QUAND LES POMMES AURONT DES DENTS (sketches)

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AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 2/27

Quand les pommes auront des dents... (8 sketches)

Comédie à sketches

de Ann ROCARD

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 3/27

Caractéristiques Durées approximatives :

• Quand les pommes auront des dents... : 5 mn (création 1993) • Gourmandise : 1 mn 15 (création 2008) • Enquête au carnaval : 10 mn (création 1991) • Mirobolette mène l’enquête : 2 mn 30 (création 1990) • Lune de miel à Hollywood : 5 mn (création 2008) • En direct d’Hollywood (1 et 2) : 1 mn 30 (1), 1 mn (2) (création 2008) • Maquillage : 3 mn 30 + le passage mimé (création 2008) • Serpentin : 3 mn (création 1996)

Distribution :

• Quand les pommes auront des dents... : le professeur, Adam, Ève, Julien, Émilie. Il peut y avoir plusieurs Ève, Julien, Émilie. Figurants : autres élèves. Cette pièce peut être jouée par une classe entière.

• Gourmandise : l’accusée (monologue). • Enquête au carnaval : Bulle, Billy, la Reine, le moine, l'ange, le pirate, la

femme à moustache, la bergère au joues roses, le mouton qui bafouille, le fantôme à vélo. Figurants : musiciens, majorettes, fantômes, bergères, moutons, acteurs aux chaussettes variées et masques rouges.

• Mirobolette mène l’enquête : Mirobolette, M. Houille, le bandit M. Ail. • Lune de miel à Hollywood : l’homme, la femme, l’accessoiriste, la journaliste

+ au choix, des acteurs de « Cendrillon, le retour » qui sortent du gros carton.

• En direct d’Hollywood (1 et 2) : présentatrice, vaches. • Maquillage : Mirabelle, la maquilleuse. Lucile, l’animatrice de l’émission de

télévision « Phénomènes ». Omer Toutou, l’homme politique. Lara Youla, la chanteuse. Pauline Dubois, récente milliardaire. Madeleine Chouquette : boulangère (coiffée comme un lion) dont le premier livre est un best-seller. Carola de Saint-Capri, réalisatrice de cinéma. Véro, styliste dans le vent. Dimitri, le technicien.

• Serpentin : 1 ou plusieurs narrateurs. Figurants qui portent les mots (ou les lettres) formant le texte qui serpente.

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 4/27

Accessoires : • Quand les pommes auront des dents... : tables et chaises, pommes, grosse

pomme avec des dents (soit ballon maquillé, soit pomme en papier mâché...)

• Gourmandise : Un bol de riz (sans riz) avec des baguettes, éventuellement un avocat, une coquille d’escargot, un œuf (dur) et une banane.

• Enquête au carnaval : deux grandes loupes, nombreux déguisements et masques, chaussettes variées, guirlandes, lampions, confettis, serpentins, chaînes, crayon, carnet, fausse moustache avec élastique, sac en faux croco, porte-monnaie fluo, vélo, collier.

• Mirobolette mène l’enquête : grosse loupe en carton, palmes, masque, tuba, klaxon.

• Lune de miel à Hollywood : gros carton (avec ouverture cachée côté coulisses), appareils photos, carnet, crayon.

• En direct d’Hollywood (1 et 2) : micro, serre-tête qui clignote, lampe qui clignote.

• Maquillage : fauteuil ou chaise, miroir avec lumières, matériel de maquillage (poudre et plumeau, rouge à lèvres, crayons pour les yeux).

• Serpentin : les mots (ou les lettres) sont écrits sur de petites pancartes ou directement sur les tee-shirts des figurants. Suggestion : sur le même principe, les narrateurs peuvent inventer un autre texte ou la suite de celui-ci.

Public : tout public. Synopsis :

• Quand les pommes auront des dents... : Jean Bouchedor donne une leçon de diction à ses élèves. S'il met l'élève Adam à la porte, quand ce dernier pourra-t-il revenir ? (dans ce sketch se trouvent de nombreuses phrases à dire rapidement, en articulant) (page 6)

• Gourmandise : Une gourmande face aux jurés et à la cour. (monologue) (page 10)

• Enquête au carnaval : Bulle et Billy, deux apprentis détectives, mènent l'enquête en plein Carnaval. Combien d'erreurs judiciaires vont-ils commettre ? (page 11)

• Mirobolette mène l’enquête : Parodie d'une enquête policière. (page 16) • Lune de miel à Hollywood : Un couple arrive à Hollywood pour passer leur

lune de miel. Les jeunes mariés rencontrent un accessoiriste. Demain commencera le tournage du film « Cendrillon, le retour » dont le réalisateur est le célèbre Antoine Riroze. (sketch-lever de rideau à utiliser avant la pièce « Cendrillon, le retour » téléchargeable sur le site) (page 19)

• En direct d’Hollywood (1 et 2) : La présentatrice d’une émission télévisée fait découvrir les coulisses des tournages à Hollywood sous le regard étonné

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des vaches locales. (sketches à utiliser éventuellement avant et après la pièce « Cendrillon, le retour » téléchargeable sur le site) (pages 22-23)

• Maquillage : Avant de se rendre sur le plateau de l’émission « Phénomènes », l’animatrice et les invités se font maquiller. (sketch-lever de rideau à utiliser avant la pièce « Phénomène » téléchargeable sur le site) (page 24)

• Serpentin : Texte mimé avec une farandole de mots. (page 27) L’auteure peut être contactée par courriel : [email protected] - ou par l’intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/

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Quand les pommes auront de dents (Ann Rocard)

Le professeur frappe dans ses mains. Les élèves font de même (rythme identique). PROF : Aujourd'hui, leçon de diction. ÉLÈVES : Késako ? PROF : Une manière de dire un texte. ÉLÈVES : (ne comprennent pas) Késako ? PROF : Vous n'avez que ce mot-là à la bouche ? Késako par-ci, Késako par-là ! Les élèves approuvent de la tête. PROF : (fâché) Oui ? Les élèves font non de la tête. PROF : Bon... Pour bien parler, il faut avoir une bouche ronde comme une pomme. ADAM : (lève le doigt) Je n'aime pas les pommes. PROF : Silence, Adam ! Le professeur soupire et s'adresse aux spectateurs. Pendant ce temps, les élèves se coincent une pomme dans la bouche (sauf Adam).

