PROJET FAUT Plusieurs régions, une seule vision · 2017-02-02 · Le rapport PiSA (Pro-gramme...

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Culture Flatbush Zombies «enfume» l’Olympia Page 13 NUM É RO 3 LE MERCREDI 7 D É CEMBRE 2016 RECYCLEZ S.V.P. Sports Les Canadiens s’inclinent en prolongation Page 11 A UJOURD HUI Monde> France Cazeneuve succède à Valls Page 9 Économie> Foodora Coursiers au statut ambigu Page 10 Culture> Luminothérapie La place des Festivals s’anime Page 12 Sports> Commotions Miser sur la prévention Page 11 27 ANS APRèS P OLYTECHNIQUE CATHERINE LEGAULT L’ATELIER Une femme a déposé une rose blanche sous les noms des victimes de la tuerie de Polytechnique, lors de la cérémonie de commémoration, mardi, à Montréal. À lire en page 3. LAURENCE GODCHARLES L es préoccupations de Montréal et des ré- gions sont-elles aux antipodes? «Non», répondent Gabriel Nadeau-Dubois et Aurélie Lanctôt à la veille du dernier rassemblement de la tournée Faut qu’on se parle (FQSP) qui a arpenté depuis la fin septembre le Québec jusqu’aux terres inuites de Kuujjuaq. Les neuf membres du collectif Faut qu’on se parle, dont le fondateur d’Option natio- nale Jean-Martin Aussant et le documenta- riste Will Prosper, ont rencontré des milliers de Québécois à l’occasion de dix consulta- tions publiques et de plus d’une centaine d’assemblées de cuisine. L’importance de soutenir l’éducation et le sentiment d’aliéna- tion face aux institutions politiques se sont imposés comme une constante dans les dé- bats malgré les différences régionales. «Les points communs sont beaucoup PROJET FAUT QU’ON SE PARLE Plusieurs régions, une seule vision Gabriel Nadeau- Dubois croit que les préoccupations politiques sont similaires d’un bout à l’autre de la province ISABELLE GRIGNON-FRANCKE L es nouvelles politiques du Conseil de la ra- diodiffusion et des télécommunications ca- nadiennes (CRTC) risquent de miner la qualité et la diversité des séries télés et Web cana- diennes, ont estimé mardi des producteurs réu- nis en conclave à l’approche des périodes de candidature pour le financement de projets par les grands fonds de l’industrie. Les membres du Regroupement des pro- ducteurs multimédia (RPM) se sont réunis au Monument-National, à Montréal, pour discuter CRTC Couper dans la créativité Les producteurs se désolent des nouvelles politiques de l’organisme public LUCA MAX C onnue sous le nom de SuperGirlKels, la Montréalaise Kelsy Medeiros est la seule femme dans le top 50 mondial du jeu vidéo Su- per Smash Bros 4. Son exploit : manier comme pas une la destinée de Sonic, un hérisson bleu qui attaque ses adversaires sans pitié. Kelsy a commencé à jouer à l’âge de quatre ans. Elle est tombée en amour avec Sonic, person- nage iconique de la compagnie SEGA, dès ses pre- mières heures de jeu. C’est maintenant lui qu’elle incarne dans les tournois. «J’ai grandi avec Sonic et mes parents ont beaucoup joué quand ils se sont rencontrés. Je l’ai découvert grâce à eux», explique-t-elle sur Skype, le sourire aux lèvres. À l’âge de 18 ans, la jeune femme a com- mencé sa carrière professionnelle et s’est lancée dans le monde du Smash compétitif. Joué sur Wii U, Super Smash Bros 4 a pour concept de choisir un personnage issu de l’univers des di- vers jeux vidéo, et d’en affronter un ou plu- sieurs autres. Le but : battre son adversaire en l’expulsant de la plateforme de jeu jusqu’à ce qu’il n’ait plus de vies. Lors des compétitions officielles, ces joutes impliquent plusieurs rè- gles, comme la durée du match, le nombre de vies allouées aux joueurs et le nombre de vic- toires pour remporter la partie. Maintenant âgée de 21 ans, Kelsy réussit à gagner de l’argent avec sa passion, mais ne désire pas en faire son travail. «Tu peux certainement gagner ta vie avec Smash, mais pour moi, je fi- nirais par tellement jouer que ce ne serait plus une passion, mais une obligation, un travail», souligne la esportive qui s’entraîne seulement trois heures tous les deux ou trois jours. Elle travaille présentement à temps plein à Ubisoft, y occupant le poste de testeuse en déve- loppement. La joueuse s’assure de mettre à l’épreuve diverses fonctionnalités des jeux aux- SPORTS ÉLECTRONIQUES «Smasher» les stéréotypes Kelsy Medeiros brise autant de records que de préjugés VOIR EN PAGE 14 : TÉLÉVISION Notre dossier sur la culture geek À la découverte de nouveaux bars page 6 Promouvoir le génie et l’apprentissage page 7 Dans la peau de Sailor Moon page 7 page 7 VOIR EN PAGE 14 : ESPORTS ALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIER Kelsy Medeiros, joueuse professionnelle de Supersmash Bros 4 VOIR EN PAGE 14 : GND

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Culture Flatbush Zombies «enfume»l’Olympia Page 13

N U M É R O 3 L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6 R E C Y C L E Z S . V . P .

Sports Les Canadienss’inclinent en

prolongation Page 11

AUJOURD’HUI

Monde> FranceCazeneuve succède à VallsPage 9Économie> FoodoraCoursiers au statut ambiguPage 10Culture> LuminothérapieLa place des Festivals s’animePage 12Sports> Commotions Miser sur la préventionPage 11

27 ANS APRèS POLyTEChNiQUE

CATHERINE LEGAULT L’ATELIERUne femme a déposé une rose blanche sous les noms des victimes de la tuerie de Polytechnique, lors de la cérémoniede commémoration, mardi, à Montréal. À lire en page 3.

L AU R ENC E GODCHAR L E S

L es préoccupations de Montréal et des ré-gions sont-elles aux antipodes? «Non»,

répondent Gabriel Nadeau-Dubois et AurélieLanctôt à la veille du dernier rassemblementde la tournée Faut qu’on se parle (FQSP) quia arpenté depuis la fin septembre le Québecjusqu’aux terres inuites de Kuujjuaq.

Les neuf membres du collectif Faut qu’onse parle, dont le fondateur d’Option natio-nale Jean-Martin Aussant et le documenta-riste Will Prosper, ont rencontré des milliersde Québécois à l’occasion de dix consulta-tions publiques et de plus d’une centained’assemblées de cuisine. L’importance desoutenir l’éducation et le sentiment d’aliéna-tion face aux institutions politiques se sontimposés comme une constante dans les dé-bats malgré les différences régionales.

«Les points communs sont beaucoup

PROJET FAUT QU’ON SE PARLE

Plusieursrégions,une seulevisionGabriel Nadeau-Dubois croit que les préoccupations politiques sont similaires d’un bout àl’autre de la province

I S A B E L L E G R I GNON - F R ANCK E

L es nouvelles politiques du Conseil de la ra-diodiffusion et des télécommunications ca-

nadiennes (CRTC) risquent de miner la qualité

et la diversité des séries télés et Web cana-diennes, ont estimé mardi des producteurs réu-nis en conclave à l’approche des périodes decandidature pour le financement de projets parles grands fonds de l’industrie.

Les membres du Regroupement des pro-ducteurs multimédia (RPM) se sont réunis auMonument-National, à Montréal, pour discuter

CRTC

Couper dans la créativitéLes producteurs se désolent des nouvelles politiques de l’organisme public

LUC A M A X

C onnue sous le nom de SuperGirlKels, laMontréalaise Kelsy Medeiros est la seule

femme dans le top 50 mondial du jeu vidéo Su-per Smash Bros 4. Son exploit : manier commepas une la destinée de Sonic, un hérisson bleuqui attaque ses adversaires sans pitié.

Kelsy a commencé à jouer à l’âge de quatreans. Elle est tombée en amour avec Sonic, person-nage iconique de la compagnie SEGA, dès ses pre-mières heures de jeu. C’est maintenant lui qu’elleincarne dans les tournois. «J’ai grandi avec Sonicet mes parents ont beaucoup joué quand ils sesont rencontrés. Je l’ai découvert grâce à eux»,explique-t-elle sur Skype, le sourire aux lèvres.

À l’âge de 18 ans, la jeune femme a com-mencé sa carrière professionnelle et s’est lancéedans le monde du Smash compétitif. Joué surWii U, Super Smash Bros 4 a pour concept dechoisir un personnage issu de l’univers des di-vers jeux vidéo, et d’en affronter un ou plu-sieurs autres. Le but : battre son adversaire enl’expulsant de la plateforme de jeu jusqu’à cequ’il n’ait plus de vies. Lors des compétitions

officielles, ces joutes impliquent plusieurs rè-gles, comme la durée du match, le nombre devies allouées aux joueurs et le nombre de vic-toires pour remporter la partie.

Maintenant âgée de 21 ans, Kelsy réussit àgagner de l’argent avec sa passion, mais ne désirepas en faire son travail. «Tu peux certainementgagner ta vie avec Smash, mais pour moi, je fi-nirais par tellement jouer que ce ne serait plusune passion, mais une obligation, un travail»,souligne la esportive qui s’entraîne seulementtrois heures tous les deux ou trois jours.

Elle travaille présentement à temps plein àUbisoft, y occupant le poste de testeuse en déve-loppement. La joueuse s’assure de mettre àl’épreuve diverses fonctionnalités des jeux aux-

SPORTS ÉLECTRONIQUES

«Smasher» les stéréotypesKelsy Medeiros brise autant de records que de préjugés

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ALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIERKelsy Medeiros, joueuse professionnellede Supersmash Bros 4

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ACTUALITÉSP 2

J U L I E N RUD E R I C

L e rapport PiSA (Pro-gramme international

pour le suivi des acquis) éva-lue tous les trois ans le ni-veau scolaire des élèves de15 ans dans 72 pays. Pourl’année 2015, il fait état d’untrès bon classement des Ca-nadiens, parmi les premiersmondiaux. Mais ces chiffressont à relativiser avec l’em-ploi qui en sera fait.

