Projets en Marche

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Société Environnement Culture Économie Projets 2 VOISINAGE SUD en Marche LA COOPERATION REGIONALE DE L’UE VUE PAR LES JOURNALISTES

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La cooperation regionale de l'UE vue par les journalistes

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Société

Environnement

Culture

Économie

Projets

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VOISINAGE SUD

en MarcheLA COOPERATION REGIONALEDE L’UE VUE PAR LES JOURNALISTES

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« Le chômage, l'exclusion sociale, les inégalités et la pauvreté sont aucentre des préoccupations d'avenir des citoyens dans tous les pays.Ces phénomènes comptent parmi les principales causes d'instabilité etd'agitation, et il convient d'y remédier pour ancrer dans le long terme leprocessus de démocratisation. »Commissaire Štefan Füle

Politique européenne de voisinage (PEV) - Les voisins du SudL'UE propose à ses voisins une relation privilégiée, basée sur un engagement mutuel en faveur de valeurscommunes (la démocratie et les droits de l’homme, l'État de droit, la bonne gouvernance, les principesd'économie de marché et le développement durable). Plus les valeurs partagées seront importantes, plusles relations entre les deux parties pourront atteindre un niveau avancé. Les voisins du Sud de l'UE couvertspar la PEV sont l'Algérie, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, le Territoire palestinienoccupé, la Syrie* et la Tunisie. La communication « Un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le Sud de laMéditerranée », qui a été adoptée le 8 mars 2011, a clairement affirmé le soutien de l'UE en faveur d'unappel au changement et à l'avènement de sociétés plus démocratiques et ouvertes. Une approche fondéesur des incitations a été définie (le principe du « more for more » - donner plus en échange de plus) afin defaciliter les réformes politiques, économiques et sociales dans les pays de la région. En 2012, une feuille deroute pour l'action future a permis de définir les objectifs et les résultats à poursuivre jusqu'à la fin 2013.

* La coopération de l'UE avec la Syrie a été suspendue en raison de la situation politique dans ce pays. Toutefois, la Syrie étant en principe éligible à unecoopération dans le cadre de l'IEVP, les activités pourraient reprendre dès que la situation s'améliore.

VOISINAGE SUD

LA COOPÉRATION RÉGIONALEDE L’UE VUE PAR LES JOURNALISTES 2

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Des Palestiniennes des villages de la région d'Hébron, dansle sud de la Cisjordanie, participent à l'atelier « Les femmespeuvent inciter le changement », à Hébron (photo par EPAet COSPE ©EU/Neighbourhood Info Centre).

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4 Le voisinage s’enracineinterview avec le Commissaire Štefan Füle

8 La coopération régionale de l’UEvue par les journalistes

10 Notre réseau de journalistes

Société13 La coopération est avant tout

axée sur les gensEntretien avec Raffaella Iodice

15 Femmes à la recherche deliberté et de respectPar Elias Zananiri

18 A l'écoute de ce que les jeunes ont à direPar Mohammed Ben Hussain

21 « J'ai appris à être citoyenneà part entière »Par Dalia Chams

24 Une grille informatique à disposition de la sciencePar Hicham Houdaifa

27 Broderie, peinture,informatique: de l'exclusion àla viePar Tarik Hafid

30 La Libye n’a pas besoind’argent mais d’expertise Entretien avec Andrew Jacobs etFabienne Bessonne

32 L’UE et le printemps arabe: aider lanouvelle génération à bâtir unesociété nouvelleEntretien avec Marcus Cornaro

Environnement35 Les entreprises se mettent

au vertPar Yair Qedar

38 Bizerte, une lagune à sauvegarderPar Lotfi Touati

41 Que faire en cas de séisme ? J'apprends grâce à un jeuPar Antoine Ajoury

44 “J’ai appris à dompter ma peurdu feu" Par Elias Zananiri

47 Une bonne recette pourl'agriculture? Des chouettesplutôt que des pesticidesPar Elias Zananiri

Culture51 Ne touchez pas à ma porte

en bois!Par Hicham Houdaifa

54 Recherche producteurs pour raconter le Printemps ArabePar Antoine Ajoury

57 À la recherche de la PétramédiévalePar Mohammad Ben Hussain

60 Un film entre Gaza et Londres: la mission impossible d'AwatifPar Marc Weiss

Économie65 L’emploi, la priorité numéro un

pour la nouvelle TunisiePar Lotfi Touati

68 ‘Made in Agadir zone’: une vision ambitieuse pour le futur, mais quels espoirs ?Par Mohammed Ben Hussain

71 Les nouvelles routes commerciales du vieux savonnaturelPar EU Neighourhood InfoCentre/ANSA

74 Restauré, l'ancien site du Khan - al Wakala renoue avec sasplendeur passéePar Elias Zananiri

78 Soutenir le budget, soutenir le changement Entretien avec Luca Oriani Vieyra

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Contenu

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Le voisinage s’enracine

« Le chômage, l'exclusion sociale, les inégalitéset la pauvreté sont au centre des préoccupa-tions d'avenir des citoyens dans tous les pays.Ces phénomènes comptent parmi les princi-pales causes d'instabilité et d'agitation, et ilconvient d'y remédier pour ancrer dans le longterme le processus de démocratisation. »

Commissaire Štefan Füle

Iman Gamal dans une rue au Caire: étudiante en master, elle a participé au programme Euromed Jeunesse (Amel Pain ©EU/Neighbourhood Info Centre)

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Comment jugeriez-vous les relations de l'UE avec ses voisins à ce jour?Nos relations avec les partenaires de notre voisinage sont probablement à un tournant.Depuis l'adoption en mai 2011 d'une nouvelle politique européenne de voisinage, baséesur la responsabilité mutuelle et un renforcement du partenariat avec la société civile,l'UE a été rapide et déterminée à poser les nouvelles fondations de cette politique. Nouspouvons donc dire que nous sommes aujourd'hui mieux équipés pour développer nosrelations avec chacun de nos partenaires, dans la mesure de leurs propres aspirations,besoins et capacités. Nous nous sommes dotés de nouveaux Instruments et, depuisl'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, d'une approche bien plus cohérente.Cette approche porte déjà ses fruits et les premiers résultats sont encourageants. Aprèsdes années au cours desquelles peu d’avancées ont été réalisées, la démocratie s’implantede plus en plus dans les pays du voisinage. D'une manière générale, la tendance est à unegouvernance plus responsable et à un respect accru des droits de l'homme et des libertésfondamentales. Dans les pays où elles ont été mises en œuvre, les réformes structurellesont permis de réduire la pauvreté et d'attirer des investissements étrangers, mais sur leplan social, les défis restent importants. La poursuite de l'alignement sur les normes etles critères de l'UE a permis de renforcer les relations commerciales, malgré un climatéconomique des plus défavorables. L'intensification croissante de la coopération avecl'UE contribue quant à elle à remédier aux problématiques du transport et de l'énergieet permet de s'attaquer aux défis climatiques et de l'environnement. L'UE et ses voisinsdoivent à présent préserver cette dynamique pour renforcer leurs relations.

Vous avez effectué de nombreuses visites dans les pays du voisinage et vous avez ainsi reçuun feedback sur le terrain. Comment l'UE est-elle selon vous perçue par les citoyens de cespays? Est-elle considérée comme un partenaire honnête et fiable?Loin de moi l'idée de nous auto-encenser mais je pense que l'UE est considérée commeun partenaire fiable et respectueux de ses engagements. Et je ne me base pas seulementsur les opinions exprimées par les gouvernements des pays partenaires mais aussi surle feedback des acteurs de la société civile que j'ai eu l'occasion de rencontrer à maintesreprises l'année dernière. Ce sentiment positif s’appuie sur des faits : l'UE a faiténormément de chemin au cours de ces douze derniers mois. Permettez-moi de vousciter quelques exemples. Nous avons adapté nos instruments politiques. Nous avonscontinué à moderniser nos relations contractuelles, nous avons été mandatés pour ouvrirde nouvelles négociations commerciales, nous avons lancé des dialogues sur la mobilitéet réorienté et renforcé notre aide financière (600 millions pour soutenir la transitiondémocratique, le développement économique et les contacts interpersonnels) Enélargissant le mandat de la BEI et de la BERD, nous avons par ailleurs ouvert la porte àde nouveaux investissements - substantiels - dans les pays partenaires.Il va de soi que cette dynamique doit se poursuivre. Mais la plupart des pays partenairesse sont d’ores et déjà félicités de la nouvelle politique européenne de voisinage proposéepar l'UE, et indiqué leur volonté de poursuivre les réformes économiques et politiquesavec une détermination renforcée et de s'associer encore davantage avec l’UE.

Quelles sont les priorités dans le Sud à la lumière du printemps arabe ?Comme je l'ai déjà expliqué, l'UE a réagi avec rapidité et détermination aux événements

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Les relations de l’Union Européenneavec les partenaires denotre voisinage sont àun tournant, a déclaréle Commissaire européen en charge del'élargissement et de lapolitique de voisinageŠtefan Füle dans unentretien exclusif avec le Centre d’information pour levoisinage européen.

Entretien avec leCommissaire européen

Štefan Füle

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historiques dans le Sud de la Méditerranée, comme le montrent les deux communicationsconjointes de la Commission/de la Haute Représentante sur « Un partenariat pour ladémocratie et une prospérité partagée avec le Sud de la Méditerranée », adoptées le 8mars 2011, qui affirment clairement le soutien de l'UE à l'appel au changement et à dessociétés plus démocratiques et plus ouvertes, associé à une approche incitative (« plusen échange de plus ») afin d'appuyer les réformes politiques, sociales et économiquesdans les pays de la région. En outre, la communication sur la revue de la politiqueeuropéenne de voisinage adoptée le 25 mai 2011 donne de nouvelles orientations à lagestion de ces priorités. Tout en peaufinant son approche en matière de politique devoisinage, mise en avant dans les conclusions du récent Conseil européen des 1-2 mars2012, l'UE élabore aussi sa réponse régionale aux défis, réponse qui inclut entre autresl'Union pour la Méditerranée, qui vient de succéder à la France à la co-présidence nord. L'UE, plus que tout autre acteur international, doit accompagner et soutenir les transitionsqui portent leurs fruits. Partageant elle-même l'histoire et le destin de la Méditerranée,elle ne doit pas craindre les succès électoraux des acteurs politiques inspirés par l'islam.Conformément à notre nouvelle approche, nous nous sommes engagés à :participer à un dialogue politique qui exige la compréhension mutuelle et le respect desvaleurs universelles, le fondement même de toute communauté d’individus libres et égaux; • nous attaquer à la situation économique désastreuse dans la région - le principal défi

pour les nouveaux dirigeants qui doivent parvenir à créer des emplois et générer dela croissance tout en répondant aux attentes sociales des jeunes ; leur réussitedépendra de notre soutien économique ;

• faire face aux problèmes de sécurité et assurer dès lors le succès de la transitionpolitique et économique, en éliminant toutes les menaces et sources d’insécurité ;

• imaginer des réponses régionales aux défis régionaux ; d’où un engagementrenouvelé de l’UE auprès d’organisations régionales clés, comme la Ligue arabe, l’OICet l’UMA etc…

En ce qui concerne l’Union pour la Méditerranée, l’UE a succédé à la coprésidence française ;quel sera l’impact de ce changement ?La succession de l’UE à la co-présidence nord de l’Union pour la Méditerranée (UpM)témoigne en effet de l’engagement de l’UE à jouer un rôle central en accompagnant lesprofonds changements dans la région du Sud de la Méditerranée. Depuis le 27 février2012, date à laquelle les institutions européennes des 27 États membres ont succédé àla co-présidence nord, toutes les activités en rapport avec l’UpM sont examinées,analysées et discutées à l’échelon européen. Les institutions européennes vont s’efforcerde partager avec leurs partenaires du Sud les efforts réalisés par l’UE dans plusieursdomaines d’activités, au bénéfice des habitants de la région et dans un esprit decohérence, d’uniformité et de partenariat. Il faudra aussi absolument renforcer lacoopération sectorielle et réaliser les synergies nécessaires entre cette coopérationsectorielle et le travail du secrétariat qui consiste à faire aboutir des projets concrets.

Au sein de ce partenariat, quels sont pour l’UE les défis les plus difficiles communs aux voisinsde l’Est et du Sud ?Trois défis majeurs, intrinsèquement liés, me viennent à l’esprit. Tout d’abord la résolutiondes conflits. La recherche d’un règlement pacifique à des conflits qui s’éternisent resteun défi majeur dans tout le voisinage. Mais soyons clairs : c’est d’abord aux parties enconflit d’y trouver une solution en renforçant leurs efforts afin d’aboutir à des accordsdans un véritable esprit de compromis. Sinon, les efforts de médiation incessants de lacommunauté internationale, dans les formats classiques de négociation, resteront vains.Si nous voulons exploiter pleinement toutes les possibilités offertes par l’UpM, les paysconcernés doivent consentir des efforts plus crédibles et plus soutenus pour régler lesconflits. De son côté, l’UE se tient prête à apporter tout le soutien nécessaire à la miseen œuvre des accords une fois que ceux-ci auront été conclus.

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«Après des années aucours desquelles peu d’avancées ont été réalisées, la démocraties’implante de plus enplus dans les pays duvoisinage»

«L'UE, plus que toutautre acteur international, doit accompagner etsoutenir les transitionsqui portent leurs fruits.Partageant elle-mêmel'histoire et le destin dela Méditerranée»

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Bâtir et consolider des démocraties durables est un autre défi majeur. Des avancées ontcertes été réalisées mais dans certains pays, il reste un long chemin à parcourir. Les libertésd’expression, d’association et de réunion doivent être pleinement garanties, tant auniveau de la constitution que dans les faits et il faut également mettre en place une réelleculture de respect des droits de l’homme, à tous les niveaux, en particulier une protectioncontre toutes les formes de discrimination dans la politique et la vie quotidienne. Lecontexte deviendra ainsi plus favorable à la société civile, qui pourra jouer son rôle cléd’agent de la démocratisation en soutenant un processus de réforme pérenne et inclusif.Enfin, et c’est là le troisième défi, il conviendra de promouvoir un développementéconomique inclusif. Le chômage, l’exclusion sociale, l’inégalité et la pauvreté sont aucentre des préoccupations des citoyens dans tous les pays. Ces phénomènes comptentparmi les principales causes d’instabilité et d’agitation et il convient d’y remédier pourancrer dans le long terme le processus de démocratisation. Les pays partenaires doiventdonc introduire des réformes et adopter une approche intégrant leurs politiqueséconomiques, fiscales, sociales, de l’emploi et de l’éducation. L’UE est prête à soutenirces réformes par le bien de mesures ciblées visant à promouvoir la cohésion sociale etl’emploi (en particulier l’emploi des jeunes).

Pourriez-vous nous en dire plus sur le principe « plus en échange de plus » - plus de fonds pourplus de réformes - que l’UE met en œuvre dans ses politiques en faveur de ses voisins ? Faut-il y voir une conditionnalité accrue du soutien ?Le principe ne se limite pas à faire dépendre l’octroi de fonds de l’introduction deréformes. L’approche « plus pour plus » que l’UE privilégie de plus en plus signifie queseuls les partenaires qui se lancent avec détermination dans des réformes politiques etqui respectent les valeurs communes des droits de l’homme, de démocratie et d’Etat dedroit pourront se voir offrir les éléments les plus ambitieux de ce que l’UE peut leur offrir,à savoir l’intégration économique, la mobilité des citoyens et effectivement, un soutienfinancier plus important.

L’UE est le premier bailleur de fonds au monde. L’impact de son soutien à la modernisationdans les pays du voisinage est-il à la mesure de son engagement ?Le soutien de l’UE à la modernisation a un impact considérable, comme en témoigneamplement le bilan de ces vingt dernières années. Les États membres de l’UE ont eux-mêmesréalisé des réformes majeures et consenti d’importants efforts de modernisation. Ils ont doncune vaste expérience à partager avec les pays tiers. Je pense que notre impact n’est pas tantlimité par le volume de notre aide financière – une aide généreuse comme le souligne votrequestion – que par la volonté de nos partenaires à se lancer sur la voie des réformes. Si noussommes prêts à accompagner nos voisins en les aidant à faire face aux défis auxquels ils sontconfrontés, nous ne pouvons pas et ne voulons pas nous substituer à eux.

Comment les politiques de l’UE à l’égard de ses voisins vont-elles évoluer ?Je pense qu’il y a une série de domaines pour lesquels l’UE doit aussi réaliser des progrèsimportants dans un avenir proche. Nous devons faire davantage pour promouvoir lesinvestissements de l’UE dans les pays partenaires. Nous devons faire avancer l’agenda de lamobilité dans le Sud comme à l’Est du voisinage, entre autres en incitant les États membresde l’UE à utiliser de manière plus systématique les possibilités offertes par le code européendes visas. Nous devons aussi faire de notre mieux pour accélérer le processus d’ouverturede négociations sur une première zone de libre-échange approfondi et global dans le Sud.Les négociations bilatérales en cours sur le chapitre de la libéralisation du commerce desservices et l’établissement doivent s’accélérer. La coopération sectorielle doit être renforcéeen vue d’aboutir à des résultats concrets dans les prochaines années. Nous devons aussiouvrir progressivement nos programmes et nos agences à la participation de nos partenaires.La nouvelle Politique européenne de voisinage définit ici la phase finale dans ce domaine,une phase ambitieuse avec une idée concrète des résultats que nous voulons obtenir.

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«Si nous sommes prêts àaccompagner nos voisinsen les aidant à faire faceaux défis auxquels ilssont confrontés, nous nepouvons pas et nevoulons pas nous substituer à eux»

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Programme régional de communicationLe Programme régional de communication est financé par l'UE et s’étend de 2011 à 2014. Doté d'un budget global de 14 millionsd'euros, il vise à améliorer la connaissance de l'Union européenne et de sa politique de voisinage.Le programme contribue à renforcer la compréhension des politiques menées par l'Union et à mettre en évidence ses activités decoopération dans la région. Il travaille à l'établissement de réseaux de communication durables et vise à renforcer la capacité etles compétences des journalistes dans le domaine des affaires européennes. Il fait suite à une phase précédente du Programmerégional d'information et de communication.

Pays participants: Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine (Est) ; Algérie, Égypte, Israël, Jordanie,Liban, Libye, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie et Tunisie (Sud)

Le programme couvre trois projets :Centre d'information pour le voisinage européen/EU Neighbourhood Info Centre : www.enpi-info.euMedia Neighbourhood – Projet de formation des journalistes et de réseautagehttp://www.facebook.com/MediaNeighbourhoodhttp://www.medianeighbourhood.euSondage et veille médiatique dans les pays de l'IEVP (Baromètre du voisinage européen)http://www.enpi-info.eu/maineast.php?id =405&id_type=10http://www.euneighbourhood.eu

Des élèves de CM2 de l'Ecole des Apôtres de Jounieh au Liban participent à la présen-tation d'un CD-ROM éducatif lancé par l'Organisation de protection civile (photo parAntoine Ajoury ©EU/Neighbourhood Info Centre).

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La coopération entre l'Union européenne et les pays participant à la politique

européenne de voisinage (PEV) s'effectue à deux niveaux. D'abord au niveau

politique, avec des réunions où les dirigeants se rassemblent pour décider des

domaines politiques à privilégier. Ensuite, au deuxième niveau, il s'agit de

traduire ces décisions en actions sur le terrain, en finançant des projets et en

offrant un soutien concret aux partenaires qui s'efforcent d'amener le changement

et la modernisation dans leur pays.

Le Centre d'information pour le voisinage européen / EU Neighbourhood Info

Centre, qui fait partie du Programme régional de communication, a visité certains

des projets financés par l'UE, les a photographiés et a écrit des articles à leur

sujet, en collaboration avec des journalistes et des photographes des pays par-

tenaires. Les journalistes se sont renseignés sur les activités des projets et ont pu

s’entretenir avec les bénéficiaires. Ils les ont interrogés sur leur propre expérience,

ce qu'ils ont retiré du projet, leurs opinions et leurs réflexions pour l'avenir. De

leur côté, les photographes ont capturé le récit de ces personnes à travers leur

objectif.

Ce magazine présente des reportages réalisés en 2011-2012 et nous donne un

bel aperçu du résultat de la coopération de l'UE dans la région du voisinage. Les

reportages sont répartis en quatre grandes catégories : personnes, environnement,

culture et économie.

Tous les articles sont consultables à la section « Reportages » du site internet du

Centre d'information pour le voisinage européen /EU Neighbourhood Info Centre

– www.enpi-info.eu – en anglais, français, russe ou arabe, selon le pays.

Pays participants: Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Russie,

Ukraine (Est) ; Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Territoire pa-

lestinien occupé, Syrie et Tunisie (Sud)

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La coopération régionalede l’UE vue par les journalistes

« Les journalistes sesont renseignés sur lesactivités des projets etont pu s’entretenir avecles bénéficiaires. Ils lesont interrogés sur leurpropre expérience, cequ'ils ont retiré duprojet, leurs opinions etleurs réflexions pourl'avenir. De leur côté, lesphotographes ontcapturé le récit de cespersonnes à travers leurobjectif… ».

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Notreréseau de journalistes

Hicham HOUDAIFA –MarocJournaliste indépendantà Casablanca, il a travailléà l’ « Hebdomadaire » ouIl écrivait des articles etdes reportages sur lesdroits de l’homme et desfaits de société. Entre1999 et 2003, M.Houdaifa a été corres-pondant à New Yorkpour le magazine inter-national francophone« Jeune Afrique ». Il colla-bore actuellement à unesérie de magazines, sitesinternet et chaînes télé-visées ainsi qu'à desprojets de communica-tion financés par l'UE.

Lotfi TOUATI – TunisieAncien rédacteur enchef du « Quotidien »,M. Touati a travaillé avecnous jusqu’à sa nomina-tion à la tête du groupeDar Assabah. Avant, ilavait travaillé commejournaliste et reporterpour les quotidiens tuni-siens francophones« L’Action » et « LeRenouveau ». Sa carrièreprofessionnelle l’aamené à participer àplusieurs ateliers sur lesaffaires européennes. Ilenseigne actuellement àl'Université arabe dessciences, à Tunis.

Tarik HAFID – AlgérieLauréat du Prix du Jour-nalisme Euromed Heri-tage en 2007, avec sonarticle « Si la GrandePoste nous était contée »,M. Hafid écrit depuis2002 pour l’un des prin-cipaux quotidiens algé-riens en languefrançaise, « Le Soir d’Al-gérie ». Depuis 2011 ilest formateur auprès dela Fédération Interna-tional des Journalistes(IFJ). Il a égalementparticipé au précédentprojet euro-méditerra-néen Euromed InfoCentre, avec des repor-tages et des articles.

Journalistes collaborant à l’EU Neighbourhood Info Centre.

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Elias ZANANIRI–Territoire palestinienoccupéM. Zananiri a déjà 35années d’expériencedans le monde desmédias du Proche-Orienten qualité de reporter, dejournaliste, de rédacteur,d’enseignant/formateur,de producteur deprogrammes radio ettélédiffusés et deconseiller en relationspubliques. Il estactuellement PDG deMAHARAT PR et MediaTalents Empowerment,une agence de conseilsen relations publiques etde formation médiacréée dans le Territoirepalestinien en 2005.

Mohammad BEN HUSSEIN – JordanieM. Ben Hussein estcorrespondant del’agence de presseitalienne ANSA etANSAmed en Jordanie,où il travaille égalementcomme producteur tvpour Thomson Reuters.Il écrit également pourle « Jordan Times » etrédige des analyses poli-tiques pour le « LangInstitute ». En 2007, M.Ben Hussein a remportéle prix Lorenzo Natalipour la liberté d’expres-sion dans le mondearabe, en Israël et en Iran.

Dalia CHAMS – ÉgypteMme Chams a débutécomme reporter etprésentatrice à la télévi-sion. Elle travaille depuisde nombreuses années àl’hebdomadaire égyptiende langue française « Al-Ahram Hebdo », pagesArts, portrait et Culture ;ainsi qu’à la rubriquesociale du quotidienarabophone Al-Chou-rouq. Elle a reçu le prixdu journalisme EuromedHeritage en 2005.

Yair QEDAR - IsraëlEcrivain et réalisateurfreelance, M. Qedarcollabore actuellement àplusieurs quotidiensisraéliens, parmi lesquelsHa'aretz et YediotAharonot. Il produitégalement des docu-mentaires. Il a aussi écritdes scénarios et réaliséplusieurs productionsaudiovisuelles et a reçuune mention spécialedu jury pour l'édition2005 du Prix du journa-lisme Euromed Heritage.

Antoine B. AJOURY -LibanM. Ajoury est journalisteà « l’Orient Le Jour »,quotidien libanais delangue française, depuis2003. Depuis 2008, il yest directeur de larubrique « Actualitésinternationales ». Il acontribué au projeteuro-méditerranéenEurojar en rédigeantplusieurs articles sur lacoopération entrel’Union européenne etses pays partenaires duSud de la Méditerranée.

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Société

Le jeune Égyptien Moustapha Makhlouf (C), 28 ans, travaille comme récep-tionniste dans une entreprise pétrolière. On le voit se promener rue AlMoizz, à Khan al-Khalil, l'un de ses quartiers préférés du Caire (Égypte), le14 juin 2011. Moustapha a participé à plusieurs occasions au projetd'échanges de jeunes Euromed. Le projet Euromed Jeunesse III vise àpromouvoir la compréhension mutuelle et le dialogue interculturel parmiles jeunes de la région euro-méditerranéenne en encourageant la citoyen-neté active et leur sens de la solidarité. Il promeut des activités concrètes,dont des échanges de jeunes Euromed, le service volontaire euro-méditer-ranéen et des mesures de soutien euro-méditerranéen, en vue du dévelop-pement d'organisations de jeunesse et d'acteurs de la société civileimpliqués dans le travail avec la jeunesse, par le biais de coopérations, departenariats, de mesures de formation et de l'échange de bonnespratiques. (Photo par Amel Pain ©EU/Neighbourhood Info Centre)

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La coopération est avant tout axée sur les gens

Entretien avec Raffaella Iodicechef d'unité, Programmes régionaux pour le voisinage méridional, EuropeAid

Qu'est-ce que l'approche individuelle,« people-to-people » ?Cette approche vise essentiellement à définir desstratégies de développement qui associent lescitoyens de nos pays partenaires, à mettre en œuvredes projets au profit des communautés locales et àassurer le suivi des réformes adoptées par lesgouvernements. La mise en place d'un solide parte-nariat avec les citoyens et, plus encore, le soutien àla société civile et la promotion des échanges sontau cœur des principaux documents stratégiquespubliés en 2011 par l'UE, « Un partenariat pour ladémocratie et la prospérité partagée avec les pays dusud de la Méditerranée » et « Une stratégie nouvelleà l'égard d'un voisinage en mutation ».Nous mettons ainsi en œuvre plusieurs programmesrégionaux qui permettent, par exemple, à des jour-nalistes, des organisations de la société civile ou dessyndicats de discuter des réformes démocratiquesou qui aident des ONG à ancrage local à déployer desinitiatives de développement au bénéfice decertaines franges de la population, comme les jeunesou les femmes.

Le développement des capacités et le transfertde connaissances sont des aspects clés de lacoopération de l'UE. Que peut-on en attendre ?La priorité sera toujours de développer le capitalhumain. Nous sommes convaincus qu'une fois leurscapacités renforcées, les gens peuvent devenir desacteurs du développement et des moteurs du chan-gement, et prendre en même temps leur avenir enmain. Le développement des capacités peut doncmaximaliser l'impact de notre coopération dans despays qui sont ainsi mieux armés pour relever lesdéfis sociaux, économiques et politiques. En soute-nant les acteurs appropriés, nous pouvons promou-voir la participation active de l'ensemble descitoyens et jeter ainsi les bases de sociétés inclusives.La dynamique ainsi créée est particulièrementimportante dans le sud de la Méditerranée, unerégion marquée par une pression démographiquecroissante – plus de 60 % de la population ayantainsi moins de 30 ans. Ces jeunes souhaitent êtreimpliqués et pouvoir façonner eux aussi l'avenir deleur pays.