PROF : Dire que j'ai failli être douanier au nord de l'Alaska... (soupire) Pourquoi ai-je choisi d'être professeur ? (joint les mains) Parce que je suis un saint... Aussi vrai que je m'appelle Jean Bouchedor. Le professeur se retourne et écarquille les yeux.

PROF : Que faites-vous ? ÉLÈVES : (sans ôter les pommes) Chchchch... ADAM : Ils ont une bouche ronde comme une pomme ; c'est vous qui l'avez demandé, mais moi j'ai horreur des pommes. PROF : (furieux) On ne doit pas parler la bouche pleine ! ÉLÈVES : (secouent la tête) Chchchch... ADAM : Ils n'arrivent pas à l'enlever. PROF : Silence, Adam ! Le professeur donne un coup de poing sur son bureau. Tous les élèves déposent leurs pommes sur les tables.

ÈVE : (lève le doigt) M'sieur Bouchedor ! PROF : Vous avez un problème, Eve ? ÈVE : Non, un pépin... PROF : Un souci grave ? ÈVE : Non, un pépin coincé entre deux dents.

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PROF : Grrrrrrrrrr ! (aux élèves) Pourquoi ai-je choisi d'être professeur ? ÉLÈVES : Parce que vous êtes un saint ! ÈVE : Aussi vrai que vous vous appelez Jean Bouchedor. Le professeur joint les mains et respire profondément. PROF : Je continue. Pour bien parler, il faut... JULIEN : (en se pinçant le nez) Ne pas parler du nez. PROF : Il faut a... Il faut a... ÉMILIE : Avoir une langue bien pendue et ne pas la donner au chat. PROF : Il faut ar... ar...

JULIEN : Arrêter de dire de bêtises. PROF : Exact ! Alors, tais-toi ! (respire profondément) Il faut ar-ti-cu-ler. Répétez ! ÉLÈVES : (en articulant au maximum) Ar-ti-cu-ler. PROF : Levez-vous ! ÉLÈVES : (en articulant) Le-vez-vous ! Les élèves se lèvent, sauf Adam. PROF : Et toi, Adam ? ÉLÈVES : (en articulant) Et toi, Adam ? PROF : (aux élèves) Silence ! ÉLÈVES : (en articulant) Silence ! Le professeur donne un coup de poing sur la table. Chaque élève met un doigt devant sa bouche, sauf Adam. PROF : Pourquoi restes-tu assis, Adam ? ADAM : Quand je me lève, j'ai la tête qui tourne. Je risque de m'évanouir, de tomber dans les pommes... PROF : Je ne vois pas le rapport. ADAM : Si, m'sieur ! Je déteste les pommes. PROF : (montre la porte) Adam, dehors ! Adam part en marchant à quatre pattes. Le professeur joint les mains et respire profondément. PROF : Où en étais-je ? ÉMILIE : À « Adam, dehors ! » Le professeur tambourine sur le bureau.

JULIEN : Monsieur Bouchedor ! N'oubliez pas que vous êtes un saint. PROF : Tu as raison, Julien. Je disais donc : pour bien parler, il faut... ÉLÈVES : Ar-ti-cu-ler. PROF : Bravo ! Attention ! Articulez, articulons ! Panier piano, panier piano...

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Le professeur bat la mesure comme un chef d'orchestre. Pour obtenir le silence, il donne un coup de poing sur la table. ÉLÈVES : Pas d'pied chez nono. Pas d'pied chez nono... PROF : Non, regardez ! (mains ouvertes en appuyant sur “pa”) Panier... (poings serrés en appuyant sur “pia”) Piano... Les élèves font les gestes en disant les mots de plus en plus vite. TOUS : Panier piano panier piano panier piano... De temps en temps, Adam frappe à la porte : ADAM : Je peux rentrer, m'sieur ? PROF : Quand les pommes auront des dents ! Adam disparaît.

Supprimer, au besoin, certaines phrases à articuler. PROF : Attention ! Articulez, articulons ! C'est la chanson des saucissons chauds. TOUS : (en rappant) C'est la chanson des saucissons chauds. C'est la chanson des saucissons chauds... PROF : J'ai vu six cent six sots, assis sur six cent six seaux, suçant six cent six saucisses. TOUS : (en faisant de la gymnastique) J'ai vu six cent six sots, assis sur six cent six seaux, suçant six cent six saucisses... PROF : Un banc plein de pain blanc, un plein banc de blanc pain. TOUS : (en dansant de tous côtés) Un banc plein de pain blanc, un plein banc de blanc pain. Un banc plein de pain blanc, un plein banc de blanc pain... ADAM : Je peux rentrer, m'sieur ? TOUS : Quand les pommes auront des dents. Adam disparaît. Tous montent sur les tables.

TOUS : Une pomme sur un mur, qui picore du pain dur. Une pomme sur un mur, qui picore du pain dur... Picoti, picota ! Lève la patte et saute en bas ! Tous sautent sur le sol. Les élèves rappent de tous côtés. Le professeur regarde alternativement les élèves et les spectateurs, l'air ahuri.

ÉLÈVES : (dansent en chantonnant la Marseillaise) Pom, pom, pom, pom, pom... Le professeur donne des coups de poing sur la table ; les élèves continuent de danser. PROF : Arrêtez ! Arrêtez ! ÉLÈVES : (en rappant) Y a pas d'arêtes dans les pommes ! Ça vous étonne ? Ça vous étonne ! Adam entre en portant une grosse pomme avec des dents (par exemple une pomme en papier mâché sur laquelle est peinte une bouche avec des dents). Tous les élèves s'immobilisent et montrent Adam du doigt. ÈVE : Regardez, m'sieur ! La pomme d'Adam !

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ÉLÈVES : (admiratifs) La pomme d'Adam ! ÉMILIE : Une pomme avec des dents ! ADAM : (avec le sourire) Je peux rentrer maintenant ? C'est la seule pomme que j'aime vraiment. Le professeur donne des coups de tête sur la table. Puis il se relève lentement.

