. Fin 2009, environ 7.000établissements avaient adhéré à ce système où les après-midi sont consacrés à du soutien scolaire oudes activités de loisirs créatifs. Il appartient aux enseignants ou à des partenaires extérieurs deveiller à l'organisation de ces activités, l'école ayant l'obligation de fournir un repas aux élèves et àcharge pour les parents d'y participer via une contribution financière.

Toujours est-il que la fin de ce modèle « cours le matin, sport l'après-midi » ne fait pas le bonheurdes associations sportives qui redoutent une chute de leurs adhérents et de compétitivité pourl'Allemagne sur la scène sportive internationale. Sans oublier que, faute d'inscriptions, certainsclubs sportifs sont menacés de disparition. « Réinventer l'articulation entre le sport et l'école, c'est latâche de toute une génération », juge Georg Wydra, directeur de l'institut de pédagogie sportive del'université de Sarrebruck. « On pourra dire seulement dans vingt ans si cela a été un succès ». 7

Espagne

Légalement l'enseignement espagnol relève des compétences des communautés. Toutefois l’État estchargé de veiller à une certaine uniformité des pratiques nationales afin de garantir aux élèvesespagnols la même qualité d'enseignement et les mêmes droits, peu importe la région où ils sontscolarisés.

L'Espagne propose un horaire plutôt chargé puisque les élèves du secondaire (comme ceux duprimaire) commencent leurs journées vers 8h30 pour les finir vers 17h, les cours de la matinée et del'après-midi étant séparés par une pause de 2h30. Certaines communautés, en revanche, nedispensent les cours théoriques que le matin, l'après-midi étant réservé à des activités périscolaires.La semaine d'école compte cinq jours, du lundi au vendredi.

Les vacances d'été sont plus longues que chez nous puisqu'elles durent douze semaines ensecondaire.

Finlande

Autre « modèle » souvent vanté, la Finlande est souvent montrée en exemple pour conjuguerperformances et épanouissement des élèves. Les enfants finlandais détiennent le record du plusfaible nombre d'heures de cours au sein des pays de l'OCDE... tout en y étant les plus performantsjusqu'à récemment. Les élèves finlandais ont en effet occupé systématiquement la première place duclassement Pisa à plusieurs reprises en savoir-lire (2000), en mathématiques (2003) et en science(2006). Une réussite qui interpelle alors que d'autres pays aux horaires lourdement chargés affichentdes performances plus contrastées.

La semaine scolaire finlandaise s'étale du lundi au vendredi, la journée commençant à 8 heures pourfinir vers 13h ou 14h et, plus exceptionnellement 15h si des cours optionnels ont été retenus parl'élève. Une période de cours dure quarante-cinq minutes et les récréations quinze minutes et la

7. Jeorg WYDRA, « Moins de sport inquiète en Allemagne », Metro, 16 avril 2012

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pause de midi trente minutes.

Les vacances d'été commencent fin mai pour se terminer vers mi-août (soit entre dix et onzesemaines) tandis que les élèves se reposent (en dehors des fêtes légales) quelques jours fin octobre,deux semaines à Noël, une semaine fin février et quatre jours à Pâques.Le sport et les activités artistiques (musique, théâtre, chanson, dessin...) sont considérés comme trèsimportants en Finlande et les élèves y sont initiés dès le primaire. Il en va de même pour les languesétrangères, en particulier l'anglais.

Néanmoins, le classement Pisa 2012 a vu la Finlande reculer fortement : douzième enmathématiques, sixième en compréhension de l'écrit et cinquième en sciences, sans que l'on sache sicette contre-performance est le fait d'une progression des autres pays ou d'une réelle baisse deperformances des élèves finlandais.

France

La France est actuellement engagée dans un processus d'étude sur une réforme de son systèmed'organisation du calendrier scolaire. Ce dernier fait en effet débat puisque malgré des horaires decours très chargés, les performances des élèves français sont réellement à la peine dans lesclassements internationaux Pisa : 25e en mathématique (2012) et 26e en sciences (2012) sursoixante-cinq pays.

Dans le système scolaire français traditionnel, les heures de cours sont nombreuses et réparties surun petit nombre de jours dans l'année, de sorte que les journées sont longues et fatigantes commecela est souligné à de multiples reprises dans le rapport de la conférence nationale sur les rythmesscolaires en France.8 Originalité du système français : les élèves bénéficient, si l'on peut dire, duplus grand nombre d'heures de cours (958 selon Eurostat) sur le laps de temps le plus court. Cerythme scolaire est fortement critiqué au regard des médiocres résultats obtenus dans les évaluationsinternationales et des expérimentations en vue de sa révision on été entreprises.

Le comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires qui a remis son rapporten 2011 a proposé toute une série de mesures visant à équilibrer la journée et le calendrier scolaire.Il était ainsi préconisé que l'année scolaire, comptant trente-huit semaines, soit organisée en cinqpériodes d'enseignement de sept à huit semaines entrecoupées par des vacances intermédiaires dedeux semaines. Les vacances d'été verraient leur durée ramenée à six semaines.

La semaine de cours ne dépasserait pas vingt-trois heures lors des deux premières années dusecondaire tandis que les journées de cours ne dépasseraient pas cinq heures, toujours pour les deuxpremières années du secondaire. La journée serait allégée mais sans être raccourcie puisque la pausede midi (méridienne) serait allongée à une heure et demie. L'amplitude de la journée, soit sept ouhuit heures et demie selon que les élèves retournent manger chez eux ou non, ne serait pas modifiée.

Enfin, un « accompagnement éducatif » de deux heures serait installé pour les élèves les plusjeunes et d'une heure pour les élèves des deux dernières années du secondaire.

Toutefois, le dossier des rythmes scolaires en France est fortement soumis à de nombreux aléas et laversion proposée par le comité n'a pas encore été adoptée.

8 CARAGLIO Martine, Rapport de synthèse des auditions, des débats en académie et des échanges sur internet,Ministère de l'éducation nationale, janvier 2011.

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Grèce

Par certains aspects la Grèce peut faire penser au modèle scandinave avec des rythmes de cours peuélevés. L'année scolaire commence en septembre pour s'achever fin juin, les vacances scolaires d'étéétant les plus courtes d'Europe avec six seulement six semaines.

Autre particularité locale, les horaires varient en fonction de la période de l'année. Certainessemaines les cours sont uniquement donnés le matin (de huit à quatorze heures) tandis qu'ils sontparfois dispensés l'après-midi (quatorze à dix-huit heures) d'autres semaines. Une période de courstype dure en général deux heures.

Italie

Le rythme des élèves italiens peut varier très fortement d'une région à une autre. Si la politiquegénérale de l'éducation est définie par le ministère en charge de la question, son organisation estdéléguée aux échelons subalternes : régions, collectivités et établissements scolaires. Parconséquent, chaque région du pays possède son propre calendrier et sa propre organisation pour lesvacances scolaires.

L'année scolaire italienne doit toutefois comporter au moins 200 jours de classe correspondant à990 heures de cours, soit trente-trois semaines de trente heures. Quant à la semaine de cours elledure au moins cinq jours (certains établissements l'étalant sur six), la journée de cours couvrant lamatinée et l'après-midi. Le calendrier scolaire annuel est déterminé par les régions, seuls les congésnationaux et les dates d'examens relevant de la compétence du ministère de l’Éducation.

Concernant les congés les élèves italiens ont moins de vacances que les élèves belges ou françaispendant l'année scolaire mais davantage pendant l'été où elles durent de douze à treize semaines.