Les résultats sont édi-fiants. Les 2000 adolescentsscolarisés dans 900 établis-sements ont décroché lemeilleur résultat d’Amériquedans les trois grands do-maines d’éducation évalués:les sciences, les mathéma-tiques et la compréhensionécrite (appelée lecture). Parexemple, pour la premièrecatégorie, le Canada se hisseà la 7e place des résultats auxtests. Pour sa part, le sys-tème éducatif québécois seplace au-dessus de lamoyenne canadienne danstoutes les catégories, oul’égale en lecture.

Pourtant, au-delà deschiffres avancés, la questionde leur signification n’estpas clairement abordée dansle rapport. Jean-Paul Fos-sey, conseiller syndical del’Association provinciale desenseignantes et enseignantsdu Québec, exprime ses in-terrogations face à de telsclassements: «En surface,les résultats sont bons pourle Canada. Mais i l faut seméfier de l ’util isation deschiffres pour dire qu’on estbon ou poche.» Son orga-nisme est particulièrementsensible à ces considéra-tions, l’APEQ représentantl’éducation anglophone, mi-noritaire au Québec. «Danscertains domaines de l’édu-cation, i l peut y avoir desdifférences notables entredes courants majoritaires etminoritaires, explique-t-il.

Même entre les provinces, ilexiste des différences d’ap-plication du test. Par exem-ple, au Québec, il faut queles parents acceptent que lesélèves passent l ’examen,alors qu’ailleurs, il faudraitqu’ils émettent une lettre derefus.»

Étude comparativeContactée pour compren-

dre ces considérations, Chan-tal Beaulieu a apporté cer-tains éléments de compré-hension. Elle est la directricegénérale du Conseil des mi-nistres de l’Éducation du Ca-nada (CMEC), l’Organismeintergouvernemental qui meten place l ’enquête PiSA.«Des travaux sont faits pours’assurer que les donnéessoient à l’image du systèmecanadien», se défend-elle.Mais elle insiste essentielle-ment sur un point : «PISA estvraiment une analyse com-parative. Ce qui est impor-tant, c’est de constater lestendances entre les chiffreset les performances.» MmeBeaulieu conclut en concé-dant que, certes, le PiSA estun bel indice de réussite dusystème éducatif, mais qu’ilne s’agit pas que de chiffres,qu’il y a des humains derrièreeux. «Quand on dit que 90 %des élèves ont un niveau suf-fisant en sciences au Ca-nada, ça veut dire qu’il fauts’attarder sur les 10 % quirestent.»

Organisé depuis l ’an2000 par l’OCDE (Organisa-tion de coopération et de dé-veloppement économiques),le PiSA a pour but d’évaluer,sur des critères mondiaux,la qualité de l’enseignementdans un pays. Pour sa part,la CMEC permet aussi à ceprogramme de comparer lesrésultats en fonct ion desprovinces, de la catégoriesociale, du sexe, etc.

L’Atelier

ÉDUCATION

Le Canada en têtedu rapport PiSALes étudiants canadiens ontdécroché le meilleur résultat d’Amérique dans les sciences, les mathématiques et la lecture

S I MON L E F R ANC

L e commissaire fédéral à laprotection de vie privée, Da-

niel Therrien, a appelé mardi Ot-tawa à freiner ses ardeurs enmatière d’empiétement sur la vieprivée au nom de la sécurité.

Dans un mémoire cosignéavec ses homologues du Québecet de l’Ontario, le commissaireencourage le gouvernement à nepas rendre accessibles les méta-données aux forces policières.Les métadonnées concernenttout ce qui entoure les donnéesen soi. Par exemple, un courrielest une donnée, mais l’heured’envoi, le poids du courriel ettoutes ces informations repré-sentent les métadonnées.

Le commissaire est aussi fa-vorable à l’idée du gouverne-ment de créer un «nouveau Co-mité des parlementaires sur lasécurité nationale et le rensei-

gnement» qui pourrait menerl’État à devoir rendre descomptes aux citoyens.

EncourageantPour le professeur en jour-

nalisme de l’UQAM Jean-hugues Roy, ce mémoire vadans la bonne direction etmontre que le commissairereste un bon gardien de la vieprivée des Canadiens. «Lecommissaire dit qu’il fautfaire attention de ne pas em-pêcher l’utilisation de la cryp-tographie. Les dispositions dela loi sont suffisantes pourobliger quelqu’un à donner saclé de chiffrement si la policea des raisons suffisantes», ex-plique-t-il. Bien que les libé-raux aient appuyé le projet deloi C-51, le fait qu’il réalisecette consultation fait partiede leur promesse électorale.

La question de la vie privée

reste d’importance selon lui.«Ce qu’on se dit, ce n’est pasl’affaire de personne. Si tu n’asrien à te reprocher pis que moij’écoute ce que tu dis à tablonde, aimerais-tu ça ? C’estune question de respect. C’estcomme si tes parents te met-taient une puce GPS dans ledos pour savoir ce que tu fai-sais après l’école. Je ne peuxplus rien faire, on me surveillesans arrêt. C’est invasif. Il estlà le problème», raconte-t-il.

Insuffisant Malgré les conclusions du

mémoire allant dans le mêmesens que son organisation,Crypto Québec, l’entrepreneurweb Luc Lefebvre ne croit pasque ce rapport aura un impactsignificatif sur la politique dugouvernement de Justin Tru-deau. «Ce mémoire ne sera passuffisant, car les gouvernements

n’écoutent pas. Le commissaireà la protection de la vie privée apeu de pouvoir au Canada et sesconclusions sont souvent tablet-tées», explique-t-il.

Un autre problème, selonlui, est que le gouvernementregarde les enjeux de sécuritéau niveau micro. Selon lui,«au lieu de vouloir regarderl’impact sur la sécurité del’appui du Canada à certainspays, on se concentre sur lasécurité dans les aéroports etles métros».

il conclut avec l’idée quela seule façon de faire bougerle gouvernement sur cettequestion est de sensibiliserla population aux enjeux devie privée pour qu’elle de-mande des comptes au gou-vernement puis de continuerde mettre de la pression.

L’Atelier

SÉCURITÉ NATIONALE

Freiner l’empiétementsur la vie privée

C ATH E R I N E CH A R RON

U n bassin monstre de clientset un achalandage quasi as-

suré, ce sont ces belles pro-messes que font miroiter la pos-sibilité de s’installer sous les en-trailles de Montréal ontconvaincu et convainc encoreaujourd’hui les entrepreneurs.

Doyen des commerces pré-sents dans les souterrains deMontréal, Le Parchemin a pi-gnon sur couloir depuis l’ouver-ture du métro de la métropole en1966. Considéré comme un vi-sionnaire par ses successeurs àla tête de l’entreprise, le fonda-teur M. Guilbault voyait le po-tentiel derrière l’opportunité quereprésentait l’acquisition de ceslocaux. C’est cette possibilité derejoindre un large éventail depersonne qui l’a séduit. Les af-faires vont relativement bienpour le commerce, même si larécession assombrit le portrait.L’achalandage que leur apportela situation géographique de leurlocal et leur réputation fondéedepuis de nombreuses annéesest ce qui permet à l’entreprisede garder la tête hors de l’eau se-lon Benoît Thouin, gérant etfrère du propriétaire de l’entre-prise. «C’est certain que lesventes vont moins bien quand il

fait beau dehors, l’été, c’est plustranquille, mais reste que lessouterrains sont un atout avan-tageux», soutient-il.

Étant la station de métro laplus fréquentée du réseau,Berri-UQAM est décidémentun atout pour le commerce audétail, situé devant l’entrée del’Université du Québec à Mont-réal. La situation ne serait paspareille si le commerce étaitrattaché à une autre station. Leconstat peut facilement être faitpar la compagnie, leur succur-sale de Place des Arts n’ayantpas le même achalandage. «Ilne faut pas oublier le facteurde marchandises : il n’y a là-bas pratiquement que des bi-joux. Mais la différence est làquand même.» Oui, les loyerssont dispendieux, oui, ils aug-mentent, mais Parchemin estloin d’essayer d’atteindre lasurface de la Terre.

Café de qualité«En mars 2017, ça fera

quatre ans que le caféexiste», se réjouit le proprié-taire du tunnel Espresso Bar,Andrew Kyres. Coquet comp-toir de boissons à emporter,le café est situé dans le tunnelqui relie la Place Ville Marieau Centre Eaton. C’est pour la

commodité qu’apportent lessouterrains de Montréal quecet ancien travailleur du cen-tre-ville a décidé d’y installerson café. Selon lui, l’offre deboisson de qualité était quasiinexistante sous terre. «Lesgens ne voient pas le poten-tiel du tunnel. Ce ne sont pasles étudiants qui passent ici,ce sont les professionnels. Ilsprennent le métro, le train et

travaillent au centre-ville.Les loyers sont chers, commepartout ailleurs dans lecoin» , explique AndrewKyres. Puisqu’il ne possèdepas beaucoup de pieds carrés,il peut maximiser les profitsde la vente de son café. Et lestravailleurs auront toujoursbesoin de leur caféine.

L’Atelier

LE MONTRÉAL SOUTERRAIN

Un monde de possibilités

J U L I E N RUD E R I C

L’ ancien premier minis-tre Brian Mulroney a

qualif ié Donald Trump de«parfait gentleman» alorsqu' i l répondait aux ques-tions d'un petit groupe dejournalistes réunis à l 'am-bassade de France à Ottawa.L'ambassade tenait une cé-rémonie, mardi, en l 'hon-neur de l’ancien premier mi-nistre qui a été nommé com-mandeur dans l'ordre natio-nal de la Légion d'honneur.

Assis dans un petit salon,quelques minutes avant la cé-rémonie, l'ancien politicien atenu une conversation à bâ-tons rompus avec quelquesjournalistes qui lui ont de-mandé son avis sur l'électionde Donald Trump et son oppo-sition au libre-échange.

