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6 RUE DARU 75379 PARIS CEDEX 08 - 01 73 05 45 45 SEPT 11 Mensuel OJD : 108455 Surface approx. (cm²) : 7154 N° de page : 30 Page 1/17 DEVIENNE 3479819200524/GPP/OTO/3 Eléments de recherche : EMILIE DEVIENNE : consultante spécialiste du coaching en écriture, toutes citations QUEOES Les femmes sont encore rares aux postes clés. Voici pourquoi les entreprises auraient tout à gagner à leur ouvrir les bras. £ es femmes sont-elles vraiment incapables de lire une carte rou- tière et les hommes de ranger leurs chaus- settes ? Et surtout, faut il croire que les premières sont program races pour garder le foyer et les seconds pour faire la guerre et partir a la chasse ? Si vous voulez avoir la réponse, ne lisez pas ce dossier Que les femmes vien- nent de Venus et les hommes de Mars (ou l'inverse), la n'est pas la question Nous avons plutôt cherche a établir une série de constats Aujourd'hui, quelles compétences spécifiques les femmes mettent-elles au service de l'entreprise ? Et dans quelle mesure ces compétences per- mettent elles ou non de mieux travailler' Dans chacun des grands domaines de la vie de NATHALIE ROOS, présidente Europe de Mars > v. t . Sommaire Efficacité: elles ont le sens du détail et respectent les délais Page 34 Audace: elles refusent de tout risquer sur un coup de poker Page 36 Sensibilité: elles gèrent mieux leurs émotions et celles des autres Page 38 Ambition: elles n'osent pas assez se mettre en avant pour évoluer Page 40 Créativité: pour elles, une idée ne vaut que si elle prend forme Page 42 Deux grands patrons célèbrent les femmes Page 44

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QUEŒSLes femmes sont encore rares aux postesclés. Voici pourquoi les entreprises auraient

tout à gagner à leur ouvrir les bras.

£es femmes sont-ellesvraiment incapablesde lire une carte rou-tière et les hommes deranger leurs chaus-

settes ? Et surtout, faut il croireque les premières sont programraces pour garder le foyer et lesseconds pour faire la guerre etpartir a la chasse? Si vous voulezavoir la réponse, ne lisez pas cedossier Que les femmes vien-

nent de Venus et les hommes deMars (ou l'inverse), la n'est pasla question Nous avons plutôtcherche a établir une série deconstats Aujourd'hui, quellescompétences spécifiques lesfemmes mettent-elles au servicede l'entreprise? Et dans quellemesure ces compétences per-mettent elles ou non de mieuxtravailler' Dans chacun desgrands domaines de la vie de

NATHALIE ROOS,présidente Europe de Mars

> v. t.

SommaireEfficacité: elles ont le sensdu détail et respectent les délaisPage 34Audace: elles refusent de toutrisquer sur un coup de pokerPage 36Sensibilité: elles gèrent mieuxleurs émotions et celles des autresPage 38Ambition: elles n'osent pas assezse mettre en avant pour évoluerPage 40Créativité: pour elles, une idéene vaut que si elle prend formePage 42Deux grands patrons célèbrentles femmes Page 44

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nous nous sommes appuyés surdes études scientifiques, dont lesrésultats fournissent une basede réflexion solide.Crainte des stéréotypes. Malgréces multiples précautions, nosjournalistes ont eu du mal àtrouver des femmes qui accep-tent de parler à cœur ouvert. AForigine de ces réticences, il yavait souvent la peur d'alimenterdes stéréotypes mille fois débat-tus. Mais aussi, parfois, la peurde l'issue du «match» : et si, fina-lement, les hommes étaientmeilleurs quelles? Espérons quece dossier contribue à rétablirleur confiance. Qu'elles com-mencent par considérer cesimple fait : lors de la crise de2008, BNP Paribas est la banquequi a le mieux résisté, Dexia cellequi a le plus souffert. La pre-mière compte 44% de femmesparmi ses cadres, la seconde22%. Surprenant ? Pas vraiment:les études prouvant que les en-treprises les plus féminisées

mances économiques se multi-plient. L'étude «Women Matter»,conduite en 2007 par McKinsey,a même un sous-titre éloquent :«La mixité, levier de perfor-mance de l'entreprise». Le cabi-net de conseil en stratégie ad'abord passé au crible le mana-gement de 101 grandes entre-prises en Europe, en Asie et enAmérique selon neuf critères(leadership, compétences, moti-vation, innovation, etc.). Et aconstaté que les entreprises oùles femmes occupent davantagede fonctions de direction obte-naient des scores plus élevés. «Lacorrélation entre excellence or-ganisationnelle et présence fé-minine est frappante», affirme-t-on chez McKinsey.Performances financières. Le cabi-net a ensuite sélectionné 89 so-ciétés européennes cotées ayantplus de deux femmes dans leurconseil d'administration etcomparé leurs performancesfinancières à la moyenne de

Retrouvez ce dossier le mardi 30 aoûtsur Europe f dans l'émission d'HelenaMorna "Les Experts Europe I".

Chaque jour, Helena Morna et ses expertsapportent des solutions qui améliorent votrequotidien en répondant à vos questionsconcernant l'emploi, l'immobilier, l'argent,la santé, la famille. Du lundi au vendredi,de 14 heures à 15 h 30 sur Europe I,

Europe 7 JEAN-PAUL AGON,PDG de L'Oréal

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Juste sur les plans moral et social, la luttecontre les inégalités entre les sexes estaussi un impératif économique et financier^ leur secteur. Là encore, qu'ils'agisse de rentabilité, de résul-tat opérationnel ou de crois-sance du cours de l'action enBourse, les entreprises fémini-sées étaient meilleures.Seuil critique. Deux ans aprèsl'enquête de McKinsey, l'étudepubliée par Michel Ferrary allaitdans le même sens. Le chercheurde la Skema Business School(Lille et Sophia-Antipolis) dé-montrait l'impact économiquefavorable de la présence desfemmes dans l'encadrement de42 entreprises françaises cotées.Croissance, rentabilité, produc-tivité au travail et création d'em-plois, tous les indices concor-daient. «Beaucoup de dirigeantspensent encore que lutter contreles inégalités entre les sexes, c'estfaire du social, relève MichelFerrary. Or la justification est

; certes d'ordre moral, mais elleest aussi clairement d'ordre éco-

• nomique. Nommer une femmeI à un poste visible pour s'acheter

une image de diversité a peud'influence sur les performan-ces. Mais au-delà d'un seuil cri-

tique de 35% des effectifs, l'im-pact des femmes est réel.»