On retiendra malheureusement aussi du prin-temps arabe des violations des droits del'homme : que fait l'UE pour encourager lespays partenaires à renforcer et à respecter leslibertés fondamentales ? Les droits de l'homme et la démocratie sont deséléments clés de la bonne gouvernance et du déve-loppement durable. Ces principes guident toutes lesactions de l'UE et sont à la base de la nouvelle poli-tique européenne de voisinage.Le printemps arabe a montré une fois de plus queles libertés ne peuvent être bafouées et que l'UE doitsoutenir les citoyens qui exigent dans leurs pays deslibertés que nous considérons comme acquises ici enEurope. A cet égard, l'UE est fière de sa tradition desoutien aux pays en transition, un soutien essentiel-lement déployé par le biais de l'Instrument européenpour la démocratie et les droits de l'homme(IEDDH).A côté de cela, nous nous sommes aussi récemmentassociés au Conseil de l'Europe – le gardien desdroits de l'homme – pour lancer un ambitieuxprogramme de soutien à la transition dans les paysdu sud de la Méditerranée, notamment dans ledomaine de l'indépendance du système judiciaire etla lutte contre la corruption.Mais, comme nous le constatons, chaque paysconnaît une évolution différente et les tensionsentre les appels au changement et les forces de résis-tance sont loin d'avoir disparu. L'histoire du prin-temps arabe est encore en cours d'écriture. Il nesuffit pas de renverser un régime despotique ;progresser sur la voie de la démocratie et des droits

« Nous essayons d'aller au-delà d'une approcheunique et non personnalisée. »

« Nous sommes convaincusqu'une fois leurs capacitésrenforcées, les genspeuvent devenir desacteurs du développementet des moteurs du changement, tout enprenant leur avenir enmain. »

Le partenariat de l'UE avecses voisins du sud de laMéditerranée repose avanttoute chose sur une étroitecoopération avec la sociétécivile dans le domaine desdroits de l'homme, de laculture, des médias, de lajeunesse et de l'égalitéhomme-femme. « Nousessayons de dépasserl'approche unique »,explique Raffaella Iodice,chef d'unité, Programmesrégionaux pour le voisinageméridional à EuropeAid,dans un entretien avec leCentre d'information pour levoisinage européen.

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de l'homme prend du temps, et le rythme du chan-gement est étroitement lié à la situation particulièred'un pays. Seules des forces internes peuvent en finde compte porter le processus de démocratisation.

L'UE a considérablement accru son soutien à lasociété civile : de quels instruments ces projetsbénéficient-ils ?La société civile est devenue un moteur du change-ment. Des sociétés civiles dynamiques sont essen-tielles pour les États démocratiques. Et danscertains pays où les possibilités de travailler avec lesautorités nationales ou locales sont très limitées,comme en Syrie où la coopération avec le gouverne-ment est suspendue depuis le mois de mai 2011, lacoopération ne peut se faire que par le biais des orga-nisations de la société civile.L'UE doit donc absolument coopérer avec ces orga-nisations afin qu'elles puissent participer auprocessus de décision et mettre en œuvre lesprogrammes de développement. Le mécanisme de financement pour la société civile,créé en 2011, est un exemple pratique de notreengagement. Cet instrument a pour principalobjectif de renforcer les organisations de la sociétécivile et de leur permettre de devenir de véritablesacteurs de la démocratisation en encourageant leurparticipation à l'élaboration des politiques et endéveloppant leurs capacités de plaidoyer, de mise enréseau et de suivi.Dans sa première phase 2011, cet instrument a eupour principal objectif de nous permettre de réunirdavantage d'informations sur les besoins de cesorganisations et d'améliorer leurs capacités àpromouvoir la réforme et à améliorer la responsabi-lisation. A présent doté d'un budget de 22 millionsd'euros en faveur du sud du voisinage (pour lapériode 2012-2013), le mécanisme de financementpour la société civile s'attaque à des objectifs plusambitieux : le renforcement de la participation de lasociété civile dans le processus d'élaboration despolitiques et de son rôle de surveillance. Enfin, n'oublions pas notre soutien au Fonds euro-péen pour la démocratie, qui vise à aider les acteursdu changement à accéder plus facilement aux fondsde l'UE. Ce fonds offrira un mécanisme de finance-ment flexible et rapidement déployable, en particu-lier pour les organisations qui tentent de travaillerdans un contexte politique très instable. Telle serala valeur ajoutée du Fonds européen pour la démo-cratie : encourager une « démocratie profonde etdurable » dans les pays et les sociétés en transitionqui se battent pour la démocratie en complétant lesoutien déjà déployé par des instruments existantscomme l'Instrument européen pour la démocratieet les droits de l'homme (IEDDH), l'instrument destabilité, les acteurs non-étatiques et les autoritéslocales dans le développement (programme théma-tique ANE-AL), et le mécanisme de financementpour la société civile.

Dans les pays du sud de la Méditerranée, le rôledes médias est en train de changer, et trèsrapidement. Que fait l'UE pour soutenir laliberté de la presse et un journalisme dequalité ?2011 a été une année de changement radical pour lefonctionnement des médias dans la région. Dans lemême temps, nous avons assisté à l'émergence d'unvéritable « journalisme citoyen », avec la diffusiond'informations sur le web.

Avec un de nos projets régionaux, Media Neighbou-rhood, nous soutenons les médias en organisant desformations et en encourageant la mise en réseau dejournalistes, rédacteurs et propriétaires de moyensde communication. Notre objectif est de renforcerles capacités journalistiques professionnelles dansle voisinage, notamment dans le domaine de l'indé-pendance des médias et les médias en ligne, maisaussi de mener des actions de sensibilisation àl'éthique des médias et au journalisme d'investiga-tion impartial. Au cours d'une période de trois ans,le projet organisera 108 événements auxquels parti-ciperont 1 260 journalistes et 500 étudiants en jour-nalisme.Mais nous devons dans le même temps renforcer lecadre institutionnel. Nous sommes donc en train delancer un nouveau programme afin de soutenir leprocessus de transformation des médias. « Média etculture pour le développement dans la région médi-terranéenne » sera axé sur le renforcement des capa-cités et la mise en réseau des régulateurs des médiaset favorisera dans le même temps la transition dansce secteur afin que les médias publics ne soient plusun instrument de propagande aux mains de l'Étatmais une source fiable d'informations impartiales.

L'UE soutient l'égalité entre les femmes et leshommes dans la région. Quelles sont les diffi-cultés rencontrées ?Les changements qui ébranlent la région offrent auxfemmes une véritable chance de faire avancer leursdroits. Pourtant, des risques de retour en arrièreexistent aussi. L'histoire récente nous rappellemalheureusement que l'occupation massive de l'es-pace public par les femmes durant les révolutions neleur garantit nullement un rôle dans les organismespolitiques des nouveaux régimes.Même si la situation des femmes varie d'un pays àl'autre, elles voient partout leurs droits menacés. Lesgouvernements de la région tentent de les exclurede la vie publique. En outre les femmes subissentaussi la discrimination et les violences de groupesextrémistes et des forces de sécurité, qui restentimpunies. Alors que les forces conservatricessemblent regagner du terrain, il est essentiel deprendre des mesures pour faire de l'égalité des droitsentre les femmes et les hommes un des fondementsmêmes des sociétés démocratiques.L'UE s'est engagée à promouvoir l'égalité entre leshommes et les femmes en l'intégrant dans toutes lesactions prises à la suite du printemps arabe. Eneffet, au-delà de son soutien direct, la Commissioneuropéenne a intégré la dimension du genre danstous ses programmes, notamment dans sesprogrammes axés sur des thèmes comme les droitsde l'homme, l'éducation, la justice ou la jeunesse.Le soutien de l'UE en faveur des femmes dans les

pays du sud de la Méditerranée s'élève actuellementà 75 millions d'euros, dont 63 millions pour lesoutien bilatéral et 12 millions au niveau régional.L'UE a en effet adopté récemment un programmerégional à hauteur de 7 millions d'euros axé sur lerenforcement du pouvoir politique et économiquedes femmes dans la région. L'objectif est d'aider lesfemmes marginalisées à avoir davantage accès à lavie économique et publique.

Pourquoi attacher autant d'importance ausecteur culturel dans la région et quelles ontles perspectives d'avenir dans ce domaine ?Cela fait maintenant de nombreuses années quenous soutenons le secteur culturel au travers dedeux grands programmes : Euromed Audiovisuel etEuromed Heritage. Outre son rôle dans le dialogueinterculturel, la culture est aussi un vecteur clé dudéveloppement économique. Elle aide également àpromouvoir les différentes formes de liberté d'ex-pression. Nous soutenons ce secteur depuis 15 anset les organisations de la société civile reconnaissentque cette aide les à encouragées à se faire entendre,même lorsque les régimes autocratiques étaientencore en place. Pour nous, le patrimoine de la région ne se limitepas aux pyramides. Euromed Heritage encourage laprotection du patrimoine culturel matériel (deshammams aux archives audiovisuelles) et immaté-riel. Outre l'ouverture de nouveaux débouchéstouristiques et l'impact positif sur la création d'em-plois et la génération de revenus, il aide aussi lespopulations locales à s'approprier leur culture.

« Ces jeunes souhaitentêtre impliqués et façonnereux aussi l'avenir de leurpays. »

Pour en savoir plus :

DG EuropeAid – Voisinage méridional –L'échange culturel et social dans la régioneuro-méditerranéenne

EU Neighbourhood Info Centre : pages thématiques :Audiovisuel et MédiasSociété civile et autorités localesCultureFemmesJeunesse

14 Projets en Marche - Voisinage Sud

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Projets en Marche - Voisinage Sud 15

SOCIÉTÉ > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

RAMALLAH - « J’ai gagné ma liberté et le respect des autres […] » déclare Sundus HasanAli Halabi, jeune femme palestinienne de 27 ans. Au départ, lorsqu’elle a pris la décisionde participer à un cours de formation offert par le centre communautaire local de sa villede Beit Rima, elle a eu une réaction hostile de la part de sa famille, venant plus de chezson frère que de son propre mari. Aujourd’hui, elle dit que « la situation s’est beaucoupaméliorée, et qu’elle se sent une autre personne ». « Mon frère m’interdisait de passerune seule minute dans un magasin où des hommes de tous âges se rendraient chaquejour. Il était opposé à cette idée. Mais aujourd’hui, il est devenu un client régulier » ajouteSundus.Près de 6.000 palestiniens vivent dans le village de Beit Rima, à quelques 30 kilomè-tres au Nord-Ouest de Ramallah. Le mari de Sundus souffre de problèmes dans lamoelle épinière qui l’empêchent de travailler régulièrement. Elle a donc décidé departiciper aux apports financiers du couple afin de subvenir aux besoins de leurenfant de six ans. Le centre pour les Femmes et les Jeunes de Beit Rima lui a offert legenre d’opportunités dont elle avait besoin. En effet, le centre avait justement débutédes cours de formation visant à responsabiliser les palestiniennes vivants dans leszones rurales. Sundus y a choisi les cours de comptabilité et de gestion. Quelquesmois plus tard, le centre a créé un magasin de chaussures dans lequel les femmeslocales pouvaient travailler. Au début, Sundus s’y est inscrite en tant que bénévole.Le mois dernier, elle a commencé à recevoir un salaire d’environ 100 euros par mois.Aujourd’hui, Sundus n’est plus la femme confinée qu’elle a toujours été. Elle a changéd’apparence et se sent mieux. « Le salaire est symbolique pour le moment, » dit-elle,« mais il ne s’agit que du début et puis, côté personnel et social, je sens que j’aiaccompli quelque chose, » a-t-elle ajouté.

Femmes à la recherche de liberté et de respect

Elles ont été formées etresponsabilisées.Aujourd’hui, elles gèrent despetits commerces tels quedes boutiques de chaussures,et sont même professeursd’aérobic dans des salles degym pour femmes. Despalestiniennes de sixvillages de Cisjordanie ontété invitées à suivre unitinéraire pour leuraccomplissement personnel.Elles ont réussi, et ce malgrél’opposition venant souventdes propres membres deleurs familles. Notrejournaliste en a rencontréquelques-unes parmi cellesqui ont décidé de relever ledéfi de changer leur vie.

n Femmes palestiniennes des villages autour d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, participant à laformation “Women Can Do Change” (Les femmes peuvent emmener le changement ») à Hébron

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Six centres créés à travers la CisjordanieSix centres ont été créés à travers la Cisjor-danie grâce à un financement de l’UnionEuropéenne en partenariat avec le fonds deCoopération pour le Développement desPays Emergents (Cooperazione per loSviluppo dei Paesi Emergenti, COSPE) baséà Florence en Italie, ainsi que l’Union de laJeunesse Palestinienne dans les TerritoiresOccupés Palestiniens. Leur objectif est deformer les jeunes et les femmes à gérer desactivités génératrices de revenus sans avoirrecours à des donations. Les centres sontsitués dans les villages ruraux de Beit Rima,Mazare' Alnobani, Silwad, Deir Istya, Kobarand Aboud, à proximité de la barrière deséparation en Cisjordanie ou entourés decolonies israéliennes. Les activités qui ontété lancées sont le magasin de chaussureset deux salles de gym réservées aux femmesdans lesquelles des jeunes des centrescommunautaires ont été formées à êtremonitrices. Dorénavant, les femmes de larégion peuvent aller faire de l’exercice ou

participer à des cours d’aérobic. Pour lemoment, les revenus générés suffisent justeà payer les charges et les salaires des moni-trices, mais dans un futur proche, lescentres devraient dégager plus de rentréesqui permettraient de financer d’autresactivités.Chiara Carmignani, la représentante duCOSPE en Palestine passe le plus clair deson temps entre les six centres où ellerencontre les bénéficiaires et coordonnele travail avec les administrateurs. « Il estvrai que nous rencontrons beaucoup dedéfis. Nous devons faire face à des diffi-cultés de toutes sortes mais je ressensl’impact de notre action et je vois le chan-gement se concrétiser. Cela est incroya-

blement gratifiant. » Le COSPE travailleen étroite collaboration avec l’Union de laJeunesse Palestinienne (PalestinianYouth Union – PYU) qui a été créée audébut des années 1990. Rawan Amria,qui dirige le bureau du PYU à Ramallah,dit que l’Union a été mise en place à unmoment où la société entière vivait lepremier soulèvement palestinien (Inti-fada). Rawan, qui est titulaire d’unelicence en Anthropologie Appliquée auxCommunautés et au Travail des Jeunesobtenue à Londres, est heureuse de cequ’elle fait. « Il s’agit plus de ce que l’onfait pour les autres plutôt que ce que l’ongagne pour vivre », déclare-t-elle.

Des cours d’Anglais, d’informatique et de gestionLe COSPE a lancé en collaboration avec lePYU plusieurs études d'évaluation afind’identifier ce dont a besoin la commu-nauté locale. Cela a conduit le Centre deMazare’ Alnobani à organiser des classesde 30 heures de conversation en Anglaispendant lesquelles les jeunes ont étéformés à tenir des discussions avec lesdonateurs anglophones qui financentdifférents projets dans les zones rurales.Il a également proposé des cours d’infor-matique et de gestion de projets et a misen place un programme spécial visant àaider les élèves du secondaire à passerleur examen de fin d’études. Enfin, lecentre a offert des cours de karaté ainsiqu’une journée de divertissement pourles enfants.Le Centre Communautaire de Beit Rimaa quant à lui opté pour plusieurs ateliersen gestion de projet, alimentation desenfants et santé publique. Cela a égale-ment été très utile, notamment parceque le village dispose de plusieurscentres dédiés à l’agriculture et auxservices publiques, mais aucun spécia-lement tourné vers les femmes etenfants. Muna Rimawi est la coordina-

SOCIÉTÉ > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

«Je profite de chaque moment passé au centre. Je sens que je suis utile à lacommunauté et plus particulièrement auxfemmes de mon village»

n Seules les femmes peuvent participer aux activités de ce centre

«Il s’agit plus de ce que l’onfait pour les autres plutôtque ce que l’on gagne pourvivre»n Femmes palestiniennes faisant de l’aérobic au Centre de fitness pour

femmes d’Al-Amal dans le village de Kaubar, au Nord de Ramallah

16 Projets en Marche - Voisinage Sud

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trice du centre communautaire localtotalement équipé disposant d’unebibliothèque et de six ordinateurs.Muna, qui est titulaire d'un baccalau-réat en science politique, a travaillé entant que bénévole dans le centre depuis2006. Elle est également conseillère enactivités extrascolaires dans l’écolevoisine pour filles. Pleine d’énergie, elleest pressée de terminer l’interview carelle doit courir vers un autre rendez-vous. Elle prend tout de même le tempsde faire passer son message clé. «Jeprofite de chaque moment passé aucentre. Je sens que je suis utile à lacommunauté et plus particulièrementaux femmes de mon village – dit-elle àce propos. Et de conclure – Cela me faitplaisir lorsque les femmes terminentleur cours et démarrent un nouveautravail ou un commerce. Cela est

profondément gratifiant pour moi. Pourelles, il s’agit d’une victoire.»

Textes par Elias ZananiriPhotos par EPA and COSPE ©EU/Neighbourhood Info Centre

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SOCIÉTÉ > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

n Le Centre Communautaire de Beit Rima a créé un magasin de chaussures dans lequel les femmes peuvent travailler

«Il est vrai que nous rencontrons beaucoup dedéfis. Nous devons faireface à des difficultés detoutes sortes mais je ressensl’impact de notre action et jevois le changement seconcrétiser. Cela estincroyablement gratifiant»

n Le Centre Communautaire de Beit Rima a lancé des cours de formation pour les femmes Palestiniennes

L’habilitation des femmes et desjeunes de Cisjordanie et des zonesrurales autour des CentresCommunautairesRenforcer la cohésion sociale et leprocessus démocratique dans lesTerritoire Palestinien Occupé enplaçant les femmes et les enfants entant qu’agents du changement

Pays participant:Territoire Palestinien Occupé

Durée: 2010 - 2012

Budget: 317,107.88 euros

Objectif: Encourager la promotion sociale des femmeset des enfants afin de construire une sociétéplus équitable et démocratique à travers lesoutien de 6 centres communautaires dans 6villages de Cisjordanie

Pour en savoir plus:Egalité des sexes: Cisjordanie, Gaza et l’UE(Anglais) http://eeas.europa.eu/delegations/west-bank/documents/news/20110304_investin-ginpeople_en.pdf

Société civile et Autorités Locales: PortailThématique de l'EU Neighbourhood InfoCentrehttp://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14&lang_id=469

Galerie Photo de l'EU Neighbourhood InfoCentrehttp://www.enpi-info.eu/list_images_med.php?id=661&iden=661

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18 Projets en Marche - Voisinage Sud

SOCIÉTÉ > JORDANIE

À l’écoute de ce que les jeunes ont à dire

Les programmes de l’UE enfaveur de la jeunesse construisent des ponts et relient ainsi les deux rivesde la Méditerranée. RaedGhareeb, d’Amman en Jordanie, est devenu instructeur en résolutionde conflit après avoir rejointun programme euro-médi-terranéen. Il a depuis fondéune ONG centrée sur lesbesoins de la jeunesse.Chaque année, des milliersde jeunes des deux rives dela Méditerranée se rencontrent et échangentleurs expériences.Ce réseau qu’ils tissent estporteur d’espoir pourl’avenir des relationseuro-méditerranéennes.

AMMAN - « Il y a tant de pays d’Europe qui ont été confrontés, pendant des dizainesd’années à des troubles provoqués par des différences sociales et religieuses avant que cecontinent ne devienne ce qu’il est aujourd’hui. Cette expérience est pour nous une chanced’apprentissage que nous devons saisir. » Regardant à travers la fenêtre de son bureau, à Amman-Ouest, Raed Ghareeb – ex-parti-cipant à un programme d’échange EuroMed Jeunesse et jeune activiste – rêve d’un aveniroù les jeunes de son pays joueront un rôle déterminant en aidant la Jordanie à releverune multitude de défis politiques et économiques. Ghareeb a créé une ONG qu’il abaptisée « Bouthour » (graines), axée sur les jeunes hommes : « J'ai constaté l’absence deprogrammes pour étudiants universitaires », explique-t-il, « j’ai ainsi voulu créer et fairequelque chose dans le domaine de la résolution des conflits, une compétence que jemaîtrise depuis que j’ai participé au programme euro-méditerranéen. »Le programme EuroMed Jeunesse – financé par la Commission européenne à hauteur de5 millions d’euros pour la période 2010-2013 – entend encourager la compréhensionmutuelle entre les jeunes de la région euro-méditerranéenne en luttant contre lespréjugés et les stéréotypes et en encourageant la citoyenneté active. Un autre objectif estde contribuer à l’élaboration de politiques de la jeunesse dans la région méditerranéenne.Des échanges de jeunes, des programmes de formation et des services de volontariat sontorganisés à travers la région euro-méditerranéenne. Ces activités s'adressent aux jeuneset aux organisations nationales.

n Étudiants de l’Université de Jordanie

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Il s’agit du quatrième programme Jeunessefinancé par l’UE : au cours de ces dix der-nières années, des milliers de jeunes desdeux rives de la Méditerranée ont profité decette expérience qui a changé à jamais leurvie et celle de ceux qui y ont participé. Parexemple celle de Raed Ghareeb, devenu for-mateur en résolution de conflit car il estconvaincu que les hommes et les femmesdes deux rives de la Méditerranée doiventêtre exposés à une culture fondée sur le dia-logue, la tolérance et le respect des droitshumains. Ils doivent apprendre à luttercontre la xénophobie et les stéréotypes.

Augmentation des violences socialeschez les jeunesGhareeb est citoyen d’un pays dont la so-ciété sait ce que tolérance envers la diver-sité signifie. Pendant des années, laJordanie, pays stable, a joué un rôle clé enabsorbant les vagues successives de refu-

giés quittant leur pays pour se mettre àl'abri : des Circassiens, des Arméniens etdes Tchétchènes au début du 20ème siècle,et plus tard des Palestiniens et des Libanaiset à présent des Irakiens. La présence de di-zaines de tribus jordaniennes renforce en-core la complexité de cette société qui estdevenue un melting pot de races et de reli-gions.Mais la Jordanie doit aujourd'hui faire faceà une grave crise économique, encoreaggravée par l'absence de ressources éner-gétiques et l'instabilité politique dans lespays voisins. Plus grave est le phénomènede violences sociales chez les jeunes, quireprésentent 70 % de la population. Cephénomène prend de plus en plus d’am-pleur. Selon une étude publiée récemmentpar un groupe d’étudiants universitairesbaptisé « abahtouna » (« Vous nous aveztués »), au moins 37 affrontements impli-quant des milliers d’étudiants ont éclaté en

2010, provoquant la mort d’un étudiantuniversitaire et faisant des dizaines deblessés. Pour certains experts, l’absence depolitiques de la jeunesse pourrait être àl’origine de ce phénomène.

Renforcement de pouvoir pour les jeunesPourtant, les responsables gouvernemen-taux affirment que la politique consiste àprésent à exploiter pleinement le potentieldes jeunes hommes et des jeunes femmes,afin de lutter contre la récession écono-mique mondiale et la montée des extré-mismes. Et de fait, la Jordanie a vu dans leprogramme Jeunesse financé par l'UE unechance unique de mener une politique derenforcement de pouvoir des jeunes quivise entre autres à les rapprocher desjeunes Européens. Ali Bibi, conseiller au-près du ministre en charge du développe-ment politique et directeur du programmeEuromed Jeunesse III, est catégorique :« Il est essentiel d'élaborer une stratégiepermettant d’exploiter la capacité denotre jeunesse à poursuivre la dynamiquede réforme au sein du Royaume », ex-plique-t-il. « Depuis la mise en place duministère du développement politique,nous avons ouvert un dialogue avec toutesles couches de la société, notamment lesjeunes, afin qu’ils puissent faire entendreleur voix. »Une des organisations à avoir soumis un

SOCIÉTÉ > JORDANIE

« De nombreux pays d’Europe ont été confrontés pendant des dizaines d’années à destroubles, avant que ce continent ne devienne ce qu’il est aujourd’hui. Cette expérienceest pour nous une chance d’apprentissage que nous devons saisir. »

n Participants au programme Jeunesse financé par l’UE.

« Les jeunes du Proche-Orient et d’Afriquedu Nord ont été oubliés parles politiques. Ce programme est un instrument destiné à leurdonner du pouvoir. »

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dossier en vue de bénéficier de la qua-trième phase du programme d'échangelancé en 2011 est le Centre al Hayat, dirigépar Amer Bani Amer, qui estime que les en-seignements de ces programmes d'échangesont particulièrement précieux. « Au mo-ment où nous nous rapprochons de l’UE,en termes d’accords politiques, nous de-vons veiller à ce que des citoyens des deuxrives de la Méditerranée contribuent direc-tement à l'amélioration de cette relation.Dans le cas contraire, ces accords n'ontaucun sens », explique Banir Amer, dontl'organisation a accueilli un groupe dejeunes activistes de l’UE dans le cadre du

projet « Développement durable ».Bani Amer explique que grâce à ceprogramme, des activistes ont pu identifierquelques-uns des principaux défis environ-nementaux auxquels doit faire face laJordanie, notamment la sécheresse, lapollution et d'autres phénomènes peuconnus des jeunes européens. « Si nousvoulons que des personnes viennent nousaider, nous devons d'abord être sûrs qu'ilsconnaissent nos problèmes », conclut-il.Dua’a Qurie, ancienne directrice du pro-gramme en Jordanie, de même que GehadGalal, nouvelle chef d’équipe, expliquent quece programme d’échange a contribué à chan-ger la vie de bien des gens. « Les jeunes duProche-Orient et d’Afrique du Nord ont été

oubliés par les politiques. Ce programme estun instrument destiné à leur donner du pou-voir », explique Qurie, qui a elle-même étébénéficiaire d’un programme d’échange dejeunes. Selon Ms. Galal, ces programmespourraient marquer un nouveau départ pourles jeunes de sa région. « De nombreux bé-néficiaires sont devenus instructeurs ou ontorganisé leurs propres programmesd'échange en mettant en place des réseauxavec des jeunes européens participants. »

Textes par Mohammad Ben HusseinPhotos par Centre Al Hayat,Mohammad Ben Hussein©EU/Neighbourhood Info Centre

20 Projets en Marche - Voisinage Sud

SOCIÉTÉ > JORDANIE

n Amer Bani Amer

n Participants au programme Jeunesse financé par l’UE

« Au moment où nous nousrapprochons de l’UE, entermes d’accords politiques,nous devons veiller à ceque des citoyens des deuxrives de la Méditerranéecontribuent directement àl'amélioration de cette relation. Dans le cas contraire, ces accords n'ont aucun sens »

EuroMed Jeunesse IVhttp://www.euromedyouth.net/Vise à soutenir et à renforcer laparticipation et la contribution desorganisations de jeunesse et desjeunes de la région euro-méditerra-néenne au développement de lasociété et de la démocratie tout enencourageant le dialogue et lacompréhension mutuelle.

Pays participants Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie,Tunisie

Durée: 2010 - 2013

Budget: 5 millions d’euros

Objectifs: Ce programme vise à stimuler et encourager unecompréhension mutuelle entre les jeunes au seinde la région euro-méditerranéenne, à luttercontre les stéréotypes et les préjugés, ainsi qu'àvaloriser le sens de la solidarité chez les jeunesen faisant la promotion active de la citoyenneté.Il cherche également à contribuer au développe-ment de politiques destinées à la jeunesse dansles pays partenaires méditerranéens.

Pour en savoir plus:

Euro-Med Jeunesse IV, fiche et actualitéshttp://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=335&id_type=10&lang_id=469

EU Neighbourhood Info Centre – Page Web « Jeunesse » http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=13&lang_id=469

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CAIRE – Ici, on se retrouve au proprecomme au figuré. Les rêves fusionnent,dans ces locaux sobres du YDC (à l’ori-gine, acronyme du Centre de dévelop-pement pour les jeunes), dans labanlieue cairote de Madinet Nasr. Onse sent à l’aise, on travaille ou étudietout au long de la journée, et l’on vientici le soir pour respirer et rompre avecle décor de carton auquel sontcondamnés pas mal de jeunes gens. Unvent frondeur flotte sur les lieux.Ahmad Gamal, l’un des six fondateursdu centre il y a huit ans environ, se plaîtà aider tout un chacun à penser sonavenir diffé remment, à se redécouvrir.Le matin, il est « développeur informa-tique et fier de l’être », bougeant d’unemultinationale à l’autre, optanttoujours pour « celui qui paie plus ». Etsporadiquement le soir, dans les locauxdu centre, il peut se permettre de prêterconseil, de chuchoter à MoustaphaMakhlouf (28ans) qu’il devra sepencher sur quelque chose d’artistiqueet sacrifier son poste de réceptionniste

dans une compagnie pétrolière. C’estson hobby de montrer aux autrescomment faire le point sur leurs apti-tudes et compétences.

Un monde qui s’ouvre devant toi Les deux jeunes hommes se connais-sent depuis quelques temps, précisé-ment lorsque Moustapha a vouluparticiper, via le YDC, au programmed’échange proposé par le programmeeuropéen Euromed Jeunesse, en 2004.« Ce qui m’a attiré d’abord vers cecentre, c’était l’idée de rencontrer desinconnus, de voyager… moi qui avaisdéjà commencé à correspondre avec desétrangers pendant l’adolescence ».Après, c’est tout un autre monde quis’est ouvert à Moustapha. En Estonie, ila appris à communiquer avec autrui,même si l’on ne parle pas la mêmelangue ; « les mimes et gestes étaientplutôt marrants », comme il le dit pourévoquer le programme d’éducationnon-formelle suivi en Estonie, sous lesigne de « l’harmonie Nord-Sud ».

