Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

35
Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes en Note d’orientation - 2020 Afrique

Transcript of Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Page 1: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entre-

prenariat des jeunes

en

Note d’orientation - 2020

Afrique

Page 2: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique
Page 3: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Table des matièresAcronymes 1Résumé 2Préface 41 Contexte et historique 5

1.1 Contexte de la note d’orientation 71.2 Cadres juridiques et politiques pertinents de l’UA 8

2 Comment promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes en Afrique 92.1 Engager directement les jeunes à l’élaboration des politiques liées à l’entrepreneuriat 92.2 Intégrer l’éducation pertinente à l’entrepreneuriat pour faciliter le développement des compétences entrepreneuriales 112.3 Employer et soutenir un financement intelligent et efficace pour les start-ups 152.4 Support and enhance an enabling entrepreneurial ecosystem 172.5 Soutenir et améliorer un écosystème entrepreneurial favorable 182.6 Promouvoir une programmation sensible au genre 21

3 Implications politiques 223.1 Pour l’Union Africaine 22

3.1.1 Renforcer les bases de la programmation pour la jeunesse 223.1.2 Catalyser l’action au niveau des États membres 233.1.3 Mettre en œuvre ses programmes phares continentaux 233.1.4 Coordonner les initiatives continentales sur l’entreprenariat des jeunes et sensibiliser 243.1.5 Institutionnaliser et réaliser des partenariats multipartites pour soutenir les jeunes entrepreneurs 24

3.2 Les CER 253.3 États membres de l’UA 253.4 Institutions de l’éducation et universités 263.5 Le secteur privé 263.6 La jeunesse 27

4 Conclusion 285 Bibliographie 29

Page 4: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 20201

Union AfricaineCommission de l’Union AfricaineBanque africaine de développementAgence de Développement de l’Union Africaine-Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’AfriquePlan d’action africain pour l’autonomisation des jeunesZone de libre-échange continentale africaineLe Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine La Stratégie Continentale de l’Éducation pour l’AfriqueDépartement de l’Économie rurale et de l’AgricultureAutonomisation économique des adolescentes et jeunes femmesRessources humaines, Science & TechnologieOrganisation internationale du travailObjectifs de développement durableL’Organisation de coopération et de développement économiquesUniversité PanafricaineCommunauté économique régionalestratégie pour la science, la technologie et l’innovation pour l’AfriqueConférence des Nations unies sur le commerce et le développementProgramme d’autonomisation des jeunes

Acronymes UA CUA BAD AUDA-NEPAD

APAYE ZLECA PDDAA CESADERA EPAG RHST OIT ODDOCDE UPA CER STISA CNUCED YEP

Page 5: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 2

Le chômage des jeunes est l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les États membres de l’Union africaine (UA). Le problème est exacerbé par les possibilités limitées d’obtenir des moyens de subsistance décents. Comme les jeunes constituent l’épine dorsale de la population africaine, dépassant 60 %, le développement durable du continent passe par l’exploitation du dividende démographique. Cela implique d’aller au-delà des possibilités limitées d’emploi formel pour les jeunes, de créer et d’ex-ploiter des possibilités de gagner sa vie de manière décente et de contribuer à la réalisation de l’Agenda 2063. Reconnaissant l’importance d’investir dans les jeunes, de leur créer un espace et des opportunités leur permettant de réaliser pleinement leur potentiel, l’Union africaine a lancé plusieurs initiatives axées sur l’autonomisation des jeunes. L’Agenda 2063 de l’UA reconnaît la nécessité de réaliser cela comme une condition préalable à la réalisation de la trans-formation socio-économique de l’Afrique.

Dans le cadre de son plan d’action africain pour l’autonomisation des jeunes (APAYE), l’UA met l’ac-cent sur cinq domaines prioritaires, parmi lesquels l’emploi des jeunes et l’entrepreneuriat. La Commis-sion de l’Union africaine (CUA) a lancé une initiative intitulée “1 million d’ici 2021” qui vise à offrir à des millions de jeunes de tout le continent des possibil-ités et des interventions dans les domaines clés de l’emploi, de l’entrepreneuriat, de l’éducation et de l’engagement.

L’entrepreneuriat des jeunes devrait être de plus en plus pertinent dans les contextes actuels de hausse du chômage et du sous-emploi, ainsi que d’emplois

Résumé précaires, mal rémunérés et dangereux qui n’offrent guère de salaires décents. Toutefois, l’épidémie de Covid-19 a montré que les pandémies et les catastro-phes peuvent soumettre les jeunes entrepreneurs ou entreprises à une grande incertitude et à un risque élevé d’improductivité1. Le Covid-19 a entraîné une urgence sanitaire mondiale et un ralentissement économique, touchant gravement le commerce, les investissements et l’emploi. De nombreuses entreprises vulnérables dirigées par des jeunes ont donc du mal à poursuivre leurs activités face à ces ondes de choc économiques inattendues2. L’inter-vention face à la crise du Covid-19 devrait consister à protéger les jeunes entrepreneurs contre ces ondes de choc, à les aider à développer des plans de croissance à long terme, à trouver des moyens inno-vants de survivre au ralentissement économique et à rechercher de nouvelles opportunités de marché. Plusieurs interventions sont proposées par l’UA et ses États membres pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes et, par conséquent, créer plus d’emplois et améliorer les moyens de subsistance sur le conti-nent. Ces interventions devraient inclure des moy-ens de protéger l’entrepreneuriat des jeunes face

1African Leadership Univer-sity, comment rester productif en tant que

petite entreprise pendant COVID-19 https://www.al-

ueducation.com/how-to-re-main-productive-as-a-small-

business-during-covid-19/ consulté 28 janvier 2020.

2Voir ci-dessus.

Page 6: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 20203

aux ondes de choc économiques qui peuvent être causées par des phénomènes inattendus tels que les pandémies et les catastrophes. En renforçant le rôle de l’UA dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique, cette note d’orientation iden-tifie les moyens de promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes dans le continent. Bien que ce document se concentre spécifiquement sur l’entrepreneuriat des jeunes, il ne prétend pas que l’entrepreneuriat est une panacée pour les défis auxquels les jeunes sont confrontés ou qu’il soit une solution pour sortir des millions de personnes de la pauvreté. Sans aucun doute, il s’est avéré une alternative viable à l’emploi pour beaucoup, c’est pourquoi cette note d’orienta-tion cherche à approfondir cette option.

La note d’orientation identifie les cadres juridiques, institutionnels et politiques au sein de l’Union afric-aine et de ses États membres qui devraient être ex-ploités pour renforcer l’entrepreneuriat des jeunes. Afin de promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique, la note d’orientation identifie six interven-tions :1. Faire participer directement les jeunes à l’élabo- ration des politiques liées à l’entrepreneuriat ;2. Intégrer une éducation pertinente à l’entrepre- neuriat pour faciliter le développement des compétences entrepreneuriales ;3. Soutenir et améliorer un écosystème entrepreneurial favorable ; 4. Employer et soutenir un financement intelligent et- efficace des start-ups, en particulier pour les en treprises sociales qui s’attaquent à une lacune, une niche ou un problème spécifiques ; 5. Exploiter et renforcer les partenariats et la col- laboration avec le secteur privé et les autres parties prenantes ; et6. Promouvoir une programmation sensible au genre.

Enfin, la note d’orientation met en lumière certaines des implications politiques pour l’Union africaine, ses États membres et les communautés économiques régionales (CER).

Page 7: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 4

Au niveau continental, il existe plusieurs cadres juridiques, politiques et réglementaires qui fournis-sent des orientations à l’UA, aux CER et aux États membres sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique. Il s’agit notamment de l’Acte con-stitutif de l’UA, de la Charte africaine de la jeunesse, de l’Agenda 2063 de l’UA, du Plan d’action africain sur l’autonomisation des jeunes et de l’initiative “Un million d’ici 2021” du président de la CUA.

Les États membres sont tenus, en vertu de la Charte de la jeunesse de l’Union africaine, de créer des possibilités d’emploi pour les jeunes. Tout en met-tant en œuvre cette obligation, les États membres devraient prendre en considération et adopter des politiques qui soutiennent les jeunes entrepreneurs, l’emploi et les entreprises en période de défis posés par des pandémies telles que celle de Covid-19. En outre, l’initiative “Un million d’ici 2021” du président de la CUA vise à toucher de manière significative au moins un million de jeunes Africains d’ici 2021 en leur offrant des possibilités dans les domaines de l’édu-cation, de l’emploi, de l’entrepreneuriat et de l’en-gagement. L’objectif de cette note d’orientation est de fournir des leçons et des conseils comparables à l’UA, aux CER et aux États membres sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique.

Cette note d’orientation est l’aboutissement des recherches menées par le département des ressou-rces humaines, de la science et de la technologie. Elle formule des recommandations sur la façon de

Préfacemettre en œuvre le cadre actuel sur l’entrepreneuriat des jeunes dans le continent. Les recommandations sont orientées vers la réalisation des objectifs énon-cés dans la Charte africaine de la jeunesse, le Plan d’action africain pour l’autonomisation des jeunes et l’initiative 1 million d’ici 2021, qui sont mis en œuvre conformément aux programmes de l’Agenda 2063 de l’UA.

Je tiens à reconnaître l’immense contribution des jeunes qui ont enrichi et nuancé les points mis en avant par cette note d’orientation avec leurs per-spectives, leur expertise, leurs expériences et leurs réalités vécues, les organes et institutions de l’UA, les départements de la CUA, mes collègues du département HRST pour les idées et les points de vue qui ont façonné cette note d’orientation. Je loue également Endeva et le groupe Maendeleo qui ont travaillé à l’élaboration de cette note d’orientation et de cette étude. Par ailleurs, je remercie le GIZ pour le soutien technique et financier apporté au départe-ment RHST et à ces processus.

Pr. Sarah Mbi Enow AnyangCommissaire, Ressources Humaines, Sciences et Technologie

Page 8: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 20205

01 Contexte et historique

L’Afrique possède la population la plus jeune du monde, avec 65 % de personnes de moins de 35 ans (Tracey & Kahuthia, 2017). Cette démographie devrait doubler d’ici 2045 (Organisation internatio-nale du travail (OIT), 2013). La jeunesse africaine a le potentiel d’être le plus grand défi de l’Afrique ou sa plus grande ressource (Kingsley Ighobor, 2013). La jeunesse est une ressource essentielle qui mérite d’être exploitée et qui est essentielle à la réalisation du dividende démographique de l’Afrique. Le divi-dende démographique est la fenêtre d’opportunité qui s’ouvre lorsque la population en âge de travailler (entre 15 et 64 ans) d’un pays est plus importante que la population dépendante (de moins de 16 ans et de plus de 64 ans) (Jakkie Cilliers, 2018).