Place aux femmes, donc ? Entout cas, ce serait cohérent avecla manière dont se définit lascience du management au-jourd'hui. Professeurs, DRH etcoachs défendent des valeurs deconcertation, de négociation etd'écoute : autant de qualités quel'on prête plutôt aux femmes.«Les entreprises se sont cons-truites sur un modèle masculininspiré de l'armée, estime lechasseur de têtes Damien Cre-quer, du cabinet Taste. Cette vi-sion dirigiste et hiérarchiquen'est plus du tout adaptée. Il fautfaire adhérer les équipes auxprojets, pas les leur imposer.»Arsenal législatif. La mondialisa-tion de l'économie, de plus enplus complexe et incertaine, in-cite aussi à abandonner le fan-tasme de clonage des élites. «Siles décideurs sont tous deshommes blancs issus de la mêmeécole, ils risquent davantage dese tromper», estime François Fa-toux, délégué général de l'Ob-servatoire sur la responsabilité

supérieurs

dans leurcomité dedirection.

sociétale des entreprises. La dé-monstration n'est donc plus àfaire : les entreprises ont tout in-térêt à intégrer davantage de fem-mes. Mais cette évidence est en-core loin de se traduire dans lesfaits, malgré un arsenal législatifqui ne cesse de s'alourdir. Der-nière en date : la loi Copé-Zim-mermann de janvier 2011 qui,pour la première fois, imposedes quotas : un minimum de 20%de femmes au sein des conseilsd'administration d'ici à 2014, et40% d'ici à 2017, sous peine desanctions. Pourtant, jusqu'à pré-sent, rien n'y fait. La France n'aplus de patronne d'une sociétédu CAC 40 depuis l'évictiond'Anne Lauvergeon de la direc-tion d'Areva en juin dernier. Etseules 70 femmes (soit 15% deseffectifs) figurent aux conseilsd'administration et de surveil-lance des entreprises du CAC 40.Répartition des tâches. «Dans lemilieu des affaires, les hommesvivent entre eux depuis toujours,constate Tita Zeïtoun, PDG deBoissière Expertise Audit. A telpoint que le directeur financierd'une énorme entreprise fran-çaise s'est un jour étonné devantmoi : il existe donc des femmescommissaires aux comptes ?»L'association Action de femme,présidée par Tita Zeïtoun, luttenon seulement pour une pré-sence accrue des femmes à des

Plus de quarante ans de conquête du monde du travail

Réforme du régime matrimo-nial de 1804. Les épousespeuvent ouvrir un compte ibancaire et travailler sansl'autorisation de leur mari.

L'égalité de salaire hommefemme garantie par la loi.

Inscrite au code du travail,elle est renforcée en 1983

par la loi Roudy qui interdit ladiscrimination professionnelle

en raison du sexe. Deux ansauparavant était créé par

François Mitterrand l'éphémèreministère des Droits de la

femme, disparu en 1986.

Loi Génisson sur l'égalitéprofessionnelle homme-femme.

Comme les deux précédentes,elle peine à être appliquée.

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postes clés, mais aussi pour unerépartition plus égalitaire destâches. «Celles qui accèdent àdes responsabilités sont souventnommées au social, à la commu-nication, au développement du-rable, et très peu à la stratégie ouà la finance», déplore-t-elle. Surce sujet, le bilan dressé par l'ins-pectrice des affaires sociales Bri-gitte Grésy dans son rapport de2009 sur l'égalité professionnelleest accablant : les hommes squat-tent des secteurs entiers de l'éco-nomie (industrie, bâtiment,informatique), tandis que lesfemmes sont surreprésentéesdans des emplois précaires ou àtemps partiel, non qualifiés(60%) ou peu valorisés (cais-sières, infirmières, secrétaires).Plafond de verre. Surtout, à posteégal, les hommes gagnent tou-jours 17% de plus. Une étude del'Apec de mars 2011 révèlemême que cet écart de salaireaugmente avec l'âge, consé-quence de progressions de car-rière inégales. Le fossé entre lessexes se creuse à partir de 35 anset l'arrivée du premier enfant.Les femmes butent alors sur lefameux plafond de verre. «Lesstéréotypes, qui perdurent, en-travent leur promotion, regretteBrigitte Grésy. Je me souviens decette jeune femme écartée d'unposte car son patron était per-suadé qu'elle ne serait pas assezmobile à cause de ses enfants.

11 Un direc-teur finan-cier s'est unjour étonnédevant moi:il existedonc desfemmescommis-saires auxcomptes?]]Tita Zeïtoun,PDG de BoissièreExpertise Audit

Pourtant, elle venait de se dépla-cer dix-huit fois en Chine pourson travail!» Le plus urgent estdonc effectivement d'en finir avecles idées reçues pour instaurerune situation plus égalitaire.L'auteure du «Petit traité contrele sexisme ordinaire» (Albin Mi-chel) est même prête à pousserl'idée de mixité jusqu'au bout :«A compétence égale, dans uneéquipe majoritairement fémi-nine, il faudrait ainsi choisir unhomme.» Resterait alors à inven-ter un mot pour leur défense :«masculinisme» ? Malheureuse-ment, les linguistes ont large-ment le temps de réfléchir à laquestion. • Anne-Isabelle Six

L'ECART DE REMUNERATION SE CREUSEÀ PARTIR DE 35 ANSRémunération annuelle brute médiane (en milliers d'euros) parsexe et par âge.

_^S. '^JÊÊijj^jft

4EDEF

Laurence Parisot au Medef.1 Première femme à la tête

du patronat français, elle aété réélue en 2010. i

Loi sur l'égalité salarialehomme-femme. Elle prévoit

de supprimer les écarts derémunérations en 2010.

Christine Lagarde au FMI.C'est la première femme élue

à la direction générale du Fondsdepuis sa création, en 1944.

LES FEMMESSOUS-EMPLOYÉES

Situation professionnelledes jeunes vivant en coupleau terme de leur septièmeannée de vie active.

Femmes

Sans Plusieursenfants I enfant enfants

• Temps partiel• Sans emploi

Hommes

94% 93%

Sans I I Plusieursenfants I I enfant I enfants

• Temps plein• Temps partielSource enquête Cereq 2007

ENCORE TROP PEU DEFEMMES MANAGERS

Part desfemmesdansl'encadre-ment.

dans iéi!8Ufc|b83ns les entre-prises comptant prises comptant

plus de 35% moins de 35%de femmes de femmes

Source r&vue du CNRS Travail genreet société, 2010

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: elles ont le sens duPlanificatrices nées,les femmes bossentaussi plus vite queles hommes. Leurpoint faible : la ges-tion des imprévus.

fes femmes naturellementmultitâches ? Cette intui-tion, qui se vérifie quasiquotidiennement dansla vie de famille, vient

de trouver une confirmationscientifique. Des chercheurs del'université du Hertfordshire, enAngleterre, ont demandé à100 personnes d'effectuer plu-sieurs tâches en huit minutes (ré-soudre des problèmes de maths,localiser des restaurants sur unecarte, retrouver une clé). Conclu-sion : les femmes obtiennent demeilleurs résultats que leshommes. Idem dans le mondedu travail, comme l'a remarquéThibaut, commercial dans ungrand groupe d'intérim : «Une denos consultantes en recrutementvient d'installer sur son PC unlogiciel de transcription pourpouvoir dicter ses évaluations decandidats pendant qu elle trie desCV ou répond à ses e-mails. Unhomme serait incapable de fairetout ça à la fois !» Mais cette maî-trise du mode multitâche est loind'être le seul atout des femmessur le plan de l'organisation...Méticuleuses en chef. Concrètes etpragmatiques, elles portent unegrande attention aux détails.«Elles sont capables de passer dugénéral au particulier et inverse-