PROF : Pourquoi suis-je professeur ? ÉLÈVES : Parce que vous êtes un saint, monsieur Jean Bouchedor. PROF : (fait non de la main) Moi, un saint ? Non, non, non... Un homme sain sans t, sain S-A-I-N ? Peut-être... (recule vers la porte) Un homme sain et sauf ! Sauve qui peut... pendant qu'il en est encore temps ! Direction l'Alaska où je vivrai heureux ! Le professeur part en rappant.

PROF : Direction l'Alaska où je vivrai heureux ! Direction l'Alaska où je vivrai heureux... Quand le professeur a disparu, les élèves se regardent en riant. ÉMILIE : Bonne idée ! JULIEN : Direction l'Alaska... ÈVE : Où nous vivrons heureux. ADAM : Monsieur Jean Bouchedor sera ravi... ÉLÈVES : Oh, oui ! (clin d'œil général)

Tous les élèves partent en rappant et en emportant les pommes. ÉLÈVES : Direction l'Alaska où nous vivrons heureux... Direction l'Alaska où nous vivrons heureux... Noir progressif. Les élèves disparaissent.

Fin

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Gourmandise (Ann Rocard)

L’accusée a un petit sac en bandoulière où dissimuler les accessoires. Elle peut saliver dès qu’elle utilise un terme “culinaire”.

L’ACCUSÉE : Monsieur le juge, mesdames et messieurs les jurés... J’ai été prise en flagrant délit de gourmandise, au point de ne pas être dans mon assiette. Elle sort l’avocat de son sac, puis le pose. L’ACCUSÉE : Je serai mon propre avocat. Rassurez-vous, je ne vais pas pleurer comme une madeleine.(tout en sortant le bol et les baguettes) Je vais mettre les bouchées doubles, prendre des baguettes et utiliser l’humour, (appuie sur le mot riz) car le riz est le propre de l’homme. Elle fait semblant de manger trois grains, sourit et pose le bol et les baguettes. L’ACCUSÉE : La gourmandise est un vilain défaut qui ne fait de mal à personne... sauf à celui qui a l’estomac dans les talons. Elle sort la coquille d’escargot de son sac. L’ACCUSÉE : L’escargot, par exemple. Mesdames et messieurs les jurés, je vous le demande : ai-je une tête d’escargot ? (pose la coquille) Non, bien sûr, et je vous jure que je ne me recroqueville jamais dans ma coquille, surtout pas dans du beurre d’ail persillé ! Elle supplie le public.

L’ACCUSÉE : Ne me laissez pas mariner, cuire dans mon jus ! Rendez-moi la liberté ! Elle sort un œuf de son sac.

L’ACCUSÉE : Qui mange un œuf mange un bœuf ? Mais non, les petites bêtes ne mangent pas les grosses. Regardez-moi : peau de pêche, pâle comme un navet. À parler pour des prunes, je vais finir par tomber dans les pommes. Elle simule un court malaise. L’ACCUSÉE : Oui, mesdames et messieurs les jurés, je veux le beurre et l’argent du beurre pour en mettre dans les épinards. Je veux rester gourmande et être acquittée. Elle range les accessoires dans son sac et sort éventuellement une banane. L’ACCUSÉE : Les carottes sont cuites. La banane est dans votre camp. À quelle sauce vais-je être mangée ? Noir.

Fin

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Enquête au carnaval (Ann Rocard)

Musique. Ambiance de Carnaval (farandoles, personnages déguisés, guirlandes et lampions...)

Des musiciens et des majorettes traversent la salle, en marchant au pas. Bulle et Billy arrivent sur scène, tous deux déguisés en détectives, loupes géantes à la main. BULLE : J'adore le Carnaval ! Pas toi, Billy ? BILLY : Évidemment ! C'est le meilleur moment de l'année ! (montre les fantômes) Oh, regarde, Bulle ! BULLE : Les revenants sont de retour ! Yaou ! Des fantômes traversent la scène en agitant leurs chaînes (éventuellement courte danse). Arrivent des bergères qui jouent à saute-mouton et des moutons qui dansent le french-cancan. BILLY : Là ! Des bergères qui jouent à saute-mouton ! BULLE : Et des moutons qui se croient aux Folies Bergères ! Bergères et moutons s'éloignent.

Une reine dorée traverse la salle en hurlant : REINE : Au voleur ! Au voleur ! On m'a pris mon collier ! BULLE : Un voleur ? Quel voleur ? BILLY : Nous sommes des détectives amateurs. Comment était votre voleur ? REINE : Il portait un mama... BULLE : Un mamamouchi ? REINE : Non, un ma... BILLY : Un mammouth ? REINE : Il portait un masque. BULLE : Mince indice le jour du grand Carnaval. BILLY : (regarde autour de lui) Où se cache le voleur ? (montre un moine) Sous ce capuchon, peut-être ? Billy baisse le capuchon ; le moine ne porte pas de masque. MOINE : Eh là, gamin ! (pousse Billy qui se retrouve par terre) BILLY : Excusez-moi. Je vous avais pris pour... MOINE : Il ne faut jamais se fier aux apparences ! L'habit ne fait pas le moine, gamin ! Le moine s'éloigne, furieux. REINE : Et mon collier ?

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BULLE : Un peu de patience. (montre un petit ange qui porte un masque blanc) Regardez celui-ci : il a une figure d'ange. BILLY : (bondit sur l'ange) Mais il se débat comme un beau diable ! ANGE : Lâchez-moi ! BILLY : Pas question ! REINE : Lâchez-le ! Ce n'est pas lui ! BULLE : Qu'en savez-vous ? REINE : Mon voleur portait un masque rouge... BULLE : Il fallait le dire plus tôt ! Billy lâche l'ange. BILLY : Pardon ! C'était une erreur judiciaire. ANGE : L'an prochain, je me déguiserai en diable... BULLE : Pourquoi ? ANGE : (mime) À coups de fourche, je vous piquerai le derrière et je vous enverrai en enfer. L'ange s'éloigne, furieux. REINE : Et mon collier ? BULLE : (sort un crayon et un carnet de sa poche) Décrivez-nous votre voleur. REINE : Il portait un masque rouge, deux chaussettes de couleurs différentes... BULLE : De couleurs différentes ? REINE : Oui ! Et une fausse moustache... BILLY : Fausse ? REINE : Oui, une fausse moustache fixée avec un élastique. BULLE : Que de renseignements ! BILLY : Ce coquin sera facile à démasquer. (astique sa loupe) Attendez-nous là-bas, majesté (montre un emplacement précis). Nous vous rapporterons votre collier. BULLE : Sus aux masques rouges ! Musique de Carnaval. La reine s'éloigne, un sourire étrange aux lèvres. Billy et Bulle descendent dans la salle et observent les spectateurs à l'aide de leurs grandes loupes. Des acteurs déguisés et masqués de rouge marchent en musique sur la scène (déplacements comiques). Ils portent des chaussettes variées. L'un d'eux est un gros pirate balafré et moustachu.