Cependant, le défi est que la population active potentielle en Afrique est constituée de jeunes qui sont plus susceptibles d’être au chômage que les adultes (OIT, 2015). Les jeunes Africains représentent 60 % de l’ensemble de la population africaine au chômage (Commission de l’Union africaine (CUA), 2017). Sur près de 420 millions de jeunes en Afrique, un tiers est au chômage, un autre tiers possède un emploi précaire et seulement un sixième occupe un emploi salarié (AUDA-NEPAD). Pendant ce temps, les programmes d’emploi des jeunes ne donnent pas les résultats escomptés. Cela s’explique en partie par le fait que les emplois pour lesquels les jeunes sont formés n’existent pas (Groupe de la Banque mondiale, 2017). Malgré un taux de croissance actuel du PIB de 3,7 % dans le continent, cette croissance économique n’a pas eu lieu dans les zones à forte intensité de main-d’œuvre (CUA, 2017) (voir la figure 1 ci-dessous sur la corrélation générale entre le PIB et l’emploi). En conséquence, la plupart des jeunes finissent par travailler à leur compte dans des micro-

entreprises où ils gagnent juste assez pour survivre, mais pas assez pour créer des emplois et saisir des occasions supplémentaires d’améliorer leur vie (Fox & Kaul, 2017 ; Kluve et al., 2017).Pour que l’Afrique puisse exploiter efficacement le dividende démographique de sa jeunesse et attein-dre les objectifs fixés dans des instruments tels que l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la feuille de route de l’UA sur l’exploitation du dividende démo-graphique par des investissements dans la jeunesse, les jeunes Africains doivent devenir des créateurs d’emplois (CUA, 2017). L’entrepreneuriat des jeunes est considéré comme une solution à la menace du chômage principalement parce que les jeunes entre-preneurs : sont plus susceptibles d’embaucher d’au-tres jeunes, sont très réactifs aux nouvelles opportu-nités économiques et technologiques et sont actifs dans des secteurs à forte croissance (Kew et al. 2015 ; Agriculture for Impact, 2014). Par conséquent, il faut soutenir davantage de jeunes à créer des entrepris-es axées sur la croissance pour que le continent puisse prospérer (Fox & Kaul, 2017 ; BAD, 2015).

Figure 1: Corrélation entre PIB et emploi (Source : BAD)

Page 9: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 6

Figure 1: Corrélation entre PIB et emploi (Source : BAD)Figure 2 : Pauvreté des travailleurs et qualité de l’emploi (Source : OIT) 2016)

Figure 3 : Le taux de survie général des start-ups (Source : bizepic.com)

Cependant, bien que les gouvernements, les parte-naires de développement et les acteurs du secteur privé reconnaissent le potentiel d’un dividende jeunesse et aient adopté une pléthore d’initia-tives pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, le nombre de jeunes travailleurs pauvres reste élevé et devrait continuer à augmenter. Les jeunes entrepreneurs et les entreprises sont également susceptibles d’être touchés par des pandémies comme celle du Covid-19 et par des catastrophes qui entraîneraient une augmentation du chômage et de mauvaises conditions de travail. Selon l’OIT, l’Afrique subsaharienne continue de présenter le taux le plus élevé de jeunes travailleurs pauvres au monde. Depuis 1991, le nombre de jeunes travailleurs pauvres en Afrique subsaharienne a augmenté de 80 % et en Afrique du Nord, nous estimons qu’un jeune travailleur sur quatre vit dans une pauvreté extrême ou modérée, ce qui représente une amélioration significative depuis 1991, lorsque près de la moitié des jeunes travailleurs vivaient dans une pauvreté extrême ou modérée. (OIT, 2016) (voir la figure 2 ci-dessous). Ces preuves sont complétées par des résultats au niveau national qui montrent la lenteur des progrès dans l’augmentation des taux de survie des entreprises et des taux de création d’emplois.En outre, les témoignages anecdotiques de jeunes

entrepreneurs montrent qu’en dépit d’investisse-ments importants, leurs entreprises continuent de s’effondrer et d’échouer une fois que les pro-grammes ont pris fin (Étude de l’UA sur le programme YEP, 2019) (voir la figure 3 ci-dessous). Les ondes de choc économiques provoquées par le Covid-19 et d’autres phénomènes similaires risquent de pousser de nombreux jeunes entrepreneurs à la faillite. Il est donc urgent d’explorer des moyens plus efficaces et plus percutants pour la promotion et le sauvetage de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique.

Page 10: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 20207

Contexte de la note d’orientation

Cadres juridiques et politiques pertinents de l’UA

1.1

1.2

En 2017, la Commission africaine s’est associée à d’autres institutions compétentes pour élaborer une feuille de route appelée “feuille de route de l’UA pour la mise à profit du dividende démographique à travers l’investissement dans la jeunesse”. La feuille de route a été élaborée en tenant compte de la nécessité urgente de transformer le potentiel de l’importante population jeune de l’Afrique, souvent appelée “explosion démographique de la jeunesse”, en un dividende démographique.

La feuille de route était basée entre autres sur la Charte africaine de la jeunesse qui oblige les États membres à prendre toutes les mesures appropriées pour promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes en incluant la formation à l’entrepreneuriat dans les programmes scolaires, en fournissant un accès au crédit, une formation aux techniques de développe-ment des entreprises, des possibilités de mentorat et une meilleure information sur les opportunités du marché. L’UA, à travers son Plan d’action africain pour l’autonomisation des jeunes, se concentre sur l’accélération de la mise en œuvre de programmes et d’initiatives phares et continentaux qui changent la donne dans cinq domaines prioritaires clés, dont l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes.

En 2017, plus de 400 participants de plus de 40 pays africains et européens se sont réunis au Centre de conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, sous la bannière de “Africa Talks Jobs (ATJ) - Armer les jeunes de compétences et d’une éducation adaptées à l’emploi et l’entreprenariat”. ATJ a proposé, entre autres, que la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes soit essentielle et a demandé à l’UA d’identifier des recommandations politiques sur l’entrepreneuriat des jeunes à l’atten-tion des États membres. La présente note d’orienta-tion vise à répondre à ce besoin.

En avril 2019, la Commission de l’Union africaine a lancé une initiative “1 million d’ici 2021” visant à of-frir à des millions de jeunes de tout le continent des opportunités et des interventions dans les domaines clé de l’emploi, de l’entrepreneuriat, de l’éducation et de l’engagement.

Cette initiative vise à encourager l’UA, les CER, les États membres et les partenaires stratégiques à envisager de nouvelles perspectives, à tester de nouvelles idées et à étendre les pratiques promet-teuses à tout le continent. Cette note d’orientation se concentre sur le rôle de l’UA dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en mettant en évidence certaines des pratiques comparables au niveau des États membres et des initiatives que l’UA et les États membres, devraient mettre en place ou intensifier pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique.

Au niveau continental, plusieurs cadres politiques juridiques et réglementaires fournissent des ori-entations à l’UA, aux CER et aux États membres sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique. Il s’agit notamment de l’Acte constitutif de l’UA, de la Charte africaine de la jeunesse, de l’Agenda 2063 de l’UA, du Plan d’action africain pour l’autonomisation des jeunes (APAYE), de l’initiative “Un million d’ici 2021” du président de la CUA, du thème de l’UA pour 2017 et de la résolution du som-met sur l’exploitation du dividende démographique des jeunes, de la Stratégie d’éducation continentale pour l’Afrique (CESA 2016-2025), de la Stratégie

Page 11: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 8

Figure 4 : Le rôle transversal des 4E de l’initiative “Un million d’ici 2021” (Source : étude de l’UA sur le YEP, 2019)

pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique (STISA 2024) ainsi que d’autres politiques sectorielles sur le commerce, l’industrialisation, l’agriculture, la gouvernance démocratique, la paix et la sécurité. Les États membres, en vertu de la Charte de la jeunesse de l’UA (article 15), sont, par exemple, tenus de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes. L’initiative “Un million d’ici 2021” du président de la CUA, quant à elle, vise à toucher de manière significative au moins un million de jeunes africains d’ici 2021 en leur offrant des opportunités dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de l’entrepreneuriat et de l’engagement (4E) (voir figure 3 ci-dessous). De même, par le biais du premier plan décennal de l’Agenda 2063, l’UA vise à transformer le continent, avec un rôle clair pour les jeunes entre-preneurs : “La jeunesse africaine sera mobile et 15 % de toutes les nouvelles entreprises émaneront de son ingéniosité et de son talent. La proportion de jeunes chômeurs sera réduite d’au moins un quart” (Étude de l’UA sur le YEP, 2019). La réalisation des ob-jectifs, qui sous-tendent ces initiatives et ces cadres,

repose donc sur les mesures pratiques spécifiques adoptées pour exploiter le dividende démographique des jeunes, dont la clé est la promotion de l’entrepre-neuriat chez les jeunes.

La Commission de l’Union africaine, l’Agence de développement de l’Union africaine - Nouveau parte-nariat pour le développement de l’Afrique (AUDA-NE-PAD) et Business Africa ont organisé en novembre 2017 une conférence intitulée “Africa Talks Jobs - équiper les jeunes avec une éducation et des com-pétences adaptées pour l’emploi et l’entrepreneuriat” où ils ont fait des recommandations sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique.

Il a été recommandé que les États membres de l’UA s’engagent à soutenir et à encourager la communauté des entreprises à encadrer et à incuber les jeunes impliqués dans la valeur ajoutée dans l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles. Les États membres ont également été invités à s’engager à établir et à renforcer le cadre juridique permettant de mettre à disposition des capitaux de démarrage et des facilités de financement des entreprises pour les jeunes, et de développer les écosystèmes, ainsi que des guichets spéciaux afin de soutenir les groupes marginalisés.

Toutefois, la voie vers un véritable entrepreneuriat et la création d’emplois pour les jeunes axés sur la croissance en Afrique a été et continue d’être parse-mée d’obstacles : des environnements politiques nationaux restrictifs, des systèmes d’éducation qui ne dotent pas les jeunes de compétences entrepre-neuriales adéquates, un accès limité et restreint aux marchés et aux possibilités de financement, des ser-vices d’aide au développement des entreprises insuf-fisants ainsi que d’autres défis sectoriels spécifiques (Étude de l’UA sur le YEP, 2019). Par conséquent, pour que les jeunes soient les catalyseurs de progrès significatifs sur le continent et un moteur de création d’emplois, un soutien plus important et de meilleure qualité à l’entrepreneuriat est nécessaire au niveau de l’UA, des CER et des États membres. C’est cette nécessité qui explique l’objectif de cette note d’orien-tation.