PRISE EN COMPTEDES ASPECTS PRATIQUESAlors que lui est encore ébloui par lebut à atteindre, elle repère d'emblée

les points a ne pas oublier.Avantage aux femmes

Ce dossier va être passionnant.Quelle aubaine qu'on me fasseconfiance pour le mener à bien!

ment, quand les hommes restentà un niveau global d'analyse», af-firme Eléna Fourès, fondatrice ducabinet Idem per Idem. «Je suispartisane du carottage, témoigneMarie Schott, directrice de l'ensei-gne de lingerie Undiz. Je plongedans mon sujet pour aller jus-qu'au plus petit détail, puis jeprends du recul pour avoir unevue d'ensemble.» Aux yeux deLionel Beaumont, DG d'Aselqo,une structure qui gère des centresd'animation et de loisirs à Orléans,cette différence d'approche com-porte bien des avantages : «Lors-

PLANIFICATIONDES TÂCHES

Elle organise méthodiquement sesquinze jours de travail. Lui estime au

contraire que rien ne presse.Avantage aux femmes

J'ai largement le temps, je m'ymettrai la semaine prochaine.

tt

Le modemultitâche,c est naturelpour mot.Marie Schott,directrice del'enseigne de lingerieUNDIZ (groupe Etam)

n

que je dois négocier un projet, jedemande à ma responsable admi-nistrative et financière de m'ac-compagner. Sa maîtrise techiquedu dossier rassure nos interlocu-teurs, tandis que j'attaque les su-jets sous un angle plus politique.Les détails m'ennuient !»

Attention, cependant : l'excès deméticulosité peut se révéler unhandicap. «A vouloir tout faireparfaitement, les femmes ont dumal à établir des pnorités claires»,avertit Michel Barabel, DG dugroupe d'études Dever. Ce queVéronique Préaux-Cobti, direc-

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détail et respectent les délaisADAPTATION

AUX IMPRÉVUSConfrontée au même impondérable quelui, elle a tendance à paniquer tandisqu'il réaqit avec plus de souplesse.

Avantage aux hommes

CAPACITÉ À TOUTMENER DE FRONT

Parce qu'elle s'est organisée enamont, elle parvient à traiter d'au-tres dossiers en parallèle. Pas lui!

Avantage aux femmes

RESPECT DES DELAISET QUALITÉ DU RENDU

En avance sur le délai imparti, ellepeut fignoler les derniers détails. Il

termine en retard, parfois en bâclant.Avantage aux femmes

trice de Diafora, un cabinet specialisé sur le sujet de la mixité,repète à l'envi aux femmes qu'ellesuit en entreprise «You hâve todo thé nght things instead ofdoing things nght» («Faire cequ'il faut plutôt que faire bien »)A100% dans l'action. La gestiondu temps est l'autre ligne de partage entre les sexes Les femmesabattent leur boulot plus vite queles hommes et sont obnubiléespar le résultat Elles ne connaissent pas la procrastmationcette tendance a tout remettre aulendemain, chère au monde mas

cuhn «Quand je travaille, je nesuis pas sur Facebook, lance Marie Schott Je suis a 100% a ce quej e fais, car j'ai aussi besoin de montemps en dehors du bureau »

Leur clé pour un meilleur ren-dement se fixer des échéances ets'y tenir «Quand j expose unenouvelle mission a mon équipe,mes collaboratrices se concen-trent tout de suite sur le pland'action», raconte Sophie, manager dans une SSII A l'inverse,Thibaut affirme ne jamais êtreaussi concentre et efficace quelorsqu'il s'y met a la dernière mi

des femmesparviennent

mieux que leshommes à faire

plusieurschoses à la fols.

Source Univet&tyofHertfordstiin juillet 2010

nute «Je prends soin de ne pasprogrammer trop en avance lestâches a effectuer c'est le meilleur moyen de me planter '»

Ce penchant féminin pour laplanification a aussi son reversla difficulté a gérer avec souplesse les imprévus «Plus fami-liers avec le stress et l'urgence, leshommes sont moins déstabilisespar les changements de dernièreminute», confirme Michel Barabel Plus facile, en effet, de voirson organisation chambouléequand on n'a pas d'organisation • Laure Cailloce

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: elles refusent detout risquer sur un coup île pokerLes femmes sont moins enclines que les hommes à adopter des positionshardies. Une prudence qui permet de limiter la casse, mais qui réduit les gains.

£a faillite de LehmanBrothers en 2008 seserait-elle produite si labanque s'était appeléeLehman Sisters ?»,

s'interrogeait sur son blog Rosa-beth Moss Kanter, l'une desprofs les plus influentes de Har-vard. Les chercheurs de l'univer-sité de Cambridge, en Angle-terre, ont la réponse : c'est non.En 2009, l'une de leurs étudesétablissait une corrélation entrele taux de testostérone des tra-ders et leur propension à pren-dre des risques. En clair, I hor-mone mâle doperait l'esprit decompétition. Et diminuerait lapeur de l'échec, au point d'en-traîner, chez les pros de laBourse, des prises de positionparticulièrement risquées. Bienmoins soumises à l'action decette substance, les femmes se-raient plus résistantes que leshommes au frisson de la spécu-lation. «Par prudence, j'ai tou-jours étalé les ventes de valeurs,témoigne ainsi Solène Irion,analyste financière qui a travaillécomme trader à la Bred pendantdix-huit mois. Je vendais d'abord40% de la position, puis éven-tuellement les 60% restants aucours delà journée, en fonctionde l'évolution des cours.»

Une attitude avisée, maismoins lucrative. En 2009, un son-dage d'Equality and HumanRights sur les rémunérations à laCity montrait que les bonus des

femmes étaient inférieurs de80% à ceux des hommes. Plusaudacieux, ces messieurs génè-rent donc davantage de profits...mais aussi plus de pertes quandles choses tournent mal.

GOÛT DU RISQUEAvantage aux hommes

Dans quelques mois, le PlazaAthénée lancera un grand chan-tier de rénovation des trois im-meubles mitoyens qu'il vientd'acquérir avenue Montaigne etdans les rues adjacentes, à Paris.Faut-il fermer l'établissement letemps des travaux? La questiondivise le comité exécutif. «Etantdonné l'ampleur du chantier etles nuisances produites, je neprendrais pas le risque de resterouvert», explique LaurenceBloch, la directrice de l'hôtel.Les quatre hommes qui siègentau comité exécutif (qui com-prend aussi quatre femmes) nepartagent pas son point de vue :ils préféreraient, eux, l'option«audacieuse» consistant à main-tenir l'établissement ouvert.Pour Laurence Bloch, le désac-cord a une allure de déjà-vu : ily a dix ans, elle faisait preuve dela même frilosité face à une pro-position de ses directeurs ad-joints. .. pour finir par admettrequ'ils avaient eu raison (lire soninterview ci-contre).

