PROPOSITION DE RESTAURATION · En plus des vaporisations de PEG 400, des applications de PEG 540...

Centre de conservation du Québec

DOSSIER # AE-2018-23

PAGE 1

RAPPORT D’EXPERTISE 1ère étape

DEMANDEUR

Nom du demandeur : Stéphanie Simard Organisme : Direction de l’archéologie

Adresse : 225, Grande-Allée Est, bloc C, RC Code postal : G1R 5G5

Téléphone : 418 380-2342, poste 7009 Télécopieur : -

Courriel : [email protected]

Propriétaire (si différent du demandeur) :

IDENTIFICATION DE L’ŒUVRE OU DE L’OBJET

Nom de l’œuvre ou de l’objet : Rempart palissadé de Beaucours (sous-œuvre)

Année de fabrication :

Technique ou matériau : Bois gorgé d’eau

Dimensions (m) : Sole ouest : Sole est : Traverses :

6,77 7,40 dimensions variables

Numéro d’inventaire, le cas échéant : CeEt-940

DOCUMENT LIÉ AU DOSSIER

Proposition d’expertise – 2 novembre 2018 – AE-2018-23, André Bergeron et Patrick Quirion

RAPPORT Mise en contexte / Introduction Le projet se divise en trois étapes principales, soit le prélèvement, le traitement et la mise en valeur. Notre rapport d’étape se concentre sur la première partie, le prélèvement, et le début de la seconde partie, le traitement de conservation.

Le prélèvement du vestige s’est effectué entre le 7 et le 16 novembre 2018, avant que le sol ne soit gelé (fig. 1). Toutes les étapes du prélèvement ont été effectuées en collaboration avec l’entreprise de construction déjà à l’œuvre sur le site, la firme Garoy, et l’équipe archéologique de la firme Ruralys.

Figure 1 : Vue du vestige in situ

Ministère de la Culture et des Communications Centre de conservation

1825, rue Semple Québec (Québec) G1N 4B7 Téléphone : 418 643-7001 Télécopieur : 418 646-5419 www.ccq.gouv.qc.ca

1



PAGE 2

Première étape

Dans un premier temps, les traverses ont été prélevées individuellement avec une petite quantité du sol sur lequel elles reposaient (fig. 2). Chaque traverse a été numérotée, déposée sur un plastique corrugué (Coroplast) et recouverte de tissu mouillé. Elles ont ensuite été déposées dans des caisses en contre-plaqué et sécurisées pour le transport à l’aide de baguettes vissées au fond des boîtes (fig. 3). Dans l’attente de leur traitement, ces traverses ont été placées dans la chambre froide du CCQ, à une température inférieure à 5 °C.

Figure 2 : Le prélèvement d’une traverse Photographie : Patrick Quirion

Figure 3 : La mise en caisse des traverses Photographie : André Bergeron

La dépose progressive des traverses a permis la reprise de la fouille entre les grandes soles de la palissade. Dans l’attente de leur prélèvement, les soles ont été maintenues humides par arrosage et recouvertes d’une feuille de polyéthylène (fig. 4). Une structure de prélèvement a été construite par assemblage de pièces soudées et boulonnées (fig. 5 et 6).

Figure 4 : Les soles protégées à l’aide d’une feuille de polyéthylène Photographie : André Bergeron

Figure 5 : Début de la construction de la structure de prélèvement Photographie : André Bergeron

Le 16 novembre, les soles ont été soulevées individuellement à l’aide d’une grue située dans la rue adjacente (fig. 7), déposées sur la plate-forme d’un camion et acheminées vers le local de traitement. En raison de l’heure tardive, les soles ont été laissées sur le camion pour la nuit.



2



PAGE 3

Figure 6 : La sole ouest prête pour son prélèvement Photographie : André Bergeron

Figure 7 : La levée de la sole est Photographie : André Bergeron

Figure 8 : La sole ouest sur le camion de transport Photographie : André Bergeron



3



PAGE 4

Le lendemain matin (samedi le 17 novembre), une grue et un chariot élévateur ont permis de soulever les structures métalliques de prélèvement, qui ont ensuite été déposées sur des plateformes à roulettes et transportées dans le local (fig. 10). Les structures ont alors été démontées (fig. 11), et deux humidificateurs ont été placés de part et d’autre des deux soles; une feuille de polyéthylène a été installée sur l’ensemble. Dans les jours suivants, deux abris de traitement en charpente claire ont été construits par un ouvrier de l’entrepreneur, pour permettre la création de deux chambres humides. C’est alors que débute la seconde étape de la stabilisation du vestige, soit le traitement.

