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Félix Savarel PSYCHOLOGIE DE L’ISLAMISME Version brève Archétypes, problématiques et quelques propositions de solutions

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Félix Savarel

PSYCHOLOGIE DE L’ISLAMISME

Version brève

Archétypes, problématiques et quelques propositions de solutions

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Argumentaire

Dans La psychologie de l'islamisme, la relation homme femme est abordée d'emblée, elle qui n'est vraiment facile dans aucune culture. Chez les musulmans, il y a un certain nombre d'archétypes religieux spécifiques qui cherchent à la réguler, et qui parfois l'aident, et parfois la compliquent. De son côté, l'islamisme radical manifeste une violence politico-religieuse qui n'est pas sans rapport avec des conflits psychologiques commençant au niveau de la famille, et se structurant autour de certaines pathologies préférentielles. Félix Savarel, qui a travaillé comme psychiatre dans le Maghreb et qui fait des recherches depuis une trentaine d’années sur la psychologie religieuse, relie de façon convaincante les vieux archétypes sacrificiels par exemple de l'animisme et de l'Ancien Testament avec l'actualité brûlante de cette sorte de sacrifices humains que sont les attentats terroristes. En associant psychologie et histoire, ce livre analyse en profondeur les évolutions psychiques, sociales et politiques qui agitent le monde musulman et qui refont surface aussi dans le soulèvement du Printemps arabe. Trop souvent, les discussions autour de l’islam tournent en rond : islam contre christianisme, ou islam contre matérialisme scientiste. Ce livre ouvre une troisième voie en développant une psychologie ouverte à l’expérience religieuse, voire spirituelle, mais qui ne perd pas son sens critique. Il se pose par exemple la question du lien entre paranoïa sectaire et dépression, ou encore la notion de violence religieuse comme une addiction. Il ne se contente pas de diagnostiquer, mais émet aussi des propositions thérapeutiques simples, basées sur une compréhension psychologique approfondie des phénomènes. Beaucoup d’études sur l’islamisme sont très détaillées du point de vue sociologique et politique, mais pauvres du point de vue de la compréhension psychologique. Ce livre bien documenté (avec presque 500 notes, il ferait plus de 700 pages en format papier) rétablit l’équilibre, et va dan le sens d’une pluridisciplinarité nécessaire. Il reflète aussi l’avis de beaucoup de psys sur la question, qui cependant, par crainte de réactions passionnelles, évitent de dire ce qu’ils pensent. Il s’agit d’un ouvrage qui est écrit avec une grande conscience professionnelle et qui ne se laisse pas impressionner par la ‘langue de bois’ fréquente dans ce domaine du politico-religieux. Même s’il n’a pas réponse à tout, il a l’immense intérêt de poser de vraies questions. Félix Savarel a une formation de psychiatre. Il été relié pendant plus de vingt ans à l’Université en France et à l’étranger, et est maintenant chercheur indépendant. Il s’est spécialisé depuis une trentaine d’années dans la psychologie religieuse en général, et dans ses déviations pathologiques. Il n’est en lien avec aucune organisation politique, religieuse ou gouvernementale. Du point de vue personnel, il croit en une spiritualité au-delà des religions. Ce livre n’a été financé que par son travail en tant que thérapeute, et s’il fait partie d’un groupe, c’est celui des gens de bon sens. Cependant, son bon sens est

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aidé et étayé part une trentaine d’anées de recherchse dans le domaine de la psychologie religieuse, et une expérience de plus d’un an de thérapeute dans un pays du Maghreb.

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INTRODUCTION

Le résumé ci-dessous suit le plan du livre Psychologie de l’islamisme. Celui-ci en format livre fait environ 750 pages. Le volume du résumé lui-même pourrait constituer un petit livre, mais bien sûr, les lecteurs intéressés auront intérêt à lire le livre entier, surtout s’ils veulent en parler ensuite d’une façon autorisée et bien informée. Comme un certain nombre d’idées seront très nouvelles et parfois trop critiques pour nombre de lecteurs, surtout ceux peu habitués à la psychologie, la version complète du livre donne tous les arguments en détails et la réponse d’avance à nombre d’objections qui peuvent se poser. Le résumé ne peut qu’esquisser les grandes lignes de ce travail. Il comprend pour chaque section des extraits, c’est pour cela que celles-ci pourront être inégale en taille, alors qu’elles le sont bien moins dans l’original.. La version déjà anglaise de ce résumé est prévue pour ce même site, et ensuite en d’autres langues. Ceux qui voudraient contribuer à la traduction soit du résumé soit de plus larges extraits du texte de base dans une langue qu’ils connaissent bien sont les bienvenus. Ils contribueront à la diffusion de cet ouvrage de taille mis gratuitement à la disposition du grand public, indépendant de tout financement institutiionnel, religieux, politique ou même universitaire ou privé. Ils pourront prendre contact avec le secrétariat de Félix Savarel à [email protected]

Sommaire

Introduction

Première partie : Psychodynamique des croyances islamiques 1 - L'amour, les aléas de la relation homme-femme et le fondamentalisme. 2 - Dépression et obsession 3 - Comprendre la paranoïa 4 - Délires systématisés et islamisme 5 – Psychose et réalité dans le radicalisme musulman 6 - La question de la loi au centre de la paranoïa 7 - Le moralisme en tant que pseudo justification de la violence. 8 - L’obsession du retour à la charia est-elle une addiction ? 9- Martyre et idolâtrie du sacrifice humain 10 - Identités religieuses et violence

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Deuxième partie : En suivant le fil de la psychologie dans le tissu de l’histoire 11 - La réalité du jihâd -continuité et évolutions 12 – L’idéologie islamiste dans les invasions de l’Inde 13 - Psychologie d'une idéologie totalitaire 14 - Les origines de l'islam revisitées 15 – Quelques éléments d’analyse psychologique du Coran 16 - La personnalité de Mahomet est-elle un modèle pour les islamistes? 17 - Les liens complexes de l'islam modéré avec celui qui ne l'est pas.

Troisième partie : Quelques remèdes

18 - Que faire ?

Conclusion

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INTR0DUCION Le moment est venu d'écrire un ouvrage sur la psychologie de l'islamisme : trop de gens se posent des questions à ce sujet, et les réponses de bon sens fondées sur des interprétations de psychologie populaire, même si elles ne sont pas fausses, ne suffisent pas. Des réponses peuvent être données en se fondant sur les connaissances modernes à propos de l’analyse psychologique associée à des connaissances sociales et historiques. La rencontre de l'islam et des sciences humaines est inéluctable, si ce n'était pas le présent auteur qui avait écrit cet ouvrage, quelqu'un d'autre l'aurait fait à sa place tôt ou tard. Non seulement l'heure est à la psychologie, mais aussi à la psychohistoire. Nous en reparlerons par la suite. Il m’a semblé important de réfléchir d’abord sur le contexte de conflit, en particulier chrétien-musulman dans lequel s’inscrit l’islamisme, la relation entre l’identité religieuse et la violence et la réalité de la guerre sainte en islam, celle-ci étant trop souvent l’objet de démentis, voire d’un négationnisme attristant. Pour la majorité des lecteurs qui ne sont pas professionnels comme je le suis de la santé mentale, les chapitres sur la dépression et sur la compréhension de la paranoïa seront également fort utiles pour suivre la suite de l’ouvrage. Pour appliquer ces notions, je me suis souvenu de mon expérience d’un séjour de plus d’un an au Maghreb où j’ai pu voir en consultation cinq ou six mille patients et essayer de soulager leur souffrance psychique. J’ai aussi participé là-bas pendant quelques temps aux pratiques d’une confrérie soufie réputée libérale, j’en reparlerai.

… Le développement des évènements dans le monde musulman, l’enlisement de la guerre en Afghanistan, les fragilités de la démocratie pakistanaise, les tensions qui ne vont pas en s’améliorant entre Israël et l’Iran, et bien sûr le Printemps arabe m’ont confirmé l’intérêt de rendre accessible cet ouvrage au grand public, pour lui donner les outils de compréhension qu’offre une psychologie moderne et engagée sur ces questions. Les risques de guerre sainte nucléaire au Moyen-orient donnent une urgence à toutes ces réflexions. On attend de la psychologie qu’elle opère la synthèse humaine de problèmes complexes, qu’elle éclaire les mécanismes de déviation en jeu quand surviennent des comportements pathologiques, et qu’elle donne des pistes de thérapie. C’est ce travail en substance humaniste qui est tenté dans cet ouvrage. On a beaucoup dit, et non sans raison, que l’internet avait favorisé le mouvement démocratique en Afrique du nord et au Moyen-orient. J’ai donc décidé d’utiliser moi aussi cette voie de communication,

Ce que je crois Je ne suis pas en faveur des positions extrêmes, que ce soit en politique ou en religion… C’est pour cela d’ailleurs que je n’hésite pas à parler dans ce livre de la psychopathologie de l’islamisme radical, et on verra que j’ai une longue liste d’arguments cohérents dans

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ce sens. Je crois aussi que la population d’origine musulmane en Europe a une chance de découvrir une laïcité fonctionnelle et le côté finalement pratique et confortable de limiter ses croyances religieuses à la sphère privée. Je ne crois pas que le développement d’un islam politique en Europe doive être encouragé, il ne fera que créer une longue liste de faux problèmes, dont nous avons déjà eu un échantillon jusqu’ici. Les prêcheurs répètent que la foi apporte le salut, mais la modernité dit en contrepoint que le doute est salutaire. Le contenu du présent ouvrage donnera beaucoup de matériel en quelque sorte pédagogique dans ce sens. Cette attitude d’esprit est très nouvelle pour la plupart des immigrants qui arrivent de pays musulman traditionnels, mais il s’agit d’un réel cadeau de bienvenue que l’Europe peut leur offrir à leur arrivée. Avec ce bagage, ils pourront mieux s’intégrer à la vie politique du continent dans sa forme actuelle, et s’occuper utilement avec leurs concitoyens à résoudre la liste des « vrais problèmes » qui est bien longue. De mon point de vue personnel, je crois que l’être humain est appelé à faire l’expérience de l’Absolu, c’est sa vocation profonde, mais pour moi, la religion suprême est la non-violence, les croyances se situent bien en dessous de ce niveau. Si elles aident dans ce sens, elles doivent être encouragées, si elles vont en sens inverse, elles doivent être déconstruites pour bien mettre en évidence les mécanismes de la pathologie de violence qui les anime. Du point de vue politique, je ne m’identifie ni à la droite ni à la gauche. Comme je l’ai dit, je me méfie simplement des idées extrémistes. Il y a un grand vent de libération qui souffle dans le mode arabo-musulman. Il est important qu’il ne soit pas éphémère et qu’il ne retombe pas dans l’ornière du radicalisme. On trouvera dans ce livre une sorte de « logiciel anti-virus » : Le virus de la paranoïa religieuse investit et infecte notre système psychique de façon souvent discrète voire insidieuse, et on a besoin d’hommes de l’art pour nous envoyer des messages d’alertes au bon moment, pour faire apparaître des fenêtres rouges pleines de points d’exclamation… Grâce à l’internet, je peux partager ce logiciel avec le plus grand nombre, comme une sorte de shareware ou de freeware destiné à améliorer la santé mentale et religieuse de notre planète, il ne reste qu’à souhaiter qu’il soit utilisé à bon escient et diffusé et traduit là où il pourra être utile. Par ailleurs, on peut ne pas être d’accord avec toutes les idées de ce livre, mais l’honnêteté intellectuelle veut qu’il ne faille pas le critiquer avant de l’avoir lu en entier. Bien sûr, si on le trouve perturbant pour la sécurité de ses propres croyances, rien n’oblige à le lire, mais à ce moment-là il ne faut pas le rejeter et pousser les autres à le faire. On retomberait alors dans le niveau intellectuel et spirituel plutôt bas de l’ayatollah Khomeiny en fin de vie qui a signé sa fatwa contre les Versets sataniques de Rushdie immmédiatement après avoir entendu dire à la télévision qu’il se moquait du Prophète. Il n’avait pas ouvert le livre que de toutes façons il n’avait pas en sa possession. Des comportements comme cela, bien que fréquents, ont de quoi dégoûter le grand public et les gens sensés de la religion en général, et de l’islam en particulier. Quelques définitions à propos de l'islamisme et de la tradition

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Chez les sunnites on distingue entre les mouvements religieux, c'est-à-dire le salafisme, et les mouvements nationalistes, c'est-à-dire le panarabisme. On peut faire une différence aussi entre l'islamisme idéologique, qui touche surtout des villes, et le néofondamentalisme qui atteint plutôt les campagnes et qui se contente de demander un retour à la charia. On définit aussi la mouvance d'Al-Qaida comme radicalisme subversif, et le régime saoudien comme un fondamentalisme préventif. Le takfirisme est un mouvement diffus dans le monde musulman, takafir signifiant « celui qui excommunie». Ses zélotes traitent d'apostat tous les musulmans qui ne sont pas d'accord avec leur version d'islamistes radicaux, et donc les condamnent à mort, puisque c'est la peine prévue dans le droit musulman pour l'abandon de la Foi. Ils visent principalement les gouvernants qui, sous la pression de l'Occident, et sans doute leur propre bon sens, refusent d'appliquer la charia. On pourrait dire qu'il s'agit de la forme maligne de l'islamisme, où cet organisme qu'est la société musulmane se met à s'autodétruire de l'intérieur par une sorte de processus cancéreux. Je crois de mon côté dans l’analyse du psychisme de l’islamisme au modèle médical et psychothérapique où l’on décrit une forme typique d’un syndrome et ensuite on envisage une petite série de variations, ce qu’on appelle les formes cliniques. Cela permet de s’y repérer dans une abondance parfois confuse de signes et d’observations. Cela ne veut pas dire qu’ on « essentialise » l’islamisme, comprendre n’est pas « essentialiser ». Il ne faut pas non plus que cette interdiction d’ « essentialiser » devienne un nouveau tabou, un nouvel interdit qui remplacerait celui plutôt démodé du blasphème et viserait comme lui à empêcher des remises en question de fond.

On peut mettre le point de vue de certains islamophiles en contrepoint avec la perception générale du public mondial. On a fait une enquête dans 42 pays différents en demandant quels étaient les pays où la vie était la pire. De façon intéressante, ce sont les trois pays qui sont les plus impliqués dans l’islamisme, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan qui sont décrits comme les pires, l’Irak avec ses confilts sunnites-shiites n’étant guère en meilleure position dans le classement. Malgré cette impopularité au niveau planétaire, beaucoup de groupes musulmans s’obstinent à voir le retour à la charia comme la porte du Paradis, d’où le slogan plutôt simpliste de Ikhmwans, des Frères musulmans en Egypte ou ailleurs : « L’islam, c’est la solution ». Il n’est pas déplacé de parler d’un phénomène d’addiction.

Certains spécialistes des sciences politiques distinguent le totalitarisme de l'absolutisme, mais cette nuance ne me semble pas si importante pour comprendre l'islamisme. Par contre, celle entre totalitarisme et autoritarisme a sa valeur : dans le second cas, il s'agit juste d'une force brute pour forcer l'obéissance alors que dans le premier, l'idéologie totalitaire demande, en plus de la soumission, d'être aimé en tant que telle. On en arrive alors évidemment assez près de la notion de religion paternaliste quand elle se met à dévier dans la violence. Le vrai sens de la religion est simple, et il peut tenir en deux définitions : "Etre dans le bien, faire le bien". ou "Ne pas faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on vous fasse à vous même". Tout le reste ne représente que des commentaires.

Pour rendre ces questions plus claires, nous pouvons surtout mettre en avant ce point : on peut distinguer un traditionalisme pratiqué avec amour envers le leg du savoir religieux et spirituel, des expériences de vie qui sont venues des anciens, et le

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fondamentalisme qui lui consiste en une manière d'imposer sa propre version de la religion au monde en général, non sans conflit, voire non sans haine. C'est une double polarité qu’il ne faudra pas perdre de vue dans les discussions au fil de cet ouvrage.

Le printemps arabe entre enthousiasme et récupération : quelques éléments de prudence. Beaucoup d’observateurs, y compris des bons connaisseurs du monde arabe, étaient très enthousiastes à propos du soulèvement arabe : dans le feu des évènements, ils ont célébré la première révolution du monde arabe où l’islam n’était pas la question.i, ii . Ils avaient certes des arguments sérieux dans ce sens, et nous verrons les principaux dans la section suivante. Cependant, ils semblent bien avoir fait une erreur de proportion dans l’évaluation des forces en présence, et le résultat des élections tunisiennes et égyptiennes sont venus comme une douche froide pour calmer leur enthousiasme trop précoce : ce sont les islamistes qui sont passés, il semble que les électeurs aiment aller de Charybde en Scylla, et n’ayant plus de dictateur paternaliste au-dessus d’eux préfèrent se réfugier à l’abri du « parapluie » de la charia, sans doute pour éviter que le ciel ne leur tombe sur la tête, comme le craignaient aussi nos ancêtre les Gaulois. La situation en Egypte n’est pas aussi démocratique qu’on aurait pu l’espérer au lendemain du départ de Moubarak. En bref, l’armé a manipulé la Révolution pour rester au pouuvoir coomme elle l’et depuis le renversement de la monarxchie en 1952. Des centaines de milliers d’auditeurs se sont rassemblés le 18 février 2011 au Caire, pour écouter le cheikh Qardaoui revenu d’un long exil au Qatariii. Il a 84 ans et ses prêches télévisés ont beaucoup de succès. Un de ses chevaux de bataille est la lutte contre Israël, on doit sans doute sous-entendre sa destruction finale si une « bonne » occasion pour cela se présente. Il faisait parti du millier d’islamistes exilés par Moubarak qui reviennent au pays pour prêcher la bonne parole des Frères musulmans. Cela pourrait faire penser au retour de l’ayatollah Khomeiny de Neauphle-le-Château à Téhéran au début de la Révolution. Le vieux religieux, qui aurait sans doute été bien mieux dans une maison de retraite, n’avait en fait pas dit son dernier mot, ni sa dernière fatwa. Ces hirondelles qui pourraient sans doute faire le printemps : les espoirs des révolutions arabes. On trouve dans le soulèvement arabe une liste certainement assez longue de points positifs et allant réellement vers une liberté plus grande. Nous alolnsmaintenant les évoquer. Ces points semblent assez difficile à récupérer à long terme par les islamistes, surtout radicaux, plus ou moins dépassés par le changement. Parmi ceux-ci, l’internet et la diffusion d’informations réelles en temps réel a certainement joué un grand rôle. Sur le site Bambuser par exemple, il y avait, pendant les évènements d’Egypte, dix milles vidéos amateur par jour qui documentaient en direct la violence de la police d’Etativ. Difficile de contrôler l’information dans ce contexte-là, et le métier de dictateur n’est plus aussi aisé qu’il était dans le bon vieux temps ! Il est important de noter un signe certain de maturation de la conscience démocratique : « La caractéristique de ces soulèvements arabes a été l’absence de leaders, za’im et guides, gâ’id…. Il ne s’agit plus de remplacer un leader (discrédité) par un leader

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(rédempteur), il s’agit de se débarrasser du leader une fois pour toute…Ils veulent un gouvernement responsable et transparent. » v Un autre signe de maturation des mouvements d’indépendance a été leur mixité dès le départ. Certainement, un facteur qui peut faire dérailler le besoin de liberté et le faire chuter dans la violence chronique est le facteur confessionnel La méthodologie de ce livre : la psychopathologie au renfort de la sociologie et de l'histoire des religions. La nécessité de l’époque actuelle, c’est la psychohistoire et la psychopolitique. Il s’agit de discerner clairement comment des psychopathologies collectives, en particulier dépression et paranoïa sont à l’origine des grands désastres politiques et humains comme les guerres d’agression et les génocides, mais aussi interviennent pour voiler l’esprit des peuples et des dirigeants quand il s’agit de faire des choix positifs à long terme. Le psychanalyste français Fethi Benslama est l’un des rares, nous l’avons signalé, à avoir approfondi dans ses étude un point de vue critique de psychologie à propos de l'islam, Il a produit deux livres chez Flammarion, Psychanalyse à l'épreuve de l'islam,vi et Déclaration d'insoumission à l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas.vii Il s'agit en fait d'une question de vrai respect : émettre une critique fondée veut dire implicitement qu'on estime que l'autre a la capacité intellectuelle, et surtout émotionnelle et spirituelle pour la recevoir. Si par contre on évite toute remise en question, cela signifie aucontraire qu'on trouve que l'autre est trop obtus, réactionnel, voire psychorigide pour pouvoir même la considérer. Certains fidèles naïfs influencés ar exemple par l’Orient pourront objecter : "Le Bouddha était tolérant, il ne faut donc pas critiquer les autres religions". C'est vrai que Sakyamuni avait une vision large des possibilités religieuses offertes à l'être humain, mais il demandait de juger non pas sur la croyance, mais selon les actes et comportements qui représentent en quelque sorte les résultats de sa foi, et si ceux-ci n'étaient pas bons, il n'hésitait pas à qualifier la croyance de départ de stupide. On peut raisonnablement penser qu'il aurait utilisé ce qualificatif pour l'islamisme, qui pousse à la guerre d'agression pour répandre ses croyances. Il faut se souvenir que la société musulmane se protège de la critique par le moyen de la loi du blasphème. Quand la communauté vire à l’intégrisme, toute remise en question est assimilée au blasphème et "donc" passible de mort. Il n'y a certes pas lieu d'étendre la juridiction de ce genre de charia tristement tribale à l’Occident démocratique du troisième millénaire, bien qu’un sondage de juillet 2006 révèle que 23% des musulmans d’Angleterre entretiennent précisément ce rêve. Chaque religion a son type de déviation pathologique la plus fréquente : dans l'hindouisme, l'obsession de la pureté physique parmi les brahmines, chez les bouddhistes la dépression avec la focalisation sur la souffrance pour ceux qui n'arrivent pas à trouver 'la voie en dehors de la souffrance', avec le catholicisme, la culpabilité, avec le judaïsme, le légalisme qui pousse à une fixation disproportionnée sur les textes, et avec le monothéisme prosélyte en général, la paranoïa qui amène les fidèles à croire que seul leur dieu existe et que par conséquent les autres dieux, et en fait les autres cultures, ne sont que néant. Le problème pour les croyants en un Dieu unique ainsi que pour les victimes de leurs agressions pieuses, c'est que la dépression et l'obsession ne sont pas

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batailleuses, alors que la paranoïa l'est. Si maintenant on voulait discerner les qualités prédominantes de chaque religion, on pourrait peut-être dire, évidemment de façon très schématique : pour le bouddhisme, la clarté intérieure, pour l'hindouisme, la richesse des approches concrètes de l'amour divin, pour le christianisme, la capacité de passer de la foi aux oeuvres, pour le judaïsme, la faculté de se réjouir malgré tous les ennuis et persécutions qui vous accablent... et pour l'islam, l'intensité de la croyance et de la dévotion. Je dois témoigner qu'en tant que thérapeute ayant vu dans un pays musulman francophone quand j’y travaillais environ cinq ou six mille patients, j'ai été beaucoup aidé dans mes tentatives de thérapie de leur troubles psychiques par leur adhésion à peu près générale à des interdits religieux forts par exemple à propos du suicide ou de la consommation d'alcool. A l’opposé, ce type de problème est fréquent chez les patients français, qui pour la grande majorité sont complètement déchristianisés. Les fondements de la modernité reposent sur la Révolution française, qui consistait en grande partie en une révolte contre une religion totalitaire. La violence du monothéisme commence à être prise au sérieux et considérée comme un problème central même dans des milieux universitaires qui pourtant sont souvent plutôt conservateurs. Un fait important qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que certaines études ont montré ceci : les musulmans pratiquants régulièrement à la mosquée en France ne dépassent pas 15 % de l’ensemble de la population d’origine musulmane. Quand on rentre dans le détail, les chiffres sont plus complexes, mais l’orientation générale, c’est que les sujets d’origine musulmane montrent une laïcisation assez forte, avec une faiblesse de la pratique de la prière et de la fréquentation de la mosquée chez les jeunes, même si le suivi du ramadan par sentiment identitaire probablement est assez fort chez eux. Les 80 ou 85% de sujets d’origine musulmane qui ne vont plus à la mosquée régulièrement le font car ils sentent intuitivement que cela ne les aidait pas, ou les mettrait même dans des complications inutiles et des problèmes dont ils n’ont plus besoin. Les points faibles de la critique de l’islamisme interne au monothéisme Le christianisme a en fait peur d'entreprendre une critique en profondeur de l'islamisme, car il pressent qu'il a les mêmes défauts de fonctionnement que lui, l'exclusivisme en particulier, et qu'il risque donc de scier la branche sur lequel il est assis. Moyennant quoi, l'idéologie musulmane intégriste progresse sous de multiples formes en Occident, bien qu’il y ait des opinions fort différentes sur l’étendue et la gravité du phénomène. On trouve maintenant une petite série de livres récents et très intéressants qui osent enfin regarder en face la question de la violence et monothéisme. Celui de Jean Soler par exemple, Violence et monothéisme viiiest incontournable. L’ouvrage de Jacques Pous, La tentation totalitaireix, très bien documenté, est en quelque sorte au départ la confession d’un ancien moine et missionnaire qui a réfléchi en profondeur sur les limites et inconvénients du prosélytisme. C’est le résultat de plus de 20 ans de réflexions approfondies. Dernier sorti, le travail important de Jean-Pierre Castel Le déni de la violence monothéistex qui mets les points sur les i et sait discuter son sujet avec une argumentation et une documentation serré (plus de 900 notes !) aborde cette question du déni, voire du négationnisme monothéiste

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Derrière la crainte d’essentialiser l’islam, on peut discerner une triple défense : - celle des chrétiens qui sentent, comme nous l’avons mentionné, combien ils sont

proches des musulmans dans des modes de fonctionnement essentiels, le Dieu unique, l'Intermédiaire unique, le Livre unique, la communauté supposée unique dan l’imaginaire collectif malgré les innombrables divisions et schismes de la réalité et les 30000 Eglises différentes recensées actuellement...

- La critique marxiste, ceux-ci évitant de critiquer et d’‘essentialiser’ l’islam à cause de deux a priori, le premier étant idéologique : de toute façon, ils ne croient pas que la religion ait une quelconque essence, elle n’est à leurs yeux qu’un sous-produit des conditions économiques et sociales. Le second a priori est stratégique. Avec l’enrichissement en Occident, le prolétariat a tendance à disparaître, et la gauche essaie d’en retrouver un autre avec la population musulmane immigrée

- La critique intellectualiste aura tendance à dire : « Tout est très complexe, on ne peut rien dire de précis en général. Il faut attendre de nouvelles recherches (et de nouveaux crédits…)

Par opposition à cela, le travail du psychologue religieux est d'identifier des archétypes et d'expliquer comment les croyances de base influent la vision du monde et les comportements concrets, d’une façon qu’il est en fait difficile à changer en profondeur. Même s'il ne faut pas tomber dans le simplisme et accepter différentes possibilités – surtout quand on parle d'une population si vaste que les musulmans– on peut établir des sous-groupes et des tendances générales, comme des gènes identiques en biologie peuvent avoir des manifestations dominantes ou récessives. Malgré cela, on saura qu’il s'agit quand même du même gène. Si un point faible de la critique de l’islamisme à partir d’une autre branche du monothéisme est souvent qu’elle est trop timide, elle peut parfois prendre des formes terriblement violentes. Cela a été le cas de Behring Brevik, qui en attentat dans le centre d’Oslo et sur une île à côté le 22 juillet 2011. Il s’agissait d’un vrai paranoïaque, il a été reconnu comme tel par l’expertise psychiatrique, cependant il se vivait comme un terroriste catholique, ce qui et embarrassant pour cette religion. Il est en faveur du Pape, et recommande par exemple d’aller pieusement communier à la Sainte Messe avant le passage à l’acte. « "Il n'y a pas de honte à prier dans les minutes avant votre mort. Je vous recommande fortement, avant l'opération, d'aller dans une église et d'y participer à l'Eucharistie (Sainte Communion / Cène du Seigneur). Comme nous le savons, ce rituel représente le dernier repas que Jésus-Christ a partagé avec ses disciples avant son arrestation et finalement sa crucifixion. Vous devriez aussi résoudre tout problème que vous pourriez avoir avec Dieu et demander le pardon de vos péchés passés. Finalement, demandez-lui de préparer l'arrivée d'un martyr de l'Eglise » (p. 1346 du document internet des écrits de Breivik) Je ne sais pas s’il l’a vraiment fait avant d’aller massacrer les 70 enfants de la colonie de vacances, mais si c’et le cas , c’est encore plus embarrassant pour les catholiques. Si son inspiration avait été une croyance orientale, les medias auraient répété en boucle qu’il était un robot d’une secte dangereuse, mais que dire de ce bon catholique qui conseille d’aller communier à la Sainte Messe quand on se trouve sans doute proche de la mort ? Compassion médicale et psychohistoire

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Nous pouvons distinguer sur deux points la situation de ce livre par rapport à celle d’une thérapie individuelle : - En psychothérapie ou psychanalyse, on prend son temps, la cure peut durer des

années, car on fait attention à ce que le patient puisse comprendre par lui-même l’origine de ses troubles et la manière de s’en sortir

- En psychohistoire, un certain type de silence peut équivaloir à de la lâcheté. La véritable compassion consiste au contraire à démonter clairement les mécanismes psychopathologiques pour que tout le monde puisse les comprendre. En faisant ainsi, on prouve aussi sa sympathie pour les victimes, on s’intéresse à la pathologie d’idéologies totalitaires qui oppriment des peuples entiers, qui ont fait des dizaines de millions de morts et qui risquent d’en faire encore bien plus. Appelons un chat un chat : l’islamisme radical fait partie de ces idéologies, qu’on les appelle totalitaires, totalisantes ou autoritaires.

Ceci dit, en tant que thérapeute, et déjà et surtout en tant qu’être humain, on doit montrer de la compassion envers les personnes : si j’avais un intégriste qui venait me consulter car il est déprimé ou qu’il commence à réaliser qu’il souffre de paranoïa, je m’en occuperai de mon mieux comme je le fais pour les autres patients. A l’inverse, si un musulman apparemment modéré se sent une telle sympathie envers les islamistes purs et durs qu’il prend sur lui de façon personnelle toute critique émise à leur égard, il devrait revenir à lui-même, faire son examen de conscience et se demander pourquoi il s’identifie en fait à une telle pathologie de la psychorigidité.

Prenons l’exemple d’un expert psychiatre qui doit évaluer un patient paranoïaque dangereux. Si par une compassion mal placée, il déclare à la justice et à la société que celui-ci ne créera pas de problèmes, mais que pourtant quelques jours plus tard il assassine cinq personnes, on peut dire que l’expert est responsable. C’était à lui de voir venir le problème et d’avertir, comment peut-on demander au grand public qui n’a jamais étudié la psychopathologie de retrouver son chemin dans les méandres du mental de ce genre de cas ? Les conséquences impensables d’un confit nucléaire entre Israël et l’Iran Anthony Cordesman, un spécialiste de stratégie au International Center for Strategic Studies situé à Washington, a estimé les conséquences si Téhéran obtient l’arme nucléaire et qu’un conflit avec Israël s'ensuit. Fondé sur son rapport qui vient de paraître, un zrticle est paru l'Iran, Israël, et la guerre nucléaire. On s'attend, écrit Martin Walker, de United Press International, à entre 16 millions et 28 millions de morts iraniens dans les 21 jours, et entre 200 000 et 800 000 morts israéliens dans les mêmes délais. Le total des décès au-delà de 21 jours pourrait augmenter et être beaucoup plus élevé, en fonction de la préparation du pays pour la défense civile et des établissements de santé publique, où Israël a un grand avantage. Il est théoriquement possible que l'état d'Israël, avec son économie et sa société organisée pourrait simplement survivre à un tel coup presque mortel. L'Iran ne pourrait pas survivre comme une société organisée. "Pour les Iraniens, la récupération ne serait pas possible dans le sens normal du terme ", remarque Cordesman..

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Dans son étude, il souligne aussi que la ville de Téhéran, avec une population de 15 millions de personnes rien que dans sa zone urbaine, est un "bassin topographiques où les montagnes servent de réflecteurs nucléaires idéaux et se transformera en un terrain de massacre à grande échelle." Une attaque israélienne à grande échelle contre la Syrie pourrait tuer jusqu'à 18 millions de personnes en 21 jours; la récupération de la Syrie en tant que pays ne serait plus possible. Même limité la région, un tel échange nucléaire pourrait ne pas être une Apocalypse pour la race humaine, mais en serait certainement une pour l'économie mondiale. Walker conclut que l'analyse de Cordesman énonce "la fin de la civilisation de la Perse, très probablement la fin de la civilisation égyptienne, et la fin de l'âge du pétrole. Cela signifie aussi la fin de la mondialisation et de l'extraordinaire croissance dans le commerce mondial et la prospérité. Celle-ci permet actuellement à des centaines de millions de Chinois et d'Indiens et d’habitants d'autres pays de s’extraire de la pauvreté." En conclusion, certains reprochent à une critique un tant soit peu en profondeur de l’islamisme d’être de l’alarmisme, voire de relever d’un trouble psychologique. Certes, il y a des cas où ça peut l’être, cependant, le trouble de beaucoup le plus fréquent est la passivité et le manque de réaction et de remises en question en face de perspectives aussi graves. Cela peut venir d’une dépression, c’est ce qu’exprime Antoine Vitkine à sa manière quand il a donné comme titre à l’un de ses livres La tentation de la défaite, qui aborde justement ce manque de réactivité. Pour les croyants, cela peut être une iincapacité profonde à remettre en cause ce que leur clergé leur présente comme la volonté de Dieu par exemple « l’inévitabilité » de 25 millions de « martyrs » pour « glorifier Son Nom ». Il s’agit d’un déni psychotique de la réalité, et si une guerre sainte nucléaire a lieu effectivement, il émergera alors que le trouble psychiatrique collectif le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité aura été justement cette anesthésie, ce qu’on pourrait appeler cette « décérébration dévotionnelle » Les réticences des intellectuels à prendre en compte le facteur religieux Les penseurs actuels sont encore grandement influencés, consciemment ou inconsciemment, par le réductionnisme marxiste qui voudrait que tous les conflits soient explicables par des intérêts économiques. Ils sous-estiment les forces des croyances et de leurs déviations psychopathologiques. Du point de vue du psychologue, on peut remarquer que les analystes sociopolitiques travaillent au niveau des 'rationalisations secondaires', à ce niveau-là ils peuvent certes trouver des causes intéressantes, sociales, économiques, etc. que les sujets eux-mêmes donnent comme l’origine de tous leurs maux – mais seulement apparemment. Il y a problème de fond, quand des soi-disant spécialistes parlent de problème des religions sans aucune expérience personnelle dans ce domaine. On a l'impression d'un sourd de naissance qui écrit un livre sur la sociologie de la musique : effectivement, en lisant d'autres auteurs et des enquêtes sur le sujet, il pourra raconter certaines choses intéressantes, cela pourra même paraître cohérent du point de vue étroit de sa spécialité, mais que saura-t-il du plaisir qu'il y a écouter de la bonne musique ; ou encore de la souffrance qu'il y a pour un mélomane averti à devoir en endurer des séries de fausse notes ?

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Edward Said et l’orientalisme Si l'on suit la logique d’Edward Saïd à propos de l'orientalisme dans son livre sur le sujet qui date déjà de 1978xi, il n'y aurait que les Arabes qui pourraient comprendre les Arabes et parler d'eux-mêmes. Il va trop loin, et il a été critiqué pour cela. il cite Nietzsche : « Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont. » Cela paraît brillant, mais risque de tomber dans le relativisme. Si on prend cette pensée au pied de la lettre, une action saine devient difficile. C'est peut-être le problème du postmodernisme, qui réfléchit beaucoup au point d'en avoir semble-t-il une paralysie des mains combinée avec une hypertrophie de la tête Certains auteurs, comme Irshad Manji, reprochent à Saïd, par la culpabilisation intense qu'il a provoquée chez les Occidentaux quelques peu naïfs et peu avertis des mécanismes psychologiques de la persécution, d'avoir gelé toute une génération de chercheurs universitaires en ce qui concerne une possibilité de pensée critique à propos de la Palestine. On peut reprocher à une étude de psychologie de l'islamisme qui mène par sa logique à des remises en question profonde de remporter des sympathies dans les courants de droite. En fait, si on va jusqu’à l’extrême-droite, on se trouve devant une sorte de paranoïa en miroir de celle de l’islamisme, le cas de Breivik dont nous venons de parler en a été un exemple tragique sous forme de terrorisme chrétien. L’intérêt du présent livre, c’est justement de réfléchir de façon indépendante et non politique à la question de l’islamisme grâce à la psychologie. C’est sans doute la meilleure façon pour éviter que le fascisme islamique ne trouve en face de lui pour s’opposer à sa progression qu’une forme de néofascisme occidental. Ce serait très triste. La critique de l’islamisme en particulier sous sa forme radicale doit sortir de la logique binaire : ou bien on aime les musulmans et on s’abstient de toute critique, ou on les remet en cause sur certains points et cela signifierait qu’on travaille à leur élimination dans les plus bref délais. Ce clivage qui empoisonne souvent les débats et les rend passionnels est déjà en soi un symptôme important de paranoïa. Un thérapeute dans la cité La notion de droit d’ingérence qui s’est développée depuis plusieurs dizaines d’années représente un progrès certain vers une société globale équilibrée. Cependant, on ne doit pas se contenter de prévenir la violence au niveau physique, mais on doit aussi contrer celle survenant au niveau psychologique. Pour cela, on devrait développer un nouvelle notion, celle de l’ingérence sur le plan des croyances idéologico-religieuses qui mènent régulièrement à la violence. On ne peut tout simplement plus laisser faire. C’est la pression des intellectuels et du public qui peut créer une ingérence décisive dans ce monde religieux qui essaie de se présenter au-dessus des lois et des interventions extérieures, et qui pourra stopper toutes sortes de processus destructifs.Il s’agit de stopper « l’immunité sacrée » que se sont auto-arrogés les religieux. Ce travail a progressé vis-à-vis de la pédophilie du clergé catholique, mais il devrait s’appliquer aux sources de la violence religieuse en général.

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La notion du Un de la métaphysique se trouve en fait reliée dans la psyché musulmane à l'impérialisme arabe, persan, et ensuite ottoman et mongol. Ceci est tellement le cas que j'aurais envie de pouvoir parler "d'Un-périalisme'... Dans les groupes musulmans, y compris soufis réputés libéraux, il y a une pression des frères de la confrérie souvent indirecte, mais quand assez forte pour prendre l'initiation dans leur groupe, et dans le même mouvement se convertir à l'islam. Ce qu'ils omettent régulièrement de dire, c'est que sur trois écoles juridiques de l'islam sur quatre, le fait de vouloir se « déconvertir » de l'islam est passible de mort. C’est typiquement un mensonge par omission, et à propos d’un sujet grave. Cela ne donne guère envie de continuer avec eux. Il est intéressant de voir que le Courrier international a fait récemment tout un numéro sur la violence religieuse, qui est assez épais et regroupe une centaine d'articles tirés de la presse internationale. C'est certes une bonne idée de parler de ce problème important, mais j'ai remarqué qu'il n'y avait pas du tout d’analyse psychologique du problème, tout était politique, sociologiques ou religieux. Superficiellement, on pourrait attribuer ce manque au fait que le politologues ou sociologue n'ont aucune formation en psychopathologie. Cependant, plus profondément, il faut aussi savoir que personne dans les milieux du pouvoir n'a trop envie qu'on remette en question ses choix politiques ou religieux avec l’instrument de la psychopathologie appliquée, car cela nuirait à son influence et scierait la branche sur laquelle il est assis. Ethique de la critique Une objection qu'on entend souvent si l'on critique certains aspects de l'islam, c'est qu'elle a donné lieu à une grande civilisation, et que donc ce serait prétentieux d'oser lui faire des reproches. C'est le moment de se rappeler le mot de Lévi-Strauss : « Dire qu'une société fonctionne est un truisme, mais dire que tout dans une société fonctionne, c'est une absurdité. » xii On pourra faire remarquer de plus que la notion qu'il soit prohibé de critiquer certains aspects de la religion de l'autre ne correspond qu'apparemment et superficiellement à du respect : ce qui est sous-entendu, c'est soit qu'on est complètement indifférent à lui, soit qu'on le considère comme un tigre dans sa cage ; à ce moment-là, on craint d'y pénétrer de peur d'être déchiqueté... La volonté de dialogue ne doit pas masquer une peur de voir les problèmes en face. Régis Debray vient de publier Un mythe contemporain : le dialogue des civilisations xiii Il pose à ce propos une question plutôt directe : « Marx disait que la religion était l'opium du peuple, est-ce que le dialogue entre civilisations sera l'opium des élites ? » Certes, Paul Tillich disait de son coté : « Le dialogue avec l'autre est d'abord un dialogue avec soi ». Nous avons par exemple les germes de la violence en nous, il faut s’en souvenir. En accusant toute critique un peu profonde de l'islam de l'essentialiser, ses défenseurs se mettent eux-mêmes au-dessus de toute critique, et finalement essentialisent ceux qui s'efforcent de développer une vision en profondeur des choses. S’ « auto-essentialiser » est au fond une forme banale de paranoïa. Voici ce que disait l'un des principaux spécialistes de l'islam français, Maxime Rodinson, à propos des islamophiles :

« Ils sont parfois regroupés en association, souvent utiles, mais développant aussi les phénomènes intellectuels associés à toute activité militante. Parmi ceux-ci, on relèvera des constantes universelles très difficilement évitables : l'absolutisation et

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l’essentialisation des siens -– absolument et perpétuellement « bons » – comme des adversaires et même des autres en général – absolument et perpétuellement « mauvais ». En ceci, ils ressemblent aux groupes marxistes. L'idéologisation de la réaction à la critique procède comme l'idéalisation de cette même critique : par focalisation et extrapolation. On aboutit vite à de purs délires. Sont particulièrement remarquables l'apologétique systématique et le fantasme de la conspiration maléfique universelle.. »

Voilà un avertissement sérieux et clair aux « islamophiles passionnels » provenant de rien moins que d’un des plus grands islamologue français : Le déni de la violence dans le monothéisme : pensée positive ou fonctionnement psychotique ? Sur ce sujet, nous allons largement laisser la parole à Jean-Pierre Castel. Après la parution de son livre en fin 2010 sur un domaine plutôt tabou, Le déni de la violence monothéistexiv, il est devenu un auteur de référence sur la question. L’idée-germe de son livre a été une constatation simple : le christianisme parle tout le temps d’amour, l’islam de paix, c’et même dans l’étymologie de son nom, mais ces deux religions monothéistes ont été de loin les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité. Voilà qui est pour le moins paradoxal. « Depuis trente siècles l'homme occidental reste fasciné par la majesté du dieu de Moïse et par la puissance simplificatrice de la vérité unique. Flatté dans son orgueil par son statut "à l'image de Dieu", admiratif de la force épique de l'Ancien Testament, attaché par un sentiment affectif, spirituel, esthétique aux Psaumes, à Job, au Cantique des Cantiques, il préfère se retrancher derrière les tabous, les pieux mensonges et les interprétations fallacieuses pour ne pas voir la réalité de la violence lovée au coeur du monothéisme… Au titre des interdépendances aujourd'hui reconnues entre religions, cultures et langues, on peut reconnaître une correspondance entre cette catégorie de vérité exclusive et indiscutable et le goût pour l'absolu, pour les extrêmes, qui caractérisait la culture hébraïque de l'époque biblique, et qui se manifestait, dans la langue hébraïque, par une conception polarisée et disjointe des contraires : l'un des pôles représente le pur, le bien, l'idéal qu'il faut préserver, l'autre l'impur, le mal, la souillure qu'il faut éliminer à tout prix. Par contraste, Athènes a légué à l'Occident son goût du relatif, de l'équilibre, de la mesure. Les contraires, comme le jour et la nuit, y sont plus complémentaires que polarisés, les transitions de l'un à l'autre sont graduelles. Pour les Grecs l'idéal est le milieu, lieu du dépassement de l'opposition entre les contraires, tandis que les extrêmes représentent l'hubris, qu'il faut éviter, qui irrite les dieux. Certains, comme on l'a vu, prétendent que la violence ne provient pas du texte, par lui-même polysémique, mais de l'interprétation fautive que certains hommes en font, voire de son instrumentalisation pour justifier une violence trop humaine, rien qu'humaine. L'argument est spécieux dans la mesure où bien évidemment ce n'est qu'à travers les hommes que la violence des textes peut s'exprimer. Mais, l'exclusivisme de la vérité révélée, le caractère jaloux et justicier de son dieu, l'origine réputée divine de ses textes sacrés, inhibent l'esprit critique et constituent des ferments de violence évidents.

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Que la relation de causalité entre l'intolérance, intrinsèque au monothéisme, et les violences de l'histoire ne soit que rarement directe, univoque, relève de l'évidence. Tout acte humain obéit à une combinaison complexe de motivations. Cela n'exclut pas pour autant l'existence d'une responsabilité du texte biblique dans les violences religieuses. Le concept de vérité unique, la perspective messianique, ainsi que la fusion des dimensions mythologique, éthique et législative dans un texte figé ad æternam, constituent sans doute l'essence même d'une pensée totalitaire. Jacques Pous illustre cette paternité en qualifiant les religions abrahamiques de totalitarismes de la transcendance et les idéologies totalitaires de totalitarismes de l'immanencexv. Il y a une tendance chez certains intellectuels chrétiens à essayer de faire un rapport entre la « distinction mosaïque » entre le Dieu créateur et les créatures, et d’autre part entre l’objet scientifique et son observateur. Jean-Pierre Castel, en tant qu’ingénieur de formation et de métier, n’est pas du tout d’accord, il y voit une tentative maladroite de propagande. « La conception du monde monothéiste n'est pas spécialement rationnelle, elle est simple, voire simpliste, et si elle condamne la magie, c'est uniquement pour en laisser le monopole à Dieu et ses représentants: Prophètes, Christ, Saints. D'autre part, la Chine, l'Inde et le Japon avaient développé, en particulier dans le domaine des mathématiques, une démarche scientifique autonome dès l'Antiquité, ce qui n'a jamais été le cas du monde hébreu : les mondes chrétien et musulman n'ont fait que récupérer et éventuellement développer l'héritage grec,� quand ils ne l'ont pas détruit, sans le moindre apport du monde hébreu ou arabe antérieurs. En Inde, Aryabhata avait découvert l’héliocentrisme en 499 avant JC, et en Grèce Aristarque de Samos au second siècle après JC. Même s’ils n’ont pas été suivis au niveau des croyances populaires, leur trouvaille était là. Il a fallu 14 siècles de plus au christianisme pour redécouvrir laborieusement ce fait scientifique. Il ne faut pas dénier la grande violence du texte biblique en nombre d’endroits, nous donnons beaucoup plus de itations dans le texte compmlet, :mais celle-ci par exemple donne le ton :

"Si ton frère, le fils de ton père ou fils de ta mère, ton fils, ta fille, l’épouse qui repose sur ton sein, ou le compagnon qui est un autre toi-même, cherche dans le secret à te séduire en disant : « allons servir d'autres dieux », que tes pères ni toi n'avaient connus parmi les dieux des peuples proches ou lointains qui vous entourent, d’une extrémité de la terre à l'autre, tu ne l'approuveras pas, tu ne l’écouteras pas, ton oeil sera sans pitié, tu ne l'épargneras pas et tu ne cacheras pas sa faute. Oui, tu devras le tuer, ta main sera la première contre lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple continuera l'exécution. Tu le lapideras jusqu'à ce que mort s'ensuive… » (Dt 6-11)”

Dès lors que des textes comme ceux-ci représentent manifestement une violence envers autrui, nier ce sens premier pour le remplacer par une interprétation au deuxième ou troisième degré qui soit non-violente, constitue l'exemple même du déni face à une vérité qui dérange, On peut remarquer que la tendance évidente du prosélytisme monothéiste est justement d’aller dans le sens de la mono-identité, en essentialisant le fait d’être un fidèle du Dieu unique, et, revers de la médaille et ombre de la manœuvre, en faisant croire aux croyants

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naïfs qu’ils seront instantanément réduit en poussière s’ils osent abandonner ‘le Dieu de leur pères’…C’est une manière d’essentialiser ce qui n’est qu’une croyance pour intensifier son emprise totalisante sur l’esprit des gens. ‘Monothéisme’ commence par ‘mono-‘ comme le terme « mono-identité », les deux notions sont intriquées dans ce qu’on pourrait appeler de façon plus générale un monoidéisme… Voici en conclusion ce que m’a écrit Jean-Pierre Castel a propos de son travail de pionnier : « J’ai en fait eu l’impression d’enfoncer des portes qui auraient dû être ouvertes mais que je n’ai pas trouvées, vues, ouvertes : sans doute était-ce par insuffisance de recherche bibliographique ? Par exemple je reste très étonné de la maigre bibliographie (Marc Augé, Jean Soler, Jacques Pous, peut-être Hume) sur la question « vérité révélée et violence ». Et une des dernières notes du livre de Castel montre qu’il est conscient de l’ampleur de la tâche qu’il a entreprise, et que le combat pour que les monothéistes puissent regarder en face leur violence passée, présente et future continue : « Les sciences du psychisme nous enseignent que la dénonciation du déni ne suffit malheureusement pas à guérir la psychose du déni ! » L'islamisme, religion ou idéologie ? Soulignons d’emblée l'ineptie de l'argument quantitatif : ‘Une religion qui compte un milliard de fidèles ne peut que détenir la Vérité absolue’. Comme on pourrait le remarquer de façon impertinente, à ce compte-là, la religion du monde la meilleure et la plus vraie serait celle de Satan. En effet, c’est bien Lui qu’adorent la majorité de la population quand elle est fascinée par le sexe primaire, l'argent, le mensonge, le fanatisme et la violence. De manière générale, la grégarité n'a jamais été connue pour favoriser l'intelligence. L'interdiction de toute critique de la personne de Mohamed revient à celle de tout examen raisonnable de l'islam, puisque le premier personnifie et incarne en quelque sorte le second. Du point de vue anthropologique, il s'agit typiquement d'un tabou autour d'un totem qui est Mahomet, du point de vue politique, d’un totalitarisme, et du point de vue psychologique, d'une résistance : et les psychothérapeutes le savent bien, c'est en général en allant voir derrière les résistances qu'on trouve la clé des problèmes Face au fondamentalisme, les vrais intellectuels doivent être capables de réagir en posant des questions fondamentales, et en ayant une vision stratégique à long terme plutôt que des vues tactiques à court terme, comme c’est malheureusement le cas avec nombre de politiciens. Comme nous l’avons dit, il ne s’agit pas de rejeter les études de détails qui ont leur valeur à leur niveau et font toucher du doigt la complexité du problème, ni d’ « essentialiser » une religion, mais de chercher à comprendre en profondeur ses déviations pathologiques. Comme le dit le proverbe, un homme averti en vaut deux, et on pourrait prolonger cette maxime de sagesse en faisant remarquer qu’un croyant averti en vaut cent. Le monothéisme entre totalisant et totalitaire Au fond, on pourrait considérer que les traditions religieuses sont comme des villes où d’innombrables personnes ont vécu. L’eau qui en sort est polluée jusqu’à un certain

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point, et il est prudent de mettre entre elles et notre esprit qui a soif de connaissances une « station d’épuration des eaux traditionnelles », c’est-à-dire en pratique une bonne dose de discernement. Pour résumer ces diverses réflexions, nous pourrions rappeler, comme nous l’avons déjà mentionné, que l'islamisme radical correspond à l'ombre de l'islam, au sens jungien du terme : apprendre à regarder son ombre en face fait partie intégrante d'une psychothérapie saine, y compris dans le domaine religieux. Par exemple, les musulmans pieux commencent chaque acte par la formule Bismillah ar rahman ar rahim ' Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux'. Par ailleurs, ce n'est pas un secret que parmi les principales religions, c'est pour toutes sortes de raisons globalement l'islam qui a la conception de Dieu la plus violente. Pour expliquer psychologiquement cette contradiction qui n'est qu'apparente; on peut recourir au phénomène de l'ombre : on pense beaucoup de temps à dénier extérieurement et face aux autres les pulsions qu'on veut ne veut pas regarder en face à l'intérieur de soi-même. Dans la version officielle des monothéistes sur leurs origines, toute une partie du peuple aurait trahi leur guide suprême, Moïse, en adorant le Veau d’or. Cependant, nous pouvons déjà noter qu’Aaron, le frère même de Moïse, avait dit au peuple : « Demain, nous allons adorer Yahvé sous forme du veau d’or ». Le conflit n’était donc pas sur la nature du Dieu unique, mais sur la liturgie, la manière dont on devait lui rendre un culte. Finalement, Moïse a trompé la confiance que lui avaient faite jusqu’ici les 3.500 Juifs qui l’avaient suivi hors d’Egypte et avaient tout abandonné pour le suivre. Il les a tout bonnement fait massacrer. Des deux, du chef ou de toute cette partie du peuple, qui a été le plus traître ? Voilà la vraie question à se poser. Il faut aussi faire remarquer un point qui inverse en fait la perspective des origines, et qui a été bien mis en avant par Jean Solerxvi. Josuas vers les années 630 avant JC était roi d’un des premiers royaumes indépendants d’Israël, à Jérusalem, au sud. Au nord était le second royaume juif, la Samarie. Ils venaient d’introduire une nouveauté dans leur deux temples de pèlerinage : adorer Yahvé sous forme d’un taurillon d’or. En fait, la plupart des cultes païens n’avaient pas de statues à l’époque, mais ils commençaient juste à s’y mettre. Josuas ne voulait pas de ce changement, et a donc fait un massacre de ses compatriotes. Pour donner plus d’ampleur à l’évènement, il a secondairement été attribué à la personne mythique de Moïse. Il est donc clair que dès le début, le monothéisme s’est construit sur un spasme intégriste, un refus du changement et une obligation de respecter les habitudes anciennes sous peine de mort. C’est le contraire de la Légende dorée officielle qui fait croire à un grand progrès par rapport à un supposé obscurantisme ambiant. De plus, cela doit nous rendre prudents quand certains espèrent que l’intégrisme monothéiste va se calmer tout seul et que la passion pour la face du Dieu unique et jaloux va être remplacée en l’espace de quelques mois par la démocratisation de Facebook dans les pays traditionalistes. Ce n’est pas si simple. Pour conclure ces réflexions préalables J’aimerais, au moment de conclure cette introduction et avant de débuter le livre lui-même, souligner encore quelques points importants : déjà, la meilleure porte de sortie pour dépasser l'intégrisme est en fait "en haut de l'escalier", elle s’ouvre sur la terrasse et le ciel, et c'est la spiritualité

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PREMIÈRE PARTIE

PSYCHODYNAMIQUE DES CROYANCES ISLAMIQUES

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Ch 1

L’amour, les aléas de la relation homme-femme et l’islamisme

Ce que nous allons dire dans ce chapitre peut avoir son important pour les immigrés venant de pays d'origine musulmane : ils ne peuvent pas rester complètement hermétiques à la culture française environnante, y compris dans le domaine des relations affectives familiales. Leur position entre deux est à la fois une tension et une richesse. Dans toutes les cultures, la relation homme - femme constitue un noeud psychologique central. Cependant, le fondamentalisme, en voulant apporter des solutions, aggrave souvent les problèmes en y ajoutant sa marque spécifique. Les termes violence, vie et bios qui signifie vie en grec comme dans ‘biologie’ sont de la même racine. Ceci nous amène tout d'abord à rappeler certaines bases physiologiques.