L'aversion pour le risque estun trait de caractère si récurrentchez les femmes qu'il a été me-

ILS ONTTENDANCEÀ JOUERLEURVA-TOUTPourcentaged'hommes etde femmes quiprennent desdécisions risquéesdans leur carrière

70%

49%

Chiffres issus d'uneexpérience menée par quatrechercheuses américainesdes universités du Texas,de Géorgie de Virginie etd'Anzona juin 2010

sure au cours d'une expériencemenée par quatre chercheusesissues de grandes universitésaméricaines. Elles ont imaginéun scénario dans lequel des étu-diants devaient choisir d'enga-ger ou non de fortes sommespour un retour sur investisse-ment incertain. Résultat : 70%des hommes tentaient leurchance contre seulement 48%des femmes. A l'appui de ceschiffres, les chercheuses font va-loir que nombre de femmes, lors-qu'elles sont aux commandes,sont moins enclines à mettre enpéril l'entreprise et les salariés ententant des coups de poker, con-trairement aux hommes, plus in-dividualistes. «Elles ont un sensdu collectif qui leur procure unevision globale, confirme San-drine Ausset, responsable de laconduite du changement du ré-seau retail à BNP Paribas. Ellesmesurent mieux les conséquen-ces de leurs décisions. En contre-partie, elles ont besoin de plus detemps pour trancher. Conclu-sion : la présence des hommes estnécessaire pour donner descoups d'accélérateur.»

^ ^ _ _

___ Egalité hommes-femmesPrudentes avant d'hypothéquerl'avenir d'une organisation dansson ensemble, les femmes se rat-trapent quand elles sont seulesconcernées. Après avoir inter-rogé 650 femmes managers, la

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chercheuse Sylvia Maxfïeld, de laSimmons School of Manage-ment de Boston, a conclu qu ellesétaient aussi audacieuses queleurs homologues masculinsquand il s'agissait de gérer leurpropre business : 80% des son-dées ont ainsi déclaré être prêtesà changer de job ou à se mettre àleur compte en engageant leurpatrimoine. Aujourd'hui, enFrance, 30% des créateurs d'en-treprise sont des créatrices. Unchiffre encore faible mais enconstante augmentation.

Evelyne Platnic-Cohen estl'une d'entre elles. Cette ex-direc-trice commerciale chez Vivendia fait le choix de lentrepreneuriaten 2001. Consultante indépen-dante, elle a monté successive-ment trois sociétés, dont la der-nière, Booster Academy, a réalisé1,8 million d'euros de chiffre d'af-faires en 2010. Pour développerson business, Evelyne Platnic-Cohen a toujours refusé de recou-rir à des financements extérieurs.«L'état d'esprit masculin consi-dère que lever des fonds est uneréussite, fait-elle remarquer. Pourmoi, cela équivaut à sacrifier desparts de son entreprise. Je préfèregérer en "mère de famille".» Uneposition qui ne surprend pasPierre-Emmanuel Aubert, busi-ness angel et administrateur duréseau France Angels : «Pour ob-tenir une aide financière, les fem-mes cherchent plutôt à s'appuyersur leur famille et leurs amis, cequi prend du temps. Du coup, leshommes atteignent plus vite larentabilité.» La politique fémi-nine des petits pas serait-elle enrevanche un meilleur gage desurvie pour l'entreprise ? Pas vrai-ment : le taux de pérennité à troisans des entreprises créées par desfemmes est légèrement inférieur(67%) à celui des sociétés crééespar des hommes (70%). •

Ophélie Colas des Francs

Laurence BLOCHDIRECTRICE DU PLAZA ATHÉNÉE

Management: Le comité exécutif du, Plaza Athénée est composé de qua-

tre hommes et quatre femmes. Y avez-vous constaté des modes de fonction-nement différents selon le sexe?Laurence Bloch: Les femmes prennentmoins de risques: elles veulent mesurerles effets d'une décision avant de tran-cher. Les hommes sont plus audacieux.Mais chacun écoute l'autre. Cettedifférence de point de vue nous permetd'atteindre un bon équilibre et uneexcellente performance. D'ailleurs,quand je recrute un adjoint, je chercheplus volontiers un homme!

i Le comité exécutif a-t-il déjà prisun risque majeur contre votre avis?

L. B.: Il y a dix ans, le bar de l'hôtela été ravagé par un incendie. Fallait-ille reconstruire à l'identique ou en faire

"Avant detrancher,

une femmeveut mesurerl'effet d'une

décision

un espace ultramoderne? Le directeurgénéral, François Delahaye, et le chef,Alain Ducasse, défendaient la secondeoption. Moi, j'étais contre car je croyaisqu'on allait trahir l'esprit du PlazaAthénée. Je n'étais pas la seule à lepenser: aucun palace parisien n'avaitfait preuve d'une telle audace! La suiteleur a donné raison. C'est devenu l'undes bars les plus branchés de Paris.

3 L'hostilité au risque n'est-elle pasparalysante pour une dirigeante?

L. B.: Ne confondons pas prise derisque et prise de décision! Je suis àl'origine de nombreuses nouveautésdans rétablissement: design sonoreinnovant, signalétique lumineuse iné-dite, fournisseurs exclusifs... Ces choixont suscité l'adhésion des clients maisils auraient tout aussi bien pu déplaire.

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Sensibilité : elles gèrent mieuxleurs Émotions et celles des autresLeur aisance émotionnelle donne auxfemmes un surcroît de finesse psycholo-gique. Un atout pour se poser en arbitres.

En affirmant que lesfemmes sont plusémotives que leshommes, on ne relaiepas seulement une

idée reçue. On sous-entend aussiqu'elles sont le jouet de leursémotions, voire des hystériquesen puissance. Une expérience del'université de Montréal, menéeen 2009, a remis les choses à leurplace en démontrant que la gentféminine était, en réalité, plusapte à percevoir les émotionsd'autrui. Des neuropsychologuescanadiens ont demandé à 46 per-sonnes d'identifier rapidementla peur ou le dégoût sur le visagede deux acteurs. Résultat : lesparticipantes ont répondu plusvite et en commettant moins d'er-reurs que les hommes. «Les fem-mes décryptent le message d'uninterlocuteur en analysant autantson contenu que la manière dontil est transmis», confirme lacoach Emilie Devienne, auteurdes «50 lois des femmes qui réus-sissent» (L'Archipel). Un talentqui, dans nombre de situationsprofessionnelles, leur permet demieux tirer leur épingle du jeu.

POUVOIR DE CONVICTION

de vue sur une question avant deprendre une décision. C'est l'unedes conséquences de leur capa-cité d'écoute. «L'aptitude desfemmes à comprendre les situa-tions, et notamment les non-dits, met leurs interlocuteurs enconfiance, observe Jacques Ri-voal, directeur de VolkswagenFrance, dont le patron est unepatronne. Elles ont un grand ta-lent pour faire parler autrui : ellesn'imposent rien, elle sont sim-plement dans l'échange.» Etantà l'aise avec les émotions, lesfemmes permettent aux autresde laisser libre cours à ce qu'ilsressentent. Du coup, elles ga-gnent en légitimité et créent plusfacilement le consensus autourd'elles. «Je décèle très vite lesémotions des autres, se féliciteMarise Dematté, directrice mar-keting de l'imprimerie Pure Im-pression. Ce qui n'est pas le casde mon frère, avec qui je dirigela société. Lui n'y prête tout sim-plement pas attention !»