À noter que depuis quelques années les réformes dans l'enseignement secondaire (et primaire) sesuccèdent en Italie mais que les rythmes scolaires semblent peu concernés.

Angleterre

Le système scolaire anglais est théoriquement organisé par des textes nationaux mais les régions etles établissements disposent d'une très vaste autonomie pour organiser leur enseignement.

Ainsi, comme en Italie le rythme scolaire varie selon les régions même si les journées de courscommencent généralement vers 9 heures pour s'achever vers 15 heures ou 16 heures. L'annéescolaire commence mi-septembre pour s'achever mi-juillet.

Les vacances de Pâques et Noël sont assez similaires à ce qui se fait en Belgique (durée de deuxsemaines et vers la même période).

Après les heures de cours, des activités sportives ou artistiques sont souvent organisées au sein desétablissements scolaires moyennant une participation financière des parents, des aides étant prévuespour les familles modestes.

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Pays-Bas

Le système des Pays-Bas se rapproche fortement de celui de l'Angleterre : des textes nationauxrégissent une « doctrine » nationale commune mais les établissements scolaires bénéficient d'unegrande autonomie dans leur organisation, la décentralisation étant la règle.

Le ministère de l'éducation détermine seulement les dates des vacances d'été qui doivent êtrerespectées par les établissements, ceux-ci étant libres de suivre celles des autres périodes de congéssuggérées par le ministère. Néanmoins, les responsables des écoles sont invités à respecter la règleselon laquelle une période de sept à huit semaines de cours doit être suivie par une semaine decongé.

Les élèves du secondaire doivent, selon la loi, recevoir 1.000 heures de cours chaque année et 700pour la dernière année de leur scolarité. Un service (l'Inspection de l'enseignement) est chargé devérifier que ces directives soient respectées.

La semaine de cours dans le secondaire dure cinq jours mais les établissements ont la possibilité deramener la semaine à quatre jours à sept reprises maximum pendant l'année. À noter qu'un projet deloi qui aurait permis à certains établissements de proposer des semaines de quatre jours toute l'annéea été rejeté par le Parlement en 2003.

L'organisation de la journée de cours est laissée à la discrétion des établissements scolaires même sila plupart commencent leur journée vers 8h30 pour l'achever vers 15 ou 16h. La durée des courspeut également varier d'un établissements à l'autre : 50, 60 ou 70 minutes.

2.3. Comparaison entre le nombre d'heures de cours annuels et les résultatsobtenus lors des évaluations Pisa

D'une façon générale les chiffres bruts mis en parallèle ne permettent pas de tirer de conclusionsautomatiques entre le nombre d'heures passées en classe sur une année et les performances desélèves lorsque celles-ci sont mesurées et quantifiées, comme c'est le cas pour le classement Pisa.

Ainsi, certains pays comme la Finlande qui proposent un nombre d'heures de cours assez faible surl'année se distinguent par de très bon résultats (voir tableau ci-dessous) de même que des paysimposant une forte présence en classe obtiennent également des résultats tout à fait honorables.

Comme nous le verrons plus tard en abordant les idées visant à réformer l'articulation des rythmesscolaires, ce n'est pas tant le nombre total d'heures passées en classe que leur répartition sur l'annéequi semble influer sur l'efficacité d'un système scolaire, le cas français (voir plus haut) étant assezreprésentatif.

Source : OCDE, 2008, Regards sur l'éducation

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Nombre d'heures de cours annuel par pays :

Matières et positions dans le classement (résultats 2012)9

Pays Mathématiques Compréhension de l'écrit Sciences

Finlande 12e 6e 5e

Allemagne 16e 19e 12e

Espagne 33e 32e 29e

Grèce / 40e /

Belgique 15e 18e 24e

France 25e 21e 26e

Angleterre 26e 25e 20e

Italie 32e 28e 32e

Pays-Bas 10e 15e 15e

2.4. Rythmes scolaires / temps scolaires et performances des élèves

Il est particulièrement intéressant de mettre en parallèle les rythmes (et le temps scolaire) et laperformance du système éducatif d’un pays. S’il est évident que la performance d’un systèmeéducatif ne tient pas uniquement à l’organisation du calendrier scolaire, certaines comparaisons sonttrès éclairantes mais, aussi, surprenantes.

D’une part parce que les résultats d’un pays dans les classements internationaux10 peuvent fournirun indicatif sur la qualité de son enseignement, amener à en étudier le système pour essayer d’enextraire les points forts en vue de s’en inspirer.11 Mais aussi parce que cette mise en parallèle baten brèche une idée reçue qui est encore très forte en Belgique : plus longtemps l’élève reste enclasse, plus il emmagasine de connaissances.

Or, l’étude du cas belge démontre que les deux ne sont pas forcément liés.

Dans les pays de l’O.C.D.E. les élèves passent au total 6.793 heures en classe entre sept et quatorzeans. Un chiffre qui est de 7.700 heures pour les élèves belges francophones, ce qui les place enquatrième position des élèves avec le plus d’heures de cours pour cette période. Seules l’Italie,l’Australie et Israël font plus chargé. Les élèves flamands passent eux environ 7.200 heures àl’école, soit moins que leurs condisciples du sud du pays, mais encore devant la moyenne del’O.C.D.E.

Tout à l’opposé, les élèves finlandais passent un peu plus de 5.000 heures alors qu’ils ont dominéles classements Pisa pendant des années et, malgré un fléchissement lors de la dernière évaluation,restent devant leurs homologues belges.

9 Ce tableau a été réalisé à partir des données du classement Pisa 2012. Le classement complet est disponible dans la partie annexes de ce travail de fin d'études.

10. Dans le cadre de ce travail, je me suis basé sur le classement Pisa pour comparer les performances des différentspays.11. Il est en effet utopique de penser pouvoir importer tel-quel un système scolaire étranger en Belgique.

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Si cela nous éloigne de l’Europe, il est tout de même intéressant de constater que les élèves des paysasiatiques, également très performants lors des évaluations internationales, ne passent pas plusd’heures en classe que les Européens.12

Il faut toutefois apporter certaines nuances :

• Il est assez difficile de calculer le temps scolaire d’un pays, surtout que celui-ci peut varierd’une région à une autre (Italie ou Espagne par exemple). Les chiffres collectés et précisésdans ce travail sont indicatifs.

• Le nombre de jours par semaine passés en classe renseigne peu sur le temps d’enseignementréel à partir du moment où l’on ne connaît pas le temps scolaire. Ainsi des élèves qui vont àl’école cinq jours par semaine mais le matin uniquement auront reçu moins d’heures decours que des élèves ayant une semaine de quatre jours complets.

• Enfin, le classement Pisa n'a pas de valeur absolue. Comme tout classement, ses résultatspeuvent être discutés pour différentes raisons mais, bien qu'imparfait, il est actuellement lemoyen le plus efficace de comparer « directement » les performances d'élèves de différentspays sur une base scientifique.

Il convient de rappeler, encore une fois, que les rythmes et temps scolaires sont loin d'être les seulsfacteurs de performances ou de non-performances des élèves, et que d'autres éléments entrent encompte comme les méthodes d'enseignement en vigueur dans le pays, la composition des classes, lasituation économique générale du pays, etc.

2.5. Similitudes au niveau européen et international

Dans son travail sur les rythmes et temps scolaire13, Alizée Tutak pointe deux similitudes concernantl'évolution du temps scolaire et qui dépassent le niveau européen puisque la tendance seraitmondiale.