Projets en Marche - Voisinage Sud 21

SOCIÉTÉ > EGYPTE

Ayant à peine 30 ans ou unpeu moins, les jeunes quifréquentent le YDC (centrede développement pour lesjeunes) aspirent à être « citoyen chez soi ». Ilscherchent refuge dans lechamp du développement etles méthodes d’éducationnon-formelle, acquises entreautres à travers leprogramme européenEUROMED Jeunesse.

n Iman Gamal participe au programme Euromed Jeunesse

J’ai appris à être citoyenneà part entière

Page 24: Projets en Marche

À travers un autre programme, Peace bag,à Barcelone, il a joué au casque bleu, pourfaire la paix avec son entourage. Et d’unvoyage à l’autre, il atterrit plusieurs foisen Turquie, « avec ses mosquées, chantsde muezzin et son côté tout à fait à l’occi-dental ». Ce mélange inextricable l’éprend,mais aussi le rend jaloux. Car le pays

occupe le 14e rang mondial parmi lespôles d’attraction touristique. L’Egypten’en est pas là ; il est navré. Une idée luifrôle alors l’esprit : concevoir un guide,faisant la promotion touristique del’Egypte autrement, soi-disant de manièreplus artistique et originale. En attendant,il garde les détails pour lui, et continue à

22 Projets en Marche - Voisinage Sud

SOCIÉTÉ > EGYPTE

n Les Égyptiens Iman Gamal (D), son frère Ahmad Gamal (centre) et Moustapha Makhlouf (G) s'apprêtentà partir après une discussion sur leurs expériences respectives en matière de participation au projetd'échanges de jeunes Euromed, lors d'une interview au Centre de développement de la jeunesse.

« Il y a six ans, j’ai lancé une-groupe : Euromed forYouth, maintenant il regroupe quelque 2300associations, sans le moindre effort »

« Les programmes Euromed Jeunesse sontune belle manière de commencer. Car pendant sept ou dixjours, on exécute un projet,avec des partenaires méditerranéens…»

n Le jeune Égyptien Moustapha Makhlouf, 28 ans, travaille comme réceptionniste dans une entreprisepétrolière. Il pose pour une photo rue Al Moizz, à Khan al-Khalil, l'un de ses quartiers préférés du Caire.

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faire du volontariat à travers le centre, quine se limite pas aux activités d’échangeEuromed. Celles-ci consti tuent, selonAhmad Gamal et les amis, un bon trem-plin pour s’impliquer davantage dans lasociété civile et le développementhumain. « À la faculté de pharmacie,Université Al-Azhar, en quatrième année,on était six à bénéficier d’un fonds Euro-péen de 35.000 EUR, gérant unprogramme sur les contes, miroir de laculture, dans le cadre de nos activitésestudiantines », souligne Gamal. C’étaiten 2002. L’année d’après, les six vétéransou « anciens gardes », comme il lessurnomme, décident de fonder leurpropre ONG, Développement sans fron-tières, dont le YDC fait actuellementpartie. « On avait acquis confiance, unefois que l’on a réussi à gérer un fonds de35 mille euros ! Les programmesEuromed Jeunesse sont une bellemanière de commencer. Car pendant septou dix jours, on exécute un projet, avecdes partenaires méditerranéens. Il y a sixans, j’ai lancé un e-groupe : Euromed forYouth, maintenant il regroupe quelque2300 associations, sans le moindre effort», ajoute Gamal, très impliqué dans cettehistoire, ainsi que sa sœur Iman, laquelleprépare un master en radiologie et donnedes cours gratuits de sensibilisation poli-tique, usant des mêmes méthodes d’ap-prentissage non-formel, acquis par lesprécédents programmes d’échange.

Un monde qui ressemble à celui des blogueurs Sur place, on se sent comme dans uncocon de développement ; des jeunesqui se sont retirés dans leur coquillepour s’ouvrir au reste du monde et secoacher les uns les autres, sans penserquitter. Un monde qui ressemble à celuides blogueurs où les jeunes avaient leurpropre existence, depuis 2005, dansune arène fermée où leurs aînés n’ose-raient pas mettre les pieds. Une belleissue pour une population juvénile,zappée par l’ancien régime, constituantpourtant un poids électoral immense(soit 35,5% des habitants, avec un tauxde chômage de 14,5% pour les 15-29ans). « C’est surtout la classe B, et nonpas la A Premium, qui participe à cegenre d’activités. On se passe l’informa-tion de bouche à oreille, et du coup onrecrute dans nos sillages », lanceMohamad Attia (28 ans). Cadre marke-ting dans plusieurs grosses boîtes, celafait deux ans qu’il n’a plus le temps departiciper aux programmes d’échange,mais il continue à offrir un entraîne-ment gratuit pour ceux qui espèrent selancer sur le marché du travail, sans enavoir les compétences. À la différencede leurs références, chacun d’euxexprime quasiment la même idée à samanière : on n’est plus dans un universclos et timide, ou comme le résumebien Iman Gamal, aux côtés de son

frère en train de faire sa prière, « j’aiappris à être citoyenne à part entière ».Du coup, ils ont tous fait acte deprésence à Tahrir.

Texte par Dalia ChamsPhotos par Amel Pain,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 23

SOCIÉTÉ > EGYPTE

« C’est surtout la classe B,et non pas la A Premium,qui participe à ce genred’activités. On se passel’information de bouche àoreille, et du coup on recrute dans nos sillages »

n Iman Gamal, étudiante en master, ayantparticipé au programme Euromed Jeunesse

EuroMed Jeunesse IVhttp://www.euromedyouth.net/FrancaisCe programme vise à soutenir et àrenforcer la participation et lacontribution des organisations dejeunesse et des jeunes de la régioneuro-méditerranéenne audéveloppement de la société et dela démocratie tout enencourageant le dialogue et lacompréhension mutuelle.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie,Tunisie

Durée: 2010 - 2013

Budget: 5 millions d'euros

Objectifs: Ce programme vise à stimuler et à encouragerla compréhension mutuelle entre les jeunesde la région euro-méditerranéenne, à luttercontre les stéréotypes et les préjugés et àpromouvoir la solidarité entre les jeunes ensoutenant la citoyenneté active. Il entendégalement contribuer à l’élaboration depolitiques de la jeunesse dans les paysméditerranéens partenaires.

Il fait suite au programme EuromedJeunesse III mis en œuvre entre 2005 et2009

Pour en savoir plus:

Fiche projet EU Neighbourhood Info Centre >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=335&id_type=10&lang_id=469

Portail Thématique: Jeunesse >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=13&lang_id=469

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RABAT- Aujourd’hui, nous sommeentourés par des milliers des réseauxinformatiques. Mais celui que la Commis-sion européenne a mis à la disposition deschercheurs marocains est un réseau assezparticulier : il relieles scientifiques Maro-cains avec l'ensemble des réseaux d'ensei-gnements et de recherche des paysEuropéens. Eumedgrid – la grille de calcul

pour la recherche scientifique – est unoutil puissant développé dans le cadre duprojet européen Eumedconnect. Cetteinitiative établit un réseau humain dansle secteur de l'eScience.Pratiquement, Eumedgrid permetaux chercheurs méditerranéens de seconnecter les uns aux autres. Elle encou-rage le développement des réseaux

nationaux d'enseignement et derecherche dans les pays méditerranéens,diminue la fracture numérique entrel'Union européenne et les pays méditer-ranéens, et finalement elle accélère ledéveloppement d'Internet dans le bassinméditerranéen. « Eumedconnect inter-vient dans tout ce qui est traitement etpartage de données dans le champ scien-

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SOCIÉTÉ > MAROC

Une grille informatique à disposition de la science

Médicine nucléaire, radiothérapie, radiologie : les possibilités d’utilisation de la grille de calcul pour larecherche scientifique Eumedgrid – et de son interface maroquine MaGrid – sont innombrables. Grace àce réseau, les scientifiques Marocains sont connectés avec l'ensemble des réseaux d'enseignements et derecherche des pays Européens. Le concept est simple : chacun peut mettre en commun ses données, etprofiter d’une analyse – et des avancées - communes. La recherche des nouvelles applications pour ceformidable outil n’est qu’à son début.

n Etudiants dans le laboratoire : leurs ordinateurs sont reliés au réseau européen

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tifique - explique le Professeur RajaâCherkaoui El Moursli - L’analyse derésultats dans ce domaine demande desliaisons très rapides entre les labora-toires de recherche. D’où la notion degrille informatique qui permet de mettrele matériel de chacun en commun. Plusencore, ce réseau nous permet une utili-sation rationnelle et démocratique desdonnées ».

Admission du Maroc au programme Atlas Le Professeur Cherkaoui El Moursli estmembre correspondant de l’AcadémieHassan II des Sciences et Techniques etmembre de la collaboration ATLAS auLHC, le plus grand accélérateur de parti-cules au Monde. Elle nous explique quele choix du Maroc était tout indiqué pour

faire partie de cette expérience scienti-fique. Le royaume a été précurseur àl’échelle continentale dans plusieursdisciplines de recherche et partieprenante dans des projets de pointe.«Depuis 1996– continue Cherkaoui – leMaroc est officiellement membre de lacollaboration Atlas au CERN, l’Organisa-tion européenne pour la recherchenucléaire, qui est l’un des plus grands etdes plus prestigieux laboratoires scienti-fiques du monde. L’admission du Marocau sein de cette collaboration, après unvote unanime de plus de 148 institutionsde recherche de 33 pays, est la consé-quence du travail de qualité de quelquesscientifiques marocains avant 1996 ».Le pôle de compétences Réseau Univer-sitaire de Physique des Hautes Energies(RUPHE) est l'institution Marocainechargée du programme Atlas. RUPHE estdirectement sous la tutelle du Ministèrede l'Education Nationale de l'enseigne-ment supérieur de la formation descadres et de la recherche scientifique,ainsi que le Centre Nationale de laRecherche Scientifique et Technique(CNRST), organisme qui gère et quiplanifie la recherche au Maroc. Eumed-connect a mis à la disposition de cecentre un réseau informatique géantd’un débit de 34 mégabits. Ce volumesera prochainement revu à la hausse

pour atteindre les 155 mégabits. C’est ausein de ce centre qu’une équipe d’ingé-nieurs informaticiens gère le réseau. Lagrille marocaine, MaGrid a été mise enplace depuis 2006 par le déploiement dupremier site au CNRST.

MaGrid, une grille marocaine à plusieurs utilisations La grille est mise à la disposition desuniversités et établissements de l’ensei-gnement supérieur et de recherche pourleurs besoins en moyens de calcul et encapacité de stockage. MaGrid estconnectée à la grille Euro méditerra-néenne Eumedgrid et à la grille Euro-péenne EGEE. Le cluster informatique

SOCIÉTÉ > MAROC

« Eumedconnect intervient dans tout ce quiest traitement et partagede données dans le champscientifique. L’analyse derésultats dans ce domainedemande des liaisons trèsrapides entre les laboratoires de recherche »

n Pr Cherkaoui

« La notion de grille informatique permet demettre le matériel de chacun en commun. Ce réseau nous permet une utilisation rationnelleet démocratique des données »

n Une étudiante marocaine qui travaille sur le projet ATLAS

Projets en Marche - Voisinage Sud 25

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(plusieurs serveurs connectés) duCNRST a été certifié pour l'analyse desdonnées ATLAS dans le cadre d'un pro-jet de coopération entre le CSIC (Es-pagne) et le CNRST. MaGrid est utiliséeaussi par des chercheurs de différentsdomaines, mais essentiellement pardeux groupes : physique des hautesénergies et chimie théorique. Par cetteaction, les chercheurs marocains dispo-sent de certificats reconnus à l’échelle in-ternationale. Les chercheurs Marocainstravaillant au sein d'ATLAS utilisent ré-gulièrement la grille de calcul ce qui leurpermet de disposer des possibilités desgros centres de calcul de l'ensemble despays développés. Plusieurs autres cher-

cheurs et institutions seront amenés àutiliser MaGrid pour réduire les inves-tissements et aussi harmoniser à grandeéchelle les outils de calcul. « Aujourd’hui, nous essayons de créerune grille de calcul similaire pourcertaines applications de la physiquemédicale », assure le professeur ElMoursli. « A Rabat, on a eu au départ unedemande de l’Institut national d’onco-logie pour créer un master de physiquesmédical. Des physiciens médicaux ontété formés pour travailler dans les hôpi-taux, dans la médecine nucléaire, laradiothérapie, la radiologie. Les lauréatsont de fortes chances d’embauche dansun secteur qui souffre d’un manqueflagrant de compétences. Parmi cesétudiants, il y en a qui optent pourla recherche de haut niveau. Et c’estlà que peut intervenir Eumedconnect »,explique notre chercheuse. Il est clair que dans le domaine de larecherche, les changements sont rapides.Grâce à Eumedconnect, le Maroc suit cesévolutions. A ce jour, des dizaines dedoctorants et de séniors utilisent leréseau. Et les choses ne s’arrêterontcertainement pas là. En juin prochain,une session de formation sera organiséepar le CNRST afin de créer de petitsnœuds dans chaque université. Des ingé-nieurs vont former les chercheurs àutiliser la grille. A la recherche de

nouvelles applications pour Eumedon-nect pour la recherche scientifiquemarocaine…

Texte et photos par Hicham Houdaïfa©EU/Neighbourhood Info Centre

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SOCIÉTÉ > MAROC

n Pr Cherkaoui en compagnie d’Abdelkrim Bougouza, chargé du centre Internet

« Parmi ces étudiants, il y en a qui optent pour la recherche de hautniveau. Et c’est là que peutintervenir Eumedconnect »

EUMEDCONNECT2www.eumedconnect2.netUn projet de partenariat entre lescommunautés de recherche scienti-fique des institutions de sept pays dela Méditerranée et des pays del’Afrique du Nord. À travers un réseaude cables reliant les différentes insti-tutions, ces pays échangent desdonnées, des documents et desexpériences dans tous les domaines.Le projet EUMEDCONNECT2 permetà environ deux millions d'utilisateursdans près de 700 institutions à traversl'Afrique du Nord et le Moyen- Orientde collaborer avec leurs confrèresrépartis dans plus de 4000 établisse-ments de recherche et d'éducationen Europe.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Jordanie, Maroc, TerritoirePalestinien Occupé, Syrie, Tunisie

Durée: 2008 - 2010

Budget: 4 millions d’euros

Objectifs: Le projet vise à soutenir et à renforcer lacoopération entre l’Europe et les pays parte-naires méditerranéens dans le domaine dela recherche et de l’éducation. Le projetsouhaite assurer la durabilité sur le longterme de l’infrastructure Internet mise enplace par EUMEDCONNECT 1 à partir de2004. Il souhaite également mettre en placeun réseau durable de soutien capable deréduire la disparité digitale entre les pays etstimuler la coopération.

Pour en savoir plus:

Un nouveau réseau internet à haute capa-cité pour la recherche et l’éducation >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=21221&id_type=1&lang_id=469

Société de l’information, portail thématique >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=7&lang_id=469

Page 29: Projets en Marche

ALGER – Zâatra est un gros bourg situéà quelques encablures de la ville balnéairede Zemmouri. Alger n’est qu’à 70 kilomè-tres, une heure et demi de route tout auplus. «Prenez à gauche au niveau de l’arrêtde bus, montez la pente puis suivez l’alléequi mène à la place du village. Tournez àdroite, je vous attendrai devant la salle desport». Kamel Foul est bien là, devant leportail gris de la salle de sports, siège del’association El Fedjr (l’Aurore, en arabe)qu’il préside. De l’extérieur, la bâtisse nepaie pas de mine. Pourtant, à l’intérieur,c’est une véritable ruche qui grouille d’ac-tivités. «L’association a été créée aucourant de l’année 2004. L’objectif decette initiative était de prendre en chargeles jeunes personnes sur les plans social,éducatif, culturel et sportif. Il y avait uneréelle demande de la part de la populationdu village et même des localités environ-

nantes. Le succès a été immédiat», affirmeM Kamel Foul.

Prise de conscience Au début, l’association avait établi desprogrammes d’activités pour les enfantset les femmes qui vivent en milieu rural.Mais le personnel bénévole a fini pardécouvrir les difficultés auxquelles sontconfrontées les personnes en situation dehandicap. « Ce fut une réelle prise deconscience. Nous avons constaté quecette catégorie de la population était nonseulement marginalisée mais surtouttotalement oubliée. Dans certainesfamilles, le fait d’avoir une personnehandicapée à la maison est vécu commeune véritable honte. Une tare qu’il fautabsolument cacher du regard des autres»,souligne le président de l’association. Les bénévoles d’El Fedjr font fi des

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SOCIÉTÉ > ALGERIE

Broderie, peinture, informatique:de l’exclusion à la vie

n Classes de maternelle de l’Association El Fedjr de Zaatra

Handicap International Algérieet la Fédération Algérienne desPersonnes Handicapées ontconduit, durant trois années, leprogramme de Développementlocal inclusif, «une solutionpour lutter contre l’exclusiondes personnes en situation dehandicap». Le programme estsoutenu par l’UnionEuropéenne. Les 18associations ayant pris part àce programme ont développédes actions et des mécanismesvisant à lutter contre lamarginalisation des personnesen situation de handicap.

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préjugés. Ils s’impliquent aux côtés despersonnes en situations de handicappour tenter de les faire sortir de leurisolement. Ils leur proposent de parti-ciper à quelques activités éducatives etculturelles en compagnies de personnes«valides». Sans le savoir, l’associationapplique l’esprit de la Convention Rela-tive aux Droits des Personnes Handica-pées, notamment ses dispositions enmatière d’insertion et d’inclusion. Cetexte d’une importance capitale a étésigné par l’Etat Algérien en mars 2007et ratifié en mai 2009. Un engagementactif qui prédispose l’association ElFedjr à participer, dès 2008, auprogramme de «Développement localinclusif, une solution pour lutter contrel’exclusion des personnes en situationsde handicap» mis en œuvre parHandicap International Algérie et laFédération Algérienne des PersonnesHandicapées (FAPH), et soutenu parl’Union européenne.

ConcertationL’association El Fedjr n’est qu‘une desassociations soutenues par le projet, quicouvre plusieurs régions algériennes : lesmêmes modalités de mise en œuvre ontété utilisées dans 6 wilayas. Danschacune, plusieurs actions sont inscritesau programme. Certaines sont destinéesdirectement aux membres des associa-

tions en vu de leur permettre de renforcerleurs capacités en matière d’organisationet de mobilisation au profit des personnesen situations de handicap. «Nous avonsrevu totalement notre façon de travailler.De nouveaux mécanismes ont été mis enplace. La première grande étape consistaità développer un diagnostic afin deconnaitre l’environnement et les besoinsde chaque personne handicapée. Cetteopération de diagnostic local a été primor-diale car elle nous a permis d’obtenir desdonnées assez précises sur les personneshandicapées qui vivent dans notre loca-lité», note M Kamel Foul. La concertationavec les autorités locales, à travers la miseen place d’un comité de concertation local,et notamment avec les services de l’As-semblée populaire communale (mairie) deZemmouri, a facilité la mise en place d’unEspace De Socialisation (EDS) qui permetde briser l’isolement des personnes ensituations de handicap.

SocialisationMlle Nawel Labehri est bénévole au sein del’association. Chaque mardi, elle participeà l’animation d’un espace de socialisation.«Je fais la tournée du groupe, maison aprèsmaison. Je rentre chez eux et je les ramèneau siège de l’association à bord du bus quela mairie met à notre disposition. Lesfamilles me font confiance, c’est sûrementdû au fait que je sois une fille. Ce qui estincroyable, c’est qu’au début duprogramme, ils étaient tous très timides,renfermés sur eux-mêmes. Mais aprèsquelques semaines, ils se sont totalementtransformés. Aujourd’hui, ils sont

épanouis». A l’intérieur de l’espace desocialisation, plusieurs activités sont misesen place pour développer les aptitudesindividuelles des participants et faciliterleur insertion sociale. Au niveau du siègede El Fedjr, les participants ont le choixentre classe d’alphabétisation, couture etbroderie, peinture sur soie, poterie et l’in-formatique. Des excursions sont égale-ment organisées tout au long de l’année.

Intégration El Fedjr s’engage aussi dans la formationet la scolarisation. Grâce à elle, certainsmembres du groupe sont inscrits dans lecentre spécialisé de Corso, ville située àquelques dizaines de kilomètres de Zâatra.Mieux, une expérience d’insertion écono-mique d’auto-emploi a également étéinitiée. M Ahmed Khelifi - un desnombreux bénéficiaires de ce projet - a pu

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SOCIÉTÉ > ALGERIE

« Ce fut une réelle prise de conscience. Nous avonsconstaté que cette catégorie de la populationétait non seulement marginalisée mais surtouttotalement oubliée. Danscertaines familles, le faitd’avoir une personne handicapée à la maison estvécu comme une véritablehonte… »

n Membres de l’Association en rèunion

« Ce programme a été uneréussite car il encouragel’accompagnement des associations. Les cadressuivent souvent des formations théoriques,mais ils ont rarement l’occasion de les mettre enpratique »

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acheter un petit troupeau de moutons. «Leprogramme nous a attribué une aide de75.OOO dinars (l’équivalent de 720 euros)pour financer un petit projet économique.Avec cette somme, le jeune Ahmed Khelifia pu acquérir 3 brebis et 3 agneaux au moisd’avril 2010. L’expérience est concluantepuisque le cheptel s’est agrandi. D’ailleurs,Ahmed devrait rembourser ce prêt dansquelques mois», explique le président del’association El Fedjr. En fait, le programme de Développementlocal inclusif piloté par Handicap Interna-tional et la Fédération Algérienne desPersonnes Handicapées a permis de déve-lopper plusieurs autres projets d’intégra-tion économique. A Taghit, par exemple,ville de la wilaya (département) de Bécharsituée à 1000 kilomètres au sud ouestd’Alger, l’association El Wyam (LaConcorde) est parvenue à créer un atelierd’artisanat. «Cet atelier, qui est en fait unespace de socialisation, permet de formerde jeunes gens aux activités artisanal.Nous leur apprenons à confectionner desbouteilles décoratives avec le sable dudésert. Les objets sont vendus à desmagasins de bibelots pour touristes. Noussommes satisfaits car l’affaire marcheplutôt bien» note M Chérif Abdenacer,président de l’association El Wyam,rencontré à l’occasion de la réunion declôture du programme de Développementlocal inclusif.

Accompagnement Cette réunion, qui s’est tenue à Alger le 23mars, a dressé un bilan global des acti-vités entreprises au cours du programme.Ainsi, depuis 2008, les capacités de laFAPH ont été renforcées, et un collectifnational pour les droits des personneshandicapées constitué. Les actions

initiées par les 18 associations affiliées àla FAPH ont permis dans 6 wilayas (Alger,Médéa, Ghardaia, Béchar, Jijel etConstantine) à 200 personnes en situa-tions de handicap de suivre un accompa-gnement à l’autonomie. Au total, ce sont13 espaces de socialisation - où qui ontété mis en œuvre en collaboration avec lesadministrations locales. «Nous pouvonsdire que ce programme a été une réussitecar il encourage l’accompagnement desassociations. Les cadres suivent souventdes formations théoriques, mais ils ontrarement l’occasion de les mettre enpratique», indique M BoufekrouneAhcéne, premier vice-président de laFAPH et chargé de suivi du programme deDéveloppement local inclusif. De son côté, M Xavier Duvauchelle,directeur du programme à HandicapInternational Algérie, estime qu’il estnécessaire de renforcer la coopérationentre tous les acteurs pour lutter active-ment contre toutes formes d’exclusion.«Les programmes de développementlocal existent depuis peu en Algérie. Leproblème reste l’aspect inclusif desdispositifs et services. Aussi, il est fonda-mental de généraliser cette approche.Les associations ont pour cela un rôlefondamental car elles sont garantes durespect du droit de ces personnes et deleur prise en compte par tous les dispo-sitifs et services. Par ailleurs, ellespeuvent avoir un rôle important à joueren matière d’accompagnement etd’orientation des personnes handicapéesmais aussi de conseil aux autoritéslocales, entreprises et organismespublics délivrant des services. Ainsi, lesespaces de socialisation sont uneréponse concrète et directe aux diffi-cultés d’accès aux services des personnes

en situation de handicap. De plus, lescomités de concertation locaux mis enœuvre dans le cadre du projet sont euxaussi importants à dupliquer car ils sontaussi un outil concret pour assurer lacollaboration et la concertation entre lesassociations et les pouvoirs publics».

Texte par Tarik Hafid Photos par Samir Sid,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 29

SOCIÉTÉ > ALGERIE

n Kamel Foul, président de l’association El Fedjr de Zaatra

n Xavier Duvauchelle, Director ofthe programme at HandicapInternational Algeria

« Les espaces de socialisation sont uneréponse concrète et directeaux difficultés d’accès auxservices des personnes ensituation de handicap ».

Le développement inclusif local:une solution pour lutter contrel’exclusion des personnes en situa-tion de handicapPar le biais de ce projet, les pouvoirspublics prennent en considération lesbesoins spécifiques des personnes ensituation de handicap dans leurs poli-tiques ; et les personnes en situationde handicap acquièrent les moyensde devenir des citoyens à partentière, participant pleinement a lavie sociale et au développement deleur communauté

Durée: 2008 - 2011

Budget: 750.000 euros

Budget: Objectif spécifique Mieux structurées et sensibilisées à la ques-tion du handicap les associations membresdu réseau de la FAHM, en partenariat avec lesautres acteurs locaux, développent desactions et des services inclusifs en faveur despersonnes en situations de handicap.

Maitres d’œuvre du Projet: Handicap International (France) ; Fédérationdes Associations des Handicapés Moteurs(FAHM) –Alger

Pour en savoir plus:

Handicap International >http://www.handicap-international.fr/

Délégation Européenne en Algérie >http://eeas.europa.eu/delegations/algeria/index_fr.htm

EU Neighbourhood Info Centre portail théma-tique – Société Civile & Autorités Locales >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14&lang_id=469

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30 Projets en Marche - Voisinage Sud

La Libye n’a pas besoin d’argent mais d’expertise

Bain de foule en Tripoli pour Catherine Ashton,qui rencontre les enfants de la ville (Photo par EEAS © European Union)

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Que fait actuellement l’UE pour aider le peuplelibyen à instaurer un régime démocratiquedans leur pays ? La société civile est l’un des prérequis essentiels àla transition démocratique et à la stabilisationd’un pays. Et une grande proportion des projetsque nous mettons en œuvre en Libye mettentprécisément l’accent sur la société civile. Noustenons aussi beaucoup à participer aux efforts dedéveloppement de l’administration publique. Pourbien fonctionner, une démocratie doit pouvoirs’appuyer sur une administration publique effi-cace, garante de l’État de droit et de l’accès descitoyens aux services publics. Dès lors, outre levolet de coopération avec la société civile, nousaidons aussi le pays à renforcer ses institutionspubliques, qui, sous le régime de Kadhafi, n’étaientpas dirigées de la même façon que dans la plupartdes autres pays.

Quel est le statut de la société civile en Libyeet quelle est la contribution apportée par l’UEdans ce domaine ? Rares sont les organisations européennes de lasociété civile qui connaissent déjà la Libye, et pourles partenaires du développement, il s’agit véritable-ment d’une terra incognita. Les ONG libyennes sontatypiques, elles sont peu nombreuses et pour laplupart, non structurées. C’est la raison pourlaquelle nous les soutenons. Nous avons déjà lancésept programmes axés sur la société civile et avonsrécemment organisé un Forum UE-Libye de lasociété civile, dans les villes de Tripoli et deBenghazi, afin d’aider les organisations libyennes eteuropéennes de la société civile à mieux seconnaître. Ce Forum a été un succès ; il a réuni autotal plus de 300 organisations libyennes et 30 orga-nisations européennes de la société civile. L’échanged’idées a été fructueux, au point que quelquesnouveaux partenariats sont en voie de création.

Quelle est la priorité centrale de la coopérationeuropéenne en Libye ? Notre première priorité, que nous partageonsd’ailleurs avec d’autres partenaires internatio-naux, est d’aider les Libyens à prendre consciencede ce qu’ils doivent faire pour instaurer unesociété démocratique qui fonctionne normale-ment. Certes, nous dégageons des fonds pour laLibye, mais ce dont ce pays a besoin avant tout,c’est d’expertise. Nous devons utiliser les sommesdisponibles pour catalyser les mesures queprendra le gouvernement pour normaliser la situa-tion dans le pays. Nous suivons une doubleapproche. D’une part, nous tentons de répondreaux besoins immédiats avec un soutien ponctuelet d’autre part, nous développons des évaluationsdes besoins pour promouvoir des changements àmoyen terme.