GESTION DES CONFLITS

Avantage aux femmes __

Souvent moins frontales queleurs homologues masculins, lesfemmes ont davantage à cœur delaisser s'exprimer tous les points

^Avantage aux femmes

Combien de managers hommespréfèrent se cacher la tête dans lesable plutôt que d'affronter unconflit qu'ils sentent poindre?Les femmes n'ont pas cette pusil-lanimité. «Elles savent qu'il estimportant de réagir dans l'ins-tant plutôt que de laisser la situa-

ELLEOUVRIRBRAS À SONEX-RIVAL

Indra Nooyiet Mike Whiteétaient enconcurrencepour prendre latête de PepsiCoen 2007. Quandla premièreapprend sa no-mination, ellechoisit la voie dela conciliation.Elle saute dansun avion pourannoncer elle-même la nou-velle à sonex-rival. "Quedois-je faire pourte garder?" luidemande-t-elle."Laisse-moiréfléchir",répond-il.Il est resté vice-présidentjusqu'en 2009.

Indra Nooyi,présidente dugroupe PepsiCo

tion s'envenimer et avoir à gérerplus tard un désaccord profond»,affirme Armelle Carminati-Ra-basse, directrice générale mondepour le capital humain et la di-versité d'Accenture. Là encore,leur leadership «doux» est unatout pour se poser en arbitre.«L'autorité hiérarchique d'unefemme est plus agréable à vivrecar elle fait passer ses messagesavec plus de finesse, de façonmoins abrupte», reconnaîtJacques Rivoal. Et lorsque leconflit les concerne directement,elles s'en sortent souvent mieux :«J'arrive à mes fins avec mesarmes : la séduction, la diploma-tie et la conciliation, note Anne-Sophie Pic, seule femme cheftrois étoiles en France. Contrai-rement à beaucoup d'hommes,je refuse d'en arriver à l'affronte-ment brutal ou à la situation derupture.» • Anne-Isabelle Six

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: elles n'osent pas assezLes femmes se montrent plus réservéesque les hommes pour vanter leurs mérites.Une discrétion qui freine leur ascension.

Martine Moyer nes'était jamaisa v e n t u r é e àdemander unepromotion. Jus-

qu'au jour où son jeune voisin debureau a été bombardé respon-

| sable d'enquête. Estimant qu'elleH méritait aussi ce titre, cette ingé-| nieure au service qualité chez8 Framatome (devenu Areva) aj± pris son courage à deux mains :S elle a débarqué dans le bureau de£ son patron pour réclamer dea monter en grade à son tour. Avecs succès. Un coup d'éclat qui lui a•É permis de faire une belle car-| rière : Martine Moyer est aujour-1 d'hui directrice de programme^ chez Morpho (groupe Safran),g Mais l'ascension n'a pas été fa-g cile, surtout dans le milieu plu-g tôt masculin du nucléaire et deI l'aéronautique. «Le principal3 obstacle à mon évolution aij d'abord été moi-même, recon-5 naît-elle. Et notamment ma peur5 de ne pas être à la hauteur des0 postes à prendre.»

1 CAPACITÉ À SE VENDRE2 ̂ J^^^^^i^ÇW11!?8

g «Je n'ai jamais rien sollicité et j'aii rarement demandé une aug-S mentation : j'estimais que cela1 devait aller de soi», rapporte Ge-2 neviève Goëtzinger, directriceg déléguée de Radio France Inter-i nationale (RFI). Même son de§ cloche chez Patricia Glasel, di-g rectrice de Berlitz Consulting :S «J'ai souvent attendu qu'on me

propose d'évoluer.» Le refus deces deux managers de se mettreen avant ne les a pas empêchéesde gravir les échelons : Gene-viève Goëtzinger a commencécomme journaliste politique àRFI ; Patricia Glasel a d'abordoccupé des fonctions de marke-ting dans une petite SSII. Maiscette réticence à se placer dansla lumière a été préjudiciable à lacarrière de la plupart de leursconsœurs. «Beaucoup de fem-mes estiment à tort qu'elles n'ontpas besoin de vanter leurs méri-tes, analyse Yan Mercœur, coachet formateur chez Femmes &Managers. Une autocensure quirévèle souvent un manque deconfiance en soi.»

En témoigne l'étude Ipsos/GEF (Grandes Ecoles au fémi-nin) de 2007 sur les freins dansles carrières des femmes. Danscette enquête, 42% des sondéesdéclarent avoir du mal à réclamer

"les attrisdu pouvoiraident a se

itîonner

CHEZ ERAMET

"Avant, je me moquais des attributs au pouvoir :la bellevoiture, l'épaisseur de la moquette du bureau... Maisquand j'ai été nommée au comité exécutif d'Eramet, en2007, où je suis la seule femme, j'ai réalisé que ces signesextérieurs aidaient chacun à se positionner et qu'il n'yavait aucune raison de s'en priver! Naturellement, au-delàde la forme, l'important reste le contenu de ma mission."

UN SIÈCLE POUR IMPOSER LEURS CODES À LA TÊTE DES ENTREPRISES

1910

> Helena RubinsteinLes femmes chefsd'entreprise sont encoredes pionnières. Mêmes!la reine de la cosmétiqueporte des tenues chicset des bijoux clinquants,son style de manage-ment reste autoritaire.Elle est aussi respectéequ'elle est crainte dansle monde des affaires.

> Aenne BurdaL'Allemagne de l'Ouestrevient peu à peu à la vieet la fondatrice de larevue de mode "BurdaModen"surfe sur cettevaque. Mais, pour ellecomme pour ses lectrices,le née plus ultra del'émancipation est alorsde se couper les cheveux...comme les qarçons.

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se mettre en avant pour évoluerdes promotions ou des haussesde salaire, 38% avouent un goûtmodéré pour le pouvoir et 42%négligent les relations informel-les. «Je n'entretiens pas de réseau,confirme Martine Moyer. Leshommes font ça naturellement,autour d'une bière ou lors d'unepartie de golf. Moi, je préfère mebalader à vélo avec mon fils.»

Autre étude éclairante, cellemenée en 2005 par des cher-cheurs américains auprès de80 étudiants de Pittsburgh, quidevaient choisir entre des scé-narios impliquant différents de-grés de compétition : au final,seules 35% des étudiantes choi-sissaient le degré le plus élevé derivalité, contre 75% des hommes.Conclusion des chercheurs : lesfemmes sous-estiment leurscapacités à l'emporter tandis queles hommes tentent leur chance,quitte à perdre.

ESTIME DE soi

Patrons, managers, spécialistesdu recrutement et coachs desdeux sexes, tous confirment que,trop souvent encore, les femmescontinuent, inconsciemment oupas, à afficher des attitudes desubordination. Thierry Trouvé,

> Katherine GrahamLes mœurs changent,le féminisme émerge...