BILLY : (les montre du doigt) Notre voleur est sûrement parmi eux. BULLE : Approchons-nous discrètement... à hauteur de chaussettes. Billy et Bulle avancent avec précaution, à quatre pattes. BILLY : Là ! Une chaussette à trou et une chaussette sans trou !

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BULLE : La première sent le gruyère. Cela ne fait pas partie de nos indices. BILLY : On ne sait jamais... À l'attaque ! Billy se redresse d'un bond et fait semblant de tirer sur les moustaches du pirate. Ses voisins reculent d'un pas. BILLY : C'est lui ! C'est le voleur ! Je lui arrache sa fausse moustache en un tour de main. PIRATE : AAAAAAAAAAAAïe ! BILLY : Que dit-il ? BULLE : Il dit AAAAïe ! À mon avis, c'est une vraie moustache. Nous ferions mieux de filer... Le pirate soulève Billy, en grognant.

BILLY : Trop tard... PIRATE : Tu cherches la bagarre, microbe ? BILLY : Non, je cherche un voleur avec une fausse moustache. Excusez-moi ! PIRATE : (éclate de rire) Tu as de la chance, je suis de bonne humeur aujourd'hui ! Mais ne recommence jamais ! BILLY : Promis, m'sieur ! Le pirate et ses voisins s'éloignent. BULLE : Nous ferions mieux d'abandonner cette enquête. BILLY : Ce serait dommage pour des apprentis détectives. Une femme s'approche. Elle porte de fausses moustaches, une chaussette bleue et une chaussette verte. BULLE : Billy, vois-tu ce que je vois ? BILLY : Oui, Bulle, je vois ce que tu vois. BULLE : Une chaussette bleue + une chaussette verte... BILLY : + une moustache + un élastique. BILLY et BULLE : C'est elle ! Billy et Bulle s'approchent de la femme, posent les mains sur ses épaules. BILLY et BULLE : Vous êtes en état d'arrestation ! BULLE : Suivez-nous jusqu'au commissariat. FEMME : (sourit) Galopins, vous avez perdu la tête ? BILLY et BULLE : (tâtent leurs têtes) Non, elle est toujours là. FEMME : Galopins, vous jouez aux gendarmes et aux voleurs ? (éclate de rire) Je n'ai rien à me reprocher. Vous pouvez me fouiller. BILLY : Bulle, je ne comprends plus rien. BULLE : Moi, non plus, Billy. BILLY : Qui nous a donné tous les indices ?

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BULLE : La reine ! FEMME : Quelle reine ? BULLE : Une dame, déguisée en reine, à qui l'on a volé son collier. Elle nous a donné beaucoup de renseignements... BILLY : Beaucoup trop de renseignements. BULLE : Aurait-elle quelque chose à se reprocher ? LA FEMME : Chut ! Écoutez ! Une bergère aux joues roses, un mouton et un fantôme traversent la salle en criant. MOUTON : Au voleur ! Mon fac en sot croco... Mon sac en faux croco ! BERGÈRE : Au voleur ! Mon porte-monnaie fluo ! FANTÔME : Au voleur ! On m'a volé mon vélo ! La bergère, le mouton et le fantôme gesticulent en musique. BULLE : Et si la reine nous avait mis exprès sur une fausse piste ? BILLY : Pourquoi ? BULLE : Pour semer la pagaille. FEMME : Bulle a raison. Le comportement de cette reine me paraît bizarre. BULLE : Pendant que nous recherchions un voleur imaginaire... BILLY : Un voleur au masque rouge, aux chaussettes dépareillées et à la fausse moustache... FEMME : Elle pouvait dévaliser tranquillement les passants. Musique. Un cortège s'approche. Des personnages déguisés lancent des serpentins et des confettis. La reine se faufile discrètement derrière le cortège, poussant un vélo et tenant un sac en faux croco.

BULLE : (montre la reine) C'est elle ! La voleuse : c'est la reine ! BILLY : Attrapez-la ! FEMME : Attrapez-la ! FANTÔME : Mon vélo ! Elle a volé mon vélo ! Le pirate et le moine font semblant de courir pour attraper la reine qui s'enfuit et abandonne le vélo.

FANTÔME : Mon vélo ! Elle a laissé tomber mon magnifique vélo ! (le ramasse et l'époussette avec son drap).

Le pirate et le moine rattrapent la reine, puis la fouillent. Le pirate montre le sac. PIRATE : (à la reine) C'est à vous ? REINE : Évidemment. MOUTON : C'est trop ! C'est faux ! C'est mon fac en sot croco... Mon sac en faux croco. Le moine regarde dans le sac et en sort un porte-monnaie fluo.

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MOINE : (à la reine) C'est à vous ? REINE : Évidemment. BERGÈRE : C'est faux ! C'est mon porte-monnaie fluo. Ma photo se trouve à l'intérieur. BULLE : (à la reine) Et le collier ? TOUS sauf Bulle et Billy : Quel collier ? BILLY : Où est le collier de la reine ? REINE : (sort le collier de sa poche) Dans ma poche, évidemment ! PIRATE : (à Bulle et Billy) À vous de jouer, les détectives amateurs ! FEMME : Conduisez cette reine de pacotille jusqu'au commissariat le plus proche. MOINE : Je vous accompagne. Il faut toujours se méfier de l'eau qui dort... TOUS : Pourquoi ? MOINE : Car l'habit ne fait pas le moine. Tous éclatent de rire, sauf la reine. Le moine entraîne la reine ; Bulle et Billy les accompagnent.