Quelques réalités biologiques La testostérone, l’hormone mâle, est à la fois responsable de l'accroissement de la masse, et donc de la force musculaire ainsi que de la violence, qui elle-même voile le discernement de l'esprit : pour résumer cette double action hormonale de façon imagée, nous pourrions dire que plus cette hormone augmente le volume des muscles, plus elle « diminue » celui de la matière grise...Je ne veux pas dire que les mâles soient "bien mal" partis, mais ils doivent certainement faire. On pourrait raisonnablement considérer que les sujets atteints de paranoïa religieuse bénéficieraient considérablement, pour réduire leur violence, d'un traitement antitestostérone à long terme. Le rapport entre viol et violence, entre désir sexuel et colère est bien reconnu par la psychologie traditionnelle comme par la psychananlyse. Pour dire les choses comme elles sont et sans tabou, le droit à tuer que s'arroge l'intégriste lui est aussi indispensable qu’un pénis bien érigé l'est au violeur ordinaire. C’est son instrument de travail. Ainsi va la vie. Dans les deux cas probablement, le cerveau est intoxiqué par les 'neurotransmetteurs de la toute-puissance', qu'on les appelle dopamine ou PEA (Phényl-Ethyl-Amine, une sorte d'amphétamine naturellement produite par les neurones) et il est évidemment imbibé de testostérone. Où il est question de stylos, de vraie religion et de tours qu'on abat. Juergensmeyer, un des meilleurs spécialistes américains de la violence religieuse, a été s'entretenir avec un des principaux responsables du premier attentat contre les tours du World Trade Center. Il l'a rencontré dans la prison où il purge une peine à perpétuité. Celui-ci lui a affirmé : "En Occident, vous n'avez aucune idée de la vraie religion, vous êtes comme des stylos sans encre". Sans pousser trop loin l’interprétation, on peut discerner un archétype phallique sous cette image et l'absence "d'encre" devient alors un

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signe d’anéjaculation lors de l'orgasme, et donc d’impuissance. Les attentats sont donc là pour donner une 'leçon de puissance' à l'Occident, et lui 'prouver' ainsi que l’islam du terroriste est le plus fort et le plus viril : simple…et réellement meurtrier. Il faut se souvenir que les groupes de terroristes sont souvent des groupes d'hommes jeunes avec des idées très conservatrices sur les femmes. Soit ils les évitent complètement, soit ils veulent qu'elles restent à la maison. Il y a un aspect de réaction au progrès du pouvoir des femmes dans cette "tétanie conservatrice" qui les paralyse. On peut dire qu'il y a trois domaines où l'influence occidentale n'a pu pénétrer la culture musulmane : les droits de la femme, le goût pour la science et l'intérêt pour la musique ; comme l’explique un spécialiste de l’islam « En vertu de la charia et de la tradition, trois catégories de personnes ne bénéficiaient pas du principe musulman général d'égalité juridique et religieuse : les incroyants, les esclaves et les femmes. Sur un point important, la femme était assurément la plus mal lotie. L'esclave pouvait être affranchi par son maître ; l'incroyant pouvait, à tout moment, devenir croyant et mettre ainsi fin à son statut d'infériorité par un simple acte de volonté ; seule la femme était vouée à rester éternellement en cette qualité – du moins le croyait-on à l'époque. » xvii Voilà qui est sévère pour l’islam en général, mais assez réaliste. Du point de vue psychologique, il n'est pas interdit de voir un certain lien de cause à effet entre la servitude dans laquelle les femmes sont tenues en islam et la servitude de la population par rapport à des dictatures et une métaphysique théocratique de la Toute-puissance. La naissance de l’islam et les misères de la Mère. Allât dans le sémitisme arabe d’avant l’islam a d’abord été la mère d’Allah, puis son épouse. On peut parler au fond du meurtre d’Allât par Allah grâce à son ‘bras terrestre’, Mahomet : en effet, dès que celui-ci a conquis le pouvoir à la Mecque, il s’est empressé de faire détruire le temple et la statue d’Allât en l’accusant d’être une idole. Au même moment, il installait la Pierre noire de la Kaaba en quelque sorte comme l’idole centralisée et unique de l’islam. Ce passage à l’acte a créé une mutilation archétypale du couple divin dont les effets déséquilibrants et psychologiquement pathogènes se sont répandus comme une épidémie et se prolongent jusqu’à nos jours. Comme le fait comprendre le psychanalyste Benslama dans sa Déclaration d’insoumision à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas : « L’oppression des femmes ne dégrade pas seulement ‘la femme’, mais organise aussi dans l’ensemble de la société l’inégalité, la haine de l’altérité, la violence, ordonnées par le pouvoir mâle. »xviii Il va même plus loin : « Préconiser des demi-mesures (autres que l’égalité pleine des sexes) et des reformes de transition ne fera que prolonger l’agonie du patriarcat et la psychopathologie politique qui en est la conséquence dans les sociétés islamiques actuelles. »xix Bien pensé et bien dit. Il y a à mon sens un mouvement commun entre la destruction d’Allât par Mahomet et son extermination des 800 prisonniers juifs sans défense, de la tribu des Bénou Qorazim, sur la place du marché de Médine.

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Citons un fait plutôt accablant :d’après l’OMS, l’infibulation pratiquée dans 28 pays musulmans de par le monde fait périr deux millions de femmes par anxx. Autant de morts inutiles. On dit souvent dans les pays musulmans : « L’honneur de la femme est une affaire d’homme ». Cela évoque bien sûr pour le psychologue le délire passionnel de jalousie, mais dans le cas du radicalisme islamique, il est légalisé-sacralisé sous forme de code d’honneur clanique, asabiyya, ce qui le rend plus virulent. Ce qui peut pousser les personnes du sexe faible vivant en pays musulman à soutenir le fondamentalisme tient à des causes variées. Cela peut être un pur mensonge pour essayer de se protéger et survire, cela peut aussi être une ruse pour prendre les intégristes au propre piège de leurs argumentations coraniques, il est possible d’y discerner également une ambition pour être du coté du pouvoir, ou enfin, à ne pas sous-estimer, un lien au masochisme : on en arrive dans ce dernier cas au syndrome de Stockholm, où les victimes femmes d’une prise d’otage se mettent à aimer leurs agresseurs hommes et à soutenir leur idéologie. Lutte pour la Terre-Mère et délire de jalousie « La terre est une femme, on ne peut pas la partager.» C'est ce que disent les prêcheurs ou leaders palestiniens quand ils veulent exciter la vindicte populaire et l’orienter vers la destruction d’Isaraël. Ils jouent dangereusement sur la paranoïa d'un délire de jalousie. Un responsable religieux musulman plus sage que les autres, lors de la rencontre imams-rabbins de 2005 à Bruxelles, a bien senti cela et a cherché à rétablir l'équilibre en faisant remarquer avec bon simplicité que la terre est aussi une mère, elle peut donc donner également à chacun de ses enfants. Retour au bon sens. Comme nous l'avons signalé, la jalousie fait partie des délires passionnels : en effet, quelle autre passion que celle-ci peut conduire le plus sûrement au délire? En associant intimement ‘terre’ et ‘jalousie’, les leaders ou prêcheurs palestiniens poussent toute une population en direction de la psychose. On peut dire que la Terre sainte est une idole au sens négatif du terme : elle a besoin qu’on lui offre des victimes humaines régulièrement. Cette vérité toute crue est embarrassant pour les monothéistes qui, dans leurs guerres de conquête, ont massacré tant de gens pour faire savoir au monde qu'eux, ils n'adoraient plus d'idoles Castration et terrorisme L’iconoclasme semble bien relié à une volonté de castration : - Quand il s’agit d’une divinité féminine, c’est le corps entier qui est considéré comme un phallus qu’on doit démolir, et la destruction de la déesse mère revient à la renonciation par rapport à l'amour oedipien pour pouvoir apaiser momentanément la rage jalouse le père castrateur, elle-même intériorisée sous la forme de surmoi sadique. - Quand il s'agit d'une idole mâle, la castration directe devient plus évidente dans la destruction de ce symbole fondamental dans les religions originelles, c'est-à-dire la pierre dressée, en particulier pour l'Inde le shivalingam : ce sont des symboles ithyphalliques vigoureux. En détruisant l'idole, les islamistes se mettent sans guère de culpabilité ni de retour sur eux-mêmes à la place du père Tout-puissant et castrateur, cela dilate leur ego

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quasiment à l'infini et les plonge dans la jouissance d’une illusion de tout-puissance, donc de mégalomanie en termes techniques. C'est ce qu'on pourrait surnommer l'iconoclasme-orgasme . On sait qu'une des grandes peurs, une des phobies du mâle est de ne pas être à la hauteur au moment d’accomplir l'acte sexuel. Si on accepte l'aspect orgastique chez ceux qui s'explosent par les attentats à la bombe, on peut les considérer alors comme des plongées contraphobiques, le suicidant décidant d'être à la hauteur au moment où il va appuyer sur le détonateur, de « s’éclater » et "éjaculer des flammes". Cela paraît plutôt bête comme explication, mais malheureusement, comme nous l’avons déjà souligné, les mécanismes psychopathologiques sont le plus souvent bêtes, et c'est d’ailleurs justement pour cela qu'ils sont si pathologiques. Revenons à une objection de fond qu'on fera certainement à ces analyses : "Vous critiquez beaucoup les passages à l'acte intégristes comme des pathologies, mais ils ont un sens politique". Ce que je signalerai simplement en guise de réponse, c'est que cette récupération d'une pathologie individuelle par de la mauvaise politique est en elle-même aussi le signe d'une pathologie politique et collective. Circoncision et liberté Le rituel de la circoncision chez le garçon, même s'il n'a pas les inconvénients physiques de l'infibulation chez la fille, part du même principe, c’est-à-dire la main mise de la communauté sur l'individu, et en cela il mérite d'être remis en question. Déjà, le marquage physique de la circoncision qui semble bénin peut être considéré comme la continuation de façon archétypale, des coutumes de mutilations corporelles : par exemple pour vol, où le délinquant se retrouve avec la main coupée, et même jusqu'à la mise à mort avec la tête coupée pour blasphème ou critique du Prophète. Nous pouvons ajouter à cela le dernier élément, mais le plus grave, c'est la guerre sainte : ce n'est plus un corps, mais des milliers voire des millions qui sont "coupés", découpés et sacrifiés sur l'autel du grégarisme tribalo-religieux et de son Idole unique. On pourrait ainsi considérer au niveau des archétypes que la circoncision revient – pardonnez-moi l'image – à mettre le doigt dans l'engrenage. Le candidat à la mutilation volontaire ou imposée par une famille soumise à la croyance commence par offrir 0,5 % de son propre corps seulement, cela semble bien peur, mais jusqu'où sera-t-il entraîné ? On connaît la base du complexe d’Œdipe : le père représenté à l’intérieur par l’instance psychique du surmoi est celui qui interdit la relation fusionnelle avec la mère, et est donc castrateur. Dans le cadre de l’islam, on peut faire remarquer que la circoncision étant plus tardive que dans le judaïsme (où elle a lieu chez le nourrisson), l’enfant en aura une mémoire plus claire. Il est bien possible qu’il en dérive un ressentiment contre le père, la société et l’autre en général, d’où un besoin de vengeance diffus. En 2006 a été menée une étude à la Ferme des oranges en Afrique du sud: sur onze circoncis, 6 se sont avérés être immunisés contre le sida. xxi Si ce genre d'effet se confirme, il faudrait alors vivement conseiller la circoncision à tout le monde sur ds bases scientifiques deprévention des maladies sexuellement transmissibles. Dans ce cas, celle-ci perdra alors son côté de marquage religieux indélébile, au fond tribal, qui reste fort actuellement, ce serait aussi une façon de résoudre le problème.

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Pseudo-virilité Comme Juergensmeyer le fait remarquer à juste titre, un mouvement devient terroriste quand il s'aperçoit qu'il est en train de devenir impuissant comme par exemple le cas du Hamas après les accords de paix d'Oslo en 1998, qui semblaient contredire tous ses principes et espoirs politiques. La violence manifeste alors une tentative perverse de retrouver de la puissance, et les masses sont suffisamment myopes pour se laisser impressionner, à la manière des Juifs survivant après le massacre des 3500 adorateurs du Veau d’or par Moïse. Quand on examine la passion des intégristes pour les conversions, il est clair qu'il y a un lien entre celles-ci, surtout quand elles sont forcées, et l'homosexualité active. La question de l'augmentation de la population musulmane en Europe est une sorte de tabou, mais en Inde, elle a attiré un débat national à l'occasion de la publication du recensement de 2004 : sur dix ans, la population hindoue avait augmenté de 20 %, la musulmane de 30 %. Dans un pays dont un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et même plus pour les musulmans, encourager ou même laisser faire une telle augmentation démographique n'est guère responsable. Mon impression en tant que thérapeute ayant travaillé dans le Maghreb est la suivante : le fait qu’au niveau populaire le fidèle pense que sa religion le rend plus viril est une illusion compensatoire. En réalité, il délègue sa virilité au système religieux dans son ensemble qui paraît l'incarner car il est violent; mais est-ce sain psychologiquement d'identifier virilité et violence ? Posons-nous maintenant une question de fond, rarement abordée en tant que telle, mais importante du point de vue psycho-religieux : est-ce que le fait d'interdire la vie monastique et de pousser tout le monde se marier comme c’est le cas dans l’islam est un signe de virilité supplémentaire ? On a le droit de penser l’opposé, la contrainte dans le sens de la vie conjugale semble plutôt un symptôme de plus d'une idéologie totalisante ayant la mauvaise habitude de décider pour la vie privée des gens. Au fond, quelle est le valeur d'un mariage forcé par la société ? Beaumarchais a fait remarquer en un mot célèbre : "Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloges flatteur." Nous pourrions dire dans notre cas : "Sans la liberté du célibat, il n'est pas de mariage flatteur". Le Prophète insulté à Badr servirait-il d'archétype pour les islamistes ? Quand on recherche des archétypes qui pourraient être liés à cette question de la virilité insultée dans les mythes fondateurs de l'islam il y en a un qui est peu connu des observateurs occidentaux mais qui me semble cependant particulièrement significatif. Il est présent dans les circonstances du déclenchement de la bataille de Badr. Avant la première bataille de l'islam à Badr, les Mecquois auraient insulté le Prophète en lui reprochant d'être "efféminé" : en effet, le fait de rentrer facilement en transe était déjà l'époque associé à la femme et à sa facilité pour l’hystérie. Mahomet aurait donc été "obligé" de réagir en déclarant l'appel, le rajz à la guerre pour ceux contre lesquels la guerre est lancée, ils ont la permission de se battre parce qu'on les a trompés et insultés" (Co 23 39). Cependant, Allah vous a aidé à vaincre alors que vous n'étiez qu'une petite force méprisable (3 123) Ici, on voit clairement apparaître l'appétit de revanche servant à laver l'humiliation et l'insulte, y compris et surtout portant sur la virilité du Prophète.

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C'est dommage que toute une civilisation ait été influencée par des éléments de départ si ambivalents, étant incapable de même les considérer en tant que tel et de prendre une distance critique vis-à-vis d’eux : en effet, ils sont enveloppés de l’aura sacrée des origines. Quelque part, les islamistes continuent toujours à venger et laver l'honneur de leur Prophète, ils semblent même à certains moments que c'est leur travail principal, voire leur raison d'être. Soumission et masochisme En tant que psychothérapeute, quand on se trouve devant une idéologie comme l'islamisme dont le nom signifie étymologiquement "soumission" à un dieu souvent cruel, et dont la pratique quotidienne essentielle est la prosternation, on est obligé d’aller au-delà des tabous et de se poser à tête reposée à un moment ou à un autre la question du masochisme: celui-ci est beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense parmi les êtres humains en général, il déborde largement les troubles sexuels et il imprègne de façon diffuse certaines personnalités en conférant une couleur érotique à leur soumission. L'Espagne médiévale avec Cordoue, Grenade, Séville, est supposée avoir été le paradis de la fraternité entre musulmans, chrétiens et juifs. Cette rencontre aurait-elle été une alliance des monothéismes masculins aux dépens du sexe faible ? Voyons ce qu'en dit un clerc actuel membre éminent de la communauté musulmane d'Espagne en plein développement : l'imam Mohamed Kamal Mustapha, conseiller de la fédération nationale des groupes religieux islamiques en Espagne, a produit un précis…fort précis sur la manière de battre les femmes :

"Utiliser un bâton léger, utile pour la frapper de loin. La frapper seulement sur le corps, sur les mains et les pieds. Jamais sur le visage, sinon on verra les cicatrices et les hématomes. Souvenez-vous que les coups doivent la faire souffrir pas seulement physiquement, mais aussi psychologiquement."xxii

Le psychanalyste Fethi Benslama mentionne de nombreux témoignages selon lesquels, « dans les camps de concentration, le terme ‘musulman’ en était venu à désigner celui qui se soumettait au bourreau et perdait toute étincelle d’humanité »xxiii. Au vu de tout cela, on peut considérer que la situation psychologique de cette attitude de soumission est pour le moins complexe. La contradiction entre les "deux mariages", symptômes d'un clivage psychotique ? On sait qu'il y a deux mariages en islam, en particulier chez les chiites. Le nikah, le mariage ordinaire, a priori pour la vie sauf répudiation, cette dernière demeurant l'apanage de l'homme et le mut'a, qui n'est pas bien vu par les sunnites, mais est toujours fort en vogue chez les shiites. Il s'agit d'un "mariage" temporaire pour un mois, une journée voire une heure. Sachant que seul l'homme a le droit d'avoir plusieurs femmes en même temps, on comprend facilement que cela favorise et même bénit par quelques formules pieuses ce que les esprits civilisés et modernes considèrent comme de l'adultère ou de la prostitution.. Dans la question du mariage temporaire, le sujet doit trouver des mécanismes pour exorciser la culpabilité du sujet: le plus primaire, comme d'habitude, est la projection du

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mal-être à l'extérieur par la paranoïa. Il est assez clair que la proportion et la densité de ce trouble sont plus fortes en Iran que dans le monde musulman en général. ‘Désir-colère’, ou les rencontres inattendues de la sexologie et de la polémologie. . Dans la guerre, c'est comme si la passion de Vénus entrait dans le corps de Mars pour servir de combustible à sa violence. Les Anglais ont un proverbe "Tout est permis en amour comme dans la guerre". Dans les deux cas, on pourrait donc se demander si l’on n’est pas en face d'une psychose temporaire… Après les préludes vient la « pénétration » ferme, passionné, dure, violente, sous forme de colonne de tanks qui perceront et pénètreront les lignes de défense de l'ennemi, celui-ci essayant pourtant de se défendre tant qu'il peut. On inonde de ses millions de soldats- spermatozoïdes, symbole de sa virilité infiniment supérieure, la terre-mère pour la soumettre par force. On l’asperge de ses missiles, là encore avec un symbolisme éjaculateur évident. L'orgasme final pourra prendre une tournure singulièrement perverse et sadique s'il consiste en un génocide, où l'objet d'"amour" est entièrement détruit. De plus, on peut constater que des accès réguliers de paranoïa aiguë sont le piment d'une vie chronique d’ennui humain comme l'orgasme l'est pour des relations physiques qui viennent émailler un désir à long terme. Ils ont la même fonction de centrer une sorte d'addiction. Mainmise religieuse sur la sexualité et idéologie totalitaire L'importance de la morale sexuelle envahissante pour les fondamentalistes est facile à comprendre : en ayant une mainmise sur la sexualité de leurs fidèles, ils les infantilisent comme un père ou une mère autoritaire le feraient pour ses enfants, et ainsi les rendent dépendants à vie…. Mon l'impression de psychologue moderne, c'est que si le fascisme et le stalinisme s’étaient insinués dans l'intimité de la sexualité des peuple qu’ils dominaient et qui en partie les soutenaient, autant que la religiosité intégriste l’a fait et le fait encore, ils seraient certainement toujours au pouvoir dans un certain nombre de pays. Richard Haas, ex-directeur politique au département d'Etat américain, a déclaré en 2002 en faisant un rapprochement intéressant, que les sociétés patriarcales dans lesquelles les femmes ont un rôle de soumission vis-à-vis des hommes sont aussi celles où les hommes sont soumis à d'autres hommes. Finalement, tout le monde se retrouve emprisonné dans les filets de l'archétype de l’esclavage. En Orient, on appellerait cela la loi du karma. Quand les fondamentalistes parlent de "féminisme islamiste", cela revient en fait à dire aux femmes très généreusement: "Je veux bien parler avec vous, mais à la condition que vous soyez pieds et poings liés." En somme, ne s'agit-il pas d'une comédie de plus d'une idéologie absolutiste pour se maintenir au pouvoir ou essayer d'y parvenir ?

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Ch 2

Dépression et obsession Quelques causes de la dépression en islam

L'islamisme serait-il un burn-out de l'islam ? Burn out en anglais est un terme qui désigne une dépression, en général de début assez rapide. Littéralement, il signifie "brûler en dehors". Est-ce que le feu de la rage des islamistes radicaux s'exprimant de façon plutôt explosive contre ceux qui sont autres, qui sont en dehors de leur cercle de "justes", n'est pas précisément un burn out ?

« Le monde arabe traduit environ 330 livres par an, le cinquième du nombre de livres traduits par la Grèce. Le nombre total d'ouvrages traduits depuis l'époque du calife Mamoun , IXe siècle, est d'environ 100,000, soit presque le nombre moyen de livres traduits en espagnol chaque année. »xxiv Ils serait injuste d’imputer tous les facteurs de retard dans le monde arabe, iranien, pakistanais ou afghan à l’islam, mais il serait tout aussi injuste de prétendre qu’il n’a rien à voir avec.

L'habitude de ne pas dire la vérité J’ai passé quinze mois comme thérapeute au Maghreb, : une impression globale que j'en ai retirée, c'est qu'il y avait un problème général dans la population avec le sens de vérité. La dissimulation était de mise dans une société avec une organisation familiale patriarcale et un système politique dictatorial, régi principalement comme le Pakistan, l’Iran et au fond l’Egypte, par une mafia de l’armée. Chaque société a ses fausses croyances et ses rumeurs, mais celles du monde islamique sont particulièrement bizarres, tenaces et répandues. Devant tout cela, nous sommes obligés de poser une question qui est simple : est-ce que l'habitude de ne pas dire la vérité aux autres – et par contagion pas à soi-même non plus – ne coupe-t-elle pas de la source vive de son énergie, menant ainsi à la dépression ?

La frustration politique

- Les inégalités de la globalisation : ce n'est pas le sujet direct de ce livre, mais il est sûr qu'elles constituent une injustice post coloniale qui pose problème. - La question du pétrole. Pour l'instant, nombre de pays arabes ainsi que l’Iran roulent sur l'or noir, mais cela ne veut pas dire que l'avenir soit rose… D'après de grands spécialistes

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des ressources pétrolières, le diagnostic est sévère : dans vingt-cinq ans, la plupart des réserve seront pratiquement à sec, - Le manque d’eau deviendra un problème de plus en plus aigu avec l’augmentation importante de la population dans des régions déjà semi-désertiques. - La montée de l'Inde : elle est évidente, déjà du point de vue économique, et d'autant plus forte à long terme qu'elle n'est pas fondée artificiellement sur la bulle pétrolière. C'est une pilule qui était difficile à avaler pour les pays musulmans, et même pour les pays d'occident traditionnellement chrétiens donc monothéistes. Symboliquement, c'était la fin d'une colonisation non seulement physique, mais des esprits. C'était le château de cartes de 3000 ans de théologie – faudrait-il dire plus objectivement de propagande ? – monothéiste qui essayait de faire croire que le polythéisme représentait le passé ténébreux de l'humanité, et qu’il n'était bon qu'à disparaître dans les oubliettes de l'histoire. Tout cela représente un vrai problème non seulement psychologique, mais encore métaphysique pour le croyant sincère : le Prophète et le Coran l'auraient-ils trompé en vouant les adorateurs d'idoles aux gémonies, une promesse qui est de plus en plus démentie par la réalité? Il s'agit en fait de la désagrégation naturelle d'un délire de toute puissance avec le temps, et ce genre de chute amène régulièrement dans l'autre extrême, c'est-à-dire la dépression profonde.

L’archétype de la prosternation : effets thérapeutiques, effets secondaires.

La question de ce lien doit être posée comme un des facteurs causaux possibles si nous voulons aller aux racines de la 'dépression d’islam’. De mon côté, durant le début de mon séjour en pays arabe, j'ai pratiqué la prière musulmane pendant un certain temps pour voir par moi-même ce que cela faisait au corps et à l’esprit. Le rappel cinq fois par jour à quelque chose qui est au-delà du quotidien a certes un effet positif. Cepenrnat, Il est bien possible qu’un des facteurs du soulèvement arabe de 2011 soit la baisse de la pratique personnelle et collective de la prière : moins de prosternations, donc moins de soumission à l’autorité et plus de pensée personnelle et indépendante. C’est une hypothèse, il serait intéressé de l’explorer scientifiquement, ce ne serait pas si difficile. De manière générale, les évaluations se développent pour estimer l’efficacité des psychothérapies à vraiment changer le psychisme humain, ce n’est qu’une question de temps pour qu’on évalue aussi l’efficacité des religions pour apporter le bonheur sur terre. Les bouddhistes et le yoga ont déjà commencé avec des études en particulier sur la méditation, le christianisme essaie de suivre timidement et comme il peut, l’islam est en arrière dans ce mouvement. La non-violence en politique est liée à la désobéissance civile, donc typiquement à l’insoumission. Muller dans son Dictionnaire de la non-violence l’explique ainsi :« L'histoire nous apprend que la démocratie est beaucoup plus souvent menacée par l'obéissance aveugle des citoyens que par la désobéissance…. »

Réflexions sur le conflit chronique entre christianisme et islam Les musulmans ont souvent tendance à attribuer l'origine de leurs malheurs à la fitna, la fracture entre sunnites et chiites. Il s’agit dans les milieux pieux de « l’explication-valise » de tous les maux de l’islam. Cependant, si on élargit la perspective, il existe aussi une autre fitna bien plus vaste, et plus « fracturée » encore, celle entre le christianisme et

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l'islam. En fait, à deux reprises, au VIIIe-IXe siècle et au XVIe-XVIIe siècle, surtout au premier siège de Vienne, l'islam aurait pu remporter la victoire militaire, fata, sur son frère ennemi le christianisme ; ainsi, entre fata, l'espoir de victoire absolue et fitna, le souvenir de la fracture essentielle, on a tout le trouble de l'humeur, l'oscillation maniaco-dépressive, la bipolarité de l'islam. Nous avons vu que les invasions des conquistadors en Amérique centrale et latine ont provoqué entre environ 80 et 90 millions de morts directes ou indirectesxxv. Il n’est pas impossible que les invasions de l’Inde par les musulmans entre Mohamed de Ghazni au Xe siècle et la victoire de Babar à Panipat près de Delhi en 1523 aient fait à peu près autant de morts., les méthodes et l’idéologie de base étant au fond les mêmes. Négationnisme et choc des civilisations Si l'on voit tout cela du point de vue de l'incroyant qui observe le marché religieux, ces chiffres de morts sont très élevés pour finalement seulement établir le monopole d’un messie ou prophète unique. On peut discuter les chiffres, mais les dénier ou vouloir les passer complètement sous silence reviendrait à du révisionnisme comme pour l'Holocauste dénié par les islamistes et Ahmadinejad, ou le génocide arménien récusé par les Turcs. Du point de vue psychopathologique, cela revient à un déni psychotique de réalité. Du point de vue de la psychologie moderne, le « choc des civilisations » représente plutôt un « choc des mégalomanies dévotionnelles » en particulier entre le christianisme et l’islam. Quelques réflexions maintenant qui sont reliées à la question de l’islamisme radical : - On peut dire que sauf en Irlande, tous les conflits actuels où la religion est engagée impliquent les musulmans. De plus, il y a de nombreux conflits entre des musulmans fondamentalistes révolutionnaires contre leurs coreligionnaires modérés.- Le jihadisme, surtout celui qui est déterritorialisé, correspond à un millénarisme révolutionnaire. - On peut poser cette question simple mais dérangeante : si le terrorisme a été la conséquence du colonialisme plutôt que de l'islam, comment se fait-il qu'il soit pratiquement inexistant dans les anciennes colonies non musulmanes ?

Un aspect du conflit chrétien-musulman est probablement plus psychologique qu’on ne croit. Derrière les tergiversations de la gauche, même chrétienne, en face de dictatures comme celles de Saddam Hussein et maintenant devant les risques de bombe iranienne, on peut sans doute discerner un complexe de culpabilité qui joue un rôle beaucoup plus important qu'on ne le pense, surtout qu'il reste subconscient et n'est pas explicité en tant que tel: " Notre Occident est décadent, dans le péché, nous avons besoin d'un homme fort envoyé par le Tout-puissant pour nous infliger le châtiment apocalyptique que nous méritons ». Vouloir corriger la décadence est une bonne idée, appeler pour cela de ses voeux subconscients un châtiment apocalyptique, c'est non seulement stupide, mais dangereux. Il se pourrait en effet qu'il s'agisse d'une prophétie autoréalisatrice. Pour résumer tout cela, il semble approprié d'établir une distinction d’histoire des religions qu'un enfant même pourrait comprendre : elle pourrait s’appliquer entre les religions anormales, qui utilisent la violence physique, économique et psychologique pour assurer leur expansion ainsi que pour s'imposer là où elles n'ont pas été invitées, et celles normales, qui ne cherchent pas à se répandre par la force ou par toutes sortes de stratégies beaucoup plus dignes du marketing que de mouvements spirituels. Les

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premières méritent d'être mises en quarantaine par une humanité évoluée, et d'être vigoureusement critiquées, voire déboulonnées dans leurs fondations théologiques et scripturaires. Dans ce sens, nous pourrions dire que l'intégrisme est comme un cancer dans le corps des religions, il devrait être normalement éliminé par ce système immunitaire qui s'appelle ' raison'. Par quel virus d’immunodéficience acquise – sous forme de versets d'écriture ou de raisonnements théologiques incitant à la violence – ce système raisonnable peut-il être perverti pour laisser se développer la tumeur fondamentaliste ? Voilà un sujet essentiel d'étude pour un chercheur en 'médecine des religions'. On parle beaucoup de troisièmes voies en économie ou en politique. Dans le domaine des religions, on constate quatorze siècles de conflits entre christianisme et islam qui ne donnent aucun signe de diminuer. De plus, le judaïsme et Israël semblent servir en ce moment de détonateur entre les deux 'barils de poudre'. Au vu de tout cela, la troisième voie en religion ne serait-elle pas quelque part du côté de l'ensemble hindouisme-bouddhisme ? On pourrait dire que le Dieu supposé unique des monothéistes ressemble en quelques sorte aux biens matériels dans les relations de ménage : quand on s'entend bien, on veut tout mettre ensemble, mais lorsqu'on se dispute, on veut tout séparer, voir tout garder pour soi si l'on est un égoïste. De même, on parle de Dieu unique entre les trois monothéismes quand il s'agit d'améliorer les relations oecuméniques, mais quand un vrai conflit ou une véritable concurrence émergent, comme par exemple le partage d'un lieu de culte entre musulmans et chrétiens ou sa vente, on se met à dire ou à penser : « Mais tout de même nous n'avons pas le même Dieu! » La question de l’élection divine Après le massacre de 3500 de ses propres fidèles au pied du Sinaï, Moïse a réédité son exploit, cette fois-ci avec 13500 des leurs, donc 17000 sacrifices humains offerts au Dieu unique tout récemment inventé. Le livre de l’Exode donne les détails et les chiffres avec une satisfaction non déguisée. Dans ce sens, Moïse représente selon les critères de l’éthique moderne un vrai dictateur, et on sait que notre époque n’est plus trop en faveur des tyrans. C’est pour cela qu’il est aussi probable à long terme que la modernité laisse tomber cette dictature métaphysique et souvent politico-sociale du monothéisme. Pendant deux siècles après la Révolution, le christianisme a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a fait semblant de se démocratiser et « républicaniser », mais cela a finalement mené à son effritement. La raison essentielle en terme simples : sa conception totalitaire n’était au fond pas compatible avec la liberté de pensée. Bien sûr, les monothéistes feront toute une gymnastique intellectuelle pour essayer de démontrer le contraire, ou de prouver que le cas de l’islam va être différent mais les faits sont là, et leur interprétation n’est pas si compliquée. Obsession et perversion La volonté de contrôle complet de la sexualité par la société se manifeste de façon plutôt violente chez les intégristes, beaucoup plus préoccupés par la police des mœurs que par une saine économie, voire même une bonne politique. Olivier Roy

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explique : « L'islamisme n'a guère de programme social... et finit par confondre culture et police des mœurs »xxvi. Ce désir de pouvoir peut se rapprocher d'un fonctionnement obsessionnel majeur, voire là encore de et paranoïa, je pense que la plupart des psychologues n'auront guère de doutes là-dessus. Olivier Roy observe une « fétichisation » de la religion chez les néo fondamentalistes. Par exemple, il parle des tablighis en France recommandent de manger toujours avec trois doigts, et de boire toujours trois fois. Il mentionne aussi qu’on interdit la possession d'oiseaux-chanteurs, car ils peuvent siffler pendant la prière ; on interdit le cerf-volant, on le décrochant de l'arbre où il serait pris, on pourrait être amené à voir une femme dévoilée dans la cour du voisin. Il s’agit d’un univers typiquement obsessionnel. Les idéologies totalitaires sont fondamentalement perverses, car elles éveillent l'amour de leurs militants à leur égard, et ensuite les détruisent. Par exemple, la guerre entre l'Irak et Iran entre 1980 et 1989 a fait un million de morts, elle a coûté environ un trillion de dollars, et a emporté 40.000 écoliers qui se sont faits tuer au front. Les ayatollahs leur avaient mis dans la tête qu'ils allaient "libérer" Karbala, le lieu saint du shiisme en Irak, puis Jérusalem, puis tous les pays d'Occident. N’est-ce pas un signe indirect chez ces clercs d’une pédophilie réellement perverse, en ce sens qu’elle est capable d’offrir en sacrifice humain tant de milliers d' « enfants chéris et héroïques » à leur Idole unique ? La question de la responsbilité des organisateurs de guerre sainte est sérieuse. D'après la psychanalyse, ce genre de névrose correspond au caractère sadique-anal et elle partage sa psychorigidité avec la paranoïa, avec des traits de méticulosité, de méfiance, d'obstination et de cruauté. Le caractère sadique-anal représente la seconde phase du développement, après le caractère oral et narcissique. Celui-ci est relié aux formes mégalomaniaques de la psychose, on peut dire donc que si un obsessionnel butte complètement sur le second stade, il finira par régresser au premier, et à ce moment-là sa névrose de pureté se transformera en délire mégalomaniaque. Des symptômes obsessionnels peuvent être les derniers garde-fous contre l’invasion délirante, c’est un fait connu de psychiatrie, même si ce n’est pas flatteurs par exemple pour les tablighis. Les Versets sataniques, le Da Vinci Code et la « Mutinerie des Mutilés » Nous avons déjà défini comme une mutilation psychique le meurtre de la Mère divine, indissociablement liée aux origines du monothéisme, en particulier de l’islam. Il s’agit d’une souffrance majeure, d’où la majuscule pour Mutilé dans le titre ci-dessus. Rushdie avec ses Versets sataniques a en fait juste mis le doigt sur la plaie, c’est la raison principale de la forte réaction qu’il a suscitée, on peut parler d’une vague de paranoïa orchestrée par l’Iran. Rushdie avec ses Versets sataniques a en fait juste mis le doigt sur la plaie, c’est la raison principale de la forte réaction qu’il a suscitée, on peut parler d’une vague de paranoïa orchestrée par l’Iran. Pour en revenir à la notion de mutilation, il faut savoir que dans l’archétype de l’androgyne, on représente le corps humain comme masculin, du côté droit en général, et féminin du côté gauche. Le phantasme d’un être divin purement mâle, le mâle absolu, revient donc à une mutilation de taille. Il peut de plus être rapproché d’un symptôme pathognomonique d’entrée dans la schizophrénie : le patient sent comme si une latéralité

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du corps n’existait plus, ce qui le met bien sûr dans un état d’angoisse psychotique considérable. . Claustrophobie, délire d'étouffement et violences extrêmes J'avais lu il y a longtemps les thèses d'un polémologue, dont j'ai oublié le nom, mais qui voyait comme facteur principal de passage à la guerre ouverte le sentiment qu’a un peuple d'être encerclé, étouffé, menacé d'étranglement. On peut dire raisonnablement que l'islam au XXe siècle a été la seule religion à se battre avec toutes les autres, nous l’avons mentionné, et cela doit probablement à voir avec un sentiment de claustrophobie. En réfléchissant sur cette situation, un chef musulmans assez modéré et qui a enseigné dans les universités américaines, Akbar S.Ahmed, a publié en 2003 un livre intitulé L'islam en état de siège.xxvii Il reconnaît assez facilement qu'il y a un problème de psychologie derrière cette peur fondamentale. Sans vouloir entrer dans la politique brûlante et des problèmes plutôt emmêlés, comparons seulement pour quelques instants la Palestine et Singapour : les deux ont fait sécession de leurs voisins à peu près à la même époque, Singapour n'est qu'une île d’environ 10 km de diamètre où il y a tout juste de quoi faire paître quelques troupeaux de vaches. À part la possibilité de communication maritime, il n'y a aucune ressource naturelle. Et pourtant, la ville s'est développée comme l'un des tigres de l'Asie, on devrait plutôt dire l'un des lions, puisque Singapour signifie en sanskrit "la ville du lion". Ils n'ont pas pleuré sur les vastes territoires de Malaisie auxquelles ils n'avaient plus accès après leur indépendance. Ils n’ont pas crié à la persécution religieuse sous prétexte que les Malaisiens sont en majorité musulmans alors que les habitants de Singapour sont principalement chinois. Ils ont travaillé et ils ont réussi. Pour terminer en élevant le débat à la métaphysique, nous pourrions dire que l'idée de ne rien associer à l'unité divine paraît belle et inspirante du point de vue théologique et spirituel, mais quand elle devient un instrument de répression de la part des intégristes pour dénier l’autre dans le domaine des croyances, et condamner à peu près toutes les formes de religion populaires et vivantes, ainsi que toute diversité politique, on peut parler à juste titre de névrose obsessionnelle de pureté plutôt extensive, puisqu’il s’étend au ciel et à la métaphysique qui l’organise.

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Ch 3

Comprendre la paranoïa

Ceux qui sont thérapeutes dans le milieu psychiatrique voient des cas de paranoïa chez leurs patients au jour le jour, c’est pour cela qu’ils la reconnaîtront au premier coup d’œil dans la société au sens large, en particulier dans les domaines à risques de la politique et de la religion. En ce sens, ce chapitre et celui qui suit, consacrés à la paranoïa, sont le développement simple, logique et documenté de ce « premier coup d’œil ». Dans le premier des deux, nous serons surtout centrés sur les explications de psychiatrie et de psychanalyse classique à propos de la paranoïa, mais en faisant quand même déjà des rapports avec le sujet du livre, c'est-à-dire l'intégrisme de l'islam. Les trois chapitres suivants seront les plus importants, et nous tâcherons d'aller aux racines réelles de la paranoïa islamique, il serait peut-être d'ailleurs plus juste de dire de l'islamisme radical et le néo-fondamentalisme en tant que paranoïa, car nous verrons que ce trouble pénètre de multiples dimensions du mouvement.

Différentes définitions pour mieux comprendre la maladie La paranoïa de base est en fait une réaction de survie, une forme de l’instinct de conservation. Supposez un animal dans la nature : dès qu'il entend un bruit, il pense qu'un prédateur s'approche pour l'attaquer, et il est sur la défensive. On peut distinguer trois niveaux de paranoïa, la réaction, la personnalité et le délir. Sur le sujet, on a la thèse de médecine de Jacques Lacan De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, qui a été republiée par les Editions du Seuil. (1975). Il y montre clairement la continuité entre la personnalité paranoïaque et la décompensation psychotique Le plus important pour le lecteur non-initié est de comprendre la différence entre d'une part la schizophrénie, qui déstructure complètement de la personnalité et rend les patients incapables de vivre dans l'existence courante – c'est la folie au sens habituel du terme – et d'autre part le délire paranoïaque qui est structuré : ainsi, les sujets qui en souffrent peuvent être intégrés dans la vie jusqu'à certains point, et même de devenir des politiciens, des dictateurs ou des chefs religieux respectés voire adulés, mais menant les masses de leur fidèles aux massacres de la guerre sainte. C'est en cela que le paranoïaque

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est beaucoup plus dangereux pour la société que le schizophrène, bien que moins représenté que lui à l'asile. On distingue en général dans la paranoïa les délires passionnels et les délires systématisés. Les premiers s'enfoncent comme un coin dans la réalité, ils peuvent être à type de jalousie, d'érotomanie, d'idéalisme passionné (inventeurs méconnus, fondateurs de sectes, etc...) ou de quérulence processive (le fait de faire un procès pour un oui ou pour un non), les seconds se répandent plutôt comme une onde concentrique le fait dans un étang après la chute d'une pierre dans l'eau : ce sont les délire sensitifs de relation et de référence. Les premiers sont agressifs, sthéniques, les seconds sont plutôt asthéniques et dépressifs. Si nous examinons maintenant les symptômes principaux, nous verrons immédiatement comme ils sont proches de ceux de l'intégrisme religieux, et éventuellement de certains symptômes dont souffrent les mauvais politiciens... :

- conviction implacable - elle est au centre du délire, survient en général d'un seul coup et prend un certain

temps ensuite à s'enraciner car la personnalité doit se réorganiser autour de ce nouveau centre.

- - sentiment de vérité basé sur des intuitions et des évidences - - signification révélatrice d'un événement contingent initial

- - tendance à l'abstraction artificielle, avec de grandes idées sur la marche du

monde : cela rappelle les idées de guerres cosmiques, apocalyptiques, et la théologie enflée de mégalomanie des intégristes.

- - intransigeance incompréhensible pour l'entourage - - forte tendance à rassembler toutes sortes d'"indices" en un système,

- rationalisations secondaires : Leuret appelait les paranoïaques des ''arrangeurs".

- sentiment de persécution, à la fois de l'extérieur et de l'intérieur. -

Lassègue disait : "fréquemment, les voix prennent le contre-pied de l'affectivité", c'est-à-dire qu'elles sont cruelles.xxviii Dans ce sens, le propre des intégristes animés par leurs voix divines est de pousser à la guerre sainte, avec les souffrances inhumaines à grande échelle que cela entraîne. On pourrait aussi affirmer que la paranoïa repose sur un trépied, la perversion, la mégalomanie et la persécution. Les poussées psychotiques sont curables, mais la personnalité paranoïaque est difficile à guérir, et même à améliorer. En effet, le patient possède un fort ego, ce qui fait qu'il n'ira pas demander d'aide, il pense que lui va bien et que ce sont tous les autres qui sont malades. Par contre, le traitement médicamenteux est assez efficace et c'est souvent la seule ressource. En parallèle et de façon sous-jacente au processus paranoïaque, l'humeur oscille entre la dépression et l'excitation plutôt maniaque. Par ailleurs, Kreapelin parle de Wunschparanoia, de 'délire du désir', et dans ce livre, je parlerai de temps en temps de délire-désir, tellement les deux sont mêlés. Les psychiatres disent souvent qu'on délire

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dans le domaine de son désir. Et c'est un trait habituel de l'idéaliste religieux passionné de prendre ses désirs pour des réalités Certaines croyances se présentent comme complètement essentielles à l’existence de l’individu. Elle vont pour le moins dans l’exagération, elle semblent bien alors se structurer comme des paranoïas. En fait, cconsidérer que les individus sont marqués définitivement comme au fer rouge par la religion où ils sont nés, ce n’est pas de la tolérance ou du pluralisme réel, c’est plutôt de l’infantilisation. Une des ennemies les plus intimes de l'être humain : la paranoïa L'élément principal que nous devons saisir dans le cadre de cet ouvrage, c'est que la paranoïa est une machine à fabriquer des rationalisations secondaires, Je verrais bien, dans le cadre des études ou lors de la formation continue des diplomates, des politiciens et des clercs de différentes religions, l’instauration de dix ou vingt heures de cours sur le lien entre paranoïa et idéologie totalitaire, ainsi que violence religieuse Il est important de comprendre d'emblée que le délirant paranoïaque part d'éléments de réalité, les recompose pour se sentir persécuté par quelqu'un d'autre, ce qui le mène à des agressions envers cette personne, et probablement à une réaction de la part de l’autre qui confirmera ses idées à lui de persécution : « C’était bien ce que je pensais, il veut ma peau ! » On peut dire que le coeur de la mauvaise politique, comme de la mauvaise religion, est une sorte de psychose en miroir : "L'autre est paranoïaque, et bien, je vais l'être plus que lui, ainsi, c'est moi qui réussirai à l'annihiler". La loi du talion est une absurdité logique et psychologique, mais elle est un moteur de psychopathologie puissant qui explique sa destructivité sociale. Ce qui fait la dangerosité sociale de l’atteinte, c'est qu'elle est éminemment contagieuse. Dans la mesure où Israël a été un petit pays qui a été historiquement menacé à répétition par de puissants voisins, la notion de persécution a particulièrement imprégné sa vie psychique et religieuse, et ce n’est pas une tendance dont on se débarrasse facilement. L'islam a hérité de cette mentalité de base, même si à cause de son histoire d’expansion militaire précoce, il a été en réalité beaucoup plus souvent du côté des persécuteurs que des persécutés. En tant que thérapeute, je vois un grand risque dans la bonne volonté des analystes de sociologie, d'économie ou de politique qui s’évertuent à trouver quantité de raisons à l'islamisme et au terrorisme. Ils font couler de l'eau dans le moulin des rationalisations secondaires de la paranoïa de ces derniers Quand on se fabrique un Dieu formidable, on risque fort de faire apparaître en miroir un Démon tout aussi formidable, et de devoir ensuite faire le grand écart entre le deux ad vitam aeternam. On se met soi-même dans la situation peu enviable d’un petit pays qui est coincé entre deux grandes puissances et qui leur sert régulièrement de champ de bataille, de la crevette entre deux baleines. La pauvre humanité croyante dans le monothéisme est en fait ravagée par la guerre froide entre Dieu et le Diable. On pourrait dire que c’est là toute la tragi-comédie du monothéisme exclusif, quand il tombe dans le trou qu’il a lui-même creusé.