-timidement. Après avoiriipousé le directeur

du "Washington Post",Katharine Grahamrenonce à son métier dejournaliste pour devenirfemme au foyer. Elle nedirigera le journal qu'à lamort de son mari.

directeur général d'Elengy, uneentreprise d'exploitation determinaux méthaniers, penseen particulier aux femmes quiarrivent en réunion avec desdossiers de 40 centimètresd'épaisseur sous le bras. «On al'impression qu'elles sont char-gées de faire les photocopies!»Et leffet produit est le contrairede celui attendu : au lieu de prou-ver leur sérieux, ce comporte-ment fait douter de leur connais-sance du sujet. Le syndrome dela bonne élève se traduit aussipar la façon de se tenir: «L'unede nos cadres supérieures, auxqualités remarquables, est sou-vent assise dans un coin, têtebaissée, à prendre consciencieu-sement des notes», observe en-core Thierry Trouvé.

Autre écueil : adopter des atti-tudes susceptibles de renforcerle sexisme. «Les femmes doiventéviter de se portei volontairepour réserver un taxi ou un res-taurant, pour servir le café oufaire les comptes rendus, expli-que Chine Lanzmann, coach etfondatrice du cabinet WomanImpact. Trop d'hommes consi-dèrent encore que ces tâchesnous sont réservées. Certainesd'entre nous ont d'ailleurs telle-

"Femmes d'af-faires mythiques.Veuve Clicquot,Coco Chanel,Florence Knoll,Estée Lauder,Miuccia Prada,Marie Tussaud etbien d'autres...",de Claudia Lanfran-coni et Antonia Mei-ners, Dunod, 25 g.

2010

> Ana Patricia BotmLa réussite au fémininest pleinement assumée.La directrice de la filialebritannique du groupeespagnolSantanderadéjà derrière elle unebrillante carrière chez JPMorgan aux Etats-Unis.Signe des temps: les te-nues sont moins strictes,les cheveux enfin lâchés.

ment intériorisé ce système devaleurs qu'elles se conforment"naturellement" à ce rôle.» S'ex-cuser à tout propos (de déranger,de prendre la parole...) constitueaussi un travers fréquent.

ACCEPTATION DES CODESRELATIFS AU POUVOIR

Une femme est-elle un hommecomme les autres ? Plus mainte-nant ! Celles qui se sont hisséesaux postes de pouvoir ne se sen-tent plus obligées de nier leurféminité en singeant leurs ho-mologues masculins. Fini, lespoignées de main musclées, lestapes sur l'épaule et le parlerfaussement viril adoptés jadispar certaines dirigeantes pourasseoir leur légitimité. Terminéaussi, les tailleurs stricts. «J'aimele beau, la mode, le design, et jene m'en cache pas, explique Ca-therine Tissot-Colle, directricedu développement durable chezle métallurgiste Eramet (lire sontémoignage). Je mets des robeset des bijoux et je porte des ta-lons très hauts. Mes tenues sontadaptées à ma fonction et reflè-tent ma personnalité : je restefidèle à moi-même.» Une ten-dance qui se généralise. «Quandje vois une Nathalie Kosciusko-Morizet affichant sa féminitédans son look et sa démarche, jeme dis que les femmes ont réussià casser les stéréotypes de la"dame de fer" ou de la "séduc-trice", observe la psychologueLaurence Dejouany, auteurd'"Alice au pays de l'entreprise"(EPWN Editions). Signe destemps : il y a cinq ans, le décol-leté était prohibé. Ce n'est plusvrai aujourd'hui». •

Marie-Madeleine Sève

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: pour elles, une Idéene vaut que si elfe prend formeOn conçoit mal, aujourd'hui, un groupe de réflexion sansfemmes. Plus imaginatives, elles seraient aussi plus aptesà envisager un projet ou une idée sous un angle pratique.

<alsi

«la complémentaritéfauoriselïiwentivrte

Dominé

"Avec Yves Dubreil, le directeur adjoint de larecherche, nous imaginons les transports dedemain. Lui est capable de mettre tout en œuvrepour qu'une idée se concrétise. Moi, j'apportemon écoute et mon intuition. Notre complémen-tarité nous rend plus performants, car, pourcréer, il faut des clés de lecture différentes."

orsque j arrive en sémi-naire de créativité etf que je n'aperçois au-cune femme, je pani-que!» confesse Luc de

Brabandere. Auteur d'une «Pe-tite philosophie des grandestrouvailles» (Eyrolles), le direc-teur associé du Boston Consul-ting Group parcourt le mondedepuis des années pour propo-ser des séminaires sur la créati-vité. Son expérience l'a ferme-ment convaincu de l'importancede la mixité pour stimuler l'ima-gination et l'inventivité.

Une position qui avait déjà étéexprimée auparavant: en 1997,deux chercheurs néerlandais,Schruijer et Mostert, ont menéune expérience au cours de la-quelle des groupes exclusive-ment féminins, d'autres exclusi-vement masculins, et desgroupes mixtes étaient invités àformuler des idées sur des thè-mes donnés. Les équipes les plusprolifiques ? Les ensemblesmixtes, bien sûr. Les hommes etles femmes ont des manières tel-lement différentes d'aborder lesproblèmes que leurs apports secomplètent avantageusement.«De façon plus générale, c'est ladiversité des points de vue et destournures d'esprit qui favorise lacréativité, reprend Luc de Bra-bandere. Ce contraste salutairepeut être produit par la réunion

de littéraires et de matheux, depersonnes de nationalités ou decultures différentes, de jeunes etde vieux, d'hommes et de fem-mes.» Autrement dit, le prin-cipal ennemi de l'inventivité estla pensée unique.

INTÉRÊT POUR LARÉFLEXION À LONG TERME

Avantage aux hommes

Plus pragmatiques, les femmesseraient-elles, en contrepartie,moins inventives ? Une chose estsûre : elles préfèrent s'attaquerà la question du «comment ?»qu'à celle du «quoi ?», qui relèvede la créativité stratégique. Au-trement dit, elles semblent davan-tage intéressées par la mise enœuvre des moyens qui permet-tent d'atteindre un but que par ladéfinition du but lui-même. «Ceque j'aime, c'est apporter des so-

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lutions concrètes et sur mesureaux problèmes de mes clients»,indique Sophie Reynal, fonda-trice d'Allia Finance (conseil enrusions et acquisitions). Résultat:dans la plupart des entreprises, cesont des hommes qui sont char-gés de la réflexion à long terme.

Un partage des tâches qui nesurprend pas dans les secteurstraditionnellement masculins.Chez Renault, par exemple, YvesDubreil, qui occupe les fonc-tions de directeur de la recher-che, travaille main dans la mainavec son adjointe, DominiqueLèvent, directrice de la celluleCréativité vision (lire l'encadré).Plus étonnant : cette surrepré-sentation masculine aux postesde réflexion stratégique se re-trouve aussi dans des secteurspresque exclusivement féminins.Chez Caudalie, par exemple, 97%des salariés sont des femmes.Mathilde Thomas a cofondé lamarque cosmétique avec sonmari, Bertrand. Mais, dans lecouple, c'est lui qui s'occupe da-vantage de créativité. «On nepense pas de la même manière,reconnaît Mathilde Thomas.