Figure 9 : La levée des soles Photographie : André Bergeron

Figure 10 : L’entrée des soles dans le local de traitement Photographie : André Bergeron

Figure 11 : Le démontage de la structure de prélèvement Photographie : André Bergeron

Figure 12 : Les deux soles, sécurisées dans le local Photographie : André Bergeron

Seconde étape Les interventions de conservation ont d’abord été effectuées sur les grandes soles, puisque les traverses sont conservées dans une chambre froide. Les soles ont ainsi été nettoyées à l’eau courante (fig. 13), et les sols, récupérés sur le plancher à la suite du dégel en vue de leur fouille. Les artéfacts découverts lors de la fouille des sédiments (fig. 19) ont été remis à l’équipe de la firme Ruralys.

Lors de la fouille à l’eau des sols, une découverte intrigante a suscité de nombreux questionnements. Plusieurs petits fragments cylindriques (fig. 20) ont été récupérés lors de cette opération. L’examen au microscope a révélé la présence sur ces fragments de petites gouttes de soudure, ce qui a permis de les identifier comme des résidus des baguettes de soudure (fig. 21) utilisées lors de l’assemblage de la structure de prélèvement des soles.

Les soles ont été maintenues à une humidité relative élevée (plus de 80 %) pour la période d’imprégnation au PEG 400. Des solutions diluées de PEG 400 à 10 % de concentration ont été vaporisées sur le bois quotidiennement (fig. 14). Cette première phase a débuté le 22 novembre 2018 et se poursuivra jusqu’à la fin du mois de mars 2019. En plus des vaporisations de PEG 400, des applications de PEG 540 ont débuté le 15 janvier 2019; elles se sont terminées le 6 février 2019 (fig. 15).

C’est à la fin du mois de mars 2019 que débutera la période de séchage contrôlé pour les soles, tandis que les traverses seront traitées par lyophilisation. Les traverses ont été documentées (fig. 16) et nettoyées à l’eau douce (fig. 17), et du PEG 400 et 540 a été utilisé pour leur prétraitement avant la lyophilisation.



4



PAGE 5

Figure 13 : Nettoyage des soles à l’eau courante Photographie : André Bergeron

Figure 14 : Vaporisation des soles avec une solution de PEG 400 à 10 % Photographie : André Bergeron

Figure 15 : Début de l’application du PEG 540 sur les soles Photographie : Luis Dion-Dussault



5



PAGE 6

Figure 16 : La documentation photographique des traverses Photographie : Luis Dion-Dussault

Figure 17 : Le nettoyage à l’eau douce d’une traverse Photographie : Luis Dion-Dussault

Figure 18 : Quelques traverses dans un bac de prétraitement dans la chambre froide Photographie : André Bergeron



6



PAGE 7

Céramique et verre Coquillages Os

Macrorestes végétaux Mortier Charbon de bois et écorce

Figure 19 : Vue de quelques artéfacts et écofacts découverts lors de la fouille des sédiments prélevés avec les pièces de bois.

Figure 20 : Vue des fragments cylindriques découverts lors de la fouille des sédiments associés aux soles. Photographies : André Bergeron

Figure 21 : Détail d’une baguette de soudure

Ont participé au projet Michel Élie et Jacques Beardsell, photographes

Mireille Brulotte, restauratrice, pour l’identification des essences de bois

2019-03-12

André Bergeron et Patrick Quirion, restaurateurs Date



7


PAGE 1 DE 3

RAPPORT D’IDENTIFICATION DU BOIS

DEMANDEUR


Adresse (n°, rue, ville, province) : 225, Grande-Allée Est, bloc C, R.-C. Code postal : G1R 5G5

Téléphone : 418-380-2342, poste 7009 Télécopieur :



Nom de l’artiste :

Nom de l’œuvre ou de l’objet : Sole Ouest du rempart palissadé de Beaucours (sous-œuvre)

Année de fabrication : Se référer au rapport de dendrochronologie

Technique ou matériau : Bois massif

Dimensions L x l x H (m) : Sole Ouest 6,77 m


IDENTIFICATION DE L’OBJET No de l’échantillon : AE-2018-23 Sole Ouest

Lieu de conservation de l’échantillon : Armoire de microscopie de l’atelier Bois

Origine de l’objet : Se référer au rapport de la firme Ruralys Origine du prélèvement : L’échantillon a été prélevé sous la sole, au centre de la bille, à l’aide d’une mèche à carotter.