Page 12: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 20209

02 Comment promouvoir l’entrepre-neuriat chez les jeunes en Afrique

Engager directement les jeunes à l’élaboration des politiques liées à l’entrepreneuriat

2.1

Les gouvernements peuvent catalyser la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes en réduisant les obstacles et en créant un écosystème entrepre-neurial favorable. Un tel écosystème entrepreneurial pourrait inclure le capital humain, la culture entre-preneuriale et les réseaux de soutien qui interag-issent en collaboration. Ces éléments favorisent le développement et la croissance des entreprises innovantes (Daniel Isenberg, 2010). Les gouverne-ments fixent les règles et réglementations qui déter-minent les mesures qu’un entrepreneur doit prendre pour créer, maintenir et développer une entreprise. Il s’agit notamment des lois fiscales, des exigences et procédures d’inscription et des droits de propriété. Les gouvernements peuvent promouvoir l’entre-preneuriat des jeunes à un niveau stratégique en établissant des cadres juridiques, des politiques, des réglementations, des institutions, des plans et des programmes nationaux, y compris ceux qui déter-minent le contexte de l’éducation et de la formation à l’entrepreneuriat au sein des systèmes éducatifs (CNUCED, 2015). Par exemple, en Tunisie, en 2009, les ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle et du travail ont signé conjointement un arrêté permettant aux étudiants d’obtenir leur diplôme en présentant leur Business Plan au lieu d’une thèse traditionnelle (Premand, Brodman, Almeida, Grun, & Baroundi, 2012).Pour leur part, les jeunes Africains ont montré qu’ils pouvaient être des initiateurs et des faiseurs de changement en créant des entreprises innovantes malgré un environnement commercial difficile et en établissant les réseaux de centres et d’espaces de coopération les plus solides d’Afrique (voir figure 4 et image 1 ci-dessous). Ces pionniers, comme nul autre,

comprennent les aspirations et les besoins de leurs pairs et de la jeune génération à venir. De plus, en temps de crise, comme celle du Covid-19, les jeunes mènent des actions innovantes dans leurs commu-nautés (Wickramanayake , 2020). Les gouvernements disposent ainsi d’une base solide pour soutenir les initiatives menées par les jeunes. D’autre part, les décideurs politiques ne sont souvent pas toujours en phase avec cette réalité, dans la pratique. Par conséquent, il est logique de travailler avec les jeunes pour co-créer des lois et des politiques qui détermineront les futurs cadres juridiques et régle-mentaires des start-ups innovantes.

Ces actions politiques pourraient inclure la for-mulation d’une stratégie nationale en faveur des jeunes entrepreneurs, la facilitation des échanges technologiques et de l’innovation, l’attraction de partenariats publics et privés, l’optimisation de l’environnement réglementaire en prévoyant, entre autres, des marchés publics préférentiels (basés

Figure 5 : Espaces de co-travail pour l’entrepreneuriat en Afrique (Source : andafrica.co.jp)

Page 13: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 10

Image 1 : iHub, un incubateur d’en-trepreneuriat et espace de co-travail à Nairobi, Kenya (Source : andafrica.co.jp)

Image 2 : Les dirigeants des hubs et des communautés d’innova-tion de 32 pays d’Afrique lors du lancement du “Manifeste pour une politique africaine de l’innovation” à Kigali en 2018 (Source : Disrupt Africa)

sur des quotas) pour les jeunes entrepreneurs, des incitations fiscales ainsi que la facilitation de l’ac-tivité commerciale et de l’accès aux marchés pour les jeunes entrepreneurs et la protection des jeunes entrepreneurs contre les impacts économiques causés par des pandémies comme celle du Covid-19. L’engagement des jeunes dans l’un de ces domaines peut apporter une valeur ajoutée et garantir la mise en place de politiques appropriées et efficaces.Les pays qui sont à la pointe de l’amélioration de l’écosystème de l’entrepreneuriat des jeunes en-gagent activement les jeunes à découvrir leurs besoins spécifiques et à co-créer des solutions. A titre d’exemple, la Tunisie a montré la voie dans ce domaine en promulguant le projet de loi relatif aux startups en 2018. Il s’agit du premier texte législatif en Afrique à faciliter explicitement le lancement et le développement de start-ups axées sur la technologie et l’innovation dans tous les secteurs et à prévoir un fonds pour les start-ups et l’innovation (étude de l’UA sur le YEP, 2019). La loi a été initiée par de jeunes entrepreneurs et les parties prenantes concernées et a obtenu un large soutien en engageant tous les acteurs concernés (Étude de l’UA sur le YEP, p. 35). Cette loi facilite la création de startups, entre autres en les exonérant d’impôts, en leur donnant accès à un compte bancaire et une monnaie internationale, en protégeant les droits d’auteur pour la propriété intellectuelle et en les exemptant de droits de douane. Cela a donc été essentiel pour améliorer la concurrence en réduisant les obstacles à l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché.

En outre, les gouvernements peuvent s’engager et collaborer avec des groupes axés sur les jeunes tels que le groupe i4Policy, composé de dirigeants de centres technologiques africains, qui aident les gou-vernements à élaborer des règles, des réglementa-tions et des mécanismes financiers appropriés pour

soutenir les startups technologiques pilotées par des jeunes (voir image 2 ci-dessous).Avec le soutien de l’UA et des CER, les États mem-bres de l’UA, qui n’ont pas de politiques solides pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, peuvent tout aussi bien envisager, reproduire et adapter les approches ci-dessus pour les adapter à leurs espac-es et contextes d’entrepreneuriat respectifs. Il est important que ces politiques favorables à l’entrepre-neuriat des jeunes reçoivent le soutien et la volo-nté politique des États membres, démontrés par la ratification et la mise en œuvre de cadres normatifs continentaux pertinents et d’engagements visant à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes.

Page 14: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202011

Intégrer l’éducation pertinente à l’entrepreneuriat pour faciliter le développement des compétences entrepreneuriales

2.2

La plupart des jeunes Africains pensent qu’ils ont la capacité de créer une entreprise et qu’il existe de bonnes opportunités commerciales (Kew et al., 2013 ; GEDI, 2018). De plus, des recherches ont montré que les jeunes Africains, qui sont convaincus de posséder les compétences nécessaires pour créer une entreprise, ont quatre à six fois plus de chances d’être impliqués dans une activité entrepreneuriale (Kew et al., 2013). Cependant, tout en confirmant le score élevé sur la perception des opportunités, l’indice global de l’entrepreneuriat (Global Entrepre-neurship Index – GEI) 2018 montre que les écosys-

Bien que cette situation soit en partie due au manque d’opportunités d’emploi formel sur le marché du travail, elle suggère également que les systèmes éducatifs africains ne préparent pas suffisam-ment les jeunes au monde du travail. Comme l’a reconnu le forum pour l’emploi “Africa Talks 2018”, les gouvernements africains ont un rôle important à jouer dans ce domaine, car le système d’éduca-tion publique reste le premier et principal moyen pour atteindre la jeunesse africaine (communiqué de la conférence ATJ, 2017 p 3). L’éducation à tous les niveaux doit donc être davantage liée aux be-soins du marché du travail et être conçue de manière à mieux préparer les jeunes à créer et à gérer leurs propres entreprises (Étude de l’UA sur le YEP, 2019).

tèmes entrepreneuriaux du continent obtiennent le score le plus bas dans les domaines des compétenc-es entrepreneuriales, de l’acceptation du risque et du capital-risque (GEDI, 2018) (voir figure 5 ci-des-sous). Selon l’OIT (2015), le taux de chômage des jeunes augmente systématiquement avec le niveau d’éducation ; les jeunes qui ont terminé l’enseigne-ment supérieur ont deux à trois fois plus de chances d’être au chômage que les jeunes ayant un niveau d’éducation primaire ou inférieur (OIT, 2015) (voir figure 6 ci-dessous).

Figure 6: (Source: thegedi.org)

Page 15: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 12

Les écoles primaires et secondaires enseignent des compétences fondamentales telles que les mathématiques, la lecture et l’écriture, mais elles influencent également le développement de l’esprit et des compétences entrepreneuriales au sein de la population. Bien que, ces dernières années, l’accès à l’éducation se soit amélioré de sorte qu’un plus grand nombre de jeunes puissent obtenir une éd-ucation officielle, les programmes et les méthodes didactiques sont cependant souvent dépassés et se concentrent sur la mémorisation des connaissanc-es plutôt que sur les compétences du monde réel (Fox & Kaul, 2017). Toutefois, au cours des dernières années, un certain nombre de gouvernements a adopté des programmes novateurs et fructueux de développement des compétences entrepreneuriales conçus par des ONG dans les systèmes d’enseigne-ment primaire et secondaire officiels (Kew, 2015). Au cœur de ces programmes se trouvent des méthodes d’enseignement expérientielles et immersives qui ont prouvé leur efficacité dans le transfert des com-pétences non techniques liées à l’entrepreneuriat (Lippmann, 2015).

Image 3 : Des enfants de la communauté nubienne en Ouganda recevant la formation en compétences sociales et en finance d’Aflatoun, offerte par le Private Education and Development Network (PEDN) de l’Ouganda (Source: PEDN @pednuganda)

Figure 7 : Augmentation du chômage des jeunes avec l’augmentation du niveau d’éducation en Afrique subsa-harienne (Source : ilo.org)

Plusieurs études de cas comparables réalisées sur l’ensemble du continent soulignent le rôle essentiel et très influent que le secteur de l’éducation peut jouer pour accroître considérablement l’impact de l’entrepreneuriat des jeunes à grande échelle, notamment grâce à des partenariats stratégiques. Par exemple, Alfatoun, une ONG internationale ayant des partenaires en réseau qui mettent en œuvre les programmes d’Alfatoun dans 35 pays africains,3 propose des cours d’apprentissage expérientiel adaptés à l’âge qui enseignent aux jeunes enfants et aux adolescents des compétences précieuses pour la création d’une entreprise, notamment l’épargne, la planification financière et la budgétisation, la confi-ance en soi et les compétences sociales (Alfatoun International, 2017) (voir image 3 ci-dessous). Alfa-toun a réussi à s’étendre sur le continent en partie en travaillant stratégiquement avec les gouverne-ments et les ministères pour intégrer leur contenu dans les systèmes éducatifs et les programmes nationaux d’éducation. Ce programme a fait l’objet d’une évaluation rigoureuse et s’est révélé efficace dans ces domaines.

3 Botswana, Malawi, Éthiopie, Mozambique, Nigéria, Gambie, Rwanda, Ghana, Sierra Leone, Kenya, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Lesotho, Eswatini, Tan-zanie, République démocratique du Congo, Ouganda, Guinée-Bis-sau, Madagascar, Zimbabwe, Mali, Bénin, Maurice, Burkina Faso, Niger, Sénégal, Cameroun, Togo, Côte d’Ivoire, Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Somalie, Soudan et Tunisie

Page 16: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202013

De plus, les établissements d’enseignement peuvent tirer parti des connaissances sectorielles approfondies des partenaires du secteur privé en leur permettant d’enseigner des compétences en matière d’entrepre-neuriat. Le programme d’entreprise INJAZ, par exemple, est un programme destiné aux élèves du secon-daire qui se concentre sur l’éducation financière, la préparation au travail et l’entrepreneuriat et qui est mis en œuvre en partenariat avec les autorités nationales de l’éducation, en faisant appel à des bénévoles du secteur privé (Reimers, 2018 ; étude de l’UA sur le YEP, 2019). Il est exécuté dans 14 pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par l’intermédiaire de diverses filiales sous l’égide de Junior Achievement Worldwide (JA Worldwide) (voir figure 7 ci-dessous). Le programme fournit une expérience pratique de la création, de la gestion et de la liquidation d’une entreprise. Il a été également démontré qu’il permet d’améliorer les com-

Figure 8: JA Worldwide in Africa (Source: jaworldwide.org)

pétences matérielles et humaines liées à l’entrepre-neuriat, de renforcer la confiance et d’améliorer les normes en matière de genre.