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Quelques mécanismes importants à saisir Dépression et compensation "Le dépressif doit faire quelque chose pour s'en sortir, c'est alors qu'il devient paranoïaque"xxix La paranoïa représente l'accusation des autres, la culpabilité celle de soi-même, il n'est donc pas étonnant qu'il y ait une alternance, une oscillation entre les deux.. Le paranoïaque est naturellement prosélyte : comme au fond il doute de sa conviction absolue de façade, y convertir quelques personnes le rassurera beaucoup. La question de fond est simple : quel est le nombre d'êtres humains suffisamment mûrs pour développer une éthique solide sans avoir à recourir aux béquilles de délires de toute puissance politico-religieuse ? Quand pourra-t-on passer pour de bon de dictatures politiques et métaphysiques à une démocratie à la fois humaine et céleste ? Quand le vent de printemps arabe fera éclore le lys de la liberté métaphysique de l’être humain ? Les rationalisations secondaires "Une des astuces psychotiques est d'introduire des plaintes et des reproches réels, des jugements exacts dans un ensemble par ailleurs délirant."xxx C'est pour cela que je pense sincèrement que les diplomates bénéficieraient d'un recyclage en formation continue sur les paranoïas et pathologies associées, car ce genre de patients sont des acteurs qu’on peut souvent rencontrer dans la politique internationale, avec évidemment des niveaux d’intensité pathologique et de virulence variables selon les cas. B Il est essentiel de saisir correctement ce qu’est un délire en secteur : c'est une folie qui n’atteint qu’une portion précise de la réalité. S'il arrive que, même sans critiquer explicitement les idées du patient, on puisse simplement en sourire, celui-ci deviendra fou furieux et sera prêt instantanément à sacrifier la moitié de la planète pour "venger son honneur". Les idéologies totalitaires fabriquent par millions de tels personnages. Ceux-ci ont une tendance à la double personnalité tellement leurs réactions sont différentes en fonction du secteur de leurs préoccupations qu'on aborde. On cite par exemple durant la seconde guerre mondiale ce cas d’un directeur de concentration qui le dimanche après-midi jouait du Bach en famille. Suspicion et dénonciation du mensonge Si une écriture sacrée est obsédée par l'idée que la majorité du peuple est hypocrite ou fraudeur, cela indique probablement que son auteur souffrait de paranoïa. La psychiatrie pratique n'est pas si compliquée que cela. Goebbels, cet artiste passé maître pour attiser la paranoïa des masses, disait : "Semez le doute, semez le doute, il en restera toujours quelque chose."xxxi Persécution et sexualité

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Pour Freud et les psychanalystes, le persécuteur est l'objet d'un amour homosexuel refoulé par le paranoïaque. Les deux sont souvent du même sexe. Il semble que ce soit vrai dans un certain nombre de cas, cependant, statistiquement, il n'y a sans doute pas plus d'homosexuels actifs ou refoulés dans le groupe des paranoïaques que dans la population générale. L'accent est mis maintenant surtout sur la culpabilité; celle-ci était en fait importante chez les homosexuels au temps de Freud car cette tendance était sévèrement condamnée, c’est là qu’on peut faire le lien entre les deux explications Il est intéressant de noter que ce qui stimule le plus la paranoïa islamique, c'est l'association de thèmes sexuels avec le Coran ou le Prophète Paranoïa et politique Dans cette section, nous allons particulièrement nous appuyer sur l'ouvrage de Robins et Post dont nous avons parlé dans l'introduction.xxxii On peut dire que la politique est ce domaine préférentiel, ce bouillon de culture particulièrement favorable à la naissance d’idées paranoïaques. La dynamique de la paranoïa est une spirale descendante, les prophéties ont tendance à se réaliser d'elles-mêmes. Au début on s'invente des ennemis imaginaires, on les agresse, évidemment ceux-ci répondent vigoureusement, et cela dégénère en une bagarre générale. L’appel au coeur paraît pieux dans sa soumission exprimée au Tout-puissant, mais peut donner froid dans le dos quand on réfléchit à ce que déclarait Rudolf Hess quand il recevait au nom du Führer les serments des membres du parti National-socialiste en 1934. Il exhortait son audience ainsi : "Ne cherchez pas Hitler avec votre cerveau ; vous tous allez le trouver avec la force de votre coeur."xxxiii. C’était simple, chaleureux, réconfortant, presque pieux…mais dans ce contexte éminemment dangereux.. Le propre du sectarisme, du fondamentalisme et de la paranoïa, c'est une double éthique. Par exemple Mohamed Navab Safavi explique: " Tout ce qui sert la cause de l'islam est juste - mentir au nom d'Allah, voler au nom d'Allah, tuer au nom d'Allah... Un meurtre au nom d'Allah est une prière quand on doit écarter du chemin ceux qui nuisent à la foi."xxxiv Les théories de conspirations sont courantes au Moyen-Orient. Certainement l'esprit de clan ou les sous-groupes qui tournent en rond sur eux-mêmes et ne cessent de comploter les uns contre les autres y sont pour quelque chose. Il y a aussi ce type de personnages tellement convaincus de la nécessité de détruire un groupe ennemi – tout en étant normaux dans la vie courante par ailleurs, qu'on pourrait parler d'orthonoïaques. Justement parce qu'ils ont l'air ordinaires, ils sont très dangereux. Ils ont une sorte de double personnalité. L’internet favorise-t-il la libération de l’islamisme radical ou l’enferment dans la paranoïa religieuse ? Les pensées totalisantes ou totalitaires ont besoin d’un contrôle de l’information le plus complet possible. La liberté de communication qu’a permis par exemple l’imprimerie à partir de la fin du XVe siècle a favorisé le développement du protestantisme et de la Renaissance. La liberté de l’internet est en train de sonner probablement à long terme le

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glas de la pensée unique dans les pays d’islam, c’est-à-dire pour être réaliste le glas de l’islam tel que nous le connaissons actuellement. Cependant il y a des ombres au tableau. De manière générale, l’internet sert de caisse de résonnance à toutes sortes de rumeurs et de théories de la conspiration : les sirènes de la paranoïa amènent nombre d’Argonautes-internautes à se noyer dans les eaux troubles du délire, en particulier de persécution. Le monde religieux, tirant son autorité d’un plan en lui-même virtuel en quelque sorte, est particulièrement exposé à ce type de déviations sur l’internet, et cela favorise l’islamisme et ses glissements, comme d’ailleurs d’autres types de délire religieux. Le cas d'Aimée A. Nous avons déjà mentionné cette Aimée A, une femme dans la trentaine qui souffrait d'un délire sensitif de relations qui a été étudié en détail par Jacques Lacan dans sa thèse de médecine. Il résume son diagnostic comme un délire d'autopunition. Il dit d'elle entre autres : "Tous les éléments troubles de l'actualité sont utilisés. Par exemple, l'assassinat d'une personne célèbre à l'époque est souvent évoqué. "xxxv Cela revient à dire que le délire se construit progressivement à partir de nouvelles diverses et variées, mais avec une systématisation plutôt folle. Nous sommes proches de la manière dont s'élabore le système de pensée fondamentaliste. Souvent, les paranoïaques passionnels perdent d'un coup leur délire après leur passage à l'acte criminel : celui-ci, semble-il, a donc été un échafaudage temporaire pour justifier leur délit. Le cas des terroristes et plus compliqué car leur délire est imbriqué dans la religion, celle-ci s'entourant sans cesse de défense ainsi inexpugnables du genre : "Toute critique vient de Satan, la voix de mon Dieu bien-aimé me dit d'attaquer et de détruire, donc je le fais par amour pour Lui et afin de sauver l’humanité, etc." Ce genre de répliques toutes faites congèle en quelque sorte la paranoïa, et rend les passages à l’acte plus destructifs. En arrivant à la fin de ce chapitre, il faudra se souvenir que si l'ego est une machine à se justifier, la paranoïa l'est encore bien plus.

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Ch 4

Délires systématisés et islamisme

Nous en arrivons maintenant à un chapitre central de cet ouvrage. Nombre des réflexions ci-dessous sont valables pour des fondamentalistes religieux non musulmans, mais nous les appliquerons à l'islamisme à cause du sujet même de ce livre, mais parce qu’actuellement la violence est beaucoup plus importante quantitativement et statistiquement chez les islamiques radicaux que chez les fondamentalistes d’autres religions. Complexe de supériorité et mégalomanie en tant que compensation de la dépression. Les soufis voient le divin qui se diffuse universellement dans les êtres humains, comme les hindous, et finalement de façon analogue aux bouddhistes avec leur nature de Bouddha. Par contre, un littéraliste comme Ibn Tamiyya-le-damascène (mort en 1328), dans la lignée d'Ibn Hanbal (au premier quart du IXe siècle à Bagdad) exige une séparation radicale entre Dieu et l'homme : il n'est pas défendu d'évoquer à ce propos le clivage psychotique, on aimerait pouvoir dire "théotique", une forme de paranoïa qui donne un grand coup de sabre entre un Dieu tout blanc et un homme tout noir. Faut-il dire merci ? On pourrait considérer que l'iconoclasme est une forme de mégalomanie compensatrice d'une dépression et d'une mauvaise image de soi-même. Au fond, tous les bigots qui se sont soumis à une idéologie totalitaire ont un discours tristement répétitif: "Humilie-toi devant le Tout-puissant (ou bien l'idéologie toute-puissante) sinon Il pourra t'annihiler en une fraction de seconde dans sa rage absolue". Ils ne s'aperçoivent pas qu'en disant cela, ils se mettent à la place du Tout-puissant et qu'ainsi ils se rendent eux-mêmes suprêmement orgueilleux. Un certain nombre de musulmans sont très fiers qu'en pays d'islam, les mosquées soient souvent pleines mais du point de vue du psychologue, on peut considérer les choses différemment. En effet, ni la démocratie, ni l'économie ni la culture ne fonctionnent en général bien là-bas. La pratique religieuse se présente alors comme un phénomène compensatoire, en conférant un sentiment de toute-puissance facile au fidèle. Ceci dit, celui-ci reste largement imaginaire, et quand il s'imposait dans une société, il menait en général au désastre du fondamentalisme. Khadafi danns les années 70 a eu une crise mystique et s'est mis en tête qu'il était sur le même pied que Mohamed : "Qu'est-ce que Mohamed a fait que je n'ai pas fait ? C'est moi qui vous ai libéré, vous les Libyens, et je vous ai donné une stature internationale." Interviewé par la journaliste Oriane Fallaci qui en bonne psychologue a su faire remonter son délire à la surface, Kadhafi a qualifié son Livre Vert de nouvelle écriture sacrée.

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Les juifs avaient leur monothéisme, les chrétiens aussi et pas les arabes. Donc, dès le départ, il semble que l'islam se soit constitué pour venger une "humiliation", celle de ne pas posséder cette idéologie totalitaire plutôt commode qui permet d'attaquer le voisin polythéiste en toute bonne conscience, de détruire ses temples, de tuer ses prêtres, de réduire sa population en esclavage et de s'approprier ses terres – tout ceci sous le seul prétexte qu'ils ne croient pas au "bon Dieu" c'est-à-dire au dieu prétendument unique. C'est simple, c'est brutal, c'est en fait fondamentalement paranoïaque, mais ça fonctionne à peu près, alors pourquoi se priver? Le lien entre complexe d'infériorité et paranoïa dans les religions du Livre Le cas du peuple juif a été particulier dès le début, en ce sens qu'il était petit et qu'il a dû toujours lutter pour sa survie, ce que n'ont pas été obligés de faire les peuples hindous et les bouddhistes en général, malgré les invasions de l'islam cependant. De leur côté, les chrétiens s'estiment comme des pécheurs, les musulmans insistent sur le fait qu'ils ne sont que des esclaves de Dieu. Si on essaie de rentrer ne serait-ce que quelques instants par l'imagination dans le mental de quelqu'un auquel on a mis ces notions dans la tête dès la plus petite enfance, à savoir qu'il est essentiellement un persécuté, un pécheur ou un esclave, il y a a priori deux solutions : - soit il végète dans une sorte de dépression. - soit il compense par un complexe de supériorité spectaculaire, selon lequel lui seul à raison et que tous les autres ont tort, et du point de vue métaphysique que seul son dieu existe et que tous les autres ne sont que des fictions, des ombres. Il est certain qu'en réalité bien sûr ni son dieu ni les autres n'ont jamais été visibles. À ce moment-là, on arrive à un type de paranoïa Finalement, vu de façon critique, le dualisme monothéiste pourrait évoquer la castration suprême : on retire de force au fidèle sa semence divine non pas pour la garder au ciel, mais pour qu'elle devienne la propriété privée d'un clergé avide de pouvoir. A ce moment-là, la circoncision représenterait le symbole le plus direct de ce processus. Pour conclure cette section, une dernière réflexion : les dieux, soit on les respecte tous à la manière des polythéistes, soit on n’en respecte aucun à la manière des bouddhistes, en ce sens qu’ils n’y croient pas : mais dire qu’un dieu tribal d’une région semi-désertique près de la Méditerranée doit dominer la terre entière est typiquement une forme de racisme métaphysique. On accuse le culte de divinités données d’être inspirés par la recherche de pouvoirs magiques particuliers, et il y a un peu de vrai dans ce reproche. Cependant, le culte du Dieu suprême et tout puissant pèche lui par la recherche justement du Pouvoir suprême et de la Toute-puissance, d’où un danger beaucoup plus important pour le reste de l’humanité. La mégalomanie atteint son maximum. La paranoïa, quand elle est réactionnelle, est labile comme une couleur non-stabilisée, mais quand elle est fixée par le vernis de l’autosatisfaction religieuse, elle peut perdurer « maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles »…. Faut-il répondre Amen ? Clivage

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Cet extrait du règlement du mouvement de Ben Laden, saisi dans un camp d'Afghanistan, montre bien la pseudo unité de l'islamisme qui masque en fait une idéologie totalitaire : "Il est interdit de discuter des sujets à controverse, de critiquer un groupe, une organisation islamiste quelle qu'elle soit ou un individu quel qu'il soit, imam, penseur, dirigeant ou politicien."xxxvi Cela évoque le Parti communiste sous la Russie de Staline. Il y a un argument très simple pour montrer que le rejet des idoles vient beaucoup plus d'une pathologie paranoïaque que d'une réflexion métaphysique saine et représente un prétexte à rejeter l'autre en tant qu'autre. Déjà, les chrétiens rejettent assez durement les idoles, mais les musulmans réussissent à les qualifier quand même d'idolâtres "à cause" des trois personnes de la Trinité. Mais surtout, les juifs qui n'ont même pas le début d'un culte des idoles et s'en défendent de façon quasiment obsessionnelle sont ceux que l'islam a rejetés le plus violemment. Ainsi, l'iconoclasme de l'islam semble bien représenter une couverture commode pour rejeter tout ce qui n'est pas lui, et donc le symptôme d'une idéologie à tendance totalitaire, et du point de vue psychologique d'une hypertrophie de l’ego relié à la paranoïa. Il ne faut pas se voiler la face, le problème psychologique sous-jacent a des racines profondes. Nous pourrions condenser un certain nombre de prises de conscience sur ces sujets en une formule paradoxale : "Le diable est à la fois le sujet de la paranoïa et la paranoïa du sujet" : - le complot maléfique à son égard dont le patient voit des indices partout, qu'il rassemble en réseau de preuves puis de certitudes, dans un contexte religieux sera associé naturellement à Satan. En ce sens, le diable est le sujet de la paranoïa. - la logique interne pathologique du trouble délirant correspond à un vrai démon intérieur, qui possède le psychisme et fait courir le mental du pauvre patient comme un automate à un rythme... endiablé. En ce sens, le diable est la paranoïa du sujet. Pour conclure cette section, faisons remarquer qu'il y a problème central non seulement dans l'islamisme, mais dans l'islam qui constitue une source potentielle de violence à répétition : on y insiste sur la transcendance pure et la destruction des idoles. Cependant, on se prosterne quotidiennement devant ce que nous pouvons raisonnablement considérer comme quatre idoles : Mohamed, le Coran, la charia, et par la pensée pendant la prière, devant la Pierre noire de la Mecque. Il s’agit d’une contradiction manifeste, puisque le fait qu’il n’y ait pas de représentation physique ne change rien à l’intensité de l’attachement rigide, donc à l’idolâtrie. Dans ce sens, les islamistes radicaux essaient de faire croire qu’ils n’adorent qu’un Dieu, mais en fait ils n’adorent qu’une Déesse, et elle a pour nom Paranoïa. Ils finiront probablement par en périr, sauf s’ils se réveillent de leur transe et développent une compréhension juste. Une première poussée de monothéisme destructeur dans l'Égypte ancienne. Rendons-nous par la pensée dans l'Egypte du XIVe siècle av. J.-C. Le fils d’Aménophis III lui succède et prend le nom d’Akhenaton. Il se sent personnellement appelé à propager le culte exclusif du dieu Soleil, il fait donc fermer tous les autres temples et interdit le culte de toutes divinités, excepté la sienne. Ailleurs, dans une inscription ramesside, Akhenaton est désigné comme le « criminel d’Amarna ». En termes clairs, il semble bien que la première expérience monothéiste de

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l'humanité ait été vécue comme un cauchemar, la première édition d'un fascisme métaphysique qui allait avoir la vie longue. Les polythéistes égyptiens ont gardé un souvenir traumatisant de la période amarnienne monothéiste d’Akhenaton, un peu comme la civilisation raffinée de Florence du Quattrocento garde un souvenir amer de Savonarole, le religieux catholique fanatique qui brûlait les tableaux de maîtres sur des bûchers en place publique. Ce n'est pas par hasard qu’Akhenaton a carrément été rayé de la liste des rois, de même que Savonarole a laissé dans la cité florentine où l’art fleurissait le souvenir d’un obscur psychotique qui a précipité la population dans une phase brève de cauchemar bigot Si le monothéisme réussit à mûrir, il acceptera le culte des autres dieux. On peut suivre soi-même une voie qui ne recourre pas aux images et aux idoles divines sans pour autant aller briser celles des autres. Le védanta, le dzog-chen du Tibet, le zen sont des voies de ce type. Après tout, briser des statues, n'importe qui peut le faire : il suffit pour cela de réunir une bande de sujets bagarreurs et de préférence psychopathes ; malheureusement, c'est un type de personnalités qu'on peut recruter facilement et en grand nombre dans les banlieus-bazars ede notre planète globalisée. Pour l'hindouisme-bouddhisme, la véritable idole dont il faille se débarrasser, c'est l'ego. Celui-ci prend une forme particulière chez les monolâtres, l'ego iconoclaste, qui mérite à coup sûr d'être lui-même brisé en mille morceaux. Pour aller plus profond, on pourrait faire remarquer qu'en projetant dans le ciel un dieu purement masculin, les monothéistes divisent, se mettent en travers d'un équilibre fondamental masculin-féminin, lui-même source de joie. Or, celui qui se met en travers, c'est étymologiquement le dia-bolos, c'est-à-dire le diable. L’intolérance religieuse qu’a inventé de toutes pièces le judaïsme ancien pour protéger son identité politique qui a toujours été fragile a évolué comme le Golem de l’histoire, et s’est finalement retournée contre ceux qui l’avaient lancée. On pourrait dire que le vrai Golem du judaïsme, c’est le christianisme et l’islam. Depuis ce massacre de 3.500 juifs pour des questions de liturgie, le monothéisme est devenu professionnel dans son habileté à projeter la responsabilité de sa propre violence sur l’autre, en l’occurrence ici l’adorateur d’idoles. Il y a cependant un hic : cette paranoïa fonctionne aussi à plein entre les sous-groupes du monothéisme lui-même, et cela nous amène directement aux risques actuels de guerre sainte nucléaire au Moyen-Orient. Pendant deux siècles après la Révolution, le christianisme a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a fait semblant de se démocratiser et « républicaniser »’, mais cela a finalement mené à son effritement. La raison : sa conception totalitaire n’était au fond pas compatible avec la liberté de pensée. Bien sûr, les monothéistes feront toute une gymnastique intellectuelle pour essayer de démontrer le contraire, ou de prouver que le cas de l’islam va être différent, mais les faits sont là, et leur interprétation n’est pas si compliquée. Persécuteur désigné et bouc émissaire

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Le processus de 'satanisation' de l'ennemi est très puissant, car il réunit deux éléments qui font partie intégrante de la paranoïa : le Persécuteur désigné, et l'extension en tache d'huile de la menace hallucinatoire : en effet, Satan a ceci de commun avec Dieu, c’est qu'il est omniprésent, et qu'il réside en particulier, c'est un avantage stratégique certain, dans le coeur de l'homme. À ce moment-là, le sacrifier devient un acte de propreté magique-maniaque, d'hygiène publique quasi-scientifique : on voit ici encore un signe du parallèle entre les rigidités obsessionnelles et paranoïaques du point de vue psychologique, et les justifications habituelles des purifications ethniques de la part des idéologies totalitaires du point de vue politique. De plus, si un bigot déclare à un psychologue : « Je suis prêt à sacrifier ma vie pour ma Foi », celui-ci entendra « Je suis prêt à tuer le monde entier pour mes superstitions », et il n’aura sans doute pas tout à fait tort dans son interprétation. Ben Laden déclare en parlant des jeunes ayant effectué l'attentat du 11 septembre : "Ces jeunes savent que leur récompense en luttant contre vous, les États-Unis, est le double de leur récompense en luttant contre quelqu'un d'autre qui ne fait pas partie des gens du Livre."xxxvii C’est un fait connu de psychopathologie que le paranoïaque veut détruire celui qu’il n’a pas réussi à séduire, et qui est en général du même sexe. A propos de l'homosexualité frustrée qui se transforme en haine, la réflexion suivante de Faizal Devji est intéressante : "Les terroristes sunnites du Pakistan ont un discours sentimental d'honneur insulté et de sensibilité blessée et ils semblent ne demander rien d'autre que la seule sollicitude des shiites".xxxviii Quand celle-ci ne semble pas venir, ils les assassinent, comme le fait le paranoïaque pour le "persécuteur désigné", celui-là même qui lui a fait "l'insulte" de ne pas répondre à son offre d'amour Il rapporte par exemple les propos d'une cassette d'Azami, un député considéré comme un "intégriste modéré", si cela existe… "Quiconque ose insulter le Coran doit être conscient que soit lui, soit sa descendance seront obligés de devenir musulmans".xxxix un hadith est mis dans la bouche du Prophète : « Si quelqu'un m'insulte, tout musulman qui en est témoin doit le tuer sur-le-champ. »xl Certes, les musulmans modérés essaieront de faire leur « saut de l’ange » interprétatif habituel en disant que ce hadith n'est pas authentique, certains suggèreront même peut-être que c’est Satan qui l’a introduit sciemment pour ridiculiser l’islam et le Prophète – la paix soit sur lui. Cependant, on se trouve confronté là encore à une méthode exégétique plutôt faible : quand une parole de Prophète vous arrange, elle est authentique, sinon, elle ne l'est pas. Avec ce genre de procédés, tous les espoirs interprétatifs sont permis. Certes, dans ce cas-là, cette exégèse boiteuse vaut certainement mieux qu'une exécution littérale de l’injonction de l'Envoyé de Dieu. Pour conclure sur cette question du persécuteur, faisons remarquer que le mot islam provient des racines arabes qui désignent le fait d'avoir été atteint dans sa vie, soit malade, soit frôlé par la mort, d'être mis en danger puis d'être sauvé. salama veut dire sain et sauf, et aussi être dans la paix et le salut. C'est ce qui est arrivé au Prophète et à Abû Bakr quand ils ont échappé à l'encerclement des Mecquois qui voulaient les tuer. Le problème de cette conception, en plus du fait qu’elle est très probablement inauthentique historiquement, réside dans le fait qu'elle est directement et dès le départ reliée à une ambiance persécution. Rationalisations secondaires

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"Les créations de la terreur sont effectuées non pas pour atteindre un but stratégique [ou politique], mais pour poser une affirmation symbolique."xli En des termes plus psychologiques, nous pourrions dire qu'elles suivent une logique de délire paranoïaque qui leur est propre, entourée comme il se doit de rationalisations secondaires vagues, comme « venger son honneur », « défendre la religion », « mettre en accusation le gouvernement », « combatte le grand Satan » etc. Le mental est comme un insecte au fond d'un pot qui chercherait à en sortir. Il met beaucoup de temps avant de comprendre qu'il tourne en rond. Cette tendance générale du psychisme est renforcée par le conservatisme religieux, insistant déjà de toute façon sur la répétition et donc sur une circularité la plus complète possible de la pensée. Les oulémas et les intégristes tiennent les réformateurs potentiels sous leur emprise en particulier par la menace de procès : si le tribunal d'un pays islamique vous condamne comme incroyant, kafir, vous risquez la peine de mort. Cette obsession de faire respecter les lois et les règles par des convocations devant le tribunal est connue en psychiatrie sous le nom de 'quérulence processive', ou encore de délire de revendication, et elle est classée parmi les délires paranoïaques passionnels, au même titre que la jalousie, l'érotomanie et les divagations des inventeurs méconnus. Le bigot, quand il réussit à convertir, a une impression de toute-puissance : « Le Prophète de Dieu m'a choisi, moi personnellement, pour être son instrument et convertir le monde de gré ou de force ! » Cette toute-puissance agit comme une drogue dont il est difficile de se désintoxiquer : le fidèle finit par ne plus même souhaiter s’en libérer et n'est même pas conscient qu'il a développé une addiction, il la rationalise complètement, et donc c’est comme à reculons et les yeux bandés qu’il s’enfonce dans la psychose. Les approches sociologiques, politiques, économiques de phénomènes ont bien sûr leur place, mais elles sont à mon sens en général d'exagérées, elles voudraient tout expliquer. Pourtant, elles comblent plutôt un vide dû à la méconnaissance des mécanismes de contagion les plus simples de la psychologie de groupe et de l’épidémiologie psychiatrique. En tous cas, du point de vue de l'expérience des psychiatres et psychothérapeutes, ce n'est pas de la bonne thérapie que de se laisser emmêler dans le délire d'un patient, surtout s'il souffre de paranoïa chronique ou aiguë. Dans ce domaine, une vigilance de tous les instants est de règle. Le musulman pieux a en général tendance à excuser et justifier la guerre sainte par un « excès d’amour sincère » pour le Prophète. Cependant soyons clairs : le reste de l’humanité qui est libre de cette croyance plutôt particulière n’en a rien à faire de cet « amour sincère », et préfèrerait même qu’il reste au repos et ne se manifeste pas. Il ne fait que servir les intérêts d’une idéologie conquérante. Avec un minimum de sens psychologique, il sera facile de voir dans cette récupération de la dévotion pour l’agression une forme assez typique de perversion.

Le meurtre d'Allât par Allah et la naissance de l'islam

Il y avait à La Mecque une déesse dont le nom était tout simplement Al-lât, c'est-à-dire la déesse par opposition, ou complémentarité avec Al-lâh, mot qui signifie « le dieu ». Pour être plus précis, Allât était la déesse des Thakafites à Taïf. Elle n'était pas du goût de

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Mahomet, qui est donc venu et a fini par réussir à la détruire ainsi que son temple, malgré l'opposition des habitants de la ville. Dans beaucoup de religions, on trouve un meurtre fondateur, souvent entre un couple de jumeaux, comme entre Rémus et Romulus à Rome, entre Caïn et Abel dans la Bible et même la tentative de meurtre d’Isaac par Abraham qui fonde l'Histoire sainte. Il est bien possible que cette destruction de la Mère divine Al-lât par Mahomet qui s’estimait être le bras droit d’Allah soit l'assassinat fondateur de l'islam. C’est sans doute en mémoire de cet acte fondateur meurtrier que les chrétiens ou musulmans ont mis les pierres des idoles et des temples polythéistes récemment détruits dans les fondations de leurs propres églises et mosquées. On parle beaucoup du meurtre du Père en psychologie, nous l’avons abordé ci-dessus, mais si l'on veut comprendre en profondeur la « théopathologie » des religions du Livre, on devrait s'intéresser de plus près au meurtre de la Mère divine. Il n'est pas sain psychologiquement de fonder une discipline religieuse sur le meurtre de la mère. Si un enfant apprend que sa mère est morte en couche à l’occasion de sa naissance, cela sera probablement pour lui cause de névrose ; mais s'il apprend qu'en fait, sa mère n'est pas morte naturellement, mais que c'est son père qui l’a tuée, il aura de grandes chances de devenir psychotique. Pour une oreille française, Al-lât pourrait s'entendre comme : « A l’autre », et c'est justement cette ouverture qui a été violemment supprimée dès le départ, dans un acte qui avait clairement le sens anthropologique brutal de meurtre fondateur. Pour ceux qui voudraient avoir une idée directe de l'effet de cette conception de la femme dans un pays soumis à la loi islamique rigide, ils peuvent lire le livre de Fariba Hachtroudi Femmes iraniennes - 25 ans d'inquisition islamique.xlii Voilà finalement le secret de famille : ce meurtre de la Mère est tellement énorme que personne ne voulait en parler, mais il faudra bien finir par l'annoncer à l'enfant innocent qui demande répétitivement à l’adulte : « Dis-moi, pourquoi je n'ai jamais vu Maman ? » « Mon pauvre chéri, je n'ai jamais osé te l'expliquer jusqu'à maintenant, mais c'est tout simplement parce que ton Papa a tué ta Maman ! ».

Tuer la Mère

Nous allons analyser dans cette section comment 'tuer la Mère divine' a permis historiquement aux monothéistes de s'emparer avec toute bonne conscience de la 'terre mère' des polythéistes. Dans le Coran, le féminin sacré est directement démonisé, il représente le Péché impardonnable : serait-ce un symptôme de plus de paranoïa ?

Allah ne pardonne pas à celui qui lui donne des Associés. Il pardonne à qui Il décide, sauf en cela. Qui associe à Allah se fourvoie d’un fourvoiement extrême. Oui, ils n’implorent, hors de Lui, que des femelles, oui, ils n’implorent qu’un Shaïtân rebelle. 4 116 117.

Pour Ali, le compagnon de Mohamed, calife et fondateur du chiisme, "la femme est un mal nécessaire"xliii Il faut se souvenir que même accepter d’interpréter de telles paroles pour essayer de les rendre moins pires revient déjà à mettre le doigt dans l’engrenage

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d’une pensée totalitaire, car on se soumet de facto à l’idée que le texte est sacré. A chacun de bien réfléchir à ce qu’il souhaite vraiment. Pour élargir cet archétype du meurtre de la Mère, on peut faire remarquer que le judaïsme et Israël ont été une mère pour l'islam originel. Ainsi donc, quand le président de l'Iran, Ahmadinejad – dont le nom signifie "race de Mohamed" et dans lequel ses supporters voient effectivement un nouveau Mohamed – parle de façon répétitive d'effacer Israël de la carte, on peut supposer raisonnablement qu'il est agi dans son inconscient par ce même archétype du meurtre de la mère. On est typiquement dans le registre de la psychose, et c'est dangereux pour la paix de l'humanité, surtout quand les psychotiques risquent d’être armés de l’arme nucléaire. Il faut rappeler que le délire d'empoisonnement est très courant dans la paranoïa : en fait, le monde entier est censé faire un complot pour empoisonner le sujet qui serait le seul à être pur, blanc et innocent. Il n'est pas interdit de rapprocher ces idées du terme jâhiliyya, qui désigne la période soi-disant d'obscurité du polythéisme avant l'avènement de l'islam en Arabie ou ailleurs. Nous avons vu que ce terme est très proche en arabe de jahar qui signifie poison. N'est-ce pas ainsi une paranoïa certaine que de considérer que le monde avant l'avènement de vous en tant que vous n'était qu'un océan de poison ? On retrouve le mécanisme d'extension en tache d'huile d'un délire initial. Olivier Roy fait remarquer que "la demande de charia vise moins à reconstruire un système juridique qu'à affirmer une différence d'avec l'Occident, ce dont les femmes font les frais."xliv Elles sont en fait comme les "chèvres émissaires" des tensions liées à la modernisation et à l'occidentalisation. Le psychanalyste André Green parle du "complexe de la mère morte" dans lequel "le désespoir, la mort et la rancoeur sont la préoccupation majeure de la mère"xlv Le noir obligatoire pour les femmes dans beaucoup de ces pays, y compris le tchador iranien, renforce clairement au niveau symbolique cette impression de 'complexe de la mère morte'. Si nous considérons les archétypes, comme l’explique un psychanalyste musulman, « le voile n'est pas seulement la fermeture du regard possiblement séducteur de la femme, mais de son oeil spirituel aussi : ainsi, elle ne pourra voir Dieu, et rester en vie, comme avait osé le faire Agar, et voir la lumière sur le front d'Abdallah, le père de Mohamed avant sa naissance, indiquant qu'il allait pouvoir l'engendrer ».xlvi Est-ce que de façon perverse donc, le voile qui est censé protéger la religiosité n'empêche pas la femme d'avoir une véritable spiritualité, la maintenant indéfiniment au niveau de la bigoterie ordinaire, de la foi aveugle, c'est-à-dire voilée du point de vue de l’esprit ? On peut discerner une obsession poussée jusqu'au fétichisme dans le slogan des islamistes actuel : "Le voile ou l'enfer". L'enfer ne surgit-il pas justement directement dans l'esprit de l'homme quand il ne veut pas voir la réalité, qu'il se voile la face, en d’autres termes que son entendement est voilé ? Dans ce sens, le voile ne reste-t-il pas le symbole le plus clair du refus de l'islamisme de voir la réalité de la modernité ? Tuer le Père On pourrait aussi appeler la partie qui suit « meurtre du père, meurtre au nom du Père » : le Dieu unique représente le père, il demande comme signe de soumission la circoncision, il est donc castrateur, c'est l'hypothèse de Freud qui est assez acceptable. Or,

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la castration-circoncision est une violence, elle est associée à l'interdit de relation avec la mère, aussi peut-on relier ce fait à l'acharnement des monothéistes à détruire les représentations de la Mère divine. Freud, à la suite de penseurs monothéistes, estime comme évident que l'absence d'image de Dieu favorise la sublimation des pulsions. Cependant, si l'on pense à l'islam, qui entérinait sans discussion aucune la polygamie et le jihâd, par rapport à l'hindouisme qui valorise le célibat à travers l'institution du brahmacharya et du sannyâs, ainsi que la non-violence, tout en rendant en général un culte aux statues des dieux, on est bien obligé de reconnaître que les faits semblent montrer exactement l'inverse. Une vision plus réaliste et critique des choses serait que le monothéisme canalise les pulsions non pas pour les sublimer complètement, mais pour intensifier le sectarisme centré sur un dieu qui – comme ces personnalités complexées avec un ego à problèmes si nombreuses de par le monde – se voudrait unique. C’est tout le problème en quelque sort d’un nombrilisme métaphysique. Il est clair que l'unicité divine favorise celle d'un empire, et donc monothéisme et impérialisme vont la main dans la main. Le terme même de Tout-puissant sous-entend la violence car qu'y a-t-il comme signe le plus tangible, comme meilleure preuve de Sa Toute-puissance, et déjà, avant tout, comme signe 'irrécusable' de son existence, que des milliers, voire des millions de gens meurent pour ou contre Lui ? Du point de vue psychologique, on pourrait relier la présentation faite de Mahomet comme orphelin, al yâtim, à son refus de voir Dieu comme père, et à son ambition de se présenter lui-même comme le nouveau père de son peuple, voire du monde, avec une nouvelle Loi - et tous les risques de dérive mégalomniaque que nous avons vus. Le rejet d’Ismaël par son père Abraham entraînant la survenue de l’aide divine semble suggérer que pour lui comme pour ses descendants les musulmans, Dieu correspondrait au retrait originaire du père.xlvii Il y a un proverbe arabe qui dit aussi « La colère du père fait partie de la colère de Dieu » L’absence de tendresse habituelle entre le père et les enfants pendant le jeune âge semble relié de façon proportionnelle à la violence d’une société donnée. La froideur des relations père-fils, voir les châtiments physiques fréquents semblent bien mettre le sociétés musulmanes dans le second cas de figure.xlviii Revenons-en à l'idée de tuer le père, Nous avons vu que le judaïsme pouvait être considéré comme la mère, mais aussi finalement comme le père de l'islam.

Tuer le fils Nous pouvons mentionner le fils pour compléter en quelque sorte le tableau d’une famille avec ses perturbations psychiques spécifiques. Les chrétiens avaient leur 'fils mort' en la personne de Jésus, il semble bien que les musulmans, surtout les shiites, aient voulu copier cette figure archétypale si commode quand il s'agit de stimuler le sentiment de victimisation et finalement la paranoïa des masses de fidèles. Il y a déjà Ali qui a trouvé une mort violente et ensuite le martyre d'Hussein à Karbala, un événement largement célébré lors de la fête d'Ashara, qui marque la véritable fondation du shiisme. Déni du féminin supérieur et comportement auto mutilatoire En parlant de ce sujet, nous pouvons mentionner les 500 bassis, policiers islamiques, qui ont signé un formulaire d’acceptation de vente d’un rein afin de réunir les fonds nécessaires à doter d’un supplément de prime celui qui réussira à mettre à mort Salman

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Rushdie. Pourquoi donc ces jeunes voulaient s’offrir pour l'automutilation ? Afin de faire assassiner quelqu'un qui avait évoqué la possibilité que Mohamed aurait pu être tenté par un peu d'amour pour la Mère divine, c'est-à-dire le Féminin supérieur. Le lien entre masochisme et soumission métaphysique et politique. En tant que professionnel de la psychologie s'intéressant à la pathologie de l'intégrisme, on a le droit de poser la question de ce rapport devant une religion dont le nom même signifie ‘soumission’. Certes, il y a d’autre sens possible au mot islam, comme ce qui est sain, entier, etc. mais ce n’est pas par hasard si le sens de l’abandon à une volonté autre est préféré le plus souvent dans la prédication des imams. a) Le cas des femmes : "Si vous êtes dans la situation où vous retrouver actuellement, c'est aussi votre responsabilité, que vous le voulez bien et que vous vous complaisez sous le joug qui vous écrase." On peut raisonnablement considérer que l'islamisme est responsable pour deux épidémies de psychopathologie qui se répondent en miroir d'un sexe à l'autre : paranoïa chez les hommes et masochisme chez les femmes. b) L’esclavagisme métaphysique : A mon sens, la loi la pire de l'islam est celle qui lui est la plus centrale : ‘Vous n'avez pas le droit de quitter la religion, sinon vous serez considérés comme apostats et mis à mort’. Si on dit ou fait comprendre aux fidèles : "Restez avec nous, sinon vous serez assassinés" est-ce qu'un plus d’un milliard de musulmans ne représentent pas au fond plus d’un milliard d'otages ? Le plaisir qu’il y a à être musulman, car il y en a certes un, n’est-t-il pas une forme de masochisme recouvert d’un vernis religieux ? Voici de vraies questions, tout simples, auxquelles jusqu'ici je n'ai pas entendu les musulmans donner de réponses approfondies et satisfaisantes. c) L'esclavage comme fléau social : Il a prospéré chez les musulmans, jusqu'au moment où ils ont dû l'abandonner, au moins en partie, au XIXe siècle à cause de la pression de l'Occident.

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Ch 5

Psychose et réalité dans le fondamentalisme musulman Déni massif de réalité On sait que de nombreux facteurs familiaux favorisent la dissociation : par exemple, on peut citer le déni massif de réalité d’une mère de psychotique qui déclarait : "Nous sommes tous paisibles. J'aime la paix même si je dois tuer quelqu'un pour l'obtenir... C'est ce qu'on pourrait appeler la stratégie du "Tout va très bien Madame la marquise". Cependant, il y a une limite à ce type de pensée positive, qui appliquée aux relations humaines correspond à ce qu'on appelle en psychiatrie la pseudo mutualité. Tout est présenté comme allant très bien, alors qu'en fait presque rien ne va. Ce sont les risques de la croyance religieuse aussi, quant elle pousse à jouer à l'autruche et à ne pas voir les problèmes De même qu'il y a une continuité entre personnalité et psychose paranoïaque, de même dans le domaine religieux on observe une absence de séparation claire entre la personnalité conservatrice et la psychose fondamentaliste. La différence tient beaucoup en l'intensité du déni de la réalité. Les accès psychotiques sont en général précédés et suivis par de la dépression. On comprend mieux alors l'aspect fortement compensatoire du déni de réalité ; ainsi, la psychose en général a même été parfois présentée comme organisée autour d'un noyau dépressif et comprise comme un équivalent de dépression masquéexlix. A ce moment-là, on en arrive à une notion selon laquelle la dépression est à la source des troubles mentaux, et on rejoint les concepts de psychasthénie de Janet – et de l'élan vital de Bergson dont la déficience est la mère de nombreuses pathologie. On peut faire remarquer par ailleurs que cette paranoïa est au fond une solution de facilité psychologique, même si elle mène à des millions de morts lors des guerres qu'elle entraîne directement ou indirectement. Elle évacue tout le questionnement interne par une projection complète à l'extérieur, c'est là que nous revenons au déni massif de réalité. Comme le note Stanley Schneider en conclusion d'un ouvrage collectif Même les paranoïaques ont des ennemis : "Nous avons des sociétés où des personnes gentilles du point de vue individuel font pourtant parties de contextes culturels violents " Les idéologies totalitaires sont en fait des usines à fabriquer des doubles personnalités. Les musulmans d'Inde pensent que leur perte de pouvoir depuis le XVIII e siècle est due à leur manque de foi : "Si nous avions eu une foi inébranlable, notre hukumat, notre domination, ne nous aurait pas échappé. Quand la foi est partie, tout est parti."l Il s’agit d’une tendance dangereuse psychologiquement, car l'épreuve de réalité, à la place de permettre de se corriger, amène encore plus à s'impliquer dans le déni de réalité. Ils ne peuvent pas par exemple concevoir que c’est la rigidité de leur foi même qui les a conduit à sombrer dans le retard à tous points de vue.

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Pour terminer par une note d’humour sur cette question du déni de réalité, on peut rapporter ce propos du journal arabe Al-Hayat publié à Londres : « Comment embarrasser le plus un Iranien ? – En lui disant la vérité ! »li L’extension du délire en tache d’huile C'est dans la nature même des soupçons paranoïaques de se répandre en tache d’huile. Par exemple, le jeu japonais bien connus, le Pokémon, destiné aux enfants a été interprété en milieu islamiste comme signifiant : "Je suis juif", et c'était la "preuve" suffisante aux yeux des oulémas de son lien avec la Conspiration Internationale Sioniste : ils l’ont donc interdit dans les pays arabes par voie de fatwa.lii Un exemple d'expansion en tache d'huile de la représentation du persécuteur désigné se trouve dans la charte du Hamas, en quelque sorte leur credo et leur acte de foi le plus profond :

Avec leur argent, ils ont formé des sociétés secrètes, telles que les Francs-maçons, le Rotary club, le Lions’ club etc. dans différentes parties du monde avec comme but de saboter les sociétés et de réussir à confirmer leurs intérêts sionistes. Ils étaient derrière la première guerre mondiale, quand ils ont été capables de détruire le califat islamique... Ils ont été derrière la seconde guerre mondiale, à travers laquelle ils ont opéré des gains financiers énormes en faisant du commerce d'armement, et on pavé la voie pour établir leur état. [On peut se demander quand même quel intérêt ils ont eu à avoir cinq ou six millions de morts durant l'Holocauste...]. Les plans des sionistes sont sans limites : après la Palestine, les sionistes s'apprêtent à se répandre du Nil jusqu'à l'Euphrate. Quand ils auront digéré la région dont ils se seront emparés, ils aspireront à une expansion encore plus grande, et ainsi de suite. Leur plan est incarné dans le Protocole des Anciens de Sion, et leur conduite présente est la meilleure preuve de ce que nous disons. [Le 'Protocole de Sion' est un roman écrit à la fin du Xe siècle en Russie, mais qui avait la perversité de se présenter comme une réalité. Il a été grand inspirateur des thèses nazies]. »

Nous ne pouvons pas rappeler à chaque fois la différence entre une schizophrénie et un délire paranoïaque en secteur, mais que le lecteur la garde présente à l’esprit : celui-ci ne se manifeste que de temps en temps, en général quand il est provoqué, il est analogue à des accès de fièvre temporaire comme par exemple ceux que donnent le parasite du paludisme. Ce fonctionnement n'étant pas clair dans l'esprit de beaucoup, les gens se laissent facilement berner La schizophrénie est peu contagieuse, car elle détruit le psychisme rapidement. Par contre la paranoïa n'en endommage qu'un secteur, et donc elle peut se répandre avec beaucoup d'"efficacité". Nous avons parlé de l'extension en tache d'huile de la paranoïa, mais elle existe aussi dans la névrose obsessionnelle : les microbes sont non seulement sur les mains du névrosé, mais se répandent sur les boutons des portes, passent de façon magique dans les pièces d'à côté, etc.... On pourrait comparer le prosélytisme à une sorte d'image en miroir ‘positive’ de ce phénomène pathologique. La croyance sectaire est considérée comme "le virus" avec lequel on doit contaminer le plus de monde possible. Le fidèle devient ainsi acteur et vecteur d'une sorte d'épidémie bigote, et son but, ou plus exactement l'objectif qu'on lui a mis dans la tête, est bien sûr d'en arriver à la pandémie.