Comment cette aide se traduit-elle sur leterrain ? Nous mettons actuellement en œuvre 12programmes pour un montant total de 30 millionsd’euros et avons affecté 50 autres millions d’eurospour la période 2012-2013 au titre de l’instrumenteuropéen de voisinage et de partenariat (IEVP). Cessommes s’ajoutent aux 2 millions d’euros octroyés autitre du programme « Les acteurs non étatiques et lesautorités locales dans le développement » et aumillion d’euros au titre de l’Instrument européenpour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH). Nos activités se concentrent sur trois domainesprioritaires : le soutien au processus de transition(administration publique, société civile, réforme dela sécurité et État de droit), le développement de laqualité du capital humain (enfants, jeunes chômeurset santé) et la migration (droits des immigrés enLibye et des immigrés libyens à l’étranger). En ce quiconcerne le développement économique et social,un autre thème prioritaire, les activités ne démarre-ront qu’en 2013, sous la forme d’un soutien à la faci-litation des échanges, au développement du secteurprivé et aux PME.

Quel impact escomptez-vous ? Et quand cechangement sera-t-il perceptible sur le terrainselon vous ? Certains projets porteront directement leurs fruitspour les bénéficiaires. C’est le cas de notreprogramme de 2,4 millions d’euros axés sur le retourdes enfants à l’école et l’offre d’un soutien psycholo-gique et social aux enfants et aux enseignantsencore marqués par le conflit. Un autre exemple estle programme de formation professionnelle orga-nisé en coopération avec la Fondation européennepour la formation (ETF) destiné à répondre auxbesoins immédiats des jeunes chômeurs. Mention-nons également le programme « migration » àhauteur de 10 millions d’euros qui doit garantir laprise en compte des besoins des immigrés étrangersen Libye et des immigrés libyens en Égypte et enTunisie. Nous espérons aussi que nos programmesde soutien à la société civile pourront rapidementgénérer des résultats concrets afin que les organisa-tions bénéficiaires puissent vraiment commencer àjouer le rôle de surveillance qui est le leur, en appe-lant à la responsabilité du gouvernement. Parcontre, la transition démocratique et les réformesplus profondes mettront plus de temps à se mettreen place mais nous sommes convaincus que lesLibyens sont capables de relever ce défi.

La Libye participe-t-elle aujourd’hui à part entièreaux programmes de coopération de l’IEVP ? Oui, la Libye bénéficie de la coopération bilatéraledans le cadre de l’IEVP. En ce qui concerne nos programmes régionaux,nous souhaitons réellement qu’ils restent ouverts à

la participation de la Libye afin de pouvoir norma-liser nos relations avec ce pays dans le cadre de nosrelations régionales avec les voisins du Sud. La Libyeest désormais invitée à participer à tous lesprogrammes de coopération régionale, et certainesactivités ont d’ailleurs déjà commencé, comme lacoopération interuniversitaire s avec le programmeTempus. D’autres seront développées dans un avenirproche, en fonction des disponibilités des homo-logues libyens. La Libye est également éligible à TAIEX, un instrumentdédié à l’échange d’assistance technique. D’autres fonds lui sont également accessibles autitre des lignes budgétaires thématiques. Durant ledeuxième semestre 2012, nous lancerons le premierappel à propositions pour le soutien aux organisa-tions libyennes de la société civile.

Comment l’action de l’UE en Libye est-elleperçue sur le terrain ? Nos activités sont perçues positivement et l’on notechez nos partenaires un intérêt considérable pourles échanges d’expérience et la mise en place departenariats. Toutefois, notre visibilité est encoreinsuffisante et nous devons nous employer àpromouvoir nos activités vers un public plus large.Ce manque de visibilité est également lié à l’absencede médias réellement en mesure de diffuser lesmessages auprès des citoyens. Nous apportons doncnotre soutien aux médias, notamment en vue desélections, par le biais de programme de formationdes journalistes à leur travail dans le contexte desélections.

Dans quels domaines la coopération euro-péenne avec la Libye se développera-t-elleselon vous au cours des années à venir ? Cette question est prématurée. Pour l’instant, nousnous concentrons sur les besoins immédiats et àmoyen terme mais lorsqu’une certaine stabilité serarevenue, nous devrons nous asseoir autour d’unemême table avec les membres du gouvernementlibyen et définir avec eux quelles doivent être nospriorités communes. Malgré tout, la société civile,l’État de droit ainsi que l’économie, le commerce etla migration resteront les thèmes prioritaires de cesprochaines années.

Quel est le principal défi pour l’UE en Libye ? Nous nous heurtons surtout au manque d’expé-rience de l’administration publique. Le gouverne-ment ne dispose pas de ressources humainessuffisantes pour reconstruire le pays.

Projets en Marche - Voisinage Sud 31

Entretien avecAndrew Jacobs

et Fabienne BessonneUnité de coordination géographique pour le Sud du voisinage à la DG EuropeAid

Andrew Jacobs dirige l’Unité de coordination géogra-phique pour le Sud du voisinage et Fabienne Bessonneest Desk Officer pour la Libye à la DG EuropeAid

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32 Projets en Marche - Voisinage Sud

L’UE et le printemps arabe: aider la nouvellegénération à bâtir une société nouvelle

“Notre but n’est pas de lancer des révolutions mais plutôt de nousassurer que les révolutions ne soient pas volées aux peuples”déclare Marcus Cornaro, Directeur chargé du voisinage pour la DGEuropeAid, dans un entretien accordé à l'EU Neighbourhood InfoCentre au sujet de la réaction de l’Union européenne aux événements du ‘Printemps arabe’.(Photo by Al Hayat Centre, Mohammad Ben Hussein, ©EU/Neighbourhood Info Centre)

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Quelle est la réaction de l’UE face au “Prin-temps arabe”?L’UE reconnaît l’importance des pays du voisinagedu sud et des événements qui ont lieu dans larégion, ce qui explique sa réaction rapide aux chan-gements amenés par le Printemps arabe et aux défisde la transition politique et économique dans larégion. Cette situation a permis à l’UE de revoir sonapproche vis-à-vis de la coopération avec les payspartenaires dans la région, en accordant une impor-tance particulière à la volonté du peuple, et en s’as-surant que leurs révolutions correspondent à leursaspirations.

Quelles sont les actions qui ont été menées parl’UE?Plusieurs actions et décisions ont été mises enœuvre afin de faire face à cette situation chan-geante. Un financement supplémentaire d’unmilliard d’euros a été approuvé pour l’ensembledes pays du voisinage. Ce montant vients’ajouter aux 5,7 milliards d’euros déjà prévuspour 2011-2013. En somme, l’UE a augmentéson financement pour la coopération avec lespays du voisinage du Sud de 20%. Il s’agit d’unemesure compensatoire et d’un acte de générositéen temps de crise. Grâce à l’effort conjoint de laCommission et des états membres, les fonds ontété redistribués et réduits dans d’autresdomaines afin d’augmenter le financement pourla région du Sud de la Méditerranée. De plus, ilest important de souligner également que lesfonds supplémentaires ne représentent qu’unepartie d’une offre plus large qui comprend d’au-tres avantages, notamment un meilleur accès aumarché et une mobilité accrue.

Sur quels programmes vous êtes-vous concen-trés?Ce financement supplémentaire comprend unnouvel ensemble de mesures pour le voisinage duSud, notamment un nouveau programme –L’Aide au partenariat, aux réformes et à la crois-sance inclusive (SPRING) – doté d’un budget de350 millions d’euros pour 2011 et 2012 ; uneFacilité de soutien à la société civile pour le voisi-nage (tant au sud qu’à l’est), d’un budget de 12millions d’euros pour les pays voisins du Sud en2011 ; ainsi qu’un financement de 82,5 millionsd’euros pour le renforcement des programmesErasmus Mundus et Tempus pour la période2011-2013.

Comment ces ressources supplémentaires ont-elles été utilisées sur le terrain ?En Tunisie par exemple, l’UE a soutenu le processusélectoral et fournit des conseils pour la réforme dusystème judiciaire. Le Programme d’appui à larelance (PAR) a été mis en œuvre grâce à un finan-cement de l’UE de 100 millions d’euros, qui vients’ajouter aux prêts de 900 millions d’euros accordéspar les autres partenaires. Un autre programme de20 millions d’euros vise à faciliter le processus detransition démocratique en réduisant les inégalitéssociales dans les régions défavorisées en Tunisie eten accordant un soutien aux institutions de micro-finance. La Tunisie a déjà obtenu un financement de 20millions d’euros dans le cadre du programmeSPRING, en plus des 10 millions d’euros pour lesoutien à la relance économique au pays, et de 10millions d’euros pour les priorités de la reforme. Ilest attendu que l’Égypte, la Jordanie, le Liban et leMaroc bénéficient également du programmeSPRING en 2012.

Quelle est la situation actuelle de la Libye?La Libye est maintenant éligible au financementrégional même si le pays a toujours un statut spécialet que le plan d’action de l’UE pour la Libye n’atoujours pas été finalisé. Trois programmes princi-paux ont déjà été signés: un programme de coopé-ration pour le renforcement des capacités mis enœuvre par une ONG européenne, une facilité d’as-sistance technique pour le gouvernement libyen,ainsi qu’une initiative de soutien aux activités encoopération avec l’Organisation internationale pourles migrations (OIM). De plus, les journalisteslibyens ont bénéficié d’une formation dans le cadredu Réseau du journalisme du voisinage européen, etdes projets de l’UE pour la lutte contre le SIDA ontété mis en œuvre dans le pays.

Quel est l’impact attendu sur les citoyens?Les actions menées par l’UE visent à répondre auxattentes des citoyens et à soutenir les pays parte-naires dans la construction de systèmes démocra-tiques; en d’autres termes à permettre aux citoyensde jouir des valeurs démocratiques comme la libertéd’expression, d’association et de la presse, mais aussid’avoir accès à un système judiciaire plus équitableet plus indépendant. Les programmes visant larelance économique faciliteront la création d’em-plois et de petits commerces, tandis que lesprogrammes d’éducation et de formation technique

ont été élaborés afin de permettre aux jeunes d’ac-quérir des compétences plus adaptées et de favoriserleur accès à l’emploi.

Si vous deviez citer une initiative pour chaquepays…En Tunisie, le progrès économique demeure unequestion fondamentale, tandis qu’en Libye, l’accentdoit être mis sur l’assistance et le renforcement descapacités de la société civile. En Égypte, le gouver-nement de transition a souligné les besoins urgentsdans le domaine du logement, tandis que la coopé-ration avec la Jordanie est plus axée sur la formationtechnique et l’emploi des jeunes. En ce qui concernele Maroc, un protocole entre l’UE et le Maroc est surle point d’être signé afin de réussir le statut avancé.

Quels sont les principaux défis?Je dirai que les défis résident dans l’application duprincipe de différenciation puisque l’UE a l’intentionde s’assurer que les besoins et les priorités de chaquepays sont bien pris en compte, et aussi dans notrecapacité à réagir en temps opportun. Par exemple,la Libye n’a toujours pas de gouvernement et aurabesoin d’un soutien important dans tous lesdomaines avant que la situation se rétablisse. Dansle cas de la Syrie, la situation est très préoccupanteet l’UE a suspendu sa coopération avec le pays,excepté dans le cadre des programmes ErasmusMundus et Tempus.

Quelles sont les trois priorités pour 2012?La création d’emploi et offrir aux jeunes des opportu-nités pour se construire une vie meilleure sont, sansaucun doute, la première priorité pour 2012.La seconde est l’amélioration des capacités de lasociété civile dans les pays partenaires ainsi que lerenforcement de son rôle et de sa participation dansle dialogue politique et la responsabilité publique.Une troisième priorité consiste à considérer lanouvelle approche de coopération de l’UE avec lespays du voisinage ‘more for more’, plus d’aide pourplus de réformes, comme une opportunité plutôtqu’une conditionnalité supplémentaire. Cetteapproche est fondée non seulement sur les engage-ments des différents partis concernés, sur la respon-sabilité mutuelle, et sur un principe plus fort enmatière de différenciation en ce qui a trait auxbesoins des pays, mais aussi sur l’engagement del’UE à atteindre le changement démocratique et lacroissance économique.

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Entretien avec Marcus CornaroDirecteur chargé du voisinage pour la DG EuropeAid

Cet entretien a été réalisé en 2012

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Environnement

Un pécheur tunisien sur les rives dulac de Bizerte, Tunisie (photo par EPA©EU/Neighbourhood Info Centre).

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ENVIRONNEMENT > ISRAËL

Les entreprises se mettent au vert

La sensibilisation àl’environnement estinsuffisante. La pauvreté esten hausse. D’autres problèmessont considérés comme plusurgents. Néanmoins, lagestion des déchets commenceà s’imposer sur les agendaspolitiques partout dans lemonde, même dans les régionsdéchirées par les conflits.Dans de nombreuses villesarabes en Galilée et dans deszones urbaines palestiniennesde Cisjordanie,l'environnement est à ce pointdégradé qu'il constitue unemenace pour la santé. Uneinitiative financée par l’UEsoutient les autorités localesdans leur combat pouraméliorer la gestion desdéchets et la sensibilisation dupublic. Les résultats sontimpressionnants : même leshommes d’affaires se joignentà la cause.

TEL AVIV – « Les déchets ? Ils sont partout et, plus le temps passe, plus ils s’en-tassent. La seule véritable solution consiste à mieux sensibiliser nos citoyens à cetteproblématique. » Baker Awawdy est le directeur général de la Galilee Society, la plusgrande organisation de défense environnementale du secteur arabe en Israël. Nousnous trouvons dans la ville de Shfaram, qui date de l’Empire romain. Elle s’étendsur plusieurs collines qui surplombent la baie de Haïfa et compte environ 35 000habitants. Lorsque vous vos promenez à travers le village, il est difficile de ne pasvoir les immondices qui s'étalent sur les trottoirs. Les déchets font désormais partiedu paysage de ce village arabe de l’État moderne d’Israël : ils sont visibles, ilssentent et ils dérangent. Mais comment résoudre ce problème ? Le projet « Renforcement des Capacités desAutorités locales pour la modernisation écologique » est une initiative soutenue parl’UE qui a pour but de développer la capacité des autorités locales à prévenir ou àréduire les déchets, à les recycler ou à les réutiliser. La « Galilee Society » est un parte-naire majeur mais aussi le promoteur de ce projet, mis en œuvre au nom de la ville deShfaram et en collaboration avec le PENGON (réseau environnemental palestinien)et l’Institut bulgare de modernisation écologique. « Green cities » est l’un des 21 projets financés dans le cadre du programme régionalCIUDAD, une initiative dotée de 14 millions d’euros qui vise à aider les gouvernementslocaux du voisinage de l’UE à s’attaquer durablement aux problèmes liés au dévelop-pement urbain.

n Décharge illégale dans le village de Sakhnin

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« Nous mettons tout en œuvre pourtrouver une solution à l’élimination desdéchets qui respecte l’environnement »,explique Baker Awawdy, le directeur duprojet. « Il s'agit d’un problème très gravequi affecte la vie des villageois. »

Points de recyclage dans les écolesDans de nombreuses villes arabes densé-ment peuplés en Galilée et dans des zonesurbaines palestiniennes en Cisjordanie, lesconditions environnementales sont tellesqu'elles constituent une menace pour lasanté. Cette situation s’explique par le faitqu’en Israël, les municipalités arabes ontgénéralement des budgets municipaux

plus réduits et des services urbains moinsbien organisés. En outre, le public n’estque peu conscient des bons principes degestion des déchets. En Cisjordanie, lesgouvernements locaux sont confrontés àd’importantes restrictions économiqueset politiques. Par exemple, alors que 41 %des déchets solides y sont organiques, seul1 % est recyclé. Et 69 % sont mis endécharge à l’air libre. « Le projet tente de mettre en œuvre uneapproche globale pour résoudre ce problème», poursuit M. Awawdy, « c’est-à-dire enprenant plusieurs facteurs en compte. Ils’agit d’un problème complexe qui exige unesolution complexe. Mais en premier lieu, ilfaut changer les mentalités : beaucouppensent en effet encore que la solution doitvenir des autorités uniquement. »Des activités de sensibilisation sont doncmenées auprès du public en vue d'amé-liorer la compréhension et les connais-sances relatives au sujet. « Nous avonsdivisé toutes les communautés danslesquelles nous travaillons en huitsecteurs », commente M. Awawdy. « Danschacune d'entres elles, nous avons créé uncomité spécial en charge du projet. Danschaque école, nous avons mis en place un

comité éducatif. Notre objectif est demieux sensibiliser les élèves à l'impor-tance du tri des déchets. Un point de recy-clage a été installé dans chaque école. Lesdéchets y sont triés et une entreprise derecyclage vient chercher les déchets enplastique. Dans chaque village, nousmettons en place des événementsspéciaux, comme « A day for the planetEarth » (« Une journée pour la planèteTerre »). Nous avons aussi mis en place

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ENVIRONNEMENT > ISRAËL

« Les déchets ? Ils sontpartout et, plus le tempspasse, plus ils s’entassent.La seule véritable solutionconsiste à mieux sensibiliser les citoyens àcette problématique. »

n Impliquer les enfants : conférence à l'école primaire d'El Gadir

« Un point de recyclage aété installé dans chaqueécole. Les déchets y sonttriés et une entreprise derecyclage vient chercher lesdéchets en plastique. Danschaque village, nousmettons en place desévénements spéciaux,comme A day for theplanet Earth »

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une plateforme qui réunit les responsa-bles de district qui sont actifs à l’échelongouvernemental. L’idée est de faciliter lacommunication entre les différentesautorités gouvernementales. » Le projet a pour but d'améliorer l'élimina-tion des déchets grâce, entre autres, à laformation des autorités locales. « Nousrenforçons les capacités du gouvernementlocal à traiter ce problème », déclare M.Awawdy, «nous les encourageons donc àfaire respecter les lois, à élaborer des plansstratégiques, à développer une sensibilitéenvironnementale spécifique. » Dans le cadre du projet, des initiativesspéciales sont aussi menées, en associa-tion avec les autorités religieuses. « Uneconférence réunissant 30 imams se tientactuellement dans le village de Pki'in »,précise M. Awawdy, « Leur message seratransmis à plus de 20 000 personnes.C’est ce qu’on appelle de l’influence ! »

Des cours pour les instituteurs maternels – et les entreprisesMais la situation est complexe, d’autantque les problèmes surgissent à plusieursniveaux. D’abord, c'est la première foisque le thème de la sensibilisation auxdéchets et à l’environnement est abordé.Le public est très peu conscient de cetteproblématique et il n’est pas facile de luiexpliquer pourquoi et comment lescommunautés peuvent bénéficier desefforts en faveur de l'environnement. Lapauvreté est également très importante.Les problèmes personnels et communau-taires sont considérés comme plusurgents que ceux relatifs aux déchets. À

l’école, les instituteurs se concentrentprincipalement sur les résultats scolaireset non sur les défis environnementaux... « Il y aussi beaucoup de tensions politiquesà l’échelon local », témoigne Mai Assadi,coordinateur environnemental du projetpour le village de Sakhnin, « mais le projetne traite pas des conflits politiques ».“« Je collabore avec diverses organisa-tions », ajoute M. Assadi, « j'ai par exempledonné plusieurs conférences dans des orga-nisations de femmes. Une quinzaine departicipantes étaient présentes à chacuned’entre elles. J’ai également organisé unatelier pour 30 femmes, où je leur ai appriscomment recycler. Je donne aussi des coursà des instituteurs maternels, j’organise desateliers dans des écoles primaires... Lesnouvelles générations vont grandir enétant plus sensibilisées à l'environnementque leurs aînés. »Mais d’autres secteurs sont intéressés : lemonde de l’entreprise, par exemple »,conclut M. Awawdy. « Certaines personnesnous appellent pour rendre leur entrepriseplus « verte »... Le centre commercial deSakhnin, entre autres, a demandé notresoutien. J’y ai donc rencontré les proprié-taires des 25 magasins et je leur ai suggéréun plan de travail pour économiser lescartons d’emballage… Nous donnons une

série de conférences sur le réchauffementclimatique dans le centre commercial et lepublic est nombreux. Je pense que noussommes en train de changer les choses. »

Texte et photos par Yair Qedar©EU/Neighbourhood Info Centre

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ENVIRONNEMENT > ISRAËL

n Baker Awawdy n Mai Assadi

« Les nouvelles générationsvont grandir en étant plussensibilisées à l'environne-ment que leurs aînés. »

CIUDAD – Développement urbaindurablehttp://www.ciudad-programme.eu/Vise à aider les gouvernements locauxde la région de l’IEVP à s’attaquer dura-blement aux problèmes de dévelop-pement urbain, en encourageant lacoopération entre les acteurs locaux etleurs homologues de l’UE

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban,Maroc, Syrie, Territoire palestinien occupé,Tunisie (Sud), Arménie, Azerbaïdjan, Belarus,Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine (Est)

Durée: 2009 - 2013

Budget: 14 millions d’euros

Objectifs: Le programme « Coopération en matière dedéveloppement urbain et dialogue »(CIUDAD) entend promouvoir la compréhen-sion mutuelle, le dialogue et la coopérationentre les acteurs locaux de l'UE d’une part etdes pays partenaires de l'Est et du Sud duvoisinage (IEVP) d’autre part. Il assure à ceteffet le renforcement des capacités pour lamodernisation et le renforcement des gouver-nements locaux et régionaux. Il vise égale-ment à mettre en place de nouveauxpartenariats et à renforcer les partenariatsexistants entre autorités locales et régionalesde la région de l’IEVP (sud-sud, est-est et sud-est) afin de pérenniser les réalisations au-delàde la durée de vie du programme.

Pour en savoir plus:Fiche du projet >http://www.enpi-info.eu/maineast.php?id=310&id_type=10 (en anglais)

Mini-site de TourMedEau >http://www.open-med.eu/portal/fr/ms_TOURMEDEAU.wp

Société civile et autorités locales – portailthématique >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14&lang_id=469

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TUNIS – Située à quelques encablures de laville et à une soixantaine de kilomètres dela capitale Tunis, le lac de Bizerte - anciennebase navale - offre aux visiteurs une vueimprenable. Ce lac, qui communique avec laMéditerranée grâce à un chenal de sept kilo-mètres, occupe une position stratégique eta permis à la région de bénéficier d’ungrand nombre d’opportunités d’investisse-ments. Ce n’est pas un hasard que l’Etattunisien et des opérateurs économiquesavaient misé sur les potentiels de cettelagune naturelle pour implanter autourd’elle un complexe sidérurgique, une cimen-terie, un chantier naval, des pêcheries etbien d’autres activités qui génèrent desbénéfices certains mais également d’unepollution préoccupante.

Montagnes de déchets ménagers et industrielsEn effet la ville et le bassin souffrentbeaucoup d’une dégradation de l’environ-

nement en raison de l’accumulation d’unesérie de facteurs polluants en dépit d’unelégislation environnementale nationalebien étoffée. La ville de Menzel Bourguibaest confrontée à un problème crucial,celui du rejet de déchets industriels prove-nant de l’usine sidérurgique Al Fouladh,de rejet de déchets domestiques, et detoutes sortes de rejets liquides liés à l’ac-tivité portuaire. Qui plus est, la région nepossède pas encore d’infrastructureadéquate pour l’évacuation des eauxpluviales, en particulier les canalisations.Le constat des dégâts sur les lieux estcatastrophique. Des montagnes dedéchets ménagers et industriels jonchentles bordures du lac à telle enseigne quel’unique plage a non seulement perdu soncharme mais fut décrétée interdite à labaignade.Pour M. Taieb Nefzi, chef de la délégationspéciale de la municipalité (mairie) deMenzel Bourguiba, limitrophe du bassin

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ENVIRONNEMENT > TUNISIE

Bizerte, unelagune à sauvegarder

De loin, le lac de Bizerte offreune vue imprenable. Mais ense rapprochant de cette lagunenaturelle, on découvrel’ampleur des dégâts : unepollution inquiétante en raisond’une activité industrielleanarchique et d’un manquede sensibilisation de lapopulation. L’optimisme estcependant permis grâce à unprojet intégré soutenu parl’Union Européenne quipermettra au lac de changerde visage.

n Un pécheur tunisien sur les rives du lac de Bizerte

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« la situation est difficile malgré l’engage-ment de plusieurs associations quiessayent de limiter les dégâts, d’autantplus que tous les moyens matériels de lamunicipalité ont été saccagés durant larévolution. ». Et il ajoute: « Si on neparvient pas à une solution radicale, onne fera que reporter les échéances ». Desmembres de la société civile et du tissuassociatif viennent de tirer la sonnetted’alarme suite à la prolifération visible decertaines allergies dues à la pollution etégalement d’un certain nombre de cas decancer. M. Badreddine Jemaa, présidentde l’Association tunisienne de santé etd’environnement, ne cache pas sa déter-mination de tout mettre en œuvre pouratténuer les souffrances des habitants de

la région. « Avant le 14 janvier 2011 (datede la révolution tunisienne) les associa-tions avaient un rôle symbolique, maisaujourd’hui nous vivons un climat quinous permet de parler et de faire parvenirnotre voix. Nous avons créé cette associa-tion et nous sommes en train de rassem-bler tous les documents et les photos quivont nous permettre d’agir. »

Une maturité environnementale trèsforte en TunisieEn fait la solution a été trouvée dans lecadre d’un « Programme intégré d'inter-ventions de dépollution dans le bassinversant de la lagune de Bizerte et de sesenvirons, pour la restauration de larichesse et de la qualité de ses eaux etécosystèmes ». Ce programme fait partied’une initiative régionale euro-méditerra-néenne (HORIZON 2020) qui se proposede réduire d’une manière sensible lesniveaux de pollution de la mer Méditerra-néenne avant l’année 2020 pour favoriserun développement socioéconomiquedurable et améliorer la qualité de vie descitoyens de la région.Estimé à environ 80 millions d’euros (soit160 000 dinars tunisiens) le projet seraco-financé par la Banque européenne

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ENVIRONNEMENT > TUNISIE

« Aujourd’hui nous vivonsun climat qui nous permetde parler et de faire parvenir notre voix. Nous sommes en train derassembler tous les documents et les photosqui vont nous permettred’agir… »

n Un marin tunisien récolte des moules

n A Tunisian sailor harvesting mussels

« Nous comptons sur uneaction parallèle que les autorités publiques devraient promouvoir afind’élargir le champ d’inter-vention du projet et rendreses résultats plus durables »

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d’investissement (BEI) à raison demaximum 50% et par le gouvernementtunisien, auxquels pourront s’ajouter lescontributions d’autres partenaires euro-péens. M. Nick Marchesi, chef de lamission de préparation du projet dedépollution du Lac de Bizerte, sous lasupervision de la BEI, a effectué plusieursvisites techniques dans la région. Il coor-donne une équipe d’experts locaux etinternationaux. Il explique : «Suite à unephase d’actualisation du diagnostic de lasituation, nous sommes actuellement austade d’étude de faisabilité pour offrirtoutes les conditions nécessaires au finan-cement du projet par la Banque». M.Marchesi estime que le projet est réali-sable et devrait démarrer cette année, unefois l’accord entre la Banque et le gouver-nement tunisien concrétisé. « Il existe enTunisie une maturité environnementaletrès forte en comparaison avec d’autrespays. Ce projet permettra de trouver unesolution radicale à ce problème dans lecadre d’une stratégie globale de dévelop-pement qui offrira à la région la possibi-lité de se débarrasser une fois pour toutesde cette pollution. Plusieurs interven-tions sont à effectuer – continue M.Marchesi - je cite la mise à niveau de

toutes les infrastructures polluantesinstallées autour du Lac de Bizerte dontla décharge de Menzel Bourguiba, la réha-bilitation des réseaux d’assainissement, laréduction des émissions atmosphériquesliquides et solides de l’usine d’Al Fouladh,et de la cimenterie. » M. Stefano Corrado,chargé des questions environnementalesau sein de la Délégation de l’Union euro-péenne, ajoute « Certes le projet nepourra pas s’attaquer à toutes les sourcesde pollution existantes au niveau de cevaste territoire et des solutions auto-nomes devront être recherchées pour lesphénomènes de pollution diffuse prove-nant de secteurs tels que l’agriculture etle transport. Nous comptons néanmoins- il continue - sur une action parallèle queles autorités publiques devraient promou-voir afin d’élargir le champ d’interventiondu projet et rendre ses résultats plusdurables. Il s’agira de tenir compte de ladémarche participative initiée par leprojet et d’utiliser les résultats du diag-nostique environnemental approfondiqui vient d’être réalisé. »L’amélioration générale de la situationautour du lac va se répercuter sur laqualité des eaux de la lagune qui vont serenouveler ainsi naturellement. « Il est enoutre prévu – termine M. Marchesi - uneopération de dragage de sédiments depollution organique au niveau de larégion Menzel Jemil, limitrophe du Lac ».Il est vrai qu’un problème de cette enver-gure nécessite sans aucun doute uneenveloppe financière substantielle, maisrien ne peut aboutir sans la contributionréelle et efficace et l’engagement de tousles habitants des régions limitrophes dulac et sans des dispositifs efficaces deveille environnementale, permettant de

limiter toute action susceptible de nuireaux écosystèmes et au patrimoine envi-ronnementale de la région. La participa-tion de toutes les parties prenantes àniveau local et national a été fortementencouragée par l’équipe de projet de laBEI, dirigée par Mme Monica Scatasta, etcela depuis le débuts du processus depréparation de projet en 2010. L’implica-tion de tous sera sûrement un élémentfondamental afin d’assurer la pérennitédes impactes positifs du projet.