Description de l’échantillon : Carotte de bois de 11 mm de diamètre par environ 10 mm de longueur. Bois gorgé d’eau.

Caractéristiques macroscopiques :

Caractéristiques microscopiques : Coupe transversale

• Absence de pores (vaisseaux), presqu’uniquement des

trachéides = bois de conifère

• Diamètre tangentiel des trachéïdes de 22 à 34 µm

• Absence de canaux résinifères

• Passage graduel du bois initial au bois final.

• Cellules de parenchyme avec des contenus colorés

situés dans le bois final

Croquis ou photo : Coupe transversale

Trachéïde

Passage graduel


1825, rue Semple Québec (Québec) G1N 4B7 Téléphone : (418) 643-7001 Télécopieur : (418) 646-5419 www.ccq.gouv.qc.ca

8

mailto:[email protected]


PAGE 2 DE 3

Coupe tangentielle

• Rayons unisériés

• Rayons de 2 à 8 cellules de hauteur

(exceptionnellement 11)

Coupe radiale

• Ponctuation des champs de croisement taxodioïde

• Paroi tangentiel lisse (mince) des cellules de

parenchyme des rayons

• Aucune cellule de parenchyme trouvée en coupe

radiale.

Coupe tangentielle

Coupe radiale

Cellules de parenchyme

Rayons unisériés

Ponctuation taxodioïde

Parois lisse



9


PAGE 3 DE 3

Remarques : Les trois conifères sans canaux résinifères qui ont des ponctuations taxodioïdes et des parois tangentiels lisses (minces) des cellules de parenchyme des rayons sont : 1. le thuya occidental (thuya occidentalis), 2. le thuya géant (thuja plicata) et 3. le séquoia toujours vert (sequoia sempervirens). De ces trois essences, la seule présentant un diamètre des trachéïdes similaire à notre échantillon (22 à 34 µm) est le thuya occidental qui ont généralement entre 20 et 35 µm (Hoadley, p.17), alors que pour le thuya géant et le séquoia ils ont généralement entre 30 et 45 µm pour le premier et 50 et 80 µm pour le second. De plus, ces deux derniers ne poussent pas au Québec.

Espèce identifiée : Thuya occidental (thuya occidentalis) Date : 11 mars 2019

Analyste : Patrick Quirion Date :

Bibliographie : FARRAR, John Laird. Trees in Canada. Canadian Forest Service, Ottawa, 1995. HOADLEY, Bruce R. Identifying wood. The Taunton Press, Connecticut, 1990.



10


PAGE 1 DE 3


DEMANDEUR







Nom de l’œuvre ou de l’objet : Sole Est du rempart palissadé de Beaucours (sous-œuvre)



Dimensions L x l x H (m) : Sole Est 7,40 m


IDENTIFICATION DE L’OBJET No de l’échantillon : AE-2018-23 Sole Est


Origine de l’objet : Se référer au rapport de la firme Ruralys Origine du prélèvement : L’échantillon a été prélevé sous la sole, à son extrémité nord, à l’aide d’une mèche à carotter.










transversale (rare).


Trachéïde

Passage graduel



11



PAGE 2 DE 3

Coupe tangentielle



(exceptionnellement 13)

Coupe radiale

• Ponctuation des champs de croisement taxodioïde et

cupressoïde



• Rares cellules de parenchyme axiales trouvées en

coupe radiale. Toutefois, il nous est impossible de voir si

la paroi est lisse (mince) ou nodulaire.