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Pour le psychologue, la séduction de Satan est la forme personnalisée de la séduction plus générale de la paranoïa. L’avantage de la « dépersonnalisation » de la psychologie est qu’elle évite de tomber dans l’interprétation du monde comme le grand combat de Dieu et du Diable : celle-ci risque trop de dévier à son tour dans une forme de paranoïa. Dans certains cas même, le remède peut être pire que le mal. Après tout, les gens polissons, gourmands, coureurs, joueurs, un peu filous sur les bords tuent beaucoup moins de monde que les purs et durs qui relancent à chaque génération les mêmes guerres de religion avec la même stupidité entêtée. C’est la réalité, même si bien sûr les prédicateurs de tout crin « oublieront » soigneusement d’en parler. La théorie du complot Dans toute une partie du grand public, en particulier musulman, le complot sioniste du départ qui était aussi au centre de la propagande nazie est devenu americano-sioniste, et maintenant un mégacomplot qui inclut en plus les francs-maçons et les grands capitalistes de la planète.liii Cette croyance est devenue un signe de reconnaissance, presque comme une carte de membre pour l’islamisme radical. Le politologue Pierre-André Taguieff a longtemps travaillé sur divers aspects de la théorie du complot. Pour le sujet de notre livre sur la psychologie de l'islamisme, l'ouvrage d'Antoine Vitkine qui va dans le même sens, Les nouveaux imposteurs, est importantliv. Il y détaille la théorie du complot qu'il s'est développé après les attentats du 11 septembre. On peut remarquer du point de vue psychologique que la déréalisation diffuse causée par les excès de consommation télévisuelle et Internet favorise directement la théorie du complot et affaiblit d'autant un engagement démocratique concret. Pourquoi le livre de Thierry Meyssan L'effroyable imposture a été distribué à 300,000 exemplaires en 2002, en en faisant le livre politique le plus vendu de l'année? Il a été traduit en 28 langues, a eu un succès considérable dans les pays arabes et même une suite, Le Pentagate, en 2003, et cela malgré une critique et un rejet général en provenance des milieux journalistiques et spécialisés. Sa thèse centrale est que le 11 septembre a représenté un complot de la CIA comme l'incendie du Reichstag au début du nazisme avait été une conspiration pour déclencher une répression contre l'opposition. Le fait que 3000 Américains soient morts dans l'opération n'a pas impressionné le moins du monde Meyssan. Tout se passe comme si certains mouvements, qu'ils soient islamistes, de gauche fatiguée ou d'extrême droite sourcilleuse, étaient incapables de vendre un programme politique cohérent, et devaient se rabattre sur une théorie du complot avec boucs émissaires clairement désignés à la vindicte publique pour emporter l'adhésion émotionnelle des masses. Le problème, c'est que les "comploteurs" fabriqués par le délire peuvent être réellement détruits. Laissons la parole à Antoine Vitkine qui résume son enquête vers la fin de son livre, en parlant fermement mais très clairement : « De même que Jaurès dénonçait l'antisémitisme comme étant le socialisme des imbéciles, la théorie du complot est-elle devenue le militantisme des imbéciles, par paresse, inculture et petit calcul politique. »lv Confions le mot de la fin à Frédéric Nietzsche, dans une de ces fulgurances dont il est capable : « Les convictions sont des ennemis de la vérité encore plus fortes que le mensonge»…

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Quand le délire se mêle à la réalité pour former un cercle vicieux Dans la paranoïa classique, il y a une loi d'action et de réaction entre le délire et la réalité, et on finit par ne plus savoir où on en est. Il en va de même pour la paranoïa politique. Nous sommes devant un phénomène de cercle vicieux qui s'autoentretient. Nous avons vu que la réaction vive et bien compréhensible de celui qui est agressé par un paranoïaque est interprétée par celui-ci comme la confirmation de ses idées de persécution. C'est cette imbrication intime de l'interprétation psychotique et de la réalité qui rend la psychothérapie des délires systématisés si difficile. En fait, le plus souvent, on doit recourir d’abord aux neuroleptiques qui eux, sont assez efficaces pour sortir de la phase aiguë. La base de la paranoïa religieuse n’est pas différente de celle des autres paranoïas. Les autres à l’extérieur sont vécus comme aussi menaçants que des bêtes féroces. "Quand on ne les a pas au cou, on les a à la gorge", comme dit une certaine sagesse populaire. Winnicott décrit une "anxiété impensable" qui fonctionne comme un ‘trou noir’ au centre de la psyché. Dans le cas particulier des fidèles musulmans, il s’agit bien sûr de la crainte 'd'avoir tout faux' depuis le départ, c'est-à-dire soit que Mohamed n'ait jamais existé, soit que le personnage qu'on a construit autour de l'auteur présumé du Coran ne soit pas un modèle de perfection, mais plutôt de déséquilibre mental, une hypothèse que n’ont pas manqué de rappeler les critiques depuis les débuts de l’islam, et qui a été étayée par des études historiques et psychologiques récentes. lvi Par ailleurs, on peut faire remarquer que la paranoïa est en soi un narcissisme "cancéreux" et agressif, qui "métastase" partout où il peut.. ». Les religions de masse sont censées par leurs rituels atténuer la violence et la paranoïa pour le réorienter dans un sens "utile". Est-ce que ce processus se situe réellement au niveau psycho-spirituel ou simplement politique ? Est-ce que « l'énergie atomique des émotions de masse » ainsi stimulée ne risque pas de temps à autre de causer des implosions et de mener à des séries de Tchernobyls psychiques et sociaux? Plaintes sans fin et fin de la plainte. Il peut y avoir un certain nombre de liens entre religion et paranoïa, mais on pourrait dire en résumé que les islamistes radicaux ont fait de cette dernière leur religion. Elie Barnevi fait remarquer que « le fondamentalisme révolutionnaire offre le ciment d'une idéologie totalitaire à des causes variées ».lvii En termes psychologiques il organise des fragments de réalité en leur donnant la structure quasi géométrique d'un délire systématisé, c'est-à-dire qu'il construit une paranoïa. A cause du mois de guerre en été 2006 entre Israël et le Hizbollah, on a beaucoup parlé de ce "parti de Dieu" " dont les membres se désignent eux-mêmes souvent comme des "fous de Dieu". Cependant, l'expression plus précise serait sans doute les "paranoïaques d'Allah". Il y a une grande tradition de fous de Dieu dans les religions, qu'il s'agisse des malamatis dans le soufisme, des tantriques vâmâcharas, de la main gauche dans l'hindouisme, et de "fols en Dieu" chez les orthodoxes, mais ces hommes en réalité saints se gardent bien de tomber dans la violence collective comme le font les Hizbollahs. Ils indiqueront au contraire par leur comportement innocent l’absurdité de la violence collective et des mensonges destinés à la dénier. Cette violence revient en fait à

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une forme de psychose de groupe instrumentalisée politiquement Là encore, on peut observer une perversion destructrice : elle vide de son sens une appellation qui par ailleurs peut avoir sa valeur. Concordisme Une des formes par lesquelles les superstitions peuvent se mêler à la réalité est ce qu’on appelle le concordisme. Il s’agit de retrouver par tous les moyens l’annonce de découvertes scientifiques ultérieures dans les textes sacrés, pour les islamistes par exemple dans le Coran. on peut l’interpréter de trois manières :

- Comme un immense délire interprétatif. - Comme un effort missionnaire - Le concordisme peut être interprété comme un signe de faiblesse aussi : l’islam a

maintenant besoin des béquilles de la science pour tenir debout, que se passera-t-il si ces béquilles, la science en l’occurrence, deviennent animées de vie et se mette à bastonner le patient qu’elles soutenaient ? La chute, probablement.

la modernité doit être de plus en plus ferme dans son exigence de vie intérieure et collective devant être menée avec un minimum de paranoïa, y compris celle induite à long terme par certaines croyances religieuses rigides. Réflexions sur Le Coran et la psychanalyse lviii d’Olfa Youssef Il y a des études de psychologie qui acceptent en substance et sans sourciller le préalable que le Coran est un texte sacré qui ne peut jamais être remis en question, seulement interprété par nous pauvres humains comme c’est le cas dans Le Coran et la psychanalyse lix d’Olfa Youssef. Il est tout à fait possible qu’elles soient récupérées par le prosélytisme musulman conservateur, voire le fondamentalisme : ils affirmeront que « le Coran avait raison, il avait déjà prévu les découvertes de Freud et la psychanalyse ! » On se retrouvera donc ici devant un concordisme aussi affligeant dans le domaine de la psychologie que pour les autres sciences (cf le livre de René Bucaille Le Coran et la science très en faveur chez les prêcheurs musulmans, mais guère chez les scientifiques) Il y a un certain nombre d'éléments intéressants dans le livre de Youssef: un de ses fils directeurs dans l'ouvrage, c'est de faire comprendre que les exégètes qui pensent qu'il n'y a que leur interprétation qui est la bonne tombent dans de l'auto idolâtrielx. Un point faible général du livre, c'est qu'en essayant d'expliquer, Youssef justifie et finalement excuse. Il faut se souvenir que la vocation première de la psychanalyse est de la psychologie moderne a été de se défaire du dogmatisme religieux. En acceptant de nouveau le principe de base du Coran comme une expression directe de l'Absolu au-dessus de toute remise en question profonde, elle retombe encore dans une vieille ornière et ce, même si elle déguise sa ' néo-soumission' derrière les brumes d’un langage mystico-lacanien. Est-ce que le nuage d'encre de la complexité langagière ne cache pas la pieuvre de la volonté de pouvoir religieux, finalement aussi absolutiste qu'elle l'a toujours été auparavant ? En d'autres termes, je ne vois pas grand-chose dans le livre de Youssef qui puisse arrêter la machine de guerre islamiste, ou même freiner l'extension en tache d'huile de

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conservatisme. Nous avons dit qu’on se retrouverait alors en quelque sorte dans la situation médiévale de la philosophie qui n'était considérée que comme ancilla theologiae, 'servante de la théologie'. La psychanalyse, malgré ses défauts, mérite mieux que d'être réduite en servitude par l'idéologie coranique. On a le droit d'être d'avis qu'essayer de donner au Coran un sceau d'authenticité par le lacanisme est un curieux exercice de style : est-ce une forme de prosélytisme islamique adapté au milieu parisien ? Ce qui ressort du livre, c'est qu'elle n'a pas l'ombre d'une critique envers le Prophète et le Coran, deux entités parfaites semble-t-il aussi bien a priori qu’a posteriori. Cela paraît trop beau pour être honnête. Elle paraît de plus croire pouvoir expliquer le mystère de l'autorité suprême du Coran à l'homme moderne en disant qu'il provient de ce lieu que Lacan appelle le réel. N'est-ce pas essayer d'éclaircir quelque chose d'obscur par autre chose d'au moins aussi obscur ? Croyance, terreur et psychose infantile Une source importante de la peur fondamentale est la violence du père, projetée par le croyant sur la représentation qu’il se fait de Dieu. Dans la psychologie familiale habituelle, c’est le désir du petit enfant pour la mère qui déclenche les réactions du père. Dans la psychologie de la croyance monothéiste, cela a été l’adoration de différentes Mères divines qui ont attiré les foudres du Tout-puissant par l’intermédiaire des prêtres et prophètes depuis le début. On voit la symétrie des schémas oedipiens de base. Ces angoisses peuvent sembler comiques vues de l’extérieur, mais elles sont en fait ressenties comme « cosmiques » par ceux qui en souffrent. Cette angoisse psychotique d’annihilation entretenue de façon à la fois « professionnelle » et perverse par les prêcheurs, fait le lit non seulement des actes de terrorisme isolés, mais aussi de l’idéologie de la guerre sainte d’agression, et de la peur sociale que fait régner de force un moralisme fondamentaliste et obsessionnel. Pour sortir de la logique folle de la paranoïa, il faut être capable de la voir, ne serait-ce que le temps d’un éclair, du dehors et non du dedans, on pourrait dire aussi du dessus et non du dessous. C’est précisément ce que les braves croyants ont beaucoup de mal à faire, on doit dire pour leur défense qu’il ne sont guère encouragés à cela par leurs clergés respectifs. Ainsi, ils ne développent que peu d’immunité contre ce virus qu’est la paranoïa religieuse.

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Ch 6

La question de la loi au centre de la paranoïa

Remplacer la loi du père par la sienne propre Dans la biographie des patients paranoïaques, soit le père est complètement absent, soit il est vécu comme inexistant. L'enfant apprend donc à déterminer sa propre loi. Cela le met en conflit avec la société. Par exemple, Hitler a très peu connu son père, mais avait avez un lien fort avec sa mère. Dans la biographie des patients paranoïaques, soit le père est complètement absent, soit il est vécu comme inexistant. L'enfant apprend donc à déterminer sa propre loi. Cela le met en conflit avec la société. Par exemple, Hitler a très peu connu son père, mais avait avez un lien fort avec sa mère…. L’islamiste radical s’identifie à Mahomet, or un des noms de celui-ci est al-yatîm, l’orphelin, car il a perdu dit-on père et mère quand il était encore tout jeune. Il a refusé aussi d’être père adoptif ordinaire, n’était-ce pas parce qu’il avait l’ambition d’être un père d’exception, celui de toute la tribu, c’est-à-dire celui qui impose sa loi telle qu’il l’a entendue de ses voix et rejette celle de ses pères polythéistes ? Le père est relié dans le psychisme à la loi, et en islam, la charia est plutôt complexe. Théoriquement, elle est présentée par les intégristes comme monolithique, mais en fait il s'agit d'un labyrinthe, pour ne pas dire une fatras de fatwas souvent contradictoires, qu'en réalité pratiquement personne ne peut suivre complètement, comme nous l'avons déjà fait remarquer. Cela favorise donc une culpabilité de base, sur laquelle les mollahs jouent bien sûr pour assurer leur emprise sur l'esprit des gens. Il y a une sorte de double lien, on doit suivre complètement et sans duplicité des lois qui sont incomplètes et contradictoires selon les écoles. "Ma loi civilisée contre leur loi de la jungle" Le paranoïaque se sent pur, muni d'une vraie loi, alors que la justice de l'extérieur ne représente à ses yeux que des coutumes sauvages et barbares, en un mot une loi de la jungle. Un des grands maîtres du début de la psychiatrie en France, Magnan, disait que le paranoïaque souffrait "du souvenir obsédant d'une injustice subie". N’est-ce pas une remarque perturbante pour ces religions qui se présentent comme étant nées dans une forme ou une autre de persécution ? Certains islamistes occidentaux essaient de justifier la loi typiquement anti-éthique exigeant la mise à mort de ceux qui se ‘déconvertissent’ de l’islam en la comparant à un crime de haute trahison. Ceci ne fait que confirmer malheureusement pour eux le diagnostic du mal dont il souffre : une paranoïa grave et chronicisée sous le déguisement de principes juridiques et religieux. Un chef de psychiatrie de Paris, Bantman a écrit sa thèse ainsi qu'un mémoire spécifique sur le sujet Le paranoïaque et de la loi. Voici ce qu'il en dit :

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"Le mot ‘justice’ se trouve confisqué par ces sujets. Le paranoïaque s'identifie à la loi. C'est la ‘vrai loi’ dont il est l'instrument et qu’il doit l'énoncer. Il en appelle à la loi qu'il incarne contre la fausse loi (usurpatrice) qui gouverne le monde".

On retrouve ici en fait l’inspiration de base du prophétisme, ainsi qu’une idée chère à Olivier Roy et Faizad Devji à propos du néofondamentalisme musulman: il n'y est plus question de loi collective ou étatique, le jihâd devient le devoir individuel de chaque musulman, il suffit pour qu'il la déclenche qu'il soit inspiré par une voix divine. Le problème, c'est que le grand public reconnaît facilement l'aliénation du schizophrène, mais a souvent du mal à discerner la logique délirante derrière la folie raisonnante du paranoïaque. À mon sens, on ne peut parler de crime "normal", car dans celui-ci, il y a de toute façon un travail mental même fruste, et le plus souvent long et élaboré, avant le passage à l'acte pour le justifier et légitimer : étant donné les résultats désastreux auxquels il aboutit, ce "travail" en soi mérite le nom de paranoïa. Dide affirme plutôt lucidement dans son livre sur les idéalistes passionnés : " Les idéalistes de la justice sont capables de torturer l'humanité entière pour permettre à la justice de régner sans conteste, fût-ce dans un désert." "..." Les 'magnicides' (tyrannicides ou iconoclastes) entendent briser une idole qu'ils estiment néfaste pour préparer par un geste brutal et violent l'avènement le plus juste" Ils présentent une "hyperpersonnalisation " où l'altruisme n'est qu'une apparence, une illusion, ce sont des revendicateurs pseudo-altruistes. Ils poursuivent leur magnificence personnelle sous l'allure de bienfaiteurs de l'humanité"lxi.

Vouloir imposer la charia au monde : prosélytisme ou paranoïa ?

A travers les différentes religions, celle qui s'identifie le plus à la loi et à l'Etat, c'est l'islam. Freud a affirmé "le père mort devient Dieu Tout-puissant" : les intégristes, en attribuant la toute puissance de la charia à ce "père mort" représenté par Mahomet, légitiment leur propre désir de toute puissance. par leur identification à lui conséquence d’une dévotion intense. La condamnation à mort des apostats reste la clé de voûte de la charia, sa manière vaguement légalisée de faire régner une terreur profondément anti-éthique. Dans la première rédaction de la charte des musulmans de France, la « liberté de changer de religion » était affirmée. Certains groupes de pressions ont obtenu qu'elle ne figure plus dans la rédaction finale de 2000. » lxii Il est naturel pour l'esprit humain de voir le Divin dans une forme, et d'y concentrer sa dévotion. Comme l'islam en tant que monothéisme s'est arbitrairement privé de cette possibilité, ce besoin est refoulé et la tendance à revenir de façon sauvage, c'est-à-dire que le besoin au fond assez naturel d'idole ressort pas une quasi divinisation de la charia. C’est un mécanisme à bien comprendre. Même du point de vue du strict monothéisme de l'islam, l'analogie même des mots charia et cherk (association, donc idolâtrie) devrait mettre la puce à l'oreille des penseurs. Pour aller plus loin, nous pourrions dire qu’idéalisation et idolâtrie sont proches, on voit

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cela, par exemple quand il s’agit de conférer un statut divin à des coutumes en fait tribales. Il faut savoir que la passion du désir ne s'entretient que par son insatisfaction : c'est pour cela que les néo fondamentalistes prennent soin de se fixer des but irréalisables – la restauration du califat et sa domination sur toute la planète – pour en fait être sûr de pouvoir continuer ad vitam aeternam à délirer "confortablement". Au fond, c'est la solution de facilité mentale, même si elle les fait souffrir affectivement de façon chronique. Laissons la place pour le mot de la fin à un psychiatre connu pour son travail avec les drogués au centre Marmottan de Paris, Claude Olievenstein, qui 'met les pieds dans le plat' dans son diagnostic en remettant en cause le monothéisme lui-même:

« Le plus intéressant est pourtant ailleurs : comment un homme se désigne Christ, Mahomet ou Moïse et impose sa loi aux autres, ou en tous les cas aux faiseurs de légende qui les font tels ? Peut-on dire que le monothéisme est la forme suprême de la paranoïa organisée, institutionnelle, alors que le paganisme polythéiste est une forme de résistants joyeuse, parfois obscène, le témoignage de la bonne santé des tribus ou des peuples ? La paranoïa se constitue quand l'Un s'isole ou est isolé des autres. » lxiii

L'affaire Rushdie ou des caricatures de Mohamed correspond-elle à un délire de persécution mondialisé ? L'affaire Rushdie est le premier exemple, à ma connaissance, d'un groupe donné qui cherche à imposer à la planète entière sa loi, en l'occurrence la charia, et ce par une peine de mort, c'est-à-dire par la terreur. L'épidémie de paranoïa devient mondiale, il s'agit d'une pandémie. Heureusement, l'Occident ne s'est pas laissé trop impressionner, et pratiquement aucun pays de cette zone ou reliés fortement à l'Occident n'a banni les Versets sataniques. Eliot Weinberger a résumé avec humour l'ensemble de la situation "Il était une fois un homme qui a écrit un livre qu'un milliard de gens n'ont pas aimé. Ils ont essayé de le tuer pour cela, mais ils ont fini au contraire par s’entretuer. Ces gens n'avaient même pas lu le livre, et pourtant tous, les amis comme les ennemis, ont trouvé qu'il révélait leur nature la plus détestable... "lxiv Les bénéfices secondaires de la victimisation On pourrait dire que la victimisation est l'instrumentalisation politique de la paranoïa. La conviction que les pères fondateurs de l'islam, Mahomet et ses compagnons, ont été persécutés injustement amène à chaque génération les fidèles à se mettre d'une façon ou d'une autre en situation de persécution, pour reproduire le 'martyre' des origines, probablement là encore largement fantasmé. Il s'agit d'une attitude qui a des conséquences dangereuses dans la réalité, car à force de jouer au martyr, on finit par le devenir, c’est une loi de psychologie. De plus, la version persécutrice de la première émigration de Mohamed et de ses compagnons supposément chassés de la Mecque violemment, a été préférée à trois autres qui parlent en fait d'un compromis politique.lxv

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Prendre automatiquement la position de persécuté est confortable et efficace : on opère une culpabilisation-démoralisation de l'autre, et on s'offre aussi le luxe facile de se présenter comme un ange. La victimisation, derrière des apparences bien gentilles, représente en fait un vrai blindage qui permet au tank des superstitions et de la violence sectaire de progresser dans son chemin de destruction sans même être égratigné. Il passe au travers des maisons de la raison en les effondrant et n'a même pas besoin d’en ralentir pour autant. Voici comment un journaliste commente la situation dans un article du Courrier international faisant partie d'un dossier sur l'Iranlxvi "Faute de charisme, de savoir-faire ou de modération, la personnalité du président actuel, Mahmoud Ahmadinejad, semble incarner parfaitement le délire de persécution, cette obsession permanente chez les iraniens d'être des victimes". L'antisémitisme islamique existe même en l'absence de contacts et d'expériences directes avec les juifs : par exemple, ceux-ci étaient environ 100.000 en Algérie au moment de la guerre d'indépendance, et ne sont maintenant plus que quelques dizaines plutôt âgés, à l'évidence parce qu'ils ont été persécutés et ont dû s'enfuir. Malgré cela, pour les islamistes de ce pays, ils continuent à être le bouc émissaire préféré, une cause notable des problèmes du pays, c'est ce pourquoi on peut raisonnablement parler de délire. Il est intéressant de noter que la conférence de l'ONU en 2001 sur le thème de l'esclavage et du racisme a dénoncé le sionisme et l'Occidentlxvii; cependant, elle a passé sous silence l'esclavagisme de l’islam qui a été au centre de son développement historique et social, et qui continue à sévir encore de nos jours au Soudan et en Mauritanie par exemple. En tout l’islam compte encore environ deux millions d’esclaves, nous y reviendrons. Il y a des personnes pour lesquelles l'essentiel de la religion consiste à se poser comme victime de ceux qui n'acceptent pas de se convertir à leur croyance : c'est au fond une forme typique de désir de toute puissance, donc une forme là encore de paranoïa. Quand les pervers font la morale au monde

La perversion consiste à prendre un élément qui est sacré pour les autres et à l'inverser de façon destructrice : transformer une religion de paix en arme de guerre, l'amour physico-affectif en vice, le désir de vie en course à la mort, tout cela relève par définition de la perversion et de la pathologie. Nous pouvons donner quelques exemples parmi mille autres tirés du comportement des fondamentalistes : à la suite du tremblement de terre au Pakistan et au Cachemire en automne 2005, les mouvements intégristes ont distribué de l'aide aux victimes de façon assez efficace du côté du Cachemire pakistanais, peut-être cependant en détournant des fonds humanitaires pour acheter des armes. Par contre, ils ont profité de la désorganisation du côté indien pour y multiplier les assassinats. Est-ce un cas de "charité bien ordonnée commence par soi-même"? Nous retrouvons ici la règle de base, faire quelques actions morales d'un côté pour s'octroyer, 'acheter' le droit de tuer de l'autre. Il y a derrière ce processus une sorte de sens de justice sous-jacente, d’équilibre requis au niveau subtil. Évidemment, dans ce cas, l'équilibre lui-même est pervers. Il est intéressant de signaler qu'on possède une vidéo postérieure de Ben Laden où il se moque des attaquants du 11 septembre, comme des naïfs que lui, fin psycholgue, a

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réussi à embobiner. Voilà qui est symptomatique du manipulateur pervers, et même si on est d’avis que cette vidéo n'est pas authentique, et que Ben Laden était sincère, en ce moment-là son cas relève malgré tout de la paranoïa. Un autre symptôme de perversion est discernable dans la récupération du devoir de charité envers les pauvres et de l'aumône, un des cinq piliers de l'islam, pour financer les réseaux terroristes. En fait, il y a une longue tradition par derrière, il était entendu dès le temps du Prophète que l'argent collecté pour les pauvres pouvait servir à une autre "bonne action", entendez une guerre sainte, et pourquoi pas d'agression, puisque que le croyant pieux estime en substance ceci « L'existence même de ceux qui n'acceptent pas l'islam est en soi une agression, une insulte au message du Prophète, et que c'est donc non seulement notre droit, mais notre devoir d'y répondre de la façon la plus virile possible » : Dépensez dans le chemin de Dieu... Dieu aime les bienfaisants ! (Co 2 195) [nous avons vu que l'expression "le chemin de Dieu" sabil ilah désigne la plupart du temps la guerre sainte, mais éventuellement aussi d'autres actions charitables] En arrivant à la fin de ce chapitre sur la paranoïa et la loi, mentionnons une tendance dans les milieux de convertis à l’islam à mettre sur le même pied l’attachement à la charia dans l’islamisme que celui au Tao dans la mystique chinoise ou au dharma dans la pensée hindoue et bouddhiste. Il y a cependant un sérieux problème à cela, l’attachement à la charia est typiquement littéral, et il amène régulièrement à vouloir l’imposer de force au reste de la société, ce qui n’est pas le cas pour le tao ou le dharma des mystiques d’Orient. Ce rapprochement n’est donc guère consistant. Nous avons mis dans le chapitre suivant des réflexions sur le moralisme comme pseudo justification de la violence, un mécanisme à bien repérer dans le fonctionnement psychologique de l’islamisme. Si on ne le fait pas, on s’exposera à être facilement manipulé.

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Ch 7

Le moralisme en tant que pseudo justification de la violence.

La fixation sur la pureté : entre névroses et psychose. L'observation des évolutions historiques nous montre bien que l'islam radical a des racines plus profondes dans l'esprit des populations que même les idéologies totalitaires du XXe siècle. Cela est causé en grande partie par son insistance sur la moralité, dont l'aspect positif est la discipline personnelle et sociale, éventuellement religieuse pour les pratiquants, mais l'aspect négatif une couverture, une rationalisation secondaire autour d'un noyau dur de paranoïa. Paranoïa et moralisation sont les deux faces de la même médaille : la seconde présente bien socialement, elle sert donc de déguisement à la première qui peut ainsi perdurer impunément. Le fait que la paranoïa flatte l'ego explique aussi bien sûr sa persistance à long terme. D’emblée, envisageons la question dans une perspective large et profonde. Il y a un parallèle évident entre l’exclusivisme monothéiste qui prétend avoir la seule version valable de la divinité, et l’exclusivisme éthique qui prétend la même chose au niveau de la moralité… Le couple divinité/moralité marche de fait ensemble – pour le meilleur et pour le pire. Bien sûr, le sujet de ce chapitre suit étroitement et développe celui du précédent sur La question de la loi au centre de la paranoïa, car la moralisation perverse naît directement d'une interprétation pathologique de la loi. Les fondamentalistes masquent par exemple un désir de toute puissance et d'oppression des autres sous couvert de justice et de défense de l'opprimé. Il est essentiel de comprendre cela pour saisir pourquoi l'intégrisme a la vie dure, beaucoup plus que des dictatures violentes ou des idéologiques totalitaires certes meurtrières mais qui ne subsistent qu'un temps. On pourrait dire que le moralisme perverti est le fixateur de l'intégrisme, de même qu'il y a certains produits qui peuvent fixer les couleurs pour qu'elles se maintiennent beaucoup plus longtemps. Hypocrisie et culpabilisation. En psychologie, on accorde une grande importance aux effets de l'ombre et aux phénomènes compensatoires : par exemple, une soumission plus ou moins forcée à Dieu, en s'auto-hypnotisant pour se faire croire qu'on n'est que son esclave, refoule un sentiment naturel d'indépendance et crée en fait un ressentiment lancinant d'être humilié. La véritable humiliation est créée de toute pièce par une métaphysique erronée, mais les fidèles sont bien sûr incapables de voir cette réalité simple en face. D'où une agressivité compensatoire. Il faut souligner dans ce sens la fausse humilité du bigot qui ne rêve en fait que de toute puissance. En psychologie, on accorde une grande importance aux effets de l'ombre

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et aux phénomènes compensatoires : par exemple, une soumission plus ou moins forcée à Dieu, en s'auto-hypnotisant pour se faire croire qu'on n'est que son esclave, refoule un sentiment naturel d'indépendance et crée en fait un ressentiment lancinant d'être humilié. La véritable humiliation est créée de toute pièce par une métaphysique erronée, mais les fidèles sont bien sûr incapables de voir cette réalité simple en face. D'où une agressivité compensatoire. Le zèle pour obéir aux ordres de Dieu peut souvent être en fait un désir de transformer les autres en ses propres esclaves. Croyance, idéologie et déni de la réalité. Les groupes religieux terroristes ont en fait créé de nouvelles formes de religiosité, mais pour eux, il reste très important de les présenter comme des retours purs et durs à une origine authentique. Une grande partie de l'énergie de la moralisation islamique est consacrée à présenter leur dictature et leur système de pensée avec un visage humain : on ne peut s'empêcher de penser à Goebbels. Son rôle en tant que ministre de la propagande du troisième Reich a été de donner une image du Führer comme un modèle accompli d'être humain, courageux jusqu'à l'héroïsme durant ses campagnes de 14-18 comme caporal, généreux, ami du pauvre et défenseur des valeurs de la famille, qui a mené son combat juste, ‘Mein Kampf’, pour défendre la Justice et la Vérité contre les hypocrites, et protéger son peuple des influence perverses du bolchevisme, du christianisme et des juifs, en leur donnant un message clair en allemand débarrassé de toute influence étrangère. Les forces du Mal ont tenté de la persécuter, mais il a quand même remporté la victoire qui l'a mis à la tête de son peuple… Goebbels a ainsi fabriqué de toutes pièces le mythe d’un « fascisme modéré » et à visage humain, auquel le peuple a cru jusqu'à la défaite de 1945, avec comme ‘facture’ huit millions de morts rien que du côté allemand et le suicide du ministre de la Propagande, Goebbels lui-même. Dur retour à la réalité. Puisque nous parlons d’idéologie et de religion, nous pouvons citer un entretien avec Jean-Jacques Annaud, cinéaste connu, réalisateur entre autres de ‘Au nom de la rose’, ‘La guerre du feu’ et ‘Sept ans d'aventures au Tibet’ :

"Je me demande parfois si le monothéisme ne représente pas l'essence même de la dictature. Dans de multiples domaines, on assiste à un rétrécissement de la pensée. L'islam envoie lui aussi une image brouillée par les dérives de ses extrémistes, comme le judaïsme. Récemment, j'ai redécouvert le polythéisme et le paganisme et je me rends compte qu'ils offrent une bien plus grande ouverture sur le monde, je trouve leur système, avec leur multiplicité de dieux, beaucoup plus démocratiques. Ils entretiennent un rapport humain à la divinité. Cela rejoint le discours des Tibétains acceptant que les dieux soient imparfaits. Les sociétés bouddhistes ne sont pas sans défauts, mais elles sont beaucoup plus tolérantes." lxviii

Nous pourrions ajouter : de même que ceux qui supportent la démocratie n'aiment pas les partis uniques, de même que les gastronomes n'aiment pas les plats uniques, que les intellectuels libres redoutent la pensée unique, de même ceux qui sont en faveur d'une

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ambiance religieuse saine se méfient des dieux uniques, quelques soient leur tribus d’origine. L'idée d'un Dieu unique complètement transcendant a bien sûr une valeur spirituelle, mais celle d'un Dieu avec des formes multiples en a tout autant. L'avantage de la seconde possibilité, c'est d'éviter de tomber dans le totalitarisme de la pensée unique à propos du salut, ce qui a sérieusement handicapée la vie spirituelle et la tolérance dans les pays chrétiens et musulmans. On peut aussi indiquer un autre mécanisme psychologique : le fidèle au fond s'ennuie souvent avec le Dieu unique, bien qu'il soit trop conditionné pour regarder en face ce fait simple. Il pense de toute façon qu'il n’a pas d’autre possibilité dans sa vie que d’adorer ce Dieu unique. Pour s'occuper l'esprit donc, il donne dans le prosélytisme, sans vraiment s'apercevoir qu'il s'engage dans un engrenage de violence, puisque les autres la plupart du temps n'ont guère envie d'être convertis. Le prosélytisme représente l'ombre de la transcendance exclusive,

8 - L’obsession du retour à la charia est-elle une addiction ? Il s’agit d’une question d’actualité brûlante après le printemps arabe. On a déjà vu par le passé deux grands exemples de révolutions dans des pays musulmans qui paraissaient une grande libération : la formation du Pakistan par la partition de l’Inde en 1947, et la Révolution iranienne à partir de 1979. Dans les deux cas, les sympathisants ont naïvement acclamé la libération du peuple des pouvoirs coloniaux et de leurs sbires. Le résultat réel a été une régression dans une dictature militaire à vernis religieux, ou au Pakistan, démocratique. Au lieu de s’occuper de développement effectif, l’esprit de la nation est occupé par les obsessions islamistes à propos des moeurs, etc., et par une paranoïa au sujet du monde extérieur…

L’auto-diagnostic d’addiction Chacun, s’il est un minimum sincère avec lui-même et a les connaissances de base, peut faire son propre diagnostic d’addiction, y compris religieuse. Disons déjà que tout comportement qui entraîne un minimum de plaisir peut entraîner par sa répétition une addiction. C’est une question de conditionnement et de plasticité du cerveau. La base du rapprochement, c’est qu’un engagement fort dans un mouvement religieux, surtout s’il est rigide, est aussi prenant qu’une histoire d’amour. Comme le dit Reynaud : « Dès lors, comment distinguer les délices de la passion amoureuse des affres de l’addiction amoureuse ? Les frontières sont minces. L’amour est à la névrose ce que la rose est à la ronce, terriblement proche. » Un bon nombre de comportements des islamistes rentrent assez clairement dans la définition de l’addiction : « On parle d’addiction quand la souffrance surpasse le plaisir, quand les désagréments prévalent sur les bienfaits. Quand on supporte plus qu’on ne devrait, qu’on s’arrime à une relation qui ne procure plus aucun bien-être, qu’on ne peut plus se passer d’une personne qui de toute évidence vous fait du mal » lxix Les quatre premiers critères décrivent les signes cardinaux de l’engouement amoureux, examinons s’ils peuvent valoir aussi pour l’engouement religieux : La dépendance amoureuse ou religieuse et la grille de Goodman pour les addictions 1) Incapacité à résister à la tentation :

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« L’amoureux est prêt à traverser la planète pour un baiser. Car son aventure amoureuse figure au rang des priorités absolues ». Cette idée de priorité absolue est clairement encouragée par un mouvement religieux fermé, en particulier par le monothéisme avec son aspect fondamentalement exclusif. Le Dieu jaloux demande tout – tout simplement ! Quand à traverser la planète, on peut ressentir que c’est un signe exagéré pour l’addiction islamiste, mais n’y a-t-il pas dans les cinq piliers l’obligation du pèlerinage à la Mecque ? 2) Fébrilité à l’approche du rendez-vous. J’ai pu observer chez moi-même et chez les ‘Frères’ que le rendez-vous de la prière était attendu avec un mélange étonnant d’anxiété et de plaisir, en surveillant la montre d’un œil et en attendant l’appel du muezzin d’une oreille. 3) Plaisir et soulagement quand on entreprend le comportement. On est soulagé d’échapper à la condamnation à l’enfer. Pour en revenir à l’addiction amoureuse-religieuse, il y a un hadith populaire dans les milieux musulmans pieux, et qui va directement dans le sens de notre analyse : « Le Prophète aimait trois objets par-dessus tout, les parfums, les femmes et la prière ». 4) Perte de contrôle dans la réalisation du comportement « Après le soulagement vient l’ivresse. On perd pied, on s’abandonne, on ne pense plus à rien pour mieux s’adonner à son occupation favorite ». Les « lâchages intimes » du dévôt-bigot pendant la prière ou les activités religieuses, sont de l’ordre de la toute-puissance ? Voyons maintenant d’autres cirtères :

Le sujet multiplie en vain les tentatives visant à réduire, contrôler ou abandonner le comportement addictif. Dans l’interprétation à l’envers du mouvement islamiste, la recrue est tentée par Satan car elle ose douter.

Le comportement addictif envahit l’emploi du temps. De manière générale, être islamiste engagé prend beaucoup de temps : entre les prières obligatoires, celles additionnelles qu’on fait par piété au milieu de la nuit ou avant l’aube, les réunions, etc prend beaucoup de temps. Poursuite du comportement malgré ses conséquences négatives et impuissance de l’entourage à changer le cours des choses. Le comportement addictif prévaut sur tout autre plaisir. Le comportement addictif relègue au second plan toutes sortes d’obligations Accroissement du seuil de tolérance : besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence du comportement pour obtenir l’effet désiré. L’ego paranoïaque hypertrophié a besoin de dévorer de plus en plus de victimes et d’ennemis jurés, il est pris comme d’une sorte de boulimie. Ce n’est plus simplement le gouvernement de son pays, Israël et les Etats-Unis qui sont coupables, mais toute la partie ‘hérétique’ de l’islam, les sunnites pour les shiites et vice-versa, tout l’Occident et la modernité, etc Agitation, irritabilité et angoisse si le comportement ne peut être poursuivi. Les résistances des sociétés à l’imposition de la charia, même les pointes d’humour à propos du Prophète, déclenchent une rage aveugle. On pourrait rajouter un critère d’addiction à cette liste déjà longue : l’internet. Quelques indications pour un auto-sevrage de la violence religieuse comme drogue.

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Le manque amoureux se manifeste par trois émotions de base, anxiété, désespoir et colère. Dans le manque religieux, l’anxiété se manifestera par la peur de l’enfer, la société ou vous-même ayant rejeté la pratique des ancêtres, le Dieu tout-puissant va vous attendre au tournant et se venger de moi. Le désespoir peut faire tomber dans la léthargie, et aussi mener à des conduites suicidaires. Si celles-ci sont dans le cadre d’un attentat terroriste, la dernière émotion, la colère est alors en jeu. La tendance suicidaire peut être collective, amenant par exemple un pays à déclencher une guerre nucléaire qu’il est sûr de perdre à cause des rapports de force réels. Ce risque est malheureusement bien là de nos jours au Moyen-orient, et la tendance islamiste même modérée ne pourra guère que rajouter de l’huile sur le feu de façon ‘modérée’. Le plus grand obstacle à une auto-thérapie du sevrage, c’est que les sujets refusent de voir en face le fait qu’ils soient dépendants. Ce mensonge à long terme les amène à faire toutes sortes de raisonnements spécieux pour nier la vérité, c’est ce qu’on appelle la paralogique. Une dépendance visiblement pathologique à la charia est déguisée par exemple sous le prétexte « d’un besoin bien naturel d’identité ». Et quand surviennent des retours sévères de la réalité qui devraient normalement faire changer de cap, on les interprète comme des épreuves envoyées par Dieu Une des raisons d’une difficulté à réussir le sevrage amoureux est le manque de confiance en soi, qui vient souvent de séparations arbitraires avec la mère. Elles sont en fait incompréhensibles pour l’enfant, et il perd confiance en lui. Dans l’ensemble du monde musulman, il y a bien sûr toutes sortes de cas possibles, cependant cette séparation devient certainement un facteur de risque important dans les cas des pensionnaires de l’école coranique. Eviter les rechutes Le véritable sevrage doit être durable. Pour éviter les rechutes, il faut éviter le contact le plus possible avec les lieux, les situations, les fréquentations qui favorisent l’addiction. Ne dit-on pour l’alcoolique « Un verre est déjà de trop, mille jamais assez » ? Dans le domaine de l’intégrisme islamique, il faudra bien sûr éviter strictement les lieux ou les sites Internet qui sont connectés à cette mouvance, mais aussi les personnes et jusqu’à un certain point l’actualité elle-même. Toutes les religions ont leurs pratiques pour se relier à l’Absolu, c’est normal. Cependant, croire qu’un dieu tribal s’exprimant par un « channel » local peut être artificiellement universalisé, et que cela donne autorité pour agresser le monde entier sous prétexte de le convertir, voilà qui est une prétention stupéfiante, une anesthésie du bon sens et de l’éthique aussi forte que celle procurée au cerveau par la morphine. D’où l’analogie avec la prise des stupéfiants, et une meilleure possibilité de comprendre les comportements violents des sujets quand ils sentent qu’ils risquent d’être privés de leur « dose » quotidienne, en l’occurrence leur délire de toute- puissance plus ou moins théologisé. Rappelons que la croyance est un organe vivant, et que comme tous les organes, il peut se cancériser et mettre alors en danger tout le corps social. Nous avons vu que le fondamentalisme est par définition caractérisé par le retour à un Age d’or présumé de la

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religion, par l’attachement à un passé révolu et la dépendance par rapport aux textes fondateurs. Ceci le rapproche en fait de la maladie d’Alzheimer collective. Le centre, le noyau dur de la pensée monothéiste a été d’affirmer d’abord que leur dieu était le plus grand, c’est seulement ensuite que les choses se sont aggravées et qu’ils ont inventé en plus qu’Il était unique. C’est un cas typique d’augmentation du seuil de tolérance observé dans les addictions, si l’on considère que la ‘drogue’ en jeu est le sentiment de toute-puissance qui vient par une relation exclusive, privilégiée avec un dieu imaginé lui-même comme tout-puissant.

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Ch 9

Martyre et idolâtrie du sacrifice humain

Que m'importent vos innombrables sacrifices, dit Yahvé.

Je suis écoeuré des holocaustes... Je n'y prends pas plaisir! Is 1 11.

"Je ne connais pas de commandement plus obligatoire

pour les musulmans que celui de sacrifier sa vie et ses bien pour défendre et renforcer la suprématie de l'islam."

Ayatollah Khomeynilxx

Suicide, terrorisme et sacrifice humain Certes, il y a certains cas où le sacrifice est justifié pour une cause qui dépasse l'individu, mais quand il s'agit de défendre des idées métaphysiques de toute façon invérifiables, l'intérêt de détruire sa propre vie devient pour le moins hypothétique, si ce n'est pour se rassurer soi-même et sa communauté que la cause doit être juste, puisqu'elle continue à faire couler le sang. D'emblée, nous pouvons rejeter cette explication, car si elle était vraie, Staline et Hitler auraient été de grands fondateurs de religion sur la terre entière. Le martyre, un héritage du judaïsme et du christianisme Un texte gnostique des premiers siècles, Le Témoignage de la Vérité, disait : "Ces 'martyrs vides' ne portent pas témoignage à la Vérité, mais ils ne portent témoignage qu'à eux-mêmes" Les gnostiques condamnaient ces fonctionnaires de l'Eglise qui obligeaient des croyants innocents à se précipiter vers les exécuteurs, et encourageaient les "petits" à plonger dans le martyre afin qu'eux-mêmes et leurs Eglises puissent y gagner une popularité bon marché, et prospérer sur le sang des autres. Pendant quinze siècles, on peut dire que l'islam a servi de miroir au christianisme, lui renvoyant sa propre image à la place de lui permettre de voir au-delà de lui, jusqu'en Orient. Et dans cette image en miroir que ces deux Religions du Livre se renvoyaient indéfiniment l’une à l’autre en un cercle fermé, la notion de martyre était incluse comme quelque chose de structural, depuis les Maccabées et l'histoire de Razis si l'on veut être précis. (II Mac. 14 43-46 et I Mac., 2 50) Ceci n'est pas du tout le cas pour l'hindouisme et le bouddhisme. Il faut bien sûr mentionner d'emblée la critique du martyre comme équivalent suicidaire.

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On pourrait dire que le martyr "normal" de la Bible ou de l'histoire du christianisme et de l'islam qui va seulement vers la mort a priori pour défendre sa religion terrorisait aussi à sa manière la société de façon subtile. Il la culpabilise d'une manière massive en donnant comme seule raison de sa perte le fait qu'elle, la société, ne veuille pas accepter ses croyances ou superstitions à lui. Il ne faut pas se faire d'illusions. Un certain regain d'intérêt intellectuel pour la religion en ce moment en France est souvent motivé par une sorte de curiosité clinique, stimulée par une volonté de comprendre la psychopathologie. Pour achever ces quelques propos réalistes sur la question, nous pourrions risquer une réflexion : derrière l'idée de respect obligé pour la croyance sacrée dans le christianisme et islam, il y a la notion immédiate, on pourrait dire le réflexe conditionné chez le fidèle que des millions de gens ont versé leur sang pour, et éventuellement bien sûr contre, leur expansion : et si c'était justement pour cela que ces deux religions ne méritaient pas de ménagements, mais au contraire une remise en question profonde ? L'archétype d'Ismaël, facteur de guérison ou d'aggravation de la violence ? On peut se demander ce pour quoi Ismaël a remplacé Isaac dans la plupart des traditions musulmanes au moment du sacrifice d'Abraham : il faut comprendre que "sacri-fier" signifie "faire sacré", et quand on devient tel, on a des bénéfices secondaires substantiels, par exemple le droit de tuer ses ennemis au nom de Dieu. Voilà un des sens de cette compétition bizarre pour la mort. Comme ce sacrifice se serait passé au niveau de la mosquée du Dôme à Jérusalem, celle-ci est devenue le symbole du conflit israélo-palestinien, et même judéo-musulman. On peut en fait parler de course peu saine à la position de martyre. Les islamistes actuels, l'Iran, le Hamas sont des champions du révisionnisme qui dénie l'Holocauste. Ils voudraient en fait être les seuls à être honorés de la palme du martyre : l'ensemble de l'entreprise rejoue en réalité l'archétype du remplacement d'Isaac par Ismaël sur l'autel du sacrifice d'Abraham ; dans le contexte actuel de violence possiblement nucléarisée, cela devient franchement morbide et dangereux. Martyr, animisme et pathologie du sacrifice humain Il y a un fait d'anthropologie important à comprendre, nous l’avons déjà signalé, c'est que pour assurer la solidité future d'un bâtiment en construction, une coutume primitive voulait qu'on sacrifie un être humain, de préférence un enfant, et qu'on l'enterre dans les fondations. Ce qu'on peut soutenir du point de vue de la psychologie des profondeurs, c'est que le fait de détruire l'autre reste secondaire dans l'attentat-suicide. Dans bien des cas, l'agresseur pourrait laisser sa bombe avec un dispositif à retardement et se tirer d'affaire sain et sauf. La véritable logique derrière toute cette entreprise, c'est en réalité celle du sacrifice humain : "Notre idole est suffisamment forte, et ses fidèles suffisamment décidés, pour aller jusqu'au sacrifice humain, donc elle existe réellement et les autres, le monde entier doivent trembler et se prosterner terrorisés devant sa toute-puissance." Voilà le vrai message, Chahids et témoins dans l'expansion de l'islam

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Le besoin central d'une machine de guerre bien huilée, c'est que la troupe n'ait pas peur de la mort et sacrifie volontiers sa vie sans poser de questions. Cela bien sûr a été une préoccupation centrale dans l'expansion militaire rapide de l'islam et le reste aujourd'hui quand on voit les déclarations de fondamentalistes comme celle de Khomeyni que nous avons citée en exergue, à propos du devoir de sacrifier sa vie pour renforcer et répandre la religion d'Allah. Le nom ash-Shahîd, le Témoin, est au centre de la liste d'aar-Râzî des cent noms de Dieu, à la place pivotale qui est représentée par le numéro 51, juste avant al Haq, c'est-à-dire la Réalité, la Vérité. On est donc toujours dans la logique que le sang des martyrs est le meilleur garant de la vérité de la révélation monothéiste et coraniques, et même de sa réalité. Ne peut-on pas discerner là-dedans encore une fois une logique de type animiste et paranoïaque : « Puisqu'il y a eu sang des victimes, c'est que la doctrine est vraie dans l’Absolu. » ? Dans son combat contre les juifs, Mohamed s'exclame excédé, à un moment donné : "Il est préférable pour vous que vous vous suicidiez !"lxxi Il y a une loi simple de psychologie selon laquelle on projette sur les autres ce qu'on l'on a déjà en soi, on peut donc supposer que c’est Mohamed lui-même qui était tenté par le suicide, ainsi on peut avoir une idée de la fragilité d'une personnalité à tendance paranoïaque qui oscille en fait entre l’hétéro- et l'auto-agressivité, l’agression du monde entier et la tentation de l’auto-destruction. Revenons encore au problème du sang versé : les fondamentalistes disent : "Nous sommes les vrais musulmans, les guerriers (ghazi) qui sont prêts à tuer et être tués pour l'islam, et vous êtes des mauviettes (munafiqoun) car vous n'êtes pas capable de le faire" Quand on a été conditionné comme cela depuis la naissance, et que cette vision est corroborée, voire martelée par ses textes sacrés, il est très difficile de s'en sortir indemne, voire de s’en sortir tout court. Ceci représente à mon sens une des raisons principales de la faiblesse des intellectuels musulmans vis-à-vis de l'idéologie intégriste. Inconsciemment, ils sont culpabilisés d'être modérés, s'estimant des hypocrites A la fin de ces réflexions sur le martyre dans l’expansion de l’islam, revenons à l’archétype du sacrifice d’Ismaël. Tolstoï disait : « tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des guerres. » Si les musulmans sont assez peu conscients pour mettre au centre de leur religion l'Aïd el Kébir, le "grand sacrifice", du mouton en remplacement de leurs fils, ils continueront par la main de leurs extrémistes à mettre à mort leurs enfants qui ne veulent pas se soumettre à Allah, c'est-à-dire les réformateurs ou les civils qui s'opposent aux islamistes. Culte de la mort et pulsions autodestructrices. D'après une observation importante du psychanalyste Benslama qui peut suivre la télévision directement en arabe, puisqu’il s’agit de sa langue maternelle :

« Il suffit de circuler quelques minutes entre les innombrables chaînes de télévision satellitaires du monde musulman pour s'apercevoir que le harcèlement permanent des prédicateurs n'offre que la mort pour restaurer tant de blessures narcissiques, et que la rhétorique du "mourir pour..." propose de recycler dans l'honneur de Dieu l'horreur de vivre » lxxii . Un analyste plutôt critique comme Walterlxxiii insiste sur l'importance psychanalytique de la pulsion de mort dans le développement de l'islamisme.

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Bien que le culte de la mort soit au premier plan dans le terrorisme, des chefs comme Ben Laden font toujours attention de se présenter comme livrant une guerre de défense. On reconnaît ici le besoin de morale impeccable du paranoïaque. Dans les délires systématisés, il y a une oscillation, une polarité entre dépression et agression psychotique, repli sur soi et attaque, envie de suicide et envie de meurtre. Dans l'attentat à la bombe, il y a une sorte de court-circuit cérébral entre ces deux pôles de la violence, qui se manifestent en même temps en excitant si l'on peut dire des deux hémisphères à la fois comme dans une épilepsie généralisée. Hassan al Banna, le fondateur des Frères musulmans en 1928 a donné comme devise à sa confrérie : « Allah est notre but. Le Prophète notre chef. Le Coran est notre loi. Le Jihâd est notre voie. Mourir dans notre quête d'Allah est notre espoir le plus cher. » On pressent là d'emblée deux axes de pathologies : la rigidité massive et l'association intime de l'Absolu et de la mort, qui constitueront la colonne vertébrale des mouvements islamistes radicaux ultérieurs. Pistes thérapeutiques pour soigner une pulsion religieuse de mort. La première possibilité consiste à amener les gens à remettre en question et examiner de près la définition de ce qui est juste, de ce qui fait partie de leur droit. En effet, c'est ce sentiment quand il est perverti qui amène à la pulsion de mort. Ensuite, il faut dépister une dépression masquée, un cas beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense, et à ce moment-là référer à un psychiatre pour une traitement médicamenteux. De plus, il faut être attentif à ne pas encourager du tout la victimisation, au contraire il faut la mettre à distance en la soupçonnant a priori d'être la rationalisation secondaire d'un noyau dur paranoïaque. On parle beaucoup d'otages de nos jours, mais Dieu lui-même n'est-il pas le principal otage des prophètes, prêcheurs et clercs en tout genre, qui prétendent être les seuls à avoir le droit de parler en son nom ?

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10

Identités religieuses et violence

Une des formes majeures de l'ignorance, c'est la paranoïa : : « On ne comprend pas le monde, et on se met à croire qu'il vous trompe »

(Rabindranath Tagore

Commençons ce chapitre dont le sujet est plutôt grave par une histoire drôle : c'était pendant la guerre civile au Liban, où les tensions étaient hautes entre musulmans et chrétiens. Une sentinelle arrête une voiture à un poste de contrôle dans une avenue de Beyrouth et demande immédiatement au chauffeur :"Etes-vous musulman ou chrétien". L'homme au volant répond : "Je suis athée". Cela pose un grave problème au militaire de garde, qui se gratte la tête et après mûre réflexion, a finalement une idée lumineuse : "Etes-vous un athée musulman, ou bien un athée chrétien ?" Cette anecdote en dit long sur les étiquettes religieuses, et la profondeur avec laquelle elles collent à la peau. Avant, on se demandait : "Peut-on peut-être incroyant et civilisé ?", maintenant, beaucoup se posent plutôt la question : "Peut-on être croyant et civilisé ?". Le plus grand ennemi de la religion, ce n'est pas l'athéisme, ni le scientisme, ni la psychologie moderne, mais c'est l'intégrisme. On parle des maladies 'vénériennes', du nom de Vénus, la déesse de l'amour, qui proviennent d'une contamination par les relations physiques. J'aimerais pouvoir parler aussi de maladies 'junoniennes', du nom de la divinité du foyer et reine des dieux dans l'ancienne Rome. Si dès la petite enfance et à la maison, les enfants sont imprégnés de préjugés religieux et ethniques exclusivistes, bigots voire violents, cela revient à la transmission d'une véritable maladie à travers un soi-disant amour religieux, et posera des problèmes à la fois au sujet et à la société. Le christianisme et l'islam ont une vision de la fin du monde beaucoup plus proche et prégnante que celle de l'hindouisme et du bouddhisme. On peut dire que les deux religions issues du judaïsme étaient dans leurs débuts des cultes millénaristes. Comme on dit familièrement, "Ça eut marché mais ça marche plus" La fin du monde et le succès ultime de l’islam se fait toujours attendre. Est-ce que le Prophète se serait complètement trompé? Est-ce que la petite aiguille de la réalité n'a pas crevé le ballon de baudruche de la mégalomanie des islamistes en faisant un grand "boum", et ainsi ils se retrouvent comme des enfants penauds avec un bout de plastique déchiré à la main ?

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La frontière poreuse entre identités religieuses et paranoïa

Les identités religieuses sont pénétrées d'ambivalence : "Plus forts seront vos liens d'appartenance à votre propre groupe, plus violents seront vos sentiment envers le groupe voisin... Si une nation donne aux gens une raison de se sacrifier, elle leur en donne aussi une pour tuer."lxxiv

L'identité hypertrophiée et exacerbée tire sa force du "ça", du id, et devient ainsi la plus grande id-ole. Même s'il n'y a pas de lien étymologique entre identités et idole, cette analogie du son id a un sens psychologique.