Textes par Lotfi TOUATIPhotos par EPA ©EU/Neighbourhood Info Centre

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ENVIRONNEMENT > TUNISIE

« Il existe en Tunisie unematurité environnementaletrès forte en comparaisonavec d’autres pays. Ce projet permettra detrouver une solution radicale à ce problème »

n Une vue du lac de Bizerte, contaminé par la pollution

Horizon 2020http://www.h2020.net/Les gouvernements euro-méditer-ranéens se sont fixés commeobjectif de s'attaquer aux sourcesmajeures de pollution de la Médi-terranée d'ici 2020 au travers del'initiative Horizon 2020

Piliers de l’action de Horizon 2020• Projets visant à réduire les sources les plus

significatives de pollution : les émissionsindustrielles, les déchets municipaux etles eaux usées urbaines, responsables de80 % de la pollution de la mer Méditer-ranée.

• Mesures de renforcement des capacitéspour aider les pays limitrophes à créerdes administrations environnementalesnationales capables de développer lalégislation environnementale et de veillerà son application.

• Utilisation du budget « Recherche » de laCommission en vue de renforcer lesconnaissances environnementalespropres à la Méditerranée et en assurerleur diffusion.

• Développement d'indicateurs visant àmesurer le taux de réussite d'Horizon2020.

Pour en savoir plus:

Site web du programme H2020:http://www.mehsip-ppif.eu/index_main.cfm

Page web du projet:http://www.mehsip-ppif.eu/proj_view.cfm?proj_id=283

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BEYROUTH - « Moi, je veux sauver les gens comme Superman », murmure unpetit garçon à son camarade qui lui répond malicieusement : « Et moi, je veux êtresecouriste pour réanimer les filles et leur faire du bouche-à-bouche ». Cette conversation a lieu entre deux écoliers du collège des Apôtres à Jounieh, suiteà une séance de présentation du CD-ROM éducatif. Distribué par la Défense Civilelibanaise aux écoles du pays, dans le cadre d’un projet financé par le programmeeuropéen "PPRD South" (Programme euro-méditerranéen de prévention, de prépa-ration et de réponse aux catastrophes naturelles et d’origine humaine) - et qui estaussi mis en œuvre dans plusieurs autres pays méditerranéens, partenaires del’Union européenne - ce CD-ROM vise à développer des mécanismes de préventionaxés sur la sensibilisation des citoyens et notamment des jeunes.Le Liban est une terre propice aux tremblements de terre, tsunamis, inondationsou feux de forêts. Sans oublier les épidémies, les accidents domestiques, etc.Pour faire face à ces catastrophes potentielles et, dans le cas de certaines, lesprévenir, la Défense civile libanaise - qui intervient généralement en situation decrise - a décidé de sensibiliser une tranche importante de la société, à savoir lesenfants de 7 à 12 ans. Le but ultime étant la création d’une culture de protectioncivile axée sur la prévention et la gestion des risques.

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ENVIRONNEMENT > LIBAN

Que faire en cas de séisme ?Je l’apprends grâce à un jeuUn CD-ROM qui vise àdévelopper des mécanismesde prévention en matière deprotection civile axés sur lasensibilisation des jeunes :distribué aux écoles par laDéfense civile libanaise à125.000 exemplaires – dansle cadre du Programmeeuro-méditerranéen deprévention, de préparationet de réponse aux catas-trophes naturelles et d’origine humaine (PPRDSouth) – ce jeu éducatif a étéchoisi pour son côté inter-actif. Le but du jeu est d’ap-prendre à gérer les différentsdangers qui menacentchaque citoyen dans sa viequotidienne, réagir aux accidents qui peuventsurvenir à la plage ou sur laroute, aux séismes et incendies. Le jeu peut aussiêtre téléchargé gratuitementsur Internet : on estimeainsi que près de 250.000enfants bénéficieront de ceprojet au Liban.

n Des élèves de CM2 du Collège des Apôtres participant avec enthousiasme à une séance deprésentation d’un CD-ROM éducatif de la Défense Civile

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Un jeu éducatifPour ce faire, un jeu éducatif sur CD-ROM a été choisi comme support. « Lejeu est plus efficace pédagogiquement.Le côté interactif rend l’informationplus attractive pour l’enfant, beaucoupplus qu’un support classique comme lelivre ou le film documentaire », expliqueKarim Abi Saleh, le concepteur du CD,et programmateur à Wixel studios, unesociété locale spécialisée dans laprogrammation de jeux. « Résoudre lesproblèmes du jeu permet de développerdes réflexes adéquats dans la vie de tousles jours », ajoute-t-il.« Le but du jeu est de savoir gérer les diffé-

rents dangers qui menacent chaquecitoyen dans sa vie quotidienne. Des acci-dents qui peuvent survenir à la plage, à lamontagne, à la maison, sur la route, etmême, les catastrophes d’ordre naturelcomme les séismes, les incendies, etc. »,ajoute pour sa part, un responsable de laDéfense Civile libanaise. Le jeu est divisé en étapes de plus enplus difficiles. Et pas moyen de passer àune nouvelle étape sans avoir gagné laprécédente. Afin de stimuler lesenfants, une phase ultérieure duprogramme devrait permettre de s’ins-crire en ligne sur le site de la Défensecivile libanaise, et de partager son scoreavec les autres joueurs. Et les gagnantspourraient décrocher une récompensesymbolique pour les encourager,affirme ce responsable.L’un des jeux qui a particulièrement inté-ressé les écoliers du collège des Apôtresest celui relatif aux dangers qui peuventavoir lieu à la plage ou autour d’unepiscine. « Il ne faut pas oublier la crèmesolaire », crie une petite fille. Ni lechapeau, ajoute un garçon. « Il faut s’hy-drater régulièrement », affirme un autre.Une autre fille, l’air sérieuse, déclaresolennellement qu’il ne faut jamais

descendre à l’eau sans la surveillance d’unadulte. Par contre, les enfants ne savaientpas du tout comment réagir en cas deséisme. « Grace au CD, je sais maintenantqu’il faut se mettre sous le porche de laporte en cas de tremblement de terre.Mais les séismes, c’est au Japon, pas cheznous ! », explique un garçon à samaitresse. Cette dernière lui expliquealors que le Liban subit régulièrement dessecousses sismiques…

Le caractère libanais du CDConçus en arabe, français et anglais,125.000 CD devraient être distribués

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ENVIRONNEMENT > LIBAN

« Grace au CD, je saismaintenant qu’il faut semettre sous le porche de la porte en cas de tremblement de terre.Mais les séismes, c’est auJapon, pas chez nous !! »

« Je suis ravie que mesfilles découvrent ce CD.Non seulement elles s’amusent, mais elles apprennent à se protégeraussi »

n Un membre de la Défense Civile libanaise se préparepour une mission

n Exercice de simulation : que faire en cas de tremblement de terre dans une école

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sur tout le territoire libanais, dans lesécoles privées et publiques. Les jeux,précise la direction générale de laDéfense civile, peuvent également êtretéléchargés gratuitement sur internet,et les enfants peuvent en faire descopies à volonté. On estime ainsi queprès de 250.000 enfants bénéficierontde ce jeu. Une autre caractéristique dece jeu est le caractère libanais de l’envi-ronnement choisi, avec une ville coincéeentre la mer et la montagne. « On aégalement choisi des noms arabes pourles personnages du CD, afin qu’ils puis-sent entre compatible avec la culturedes enfants. Ils joueront ainsi avec Raedet Leila », affirme M. Abi Saleh.

Apprendre et partagerMaria, dix ans, est une écolière en CM2.Elle joue régulièrement avec sa petitesœur, Clara, huit ans, au CD. Ellespartagent aussi leurs découvertes etleurs exploits avec leurs parents etamies. Désormais, elles mettenttoujours la ceinture de sécurité quandelles montent en voiture avec leur père.« Et je ne mets plus ma main hors du

véhicule », ajoute Maria. Les deux sœurssavent aussi qu’il faut placer le radiateurélectrique loin d’objets pouvant bruler.Pour le responsable de la Défense civile« le CD apprend aux enfants à être plusvigilants et plus responsables quand ilsfont des activités à la maison ou enpleine nature : comment bien éteindrele feu, ramasser les bouteilles, etc. » Cetambitieux projet dont le lancement aété accompagné d’une campagne dansles médias, semble déjà porter sesfruits. « Je suis ravie que mes filles

découvrent ce CD. Non seulement elless’amusent, mais elles apprennent à seprotéger aussi », conclut la mère deMaria et Clara.

Texte et photos par: Antoine Ajoury©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 43

ENVIRONNEMENT > LIBAN

« Résoudre les problèmes du jeu permetde développer des réflexesadéquats dans la vie detous les jours »

n Maria, sa petite sœur Clara et leur mère découvrent ensemble les jeux du CD

Protection Civile (PPRD South)http://www.euromedcp.eu/Programme de prévention, depréparation et de réaction auxcatastrophes naturelles et d’originehumaine (PPRD Sud)

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire Palestinien Occupé, Syrie,Tunisie, Albanie, Bosnie-Herzégovine,Croatie, Monténégro et Turquie. La Mauri-tanie a un statut d’observateur .

Durée: 2009 - 2013

Budget: 5 millions d’euros

Objectifs: Le « Programme de prévention, de prépara-tion et de réaction aux catastrophes natu-relles et d’origine humaine » (PPRD Sud)contribue à l’amélioration des capacités despays partenaires méditerranéens en matièrede protection civile au niveau international,national et local. Fort des résultats obtenusdans le cadre de deux programmes précé-dents, ce programme participe au dévelop-pement d’une culture de la protection civilereposant sur la prévention plutôt que sur laréaction. Il travaille en coopération avec lesautorités de la protection civile des payspartenaires, et sa gestion a été confiée à unconsortium regroupant les autorités de laprotection civile d’Italie, de France, d’Égypteet d’Algérie, ainsi que la Stratégie internatio-nale de prévention des catastrophes, desNations unies (SIPC).

Pour en savoir plus:

Fiche PPRD Sud > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=245&id_type=10

EU Neighbourhood Info Centre >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=6&lang_id=469

Page 46: Projets en Marche

JÉRUSALEM - Amjad Kanaan, capitainechez les pompiers palestiniens, ne cachepas sa joie. Content du type de formationdans lequel il s’est investi, il parle de cesjeunes avec lesquels il a passé deux mois:«Ces élèves sont notre avenir. Lesregarder, c’est voir naître une nouvellegénération.»

Des renforts en cas de catastropheCette formation, qui a été organisée dansle cadre du recrutement de jeunes volon-taires pour la défense civile du Territoire

palestinien occupé et qui a été financée autitre du programme européen PPRD-Sud(www.euromedcp.eu), a ciblé 10 000élèves palestiniens âgés de 13 à 17 ans enCisjordanie. Ce critère d’âge a été retenu,car les adolescents s’intéressent davan-tage que d’autres groupes de la société auxactivités de défense civile et représentent,selon les statistiques officielles, le pour-centage le plus élevé de la populationpalestinienne. Au total, 11 778 élèves ontsuivi cette formation, un chiffre nette-ment supérieur aux objectifs des organi-

sateurs et des instructeurs. Ces élèves,filles et garçons, viennent de 577 écolesdu Territoire palestinien occupé. Les coor-données de tous les élèves qui ont suivi laformation sont enregistrées dans la basede données du siège de la Défense civile.Ces cours ont en effet été conçus pourfaire de ces élèves un corps supplémen-taire au service de la protection civile. Cescours portent sur la défense civile, lespremiers soins et les secours ainsi sur queles interventions en cas d’incendie, d’ac-cidents de la route, de sauvetage en mer,

44 Projets en Marche - Voisinage Sud

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

«J’ai appris à dompter ma peur du feu»

n Un exercice incendie

Ils ont appris à éteindre des incendies, à porter les premiers secours, à intervenir en cas de noyade et àfaire des évacuations en cas de tremblements de terre: plus de 11 000 élèves, scolarisés dans 577 écoles,ont suivi le programme de formation de protection civile avec le soutien de l’UE dans le Territoirepalestinien occupé. En cas d’urgence, ces jeunes sont désormais les premiers à intervenir — avant mêmel’arrivée des équipes de la Défense civile — ou viennent en renfort des services d’urgence. Ils ont nonseulement acquis des compétences pratiques, mais ils ont aussi été amenés à se découvrir une autreaptitude: la confiance en soi.

Page 47: Projets en Marche

d’inondations, de noyades, de tremble-ments de terre et d’évacuations. En casd’urgence, les élèves seront immédiate-ment mobilisés, soit en tant quepremières unités d’intervention — c’est-à-dire avant l’arrivée des équipes offi-cielles de la Défense civile — soit en tantque renforts.Scolarisé au lycée pour garçons de Beth-lehem, Mohammad Abiyat, 15 ans, a été

très impressionné par la formation qu’il asuivie avec d’autres garçons de son lycée.Il se dit désormais capable d’intervenirdans certaines situations d’urgence.Depuis la formation, il a effectué une

réanimation cardio-respiratoire sur unhomme âgé qui a perdu connaissance enrue. Une autre fois, il a senti une odeur degaz dans l’immeuble où il se trouvait: il aimmédiatement demandé à tout lemonde d’ouvrir les fenêtres et a faitappeler les secours. «Je suis fier de moi»,s’enorgueillit Mohammad, «j’ai l’impres-sion d’avoir sauvé des vies». Un exercicede défense civile a été organisé dans sonlycée, sans avertissement préalable. Dèsque les sirènes ont retenti, les membresde l’unité d’intervention d’urgence ontcoupé les arrivées d’eau et de gaz. Quellescène spectaculaire que de voir les 584élèves du lycée sortir de leur classe pourse rassembler dans la cour en 25 secondesà peine. Sans blessés. Ni cohue, ni tempsperdu.

«Je me sens différente»À Qalqilya, dans le nord de la Cisjordanie,Taghrid Hassan, 17 ans, explique qu’ellen’aurait jamais cru avoir le courage desuivre une telle formation. «Au début,j’avais vraiment très peur. Mais voir mesamis y participer m’a donné du courage,et j’ai décidé d’y assister. Maintenant, jeme sens tout à fait capable de porterassistance à quelqu’un», confie Taghrid.Et d’ajouter que cette formation a eu unautre impact sur elle: «Je me sens diffé-

rente, je me découvre une autre person-nalité, plus aguerrie peut-être. Et j’aimeça.» À la question de savoir ce qu’elleentend par «plus aguerrie», elle nousrépond: «Je ne suis plus la petite filletimide et fragile du quartier.» Outre la formation des jeunes, les unitésde la protection civile de l’Autorité pales-tinienne font de leur mieux pour sensibi-liser la population à la nécessité derespecter les principes élémentaires desécurité. En matière de sensibilisation,leur action consiste à informer la popula-tion sur ce qu’il y a lieu de faire en cas decatastrophe. Leila, 17 ans, vient du villagede Wadi Fukin, à la périphérie ouest deBethlehem. Elle a eu très peur lors de sapremière journée de formation: «J’écou-tais l’instructeur nous parler d’incendie,et j’ai pris peur. J’ai la phobie du feu. J’aifailli abandonner, mais je me suis dit quece serait peut-être le meilleur moyen desurmonter ma phobie.» Leila utilisedésormais un extincteur sans problème.

Projets en Marche - Voisinage Sud 45

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

«Au début, j’avais vraimenttrès peur. Mais voir mesamis y participer m’a donnédu courage, et j’ai décidé d’y assister. Maintenant, je me senstout à fait capable de porterassistance à quelqu’un»

«Je me sens différente. Je ne suis plus la petitefille timide et fragile duquartier»

n Des adolescentes palestiniennes en formation, dans le district de Bethlehem

Page 48: Projets en Marche

Le jour où un exercice incendie a eu lieudans son école, elle s’est immédiatementemparée de l’extincteur de ses mainsmenues pour le braquer sur le pneu quibrûlait. Il ne lui a fallu que quelquessecondes pour éteindre l’incendie.

Pas assez d'extincteursCette formation sert (aussi) à aider lesparticipants à dépasser leurs peurs et à

entrer dans une autre dimension d’inté-gration sociale, surtout en cas de crise,lorsque les gens savent qu’ils doivents’entraider. À cet égard, cette formationrapproche les élèves palestiniens et leurfamille de la Défense civile et les fami-liarise avec sa culture, ce qui les rendplus à même de réagir en cas de catas-trophe. Malgré ces accomplissements,les responsables de la formation sontconvaincus qu’ils auraient pu fairemieux s’ils avaient obtenu tout le maté-riel de formation dont ils avaientbesoin. Les services de protection civilen’avaient pas suffisamment d’extinc-teurs, alors que les élèves devaients’exercer à éteindre des incendies. Lesecteur privé local leur a fait don d’unecentaine d’extincteurs qu’ils ont dûrassembler. Le secteur privé a égalementfourni gracieusement d’autres supportsde formation: projecteurs, tableaux deconférence et papier. Ces dons ontrévélé la réalité du sous-équipement desservices de protection civile, mais ils ontaussi montré les liens étroits existantentre la Protection civile et le secteurprivé. En fin de compte, c’est la sociétépalestinienne dans son ensemble quibénéficie de la formation. «Nous espé-rons poursuivre ce programme», insistele Lieutenant-colonel MohammadBeiruti, dans son bureau de Ramallah,siège de la Protection civile. «Nousavons connu des difficultés financièreset des problèmes d’équipement, c’estvrai, mais nous sommes tout à faitrésolus à poursuivre dans cette voie à

l’avenir», confie-t-il. Il dit espérer quel’UE maintiendra son engagement etétendra le soutien déjà accordé.

Texte et photos de Elias Zananiri©EU/Neighbourhood Info Centre

46 Projets en Marche - Voisinage Sud

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

«J’écoutais l’instructeurnous parler d’incendie, etj’ai pris peur. J’ai la phobiedu feu. J’ai failli abandonner, mais je mesuis dit que ce serait peut-être le meilleur moyende surmonter ma phobie»

n Une équipe d’entraineurs du Département de la Défense Civile

n Un exercice d’évacuation dans une école de Cisjordanie

Programme PPRD-Sudwww.euromedcp.euProgramme pour la prévention, lapréparation et la réponse auxdésastres naturels et humains

Pays participantsAlbanie, Algérie, Bosnie-Herzégovine,Croatie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Monténégro, Territoire palestinienoccupé, Syrie, Tunisie et Turquie. La Mauri-tanie a un statut d’observateur.

Durée: 2009 - 2013

Budget: 5 millions d’euros

Objectifs: Le programme pour la prévention, la prépa-ration et la réponse aux désastres naturels ethumains (PPRD-Sud) vise à contribuer audéveloppement et au renforcement descapacités de protection civile dans les payspartenaires de la Méditerranée, à l’échelleinternationale, nationale et locale. S’ap-puyant sur les travaux réalisés au cours desdeux premiers programmes, il contribue audéveloppement d’une culture de la protec-tion civile qui est plus axée sur la préventionque sur la réponse et consiste à travailleravec les autorités en charge de la protectioncivile dans les pays partenaires. Il est géré parun consortium constitué par les autoritésitaliennes, françaises, égyptiennes et algé-riennes en charge de la protection civile ainsique par les services des Nations unies encharge de la stratégie internationale pour laprévention des catastrophes (UNISDR).

Pour en savoir plus:

Fiche du programme – Page du pays > http://www.euromedcp.eu/fr/pays/territoire-palestinien-occupe.html

Fiche du programme - EU NeighbourhoodInfo Centre >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=251&id_type=10&lang_id=469

Portail thématique «Société civile & autoritéslocales» >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14

Page 49: Projets en Marche

JERUSALEM – Comment les chouettespeuvent- elles donc apporter quelquechose de positif à l’agriculture ? Dans unpremier temps,les agriculteurs se sontmontrés plutôt incrédules. Au début d’unnouveau programme d’aide aux agricul-teurs palestiniens de six villages de lavallée du Jourdain, l’Union européenne adû surmonter une barrière culturelle. Eneffet, les représentants de l’UE et leurspartenaires locaux ont eu bien du mal àconvaincre les agriculteurs que leschouettes sont bonnes pour leurs terres.Car dans la culture arabe, cet animal estsymbole de perte et de ruine. Avant, fermiers et agriculteurs utilisaientbeaucoup de pesticides chimiques. Maisaujourd’hui, ce programme leur expliqueque s’ils abandonnent l’utilisation de pesti-cides, ils pourront s’ils le souhaitent selancer dans l'agriculture biologique. Une

possibilité qu’envisagent aujourd’hui aumoins 13 000 agriculteurs palestiniens dela vallée du Jourdain. Si les chouettespeuvent offrir une alternative moderne auxpesticides chimiques, c’est car celles-ci senourrissent de souris et de rats dès la nuittombée. Durant la journée, en pleinelumière du jour, les crécerelles prennent lerelais, en se régalant elles aussi de rongeurs. « Les rapaces et la dératisation en tantque modèle de gestion durable desressources dans la vallée du Jourdain » estun projet d’une durée de trois ans mis enœuvre au titre du programme « Partena-riat pour la paix », financé par l’Unioneuropéenne. L’initiative vise à préserverla qualité environnementale et l’équilibreécologique dans la vallée du Jourdain. Demême, l’objectif général du projet estd’améliorer la coopération et le dialoguedurable entre les Arabes et les Israéliens

Projets en Marche - Voisinage Sud 47

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

Une bonne recette pour l’agriculture? Des chouettesplutôt que des pesticides Au début d’un nouveauprogramme d’aide auxagriculteurs palestiniens dela vallée du Jourdain,l’Union européenne et sonpartenaire ont dûsurmonter une barrièreculturelle. Comment leschouettes peuvent-elles doncapporter quelque chose depositif à l’agriculture ? Dansla culture arabe, cet animalest en effet symbole de perteet de ruine. Mais au fil dutemps, les premiers résultatssont apparus. Éloquents. Etles agriculteurs commencentà être convaincus que cetoiseau peut constituer uneexcellente alternative auxpesticides chimiques…Parallèlement, entravaillant ensemble dans lecadre de ce projet, desorganisations jordaniennes,palestiniennes etisraéliennes encouragentune culture favorisant lacompréhension et ledialogue dans cette régiontroublée.

n La Palestine Wildlife Society informe l’audience de l’évolution du projet

Page 50: Projets en Marche

dans la vallée du Jourdain, afin derenforcer la participation de la sociétécivile à la consolidation de la paix.

Dans les villages palestiniens, la vien’est guère facile De nombreux villages de Cisjordanie sontactuellement confrontés à une offre deservices clairement insuffisante : l'accès àl'eau, l'assainissement, les routes, lesécoles, les hôpitaux ou les cliniqueslocales, tous les secteurs sont touchés. Cesproblèmes sont encore aggravés par untaux de chômage élevé qui a un impactdésastreux sur les agriculteurs et leursfamilles, confrontés à des taux de pauvretéde plus en plus élevés. Quant aux vivestensions avec l’occupant israélien, ellesdominent le quotidien des Palestiniens. Avec ce projet – coordonné par la FondationHanns Seidel et mis en œuvre par des orga-nisations jordaniennes, palestiniennes etisraéliennes – l’UE espère encourager ladurabilité environnementale des pratiquesagricoles tout en améliorant les conditionsd'une coexistence pacifique dans la région.La Société israélienne de protection de lanature, la Wildlife Society palestinienne etle Centre pour la paix et le développementà Amman veillent à ce que les agriculteursutilisent ces rapaces vingt-quatre-heuressur vingt-quatre. Grâce aux échanges quoti-diens, les partenaires s’emploient égale-

ment à promouvoir une culture basée sur lapaix et le dialogue dans cette région ensouffrance. Nasser Ali, le directeur deprojet, qui représente la Fondation HannsSeidel, explique : « L’idée est de mener desactivités conjointes, de mettre en œuvre unplan conjoint pour lutter contre l’utilisationdes pesticides ». Chaque partenaire est tenunon seulement de travailler au sein de sonpropre territoire, mais aussi de préserver ledialogue et d’organiser des activités àl’échelon régional. Ce type de coopérationpeut nous aider à promouvoir le processusde paix. Un exemple concret ? Les échangesd’agriculteurs organisés entre les paysparticipants, qui leur permettent de serencontrer, » poursuit Nasser Ali. « C'estpour eux l'occasion de parler de leurspropres expériences, des défis qu'ils rencon-

trent, de la façon dont ils s'efforcent de lessurmonter.... Être confronté à desproblèmes communs permet de surmonterles différences. »

Renforcer les communautés Christian Berger, le représentant del’Union européenne, visite actuellementde nombreux villages des quatre coins dela Cisjordanie. Lors de sa visite dans levillage de Jiftlik, M. Berger a souligné« l'UE est résolument attachée à soutenirces régions de Cisjordanie : à l’heure ac-tuelle surtout, il est essentiel de soutenirles Palestiniens vivant dans des commu-nautés comme celles-ci. » Et de fait, Jiftlik et ses environs sont égale-ment la cible d’un second projet européen quivise à aider les citoyens ordinaires à défendreleurs droits et leur accès aux services. «Promouvoir le changement communautaire »est un projet d’une durée de trois ans dotéd’un budget d’un peu plus de 500.000 euros.Mis en œuvre par Oxfam Grande-Bretagne, ila pour objectif global de donner aux Palesti-niens la possibilité de participer au processusde décision et de défendre leurs droits au seinde la communauté. Les bénéficiaires de cetteintervention vivent dans les villages extrême-ment pauvres de Jiftlik, Fasayel, Uja, Walajeh,Jaba’a et Zbeidat, en Cisjordanie. « Ce projetse propose d’aider les habitants de cescommunautés à prendre conscience de leurs

48 Projets en Marche - Voisinage Sud

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

« L’UE est résolument attachée à soutenir ces régions de Cisjordanie : àl’heure actuelle surtout , ilest essentiel de soutenir lesPalestiniens vivant dansdes communautés commecelles-ci. »

n Des femmes de Al-Walaja regardent les activités pratiquées dans l’école

Page 51: Projets en Marche

droits et à les exercer au niveau local, » pour-suit M. Berger. « Ils apprendront commentapprocher les autorités locales pourdemander un accès équitable aux services.L’accent est mis principalement sur desméthodes de communication et de coopéra-tion adaptées. » Selon Joan Summers, directrice d’Oxfam

Grande-Bretagne dans le pays, les personnesbien informées et motivées comprennentplus facilement que tout le monde estconcerné par ce qu’il se passe, ce qui est parti-culièrement important lorsqu’on essaie defaire vivre une famille dans des circonstancesaussi difficiles. Ces agriculteurs ont besoind’un avenir meilleur et d’une communautéplus forte, a-t-elle déclaré. Aider les gens ordi-naires à avoir accès au processus de décisionest essentiel si l'on souhaite renforcer lescommunautés. L’UE met en œuvre ce programme avecplusieurs partenaires locaux parmilesquels Palestinian Vision (PalVision),l’Ansar Centre for Children, l’Initiativepalestinienne pour la promotion dudialogue mondial et de la démocratie(MIFTAH) et le Centre d’études féminines.Les représentants de ces organisationstravaillent en coopération avec desconseils communautaires, des organisa-tions locales, des femmes, des jeunes et

d'autres acteurs de la communauté afinnotamment de mettre en place descommissions communautaires. En coopé-ration avec les autorités locales, cescommissions s’emploient ensuite à identi-fier les besoins de la communauté toutentière. Un manuel du citoyen, définis-sant les droits et les services, sera égale-ment préparé dans le cadre du projet. «L’UE est profondément attachée àsoutenir ces zones défavorisées, » conclutM. Berger, ajoutant que ce projet est aucœur de cet objectif européen. C’est en

donnant aux communautés locales lesmoyens de prendre conscience de leursdroits et de les exercer qu’il sera possiblede changer réellement et durablement lavie quotidienne des Palestiniens. »

Texte par Elias ZananiriPhotos par Mounes Abu Shilbayeh,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 49

ENVIRONNEMENT > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

« C’est en donnant auxcommunautés locales lesmoyens de prendreconscience de leurs droits etde les exercer qu’il serapossible de changer réellement et durablementla vie quotidienne des Palestiniens. »

« Ils parlent de leurspropres expériences, desdéfis qu'ils rencontrent, de la façon dont ils s’efforcent de lessurmonter… Êtreconfronté à des problèmescommuns permet de surmonter les différences. »

n Les personnes âgées et les plus jeunes de lacommunauté regardent les activités exécutéesdans l’école

Projets en faveur de la paix auProche-Orient (Partenariat pourla paix)Soutient les initiatives locales etinternationales de la société civile enfaveur de la paix, de la tolérance etde la non-violence au Proche-Orient

Pays participantsIsraël, Jordanie, Territoire palestinien occupé

Durée: Continu

Budget: Budget annuel compris entre 5 et 10millions d’euros

Objectifs: Le « Partenariat pour la Paix » de l’UE soutientdes initiatives dans les secteurs susceptiblesd'avoir un impact direct sur le quotidien et lebien-être des personnes, y compris les acti-vités pratiques visant à promouvoir lacommunication et la compréhensionmutuelle. Les projets incluent la définition etla mise en œuvre de mécanismes de gestiondes conflits et l'éducation des communautésà la promotion de la paix. Le Partenariat euro-péen pour la paix entend aussi renforcer etconsolider les relations et la coopérationdirectes avec la société civile, fondées surl’égalité et la réciprocité entre les Israéliens,les Palestiniens et les autres Arabes. Enmoyenne, 15 projets sont sélectionnéschaque année, chacun pour une durée maxi-male de 36 mois. La contribution financièrede la CE est comprise entre 50.000 et 500.000euros. La « Dératisation à l'aide de rapacescomme modèle de gestion durable desressources dans la vallée du Jourdain auservice du processus de paix au Proche-Orient » est un de ces projets.