Un groupemixtese révèledeuxfois pluscréatifqu'ungroupeunisexe.Source "European Journalof Work and OrganizationalPsycho/ogy", 1997

Bertrand a une vision stratégi-que de l'entreprise, il anticipe.Moi, je suis plus intéressée par ladéclinaison du concept à traversles produits.» Opposition clas-sique entre abstraction mascu-line et bon sens féminin ? «Leshommes sont plus enclins à êtredans la prospective. Parfoismême de façon un peu stérile !»affirme Jean-Albert Meynard,chef de service de psychiatrie auCentre hospitalier de La Ro-chelle et auteur de Fessai «LeSexe du cerveau» (L'Archipel).

ORIGINALITE DES IDÉES

Moins préoccupées par la défi-nition de la stratégie, les femmessont en général plus libres dansleur expression que les hommes,sans cesse en train de peser laportée de leurs propos. Qui n'ajamais vécu ces réunions debrainstorming où chacun, téta-nisé à l'idée d'émettre une idéequi déplaise au patron, attendque ce soit le voisin qui parle enpremier ? «La créativité desfemmes n'est pas bridée par descalculs politiques, qui freinent la

libre expression des hommes,estime Luc de Brabandere. Ellesassument cette forme de risquequi consiste à dévouer ses opi-nions, ses impressions.»

Anne Drevon, fondatrice ducabinet ADN, définit la créati-vité comme une «percée». Etpour réussir cette percée, lesfemmes ont un comportementparfois plus adéquat. «Lors-qu'elles sont impliquées dans unprojet, elles sont soucieusesd'éviter de perdre du temps enguerres de territoire», confirmeMarie Vézy, DRH chez Schnei-der Electric. Ce qui les rend sou-vent moins complaisantes, pluscritiques et plus à même d'envi-sager une question sous desangles nouveaux. «Lors d'unenégociation financière, je suisfranche, rapporte Sophie Rey-nal, la fondatrice d'Allia Finance.Je ne joue pas au billard à cinqbandes, ce qui me permet defaire avancer les choses. Mais çane veut pas dire que je n'ai pasune idée précise de mon objec-tif: mon livre de chevet est toutde même "L'Art de la guerre", deSun Tzu !» • Virginie Riva

DES COUPLES EN OSMOSE CREATIVE

Qu'ils soient scientifiques, designers, artistes ouécrivains, nombre d'inventeurs doivent leur créativité

au fait qu'ils ont toujours travaillé en couple. Si Pierre Curies'intéresse à la radioactivité à partir de 1895, c'est parce queMarie Sklodowska, qu'il vient de rencontrer, travaille déjàsur les rayons X. Et celle-ci approfondit sa connaissance del'uranium grâce à un appareil élaboré par son mari. Ils reçoi-vent conjointement le prix Nobel de physique en 1903... toutcomme leur fille, Irène Joliot-Curie, qui se voit remettreavec son mari, Frédéric, le prix Nobel de chimie en 1935. Deleur côté, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir s'influen-cèrent mutuellement dans leurs réflexions philosophiques(existentialisme et féminisme) et lancèrent ensemble la revue"Les Temps modernes" en 1945. Figures incontournables dudesign du xxe siècle, Ray et Charles Eames ont dessiné à deuxla forme de la célèbre Eames Lounge Chair en 1956, leur plusgrand succès. Quant aux stylistes Marithé et François Girbaud,leur rencontre en 1960 est le début d'une longue série d'inno-vations sur le jean (entre autres, le procédé "stone wash").

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JEAN-PAUL AGON (L'OREAL) ET NATHALIE ROOS (MARS)

Deux grands patronscélèbrent les femmes

Ces deux PDG dirigent des groupes qui favorisent la carrière des femmes.Mais chacun a sa vision personnelle de ce qu'elles apportent à l'entreprise.

Elle est la preuve quel'on peut accéder auxplus hautes fonctionsdu management sanssacrifier sa vie fami-

liale. Il incarne une entreprisequi multiplie les initiatives en fa-veur de la mixité. Nathalie Rooset Jean-Paul Agon étaient toutdésignés pour débattre des méri-tes comparés des femmes et deshommes dans l'entreprise. Y a-t-il certaines qualités dont l'au-tre sexe serait dépourvu ? Pourle PDG de L'Oréal, c'est non. Legenre des collaborateurs n'est, àses yeux, plus vraiment unequestion dans un groupe quicompte 60% de femmes parmises effectifs. Ce qui ne l'empêchepas de mettre en place des mesu-res pour concilier progressionde carrière et maternité.

Un geste fondamental... maisinsuffisant, selon la présidentedes marchés européens dugroupe Mars. D'après elle, le prin-cipal frein aux carrières fémi-nines est à la fois d'ordre culturelet psychologique : les femmesmanquent toujours de confianceen elles, et cherchent encore àimiter les hommes pour réussir...Des inhibitions dont NathalieRoos n'a pas souffert: au sein del'entreprise familiale Mars, qui

DES PROGRESMESURABLESPourcentage de femmesparmi les cadres

Sources L Orea/ et Mars

compte 64% d'hommes, cettefonceuse a grimpé tous les éche-lons en faisant de sa féminité unevéritable clé de sa réussite. Inter-view croisée de ces deux grandspatrons dans le bureau de Jean-Paul Agon, au siège de L'Oréal, àClichy (Hauts-de-Seine).

MANAGEMENT: Les femmessont-elles meilleures que leshommes?NATHALIE ROOS: Oui, sanshésiter ! [Elle éclate de rire] Jeplaisante, bien sûr.JEAN-PAUL AGON : C'est unefausse question. Le talent est in-différemment réparti entre leshommes et les femmes.N. R. : Je suis d'accord : le talentn'est pas lié au genre. En revan-che, je pense qu'il y a des diffé-rences d'approche, de sensibi-lité, de regard sur les choses et,pourquoi pas, de valeurs.

MANAGEMENT: Des étudesrécentes (lire page 33) mon-trent un lien entre la proportionde femmes dans les instancesdirigeantes de certaines entre-prises et les performances éco-nomiques de celles-ci...N. R. : Ça ne me surprend pasdu tout. Moins parce que ce se-rait le nombre de femmes qui

ferait la différence, mais plutôtparce que ces entreprises sontcertainement plus ouvertes,avec une culture fondée sur lerespect et la considération despersonnes qui y travaillent.Elles attirent donc plus de fem-mes et sont plus performantes.J.-P. A.: Oui, c'est un peu leproblème de l'œuf et de la poule :est-ce qu'elles sont performan-tes parce qu'elles ont plus defemmes ? Ou attirent-elles plusde femmes parce qu'elles sontperformantes ? En tout cas, c'estun cercle vertueux.