L'ancien premier ministrea applaudi l'homme, qu'ilconnaît depuis plus de 20 ans,pour son succès financier etparental. De plus, malgré ces

annonces concernant l’Accordde libre-échange nord-améri-cain (ALENA), M. Mulroneyne s’inquiète pas pour le Ca-nada, estimant que le républi-cain visait surtout le Mexique.

Sur les propos misogynesque M. Trump a pu tenir, il arappelé qu’ i l s ’agissait de«conversations de ves-tiaires», faisant écho aux ex-cuses du républicain. Avantde se reprendre en admet-tant que ses propos étaientinacceptables.

Rappelant ses rapportspersonnels avec Ronald Rea-gan et avec George Bush père,M. Mulroney a insisté sur l'im-portance de relations person-nelles pour le succès des af-faires d'État. Et il a prédit unrapprochement certain entreJustin Trudeau et DonaldTrump. «Ça va finir par uneamitié», a-t-il dit.

L’Atelier Avec La Presse

canadienne

OTTAWA

Une cérémonie teintéede surprise

ADRIAN WYLD ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNELe commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Daniel Therrien

ALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIERUn passage entre les métros McGill et Bonaventure, dansle Centre Eaton

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ACTUALITÉSP 3

C ATH E R I N E L E G AU LT

V ingt-sept ans après la tuerie de l’École poly-technique de Montréal, des proches des

victimes se questionnent sur l’appropriationpolitique de cette tragédie au point de bouderles commémorations qui avaient lieu mardi.

Donald Turcotte, le frère de l’une des vic-times de la tuerie, Annie Turcotte, croit quel’événement est beaucoup utilisé pour parler dela violence contre les femmes et du registre desarmes à feu. il mentionne ne plus aller auxcommémorations depuis le 25e anniversaire. iln’est pas contre le fait que plusieurs commu-nautés se soient approprié ce moment, maisquand il écoute les discours, il trouve que l’évé-nement sert de plus en plus à opposer l’hommeet la femme tandis qu’il le voit beaucoup pluscomme une coopération.

«Je ne crois pas qu’on doit être au-dessusdes hommes, je crois qu’on doit travailler aveceux. Nous devons apprendre à nous respecteren tant que femmes, mais certaines personnesne vont pas dans cette idée-là, ça peut être fâ-chant», dit Carmen Pépin, la mère d’Annie etde Donald Turcotte.

Même si les événements sont de plus enplus politisés, la mère de Mme Turcotte croittout de même que c’est un mal nécessaire. Ellementionne que si on veut que les gestes de cegenre diminuent, il doit y avoir des lois qui doi-vent passer par la politique. «Tant mieux si çapeut servir à quelque chose», ajoute-t-elle.

Pour la famille Turcotte, la journéemarque avant tout une période de réflexionprofonde, une journée empreinte d’émotions.«Dans le temps, la journée du 6 décembre re-présentait la pire journée que je pouvais vi-vre. Ça représente une perte énorme, j’ai vécuune grande peine. On pense à Annie chaquejour, mais aujourd’hui, on se rappelle la jour-née spécifique. Je me rappelle où j’étais et ceque je faisais quand j’ai appris la nouvelle»,mentionne Carmen Pépin.

Ce sont les deux frères d’Annie qui ont dûpar la suite identifier le corps. ils se rappellentêtre entrés dans l’auditorium et avoir écoutéles noms prononcés un à la fois. Pour eux, lajournée du 6 décembre sert à se remémorerl’événement de 1989.

Problématique fédéraleÀ l’occasion de la Journée nationale de

commémoration et d’action contre la vio-lence faite aux femmes le gouvernement deJustin Trudeau a gardé le silence au sujet desarmes à feu. Les libéraux avaient pourtantpromis de modifier la loi C-42, visant la déli-vrance simple et sécuritaire des permisd’armes à feu, adoptée par les conservateursde Stephen harper. À ce jour, l’amendement

au projet de loi n’a toujours pas été déposé.Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, un

propriétaire d’arme est dans le droit de trans-porter son arme en tout temps. il n’est égale-ment plus obligatoire pour un vendeurd’armes de vérifier le permis de possession del’acheteur.

«Face à plus d’un an de tergiversations,nous nous questionnons sur la déterminationdu gouvernement à tenir tête au lobby desarmes afin de prioriser la protection du publiccontre la violence par les armes à feu», a écritheidi Rathjen, diplômée de l’École Polytech-nique et porte-parole de PolySeSouvient, dansun communiqué publié vendredi.

Plusieurs événementsAprès la tragédie, tous les 6 décembre a lieu

une commémoration pour se souvenir des14 femmes qui ont perdu la vie après qu’un ti-reur misogyne s’est introduit à l’École polytech-nique de Montréal. Elle est par ailleurs devenue

en 1991 la Journée nationale de commémora-tion et d’action contre la violence faite auxfemmes au Canada, dans le but de souligner la-fusillade, tuant 14 femmes.

«Nous voulons commémorer les victimes,mais aussi rendre visible et sensibiliser [le pu-blic à] d’autres formes de violence. On veutsurtout reprendre le pouvoir pour être encoreplus fortes pour contrer les luttes pour lesfemmes autochtones du Québec», mentionne laprésidente de la Fédération des femmes du Qué-bec, Mélanie Sarazin, lors d’une commémorationorganisée par le comité des 12 jours d’actioncontre les violences faites aux femmes.

Plusieurs événements étaient organisésmardi pour l’occasion dans diverses villesquébécoises. Pour une troisième annéeconsécutive, 14 faisceaux lumineux illumi-naient le ciel en soirée, à partir du chalet duMont-Royal.

L’Atelier avec La Presse canadienne

POLYTECHNIQUE

Des cérémonies trop politiséesDes familles de victimes choisissent d’éviter les commémorations

MYR I AM E DDAH I A

U n an après leur arrivée au Canada, plu-sieurs réfugiés syriens nagent toujours

dans l’incertitude. Alors que les subventions fé-dérales prennent fin, leur intégration se heurteau défi de l’autonomie financière.

il y a un an, le premier ministre du Canada,Justin Trudeau, accueillait les premiers d’unevague de 30 000 réfugiés syriens. Mardi, le Comitésénatorial permanent des Droits de la personne aévoqué l’inquiétude de ces nouveaux arrivants àl’approche de leur treizième mois au pays, quimarque la fin des «obligations financières directesdes [parrains] et du gouvernement du Canada»envers eux.

«C’est que le programme de soutien fédéralcommence à expirer. Les réfugiés qui ne peuventpas encore subvenir à leurs besoins de façon au-tomne commenceront à recevoir l’aide socialedes gouvernements provinciaux et territoriaux»,a souligné le sénateur et président du comité JimMunson, lors d’une conférence de presse à Ot-tawa. «La route de ces réfugiés sera longue et dif-ficile. Plus [de réfugiés] arrivent, c’est une bonnechose [mais] arriver ici n’est que la premièreétape [d’un long voyage]», a-t-il ajouté. «Aucunréfugié ou aucun Canadien, d’ailleurs, ne devraitavoir à choisir entre bien nourrir sa famille etpayer son loyer. Cela ne devrait pas être un choixauquel ils devraient être confrontés. Nous nepouvons pas les abandonner», a-t-il déclaré.

Arrivé au Canada il y a environ un mois, Jo-seph Abiad, un réfugié syrien, a été parrainé nonpas par l’État canadien, mais par le secteur privé.«[Ma famille et moi avons été] parrainés parl’Église orthodoxe. À notre arrivée, nous avonsconvenu d’une entente. Chaque mois, pendant un

an, on nous verse 1 000 $ que nous avons préala-blement déposés avant notre voyage, histoirequ’on puisse démarrer.» Mais aujourd’hui, cemédecin de formation tente de trouver un emploidans le domaine du «marketing.» «Je ne tra-vaille pas et j’essaye de [me] trouver un chemin,mais à mon âge, ce n’est pas facile», ajoute lepère inquiet pour l’avenir de ses trois filles.

À la lumière de leurs observations, le Comitésénatorial a formulé douze recommandations. ilsuggère, notamment, qu’une formation linguis-tique additionnelle soit accompagnée d’un ser-vice de garde pour les enfants de parents syriens.Selon ses membres, cette modification permettraet encouragera la participation des réfugiés sy-riens concernés à une vie sociale active. Le rap-port relève des lacunes à corriger dans le pro-gramme mis en place par le gouvernement pour

assurer l’efficacité d’une intégration et d’une aideadéquate à long terme. «Nous devons poursuivrenos efforts d’intégration, sinon ils risquent desombrer dans la pauvreté et le désespoir», a ap-puyé le sénateur Thanh hai Ngo, membre du co-mité et lui-même réfugié vietnamien.

«[Nous] devrions orienter les réfugiés versdes emplois correspondants aux compétencesdont ils disposent, vers des emplois qu’ils ai-ment», a insisté la sénatrice et vice-présidentedu Comité, Salma Ataullahjan. Plusieurs réfu-giés qualifiés et ayant des expertises demandéessur le marché du travail se confrontent à la bar-rière de la langue, ce qui ne leur permet pasd’exploiter leur plein potentiel professionnel.Au sein des diverses provinces, des cours delangue sont offerts, mais les places y sont limi-tées. Pour assister à ceux-ci, les parents doiventavoir recours à un service de garde ce qui est,dans plusieurs cas, introuvable par le manquede places dans les garderies. Les femmes sontalors désavantagées puisque ce sont elles quis’occupent généralement des enfants, restant àdomicile. Ces femmes, plongées dans une pré-carité financière, restent vulnérables sociologi-quement et économiquement, ne pouvant pass’intégrer au reste de la société canadienne.

La réinstallation des femmes réfugiées estplus longue et plus compliquée. «Les femmesne peuvent pas être laissées pour compte», dé-clarait Jim Munson. «Elles sont à la tête de plu-sieurs de ces familles et le fait qu’elles ne puis-sent pas apprendre notre langue crée leur iso-lement [du peuple canadien]». Comme quoicette problématique affecte d’autant plus lesfemmes réfugiées syriennes.