Pour en savoir plus:

EU Neighbourhood Info Centre fiche de projet >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=106&id_type=10&lang_id=469

Dialogue politique - Portail thématique >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=3

Page 52: Projets en Marche

Culture

Le château de Shobak en Jordanie fait partie d’unprojet à long terme pour la rénovation du site(Photo par Mohammed Ben Hussein©EU/Neighbourhood Info Centre).

Page 53: Projets en Marche

TANGER – La fin du parcours est une fête: les enfants des écoles d’Okba Bnou Nafiî,Abdellah Guennoun, Fatem Fihriya, AlKhansae et Hassan I se sont fait beaux afinde clore en beauté une belle opération quia pour objectif de faire prendre conscienceaux Tangérois, petits et grands, de l’impor-tance de leurs anciennes portes en bois. Ilsse donnent rendez-vous pour faire la fêteavec leurs parents à l’intérieur du musée la

Kasbah de Tanger, un bâtiment magiquequi fait face à l’océan et récemmentrénovée. L’enceinte fait office de salle d’ex-positions de dessins réalisés par les enfantseux-mêmes afin de passer ce message tantimportant : Ne touchez pas à nos portes enbois ! Le projet « Siwa & Tanger » - financépar l’Union Européenne dans le cadre duprogramme Euromed Heritage 4 - est misen place par l’ONG italienne COSPE. Les

enfants, dont la plupart vivent dans l’an-cienne médina, suivent tous leurs coursdans des écoles publiques de Tanger dontune, est située au milieu de la Médina.

Frappant aux portes des propriétaires « Dans chaque école, nous avons impliquédes enfants âgés de 11 ou 12 ans suivantleurs cours dans une classe de la

Projets en Marche - Voisinage Sud 51

CULTURE > MAROC

Ne touchez pas à ma porte en bois!

n La petite Hasna devant une vieille porte en bois dans la Medina de Tanger

C’est l’histoire d’une aventure qui a rassemblé enseignants, élèves d’écoles publiques, parents d’élèves,directeurs d’écoles, animateurs et conservateurs de musée pour un seul et unique objectif: sauver lesportes en bois de la Médina de Tanger. Reportage sur place.

Page 54: Projets en Marche

cinquième ou de la sixième année. Laclasse est encadrée par leur enseignant.Chaque classe a suivi huit séances detravail », explique d’emblée Ilaria Conti,responsable du programme au sein deCospe. La première séance a été gérée parla conservatrice du musée de la kasbahafin d’initier les enfants à l’architectureurbaine et domestique. La deuxièmeséance a été dédiée aux visites intramurosdans l’ancienne médina, de la maisonAbdellah Guennoun et du Riad Sultanafin de montrer aux enfants ce que c’estune maison traditionnelle. Visite extra-muros au menu de la troisième séance :les enfants ont exploré les mille et unefacettes du Palais Moulay Hafid, une desmaisons les mieux conservés du royaumeet où se tient annuellement le salon dulivre de Tanger. Place aux portes pour laquatrième séance avec un cours de forma-tion administré encore une fois par laconservatrice du musée de la kasbah. «Pour la cinquième séance, nous avonsdonné des appareils photos jetables auxenfants et nous leur avons demandé deprendre des photos des anciennes portesen bois de la médina. C’était en mêmetemps une occasion de les initier à laphotographie », explique Mme Conti. Les enfants se sont regroupés lors de lasixième séance afin de concevoir des ques-tionnaires à administrer aux habitants dela médina. Objectif : répondre à la ques-tion « Pourquoi certains habitants de lamédina préfèrent changer leurs portes enbois ? ». « Nous avons élaboré les ques-

tionnaires ensemble, avec les enfants etles enseignants », insiste Fatema, éduca-trice à Cospe. Septième séance : lesenfants se sont improvisés enquêteurs etont procédé aux interviews de plus de 200habitants de la médina. « Les résultatssont très positifs. Ceux qui ont des portesen bois sont satisfaits de leurs portes.Plus encore, les habitants de la médina deTanger sont conscients que les portes enbois font partie du patrimoine de la villeet de l’identité de l’ancienne médina »,assure Ilaria. Ultime séance : une séancede dessin et conception de messages desensibilisation sur la protection desportes en bois. « C’est une opération quis’est bien passée, explique AbdelhakJibet, instituteur à l’école Abdellah Guen-noun, les enfants ont eu un sentimenttrès fort surtout après la visite au PalaisMoulay Hafid. La séance réservée à laphotographie a été également unmoment fort de cette formation. Moi-même, je ne croyais pas qu’il y avaitautant de portes en bois à la médina. Lesenfants ont fait plus de 150 photos de

52 Projets en Marche - Voisinage Sud

CULTURE > MAROC

«Nous avons donné des appareils photos jetablesaux enfants et nous leuravons demandé de prendredes photos des anciennesportes en bois de la médina ».

« Le regard de l’enfant estmagique, rigolo, mais enmême temps très protecteur de l’environnement et dupatrimoine »

n Les enfants de Tanger interviewent les habitants de la Médina

n La réaction des habitants de la Medinaaux activités du projet était très positive

Page 55: Projets en Marche

portes en bois alors que l’on n’a pas visitétoute la médina. »

Le regard de l’enfant est magique ettrès protecteur…En cette après-midi ensoleillée au muséede la kasbah, on va procéder au vote finalqui déterminera les messages et lesdessins les plus populaires afin d’en fairedes cartes postales. Les dessins illumi-nent la salle, et les messages sont clairs etprécis. Jugez-en vous-mêmes : « Matkichbabi » (ne touche pas à ma porte), « lesanciennes portes en bois nous gardentbien » ou encore « les anciennes portes enbois font partie de notre vie et de patri-moine ». En plus des cartes postales, lesinitiateurs du projet prévoient le lance-ment d’un jeu didactique et interactif surle patrimoine architectural de la médinade Tanger. « Ce qui est le plus intéressant dans ceparcours, c’est le rapport qu’entretiennentles enfants avec l’architecture. Le regard

de l’enfant est magique, rigolo, mais enmême temps très protecteur de l’environ-nement et du patrimoine. Nous sommesvraiment agréablement surpris du résultatfinal », s’exulte à juste titre Fatema. Laréaction des habitants a été très positivepuisqu’ils se sentaient concernés par cetteinitiative. « Ce genre d’initiatives devraitêtre multiplié dans d’autres secteurs dupatrimoine comme pour les vieillesmaisons, le zellige, le bois ou encore le

carrelage, afin que nos enfants prennentconscience de leurs racines », conclue àjuste titre, l’enseignant Abdelhak Jibet.

Texte de Hicham HoudaifaPhotos de Karim Selmaoui, Hicham Chafadi,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 53

CULTURE > MAROC

« Les habitants de la médina de Tanger sontconscients que les portes enbois font partie du patrimoine de la ville et del’identité de l’ancienne médina »

n Beaucoup de ces portes ont plus de 100 ans

Euromed Heritage IVContribution à l’échange d’expé-riences sur le patrimoine culturel,création de réseaux et promotionde la coopération

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire Palestinien Occupé, Syrie,Tunisie

Durée: 2008 - 2012

Budget: 17 millions d'euros

Objectifs: Le programme facilite la coopération inter-disciplinaire, l’échange de bonnes pratiques,la formation, la création de réseaux, lesactions permettant de stimuler et derenforcer l’impact social et économique dupatrimoine culturel et enfin, l’améliorationdes cadres institutionnels et législatifs dupatrimoine culturel dans les pays partenaires.Une unité régionale de soutien et de gestion(RMSU) apporte son appui technique à 12projets, dont «Siwa & Tanger » fait partie.

Pour en savoir plus:

EU Neighbourhood Info Centre fiche duprojet > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=249&id_type=10&lang_id=469

Site web du projet >http://www.euromedheritage.net/index.cfm?lng=fr

ENPI fiche du Projet Euromed Heritage II et III >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=73&id_type=10&lang_id=469

Portail Thématique >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=10

Siteweb du COSPE >http://www.cospe.it/cospe/old/francais.php

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BEYROUTH – Samedi soir ordinaire àBeyrouth. Les salles de cinéma de la capi-tale libanaise sont archicombles. Lescentres commerciaux regorgent de jeunesavides de découvrir les derniers films dela saison. Seul bémol dans le paysage ciné-matographique libanais : une quasi-absence flagrante de films locaux, alors

que les productions américaines et euro-péennes envahissent le marché.Le même constat peut être fait si onregarde les programmations des télévi-sions arabes : peu de documentaire decréation de qualité des pays de la région.D’où l’intérêt pressant d’un programmecomme DOCmed, qui « vise à développer

les capacités des producteurs locaux etde leur trouver des ouvertures hors deleur pays, pour que leur travail puisseêtre connu et reconnu au niveau interna-tional », déclare Roula Kobeissi, coordi-natrice du programme, à Beyrouth.L’idée de DOCmed est née grâce à troispartenaires : Beirut DC (Liban), Eurodoc

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CULTURE > LIBAN

Recherche producteurs pourraconter le ‘printemps arabe’

Le « printemps arabe » pourrait-il être le moteur de créativité dans le paysage cinématographiqueméditerranéen ? Des pages entières de scénarii sont certainement en marche, mais encore faut-il que cesfilms documentaires puissent être produits. Et c’est là que le bas blesse: A Beyrouth – comme dans d’autrespays de la Méditerranée –les producteurs locaux qui puissent soutenir l’épanouissement du paysagecinématographique local font défaut. Et là intervient le programme européen DOCmed en proposant dedévelopper les capacités des producteurs locaux et de leur trouver des ouvertures hors de leur pays.

n La productrice libanaise Abir Hashem discute d’un tournage avec le cameraman

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(France) et Doc à Tunis (Tunisie), encoopération avec Arte France. Sonobjectif est clair : former des produc-teurs de pays arabes du sud de la Médi-terranée. Sa cible est facile :essentiellement les projets de documen-taires créatifs. D’une durée de 3 ans,(2011 à 2013) Docmed est issue d’unprogramme européen plus large,Euromed Audiovisuel III, dont le but estde contribuer au développement dusecteur cinématographique dans lespays du sud du bassin méditerranéen.

Un manque à combler En plein cœur de Furn el Chebbak, BeirutDC occupe le rez-de-chaussée d’un ancienimmeuble. Avec son petit jardin, sonbassin d’eau et ses volets rouges, sesbureaux contrastent avec le brouhahainsupportable de ce quartier populaire deBeyrouth. L’intérieur est une vraie rucheen ébullition. Lui aussi hyperactif, Jad Abikhalil, responsable de Beirut DC explique :

« Nous avons d’excellents projets quin’aboutissent pas à cause notammentd’une carence de formation des produc-teurs. Il existe aussi un manque de forma-tion dans la coproduction, alors qu’unegrande partie des films se fait aujourd’huien coproduction avec des pays européens.D’où l’intérêt de DOCmed pour la forma-tion à la coproduction dans le mondearabe et au Liban ».« On voit souvent le réalisateur porter lesdeux casquettes de producteur et réalisa-teur, alors qu’il serait plus efficace que le

réalisateur se concentre sur son travail, etqu’on laisse à un producteur profes-sionnel le soin et les moyens de faire sontravail ». Pour elle, c’est peut-être une desraisons principales du manque de produc-tion cinémato graphique importante auLiban. De plus, il n’y a pas assez de visibi-lité pour les films libanais sur le marchélocal, arabe et international. Le projetDOCmed est donc venu pour combler lesbesoins du cinéma arabe et libanais enmatière de production, afin de trouver dessolutions et aider les producteurs àassumer pleinement leurs rôles et fonc-tions. Dix producteurs ou producteurs/réalisateurs sont choisis chaque annéedans le cadre de ce programme cofinancépar l’UE. Les bénéficiaires doivent déjàavoir un projet en développement, maisdont la réalisation n’a pas encorecommencé.

Un programme de formation ‘visionnaire’Assise confortablement dans un cafébeyrouthin, entourée de ses collabora-teurs, Abir Hashem, travaille à « Solofilms » au Liban, une maison de produc-tion vieille d’une dizaine d’années. Elle estla productrice d’ «Asphalte », un docu-mentaire réalisé par Ali Hammoud sur leparcours de chauffeurs de poids lourds,du Liban jusqu’à Dubaï ou au Qatar, en

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CULTURE > LIBAN

« L’organisation d’un programme de formationpour les producteurs est, en soi, visionnaire. »

n La productrice libanaise Abir Hashem

n La coordinatrice libanaise de DocMed, Roula Koubeissi

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passant par la Syrie et la Jordanie. Selonelle, « l’intérêt majeur d’avoir des finance-ments est l’indépendance que celaprocure. Nous n’avons pas ainsi besoin denous diriger vers une télévision et subirses conditions, ses orientations idéolo-giques, ses immixtions dans les travauxdu film ». En présentant sa candidature à DOCmed,elle espérait avoir une chance de suivre unprojet de A à Z. « Quand on me demandeparfois, je réponds que je suis productricede A à C ou de C à D », affirme-t-elle dansun éclat de rire. « C’est donc une oppor-tunité énorme pour moi de mieux appro-fondir les méandres de ce métier encommençant par le financement jusqu’aupitching, en passant par le budget. L’ex-périence partagée par des professionnels

européens est donc d’une grande utilité »,ajoute-t-elle. Myriam Sassine, travaille à« Abbout productions », une maison deproduction créée en 1998. Myriamtravaille sur un film réalisé par CarineDoumit, intitulé « Journal d’un dépay-sement », un journal intime, sur l’his-toire de la réalisatrice et sa relation avecson pays, le Liban. «L’organisation d’unprogramme de formation pour lesproducteurs est, en soi, visionnaire. Lafonction de producteur de films n’estpas très connue dans les pays duProche-Orient. Il y a plein de réalisa-teurs, et pas assez de producteurs »,affirme-t-elle. « Le problème du Libanse pose également en Syrie et enAlgérie. Dans certains pays, comme auMaroc, il y a des fonds pour financer lesfilms, mais il n’y a pas assez de savoir-faire pour trouver le financementadéquat pour chaque production »,estime, d’autre part, Myriam.Toujours sur le plan régional, le prin-temps arabe fut d’une inspiration pour lesparticipants qui étaient très enthou-siastes lors de leur première session. « Ilsont pu ainsi partager leurs expériencespersonnelles et leurs espoirs communs.Les révoltes arabes étaient, si l’on peutdire, une motivation majeure qui a peséaussi positivement sur les projets desparticipants, surtout qu’il s’agit dans

notre cas de documentaires », conclutRoula Kobeissi.

Texte par Antoine AjouryPhotos par Nabil Mounzer,©EU/Neighbourhood Info Centre

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CULTURE > LIBAN

« L’intérêt majeur debénéficier de financementsexternes, européens, dansle cadre de DocMed, est depouvoir être indépendantvis-à-vis des pressions quepeuvent exercer certainesstations de télévision »

n La productrice libanaise Myriam Sassine à Beyrouth

Euromed Audiovisual IIIhttp://www.euromedaudiovisuel.netEuroMed Audiovisuel III contribue audialogue interculturel et à la diversitéculturelle en soutenant le dévelop-pement des capacités cinématogra-phiques et audiovisuelles dans lespays du sud de la Méditerranée

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie,Tunisie

Durée: 2009 - 2012

Budget: 11 millions d'euros

Objectifs: Ce programme vise à contribuer au dialogueinterculturel et à la diversité culturelle ensoutenant le développement des capacitéscinématographiques et audiovisuelles dansles pays partenaires. Il encourage la complé-mentarité et l’intégration des secteurs cinéma-tographiques et audiovisuels de la région,tout en visant à harmoniser les politiques etlégislations du secteur public.

Il s’appuie sur les réalisations d’EuroMedAudiovisuel I et Audiovisuel II pour exploiter lepotentiel d’un marché de l’audiovisuel endéveloppement dans la région et pour aiderles films méditerranéens à se tailler une placesur la scène mondiale.

Pour en savoir plus:

Fiche du projet DoCMed >http://euromedaudiovisuel.net/general.aspx?menu=1&treeID=11139&lang=fr&docu-mentID=11143

Beirut DC >http://www.beirutdc.org/beirutdc/default.aspx

EU Neighbourhood Info Centre - fiche projet >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=334&id_type=10&lang_id=469

Portail thématique >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=9

Page 59: Projets en Marche

AMMAN - « Vous voyez ce château-fort ? C’est un véritable miracle ». Chiara Marcotulli,archéologue italienne, passe au crible plusieurs strates de l’histoire alors qu’elle met aujour l’entrée du château de Shobak, place-forte millénaire des croisés situé au sud de laJordanie. Un site que les siècles ont progressivement détruit et recouvert de pierres etqui est loin d’avoir livré tous ses secrets. « Nous commençons seulement à comprendrequels ont été les grandes phases de l’histoire de ce château. C’est un site d’une grandesuperficie et les fouilles seront longues, » explique-t-elle.Chiara est l’une des nombreuses boursières en mission en Jordanie pour mettre au jource château qui pourrait révéler toute l’importance historique de la ville et aider à mettreen valeur les richesses d’une région oubliée. Doté d'une enveloppe de 14 millions d'euros,CIUDAD (Cooperation in Urban Development and Dialogue, Coopération en matière dedéveloppement urbain et dialogue), vise à promouvoir le dialogue et la coopération entreles acteurs locaux de l’UE et les pays partenaires du Sud et de l’Est du voisinage (régionde l’IEVP). Ces objectifs sont soutenus par un large éventail d’actions, parmi lesquellesle projet « Liaisons pour la croissance ». Soutenu par la Commission européenne àhauteur de 550.000 euros, il est mis en œuvre en Jordanie et en Arménie et entend aiderles zones marginales et développer le tourisme durable. En Arménie, le projet est misen œuvre dans les régions d'Ararat et de Vajots Dzor, et deux districts touristiques ontété identifiés : « L’Arménie est un superbe pays, doté d’un réel potentiel touristique »,explique Catia Segnini, directrice de FAR Maremma, partenaire italien du projet. « Etaujourd’hui, en coopération avec nos partenaires locaux, nous élaborons notre plan direc-teur d’urbanisme et mettons au point des séjours touristiques qui seront proposés auxacteurs concernés, par exemple les agences de voyage de l'UE. Ce projet a pour objectif

Projets en Marche - Voisinage Sud 57

CULTURE > JORDANIE

À la recherche de la Pétra médiévale

Faire le lien entre la cité roseet la forteresse des croisés,promouvoir le développementd’une communauté marginale,redécouvrir et mettre envaleur les richesses d’unerégion oubliée du sud de laJordanie : tels sont lesdifférents volets du projeteuro-méditerranéen « Liaisonspour la croissance ». L’objectif ?Faire de la ville de Shobak etde son château un nouveausite touristique du Royaume,aider les habitants à exploitersa riche histoire et développerle tourisme durable.

n Des touristes visitent l’ancienne forteresse de Shobak

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général d’attirer davantage de touristesdans le pays et, à terme, d'assurer un réelimpact sur le développement local ».Une vitrine pour le sud médiéval de laJordanieÀ Shobak, le projet multi-volets soutenupar l’UE a pour objectif de restaurer lechâteau, de le faire connaître dans lemonde occidental et de le faire découvriraux visiteurs de la région. « Grâce à notretravail, nous espérons bien mettre envaleur le sud médiéval de la Jordanie, »poursuit Chiara. « Shobak – explique-t-elle– était situé au milieu de la route reliant lenord de la Jordanie aux régions du sud,dont le port d'Aqaba et Pétra. » Perchée enhaut d'une colline, le château-fort deShobak a joué un rôle majeur dans l'his-toire médiévale du pays, puisqu'il a

notamment servi d'avant-poste au RoiBaudouin Ier de Jérusalem. Après un siègede deux ans, la place forte tombe auxmains de Saladin, en 1189. Le chefmusulman préserve la structure duchâteau et en fait un avant-poste decommandement pour la nouvelle capitalede la région. Plusieurs siècles plus tard, laville tombera progressivement dansl’oubli, négligée par les puissances régio-nales, avant de disparaître, laissant seulsles habitants avec leurs souvenirs de gloirepassée et leurs problèmes de pénurie delogement et de chômage.Guido Vannini, professeur d'archéologiemédiévale à l'université de Florence,explique que les liens qui pourront êtrenoués avec la cité rose sont la clé du succèsdu projet. « Nous essayons de relier Pétraà Shobak en donnant aux touristes desbonnes raisons – et les moyens – de faireune halte à Shobak. Historiquementparlant, les deux villes ont été liées et nousvoulons à présent rétablir ce lien » nousdit-il, rappelant que l'Université deFlorence a récemment organisé une expo-sition sur les liens entre Shobak et Pétra :« From Pétra to Shobak ». « Après l’expo-sition, l'afflux de touristes à Shobak aaugmenté de 23%, soit deux fois plus quedans les autres régions touristiques dupays ».Située à un jet de pierre de Pétra, Shobaka été négligée par les touristes en route

vers la cité rose, perle du secteur dutourisme en Jordanie. Un accord a déjà étéconclu entre le gouvernorat de Pétra et lamunicipalité de Shobak en vue de la créa-tion d'un réseau de transport reliantShobak et Pétra, qui accueille chaqueannée 800.000 touristes. Pour l’équipeitalienne, la visite du château compléteraà merveille l’itinéraire des milliers detouristes qui envahissent Pétra. Selon M.Vannini, le projet commencera à attirer lestouristes étrangers lorsque des infrastruc-tures appropriées (hôtels, restaurants,etc.) auront été mises en place. Le projet« Liaisons pour la croissance » s’articuleainsi autour d’un plan directeur d’urba-nisme qui vise à développer les abords dusite sans porter atteinte à l'infrastructurede base. « Notre plan d’urbanisme touris-tique – explique-t-il – est conçu comme unguide flexible pour le développementdurable du site, c'est-à-dire avec la mise enplace d'une infrastructure touristiquepréservant totalement les ressourceshistoriques. Dans quelques années, larégion pourrait se voir dotée d'itinérairestouristiques et d’un fléchage pour guiderles visiteurs sur le site. »

Émigrer pour trouver un emploi Pour l’instant, les visiteurs ne se bouscu-lent pourtant pas sur le site. Juste à côtéde la porte en bois du château, une petitesalle où attend le seul et unique guidelocal, Mohammad Rawashdeh qui nousexplique : « Les touristes préfèrent Pétra,plus glamour. Mais ce dont ils ne serendent pas compte, c’est que Shobak faitpartie intégrante de l’histoire de Pétra ».Cette ville de 15.000 habitants est nichée

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CULTURE > JORDANIE

« Nous essayons de relierPétra à Shobak en donnantaux touristes de bonnesraisons et les moyens defaire une halte au château.Historiquement, les deuxvilles étaient liées et nousvoulons à présent rétablirce lien. »

n L’archéologue italienne Chiara Marcotulli

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entre des collines couvertes d'oliviers et devignes. Au fil des décennies, la moitié deshabitants de Shobak sont partis pourAmman et d'autres villes pour trouver unemploi stable dans le secteur public. Ceuxqui sont restés ici nous expliquent que l’in-dustrie locale est inexistante. Dans la rueprincipale, Abu Odai, officier à la retraite de66 ans est assis sur un banc. Il se repose et

discute avec des amis qui terminent unelongue journée de travail. Il a vu sa villed’origine traverser de nombreuses crises. «Nous ne recevons pas beaucoup d’aide de lapart du gouvernement, » explique-t-il. « Cequ’il nous faut, ce sont des projets pourpersuader les habitants de rester ici et parti-ciper à la revitalisation de la ville qui se videlentement de ses habitants », poursuit-il.Et telle est précisément l’idée derrière ceprojet financé par l’UE : travailler avec desréseaux locaux afin de promouvoir lacoopération entre les communautésurbaines et marginales. Le projet a pourprincipe clé de promouvoir les synergiesen vue de la mise en place d'infrastruc-tures touristiques et de l’organisation deséjours. En créant des agences locales, lespartenaires définissent les caractéris-tiques et les priorités de leurs districtstouristiques, ils s’emploient à développerdes produits touristiques et élaborent desplans de marketing et de promotion.Il faudra des années avant que des fouillesminutieuses ne révèlent – peut-être – lessecrets de Shobak. D’ici là, le projet euro-péen « Liaisons pour la croissance » pour-rait offrir à la communauté localel’occasion de mettre au jour et de valoriserles richesses de cette ville oubliée du sudde la Jordanie.

Texte et photos de Mohammad Ben Hussein,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 59

CULTURE > JORDANIE

« Après l’exposition, l'afflux de touristes àShobak a augmenté de23%, soit deux fois plusque dans les autres régionstouristiques du pays. »

« Dans quelques années, la région pourrait se voirdotée d'itinéraires touristiques et d’unfléchage pour guider lesvisiteurs sur le site. »

n Un bédouin a été recruté par le gouvernement pour garder le château de Shobak

CIUDAD – Développement urbaindurable http://www.ciudad-programme.eu/index.phpVise à aider les gouvernementslocaux de la région de l’IEVP à s’atta-quer durablement aux problèmes dedéveloppement urbain, en encoura-geant la coopération entre les acteurslocaux et leurs homologues de l’UE

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie,Tunisie, Arménie, Azerbaïdjan, Belarus,Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine

Durée: 2009 - 2013

Budget: 14 millions d’euros

Objectifs: Le programme CIUDAD (« Cooperation inUrban Development and Dialogue – Coopéra-tion en matière de développement urbain etdialogue) entend promouvoir la compréhen-sion mutuelle, le dialogue et la coopérationentre les acteurs locaux de l’UE d'une part etdes pays partenaires du Sud et de l'Est du Voisi-nage (région IEVP) d’autre part. Il assure à ceteffet le renforcement des capacités pour lamodernisation et le renforcement des gouver-nements locaux et régionaux. «Liaisons pour lacroissance » est l’un d’eux.

Pour en savoir plus:

“Liaisons for growth” fiche projet >http://www.ciudad-programme.eu/grant.php?lang=4

CIUDAD – fiche >http://www.enpi-info.eu/maineast.php?id=310&id_type=10

EU Neighbourhood Info Centre - Société civile& autorités locales >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14&lang_id=469

EU Neighbourhood Info Centre - Lespersonnes derrière les projets : entretien avecFrank Samol - CIUDAD >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=313&id_type=6&lang_id=469

n Fouilles au château de Shobak

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JÉRUSALEM - Si la réalisation du premierdocumentaire semble être une tâche diffi-cile pour ceux qui aspirent à devenir desréalisateurs au Moyen Orient, c’estpresqu’une mission impossible pour lesrésidents de la bande de Gaza.Awatif Aljedaili, résidente du camp d’el-Bourej âgée d’une trentaine d’années,s’est vue refuser par Israël la permissionde quitter Gaza. Elle a eu également àaffronter l’hostilité des autorités duHamas à Gaza, qui avaient peur que sonfilm ne serve à encourager l’émigration.Mais elle s’est battue contre toute attente,et elle se trouve actuellement à Londresen train de mettre les dernières touches àson documentaire ‘Dans l’attente duParadis’, sélectionné pour participer à laprestigieuse école d’été qui se tient àAmsterdam en 2011 à l’occasion duFestival international du documentaire(IDFA).