Coupe tangentielle

Coupe radiale

Aucune cellule de parenchyme

Rayons unisériés

Ponctuation taxoïde

Parois lisse

Ponctuation cupressoïde



12


PAGE 3 DE 3

Remarques : Les trois conifères sans canaux résinifères qui ont des ponctuations taxodioïdes et des parois tangentiels lisses (minces) des cellules de parenchyme des rayons sont : 1. le thuya occidental (thuya occidentalis), 2. le thuya géant (thuja plicata) et 3. le séquoia toujours vert (sequoia sempervirens). De ces trois essences, la seule présentant un diamètre des trachéïdes similaire à notre échantillon (22 à 34 µm) est le thuya occidental qui ont généralement entre 20 et 35 µm (Hoadley, p.17), alors que pour le thuya géant et le séquoia ils ont généralement entre 30 et 45 µm pour le premier et 50 et 80 µm pour le second. De plus, ces deux derniers ne poussent pas au Québec. La présence de ponctuations cupressoïdes dans le thuya occidental ne serait pas une anomalie puisque dans The structure of wood de F.W. Jane on indique ceci : « in the pitting of the ray parenchyma, whis is exclusively cupressoid in Chamaecyparis, and generally taxodiod, but sometimes cupressoid, in Thuja » (Jane, p.341). De plus, la rareté des cellules de parenchyme dans notre échantillon permet d’éliminer la possibilité que celui-ci soit du Chamaecyparis thyoides (Northern white-cedar), dont le bois est très similaire au thuya occidental, puisque : « The chief generic distinctions lie in the generally abundant axial parenchyma of Chamaecyparis and the normal sparseness of such cells in Thuja » (Jane, p.341).



Bibliographie : FARRAR, John Laird. Trees in Canada. Canadian Forest Service, Ottawa, 1995. HOADLEY, Bruce R. Identifying wood. The Taunton Press, Connecticut, 1990. FANE, J.W. The structure of wood. Adam & Charles Black, Londre, 1970.

Cellules de parenchyme

Paroi d’une cellule de parenchyme



13


PAGE 1 DE 3


DEMANDEUR







Nom de l’œuvre ou de l’objet : Sole Ouest du rempart palissadé de Beaucours (sous-œuvre)



Dimensions L x l x H (m) : Lisse est 6,77 m


IDENTIFICATION DE L’OBJET No de l’échantillon : AE-2018-23 Lisse est


Origine de l’objet : Se référer au rapport de la firme Ruralys Origine du prélèvement : L’échantillon a été prélevé dans un morceau faiblement attaché à la lisse est.










transversale.


Trachéïde

Passage graduel



14



PAGE 2 DE 3

Coupe tangentielle



Coupe radiale

• Ponctuation des champs de croisement taxodioïde




radiale.

Coupe tangentielle

Coupe radiale

Rayons unisériés

Ponctuation taxodioïde

Parois lisse

3 cellules

4 cellules

8 cellules



15


PAGE 3 DE 3

Remarques : Les trois conifères sans canaux résinifères qui ont des ponctuations taxodioïdes et des parois tangentiels lisses (minces) des cellules de parenchyme des rayons sont : 1. le thuya occidental (thuya occidentalis), 2. le thuya géant (thuja plicata) et 3. le séquoia toujours vert (sequoia sempervirens). De ces trois essences, la seule présentant un diamètre des trachéïdes similaire à notre échantillon (12 à 29 µm) est le thuya occidental qui ont généralement entre 20 et 35 µm (Hoadley, p.17), alors que pour le thuya géant et le séquoia ils ont généralement entre 30 et 45 µm pour le premier et 50 et 80 µm pour le second. De plus, ces deux derniers ne poussent pas au Québec. Le diamètre tangentiel plutôt étroit des trachéïdes dans cet échantillon serait vraisemblablement dû à la dégradation avancée de la lisse est. On retrouve des hyphes de champignons dans nos échantillons et l’écrasement des cellules est évident à certains endroits.



Bibliographie : FARRAR, John Laird. Trees in Canada. Canadian Forest Service, Ottawa, 1995. HOADLEY, Bruce R. Identifying wood. The Taunton Press, Connecticut, 1990.

Hyphe

Écrasement de cellules trachéïdes



16

PROPOSITION DE RESTAURATION · En plus des vaporisations de PEG 400, des applications de PEG 540...

Documents

Transcript of PROPOSITION DE RESTAURATION · En plus des vaporisations de PEG 400, des applications de PEG 540...