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Été 2012 Volume 29 - Numéro 3 Qu’est-ce que l’Homme? Un regard chrétien sur le monde actuel

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Été 2012Volume 29 - Numéro 3

Qu’est-ce que l’Homme?

Un regard chrétien sur le monde actuel

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Le Lien est un magazine chrétien publié quatre fois par an. Interdé-nominationnel Il vise à édifier, à stimuler la réflexion sur la vie chré-tienne dans notre monde actuel, et à être un canal pour faciliter la diffusion de l’information au sein de la communauté évangélique québécoise. Il est commandité par la CCEFM et ses partenaires et soutenu par les lecteurs.

Le Lien est édité à Montréal. Ré-dacteur en chef : Jean Biéri; Comité de rédaction : Joëlle Basque, Wil-ner Cayo, Robert Dagenais, Soula Isch, Jean-Calvin Kitata, Noémie Leclerc, Richard Lougheed, Marc Paré. Graphiste: Lucie Beauche-min. Illustration de la Page couver-ture: Jordi Sampere Abonnement : Canada, 16 $ par an; Étranger, 20 $ par an.

Adresser toute correspondance à : Le Lien, 4824 Côte-des-Neiges Suite 301, Montréal (Québec) H3V 1G4, Canada. Tél. : (514) 331-0878 poste 222. Courriel : [email protected] Téléc. : (514) 331-0879. ISSN 1716-5016

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2Le Lien Été 2012

Dieu créa l’homme à son imageWilner Cayo

L’image de Dieu en l’hommePhilippe Malidor

Le propre de l’humainAntoine Nouis

Les dangers de la théorie du genreAlain Ledain

Quand tu seras vieuxSoula Isch

Déjeuner de prière à Montréal - 4e édition

Mireille Mirambeau

GlanuresFrançois Gougoux

J’ai lu pour vous!Richard Lougheed

Convention des Frères mennonites

• D a n s c e n u m è r o •

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Dossier : Qu’est-ce que l’Homme?

Actualités

Parole vivante

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Vie chrétienne

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Antoine Nouis, directeur de la rédaction du

magazine protes-tant Réforme

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Entre poussière et souffle

• É d i t o r i a l • É d i t o r i a l •

L’humain est créé à partir de la poussière du sol, puis Dieu lui in-suffle son souffle vital. Dans la Genèse, le souffle vital est ce qui distingue l’humain de l’animal.

Dans la suite du chapitre cette distinction est une question de nombre: l’humain est créé être unique alors que les animaux sont créés espèce. Dieu crée les girafes, les baleines et les pingouins mais il crée l’humain. La création de l’humain comme être unique fonde le dogme de l’humanisme qui affirme l’unité entre tous les hommes... La poussière est ce qu’il a de commun avec les animaux et nous sommes invités à prêter attention à l’animal qui est en nous: l’humain a besoin de manger et de boire, de se protéger et de s’abriter, de dormir et de se reproduire. Comme le disait Martin Luther King : « La religion s’occupe à la fois du ciel et de la terre… Toute religion qui fait profes-sion de s’occuper de l’âme des hommes sans s’occuper des taudis auxquels ils sont condam-nés, des conditions économiques qui les étran-glent et des conditions sociales qui les mutilent est une religion aussi stérile que poussière. »...

La singularité de l’humain est aussi une solitude et le récit précise : « Il n’est pas bon pour l’humain d’être seul.» La grande question est donc de savoir ce qui va mettre fin à cette solitude fon-damentale. La première tentative de Dieu pour mettre fin à la solitude de l’humain est la création des animaux que Dieu conduit à l’humain pour

qu’il les nomme, mais c’est un échec car l’animal est trop éloigné de l’humain. Alors Dieu crée la différence sexuée en séparant l’humain en deux pour forger un homme et une femme. C’est dans l’altérité homme-femme que l’humain est invité à dépasser sa solitude fondamentale et à relever le défi fondateur de notre humani-té qui est l’accueil de l’autre dans sa différence.

L’ennemi de l’humain et de Dieu - le serpent - tente le couple pour qu’ils mangent le fruit qui les ferait devenir comme les dieux. Être comme des dieux réveille le vieux désir caché en chacun de vouloir posséder les gens et les choses, devenir le maître du bien et du mal. En écrivant cette tentation sous les traits d’un fruit qui a été mangé, les anciens ont voulu signifier que la tension entre le bien et le mal est devenue une réalité interne à l’humain.Notre relation au bien et au mal est ambiguë. Je ne choisis pas le bien et le mal comme je choisi-rais la couleur de ma cravate, je suis traversé par des pulsions de bien et de mal. Comme le dit l’apôtre Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas » (Rm 7,19), ce qui est une manière de confesser que l’humain n’est pas transparent à lui-même. Le désir de vouloir être Dieu, l’orgueil et la con-voitise, la maîtrise du bien et du mal sont en l’humain et le travaillent de l’intérieur plus qu’il ne se l’avoue à lui-même. Une fois ces définitions posées, l’histoire biblique peut commencer...(Extrait d’un article paru dans Réforme).

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Dieu créa l’homme à son image

seaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre.» Dieu créa l’humain à son image; il le créa à l’image de Dieu; Il les créa homme et femme. Dieu les bénit et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, rem-plissez la terre, et l’assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout ani-mal qui se meut sur la terre (Gn 1,26-28). Genèse 5,1-3 rapporte qu’Adam engendra un fils à sa ressemblance, selon son image. Selon Genèse 9,6, l’image établirait l’inviolabilité de la vie humaine. Le Psaume 8 précise que l’humain a été créé de peu inférieur à Dieu qui l’a couronné de gloire et de magnificence, lui octroyant la domi-nation sur le reste de la création.

Malgré les débats parmi les exé-gètes sur des détails au niveau de l’interprétation des textes, les spécia-

Pour l’Évangélique, la Bible est la source normative pour sa compréhension de l’humain. Au cœur de

cette compréhension de l’humain se trouve la doctrine de l’imago dei ou image de Dieu. Reprenant le théologien évangélique H. Bavinck, Paul Wells affirme que «l’essence de la nature humaine est d’être créée à l’image de Dieu»1 . Selon ce dernier, parler de l’image de Dieu, c’est «es-sayer d’élucider ce qui est constitutif de l’humanité en tant que telle».

Si Genèse 1 affirme sans ambages que l’humain est créé à l’image de Dieu, il reste toutefois avare de dé-tails sur l’interprétation d’une telle déclaration: Dieu dit: «Faisons l’humain à notre image, selon notre ressemblance, pour qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oi-

L’énigme de «la personne» humaine de-meure une ques-tion brûlante. Elle l’est davantage dans un contexte postmoderne où le déracinement de l’identité nefait que s’ac-c e n t u e r .

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Wilner Cayo.pasteur et chargé de cours à

l’École de Théologie Évangélique de Montréal / Institut Biblique VIE

Wilner Cayo

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listes conviennent des points sui-vants jugés importants: Les mots image (selem) et ressemblance (demut) sont essentiellement des synonymes2. Ils indiquent que les êtres humains ressemblent à Dieu sans préciser la nature de cette ressemblance. Les prépositions en lien avec les termes image et ressemblance sont inter-changeables. La plupart des exégètes les traduisent par «en», «d’après»; certains préfèrent les traduire par «comme», argumentant que les êtres humains sont créés comme image de Dieu plutôt que selon l’image de Dieu ou d’après l’image de Dieu.

Tous les êtres humains, femme ou homme, portent l’image de Dieu. L’image est associée à l’idée de do-

mination (Genèse 1,26.28 ; Psaumes 8,6) et de dignité puisque l’humain est la seule créature qui résulte d’une délibération divine (Genèse 1,26), à qui le créateur parle directement (Genèse 1,28), et dont il est dit: «il a été fait de peu inférieur à Dieu» (Ps 8,5). L’image de Dieu dans l’humain ne s’est pas effacée avec la Chute.