Trois générations de pêcheurs dans uncamp de réfugiés Le sujet du film d’Aljedaili tourne autour detrois générations de pêcheurs originairesdu camp de réfugiés de Shati, et leurmanière de concevoir le conflit et la notionde patrie. Le grand-père a fuit Jaffa en 1948et possède toujours les clés de l’anciennemaison de famille, à laquelle il rêve deretourner un jour. Son fils est très occupépar sa survie au quotidien pour rêver derentrer. Le petit fils, quant à lui, considèreque le paradis est partout ailleurs sauf àGaza, et il a hâte de quitter le pays.L’idée est bonne, mais sans le projetGreenhouse, elle n’aura jamais pu prendreforme. Grâce au programme EuromedAudiovisuel financé par l’Union euro-péenne, Aljedaili a réussi à entrer encontact avec Greenhouse, basé à Tel Aviv,qui aide les réalisateurs à développer leursaptitudes et à lancer leurs films sur le

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CULTURE > ISRAËL

Un film entre Gaza et Londres:la mission impossible d’AwatifUne fille vivant dans un campde réfugiés à Gaza qui veutdevenir metteuse en scèneinternationale : ça peut biensembler une missionimpossible, mais cela est entrain de devenir une réalitépour Awatif Aljedaili,résidente du camp de réfugiésBourej, dont le film ‘Dansl’attente du Paradis’ a étésélectionné pour participer à laprestigieuse école d’été qui setient à Amsterdam en 2011 àl’occasion du Festivalinternational du documentaire(IDFA). Par le biais duprogramme EuromedAudiovisuel, financé parl’Union européenne, Awatif aréussi à suivre des séminairesde formation sur Skype, et àenvoyer les premiers extraitsde son film par internet… C’estl’histoire d’un rêve qui devientréalité.

n Une scène sur le plateau de tournage de « Cinq caméras brisées »

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marché international. Quelques 16projets et 21 réalisateurs originaires d’Al-gérie, de l’Égypte, de la Jordanie, d’Israël,du Liban, de la Palestine, du Maroc, et dela Tunisie ont été sélectionnés pour parti-ciper au projet de formation de Green-house cette année.Greenhouse organise trois séminaires aucours de l’année, et accorde un espaceculturel unique aux réalisateurs israélienset arabes pour leur permettre de commu-niquer et d’échanger leurs idées. Puisqu’on avait empêché Awatif de quitterGaza, son frère, Mohammed, résident de laCisjordanie, avait assisté aux séminaires àsa place, devenant ainsi le réalisateur dufilm. Awatif a participé au moyen de télé-conférences sur Skype et a été impliquéedans toutes les décisions clés qui ont étéprises. « Greenhouse m’a beaucoup aidé car,même si je n’étais pas en mesure de parti-ciper aux séminaires, j’ai réussi à envoyerles premiers extraits de mon film au moyend’internet à Sigal Yeruda, la directrice géné-rale du bureau de Greenhouse à Tel Aviv, etelle me renvoyait des conseils que j’aitrouvés très utiles », explique Awatif.En janvier 2009, à une étape critique où ladate limite pour présenter la demande desubvention pour son projet de film serapprochait, Awatif a été forcée de fuir son

domicile quand la région a été bombardéepar les israëliens pendant la guerre de Gaza.Yehuda considère que le scepticisme decertains participants arabes vis-à-vis d’unprogramme qui promeut ouvertement lacoopération entre israéliens et arabes a étédépassé quand ils ont vu les résultats dutravail de leurs propres yeux. « Si vouscroyez qu’il ne devrait pas y avoir dedialogue, vous ne laissez plus de place à l’es-poir. Je me souviens que les tunisiensétaient étonnés de voir les israéliens et lespalestiniens travailler aussi bien ensemble,et vous aurez du mal à croire le nombre dedemandes que nous recevons de Gaza. Lesartistes qui habitent cette région de conflitressentent un réel besoin d’établir undialogue sincère, et c’est justement ce queGreenhouse est en mesure de leur offrir ».

Un réalisateur palestinien et un réali-sateur israélien travaillent ensemble àParis Greenhouse a acquis plusieurs annéesd’expérience et suit les jeunes réalisateursà chaque étape de conception de leur film,notamment la direction artistique, laproduction cinématographique et laprésentation du documentaire à des inves-tisseurs potentiels. Au cours des cinqdernières années, Greenhouse a eucomme partenaires des instituts cinéma-tographiques et des compagnies deproduction d’origine néerlandaise, turque,espagnole, et marocaine.Le palestinien Emad Burnat et l’israélienGuy Davidi travaillent actuellement à Paris

avec une compagnie française de produc-tion afin de réaliser leur documentaire «Cinq caméras brisées ».Un autre succès de Greenhouse, le docu-mentaire a été filmé par Burnat qui seconcentre sur la lutte contre la construc-tion par Israël de la barrière de séparationdans Bilin, son village natal en Cisjordanie.Il montre l’impact qu’a eu cette campagnesur sa vie au quotidien, qu’il s’agisse de lamort d’un ami proche, de l’arrestation deses frères, ou du passage de son plus jeunefils à l’âge adulte. Greenhouse a proposé à Burnat de travailleravec Guy Davidi, un réalisateur israélienmilitant, qui a été également impliqué dansla lutte de Bilin. « Ce qui m’a surpris le plusdans le métrage d’Emad, c’est la scène oùson père tente d’intercepter une voiture demilitaires israéliens qui emmenait son frèreen prison », explique Davidi. « Quand j’ai vucette scène, je n’avais aucun doute que cefilm a été réalisé du point de vue personneld’Emad ».« Cinq caméras brisées » a gagné le prix du

Projets en Marche - Voisinage Sud 61

CULTURE > ISRAËL

« Les tunisiens étaientétonnés de voir les israélienset les palestiniens travailleraussi bien ensemble, etvous aurez du mal à croirele nombre de demandesque nous recevons deGaza. Les artistes quihabitent cette région deconflit ressentent un réelbesoin d’établir undialogue sincère, et c’estjustement ce que Greenhouse est en mesurede leur offrir ».

« Les projets commeGreenhouse sont absolument indispensablespuisque le plus difficile pourceux qui aspirent à devenirréalisateurs est que leurpremier film soit lancé ».

n Sigal Yehuda, directrice générale du Programme de développementde Greenhouse pour les réalisateurs de documentaires

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meilleur projet lors du forum de lancementde Greenhouse en 2009, et les deux réalisa-teurs palestinien et israélien espèrent que ledocumentaire sera présenté en avant-première en France le printemps prochain.« Les projets comme Greenhouse sontabsolument indispensables puisque leplus difficile pour ceux qui aspirent àdevenir réalisateurs est « de lancer » leurpremier film, explique Davidi. « C’estsurtout le cas dans certains pays duMoyen-Orient comme la Jordanie,l’Égypte et le Maroc, où il y a peu d’oppor-tunités et un manque de subventionsaccordées aux réalisateurs de documen-taires locaux».

“Quand on rencontre l’autre, leschoses ne sont plus les mêmes”Dorit Inbar, la directrice générale du

Nouveau fond pour le cinéma et la télévi-sion basé à Tel Aviv, qui a lancé le projetGreenhouse et qui en demeure la parte-naire principale, a évoqué avec beaucoupde fierté le double impact de ce dernier.« D’abord, il s’agit d’un projet qui a eubeaucoup de succès. Au bout de 5 ans,Greenhouse a produit 10 films qui ontreçu des prix au cours de festivals àtravers le monde, et plus de la moitié denos projets sont actuellement en cours dedéveloppement. Ensuite, les relations setissent entre les réalisateurs de la Médi-terranée, et pas seulement entre israé-liens et arabes, mais aussi entre turcs etkurdes, et d’autres nationalités. Cespersonnes ne pourront plus jamais dire‘nous n’avons pas rencontré l’autre’, etl’impact de ces rencontres se fera sentirpendant plusieurs années ».Inbar a parlé fièrement du rôle de l’Unioneuropéenne. « Sans la vision de l’Unioneuropéenne, il n’y aurait pas eu Green-

house, et l’Union demeure notre plusimportant partenaire stratégique ».

Texte par Marc WeissPhotos par Oliver Weiken et le projet Greenhouse©EU/Neighbourhood Info Centre

CULTURE > ISRAËL

« Ces personnes ne pourront plus jamais dire‘nous n’avons pas rencontrél’autre’, et l’impact de cesrencontres se fera sentirpendant plusieurs années ».

n Emad Bornat, réalisateur du film « Cinq caméras brisées »

n « Dans l’attente du paradis », par Awatif Aljedaili

Euromed Audiovisuel IIIhttp://www.euromedaudiovisuel.net/EuroMed Audiovisuel III contribueau dialogue interculturel et à ladiversité culturelle en soutenant ledéveloppement des capacités ciné-matographiques et audiovisuellesdans les pays du sud de la Méditer-ranée

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie,Tunisie

Durée: 2009 - 2012

Budget: 11 millions d'euros

Objectifs: Ce programme vise à contribuer au dialogueinterculturel et à la diversité culturelle en soute-nant le développement des capacités cinéma-tographiques et audiovisuelles dans les payspartenaires. Il encourage la complémentarité etl’intégration des secteurs cinématographiqueset audiovisuels de la région, tout en visant àharmoniser les politiques et législations dusecteur public. Il s’appuie sur les réalisationsd’EuroMed Audiovisuel I et Audiovisuel II pourexploiter le potentiel d’un marché de l’audiovi-suel en développement dans la région et pouraider les films méditerranéens à se tailler uneplace sur la scène mondiale.

Pour en savoir plus:

Fiche du Projet Greenhouse >http://euromedaudiovisuel.net/general.aspx?menu=1&treeID=11139&lang=fr&docu-mentID=11144

Site web de Greenhouse >http://www.ghfilmcentre.org/

EU Neighbourhood Info Centre - Fiche deprojet > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=334&id_type=10&lang_id=469

Portail thématique > http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=9&lang_id=469

62 Projets en Marche - Voisinage Sud

Page 65: Projets en Marche

Bibliothèque du voisinage européenNotre base de données électronique

Action plans

Agreements

Country reports

Declarations

Resolutions

Strategy documents

EU Neighbourhood LibraryOur online database

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Plans d’action

Accords

Rapports pays

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Résolutions

Documents de stratégie

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Page 66: Projets en Marche

Économie

Un jeune garçon brandit une affiche commercialedans un centre commercial d’Amman. (Photo parMohammad Ben Hussein©EU/Neighbourhood Info Centre).

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TUNIS - Avec une dextérité remarquable,toujours affable, il manipule quotidien -nement la machine à café de l'établisse-ment pour servir les clients. Depuis lemois de décembre de l'année dernière,Lotfi Ltaief, la trentaine, travaille en tantque serveur dans ce café, dans la localitédu Bardo, à trois kilomètres du centre deTunis. Lotfi, depuis près de six ans, aacquis une expérience respectable dans cedomaine. Ce que beaucoup de clientsignorent, c'est que ce jeune est titulaired'une maitrise en lettres arabes depuisl'année 2003. Depuis cette date il n'a pascessé d'envoyer des demandes d'emploi,de déposer sa candidature pour le posted'enseignant au ministère de l'éducationnationale et de participer à diversconcours. En vain. Il s'agit d'un cas parmitant d'autres qui pose le véritableproblème auquel la Tunisie fait face.

Une préoccupation majeureSur une population de plus de dix millionsd'habitants, le nombre de chômeurs est

officiellement estimé à près de 700.000dont 150.000 de diplômés du supérieur.Le problème de la création de nouveauxpostes d'emploi constitue aujourd'hui enTunisie un problème majeur. Depuis larévolution du 14 janvier, les mouvementsde revendi cations sociales se sont ampli-fiés. Les grèves sauvages, les sit-in, se sontmultipliés un peu partout dans tous lessecteurs public et privé, entrainant pure-ment et simplement la fermeture d'uncertain nombre d'entreprises. L'emploi a constitué la principale préoc-cupation de tous les gouverne mentsdepuis l'indépendance. Le problème estcrucial aujourd'hui car il intervient à unmoment où le pays passe par une étapedifficile. Les citoyens sont devenus plusrevendicatifs et n'hésitent pas à recouriraux démonstrations de force. Malgré cettesituation, un travail en profondeur est entrain d'être réalisé pour venir à bout de cephénomène et atténuer un tant soit peu,les effets pervers du chômage en Tunisie.Le gouvernement provisoire dirigé par

Projets en Marche - Voisinage Sud 65

ÉCONOMIE > TUNISIE

L’emploi, la priorité numéroun pour la nouvelle Tunisie

Une bonne éducation est unecondition préalable pour unbon emploi : alors que laTunisie se bat pour atténuerles effets pervers du chômage,la Fondation Européenne pourla formation (ETF) a placé lepays parmi ses priorités et y adoublé le budget alloué. Legouvernement tunisien arécemment adopté unprogramme destiné àaccompagner les demandeurspour les aider à intégrer lemarché de l'emploi. L’ETF s’estengagée à soutenir cetteaction, avec le but d’aider laTunisie à exploiter aumaximum le potentiel de sesressources humaines.

n Des jeunes diplômés font un sit-in devant le ministère de l'emploi

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M. Béji Caid Essebsi, est plus queconscient de la situation et est en train defournir des efforts notables. « Je n'ai pasde baguette magique" insiste-t-il à chaqueoccasion. Dès mars dernier, le gouvernement provi-soire a lancé un programme d’urgencepour l’emploi destiné à accompagner lesdemandeurs pour les aider à intégrer lemarché de l'emploi. Le programme s'arti-cule autour de quatre axes, explique M.Ali Takout, directeur régional : développerles emplois salariés, à travers la créationde 40.000 postes dans le secteur public etprivé, à sauvegarder les postes en aidantles entreprises connaissant une situation

difficile, développer l’entrepreneuriat et lamicro-entreprise, aider les jeunes à créerleurs propres activités, améliorer l’em-ployabilité des jeunes diplômés (voletAmal du programme, qui signifie ‘espoir’en arabe) tout en leur assurant une aide àla recherche active d’emploi.

De bonnes pratiquesLa problématique de l’emploi n'est pasuniquement liée à la création de postes,

66 Projets en Marche - Voisinage Sud

ÉCONOMIE > TUNISIE

«L'ETF n'est pas un bailleur de fonds mais unpartenaire technique quimobilise l’expertise et lesexpériences souhaitéespour aider à la décision enmatière de choix de politique de formation etd’emploi »

« Après la révolution, nousavons doublé le budget alloué à notre action enTunisie. Elle est devenuepour nous prioritaire »

n Le nombre de chômeurs est officiellement estimé à près de 700.000, dont 150.000 de diplômés du supérieur

n Jeune diplômé en lettres arabes travaillant comme un serveur dans un café

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mais également à la réforme de l'éduca-tion et de la formation professionnelle,ainsi qu’à l'instauration de bonnespratiques destinées à introduire plus decélérité et de transparence dans la gestionde ce dossier. Depuis 1995, la FondationEuropéenne pour la Formation (ETF)coopère avec la Tunisie dans le domainede la formation, en appuyant la politiquesuivie par le ministère et en accompa-gnant la stratégie de mise en place. Mme Marie Dorléans, directrice de l'ETFpour la Tunisie, explique : « L'ETF n'estpas un bailleur de fonds mais un parte-naire technique qui mobilise l’expertise etles expériences souhaitées pour aider à ladécision en matière de choix de politiquede formation et d’emploi. A l’heure où lapriorité nationale porte sur l’emploi et ledéveloppement régional, nous avons parexemple initié un projet d'appui à unerégion bien déterminée, le gouvernorat deMedenine, située près de la frontièretuniso-libyennes. Dans cette phaseinitiale, nous avons organisé des rencon-tres avec l'ensemble des acteurs, dans lebut de diagnostiquer les problèmes de larégion en vue d’améliorer l’adéquationentre offre de formation et emploi. Aprèsla révolution, nous avons doublé lebudget alloué à notre action en Tunisie.Elle est devenue pour nous prioritaire ». « Nous n'avons pas de modèle à vendre –continue Mme Dorléans – mais nousessayons de voir les approches oupratiques, en particulier européennes, quipeuvent inspirer la Tunisie. À moyenterme, l’ETF s’est engagée à soutenir lespolitiques régionales intégrant l’enseigne-

ment, la formation professionnelle etl’emploi. L’accent sera mis tout spéciale-ment sur le développement de compé-tences utiles sur le marché de l’emploi. «Notre fondation est perçue comme unconseiller fiable et impartial – poursuitMme Dorléans – et comme un partenairecapable de réunir autour de la table diversacteurs. Cette neutralité est particulière-ment appréciée par le gouvernementtunisien ».

Les mouvements n’arrêtent pas Malgré les mécanismes nouvellementintroduits pour faciliter l'accès à l'emploi,les mouvements de revendications n'arrê-tent pas. Depuis le 16 mai dernier, ungroupe de jeunes diplômés protestent àleur manière en implantant une tentedevant le ministère de la formationprofessionnelle et de l'emploi. Ils protes-tent contre des mécanismes de créationd'emploi mise en place durant l'ère de BenAli et qui sont pour eux, aujourd'hui obso-lètes. De l’autre côté, du 12 au 30septembre le gouvernement a lancé le «mois de l'emploi », une initiative qui visesurtout à rapprocher les acteurs de l'em-ploi, c'est-à-dire les demandeurs d'emploi,les institutions de formation et les entre-prises publiques et privées, la sociétécivile, les partis politiques et les agencesde recrutement. Plusieurs thèmes serontabordés, du déblocage de crédits pourcertains projets, au contrats de pré-

embauche dans les entreprises privées, auparrainage de demandeurs d'emploi pardes employeurs pour financer des forma-tions. Des journées portes ouvertes dansles entreprises sont aussi prévues.

Texte et photos par: Lotfi Touati,©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en Marche - Voisinage Sud 67

ÉCONOMIE > TUNISIE

n Le directeur régional de l'emploi, Mr. Ali Takout

n Siège de l'agence tunisienne de l'emploi

« Nous n'avons pas demodèle à vendre, maisnous essayons de voir lesapproches ou pratiques, enparticulier européennes,qui peuvent inspirer laTunisie »

Fondation européenne pour la formationhttp://www.etf.europa.eu/web.nsf/pages/Home_FR?OpenDocument

Objectifs: La Fondation européenne pour la formation est une agence créée par l'Union européenne qui viseà contribuer au développement des systèmes d'éducation et de formation de ses pays partenaireseuropéens. Dotée d'un budget annuel de 18 millions d'euros, sa mission consiste à aider les paysen développement et en phase de transition à exploiter le potentiel de leurs ressources humainespar le biais de réformes dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi, dans lecadre de la politique de relations extérieures de l’UE.

Pour en savoir plus:Fondation Européenne pour la formation - Site internet > http://www.etf.europa.eu/web.nsf/pages/Home_FR?OpenDocument

Fondation Européenne pour la formation - Tunisie > http://www.etf.europa.eu/web.nsf/pages/Tunisia

EU Neighbourhood Info Centre - Portail Thematique – Education & Formation > http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=11&lang_id=469

Page 70: Projets en Marche

AMMAN - « Made in Agadir Zone » : un rêve ou un objectif ambitieux pour l’avenir de l’Ac-cord commercial d’Agadir, le pacte qui vise à mettre en place une zone euro-méditerra-néenne de libre-échange ? « Nous aimerions voir un jour commercialisés des produits «made in Agadir Zone », utilisant toutes les règles d'origine des industries et secteurs desquatre pays signataires de l'accord, à savoir l’Égypte, la Jordanie, la Tunisie et le Maroc, »explique Waleed El Nozahy, président-directeur de l'Unité technique d'Agadir.Sept ans environ après la signature de l’accord, un groupe d’experts basés au secrétariatd’Agadir, à Amman, s’emploie toujours à faire de ce rêve une réalité, en dépit des obsta-cles qui s'accumulent. L’Accord d’Agadir, qui associe quatre nations du Sud de la Médi-terranée, a été signé à Rabat, au Maroc, le 25 février 2004. Il a pour objectif de créer unezone régionale de libre-échange entre l'Égypte, la Jordanie, la Tunisie et le Maroc,couvrant une population de 115 millions d’habitants. Cet accord vise également àpromouvoir l'intégration économique au sein de cette zone, ainsi qu’avec le marché euro-péen. Enfin, la mise en place d’une zone de libre-échange au niveau régional devraitaussi améliorer les investissements dans les pays partenaires d’Agadir : l’accord, qui doitpermettre d'éliminer les obstacles aux échanges commerciaux et de faciliter les inves-tissements, a pour objectif global de stimuler l'activité économique, de soutenir l'emploiet d'améliorer le niveau de vie.

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ÉCONOMIE > JORDANIE

‘Made in Agadir Zone’:Une vision ambitieuse pourle futur, mais quels espoirs ?En 2004, quatre pays arabesde la région méditerranéenneont signé un pacte – l'Accordd'Agadir – afin de mettre enplace une zone de libre-échangeau niveau régional et depromouvoir l’intégrationéconomique. L’idée maîtresseétait d’éliminer les obstacles aucommerce et de faciliter lesinvestissements. LaCommission européenne alargement soutenu ce projetsur le plan financier et ellecontinue à le financer. Sept ansaprès la signature de l'accord,alors que les expertscontinuent à travailler sur lesaspects techniques, les chiffrespointent vers un avenirprometteur : les échangescommerciaux au sein de cettezone ont en effet augmenté de45%. Pourtant, l'accord doittoujours faire face à denombreux obstacles, quil'empêchent de réaliser toutson potentiel.

n Un ouvrier de l’usine textile CJC, dans la zone industrielle de Sahab, près d’Amman

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Le soutien financier et technique assuré parl’UE permettra aux quatre pays signatairesde résoudre de nombreux aspects tech-niques. La Commission européenne afinancé l'accord à hauteur de 8 millionsd’euros depuis le début du processus, inves-tissant notamment dans une Unité tech-nique qui se concentre sur les aspectspratiques, à savoir : l'harmonisation deslégislations, les réglementations douanières,les règles d'origine, etc. Trois secteurs, quidoivent permettre de stimuler rapidementles échanges commerciaux entre les payssignataires, ont été identifiés : le textile, lecuir et les technologies automobiles.Les chiffres sont très encourageants pourl'avenir. Depuis la signature de l’accord, leséchanges commerciaux « intra-Agadir » ontenregistré une augmentation de 45%. EnÉgypte, les échanges avec les signataires del’Accord d'Agadir ont fait un bond de 160%entre 2007 et 2009. Au cours de cette mêmepériode, la Jordanie a bénéficié d’uneaugmentation de 70% des échanges commer-ciaux avec les membres d'Agadir, tandis quele Maroc enregistrait une hausse de 30% deséchanges intra-Agadir. Malgré ces chiffresprometteurs, les experts et les hommes d’af-faires estiment que la mise en œuvre de l’ac-cord a pris du retard. Les pays signatairesdoivent en effet livrer bataille, en amont,pour venir à bout des obstacles politiques,législatifs et logistiques. Ces quatre pays nepossèdent aucune frontière commune, leurlégislation relative au dédouanement et à lanormalisation sont obsolètes et leurs frais detransport sont très élevés. Selon ces expertset hommes d’affaires, de tels obstacles pour-

raient empêcher de faire du rêve d'une zone« Agadir » une réalité.

Se concentrer davantage sur les échangescommerciaux bilatéraux au lieu de viserd’emblée le marché européenLes responsables européens à Amman affir-ment que l’accord est en bonne voie, malgréces difficultés. «Les échanges entre ces paysreprésentent au total 4% de leurs échangescommerciaux internationaux. Ce pourcen-tage est peu élevé, mais il met en avant unetendance à la hausse » ; explique BertrandJolas, officier de liaison et attaché de la CEau commerce et au transport pour Agadir. Ilappelle les membres à se concentrer sur leséchanges bilatéraux plutôt que de viserd'emblée le marché de l'UE. « En s’associant,ces pays pourront être en fin de comptemieux placés pour produire pour le marchéeuropéen. Mais il reste encore un longchemin à parcourir, car il existe encore denombreux obstacles entre les paysd'Agadir», explique-t-il.

Une vision que partagent certains hommesd’affaires jordaniens. Selon eux, la faiblessedes échanges commerciaux interarabes n’estpas due à l’absence d’accords. Et d’épinglerici un accord de libre-échange entre les 17membres de la Ligue arabe, qui n'a pasencore été mis en œuvre complètement. Cequ’ils souhaitent, c’est un marché arabeintégré qui s’inspire de l’expérience de l’UE.« L’accord d’Agadir est meilleur que l’accordpanarabe », affirme l’homme d’affaires etexportateur Talal Ghazawee. « Il est plusfacile de mettre en place des échanges B toB entre deux pays pour mettre un réseau surles rails », précise-t-il.

Obstacles à l'accès au marché européenLes hommes d’affaires se heurtent aussi àdes obstacles à l’étranger. Ils affirment queleurs exportations vers l’UE ont diminué, enraison d’une législation plus stricte sur lesrègles d’origine. Dans l’usine de confectionCJC, située à Sahab, une zone industriellede Jordanie très dynamique, Sameer

ÉCONOMIE > JORDANIE

« En s’associant, ces payspourront être en fin decompte mieux placés pourproduire pour le marchéeuropéen. Mais il reste encore un long chemin àparcourir, car il existe encore de nombreux obstacles entre les paysd'Agadir »

n Employé d'une entreprise de vente au détail parlant à un consommateur à Amman

Projets en Marche - Voisinage Sud 69

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Maqdah, directeur-général, explique quepour faire de l'accord d'Agadir une réalité, lesrègles strictes de l'UE en matière d'exporta-tion doivent être revues. « Avant 1999, j'ex-portais en Europe près d'un tiers de maproduction, mais avec le renforcement desrègles d'origine et d'autres problèmes, j'aibien plus de mal à exporter vers l'UE »,déplore-t-il. « Je ne sais pas pourquoi nousdevrions baser un modèle commercial sur

un accord au lieu de mettre en œuvre unaccord qui se fonde sur le modèle commer-cial en vigueur », ajoute-il.

Une vision régionale pour promouvoirla compétitivité à l’échelon interna-tional Pourtant, pour des pays comme la Jordanie,qui affiche un taux de chômage de 14% etun taux de pauvreté élevé, l’Accord d’Agadirpourrait constituer le remède pour relancerla croissance économique. Fathallah Emrani, président de la Fédéra-tion du syndicat jordanien des travailleursdu secteur textile, estime que cet accordpourrait être la solution au problème duchômage que connaît la Jordanie. L'indus-trie textile a en effet besoin d'une impor-tante main-d'œuvre. «Il faut absolument promouvoir l'échange demarchandises et de biens entre pays arabes.Ces échanges ouvrent de nouveaux horizons.Pourtant, cet aspect n’a pas encore étésérieusement abordé, afin de ménager lessensibilités politiques », fait-il remarquer. M. Emrani appelle la Ligue arabe à mettre enœuvre une stratégie pour stimuler les

échanges commerciaux et éliminer les obsta-cles régionaux au commerce, avançant ici quele pacte d’Agadir ne peut être un succès avecseulement quatre pays signataires. Même si lavoie vers un marché unique est longue et diffi-cile, les experts sont convaincus qu’à mesureque l’accord accumulera les success stories, unplus grand nombre de pays s’ouvriront sur larégion afin d'être plus concurrentiels sur lemarché mondial. « Si nous parvenons àconvaincre la Syrie, le Liban, la Palestine etl’Algérie de s’associer à l’accord, Agadir seravraiment le pacte que nous attendions tous »,conclut M. Emrani.

Texte et photos de Mohammad Ben Hussein,©EU/Neighbourhood Info Centre

ÉCONOMIE > JORDANIE

«Il faut absolument promouvoir l'échange demarchandises et de biensentre pays arabes. Ceséchanges ouvrent denouveaux horizons. Pourtant, cet aspect n’a pasencore été sérieusementabordé, afin de ménager lessensibilités politiques.»

« Si nous parvenons à convaincre la Syrie, leLiban, la Palestine et l’Algérie de s’associer àl’accord, Agadir sera vraiment le pacte que nous attendions tous »

n Travailleurs d’une usine textile dans une zone industrielle d’Irbid

n Sameer Maqdah

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Accord d’Agadir – Projet de soutien de l’UE (phase II)http://www.agadiragreement.org/Ce projet contribue à la réalisationd’une zone euro-méditerranéennede libre-échange et promeut l’inté-gration économique au niveaurégional grâce à la consolidation ducadre institutionnel mis en place autitre de l’Accord d’Agadir

Pays participants Égypte, Jordanie, Tunisie et Maroc

Durée: 2008 - 2012

Budget: 4 millions d’euros

Objectifs: L’Accord d’Agadir cherche à promouvoir l'in-tégration et la coopération économiqueentre les pays participants afin de renforcerla coopération Sud-Sud. Il contribue auprocessus de libéralisation économique encours dans l’ensemble de la région méditer-ranéenne et soutient l’objectif du partena-riat euro-méditerranéen de créer une zonede libre-échange au niveau régional.