On pourrait faire remarquer que le paradoxe des idéologies totalitaires, y compris religieuses, c'est qu'elles présentent régulièrement leurs dissidents ou hérétiques comme fous, mais ensuite ce sont elles-mêmes qui tombent dans la folie collective sous forme de guerre sainte qui tue des millions de personnes. La théorie du préjugé ou les bases psychologiques du racisme. Le mécanisme du bouc émissaire est bien connu, les minorités en sont les victimes, mais ce qui est moins clair, c'est que celles-ci aussi peuvent prendre la majorité comme bouc émissaire. Pratiquement tout le monde a ses valeurs, mais peu font le choix personnel d'une idéologie, qu'elle soit féministe, communiste ou encore intégriste par exemple. Celles-ci peuvent être pathologiques ou au contraire constructives.

La vision idéaliste d'Amartya Sen et d'autres intellectuels occidentaux selon laquelle un musulman pas exemple peut choisir d'être complètement pacifique sans cesser d'être un bon croyant intégré dans sa société semble être un voeu pieux. Dans la plupart des pays, l'appartenance religieuse n'est guère négociable, et toute prise de distance par rapport au clan, à la caste ou à la tribu est vécue comme une trahison.

Comme le dit Régis Debray : « les melting-pots se grippent. Aux différences de classe s'ajoutent, se substitue les pire de toutes : les différences d'origine, qui peuvent aller jusqu'au sinistre 'coupable d'être né' ».lxxv

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DEUXIÈME PARTIE

EN SUIVANT LE FIL DE LA PSYCHOLOGIE

DANS LE TISSU DE L’HISTOIRE

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Ch 11

La réalité du jihâd - continuité et évolutions

La violence, c'est le seul moyen de ramener les gens à Allah. Hassan al Banna, le fondateur des Frères musulmans (cité

par Bigot Guillaume1

Il y a de nombreux écrits sur le jihâd. Nous résumerons donc beaucoup ce chapitre, mais il est quand même intéressant de lire sa version complète. Les racines du jihad : brefs aperçus de la violence vétérotestamentaire.

Certains pensent que j'exagère la violence du Dieu de l'Ancien Testament. Regardons pourtant certains textes : par exemple, pour commencer le Deutéronome : Yahvé, après avoir solennellement annoncé qu'il était le seul Dieu dans le Shéma Israël (Dt 6 4), passe aux menaces concrètes de mort, et met le couteau sous la gorge de ce peuple qu’il venait de flatter en le qualifiant d’élu : Ne suivez pas d'autre dieux, d'entre les dieux des nations qui vous entourent, car c'est un Dieu jaloux que Yahvé ton Dieu qui est au milieu de toi. La colère de Yahvé ton Dieu s'enflammerait contre toi, et il te ferait disparaître de la face de la terre. (Dt 6 14, 15). Prise d’otage ? On peut difficilement parler d'un amour au cœur large ; que dirait-on d'un amoureux qui parlerait ainsi à sa bien-aimée ?...Dans Jérémie, il veut se venger une fois de plus d’Israël : Allez ! Rassemblez toutes les bêtes sauvages, faite-les venir à la curée ! (Jr 12 9,10) Curieux traitement pour le peuple qu'il a lui-même choisi ! On trouvera bien d’autres citations dans le texte principal.

Les bases doctrinales du jihâd : une guerre permanente. Ce qui frappe d'emblée dans le djihâd islamique, c'est son caractère de guerre continue. Le Hidâyah, le livre de Lois islamiques par excellence, cite le Prophète en affirmant : "On nous a demandé de livrer la guerre à l'humanité jusqu'au moment où elle confessera qu’il n'y a pas de Dieu si ce n'est Allah". Tout simplement. Cette déclaration de Hassan al Banna, le fondateur des Frères musulmans, est importante : En effet, les Frères musulmans ont été les inspirateurs direct d’Al Quaeda et du jihadisme depuis l’Algérie jusqu’au Pakistan en passant par la Syrie et la Palestine du Hamas qui en est au départ une branche. Il y a eu certes des séparations entre les descendants les plus violents des Ikhwans, des Frères, comme Ben Laden, qui ont eu un certain succès, ceux violents, mais qui n’en ont pas eu et ont été physiquement éliminés comme en Syrie dans les années 80 ou en Algérie dans les années 90, et ceux plus 1 Le zombie et le fanatique Flammarion 2002, p.213

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modérés qui sont rentrés plus ou moins dans le système politique, en Egypte ou en Jordanie par exemple Le djihâd est appelé la voie d'Allah. On a en effet bien besoin d’un Dieu accomodant pour déculpabiliser les combattants et les pousser à une guerre totale. La première manifestation de la guerre sainte s'est déroulée quand un groupe de sept compagnons du Prophète a attaqué sur son ordre par surprise une petite caravane, qui évidemment ne leur avait rien fait et ne leur avait rien demandé. Pendant que les bêtes buvaient de l'eau et que les voyageurs se reposaient, ils se sont jetés sur ces derniers, en ont tué un et en ont pris deux comme otages, soit pour les utiliser comme esclaves, soit pour les revendre. Le premier épisode de guerre sainte islamiste menée par les sept compagnons revenait donc en clair à un vol à main armée aggravé de meurtre et de prise d'otages. Pour leur début dans la profession, ils ont fait fort. Leur nom avait une résonance poétique, mais guère leur action. La voix qui possédait régulièrement Mahomet comme par un syndrome d'influence relançait sans cesse les militants vers le champ de bataille : "Les membres d’un groupe ont peur des autres hommes, de même qu'ils ont peur d'Allah et même encore plus, et disent : 'Oh Seigneur ! Pourquoi nous as-tu ordonné le combat ? Si seulement tu pouvais nous accorder du repos pour quelque temps." (Co 4 77). Quand un des compagnons du Prophète a voulu se retirer pour effectuer tranquillement ses pratiques spirituelles dans un jardin, celui-ci l'a vivement rabroué : "S'occuper à la guerre sainte pour même une demi-journée est meilleur que la terre entière et toutes les richesses qu'elle possède. Et se faire piéger sur le champ de bataille est meilleur que d'être engagé dans des prières supplémentaires pour soixante années" (Mishkât, 4489). Visiblement, le Prophète croyait plus aux guerres d’agression pour répandre sa religion qu’aux pratiques spirituelles sérieuses. Le djihâd a tout d'une guerre totale : "Combattez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de persécutions et que la religion soit entièrement pour Allah. " (Co 8 39 et 2 193). Le djihâd a développé le principe de l'impérialisme et de la colonisation bien avant les Européens. Il représente l'expansionnisme monothéiste dans sa forme la plus pure et la plus dure. Comme le dit Mahomet : "Le paradis est à l'ombre des épées" (4314). Un autre mythe est celui selon lequel la guerre sainte serait uniquement défensive. Si nous considérons pas exemple les ghazas, les expéditions militaires dirigées par le Prophète lui-même de son vivant, il n'y a guère que la bataille de Badr, d'Uhud et d'Ahzâb dont on pourrait discuter le caractère défensif. C'était durant la période de début où il venait d'être accepté, et il était encore faible. Par la suite, à Médine, il a profité de sa force, et tous les autres raids ou campagnes qu’il a dirigés personnellement, c'est-à-dire 23 sur 26, ont été purement et simplement des agressionslxxvi. Y a-t-il des versets de tolérance des autres religions dans le Coran ? Le contexte réputé atténuer la violence de certains versets augmente au contraire la tolérance apparente de nombre d’autres. Pour la discussion détaillée, on se reportera au texte principal.

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Ch 12

L’idéologie islamique dans les invasions de l’Inde Ce chapitre donne de nombreuses illustrations de l’islamisme en action au cours de l’histoire et de nos jours, en cequi correspondrait à 35 pages en format livre. Cependant, il n’est pas indispensable au développement principal du sujet, nous renvoyons donc le lecteur au texte principal, à propos des sections ci-dessous qui l’intéressent. La guerre sainte en action : l’exemple de l’Inde L'islamisme persécuteur : l'esclavage musulman en Inde. L’islamisme pakistanais : la menace du chaos et l’assassinat de Benazir Bhutto Le monde des fatwas Les chances d’évolution des oulémas Le syndrome d’Akbar La différence entre conservatisme stable et fondamentalisme conquérant

Mémoire et pardon

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Ch 13

Psychologie d'une idéologie totalitaire

Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument

Lord Acton, philosophe de l'histoirelxxvii La laïcité n'enseigne pas la proscription de la foi, mais neutralise les tentatives

d'incarnation politiques de l'Un, celles-là même qui jettent aujourd'hui l'ombre de leur folie sur le monde musulman.lxxviii Fethi Benslama

Peut-on se comporter en êtres humains sans refuser radicalement la barbarie islamiste? Fariba Hachtroudilxxix

Il a été transmis par Barad ben Azib que le Prophète a déclaré que "Pour Dieu, il était plus supportable que le monde soit détruit plutôt qu'un seul musulman soit assassiné"

hadîth de Ibné Majalxxx Venez, de gré ou de force (Co 41 10)

Au début, j'avais mis dans ce titre « psychologie totalitaire ». Cependant, un ami spécialiste de sciences politiques m'a fait remarquer qu'un État totalitaire avait une définition bien précise, qui ne pouvait pas s'appliquer à tous les gouvernements se référant à l'islamisme, au moins par exemple ce n'est pas le cas avec le gouvernement néofondamentaliste de Turquie. Il aurait plutôt fallu parler selon lui de régimes autoritaires. Cependant, une distinction utile est aussi entre totalitarisme politico-social ou bien psychologique. Par l’absolutisme de ses exigences de soumission, l’islamisme est clairement un totalitarisme psychologique, même s’il n’a pas si souvent la capacité de le traduire dans les faits socio-politiques concrets. Soyons clairs : une doctrine totalisante qui devient totalitaire dès que l’opportunité de le faire, l’est au fond dès le début.J’ai donc remis dans le titre « totalitaire ». De Prémare, un spécialiste de l’histoire des protomusulmans, a bien remarqué que dès les origines le terme ‘islam’ a signifié une soumission beaucoup plus politique et idéologique que mystique au Dieu tout-puissant. Le totalitarisme, qu'il soit politique ou religieux, est brutal. Cependant, le premier est stupide, alors que le second est intelligent – ou on pourrait dire de façon plus critique, pervers. En effet, en s'immisçant dans la vie morale et spirituelle des gens par de longues séries d’avis pieux, il s'impose non seulement de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur de la personnalité et dans son intimité, et la paranoïa engendrée devient vite indissociable de ce que sujet croit représenter son identité même. C'est pour cela que le totalitarisme politique, bien que pouvant être très destructeur, a généralement la vie brève, alors que son équivalent religieux a malheureusement la vie longue, pour ne pas dire dure. En écrivant ce chapitre, je me souviens aussi du grand psychologue Erich Fromm, qui a effectué un travail important pour comprendre la psychologie des dictatures et des idées

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totalitaires. Son idée principale, par exemple dans son livre La fuite de la liberté publiée en 1941,lxxxi c'est que "si l'humanité ne peut vivre avec les dangers et les responsabilités inhérentes à la liberté, elle va probablement se tourner vers des doctrines autoritaires." Comme le disait un jeune homme qu’il cite et qui était engagé dans le nazisme, "ma croyance me libère de la liberté de choix". Pour donner une idée des effets de l’autoritarisme islamiste direct ou indirect sur les sociétés humaines, quelques chiffres sur une version de l’islamisme réputée « modérée » vaudront mieux que de longs discours :

" Dans la Turquie d'aujourd'hui, qui tente d'être laïque, un non musulman ne peut être ni officier dans l'armée, ni fonctionnaire d'autorité, ni professeur d'université, etc. Il y avait 100% de non musulmans dans la Turquie au moment de l'invasion musulmane, 30% en 1900, 0,2% aujourd'hui. La disparition des chrétiens a été accomplie par le génocide des Arméniens, la déportation des Grecs, l'émigration sous contrainte et la dénatalité provoquée de tous les non musulmans."lxxxii

"En 1915, un million et demi en Arménie, le tiers des chrétiens maronites du Liban, soit deux cent mille personnes, la presque totalité des chrétiens chaldéens du nord de ce qui est aujourd'hui l'Irak, environ six cent mille personnes; deux millions de chrétiens soudanais de 1960 à aujourd'hui; un million de chrétiens biafrais en 1967; deux cent cinquante mille chrétiens timorais de 1980 à 2000, etc. Chaque fois, ces génocides ont été faits non par des extrémistes, mais par des gouvernements, soit au nom de l'islam, soit en utilisant des exécuteurs motivés par l'islam. La zone couverte par ces massacres couvre 13.000 kilomètres d'est en ouest, et 3.500 du sud au nord. Comment imaginer que, sur une telle étendue géographique, et sur une durée d'un siècle, il s'agisse de hasards malheureux ? "lxxxiii

La plupart des régimes musulmans actuels sont des despotismes, et semblent peu éclairés. Quand les islamistes réussissent à les faire revenir au Coran et à la Sunna, la condition essentielle du Paradis sur terre, ils deviennent encore plus despotiques...et encore moins éclairés. Iqbal, le surhomme islamiste et la création du Pakistan. Mohamed Iqbal (1876, 1938) était au départ écrivain et poète, mais il s'est lancé dans la politique et il est devenu président de la Ligue Musulmane Indienne dans les années 30. Il a été l'un des principaux inspirateurs de la doctrine de l'incompatibilité des hindous et des musulmans sur une même terre, ce qui a mené finalement à la Guerre de partition avec un million de morts, et indirectement à la seconde guerre de séparation du Pakistan et du Bangladesh avec des chiffres de morts oscillant selon les auteurs entre 300000 et un million et demi de vies sacrifiées. Cela a fait aussi manquer la chance au sous-continent indien d’être un pays uni aussi nombreux et puissant que la Chine elle-même. Du point de vue psychologique, il présentait certainement une double personnalité, avec parfois de grands élans émotionnels vers l'universel, mais en toile de fond une intransigeance intégriste. C'est malheureusement cette dernière qui l'a guidé dans son action politique et qui a inspiré ses successeurs dans le sens de la guerre sainte. Du point de vue psychique, il a évolué toute sa vie entre dépression et paranoïa, selon un mécanisme que nous avons analysé en détail dans le chapitre 2. Son succès politique a

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été dû au fait qu’il reflétait, avec un don poétique certes, la psychopathologie des masses musulmanes de son époque. Nous avons analysé sa personnalité et biographie en une douzaine de pages en distinguant les points suivants : Les éléments de biographie, Elans de tolérance et rapport au soufisme, Le rêve dangereux du surhomme islamiste, L’ego politico-religieux, Notion d'incompatibilité entre musulmans et hindous et régression à l'intégrisme, Idéologie totalitaire et double personnalité. Psychopathologie de l'intolérance. Le traité de l'intolérance de Voltaire devrait être réécrit à chaque génération, car toutes les époques recyclent de vieux sectarismes et réussissent d'une façon ou d'une autre à fomenter de nouveaux troubles. À l'époque du développement de l'islam vers le VIIe siècle, tout le monde était idolâtre à peu près, si l'on inclut dans cette définition les chrétiens avec leurs icônes et leur association du Christ à Dieu en tant que Fils. Dans ce sens, l'anti-idolâtrie stricte était donc une doctrine très commode pour un groupe d’origine principalement judéo-nazaréenne aux ambitions impérialistes. Elle donnait une sanction métaphysique pour attaquer qui on voulait comme on voulait quand on voulait sous prétexte de "détruire les idoles" La soumission du fidèle est renforcée psychologiquement constamment par toutes sortes d'actes de la vie quotidienne qui sont en fait des coutumes souvent plutôt conventionnelles, mais qu'il faut accomplir scrupuleusement, justement pour prouver qu'on est soumis. On pourrait dire que le vrai succès d'une idéologie totalitaire, c'est de faire aimer à la population son esclavage : en cela, il semble que l'islamisme n'ait pas mal réussi au moins en certain pays, et avec une certaine partie de la population, y compris, paradoxalement, avec un certain nombre de femmes que pourtant il opprime sévèrement. Quand on cherche à tracer la généalogie de l'intolérance, il est intéressant de voir que le Pharaon évoqué par le Coran était en fait aussi jaloux qu'Allah lui-même, car il a dit à Moïse : "Si tu adores un autre illah (dieu) que moi, je t'enferme avec les bagnards". (Co 26 29) On peut en fait inverser la comparaison et raisonnablement supposer qu'Allah pourrait être une sorte de Pharaon céleste, de despote absolu et autoproclamé. La division entre la majorité orthodoxe, conservatrice et les opposants est aussi exagérée, en ce sens que ces derniers sont régulièrement étiquetés de fous. Les soufis par exemple en étaient souvent réduits à se définir eux-mêmes comme des sortes d'aliénés pour avoir la vie sauve. C'est un processus qui est caractéristique des idéologies totalitaires, comme en Russie soviétique : les dissidents ne peuvent être que fous, et la majorité que saine – puisque bien évidemment elle est la majorité ! Moyennant quoi, les dizaines de millions de morts s’accumulent de façon tout à fait…rationnelle. Alexandre del Valle détaille, dans un ouvrage très bien documentélxxxiv, les pogroms contre les juifs et les chrétiens dans la région de Cordoue au XIIIe siècle. Il y en avait environ un tous les 10 ans, si ce n'est plus. Il s’agit d’un argument historique de poids pour soutenir que le paradis de l'harmonie des trois monothéismes à Cordoue a été un mythe. Le paradoxe du prêcheur mégalomane ordinaire, c'est qu'il exhorte ses ouailles à s'humilier devant le Tout-puissant, alors qu'il est lui-même dans un délire de toute puissance.

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Le côté le plus sombre de cette violence de l’islamisme radical, ce n'est peut-être pas les actes eux-mêmes, mais l'absence souvent complète d'autocritique qui les suit. Le prétexte du djihâd représente une ‘absolution absolue’ en soi, et ne peut être remis en question. Cela amène à des dénis psychotiques collectifs et massifs de la réalité. Pour ou contre la notion de fascislamisme. Bernard-Henri Lévy procède à un réquisitoire en règle pour l'adoption de la notion de ‘fascislamisme’. Il réagit vivement à l'idée que l'Holocauste ait été un problème purement européen et que donc il ne serait pas juste d'en imposer les conséquences aux Arabes.

Le grand Mufti de Jérusalem était l'oncle de Yasser Arafat et on a retrouvé dans les archives du Haut Commandement de l'Armée allemande que « seuls les fonds mis à la disposition du grand Mufti de Jérusalem par l'Allemagne » lui avaient permis d'organiser sa petite Nuit de cristal en Palestine. L'alliance avec les nazis n'était pas seulement de convenance pour lutter contre les Anglais qui voulaient imposer les juifs en Palestine, elle était idéologique aussi « Le grand Mufti dit que l'Allemagne ‘est le seul pays au monde qui ne soit pas contenté de combattre les juifs à domicile mais qui ait déclaré la guerre à l'ensemble de la juiverie mondiale ; dans cette guerre contre la juiverie mondiale, les Arabes se sentent profondément liés à l'Allemagne’lxxxv

Le problème n'est pas tellement la fixation de l'islamisme radical sur la lettre du Coran ...puisqu'il y a beaucoup de lettres dans les mille pages du Coran, mais l'esprit totalitaire, sur le plan politique tant que psychologique, qui anime ce mouvement. Il est né d'ailleurs à la période fasciste et en écho aux milices de Mussolini ou d'Hitler. Les musulmans ont fait construire une fausse maison de naissance de la mère de celui-ci en Égypte, à Anta. « La vraie ligne et les partages est donc une ligne, non pas religieuse, mais politique. Fascislamisme sert à ce partage. Fascislamisme est le concept qui permet d'éviter l'amalgame entre musulmans démocrates et terroristes. Fascislamisme est un bon concept parce que c'est le seul qui permet de dire qu'il n'y a pas un islam mais plusieurs, ou au moins deux – celui qui tolère le fascisme et celui qui s'en détache. Ici encore, et ici plus que jamais, recherche gauche antifasciste désespérément... »lxxxvi La masse même des croyants d’une religion donnée peut rendre cette dernière encore plus problématique pour le reste de l’humanité : quand une fourmi devient folle, cela ne gêne personne, mais si c’et l’éléphant qui perd la tête et devient furieux, cela s’avère très dangereux pour toute la société environnante. Si les gouvernements issus du Printemps arabe et de sa mouvance observent sincèrement la démocratie, il est bien possible que l’islam s’érode beaucoup plus vite qu’on ne pense ; de même, le christianisme s’est érodé rapidement une fois que la vraie démocratie est venue, à la fin du colonialisme, c’est-à-dire en 1962 pour la France, avec l’indépendance de l’Algérie. Une pensée religieuse totalitaire ne s’accommodepas bien d’une liberté de l’information à long terme. Décentralisation et dissémination du sectarisme islamiste. Le fait qu'il n'y ait pas un "pape musulman" pour centraliser l'islam ne diminue en rien le côté totalisant de la religion, peut-être même on peut argumenter qu'il l’augmente. Chaque dictateur local peut coopter les oulémas, les séduire, les acheter ou les terroriser

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pour avoir finalement leur aval officiel et « s'offrir » à lui-même une tyrannie de droit divin. Il n'y aura pas de pape extérieur, relativement lointain et indépendant pour le critiquer et limiter son pouvoir : l’aspect totalitaire, couvrant donc à la fois la sphère politique et religieuse, n'en sera que plus fort. Les Eglises protestantes américaines ne sont pas centralisées, cela n'empêche pas bon nombre d'entre elles d'avoir sombré dans un intégrisme virulent, et donc là encore totalitaire. Dans le même sens, un bon exemple de cette loi est la nébuleuse des mouvements djihâdistes dans le style d'Al-Qaida, bien que non reliés souvent hiérarchiquement à cette organisation. Cela ne les empêche pas de répandre à coup de bombes le sang ainsi qu’une idéologie typiquement totalitaire. Ibn Khaldoun explique clairement que le lien qu'on fait les Arabes entre la religion et le temporel dès les origines de l'islam était dû à leur volonté de conquête du monde. Mohamed disait dans ce sens : « J'ai reçu l’ordre de combattre les hommes jusqu'à ce qu'ils disent : pas de divinité exceptées Allah »lxxxvii C’est une définition quasi caricaturale d’une pensée totalitaire Les musulmans modérés protestent contre l'adjectif « islamiste » associent aux attentats terroristes Pourquoi pas, disent-ils, ne pas qualifiaient de chrétiens les terroristes basques ? La raison en est plutôt simple : les terroristes islamistes se réclament général explicitement de la religion et de sa « défense », même quand elle est emmêlée à des revendications territoriales, alors que les Basques ne la font pas entrer du tout en ligne de compte. Psycho-épidémiologie A chaque objet d'étude correspond une science qui peut l'appréhender. Si l'on considère l'expansion de certaines doctrines religieuses qui encouragent la violence, la science adaptée pourrait s'appeler la psycho-épidémiologie. Son but serait d'examiner pourquoi et comment des croyances sectaires qui n'ont que peu de fondements psychologiques raisonnables se répandent non sans verser beaucoup de sang au point de prétendre être universelles. Quand on regarde toute cette histoire, on a parfois l'impression d'être dans le monde sans pitié des micro-organismes : c'est le plus virulent qui gagne, au moins jusqu’à un certain point. Pour qu’une épidémie se répande largement, il faut qu’elle ait un bon nombre de porteurs sains. C’est là toute la question des islamistes qui se présentent comme modérés. La paranoïa religieuse est une maladie éminemment contagieuse, autant que la variole. Pendant longtemps, on a pensé que celle-ci était un fléau indissociable de la condition humaine, et puis finalement, dans les années 1970, on a réussi à complètement l'éradiquer : ce qui n'était qu'un rêve est devenu une réalité. A quand les bienfaiteurs de l'humanité qui trouveront le moyen de faire disparaître complètement les pandémies de paranoïa religieuse ? Pureté de l'islamisme et purification ethnique : l'invasion du territoire de l'autre. Que trouve-t-on donc en revenant non seulement au début de l’islam, mais du monothéisme ? Mussa (Moïse) dit à son peuple : implorez Allah, persévérez, la terre est à Allah, il en fait héritier qui il décide parmi ses serviteurs, et la rétribution est à ceux

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qui le craignent. (Co 7 128). Derrière un style pieux et archaïque, ce verset signifie en clair que les non musulmans n'ont pas le droit à la propriété terrienne, et il est donc suffisant à lui seul pour justifier ces purifications ethniques opérées par l'islam en différentes parties du monde. Que trouve-t-on donc en revenant non seulement au début de l’islam, mais du monothéisme ? Mussa (Moïse) dit à son peuple : implorez Allah, persévérez, la terre est à Allah, il en fait héritier qui il décide parmi ses serviteurs, et la rétribution est à ceux qui le craignent. (Co 7 128). Derrière un style pieux et archaïque, ce verset signifie en clair que les non musulmans n'ont pas le droit à la propriété terrienne, et il est donc suffisant à lui seul pour justifier ces purifications ethniques opérées par l'islam en différentes parties du monde. Il ne s'agit pas d'un combat provisoire : dans Co 8 67, on dit par exemple qu'il ne sied pas au Prophète ne faire des captifs avant la victoire totale, en d'autres termes, cela fait donc plaisir à Allah qu'on exécute les prisonniers jusqu’à la domination complète de la planète par l’islam. Le crime de guerre tout cru est présenté comme loi divine suprême, il s’agit là encore bien sûr d’une perversion éthique majeure. L'inclusivisme de l'islam par rapport à l'Ancien testament et ses prophètes, ainsi que l'Evangile et Jésus, est souvent présenté comme une forme de tolérance. Cependant, on peut le voir aussi comme le signe même d'un totalitarisme qui veut récupérer pour lui seul ce qu'il y a de plus sacré pour les autres. Nous allons maintenant envisager différentes autres invasions du territoire de l'autre, sous des formes dérivées ou symboliques. a) Le champ sonore : un musulman comme Meddeb regrette amèrement l'invasion des haut-parleurs : "La pollution sonore des grandes villes musulmanes actuelles est aggravée par les appels véhéments à la prière, appels quasi polémiques diffusés par des haut-parleurs saturés et parasités et qui troubleraient le sommeil d'un mort. L'accès sauvage à la technique pervertit un des beaux apports esthétiques de l'islam, celui qui exalte de la voix, un des vecteurs par lesquels la lettre se trouve célébrée."lxxxviii b) Le champ des médias : les islamistes sont intimement convaincus que la presse internationale est profondément biaisée, voir persécutrice à leur égard et donc envers l'islam aussi. Nous avons vu les radicaux effectuer des passages à l'acte spectaculairement violents en grande partie pour qu'on "parle d'eux à la télé" c) Le champ des sciences : Benslama évoque avec une pointe d'humour l'islam qui essaie de se moderniser en le désignant de National-théo-scientisme.lxxxix Le champ de la démocratie : Les islamistes envahissent ce territoire de la démocratie en ce sens que lorsqu'ils sont élus, ils ont toutes les chances de ne plus vouloir lâcher le pouvoir. C’est un problème de fond. Ils résument cette stratégie plutôt simple en une formule : « Un homme (mâle), une voix, une fois ». Est-ce que cette tendance pourra évoluer, l’avenir le dira, là encore, je ne suis pas prophète. Le champ de la raison : On cite souvent l'exemple des Mu'tazilites comme un essai du retour de la raison en islam, et en en fait presque comme une tentative de rationalisme.xc Cependant, ils

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continuaient à reconnaître que l'autorité suprême était le Coran et son Prophète, de nos jours, on peut s'attendre à autre chose de la part de rationalistes... h) Le champ du corps : Nous avons déjà parlé de la circoncision, il y a& aussi l’obligation d’être enterré dans un cimetière musulman,en quelque sorte pour que même les dépouilles soient enrôlés dans le devoir de « témoigner ». Charia et compulsion de répétition. Le Coran et les hadîths donnent lieu à une longue liste de contradictions: c'est Dieu qui décide tout mais nous sommes malgré tout responsables et il va d'ailleurs nous punir pour nos actes, aller vers la mort est signe de vie, Allah n'a pas d'associés mais seulement Mohamed lui est intimement associé… on pourrait allonger à loisir l'énumération de tous ces paradoxes. Une manière dont certains théologiens musulmans les ont résolus, c'est de dire que le Tout-puissant voulait nous mettre en face de l'absurde pour que nous renoncions définitivement à nous servir de notre raison pour évaluer les enseignements religieux. Commode. En psychologie de la manipulation mentale, il s'agit d'une technique bien connue, rendre le sujet confus pour qu'il devienne suggestible, voire un peu schizophrène et plus facilement contrôlable. Ce qui frappe quand on lit les règles de la charia à propos de la guerre sainte, c'est leur côté minutieux et bureaucratique, dans quels cas il est licite de violer les femmes et les enfants, ou alors il est meilleur de les vendre en esclavage ou de les tuer purement et simplement etc.xci En fait, les idéologies totalitaires abondent en règles administratives pour organiser les massacres. L'Allemagne nazie ou la Russie soviétique n'ont pas fait exception à la règle. Pour sortir de cette compulsion de répétition de la charia, les populations d'immigrants en Europe sont un espoir réel : extraits de leur pays musulman d'origine, ils ont enfin la liberté de choisir à quel type d'islam ils veulent se rattacher ou à quel type de voie spirituelle en dehors de l'islam, et même ils peuvent devenir officiellement athées. Les liens de l'islamisme avec les totalitarismes Commençons par citer quelques chiffres sur les résultats concrets des idéologies totalitaires : ces sinistres leçons du passé ont l'intérêt de nous faire comprendre que de toute façon, les dictatures ne sont pas la solution quelque soit leur bord, y compris religieux.

« Si on ne prend en compte que les assassinats dont les victimes sont enregistrées dans des archives, le nombre des morts dus à l'idéologie socialiste se "limite" à 85 millions, mais hélas les archives totalitaires ont été pour une part systématiquement détruites, et sont de toute façon fort loin d'avoir tout répertorié. Une méthode plus exacte se fonde sur les déficits démographiques, par exemple l'étude, cautionnée par Soljenitsyne, faite sur le socialisme soviétique par l'Institut Statistique de Leningrad: le socialisme soviétique a tué 75 millions de personnes, dont 65 pendant l'époque de Lénine et de Staline. Le national socialisme, nommé par abréviation nazisme, a entraîné la mort de 40 millions d'humains, le socialisme maoïste celle de 160 millions : 50 pendant la guerre de conquête du pouvoir, 60 pendant le Grand Bond en avant, par la famine et la répression des émeutes de la faim, 40 pendant la Révolution Culturellexcii”

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Hitler lui-même soutenait en résumé que la violence est ce qui impressionnait le plus les masses, et avait le plus de pouvoir pour les mobiliser. Un livre paru assez récemment, La svastika et le croissant, détaille les relations entre l'islam de l'époque et le nazisme. Les relations étroites du monde arabe avec le bloc communiste pendant la guerre froide sont bien connues. Cependant, cela se savait à l'époque que le régime soviétique était tout à fait totalitaire. Pourquoi avait-t-il tant d'affinités avec l'islam et le panarabisme ? Etait-ce encore là une illustration du proverbe "qui se ressemble s'assemble"? Il ne s'agit pas de donner des réponses univoques sur des questions si vastes et complexes, mais la question est posée. La mystique du massacre et l'expansion de l'islamisme. Le sentiment de se sentir dans une masse, y compris dans une religion qui compte plus d'un milliard de personnes, peut favoriser des vécus de toute puissance, et donner à un groupe donné une ivresse prométhéenne. Pour remonter l’histoire, commençons par Elie : il est considéré dans les religions du Livre comme le patron des mystiques. Cependant, il avait ses aspects sombres aussi, il a massacré 400 prêtres de Baal, et même après son expérience sur le Sinaï, il a continué à exciter les rois d'Israël à la guerre sainte, tant et si bien qu'à la fin de ces campagnes, il n'y avait plus que 7000 juifs de survivants. D'après les critères modernes, ne serait-il pas considéré comme un criminel de guerre peu banal, même dans ce milieu plutôt spécial, puisqu'il a réussi à égorger 400 personnes de ses propres mains ? Je ne vois pour le concurrencer qu'Ali, le cousin et ami préféré du Prophète, quand il a décapité de ses propres mains et sous les yeux de Mohamed 400 des 800 prisonniers juifs en une journée sur la place du marché de Médine. Il est intéressant de relever la polysémie du mot fatha : à l'origine, le terme signifie 'ouverture', mais il s'est mis aussi à désigner la religion de Mohamed, car il s'agissait d'une innovation à son époque, puis le terme a été surtout interprété comme une victoire extérieure sur les infidèles. Ainsi, on voit encore comment la projection d'une expérience mystique qui a dû avoir des aspects positifs, l’ouverture intérieure au Divin, a dégénéré en une interprétation plutôt grossière et brutale pour justifier des agressions politico-religieuses. Puisque nous parlons dans cette partie de la mystique du massacre, il nous faut citer le verset du Coran Nous ne les avons pas tués, c'est Allah qui les a tués. (Co 8 17). Si l'on réfléchit sur cette notion non pas du point de vue de la haute spiritualité de l'abandon de son ego à Dieu, mais de celui de la psychologie clinique terre à terre, on peut y voir le signe d'un passage à l'acte psychotique avec dédoublement massif de personnalité pour éviter la culpabilité. Les deux points de vue ont leur valeur, il faut seulement savoir si on s'en sert avec justesse ou au contraire avec perversité. Pour les esprits raisonnables, il est plutôt triste de voir qu'en notre début de troisième millénaire, un roman de science-fiction comme l'attente du retour imminent du Mehdi à l'occasion d'une guerre générale est au coeur de la politique déstabilisée de l'Iran actuel. Et quelle est la principale force en face pour lui répondre ? Une Amérique engluée dans la croyance à une Apocalypse non moins imminente... La science politique de demain inclura certainement une réflexion en profondeur sur la force et la contagiosité des délires systématisés. Les totalitarismes, eux aussi, sont mortels.

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Un point de vue intéressant à propos de la question souvent débattue de savoir s'il y a ou non guerre de civilisations, c'est celui de J.L. Nancy qui parle d'une guerre civile à l'intérieur même du monothéisme. Meddeb comment ainsi: "Il y a une brisure et une béance au milieu du divin. Aussi bien l'Occident n'aura-t-il été que l'épuisement du divin, dans toutes les formes du monothéisme – que ce soit épuisement par athéisme ou par fanatisme."xciii D’où le succès en miroir de doctrine comme le bouddhisme ou le yoga, qui mettent la non-violence et l’expérience intérieure au dessus de la croyance et de l’embrigadement politico-religieux. L’attitude libérale « ne voir que le positif », souvent masquée par une spiritualité plutôt molle, au fond n’est pas si juste. Il faut se souvenir que les dictatures n’ont tenu au pouvoir que grâce à l’assentiment silencieux de la masse.

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Ch 14

Les origines de l'islam revisitées En parallèle et au fil du temps se confirmera dans le monde musulman le processus déjà entamé de laïcisation, analogue à celui de l’Europe post-chrétienne et déjà présent dans un des courants ayant mené au Printemps arabe. Les masses finissent par réaliser – mieux vaut tard que jamais – qu’elles ont été profondément bernées par les légendes officielles colportées par leur religion d’origine, et personne n’aime être berné. De là vient et viendra encore plus un rejet profond. Restera alors de la religion monothéiste, comme en Europe actuellement, une sorte d’humanisme moralisateur et il ne subsistera probablement qu’une très faible minorité, actuellement en Europe il s’agit d’1% de la population, à croire à 100% au credo de leur religion. Soyons réaliste, cela sera la meilleure prévention d’éventuelles guerres de religion à venir, plus efficace concrètement que le dialogue interreligieux, si sincère soit-il. Nous allons beaucoup résumer ce chapitre : l’essentiel est de savoir que les historiens ont trouvé une dissociation quasi-complète entre le Coran et Mohamed, et évidemment cela fait « imploser » le noyau dur de l’islam. Le Mohamed supposé du Coran est en fait « le Loué » c’est-à-dire un nom de Moïse. Une évolution très progressive Notre présentation générale sera aidée par les citations d'un livre en fin d'écriture qui m'a été aimablement communiqué par l'auteurxciv grâce à un enchaînement de circonstances et de rencontres. Il résume pour un public assez large les deux livres plutôt épais et spécialisés d'Alfred-Louis de Prémare sur Les Fondations de l'islam et d'Etienne-Marie Gallez. J'ai moi-même lu le livre de Prémarexcv et le tome II de la thèse de Gallez qui à lui seul fait plus de 500 pages, et qui représente une enquête passionnante sur l'histoire de l'islam à ses débutsxcvi. Elle réussit à faire revenir, sous la fumée des légendes, jusqu’au feu de la réalité. Que reste-t-il de Mohamed après le passage de l'analyse historique ? La contradiction la plus considérable dans les origines de l'islam, c'est que pratiquement tous les personnages chers au cœur des fidèles au début de cette religion ne sont même pas mentionnés dans le Coran, alors que des prophètes quasiment totalement oubliés des temps anciens de la Bible le sont. Ali, Fatima qui sont les fondateurs du chiisme, et qui représentent le lien avec le Prophète et le centre même de la dévotion des masses iraniennes par exemple, n'existent pas pour le Coran, les califes ne sont pas mentionnés et même Mohamed ne l'est pratiquement pas.

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"Le nom de Mohamed ne figure que quatre fois dans le Coran. L'exégèse moderne démontre que ces quatre mentions directes sont des ajouts postérieurs à la première rédaction fondée sur les textes collectés sur l'ordre des califes. La tradition califale pallie cette absence en utilisant les termes de prophète, annonciateur, avertisseur, apôtre, etc., présents 405 fois dans le Coran. Selon cette tradition, ces termes non spécifiques désigneraient Mahomet.... Les différents personnages de la Bible, Jésus, Marie, Abraham, sont tous désignés par leur nom. Il reste un personnage qui, dans le Coran, se détache de tous les autres : Moïse. Non seulement il est nommé 170 fois, mais de plus il est appelé dix fois prophète, et aussi premier des croyants, confident de Dieu, aimé de Dieu, choisi de préférence à tous les hommes, doué de sagesse et de science. Il y a tout lieu de penser que l'annonciateur, l'apôtre, l'envoyé etc. est ce même Moïse qui se détache si nettement, et certainement pas Mahomet, dont le nom a du être ajouté ultérieurement pour qu'il ne soit pas totalement absent."xcvii

Il faut d'ores et déjà signaler que les sources des musulmans à propos de l'origine de leur religion sont très tardives, seulement deux siècles après les événements qu'ils sont censés décrire historiquement. La contradiction la plus considérable dans les origines de l'islam, c'est que pratiquement tous les personnages chers au cœur des fidèles au début de cette religion ne sont même pas mentionnés dans le Coran, alors que des prophètes quasiment totalement oubliés des temps anciens de la Bible le sont. Ali, Fatima qui sont les fondateurs du chiisme, et qui représentent le lien avec le Prophète et le centre même de la dévotion des masses iraniennes par exemple, n'existent pas pour le Coran, les califes ne sont pas mentionnés et même Mohamed ne l'est pratiquement pas.

"Le nom de Mohamed ne figure que quatre fois dans le Coran. L'exégèse moderne démontre que ces quatre mentions directes sont des ajouts postérieurs à la première rédaction fondée sur les textes collectés sur l'ordre des califes. La tradition califale pallie cette absence en utilisant les termes de prophète, annonciateur, avertisseur, apôtre, etc., présents 405 fois dans le Coran. Selon cette tradition, ces termes non spécifiques désigneraient Mahomet.... Les différents personnages de la Bible, Jésus, Marie, Abraham, sont tous désignés par leur nom. Il reste un personnage qui, dans le Coran, se détache de tous les autres : Moïse. Non seulement il est nommé 170 fois, mais de plus il est appelé dix fois prophète, et aussi premier des croyants, confident de Dieu, aimé de Dieu, choisi de préférence à tous les hommes, doué de sagesse et de science. Il y a tout lieu de penser que l'annonciateur, l'apôtre, l'envoyé etc. est ce même Moïse qui se détache si nettement, et certainement pas Mahomet, dont le nom a du être ajouté ultérieurement pour qu'il ne soit pas totalement absent."xcviii

Nous pouvons ajouter à cela un élément central, c'est que le terme Mohamed n'est pas un nom de personne en arabe, il correspond dans son équivalent araméen à un adjectif qualificatif associé d'habitude à Moïse et signifiant 'le loué', on parlera donc de 'Moshé Mohamed' pour dire 'Moïse-le-loué'; il pouvait s'appliquer aussi à n'importe quel chef de tribu arabe, surtout quand il était pris de transes chamaniques et se mettait à parler comme un channel de leur prophète à tous, c'est-à-dire à cette époque Moïse lui-même. Les historiens ont très peu d'éléments vraiment sûrs à propos de Mahomet, mais considèrent qu'il a existée en tant que chef de guerre et politicien qui a enclenché les conquêtes de l'islam. Prémare est d'avis que la charte de Yathrib (Médine) est le seul

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texte de Mahomet qui soit authentique. Prémare, spécialiste des origines de l'islam, affirme clairement : « Toute biographie du prophète de l'islam de n'a [pas plus] de valeur que celle d'un roman qu'on espérerait historique. »xcix Voilà un commentaire tout simple du professeur d’histoire qui est sévère pour les croyants. Par contre, le rapport de Mohamed avec le Coran est fortement remis en question. On doit remarquer que le pacte de Yathrib ne ressemble guère à la Constitution d'un État au sens moderne du terme, mais représentent plutôt une sorte d’accord de complicité entre groupes militarisés pour organiser des guerres d'agression. On voit souvent que les fondateurs présumés des religions ou prophètes sont des entités de synthèse construites par couches successives : pourquoi Mohamed ferait-il exception ? L'invention du Mahomet, et de l'Ali du Hadîth pour les chiites répond aux besoins dévotionnels des populations, car leur statut est quasi divin, quoi qu'en disent les malédictions habituelles de la théologie islamique contre les associés à Dieu. Il faut comprendre que les croyants du départ avait une donnée fragmentaire, c'est-à-dire cette anthologie de textes appelés Coran, mais il fallait combler les manques et la rendre plus vivante en inventant les circonstances de soi-disant révélation de versets, et c'est ce qui a donné naissance à toute la littérature du Hadîth et des biographies de Mohamed. La légendologie islamique a été en quelque sorte piégée par l'identification intime qu'elle a faite entre Moïse et Mohamed. Il fallait que le second, comme le premier, ait imposé le monothéisme dans les ténèbres du polythéisme. Le seul problème, c'est que le Moyen-Orient, y compris l'Arabie péninsulaire depuis le VIe siècle, était déjà monothéiste à l'époque de Mahomet : il y avait des juifs et des chrétiens orthodoxes, mais surtout les nestoriens, des jacobites et des judéo nazaréens. Le mythe de la fondation d'un nouveau monothéisme arabe se réduit donc, après analyse, à des querelles pour le pouvoir plutôt sanglantes et fratricides, et au fond peu glorieuses, entre sectes de toutes façons déjà monothéistes. Quand on regarde la poudrière du Moyen-Orient actuel, on a bien l'impression qu'on en est toujours là. La violence religieuse tourne toujours autour des mêmes obsessions, en terme critique, on est toujours dans le même asile de fous. La fitna entre Mohamed et le Coran stations à propos de ces manipulations collectives, c'est sans doute que dès le début, l'islam insistait sur la prière publique, "qui vaut vingt-cinq fois la prière privée". Quand les gens sont en groupe, c'est bien connu que leur sens critique s'émousse par un effet puissant de grégarité, et qu’il faudrait une intériorisation individuelle pour le retrouver.

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En 644, il y a eu un dialogue entre Jean 1er et un émir d'Oms en Syrie : 'Il est remarquable que, dans tout le cours de la controverse, pas une fois l'émir ne mentionne ni le Coran, ni Mahomet, ni l'islam. Son but est de convaincre le Patriarche que le Christ est certes un prophète, mais non pas Dieu. » Une des raisons simples à cela, c'est qu'il n'y avait pas encore de Coran clairement constitué, et peut-être aussi que Mohamed n'avait pas encore été inventé. S'il avait été le grand homme tel que le présente l'hagiographie islamique, comment deux personnages importants vivant douze ans après sa mort, dont l'un aurait dû être le disciple du Prophète, auraient pu oublier de le mentionner? « Pendant les cinquante ans qui suivent la mort de Mahomet, aucun texte, aucune inscription, ne mentionne que Mahomet aurait été un prophète ayant reçu le Coran. » Plus les témoins sont proches des évènements, plus leur silence à propos du supposé Mohamed est signifiant : "Un des seuls témoins directs de la prise de Jérusalem en 634, le poète Eléazar Qilir ne désigne pas le chef des Arabes sous le nom de Mohamed, il le caractérise par l'expression "Messie de guerre" plutôt que par son nom, comme son contemporain Thomas le presbyte".

Répercussions psychologiques des "mythes en miettes" sur les croyants Pour Benslama, l'intégrisme inclut un délire de représailles contre l'histoire moderne « accusée de désabriter les fidèles, de les enfermer dehors dans l'incroyance... » En fait, il y a du vrai là-dedans. Ayons le réalisme d'un juge d'instruction : si la tradition de l'islam a menti sur la question centrale de la rédaction du Coran par Mohamed, pourquoi ne l'aurait-elle pas fait sur les détails de sa vie auxquels les musulmans sincères sont si attachés ? N'est-ce pas le moment de dire en inversant le proverbe : "Qui vole un boeuf vole un oeuf?" Quand le bateau sombre en mer, la table qui est sur le pont, la théière sur la table et le sucre dans le sucrier, tout cela coule ensemble et prend l'eau, il n'y a pas d'autre possibilité. Il ne reste plus rien que l'océan, en termes métaphysiques il ne reste que le Divin fondamental, le Soi ou la Conscience pure quel que soit le nom qu’on lui donne, après la disparition d'une forme religieuse qu’on croyait éternelle, mais qui en fait n'était que passagère à cause justement de sa personnalisation : en effet, comme chacun le sait, les personnes, même collectives, sont mortelles, elles se font et se défont. Revenons sur la notion de fitna. Nous avons vu que la psyché musulmane était absorbée comme par un trou noir par cette fitna, cette faille, cette fissure initiale entre les chiites et sunnites qui aurait mis fin à l'Age d'Or. Déjà, il est possible que ce ne soit pas vrai historiquement, les deux groupes ayant été séparés dès l'origine entre ismaéliens (à l'origine des sunnites, les mots ‘ismaélien’ ayant donné a priori ‘musulman’) et agaréens (à l'origine probablement des chiites) avant même que l'islam ne se développe comme religion individualisée. Ils ont eu une croissance parallèle mais jamais unifiée, sauf sous quelques dictatures. L'islam sans la dévotion à Mohamed ne semble guère viable, il perdrait sa raison d’être, ce serait comme un corps sans coeur. N'est-ce pas la situation actuelle ? Quel être raisonnable aura de la dévotion pour un prophète qui en fait, n'a ni prophétisé ni rien révélé, il a été simplement, s'il a jamais existé, un chef de bandes guerrières qui a eu quelques succès locaux en profitant de la décomposition d'un vieil empire ? Est-ce que l'amour ne risque pas de s'inverser subitement en colère contre lui ? Voilà la fissure, la fitna et blessure profonde de la psyché musulmane sous le coup de la modernité, et la radicalisation islamique à mon sens est en bonne partie causée par une surinfection secondaire sur cette plaie ouverte. D'où aussi l'exacerbation du tabou, voire de la paranoïa

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pandémique autour de "l'honneur du Prophète", que deux petites caricatures parues dans une presqu’île au nord de l’Europe risquent bien sûr de compromettre gravement - tellement elle est fragile en réalité. Quand on parle des fissures, des fitnas que crée la critique moderne dans la conscience musulmane de ses propres origines, il y en a une qui a été insuffisamment soulignée : il existe en fait une contradiction psychologique entre le Mohamed chef de guerre plutôt implacable qui peut aller jusqu'à massacrer 800 prisonniers juifs sur la place du marché de Médine, et le bon père de famille arrangeant le mariage des jeunes, tel qu'il est décrit dans les hadîths. On peut distinguer dans ce paradoxe, voire cette incohérence psychologique la politique de la carotte et du bâton. Le pouvoir de l'islam en général et les mollahs gardent en main deux jeux de cartes, les coeurs et les piques, l'amour et la violence, et selon les besoins politiques et psychologiques du moment, ils abattent sur la table soit leur as de coeur soit leur as de pique. Cela fait sens dans le cadre d'une course au pouvoir, mais est incohérent du point de vue psychospirituel. Montrer par la critique historique que le Coran n'a pas été écrit par le Prophète, c'est comme couper la tête à ce dernier. De plus, prouver que les détails de sa vie, et même peut-être bien sa ligne générale sont des fables, c'est comme lui retirer le cœur, car il n’y a plus de dévotion possible envers une entité qui n’a pratiquement plus rien des traits et qualité qu’on lui a prêté. Que reste-t-il après tout cela, si ce n'est un squelette, des ossements blanchis par le temps, c'est-à-dire la loi dans toute sa sécheresse? Est-ce que cela suffira à maintenir l'islam en vie ? La question mérite d'être posée sans passion, elle est aussi réelle, peut-être même plus que l’assèchement des ressources pétrolières prévisibles à moyen terme dans nombre de pays musulmans, et les guerres de l’eau en perspective dans des pays semi-désertiques à la démographie galopante. Une solution de sauvetage pour les théologiens musulmans serait de faire comme les chrétiens, c'est à dire de dire que c'est l'esprit de Dieu qui a inspiré les différentes recompositions, voire inventions du texte sacré, et que cela revient en fait à peu près au même que la légende officielle d’un prophète personnel authentique. Cependant, la conséquence de ce saut périlleux théologique semble bien avoir été dans le christianisme une chute de la pratique considérable. Au moins en Europe, il n'y a plus que 2 ou 3 % de la population qui va tous les dimanches à la messe, ce qui est pourtant le commandement minimum pour le chrétien. Il est intéressant de voir que la critique historique moderne revient au fond à un iconoclasme intelligent dirigé vers les ‘idoles’ de l'islam, c'est-à-dire Mohamed et le Coran. Retour de flamme contre les plus grands iconoclastes de l’histoire religieuse de l’humanité ? Santé psychologique et rapport au réel. Le propre d'une cure psychothérapique, c'est de discerner entre la croyance et la réalité; dans ce sens, il y a nécessité au sein de cet ouvrage de ce chapitre sur la réalité historique des débuts de l'islam et de la figure de Mohamed. Il permettra de distinguer les projections et le réel L'idéalisation du passé n'est pas simplement le fait des intégristes, elle peut même toucher des intellectuels cultivés. L'un d'entre eux dit avec une naïveté consternante : « Tel est l'écart entre un islam ancien intelligent et aimable, et les formes actuelles de l'islam politique, bêtes et détestables. » N'est-ce pas une vision terriblement

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simpliste des choses? Si les neufs premier califes de l’islam ont péri assassinés, cela n’avait-il rien à voir avec de la politique bête et détestable ? Soyons réalistes Si on semble prêt à accepter un regard critique sur toutes ses croyances sauf sur une d’entre elle, qu’elle soit à propos du fondateur de sa religion ou autre, c’est qu’on est déjà dans la paranoïa religieuse. L’islamisme est au fond actuellement assailli par des peurs du type de celles d’un président en fin de mandat qui sait qu’il va bientôt perdre son immunité et qui réalise avec un frisson la série de procès bien justifié qu’il va avoir pour toutes les manœuvres plus ou moins honnêtes qu’il a effectué quand il était au pouvoir. Il est important pour les sujets cultivés ou qui ont affaire pour une raison ou une autre à l’islam, de suivre un tant soit peu les résultats des recherches sur les origines réelles de cette religion. C‘est un véritable tremblement de terre qui met à bas la plupart des constructions de la légende officielle, et le processus n’est pas fini. Il y a une centaine d’équipes de chercheurs universitaires, surtout dans le monde occidental évidemment, qui travaillent scientifiquement sur les origines de l’islam. Ils ont déjà découvert beaucoup, et vont trouver encore beaucoup plus.