L’Atelier

IMMIGRATION

Plusieurs réfugiés syriens dans l’incertitudeUn an après leur arrivée, ils ne recevront plus d’aide du gouvernement fédéral

C’ est parfois difficile, voire absurde,d’imaginer des atrocités qui semblent

pourtant si loin de notre réalité. Pourtant, àPolytechnique, quatorze femmes sont mortes.Bien que cette tuerie se soit produite il y avingt-sept ans, la violence à l’égard des femmesne fait pas partie du «Je me souviens».

Chaque année, le 6 décembre, les Québé-cois commémorent avec tristesse ce sombresouvenir qui a marqué l’imaginaire collectif.Certains tentent d’oublier, convaincus qu’unetelle tragédie ne pourrait se reproduire.

Pourtant, au lendemain de la Journéenationale de commémoration et d’actioncontre la violence faite aux femmes instau-rée en mémoire des victimes de la tuerie,force est de constater qu’il est encore possi-ble en 2016 d’être témoin ou victime de fé-minicides dans une université à Montréal.

Au Canada, on dénombre qu’une femmesur cinq sera agressée sexuellement pendantses études postsecondaires. L’an dernier,dans les campus, neuf victimes d’agressionsur dix étaient des femmes. Bien qu’elle ne setraduise pas nécessairement par une tuerie,la violence à l’égard des femmes, qu’elle soitpsychologique, physique ou sexuelle, est bienréelle dans notre société. De multiples his-toires à caractère misogyne surviennent enmilieu universitaire, dont les agressionssexuelles à l’Université Laval le mois dernier.

Bien que la condition féminine au Qué-bec ne soit pas considérée comme étant desplus bafouées, il ne faut pas niveler par lebas. Pour bien trop de personnes encore, ilexiste un véritable refus de considérer la vio-lence sexuelle. Au contraire, on impose le si-lence aux victimes et même, dans certainscas, la culpabilité. il faut arrêter de croire aumythe de la vraie violence. Pour améliorernotre société, tout part de l’éducation. Dèsun très jeune âge, il faut inculquer aux en-fants des valeurs d’égalité entre les sexes.Faire comprendre autant aux filles qu’auxgarçons qu’ils méritent la place qu’ilsconvoitent dans la société et qu’il est inutilede se jalouser. Toutefois, comme l’a été le ti-reur de Polytechnique, certaines personnessont encore aujourd’hui motivées, voire ron-gées par la jalousie. Cette aversion d’autruiest caractérisée par une insécurité, une sen-sation d’infériorité, un sentiment répulsifressenti par les jaloux. Ainsi, le meilleurmoyen de s’en défaire pour certains, c’est dese rabattre à rabaisser quelqu’un. Tandisque, pour d’autres, c’est plutôt de s’abaisserà abattre quelqu’un.

Nous avons un devoir de mémoire et undevoir d’action. Se rappeler et agir pourqu’un tel événement ne se reproduise pas.Une fille ne devrait plus se faire traiter«comme une fille». La femme doit êtrel’égale de l’homme! Nous ne devons pas ou-blier cette journée du 6 décembre ni recréerles erreurs du passé.

ÉDITORIALFinies les tueries à l’uni?

JULIANE SICKINI

CATHERINE LEGAULT L’ATELIERDeux femmes se rappellent les victimes de la tuerie à la Polytechnique en 1989.

CATHERINE LEGAULT AGENCE FRANCE-PRESSEUn réfugié syrien s’apprête à servir lethé aux membres de sa famille.

Le pape ne viendra pasà Montréal en 2017Le pape François ne sera pas au rendez-vousdu 375e anniversaire de la métropole en 2017,selon une annonce de l’archevêque de Mont-réal, Mgr Christian Lépine, hier. informé de ladécision par la voie d’un communiqué mardimatin du Nonce apostilique, Mgr Luigi Bo-nazzi, l’archevêque de Montréal a offert ses«remerciements» au pape d’avoir évalué lapossibilité de visiter Montréal. il a préciséque le diocèse organisera tout de même desactivités pour le 375e anniversaire de la mé-tropole, dont la tenue d’une grande messe àla basilique Notre-Dame, le 17 mai, jour offi-ciel de la fondation de la ville. Le pape a ce-pendant fait savoir qu’il évaluerait la possibi-lité de venir au Canada au moment de la pla-nification de ses voyages pour 2018-2019.L’invitation de se déplacer à Montréal en2017 avait été faite au pape François en fé-vrier 2015, de même qu’une invitation offi-cielle à visiter le Canada à l’occasion du 150e

anniversaire de la Confédération.La Presse canadienne JCV

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ACTUALITÉSP 4

Le pédiatreAlain Sirardtrouvé mort Mardi, le Service de police dela Ville de Montréal (SPVM) atrouvé le pédiatre Alain Sirardsans vie au Centre hospitalieruniversitaire (ChU) Sainte-Justine où il travaillait. LeCollège des médecins enquê-tait sur lui depuis 2013, aprèsqu’il ait soupçonné à tort desparents d’avoir battu leur en-fant. L’établissement hospita-lier a souligné avoir perdu «ungrand défenseur des droitsdes enfants qui a œuvré auCHU Sainte-Justine durantplusieurs décennies [et qui]était également fortement en-gagé dans les soins et l’ensei-gnement aux futurs pédia-tres» dans son communiquéde presse publié hier. LeSPVM a expliqué que cettemort avait une «apparence desuicide». L’enquête est tou-jours en cours.

L’Atelier MPL

Uber reprendses activités à CalgaryCalgary — C’est mardi à 14 hheure locale que les chauf-feurs d’Uber ont repris duservice après plus d’un and’absence. Le 28 novembredernier, la Ville a modifié sonrèglement municipal sur lescompagnies de réseau detransport, telle la controver-sée compagnie américaine,après un an de discussionsavec les principaux acteurs dumilieu. Ces compagnies de-vront maintenant payer desfrais de 5 000 $ à 20 000 $ àla Ville selon le nombre dechauffeurs qu’elles engagent.Chaque conducteur devrapayer à son tour des frais de15 $, en plus de remettre 20 ¢par course à Calgary. L’effica-cité de ce projet-pilote d’unan sera réévaluée à la fin de2017. En 2015, la Ville avaitréussi à obtenir une injonc-tion contre Uber, lui repro-chant de ne pas respecter saréglementation. Depuis, l’en-treprise n’a pu offrir ses ser-vices aux adeptes de ce ser-vice de transport.

L’Atelier CC

MEURTRES À POINTE-AUX-TREMBLES

Frédérick Gingras accuséFrédérick Gingras, l’hommesoupçonné d’avoir commisune série d’homicides lorsd’une cavale dans le quartierPointe-aux-Trembles, di-manche, a été accusé, mardi,de deux chefs de meurtreprémédité et de deux autresde tentative de meurtre.L’accusé de 21 ans a com-paru par vidéoconférence aupalais de justice de Mont-réal. il avait été arrêté tôtlundi matin après avoir faitdeux morts et un blessé,dans l’est de Montréal.L’institut Philippe Pinel ensanté mentale devra déter-miner si M. Gingras est apteà subir son procès. L’institutdispose de cinq jours pourtrancher sur la question, aindiqué la procureure de laCouronne, Catherine Per-reault. Si l’institut n’est pasen mesure de se prononcerd’ici là, un délai maximal de30 jours pourra être accordé,a-t-elle précisé. La procu-reure n’a pas écarté la possi-bilité que d’autres chefsd’accusation puissent êtreportés. La mère de l’accusé aaffirmé, plus tôt mardi, qu’ilavait récemment été remisen liberté alors qu’il était enproie à de graves problèmesde maladie mentale.La Presse canadienne GG

É T I E NN E G R I GNON

À Montréal, les cônes orangesont partout: au centre-

ville, dans les quartiers rési-dentiels, sur les autoroutes… etdans les appartements. Sur lesnombreux chantiers de la mé-tropole, des citoyens déplacentet volent des cônes pour briserl’ennui, sans se soucier desconséquences.

À la Ville de Montréal, il aété impossible d’obtenir dedonnées exactes sur le nombrede vols de cônes ou même surle budget consacré à leurachat, puisque leurs coûts sontassumés par les entrepreneursqui s’occupent des chantiers.

Philippe Sabourin, rela-tionniste à la ville de Montréalest conscient du problème,mais n’est pas en mesure de lequantifier, car les donnéesn’existent pas. il a toutefoisconfirmé que le Service de Po-lice de la Ville de Montréal(SPVM) et les arrondisse-ments achètent en moyenne5000 cônes orange de taillemoyenne par année, une dé-pense de plus de 80 000 $.

«C’est un cône, qu’est-ceque tu vas faire?» demandeironiquement Mathieu, 20ans. L’étudiant avoue avoirdéjà volé trois cônes, chaquefois lors de soirées arrosées.Même son de cloche pour uneétudiante de 18 ans du cégepde Maisonneuve, qui préfèretaire son nom, n’a toutefoispas peur outre mesure. «C’estimpossible; ils ne vont pasm’arrêter parce que j’ai volé

un cône, même s’ils peuventle faire,» dit-elle.

Les raisons qui poussentles jeunes à repartir avec desarticles de signalisation nesont jamais bien compli-quées, comme en témoignecandidement Mathieu. «Onétait chauds. C’est le trip devoler quelque chose qui nenous appartient pas.» La cé-gépienne de 18 ans expliquequant à elle que sa sœur «levoulait dans sa chambre»simplement, tout en indi-quant que l’alcool n’était pasun facteur ce soir-là. Avecl’aide de ses parents, ils ontmis le cône dans la voiture

pour le ramener chez elle. Même s’il sait qu’il agit

dans l’illégalité, Mathieu neregrette aucun de ses larcins.«Ça fait du mal à personne enparticulier.» La cégépienneest du même avis, elle qui avolé un cône au jour de l’anavec sa famille. «C’est cave,mais ce n’est pas grave», dit-elle. Selon le SPVM, un vol decône revient à commettre un«acte criminel». D’après leCode criminel, quelqu’un quicommet un vol d’une valeur demoins de 5000 $ «est coupa-ble soit d’un acte criminel etpassible d’un emprisonne-ment maximal de deux ans,

soit d’une infraction punissa-ble sur déclaration de culpa-bilité par procédure som-maire.» Malgré tout, ces pos-sibilités de représailles ne fontpas peur aux étudiants queL’Atelier a rencontrés.