Le Nouveau Testament mentionne aussi l’imago dei. Le second Adam serait lui-même la véritable image de Dieu. L’auteur de l’épître aux Hébreux (1,3) précise que Jésus, le Christ, est l’empreinte de la personne divine. Paul l’appelle l’image du Dieu invisible. En Jn 14,9 et 12,45, Jésus déclare: «Quiconque m’a vu a vu le Père». La pleine participation à

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l’image de Dieu passerait par une in-corporation au Christ et une confor-mité de la vie du croyant au Christ. L’imago dei devient une réalité dy-namique dans laquelle le chrétien, via l’Esprit, se voit transformé de gloire en gloire (2 Cor 3,18). Il est invité à se dépouiller du «vieil homme» pour revêtir «l’homme nouveau qui se re-nouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé» (Col 3,10). L’imago dei est aussi une réalité eschatologique, l’espérance finale du croyant appelé à être semblable à l’image du Fils de Dieu (Rm 8,29), réalité qui n’est pas encore pleine-ment manifestée; «lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui [i.e, Christ], parce que nous le verrons tel qu’il est» (1 Jn 3,2). «Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste» (1 Cor 15,49). Ainsi pour ce qui relève du Nouveau Testament: Christ est l’image de Dieu. Les humains participent pleinement à l’image de Dieu dans la mesure où leur vie se conforme à Christ. L’image de Dieu est une réalité dy-namique et communautaire enraci-née dans la rédemption. Puisque la totale conformité à Christ attend l’âge à venir, l’image se présenterait aussi comme une réalité eschatologique.

Le concept de l’imago dei s’appliquerait à tous les humains, selon l’Ancien Testament, et cette image est ap-pelée à être restaurée en Christ selon le Nouveau Testament. L’histoire des interprétations de l’imago dei

La création de l’homme par Michel Ange

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dévoile de fortes divergences sans que ne soient rendus impossibles des rapprochements ou concilia-tions. Trois grandes interprétations regrouperaient les différentes com-préhensions évangéliques de l’imago dei. La première insiste sur une con-ception substantialiste; elle est dite ontologique; elle comprend l’image en termes de caractéristiques con-stitutives de la nature humaine ou à l’intérieur de la nature humaine. La seconde appréhende l’image selon une dimension relationnelle – rela-tions de l’humain avec Dieu, relations des humains entre eux et relations de l’humain avec son environnement. La troisième interprétation est dite fonc-tionnaliste ou vocationnelle insistant sur le mandat donné à l’humain. Les trois grandes compréhensions évan-géliques de l’image ne s’excluent pas les unes les autres mais permettent d’appréhender l’articulation de cet élément important de la pensée évan-gélique et de ses différents accents.

I- La compréhension substantialiste ou on-tologique de l’image

La compréhension substantialiste fut l’une des plus dominantes du protes-tantisme depuis le 16e siècle jusqu’à aujourd’hui. Selon elle, l’imago dei ré-férerait à un constituant inaliénable et distinctif de la nature humaine, un don spécial de Dieu à cette créature. Deux positions complémentaires

émanent de ce point de vue. La première assimile l’imago dei au spiri-tuel dans l’humain. Des théologiens évangéliques, abordant la notion de l’imago dei, se sont intéressés aux analogies entre Dieu et l’humain sans taire l’aspect des différences entre le Créateur et la créature. Dans cette recherche d’analogies, au nom de l’incorporalitas Dei, le point commun entre Dieu et l’humain serait la par-ticipation à l’esprit. L’interprétation par la spiritualité remonte à Philon et au livre judéo-grec de la Sagesse. Elle a énormément nourri la réfle-xion des Pères de l’Église, s’est raffi-née dans les conceptions de Saint Augustin, de Saint Thomas et des Réformateurs de façon plus limitée. Par exemple, Calvin, l’un des plus il-lustres représentants protestants du courant spirituel affirme que l’image de Dieu en l’homme se retrouve dans ses attributs spirituels et rationnels, et que le corps n’y participe point.

Une deuxième position de la con-ception substantialiste plaide pour la dimension morale de l’image en lien avec la notion de justice originelle qui serait perdue en Adam mais retrou-vée en Christ. Le renouvellement de l’humain, selon la lecture de Calvin, implique un renoncement à l’ancien pour le revêtement de celui qui se re-nouvelle selon l’image de celui qui l’a créé. Le renouvellement et la restau-ration de l’image épousent ainsi une dimension essentiellement éthique et morale. La tradition calviniste sou-tient qu’après la Chute, l’imago dei a

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été tellement corrompue que ce qui en reste n’est qu’une horrible défor-mation mais non une disparition; l’humain demeure un être à l’image de Dieu; mais sa volonté et sa raison s’éloignent de Dieu, étant viciées par le péché. Il est incapable de se sauver lui-même; il ne peut, sans la grâce effi-cace, connaître Dieu, choisir la vérité et le bien ultimes. D’où l’accentuation du sola gratia de la Réforme.

II- L’interprétation rela-tionnelle de l’image

Karl Barth et Emile Brunner définis-sent l’imago dei dans une logique de responsabilité relationnelle avec Dieu et les autres créatures plutôt que de la fonder sur des capacités supérieures telles que la raison ou la moralité que seul l’humain posséderait. Con-tre la compréhension substantialiste de l’image, Brunner soutient que la frontière entre les humains et les animaux ne saurait reposer sur une différence d’ordre biologique ni dans les capacités rationnelles de l’humain. Même s’ils n’ont pas toujours partagé les mêmes convictions théologiques quant à certaines spécificités, Brun-ner et Barth ont décrit l’imago dei comme relevant systématiquement de la relation et de la responsabilité plutôt que de l’essence ou de la sub-stance. Pour Barth, « l’image de Dieu n’est pas une qualité de l’homme. […]. Elle ne consiste en rien en ce que l’homme est ou fait ». Nous ne

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suivrons pas Brunner et Barth dans toute leur élaboration ni ne serions d’accord avec tout ce qu’ils avan-cent. Nous notons néanmoins leur précieuse intuition d’une compréhen-sion relationnelle de l’imago dei3.

Un point à souligner dans la com-préhension relationnelle de l’image de Dieu en l’homme est la différen-ciation sexuelle. La Genèse men-tionne que l’humain fut créé mâle et femelle (Gn 1,27). Excluant le mythe de l’androgynie primitive, le texte biblique passe au pluriel pour ne laisser aucun doute: «il les créa»; la dualité des sexes implique une pluralité des personnes. L’homme et la femme participent du privilège de l’image, confirmant l’exclamation d’Adam en saluant en Ève son al-ter ego, os de ses os et chair de sa chair. L’idée d’Aristote qui jugeait la femme d’une nature différente, et inférieure est étrangère à la Ge-nèse, malgré sa reprise dans l’histoire de l’Église. La Genèse, dans son récit, ne pouvait être plus claire: c’est le genre humain (la femme et l’homme) qui est à l’image de Dieu. L’humain, image de Dieu, est dès son origine un Mitsein, un être-avec, dont la vie n’atteint sa plénitude que dans une dimension communau-taire. L’unicité de l’humain n’est pas solitude, elle inclut la différence. Il en est de l’image comme de la source. Le Dieu créateur délibère avec son Esprit. Il a suscité devant lui un au-tre semblable, un vis-à-vis analogue, l’humain, son image. Il y a une analo-

gie certaine entre la non-solitude de Dieu et la structure communautaire de l’humanité; une communauté qui s’élargit sur deux axes: horizontale-ment dans la relation maritale et les relations avec le prochain, et verti-calement pour la parentalité. C’est à partir de la dualité du genre que la filiation se conçoit; procréation et sexualité seraient liées dans une an-thropologie théologique évangélique.