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Ch 15

Quelques éléments d’analyse psychologique à propos du Coran

Nous avons vu beaucoup d’éléments à propos de la distinction importante entre ce qui était historique ou fabriqué dans les origines de l’islam. Nous entamons maintenant une approche à la fois différente et complémentaire : si on prend le Coran et les hadîths comme un tout à la manière des croyants, quel sont les messages psychologiques explicites ou implicites qui sont véhiculés par les textes ? Aident-ils les fidèles ou contribuent-ils à aggraver certains symptômes ? J’ai utilisé la traduction de Chouraqui pour ce chapitre et pour un certain nombre d’autres citations coraniques dans cet ouvrage. L'avantage de cette version est qu'elle suit de près l'original et donc on peut en avoir une certaine saveur directement. Chacun a son point de vue sur un texte sacré donné: Les mystiques par exemple ont extrait pratiquement tout le soufisme d'un seul verset du Coran : Il est plus proche de vous que votre veine jugulaire (50 16). Pourtant, ceci semble une affirmation plutôt banale de la présence de Dieu à l'intérieur de l'être humain, mais ils avaient besoin de ce verset pour justifier leur point de vue vis-à-vis des oulémas rigides et beaucoup plus enclins au légalisme qu'à la spiritualité. Dans ce chapitre, nous prendrons le point de vue de la psychologie du XXIe siècle, c'est celui de la modernité qui a ses méthodes d'approche différentes de la croyance pure et simple, ou des interprétations mystiques au énième degrés, et utilise ses propres critères et grilles de lecture. Dire que les textes sacrés ne sont pas importants – car de toute façon on peut les interpréter comme on veut – représente un pseudo intellectualisme qui n'est pas juste. Les religions ont leurs interprétations standards de leurs Ecritures, avec en plus certaines variations d’écoles qui sont elles aussi classifiées et prises en compte, pour ou contre. Parfois, des centaines de milliers de personnes ont péri à propos d'une interprétation. Dans le chapitre ci-dessous, on peut estimer que les citations sont le reflet moyen de l’ambiance générale du Coran que j’ai lu de a à z, c’est-à-dire de la surate 1 à 114. On peut certes maintenir avec la critique historique récente que l'existence même de Mohamed peut être un mythe, mais même en acceptant cette hypothèse, il faut reconnaître qu’il reflète l'état mental des communautés des débuts de l'islam, en fait entre le IVe et le IXe siècle, car la formation de cette religion a été beaucoup plus longue que ne le dit la légende officielle, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent. Cependant, il est évident que ce mythe a eu une grande influence sur l'esprit des musulmans qui ont suivi, y compris jusqu'à nos jours. Pour ceux qui l'abordent avec un esprit favorable, les Révélations coraniques bénéficient de l’aspect poétique d’un style très ancien, encore plus en arabe qu'en traduction disent les commentateurs. Les rimes et les allitérations ajoutent au caractère hypnotique de la répétition. En fait, si les fidèles étaient sincères, il suffirait pour une Ecriture sacrée de dire simplement « Ne faites pas aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on vous fasse », et ils deviendraient des saints. Par contre, une des banalités religieuses qui court par exemple à

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travers le Coran soutient en substance ceci : « Dieu récompense ceux qui L’aiment, et punit ceux qui ne L'aiment pas. » En d'autres termes, Il aime ceux qui L’aiment, et Il n'aime pas ceux qui ne L’aiment pas. Vient alors naturellement l'objection suivante : « A-t-on besoin d'être Dieu pour en arriver là ? Ne s'agit-il pas d'un comportement extraordinairement ordinaire, humain, trop humain ? Est-ce les dictateurs moyens ne fonctionnement pas eux aussi selon ce schéma simpliste ?» Cette question paraît une plaisanterie, mais traduit en fait un argument métaphysique sérieux, le Dieu personnel, khuda, n'est-il pas la magnification du soi de l'homme, khudi, avec toutes ses ombres dangereuses? On pourrait donner comme exemple typique de banalité religieuse qui ne pourra jamais être contredite, donc jamais objectivement vérifiée, selon le critère bien connu de Pope : Allah ne charge tout être que de ce qu'il peut porter. (Co 2 286) Réfléchissons aussi à celles-ci : Mangez, buvez sans être excessifs. Allah n'aime pas les excessifs (7 31) Il leur ordonne le convenable et leur interdit le blâmable, Il leur prescrit le bien et leur proscrit le mal (7 157). Oh, ceux qui adhèrent [croyez], si vous aidez Allah, Il vous aidera, (46 7) Faut-il considérer ces propositions d’un bon sens certain comme une preuve de l'existence d’Allah? L’homme moderne et non conditionné d’avance ne sera guère impressionné par ce qui semble bien en réalité un « art d’enfoncer les portes ouvertes ». Je pense qu’à l’avenir, ce type de critique de certains textes sacrés se développera, car il correspond à une faiblesse réelle chez eux. Ils manquent de perspicacité sur les mécanismes de la psychologie humaine et en restent à une moralisation finalement superficielle, souvent destinée au fond à ce que les femmes et les enfants obéissent au père de famille, et que les sujets se soumettent sans critique aux gouvernants plus ou moins tyranniques, en tous les cas certainement pas démocrates. Pour des raisons de place, nous ne donnerons que quelques citations pour illustrer les points ci-dessous, mais le lecteur en trouvera bien d’autres dans le texte complet. Le texte coranique livre-t-il des signes de tendance dépressive ? Prédestination : Disons déjà qu’il n'y a rien de tel que l'impuissance devant le sort provenant de la croyance en la prédestination pour favoriser un état de découragement profond, et éventuellement de dépression Qui donc intercède auprès de Lui, sans sa permission ? (2 255). Si non seulement les ordres du Tout-puissant, mais aussi les tentatives des êtres humains pour le fléchir sont dus à sa volonté, nous nous trouvons dans une sorte d’univers kafkaïen sans aucune porte de sortie.

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Impuissance : Allah sait, vous ne savez pas (2 216) Répétée comme un refrain dans le Coran, cette phrase n'est pas faite pour donner à l'être humain une bonne image de soi-même. Elle en fait un éternel mineur condamné par on ne sait quel père cruel à ne jamais dépasser le cap des 18 ans. Chouraqui traduit le terme pour religion ou croyance, par 'créance'. Etymologiquement, il s'agit du même mot : mais en fait, la vision sous-jacente n'est pas vraiment joyeuse : le croyant vit avec une dette qu'il passe sa vie à rembourser comme une sorte d'esclave, sans être sûr qu'elle soit entièrement remise au bout du compte. Quant au créancier, nul ne l'a jamais vu, mais si l’on en croit les Ecritures monothéistes, il paraît éminemment capricieux et vengeur, et ses accès d’amour temporaires et plutôt conditionnels ne suffisent pas à dissiper cette impression de départ. Devant lui, l’être humain est fondamentalement impuissant. Autopunition : L'aspect autopunitif, bien que sous-jacent, ne doit pas être négligé, il est essentiel pour comprendre les ressorts profonds de l’organisation psychique d’une personnalité :

- Mohamed est saisi, possédé par une révélation à laquelle dit-il il ne peut rien, et qui pourtant a pour effet principal et immédiat de le ridiculiser vis-à-vis de la société, et de lui apporter toutes sortes d'ennuis, y compris parfois même être blessé et risquer de perdre la vie, comme lors de la défaite d’Uhud.

- - Ses voix intérieures l'obligent à pousser ses compagnons à toujours plus de guerre, alors que ceux-ci, des êtres humains sains et normaux, voudraient avoir du répit, voire même une paix durable.

Obsession Les conflits internes posés par le désir sexuel et son obsession sont vécus de façon projective comme une persécution venant de l'extérieur : Le Shaïtân vous destine à la misère, il vous subjugue par des obscénités. (2 268). On peut repérer une tendance obsessionnelle dans l’importance donnée à l’écrit, al-kitab, pour fixer de façon quasi-magique et éternelle les châtiments :

Il n’est pas de cité que nous n’anéantirons, avant le Jour du Relèvement, nous les supplicierons d’un supplice terrifiant: c’est noté dans l’Écrit. (17 58).

La pureté et l’exclusion de tout doute et d’idée même de clair-obscur sont typiques de la personnalité obsessionnelle ou paranoïaque, il est possible d’en voir des traces dans ces deux versets qui à eux seuls suffiraient à fonder l’intégrisme islamique, et à justifier sa violence récurrente :

Voilà l'Écrit, dont tout doute est exclu (2 2). À nous, nos actions, à vous vos actions, nous sommes intègres pour Lui. (2 139)

Importance des idées systématisées de persécution

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Il s'agit de la structure psychologique principale du Coran, nous en parlerons en la divisant en différents sous-thèmes. Commençons par le clivage simpliste entre le tout blanc et le tout noir, qui développe le verset que nous venons de citer : Protestations d'innocence: Dis: « Ô Tentes de l'Écrit, pourquoi vous vengez-vous de nous, sinon parce que nous adhérons à Allah. (10 41) Il y a une loi de psychologie simple, c'est que ceux qui prennent l’initiative de s’exprimer pour se défendre de façon répétitive de l'accusation de mensonge ne sont a priori pas clairs justement de ce point de vue-là. Laissons parler les textes qui sont éloquents en eux-mêmes : Ils disent: « Oh, toi sur qui la Mémoire est descendue: te voilà, tu es un possédé ! (15 6). Nul Envoyé n'a été donné sans qu'ils soient à le railler. (15 11). Déjà, les Envoyés, avant toi, furent traités de menteurs par ceux qui persévéraient dans leurs mensonges et leurs persécutions, (6 34). Qui fraude davantage que celui qui répand contre Allah la négation ? Ou dit: « À moi, la révélation », sans que rien ne lui soit révélé ! . Soupçons Il s’agit d’un symptôme central dans la paranoïa, et qui reste important dans la schizophrénie aussi. Le soupçon devient une telle torture que le sujet en finit par préférer un passage à l'acte violent, quelles qu’en soit les conséquences, pour en être soulagé. A notre époque où il y a de plus en plus de risques que l’arme nucléaire tombe dans les mains des islamistes, cette fascination quasi suicidaire pour le conflit n’a rien de rassurant, il faut cesser de jouer à l’autruche et voir cela en face :

Il dit: « Voici, je l'atteste par Allah: attestez que je suis innocent de ce que vous associez en dehors de Lui. Ensuite, liguez-vous tous contre moi, ne soyez plus à me guetter. (11 54)

Interprétation : La vision du monde coranique est magique, typique d'une pensée animiste qui intègre des phénomènes explicables par les lois physiques à son système de croyance en l’action d’esprits divers et variés, ou dans sa forme monothéiste, en l’action d’un deus ex machina. Citons, parmi tant d’autres versets : Les tourbillons du vent, les nuages propices entre ciel et terre, sont autant de Signes pour le peuple qui discerne 2 164.

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Si l’on prend cela comme une prise de conscience mystico poétique, pourquoi pas ? Il n’y a pas lieu de critiquer. Mais si l’on interprète ces phénomènes naturels comme la ‘preuve’ que Mohamed est bien l’Envoyé d’Allah, et que ‘donc’ il faut imposer cette croyance au reste du monde par l’idéologie totalitaire et la guerre sainte, on tombe sans aucun doute dans un délire de type mégalomaniaque avec idées typiques de référence. Réponse à l'accusation de folie Voici un des thèmes récurrents du Coran : Le Conseil du peuple dit: « Nous te voyons dans un égarement évident ! Il dit: « Ô peuple, pas dans l'égarement ! Je suis un Envoyé du Rabb des univers ! » (7 60, 61). Quand on revient de la projection idéalisante à la réalité historique, il est licite de rappeler que Mohamed a ordonné plus de 80 batailles et a pris part personnellement à 26, dont 24 peuvent être raisonnablement considérées comme des agressions. Si l’on considère le verset suivant, rien ne permet de dire que la guerre conseillée est de défense et pas d'agression : "Oh, vous qui adhèrez [croyez], combattez les effaceurs qui vous entourent, qu'ils vous trouvent durs. (9 123). Ambivalence Avec ses successions rapides de promesses et de menaces, le Coran a visiblement du mal à dépasser le niveau du moralisme populaire, voire puéril, de la carotte et du bâton. Sa lecture semble un long et laborieux périple, dont chaque pas du pied droit serait une bénédiction, et chaque pas du pied gauche une malédiction. Où cela mène-t-il en dernière analyse ? A Allah, ou au clivage psychotique... ou aux deux ? Honnêtement, en tant que psychologue, c’est difficile à dire. Donnons une dernière citation qui évoque la peur du clivage, la grande source de dissociation psychotique, sous forme de ‘schisme’ : Allah a fait descendre l'Écrit avec la vérité. Ceux qui divergent de l'Écrit sont en un schisme extrême ! (2 176). Interdit oedipien Celui-ci est majeur, sans qu'il soit très clair si l'amour de l'homme pour la parèdre défendue est une déesse épouse d'Allah comme Allat, ou une femme 'étrangère', c’est-à-dire non musulmane. La première hypothèse est la plus probable, bien que les deux puissent être également valables chacune à son niveau. En tous les cas, le résultat de cette faute oedipienne est le même, le châtiment suprême en provenance du Père castrateur, incarné dans le psychisme sous forme de surmoi souvent sadique:

Parmi les hommes, certains prennent, hors d’Allah, des parèdres qu’ils aiment comme de l’amour d’Allah. Mais ceux qui adhèrent, plus fort est leur amour d’Allah. Ceux qui fraudent, s’ils voyaient, verraient le supplice, Et que la force est à Allah: voici Allah, terrible au supplice. (2 165)

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L'idéalisation de la nature Celle-ci n'est pas un défaut en soi, mais il faut savoir qu'elle est courante et caractéristique dans la paranoïa. On y oppose de façon radicale et simpliste une société humaine hypocrite et mensongère à une nature innocente et vierge "Infidèle", kafir, est traduit par Chouraqui par le terme "effaceur". La grande terreur d'une révélation orale au départ, c'est d'être effacée des mémoires, et cette peur continue à être présente même quand le message est couché par écrit. Du point de vue critique, on peut aussi y voir la crainte égotique – celle d’un anéantissement par l’oubli – du prêcheur qui est convaincu d’avoir parlé au nom du Suprême. Le fait que cette peur soit omniprésente dans le Coran n’est-il pas l’indice d’une hypersensibilité d’un sujet qui vit dans la peur constante d'être effacé et détruit: serait-il licite d'évoquer une insécurité psychotique ? Il existe dans le Coran un amour non payé de retour pour les juifs et les chrétiens, qui finalement se transformera en malédiction à leur égard et en accusation d'être des persécuteurs. Ces sentiments opposés sont en fait les deux faces de la même médaille, et s’intègrent quand ils sont aigus à la psychologie du délire passionnel Culpabilisation intense des adversaires

Qui est guidé est guidé pour lui-même, qui se fourvoie se fourvoie pour lui-même. Nul porteur de fardeau ne portera celui d’un autre. Nous ne jetons pas de peuple au supplice avant d’avoir suscité pour lui un Envoyé. (17 15).

Cette idée de la ‘dernière chance’ à saisir est souvent mentionnée dans le Coran, et fait partie encore intégrante de la propagande intégriste. Puisque nous sommes dans l’approche psychologique, il est licite de signaler qu’il s’agit d’une méthode classique de vente par un démarcheur d’un produit quel qu’il soit. « Dépêchez-vous d’acheter, après il n’en restera plus »…. « derniers jours ! » Jusqu’à quel point le rapprochement est justifié, là encore, c’est à chacun de juger en son âme et conscience. Peur de la moquerie et impulsion irrépressible à la contre-attaque : En définitive, le paradoxe de la situation, c’est que l’Envoyé de Dieu passe une bonne partie de son temps de façon peu glorieuse à se défendre de ne pas être Satan, et sans doute à faire en sorte d’échapper à la lapidation. Voici par exemple un extrait de la sourate 81 :

22. Votre compagnon n’est pas un possédé.

23. Déjà il a vu l’horizon lumineux. 24. Du mystère, il n’est pas avare. 25. Ce n’est pas un discours du Shaïtân lapidé.

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On dit qu’il ne faut pas essentialiser les défauts d’une autre religion, mais le Coran n’hésite pas à le faire contre ceux qui refusent son message, qu’ils soient les gens des Tentes (juifs et chrétiens) ou surtout des polythéistes : Dis contre leur être un verbe percutant ! C’est ici leur être même qui est visé, qu’il s’agit de mettre à terre, voire de détruire. Qu’on le veuille ou non, cette essentialisation du polythéisme et du monothéisme non musulman paraît bien être la raison d’être du livre, quand on sait voir la tendance, voire l’obsession idéologique au-delà des instructions de moralisme banal. L'ennemi infidèle n'a même plus le rang d'homme, il est réduit à l'état animal, donc il est ‘délégitimisé’ et le tuer n'est plus un crime : notion pratique du point de vue politico-religieux : Voici, les pires bêtes, devant Allah, sont ceux qui effacent et n'adhèrent pas, [les infidèles et les non-croyants] (8 55). Un simple soupçon chez le sujet est suffisant pour qu’il déclenche la guerre sainte, ce qui le rend concrètement d’une dangerosité pathologique vis-à-vis de la société : Si tu redoutes la félonie de la part d'un peuple, agresse-le aussi: Allah n'aime pas les félons. (8 58). Ce verset est suffisant à lui seul pour justifier le takafirisme, ce mouvement éminemment destructeur dans l’islam moderne où le devoir de tout « bon » musulman est d’assassiner tout autre musulman qui ne l’est pas, c'est-à-dire la majorité et en particulier les gouvernements qui refusent d’appliquer l’islamisme radical. Disons-le encore une fois de plus clairement : il n'y a pas de traces de désir d’intérioriser la guerre sainte dans le Coran, je l’ai lu de a à z, et je n’y ai rien repéré qui puisse aller dans ce sens. Certes, il est vrai qu’il y a eu une profusion des hadîths qui sont apparus, beaucoup probablement ex nihilo, vers le IXe siècle, environ cent mille probablement en quelques dizaines d’années seulement ; parmi ceux-ci, il y a en a un qui affirme que le Prophète, au retour d'une bataille, aurait dit qu'après la petite djihâd extérieure, il fallait livrer la grande djihâd intérieure. On sait que les soufis se sont fondés là-dessus pour justifier leurs écoles mystiques au sein de l'islam. Cependant, quand le Coran parle d'aller dans la voie d'Allah, il s'agit régulièrement du djihâd extérieur, de ces batailles bien réelles qui ont agité les tribus arabes animées par une ambition d'expansion politico religieuse rapide et qui ont ainsi formé le noyau de base de l'islam. Il parle même plus souvent dans des expressions parallèles de qitl qui signifie ‘combat à mort’ et est de la racine de ‘tuer’, qatla-e-am signifiant d’ailleurs en persan ‘tuerie générale’, d’où le sens de massacre, holocauste ou génocide. Cette longue liste de critères permet de diagnostiquer une sérieuse tendance paranoïaque chez l’auteur ou les auteurs du Coran. Ceci est évidemment fort embarrassant, pour ne pas dire consternant pour les croyants. Du point de vue positif, ils peuvent cependant prendre cela comme un avertissement, et que cela leur évite de tomber dans ce même travers du délire systématisé, que ce soit du point de vue personnel comme du point de vue collectif. Un homme avertit en vaut deux, un croyant averti en vaut cent. Mon rôle de spécialiste de la psychopathologie s’arrête en quelque sorte à ce point-là, après chacun est responsable de la manière dont il gère sa santé psychique et des risques de chute dans la psychopathologie qu’il prend. Menaces de fin du monde

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L'alternance quasi hypnotique dans le Coran des promesses de récompenses mirifiques et de menaces terrifiantes évoque les couples de contraires de la psychologie de Jung et de l'Orient. Ces alternances, épuisant l’énergie psychique dans une oscillation perpétuelle entre attachement et aversion, sont le principal obstacle à l'accession à l’expérience de l’Absolu. L’aspect vague des avertissements semble bien calculé pour accroître le niveau d’anxiété de l'auditeur :

Ils diront: « Mais qui nous convoquerait ? » Dis: « Celui qui vous a façonnés une première fois. » Ils hocheront la tête vers toi et diront: « À quand cela ? » Dis: « C’est peut-être proche. » (17 51)

Et bien sûr, on retrouve un morceau classique du répertoire des prophètes de malheur, l’imminence d’une fin du monde qui en réalité n’est toujours pas arrivée quatorze siècles plus tard. Cependant, même ce démenti par la réalité n’est pas suffisant dans la plupart des cas pour ébranler la croyance. Celle-ci a trop de bénéfices secondaires de l’ordre de la mégalomanie pour pouvoir être abandonnée facilement:

Voici, l’Heure exempte de doute, elle va sonner. Cependant, les humains, pour la plupart, n’y croient pas. (40 59).

Mécanismes compensateurs Le refrain de la sourate 77, qui revient dix fois, en parlant du Jugement dernier, proclame : Malheur ! Les menteurs, ce jour-là ! Il représente en lui-même une menace obsédante de châtiment désastreux. Mais est-ce que l’obsession n’est pas déjà et avant tout dans le mental du prédicateur ? Quoi qu’il en soit, il est évident que nous sommes en présence d’une ambiance psychologique peu saine, où chacun accuse indéfiniment l’autre de mensonge.

Combattez-les jusqu'à la fin de toute sédition et que créance[la croyance] soit d'Allah. S'ils s'arrêtent, l'hostilité ne se poursuivra que contre les fraudeurs. (2 193).

On voit dans ces derniers versets les deux phases de l’extension du totalitarisme : détruire d’abord militairement toute forme d’opposition armée, et maintenir ensuite la « pureté » idéologique en terrorisant ceux qui voudraient rester discrètement incroyants. Rappelons que c’étaient souvent les mouvements soufis qui étaient responsable de la police idéologique pour maintenir sous la coup de l’islam les pays conquis récemment par la violence militaire. C’est ce qu’a bien montré TMR Eaton dans une étude très détaillée, et reste fort embarrassant pour les mouvements soufis actuels censés promouvoir une forme plus libérale d’islamc. Jusqu’à quel point sont-ils crédibles pour ceux qui connaissent la véritable histoire ? La réponse reste certainement dans l’étude au cas par cas. Il y a cependant un bon critère de discernement : ces mouvements qui exigent

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la conversion préalable à l’islam sont probablement plus sur le versant fondamentaliste que libéral, même s’ils parlent d’amour à longueur de temps. La Toute-puissance attribuée officiellement à Allah est en réalité plutôt revendiquée par Mohamed lui-même, malgré quelques dénégations superficielles :

Me voici, je suis envoyé pour vous dans l’Amen. Frémissez d’Allah, obéissez-moi ! Je ne vous demande pas de salaire pour cela autre que le salaire du Rabb des univers. Frémissez d’Allah, obéissez-moi ! (26 107-110). Ils adhèrent à ce qui est descendu vers toi, et descendu avant toi. (2 4).

On a le droit déjà de sourire déjà de la naïveté mégalomane de celui qui se prétend désintéressé, car il n’exige pas d’autre salaire que celui de croire qu’il est l’être le plus puissant de toute l’histoire du monde passée et à venir. C’est en fait un paiement, une reconnaissance de taille…D’autre part, il est intéressant de voir qu’ici, le Prophète ne dit pas ‘après toi’...Ceci fait, du point de vue des religions comparées, une différence avec par exemple le Bouddha qui, lui, accepte et insiste sur le fait qu'il y aura d’autres Bouddha après lui. Le verset 13 13, avec son chiffre symboliquement significatif pour les superstitieux, est une sorte de ‘porte-bonheur’ offert par l'Envoyé à l’humanité: Allah envoie la foudre sur qui Il veut, tandis qu'ils contestent Allah, lui, inexorable de violence. En arrivant à la fin de ce chapitre, nous pouvons nous intéresser en fait aux derniers versets du Coran, que nous avons cité en exergue : en effet, la conclusion d’un texte, en particulier sacré, est un symbole de son essence, de ce qu’il y a de plus important dedans : en fait, dans les toutes dernières lignes du Coran, on demande la protection

Contre le mal du Chuchoteur furtif qui chuchote du tréfonds des humains djinns ou humains. »

Il s’agit de la sourate 114 (versets 4-6), appelé an-nâs, ‘les êtres humain’. Quand nous avons insisté tout au long du texte sur les idées systématisées de persécution qui ont une tendance spontanée en pathologie à s’organiser autour d’un persécuteur désigné, les dernières lignes nous livrent la clé en le désignant nommément, comme le ‘Chuchoteur’. On le surnomme aussi parfois le ‘Maître du soupçon’, le Démon, le Shaïtan dont la présence semble finalement bien plus sensible, intime et omniprésente au fond du nâs, de l’être humain, que celle d’Allah qui est loin dans son ciel. Les chefs d’œuvres de musique se terminent souvent par un beau piano ou pianissimo, mais ici, il est étonnant de constater que l'appel claironnant du Coran se finit par une fausse note, et se perd ensuite dans un silence où règne, de façon paradoxale mais omniprésente, les chuchotements menaçants du Shaïtan.

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Ch 16

La personnalité de Mahomet est-elle

un modèle pour les islamistes? Mohamed avait tendance à s'identifier à Moïse, et était pétri de l'Ancien Testament. En fait, Mohamed, « le Loué », était un nom à l’époque qui pouvait s’appliquer non seulement au prophète Daniel, mais aussi à Moïse lui-même. Il en a hérité la violence, et certains traits de sa personnalité l'ont même aggravée, en la systématisant et en la figeant. Un des arguments pour évaluer l'authenticité de traditions à propos de fondateurs religieux comme Mahomet, Moïse ou Jésus est très simple : un épisode à plus de chances d'être historique et authentique s'il est embarrassant à la fois pour le fondateur de la religion et ses fidèles. On pourra m'objecter aussi qu'on ne peut remettre en question Mahomet qui a fondé une religion où il y a un grand nombre de saints. Certes, mais il y en a aussi par exemple dans l’hindouisme, chez les shivaïtes ou les vishnouïtes qui se réfèrent à des divinités, c’est-à-dire des entités non historiques qui concrètement n'ont donc jamais existé, si ce n'est dans l'esprit des gens. L'existence ou non de Mohamed, et ses vertus supposées n'ajoutent en fait rien à la hauteur des saints qui ont suivi. Ils ont seulement fait le tri – dans le modèle mélangé et ambivalent qui leur était proposé – de ce qui était vraiment bon, et s'y sont identifiés alors pleinement, moyennant quoi ils ont pu atteindre à un haut niveau de perfection. S’il n’y a par contre pas de tri effectué, l’identification représentera plus un problème qu’une solution.

L’homme Mohamed : une personnalité complexe La dévotion est tout comme un mariage : elle amène à une union à l'autre pour le meilleur et pour le pire. Au niveau subtil, il est évident que Mohamed existe bel et bien, comme les dieux de l'Inde existent, comme le Jésus élaboré par quatre siècles de construction mentale des Eglises primitives existe aussi – tous à leur niveau. La question de fond est évidemment de savoir si cette identification à Mahomet aide les musulmans dans leur vie psychologique et spirituelle ou si elle a parfois un effet inverse. Le titre original du livre Moïse et monothéisme de Freud était en fait Der Mann Moses and die monotheistiche Religion, c’est-à-dire l'homme Moïse et la religion monothéisteci publié à Amsterdam en 1939. Il a ainsi en quelque sorte brisé un tabou, en entreprenant l'étude de grands personnages de la Bible du point de vue psychologique en tant que simples êtres humains. Il a de cette façon amené l'homme moderne à reconnaître que ceux que les religions du Livre considéraient comme leurs « totems » n’étaient pas si « tabous » que ça et avaient aussi leurs problèmes de personnalité. En fait, c'était quelque chose que les personnes de l'époque de Mohamed sentaient aussi. Dans le Coran lui-

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même par exemple, nous avons vu, il y a une douzaine de passages où l'on accuse Mahomet d'être fou, purement et simplement. L’image de la piété populaire et le rapport avec les femmes Pour le lecteur non musulman moderne, beaucoup de traditions à propos du Prophète semblent extraordinairement banales. Il n'en est pas de même pour les croyants. C’est l’effet du conditionnement dévotionnel. Certes, il y a une solution "gentille" pour le dialogue inter religieux, c'est de faire remarquer aux musulmans modérés qui peuvent comprendre que peut-être ce n'est pas Mohamed en tant que tel qui s'est déclaré le Sceau de la Prophétie et qui s'est associé lui-même à Allah dans la formule de la shahada : il n'y a pas d'autre illah qu'Allah, et Mohamed est son Prophète, mais que ses disciples l'ont professé par excès d'amour et de dévotion pour lui. Pourquoi pas, mais cette interprétation à l'inconvénient d'être en contradiction avec les sources historiques. à propos des femmes, il y avait un problème, car la majorité de la religion juive de son temps avait évolué, s’était civilisée et avait rejeté la polygamie comme une coutume barbare. Mahomet, peut-être à cause de sa problématique psychologique personnelle, voulait y revenir. Qu’à cela ne tienne, il y a eu une révélation coranique à cet effet qui lui donnait de façon commode et pratique tous les droits à ce sujet :

" O Prophète ! Il t'est permis d'épouser les femmes que tu auras dotées, les captives qu'Allah aura fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui aura donné son âme au Prophète. C'est une prérogative que nous t'accordons sur les autres croyants. " (Co 30 49-51)

Du point de vue psychologique, cet épisode pose question. Par ailleurs, un jour, il rencontre à l'extérieur une femme qu'il se met à convoiter, et rentre précipitamment chez une de ses neuf épouses pour soulager immédiatement son désir avec celle-ci. Il donne cet épisode à ses fidèles comme exemple de comportement hautement vertueux et d’une grande maîtrise de soi. Il a eu au maximum neuf femmes en même temps, mais en tout, on en compte au minimum 21, plus cinq auxquelles il a fait une demande en mariage sans succès. Il faut rajouter à cela les esclaves provenant du butin de la guerre ‘sainte’ qui devenaient soit ses concubines, soit ses épouses, alors qu'il avait lui-même tué ou fait tuer leur père, leurs frères, ou mari dans la bataille qui venait de se dérouler. Voilà pour le moins une sexualité complexe. Les hagiographes essaient de nous faire croire que c’était par charité qu’il les prenaient dans son harem : mais la première charité n’aurait-elle pas été de s’abstenir de faire massacrer leur famille ? On peut respecter les croyances des musulmans, mais il ne faut pas nous demander d’être plus naïf qu’un enfant de cinq ans. Mohamed était dans la situation à la fois courante et peu enviable de quelqu'un qui tout en étant dépendant des femmes, n'était pas capable de résoudre les problèmes qu'elles posent : "Je n'ai pas laissé après moi de tourments pour les gens, si ce n'est le mal fait aux hommes par les femmes." (6604)cii Selon une tradition d'Ibn Abbas, le Prophète affirmait : "Dans ma Oumma, le meilleur est celui qui a le plus grand nombre de femmes.ciii Ce n'est pas pour cela que celles-ci auront un avenir heureux dans l’au-delà: "Une fois l'Envoyé se trouvait aux

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portes de l'enfer et du paradis et il a observé qu'une majorité des personnes qui entraient par le portail de l'enfer étaient des femmes, alors que parmi les résidents du paradis, elles formaient une minorité"civ. En cela, elles ont une destinée similaire aux infidèles. Cela fait penser aux bénédictions matinales qu'un homme juif pieux récite chaque matin :

"Béni es Tu, Toi qui ne m'as pas créé païen, béni es-Tu, Toi qui ne m'as pas créé femme"cv.

Dans la Tabaqât, le Prophète raconte : "Gabriel est venu à moi avec un vase ; j'ai mangé de son contenu, et j'ai obtenu une virilité égale à celle de quarante hommes pour le coït.cvi" Ce détail est important pour notre analyse de personnalité. En effet, celle-ci chez Mohamed est organisée autour de l'obsession de toute puissance. C'est non seulement la toute puissance politico-prophétique, mais aussi la toute puissance sexuelle dans toute sa naïveté populaire. La psychologie d'enfant gâté de l’homme qui a plusieurs femmes entraîne une intolérance à la frustration qui retentit directement dans le domaine religieux, par exemple en ne supportant pas de voir que beaucoup de gens ne suivent pas la même secte que soi. Cela mène à des conflits indéfinis, qui peuvent être graves en particulier si cette intolérance à la frustration se complique et aboutit à un délire de toute puissance. Quand Mohamed sur son lit de mort a demandé à Omar de ne plus laisser subsister quiconque qui soit non musulman en Arabie, il s'est inscrit franchement contre la globalisation telle qu'il se la représentait à l'époque. Ce système de fermeture politico-psycho-religieuse est sérieusement menacé et entamé de nos jours, et cela est une cause d'anxiété profonde et donc de violence. La question de la paranoïa Quand nous considérons à tête reposée la vie de Mohamed, nous pouvons y observer ce qu'on pourrait appeler les 'glissements progressifs de la mégalomanie'. Au début, il n'est qu'un représentant du Tout-puissant parmi d'autres, puis il devient le Représentant unique du Tout-puissant, et dans la continuité, le tout puissant Représentant et enfin presque le Tout-puissant lui-même... Il est arrivé à ce stade à mon sens sur son lit de mort : nous avons mentionné qu’il a demandé à Omar, qui allait être son second successeur, de faire disparaître de l’Arabie toute trace de population non islamique, c'est-à-dire toute personne qui ne croyait pas que lui – le berger illettré devenu commerçant grâce à sa première femme puis chef de clan bédouin – était au sommet de la création, second seulement à Allah. Si Mohamed est proche de Dieu, il l'est aussi du Diable au point de se battre physiquement avec lui. Pendant un sermon, un témoin raconte ceci : « Le Prophète s'est exclamé soudain : 'Je prends refuge en Allah pour me protéger de toi' et a ajouté 'je te maudis avec la malédiction d'Allah trois fois', et ensuite, il a étendu le bras comme s'il saisissait quelqu'un. Quand on lui a demandé d'éclairer ce comportement inhabituel, il a répliqué : 'L'ennemi d'Allah, Iblîs, est venu avec une flamme de feu pour me la jeter au visage. Mais malgré mes malédictions, il n'a pas battu en retraite. C'est pour cela que j'ai dû le saisir." (1106)cvii Mohamed consigne aux flammes de l'enfer son père et sa mère, ainsi que son oncle bienveillant Abu Talib qui l'avait éduqué, car ils ont gardé leur bon sens et n'ont pas

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voulu entrer dans sa mégalomanie prophétiquecviii. Cela fait partie intégrante du fonctionnement paranoïaque de transformer instantanément les meilleurs amis en pires ennemis, du moment qu'ils refusent de souscrire au délire. Nous avons vu que dans la droite ligne des prophètes de malheur de l'Ancien Testament, Mahomet a prédit une fin du monde imminente: "Le jeune enfant qui est là devant vous, il n'aura guère le temps de vieillir avant que la dernière heure ne vienne sur vous." (7052). Bien sûr, celle-ci n'est jamais arrivée. Rien que cela suffit à définir la fausse prophétie, comment les fidèles réconcilie cette erreur avec leur croyance absolue en Mahomet, cela reste bien mystérieux. Il faut savoir que l'intensité de la conviction hallucinatoire peut conférer un certain charisme, surtout dans un entourage crédule, illettré, passionnel et dénué à la fois de culture et de discernement spirituel. Arriver à prendre un ascendant hallucinant sur les gens peut parfois simplement prouver qu'on est soi-même halluciné. Nous en arrivons maintenant à un point central de notre analyse : Mohamed se défendait lui-même d'être fou en citant la voix intérieure d'Allah : "Par la faveur du Seigneur, tu n'es ni un devin, kahîn, ni quelqu'un de possédé ou de fou, madjnoûn." (Co 52 29) Cet argument peut faire sourire ceux qui travaillent en psychiatrie. On l'entend tous les jours, et même plusieurs fois dans la matinée quand on fait la visite du service. Il est tout à fait typique de la psychose, déjà schizophrénique, mais surtout paranoïaque. Quelqu’un de normal qui veut vous expliquer qu'il n'est pas fou le dit directement ; mais s'il a recours à l’autorité de sa voix pour cela, c'est qu'il considère celle-ci comme l’autorité suprême, donc qu’il est déjà submergé par le processus de dissociation et qu’il a déjà profondément basculé dans la psychose. Je pense que même les psychiatres musulmans par éducation ne pourront me contredire sur ce point. En d'autres termes, il est licite de se demander du point de vue de la psychiatrie courante : "Est-ce qu'un psychotique auquel sa voix affirme qu'il n'est pas psychotique, n'en reste pas moins psychotique, et peut-être l’est même encore plus à cause de cela ?" Voilà une question incontournable. La conviction de Mohamed a commencé comme un délire à deux avec sa femme Khadidja, celle-ci en recueillant évidemment des bénéfices secondaires: en effet, ce n'est pas rien d'avoir l'homme qu'on aime qui se développe et s’impose progressivement comme l'Envoyé unique de Dieu ; il ne s’agit pas d’une petite promotion sociale et religieuse. Ensuite, le délire s'est étendu en tache d'huile. C'est l'opinion d'un thérapeute, et peut-être bien surtout l’impression intuitive de ces cinq sixièmes de l'humanité qui ne sont pas pressés de se soumettre à Mahomet et à l'idée grandiose qu'il avait de lui-même. Les wahis, ou transes coraniques Konraad Elst a écrit une étude en anglais sur les transes de Mohamed.cix Il s’est inspiré d’un ouvrage en néerlandais, non traduit, de l’ex-jésuite Hermann Somers sur le sujet.cx Il faut comprendre que le noyau théologique de l'islam à deux parties bien distinctes : une intuition monothéiste de base, qui est commune non seulement aux religions du Livre, mais qu'on retrouve aussi sous forme peut-être moins explicite mais réelle dans le mazdéisme, dans le Brahman des hindous, et même au sein de l'animisme dans l'intuition d'un Etre suprême vaste comme le ciel et dominant tous les esprits. La seconde partie est spécifiquement musulmane, Mohamed est l'ultime prophète du Dieu unique. Et la «

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preuve », le fondement de tout cela est en lui-même unique : il a eu des transes dans lequel ce Dieu s'est révélé. Il est donc très important d'évaluer ce qu'étaient ces phénomènes de conscience modifiée pour mieux se rendre compte de la validité globale de l'islam en tant que religion révélée « La première personne qui douta de l’authenticité des « révélations » coraniques ce fut Mahomet lui-même.

« Mahomet pensa qu’il devenait fou, ou qu’après toutes les discussions de ces derniers jours, il s’était laissé posséder par un esprit démoniaque. Il ne voulait pas passer le reste de sa vie dans la peau de l’idiot du village de la Mecque. Ainsi, préférant la mort à une telle disgrâce, il décida de se jeter du haut d’un très grand rocher. « Aucune créature de Dieu n’était alors aussi odieuse à mes yeux qu’un poète extatique ou un homme possédé : je ne pouvais même pas les regarder. Je pensais : malheureux que je suis ! Poète ou possédé – Jamais les Qoraish [ses compagnons de la tribu des Qoraish] ne dira cela de moi ! Je vais aller sur le sommet de la montagne et je me jetterai dans le vide pour me tuer et trouver le repos ». cxi

L’histoire de l’islam aurait pu se terminer là, Mahomet se soustrayant à l’emprise de l’esprit maléfique présumé, en se précipitant dans le vide pour mourir. Mais l’Esprit lui-même vint à son secours, comme en témoigna Mahomet : « Je me mis à gravir la montagne pour accomplir mon destin, mais arrivé à mi-parcours, j’entendis une voix qui venait d’en haut et qui me dit : ‘Mahomet, tu es l’apôtre de Dieu et je suis Gabriel’ » C'est l'épouse de Mohamed, Khadidja, qui a dissipé ses doutes et l’a confirmé dans sa mission. Une des manières dont elle a procédé est intéressant du point de vue psychologique. Elst la décrit ainsi :

« Elle lui demanda de l’avertir lorsque son visiteur reviendrait, de cette façon ils pourraient vérifier s’il était réellement l’archange Gabriel ou un simple démon. « Ainsi, lorsque Gabriel vint le trouver, comme il le faisait d’habitude, l’apôtre dit à Khadija : ‘C’est Gabriel, il est venu me voir’. Lève-toi, ô fils de mon oncle’, dit-elle, ‘et viens t’asseoir à ma gauche’. Ce que fit l’apôtre. Et elle dit : ‘Le vois-tu ?’ ‘Oui’ dit-il. Elle dit : ‘Maintenant fais le tour et assieds-toi à ma droite.’ C’est ce qu’il fit, et elle dit : ‘Le vois-tu ?’ Quand il dit qu’il le voyait, elle lui dit de se lever et de venir s’asseoir sur ses genoux. Lorsqu’il l’eut fait, elle lui demanda encore s’il le voyait. Quand il lui dit ‘ Oui, je le vois’, elle révéla ses formes en rejetant son voile sur le côté tandis que l’apôtre était assis sur ses genoux. Puis elle dit ‘ Le vois-tu ?’. Il répondit ‘ Non ’. Alors elle lui dit ‘ Ô fils de mon oncle, réjouis-toi et sois bon dans ton coeur. Par Dieu c’est un ange, ce n’est pas Satan ».cxii Pour dire cela dans un langage actuel, ce récit relate la façon dont la vision qu’eut Mahomet de l’Archange Gabriel se dissipa et disparut lorsque l’épouse échauffa le lieu en éveillant l’instinct sexuel… L’idée sous-jacente à la manoeuvre, c’est qu’un démon libidineux, un de ceux qui prennent possession de l’âme des hommes, serait resté sur les lieux pour se délecter à la vue du rapport sexuel de Mahomet et Khadija, alors qu’un ange, dont l’ethos impose la renonciation, se retirerait poliment de la scène. Son épouse lui ayant fourni la preuve, par cette petite mise en scène, de l’authenticité de ses rencontres avec l’Archange, Mahomet se trouva guéri de ses doutes. Il pouvait maintenant se lancer en toute tranquillité dans sa mission de représentant exclusif de Dieu et récipiendaire attitré des messages de Gabriel, messages qu’un assistant relevait par écrit et qui furent, plus tard, rassemblés dans un livre, le Qur’ân. »

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Elst continue en soutenant : « les Arabes païens ont eu toutes les raisons de rejeter les déclarations de Mahomet, déclarations nées d’un cerveau sujet à des hallucinations et propagées « sur pied de guerre ». Seulement voilà ! Ils ont commis une erreur, une erreur que l’histoire ne pardonne pas : celle de s’être fait battre, d’avoir été vaincus ». Les mystères de l’autorisation d’Allah La destruction de la tribu juive des Banou Qouraiza a eu lieu après la Bataille du Fossé en 627. "On a creusé une fosse sur la place du marché de Médine, et huit cent juifs (d'après les calculs de Muir, un des grands biographes du Prophète au XIXe siècle) furent traînés là, couverts de chaînes et avec des menottes, et décapités de sang-froid (on ne leur avait pas dit qu'on les emmenait à la mort, mais ils s'en doutaient). Le Prophète lui-même a présidé au massacre (une version de l'épisode raconte qu'on lui a installé une chaise au bord de la fosse, les prisonniers, quant à eux, avaient passé la nuit en prière). » cxiii

Auprès des méfaits de Ghori en Inde, le massacre des Banou Qouraiza ne représentait qu'un petit début, et Mohamed ne faisait figure que d'un apprenti sorcier, jouant avec les pouvoirs dangereux de la passion religieuse. De nouveau, les larges destructions de Mohamed Ghori ne sembleront plus qu’un jeu d’enfant si l’agressivité de l’Iran des ayatollahs débouche sur une guerre sainte nucléaire. Nous avons vu une estimation récente d’un spécialiste, Anthony Cordesman du Center for Strategic and International Studies basé à Washington, qui pense que si les ayatollahs attaquaient avec la bombe, Israël perdrait probablement entre 200.000 et 800.000 personnes, et l’Iran entre 16 et 28 millions en trois semaines, puis beaucoup plus dans la période qui suivra, car le pays n’est pratiquement pas préparé pour faire face aux conséquences d’une attaque nucléaire, alors qu’Israël l’est bien mieuxcxiv. On pourrait considérer cet holocauste comme le réel évènement fondateur de l’islam : en effet, nous avons vu la croyance, l’archétype magico-animiste selon lequel une institution est d’autant plus solide qu’elle a plus de cadavres dans les fondations. Le fait que tout soit permis au nom d'Allah dans le combat contre les idolâtres est explicitement mentionné dans la Sûrah Taubah du Coran. C'est ce qu'on appelle les versets de l'Immunité : le Prophète et ses disciples ont le droit de violer les accords qu'ils ont passés auparavant avec les infidèles : " Telle est la proclamation d'Allah et de son Messager à tous les gens au jour du Grand pèlerinage : 'Allah est libre d'obligations envers les hommes idolâtres, et ainsi en est-il également de son Messager." (Co 9 1-3) . Ce verset devrait être enseigné et commenté aux diplomates travaillant avec les pays musulmans. On lit dans les hadîths qu'on pouvait avoir la main coupée par exemple pour avoir simplement dérobé un oeuf. Par contre, on pouvait piller des régions entières, y massacrer les hommes et violer les femmes si c'était 'au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux', c'est-à-dire en pratique pour favoriser l'expansion de l'islam et donc celle de l'ego de Mahomet. Ne s'agit-il pas d'une éthique psychotique par son clivage des valeurs ?