Musique de Carnaval. Les autres personnages traversent la salle en farandole. Certains peuvent jeter des confettis et des serpentins sur les spectateurs.

Fin

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Mirobolette mène l’enquête (Ann Rocard)

Mirobolette a une énorme loupe (découpée dans du carton). Elle peut aussi porter une casquette sur la tête.

MIROBOLETTE : Je me présente : Mirobolette, la reine des détectives ! Si vous avez un problème, si vous avez perdu quelque chose ou quelqu'un... Venez me voir ! Aussitôt, je mène l'enquête ! Mirobolette fait les cent pas en regardant à travers sa loupe... Sur la scène, un monsieur marche à reculons. Tous les deux se tamponnent. MIROBOLETTE : Aïe ! HOUILLE : Vous ne pourriez pas regarder où vous mettez votre tête ? MIROBOLETTE : (se frotte la tête) Ouille, ouille, ouille ! HOUILLE : Vous connaissez mon nom ? MIROBOLETTE : Votre nom ? HOUILLE : Oui, je me présente Théodore Houille. MIROBOLETTE : Vous marchez toujours à reculons, monsieur Houille ? HOUILLE : Non, mais aujourd'hui j'avais peur d'être suivi. MIROBOLETTE : (lève sa loupe) Ne dites plus rien ! Mirobolette mène l'enquête ! HOUILLE : Mirobolette ? La célèbre détective ? MIROBOLETTE : Pour vous servir ! HOUILLE : Quelqu'un m'a assommé, juste au moment où je sortais de chez moi. Je n'ai rien pu voir mais j'avais peur d'être suivi... MIROBOLETTE : Par ce bandit ! HOUILLE : Ce terrible bandit ! Mirobolette se met à quatre pattes par terre et observe le sol à travers sa loupe. HOUILLE : Vous avez perdu quelque chose ? MIROBOLETTE : Je cherche des indices... Un dix ! Deux dix ! Trois dix ! HOUILLE : Tant que ça ? MIROBOLETTE : Ne bougeons plus ! Monsieur Houille reste en équilibre sur un pied.

MIROBOLETTE : J'ai trouvé des traces de pas... Le bandit a d'immenses pieds ! Des pieds palmés ! HOUILLE : C'est un canard géant ? MIROBOLETTE : Chut ! J'ai entendu un bruit... Monsieur Houille se réfugie derrière Mirobolette en tremblant. HOUILLE : Un un un... canard géant qui fait du bruit ?

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 17/27

MIROBOLETTE : Cachez-vous derrière ce mur et surtout ne dites rien ! Bruitage : coin-coin de klaxon. HOUILLE : (dans sa cachette) Le le le... canard ! Le le le... voilà ! MIROBOLETTE : Chut ! Le bandit (monsieur Ail) arrive, palmes aux pieds et portant un masque et un tuba, Mirobolette lui tourne le dos et ne le voit pas. HOUILLE : (chuchote et fait de grands gestes) Y a, y a, y a... MIROBOLETTE : Chut ! HOUILLE : Mais mais mais... MIROBOLETTE : Chut ! Le bandit s'approche derrière Mirobolette. Il saisit son tuba pour assommer Mirobolette. À ce moment-là, Mirobolette se baisse pour regarder le sol avec sa loupe. Le bandit se donne un coup de tuba sur les genoux. AIL : Ouille ! Ouille ! Ouille ! HOUILLE : P ... P ... Présent ! Mirobolette se retourne, saisit le tuba, fait mine d’assommer le bandit qui tombe par terre (en douceur).

MIROBOLETTE : Élémentaire, mon cher monsieur Houille ! HOUILLE : Présent ! MIROBOLETTE : Quand j'ai entendu du bruit, j'ai immédiatement reconnu la marche... HOUILLE : D'un canard ! MIROBOLETTE : Non d'un homme-grenouille, ainsi déguisé pour qu'on ne le reconnaisse pas ! HOUILLE : Et alors ? MIROBOLETTE : J'ai fait semblant de ne pas m'apercevoir qu'il était derrière moi... HOUILLE : Et alors ? MIROBOLETTE : Je me suis baissée juste au moment où il allait m'assommer ! HOUILLE : Et alors ? MIROBOLETTE : Vous avez vu la suite ! HOUILLE : Mais qui se cache sous ce déguisement ? Mirobolette enlève le masque du bandit. HOUILLE : Ça alors ! Mais c'est mon voisin, monsieur Ail ! Il a toujours été jaloux de moi. Le bandit se relève. Monsieur Houille lui donne une claque.

HOUILLE : Tiens, ça t'apprendra ! AIL : Ouille ! Ouille ! Ouille !

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 18/27

Le bandit rend la claque à monsieur Houille.

AIL : Tiens, ça t'apprendra ! HOUILLE : Aïe ! Aïe ! Aïe ! Mirobolette se place entre eux. MIROBOLETTE : Ça suffit maintenant ! Vous n'avez pas honte de vous battre comme deux bébés ? Serrez-vous la main ! HOUILLE et AIL : Des bébés nous ? Monsieur Ail et monsieur Houille se lancent un regard noir, puis se tendent la main et se mettent à rire en s'embrassant.

HOUILLE : Ah ce cher Ail ! AIL : Oh ce cher Houille ! HOUILLE : Merc,i Mirobolette ! Vous êtes vraiment la reine des détectives ! AIL : En souvenir de cette réconciliation, je vous offre mes palmes, mon tuba et mon masque. Monsieur Houille et monsieur Ail s’éloignent bras dessus, bras dessous.

MIROBOLETTE : Quand Mirobolette mène l'enquête, ça finit toujours par une fête ! Mirobolette met les palmes, le tuba et le masque; puis quitte la scène en regardant à travers sa loupe.