L'allongement de la durée de l'éducation d'une part et l'allongement du calendrier scolaire d'autrepart. Celui-ci tournerait autour de trente-huit à quarante semaines scolaires par an dans la plupartdes pays. Toutefois cet allongement ne s'accompagnerait pas automatiquement du temps passé àl'école, mais participerait à un meilleur étalement de l'année scolaire sur l'année civile.

En somme, les élèves passeraient plus de jours à l'école et profiteraient de moins de congés pendantl'année mais, en contrepartie, le temps passé chaque jour à l'école serait en diminution.

Comme on le verra plus loin, cette façon d'étaler l'année scolaire serait clairement bénéfique auxélèves.

12. Environ 6.400 heures pour les Japonais et 6.000 pour les Sud-coréens. 13 Ibid.

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Chapitre 3Quels rythmes et temps scolaires pour faciliter les apprentissages ? État des lieux desrecherches.

Une réelle réorganisation du système actuel devrait porter à la fois sur le temps scolaire et sur lerythme scolaire, les deux étant étroitement liés.

3.1. Quelles pistes sont envisagées pour les rythmes scolaires ?

Selon François Testu14 et Roger Fontaine15, le rythme scolaire peut être défini et organisé de deuxfaçons différentes. D'une part une rythmicité artificielle basée sur des facteurs « externes » àl'apprenant et, d'autre part, une rythmicité naturelle qui est centrée sur l'apprenant et ses besoinsainsi que ses possibilités biologiques.

Le système tel qu'il est en Belgique est clairement centré sur une rythmicité artificielle.

Rythmicité artificielle Rythmicité naturelle

Les rythmes scolaires sont organisés d'après :

des emplois du temps ; le calendrier scolaire ; les fêtes (religieuses, nationale...) ; les coutumes ; des impératifs économiques ; etc.

Les rythmes scolaires sont organisés d'après :

les données chronobiologiques (alternance jour-nuit, les saisons, etc.) ;

les données de la chronopsychologie ; l'âge de l'apprenant ; etc.

Le tableau ci-dessus reprend les éléments contenus dans le travail d'Alizée Tutak.16

Dans l'idéal, un bon rythme scolaire devrait concilier une rythmicité naturelle respectueuse desrythmes biologiques de l'adolescent et les emplois du temps. Néanmoins, il est assez logique queparvenir au rythme parfait serait une gageure tant les éléments dont il faudrait tenir compte etarriver à concilier sont nombreux.

Ainsi, Denis Lambert, directeur général de la Ligue des Familles répondait aux journalistes du Soiren ces termes : « [...] si vous étalez les vacances, vous étalez les périodes où une entreprise, unesociété, une association, ne peut pas tourner avec toutes ses ressources. Le débat sur le calendrierscolaire doit combiner trois dimensions : l'économique, la professionnelle et l'éducative. » (DenisLambert, cité dans Le Soir, 2013).

On note dans la réponse de Denis Lambert que la première chose citée dans les éléments à prendreen compte est la dimension économique, la dimension éducative venant en troisième positionderrière l'aspect professionnel. Est-ce qu'il s'agit d'un ordre cité involontairement au hasard dudiscours ou d'un lapsus révélateur signifiant que l'aspect éducatif doit se plier aux facteurséconomiques ?

14 François Testu est chronopsychologue.15 Roger Fontaine est professeur à l'Université François Rabelais de Tours au département psychologie.16 Ibid.

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Il ressort des consultations effectuées lors des auditions pour la conférence nationale sur les rythmesscolaires en France17 que, de l'avis des syndicats d'enseignants et des associations de parentsd'élèves, le rythme sept semaines de cours suivies de deux semaines de congés serait l'idéal. Cerythme régulier mettrait fin à l'étalement parfois anarchique de l'année scolaire, et notamment à lalongue période (parfois jusqu'à huit semaines ou plus) qui sépare les vacances de Noël de celles deCarnaval.

Cette période est souvent décrite comme critique par les acteurs du monde de l'enseignementcomme le faisait remarquer le secrétaire de l'inter-régionale wallonne à la CGSP Enseignement.« Lorsque je discute avec des directeurs d'école ou des enseignants, le sujet revientsystématiquement sur la table : tout le monde est sur les genoux. Cela provoque un climat denervosité, de mauvaise humeur chez les professeurs, les élèves sont fatigués... Huit semaines, c'estclairement trop long » explique Philippe Jonas18.

Dans le rapport national sur les rythmes scolaires en France et remis en 2011 au ministre del'Éducation de l'époque, l'année scolaire alternerait période d'enseignement d'une durée de septsemaines chacune et périodes de congés de deux semaines. Les vacances d'été passeraient de huitsemaines actuellement à six.

La diminution de ces vacances d'été est un autre point qui revient fréquemment dans les débats. Leshuit semaines actuelles – auxquelles il faut ajouter les jours blancs du mois de juin et les quelquesjours de septembre qui précèdent la rentrée – sont jugées trop longues, ce qui ne manque pas d'avoirdes effets négatifs sur les adolescents.

Dans son travail sur les rythmes scolaires, Alizée Tutak met en avant le constat du professeurCrahay19 qui évalue à quinze pourcents les connaissances perdues par les élèves pendant lesvacances d'été sur la totalité de celles emmagasinées pendant l'année scolaire. Ainsi, le mois deseptembre de la nouvelle année scolaire est presque entièrement consacré à des révisions permettantde rappeler ce qui a été perdu pendant les vacances.

D'autres mettent en avant les inégalités engendrées par les facteurs sociaux lors de cette période devacances.

Avec ce rythme « sept semaines de travail / deux semaines de congés », l'année scolaire pourraitainsi s'allonger, passant en moyenne de trente-six semaines à trente-huit. Cet allongement de l'annéescolaire ne se traduirait toutefois pas nécessairement par une hausse des heures de cours sur cettepériode puisque les journées de cours (le temps scolaire) seraient aussi remaniées dans le sens d'unediminution quotidienne du temps passé à l'école.

17 CARAGLIO Martine, Rapport de synthèse des auditions, des débats en académie et des échanges sur internet ,Ministère de l'éducation nationale, janvier 2011.18 LADEVÉZE Mathieu, « Élèves et enseignants à bout de souffle », La Dernière Heure, vendredi 28 février 201419 Marcel Crahay a été professeur dans le département pédagogique de l'Université de Liège. Actuellement, il est

chargé de cours à l'Université de Genève.

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3.2. Quelles pistes sont envisagées pour les temps scolaires ?

Si dans le cas des rythme scolaires les propositions vont généralement dans le même sens et qu'il ya quasiment consensus sur la façon de les réorganiser, il n'en va pas de même pour ce qui touche autemps scolaire.

En effet, il existe de nombreuses propositions sur l'exploitation de la journée d'école et certainessont parfois en oppositions. Ainsi, si l'idée de diminuer la durée de la journée scolaire est partagéepar la majorité des acteurs, quelques-uns proposent au contraire de l'allonger.

Nous allons dans les lignes qui suivent faire un tour d'horizon des différentes propositions avancéesconcernant la réorganisation du temps scolaire.

3.2.1. Commencer la journée de cours plus tard.

Cette idée a été lancée par André Klarsfeld20, un chronobiologiste du CNRS21. Alors que Luc Chatel,ministre de l'Éducation français recevait le rapport sur les rythmes scolaires22 en 2010, lescientifique invitait à ne pas oublier une donnée essentielle du débat : entre onze et vingt ans on avraiment du mal à se lever à l'aube. Si les enfants du primaire n'éprouvent pas trop de difficulté à selever tôt le matin, il en va autrement pour les adolescents dont le rythme biologique est réellementdifférent des plus petits.