MANAGEMENT: D'autresétudes ont révélé que lesentreprises plus féminiséesavaient mieux résisté à la crisede 2008 que les autres.J.-P. A. : Vous pensez sûrementà la fameuse phrase de cetteprof de Harvard, Rosabeth M.Kanter: «La faillite de LehmanBrothers se serait-elle produitesi la banque s'était appelée Leh-man Sisters ?» Je crois qu'il fautprendre ce genre d'hypothèseavec précaution. Personnelle-ment, j'ai beaucoup de mal à merésoudre à définir des qualitésmasculines ou féminines. Amon avis, il s'agit là de préjugésappelés à disparaître.

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"Une jeune femme se pose forcément laquestion de savoir comment elle va

concilier vie professionnelle et maternité"MANAGEMENT: Commentexpliquer alors que certainesfonctions dans l'entreprisesemblent réservées aux hom-mes, d'autres aux femmes?J.-P. A.: A cause du poids del'histoire, tout simplement.C'est générationnel. Et cela peutdonc changer.N. R. : C'est déjà en train dechanger. Nos 63 usines d'ali-ments pour animaux de com-pagnie sont pilotées au niveaumondial par une femme alorsqu'on attendrait plutôt unhomme à cette fonction. Etnotre communication - do-maine traditionnellement ré-servé aux femmes - est dirigéepar un homme.J.-P. A. : Chez nous, à la direc-tion des achats, c'est une femme.A la direction de la trésorerie,c'est une femme. Certains pa-trons de pays (Italie, Israël, Pa-kistan, Taïwan...) sont des fem-mes. Mais je vous accorde queles choses bougent lentement.

MANAGEMENT: Pensez-vousque la loi de janvier dernier ins-taurant des quotas permetted'accélérer le mouvement?J.-P. A. : C'est dommage de de-voir en passer par là, mais cesystème peut effectivementcréer une dynamique.N. R. : En ce qui me concerne,je suis très partagée sur cettequestion. Disons que, dans desentreprises dirigées de manièretraditionnelle et vieux jeu, lesquotas peuvent provoquer unchangement de mentalité. Enrevanche, pour des groupescomme Mars et L'Oréal, où l'on

observe déjà une vraie volontéde diversité, ils ne sont probable-ment pas nécessaires. En 2010,36% de nos managers étaientdes femmes, soit 10 points deplus qu'il y a dix ans.J.-P. A. : J'ai aussi des chiffres- même si ce n'est pas un con-cours ! Chez L'Oréal, 57% descadres sont des femmes, les co-mités de direction et le comitéexécutif sont composés respecti-vement de 40 et de 21% de fem-mes. Certes, plus on grimpedans la hiérarchie, plus le pour-centage diminue. Mais cela nedevrait pas durer. La plupart denos salariés font la totalité de

BIO EXPRESS

1988Chef des venteschez Kraft JacobsSuchard.

1989Entre chez Marsau sein des direc-tions marketinget ventes.

2000Directrice acommercialedes brasseriesKronenbourg.

2009Présidentedes marchés

Ieuropéens dugroupe Mars.

leur carrière chez L'Oréal : il fautdonc un certain temps avantque les nouvelles générations,plus féminines, accèdent ausommet de la pyramide. Je restepersuadé que dans cinq ou dixans la grande majorité de noscadres dirigeants seront desfemmes. Nous commençonsd'ailleurs à rencontrer le pro-blème inverse dans nos recrute-ments : avec deux tiers de candi-datures féminines, nous devonsveiller à ce que, à long terme, ilreste quand même quelqueshommes dans nos équipes !

MANAGEMENT: Une femmepourrait donc un jour être à latête de L'Oréal?J.-P. A.: Je ne vois aucune rai-son pour que ce ne soit pas lecas. L'Oréal est une méritocra-tie. Il n'y règne aucun clan, au-cune caste, aucun préjugé ni apriori. Ça se jouera au mérite.

"le suis trèspartagcesiir

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N. R.: Je croîs quand même quece n'est pas si simple Car il subsiste un gros obstacle pour lesfemmes le manque de confiance en elles Chez Mars, nousavons du mal a recruter des «general managers» femmes, notamment parce qu'elles ne s'ensentent pas toujours capablesD'une manière générale, lesfemmes doutent d'elles mêmesplus souvent que les hommesJ.-P. A.: Les femmes manqueraient de confiance en elles? Çane se voit pasN. R. : Dernier exemple en datej'étais invitée il y a quelques semarnes a un forum de salariéesd'une multinationale amencame J'ai été frappée par le faitque beaucoup d'entre elles sedemandaient encore commentelles pouvaient réussir en tantque femmes ' La plupart pensaient qu'elles devaient fairetaire leurs contradictions personnelles Or c'est impossibleune jeune femme se pose toujours la question de savoir comment elle va concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelleApres tout, les femmes sontquand même aussi des mèresJ.-P. A.: La, je suis d'accordC'est bien pour ça que, chezL'Oreal, nous avons pris certainés mesures pour elles Pendantleurs congés maternité, leur salaire continue d évoluer Nousfavorisons le temps partiel et letravail a domicile Et nous avonsmis en place un système de«mentormg» pour les accompa-gner dans leur carrièreN. R. : Chez Mars aussi, on attnbue aux femmes a fortes responsabilites un mentor qui lesconseille sur leur evolution

MANAGEMENT: Finalement,être une femme, est-ce unatout ou un handicap?N. R. : Je trouve qu'être unefemme est un atout pour réussir

Dans les fonctions commer-ciales, cela constitue un vraiplus Particulièrement dans lagrande distribution, qui resteun secteur peu féminise Ce quijoue aussi en notre faveur, c'estque nous sommes moins carnenstes et avons davantage le sensdu collectif que les hommesPeut-être le résultat d'un sentiment maternel? En tout cas, j'ail'impression de gérer mes col-laborateurs comme je m'occuperais d'une grande famille, etde faire passer leurs intérêtsavant les miensJ.-P. A.: Je ne doute pas de cettequalité chez Nathalie Roos, maisje pense qu'on ne la trouve paschez toutes les femmes A l'in-verse, certains hommes ont unsens de la responsabilité presque

1978Entre chezL'Oreal commechef de produit.1981Directeur de ladivision produitsgrand public dela filiale grecque.

2001PDG de L'OrealEtats-Unis.

2011Succède à LindsayOwen-Jonescomme PDG dugroupe.

maternel ' Je le répète si unefemme réussit aujourd'hui, c'estparce qu'elle est compétente Enjanvier dernier, j'ai nomme AnVerhulst-Santos a la tête de ladivision produits profession-nels Elle a 46 ans, elle est excel-lente, elle se donne a fond a sonboulot sans pour autant compromettre sa vie personnelleJe pourrais aussi vous citer Bri-gitte Liberman, a la tête de ladivision cosmétique active, etbien d'autres femmes responsablés pour le groupe dans d'autrespays Ce sont des exemples pourtoutes nos collaboratricesN. R.: L'exemplarité est effectivement la meilleure façon d'arriver au but recherche •

Propos recueillis parCyril Azouvi et Grégoire Silly