III- La compréhension vocationnelle et fonc-tionnelle de l’humain

La position fonctionnaliste avance l’hypothèse que l’imago dei n’avait pas besoin d’être clarifiée pour les premiers lecteurs; les idées qui s’en émanaient étaient généralement connues et partagées par plusieurs autres cultures du Proche-Orient ancien. Le concept «image de Dieu» qui est utilisé en Genèse trouve son arrière-plan dans le Proche-Orient ancien dont les rois mésopotamiens, hittites, assyriens, babyloniens et égyptiens étaient considérés comme images des dieux particuliers qu’ils représentaient. Si la Genèse reprend le motif de l’image, c’est entre autres pour «réagir contre l’idéologie du pharaon image de Dieu, image vi-vante d’Amon […], contre la confis-cation par quelques-uns du privilège de l’homme comme tel». Tous les humains sont vicaires de Dieu, vices-régents du grand Roi, des représen-

tants appelés à régner sur terre sous la direction divine, et qui préparent la voie pour le règne effectif de Dieu. Ainsi, l’image, dans cette troisième conception désigne un office royal, la vocation de tous les êtres humains, élus pour être des représentants de Dieu et ses agents dans le monde, investis de l’autorité nécessaire pour prendre soin et partager les res-sources de la planète selon le plan de Dieu. Notons que le thème de l’autorité déléguée à l’humain dans la Genèse est clairement dévelop-pé dans le contexte immédiat de la déclaration sur l’image (Gn 1,26-28).

IV- L’humain, une créature non banale

Une anthropologie théologique évangélique biblique estimerait que la paléontologie, la biologie et les sciences connexes qui accentuent la continuité entre l’humain et le reste de la création n’ont pas tort. Ces sciences, toutefois, n’appréhenderaient qu’une partie de la vérité sur l’humain. Pour l’évangélique, l’Écriture lève aussi le voile sur la singularité de l’humain, une singularité qui ne peut être réduite à sa matérialité. Si l’animalité de l’homme est indéniable, dans le sens où il est difficile d’affirmer une aptitude particulière qui différen-cierait l’humain des animaux, nous constatons toutefois que nous som-mes dotés d’un ensemble d’aptitudes dont la combinaison aboutit à un

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niveau de conscience et à des ca-pacités mentales sans pareils. Il serait donc plausible de nous interroger sur l’émergence d’un tel niveau de conscience et de capacités mentales uniques. Fukuyama, discutant de la spécificité humaine, reprend un ar-gument de Jean-Paul II qui corrigeait l’encyclique Humani generis de Pie XII. Ce dernier reconnaissait l’évolution darwinienne comme une hypothèse sérieuse mais encore à être prouvée. L’argument de Jean-Paul II, que des évangéliques intégreraient, veut que l’Église reçoive l’opinion alléguant que l’humain descendrait d’animaux non-humains et qu’il y eut au cours de ce processus une intervention de Dieu créant un bond ou saut on-tologique – « ontological leap » - qui fait de l’humain actuel ce qu’il est.

Si rien ne peut, a priori, d’un point de vue évolutionniste, expliquer l’émergence de la conscience, une an-thropologie théologique évangélique y verrait un acte divin produisant ce saut ontologique jusqu’alors non nécessaire – La création de l’humain n’étant pas obligatoire – mais voulu et décrété souverainement par Dieu. Mais même si l’hypothèse de cet acte spécial de Dieu est digne de mention, l’évangélique ne trouve pas de base biblique pour en faire le fondement de l’unicité de l’humain, malgré ce qu’il pourrait en tirer comme intui-tions. Il n’existe tout simplement pas de support biblique véritable pour une compréhension substantialiste de l’image ou de la nature humaine.

Si les sciences contemporaines éta-blissent une continuité entre l’humain et les animaux, le statut de créature à l’image de Dieu, d’un point de vue biblique, demeure l’apanage exclusif de l’humain. Les traditions juives et chrétiennes sont généralement d’accord sur ce point. L’humain ne serait pas fondamentalement dif-férent de l’animal au niveau de sa nature, biologiquement ou intel-lectuellement. Il le serait par contre par rapport à son élection divine; il est une créature qui est dans une position de relation spéciale avec Dieu et avec le reste de la création. Et pour vivre cette relation, il aurait été doté de capacités biologiques et intellectuelles supérieures. Mais son caractère unique n’est pas fon-dé sur ces capacités. Elle est plutôt fondée sur son élection divine et la vocation que Dieu lui confère.

De fait, la compréhension vocation-nelle / fonctionnelle de l’imago dei sous-entend une dimension rela-tionnelle et reconnait l’importance des caractéristiques essentialistes de l’humain. Mais elle n’est pas fondée sur ces caractéristiques et ne se trouve donc d’aucune façon menacée par d’éventuels découvertes ou résultats prouvés ou non, en cognition ani-male, qui révéleraient l’existence de certaines capacités de raison et de moralité chez des animaux. Dieu au-rait élu une lignée qui serait l’homo sapiens, lui insufflant son souffle et faisant de lui le dépositaire de son image, avec la vocation d’exercer son

règne sur la terre. Dans cette logique,on se désintéresse des traits essen-tiels particuliers à l’humain pour définir l’humain. Cette compréhen-sion non-essentialiste permet la non-discrimination entre les hu-mains, qu’ils souffrent de déficience mentale ou non, qu’ils soient plus ou moins gratifiés physiquement ou intellectuellement, qu’ils soient moraux ou immoraux. Puisqu’ils font partie de la lignée généalogique homo sapiens, ils sont humains et sont dépositaires de l’imago dei au nom de l’élection divine et de leur vocation. Via cette vocation, l’humain est appelé à refléter ce Dieu dans sa relation devant et avec les autres créatures avec lesquelles il partage le même espace. Le point de vue vocationnel et fonction-nel a aussi le mérite de ne pas im-poser au texte biblique une lecture émanant d’anthropologies extra-bibliques. Il voit dans l’humain un être qui s’implique dans le monde, s’accomplissant en s’investissant pour le plus grand bien-être des au-tres, remplissant son mandat selon l’exemple du Christ, s’actualisant pleinement dans une vie de service.

1. Paul WELLS, « À la recherche de l’image de Dieu … La théologie d’un paradigme perdu », Hokma, 80/2002, p. 13.2. G. W. BROMILEY, « Image », op. cit., p. 803.3. Voir Blocher, Wells et Sands pour une appréciation et une critique de l’élaboration de Barth et Brunner d’une anthropologique biblique dans une compréhension relationnelle.

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L’image de Dieu en l’homme

à la faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence, trouvent néces-saire de préciser ce que cette expression recouvre, dans une tradition qui est très allergique aux images: « Dès son premier chapitre, l’Écriture nous dit que l’homme est créé à l’image de Dieu. Cette affirmation, repla-cée dans son contexte historique et culturel, est assez étonnante, remarque Paul Wells. Quel en est le sens? Il s’agit évidem-ment d’un usage métaphorique, car l’homme n’est pas semblable à une reproduction de Dieu en modèle réduit, comme celle de César sur la monnaie romaine. »« Dans un monde peuplé d’images

Une jeune fille de treize ans violée, as-sassinée et brûlée par un jeune homme de dix-sept ans; un

gosse de trois ans asphyxié par son père dans un lave-vaisselle; une journaliste violentée en Égypte par une horde déchaînée. Autant d’exemples parmi d’autres dans l’actualité récente qui nous font douter que homo sapiens soit créé, comme le dit l’Écriture, « à l’image de Dieu ».Le père Édouard Cothenet, pro-fesseur honoraire de l’Institut catholique de Paris, et le profes-seur Paul Wells, doyen et profes-seur de théologie systématique

L’homme a été créé à la ressemblance de Dieu. La di-gnité fondamen-tale de l’humain est posée dans le premier chapitre de la Genèse; elle ne lui sera jamais ôtée avant d’être pleinement ac-complie en Christ.