Au Maroc, le programme de l’entreprise INJAZ est dirigé par INJAZ Al-Maghrib. À la différence de la plupart des pays, le programme d’entreprise maro-cain est géré avec des classes entières pendant les heures de cours normales plutôt que comme une activité extrascolaire à laquelle les élèves peuvent participer. Le programme se déroule sur une péri-ode de 6 à 8 mois, pendant laquelle les participants élaborent un Business Plan, lancent une entreprise, commercialisent et vendent leur produit, puis liq-uident l’entreprise, ce qui leur permet d’acquérir

une expérience directe de l’entrepreneuriat. Les bénévoles du secteur privé enseignent les com-pétences spécialisées et générales qui sont impor-tantes dans leur secteur d’activité, en s’appuyant sur leur propre expérience. De plus, @iLabAfrica, un centre d’excellence en innovation et développe-ment des TIC à l’université de Strathmore au Kenya, a réussi à développer une formation pertinente et spécifique à l’industrie grâce à des partenariats avec des entreprises telles qu’Intel, Ericsson, Google, Safaricom, Oracle, Samsung, Deloitte et IBM. Cela a été essentiel pour transmettre des compétences en matière d’entrepreneuriat aux jeunes (étude de l’UA sur le YEP, 2019). Les universités soutiennent

Page 17: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 14

Image 4: The Gauteng Accelerator Programme (Source: Opportunities for Africans)

les jeunes entrepreneurs par différentes voies : elles proposent des cours sur l’entrepreneuriat, lancent et accueillent des programmes d’incubation et d’ac-célération, organisent des concours de plan d’entre-prise et d’innovation et mènent des recherches sur les écosystèmes et les pratiques de l’entrepreneur-iat. L’Université américaine du Caire, par exemple, accueille l’AUC Venture Lab. Au Lesotho, le per-sonnel universitaire a créé le Fonds d’innovation de l’université nationale du Lesotho (NULIF) pour aider les étudiants à passer de la recherche en laboratoire à des produits commercialisables, tandis qu’en Af-rique du Sud, l’université du Witwatersrand a mis en place le concours de financement de l’innovation du Gauteng Accelerator Programme (GAP) pour l’oc-troi d’un financement d’amorçage aux concurrents gagnants (voir l’appel à candidatures dans l’image 4 ci-dessous qui met en évidence les secteurs cibles et le prix). Au Kenya, @iBizAfrica est l’incubateur de l’université Strathmore. Grâce à des partenariats avec des entreprises comme Deloitte et Microsoft, @iBizAfrica a pu soutenir des start-ups en leur four-nissant un encadrement, un capital d’amorçage, des conseils juridiques, une expertise financière,

une formation et des ressources physiques. Ils ont également mis en place un programme spécifique d’incubation de jeunes entreprises dirigées par des femmes, en partenariat avec la Barclays Bank.

Le plus important, cependant, est que les politiques nationales d’éducation exigent l’intersection de l’éducation et de l’entrepreneuriat à tous les niveaux, en particulier à partir de l’éducation de la petite en-fance, afin de faciliter efficacement les changements de mentalité et l’initiation précoce à l’entrepreneur-iat. Cette formation devrait toutefois être axée sur le développement d’une jeunesse holistique, au-delà de la simple acquisition de compétences techniques en

matière d’entrepreneuriat. Des recherches appro-fondies menées par Accenture dans le cadre de son programme “Skills to Succeed” ont montré que plus les compétences sont acquises tôt et plus les bonnes habitudes et mentalités sont acquises, plus les chances de réussite sont grandes (Accenture, 2017). Cela est également illustré dans les approches de formation adoptées par Alfatoun et le programme de l’entreprise INJAZ. Il est plus efficace de commenc-er à développer ces compétences, dans le cadre de l’éducation de la petite enfance, que de commencer à un âge plus avancé. En outre, même les jeunes qui ne créent pas d’entreprise bénéficient de ces com-pétences, car ce sont également des compétences que les employeurs recherchent généralement chez leurs employés. Ce sont, en outre, des compétences qui peuvent bénéficier aux jeunes sur le plan person-nel.

Le système éducatif officiel a donc un rôle essentiel à jouer dans la fourniture des compétences et des formations indispensables à la réussite des entre-prises à grande échelle, ainsi que dans l’incubation, l’accélération et le financement des startups. Les partenariats stratégiques avec le secteur privé, dans cet effort, assurent non seulement le succès de l’amélioration de la qualité de l’éducation et d’un programme d’études actualisé, mais sont également essentiels pour fournir une éducation et une forma-tion directes à l’entrepreneuriat.

En tant qu’institution d’enseignement supérieur de l’UA, l’Université panafricaine est appelée à deve-nir un centre d’excellence de premier plan dans le domaine de la recherche et de l’enseignement supérieur pour le progrès de l’Afrique. L’université a une valeur unique pour le continent, qui consiste notamment à encourager l’entrepreneuriat et les innovations commerciales transcontinentales pour la création d’emplois en Afrique. Dans son plan stratégique 2020-2024, l’université a également réitéré la nécessité de s’assurer que le programme d’études, l’enseignement et les possibilités offertes à l’université soient pertinents pour l’industrie et les besoins des États membres de l’UA. Ces objectifs peuvent être atteints en améliorant l’employabilité des compétences ainsi que les capacités et les pos-sibilités d’entrepreneuriat.

Page 18: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202015

Employer et soutenir un financement intelligent et efficace pour les start-ups

2.3

Les jeunes doivent avoir accès à un capital d’amorçage et à d’autres types de financement pour créer et développer leurs entreprises. Cependant, l’accès aux institutions financières et aux services financiers conventionnels est particulièrement limité pour les jeunes en Afrique (Étude de l’UA sur le YEP, 2019, p 75). L’une des raisons pour lesquelles les ban-ques ont du mal à fournir des crédits, à un coût rai-sonnable, aux jeunes est que ces derniers manquent de garanties traditionnelles et sont donc considérés comme à haut risque. Cependant, la BAD affirme que le développement d’écosystèmes entrepreneuriaux comprenant une offre adéquate de crédit abordable, même pour ceux qui ne disposent pas de garanties traditionnelles, pourrait grandement contribuer à faciliter l’entrepreneuriat à forte croissance (BAD, 2015).

Les gouvernements peuvent fournir des options de financement adaptées en temps utile en s’associant aux banques et en s’engageant auprès des jeunes. Le Fonds de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide (DER) du Sénégal en est un exemple. Le DER est un fonds de 50 millions USD offrant une com-binaison d’instruments de financement aux jeunes entrepreneurs et aux femmes au Sénégal (étude de l’UA sur le YEP, 2019). Outre un soutien financier, les entrepreneurs reçoivent une formation, un encadre-ment, un mentorat et ont la possibilité de participer à des voyages d’échange et à des concours.

Le fonds encourage explicitement l’inclusion fi-nancière par un engagement spécifique avec le sec-teur bancaire. Il propose quatre grands types de fi-nancement aux entrepreneurs : le petit financement, le financement de l’incubation, le financement par actions et les prêts à faible taux d’intérêt. Ce qui dis-

Image 5: l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan lors d’un précédent lancement YouWin (à gauche) et une exposition de produits YouWin (à droite) (Source: utibeetim.com)

L’Université panafricaine invite en outre le Conseil et tous les autres partenaires concernés à fournir un soutien technique, financier et de mentorat à ses étudiants et anciens étudiants afin qu’ils puissent poursuivre dans l’entrepreneuriat grâce, entre autres, à des centres d’in-cubation, ainsi qu’à un soutien financier, notamment des fonds de capital-risque et un soutien aux start-ups.

tingue le fonds DER, c’est la transparence, la simplic-ité et la rapidité des procédures d’accès au finance-ment. Le délai de trois semaines pour les demandes de financement a joué un rôle important à cet égard. En outre, le fait d’utiliser les banques pour distribuer des fonds plutôt que de les distribuer directement renforce la transparence (c’est-à-dire que les fonds ne sont pas considérés comme des fonds politiques). Le fonds désigne l’argent pour des secteurs et des régions spécifiques afin que les jeunes des régions plus éloignées en bénéficient également et que l’ac-tivité économique soit diversifiée et décentralisée. Le DER s’est également montré efficace en écoutant la communauté sénégalaise des jeunes entrepreneurs et en les mettant en contact avec les ministères con-cernés afin de co-créer une législation favorable à la création d’entreprises.

De plus, des transferts en espèces soigneusement conçus, les subventions, peuvent être très efficaces pour soutenir les entreprises axées sur la crois-sance dans la création d’emplois. Les recherches ont également montré que des résultats positifs ont été obtenus par des programmes offrant des sub-ventions d’amorçage, seules ou en combinaison

Page 19: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 16

avec des services de formation et de conseil (Kluve et al., 2017, p. 155 ; Blattman & Ralston, 2015 ; Cho and Honerati, 2013). Le programme Youth Enterprise With Innovation (YouWiN !) du gouvernement nigéri-an était un concours national de plan d’entreprise à grande échelle pour les jeunes entrepreneurs au Ni-geria (voir l’image 5 ci-dessous de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan lors d’un événement YouWin). Les gagnants de YouWiN ont reçu des prix d’une valeur moyenne de 50 000 USD chacun, ainsi qu’un encadrement et une formation. Le YouWiN! La compétition des plans d’entreprise a eu un impact important sur le taux de création d’entreprises, la survie des entreprises existantes, l’emploi, les béné-fices et les ventes des entreprises gagnantes. Les résultats d’une évaluation d’impact rigoureuse ont montré qu’à la fin de la troisième année d’activité de YouWiN, on estime que les 1 200 lauréats ont généré plus de 7 000 nouveaux emplois que le groupe de contrôle. Le coût par emploi créé se compare favor-ablement à des programmes similaires aux États-Unis et dans les pays en développement. (McKenzie, 2015).

Bien que l’octroi de subventions importantes en espèces aux jeunes entreprises ait longtemps été jugé peu judicieux, en raison de la croyance que les jeunes gaspilleraient ces subventions ou ne les utiliseraient pas efficacement, le projet YouWin du Nigeria a cependant montré qu’un processus de sélection peut identifier les jeunes entrepreneurs qui seront en mesure d’utiliser efficacement des subven-tions importantes en espèces (Étude de l’UA sur le YEP, 2019). En outre, il est recommandé de verser les fonds par l’intermédiaire des banques locales afin de montrer clairement que les subventions ne sont pas des cadeaux politiques.