L'horloge biologique des adolescents est en effet influencée par la montée des hormones. De même,entre treize et quinze ans, le cerveau connaît une phase de développement important au cours delaquelle le cortex cérébral s'épaissit et le réseau neuronal devient plus efficace. Cette croissance sesitue principalement dans la partie du cerveau qui commande les habiletés spatiales et les fonctionsmotrices, rendant l'adolescent nettement plus performant dans ces domaines qu'un enfant duprimaire. Toutefois, cette croissance est aussi une grande consommatrice en énergie cérébrale, cequi ne manque pas d'avoir un impact sur les besoins en sommeil de l'adolescent.

Dans une interview donnée au journal Le Parisien23, le scientifique rappelle qu'il existe deux typesde profils : les « alouettes », plutôt du matin, et les « hiboux », plutôt du soir. Lors d'une enquête parquestionnaire auprès de 60.000 personnes, des chercheurs de l'université de Munich ont démontréque le chronotype varie en fonction de l'âge de l'individu. Et André Klarsfeld d'expliquer que lescourbes montrent qu'à l'adolescence le décalage de l'horloge interne peut atteindre jusqu'à deuxheures par rapport à un enfant.

Qui plus est, les effets d'un manque de sommeil se font davantage sentir le matin qu'à un autremoment de la journée avec à la clé irritabilité, incapacité à se concentrer et désorientation24.

De ce fait, sachant que vers quinze ans l'adolescent a en moyenne une heure et demie de décalagedans son horloge, André Klarsfeld préconiserait de commencer le cours vers neuf heure et demie,voire dix heure. Quant au temps « perdu » le matin (si les cours commençaient auparavant à huit

20 Auteur de Les Horloges du vivant – Comment elles rythmes nos jours et nos nuits , Éditions Odile Jacob.21 Centre National de la Recherche Scientifique.22 CARAGLIO Martine, Rapport de synthèse des auditions, des débats en académie et des échanges sur internet ,Ministère de l'éducation nationale, janvier 2011.23 « Laissons les ados dormir le matin », [en ligne] http://www.leparisien.fr/societe/laissons-les-ados-dormir-le-matin-14-09-2010-1067243.php, le 14 septembre 2010 (page consultée le 11 novembre 2014)24 ROSENZWEIG, LEIMAN, BREEDLOVE, Psychobiologie, DeBoeck Université, Paris, 1998

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heure trente), il serait compensé par l'allongement de l'année scolaire et des vacances d'été pluscourtes.

De l'autre côté de l'Atlantique, une école américaine25 a conduit une expérience allant dans le mêmesens. En commençant les cours trois quart d'heure plus tard le matin, l'augmentation de la durée dusommeil a permis un amélioration des performances scolaires mais également diminué lesproblèmes de comportements.

Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que les besoins en sommeil varient également selon desfacteurs biologiques personnels et les adolescents n'échappent pas à la règle. Certains ontnaturellement tendance et la capacité de se lever tôt sans difficulté, là où d'autres n'arriveront qu'à selever plus tard26. Enfin, si l'heure de coucher influe généralement l'heure de lever, ce n'est pas le caschez tout le monde puisque certains ont la capacité de pouvoir toujours se lever à la même heurequelle que soit leur heure de coucher (dormeurs rigides) là où d'autres seront influencés par l'heure àlaquelle ils auront été dormir (dormeurs flexibles)27.

3.2.2. Modifier la durée des temps de pause à midi.

La pause de midi – ou pause méridienne – est un autre élément qui pourrait être retouché.

De l'avis général sa durée est trop courte et cela a été mis en évidence dans le rapport français surles rythmes scolaires. Alors qu'elle devrait permettre aux élèves de réellement se reposer et dereprendre de l'énergie pour la seconde partie de la journée, elle permet bien souvent tout justed'avaler son repas et à peine de le digérer.

Dans son ouvrage La fatigue à l'école28, Guy Vermeil signale aussi que le repas de midi est souventpris dans de mauvaises conditions : bruits et chahuts dans la réfectoire, manque de place qui serépercute sur le confort dans lequel l'élève prend son repas, longues files d'attentes avant d'êtreservi...

La pause de midi sert également parfois à caser des heures de remédiations ce qui s'avère au finalcontre-productif puisque l'élève est privé d'un temps de repos crucial.

Selon le rapport sur les rythmes scolaires29 le temps de pause à midi ne devrait plus être inférieur àune heure et demie pour être réellement efficace.

3.2.3. Inclure le travail personnel dans la journée.

Les devoirs – appelés aussi travaux personnels – ne font que rallonger davantage une journée déjàbien longue. En effet, lorsque l'on fait le compte des heures passées en classe par un élève et quel'on y rajoute le temps passé à réaliser les différents travaux à domicile, les élèves ont parfois –voire souvent – des journées de travail plus longues que celles des adultes.

25 À ce sujet voir VONLANTHEN Alan, « Remettre à l'heure nos horloges biologiques »,http://www.podcastscience.fm/dossiers/2013/12/05/rythmes-circadiens-horloges-biologiques-humain/ 26 DEVILLERS Sophie, « L'adolescent, cette marmotte contrariée », La Libre Belgique, mercredi 3 septembre 201427 KERKHOFS Myriam, Le sommeil de A à Z, Labor, Bruxelles, 200028 VERMEIL Guy, La fatigue à l'école, Les éditions ESF, Paris, 197729 Ibid.

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Outre l'effet clairement négatif que cela ne manque pas d'avoir sur le plan physique – fatigue, stress,irritabilité – les devoirs à la maison sont également un facteur d'inégalités entre les élèves. L'élèveen difficulté ne progressera aucunement chez lui devant ses devoir (d'autant plus s'il est seul face àsa feuille) là où d'autres vont, au contraire, « prendre le large » et ainsi créer une classe à plusieursvitesses.

L'utilité et la place des devoirs dans la vie scolaire est un débat aussi ancien que ardu où les tenantset détracteurs des travaux à domicile ont chacun des arguments qui peuvent être valables, si bienqu'il n'appartient pas à ce travail de fin d'études d'en rendre compte.

Néanmoins, si les travaux personnels devaient être maintenus, les spécialistes ayant planché sur lerapport de la réforme des rythmes scolaires invitaient à inclure le temps qui leur était consacré dansla journée de cours. En clair, les travaux à domicile ne serait plus effectués à la maison, mais àl'école.

D'une part cela permettrait d'enlever une certaine contrainte aux élèves en difficulté – et auxquelsles devoirs n'apportent aucune aide pour y remédier – mais aussi de relâcher la charge qui pèse surleur famille qui ne savent pas toujours comment les aider.

Même si cela était souhaitable, ce changement poserait toutefois les questions suivantes : où lesélèves effectueraient-ils leurs travaux personnels ? En classe ? Dans une salle aménagée ? Demême, qui serait chargé de les encadrer ? Leurs enseignants (qui n'ont pas nécessairement le tempsde le faire) ou du personnel extérieur à l'école et si oui, sur quels critères seraient choisis cepersonnel ?

Sans parler de l'aspect financier et matériel d'un tel changement, on peut déjà affirmer qu'ilnécessiterait une solide réorganisation des établissements scolaires. Un chantier qui apparaîtconsidérable, d'autant plus qu'il ferait probablement intervenir d'autres acteurs comme lescommunes, le pouvoir organisateur de l'enseignement, les provinces...