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Philippe Malidor,journaliste

Philippe Malidor

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divines, l’interdit des représen-tations caractérise le judaïsme, souligne Édouard Cothenet. Or, en présentant l’homme comme image de Dieu, la Genèse in-culque le respect auquel tout homme a droit en lui-même, quelle que soit sa naissance.»Une fois affirmée, cette dignité ne donne cependant pas le droit à l’homme de faire n’importe quoi: elle implique des devoirs et le sens de la modération: « Au couple originel, précise le père Cothenet, Dieu accorde la su-prématie sur tous les animaux. Mais le pouvoir doit être exercé dans un esprit de douceur, signi-

le Déluge. La prolifération du mal signifie-t-elle que l’homme a perdu sa dignité d’image? Non, car lorsque Noé sort de l’arche, Dieu lui donne le code fonda-mental: “Qui verse le sang de l’homme verra son sang versé. Car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme.” (Gn 9,6) Quelle que soit sa situation, l’homme reste donc créé à l’image de Dieu.» Le Psalmiste ira même jusqu’à af-firmer: «Qu’est donc l’homme pour que tu penses à lui... Tu en as fait presque un dieu. » (Ps 8,5s)Le quasi-dieu donne cependant beaucoup de fil à retordre à son créateur : « Dire que l’homme est créé à l’image de Dieu signifie qu’il est créé à la fois dans la sain-teté, la justice et la vérité, mais aussi dans une situation fragile où la déformation de l’image est possible», souligne Paul Wells. Et la situation est grave, ainsi que le formule Calvin: « Bien que nous confessions que l’image de Dieu n’a point été entièrement anéantie et effacée, elle est telle-ment corrompue qu’il n’en reste qu’une affreuse déformation1.»

Un avenir et une espérance

Tout espoir n’est cependant pas anéanti car le message de la nouvelle alliance parle aussi de restauration: «Nous pouvons(Suite en page 13)

fié dans un premier temps par le régime végétarien. La con-sommation de la viande ne sera autorisée qu’après le Déluge.»

Déchu mais rendu digne

«Dans les chapitres suivants de la Genèse, nous assistons à une dé-gradation constante de l’humanité, commente Édouard Cothenet. À la suite du meurtre d’Abel, Caïn banni de la présence de Dieu n’en reçoit pas moins une marque de protection (Gn 4,15s). Mais la corruption de toute chair entraîne

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Quelle que soit sa situation, l’homme reste créé à l’image de Dieu

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Le propre de l’humain

Luther et Martin Luther King

Être capable de dire « non » quand tout le monde dit « oui », et récip-roquement, n’est pas donné à tous, il faut avoir une belle confiance en soi. Le plus souvent, la société nous invite à suivre le chemin de plus grande pente. Comme le di-sait un slogan de Mai 68: « Qui sort du moule dérange la foule ! » Un de ceux qui ont éveillé les consciences a été Luther. Lorsqu’en 1521 il a été convoqué à la diète de Worms, de-vant les représentants de l’empereur et du pape qui lui ont demandé de se rétracter, il a demandé vingt-quatre heures de réflexion. Au bout de ce temps, il a refusé d’obéir en faisant appel à sa conscience « captive de la parole de Dieu ».En élevant sa conscience contre les autorités civiles et religieuses de son époque, Luther a posé l’importance

Le Seigneur Dieu forma l’homme de la poussière du sol; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un

être vivant. » Dans le second récit de création, l’humain est formé à partir de la poussière du sol, comme le seront plus tard les ani-maux. Mais à l’humain seul, Dieu insuffle le souffle de vie. Cette ex-pression évoque ce qui est particu-lier à l’humain et le distingue des animaux. Ce mot en hébreu (ne-chamah) a une connotation éthique, il correspond à la conscience. Dans la suite du chapitre, la dif-férence entre l’humain et les ani-maux réside dans le fait que ces derniers sont créés espèces alors que l’humain est créé être de soli-tude. Parce qu’il est un être unique, l’humain est capable de dire « je », de se comporter à partir de sa con-science et non de se laisser con-duire par le plus grand nombre.

À leur suite, des hommes et des femmes ont refusé de suivre le cou-rant et ont résisté, en parlant en « je ».

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Antoine Nouis,pasteur, directeur de la rédaction du magazine protestant Réforme

Antoine Nouis

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du sujet face aux autorités. Il a ou-vert un mouvement qui a débou-ché deux siècles plus tard sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui, dans son article 2, a fait de la résistance à l’oppression un « droit naturel et imprescriptible de l’homme ». Dans ce texte fondateur, la conscience est première par rapport à l’institution politique. C’est elle qui a conduit Martin Luther King à se réclamer de la déso-béissance civile pour mener la lutte contre la ségrégation et pour les droits civiques. Dans sa Lettre de la geôle de Birmingham, il écrivait : « Je soutiens que quiconque enfreint une loi parce que sa conscience la tient pour injuste, puis accepte volontairement une peine de prison afin de soulever la conscience so-ciale contre cette injustice, affiche en réa-lité un respect supérieur pour le droit. »Chaque fois qu’un mouvement a essayé d’éteindre la conscience, il a glissé dans le totalitarisme. Marx disait que la con-

science n’est que la conséquence des modes de production : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, mais c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience. » Si la conscience est le fruit des conditions matérielles, alors l’humain n’est qu’une machine qu’il convient d’éduquer pour le soumettre aux impératifs de l’Histoire… et du parti. La conscience est une protestation qui rappelle que l’humain ne se réduit pas à son être social.

Les reins et les cœurs

Dans l’anthropologie du Premier Testa-ment, les reins sont le lieu de la cons-cience. À plusieurs endroits dans la Bible, il est dit de Dieu qu’il scrute les reins et les cœurs. Pourquoi les reins ? Parce que leur tâche est de filtrer le sang. Comme le rein, la conscience est chargée de faire le tri entre les idées justes et les idées injustes,

les bonnes et les mauvaises actions. Lorsque Dieu défend au premier cou-ple humain de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il ne lui demande pas de renoncer à la conscience, bien au contraire. Dans ce passage, la connaissance n’est pas tant une question de savoir que de posses-sion. Dieu n’est pas contre le savoir, la Bible contient de nombreux versets qui appellent au renouvellement de l’intelligence. La connaissance dont il est question ici est la domination sur le bien et le mal. Cela renvoie à ce qu’on appelle la privatisation des valeurs: je décide ce qui est bien et ce qui est mal.

Prenons l’exemple d’un comportement jugé mauvais au regard de notre propre conscience: tromper son conjoint, tri-cher avec le fisc, mépriser son prochain. Lorsque nous le faisons pour la première fois, nous nous sentons coupables. Si nous poursuivons dans la même voie, nous avons des remords puis nous nous trouvons des excuses et enfin nous finissons par revendiquer notre attitude en déclarant que, dans notre cas, le mal est un bien. Nous sommes devenus les maîtres du bien et du mal alors que la Bi-ble et notre conscience nous disent: «Le bien et le mal ne t’appartiennent pas.» Après avoir mangé le fruit défen-du, la Genèse précise que l’homme et la femme se cachent l’un devant l’autre et devant Dieu. Se cacher de-vant Dieu revient à éteindre la voix de sa conscience. Parce qu’ils l’ont enterré, Adam et Ève ne peuvent se montrer l’un devant l’autre dans la vé-rité de leur humanité. Ni devant Dieu.