Ces vols ont toutefois uncoût. Chez Groupe SMG, en-treprise spécialisée en signali-sation, on évalue qu’une baliseconique, ce grand cône circu-laire orange et blanc, coûte de60 $ à 70 $ à construire. SelonChristian Fay, vice-présidentde la compagnie, le vol decônes est un phénomène diffi-cile à enrayer. «Parfois, d’uncoup, il en manque quinze, ex-

plique-t-il. On peut les rem-placer, mais on ne sait pas oùils sont partis.» il estime quecertains chantiers sont plusvulnérables que d’autres.

«C’est certain qu’un chan-tier qui est très visible, c’esttrop dangereux. Sur Décarie, iln’y a personne qui volera descônes. Par contre, si c’est dansun rang, c’est autre chose.»

Christian Fay ne croit pasqu’une compagnie importantepuisse tenter de voler des cônesà ses compétiteurs. En effet, leplastique qui sert à faire lescônes est souvent fait d’unecouleur propre à l’entreprise. ilest généralement possible devoir la couleur dans le haut etdans le bas de chaque cône.

«Avant, quand les cônesétaient tous orange, unconcurrent pouvait les voler»,explique-t-il. «Mais à partir dumoment où chaque entreprisea une couleur, c’est plus com-pliqué» dit-il, en ajoutant quedes soupçons ont mené à cettenouvelle tendance, même si«on n’a jamais pu le prouver».

C’est donc dire qu’il estpresque impossible pour uneentreprise de faire un vol àgrande échelle ou pour un in-dividu de vouloir voler unegrande quantité de cônes pourles revendre par la suite. Se-lon lui, ce sont surtout «desjeunes, pour s‘amuser» quicommettent ce genre de geste,qu’il trouve peu pertinent.«Ça sert à quoi, un cône?»demande-t-il.

L’Atelier

VOLS À MONTRÉAL

Le cône orange de la convoitiseSymbole de la frustration des automobilistes, l’objet est la cible de voleurs

ALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIER Plusieurs cônes délimitent une zone de travaux à l’intersection du boulevard Ro-semont et de la rue Saint-Denis.

GA B R I E L G U ÉN E T T E

L’ étude Comparer Mont-réal: le paradoxe de l’im-

migration montréalaise del’institut du Québec (idQ),sortie mardi, chiffre officielle-ment un «enjeu important»,alors que 2 immigrants avecune formation universitaireétrangère sur 3 sont surquali-fiés pour le poste qu’ils occu-pent à Montréal, le pire tauxparmi les grandes métropolesen Amérique du Nord.

L’étude, menée auprès destravailleurs potentiels âgés de25 à 54 ans, porte bien sonnom de paradoxe. Alors que letaux de diplomation universi-taire est plus élevé chez lesimmigrants que les natifs(33 % contre 24 %), le taux dechômage est nettement plusbas chez ceux nés ici (7  %contre 12,5 %).

Ainsi, l’écart entre le tauxde chômage des deux groupesde citoyens est de 10 %, la pireperformance nord-américainealors que les taux de Torontoet Vancouver sont évalués à6 % et 5 % respectivement.«C’est un gaspillage de ta-lent», a déclaré Raymond Ba-chand, président de l’idQ. «Tufais venir des gens, mais il y ades blocages partout.»

Présentement, la loi ne re-connaît pas les diplômesétrangers, obligeant les immi-grants à recommencer leurétude ici. «Je mets au défi lesMontréalais de 50 ans de re-passer tous leurs examens»,a-t-il déclaré. «Personnelle-ment, je ne serais pas capa-ble de passer à nouveaumon examen du Barreau.»huit proposit ions ont étémises de l’avant dans l’étudeafin de remédier à ce «défi de

société», mais les intervenantsde la conférence en ont éla-boré d’autres qui semblaientplus importants à leurs yeux.

Une grande partie de la so-lution provient de l’aide et del’encadrement des nouveauxarrivants. Michel Leblanc, pré-sident et chef de la directionde la Chambre de commercedu Montréal métropolitain(CCMM), a insisté sur l’impor-tance d’améliorer les proces-sus d’embauche, en dévelop-pant et en améliorant davan-tage les ressources humaines

dans les entreprises. Ainsi, lesentreprises doivent reconnaî-tre les qualifications des immi-grants et les responsables desressources humaines doiventêtre capables de lire les curri-culums vitae des immigrants.

Ainsi, la discriminationsur l’expérience doit être abo-lie selon Raymond Bachand.En d’autres mots, les entre-prises ne devraient pas pren-dre en considération le lieude formation des immigrantset plutôt s’attarder au degréde formation. «Par exemple,

si tu as travaillé dans unequincaillerie, ça fait la job»,a il lustré le président del’idQ. Tu ne dois pas absolu-ment avoir travaillé dansune quincaillerie d’ici.»

Par ailleurs, l’Ontario a in-terdit l’exigence d’une expé-rience de travail canadienne.Selon le «Code des droits de lapersonne de l’Ontario», pen-dant une entrevue d’emploi,l’employeur ne doit pas de-mander au candidat où il a ac-quis son expérience, mais doitprendre en compte toute l’ex-périence professionnelle anté-rieure, quel que soit le lieu oùelle a été acquise. M. Bachandpropose l’adoption d’une tellemesure au Québec.

Bilinguisme oubliéQuestionné sur le sujet,

Michel Leblanc a précisé quel’importance du français dansl’employabilité à Montréaln’est pas un critère considérédans l’étude, alors que les au-tres villes canadiennes sontunil ingues anglophones,comme Toronto et Vancou-ver. «Ce critère n’expliquetoutefois pas l’écart entre letaux de placement des immi-grants et celui des natifs.», a-t-il indiqué.

Le président et chef de ladirection de la CCMM en aprofité pour conseiller aux en-treprises de faire un suivi avecles immigrants quand ces der-niers font une demande d’em-ploi chez eux. Ainsi, les immi-grants sauraient les pointsqu’ils ont améliorés, comme lamaîtrise du français. «Sou-vent, ils ne savent pas pour-quoi ils ne sont pas pris», a-t-il ajouté.

L’Atelier

IMMIGRATION

Problème de surqualification à MontréalDeux immigrants sur trois seraient trop qualifiés pour leur emploi

S H ANNON P E COURT

J oël Robuchon, i l lustrechef étoilé français, doit

ouvrir ce mercredi son pre-mier restaurant à Montréaldans le bâtiment du Casinode Montréal, après plusieursmois de retard et un an depréparation.

Le concept de L’Atelier«rapproche la cuisine duclient» selon le chef en entre-vue à Radio-Canada. Un telmodèle existe depuis 12 ans,avec des établissements de cetype à Tokyo et à Paris, et desdemandes pour en ouvrir par-tout dans le monde.

Si Joël Robuchon est lechef le plus étoilé au monde,totalisant 30 étoiles répartiesdans ses restaurants sur toutela planète, le Guide Michelinn’en a encore jamais accordéau Canada.

Pour sa part, le guide gas-tronomique français Gault &Millau, a décidé de mettre àl’honneur le Québec en dévoi-lant son palmarès pour laprovince ce mardi à Québec.Cela suit la sortie lundi de lapremière édition du Gault &Millau du Québec.

Le guide, plus que quaran-tenaire, a consacré le chefyvan Lebrun comme «cuisi-nier de l’année», du renommérestaurant initiale à Québec.

Gault & Millau met ici unaccent sur la relève par ses ca-tégories, et sur Montréal par lechoix de ses lauréats.

Le 30 mai, le guide avaitdévoilé ses 160 meilleures ta-bles de Montréal.

L’Atelier

RESTAURANTS

Guide: leQuébec àl’honneur

JACQUES NADEAU LE DEVOIRLes immigrants diplômés ont moins de chance que lesautres de se trouver un emploi à Montréal.

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ACTUALITÉSP 5

DOM IN I QU E D EG R É

J ustin Trudeau a annoncél’élaboration d’une loi

pour protéger les langues au-tochtones au Canada lors del’assemblée extraordinaire deschefs autochtones mardi touten soulignant son désir d’undialogue de nation à nation.Le chef national de l’Assem-blée des Premières Nations(APN), Perry Bellegarde, veutpour sa part une meilleurediscussion entre les commu-nautés qui appuient et qui re-jettent les oléoducs.

Le premier ministre, M.Trudeau, a profité de sontemps de parole devant l’as-semblée pour annoncer lacréation d’un projet de loipour la protection et la revita-lisation des langues autoch-tones. La ministre du Patri-moine, Mélanie Joly, a égale-ment pris le micro pour parlerde la préservation des languesdes Premières Nations au Ca-nada. Elle est toutefois de-meurée avare de détails sur leprojet de loi en question.

Cette initiative a été ac-cueillie par les applaudisse-ments de la foule, dont ceuxdu conseiller politique de l’As-semblée de Premières Nationsdu Québec et du Labrador(APNQL), Claude Picard. «Ons’attendait à ça. Ça fait long-temps que c’est demandé, ra-conte M. Picard. En ce mo-ment [la préservation leslangues autochtones] est leparent pauvre des investisse-ments. Nos langues sont vrai-ment un élément essentiel descultures qu’on veut préser-ver», ajoute-t-il.