Pour les jeunes entrepreneurs axés sur la crois-sance, l’exploitation des quantités encore limitées de capitaux d’investissement privés disponibles en Afrique constitue un défi de taille. Parallèlement, de nombreux pays africains disposent d’une commu-nauté d’affaires locale dont les membres dirigeants ont les moyens financiers d’investir. Si des entre-preneurs et des hommes d’affaires locaux établis deviennent des investisseurs providentiels dans leurs communautés, cela permet non seulement de débloquer des capitaux d’investissement, mais aussi

de créer une communauté de mentors potentiels qui comprennent bien l’environnement direct dans lequel l’entrepreneur opère et peuvent lui fournir des conseils supplémentaires. La proximité de l’entrepre-neur et de l’investisseur est un avantage pour deux raisons. Pour l’investisseur, l’interaction personnelle avec l’entrepreneur peut aider à établir la confi-ance et à comprendre ses besoins de financement spécifiques. Pour l’entrepreneur, l’investisseur peut fournir un soutien dans la mise en réseau et des conseils liés aux questions pratiques concernant les marchés locaux. Cela augmente les chances de succès, ce qui entraîne des rendements plus élevés et/ou plus rapides pour l’investisseur. Des réseaux d’investisseurs providentiels sont actuellement mis en place en Afrique, tant à l’échelle continentale que locale, tels que l’African Angel Business Network et le Lagos Angel Network (GEN, 2018). Ceux-ci sont intégrés dans le Global Business Angel Network qui soutient la recherche et les événements pour aider ses membres à créer de nouveaux réseaux d’inves-tisseurs providentiels et à apprendre des expérienc-es des autres. Par conséquent, les gouvernements doivent encourager et soutenir la création de tels réseaux locaux d’investisseurs providentiels.

L’UA et les CER devraient donc développer des politiques et des initiatives qui soutiennent les efforts des États membres pour fournir un environnement favorable aux centres d’incubation et au capital d’amorçage pour les entrepreneurs en herbe. Le partenariat entre le PNUD et la Fondation Tony Elu-melu pour former des mentors et apporter un soutien financier à 100 000 entrepreneurs en Afrique sur une période de 10 ans en vue de la réalisation des ODD en est un exemple. L’UA peut adopter une telle ap-proche grâce à son initiative “Un million d’ici 2021”, qui vise à établir des partenariats avec les États membres et le secteur privé pour former, encadrer et soutenir financièrement les jeunes en vue de la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063.

Page 20: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202017

Soutenir et améliorer un écosystème entrepreneurial favorable

2.4

La réussite entrepreneuriale est fortement influencée par l’écosystème de soutien dans lequel les jeunes créent leurs entreprises (Psilos & Galloway, 2018). Il est donc nécessaire de renforcer l’écosystème de l’entrepreneuriat afin d’offrir un espace et un soutien à l’émergence et à la croissance des jeunes entre-preneurs. Cela peut se faire, par exemple, par la mise en place et le soutien de pôles d’entrepreneuriat. Les pôles de startups, les incubateurs et les accéléra-teurs sont les pépinières de l’écosystème entrepre-neurial. Les jeunes s’y retrouvent pour créer des réseaux, accéder aux infrastructures TIC, suivre des formations, trouver des partenaires commerciaux, recevoir des conseils en matière de développement commercial, créer des prototypes, s’inspirer et être inspirés. Le rapport African Economic Outlook 2017 souligne que les compétences et les services d’incu-bation d’entreprises sont des facteurs déterminants de succès dans le soutien à l’activité entrepreneur-iale (BAD, OCDE et PNUD, 2017).

De nombreux centres ont été créés à travers le continent en réponse aux lacunes que les jeunes constatent dans l’aide apportée aux jeunes entre-preneurs. Citons par exemple EcoliaLabs, un centre d’incubation doté d’un espace de travail en com-mun et d’un centre de formation aux compétences numériques à Yaoundé, au Cameroun (Étude de l’UA sur le YEP, 2019). Les jeunes Camerounais se rendent au centre de formation aux compétences numériques d’EcoliaLabs pour améliorer leurs com-pétences afin d’accroître leur employabilité. Dans ce centre, les jeunes sont formés au développement

web, à la création d’applications pour téléphones portables, à la création de sites web de commerce électronique, à la conception et à l’utilisation d’outils de communication numérique et au marketing. Sur près de 300 jeunes formés depuis 2016, EcoliaLabs a la confirmation qu’environ 140 ont trouvé un emploi après la fin de la formation, dans différents sec-teurs d’activités, où ils occupent des postes allant de développeur, responsable de la communication numérique, à chef de projet. De plus, une trentaine d’entre eux ont créé leur propre entreprise et sont pour la plupart indépendants. Il convient d’étudier davantage les possibilités de s’appuyer sur ces réseaux de centres, d’améliorer la qualité de leur programmation et de leur financement.

Bien qu’il y ait une croissance rapide des centres technologiques, des incubateurs, des espaces de création et des accélérateurs accessibles aux jeunes dans les centres urbains africains, les jeunes des petites villes, des villages et des zones rurales sont encore largement détachés de ces espaces qui jouent un rôle important dans l’accès aux pro-grammes de soutien et à la mise en réseau. Malgré un nombre croissant de programmes de soutien à l’entrepreneuriat, la plupart des jeunes n’en sont pas conscients et n’ont donc pas accès à une assistance pour les aider à se lancer en affaires ou à accroître leur rentabilité (Kew et al., 2015).

Bien que les jeunes entrepreneurs fassent état de difficultés similaires pour toutes les catégories de revenus, ils ont besoin d’un soutien différencié. Si le développement des compétences, l’expérience commerciale, l’accès au marché, l’accès au capital, les réseaux d’entreprises et l’environnement favor-able sont des défis pour la plupart des entrepreneurs (Psilos & Galloway, 2018), le soutien doit être adapté au type spécifique de jeunes entrepreneurs visés. Par exemple, en raison des défis uniques auxquels les jeunes femmes sont confrontées, elles devraient bénéficier d’un soutien qui corresponde à leurs besoins.

Page 21: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 18

Exploiter et renforcer les acteurs existants 2.5

De plus, pour les entrepreneurs qui cherchent à développer leurs entreprises, différents types de soutien sont nécessaires aux différentes étapes du démarrage et de la croissance d’une entreprise, notamment la pré-incubation, l’incubation, l’accélération et l’expansion. En outre, les espaces d’incubation et d’accéléra-tion des start-ups devraient aller au-delà des innovations technologiques pour intégrer également les start-ups d’autres secteurs tels que l’agriculture. Par exemple, BlueMoon, un incubateur d’entreprises agricoles en Éthiopie, aide les jeunes à découvrir, nourrir et financer des idées exceptionnelles dans le domaine de l’agroalimentaire.

Les banques multilatérales de développement (BMD), les partenaires bilatéraux et les fondations philan-thropiques sont également des acteurs importants dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, no-tamment en fournissant des capitaux d’amorçage et des facilités de financement. Le soutien de ces parties prenantes pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes devrait être approfondi et étendu, un rôle qui pourrait être soutenu et coordonné par l’UA grâce à un engagement et un partenariat stratégiques avec les secteurs privés et les institutions de financement dans la mise en œuvre d’initiatives phares ainsi que la mise en œuvre d’initiatives nationales en matière d’entrepreneuriat (Rapport de pré-validation de l’étude YEP 2019, p 5).

Une série d’acteurs, tant publics que privés, assument des rôles spécialisés dans l’écosys-tème de l’entrepreneuriat pour soutenir les jeunes entrepreneurs et les jeunes entrepreneurs potentiels, comme l’illustre la figure 9.

Finance

Capital humain Marchés

Politique

Jeunes entrepreneurs

Services de soutien

Diaspora

Banques de dével-oppement

Investis-seurs provi-

dentiels

Gouver-nements nationaux

Centres, incubateurs et

accélérateurs de startups

Écoles Primaires & secondaires

Universités

Institutions EFTP

Sociétés privées

UA & CER

Banques locales

Donateurs

Fondations

Donateurs

ONG

Figure 9: Acteurs de l’écosystème entrepreneurial (Source: étude de UA sur le YEP, 2019)

Les fonds de capital inves-

tissement

Page 22: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202019

L’apport d’un soutien sectoriel spécifique offre la possibilité d’avoir un impact plus profond. Diverses initiatives, à travers le continent, l’ont illustré. Il s’agit notamment des travaux du NULIF dans le secteur manufacturier ainsi que des travaux de Creative Futures dans les industries créatives et de ceux de la Global African Agribusiness Accelerator Platform (GAAAP) dans le secteur agricole (étude de l’UA sur le YEP, 2019). Creative Futures est un programme de deux ans destiné à accroître la capacité et le réseau des professionnels de la création en Éthiopie dans les secteurs des arts visuels, de la photographie, du cinéma, de la mode, de l’architecture, du design graphique, de l’animation, de l’art numérique, du développement de jeux/applications/logiciels, de l’artisanat, des sculpteurs, de la gravure et de la poterie afin de les aider à construire des carrières durables (voir image 6 ci-dessous d’une des sessions sur le cinéma organisées par Creative Futures). Le programme a été mis en œuvre par un consortium de partenaires : le British Council, l’Iceaddis et le Goethe-Institut. Bon nombre des participants travail-lent en freelance dans la “gig-economy”, économie des petits boulots, une forme d’entrepreneuriat en plein essor dans le monde et en Afrique (étude de l’UA sur le YEP, 2019). Le programme a fourni des out-ils aux créatifs et aux acteurs du secteur privé pour les aider à travailler ensemble, ainsi que des outils commerciaux et de marketing, et de gestion d’événe-ments pour les créatifs afin de les aider à mieux comprendre comment commercialiser leurs produits et leurs compétences.

Image 6: “Activité de création cinématographique organisée par Creative Futures (Source: @creativefutures.ethiopia)

GAAP, pour sa part, est un accélérateur leader du secteur privé, conçu pour amener les entreprises agroalimentaires dirigées par des jeunes au niveau de croissance suivant. À ce jour, la plateforme est active dans quatre pays africains : l’Ouganda, la Zambie, le Kenya et l’Afrique du Sud, avec 20 mem-bres par pays. Le GAAAP a été fondé par l’Africa Business Group (ABG), une société africaine de développement économique. Le GAAAP soutient spécifiquement les agro-entreprises existantes dont le ou les fondateurs ont moins de 40 ans (Entretien avec Michael Sudarkasa, fondateur du GAAAP, juin 2019). Le GAAAP se concentre sur l’expansion de ces entreprises en mettant en relation les jeunes agripreneurs avec les opportunités du marché local et interafricain (étude de l’UA sur le YEP, p 66).