Luther et Martin Luther King

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(Suite de la page 10)discerner ce que cette image a perdu et ce qui est restauré en Christ: la justice, la sainteté et la vérité (Col 3,10 ; Ep 4,24).»«Il existe, dans le message bibli-que, toute une dynamique de restau-ration, centrée sur Christ et animée par lui vis-à-vis de nous-mêmes, des autres et du monde, soutient Paul Wells. Le rétablissement de l’image est global, même s’il n’est pas encore to-tal dans ce monde, avant le retour de Christ et avant la nouvelle création.»Édouard Cothenet partage cette même espérance, précisant bien, avec Irénée, que «c’est l’homme, dans sa condition de chair animée, qui a été créé à l’image du Verbe de Dieu fait chair». Origène in-siste sur le rôle des efforts humains dont Augustin, lui, se méfie en met-tant l’accent sur la grâce imméri-tée par laquelle Dieu nous restaure.

Don total du salut en Jésus-Christ et liberté humaine: « Cette concep-tion dynamique du salut permet de conclure que l’homme n’est pas pris-onnier de son passé, selon Édouard Cothenet. Tant qu’il vit, tous les re-tournements sont possibles. La Parole de vie peut encore atteindre le cœur de pierre et le transformer en cœur de chair, comme celui du bon larron introduit au paradis avec le Christ.» (Article paru dans Réforme)

1. Calvin, Institution chrétienne, I. xv. 4, cf., II.ii.17, éd. Keryg-ma, éd. Excelsis, 2009, p.139.

* Image et ressemblanceDans la Genèse (1,26), y a-t-il une différence réelle entre les deux termes çèlèm (image) et demûth (ressemblance)? Les hébraïsants en discutent. Les traducteurs de la Septante utilisent les mots grecs eikôn et homoiôsis; le second terme pourrait indiquer un niveau de ressemblance plus achevé.Le Dictionnaire biblique Westphal refuse de distinguer entre l’image (qui, chez les catholiques, ferait référence aux qualités naturelles de l’humain) et la ressemblance (qui ferait référence aux dons sur-naturels) et ne voit dans l’emploi consécutif de ces deux termes qu’une «répétition par parallélisme».Chez les Pères grecs, on évoque une évolution de l’image vers la ressemblance mais il n’y a pas unanimité sur le processus. Irénée a une vision «holistique» du salut, dirions-nous aujourd’hui, qui con-cerne l’être humain dans toutes ses dimensions, et l’image de Dieu en l’homme doit mûrir jusqu’à deve-nir ressemblance à Dieu. Origène, lui, est plus proche de Platon: al-lergique à l’anthropomorphisme, le maître d’Alexandrie considère que c’est par son âme que l’homme est à l’image de Dieu. Dans son traité Sur les Principes, Origène écrit: «L’homme a reçu, lors de la créa-tion première, la dignité de l’image, mais la perfection de la ressem-blance lui a été réservée pour la fin.»

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La protestation de la conscience

L’écrivain Christiane Singer a relaté sa rencontre avec un ami viennois de quatre-vingts ans qui avait participé à la résistance en Autriche. Il racontait que, le jour où Hitler a tenu au Heldenplatz son fameux discours, toute la ville déferlait vers cette place. Lui, seul, je-une homme, montait en sens inverse la rue pour aller à une réunion de ré-sistants. Seul à contre-courant de la foule, il se disait : « Mais tu ne peux pas avoir raison contre tous. Ce n’est pas possible. Tu ne peux être seul à avoir raison. » Et au fond de lui, une voix lui disait : « Mais oui, tu peux. »Dans la même veine, Vassili Gros-sman, dans son roman Vie et Destin, qui se passe en URSS pendant la guerre, met dans la bouche d’un de ses héros, le physicien Sturm, les propos suivants:«Tout notre drame vient de ce que nous refusons ce que nous dicte notre conscience. Nous ne disons pas ce que nous pensons. Nous sentons les cho-ses d’une façon mais nous agissons d’une autre. Rappelez-vous ce que Tolstoï disait à propos des exécutions : “Je ne peux me taire !” Mais nous nous sommes tus, quand, en 37, on a exécu-té des milliers d’innocents… Nous nous sommes tus au moment des hor-reurs de la collectivisation. Nous avons trop vite clamé que le socialisme était arrivé. Le socialisme n’est pas seule-ment l’industrie lourde. C’est, avant tout, le droit à la conscience. Priver un homme de ce droit, c’est terrible ! » (Article paru dans Réforme)

www.monretour.com Ce site se veut un lieu de restauration spirituelle et d’accompagnement pour tous ceux qui veulent revenir à Christ. Visitez ce site afin de pouvoir encourager ceux qui ressentent ce besoin.

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Les dangers de la théorie du genre

Une conséquence de cette théorie est d’expliquer l’hétérosexualité comme la conséquence d’un cli-mat culturel qui la favoriserait. En aucun cas, elle ne serait inscrite dans la nature de l’homme et de la femme. Elle ne serait pas un élé-ment fondateur des relations hu-maines mais plutôt la conséquence d’un formatage culturel qu’on nous aurait imposé depuis tout petit. Il n’y aurait pas de complé-mentarité naturelle entre l’homme et la femme, pas d’inclinaison naturelle vers l’autre sexe.

L’homme tombe ainsi dans l’orgueil de penser qu’il ne doit rien à per-sonne, qu’il ne dépend de rien, et

La « théorie du gender » ou «théorie du genre» est ap-parue dans les années 90 aux États-Unis. Les par-tisans de cette idéologie

refusent toute idée d’une identité sexuelle qui serait reçue ou inscrite dans notre corps et qui nous déter-minerait comme homme ou femme. Ils préfèrent utiliser le concept de genre: genre féminin ou genre masculin. Le genre serait le résultat du contexte culturel dans lequel on aurait grandi. Ce genre serait donc modifiable à souhait et en aucun cas ne serait lié au sexe qui est une détermination inscrite dans notre nature. La différence corporelle appelée sexe est ainsi minimisée.

D’abord promu par des fémi-niste, la « théo-rie du genre» part d’une con-ception faussée de l’égalité entre les sexes et d’une volonté de «libé-rer» l’individu de tout cadre nor-matif donné par la nature, la tradition, la révélat ion et Dieu lui-m ê m e .

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Alain Ledain, enseignant évangélique,

président et fondateur d’Actes 6

Alain Ledain

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surtout pas d’une loi naturelle qui l’aurait précédé. L’individu veut se créer lui-même; quelle illusion! À priori, il refuse l’identité se-xuelle qu’il n’a pas choisie et veut construire son genre. Mais est-ce là la liberté? Présenter la doctrine du gender comme une vérité scienti-fique est une imposture éducative et éthique. Il est vrai que toute identité se construit et que cette construction a une dimension cul-turelle. Toutefois, nous ne pensons pas que cette dimension soit pri-mordiale pour l’identité sexuelle. Une personne est son corps, le genre doit être construit confor-

mément au sexe et, dans notre vivre ensemble, les codes culturels du masculin et du féminin doivent être nettement différenciés. C’est, à mon avis, le sens de cette inter-diction de l’Ancien Testament: «Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vête-ments de femme; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel, ton Dieu.» (Dt 22,5).Ceci étant dit, le donné de nature (le sexe biologique) «ne prédis-pose pas automatiquement à un rôle préétabli par la société sur le plan social ou professionnel. Mais, il prédispose la femme à être mère, c’est-à-dire à porter l’enfant, et l’homme à être père. »Pour les adeptes de la théorie du genre, la vocation de la femme en tant que mère et épouse est con-sidérée comme une construction sociale contraire à l’égalité, comme un « stéréotype » à déconstruire. Parler de complémentarité hom-me-femme est devenu discrimi-natoire et contraire à l’éthique.