Le conseiller politiquesouligne également qu’un pro-gramme de préservation deslangues avait été élaboré sousle gouvernement de Paul Mar-tin. Ce projet, qui prévoyaitdes investissements de 150millions de dollars sur cinqans, n’avait pas vu le jourpuisque les conservateursl’avaient mis au rancart à leurarrivée au pouvoir. «On avraiment perdu 10 ans à par-tir du moment où les conser-vateurs ont laissé tomber leprogramme de développe-ment et de la rétention lin-guistique et il y a des choses

qui ont été perdues à tout ja-mais», déplore Claude Picard.

On recense au Canada unesoixantaine de langues au-tochtones, dont la plupart sontmenacées. Les données prove-nant de l’Enquête nationaleauprès des ménages de 2011révèlent que seulement unepersonne autochtone sur sixpeut soutenir une conversa-tion dans sa langue.

DialoguesL’allocution du premier

ministre se voulait rassem-bleuse et mettait un accent im-portant sur le dialogue de na-tion à nation. Claude Picardvoit le ton de M. Trudeaucomme «sincère» et «em-preint d’une volonté de modi-fier la relation avec les Pre-mières nations». Par contre, leconseiller de l’APNQL est au-jourd’hui bien plus sceptique àl’endroit des promesses et desdiscours de Justin Trudeau.«Le problème, c’est de livrerles résultats. Si l ’enthou-siasme était à 90 % l’an der-nier, il est peut-être à 75 %cette année et si on continuesur la même trajectoire, ilsera peut-être à 50 % l’an pro-chain», prévient M. Picard.

D’autres leaders autoch-tones canadiens font aussipreuve de méfiance envers les

paroles du gouvernement.C’est le cas du conseiller poli-tique de la nation des Chippe-was de la Thames, Georgehenry. «Il n’y a toujours pasde dialogue de nation à na-tion. Pourquoi devons-nousdépenser 400 000 dollarspour aller en cour afin que legouvernement commence àsonger à nous reconnaître»,s’interroge M. henry. La Pre-mière nation ontarienne quereprésente George henry estprésentement devant la Coursuprême du Canada, car elleestime ne pas avoir été consul-tée correctement lors de l’in-versement du flux de la ligne9B d’Enbridge, oléoduc quitraverse son territoire.

L’épineux dossier des pi-pelines TransMountain deKinder Morgan et de la ligne 3d’Enbridge a aussi eu deséchos mardi. Bien conscientde la controverse suscitée parces projets, Justin Trudeau atenté de rester rassembleur.«Le test de notre relation estsi on peut quand même avan-cer ensemble dans le respect»,a insisté le premier ministre.

«M. Trudeau a parlé dedialogue pour trouver une so-lution pour faire passer les pi-pelines. Ce n’est pas ce que lesgens pensent, particulière-ment ceux qui ont vu leur

source d’eau potable contami-née», martèle George henry.

Le chef de l’APN a incitéles dirigeants autochtones auxpositions divergentes sur lesoléoducs à discuter ensemble.«Nous voulons faciliter undialogue respectueux qui per-mettra de comprendre pour-quoi certaines Premières na-tions ont dit oui et d’autresont dit non. Nous soutenonsavant tout les droits, et ledroit le plus important quenous soutenons est le droit àl’autodétermination», a af-firmé Perry Bellegarde en dé-but de journée. il avait avouélors d’une entrevue avec Ra-dio-Canada qu’il percevait unecertaine «stigmatisation» descommunautés qui sont favora-bles aux pipelines.

George henry est catégo-rique: les Premières Nationsen faveur des oléoducs ont unevision trop limitée. «Les Na-tions qui ont accepté ces pro-jets ont besoin d’argent. Maisil faut regarder à long terme.Les pipelines sont une solutionà court terme pour les emploiset la croissance. Je crois qu’ily aura des conflits qui vontcontinuer de survenir», ex-plique le conseiller politiqueChippewa.

L’Atelier

AFFAIRES AUTOCHTONES

Justin Trudeau souhaite protéger les languesLe chef de l’APN, Perry Bellegarde, veut un dialogue

DOM IN I QU E D EG R É

L e fédéral échoue depuisdes années à financer

adéquatement les écoles au-tochtones, dont le fonctionne-ment comporte des coûts plusélevés que ceux des écoles desréseaux scolaires des pro-vinces, estime le directeurparlementaire du budget(DPB), Jean-Denis Fréchette,dans un nouveau rapportrendu public mardi.

Les élèves issus de com-munautés des Premières Na-tions sont donc désavantagéspar rapport à leurs com-parses qui étudient dans desécoles provinciales, soulignele directeur.

L’écart entre le finance-ment accordé aux établisse-ments scolaires de réservesautochtones et celui des écolesdes réseaux provinciaux s’éle-vait à 595 millions de dollarsen 2012-2013, note-t-il.

Cette différence pourraitse creuser davantage pourl’exercice financier en cours,prévient le directeur, pour at-teindre 665 millions de dol-lars. Le rapport relève qu’enOntario, les écoles adminis-trées par les conseils debande ont reçu un finance-

ment par élève de 14 500 $ dufédéral pour 2012-2013.

Si ces établissementsavaient été subventionnés selonla formule du gouvernement dela province, les sommes se se-raient plutôt élevées entre 21000 $ et 25 000 $. Le DPB at-tribue un tel écart de finance-ment à l’échec d’Ottawa d’of-frir suffisamment de soutienfinancier aux écoles des Pre-mières Nations.

Ces dernières doiventcomposer avec des dépensesplus élevées en raison, notam-ment, de leur isolement géo-graphique, des enjeux socioé-conomiques de leurs commu-nautés et d’une plus grandedemande en matière d’éduca-tion spécialisée. Le finance-ment de l’éducation relèveprincipalement de la respon-sabilité des provinces.

Or, les écoles de réservessont financées par le fédéral.Le DPB croit néanmoins quela situation pourrait s’amélio-rer si le gouvernement de Jus-tin Trudeau respecte les enga-gements qu’il a formulés plustôt cette année.

L’Atelier Avec La Presse

canadienne

PREMIÈRES NATIONS

École sous-financée,élèves désavantagés

ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNE

Le chef autochtone Perry Bellegarde discute avec la ministre des Affaires autoch-tones et du Nord, Carolyn Bennett.

Deux contratsdu 375e annuléspar le BIGLe Bureau de l’inspecteur gé-néral (BiG) recommande larésiliation de deux contratsaccordés dans les arrondisse-ments de Lachine et Sud-Ouest à l’organisme Montréalen histoire (MEh) dans le ca-dre des festivités du 375e anni-versaire de la ville. L’orga-nisme aurait servi de «façadepour l’entreprise commercialeTorrentiel» dans l’obtentionde contrats dans la mise en lu-mière de ponts et de passe-relles enjambant le canal La-chine. Aucun processus d’ap-pel d’offres n’a été effectué.Pour sa part, le Sud-Ouest aaussitôt suspendu son contrat,demandant à MEh de ne pasencaisser le premier chèque de250 000 $ tout en n’envoyantpas le deuxième paiement de500 000 $. De son côté, l’ar-rondissement de Lachine acontinué de verser deschèques à l’organisme à butnon lucratif, totalisant 3 vire-ments de 950 000 $. Le BiG aprofité de la situation pourrecommander que toutcontrat de plus de 100 000 $accordé à un organisme àbut non lucratif soit vérifiéet validé par les avocats dela Ville.

L’Atelier GG

Les paramédicsde la FSSS-CSNen grève La Fédération de la santé etdes services sociaux de laCSN, regroupant 3600 ambu-lanciers paramédicaux, répar-titeurs et employés de sou-tien, a fait parvenir un avis degrève aux employeurs pour le15 décembre prochain. Entre-temps, les négociations sepoursuivent, mais les partiesestiment être allées le plusloin possible sans interven-tion du ministère. Selon DenisPerreault, directeur généralde la Corporation des servicesambulanciers du Québec, leproblème vient du fait que leministère a délégué aux entre-prises ambulancières la res-ponsabilité de négocier avecles syndicats, mais sans leurdonner tous les budgets ettous les mandats requis. «Lagrande question qui demeureest tout l’aspect financier.Nous, on n’a aucun contrôlesur les revenus et les dé-penses dans ce secteur-là»,a-t-il expliqué. Le porte-pa-role d’Urgences-santé, Be-noit Garneau, a ajouté queles syndiqués devront assu-rer les services essentiels encas de grève et que, selonlui, cela ne devrait donc pastrop affecter les services aupublic.La Presse canadienne JCV

GA B R I E L G U ÉN E T T E

L e ministre fédéral desRessources naturelles,

Jim Carr, s’est excusé mardid’avoir menacé d’éventuelsmanifestants anti-oléoducsnon pacifiques en déclarantqu’ils seraient attendus depied ferme par l e s f o r c e spolicières et militaires.

«Je n’ai pas choisi mesmots avec soin la semainedernière et je le regrette», a-t-il déclaré à sa sortie de laréunion du cabinet. il avaitlancé que «si les gens choisis-saient de ne pas être paci-fiques, alors le gouvernementdu Canada, par ses forces mi-litaires, par ses forces de po-lice, s’assurera de la sécuritédes gens», après avoir dit quela dissidence pacifique étaitbienvenue. il s’était fait ap-plaudir par l’assemblée de-vant laquelle il avait fait sadéclaration.

Toutefois, le ministre aajouté qu’il ne cherchait «pasdu tout» à rassurer l’industrie

concernant l’approbation parle gouvernement libéral du

projet d’oléoduc Kinder Mor-gan, en Colombie-Britan-nique. «C’était une façond’exprimer que manifesterpacifiquement fait partie denotre ADN en tant que Cana-diens et que nous sommesaussi dans un État de droit»,a-t-il soutenu.

il a précisé qu’il ne visaitpersonne, alors que ce projetpeut rappeler «de mauvaissouvenirs à certaines com-munautés». «Si certains l’ontinterprété de cette manière,je suis désolé. J’aurais dûêtre plus prudent dans monchoix de mots», a déclaré leministre.