Cependant, des mécanismes efficaces pour coor-donner et guider les activités des acteurs impliqués dans le soutien aux jeunes, y compris les jeunes entrepreneurs, sont essentiels. Youth Connekt Rwan-da (YCR) présente un bon modèle de la plateforme qui a pu y parvenir efficacement (étude de l’UA sur YEP, 2019) (Voir image 7 ci-dessous). YCR, une plate-forme qui met les jeunes en contact avec leurs pairs, leurs modèles, leurs ressources, leurs compétences et leurs opportunités économiques. La plateforme tire parti des programmes et des acteurs existants et sert de mécanisme de coordination utile, sou-tenu par le gouvernement, pour tous les acteurs de l’écosystème qui cherchent à soutenir la jeunesse.

Page 23: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 20

Image 7 : Le président du Rwanda, M. Paul Kagame, dirige les leaders de l’industrie : Dr Mukhisa Kituyi (CNUCED) et Jack Ma (Alibaba Group) à s’engager auprès des jeunes lors d’un précédent sommet Youth Connekt (Source : The African Courier)

Elle se compose de divers programmes et s’organ-ise autour d’événements consacrés au soutien des jeunes, avec un accent particulier sur le soutien à l’entrepreneuriat. YCR conçoit des programmes avec le ministère de la Jeunesse, sur la base des statis-tiques et des priorités du gouvernement rwandais, et engage les partenaires concernés pour la mise en œuvre. Comme de nombreux gouvernements doivent rele-ver le défi d’exploiter efficacement la diversité des parties prenantes actives dans l’écosystème en-trepreneurial, l’adaptation de ce mécanisme peut fournir un moyen de relever ce défi en consolidant l’écosystème. La plateforme Youth Connekt Africa est prête à aider tout pays pour établir une plateforme Youth Connekt nationale, à condition que l’initiative et le financement initial proviennent du ministère de la jeunesse du pays concerné. Grâce à Youth Con-nekt Africa, l’exemple de YCR a jusqu’à présent été reproduit dans 11 autres pays : Ouganda, République démocratique du Congo, Congo Brazzaville, Camer-oun, Ghana, Liberia, Sierra Leone, Gambie, Cap Vert, Zambie et Zimbabwe.

En outre, il est important de tirer parti des parties prenantes existantes pour apporter un soutien aux jeunes entrepreneurs. Une proportion importante de personnes, dont beaucoup de jeunes, est motivée

pour aider leur communauté et travaille dur pour soutenir les jeunes en mettant en place des centres, des espaces de travail en commun, des espaces de création, et en leur fournissant des conseils tech-niques et des services de soutien. Reconnaissant la nécessité de maintenir certaines normes de qualité dans la fourniture d’établissements et de services, ces parties prenantes devraient être mises à profit et renforcées plutôt que mises de côté en créant de nouvelles structures qui remplissent le même ob-jectif. Par exemple, avant de financer et de doter en personnel une série de nouveaux centres d’incuba-tion, il est conseillé aux gouvernements de s’engager auprès des incubateurs existants et de découvrir de quels types de soutien ils auraient besoin pour mettre en œuvre les programmes prévus pour de nouveaux incubateurs. De cette façon, l’écosystème entrepreneurial est renforcé et les gouvernements peuvent tirer parti de l’énergie des citoyens qui s’en-gagent par passion pour l’avenir de leur pays et de leur continent. C’est également un principe appliqué avec force dans le cadre de Youth Connekt.

Page 24: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202021

Promouvoir une programma-tion sensible au genre

2.6

Les programmes tenant compte de l’égalité des sexes et le soutien des écosystèmes améliorent la participation et les résultats des jeunes femmes. Les femmes sont confrontées à des défis différents de ceux des hommes, et ceux-ci ne sont souvent pas pris en compte dans les efforts généraux visant à améliorer l’écosystème entrepreneurial. La ma-jorité des entrepreneurs en Afrique est constituée de femmes, mais leurs entreprises sont moins productives et comptent moins d’employés que celles de leurs homologues masculins (GBM, 2019). Les femmes créent plus souvent une entreprise par nécessité que par opportunité par rapport aux hommes et ont tendance à entrer dans des secteurs à plus faible potentiel de croissance dans l’écono-

Image 8 : Femme ingénieur (Source : Banque africaine de développement)

mie informelle (GEDI, 2017 ; GBM, 2019). De plus, les femmes ont moins de biens et de capitaux à investir et sont moins susceptibles d’adopter des pratiques commerciales avancées (GBM, 2019) (voir image 8 ci-dessous).

Les femmes sont confrontées à des contraintes différentes de celles des hommes, ce qui les amène à prendre des décisions différentes qui se traduisent souvent par des résultats moins productifs (GBM, 2019). Ces contraintes vont de la discrimination et de la marginalisation, légales ou autres, aux contraint-es de temps dues aux obligations familiales et aux responsabilités ménagères qui leur sont imposées de manière disproportionnée. Ces questions sont exam-inées en détail dans le récent rapport du Groupe de la Banque mondiale (2019). Les recherches montrent que lorsque ces contraintes sont atténuées, les

femmes obtiennent d’aussi bons résultats que les hommes, y compris dans les secteurs dominés par les hommes (GMB, 2019). Toutefois, les politiques visant à améliorer les écosystèmes entrepreneuriaux qui ne tiennent pas explicitement compte de ces contraintes risquent de creuser l’écart existant entre les sexes (GBM, 2019).

Pour les jeunes femmes en particulier, les pro-grammes réussis ont tendance à combiner la for-mation aux compétences commerciales avec les compétences de la vie et/ou le mentorat (Fox & Kaul, 2017). Par exemple, le programme “Empowerment and Livelihood for Adolescents”, autonomisation et moyens de subsistance pour les adolescents, mis en œuvre par la BRAC en Ouganda a fourni une formation sur la gestion d’une petite entreprise et une éducation sur la santé et les comportements à risque (étude de l’UA sur le YEP, 2019). Une étude, qui a suivi 4 888 filles pendant deux ans, a révélé que le programme a augmenté de 32 % la probabilité que les participantes s’engagent dans des activités génératrices de revenus et a également eu de fortes répercussions positives sur la santé et les résultats de l’agence (étude de l’UA sur le YEP, 2019 ; Band-iera et al., 2012). Parmi les autres initiatives qui ont cherché à renforcer l’autonomie des jeunes femmes en matière d’entrepreneuriat, citons le programme d’autonomisation économique des adolescentes et des jeunes femmes (EPAG) au Liberia et @iLabAfrica au Kenya. Elles se sont engagées dans la formation professionnelle, l’incubation et la fourniture de fonds d’amorçage pour des idées spécifiquement émises par des jeunes femmes, contribuant ainsi à accroître l’entrepreneuriat et les revenus des femmes.

Lors de la conception et de la mise en œuvre de programmes destinés aux jeunes entrepreneurs africains, il est donc important de se demander si les jeunes femmes pourront y participer ou s’il existe des obstacles spécifiques au genre qui pourraient empêcher ces dernières d’y participer et comment y remédier pour faciliter une participation égale des jeunes femmes.

Page 25: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 22

3.1 Pour l’Union Africaine 3.1

L’UA a fait preuve d’un leadership particulièrement fort dans son approche à l’égard de la population croissante de jeunes. Plutôt que de considérer cela comme un problème, l’UA considère que la jeu-nesse africaine a un grand potentiel et insiste sur la nécessité de la doter des connaissances et des compétences dont elle a besoin pour contribuer à une Afrique pacifique et prospère. La feuille de route de l’UA de 2017 sur l’exploitation du dividende démo-graphique par des investissements dans la jeunesse (CUA, 2017) concrétise cette intention et aborde explicitement l’entrepreneuriat des jeunes comme un domaine dans lequel les États membres peuvent investir. L’UA continue de promouvoir ce sujet dans le cadre de l’initiative « Un million d’ici 2021 » des présidents, qui se concentre sur l’engagement, l’en-trepreneuriat, l’éducation et l’emploi. En outre, l’UA soutient et approuve les initiatives qui vont dans le sens du soutien à l’entrepreneuriat.

Compte tenu de son pouvoir rassembleur, de son im-pact à grande échelle et de son influence politique, l’UA a un rôle à jouer non seulement dans l’élabora-tion et l’adoption de politiques, de stratégies et de plans d’action visant à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique, mais surtout dans la mise en œuvre et le suivi de ces politiques ainsi que dans la reproduction et la généralisation des bonnes pra-tiques identifiées dans les États membres. L’UA a un rôle crucial à jouer pour fournir également un sout-ien technique aux États membres afin de promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes. À cet égard, l’UA devrait :

3.1.1 Renforcer les bases de la programmation pour la jeunesse

Afin de renforcer les bases de la programmation pour la jeunesse tant au niveau continental qu’au niveau des États membres, l’UA devrait :

a) Utiliser les enseignements comparables présentés par les bonnes pratiques dans ses États membres pour adopter une approche/politique continentale sur la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes ;b) Réviser la Stratégie d’éducation continentale pour l’Afrique (CESA 2016-2025) et la Stratégie pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique (STISA 2024) pour s’assurer qu’elles comportent davantage de composantes entrepre-neuriales ;c) c) Utiliser l’opportunité dont elle dis-pose afin de fournir un soutien technique dans le développement de politiques nationales qui sont alignées avec les engagements continentaux des États membres pour intégrer des politiques qui soutiennent l’entrepreneuriat des jeunes et les protègent contre les chocs économiques causés par les pandémies et les catastrophes. Cela peut, par exemple, être réalisé par le Programme global de développement de l’agriculture africaine (PDDAA), du Département de l’économie rurale et de l’agriculture (DERA), de l’UA qui aide les États membres à élaborer des politiques et des plans d’investissement alignés sur les engagements de la Déclaration de Malabo ainsi que sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) ;d) Travailler sur l’architecture africaine de gou-vernance et l’architecture africaine de paix et de sécurité pour renforcer la participation des jeunes

03 Implications politiques

Page 26: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202023

à la gouvernance démocratique et aux initiatives de consolidation de la paix qui conduisent à la création d’un environnement favorable à l’entre-preneuriat ;e) Mettre en place un mécanisme de soutien au sein des départements compétents responsables des cadres politiques qui soutiennent l’engage-ment, l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes afin de plaider pour la ratification et la mise en œuvre des politiques et traités pertinents ; f) Établir un mécanisme d’élaboration de rapport, suivre les progrès, contrôler et fournir un soutien technique pour la mise en œuvre des politiques continentales et des engagements relatifs à la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes dans les États membres ; etg) Envisager l’adoption d’un outil d’évaluation comparative pour les États membres afin de stimuler les établissements d’enseignement à s’engager davantage dans la promotion de l’en-trepreneuriat, qui pourrait inclure des normes de références dans les États membres.