3.2.4. Les expériences de la pédagogie différenciée.

Le rapport de synthèse30 sur les rythmes et temps scolaires publié en France indiquait, d'une façongénérale, qu'une réforme des temps scolaires réussie permettrait d'individualiser les parcours pourles élèves souffrant de troubles de l'apprentissage ou qui sont en situation de handicap en proposantun programme qui ne serait pas le même pour tous mais saurait tenir compte de ce public« fragile ».

S'il peut paraître difficile de proposer des horaires « à la carte » pour tous les élèves, desexpériences assez proches ont déjà été menées par des précurseurs de la pédagogie différenciée.Pour rappel, la pédagogie différenciée trouve ses origines dans la nécessité de trouver des solutionsà l'hétérogénéité des élèves. Pour approfondir le sujet on se plongera dans le livre de Jean-MarieGillig31 qui retrace l'histoire et les concepts de cette pédagogie.

Mais on abordera ici une expérience particulièrement intéressante (abordée dans cet ouvrage)appelée « plan Dalton » et menée par une éducatrice scolaire américaine, Helen Parkhurst entre1910 et 1920. Dans son organisation scolaire fragmentée pour tenir compte des capacités des élèves,ceux-ci n'avaient plus d'horaires prédéfinis communs. Ils avaient certes un nombre d'heures d'école

30 Ibid.31 GILLIG Jean-Marie, Les pédagogies différenciées, DeBoeck Université, 1999, Paris-Bruxelles

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obligatoires sur la semaine mais ils pouvaient organiser leurs heures de cours en fonction de leursbesoins dans telle ou telle matière.

Ainsi, un élève en avance en langue mais en difficulté en mathématique pouvait fréquenterdavantage le local mathématique pour combler ses lacunes et être moins présent en français. Ainsi,les élèves pouvaient être en avance dans une matière et plus en arrière dans une autre, le carcan dela progression commune étant supprimé.

Les élèves, davantage autonomisés que dans un système d'enseignement traditionnel, devaittoutefois rendre compte régulièrement de leur avancée à leurs professeurs et passaient tous le mêmeexamen en fin d'année.

Cette expérience sera ensuite reprise dans de nombreux pays du monde, dont la Grande-Bretagne etla Chine. En France, toutefois, elle ne rencontrera aucun écho. Il faudra attendre Célestin Freinet etses publications pour que cette façon de concevoir l'organisation du temps scolaire soit mise envaleur.

Les points forts de l'expérience de Dalton (du nom de la ville où Helen Parkhurst travaillait)soulignés dans le livre de Jean-Marie Gillig sont une plus grande responsabilisation de l'apprenant,une meilleure implication dans ses apprentissage ainsi qu'une stigmatisation moindre des élèvesplus faibles dans une branche. En revanche, cette expérience se traduisit par une perte de l'esprit declasse puisque les élèves n'avaient plus d'horaire commun.

Cet écueil fut toutefois partiellement contourné par le système Winnetka, mis au point par CarletonWashburne. Il reprenait d'Helen Parkhurst son système d'horaires personnalisés en fonction desbesoins de chacun mais en ajoutant des activités collectives ou en petits groupes dans divers projetsafin de favoriser un contact social entre les élèves.

3.2.5. Terminer les cours plus tard.

Si les spécialistes de la question parlent de journées de cours plus courtes et se terminant plus tôt32,un directeur d'une école fondamentale du réseau libre Alain Astgen, évoquait la possibilité determiner les cours beaucoup plus tard33. Vers 17h30. « Je me souviens de fin d'après-midi hyperproductives avec les élèves et où l'on se dit à 15h30 qu'il est vraiment dommage de devoirs'arrêter. »34

S'il était professeur dans le fondamental et que son idée apparaît à contre-courant des idées actuellesen matière de réorganisation du temps scolaire, son originalité en matière de prise de position mérited'être rapportée en ce sens qu'elle apporte réellement quelque chose de nouveau au débat. De plus, ilest établi que la période de fin de journée (à partir de quinze heure et jusque dix-sept heure environ)se signale par un regain des performances et une augmentation de l'efficacité intellectuelle.35

Néanmoins, tirer parti de cette période impliquerait de relâcher « la pression » lors des heures quisuivent le repas de midi (de treize heure trente à quinze heure environ) puisque les élèves y sont

32 Se référer notamment au rapport sur les rythmes scolaires : CARAGLIO Martine, Rapport de synthèse des auditions, des débats en académie et des échanges sur internet, Ministère de l'éducation nationale, janvier 2011.

33 GIOT François-Xavier, « En classe jusque 17h30 ? » L'avenir, mercredi 14 août 201334 Ibid.35 UTAK Alizée, Recherche-accompagnement de projet d'innovation pédagogique et organisationnelle au sein du 2e

degré professionnel de l'enseignement secondaire de plein exercice. Expérimenter au service de la réussite des élèves de 3e professionnel, Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation Université de Mons.

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davantage sujets à la fatigue. 36

3.2.6. Le retour de la sieste ?

Face aux besoins en énergie du cerveau des adolescents et leur rythme de sommeil, la sieste sur letemps de midi est une solution à ne pas négliger. La sieste peut se définir comme « un épisode desommeil diurne, apparaissant essentiellement en début d'après-midi [...] de durée variable etintentionnel. »37

Contrairement à l'image de la sieste que véhicule notre société, elle est un besoin physiologiqueavéré. La preuve en étant d'une part son retour chez les étudiants lorsque les contraintes se relâchentou chez les personnes âgées, mais aussi dans certaines régions du monde, notamment les paysproche de l'équateur. Sous nos latitudes (Europe et Amérique du Nord) son statut de « formedéviante du sommeil »38 lui vient des contraintes sociales et économiques que nous imposent nossociétés industrialisées

Dans son ouvrage Le sommeil de A à Z, Myriam Kerkhofs indique que des études démontrent une« baisse physiologique de la vigilance » et que « l'endormissent à ce moment de la journée seraitaussi facile qu'en début de nuit. » Par conséquent, un temps de sommeil en début d'après-midipourrait être bénéfique aux adolescents en sachant qu'une sieste ne perturbe pas le sommeilnocturne à condition que sa durée n'excède pas quarante-cinq minutes et se fasse avant seize heure.

S'il peut paraître incongru d'organiser des siestes obligatoires dans le secondaire, pourquoi chaqueécole (en fonction des infrastructures à sa disposition) n’aménagerait-elle pas un local de repos oùles élèves qui le souhaitent pourraient venir se reposer dans le calme pendant le temps de midi ou larécréation de quatorze heure ?

Si de tels locaux existent dans certaines entreprises, pourquoi pas dans une école ?

36 Ibid.37 KERKHOFS Myriam, Le sommeil de A à Z, Labor, Bruxelles, 2000, p.738 Ibid.

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Chapitre 4Les rythmes et temps scolaires : sondage auprès des élèves et des enseignants.

Il m'est apparu nécessaire, dans le cadre d'un travail portant sur l'étude des rythmes et tempsscolaires, de consulter l'avis des premiers concernés par le sujet : les élèves et les enseignants. Quepensent-ils du système actuel ? Qu'aimeraient-ils conserver ou changer ? Faut-il revoirl'organisation des plages horaires et du calendrier ?