Les commentaires de JimCarr, rapportés jeudi soir der-nier par l’Edmonton Journal,avaient fait bondir l’oppositionà Ottawa, les néo-démocratesles qualifiant d’«irresponsa-bles», d’«incendiaires» et de«dangereux».

L’Atelier

L’ARMÉE POUR PROTÉGER LES OLÉODUCS

Le ministre Jim Carr s’excuse

TROY FLEECE LA PRESSE CANADIENNEL’écart entre les financements accordés aux établissementsscolaires s’élevait à 595 millions en 2012-2013.

ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNEJim Carr, le ministre fédéral des Ressources naturelles

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

CULTURE GEEKP 6

GA B R I E L L E MOR I N - L E F E BV R E

L es mangas et leurs décli-naisons animées passion-

nent un nombre croissant deQuébécois. Un marché floris-sant, mais délaissé par lesmaisons d’édition d’ici, fautede moyens.

Lorsqu’on entre dans l’O-taku Manga Lounge, une li-brairie-café située rue Saint-Denis, on doit absolumentenlever ses chaussures, règlede politesse observée au Ja-pon.

Si c’est inusité pour cer-tains, ça ne semble pas éton-nant, puisque c’est ici queles admirateurs de culturejaponaise — ou otaku — serassemblent autour d ’unbubble tea pour profiter dela vaste sélection de mangasà acheter ou à consulter surplace.

«Avant, être “geek”c’était mal vu et aujourd’huic’est tendance. Actuellement,des gens qui sont des otakussont fiers d’être otakus. Lesmangas sont de plus en pluspopulaires», affirme AmélieJean-Louis, gérante de l’O-taku Manga Lounge. Depuis6 ans, elle dit vendre chaqueannée 30 % plus de mangasque l’année précédente.

Le monde du manga et desdessins animés se révèle beau-coup plus complexe et offreplus de choix selon Misa hirai,maître de langue à l’UQAM.«Aujourd’hui les mangas nesont pas seulement pour lesenfants, il y a toutes sortes demangas différents sur l’écono-

mie, l’histoire, la psychologie»,explique-t-elle.

Malgré cet engouement, au-cun éditeur dans la province netraduit des mangas en françaisaux accents québécois. Le mar-ché européen domine en tra-duction de mangas, alors lesmangas lus ici ont été traduitsen France.

«Au Québec, les titres tra-duits en France avec trop d’ex-pressions françaises ne plaisentpas aux Québécois», affirmeAmélie Jean-Louis. Les éditeursdoivent payer des droits pourtraduire l’œuvre une secondefois au premier traducteur.

«Je ne connais aucunéditeur québécois qui a les

reins assez solides pour selancer dans l’édition de man-gas», affirme Jean-DominicLeduc, copropriétaire de Li-brairie Z à Montréal. «Ce neserait pas profitable dansces conditions. Nos struc-tures ne sont pas adaptées»,dit celui qui prône un finan-cement indépendant.

«Le marché des mangasa été saturé en Europe dansles années 2000 parce qu’il yavait trop d’offres et pas as-sez de demandes. Le marchéest encore trop saturé denouveautés, on se tireraitdans le pied en faisant ça»,pense M. Leduc.

«Tout traduire coûterait

cher si on pense aux droits detraduction et d’exploitation.Un éditeur de BD moyen vaprivilégier les lecteurs locauxet va publier entre 5 à 10 ti-tres, ce qui est beaucouppour un éditeur. Un mangad’action va aller chercher de20 à 50 titres puisque ce sontde longues séries», expliqueJean-Dominic Leduc.

Mais pour les admirateursde mangas, la passion de-meure malgré tout. «C’est unmonde très immersif une foisque tu t’y plonges, tu as envied’en savoir plus, c’est quelquechose de différent», ajouteAmélie Jean-Louis, enthou-siaste. «La culture japonaiseest très populaire de par lemonde et je pense que c’estparce qu’elle est entourée demystère.» Pour Alex Dumou-lin Laurin, étudiant à l’UQAMen enseignement, les mangassont surtout une source d’ins-piration qu’il ne trouve pasdans les bandes dessinées.

«C’est ce que j’aime dansles mangas, c’est que le prota-goniste doit traverser desépreuves pour grandir et ac-croître sa force. Les super-hé-ros héritent de leur pouvoiralors que, dans les mangas, leprotagoniste le développe.»

Ayant lu une douzaine demangas, il explique aussi queles bandes dessinées améri-caines n’ont pas la même ma-turité. «On mise plus sur lepersonnage qui est le hérostandis que, dans les mangason voit plus la spiritualité etla philosophie de vie.»

L’Atelier

MANGAS ET ANIMÉS

La traduction québécoise trop coûteuse

J U L I A N E S I C K I N I

J eux de tables, ordinateurs etarcades, la rue Saint-Denis

s’est métamorphosée en un vé-ritable refuge geek grâce à sesnombreux bars thématiques.

«Montréal, c’est une villed’expérience, on a besoin d’in-nover», explique un employédu bar Arcade MTL, MarcGravel. Le fait d’être un éta-blissement situé rue Saint-De-nis dans le Quartier latin, «ar-tère “geek” de la métropole»,contribue aussi à leur péren-nité, selon lui. Les proprié-taires des bars Randolphe etMeltdown, rencontrés parL’Atelier, adoptent égalementcette idée.

Bières et manettes«Les bars geek fonction-

nent bien à Montréal, capitaledu jeu vidéo. C’est extrême-ment populaire», rapporte lepropriétaire du bar d’esportsMeltdown, Pierre Violleau. Lesclients s’y réunissent pour s’af-fronter à divers sports électro-niques en manipulant souriset clavier. Le concept esportsévolue. Jouer ne se fait plusque sur un ordinateur. Désor-mais, ces lieux mettent aussides consoles à la dispositionde ses fidèles.

«L’entreprise du jeu vidéorapporte plus d’argent que lecinéma, la musique, tousconfondus. C’est la preuve queles gens sont prêts à consom-mer», renchérit le proprié-taire. M. Violleau croit quecela se développe dans la cul-ture. il donne en exemple qu’ilne connaît personne qui n’a ja-mais touché à ce genre dejeux. Cette façon de se divertirdevient plus accessible avecles cellulaires, tablettes, ordi-nateurs et autres avancéestechnologiques. «Tant qu’il yaura des jeux vidéo et que laculture du cinéma et de la mu-sique y seront liées, les barsgeek survivront», fait valoirM. Violleau.

«C’est une place qui seveut fédératrice des “gamers”pour qu’ils puissent se rencon-trer, se retrouver et jouer en-tre eux. C’est pourquoi le barpropose par exemple desnoms de cocktails évoquantdes personnages [de jeux vi-déo]», soutient le propriétaire.

«Le bar Arcade MTL [qui

possède plusieurs consoles ré-tro] sort du lot grâce à sonconcept original», souligneson préposé à l’accueil, MarcGravel. Au départ, des collec-tionneurs de jeux d’arcadevintage organisaient des soi-rées V.i.P. dans un loft.

Ayant constaté la popula-rité de ce type d’évènements,les adeptes ont ouvert un barregroupant leurs antiquitésafin que tous puissent enprofiter. «Certaines soiréesthématiques sont mises enplace pour inciter les clientsà revenir régulièrement.C’est un moyen d’assurerune survie aux bars àconcept, de faire en sorteque ce ne soit pas qu’une ex-périence à cocher sur uneliste de choses à faire», ex-plique M. Gravel.

Jeux de sociétéLe Randolphe, bar of-

frant près 1 600 jeux de so-ciété, mise quant à lui surson ambiance «bon enfant»,selon le gérant de l’endroit,Gandalf Gires.

D’après lui, ce qui fait laparticularité des jeux de table,c’est son accessibilité. «Tout lemonde a déjà joué», affirme-t-il. Les soirées sont tenues pardes animateurs qui vulgarisentles règles des jeux plus com-plexes, comme Risk. «Un barqui n’a aucun concept, ni riende spécial, ne peut pas passerà travers le temps», assure lepropriétaire de la place.

Le Meltdown, ArcadeMTL et le Randolphe se veu-lent invitants. Les habitués seretrouvent plus particulière-ment lors des soirées théma-tiques. Puis, les plus geeksd’entre eux sont souvent desemployés, des passionnés quiconnaissent cet univers sur lebout de leurs doigts.

Pourtant, à l’encontre despréjugés populaires de l’er-mite caché derrière son capu-chon et coupé du mondegrâce à son casque d’écoute,L’Atelier a constaté que cesbars accueillent une clientèlevariée, composée d’hommeset de femmes, âgés de 18 à 64ans. Le concept n’est peut-être pas le seul à évoluer.Après tout, le visage du vraigeek aussi se modifie.

L’Atelier

Bars spécialisés nouveau genre

S H ANNON P E COURT

M ême si internet offre denouvelles options pour

enrichir les jeux de rôlecomme le classique Donjonset Dragons, de nombreuxadeptes préfèrent encore seretrouver en personne autourd’une table de jeu.

«Le jeu de rôle plateau,c’est pouvoir s’évader pendantplusieurs heures, voire des se-maines ou des années, à l’inté-rieur d’un monde fictif», af-firme le représentant de Pro-ductions Windrose inc. Joce-lyn Brisebois, égalementconcepteur du jeu de rôle qué-bécois Courant Fractal.

Lors d’une partie de jeu derôle, les joueurs se retrouventtous autour d’une table, souventchez l’un d’entre eux. Un desparticipants, le maître du jeu,narre les aventures que sescompagnons vont vivre sous lestraits de personnages qu’ils au-ront préalablement créés. Àchaque action ou presque, unjet de dés est effectué et le résul-tat détermine la façon dont l’ac-

tion va se passer. Parmi les uni-vers dans lesquels une partiepeut se dérouler, on pense toutde suite à Donjons et Dragons,mais il en existe une multitude.