Fin

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 19/27

Lune de miel à Hollywood (sketch-lever de rideau à placer avant la pièce « Cendrillon, le retour »)

(Ann Rocard) Musique. Un couple arrive, appareil photo à la main. L’HOMME : Chérie, quelle bonne idée tu as eue ! LA FEMME : J’ai toujours d’excellentes idées, chéri ! L’HOMME : Bien sûr, mon amour. Venir passer notre lune de miel à Hollywood, c’est fabuleux ! LA FEMME : J’espère qu’on pourra assister à un tournage de film. L’HOMME : On sera peut-être figurants... Qui sait ? LA FEMME : Ah, voilà quelqu’un ! Arrive un accessoiriste (homme ou femme) qui pousse un énorme carton. L’HOMME : Bonjour ! LA FEMME : Bonjour ! L’ACCESSOIRISTE : Salut ! LA FEMME : Vous travaillez ici ? L’ACCESSOIRISTE : Ouaip ! Je suis accessoiriste. L’HOMME : C’est merveilleux ! (le prend en photo) L’ACCESSOIRISTE : Merveilleux ? Ah, bon ? Vous trouvez vraiment ? LA FEMME : Cela me fait rêver... (le prend en photo) L’ACCESSOIRISTE : Rêver ? Y a pas de quoi. L’HOMME : Si ce n’est pas indiscret, qu’y a-t-il dans ce carton ? L’ACCESSOIRISTE : Des... comment dire ? L’HOMME : Des accessoires ? L’ACCESSOIRISTE : Pas tout à fait, mais c’est pour le père Riroze. LA FEMME : Riroze ? Antoine Riroze ? L’ACCESSOIRISTE : Ouaip ! L’HOMME : Le plus grand réalisateur du moment ! Le génie du grand écran ! LA FEMME : (la main sur le cœur) Que d’émotion ! Antoine Riroze va bientôt tourner un nouveau film ? L’ACCESSOIRISTE : Ouaip ! Cendrillon, le retour. Mais chut, je ne vous ai rien dit. L’HOMME : C’est encore secret ? L’ACCESSOIRISTE : Plus ou moins... Le tournage commence demain. LA FEMME : (s’agenouille) Oh, j’aimerais tellement y assister. Nous sommes des jeunes mariés en voyage de noces ; ce serait notre cadeau de mariage.

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 20/27

L’ACCESSOIRISTE : Relevez-vous, ma petite dame. Je vais voir ce que je peux faire. L’HOMME : Voulez-vous que je vous aide à transporter votre matériel ? L’ACCESSOIRISTE : Ouaip. Ce n’est pas de refus. L’homme essaie de soulever le carton et se bloque le dos. L’accessoiriste le guide par gestes, mais ne l’aide pas.

L’HOMME : (coincé) Aïe, mon lumbago. LA FEMME : (le prend en photo) Pauvre chéri. Qu’est-ce que tu joues bien. Tu pourrais interpréter le prince charmant sans problème. Un prince bloqué, mais un prince quand même. La journaliste arrive en sautillant. L’homme a toujours le dos bloqué. LA JOURNALISTE : Bonjour ! Je travaille pour la revue « Coup de cœur au cinéma ». (à l’accessoiriste) Je parie que vous êtes Antoine Riroze, le célèbre réalisateur. L’ACCESSOIRISTE : Qu’est-ce qui vous faire dire ça ? LA JOURNALISTE : Votre allure, votre classe ! L’ACCESSOIRISTE : (roule des mécaniques) Mais encore ? LA JOURNALISTE : Votre regard intelligent ; les petites étoiles qui s’échappent de votre cerveau en ébullition. (montre l’homme au dos bloqué) Vous devriez changer d’accessoiriste ; il n’a pas l’air en forme. LA FEMME : (discrètement à l’accessoiriste) Donnez-lui quelque chose en pâture pour son journal... Inventez n’importe quoi et revenons à nos moutons. Pardon, à votre carton et à notre cadeau de mariage. L’ACCESSOIRISTE : (à la femme) O.K., ma petite dame. Ça ne me déplaît pas de m’amuser un peu. Mais il ne faudra pas que le patron l’apprenne. (à la journaliste) Voulez-vous un scoop ? LA JOURNALISTE : Un vrai scoop pour la revue « Coup de cœur au cinéma » ? (l’accessoiriste approuve de la tête — elle est, prête à noter) Quel est le sujet de votre prochain long métrage ? L’ACCESSOIRISTE : Un remake de Cendrillon. La fée a perdu sa baguette, Cendrillon est allergique aux serpillières, le prince refuse de se marier, et de plus, nous avons un problème de soulier. LA JOURNALISTE : Je peux vous prêter les miens... L’ACCESSOIRISTE : Sans façon. Bon, j’ai du travail. LA JOURNALISTE : Puis-je vous prendre en photo ? L’ACCESSOIRISTE : Pas question. (aux deux autres) Vous imaginez la tête du patron s’il voyait mon portrait dans ce journal ? LA FEMME : (prend la journaliste en photo) C’est mieux comme ça. LA JOURNALISTE : (furieuse) Vous êtes une concurrente ou une collègue ? L’ACCESSOIRISTE : Ni l’une ni l’autre. C’est une jeune mariée en voyage de noces. Au revoir. (lui montre les coulisses)

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 21/27

LA JOURNALISTE : Au revoir, monsieur Riroze. Merci pour le scoop. (au public) En plus, il vient de me confier à demi-mot qu’il est marié. Ça va être le raz-de-marée sur Hollywood. Yeeeeeeeeeessssssss ! (s’en va) L’HOMME : Ce n’est peut-être pas très sympa ? L’ACCESSOIRISTE : De toute façon, tout ce que j’ai dit sera déformé. Bon, alors ce carton ? L’HOMME : C’est lourd et je suis cassé. LA FEMME : (écoute) Ça bouge à l’intérieur. L’ACCESSOIRISTE : Ouaip. Normal, ma petite dame. LA FEMME : Qu’est-ce que c’est ? L’ACCESSOIRISTE : Il nous manquait certains acteurs. Je les ai commandés par internet. LA FEMME : Non ? L’ACCESSOIRISTE : On trouve de tout sur le net, ma petite dame. LA FEMME : (montre le carton) Je peux les voir ? L’accessoiriste ouvre le carton. L’idéal est que le carton soit placé vers les coulisses ; une ouverture est pratiquée à l’arrière ; ainsi de nombreux acteurs pourront sortir du carton à la fin du sketch (personnages au choix). La femme se penche et regarde dedans.

