Q1. Quelles sont les deux conceptions de la nation ...

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Dossier docu – Chapitre 8.1 (suite) Document n°5. Les deux conceptions de la nation (Doc 2 p 260) Document 6 – Quand l’État crée la nation Si l'idée nationale était née au Moyen-Âge, si la monarchie avait mené pendant des siècles le projet national et organisé les premières institutions étatiques, les Républicains de la IIIe République, à leur arrivée au pouvoir dans les années 1880, ont créé en toute conscience les institutions chargées de constituer la nation moderne. Les institutions nationales – l'École ou l'Armée – ont organisé la vie collective autour de pratiques régulières et diffusé un système de valeurs nationales cohérentes. L’unification de la société par la centralisation de l'enseignement et, plus généralement, de l'administration française, même s'ils avaient été, au moins pour une part, hérités de la monarchie, furent renforcés par la volonté, transmise des rois aux républicains, de construire la nation moderne autour de et par l’État [...]. Les instituteurs de la IIIe République ont effectivement nationalisé les enfants des paysans des provinces de France et des immigrés en leur apprenant, éventuellement avec brutalité, le français et le calcul et en leur interdisant d'user de la langue de leurs parents. L’armée contribuait aussi à cette nationalisation des populations dont la guerre de 1914-1918 a tragiquement démontré l'efficacité. À la suite de l'établissement de la conscription (1872) et d'une loi sur la nationalité (1889) qui imposait la nationalité française aux enfants d'étrangers nés sur le sol français pour pouvoir les recruter, elle brassait des populations issues de tous les pays d'émigration, de toutes les régions et de toutes les classes sociales. Dominique Schnapper, La Communauté des citoyens, Paris, Gallimard, 1994 Q1. Quelles sont les deux conceptions de la nation présentées ici ? Q2. En 1882, Renan déclare : « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ». A quelle définition peut-on rattacher cette déclaration ? Q3. Pourquoi les deux conceptions de la nation se traduisent-elles par des procédures différentes d’obtention de la nationalité ? Q4. Quelle différence faites-vous entre l’Etat et la nation ?

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Dossier docu – Chapitre 8.1 (suite) Document n°5. Les deux conceptions de la nation (Doc 2 p 260) Document 6 – Quand l’État crée la nation Si l'idée nationale était née au Moyen-Âge, si la monarchie avait mené pendant des siècles le projet national et organisé les premières institutions étatiques, les Républicains de la IIIe République, à leur arrivée au pouvoir dans les années 1880, ont créé en toute conscience les institutions chargées de constituer la nation moderne. Les institutions nationales – l'École ou l'Armée – ont organisé la vie collective autour de pratiques régulières et diffusé un système de valeurs nationales cohérentes. L’unification de la société par la centralisation de l'enseignement et, plus généralement, de l'administration française, même s'ils avaient été, au moins pour une part, hérités de la monarchie, furent renforcés par la volonté, transmise des rois aux républicains, de construire la nation moderne autour de et par l’État [...]. Les instituteurs de la IIIe République ont effectivement nationalisé les enfants des paysans des provinces de France et des immigrés en leur apprenant, éventuellement avec brutalité, le français et le calcul et en leur interdisant d'user de la langue de leurs parents. L’armée contribuait aussi à cette nationalisation des populations dont la guerre de 1914-1918 a tragiquement démontré l'efficacité. À la suite de l'établissement de la conscription (1872) et d'une loi sur la nationalité (1889) qui imposait la nationalité française aux enfants d'étrangers nés sur le sol français pour pouvoir les recruter, elle brassait des populations issues de tous les pays d'émigration, de toutes les régions et de toutes les classes sociales.

Dominique Schnapper, La Communauté des citoyens, Paris, Gallimard, 1994

Q1. Quelles sont les deux conceptions de la nation présentées ici ? Q2. En 1882, Renan déclare : « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ». A quelle définition peut-on rattacher cette déclaration ? Q3. Pourquoi les deux conceptions de la nation se traduisent-elles par des procédures différentes d’obtention de la nationalité ? Q4. Quelle différence faites-vous entre l’Etat et la nation ?

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Q1. A quelle période et à travers quelles institutions les dirigeants politiques français ont-ils cherché activement à alimenter le sentiment national ? Q2. Quelles composantes de la population étaient principalement ciblées ? Q3. Voici le règlement d'une école bretonne au début du 20e siècle. En quoi illustre-t-il le texte ci-dessus?