Mes lectures documentaires sur le sujet laissaient augurer que oui, mais je tenais à vérifier par moi-même cette unanimité théorique.

J'ai donc réalisé deux questionnaires, un à l'intention des élèves et un autre destiné aux enseignants,et basés sur un système à choix multiples afin de les rendre plus rapides et « instinctifs » àcompléter39. J'offrais également la possibilité à chacun de laisser des commentaires plus détaillés sinécessaire.

J'ai mené le sondage dans trois écoles différentes (une école technique et deux écolesd'enseignement général) avec des résultats fort variables : les élèves y ont bien répondu là où lesenseignants sont restés fort réservés.

Au total septante-et-un élèves ont répondu et seulement... six enseignants. Les raisons de cette non-participation peuvent être multiples : désintérêt pour le sujet, sollicitations trop nombreuses quifinissent par lasser...

Néanmoins les quelques réponses obtenues sont intéressantes et méritent d'être mentionnées etcommentées.

Je vais toutefois commencer par les réponses des élèves.

39 Un questionnaire plus classique aurait demandé davantage de temps et pu rebuter. Sans compter que cequestionnaire est complété pendant le cours et nécessite donc l'accord du maître de stage, d'où l'intérêt d'une formulemoins coûteuse en temps.

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4.1. Résultats du sondage auprès des élèves.

Que penses-tu de la durée des journées de cours ?

Est-ce que tu apprécierais d'avoir des congés moins longs (Noël, Pâques, les Grandesvacances...), mais d'en avoir plus souvent ?

Est-ce que tu apprécierais de ne plus avoir de devoirs à faire à la maison et de les faire àl'école (l'après-midi par exemple) ?

Trop courte (1 réponse)

Ni trop courte ni trop longue (22 réponses)

Trop longue (48 réponses)

Non, le système actuel me plaît (42 réponses)

Ca m'est égal (15 réponses)

Oui, j'aimerais avoir plus souvent congé même si ce serait moins longtemps (14 réponses)

Oui, j'apprécierais ça (36 réponses)

Ca m'est égal (20 réponses)

Non, je préfère les devoirs à la maison (15 réponses)

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Est-ce que tu apprécierais d'avoir uniquement cours le matin et d'avoir d'autres activitésl'après-midi (sports, activités culturelles, cours de soutien...) ?

4.2. Leçons du sondage auprès des élèves.

Le sondage auprès des élèves a livré des résultats qui m'ont parfois surpris.

Sans grande surprise, à la première question portant sur la durée de la journée de cours, la majoritédes sondés a répondu qu'elle était trop longue (presque 68%) là où moins d'un tiers semble satisfait.Et un seul sondé trouve la journée trop courte.

En revanche à la question leur demandant s'ils ne souhaiteraient pas avoir congé plus souvent maismoins longtemps la majorité des élèves(environ 59%) reste attachée au statu-quo actuel. Il sontmoins de 20% à être prêts à troquer la longueur des congés contre une plus grande quantité de cescongés.

Si on peut y voir un attachement aux longs congés auxquels ils sont habitués (ce qui est ressorti desquelques échanges que j'ai eus avec les élèves) on peut noter la contradiction avec les réponses de lapremière question. En effet, la diminution du nombre de cours journaliers ne pourrait se faire quevia un étalement des jours de cours ce qui imposerait de réorganiser le calendrier et, in fine,modifier l'organisation actuelle des congés qui ne saurait être conservée en l'état.

La troisième question qui abordait les devoirs (qui pourraient être effectués à l'école) livre desrésultats plutôt mitigés. À peine plus de la moitié des élèves (environ 51%) apprécierait de les faireà l'école plutôt qu'à domicile tandis qu'un nombre non négligeable (environ 21%) apprécie de leseffectuer à domicile.

Les explications à cet attachement pour les devoirs à domicile peut dépendre des conditions danslesquelles ils sont effectués. Un élève soutenu et encadré à domicile a plus de chance d'y êtrefavorable qu'un élève livré à lui-même. Si pour le premier les devoirs à domicile sont un moyend'approfondir la matière et un renforcement, le deuxième n'y verra qu'une épreuve insurmontable.

La dernière question concernant une réorganisation de la journée de cours sur le principe du « coursthéoriques le matin, activités plus ludiques l'après-midi » livre en revanche des résultats plusconformes à mes prévisions. La majorité des répondants (plus de 67%) sont favorables à un systèmede ce type là où moins de 6% préfèrent avoir cours toute la journée.

Oui, j'apprécierais ça (48 réponses)

Ca m'est égal (15 réponses)

Non, je préfère avoir cours toute la journée (8 réponses)

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Ce résultat est encore plus intéressant si on le place en parallèle avec celui de la première questionoù la même proportion d'élèves trouvait la journée de cours actuelle trop longue, preuve quebeaucoup seraient favorables à sa réorganisation.

En revanche on buterait toujours sur l'écueil du statut des congés tels qu'ils sont organisés. Si lesélèves semblent attachés aux longues périodes de congés (juillet-août, vacances d'hiver...), ceux-cidevraient être remaniés si l'on veut diminuer le nombre d'heures de cours pendant les journées declasse. Alors qu'actuellement les heures de cours sont ramassées sur une courte période par rapportà nos voisins européens, il faudrait au contraire davantage les étaler sur l'année.

Entre la diminution de la durée des journées de cours (qui semble souhaitée) et la préservation deslongs congés, des choix qui ne plairaient pas à tout le monde devraient être faits.

4.3. Leçons du sondage auprès des enseignants.

La première surprise concernant ce sondage reste le faible taux de participation des principauxintéressés. Plutôt que de donner de la valeur à des statistiques si faibles, je vais m'attacher auxcommentaires détaillés de certains enseignants qui ouvrent des pistes de réflexion intéressantes.

Premièrement a été mentionnée l'idée de diminuer les vacances de juillet-août et d'augmenter « lessemaines isolées ». Cela rejoint l'idée d'étaler davantage les périodes de congés sur l'année proposéepar les acteurs d'une réforme des rythmes scolaires en France.

La longueur du premier trimestre et de certaines périodes de l'année est aussi mise en cause par undes répondants : « 1er trimestre assez long. » ou « On sent la fatigue et la démotivation à certainespériodes de l'année. » Là encore on rencontre l'idée d'une meilleure répartition de la durée despériodes de cours sur l'année.

Un enseignant poursuit dans la même idée : « Aménager différemment l'année scolaire. Aménagerdifféremment les horaires en semaine. Cours théoriques le matin et musique, art, philosophie etsport l'après-midi. »

Même si les réponses ont été très peu nombreuses, elles ont le mérite de conforter l'idée selonlaquelle l'organisation des rythmes et temps scolaires nécessite d'être revue. De même, les réponsesvont dans le sens des conclusions tirées par les auditions, les débats et les échanges de la conférencenationale sur les rythmes scolaires en France.

J'ai également demandé à ma maître de stage lors de mon dernier stage de compléter monquestionnaire et j'ai pu échanger à ce sujet avec elle. Un échange intéressant car il apporte deséléments nouveaux.

Elle faisait remarquer qu'à la question de savoir si elle était favorable à une diminution du nombred'heures de cours hebdomadaires, les enseignants ne parvenaient déjà pas au bout des programmesavec les heures allouées actuellement. Or, une diminution du nombre d'heures nécessiterait selonelle d'augmenter le rythme des cours (voir la matière plus vite) et risquer ainsi de perdre des élèvesqui seraient incapables de suivre.