LA FEMME : Ils sont tout chiffonnés. Il faudra les repasser. Les acteurs sortent les uns après les autres du carton, font un signe de main et s’éloignent vers les coulisses. La femme les prend en photo au fur et à mesure (ils prennent des poses de stars).

L’HOMME : (toujours le dos bloqué) Et moi, qu’est-ce que je fais ? Je suis coincé. LA FEMME : (à l’accessoiriste) Vous n’avez plus besoin de votre carton ? L’ACCESSOIRISTE : Non, ma petite dame. LA FEMME : Puis-je vous l’emprunter ? L’ACCESSOIRISTE : Vous pouvez carrément m’en débarrasser. LA FEMME : Et pour « Cendrillon, le retour » ? Vous savez : notre petit cadeau de mariage... L’ACCESSOIRISTE : Venez ici demain matin, je verrai ce que je peux faire. (s’en va) LA FEMME : Viens, chéri ! L’HOMME : Je ne peux plus bouger, mon amour. La femme le fait basculer en douceur dans le carton. LA FEMME : Ne t’inquiète pas, chéri. Je vais te ramener à l’hôtel. Quelle fabuleuse lune de miel nous allons vivre ! Tu es déjà un acteur empaqueté et moi une apprentie accessoiriste ! Youpiiiiiiiiii ! Hollywood, nous voici ! Noir.

Fin

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 22/27

En direct d’Hollywood (1) (sketch à placer éventuellement avant la pièce « Cendrillon, le retour »)

(Ann Rocard) Musique. Arrive la présentatrice de télévision, un micro à la main. PRÉSENTATRICE : Chers téléspectateurs, nous sommes en direct d’Hollywood où pour l’instant, je n’ai vu personne mâcher de chewing-gum... Passent des vaches (figurants avec des masques ou chapeaux de vache) qui ruminent de façon peu discrète. PRÉSENTATRICE : ... À part des vaches. On se croirait en Normandie. Musique « hollywood chewing-gum », les vaches chantonnent en dansant, tout en mâchonnant. Puis elles s’en vont.

PRÉSENTATRICE : Chers téléspectateurs, il s’agissait tout simplement d’une page de publicité. Ici, il faut s’attendre à tout. (reprend son sérieux) La cérémonie des Oscars aura lieu la semaine prochaine. Comme vous le savez, un film français est en compétition avec un titre bien de chez nous « Il faut prendre le taureau par les cornes ». Les vaches reviennent, toutes frétillantes.

PRÉSENTATRICE : (aux vaches) Encore de la publicité ? VACHES : (font non de la tête) Meuh ! PRÉSENTATRICE : Ah, c’est le titre du film qui vous met dans cet état ? VACHES : (font oui de la tête) Meuh ! PRÉSENTATRICE : Désolée, mais c’est une expression qui signifie : s’attaquer à la difficulté avec détermination. VACHES : (très déçues, partent tête basse) Meuh ! PRÉSENTATRICE : Où en étais-je ? Ah oui, les Oscars ! En attendant la cérémonie des stars, je vais vous faire découvrir Hollywood. Pour cela, je vais me faire passer pour une éclairagiste et me glisser sur le tournage d’un film... (rit) car je suis une vraie lumière. La sœur Lumière ! (place sur sa tête un serre-tête qui clignote) Je vous dévoilerai ainsi les petits secrets du cinéma américain... VACHES : (passent la tête sur le côté de la scène) Meuh ??? PRÉSENTATRICE : C’est moi qui vais prendre le taureau par les cornes ! Noir.

Fin

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 23/27

En direct d’Hollywood (2) (sketch à placer éventuellement après la pièce « Cendrillon, le retour »)

(Ann Rocard) Musique. Arrive la présentatrice de télévision, un micro à la main. PRÉSENTATRICE : Chers téléspectateurs, je ne m’attendais pas à un tournage pareil. Que d’émotions ! Je parie que les frères Lumière ne doivent pas en revenir, là-haut sur leur petit nuage. (regarde en l’air - on voit une lampe qui clignote) En tant qu’apprentie éclairagiste, je peux vous le certifier. Maintenant, il faut que je m’occupe de la cérémonie des Oscars... mais je n’en ai plus vraiment envie. VACHES : (apparaissent sur le côté de la scène) Meuh ??? PRÉSENTATRICE : Je crois que je vais changer de métier, abandonner la télévision et plonger dans l’univers impitoyable du cinéma ! VACHES : (se frappent la tempe du bout de l’index) Meuh ??? PRÉSENTATRICE : Drôle de choix, n’est-ce pas ? (les vaches approuvent de la tête - elle abandonne son micro) Adieu veau, vache, cochon, couvée... VACHES : (écarquillent les yeux) Meuh ??? PRÉSENTATRICE : Je vais manger de la vache enragée ! VACHES : (meuglent, paniquées) Meuh-euh-euh-euh ! Les vaches font un ou deux tours de scène, poursuivies par la présentatrice. Toutes disparaissent des la coulisses. Noir.

Fin

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 24/27

Maquillage (sketch-lever de rideau à utiliser éventuellement avant la pièce « Phénomènes »)

(Ann Rocard)

Musique. Mirabelle est en train de maquiller Lucile, l’animatrice. Elle lui met de la poudre avec un plumeau.