Document n°7. Les québécois sont-i ls toujours indépendantistes ? Q1. Que souhaitent les souverainistes au Québec ? Q2. Pourquoi peut-on parler d’une nation québécoise au sens des souverainistes ? Q3. A quelle conception de la nation adhèrent les souverainistes québécois ? Q4. Pourquoi l’Etat-nation est-il remis en cause au Canada ? Q5. Citez d’autres exemples de territoires où l’Etat-nation est remis en question ?  

L'indépendance  du  Québec  est-­‐elle  à  nouveau  à  l'ordre  du  jour  ?  Après  neuf  années  de  domination  du  Parti  libéral  du   Québec   (PLQ),   fervent   partisan   du   fédéralisme   canadien,   la   victoire   annoncée   des   souverainistes   du   Parti  québécois   (PQ)   aux   élections   législatives   anticipées   du   4   septembre)   a   fait   ressurgir   la   question   dans   le   débat  politique   .   Selon   un   sondage   réalisé  mardi   matin   par   l'institut   de   sondage   canadien   Forum   Research,   le   PQ,   de  Pauline  Marois,  est  donné  en  tête  avec  36  %,  devant  le  PLQ,  du  premier  ministre  sortant,  Jean  Charest  (29  %),  et  la  Coalition  avenir  Québec  (CAQ),  de  François  Legault  ,  crédité  de  25  %.  

"De  façon  générale,  l'appui  au  concept  de  souveraineté  ou  d'indépendance  se  maintient  à  un  niveau  comparable  ces  trente   dernières   années",   explique   François   Gélineau.   Il   a   longtemps   oscillé   entre   30   et   50  %   pour   se  maintenir  depuis  1995  à  environ  40  %.  Au  regard  des  tout  derniers  sondages,  les  souverainistes  seraient  entre  30  et  32  %,  soit  "un  appui  en  chute  libre",  analyse  Claire  Durand,  sociologue  à  l'université  de  Montréal.  

Les  partisans  de   la   souveraineté   se   trouvent  davantage  chez   les   jeunes  que  chez   les   vieux,  précise   la   sociologue,  coauteure  d'une  étude   sur   le   vote   souverainiste  de  1976  à  2008,  mais  en  proportion  moins  grande  que  dans   les  générations  précédentes.  Et,  "avec  l'âge,  beaucoup  de  jeunes  deviennent  non  souverainistes",  précise  Claire  Durand.  En  outre,  le  vote  souverainiste  pourrait  pâtir  de  la  hausse  de  la  proportion  de  non-­‐francophones  dans  la  province,  qui  représentent  aujourd'hui  20  %  de  la  population  (8  %  d'anglophones  et  12  %  autres),  ajoute-­‐t-­‐elle.  "Cet  électorat  vote  à  60  %  pour   le  Parti   libéral  et  est  à  80-­‐90  %  contre   la  souveraineté",  précise   la  sociologue.  Si  ces  derniers  se  mobilisent   traditionnellement   moins,   l'orientation   qu'a   prise   le   débat   ces   derniers   jours   autour   de   la   question  souverainiste  pourrait  les  remobiliser.  

Dans   la  Belle  Province,   la  seule  au  Canada  où   le   français  est   l'unique   langue  officielle,   la  vie  politique  se  déroule,  depuis  les  années  soixante-­‐dix,  au  rythme  de  l'alternance  au  pouvoir  des  souverainistes  et  des  fédéralistes.  Fondé  en  1968  pour  obtenir   l'indépendance  de  ce   territoire  de  8  millions  d'habitants,   le  PQ  a  déjà   tenté,  par  deux   fois,  d'enclencher   des   négociations   menant   à   la   souveraineté   de   cette   province,   canadienne   depuis   1867.   Les  référendums   de   1980   et   1995   sur   la   souveraineté-­‐association   du   Québec   se   sont   soldés   par   un   échec,   avec  respectivement   60  %   et   51,6  %  de   non.   Avec   30   à   40  %  d'électorat   favorable   aujourd'hui,   l'option   souverainiste  reste  encore  d'actualité.  

Source  :  «  Les  Québécois  sont-­‐ils  toujours  indépendantistes  ?  »,  Lemonde.fr,  le  4/09/2012.