Pour ce qui est des travaux à domicile elle estimait que cela était nécessaire afin de fixer la matièremais aussi inculquer « le goût de l'effort » et qu'ils étaient indispensables. Si cet avis n'est paspartagé par tous les acteurs du monde de l'enseignement, je garde en tête qu'un nombre non

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négligeable d'élèves s'opposaient à leur suppression.

Concernant l'idée de périodes de congés moins longues qu'actuellement mais plus régulières surl'année elle avançait l'idée de six semaines de cours suivies de deux semaines de congés et lasuppression d'une semaine en juillet-août, soit le découpage de l'année scolaire proposé par lespartisans d'une réforme des temps et rythmes scolaires.

Enfin, pour ce qui est des cours théoriques dispensés le matin uniquement et les après-midi dévolusà des activités artistiques ou sportives elle jugeait cela surtout pertinent pour des élèves de premièreet deuxième années.

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Chapitre 5Quel pourrait être le rythme et temps scolaires idéal ?

Arrivé vers la fin de ce travail et ayant rassemblé de nombreuses informations, il est de répondre àla question : quels rythmes et temps scolaires pour faciliter les apprentissages ? Peut-on dégager unsystème idéal ?

5.1. Quel rythme scolaire idéal ?

La réponse à cette question a été plusieurs fois amenée au cours de ce travail et semble faireconsensus. Il s'agirait d'une année scolaire constituée de périodes de sept semaines de coursentrecoupées par des périodes de deux semaines de congés. L'année scolaire serait davantage étaléesur l'année civile, les vacances d'été étant raccourcies de deux semaines environ.

Les élèves seraient davantage présents à l'école mais le nombre d'heures de cours sur l'année neserait pas forcément revus à la hausse puisque les journées seraient moins chargées.

5.2. Quel temps scolaire idéal ?

Il semble déjà nettement plus difficile de définir un temps scolaire idéal. En effet, les propositionstouchant au temps scolaire sont déjà, comme on a pu le voir dans le chapitre qui y est consacré,nettement plus nombreuses et diverses.

Chacun est libre de se faire son idée sur la question à partir des éléments exposés dans les chapitresprécédents et ce que je vais exposer dans les lignes qui vont suivre n'est que mon opinionpersonnelle.

Puisque la période 8h30-9h30 se caractérise par un faible niveau d'attention des élèves, je pensequ'il est souhaitable de commencer la journée de cours plus tard, vers 9h30. La pause de midi seraitprise un peu plus tard mais allongée et devrait durer entre une heure et une heure et demie pour queles élèves puissent profiter pleinement de ce temps de repos.

La période « critique » de 13h30 à 15h00 qui se signale par une diminution de la vigilance et descapacités à effectuer des activités nécessitant une forte concentration pourrait être occupée par desactivités parascolaires (sport, activités artistiques...) et les cours théoriques reprendre vers 15h,période se signalant par un regain des performances intellectuelles et s'achever vers 17h.

Si cette journée type peut paraître chargée car s'achevant tard, il ne faut pas oublier qu'ellecommencerait aussi plus tard, que la pause de midi serait allongée et qu'une partie de cette journée(la période 13h30-15h00) serait dévolue à des activités parascolaires. Au final, les élèves nepasseraient pas plus de temps en classe qu'actuellement.

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Chapitre 6Que pouvons-nous faire en tant qu’enseignants pour respecter le rythme biologique de nosélèves ?

Une refonte des rythmes et temps scolaires ne peut résulter que d’une décision politique. Seul cepouvoir peut, au final, décider légalement d’une remise à plat de notre système actuel malgré lesappels de certains enseignants, spécialistes, pédagogues et parents d’élèves. Alors, quel rôle peut aufinal jouer l’enseignant, dans sa classe, au niveau des rythmes et temps scolaires ? Peut-ilréellement agir et peser sur le débat ? Ou est-il condamné à attendre une éventuelle réforme ?

Mon expérience encore limitée en tant que stagiaire me permet déjà de répondre que l’enseignant,lorsqu’il est dans sa classe, peut déjà faire quelque(s) chose(s) pour respecter le rythme biologiquedes élèves et s'adapter au calendrier scolaire.

La première serait d'avoir conscience de l’existence du rythme biologique de l’enfant et del’adolescent. Savoir qu’à cette période de la vie, le corps n’a pas les mêmes besoins et la mêmeendurance que celui d’un adulte d’une trentaine d’années. Certains enseignants peuvent – parmanque d'informations au sujet du rythme biologie de l'adolescent – être amenés à voir leurs élèvescomme des employés de bureau censés être opérationnels à cent pour cent de huit heure trente dumatin à seize heure trente l’après-midi. Or, si des adultes ayant atteint leur maturité biologique et lacondition physique qui va avec éprouvent naturellement du mal à rester pleinement productifs toutela journée, la tâche est encore bien plus complexe pour un adolescent en phase de croissance.

On ne peut donc qu'inviter l’enseignant à essayer de se mettre à la place de ses élèves et à de sedemander « Est-ce que je serais moi, à leur place, capable de finir ma journée avec deux heures degrammaire ou d’exercices de drill ? » La réflexion semble élémentaire mais, à travers mon vécu etmes observations, j’ai pu me rendre compte que ce questionnement n’était pas automatique.

La deuxième chose à faire est, une fois que l’on a pris conscience du caractère particulier du rythmede l’adolescent, d’en tenir compte en adaptant ses activités en fonction du moment de la journée.C’est ce que j’ai essayé de faire le plus possible au cours de mes stages. Lors d'un de mes stagesdans l'enseignement technique, je terminais les trois dernières heures du vendredi (de treize heuretrente à seize heure trente) avec la même classe. La séquence du moment était le récit fantastique et,alors que je suivais normalement un manuel rempli d’exercices de drill et de textes à analyser, jedécidai d’adapter le cours pour rendre ces trois dernières heures fort longues plus agréables.

J’avais préparé une leçon spéciale sur une créature qui fascine beaucoup les adolescentsd’aujourd’hui : le vampire. D’où est originaire cette créature ? D’où vient le mythe ? Quelles sontses interprétations dans les différentes régions du monde ? Est-ce que les élèves connaissent desvampires célèbres ? Qu’est-ce qu’ils savent sur ces créatures ? De plus, le vampire est une créatureprésente dans l’univers fantastique, donc nous restions dans le cadre du cours. Nousapprofondissions un point de matière que je savais capable d’intéresser les élèves. Je transmettais del’information comme dans un cours classique, mais il y avait beaucoup plus d’échanges entre lesélèves et moi, le travail était moins « formel » et demandait surtout moins de concentration de lapart des élèves.

Une autre technique utilisée parfois par mon maître de stage était la « pause-lecture ». Les deuxpremières heures étaient consacrées au travail au sens scolaire du terme et la dernière était dédiée àla lecture. Chaque élève avait un livre dans la bibliothèque de la classe et cette dernière heure decours leur permettait de le lire. Avantage double avec cette méthode : on évite une troisième heure

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de cours difficile aussi bien pour les élèves que pour l’enseignant et les élèves ont la possibilité delire en classe, ce que les lecteurs les plus faibles ne font pas nécessairement à la maison. Qui plusest les livres découverts en classe peuvent très bien être exploités par la suite dans diverses activités(présentation de son livre à la classe, cercle de lecture…).