MIRABELLE : Oh, Lucile, j’adore ton émission... (fait de grands gestes avec le plumeau) Tu es merveilleuse. LUCILE : (les yeux fermés) Merci. MIRABELLE : (toujours avec de grands gestes) Tu es un vrai chef d’orchestre. LUCILE : Je reçois justement un grand compositeur aujourd’hui, Hector Durier. MIRABELLE : (lui maquille les yeux) Connais pas. Compositeur... Il doit avoir de sacrées notes en fin de mois. (rit) Il est aussi chef d’orchestre ? LUCILE : Je crois. MIRABELLE : Tu n’en es même pas sûre ? (Lucile fait non de la tête) Celui qui te prépare tes petites fiches aurait pu se renseigner... LUCILE : (regarde sa montre) Dépêche-toi, Mirabelle ! MIRABELLE : Oh oui, tu es merveilleuse, Lucile. Tu mènes tout le monde à la baguette. LUCILE : Parmi les invités, il y a aussi... MIRABELLE : Une boulangère, je parie ! LUCILE : Oui. MIRABELLE : Boulangère, baguette : excellent... (rit) Et puis ? LUCILE : (essaie de se lever) Il faut que j’y aille... MIRABELLE : (l’oblige à se rasseoir) Attends ! Je te mets une touche de rouge à lèvres. (le fait) LUCILE : (se lève) Parfait. MIRABELLE : Je n’ai pas fini... LUCILE : (s’en va) Pas le temps ! Ça ira. (sort) Dimitri, le technicien, arrive. DIMITRI : Salut, Mirabelle ! C’est à mon tour ! MIRABELLE : Laisse-moi tranquille, Dimitri ! À chaque fois, c’est la même chose. DIMITRI : Je rêve de me faire maquiller. MIRABELLE : Tu me l’as déjà dit. (soupire) C’est réservé aux gens qui vont sur le plateau de télévision. DIMITRI : Je vais sur le plateau. J’y passe un temps fou. MIRABELLE : À ranger et nettoyer. O.K.

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 25/27

DIMITRI : Et alors ? Il n’y a pas de sot métier. MIRABELLE : Je n’ai pas que ça à faire. Il y a toute une série d’invités qui va arriver. Enfin, pour l’instant, je me tourne les pouces. Personne à l’horizon ! DIMITRI : (s’assied sur le fauteuil) Un petit effort, Mirabelle. MIRABELLE : Bon, d’accord. C’est parce que je t’aime bien, Dimitri. DIMITRI : (se pâme) Ah ! Que j’aime entendre ces mots. (gesticule, la main sur le cœur) MIRABELLE : Arrête de bouger ! (lui met de la poudre) Un peu de poudre... DIMITRI : De la poudre aux yeux ? MIRABELLE : Sur le visage. DIMITRI : À quoi ça sert ? MIRABELLE : C’est pour éviter que la peau brille à cause des éclairages. (rit) Dis donc, tu n’as pas inventé la poudre, toi ! DIMITRI : Le compliment qui tue. (tourne la tête) MIRABELLE : Tends l’autre joue ! DIMITRI : Oh, là ! Tu ne vas pas me frapper ? MIRABELLE : Non, pourtant tu es une vraie tête-à-claques. (rit en lui mettant de la poudre sur l’autre joue) DIMITRI : Re ! Je suis mort deux fois. MIRABELLE : J’entends quelqu’un. Prends la poudre d’escampette ! DIMITRI : (fait mine d’emporter un pot de poudre) Celle-là ? (rit en sortant) Je plaisante ! Je n’ai pas inventé la poudre, mais le fil à couper le beurre. MIRABELLE : Sacré Dimitri ! (fronce les sourcils) Oh, mais voilà notre homme politique... Il est invité dans toutes les émissions actuellement, le présidentiable. Je me demande vraiment pourquoi. OMER : (entre sans regarder Mirabelle) Chers concitoyens et chères concitoyennes... MIRABELLE : Bonjour, monsieur Toutou. OMER : Il n’y a que vous ? MIRABELLE : Eh, oui. (lui montre le fauteuil) Asseyez-vous. OMER : (s’assied — en faisant des gestes) Chers concitoyens et chères concitoyennes... (à Mirabelle) Je m’entraîne. MIRABELLE : Entraînez-vous sans bouger ou je risque de vous mettre le plumeau dans l’œil. OMER : Surtout pas ! (articule) Chers concitoyens et chères concitoyennes... MIRABELLE : (lui met de la poudre) Changez de CD, monsieur Toutou. On a compris. OMER : (articule) Votez pour moi ! MIRABELLE : Celle-là, je l’ai déjà entendue aussi.

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DIMITRI : (apparaît) Dépêchez-vous ! Les autres invités s’impatientent. OMER : Les autres ? J’aurais préféré être seul. (montre sa lèvre supérieure en se regardant dans le miroir) Aaaaaah ! Une tache, là ! MIRABELLE : Tache ou moustache, monsieur Toutou ? Mousse qui tache, tout simplement. (lui montre la sortie) Au revoir, monsieur Toutou. OMER : (se lève) Votez pour moi ! (sort) Mirabelle le regarde sortir, excédée.

En musique, les autres invités se succèdent pour se faire maquiller (sans parler, pour ne pas tout dévoiler de la pièce « Phénomènes ») : la chanteuse Lara Youla, la milliardaire Pauline Dubois, la boulangère Madeleine Chouquette, la réalisatrice Carola de Saint-Capri, la styliste Véro. Tous, sauf le compositeur Hector Durier.

Quand il n’y a plus personne, Mirabelle s’assied dans le fauteuil et se maquille. MIRABELLE : Miroir, ô mon miroir ! Qui est la plus jolie maquilleuse du pays ? (rit) C’est moi. (se caresse les joues) Peau de pêche... Normal, je suis bien dans ma peau. (se met du rouge à lèvres) Bouche en cœur... (se lève, style actrice de cinéma) Il ne me reste qu’une chose à faire : devenir actrice de cinéma. La prochaine fois, c’est moi qu’on invitera. Et vlan ! (prend une pose de star) Je crèverai l’écran ! (pointe le public du doigt et s’immobilise) Eventuellement, bruitage de verre cassé. Noir.

Fin

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Quand les pommes auront des dents (8 sketches) – Ann Rocard 27/27

Serpentin (Ann Rocard)

Musique. Les figurants tiennent les pancartes au-dessus de leurs têtes ou se tiennent par la main dans de cas, les mots sont écrits sur leurs vêtements) ; ils se déplacent en farandole au ralenti. Les spectateurs doivent pouvoir lire le texte fur et à mesure.

Au besoin, inventer la suite du texte ci-dessous. NARRATEUR(S) : Le long serpentin se tortille... Il serpente sur le chemin. Long serpent venu d'Amérique, il a traversé l'océan, il a traversé l'Atlantique sur un radeau, au gré du vent. Il vit de lettres, il vit de mots... Il vit de mots, il vit de lettres... Et le jour de sa mort, peut-être, il s'en ira sur son radeau. Noir progressif pendant que les figurants s'éloignent.

Fin