Au risque de déplaire, il faut oser écrire que nous ne sommes pas en tout point « égaux »; ce qui ne signifie pas qu’il y a des inférieurs et des supérieurs, des dominés et des dominants, des seigneurs et des subordonné(e)s! Nous avons reçu, marquée dans notre corps, une vocation différente.On comprend que les femmes réa-gissent à la violence des hommes, à

leur discrimination, au machisme, à l’autoritarisme, au patriarcat… en résumé, à la domination de l’homme qui est une conséquence du péché (Gn 3,16). Une profonde repen-tance doit se vivre chez l’homme et son comportement doit changer.Malheureusement, par le gender, il est répondu au péché de l’homme par la révolte (la guerre des sexes) et non par l’amour et la réconciliation. Cette réconciliation devrait s’opérer entre l’homme et la femme d’une part, mais aussi entre la femme et sa vocation en dépassant les conformis-mes sociaux: Une femme épanouie n’est pas seulement celle qui a réussi socialement ou professionnellement !

Nous sommes dans une période de déconstruction culturelle et le gen-der y participe. Cette déconstruc-tion remplace l’anthropologie bibli-que par une conception non chré-tienne de l’homme et de sa vie en société; elle participe à l’apostasie. Une grande confusion règne et dés-tabilise la communauté humaine.Ne nous arrêtons pas à ce cons-tat mais travaillons à « construire une société pacifiée, fondée sur le res-pect et la coopération plutôt que surla rivalité et la compétition. » Mani-festons « de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, égaux en droits et d’une égale di-gnité.» Et, comme je l’ai souvent écrit, le premier endroit où ces cho-ses doivent se vivre, c’est dans l’Église de Jésus-Christ et ses familles. (Article paru dans Horizons Évangéliques)

Les adeptes de la théorie du genre nient la différence corporelle appelée sexe.

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Soula Isch,missionnaire de la SIM

tres qu’il a probablement écrites depuis Rome, nous voyons un Pierre qui, com-me le Seigneur l’avait dit, est le berger qui console et qui encourage ses brebis. On ne le voit nulle part se plaindre ou abhorrer sa vieillesse; bien au contraire, il laisse Dieu conduire toutes choses et lui donner la grâce au moment voulu pour supporter la souffrance de sa vieillesse (1 Pi 2,11; 4,7; 5,7; 2 Pi 1,10.12-15; 3,18). Nous pouvons nous aussi nous sentir parfois coincés, cloisonnés, pour différentes raisons, sans pouvoir nous en sortir. Sachons que Dieu à qui nous avons confié nos vies est capable de nous aider jusqu’au bout. Deman-dons-lui de nous accorder sa grâce pen-dant cette phase de notre vie. Il est fidèle.

Un stade inéluctable

Aucun d’entre nous ne peut éviter le vieillissement. À moins que le Seigneur ne revienne quand nous sommes encore jeunes, un jour le vieillissement aura rai-son de nous. Les rides vont se succéder et notre corps s’affaiblira. Mais en atten-dant, nous devons faire face à la vie telle qu’elle se présente à nous, savoir accueil-

Cependant, il ajoute une chose à laquelle Pierre ne s’attendait probablement pas. Le Seigneur ressus-

cité prévient son disciple réhabilité que sa vieillesse sera difficile, qu’il ferait face à la souffrance. Avant la crucifixion, Pierre avait dit au Seigneur qu’il était prêt à souf-frir et même à donner sa vie pour lui. Il le fera pour sûr, mais quand il sera vieux.

Avec le vieillissement nous perdons notre autonomie; nous sommes confron-tés à toutes sortes de limitations; nous devenons dépendants des autres, de la famille, des amis et des circonstances. Je me demande si Pierre a vécu le reste de sa vie en pensant à sa vieillesse qui al-lait, selon le Seigneur, être empreinte de souffrance. Comment cette annonce l’a-t-il affecté ? Qu’est-ce que nous aurions fait à sa place ? Comment aurions-nous envisagé le reste de notre vie ? Dans les Actes des Apôtres on trouve un Pierre dynamique et déterminé à répandre l’Évangile, et prêt à souffrir pour son Seigneur. Il a été persécuté et empri-sonné pour sa foi, mais il n’a pas bron-ché. Lorsque nous lisons les deux épî-

J e t r o u v e le passage de Jn 21,15-22 extraordinaire. On sent toute l’affection et l’amour que le Seigneur a pour Pierre. Il ne lui reproche pas son re-niement; Il lui confie plutôt une tâche très importante, celle de paitre ses brebis.

• P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e • P a r o l e v i v a n t e •

Quand tu seras vieux

Soula Isch

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lir ce que la vie nous apporte et ne pas nous laisser vieillir avant l’heure. «Une ride, ce peut être le sillon que laissent en nous l’expérience et la sagesse. Et ce qui compte c’est de savoir si le corps et l’esprit sont enrichis de ce temps passé, s’ils ont transmuté les années écoulées en savoir, sans perdre la vigueur! Voilà l’important.» (Au nom de tous les miens, Martin Gray).

Vieillir est un art qui s’apprend, comme toute autre chose ou toute saison de la vie. On peut s’inquiéter en nous deman-dant ce que nous allons devenir, si nous aurons les moyens pour faire face à nos besoins matériels et physiques. C’est à ce moment que nous devons nous rappeler les promesses du Seigneur qui nous a formellement dit de ne pas nous inquiéter pour l’avenir car notre Père prendra soin de nous. Mais nous som-mes tellement humains, et c’est plus fort que nous de nous inquiéter et même

de nous morfondre. Nous avons besoin de la sagesse de Dieu pour pouvoir vivre notre vie à n’importe quel stade où nous nous trou-vons. Moïse avait com-pris cela. Lorsque tout le peuple d’Israël s’est rebellé contre Dieu dans le désert, il a été puni. Moïse s’est rendu compte qu’il avait be-soin de la sagesse de Dieu pour savoir com-ment vivre différem-ment et le servir effi-cacement. Il a fait alors

une prière: «Enseigne-nous à bien compter nos jours afin que nous appli-quions notre cœur à la sagesse», Ps 90,12.

Une nouvelle phase

Nous vieillissons tous et au même rythme, un jour à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois. Si nous pou-vions accepter ce fait comme quelque chose de normale et d’inévitable et si nous étions assez sages pour utiliser cette période de notre vie afin de transmettre aux plus jeunes, que ce soit dans nos familles ou dans nos églises, les leçons que nous avons apprises tout au long de notre vie, rien ne serait perdu. Bien sûr il faudrait aussi que l’on nous donne l’occasion de partager notre savoir. Vic-tor Hugo a écrit : «On voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.» Et un

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proverbe africain dit: «Le vieux qui est assit voit plus loin que le jeune qui est débout.» J’aime observer les personnes âgées en Afrique, surtout dans les vil-lages; elles sont souvent assises avec des plus jeunes en train de palabrer. Et quand les personnes âgées parlent, les jeunes les écoutent avec respect. C’est une manière de faire passer d’une génération à l’autre leur histoire et leurs valeurs. L’âge de la retraite n’est pas la fin d’une vie mais le début d’une nouvelle phase qui pour-rait être très utile et fructueuse jusqu’au bout. Lise Thibaut, ancienne Lieute-nant Gouverneure du Québec a dit lors d’une interview: «Les gens qui voient la retraite comme la fin de leurs activités deviennent des moribonds et des con-sommateurs des médicaments. Il faut rester actif, il faut se donner aux autres».