Il va de soi que la pause-lecture ne peut se faire qu’à condition de bien avoir sa « classe en main »afin que cette activité se déroule dans le calme. Il doit y avoir un accord avec les élèves : « il y apause-lecture uniquement si vous la respectez. » La pause-lecture ne doit pas servir à échapper àune heure de cours (aussi bien pour les élèves que l’enseignant) ou faire office de récréation. Il enva de même pour les activités ludiques qui seraient instaurées en fin de journées.

Lors de mon premier stage en deuxième année j’avais une classe de deuxième différenciée. Desélèves attachants mais parfois difficiles à canaliser. Je terminais les deux dernières du vendredi aveceux. Pour chacune de ces deux dernières heures de cours je prévoyais des activités différentes où ilsapprenaient des choses pour leur culture générale (vocabulaire par exemple) mais sous une formeludique et, surtout, je n’apportais pas de matière nouvelle. Les deux dernières heures du vendrediavec des élèves en difficulté ne sont pas les meilleures de la semaine pour cela.

Les interrogations suivent le même principe : j’essayais de le faire autant que possible en matinéeou en milieu de journée et pas à la fin de celle-ci.

Enfin, il arrivait souvent que lorsque la matière à voir pour l'heure de cours était vue et les activitésprévues effectuées, ma maître de stage – et puis moi lorsque je fut amené à donner cours – laissionsles dernières minutes « libres ». Je ne commençais pas de nouvelle matière ; les élèves devants'occuper calmement (lire, préparer des devoirs ou travaux...).

En synthétisant, j'ai pu dégager trois enseignements :

1) L’enseignant doit être conscient du rythme biologique particulier des adolescents ;

2) L’enseignant doit être sensibilisé à ce sujet-là et adapter autant que possible ses exigences.Ce qui ne veut pas dire ne plus rien exiger du tout de ses élèves ;

3) L’enseignant doit prévoir des activités adaptées pour les heures « critiques » comme parexemple les dernières heures d'une longue journée.

Il va évidemment de soi que cette façon de fonctionner est adaptée – et même indispensable de parmon expérience – à un certain type de public, dit « faible », mais n'est pas nécessairement adéquateavec des élèves plus performants.

J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte lors de mon stage en deuxième générale. Habitué par messtages précédents effectués dans des écoles où le public y était plus faible, j'avais tendance àimposer un rythme plus lent. Ma maître de stage m'expliqua alors que « chez eux » il n'était pasnécessaire d'adopter un rythme que je croyais adapté et que les élèves eux-mêmes trouvaient celabizarre que la totalité du temps de classe ne soit pas exploité.

De fait, certains élèves sont capables (du fait de l'environnement scolaire et de leur profil) d'êtretirés pendant cinquante minutes et durant huit heures sans que cela n'affecte la qualité de leur travailni leur comportement. En revanche certains publics ayant davantage de difficultés avec les normeset exigences scolaires nécessiteront une approche et une gestion du temps de classe différentes. Les

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fins de cours peuvent ainsi prendre la forme de « pause lecture » ou d'activités d'apprentissage plusludiques.

Ce qui permet d'ajouter un quatrième enseignement :

4) Certains élèves, du fait de l'environnement scolaire et de leur personnalité, sont plusrésistants à un rythme de travail soutenu. Il convient donc de s'adapter à son public et àl'école dans laquelle on est amené à donner cours.

La longue période qui court de la fin des vacances d'hiver à celles de carnaval (qui peut durerjusqu'à huit semaines sans interruption) peut aussi être adaptée de façon à limiter la casse. Commeon a pu le lire précédemment, cette période se caractérise souvent par un fléchissement au niveaudes résultats des élèves dû, d'après le personnel enseignant, à la fatigue. La durée idéale d'unepériode de cours étant de six à sept semaines, je serais d'avis de tirer au maximum profit de ces sixpremières semaines. On y verrait la nouvelle matière et y placerait les interrogations certificativespendant cette période où les élèves seront au mieux de leurs capacités.

En revanche, les deux dernières semaines où la fatigue commencera à se faire sentir, je pense qu'ilconviendrait d'éviter d'y placer les interrogations (dont les résultats seront généralement moins bonsque si elles avaient été faites avant) ou de voir de la nouvelle matière. Non seulement les élèves yseront moins réceptifs, mais le peu qui sera appris risque bien d'être oublié lors des vacances decarnaval.

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Conclusion

Au cours des mes recherches j'ai pu glaner de nombreuses informations sur l'adaptation des rythmeset temps scolaires dans un but d'optimisation des capacités intellectuelles et physiques des élèves,d'un plus grand respect de leur rythme et biologique et, au final, d'une amélioration desperformances.

Presque toutes les suggestions des chronobiologistes et des spécialistes du rythme de l'adolescentvont dans le même sens, à savoir davantage de journées de cours mais moins longuesqu'actuellement et une année scolaire étalée de façon plus régulière.

C'est l'un des paradoxes du débat sur la réforme des rythmes et temps scolaires : le problème estconnu de tous les acteurs du monde de l'enseignement (enseignants, directeurs d'écoles, personneléducatif mais aussi les élèves eux-mêmes et leurs parents), les solutions et alternatives au systèmeactuel existent et sont également connues, mais leur application tarde toujours à se faire.

On ne peut qu'être convaincu que le problème des rythmes et temps scolaires déborde du cadre del'école et possède des ramifications plus larges. Dans la sphère économique (l'industrie du tourismeau premier chef) et, forcément, politique.

On pourrait également voir dans ce statu quo une certaine forme d'inertie devant une habitudedésormais bien ancrée et un calcul des décideurs et de certains acteurs. Ainsi, si le système actuelest imparfait et entraîne son lot de désagrément pour le personnel enseignant, le corriger et changerles habitudes peut-être considéré comme un processus qui risque de prendre du temps et de causerdes désagréments en contrepartie. Le « jeu » n'en vaudrait donc pas la chandelle.

Enfin, une réorganisation des rythmes et temps scolaires ne manquerait pas de modifier certaineshabitudes familiales40 elles aussi bien ancrées. Et le poids des associations de parents d'élèves étantconnu, une réforme des rythmes et temps scolaires ne pourrait que difficilement se faire sans leurassentiment. Là encore, la « bataille » peut paraître si ardue que personne ne soit tenté de la mener.

De même, les pouvoir locaux (communes, provinces) pourraient se voir mises à contribution en casde réformes des rythmes et temps scolaires : fourniture de locaux et/ou de personnel ce quireprésenterait un coût financier certain.

Il apparaît peu probable qu'une réforme des rythmes et temps scolaires allant dans le sens del'intérêt des élèves (et par là même de celui de leurs professeurs, les deux coïncidant ici) voie le jourprochainement.

Par conséquent il appartient à l'enseignant de faire « sans » et de tenir compte des réalitésbiologiques et physiques des adolescents qui lui sont confiés et d'adapter au mieux ses pratiques. Sicela peut sonner comme une contrainte supplémentaire du métier d'enseignant, cela permet surtoutde profiter au mieux du potentiel de ses élèves.

40 L'heure de lever des élèves, la possibilité pour les parents de les déposer à l'école avant de prendre la route de leurslieux de travail et de les reprendre sur le chemin du retour...

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TUTAK Alizée, Recherche-accompagnement de projet d'innovation pédagogique etorganisationnelle au sein du 2e degré professionnel de l'enseignement secondaire de plein exercice.Expérimenter au service de la réussite des élèves de 3e professionnel, Faculté de Psychologie et desSciences de l'Éducation Université de Mons.

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Site internet d'institutions

Ministère de l'éducation nationale (http://www.education.gouv.fr)