3.1.2 Catalyser l’action au niveau des États membres

Au niveau de ses États membres, l’UA devrait :

a) Promouvoir et soutenir les politiques natio-nales visant à renforcer l’écosystème de l’entre-preneuriat, à l’instar de celles qui prévoient des marchés publics préférentiels pour les jeunes ain-si que celles qui facilitent les incitations fiscales gouvernementales pour les jeunes entrepreneurs ;b) Promouvoir des services d’action coordonnée et collective de soutien par les États membres pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes, en soutenant, et en créant, là où ils n’existent pas, des parcs d’entrepreneuriat inspirés du modèle des parcs industriels aux niveaux national et local ;c) Reconnaître et célébrer les jeunes et les initia-tives de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes par le biais de prix continentaux ;d) Exploiter son pouvoir rassembleur pour réunir, coordonner et connecter le secteur privé et les autres parties prenantes afin de soutenir les jeunes entrepreneurs en Afrique ;e) Soutenir la mise en œuvre, la reproduction et la généralisation des bonnes pratiques identifiées dans les États membres.

3.1.3 Mettre en œuvre ses programmes-phares continentaux

L’UA doit en outre mettre en œuvre ses pro-jets-phares continentaux liés à l’entrepreneuriat des jeunes. À cet égard, l’UA devrait :

a) Soutenir le développement d’un capital humain entrepreneurial pertinent par le biais de l’initiative « Enseignants sans frontières » afin de promouvoir le transfert de compétences et l’échange d’une éducation et d’une formation à l’entrepreneuriat pertinentes et appropriées par le biais, entre au-tres, de l’Université panafricaine (UPA) ;b) Par le biais de l’initiative « Un million d’ici 2021 », encourager le secteur privé et les parte-naires bilatéraux à soutenir et à améliorer les éco-systèmes d’entrepreneuriat des États membres qui devraient inclure des financements innovants du secteur public et privé pour les jeunes entrepre-neurs ;c) Promouvoir et soutenir le déploiement du centre d’entrepreneuriat de l’UPA dans tous ses instituts et créer des synergies et un accueil avec les universités nationales et les parties prenantes, y compris le secteur privé et la jeunesse.

Page 27: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 24

3.1.4 Coordonner les initiatives continentales sur l’entrepreneuriat des jeunes et sensibiliser

De nombreux départements de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de ses organes accor-dent une grande importance à l’entrepreneuriat des jeunes et travaillent sur des initiatives visant à soutenir les jeunes entrepreneurs. Le thème de l’autonomisation des jeunes étant transversal, l’UA devrait concevoir un mécanisme de coordination et de collaboration interministérielles afin de parvenir à une cohérence, à des synergies et à un impact sur l’autonomisation des jeunes, y compris la promotion de l’entrepreneuriat. Si la CUA parvient à coordonner ses efforts sur l’entrepreneuriat des jeunes, elle peut créer des initiatives plus puissantes et plus efficac-es. Elle peut également partager le processus avec les États membres afin qu’ils puissent également co-ordonner leurs efforts entre les différents ministères. Cela peut contribuer à briser le cloisonnement entre les différents acteurs et donc à faciliter efficacement l’entrepreneuriat des jeunes. L’UA devrait également utiliser son pouvoir de lobby-ing sur le thème de l’entrepreneuriat des jeunes. À titre d’exemple, elle pourrait reconnaître et célébrer les jeunes et les initiatives de promotion de l’entre-preneuriat des jeunes par des prix continentaux ou choisir l’entrepreneuriat des jeunes comme thème de l’année. En outre, l’UA peut également s’associ-er à des partenaires bilatéraux pour organiser des tables rondes sur des sujets liés au développement et sur les moyens de relever les défis auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs en raison de ralentissements économiques liés à des pandémies comme celle du Covid-19 ou à d’autres phénomènes inattendus.

3.1.5 Institutionnaliser et réaliser des partenariats multipartites pour soutenir les jeunes entrepreneurs

L’UA devrait utiliser son pouvoir rassembleur pour créer des partenariats avec de multiples parties prenantes comme le secteur privé, les organisations de la société civile, les universités et les initiatives menées par des jeunes pour développer et promou-voir les initiatives d’entrepreneuriat. Un exemple est l’initiative « Un million d’ici 2021 » qui pourrait encour-ager le secteur privé et les partenaires bilatéraux à soutenir et à améliorer les écosystèmes entrepre-neuriaux des États membres ; cela devrait inclure des financements innovants du secteur public et privé pour les jeunes entrepreneurs et un soutien aux or-ganisations existantes de soutien à l’entrepreneuriat.

L’UA devrait également envisager d’institutionnal-iser des plateformes continentales et nationales régulières pour partager les leçons apprises con-cernant la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes entre les différentes parties prenantes. Il peut s’agir par exemple du forum biannuel « Africa Creates Jobs and Promotes Entrepreneurship ».

Page 28: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202025

Les Communautés économiques régionales CER

États membres de l’UA

3.2

3.3

Si la principale fonction des CER est de faciliter l’intégration régionale, leurs États membres et, plus largement, la communauté économique africaine (CEA), on prévoit que les plus grandes opportunités commerciales de la prochaine décennie seront créées par les Africains qui créent des entreprises, génèrent des emplois, des richesses et saisissent les opportunités de croissance (OIT, 2016).

Cela signifie que l’entrepreneuriat des jeunes sera l’épicentre des opportunités commerciales en Af-rique. Pour que les CER puissent atteindre leur objec-tif d’intégration économique et de création d’emplois dans leurs régions, elles doivent exploiter le poten-tiel des jeunes dans les régions respectives. Les CER devraient donc élaborer des politiques visant à améliorer les capacités des jeunes en matière d’entrepreneuriat, notamment en soutenant les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) ; en promouvant l’entrepreneuriat des jeunes en rational-isant les réglementations qui empêchent les jeunes de créer et de gérer des entreprises durables ; en créant un fonds d’autonomisation des jeunes de la CDAA et des programmes destinés à aider à iden-tifier les jeunes innovateurs ; en encourageant les concours régionaux d’innovation pour les jeunes ; en promouvant les programmes d’échange, d’appren-tissage et de mise en réseau des jeunes dans les ré-gions économiques respectives ; et en les protégeant contre les difficultés économiques imprévues.

Pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes, les États membres de l’UA devraient :

a) Faire participer directement les jeunes à l’élab-oration des politiques concernant les startups et l’entrepreneuriat en général ;b) Revoir les politiques dans le secteur de l’édu-cation pour s’assurer qu’elles recoupent l’éduca-tion et l’entrepreneuriat et créer une base favor-able à l’entrepreneuriat des jeunes qui devrait commencer dès la petite enfance ;

c) Promouvoir, mettre en œuvre et domestiquer la CESA, qui vise à réorienter les systèmes d’éd-ucation et de formation en Afrique afin qu’ils répondent aux connaissances, aux compétences, aux qualifications, à l’innovation et à la créativité nécessaires pour répondre aux besoins du marché de l’emploi ;d) Établir et renforcer le cadre juridique pour la mise à disposition de capitaux de démarrage et de facilités de financement des entreprises pour les jeunes et développer des écosystèmes pour les soutenir. Le cadre devrait également mettre en place des guichets spéciaux pour soutenir les entreprises dirigées par des femmes ainsi que les groupes ruraux et marginalisés, y compris les personnes handicapées, les personnes démunies et les minorités.e) Augmenter l’utilisation de subventions en es-pèces, intelligemment conçues et transparentes, pour soutenir les initiatives d’entrepreneuriat des jeunes ;f) Soutenir la création de réseaux locaux d’inves-tisseurs providentiels pour permettre aux jeunes entrepreneurs d’avoir accès au financement et au mentorat en veillant à la parité des sexes ;g) Établir des écosystèmes de soutien à l’entre-preneuriat tels que les parcs d’entrepreneuriat -semblables aux parcs industriels désormais célèbres afin de favoriser des espaces collectifs pour engager les jeunes entrepreneurs qui four-nissent mentorat, incubations et financement, entre autres avantages ;h) Fournir un soutien et des mesures incitatives au monde des affaires pour encadrer et incuber les jeunes impliqués dans la valeur ajoutée dans divers secteurs ;i) Établir et (co-) financer une entité de coordina-tion claire pour le soutien aux jeunes, telle que le Youth Connekt du Rwanda ;j) Exploiter et renforcer les parties prenantes existantes pour soutenir et promouvoir l’entrepre-neuriat chez les jeunes ;

Page 29: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 26

Le secteur privé

Institutions de l’éducation et universités

3.5

3.4

Le secteur privé est essentiel à la promotion et au développement d’un écosystème de l’entrepreneur-iat. Mobiliser des capitaux, trouver des talents et surmonter la bureaucratie sont trois des principaux défis que les jeunes entrepreneurs attribuent à leur environnement et qui peuvent être atténués par le secteur privé. Le secteur privé est considéré comme dynamique, innovant et axé sur les résultats (Ifeoma Nwoye, 1997).

L’implication du secteur privé dans l’élaboration des politiques est aussi importante que son partenariat avec l’UA, les États membres et les jeunes entrepre-neurs.

Le système scolaire officiel devrait intégrer une formation complète à l’entrepreneuriat dans le pro-gramme national à tous les niveaux. Des curricula d’études complets doivent être élaborés pour fournir aux jeunes différents ensembles de compétences, y compris des compétences techniques, non cogni-tives et de vie ainsi que des comportements entre-preneuriaux (OCDE/UE, 2012).

Au niveau primaire, il est important de :• Sensibiliser à l’entrepreneuriat en tant que possibilité de carrière ; • Développer les compétences, les connaissances et les attitudes qui sont propices au comporte- ment entrepreneurial ; • Promouvoir l’entrepreneuriat par des activités extrascolaires ; et • Développer des méthodologies pédagogiques expérientielles et d’apprentissage par la pratique

Au niveau secondaire, des efforts devraient être déployés pour :

• Encourager des méthodes d’enseignement plus interactives, pratiques et expérientielles (par exemple des activités en équipe, des jeux de rôle, des simulations et des jeux) ;

k) Promouvoir une programmation sensible au genre dans tous les aspects de la promotion et de la mise en œuvre de l’entrepreneuriat des jeunes ;l) l) Renforcer la capacité des jeunes entrepre-neurs dans tous les secteurs et régions, ce qui devrait inclure la formation, la coordination, la connexion et le partage des bons modèles compa-rables des États membres tels que le Youth Con-nekt au Rwanda et le PAU Entrepreneurship Hub ; m) Soutenir les jeunes entrepreneurs et les entreprises face aux défis économiques qui peu-vent être causés par des pandémies telles que le Covid-19 et les catastrophes ; etn) IMettre en œuvre, contrôler et suivre la mise en œuvre des cadres juridiques et politiques con-tinentaux et nationaux et, lorsqu’ils n’existent pas, adopter des politiques qui soutiennent et encoura-gent l’entrepreneuriat chez les jeunes.

• Promouvoir l’entrepreneuriat par le biais de diverses activités extrascolaires ; • Intégrer l’entrepreneuriat dans le programme d’études en tant que cours facultatif ou activité extrascolaire • Promouvoir l’utilisation des technologies, en particulier l’internet.