Les fils de David Livingstone, qui a été trouvé mort à genoux, ont découvert une note écrite par leur père la veille: «Mon Jésus, mon Roi, ma vie, mon tout; je te consacre de nouveau toute ma vie». Pour ce grand homme de Dieu chaque jour était une autre occasion pour servir et pour grandir spirituellement, et cela jusqu’au bout de sa vie. Est-ce cela notre but et notre ambition ? Je l’espère. Alors nous n’aurons pas peur de «devenir» vieux. Juste avant que le Seigneur dise à Pierre : «Quand tu seras vieux… », il lui demande par trois fois : «M’aimes-tu?» La question a visiblement gêné Pierre, mais elle lui a donné l’occasion de dire ouvertement au Seigneur qu’il l’aimait. C’est la chose qui compte le plus pour le Seigneur et c’est ce qu’il nous demande, de l’aimer jusqu’au bout de notre vie.

Une ride, ce peut être le sillon que laissent en nous l’expérience et la sagesse

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Mireille MirambeauMembre du comité organisateur

couples, les familles, prières de renou-vellement et de consécration. Au coup de 12 h 30, la matinée s’achevait avec le chant «Nous avons la victoire Alléluia ! »

Dans l’assistance on pouvait voir le Député Emmanuel Dubourg accom-pagné de son Conseiller politique, Mme Marjorie Michel, Monsieur Franz Ben-jamin, Conseiller de la Ville, Monsieur André Joly Directeur de CKZW, le son Gospel du Québec, de même que les représentants de l’émission Écho évan-gélique du samedi matin. Le consulat d’Haïti à Montréal avait été représenté par Madame Djinah Thomas. Certains participants avaient fait le voyage de Bos-ton, d’Ottawa et d’Haïti afin de pouvoir prendre part à cette matinée de prière. En outre, plusieurs pasteurs de différentes confessions religieuses avaient égale-ment participé à cette matinée spéciale.Comme ce fut le cas durant les trois

L’assistance a pu louer, adorer avec des artistes et groupes tels Luc Gingras, Ichthus, Joël Lorquet, Claude Doucet, Jude Deslouches,

le groupe de louange de l’Église Mé-thodiste et la chorale de l’Église Métho-diste. Le témoignage d’Eryc Kernisan a rappelé combien Dieu veille sur nous dans tous les moments de notre vie et surtout que nous devons écouter sa voix. Une pièce théâtrale présentant les femmes victorieuses de la Bible a été chaudement applaudie. Le Pasteur Gingras avec sa femme Nathalie ont transporté le public par leurs chants. Dans sa méditation le Pasteur Gingras a rappelé l’amour et la bonté de Dieu et l’importance de s’accrocher à notre Seigneur. La vidéo qui appuyait son message a touché les cœurs. Ce fut ensuite un moment de prières inten-ses, prières pour les maladies, pour les

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Déjeuner de prière à Montréal - 4e Édition

Pour la 4e année consécu-tive, l’Église Méthodiste Évangélique de Montréal, dirigée par le révérend pasteur Moise Isidore, a organisé un déjeuner de prière sous le thème «Nous avons la victoire, Allelu-ia ! ». Environ 500 personnes ont pris part à cet événe-ment qui s’est déroulé le 4 août dernier au Centre Mont-Royal à Montréal.

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années précédentes, les chrétiens ont apprécié ce moment d’échange et de ressourcement spirituel. En effet, au-tour d’un repas fraternel, les partici-pants ont eu l’occasion d’entendre des témoignages vivants, des chants de louange et d’adoration exécutés par des artistes de talents et de déposer leurs fardeaux aux pieds du Seigneur. Pour cette 4e édition, ils pouvaient se pro-

leurs requêtes. Notre Seigneur avait répondu à la prière de plus d’un les années précédentes et Il est le même Dieu hier, aujourd’hui et éternellement. Le rendez-vous prochain est pour août 2013 sachant que plusieurs qui avaient participé à ce déjeuner de prière vien-dront partager leurs expériences avec ce Dieu de délivrance et faire connaitre leurs victoires. À l’année prochaine !

curer de la littérature spirituelle grâce à la libraire CLC qui était présente et aussi des versets bibliques sur des cadres réalisés par Ken cadres évangéliques. Les conseils donnés ont été de con-tinuer à prier les uns pour les autres et, dans ce monde troublé, d’avoir les yeux fixés sur la croix. Les participants ont quitté la salle remplis d’espoir, car ils attendent la réponse de Dieu à

De gauche à droite: le pasteur Gingras et sa femme Nathalie; les actrices du choeur parlé Les femmes victorieuses de la Bible

De gauche à droite: l’artiste Claude Doucet et le groupe de louange

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François Gougoux, journaliste

patients avec conscience, loyauté et in-tégrité; je donnerai au patient les infor-mations pertinentes et je respecterai ses droits et son autonomie). Comme quoi, le progrès n’a pas que des avantages !

Un sondage de l’Association d’Études Canadiennes faite durant Pâques 2012 a révélé que seulement 42% des Ca-nadiens affirment que «la religion est importante dans ma vie» (parmi eux il y a 46% de femmes et seulement 30% des 18 à 24). Pour le Québec ce pourcentage baisse à 33% (contre 54% au Manitoba et Saskatchewan), même si 62% croient encore que Dieu existe. On remarque que le pourcentage qué-bécois est approximativement le même que celui des 18 à 24 ans au niveau du Canada. Ce qui semble indiquer qu’une tendance répandue parmi les jeunes au niveau du Canada affecte le Québec

Trois médecins anglais m’ont dit récemment que tous leurs collègues de 55 et plus sont opposés à l’euthanasie mais les jeunes médecins y sont très

favorables. Pourquoi cela? Autrefois, l’enseignement que recevaient les mé-decins parlait constamment de préser-ver la vie et de ne jamais l’ôter. Le ser-ment d’Hippocrate datant du 4e siècle avant Jésus Christ et prononcé par tous les médecins visait autrefois à rétablir, préserver ou promouvoir la santé. Il pro-mettait entre autres d’éviter la séduction des patients, l’extorsion, l’avortement et de ne pas offrir du poison aux patients. Les éditions récentes du serment des médecins, comme celle du Québec, ne comportent plus d’interdit et se con-tentent d’affirmer ce qui doit être fait (comme par exemple, je remplirai mes devoirs de médecin envers tous les

Glanures

Une promenade à travers l’actualité reliée au monde chrétien.

• A c t u a l i t é s • A c t u a l i t é s • A c t u a l i t é s • A c t u a l i t é s •

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de façon plus globale. Il est aussi triste de constater qu’au Canada, seulement 48% des répondants considèrent que les pasteurs et le clergé sont fiables. Le pourcentage n’est pas meilleur lorsque l’on considère la fiabilité des croyants laïques. Tous les croyants sont vus quasiment comme des Témoins de Jéhovah, la Mafia ou les Communistes autrefois. On se fie plus aux personnes non-religieuses et moins aux croyants et encore moins aux pasteurs. C’est un cinglant avertissement pour les pasteurs, et aussi un appel aux chrétiens pour les épauler et les encourager dans leur tâche!

Quelques autres découvertes du précé-dant sondage indiquent que: 76% des Canadiens (dont 81% des femmes) croient que les bonnes œuvres seront éventuellement récompensées, mais seulement 63% croient qu’il y aura un châtiment pour les mauvaises actions. Fait intéressant, les 65 ans et plus sont les plus croyants et les plus affirmatifs sur l’existence de la vie après la mort et les récompenses pour les bonnes actions (79%), mais aussi les moins certains pour ce qui concerne les châtiments (58%). Les 18 à 24 ans par contre, malgré leur plus grande incroyance, montrent une certitude sur les récompenses (77%) et les punitions (72%) plus grande qu’au niveau de leur croyance en Dieu. Cela voudrait-il dire que les personnes âgées font preuve de plus de magnanimité sur les égarements humains et pensent que Dieu agit de la même façon?