Pour en savoir plus:

Fiche sur l’Accord d’Agadir >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=325&id_type=10&lang_id=469

EU Neighbourhood Info Centre > portailthématique sur l'économie >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=4&lang_id=469

Page 73: Projets en Marche

BEYROUTH - Des anciens ateliers deTripoli, au Nord du Liban, ou d’Alep, auNord de la Syrie, le savon à base d’huiled’olive et autres baumes de l’est sontmaintenant accessibles aux consomma-teurs européens grâce aux efforts de MedCosmetics, un projet financé par l’Unioneuropéenne dans le cadre du programmeInvest In Med.Le projet, ayant duré de mai 2010 jusqu'àmars 2011, et impliqué près de 150 repré-sentants de sociétés libanaises, syriennes,jordaniennes et européennes, fait partiedes plans européens qui visent à déve-lopper des routes commerciales durablesentre les producteurs des deux côtés de laMéditerranée. «L’objectif principal de notre travail est derenforcer, à long-terme, la capacité deproduction et d’exportation de nosproduits ainsi que la capacité des sociétéslibanaises, syriennes et jordaniennes à

promouvoir leurs marques par le biais deréunions d’entreprises, de séminaires etde conférences organisées à Beyrouth,Damas, Alep et Paris», déclare AlineFarajan, Directrice de Med Cosmeticspour le Liban.

42.000 tonnes de produits cosmé-tiques en voie de commercialisationEn Syrie, au Liban et en Jordanie, plus de600 sociétés exportent près de 42.000tonnes de produits cosmétiques indus-triels chaque année, et près de 45.000tonnes de savons naturels. «Cette richessemérite d’être renforcée et reconnueauprès des marchés étrangers, toutcomme les hommes d’affaires au niveaulocal, qui ont besoin de connaître lesrègles pour vendre mieux à l’étranger», ditFarajan.Le travail de Med Cosmetics a aboutit àl’organisation de réunions pendant l’édi-

Projets en Marche - Voisinage Sud 71

ÉCONOMIE > LIBAN

Les nouvelles routes commerciales du vieuxsavon naturelLes produits cosmétiques ont étéchoisis en raison de leur énormepotentiel pour l’expansion dumarché : le savon à base d’huiled’olive et autres baumes de l’estet du sud sont maintenant plusaccessibles aux consommateurseuropéens. Le projet MedCosmetics – ayant pris fin en2011 et faisant partie duprogramme Invest In Medfinancé par l’Union européenne –a impliqué 150 représentants desociétés européennes, libanaises,syriennes, et jordaniennes, quiont été capables de promouvoirleurs marques par le biais deréunions d’entreprises, deconférences et de séminaires.Chaque année, près de 600sociétés des pays partenaires dela Méditerranée exportent42.000 tonnes de produitscosmétiques vers l’Europe : onfait la promotion d’un grandnombre de produits sur lesmarchés étrangers, alors que leshommes d’affaires au niveaulocal sont mieux informés ausujet des règles pour vendremieux à l’étranger…

n Un homme libanais portant le costume traditionnel range les savons parfumés exposés à l’intérieurdu magasin de l’usine de Khan El Saboun situé dans le plus vieux marché de Tripoli

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tion 2010 de Beyond Beauty Paris quis’est tenue au mois de septembre del’année dernière. «Près de 50 représen-tants européens ont rencontré près de 30délégués libanais, 60 délégués syriens,ainsi qu’une délégation de producteursjordaniens», déclare Farajan, chercheuseà la Chambre de Commerce, d’Industrieet d’Agriculture de Beyrouth et du MontLiban (CCIB). En plus du CCIB, le projettravaille également en partenariat avec leCentre syrien des affaires (SEBC) et l’As-sociation jordanienne de développementdes entreprises (JEDCO).Dans le cadre de ce projet, une étude rela-tive a la fabrication de produits cosmé-tiques au Liban et en Syrie a été réalisée etun séminaire organisé à Damas, afin defamiliariser les hommes d’affaires auniveau local avec les procédures techniqueset administratives en Europe. «Les produits cosmétiques ont été choisispar les organisateurs du projet en raisonde leur énorme potentiel pour l’expansiondu marché. Les producteurs libanais etsyriens sont reconnus pour leur longuetradition en matière de fabrication artisa-nale, en particulier des savons à based’huile d’olive et de laurier, pour lesquelsla demande augmente sur le marché euro-péen», dit Farajan.En ce qui concerne les résultats obtenuspar Med Cosmetics, Farajan souligne«qu’entre mars et aujourd’hui, plusieurs

accords importants de coopération ontété signés entre les sociétés locales etfrançaises».

Un réseau solide de contacts entre lesopérateurs Invest in Med est un réseau euro-méditer-ranéen d’organisations, financé parl’Union européenne grâce à un budget de€9 millions et axé sur la promotion desinvestissements et du commerce, ainsique sur le renforcement de la collabora-tion et l’échange de meilleures pratiquesentre les petites et moyennes entreprises.Il vise à améliorer les capacités et l’effica-cité des agences méditerranéennes pourla promotion des investissements (IPA),permettant ainsi une augmentation des

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ÉCONOMIE > LIBAN

« Cette richesse mérited’être renforcée et reconnueauprès des marchés étrangers, tout comme leshommes d’affaires auniveau local, qui ont besoinde connaître les règles pourvendre mieux à l’étranger »

« L’objectif principal denotre travail est derenforcer, à long-terme, lacapacité de production etd’exportation de nosproduits ainsi que la capa-cité des sociétés libanaises,syriennes, et jordaniennes àpromouvoir leurs marques »

n Un jeune homme libanais portant le costume traditionnel range les savons parfumés exposés àl’intérieur du magasin de l’usine de Khan El Saboun situé dans le plus vieux marché de Tripoli

n Une ouvrière libanaise modèle le savon récemmentfabriqué sous forme de boules à l’usine de MedCosmetics située près de Tripoli au Nord du Liban

n Les visiteurs regardent les produits fabriqués à partir de plusieurssavons à Khan El Saboun situé dans le vieux marché de Tripoli

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investissements directs étrangers (IDE)dans les pays partenaires méditerranéens.Cette plateforme multi-pays soutient ledéveloppement économique des pays dela Méditerranée en renforçant la coopéra-tion entre les agences européennes etméditerranéennes pour la promotion desinvestissements (IPA). Chaquen année, leprogramme Invest In Med, lancé en 2008et ayant continué jusqu’en 2011, permetde créer un réseau de contacts entre lesopérateurs du secteur des 27 paysmembres de l’UE et les 9 pays partenairesdu Sud de la Méditerranée.Ses activités couvrent trois domaines : le

soutien aux institutions, la création d’unréseau, et la promotion de l’investisse-ment régional. Quelques 40 agencesgouvernementales et réseaux internatio-naux participent à ce programme. Afin deréaliser ces objectifs, Invest in Medtravaille sur l’image globale de la Méditer-ranée, les conditions de réception desinvestisseurs dans les pays partenaires, etles bonnes pratiques. Ayant organisé audébut des présentations, des séminaires,des formations et des conférences, leprogramme se concentre actuellementsur les missions d’assistance technique.

Texte par ANSAMED & ENPI INFO CENTREPhotos par EPA ©EU/Neighbourhood InfoCentre

Projets en Marche - Voisinage Sud 73

ÉCONOMIE > LIBAN

n Un homme libanais portant le costume traditionnel rangeles différents légumes et fruits faits de savons parfumésexposés dans le magasin de l’usine de Khan El Sabounsitué dans le plus vieux marché de Tripoli

n Un travailleur libanais manipule les herbes naturelles qui seront utilisées dans la fabricationdu savon à l’usine de Med Cosmetics située près de Tripoli au Nord du Liban

n Une femme libanaise regarde les colliers fabriqués à partirde savons colorés

« Les producteurs libanais etsyriens sont reconnus pourleur longue tradition enmatière de fabrication artisanale, en particulier dessavons à base d’huile d’oliveet de laurier, pour lesquels lademande augmente sur lemarché européen »

INVEST in MEDRéseau euro-méditerranéend’organisations qui se consacrentà la promotion des investissementset à la facilitation des échangescommerciaux, il renforce la colla-boration des PME et les échangesdes meilleures pratiques

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc,Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie

Durée: 2008 - 2011

Budget: 9 millions d'euros (ENPI Sud)

Objectifs: Le réseau vise à accroître les capacités et l’ef-ficacité des agences méditerranéennes depromotion des investissements et, parconséquent, permet l’accroissement desinvestissements étrangers directs dans lespays partenaires méditerranéens. Cetteplate-forme multi-pays soutient le dévelop-pement économique de la région méditerra-néenne et renforce la coopération entre lesagences européennes et méditerranéennesde promotion des investissements.

Pour en savoir plus:

Invest in Med: fiche de l'EU NeighbourhoodInfo Centre >http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=102&id_type=10&lang_id=469

Page thématique régionale de l’ENPI:économie >http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=4&lang_id=469

Site web d’Invest In Med >http://www.invest-in-med.eu/

Page 76: Projets en Marche

NAPLOUSE - Il faut vraiment le voir pourle croire. Les ruines rappelant celles de laSeconde Guerre mondiale ont fait place àun tout nouvel édifice, majestueux. Voicicomment un projet a redonné vie à un

édifice urbain. « Le Khan-al-Wakala, àNaplouse, représente toute une époque ;une époque que nous voulons ressusciterpour les habitants de cette ville et pourtous les Palestiniens », explique le repré-

sentant de l'UE, John Gatt-Rutter. «Naplouse est une ville éternelle, une villepleine de vie, au riche passé. Nous sommespartis du cœur de la vieille ville avec l'in-tention de restaurer le site mais aussi de

74 Projets en Marche - Voisinage Sud

ÉCONOMIE > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

Restauré, l'ancien site duKhan-al-Wakala renoue avec sa splendeur passée

Rares sont ceux qui auraient imaginé que cet ancien caravansérail serait restauré et retrouverait ainsi sasplendeur passée. Le site avait en effet été ravagé par un terrible tremblement de terre en 1927. Avant leséisme, le site, situé le long de la route reliant l'Asie à l'Afrique du Nord, avait accueilli des générations demarchands venus y passer la nuit. Le séisme avait laissé le site dans un tel état de ruines que personnen'osait croire qu'une restauration serait possible... Jusqu'à ce que l'Union européenne décide de prendreles choses en main et donne le coup d'envoi à un projet de réhabilitation. Au cours des 12 premièresannées du projet, le chantier n’avait pourtant pas beaucoup avancé… Guère plus que si le personnel yavait travaillé trois ans et demi. Des retards qui s’expliquent par les conflits, l'impasse politique etl'Intifada. L'ancien Khan-al-Wakala est aujourd'hui restauré et prêt à relever un premier défi : devenirune incubatrice d'entreprises artisanales et de services touristiques et culturels pour la ville de Naplouse.

n Les travaux de rénovation en cours au Khan-al-Wakala

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revitaliser la ville de Naplouse sur le planculturel et commercial. »Les Palestiniens l'ont baptisé Khan-al-Wakala, un mot arabe qui veut direauberge. Construit il y a environ 350 ans,le site abritait un caravansérail qui accueil-lait les marchands traversant les terreshistoriques de Palestine, le long de la routeallant de l’Asie à l’Afrique du Nord. Ilsvenaient y attacher leurs mules dans lacour et passaient la nuit ici. En 1927, lesite a été détruit par un terrible séisme etlaissé à l'abandon jusqu'au milieu desannées 90. C'est à cette époque queGhassan Shakaa, le maire de Naplouse, etAdala Attireh, ingénieur municipal enchef, ont eu l'idée de restaurer le site. Unrêve impossible, pensait-on.« Nous avons rencontré des responsablesde l'Union européenne et leur avonsexpliqué notre projet », se souvient Adala,qui est à présent ingénieur en chef auConseil municipal de Ramallah. « Après delongs pourparlers, le Conseil municipal aaccepté de se lancer dans ce projet à condi-tion que le bâtiment devienne la propriétéde la ville. Le Conseil décida ainsi deracheter toutes les sections appartenantencore à des particuliers. Le site est ainsidevenu une propriété publique. Et grâce àl'engagement de l'UE, le projet a pu êtremis sur les rails. »

Un bâtiment qui résume à lui seultoute l'histoire d'un paysNaplouse est l'une des plus grandes villesde Cisjordanie. La vieille ville est uncondensé d’histoire dont les édificesrappellent le passé de tout le pays. Larestauration du Khan-al-Wakala a été undéfi, non seulement en raison de l'ampleurdes dégâts provoqués par le séisme, maisaussi car ce projet pouvait s'inscrire dansun projet encore plus insensé, à savoir laréhabilitation de toute la vieille ville. Lerêve de chaque nouveau maire ! Lorsqu'elle décida de s'associer à ce projetd'un montant de 2,5 millions d'euros,l'Union européenne demanda la participa-tion d'autres acteurs aux côtés de la muni-cipalité – à savoir l'Université An-Najah deNaplouse et l'UNESCO, l'Organisation desNations unies pour l'éducation, la scienceet la culture. Tous les acteurs ont coopérédu mieux qu'ils pouvaient mais il y eu

inévitablement des contretemps. Lors dela deuxième intifada palestinienne, en2000, suivie par l'incursion de troupesisraéliennes dans les villes de Cisjordanie,en 2002, le chantier fut interrompupendant près de trois ans. Pendant cettepériode, les travaux furent pratiquement àl'arrêt et lors d'un échange de tirs en 2002,un missile ravagea même une très grandepartie de la zone en cours de diagnostic.L'ancienne porte du site fut quant à elledétruite par les Palestiniens à la recherchede survivants (en vain) après une attaqueisraélienne contre une savonnerie voisine.Lorsque la situation se normalisa, le chan-tier reprit pendant un an ou deux avantd'être une nouvelle fois interrompu. Nonpas en raison d'affrontements armés, maisà la suite d’un conflit politique après lesélections législatives de 2006, qui amenè-rent le Hamas au pouvoir et provoquèrentdes tensions avec la communauté interna-tionale. Il fallut plusieurs années de négo-ciations pour que le chantier reprenne etaujourd'hui, alors que le projet est prati-quement finalisé, le résultat semble à lahauteur des attentes, malgré tous les

problèmes rencontrés. L’ancien Khan-al-Wakala est magnifique et plein de vie. « Laqualité de la restauration montre que cetinvestissement en valait vraiment la peine», explique le représentant de l'UE, JohnGatt-Rutter. « Elle recèle un énormepotentiel pour la ville de Naplouse, tant entermes de création d'emplois que de crois-sance économique. » « La réhabilitation etla réaffectation du Khan-al-Wakala ont étéréalisées parallèlement à un projet menédepuis plus de dix ans par l'UNESCO envue de la préservation et de la revitalisa-tion du patrimoine culturel palestinien »,explique Derek Elias, chef de Bureau,Bureau de l'Unesco à Ramallah. « Ce projeta même parfois été pour nous l’occasion decomprendre le contexte palestinien, unvrai défi alors que nous étions confrontésà des retards liés à la force majeur. D'oùnotre fierté d'avoir mené à bien ce projetde restauration. »

Artisanat, tourisme et services culturelsOutre les aspects historiques et culturelsde la restauration du caravansérail, le

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ÉCONOMIE > TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

« Je m’imagine déjà, à 80ans, voire plus, raconter toutcela à mes petits-enfants. Je leur expliquerai ce que j’aifait, comment j’ai participé àla restauration d’un site –un projet que tout le mondejugeait insensé… »

n Durant toutes les phases du projet, les restaurateurs ont préféré les outils artisanaux aux machineries Lourdes

n Une équipe de 12 Palestiniens a été formée auxtechniques de restauration des vieilles pierres

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projet vise à améliorer le niveau de vie deshabitants de Naplouse. Les infrastructuressituées à proximité du caravansérail ontété rénovées pour abriter une incubatriced'artisanat, de tourisme et de servicesculturels. En outre, des experts ontpréparé pour la municipalité un projetvisant à transformer le site en centre géné-rateur de profit, de façon à pérenniser l'im-pact du projet. Un bâtiment a déjà étéinauguré. Il abritera une petite auberge deneuf chambres et plusieurs boutiques d'ar-tisanat traditionnel proposant parexemple des savons à l'huile d'olive et desbroderies. D'autres boutiques accueillerontles visiteurs dans des offices du tourisme.Un restaurant sera aménagé sur deuxétages et l'ancienne cour, où des mules ontpassé la nuit pendant des centaines d'an-nées, accueille désormais des manifesta-tions publiques. Et de nombreux projets desoirées et de concerts sont d’ores et déjà àl’affiche pour le mois du Ramadan.

Une restauration totalement artisanaleUn volet clé du projet – outre la rénovationde l'infrastructure – a été le développe-

ment des compétences des ouvriers pales-tiniens dans le domaine de la restauration.Une équipe de 12 Palestiniens ont ainsireçu une formation aux techniques derestauration des vieilles pierres à l'Univer-sité An-Najah et à l'étranger. Des expertsdu Comité de réhabilitation d'Hébron ontégalement participé au projet, en offrantune assistance technique considérable.Durant toutes les phases du chantier, lesouvriers n'ont utilisé aucune machinerielourde, comme des compresseurs à jets desable ou à jets d’eau, mais uniquement del’outillage à main. Ils ont même été seformer auprès de tailleurs de pierre tradi-tionnels, qui travaillent exclusivement aumarteau et au burin.Raed Arafat est charpentier. Il travaillaitdans l'atelier de son père à quelques mètresdu Khan-al-Wakala. Recruté par la villecomme ouvrier de chantier, il a reçu, avec11 autres ouvriers, une formation intensive

en techniques de restauration. Aujourd'hui,Raed et deux de ses collègues, Alaa Rihan etKayed Okasha, travaillent toujours sur lesite. Les autres sont partis car ils nepouvaient pas se permettre de longuespériodes de chômage. « Je suis très fier demon travail », explique Alaa, un jeunehomme de 25 ans environ. « Je m’imaginedéjà, à 80 ans, voire plus, raconter tout celaà mes petits-enfants. Je leur expliquerai ceque j’ai fait, comment j’ai participé à larestauration d’un site – un projet que toutle monde jugeait insensé… »

Texte par Elias ZananiriPhotos par EPA ©EU/Neighbourhood Info Centre

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« Nous sommes partis ducœur de la vieille ville avecl'intention de restaurer le sitemais aussi de revitaliser laville de Naplouse sur le planculturel et commercial. »

« Ce projet a même parfoisété pour nous l’occasion decomprendre lecontexte palestinien, un vraidéfi alors que nous étionsconfrontés à des retards liésà la force majeure. D'où notre fierté d'avoirmené à bien ce projet derestauration. »

n Le complexe abritera une petite auberge de neuf chambres et plusieurs boutiques

Rénovation du centre historiquede NaplousePour servir de modèle à la futureprotection du patrimoine culturel deNaplouse et du Territoire palestinienoccupé ; pour contribuer à la réhabi-litation du tissu urbain de cette villehistorique, à la modernisation de sesservices ainsi qu’à l'amélioration desconditions de vie des habitants

Pays participantsTerritoire palestinien occupé

Durée : 1999 - 2012

Budget: 2,5 millions d’euros

Objectifs: Le premier objectif est la restauration du bâti-ment historique du Khan-al-Wakala. Ledeuxième est la rénovation et la modernisa-tion de l’infrastructure publique dans les envi-rons directs du caravansérail.Le troisième est la transformation du bâti-ment en complexe urbain servant d’incuba-teur d’entreprises d’artisanat et de servicestouristiques et culturels, dans le but degarantir la pérennité de l'intervention.

En savoir plus:

Assistance de l’UE en faveur des Palestinienshttp://eeas.europa.eu/delegations/west-bank/index_en.htm

Portail thématique de l’EU NeighbourhoodInfo Centre sur la culturehttp://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=10&lang_id=469

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Guides du voisinageeuropéenDifférents manuels peuvent êtretéléchargés du site internet du Centre d’information pour le voisinage européen. Ces guides offrent des conseils aux professionnels des médias pour unemeilleure couverture des activitésde coopération de l'UE, ainsi quedes informations sur la façon d'accéder à un financement de l’UEou pour comprendre l’eurojargon. Une mine de connaissances à votredisposition, juste en un clic surhttp://www.enpi-info.eu/index.php?lang_id=469.

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Soutenir le budgetSoutenir le changement

Des étudiants tunisiens avant leurs cours à l'Écolesupérieure de technologie de Bizerte, à Bizerte(Tunisie), le 9 mars 2012. Le système éducatif tuni-sien bénéficie d'un important programme d'appuibudgétaire européen.Photo EPA ©EU/Neighbourhood Info Centre

L’appui budgétaire de l’UE n’est pas un don. Il s’agit d’un contrat mutuellementaccepté ayant pour but de soutenir les réformes dans un secteur approuvé d’uncommun accord, explique Luca Oriani Vieyra, responsable de l’appui budgétaire, de lapolitique macro-fiscale et de la coordination générale avec les institutions financièresinternationales au sein du Département en charge du voisinage à la Commission.

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En pratique, en quoi consiste l’appui budgé-taire?Il s’agit d’un contrat impliquant la Commission euro-péenne d’une part et le gouvernement du pays parte-naire d’autre part. Il s’agit donc d’un type decoopération basée sur un ensemble bien défini d’ac-cords contractuels qui engagent les deux parties.La Commission européenne autorise le transferttotal des fonds d’appui budgétaire dès que les enga-gements approuvés ont été mis en œuvre dans leurintégralité par les autorités des pays partenaires. Sice n’est pas le cas, le montant du transfert financierautorisé par la Commission européenne est réduit enconséquence ou le transfert n’est pas effectué dutout. En termes plus simples, quand on parle d’appuibudgétaire, il s’agit des «réformes accomplies enéchange de l’argent payé». Dans la région de l’IEVP, neuf pays bénéficient del’appui budgétaire de l’UE, notamment l’Arménie,l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, et l’Ukraine àl’Est, ainsi que l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et laTunisie au Sud. L’objectif principal est de soutenir lespolitiques de rapprochement législatif et réglemen-taire dans le voisinage européen, et les types deréformes comprennent notamment la promotion dela bonne gouvernance, l’amélioration des conditionsdes échanges commerciaux et des investissements,etc. – en d’autres termes, les programmes d’appuibudgétaire de l’UE permettent de créer des conditionsplus favorables qui font profiter les citoyens et lesentreprises. Il est clair que l’appui budgétaire de l’UEn’est pas un remède miracle. L’ultime responsabilitéet le succès lié à la mise en œuvre rapide de réformesreviennent à l’administrateur élu.

Comment l’appui budgétaire fonctionne t-il?Le programme d’appui budgétaire dure de 3 à 4 ans etl’argent est déboursé en fonction des conditions rela-tives aux tranches annuelles. Ensuite, les objectifs quele gouvernement doit atteindre sont clairementdéfinis, par exemple en ce qui concerne la réforme dusystème judiciaire en Géorgie, les réformes dusystème de santé en Moldavie ou les réformes de l’en-seignement supérieur en Tunisie. Enfin, le débourse-ment effectif de chaque tranche est effectué par laCommission européenne, en fonction du degré desuccès que reflètent les résultats obtenus.

Quel est l’impact de l’appui budgétaire sur lescitoyens?Les citoyens ne bénéficient pas du programme d’appuibudgétaire d’une manière immédiate, puisque cesprogrammes ne représentent pas des transferts d’ur-gence permettant de combler, par exemple, les écartsde salaires liés au budget. L’accent est mis plutôt surles changements structurels à moyen terme. Pour-

tant, quand les programmes d’appui budgétairepermettent d’accélérer les changements structurelsdans les domaines comme l’éducation ou le transport,ils font bénéficier les citoyens et les entreprises, enassurant le développement durable de la société dansson ensemble. Il existe un autre aspect important qui concerne lecitoyen. En tant que bailleur de fonds, devez-vousfournir un appui budgétaire à un pays dont la gouver-nance est douteuse ? On pourrait refuser en atten-dant que la gouvernance se rapproche du modèlesuisse. Cependant, on doit également garder à l’espritque les changements ayant un impact positif sur lescitoyens peuvent se produire par le biais du soutienaux réformes, ce qui contribuerait, par exemple, àune société mieux éduquée et mieux informée. Ilexiste certainement plusieurs aspects qu’il faudraitprendre en compte, mais une décision est toujoursprise à la fin. En Biélorussie par exemple, nous nemettons pas en œuvre des programmes d’appuibudgétaire.

Quels sont les critères qui sont appliqués pouraccorder l’appui budgétaire?Nous appliquons les critères d’éligibilité suivants,notamment :1) La mise en œuvre d’un plan national ou d’un plan

sectoriel approprié de développement.2) L’existence d’un cadre macro-économique favori-

sant la stabilité, ainsi que des politiques fiscales etmonétaires favorables à la croissance économique.

3) Une amélioration progressive de la gestion desfinances publiques.

Tant que ces conditions sont respectées, l’appuibudgétaire pourra être mis en œuvre pour soutenirdes réformes spécifiques dans les domaines comme lecommerce et l’énergie.

Quel sera l’avenir de l’appui budgétaire?Les pays éligibles à l’appui budgétaire de l’UE devrontsatisfaire une condition supplémentaire bientôt, axéesur la transparence budgétaire. Les citoyens inté-ressés auront un meilleur accès aux informationspertinentes et une meilleure idée des accords conclusdans le domaine des réformes du système judiciairepar exemple, ce qui contribuera à augmenter la trans-parence et la responsabilité. En résumé, l’appui budgétaire de l’UE, bien qu’il soitun instrument politique sophistiqué vu la complexitédes réformes dans la région de l’IEVP, est en train dedevenir un moyen efficace pour soutenir le renforce-ment de l’appropriation nationale et de la responsa-bilité dans des domaines clés comme les réformes dela gouvernance publique.

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Entretien avec Luca Oriani VieyraResponsable de l’appui budgétaire, de la politique macro fiscale et de la coordination générale

avec les institutions financières internationales au sein du Département en charge du voisinage à la Commission

« Les changements ayantun impact positif sur lescitoyens peuvent se produire par le biais dusoutien aux réformes, ce qui contribuerait, parexemple, à une sociétémieux éduquée et mieuxinformée »

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Pour en savoir plus

Politique européenne de voisinage (PEV)Cette politique a été conçue en 2004, après l'élargissement del'UE à dix nouveaux États membres, dans le souci d'éviterl'apparition de nouvelles lignes de division en Europe. Aveccette politique, l'UE propose à ses voisins une relationprivilégiée, basée sur un engagement mutuel en faveur devaleurs communes : la démocratie et les droits de l’homme,l'État de droit, la bonne gouvernance, les principes d'économiede marché et le développement durable. La PEV offre unerelation politique et une intégration économique pluspoussées par la mise en place de réformes visant à atteindrela paix, la stabilité et la prospérité économique. À la suite d'unerefonte approfondie, en 2011, l'UE a lancé une versionrenouvelée de sa PEV qui entend renforcer les liens avec sesvoisins grâce au principe du « more for more » (donner plus enéchange de plus). Cette approche consiste à augmenter lesfonds disponibles pour les pays les plus engagés dans unprocessus de réforme. Les pays participants sont l'Algérie,l'Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, l'Égypte, la Géorgie,Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldavie, le Maroc, leTerritoire palestinien occupé, la Syrie, la Tunisie et l'Ukraine.Bien que la Russie soit également un voisin de l'UE et qu'ellebénéficie de l'IEVP, les relations avec ce pays relèvent d'unpartenariat stratégique.http://ec.europa.eu/world/enp/index_fr.htm

L'instrument de partenariat : de l'IEVP à l'IEVMis en place en janvier 2007, l'IEVP est le bras financier de lapolitique européenne de voisinage (PEV). Cet instrumentfinancier unique remplace les programmes MEDA (Sud),TACIS (Est) et divers autres instruments financiers. L'IEVP apour but d'aider les pays partenaires à atteindre undéveloppement durable et à rapprocher leurs politiques etnormes de celles de l'UE en se basant sur des prioritésadoptées de commun accord. Pour l'exercice budgétaire2007-2013, des fonds européens s'élevant à quelque 12milliards d'euros sont disponibles pour appuyer les réformesdans les pays voisins. À partir de 2014, l'IEVP sera remplacépar l'instrument européen de voisinage (IEV), qui sera de plusen plus axé sur les politiques et qui permettra unedifférenciation accrue, une plus grande flexibilité, ainsiqu'une conditionnalité et des incitations plus strictes pour lespays obtenant les meilleurs résultats.http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/over-view/index_fr.htm

Liens utiles Commissaire en charge de l'élargissement et de la PEVhttp://ec.europa.eu/commission_2010-2014/fule/

Site internet de la PEVhttp://ec.europa.eu/world/enp/welcome_fr.htm

Développement et coopération – EuropeAidhttp://ec.europa.eu/europeaid/index_fr.htm

Service européen pour l'action extérieure (SEAE)http://eeas.europa.eu/index_fr.htm

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La coopération en photos

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GALERIE PHOTOS

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projet de communication régional financé parl'UE qui vise à mieux faire connaître le partenariat

entre l'UE et ses pays voisins.

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