Au niveau tertiaire, il est essentiel de :• Élaborer des programmes d’études efficaces qui fournissent aux étudiants les compétences de base pour créer et exploiter une entreprise, y compris la comptabilité de base ; • Créer des écoles d’entrepreneuriat et intégrer l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les matières traditionnelles ; • Créer, au sein des universités, des centres d’entrepreneuriat qui s’occupent de formation, de R&D, de conseil et de diffusion d’informa- tions, et qui fournissent des services de suivi aux étudiants ; • Faciliter la mise en réseau et les échanges entre les universités afin d’accroître la diffu- sion et l’utilisation de pédagogies et de matériels pédagogiques innovants dans l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Page 30: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202027

La jeunesse3.6

Les jeunes ont un potentiel incroyable. Ils offrent de nouvelles perspectives pour l’élaboration des poli-tiques, des stratégies et des activités actuelles et futures (ONU, 2O11). Les jeunes d’aujourd’hui sont également de grands communicateurs, capables d’influencer les politiques, les tendances, la culture et les mentalités. De plus, ils ont le droit d’élaborer des politiques qui auront un impact sur leur vie et celle des générations futures. C’est particulièrement le cas des politiques spécifiques aux jeunes, pour lesquelles l’adage « rien nous concernant, sans nous » sonnerait juste, et pourtant la réalité contraire est une source de grande frustration dans le monde entier. Les jeunes devraient donc avoir la possibilité de participer de manière significative à l’élaboration des politiques. Parmi les possibilités qui peuvent être explorées, citons l’engagement avec l’envoyé de l’UA pour la jeunesse et la division de la jeunesse pour défendre les réformes et les changements politiques, juridiques et institutionnels.

De plus, comme les expériences des jeunes sur le marché du travail sont de plus en plus retardées et fracturées (Bradley et Devadason, 2008), nous nous attendons à ce que les jeunes doivent s’adapter à différentes formes de travail et d’activité commer-ciale. En termes d’entrepreneuriat, cela peut avoir conduit à l’adoption de différents « modèles com-merciaux » tels que le travail indépendant à temps partiel, une certaine forme de société coopérative ou sociale, ou une concentration sur un secteur (innovant) particulier. Les jeunes devraient donc être encouragés à être plus innovants dans le dévelop-pement d’entreprises et d’autres activités entrepre-neuriales susceptibles de générer des revenus.

Page 31: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 28

Pour que l’avenir de l’Afrique soit intégré, prospère et pacifique, comme le prévoit l’Agenda 2063 de l’UA, et pour que l’Afrique puisse récolter le fruit du dividende démographique de sa jeunesse, il faut faire davantage, tant au niveau du continent qu’à celui des États membres, pour promouvoir, sou-tenir et faciliter l’entrepreneuriat des jeunes. Les propositions politiques ci-dessus sont essentielles pour fournir un meilleur environnement politique et réglementaire pour l’entrepreneuriat des jeunes ; garantir des systèmes d’éducation sur mesure pour doter les jeunes d’une formation et de compétences entrepreneuriales pertinentes ; augmenter le niveau d’accès des jeunes au crédit et aux marchés pour le financement des initiatives entrepreneuriales ; assurer un écosystème entrepreneurial favorable et stimulant ; l’engagement et l’implication effectifs du secteur privé dans la promotion de l’entrepreneuriat ainsi que dans l’intégration du genre dans l’entre-preneuriat des jeunes en Afrique. Tous ces éléments contribueront grandement à assurer l’avenir de l’Af-rique en promouvant des approches innovantes pour réaliser non seulement l’Afrique que nous voulons, mais aussi celle dont nous avons besoin.

04 Conclusion

Page 32: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202029

Accenture Corporate Citizenship (2017) “New Skills Now: Inclusion in the Digital Econo-my” available at https://www.accenture.com/t20171012t025413z__w__/in-en/_acnmedia/pdf-62/accenture-new-skills-now-report.pdf (last accessed 18 February 2020)

Banque africaine de développement, Organisation de coopération et de développement économiques, Pro-gramme des Nations Unies pour le développement (2017) African Economic Outlook 2017: Entrepreneur-ship and industrialisation

Banque africaine de développement (BAD) (2015) Rapport sur le développement en Afrique 2015 : Croissance, pauvreté et inégalités : lever les obsta-cles au développement durable, Abidjan : Banque africaine de développement.

Union africaine (UA) (2014) stratégie de la Science, de la Technologie et de l’Innovation pour l’Afrique (STISA) Addis-Abeba : Union africaine

Union africaine (2019) Étude sur la Promotion de l’En-trepreneuriat des Jeunes (YEP) en Afrique : bonnes pratiques prometteuses

Union africaine (2019) Étude sur la promotion de l’en-trepreneuriat des jeunes (YEP) en Afrique : rapport de synthèse de la réunion de prévalidation

Agriculture for Impact (2014) Small and growing: En-trepreneurship in African agriculture - A Montpellier Panel Report

Alfatoun Internatonal (2017) Turning dependence into independence: Alfatoun Annual Report 2017 Amster-dam: Alfatoun International

05 Bibliographie

Commission de l’Union africaine (2017) Feuille de route de l’UA sur l’exploitation du dividende démo-graphique par des investissements dans la jeunesse Addis-Abeba : Union africaine

Agence de développement de l’Union africaine - Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (AUDA-NEPAD) « Investing in Skills for Youth to Address Unemployment in Africa » dis-ponible sur https://www.nepad.org/news/invest-ing-skills-youth-address-unemployment-africa (dernier accès le 18 février 2020)

African Leadership University, How to Remain Pro-ductive as a Small Business During COVID-19 https://www.alueducation.com/how-to-remain-productive-as-a-small-business-during-covid-19/ (last consulté le 28 janvier 2020) Bandiera et al (2012) «Empowering adolescent girls: evidence from a randomized control trial in Uganda»

Blattman, C & Ralston, L (2015) Generating employ-ment in poor and fragile states: Evidence from labor market and entrepreneurship programs disponible sur https://www.povertyactionlab.org/sites/default/files/publications/Blattman_Employment%20Lit%20Review.pdf (dernier accès 18 février 2020)

Cho, Y & Honorati, M (2013) Entrepreneurship pro-grams in developing countries: a meta-regression analysis Social Protection and Labor Discussion Paper 1302, Washington DC: Groupe de la Banque Mondiale

Fox, L & Kaul, U (2017) The evidence is in: how should youth employment programs in low-income countries be designed? Document de travail de recherche sur les politiques 8500, Washington DC : Groupe de la Banque mondiale

Page 33: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 2020 30

Global Entrepreneurship and Development Institute (2017) The Global Entrepreneurship Index 2018

Global Entrepreneurship Network (GEN) (2018) Global Entrepreneurship Network: Impact Report 2018

Organisation internationale du Travail (OIT) (2013) « AUC – AfDB – ECA – ILO signed a declaration of in-tent to boost youth employment in Africa » disponible sur https://www.ilo.org/africa/events-and-meetings/WCMS_221037 /lang--en/index.htm (dernière consul-tation le 18 février 2020)

Organisation internationale du Travail (2015) Rapport IV : Small and medium-sized enterprises and decent and productive employment creation Genève: Bu-reau international du Travail

Organisation internationale du travail (2016) World Employment and Social Outlook 2016 - Trends for Youth Genève : Bureau international du travail.

Kew, J et al (2013) Generation Entrepreneur? The state of global youth entrepreneurship: Understand-ing the entrepreneurial attitudes, aspirations, and activities of young people. Youth Business Interna-tional & Global Entrepreneurship Monitor

Kew. J et al (2015) Africa’s young entrepreneurs: unlocking the potential for a brighter future Interna-tional Development Research Centre (IDRC) & Centre for Research and Development International (CRDI)

Kluve, J et al (2017) Interventions to improve the la-bour market outcomes of youth: A systematic review of training, entrepreneurship promotion, employment services and subsidized employment interventions - A Campbell Systematic Review, International Devel-opment Coordinating Group

Lippman, L et al (2015) Workforce connections - Key “soft skills” that foster youth workforce success: toward a consensus across fields Child Trends, Inc.

McKenzie, D & Woodruff, C (2012) What are we learning from business training and entrepreneurship evaluations around the developing world? Policy Re-search Working Paper 6202, Washington DC : Groupe de la Banque mondiale

Premand, P et al (2012) Entrepreneurship training and self-employment among university graduates: Evi-dence from a randomized trial in Tunisia Policy Re-search Working Paper 6285, Washington DC: Groupe de la Banque mondiale

Psilos, P & Galloway, T (2018) What works in entre-preneurship education and training programs for youth: Evidence report Washington DC: USAID’s YouthPower: Implementation, YouthPower Action.

Reimers, F & Dyer, P (2013) Unlocking Arab youth en-trepreneurship potential: An Evaluation of the INJAZ Al-Arab Company Program Amman: INJAZ Al-Arab

Reimers, F (2018) Learning to Improve the World: How INJAZ Al-Arab helps youth in the Middle East develop an entrepreneurial mindset North Charles-ton: CreateSpace Independent Publishing Platform

Tracey, L and Kahuthia, E (2017) ‘Beyond rhetoric Engaging Africa’s youth in democratic governance’ Institute of Peace and Security Studies & African Governance Architecture

Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) (2015) Policy Guide on Youth Entrepreneurship Genève : Nations Unies

Wickramanayake J, Meet 10 young people leading the COVID-19 response in their communities (2020) https://www.un.org/africarenewal/web-features/coronavirus/meet-10-young-people-leading-covid-19-response-their-communities (dernière consulta-tion le 28 avril 2020) Multidonor Trust Fund Annual Report (2017) du Groupe de la Banque mondiale (GBM) .Washington DC : Groupe de la Banque Mon-diale

Groupe de la Banque mondiale (2019) « Africa’s Pulse, n° 19, avril 2019 : Analysis of Issues Shaping Africa’s Economic Future » disponible sur https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/31499 (dernière consultation le 18 février 2020)

Page 34: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique

Promouvoir l’entreprenariat des jeunes en Afrique Note d’orientation - 202031

Publié par:

Droit d’auteur sur la photo de couverture

Conception:

Adresses:

La Commission de l’Union africaine et le GIZ souti-ennent conjointement le programme de l’Université panafricaine (PAU)

GIZ

GIZ/Kalid Muktar

African Union Headquarters P.O. Box 3243, Rue Roosvelt W21K19, Addis Abeba, Éthiopie Tel: +251 (0) 11 551 77 00 Fax: +251 (0) 11 551 78 44Département des ressources humaines, de la science et de la technologie Commission de l’Union africaine Website: https://au.int/en/hrstEmail: [email protected][email protected]

Bureau de l’Union africaine de GIZ P.O. Box 100009, Rue Fitawrari Damtew, Addis Abeba, Éthiopie Tel: +251 (0) 11 470 33 55, Fax: +251 114 703325

Page 35: Promouvoir l’entre- prenariat des jeunes enAfrique