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Mohamed reconnaît directement et non sans fierté : "J'ai été aidé par la terreur..."cxv Ceci et un hadith clé pour le sujet de notre livre, qui essaie de comprendre d’où vient cette méthode centrale de l’islamisme radical. Effectivement, les tribus arabes étaient tellement terrorisées que souvent elles se rendaient sans combat. A notre époque où beaucoup de gens sensés se demandent quelle est la source du terrorisme musulman, cette déclaration de Mohamed lui-même mérite d'être relevée sans naïveté, et en ayant le réalisme de la prendre telle quelle et pour ce qu’elle veut dire explicitement. Un moteur de l'agressivité paranoïaque consiste à tuer le père et à prendre sa place. Dans ce sens, Mohamed a envoyé son père déjà mort en enfer, car d’après certaines traditions il avait refusé de croire qu'il était l'Envoyé de Dieu. Cela revenait en quelque sorte à le tuer une seconde fois, et à le remercier par les tortures éternelles du fait de lui avoir donné la vie. Même sort pour son oncle qui l'avait élevée avec affection, Abu Talib ; cependant, avec une certaine ‘clémence’ quand même, il a affirmé : "Il aura les souffrances les moindres parmi les habitants de l'enfer, il ne portera que des chaussures de feu qui cuiront son cerveau" (413). On dit souvent : "Qui vole un oeuf vole un boeuf". Pour évaluer la sincérité d'un channel, il suffit d'observer dans les détails si les communications qu'il livre lui rapportent des bénéfices secondaires ; or, nous avons vu que c'était en fait souvent le cas pour le Prophète. Au fond, la vérité est essentielle pour tout enseignant spirituel. Si celui-ci rompt la parole donnée dans les affaires du monde, par exemple dans les versets de l'Immunité que nous avons cités plus haut, cela veut dire que son témoignage n'a pas de valeur pour le reste de son message qui concerne l'Invisible et qui n'est donc pas vérifiable : il est capable de l'aménager selon son intérêt, et donc ses communications avec l’invisible risquent aussi fort d'être arrangé à sa convenance. Ceci est un point central, et au fond facile à comprendre. Les conflits entre brigands pour le partage du butin sont courants. Cela arrivait aussi souvent avec les compagnons du Prophète, et lui-même a failli périr dans l'un d'entre eux : « Les mujâhidins l'ont forcé le dos contre un arbre, et lui ont déchiré son manteau pour lui réclamer la part de butin qu'ils estimaient juste de recevoir. Il s'est écrié. 'Rendez-moi mon manteau. Je jure par Allah que si j'avais autant de moutons que les arbres de Tilham, je les distribuerais parmi vous. Vous ne m'avez pas trouvé avare, couard ou menteur’. !»cxvi C’est par cette soumission peu glorieuse que l’Envoyé de Dieu a eu la vie sauve. En fait, la compréhension par une psychologie moderne ouverte aux expériences religieuses du cas de Mohamed est simple : il a eu certaines expériences spirituelles, mais elles ont été récupérées par son ego qui en est devenu de plus en plus fort, et de plus en plus contagieux aussi : il l'a communiqué à sa secte naissante de façon suffisamment virulente pour qu'elle en devienne une religion conquérante. S'il n'avait pas eu ces expériences spirituelles jusqu'à un certain point, les choses auraient été beaucoup plus simples pour le reste de l'humanité : il serait resté un chef de guerre paranoïaque banal comme il y a en tant d'autres à chaque époque, mais son comportement n’aurait pas donné lieu à une des plus grandes épidémies de violence religieuse que l’humanité ait connue. Le Prophète affirmait clairement : "Il n'y a plus de hijra, d’émigration [une page du début de l'histoire de l'islam présentée par les hagiographes comme glorieuse, où le Prophète et ses compagnons auraient été persécutés] il n'y a plus que le djihâd". En

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termes clairs, si l'on voulait avoir le statut de proche du Prophète à la première heure, il fallait s'engager dans le djihâd et tuer en son nom. Supposez de nos jours un nouveau groupe sectaire qui se constitue : si un de ses membres est capable de tuer au nom des croyances qu'elle enseigne, c'est l'évidence qu'il y est impliqué, et on peut raisonnablement supposer qu’il ne reviendra pas en arrière. Dans la psychologie de la croyance sectaire et de la manipulation mentale, cette implication est une loi fondamentale. Évidemment, tous ces comportements de nos jours seraient considérés comme le propre des sectes les plus noires, et seraient avant tout l’objet d’une expertise médico-légale. A l'issue de la bataille de Badr, on a lancé aux pieds de Mohamed la tête d'un prisonnier fraîchement décapitée qui est venue rouler à ses pieds, et il s'est exclamé : "Ceci m'est plus agréable que le plus beau chameau de toute l'Arabie !" Pourtant, même dans les mœurs plutôt primitives de l’époque, exécuter un prisonnier était déjà considéré comme une lâcheté indigne d’un vrai guerrier. Violence sexuelle et perversion Nous avons déjà souligné la manipulation perverse qu'il y avait chez Mohamed à demander en mariage des prisonnières dont il venait de faire tuer tous les parents mâles. Cela a été le cas de Rihana du clan des Banou Qouraiza et de Sofiya par exemple. Le comportement, à la base sadique, était caché derrière une sorte d’hypocrisie religieuse et de désir d’auto-justification superficielle pour paraître vertueux et « protecteur des faibles femmes ». Comme nous l’avons déjà fait remarqué, la meilleure manière de les protéger n’aurait-elle pas été dès le départ de ne pas massacrer leur famille ? Aldous Huxley rapporte une tradition selon laquelle l'orgasme des mujâhidins avec les houris durait 600 ans. Avec cela, comment s'étonner que l'avidité pour le paradis ait eu le même effet pour voiler et déformer le sens de la réalité que celui des drogues dures? Nous avons parlé au chapitre 8 en détail des liens nombreux entre addiction et dévotion. Cela donne à penser qu'il y a dans certaines religions des croyances et superstitions qui sont plus fortes et tenaces que l’ecstasy ou l’héroïne, car celles-ci pourraient-elles avoir un effet qui puisse durer six siècles? Quand je parle de psychopathologie à propos de Mohamed, j'espère que le lecteur aura compris que je n'emploie pas des théories psychanalytiques complexes ou sophistiquées, par exemple du lacanisme parisien du XXe siècle finissant en tentant de l’appliquer aux déserts d’Arabie à une époque où celle-ci s’extrayait à grande peine de la préhistoire. J'utilise au contraire des instruments conceptuels simples bien connu désormais et employés au quotidien dans la pratique courante de psychothérapie et psychiatrie, et qui fonctionnent dans des cultures diverses et variées. En conclusion, une dernière réflexion : certains voient en Mohamed un génie de la stratégie et de la psychologie : cela donne l'impression qu'ils n'ont pas lu les hadîths. Ce qui ressort de ceux-ci, c'est qu'il savait simplement manier de façon impitoyable la loi simple de la carotte et du bâton, et ce avec une certaine capacité de manipulation psychologique, voilà tout. Les rapports de l’ego et de la fonction prophétique Le poète-politicien Iqbal écrit :

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L'Ego, quand il se manifeste, c'est le prophétisme L'Ego, quand il s'isole, c'est la divinité. Terre, ciel, escabeau et trône de Dieu : L'ego, l'univers est à sa porte ... C'est la force de l'ego qui domine toute chose. Si l'on n'est pas impressionné par le gonflement poétique d'Iqbal, on peut alors constater de façon plus psychologique que la concentration sur l'Unité, quand l'ego n'est pas purifié, mène en fait à son inflation, c'est ce que certains appellent le développement d'un "gorille cosmique". La fixation sur la personne de Mahomet : dévotion ou régression ? Je sais que les musulmans essaieront de défendre un certain nombre d'aspects de Mohamed en disant : "C'est vrai qu'il s'agissait d'un comportement barbare dans tel ou tel épisode, mais c'était les moeurs de l'époque !" Justement, on peut les prendre au mot : quelle est l'utilité, la légitimité au début du XXIe siècle de rester concentré avec amour et dévotion sur les défauts d'une époque depuis longtemps révolue? Les soufis ont ainsi contribué à la maintenance d'un système religieux qui se serait sans doute effondré de lui-même s'ils n'avaient pas été là. Ont-ils agi ainsi par habileté, par complicité ou par peur ? On ne peut faire de loi générale, il faudrait examiner chaque cas particulier. Ils ont fourni à l'islam ordinaire le minimum d'oxygène spirituel dont il avait besoin pour survivre tant bien que mal. Etait-ce même utile, n’aurait-il pas mieux valu que tout le système s’effondre et soit remplacé par quelque chose de meilleur ? Les quatre cinquièmes de l'humanité qui ne sont pas musulmans en pâtissent jusqu'à maintenant, sans compter les nombreux musulmans libéraux qui souffrent du fondamentalisme ambiant au quotidien s'ils habitent dans des pays soumis entièrement à la religion mahométane. Ainsi, on peut dire que les résultats concrets du soufisme sont ambivalents et paradoxaux. Cependant, pour être réaliste, cette voie bien comprise reste quand même un des espoirs principaux pour sortir les fidèles de l'ornière de la pratique unique de la prière, celle-ci développant d’habitude en parallèle, comme nous l'avons dit, une autre ornière, celle de la soumission à la dictature politique. On dit clairement dans l'enseignement spirituel général que ce qui est personnalisé est temporaire, non éternel. L'islam est tellement centré sur la personnalité de Mohamed que son message risque fort de vieillir et de se désagréger avec le temps. Une fatigue surviendra. Si par exemple Mahomet avait des tendances obsessionnelles menant au fait qu'il commençait chaque action par la main droite et chaque déplacement par le pied droit, qu'il se lavait tout le temps trois fois, pourquoi plus d'un milliard d'êtres humains libres a priori seraient obligés de s'y soumettre quatorze siècles plus tard ? Est-ce qu'à travers le lavage des mains et des pieds, ce n'est pas le lavage de cerveau qui est le véritable but ? On peut dire que la naissance de l'islam a été traumatique, avec une succession de guerres, d'assassinats et de rivalités internes de grande violence. Le fait que les générations successives de musulmans aient fait une fixation émotionnelle sur cette période troublée, peut être rapproché de ce qu'on appelle en psychologie un traumatisme

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de naissance. On revient toujours à la souffrance initiale, mi-refoulée, mi-sacralisée, et celle-ci conditionne, informe et surtout déforme considérablement la manière dont on perçoit la réalité présente. Les musulmans libéraux, les soufis par exemple, déploient des prodiges d'interprétation et d'allégorie pour essayer de mettre en valeur des traces de tolérance ou d'intériorisation dans les propos de Mahomet; mais ils vont à l'encontre même de ses propres paroles dans les hadîths où ils rejettent à la fois la méthode d'allégorie et l'innovation. « Ceux qui ont un fort attrait pour les versets allégoriques tentent en réalité de produire des dissensions, par le fait de les expliquer. Mais d'autre part, ceux qui sont sains dans leur connaissance disent : « nous affirmons notre foi dans tout ce qui vient de notre Seigneur » (6442). "En vérité, les gens qui vous font face ont été ruinés à cause de leurs discussions à propos du Livre." (6443) Ceux qui cherchent malgré tout à recourir à l’allégorie et à l'interprétation peuvent faire penser à des prisonniers qui implorent leur geôliers pour avoir le droit de sortir une demi-heure par jour faire une promenade dans la cour de la prison. Pourtant, la véritable solution serait tout simplement de s'évader de la prison elle-même. De plus, en faisant cela, ils renforcent l'illusion que le Coran et les hadîths sont la parole suprême et indiscutable de Dieu, et sont finalement comme assommés par le poids même de la retombée du couvercle qu'ils ont timidement essayé de soulever. Sans vouloir passer du psychologique au politique, force est quand même de remarquer que ce conditionnement de soumission à une loi arbitraire dans tous les détails de la vie est à mon avis essentiel pour comprendre pourquoi les pays musulmans n'arrivent pas dans l'ensemble à une démocratie stable, malgré des efforts de printemps qui semblent bien retomber à l’automne. Leur religion leur a mis dans les esprits que la Vérité vient de toutes façons de l'extérieur, et que sans elle, ils ne pourraient même pas survivre et accomplir les détails et tâches quotidiennes. Si un musulman pieux décide tout d’un coup d’abandonner l’islam, comment se lavera-t-il, comment ira-t-il aux toilettes, comment observera-t-il l’hygiène sexuelle ? Il n’en a en fait aucune idée, cela lui fait peur, il préfère donc ne pas se poser de questions et continuer sur ses rails. Le crépuscule d'une idole sans statue ?

Aux yeux de la psychologie religieuse, on se trouve donc devant un paradoxe fondamental à propos de Mohamed : – du point de vue historique, tout ce que nous savons de Mohamed, c’est la réalité d'un chef de guerre plutôt cruel qui a tué beaucoup de gens et même très probablement opéré des massacres pour ses conquêtes. – du point de vue de dévotionnel, il est présenté comme un bon père de famille et un modèle des vertus humaines. Mais ce tableau n'a aucune base historique, il s'agit d'une reconstruction post eventum. La discordance de ces deux éléments pose un problème de fond à la piété musulmane, c’est aussi une forme de fitna, de dissension profonde qui mine l’islam dans son authenticité même. Les prêcheurs de l’islam vous répéteront à satiété : "Mohamed est la solution", mais quand on examine attentivement sa vie avec l'oeil de la psychologie moderne, on est bien obligé d'en conclure : "Mohamed est le problème". Il s'agit d’un secret de polichinelle que les auteurs musulmans ne peuvent évoquer, même de loin, sous peine d'avoir une

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fatwa de mort contre eux. Quand on va vers le fond de la réalité psychologique, on peut dire que le double lien fondamental de la religion du Prophète, son message paradoxal, dissociant au sens psychodynamique du terme, c'est d'inviter à devenir parfait en appelant à l'imitation de quelqu'un qui à l'évidence ne l’est est pas. Il s'agit d’une impossibilité logique. Les spécialistes des sciences politiques, dans un but d'apaisement probablement, cherchent souvent à minimiser le rapport de l'islamisme avec le Coran et la personne du Prophète : mais ils ne connaissent guère la psychologie religieuse. Pour celle-ci, la dévotion, l'identification complète à une personnalité investie par le croyant de la toute puissance divine, a un pouvoir considérable. Elle s’installe au centre de la vie quotidienne. Elle peut transformer une vie complètement pour le meilleur et pour le pire, et amener éventuellement dans un état de délire identificatoire plutôt sérieux. On peut penser raisonnablement que l’invention de Mohamed comme bon père de famille et mari modèle dans une bonne part de la littérature du hadith est venu d'un embourgeoisement de la société islamique après les conquêtes des deux premiers siècles. Le peuple était fatigué des guerres, y compris civile, et désirait plus de guidance en quelque sorte psychologique pour savoir comment mieux se comporter dans la vie quotidienne. C'est ainsi que s'est développée une stratégie psychique de la carotte et du bâton : l'aspect guerrier du prophète, bâton, servait à conquérir les nouveaux pays et à détruire la résistance physiquement. Et son aspect bourgeois, la carotte, à dissoudre les résistances idéologiques et à stabiliser le peuple dans une soumission autosatisfaite à l’idéologie totalitaire. Pour être clair, avec tout ce qu’on sait maintenant des fabrications et rajouts autour de ce chef de guerre plutôt ordinaire qu’a été le Mohamed historique, il faudrait parler régulièrement plutôt du pseudo-Mohamed. Evidemment, les croyants ne seront pas contents de cette appellation, mais le rôle de l’historien qui fait son métier n’est pas d’encourager ni de décourager les croyants, c’est de ne pas se faire berner, savoir ce qui s’est réellement passé et travailler au fond sérieusement à ce que l’histoire qu’il clarifie ne soit pas une pseudo-histoire, voire une forme consternante de propagande.

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Ch 17

Les liens complexes de l'islam modéré avec celui qui ne l'est pas.

« C'est une ironie que les libéraux doivent adopter l'attitude la plus conservatrice envers la tradition islamique

– tant et si bien que leur formulations les plus élémentaires, comme’ revenir aux sources originelles de l'islam’ a pu être développée par les fondamentalistes.»

Cette réflexion de Faisal Devji, professeur-assistant d'histoire dans une université de New York et un des meilleurs spécialistes mondiaux du djihâd se trouve dans la conclusion de son livre sur le sujet. « L’ironie du sort « est en fait dû à l’attachement à la charia comme addiction, nous avons consacré le chapitre 8 à ce sujet. L'islam modéré et celui qui ne l'est pas ont la même base, le Coran, les hadîths, la charia et des rituels quotidiens. Ils ont aussi, le même but, il ne faut pas l'oublier, c'est-à-dire la conversion à long terme du monde entier à la doctrine du Prophète. Ce par quoi ils diffèrent sont les moyens à utiliser, paisibles ou violents, pour arriver à ce propos. Il est intéressant de noter que jusqu'à l'époque d'Ernest Renan à la fin du XIXe siècle, on appelait régulièrement l’islam « islamisme ». Les religions évoluent certes vers la modernité, mais il s'agit d'un processus en dents de scie. Juergensmeyer, un spécialiste des diverses formes de terrorisme dans le monde, fait remarquer: « La ligne de démarcation est très mince entre les "terroristes" et les non terroristes qui les soutiennent. »cxvii Peut-être chez les seconds on trouve plus de peur devant le passage à l’acte et ses conséquences pour eux et leur famille Ma visite à la tombe de soufis : l'islam modéré au beau milieu de celui qui ne l'est pas. Je peux raconter imaintenant la visite que j’ai effectuée à celle d'Ibn 'Arabi dans les faubourgs de Damas, aux pieds d'une petite montagne qui domine la ville au nord-ouest. Elle est sans prétention, bien que jolie, et elle est abritée dans une mosquée de dimensions réduites située au tout début de la Rue des Madrasas : on trouve dans celle-ci une enfilade d'écoles coraniques. On peut supposer qu'il s'agit d'institutions tout à fait traditionnelles, pour ne pas dire d'un esprit médiéval vu les sympathies intégristes qu'a l'islam populaire actuel en Syrie. Ibn Arabi, de son côté, était un esprit évolué avec une vision large. Le fait que l'adresse de sa tombe soit 1, Rue des Madrasas symbolise bien à mon avis la difficulté de l'islam à s'extraire du fondamentalisme. Je suis retourné deux fois à la tombe me recueillir, il y avait peu de monde, mais pendant l'une des deux fois était présent un psychotique qui essayait de prier à sa manière, visiblement perturbée.

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Cela renforçait encore l'opposition, le message subliminal plutôt pénible étant qu’on laissait la mystique aux fous, et qu’en parallèle on injectait dans le cerveau des jeunes enfants a priori sains d’esprit un embrigadement coranique supposé correspondre à la réalité concrète d’une politique plutôt violente. La mystique pour les schizophrènes, la religion pour les paranoïaques : cela ne promet pas des lendemains qui chantent, et la situation de la Syrie actuelle – qui au moment où j’écris ses lignes vient d’être exclue de la ligue arabe à cause de la brutalité d’Assad– n’est effectivement guère « mélodieuse ». Quand je repense aux points négatifs qui m'ont amené à ne pas continuer dans ce mouvement, j'en trouve plusieurs :

- Il y avait déjà la pression prosélyte non seulement pour être initié officiellement dans le groupe, mais aussi pour se convertir à l'islam,

- L'intensité même des pratiques voisinant une sorte de transe chamanique était immédiatement récupérée de façon sectaire, pour augmenter la dépendance des fidèles vis-à-vis du Prophète, du Coran et de l'islam.

- Lorsque j'étais allé dans une réunion de pratiques spirituelles dans une autre ville, j'ai remarqué que les gens de l'extérieur là-bas nous étiquetaient comme "Frères musulmans",

- L’incapacité à critiquer clairement la Révolution iranienne, qui à l'époque étaient la grande nouveauté dans le monde musulman .- Incapacité de prendre des distances de façon nette par rapport à la charia

Juergensmeyer, qui est professeur de religion en Californie et a effectué une étude mondiale sur les extrémistes religieux, dit ceci dans sa conclusion : "J'ai été frappé par la densité de leurs quêtes pour un niveau de spiritualité plus profond que ceux offerts par les valeurs superficielles du monde moderne. "cxviii Une base commune entre les modérés et les "immodérés". Le Coran dit : " Dans la tradition d'Allah, tu ne trouveras pas de changement, mais tu trouveras seulement la tradition d'Allah, immuable." (Co35 43). C'est simple, hautement rassurant, mais est-ce concret, n'est-ce pas le déni massif de la réalité d'un monde en changement constant ? Cependant, il y a une conscience des deux pôles en islam; par exemple, dans les 99 noms de Dieu traditionnels, on trouve al-Badî, le Novateur, et al-baqî, Celui qui demeure, le Permanent. Ces deux noms peuvent indiquer la tension qui existe entre un islam modéré réformiste et un intégriste immobiliste. Est-ce que cette autre ayât du Coran doit être considérée simplement comme un signe de conservatisme ou alors comme du fondamentalisme agressif ? "Quand il leur dit : "Ne corrompez pas la terre" ils répondirent "voici, nous sommes des réformateurs". Or, ce sont des corrupteurs, mais ils ne l'admettent pas" (Co 2 11,12). Donnons maintenant quelques chiffres : « En Angleterre, les services de Sa Majesté estiment à quelque 3000 le nombre de Britanniques, éduqués en Grande-Bretagne, qui sont passés à un moment ou un autre part les camps d'entraînement d’Al-Qaida. Les sondages publiés par la presse d'outre-Manche montre que près de 200,000 musulmans britanniques, soit plus de 10 %, approuvent les attentats du 7 juillet ; qu'un bon quart d'entre eux, soit prêt de 500,000, soutiennent le djihâd contre l'Occident ; qu'un tiers, soit 600,000 préféreraient vivre sous la charia ; que dans leur immense majorité,

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enfin ils se disent persuadés que la guerre contre le terrorisme est une croisade anti islamique déguisée. »cxix Certes, du point de vue pragmatique, on cherchera à aller vers la politique du moins pire, et un islamiste modéré vaut mieux qu’un radical ou un extrémiste. Cependant, cette adhésion à une forme dite modérée d’islamisme n’est guère une force, elle reste au contraire une fragilité, un tendon d’Achille : elle rend le fidèle bien facile à culpabiliser en le traitant de munafîqoun, d’hypocrite, un terme nous l’avons vu qui attire toutes les malédictions dans le Coran. Terroriser psychologiquement et spirituellement par la peur de l’enfer reste le fond de commerce principal de l’islamisme, même modéré. Si on a le minimum de souci de progrès de la modernité et de la laïcité, on a le droit d’être triste quand on voit des islamistes arriver au pouvoir, même s’ils sont élus à la majorité. Il s’agit de toute façon d’un retour en arrière par peur de la modernité et de ses défis. Dans ce sens, il est intéressant, presque amusant de voir comment le dinosaure islamiste essaie de verser les larmes de crocodile de la démocratie. En réalité, il a très peur du changement climatique déjà en cours, et que le règne de son espèce ne bascule bientôt dans le domaine de la préhistoire. Cependant, sa peur ne sera guère efficace pour modifier le processus de fond qui est en cours. Afin de résumer ces réflexions, on pourrait dire qu’un fil directeur pour une réflexion critique sur la différence ou bien la continuité entre l’islam modéré et l’islam radical pourrait être cette observation de Voltaire : « Quand on est prêt à tuer une personne au nom de Dieu, on et prêt à en tuer mille ». Celui qui est prêt à tuer une personne au nom de Dieu n’et modéré qu’en apparence, ce sont simplement les circonstances extérieurs qui l’empêchent momentanément d’être totalitaire. Là encore, on retombe sur le côté addictif de la toute-puissance. Rappelons qu’on dit pour les alcooliques : « Un verre est déjà de trop, mille jamais assez ». . Politiquement, juridiquement, éthiquement, il est certes correct de tenir compte de cette différence d’intensité, mais du point de vue de la psychodynamique, ces deux pôles, sont bien plus liés qu’on ne le pense. Mieux vaut garder cela bien présent à l’esprit, sinon on risque d’être déçu par l’épreuve de réalité. Psychologie de la double personnalité Ce qu'il y a de frappant dans la société musulmane conservatrice, c'est qu'elle peut associer un goût de la consommation tout à fait occidental à un archaïsme psychologique et religieux. On dit que la névrose obsessionnelle représente la dernière barrière avant l'invasion psychotique, c'est-à-dire la dissociation de la personnalité. Est-ce que le côté ritualiste de l'intégrisme n'est pas un garde-fou ultime contre l'invasion d'un délire, qui à ce moment-là serait à thème de toute puissance, et représentera au fond la caricature des croyances habituelles, selon lequel "notre religion doit conquérir la terre, etc.” ? Nous avons déjà mentionné dans le chapitre sur le martyre que la répression sexuelle au niveau de la société musulmane, associée à son opposé, par exemple à la télévision ave ses images plutôt excitantes de l'Occident ou des films indiens de Bollywood qui remportent un grand succès dans les pays musulmans, exacerbe un sentiment de frustration, de jalousie intense, et donc de désir de vengeance.

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Certains critiques pourront voir dans les déclarations douces, voire mielleuses des musulmans modérés, et celle dures, voir fielleuses des intégristes, une politique concertée, consciemment ou inconsciemment, de la carotte et du bâton. Le but demeurerait alors le même, faire avancer le peuple dans la voie d'Allah. Reste à savoir qui sera assez naïf ou peureux pour accepter de jouer l'âne et de se laisser mener. Par ailleurs, si les sympathisants de l'islamisme reprochent régulièrement à ses critiques de faire l'amalgame, c'est peut-être qu'ils ont déjà eux-mêmes dans leur propre mental un amalgame, une confusion entre ce qu'est l'islam modéré et ce qu'est le radicalisme. Vol plané entre Dieu et Diable L'islam a été influencé par le manichéisme, nous l'avons vu, avec un clivage plutôt élémentaire du monde entre bien et mal. Ce que la psychologie moderne nomme paranoïa correspond assez bien à ce que la théologie classique appelle Satan, une hypertrophie de l'ego qui entraîne toutes sortes de déviations et de délires – avec cependant la personnalisation en moins, ce qui simplifie le problème. Pour approfondir la question, nous pouvons dire que le diable, dia-bolos, représente étymologiquement celui qui se met en travers, qui sépare et aussi qui fait aller de travers. En ce sens, il est directement relié au sectarisme –par définition ce qui sépare– qui correspond donc à une forme de possession diabolique, de "diable au corps" si l'on peut dire. Évidemment, là où la situation devient embarrassante pour de grandes religions comme le christianisme et l’islam, c'est qu'elles sont, si l’on en croit par exemple Ernest Renan, des "sectes qui ont réussi". Pour en revenir à la politique actuelle, on pourrait faire remarquer qu’en concédant le domaine social aux islamistes, les États musulmans autoritaires se retrouvent en quelque sorte en situation de demander de l’aide au diable ou de chevaucher le tigre. Sans doute un jour ils paieront cher ce manque de clairvoyance à long terme, par exemple sous forme d’une nouvelle série de guerres saintes profondément inutiles.. Les incertitudes du soufisme en pays musulman. Les soufis ont été souvent des poètes de cour et donc des types de courtisans, ou des guerriers, des mercenaires au service d'un sultan, ou bien des pauvres illuminés pouvant consommer des drogues, ou encore des agents de la police politique chargés de faire respecter une idéologie totalitaire après la première vague de destructions opérées par les armées d’Allah. Ce n'est finalement qu'assez rarement qu'ils ont été des dissidents capables de faire évoluer l'islam de leur époque. Quant aux grands philosophes et intellectuels soufis, ils ont été le plus souvent persécutés par les pouvoirs de leur époque. Pour détailler plus avant cette réalité historique, nous pouvons nous référer à la conclusion d'un travail d'Eaton. cxx L'empereur Jahangir au début du XVIIe siècle remerciait les soufis de leur soutien à ces campagnes militaires en les surnommant les« Armées de la prière ». L'histoire nous montre que les soufis ont été souvent persécutés, qu'ils ont servi de bouc émissaire à la société musulmane, un exemple archétypal en est El Hallaj qui, pour avoir osé dire An al Haq, "je suis la réalité" – ce qui est une banalité dans d’autres cultures – a été martyrisé à Bagdad au IXe siècle. Il a été fouetté, crucifié, dépecé, brûlé et ses

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cendres ont été dispersées. Les soufis ont eu finalement très peu d'influence sur la machine de guerre islamiste et son conservatisme social imposé par la force. Ceci peut être déjà dû au fait qu'ils n'ont pas su faire le ménage dan leur propre maison : beaucoup de soufis soi-disant arif, 'connaissants', initiés, se croyaient au-delà du commun, 'âm, et du peuple, jamâhir. En fait, ils pratiquaient des techniques dévotionnelles basées simplement sur la répétition d'une formule, le dhikr, et éventuellement de quelques techniques de conditionnement psychophysiques comme le balancement de tête. Ils développaient par ce conditionnement une intensification émotionnelle qui pouvait facilement tourner à la bigoterie, voire déboucher sur une forme d’intégrisme plus que dans une mystique vraiment universelle basée sur la Connaissance. C'était là une grande partie du problème, et de leur inefficacité globale à changer l’islam en profondeur. L'histoire récente nous donner une indication de cette ambivalence du soufisme : les deux pays où celui-ci se trouvait être le plus développé étaient l'Iran et l'Afghanistan, et ce sont précisément eux qui ont basculé rapidement dans un intégrisme des plus noirs. Doit-on croire ceux qui nous disent qu'il ne s'agit que d'une coïncidence malheureuse? Un musulman pieux a créé à la fin des années 90 un mouvement appelé Tawhid wal Jihâd, ‘Unicité [se rapportant à Dieu] et guerre sainte’. On pourrait supposer qu'il s’agit d'un soufi avancé dans la voie mystique et qui a compris que le meilleur chemin vers l'Unicité divine consiste en la grande guerre sainte contre soi-même, dans la lignée d'Ibn Arabi. N'est-ce pas plausible ? En réalité, ce fidèle n'était autre qu’al-Zarkaoui, le représentant d’al-Qaida et le terroriste certainement le plus pernicieux dans l'Irak de ces dernières années, qui a massacré en fait beaucoup plus de ses frères musulmans que d'Occidentaux, et qui finalement a été tué par un missile américain. Il existe des mouvements soufis récents qu'ont pourrait qualifier de New Age qui ne comptent pratiquement pas un seul membre d'origine musulmane. Certains sont d'avis qu'ils vont avoir un pouvoir de réforme sur l’islam globalement. Mais comment pourraient-il avoir une quelconque influence sur des musulmans conservateurs, et surtout sur la machine de guerre des islamistes, alors qu’ils ne se soucient souvent même pas de se convertir à l’islam ? Il est par ailleurs plutôt choquant de voir que les poètes soufis du Moyen Orient et de Perse n’aient jamais mentionné de critique des destructions opérées par les musulmans en Inde au Moyen-âge, ou plusieurs dizaines de millions de personnes ont été tuées en cinq siècles. Nous avons fait remarquer que les soufis ont extrait du Coran une parole principale « Dieu est plus près de toi que ta veine jugulaire » et des 100,000 hadiths une autre citation fondamentale : « La grande guerre sainte et celles qui se déroule à l'intérieur ». Ensuite, comme des prestidigitateurs de l'interprétation, ils en ont tiré une science mystique comme un lapin blanc d’un chapeau noir. La vérité est plutôt qu'ils l'ont sortie d'eux-mêmes, et que dans le contexte culturel où ils vivaient, le texte leur a seulement servi de prétexte. La mystique de Ben Laden Pour confirmer tout ce que nous avons dit, nous pouvons citer assez largement le grand spécialiste du djihâd, Faisal Devji que nous avons déjà mentionné en début de chapitre. Il

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y évoque l'aura de Ben Laden considéré par une bonne partie du peuple au Pakistan comme un cheikh soufi, aussi étonnant que cela puisse nous paraître :

« Tout ce que nous savons du mouvement de Ben Laden peut être fructueusement comparé avec les soufis ou une confrérie mystique, même si ces groupes se trouvent être désapprouvés par les membres du mouvement lui-même. Il y a par exemple [le fait qu’il se soit réfugié dans une grotte comme le Prophète quand il était persécuté], l'insistance même sur le djihâd, qui a été historiquement une caractéristique des groupes soufis. Il y a ensuite le culte des martyrs, auxquels on attribue des pouvoirs surnaturels… De plus, il y a l'obligation éthique individuelle du djihâd a priori divorcée des besoins guerriers d'un état, ainsi qu'un monde occulte riche, rempli de rêves prophétiques en tous genre, dont on parle constamment au sein d'Al-Qaida. Olivier Roy…pense que tout ceci transforme leurs pratiques religieuses en celles de la mystique. … » cxxi

Pour monter d'un cran dans la hiérarchie de l'islam, il est intéressant de remarquer que Ben Laden est non seulement associés à un maître soufi, mais aussi au Prophète Mohamed lui-même. Devant tous ces points communs, il n'est pas étonnant que dans une enquête faite un mois après les attentats du 11 septembre, 80 % des Pakistanais citadins considéraient Ben Laden comme un résistant et un combattant de la liberté. En un mot, du point de vue psychologique, tout conduit à penser que nous nous trouvons devant un cas pathologique de dévotion poussée jusqu’au délire identificatoire, menant à la mégalomanie et à une paranoïa destructrice, de façon aiguë chez Ben Laden et chronique chez ses nombreux admirateurs dans l’islam conservateur. Les complications mentales des convertis occidentaux à l'islam via le soufisme. Il y a trois éléments principaux qui attirent les Occidentaux vers l'islam via le soufisme : - L'Occident est en décadence, en particulier spirituelle, et l'Orient est trop loin et trop "féminin". La seule planche de salut reste donc l'islam - Le soufisme véhicule le message de l’islam, dont la théorie est éminemment simple : croyez au Prophète, exprimez votre soumission en vous prosternant cinq fois par jour, et vous serez sauvés. La modernité étant complexe, certaines personnes sont rassurées par une simplicité, même si elle s’avère en fait fictive. - L'amour est une motivation importante : les prêcheurs soufis ont compris que le christianisme effectuait beaucoup son prosélytisme en mettant en avant l'amour, ils n’insistent donc plus sur la primauté de la loi avec sa contrepartie obligée de châtiment, les arguments habituels dans l'islam, mais sur l'amour dévotionnel à travers la poésie mystique par exemple. Cette tactique est plus efficace pour les conversions. Dans certains cas, cela peut devenir une sorte de drogue douce qui fait perdre le sens des problèmes associées: "Il n'y a que l'amour qui m'intéresse, les complications et interférences de la politique, ça n'a rien à voir, cela n'existe pas pour moi!" Du point de vue psychologique, n'y a-t-il pas là une indication de déni massif de la réalité? Il est intéressant de remarquer dans ce sens par exemple que Madonna est devenue un fan de Roumi et de la poésie d'amour soufie en général pendant une période. Ce béguin est survenu entre d'autres phases de passion pour la kabbale ou pour les mantras sanskrits,

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tout cela sans compter son identification plutôt perverse à la Vierge Marie à travers son nom même : le marché spirituel a ses raisons que la raison ne connaît pas. Hassan al Banna, fondateur des Frères musulmans dont sont issus nombre de mouvements terroristes, et qui a lui-même été exécuté par le gouvernement égyptien qui voyait en lui un danger public, était un initié soufi. Rappelons que les Frères musulmans ont formé idéologiquement pendant un certain temps Ben Laden. Dans un autre pays, les Naqshbandis sont un mouvement à la fois soufi et fondamentaliste, et en fait ils sont bien plus populaires en Turquie que les derviches tourneurs dont les Occidentaux aiment beaucoup plus parler Ils ont été très actifs aussi pour faire basculer la Tchétchénie et le Daguestan dans le djihâd, avec environ 100.000 morts à la clé.cxxii Faut-il dire merci à ce type de mystiques ? La vision de ces mouvements andalous peut être résumée par les propos grandioses, à la limite du millénarisme, d'un Français converti à l'islam, Tahir de Nive, qui est allé faire le coup de feu contre les "infidèles" russes en Afghanistan dans les années 80, coude à coude avec les jihâdis, dont certains probablement disciples de Ben Laden:

"L'islam est bien plus qu'une religion. C'est un système métapolitique global qui s'oppose radicalement à l'idéologie occidentale, dont est né le mondialisme; il représente une voie de salut pour tous les peuples et civilisations, y compris pour l'Europe. Ceux qui tentent d'écarter l'islam de l'Europe ou l'Europe de l'islam n'affectent en rien l’islam mais des individus, des nations d'Europe qui ne peuvent en profiter... Une Europe islamique serait un facteur d'équilibre mondial universellement bénéfique. "cxxiii

Pour revenir à la France, il est intéressant de noter qu'on trouve le plus souvent les deux ou trois mêmes enseignants soufis dans les conférences interreligieuses. Cela en soi pose question. Est-ce qu'ils sont les seuls sur le lot des cheikhs et imams à avoir le minimum de sens pratique pour comprendre qu'il n'était pas efficace de dire d'emblée ce qui doit être leur désir de musulmans sincères : convertir l'Europe, mais qu'il faut attendre un peu de temps pour que les conditions soient plus favorables ? Et là où le cercle se referme sur lui-même, c'est que même si sincèrement ils ne conçoivent pas les choses comme cela, ils n'auront probablement aucune influence ni audience dans les communautés musulmanes, car c’est elles alors qui ne les prendront pas au sérieux. Les fondamentalistes islamistes et chrétiens évoluent-ils en miroir ? Depuis la naissance de l'islam, l'opposition avec le christianisme a entraîné une psychorigidité des deux côtés, comme en miroir. L’excuse « indiscutable » pour sa propre intolérance était régulièrement l’intolérance de l’autre. Derrière cela, il y avait la peur de l'annihilation par la religion sœur-ennemie. Déjà, du point de vue des termes, si on voulait établir une symétrie entre les deux intégrismes, ne faudrait-t-il pas forger un équivalent du terme ‘islamiste’ du genre ‘christianiste’? Le mot n'est pas bien joli, mais il est adapté à la réalité de fondamentalisme qui ne l'est guère non plus.

« La tactique intégriste a été démontée en 1857 par Montalembert quand il l'a caricaturée dans l'Eglise catholique de son temps en ces termes: "Quand je suis le plus

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faible, je vous demande la liberté, parce que c'est votre principe ; mais quand je suis le plus fort, je vous l'ôte, parce que c'est le mien. »cxxiv

Il s'agit d'un principe d'idéologie totalitaire qui dit à peu près tout en une formule simple. Il n'est guère différent de celui du Petit livre rouge du président Mao : "Quand l'ennemi est faible, attaquez, quand il est fort, reculez !". Jean-François Colisimo a achevé ses études de théologie à New York, et vient de sortir un livre sur le fondamentalisme aux États-Unis qu’il a vu de près, intitulé Dieu est américain - de la vie aux démocraties aux États-Uniscxxv. Il présente ainsi son ouvrage : "Nous découvrons une Amérique dont la démocratie est religieuse et dont la religion est politique. Une Amérique que Dieu a prédestinée à la puissance et qui mène ses guerres au nom de Dieu. Une Amérique où le libéralisme et la sécularisation exaltent la nation et où le fondamentalisme est devenu culte national."cxxvi Dans une statistique donné par l’hebdomadaire Newsweek il y a quelques années, 40 % des Américains croyaient que l'Apocalypse va arriver dès cette génération. En psychiatrie, on connaît les délires à thème apocalyptiques, ils répondent d’ailleurs bien aux injections de neuroleptiques…Que faire ? Mettre des neuroleptiques dans le lait pasteurisé des supermarchés ? Difficile. Cette croyance est plutôt inquiétante, surtout quand on sait que les Etats-unis ont l'arsenal atomique pour provoquer cette Apocalypse qu’ils semblent appeler en pratique de leurs voeux les plus chers. Le général américain W. Boycin a déclaré au retour de la guerre en Irak : " Je savais que mon Dieu était plus grand [bigger] que le leur, que le Dieu chrétien était un Dieu réel, alors que celui des musulmans n'était qu'une idole." La preuve ? On a réussi à pendre haut et court Saddam, le Messie pendant quelques temps de la rue musulmane. La facture ? Quelques trillions de dollars, mais il faut bien assumer les petits plaisirs qu’on s’offre au nom de Dieu Malgré ses aspects tragiques et meurtriers, le noyau psychologique du fondamentalisme reste typiquement une infantilisation de tout un groupe de gens par ce père symbolique qu'est le devoir religieux interprété dans un sens obsessionnel. Les cellules ont leur durée de vie inscrite dans leur code génétique. Il est bien possible que cela soit aussi valable pour le monothéisme. Ayant articulé tout son édifice métaphysique autour de la notion de Dieu créateur, il est logique et attendu qu’il ne survivra pas longtemps à la déconstruction de ce mythe par les différentes sciences. L’idée monothéiste du Dieu créateur tout-puissant était certes grande, gigantesque, plus haute que la Tour de Babel. On peut dire qu’elle a été trop grande, comme les dinosaures, et qu’elle ne saura résister à ces bouleversements climatiques que représentent l’apparition de la cosmologie et de la psychologie scientifique. Le dinosaure monothéiste semble bien condamné à disparaître pour être remplacé par d’autres espèces plus mobiles, plus souples et plus discrètes. En d’autres termes, les croyants ont tout parié sur une entité, et il apparaît de plus en plus qu’ils sont entrain de perdre leur mise. Plus tôt ils sauront être fair play, bons joueurs, et le reconnaître simplement, meilleur ce sera pour un avenir paisible de l’humanité. Il vaut mieux accepter honnêtement qu’on s’est trompé plutôt que de déclencher des guerres saintes nucléaires dont personne n’a au fond besoin, simplement pour essayer de divertir l’attention du vrai problème, c’est-à-dire le changement de croyance, et essayer de faire survivre le concept d’un Dieu unique exclusif quelques dizaines d’années de plus, ou au mieux quelques siècles de plus dans des poches de population assez réduites de la planète.

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Notre époque est très intéressante, car elle comporte des évolutions profondes du point de vue religieux. Quand un décès se prépare, il est sage d’organiser la succession et de prévoir comment remplacer la personne disparue. Il en va ainsi maintenant pour le Dieu unique. Les totalitarismes du XXe siècle ont voulu être candidats à l’héritage, mais leur problème a été qu’ils ont justement repris les méthodes autoritaires de masse des Eglises et n’ont donc pas apporté de réelle amélioration. Ils ont été trop monothéistes dans la manière de faire, ils ont remplacé « Révélation » par « Révolution », « peuple élu » par « race élue » ou « idéologie élue », et sont tombés dans une violence encore pire. C’est le rôle de vrais intellectuels et sages de penser l’avenir, et non pas d’être entièrement tourné vers le passé comme le sont souvent les personnes religieuses. Religion "immodérée" et paranoïa Michel Chodkiewicz, un grand connaisseur de l'islam, disait : "L'islam fondamentaliste est du point de vue intellectuel et théologique, un islam pauvre."cxxvii Pourquoi s'est-il tant développé depuis quelques dizaines d'années? Joseph Moingt a peut-être une réponse quand il fait remarquer: "Menacée, la religion se fait plus menaçante."cxxviii On retrouve la logique du persécuteur persécuté dans la paranoïa. Aux mollahs et dévots islamistes qui assènent aux autres la suprématie de l'Unique et même les assassinent en Son nom, il serait bon de donner à méditer le koan du T’chan : « Tout revient à l’Un, mais à quoi l’Un lui-même revient-il ? » On pense souvent que l'islam humaniste n'est pas le problème, mais la solution. Certes, mais avec ce que nous avons vu, n'est-ce pas malgré tout une solution problématique ? Il s'agit certainement d'une possibilité à encourager dans les pays musulmans, mais en Occident, je pense que les intellectuels ne doivent pas s'arrêter à une demande d'islam modéré, qu'on pourra critiquer comme représentant juste un soin palliatif. Il leur faut pousser les mentalités beaucoup plus loin, vers une spiritualité laïque, faite par l'être humain pour l'être humain, ayant en vue un au-delà de l'être humain mais qui soit encore profondément humaniste, et non pas entaché de délires de toute-puissance divinement paranoïaques. Nous avons souvent rapproché le radicalisme religieux de la paranoïa, et je voudrais citer, afin d'inciter à la prudence, la conclusion de Robins et Post à leurs réflexions sur la 'culture paranoïaque' dans leur ouvrage Political Pranoia : "La paranoïa somnole, mais ne dort jamais."cxxix Tolérance ou couardise ? Il faut savoir prendre la tolérance de certaines personnes apparemment pieuses et ouvertes avec un grain de sel. Ils peuvent par exemple appeler à l’apaisement car ils savent que leur parti est faible, et qu’ils n’ont donc pas intérêt à provoquer le confit direct. C’est la pseudo-tolérance du Président Mao quand il donnait dans le Petit Livre rouge ce conseil que nous avons déjà cité : « Quand l’ennemi est fort, bats en retraite, quand il est faible, attaque ! » Les mêmes dévots peuvent aussi faire sembler de garder un silence spirituel devant « la Majesté insondable des décrets divins » et en profiter pour ne pas se risquer à dénoncer des violences, voire des génocides perpétrés par leurs corréligionnaires. Ce type de tolérance revient alors à du négationnisme, et à une

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complicité. Souvenons-nous du proverbe « qui ne dit mot consent ». Il y a deux types de négationnisme : le « positif » où l’on dénie sciemment les faits et on invente, le « négatif » ou l’on se tait simplement. Ce dernier est malheureusement presque la règle dans les milieux musulmans ou chrétiens quand il s’agit de regarder en face les violences de leur passé et d’en tirer les conséquences. Dans une troisième possibilité, ces personnes dévotes et tranquilles peuvent réellement souhaiter du fond du cœur que les opposants à leur religion soient exterminés, mais être trop malins, ou trop couards pour aller eux-mêmes au champ de bataille. Ils envoient alors les autres sacrifier leur vie à leur place. C’est ainsi que la tolérance de personnes apparemment pieuse et vertueuses peut masquer nombre de mécanismes psychologiques peu glorieux. D’où encore une fois le mot d’ordre : vigilance. Ce qu’il y a de triste dans les idéologies totalitaires, c’est que la paranoïa qui les constitue est renforcée à la fois par la victoire et la défaite, et ainsi ne peut guère être remise en question et soignée par l’épreuve de réalité, comme on dit en psychiatrie. Supposons qu’Hitler ait réussi à fabriquer la bombe atomique avant les Américains. Il aurait fait sauter Paris, menacé de faire sauter Londres et aurait probablement remporté la victoire Il aurait pu alors réaliser son rêve d’une religion christiano-nazie. Les participants du dialogue interreligieux avec cette nouvelle religion auraient alors choisi diplomatiquement de ne pas parler de l’Holocauste pour ne pas froisser la dévotion sincère des fidèles envers leur nouveau prophète Hitler. Si cet effacement du passé d’un coup de baguette magique n’est pas juste dans ce cas hypothétique, il ne le sera guère plus dans le cas des grandes violences passées du christianisme et de l’islam, qui ont excédé de loin celles des autres religions, et même du nazisme si on pense par exemple aux 85 millions de morts de l’Amérique centrale et latine entre 1500 et 1650. La lettre de Jean-Marie Muller au Président Obama à propos de la non-violence Jean Marie Muller est un des meilleurs spécialistes fançais de la non-violence. Il a écrit cette lettre au président Obama quand il a reçu le Prix Nobel de la Paix et l’a intitulé ‘Vous avez le Prix Nobel, il vous reste maintenant à gagner la paix’. En effet, à la même période, Obama augmentait le nombre de troupes américaines en Afghanistan. Ses idées ont leur place dans cet ouvrage de fond sur la psychologie de l’islamisme : « Permettez-moi de citer Gandhi : « Je crois vraiment que là où il n'y a que le choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. (...) Mais je crois que la non-violence est infiniment supérieure à la violence. (...)La non-violence est la loi de l'espèce humaine comme la violence est celle de la brute.2. » La force de la non-violence est la force de l’action organisée du nombre capable d’exercer une réelle contrainte politique sur l’adversaire qui l’oblige à céder. Car l’amour, par lui-même, ne possède pas le pouvoir de « forcer » les oppresseurs à reconnaître et à respecter le droit des opprimés. Seule la force de l’action peut le faire. Gandhi avait en effet déclaré : « Le maintien de la paix mondiale par des moyens non-violents n’est ni une absurdité ni une impossibilité. Toutes les autres méthodes ont échoué » (c’est moi qui souligne). Nous devons par conséquent repartir de zéro…

2 The Collected Works of Mahatma Gandhi, Ahmedabad, The Publications Division, Ministry of Information and Broadcasting, Government of India, Vol. 18, 1965, p. 131-134.

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« C’est très beau la Paix, s’insurgeait Georges Bernanos, seulement les gens se demandent ce que vous allez mettre dedans. La guerre est beaucoup plus facile à remplir que la paix3. »

3 Georges Bernanos, Les enfants humiliés, Paris, Gallimard, 1949, p. 133.

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TROISIÈME PARTIE

QUELQUES REMÈDES

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18

Que faire ?

"Qui est héros ?

Celui qui transforme un ennemi en ami" Rabbi Nathan cxxx

Dans ce chapitre, j'aborderai principalement des points de psychologie, étant ainsi fidèle au thème de ce livre ; on n'y trouvera pas de recettes politiques sur comment calmer les jeunes des banlieues recrutés par des extrémistes, ou d’opinion bien définie sur la manière de gérer la question des émigrants d’origine musulmane qui passionne le débat politique ; je pense que cela irait au-delà de la perspective principalement psychologique de cet ouvrage. Par contre, je donnerai des éléments pour savoir quoi faire face à la violence de l'intégrisme ou même simplement la psychorigidité bigote. Cela ne veut pas dire que je néglige les solutions générales habituellement proposées : réduire les inégalités, les injustices flagrantes, éviter les politiques qui semblent humilier une communauté, éviter les diabolisation de l'autre, etc. Psychothérapie: Nous l'avons vu, elle n'est pas si facile : par exemple pour la dépression, il faut distinguer le trouble réactionnel, qui souvent guérit tout seul, de celui qui est chronique, donc pas facile à soigner dans la mesure où le patient a tendance à s'y complaire. Quant à l'obsession, elle correspond à une personnalité rigide et qui n'a pas envie de changer. En ce qui concerne la paranoïa, il faut reconnaître qu’elle est très difficile à traiter à moins que le patient ne bascule dans une phase de dépression, alors seulement un contact suffisant pour la thérapie verbale pourra être rétabli. Sinon, on peut conseiller à l'épouse du sujet perturbé de lui verser discrètement un nombre généreux de gouttes d'un neuroleptique inodore et incolore dans le café chaque matin. C'est encore la meilleure solution, puisque ces patients refusent non seulement les médicaments mais aussi l'hospitalisation. Exactitude L’Assemblée Nationale a pris en octobre 2006 la décision de condamner les tentatives de dénier le génocide arménien de 1915. C’est pour contrebalancer la législation du gouvernement turc actuel qui va exactement en sens inverse. Cela a été une décision saine, on ne peut pas attendre qu’une Europe équilibrée et stable à long terme se développe sur des dénis massifs de réalité.

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Un même travail devra être fait pour la reconnaissance des destructions du bouddhisme et de l’hindouisme par les invasions musulmanes dans le sous-continent indien. Une loi équivalente devrait être édictée pour le déni du génocide des indiens d’Amériques par les catholiques espagnols et portugais au XVIe siècle. Nous avons vu les chiffres qui émergent des recherches historiques, environ 85 millions de morts, pratiquement 15 fois l’Holocauste. Etude Que faire ? Etudier, étudier, étudier! Le fondamentalisme musulman tout comme celui des chrétiens est basé sur l'expérience instantanée, comme on utilise le café ou les soupes instantanées. En étudiant, on s'aperçoit de l'importance des vraies connaissances par rapport aux croyances émotionnelles voire passionnelles. Développer des connaissances historiques et critiques sur les origines de l'islam et de Mohamed revient à tirer le tapis sous les pieds des intégristes. Education Le moment est venu pour un bref plaidoyer en faveur non seulement d’un enseignement des religions à l'école, comme le rapport de Régis Debray le conseille, mais aussi celui de la psychologie. Ce serait une réaction raisonnable aux épidémies de violence, en particulier religieuse : il est important que soient présentés à la fois la vision classique des religions, éventuellement même par leurs représentants eux-mêmes, et la vision critique de l'histoire, de l'exégèse, et aussi de la psychologie de la violence religieuse, et plus généralement de celle des idées totalitaires. On pourrait prévoir un programme de cinquante heures, ce qui est finalement peu à l'échelle d'une scolarité et surtout d'une vie humaine : - 10 h pour le christianisme, qui en France est la religion d'origine de la majorité : - 10 h pour l'islam et le judaïsme, - 10 h pour l'hindouisme et le bouddhisme - 10 h pour les mouvements religieux minoritaires dans leur aspect positif : ils ont beaucoup contribué à établir un contrepoids aux ambitions totalitaires de l'Eglise catholique durant l'histoire, ils ont donc favorisé l’apparition de la démocratie. On pourrait inclure dans ce temps une l'histoire de l’agnosticisme et de l'athéisme. - 10 h sur la psychopathologie des idées totalitaires et sectaires : ce cours aurait le gros avantage de rassembler les déviations des grands et petits groupes religieux sous un même feu critique, car leur fonctionnement psychopathologique est similaire : ne dit-on pas souvent que les grandes religions sont des sectes qui ont réussi ? On analysera dans ce cours les relations de l'obsession, de la dépression, de la paranoïa, et des délires fantastiques avec certaines formes religieuses. On donnera des exemples concrets de délires messianiques et prophétiques avec leur analyse psychopathologique rigoureuse. On rapprochera les totalitarismes religieux des grands fléaux du XXe siècle du point de vue de la violence, c'est-à-dire le fascisme et le communisme, en particulier sous sa forme de stalinisme, de maoïsme et de Pol Pot, qu'on pourrait qualifier de religions athées persécutrices et messianiques. On ne fuira pas la question des nombreux liens entre le fascisme et le christianisme. On expliquera avec quelques détails les mécanismes du bouc émissaire à la base de la violence humaine, en particulier religieuse, tels que les a exposés clairement René Girard.