Ce même sondage révèle le fait sui-vant: 46% des francophones cana-

diens appuient l’affirmation selon laquelle il existe une puissance supérieure qui gouverne le monde, contre 60% des anglophones (avec 73% au Mani-toba et Saskatchewan). Le pourcentage relatif à cette question est élevé chez les moins riches et semble diminuer avec chaque tranche d’augmentation du revenu familial. Il semble aussi que les pourcentages soient approxima-tivement les mêmes pour les riches, les Francophones, et les jeunes, pour toutes les questions sur la religion. Les hommes se révèlent plus sceptiques que les femmes. On peut se demander quel est l’aspect du message biblique et quels sont les moyens qui pourraient permettre de rejoindre ces gens qui paraissent réfractaire à l’Évangile.

Il semble que les immigrants contribuent à améliorer les pourcentages favorables à la croyance religieuse qui seraient au-trement plus bas. Si les croyances et les pratiques de certains immigrants peuvent être sujet à débats, il demeure aussi vrai que l’Église dans les grandes villes et particulièrement au Québec serait très faible sans ces personnes ve-nues de loin. La plupart des étudiants en théologie au Québec viennent des églises ethniques. Les dénominations sans églises ethniques courent le risque de disparaître. De plus en plus d’églises composées de québécois de souche ont des pasteurs venus d’ailleurs. Un étudiant de parents immigrants, et qui a vécu au Québec depuis son enfance, a affirmé qu’il n’avait jamais rencontré un chrétien blanc avant d’aller à un col-lège chrétien. Autrefois, la Marche pour

Jésus et la Mission en Fête regroupaient plusieurs groupes ethniques et per-mettaient aux chrétiens de développer un sens d’appartenance plus grand.

Notons aussi que par le passé, les chré-tiens avaient en commun des magazines évangéliques interdénominationnels tels que L’Aurore et Le Vigneron, et aussi des associations communes (Association des Églises Évangéliques du Québec, Association des collèges de théologie, Tremblement de Cœurs pour les jeunes, Marche pour Jésus, Mission en Fête, etc.). La perte de ces institutions fruc-tueuses est à déplorer. Mais comme on l’a vu récemment pour Mission en Fête, faute de leadership, de bénévoles et de financement, églises et institutions ont à la longue tendance à perdre l’énergie et la vision. L’expérience montre que l’énergie et la vision viennent souvent des plus jeunes. D’où l’importance de faire de la place aux jeunes visionnaires.

Un livre récemment publié parle des sites-web et possède comme titre Don’t Make Me Think ou «Évitez de me faire réfléchir». Le principe enseigné est que les gens ne prennent que quelques se-condes sur un site web. Si le site ne les accroche pas assez vite et s’il n’est pas simple, ils vont le quitter pour un autre site. Quelle pression pour les program-meurs! C’est aussi un enseignement que les églises peuvent appliquer à leurs af-fiches devant leurs bâtiments, leurs mes-sages téléphoniques. cultes, réunions de jeunesse et études bibliques. Il est crucial de bien nous représenter comment les autres perçoivent ce que nous faisons.

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22Le Lien Été 2012

Richard Lougheed, chargé de cours et bibliothécaire

à L’École de Théologie Évangélique de Montréal / Institut Biblique VIE

des fidèles qui assistent au culte une fois par mois ou l’ensemble des adhérents.

Le livre aborde différents sujets tels que : la variété des groupes pentecôtisants, les ap-proches des Églises pour l’action sociale, une analyse de l’ecclésiologie protestante, une typologie des Églises ethniques et multiethniques, les problèmes de finance-ment, de ceux liés à la jeunesse, et bien d’autres encore. On n’a que l’embarras du choix selon ses intérêts propres. Pour une revue plus détaillée, voir. le Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Fran-co-Québécois (SHPFQ) de septembre 2012

Ce livre qui fait intervenir plusieurs auteurs est une étude extrême-ment fouillée sur les protestants en France

quelle que soit leur appartenance confes-sionnelle. On peut qualifier cette étude de véritable instrument de travail, outil pour une réflexion féconde sur les tendances présentes de ces confessions. Comme on aurait aimé qu’une telle analyse s’étende aussi au Québec! En attendant qu’elle soit faite, nous ne pouvons qu’admirer leur ap-proche méthodologique et tenter pour nous-mêmes quelques comparaisons. On y apprend que la sécularisation de la France rend les catholiques minoritaires tout autant que les protestants l’étaient. Mais au lieu d’éliminer la religion, le plu-ralisme laisse une place à la diversité qui a toujours caractérisé les protestants. De plus, les chercheurs constatent que c’est la venue en France d’immigrants en si grand nombre qui a, à n’en pas douter, renforcé les ailes évangéliques et pentecôtistes/cha-rismatiques.. On calcule que les protestants représentent 2% de la population française actuellement alors qu’ils en formaient 12% en 1560, mais seulement déjà 2,17% en 1851. Il est difficile d’évaluer leur nombre exact selon ce qu’on compte, le fort noyau

J’ai lu pour vous

Le livre de Fath et Willaime présente non pas la Nouvelle France mais la France protes-tante telle qu’elle est consti-tuée aujourd’hui dans les pre-mières années du XXIe siècle. Cette étude de 483 pages sous la direction de deux des plus grands sociologues français des religions est un bijou que devraient lire tous les leaders d’ici, même si elle ne mentionne jamais le Qué-bec, sauf pour une entrée dans la bibliographie de 30 pages où on se réfère souvent à la Suisse, à la Belgique et à la plupart des pays de la fran-cophonie. L’oeuvre est d’une telle richesse qu’elle mérite qu’on s’y arrête longuement.

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23Été 2012 Le Lien

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Convention des Frères mennonites

Le rassemblement national des délégués des Églises cana-diennes de Frères mennonites (FM) a eu lieu du 11 au 14 juil-let dernier à Winnipeg. Ce ras-

semblement qui a lieu tous les deux ans est l’occasion de faire le point sur les réali-sations passées et d’instaurer un nouveau souffle pour l’avenir. Le présent rassemble-ment s’est distingué par une augmentation substantielle du budget des ministères de la Conférence canadienne des Églises FM. Un accent particulier a été donné à l’implantation de nouvelles églises à travers le Réseau C2C1. Gord Fleming, le direc-teur de C2C prévoit que 54% du montant alloué à l’implantation de nouvelles Égli-ses couvriront les coûts de départ et les salaires des pasteurs et etc., 34% iront aux salaires du personnel, 7% à la formation des implanteurs et 5% au fonctionnement administratif. Des délégués ont exprimé le

souhait de voir C2C refléter de manière consistante les valeurs des FM et s’intégrer dans leurs structures de formation.

Se basant sur un rapport d’évaluation des ministères nationaux de la Conférence2, Willy Reimer, directeur exécutif de la Con-férence, a exhorté l’assemblée à «faire en-semble ce qu’aucune Église ne peut faire toute seule». Nombre de délégués se sont plaint de ne pas avoir eu accès au rapport complet et aux recommandations de Terry Mochar. La parole prophétique de Mochar publiée dans le MB Herald de juillet 2012 a aussi été accueillie avec un certain malaise par plusieurs délégués. Le Comité Foi et Vie national (BFL) a été chargé d’examiner le rapport afin « d’aider à évaluer les ob-servations et les conclusions du rapport d’une manière qui soit en accord avec l’identité des Frères mennonites» a affirmé Brian Cooper le président du BFL.

1. C2C sigle de «Sea to Sea» (inspiré du Psaume 72,8), réseau canadien d’implantation d’Églises regroupant diffé-rentes dénominations.2. Rapport de 139 pages soumis par le con-sultant Terry Mochar. Le rapport a mis en évidence un climat de méfiance à travers la dénomination et le fait que les différentes entités fonctionnent indépendamment les unes des autres.

Willy Reimer, directeur de l’exécutif, s’adresse à l’assemblée.

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