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Si certains représentants du christianisme et de l'islam contestent ce type d'enseignement à l'école, cela ne signifiera-t-il pas clairement qu'ils n'ont pas la conscience tranquille, et qu'ils préfèrent laisser les jeunes dans l'ignorance complète d'une critique psychologique simple et claire des déviations de la religion? Il est possible finalement d’appliquer aussi la formation continue dans toutes sortes de domaines en dehors de l’école: je verrais bien un cours plus approfondi, peut-être d'une trentaine d'heures, sur la psychologie des idées totalitaires, avec la contribution de psychologues, sociologues et historiens. Devraient le suivre obligatoirement les personnes qui prennent des responsabilités dans des partis politiques, les candidats aux élections, les clercs, imams, rabbins et autres enseignants religieux en formation. Fermeté On peut raisonnablement soutenir que l'opposé de la violence n'est pas la passivité, mais la fermeté : il est possible d'avoir un rapport de forces non-violent, où l'adversaire qui était agressif s'estimera contraint d'accepter de négocier lorsque la poursuite de la lutte lui rapportera davantage de coûts que de bénéfices et sera ainsi contraire à ses intérêts. On dit aussi que le plus grand courage, c'est de résister au mal en refusant d'imiter le méchant. Une non-violence juste consiste à contenir la paranoïa de l'islamisme et du fascisme qui l'accompagne sans devenir soi-même paranoïaque ou fasciste. Purification : Pour les fidèles qui veulent s'améliorer, l'utilité de ce livre pourrait être la suivante : qu'ils s'arrêtent régulièrement afin de regarder en eux-mêmes et faire un point sur cette question simple : « Est-ce que les idées religieuses et politiques que j'entretiens en ce moment ne sont pas le produit de dépression, d'obsession ou de paranoïa individuelle ou collective? » Après avoir lu les chapitres précédents, ils réaliseront bien mieux à quoi cela correspond, et pourront discerner ces tendances au moment où elles relèvent la tête. Diversification « L'arc-en-ciel a sept couleurs. Est-ce que la diversité n'est pas le secret de sa beauté ? Si oui, pourquoi donc le désir de rendre l'homme d'une seule couleur ? …Il y a à la fois le soleil et le nuage dans le ciel. Le soleil sait que la terre a besoin d'eau. Le nuage sait que la terre a besoin de lumière. Les deux ont des natures différentes, et pourtant ils se respectent mutuellement. ». Nuages et soleil se tolèrent mutuellement dans le ciel, et cela fait sa beauté après la pluie. La lumière et l'ombre sont très proches, ils vivent côte à côte tout en sachant garder leur individualité. Toutes ces comparaisons sont données par un maître spirituel jaïn actuel pour faire comprendre ce qu'est un des principes central de sa religion, la non uniformité, le pluralisme, fondement métaphysique de la tolérance. Des méthodes efficaces pour limiter l'influence de l'islamisme radical en France pourront donc sembler paradoxale à beaucoup : il s’agirait non seulement d’encourager, comme nous l’avons vu, les groupes religieux indépendants qu'on a tendance à étiqueter globalement sectes dans un excès de zèle laïc mal placé, mais aussi les groupes de développement personnel qui permettent une connaissance de soi indépendamment des grandes religions. En effet, ce sont eux qui par leur diversité pourront servir de valve de sécurité à la pression, ou de coussin d'air contre le choc des monothéismes.

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Différence Après la diversification, passons maintenant à un éloge de la différence : un rabbi important dans le monde anglo-saxon, Nathan Sachs, a écrit un livre dans ce sens, La dignité de la différence ou comment éviter le choc des civilisations. Redisons-le, le problème n'est pas tant que les groupes humains croient à des mythes –après tout pourquoi pas si cela leur fait du bien – mais qu'ils cherchent à les imposer à l'humanité par la violence. De plus, par son refus de la différence, le prosélytisme est une forme de persécution. En tenant compte de ceci, une mesure de base pour que l'islam assainisse sa situation dans quelque pays où il se trouve et y réduise les tensions serait donc à l'évidence de stopper son prosélytisme, mais les musulmans en seront-ils capables ? Ou faudra-t-il qu'ils signent un traité mutuel de 'non prosélytisme' avec les chrétiens, comme les nations signent des accords de non-agression? Pourquoi pas ? Mais des deux côtés, qui donc aura le pouvoir de signer pour ses coreligionnaires et de faire respecter le pacte? La question est en fait difficilement soluble.

Non-violence

La meilleure prévention de la violence, c'est la fermeté : cela est tout aussi valable au niveau politique que familial, et le reste aussi quand il s'agit du combat des idées. Un point important est de savoir résister à la violence sans contre-violence car la violence en miroir crée justement un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. Ne pas entretenir la culture de la violence, c'est aussi être capable de se moquer des guerriers qui ont répandu une idéologie par la force et l’agression, de ces héros avec un Z majuscule qui impressionnent tant l'imagination des masses... Détachement Pour sortir de la victimisation, on peut prendre l'exemple du Dalaï-lama : lui et son peuple ont réellement été persécutés, avec un million et demi de morts à la clé, soit un quart de la population, et pourtant, ils ne sont pas tombés dans le sentiment de paranoïa par rapport à une conspiration mondiale contre eux.

Déconstruire

Un travail important de la non-violence est de savoir déconstruire de façon vigoureuse les idéologies de violence, même celles déguisées avec le vêtement de la piété. La culture de la violence est en réalité le contraire de la culture. La violence n'est pas la vertu de l'homme fort, c'est le vice du faible. L'idéologie rend autiste, elle discrédite la bonté. Toute idéologie est une idéologie de la violence nécessaire, légitime et honorable. Jean-Marie Müller fait remarquer que nous savons aujourd'hui que ce « réalisme politique » est réellement criminel. L'idéologie permet à l'individu de commettre le mal avec une conscience de faire le bien. Elle est une machine à fabriquer des justifications pour la violence, et l'être humain ne peut guère agir, tant qu'il ne s'est pas construit au préalable un semblant de justifications. « Lorsque la religion a sacralisé la violence, ce n'est pas la violence qui est devenue sacrée, mais la religion qui est devenue sacrilège. »cxxxi Limites

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Une attitude saine psychologiquement et spirituellement, c'est d'avoir la tête dans le ciel et les pieds sur terre. Au niveau politique, il est sûr qu'il est bien meilleur d'être unifié, et de poser clairement les limites par rapport à toutes sortes de demandes des milieux islamistes, et évidemment surtout par rapport aux passages à l'acte violents. Au niveau individuel, il est bon pour chacun de travailler sur la tolérance. Pour donner un exemple de limites qui n'ont pas su être posées correctement, nous pouvons mentionner la question de la signature d'un engagement des groupes musulmans à renoncer à la peine de mort pour les apostats. . Il est intéressant de voir que cette règle s'applique finalement assez spontanément sur internet, qui paraît être pourtant un espace de liberté complète. On peut par exemple trouver un "site de sites" intitulé The complete list of sites offering an alternative view on Islamcxxxii avec comme sous-titre "be tolerant, not naive". Si on surfe sur lui un peu de temps, on s'aperçoit qu'il y a toutes sortes de gens qui ne sont pas d'accord avec l'islam et qui le font savoir, certains simplement émotionnellement, d’autres avec mauvaise humeur voire passion, d'autres de façon beaucoup plus élaborée et solide intellectuellement, voire juste spirituellement. C'est la loi générale du monde : action et réaction, l'islam a une poussée prosélyte, et il s'attire des réactions, des " poses de limites" parfois plutôt fortes, comme nous l'avons dit Français Si le gouvernement ne fait pas pression pour que le français devienne la langue liturgique dans les mosquées de notre territoire, il y a risque à long terme de l'aggravation de la propagation du wahhabisme. Passer à notre langue, reviendrait à couper l'herbe sous les pieds à ce phénomène. Qui ne le souhaite pas, même parmi la majorité des immigrés d'origine musulmane dans notre pays ? Si l'on se souvient par exemple de l'évolution du catholicisme après Vatican II, le passage du latin au français a isolé les fidèles à tendance intégriste et les a considérablement affaiblis. Cela a favorisé une modernisation de la religion, même si elle s'est accompagnée d'un abandon notable de pratique. Cependant, le rôle d’un gouvernement laïc n'est pas a priori de développer ou maintenir à tout prix la pratique dans les mosquées. Il a par contre un rôle de protection de la population par la prévention de la dissémination de l’islamisme radical et de sa violence potentielle. C’est un fait psychologique bien établi que lorsqu’on apprend par cœur dans une langue qu’on ne connaît pas bien, la capacité de raisonnement et de pensée claire en est émoussée. On est comme un petit enfant qui essaie de parler avec les grands. En termes critiques, mais réalistes, on est infantilisé à long terme, et cela fait bien sûr partie intégrante de l’emprise du système islamique sur les esprits. En fait, être plongé dans un monde intérieur particulier par l'usage d'une langue ne serait pas un problème, s'il n'y avait pas le spectre de l'islamisme international et du prosélytisme saoudien par derrière. Je sais que les politiciens qui ne voient que leur intérêt à court terme diront : "On ne peut pas risquer des troubles [comprenez ‘risquer que nous ne soyons pas réélus’] juste pour un symbole." Mais comme nous l'avons dit souvent, les symboles ont leur force, la majorité de la population et des députés l'ont compris pour l'affaire du voile, et peut-être finiront-ils par le comprendre pour la question de la langue arabe dans les mosquées. Il s’agit d’une action non-violente. Si l'on veut lutter contre ce phénomène, il faut savoir

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aussi se placer au niveau symbolique, et émettre des règles du jeu claires qui tiennent la place archétypale d’antidote des fatwas. L'argument que ne manqueront pas d'avancer des imams, c'est bien sûr celui de la liberté religieuse. On peut le leur retourner : c'est justement à travers cette langue arabe qu'ils maintiennent leur emprise sur l'esprit de leurs fidèles, qui se voient imposer un langage qu'ils ne possèdent pas, mais qui les possèdent. Dans l'histoire de l'Occident, le passage aux langues vernaculaires dans le christianisme a consacré la libération des protestants allemands, anglais et français de l'impérialisme catholique romain, et par là même la rupture jusqu'à un certain point des chaînes de l'obscurantisme médiéval. Cela a correspondu en fait à la Renaissance et à la naissance de l'Europe moderne. Déconversion La 'déconversion' n'a pas quelque chose à faire, elle vient spontanément : un beau matin, celui qui avait mis une croyance rigide au centre de sa vie et qui était prêt à mourir, voir à tuer pour elle, s'aperçoit qu'il n'y croit plus du tout : elle lui semble maintenant un rêve, voire une hallucination dont il a tout bonnement guéri. La fièvre est simplement tombée. C'est un phénomène beaucoup plus fréquent qu'on ne pense, même si les croyances totalitaires font tout pour le cacher. Il représente une porte de sortie, une lumière au bout du tunnel pour ceux qui ont basculé dans les ténèbres de l'intégrisme. La possibilité de 'déconversion' est le meilleur signe de la liberté inaliénable de l'être humain. Combat Le combat contre l’intégrisme est nécessaire : Comme le rappelle Manji : « Les intégristes détestent la faiblesse. Ils croient que le faible mérite d'être vaincu. Paradoxalement donc, plus nous cherchons à les apaiser et à leur faire plaisir, plus leur mépris pour notre "faiblesse" augmente. Le paradoxe est par conséquent que pour défendre notre diversité, nous devrons être moins tolérants, ou au moins plus vigilants. » cxxxiii Sous prétexte de tolérance, ne pas vouloir critiquer des régimes totalitaires comme l'Iran ou l'Arabie saoudite est une grave erreur de fond. Les intellectuels qui se comportent ainsi risquent fort de se trouver aussi ridicules, quand ces régimes tomberont, que leurs homologues des années 1930 ou 1940 qui soutenaient le fascisme ou le stalinisme selon leur orientation politique de droite ou de gauche au départ. Ingérence Est-ce que le gouvernement doit surveiller ce que disent les imams? Si on sait que parmi l'audience de certains prêcheurs enflammés, même 2 ou 3 % des fidèles feront des passages à l'acte violents, n'y a-t-il pas un devoir de prévention consistant à contrôler, voire à faire taire les sermonneurs? N'y a-t-il pas devoir d'ingérence, comme celui de la communauté internationale envers les pays dont la structure sécuritaire s'est effondrée? Si l'on peut répondre de façon juste à ces questions délicates, on parviendra sans doute à aller au-delà de la naïveté du communautarisme à la manière anglaise : je viens de lire dans le journal que pour la première fois, de jeunes musulmans anglais ont été condamnés pour s'être entraînés dans un camp de terroristes organisé dans le Royaume-Uni même. Cela pourrait n'être qu'une anecdote, si elle n'était corroborée par des statistiques récentes plus générales : plus de 80 % des musulmans dont la plupart

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naturalisés anglais ou pour beaucoup nés dans le pays s'estiment d'abord être des fidèles de l'islam et ensuite seulement anglais. Encore plus inquiétant, 23% estiment qu'à long terme l'Angleterre devra se convertir et suivre la charia. Devant de tels faits, il ne serait pas de bonne psychologie de jouer à l’autruche. Multiculturalisme On peut se demander si un multiculturalisme naïf et "boniste" ne va pas déboucher en fait sur un multiracisme, avec des tribus qui formeront de nouvelles castes, voire des états dans l'Etat et tous les conflits que cela pourra générer à long terme. Est-ce que cette tendance ne reviendra pas à développer aussi un multisectarisme, avec toutes sortes de méthodes psychologiques de compartimentation et de séparation d'avec l'autre ? Nous avons peur en particulier du "ciblage" par les néo-fondamentalistes des communautés défavorisées des banlieues occidentales : cependant, sur ce point précis, il faut reconnaître honnêtement que cela tient d'un retour de flamme. Les missionnaires chrétiens dans les pays colonisés et du Tiers-monde ont entretenu la même stratégie, et continuent de le faire. C'est un phénomène de récupération du travail humanitaire par des idéologies totalisantes. Réalisme Dire que l'islam sera intégré d'ici deux ou trois générations à l'Europe me semble optimiste si l'on se souvient de l'histoire de l'Inde. Depuis un millénaire, les armées de l'islam ont envahi en grand nombre le sous-continent avec à la clef des dizaines de millions de morts, et pourtant les musulmans demeurent peu intégrés, comme nous l’avons mentionné : ils ont gardé leur droit séparé, vivent souvent dans des quartiers délimités des villes et surtout leurs écoles religieuses (Déobandis, Barlévis) forme leurs oulémas beaucoup plus à une culture arabe qu'indienne au sens large. Ainsi il est clair que les oulémas ayant reçu cette formation encouragent la ségrégation : ils non plus d'espoir de "vaincre" l'hindouisme, n'étant toujours que 14% en face d’environ 83 % d'hindous, et se "ghettoïsent" donc pour éviter une assimilation qui serait à long terme fatal à leur idéologie religieuse. Joie : L'important est d’améliorer de façon stable son humeur : le fondamentalisme, comme l'alcoolisme et bien d’autres addictions, provient d'un fonds de tristesse, et si on veut l'éradiquer, rien n'est meilleur que de travailler directement sur la joie. Celle-ci permettra de dissoudre tous les fondamentalismes, car elle est en fait plus profonde, plus fondamentale qu'eux tous.

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Conclusion La règle d’or En parvenant à la fin de ce livre me revient en mémoire une histoire fort ancienne, bien avant que l'islam ne soit né et avant même l'apparition du christianisme. Il s'agit d'une anecdote de Hillel. Celui-ci était un maître spirituel célèbre en Israël à son époque, il y avait aussi un autre enseignant connu qui s'appelait Chamaï. Un chercheur spirituel qui avait des doutes sur leur niveau et leur capacité à maîtriser la colère décida de les mettre à l'épreuve. Il alla d'abord chez Chamaï et lui demanda : "Peux-tu m'expliquer toute la Torah pendant que je reste sur un pied ?" L’enseignant devint furieux et s'écria :" Tu te moques de moi ! Disparais tout de suite de ma face !" Ensuite, le même chercheur se rendit chez Hillel et lui posa la même question. Le sage répondit avec un sourire : "Bien sûr, je le peux ! Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'o n te fasse à toi-même, voilà toute la Torah, et le reste ne représente que des commentaires !" Cette Règle d’or de réciprocité n’est qu’un premier pas, le second étant de pardonner à l’ennemi et le troisième de déconstruire cet ego même qui sépare entre amis et ennemis, et de développer un sentiment d’affection et de protection même pour ces personnes qui sont aveuglés par leurs propres problèmes et vous agressent de façon inutile et imméritée. Il n’y a pas de honte à avoir honte. Le premier facteur pour avoir des chances de sortir d’une addiction, c’est d’être capable de la regarder en face et d’en avoir honte. La violence religieuse en général, et celle de l’islamisme radical en particulier, est une forme d’addiction, nous l’avons suffisamment montré. Il n’y a donc pas de honte à ce que les musulmans dans leur ensemble en aient honte, une honte saine, active, non névrotique, les amenant à l’introspection et les poussant à découvrir ce en quoi leurs croyances les rendent si vulnérables à ce genre de déviation. Les monothéistes devraient être sensible aussi à toute cette terreur au fond au nom du Dieu unique. Dire qu’il ne s’agit pas du même Dieu unique est une défense plutôt enfantine. Répétons que le fait qu’il puisse y avoir un certain niveau de violence dans d’autre religions n’est pas une excuse. L’islam a la beauté d’avoir mis dans ces cinq piliers directement le devoir de zaqat, d’aumône, de charité : c’est le devoir de chaque croyant de ne pas réduire ce devoir, voire le pervertir, en finançant des groupes terroristes, ou au moins en les soutenant discrètement et en l’encourageant de ses voeux. Au contraire, il faut l’élargir au niveau d’un véritable altruisme : celui-ci, compris dans son sens véritablement universel et éthique, amènera par exemple à abandonner le prosélytisme Mettre ce processus réellement en mouvement est certes un travail considérable, mais il s’agit de la seule solution éthiquement viable à long terme. Le Dalaï-lama a publié en anglais récemment, en 2010, un ouvrage qui a touché le cœur de beaucoup de gens, Vers un lien de parenté réel entre les voies religieuses. Il y

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condense plus d’un demi-siècle de rencontres et travaux personnels sur le dialogue interreligieux. : il lance dans sa conclusion un appel :

Je dois conclure par un appel : je demande ceci de ceux et celles qui comme moi et croient en une religion. Obéissez les injonctions de votre foi, effectuez le voyage qui mène à l’essence de votre enseignement religieux, la bonté fondamentale du cœur humain. Si vous croyez en Dieu, voyez les autres comme les enfants de Dieu. Si vous n’êtes pas théistes, voyez tous les êtres comme votre mère. Quand vous faites cela, il n’y aura pas de place pour les préjugés, l’intolérance ou l’exclusivisme. Emettez le vœu aujourd’hui que vous ne permettrez jamais que votre foi soit utilisée comme un instrument de violence. Emettez le vœu aujourd’hui que vous puissiez devenir un instrument de paix, vivant suivant les enseignements éthiques d’altruisme de votre propre religion. Les enjeux sont plus importants que jamais – non seulement pour notre survie en tant qu’espèce, mais aussi pour la planète elle-même et pour les myriades de créatures qui partagent notre maison. Le grand pouvoir que nous avons nous place dans une position de responsabilité unique. Aujourd’hui, même à un niveau individuel, ce que nous pensons à propos des autres qui sont différents et la manière dont nous vivons nos vies ont des implications bien au-delà de notre entourage immédiat, avec des ramifications au niveau global. C’est la réalité dans laquelle nous vivons »cxxxiv

Le Dalaï-lama aussi publié en décembre 2010, juste après son livre sur unr vraie parenté entre les religions, un seconde ouvrage complémentaire, Au-delà des religions, qui inclus le point de vue agnostique et laïc dans les possibilités d’évolution spirituelle de l’humanité.cxxxv Les croyances, même dogmatiques, ont cependant deux intérêts : non seulement de donner des consolations individuelles dans les difficultés de la vie, mais aussi de fournir un fondement métaphysique a priori vaste pour un comportement éthique. En cela, elles mérite d’être respectées et font partie de la réalité du monde tel qu’il est. Cependant, leur diversité aussi fait partie de cette réalité. Elles sont des remèdes différents pour traiter des maladies différentes, en ce sens une religion unique, déjà imposssible à mettre en place en pratique, n’est même pas souhaitable. Au niveau individuel, la conviction que sa religion est la meilleure est utile, elle aide à pratiquer sérieusement, mais on doit reconnaître que les autres ont la même conviction et donc accepter au niveau collectif le pluralisme. C’est de toute façon un fait, et il débute en général même déjà quand deux personnes se mettent à parler de ce en quoi il croient. Même les monothéistes qui ont par leur dogme du Dieu unique une forte tendance à l’exclusivisme doive reconnaître s’ils sont logiques qu’il y a une intention divine positive dans la pluralité des religions : en effet, si Dieu n’en voulait pas, le fait qu’il existe malgré tout prouverait qu’il ne serait pas tout-puissant, étant simplement dépassé par les évènements. Et s’il la voulait juste pour avoir le plaisir de condamner la majortité de l’humanité aux tortures éternelles de l’enfer, cela voudrait dire qu’il est un sadique, une idée évidemment contradictoire avec sa présentation comme Dieu d’amour. On doit donc comprendre qu’il a une intention positive. Cela pourrait êtr par exemple de réduire l’ego de ces fidèles qui croient que leur forme religieuse doit dominer toute la terre. Si l’on distingue trois niveaux ; l’éthique, la métaphysique et la culture, on peut alors comprendre que les religions peuvent converger sur une bas commune d’éthique altruiste toute en continuant à différer largement sur certains points de métaphysique ou de culture. Discerner le véritable mouvement de l’avenir

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En fait, tout le chapitre précédent, "Que faire?", représentait déjà en soi une conclusion ouverte vers l'avenir. Ajoutons simplement quelques points importants. de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Reprenons encore une fois l'objection : "On ne peut pas critiquer le fondamentalisme violent, car la religion concerne la vie intime et privée des gens.". Il est vrai que l'intimité de l'amour existe, mais les maladies vénériennes aussi. Pourquoi respecter la première signifierait-il ne pas oser mentionner les secondes ? Serait-ce une attitude saine à court et à long terme ? De même que la vénérologie est une partie d'une médecine qui par ailleurs respecte les valeurs de l'amour, de même la "fondamentologie" se développera comme une part de la psychiatrie ayant par ailleurs de la considération pour les valeurs de la religion. Sortir du totalitarisme psychologique et religieux de l’islamisme L’histoire a maintenant découverte qu’il n’y avait pratiquement pas de rapport entre le Mohamed réel, petit chef de guerre avec quelques succès et beaucoup de défaites, et le Coran qui existait déjà en grande partie avant lui et a continué à se développer sans lui aussi par la suite. Il y a ainsi, nous l’avons vue, toue une série de remises en cause fondamentaloe des croyances centrales de l’islam. Dès lors, on peut distinguer trois possibilités pour que les sujets s’extraient de cette situation plutôt embarrassante: - Les croyants peuvent sortir de l’islam par le bas, en tombant dans l’alcool, l’héroïne ou toutes sortes de comportements non éthiques. - On peut en sortir par le haut en pratiquant une spiritualité à la fois libre, intense et éthique, débarrassée de toutes sortes de superstitions et croyances religieuses erronées. La troisième possibilité est malheureusement fréquente, faire semblant d’en sortir par le haut alors qu’on en sort par le bas, c’est-à-dire tomber dans la paranoïa religieuse et la violence, déjà en pensée, puis en action. Avec la diffusion de connaissances critiques sur les origines de l’islam qui sont déjà disponibles dans les livres spécialisés, bon nombre de musulmans qui sont pour l’instant plus croyants qu’intelligents deviendront plus intelligents que croyants. Qu’on le veuille ou non, cela représentera un facteur important de progrès, car les éventualités de violences futures, déjà celles d’inspiration religieuse, en seront limitées. Il ne s’agit pas d’être un nostalgique du passé qui prêche le retour à des traditions polythéistes perdues. Il suffit de constater seulement que nous avons déjà débouché dans une ère de néo-polythéisme, qui n’est cependant pas pratiqué sous la forme du culte de statues, mais sous celle d’un pluralisme, d'une multiplicité de voies spirituelles disponibles qui sont très éloignées, voire n'ont pas de lien avec le monothéisme biblique. Dans ce sens, essayer de contrer les islamistes radicaux en leur lisant des poèmes d'amour mystique soufis ou autres aura à mon sens autant d'efficacité que celle d'un moustique contre un char d'assaut. Il y a une idéologie de violence qui est là, une machine de guerre bien huilée, il ne faut pas fuir cette triste réalité par un délire mystico-culturel de compensation, il faut la regarder en face et la démanteler : dans ce cas particulier, plus que la voie du mystique-moustique, les instruments de la psychopathologie classique sont très efficaces, surtout s'ils sont améliorés par une vision claire de ce en quoi consiste la vraie et la fausse spiritualité. Pour saisir la psychologie de l'islamisme, il faut déjà bien comprendre à quel point un besoin spirituel licite de lien

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avec l'Absolu peut être perverti en idéologie violente pour les masses. Certes, montrer les bons aspects d'une culture a son importance, mais il ne faut pas que cela tourne au délire compensatoire visant à ne pas voir les vastes ombres d'un système idéologique à tendance totalitaire. Pensée libre Pour ter:miner cet ouvrage en revenant à la valeur incontournable de la pensée libre, rapportons ce dialogue : Irshad Manji a demandé un jour à Salman Rushdie après son expérience d'être la victime d'un fatwa de mort, pourquoi il l'encourageait quand même à écrire un livre qui remettait profondément l'islam en question. Sa réponse fut la suivante : "car un livre est plus important que la vie". Il s'en est expliqué : "A chaque fois qu'un écrivain émet une pensée, on peut exprimer son désaccord avec véhémence, voire violence, mais elle ne peut être "dé-pensée". C'est le cadeau noble, permanent que l'écrivain offre au monde."cxxxvi Dans ce sens, on peut faire remarquer que pour combattre contre une nébuleuse qui est basée sur la passion religieuse, la bataille des idées est au fond plus essentielle que la bataille des armes et des corps. Etty Hilsum, sur le chemin de la déportation, nous a laissé une indication pour sortir de la violence et du totalitarisme : « Je ne vois pas d’autre issue : que chacun fasse un retour à soi-même et extirpe et anéantisse tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend encore plus inhospitalier qu’il ne l’est déjà…Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’avons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à regarder en nous-mêmes et pas ailleurs.cxxxvii » Pour le Dalaï-lama, la solution des conflits religieux doit venir principalement d’au-delà de la religion. Voici ce qu’il en dit dans son discours de réception du Prix Nobel de la Paix à Oslo en 1989 cxxxviii « L’altruisme et l’amour ne sont pas fabriqués par l’être humain, ils viennent de la nature alors que les idéologies sont fabriquées. C’est important de reconnaître les qualités naturelles, en particulier quand nous avons un problème et ne trouvons pas de solution. Par exemple, je sens que les dirigeants chinois sont confrontés à un problème qui est en partie causé par leur propre idéologie, leur propre système. Dans le business religieux, parfois, c’est à cause de la religion elle-même que nous créons un problème. Si nous essayons de le résoudre en utilisant les méthodes religieuses, il est certain que nous ne réussirons pas. Ainsi, je ressens que quand nous sommes en face de tels problèmes, il est important de revenir à nos qualités humaines de base. Je pense qu’alors nous trouverons que la solutions vient facilement. Le mieux pour résoudre les difficultés humaines, c’est une compréhension humaine. » Ce que le Dalaï-lama dit avec gentillesse, c’est que par exemple un dieu fabriqué par les humaines croyances fait beaucoup plus partie du problème que de la solution. Une manière donc de chercher des issues à certaines impasses religieuse peut être la psychologie, avec son aspect pragmatique et le consensus sur un certain nombre de points à laquelle elle est à peu près arrivée malgré la diversité naturelle des écoles. Certaines formes de psychologie peuvent être tout à fait ouverte à la dimension spirituelle, voire même religieuse. Ce livre représente un travail critique dans ce sens.

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T able des matières

Argumentaire

Introduction Ce que je crois Quelques définitions à propos de l'islamisme et de la tradition Le printemps arabe entre enthousiasme et récupération : quelques éléments de prudence. Ces hirondelles qui pourraient sans doute faire le printemps : les espoirs des révolutions arabes. La méthodologie de ce livre : la psychopathologie au renfort de la sociologie et de l'histoire des religions. Les points faibles de la critique de l’islamisme d’un point de vue interne au monothéisme Compassion médicale et psychohistoire Les conséquences impensables d’un confit nucléaire entre Israël et l’Iran Les réticences des intellectuels à prendre en compte le facteur religieux Edward Said et l’orientalisme Un thérapeute dans la cité Ethique de la critique Le déni de la violence dans le monothéisme : pensée positive ou fonctionnement psychotique ? L'islamisme, religion ou idéologie ? Le monothéisme entre totalisant et totalitaire Pour conclure ces réflexions préalables

Première partie : Psychodynamique des croyances islamiques 1 – L’amour, les aléas de la relation homme-femme et l’islamisme Quelques réalités biologiques Où il est question de stylos, de vraie religion et de tours qu'on abat. La naissance de l’islam et les misères de la Mère. Lutte pour la Terre-Mère et délire de jalousie Castration et terrorisme Circoncision et liberté

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Pseudo-virilité Le Prophète insulté à Badr servirait-il d'archétype pour les islamistes ? Soumission et masochisme La contradiction entre les "deux mariages", symptômes d'un clivage psychotique ? En route entre Damas et Alep Où il est question de harem, harram et Moharram. ‘Désir-colère’, ou les rencontres inattendues de la sexologie et de la polémologie. Mainmise religieuse sur la sexualité et idéologie totalitaire 2 - Dépression et obsession Quelques causes de la dépression en islam

L'islamisme serait-il un burn-out de l'islam ? Le cercle vicieux de violence : L'habitude de ne pas dire la vérité La frustration politique L’archétype de la prosternation : effets thérapeutiques, effets secondaires.

Réflexions sur le conflit chronique entre christianisme et islam Négationnisme et choc des civilisations La question de l’élection divine Obsession et perversion Les Versets sataniques, le Da Vinci Code et la « Mutinerie des Mutilés ». Claustrophobie, délire d'étouffement et violences extrêmes

3 - Comprendre la paranoïa p.73 Différentes définitions pour mieux comprendre la maladie Une des ennemies les plus intimes de l'être humain : la paranoïa Quelques mécanismes importants à saisir Dépression et compensation Le persécuteur : Les rationalisations secondaires Suspicion et dénonciation du mensonge Intolérance de l'ambiguïté Idées d’empoisonnement Persécution et sexualité Paranoïa et politique Société L’internet favorise-t-il la libération de l’islamisme radical ou l’enferrement dans la paranoïa religieuse ? Le cas d'Aimée A.

4 - Délires systématisés et islamisme

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Complexe de supériorité et mégalomanie en tant que compensation de la dépression. Le lien entre complexe d'infériorité et paranoïa dans les religions du Livre Clivage Si le monothéisme réussit à mûrir, il acceptera le culte des autres dieux. Persécuteur désigné et bouc émissaire Rationalisations secondaires

Le meurtre d'Allât par Allah et la naissance de l'islam

Tuer la Mère

Tuer le Père Tuer le fils ...et pourtant, Zarqawi aimait tant sa maman! Déni du Féminin supérieur et comportement auto mutilatoire Homosexualité et amour déçu L'islamisme, la violence et l'illusion de la virilité

5 - Psychose et réalité dans le fondamentalisme musulman Déni massif de réalité L’extension du délire en tache d’huile La théorie du complot Quand le délire se mêle à la réalité pour former un cercle vicieux Plaintes sans fin et fin de la plainte. Concordisme Réflexions sur Le Coran et la psychanalyse cxxxix d’Olfa Youssef Croyance, terreur et psychose infantile

6 - La question de la loi au centre de la paranoïa Remplacer la loi du père par la sienne propre "Ma loi civilisée contre leur loi de la jungle"

Vouloir imposer la charia au monde : prosélytisme ou paranoïa ?

L'affaire Rushdie ou des caricatures de Mohamed correspond-elle à un délire de persécution mondialisé ? Les bénéfices secondaires de la victimisation Quand les pervers font la morale au monde.

7 - Le moralisme en tant que pseudo justification de la violence. La fixation sur la pureté : entre névroses et psychose. Hypocrisie et culpabilisation. Croyance, idéologie et déni de la réalité.

8 - L’obsession du retour à la charia est-elle une addiction ? L’auto-diagnostic d’addiction

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La dépendance amoureuse ou religieuse et la grille de Goodman pour les addictions Quelques indications pour un auto-sevrage de la violence religieuse comme drogue. Eviter les rechutes

9 - Martyre et idolâtrie du sacrifice humain Suicide, terrorisme et sacrifice humain De l'anthropologie primitive à l'actualité brûlante : ce que dit l'idole de Beslan Le martyre, un héritage du judaïsme et du christianisme L'archétype d'Ismaël, facteur de guérison ou d'aggravation de la violence ? Martyr, animisme et pathologie du sacrifice humain Chahids et témoins dans l'expansion de l'islam Culte de la mort et pulsions autodestructrices. Pistes thérapeutiques pour soigner une pulsion religieuse de mort.

10- Identités religieuses et violence La frontière poreuse entre identités religieuses et paranoïa La religion, médicament des âmes…mais avec sa toxicité. La théorie du préjugé ou les bases psychologiques du racisme. Ce pourquoi il n'est pas juste de parler d'intégrisme hindou ou bouddhiste. Eloge du gris, la couleur des bijoux en argent.

Deuxième partie : En suivant le fil de la psychologie dans le tissu de l’histoire 11 - La réalité du jihâd - continuité et évolutions

Les racines du jihad : brefs aperçus de la violence vétérotestamentaire. Les bases doctrinales du jihâd : une guerre permanente. Y a-t-il des versets de tolérance des autres religions dans le Coran ?

12 - L’idéologie islamique dans les invasions de l’Inde La guerre sainte en action : l’exemple de l’Inde L'islamisme persécuteur : l'esclavage musulman en Inde. L’islamisme pakistanais : la menace du chaos et l’assassinat de Benazir Bhutto Le monde des fatwas Les chances d’évolution des oulémas Le syndrome d’Akbar La différence entre conservatisme stable et fondamentalisme conquérant Mémoire et pardon 13 - Psychologie d'une idéologie totalitaire Iqbal, le surhomme islamiste et la création du Pakistan.

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Psychopathologie de l'intolérance. Pour ou contre la notion de fascislamisme Décentralisation et dissémination du sectarisme islamiste. Psycho-épidémiologie Pureté de l'islamisme et purification ethnique : l'invasion du territoire de l'autre. Charia et compulsion de répétition. Les liens de l'islamisme avec les totalitarismes La mystique du massacre et l'expansion de l'islamisme. Les totalitarismes, eux aussi, sont mortels. 14 - Les origines de l'islam revisitées Une évolution très progressive L'islam des origines a-t-il refoulé père et mère? Que reste-t-il de Mohamed après le passage de l'analyse historique ?

La fitna entre Mohamed et le Coran Répercussions psychologiques des "mythes en miettes" sur les croyants Santé psychologique et rapport au réel.

15 - Quelques éléments d’analyse psychologique à propos du Coran Le texte coranique livre-t-il des signes de tendance dépressive ? Importance des idées systématisées de persécution. Menaces de fin du monde Mécanismes compensateurs

16 - La personnalité de Mahomet est-elle un modèle pour les islamistes? L’homme Mohamed : une personnalité complexe - L’image de la piété populaire - La question de la paranoïa - Les wahis, ou transes coraniques - Les mystères de l’autorisation d’Allah - Les rapports de l’ego et de la fonction prophétique - Justifications sectaires à la violence et éthique moderne - Un djihâd contre les animaux La fixation sur la personne de Mahomet : dévotion ou régression ? Ce pourquoi Hanafi ne mangeait pas de melons Le crépuscule d'une idole sans statue ? 17 - Les liens complexes de l'islam modéré avec celui qui ne l'est pas

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Ma visite à la tombe de deux soufis : l'islam modéré au beau milieu de celui qui ne l'est pas. Quelques rencontres avec un soufi pas très catholique... Une base commune entre les modérés et les "immodérés". Psychologie de la double personnalité Vol plané entre Dieu et Diable Les incertitudes du soufisme en pays musulman.

La mystique de Ben Laden Les complications mentales des convertis occidentaux à l'islam via le soufisme. Quelques commentaires sur les propos d'un converti prosélyte Les fondamentalistes islamistes et chrétiens évoluent-ils en miroir ? Religion "immodérée" et paranoïa Tolérance ou couardise ? La lettre de Jean-Marie Muller au Président Obama à propos de la non-violence Quel avenir pour le monothéisme ?

Troisième partie : Quelques remèdes

18 – Que faire ?

Conclusion La Règle d’or Il n’y a pas de honte à avoir honte. Discerner le véritable mouvement de l’avenir L’altruisme au coeur à la fois des religions et de la laïcité : le dialogue interreligieux revisité Sortir du totalitarisme psychologique et religieux de l’islamisme Pensée libre

Table des matières i Ben Jelloun Tahar L’étincelle fayard, 2011 ii Filiu Jean-Pierre La revolution arabe –dix leçons sur le soulèvement arabe iii Filu, op.cit. p.148 et le site de al Qardaoui, islamonline. iv Filiu, op.cit. p.79. v Filiu, op.cot. p.86, 88, et 213.

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vi Benslama Fethi La psychanalye à l’épreuve de l’islam Aubier, 2002 vii Flammarion 2005 viii Soler Jean Violence et monothéisme Editions Philippe de Falloisn 2008. ix Pous Jacques La tentation totalitaire L’Harmatttan, 2009. x Jean-Pierre Castel Le déni de la vilence monothéiste L’Harmatttan, 2010 xi Said Edward L’orientalisme Seuil, 1980, 2005. xii Levi Strauss Anthropologie structurale, Paris, p.17 xiii Régis Debray Un mythe contemporain : le dialogue des civilisations CNRS éditions, 2007 p.13 xiv Castel Jean-Pierre Le déni de la violence monothéiste L’Harmattan, 2010. xv Pous Jacques La tentation totalitaire dans le monothéisme L’Harmattan, 2008. xvi Soler Jean Violence et monothéisme Editions Philippe de Fallois, 2008. xvii Lewis Bernard Que s'est-il passé ? – L’islam, l’Occident et la modernité Gallimard, 2002, p.93 xviii Benslama Fethi Déclaration d’insoumision à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas Flammarion, 2006, p.33 xix Id. p.36 xx Fallaci Oriana La forza della ragione [La force de la raison] Rizzoli, Milan, 2004, p.229. xxi Siegel Judy Israeli Exports: Circoncision Helps Fight AIDS The International Jerusalem Post n° 2505, 1-7 décembre 2006, p.8 xxii Fallaci Orianna, op.cit. p.115. xxiii Benslama op.cit. p.29 xxiv Ces chiffres sont en rapportés par Lewis B. l'islam en crise Gallimard 2330 p. 130 xxv Nous avons déjà donné les références des recherches qui ont établi ces chiffres accablants, mais comme il s’agit d’une question importante et où le déni monothéiste est régulier et prend toutes sortes de formes, je les redonne : Selon David E. Stannard, professeur d’études américaines à l’Université de Hawaï, American Holocaust – The Conquest of the new World, (Oxford University Press, 1992), 90 à 95% de la population indienne des deux Amériques

ont été exterminés en quatre siècles, ce qui représente 90 millions de morts. Ce chiffre même mériterait bien plus qu’une note en fin de livre. Voir aussi 2007 : - La thèse du "génocide indien" : guerre de position entre science et mémoire in La Revue Amnis, dir. Severiano Rojo Hernandez /Amnis/ Faculté des Lettres et Sciences Sociales Victor Segalen Brest. Dorel discute précisément les chiffres. Il est professeur à l’Ecole centrale de nantes. En espagnol, on trouve Ribeiro Darcy Las Americas e la civilización Biblioteca Ayacucho, Caracas, Venezuela, 1992, p.85 xxvi Roy O op.cit. p.40 xxvii Islam Under Siege Vistaar Publications, New Delhi xxviii Chazaud op.cit p.166. xxix Chazaud op.cit. p.186. xxx Chazaud, op.cit. p.222. xxxi Encel op.cit. p.130 Champs/Flammarion 2002 xxxii Robins R, Post J Political Paranoia Yale University Press, 1997. xxxiii Id. p. 94. xxxiv Id. p.152 xxxv Lacan Jacques De la psychose paranoïaque dans ses rapports à la personnalité Seuil 1975, p.165. xxxvi Devji op.cit. p.19. xxxvii Id. p.83. xxxviii Id. p.60. xxxix Kakar Sudhir The colours of Violence Viking, Delhi, 1995, p.235 xl Lewis B L’islam en crise Gallimard 2003 p. 155. xli Juergensmeyer op.cit. p.123 xlii Hachtroudi Fariba Femmes iraniennes - 25 ans d'inquisition islamique. Editions L'Hydre xliii Benslama La psychanalyse... op.cit.p.197 xliv Roy Olivier L'islam mondialisé Points/Seuil, 2002, 2004 p.224.

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xlv Berke J.H. and alias Even Paranoids Have Ennemies -New Perspectives on Paranoia and Persecution Routledge, London, New-York, p.200. xlvi Benslama la psychanalyse...op.cit. p.202 xlvii Benslama La psychanalyse...op.cit .p.143. xlviii Bloom Howard chapitre « L’importance de l’étreinte » dans Le principe de Lucifer Le jardin des livres, 2004 pour l’édition française, p.283. xlix R.J. Lifton in Even paranoid op.cit. p.64. l Kakar Colours of Violence op.cit. p.166. li cité dans Le Courrier international n° 813, 1-7 2006, p.38 lii Manji, op.cit. p.127. liii Le Monde 2 Le retour des théories du complot – entretien avec le politicologue Pierre-André Taguieff p.22-30, n°90, 5-11-05. liv Vitkine Antoine Les nouveaux imposteurs Éditions de la Martinière, 2005 lv Id. p.231, 235. lvi cité par Ilany Kogan The black hole of dread : the psychic reality of children of Holaucaust survivors in Even Paranoids ...op.cit. pp 47-58 lvii op.cit. p. 42 lviii Olaf Youcef, Le Coran et la psychanalyse Albin-Michel 2006 lix Olaf Youcef, Le Coran et la psychanalyse Albin-Michel 2006 lx op.cit. p.85. lxi Basti Yves L'idéalisme passionné annales médicopsychologiques, mars 1966 p.326 lxii Amir-Moezzi M.A. dictionnaire du Coran op.cit. p.65, 66 lxiii Id. p.206 lxiv Id., p.236 lxv Prémare op.cit. p. 109 lxvi Le Courrier international n° 813 30 1-7 juin 2006 lxvii Pour un certain nombres de faits contenus dans cette partie, nous nous sommes basés sur le livre bien documenté d'Alexandre del Vale Le totalitarisme islamique à l'assaut des démocraties Edition des Syrtes, 2002. Peut-être justement était-il trop bien documenté et à contre-courant pour pouvoir plaire à tout le monde, mais les nombreux faits qu'il rapporte feront de toute façon réfléchir les lecteurs. lxviii (Le Monde des religions n° 15 p.79) lxix Reynaud Michel et Karqila Laurent On ne pense qu’à ça – Sensations, émotions, passions : l’amour dévoilé… ou presque Flamamrion, 2009, p. 243-263 lxx cité par Juergensmeyer op.cit. p.79 lxxi cité par Labidi, Samia, Karim, mon frère Flammarion, 1997, p.81. lxxii Juergensmeyer op.cit. p.166. lxxiii Walter Jean-Jacques Le crépusule de l'islam Les Editions de Paris, 2003. lxxiv Michael Ignatieff, cité par Rabbi Jonathan Sachs The Dignity of Difference - How to Avoid the Clash of Civilization Continuum, London, New-York, 2003 p.199 lxxv op.cit. p.52 lxxvi Djihâd, p.6 lxxvii cité par Walter JJ Crépuscule de l'islam Editions de Paris p.72 (les numéros de pages ou ce livre sont seulement indicatif, car elles sont basées sur l'édition électronique, et non l'édition sur papier) . lxxviii Benslama Déclaration d'insoumission... op.cit. p.58 lxxix Hachtroudi op.cit. p.317 lxxx cité par BP Singh, op.cit. p.29 lxxxi Fromm Erich Escape from Freedom Henry Olt, New York, (1941), 1994 lxxxii Id. p.3 lxxxiii Id .p.40 lxxxiv Del Valle Alexandre Le totalitarisme islamique à l'assaut des démocraties Editions des Syrtes, op.cit. lxxxv Id. p.422. lxxxvi Id p. 366 lxxxvii Id.Ibid.

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lxxxviii Meddep op.cit. p.138. lxxxix Benslama, Déclaration... op.cit. p. 74 xc Chebel Malek L'islam et la raison - le combat des idées Perrin, 2005, p.36-58. Leur développement s'est déroulé pendant la première moitié du IXe siècle à Bagdad. xci Majumdar Suhas Jihâd -The islamic Doctrine of Permanent War Voice of India, 1994, 2001, 2004. xcii Walter op.cit. p.33. On trouvera bien d'autres documents sur le sujet dans del Vale Le totalitarisme islamique en particulier dans son chapitre 4 sur le troisième totalitarisme et son chapitre 9 de conclusion sur La crise de la démocratie et la nouvelle tentation totalitaire. Bat Ye'Or a fait aussi un travail important dans ses ouvrages pour montrer sans fard les aspects totalitaires de l'histoire de l'islam, ses travaux ont inspiré Orianna Fallaci qui les a repris avec son style passionné qui ne lui a pas valu que des amis, mais lui a assuré un public large, son ouvrage La Forza della ragione a été vendu en un mois à un million d’exemplaires en Italie à sa parution en avril 2002. xciii Meddeb op.cit. p.210. xciv La véritable histoire de Mahomet par Jean-Jacques Walter. Nous n'hésiterons pas à citer dans cette première section ses résumés des problèmes historiques qui sont très clairs. Les passages qui seraient sans notes sont de lui, puisque les numéros de pages de son manuscrit ne correspondront pas de toutes façons à l’édition définitive xcv de Prémare Alfred-Louis Les Fondations de l'islam -- entre écriture et histoire L'univers historique / Seuil 2002 xcvi Gallez Étienne Marie Le messie et son prophète -- aux origines de l'islam en deux tomes, éditions de Paris, 2005 xcvii Walter op.cit xcviii Walter op.cit xcix Id p. 30 c TRM Eaton Sufis of Bijapur 1300-1700 - Social Roles of Sufis in Medieval India Munshiram Manoharlal, Delhi, 1996. ci Freud Sigmund L'homme Moïse et la religion monothéiste NRF/Gallimard Paris, 1986, p.8 cii Les références sont à la coolection de hâdith de Bukhari, dont une sélection a été présentée par Ram Swarup dans Understanding Islam through the Hadiths, Voice of India, Delhi, ciii Ram Swarup Woman in Islam, Voice of India, 1994, 2000, p.20 civ Id. p.5 cv Id. p.48 cvi Tabaqât vol II, p.164. Il s'agit d'une biographie traditionnelle de Prophète et de ses compagnons en sept volumes par Ibn Sa'd, publié en ourdou à Karachi, et cité in Understanding..., op.cit. p.173. cvii Jihâd p.58 cviii Understanding... p.190 cix Elst Konraad The Wahis of Mohamed and the Surnatural Foundations of Islam publié par épisodes dans le Kashmir Herald en hiver 2002-2003. Ce texte sera sans doute inclus dans un livre en français en préparation La psychologie du prophétisme. cx Pour l’instant ses écrits ne sont disponibles qu’en néerlandais : Een andere Mohammed (« Un autre Mahomet », Hadewych, Antwerp 1993), cxi (Ibn Ishâq’s Sîrat Rasûl Allâh Alfred Guillaume : La Vie de Mahomet, p.106/153). cxii (Ishaq/Guillaume : 107/154) cxiii Understanding p.112 cxiv www.terredisrel.com The Unthinkable Consequences of an Iran-Israel Nuclear Exchange by Daniel Pipes November 21, 2007 updated Dec 4, 2011 cxv Understanding...p.27 cxvi Sîrat Rasûl Allah, The Life of Mohamed, Oxford University Press, 1980 p.594 cxvii Juergensmeyer Terror in the Mind of God op.cit. p.8 cxviii Juergensmeyer Mark Terror in the Mind of God -The Global Rise of Religious Violence Oxford, 2001, p.222

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cxix Barnevi Elie Les religions meurtrières Flammarion/Café Voltaire p.112 cxx TRM Eaton Sufis of Bijapur 1300-1700 - Social Roles of Sufis in Medieval India Munshiram Manoharlal, Delhi, 1996, p.283 cxxi Devji op.cit. p.42-43 cxxii Del Vale Alexandre Le totalitarisme islamiste à l'assaut des démocraties Edition des Syrtes, Paris, 2002, p.416. Les informations de ce chapitre sont en grande partie tirées de ce livre très bien documenté, en particulier du chapitre VIII à propos des ambivalences de l'islamophilie en Occident. cxxiii cité par Del Vale, id. . p.428 cxxiv Id. p. 101 cxxv Colosimo Jean-François Dieu est américain - de la vie aux démocraties aux États-Unis Fayard, 2006 cxxvi quatrième de couverture. cxxvii Schlegel, op.cit. p. 92 cxxviii Id. p. 126 cxxix Robins et Post op.cit. p.67 cxxx Rabbi Jonathan Sachs The Dignity of Difference - How to Avoid the Clash of Civilization Continuum London, New York, 2003 p.137 cxxxi Id. p.177 cxxxii Nous avons déjà parlé de ce portail en anglais pour une vision alternative de l’islam qui regroupe les adresses commentées de 150 sites critiques à différents niveaux de cette religion : http://www.primechoice.com/philosophy/listIslam.htm Certains liens ne fonctionnent plus, mais la plupart sont toujours actifs. cxxxiii Manji op.cit.p.221 cxxxiv The Dalai-Lama Towards a True Kinship of Faiths – How the World’s religionscan come together Abacus,GB, Doubleday, US, 2010, p.181, 182 cxxxv The Dalai-Lama Beyond religions - An Ethic fir the New World USA, décembre 2010 cxxxvi Manji op.cit. p.243 cxxxvii Hillesum Etty Une vie boulversée Seuil, Points, 1995, p.218 cité par Mathieu Ricard dans L‘art de la méditation Nil, 2008. cxxxviii The Dalai Lama –A Policy of Kindness, ouvrage dont l’un des chapitres est la reproduction d’un des discourse d’Oslo. cxxxix Olaf Youcef, Le Coran et la psychanalyse Albin-Michel 2006