Souvent, les joueurs gar-dent leur groupe de jeu pendantdes années et c’est une véritableroutine qui s’installe. Pour le di-recteur et cofondateur des Pro-ductions Windrose, SébastienP. Langley, «l’attachement aupersonnage, c’est la plusgrande force motrice [du jeu derôle]. C’est très apparenté authéâtre, et il y a un attachementau personnage que tu vas déve-lopper, et c’est ça qui est géné-ralement la meilleure manièred’attirer les gens à revenir.Parce qu’ils veulent faire évo-luer leur personnage dans letemps et dans l’histoire.»

La taille de la commu-nauté québécoise du jeu derôle reste toujours plus oumoins la même. «Je n’ai pasvu de grosse explosion,comme les jeux de société ontfait. [...] Des nouveaux, je n’envois pas beaucoup dans maboutique, surtout chez les

jeunes. Je pense que les groslivres [de règles] les intimi-dent. Ils ont peur d’embar-quer là-dedans», souligne lepropriétaire de la boutiqueChez Geeks, Luca Caltabiano.

Le contact humaininternet a amené avec lui

des moyens de réunir desjoueurs éloignés et de faciliter,voire même de recréer, le jeu derôle plateau, qui lui existe depuisenviron les années 1970. L’unede ces alternatives est l’applica-tion web Roll20, une plateformegratuite qui permet de servir deplateau interactif.

Mais ces solutions divisentla communauté. «C’est intéres-sant de voir qu’il y a des tech-nologies qui s’intègrent dans lejeu de rôle (JDR) sur table.Mais d’un autre côté, il y a uncertain non-sens à ça,puisqu’une des forces du JDRsur table, c’est surtout la fa-meuse communion, comme jel’appelle», explique Sébastien P.Langley.

Certains sont par contre trèsfriands de cette interactivité. Jo-

celyn Brisebois a déjà testé plu-sieurs plateformes de jeu de rôleplateau en ligne. Sans en détes-ter totalement une, il préfèreutiliser simplement le logicield’appels en ligne Skype. «Tout lemonde a ses dés chez eux, tout lemonde a sa feuille de person-nage. On garde l’aspect “penand paper” dans le fond. MaisSkype nous permet d’aller re-joindre des gens beaucoup plusloin. J’ai des joueurs du Lac St-Jean, de Québec, de Val-des-Monts […]», souligne leconcepteur de jeu vidéo.

D’autres joueurs, commeLuca Caltabiano, sont beaucoupplus réfractaires à ces nouvellesalternatives et préfèrent le côtéconvivial du jeu : «Si je vaisjouer à un jeu de rôle, j’aime çaêtre avec le monde, prendre unepause quand je veux, prendreun café. C’est plus intime jetrouve», confie M. Caltabiano.

Selon Sébastien P. Lan-gley, c’est «comme le Mono-poly. Quand c’est joué en jeuvidéo, l’expérience n’est pasdu tout la même chose.»

JEUX DE RÔLE

À table plutôt que sur Internet

ALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIERL’O-taku Manga Lounge est un endroit prisé des amateurs de la culture japonaise.

L’ATELIER

Petit lexique de la culture geekGeek : selon le Petit Robert, il s’agit d’une «personne pas-sionnée d'informatique et de nouvelles technologies.»Dans ce dossier, nous avons clarifié ce terme sur des frontssociaux, politiques et économiques.

Cosplay : mot mélangeant «costume» et «play», qui signi-fie se vêtir et agir tel un personnage de livres, de films ou dejeux vidéo.

Esport : compétitions de jeux vidéo de tous les genres.

Otaku : terme japonais désignant une personne adepte de livres, de films et de jeux vidéo japonais.

Seuls, ensembleL’Atelier démystifie le stéréotype du geek solitaire

Page 7: PROJET FAUT Plusieurs régions, une seule vision · 2017-02-02 · Le rapport PiSA (Pro-gramme international pour le suivi des acquis) éva-lue tous les trois ans le ni-veau scolaire

L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

CULTURE GEEKP 7

D ès l’arrivée au secondaire, une réalisa-tion frappe les enfants : aimer l’école,

ce n’est pas cool. Celui qui lève sa mainpour donner des bonnes réponses en classesera traité de «p’tit bollé» ou de «chouchoudu prof» ou, pire, finira par ne plus leversa main de peur d’être intimidé.

Tous les élèves qui ont fait Génies enherbe l’auront remarqué. Dès que tu de-viens un herbogéniste dans la vie publique,les taquineries commencent. Ce n’est pastoujours méchant, mais ça ne cesse pas etplusieurs se sentent ridiculisés.

Cela fait maintenant quatre ans quej’entraîne des jeunes du secondaire à deve-nir des joueurs aguer-ris. J’ai aussi passétrois ans, déclencheurà la main, prête à af-fronter n’importe quise dressant sur le pas-sage de notre équipe.J’ai eu la chance d’êtrebien entourée durantmon parcours au se-condaire, de ne pasêtre gênée et de ne pasavoir de difficulté à mefaire des amis. Maisj’en ai reçu des com-mentaires désobli-geants. Mes joueurs,aussi. Et il est tempsque cette dérision del’envie d’apprendre setermine.

Le Génies en herbene sera probablementjamais bien vu par lesélèves si on encourages i l e n c i e u s e m e n tl’ignorance et que lesécoles ne font rienpour changer cela.Mais le problème estbien plus grand que ça. Ce n’est pas la dis-cipline qui en souffre, mais le fait d’être al-lumé et intéressé qui est vu comme dé-passé alors que, théoriquement, ça ne peutqu’amener bénéfices et succès.

Certains élèves sont allés vers leurs en-traîneurs pour leur avouer qu’ils avaientpeur de s’inscrire, de se faire ridiculiserpar leurs compagnons de classe, de se faireintimider parce que le Génies en herbe«c’est pour les nerds», c’est pour les «pasde vie».

Au secondaire, la hiérarchie socialeconçoit qu’il sera plus facile pour un ado-lescent d’être populaire en jouant au foot-ball, alors que s’inscrire en Génies enherbe ou en théâtre pourrait compromettreses chances de bien s’intégrer. Les jeunessont de plus en plus exposés à cette imagede promotion de la stupidité et d’uneconstante dérision envers les «nerds».

Les écoles secondaires confirmentmême implicitement cette valorisation dusport en investissant des sommes farami-neuses dans les équipes sportives, que cesoit pour construire de nouveaux terrainsde football ou fabriquer des uniformesneufs pour les joueurs de hockey. Le Cos-tumier de la troupe de théâtre ne sera tou-tefois pas raccommodé et les machinesneuves pour les herbogénistes ne serontpas commandées.

Que tu sois un «jock» du Génies enherbe ou un «nerd» du hockey, ta disci-pline devrait être également valorisée parle milieu qui la promeut. Le rôle des écolesrepose oui, dans l’éducation et la forma-tion de ses étudiants, mais aussi dans lapromotion égalitaire des intérêts. Le jouroù entendre le «buzz» caractéristique d’undébut de match de génies en herbe seraaussi commun que le coup de sifflet d’unepartie de football, la valorisation de l’ap-prentissage aura réussi, pour le momentdu moins.

CHRONIQUE

Promouvoir le génie etl’apprentissage

LUCA MAX

J E S S I C A CH A R BONNE AU - VAUD EV I L L E

C’ était sous les traits de Sternal Sailor Moon,petite blonde aux longues couettes à la

robe de nombreuses couleurs et aux ailesblanches, que Laurence Legault St-Germain agagné son premier prix dans un domaine encorepeu connu du public montréalais : le cosplaying.

Passionnée de culture japonaise, l’étudianteen dessin animé au Cégep du Vieux-Montréalconsacre ses temps libres et son argent à laconfection de cosplays, mot mélangeant cos-tume et play, qui signifie se vêtir et agir tel unpersonnage fictif d’un dessin animé, d’un film,d’un jeu vidéo, d’un comic book ou d’une série.

Une culture méconnue du grand public,mais qui est célébrée par des milliers d’admira-teurs qui se réunissent lors des conventionstelles que le Comiccon ou à l’Otakuthon. Cesdeux évènements ont accueilli à eux deux plus de77 000 participants cet été, dans la métropole.

C’est à ce dernier, mettant en valeur la cul-ture japonaise, des mangas aux œuvres d’art, àMontréal, que Laurence s’est pour la premièrefois démarquée, passant ainsi de la catégorienovice à intermédiaire. Une promotion qui si-gnifie beaucoup pour la jeune femme originairedes Laurentides.

«Ayant une faible estime de moi-même audépart, le “cosplay” m’aide beaucoup à me sen-tir mieux. Aussi, jouer un personnage que nousaimons est très agréable. Nous pouvons jouercomme lui, donc parfois sortir de notre zone deconfort sans avoir aucune gêne pour autant.C’est vraiment une belle façon de lâcher sonfou, dit-elle. Lorsque je vois les gens reconnaî-tre le personnage que j’incarne du premiercoup, tout en admirant mon travail, cela faitchaud au cœur.»

Que ce soit entre deux cours ou dès que lemoment le lui permet, l’étudiante de 20 ans tra-vaille d’arrache-pied pour réussir dans un do-maine qui la passionne. Une passion «conta-gieuse» qui «se donne facilement à toute per-sonne sensiblement intéressée par les dessinsanimés, les jeux vidéo et les bandes dessinées».

«Les conventions de comics ou d’animés ja-ponais, telle que l’Otakuthon, sont de merveilleuxlieux de rencontre. Nous y côtoyons plusieurspersonnes ayant les mêmes intérêts et passions,ce sont des évènements très accessibles pour lacommunauté “geek” et “Otaku” — admirateur deculture japonaise, principalement.»

Passion onéreuseLe cosplaying en attire plus d’un. Les

personnages de bandes dessinées, de jeux vi-déo et de comics sont les thèmes les plus cou-rants. On les retrouve dans des conventionsde culture japonaise, dont l’Otakuthon et leComiccon, pour ne nommer que les plusconnus.

«Si je me “cosplay” durant une convention,

c’est pour incarner mes personnages favoris etavoir du plaisir avec la communauté des cos-players. C’est un peu comme le jour de l’Hallo-ween, mais à un tout autre niveau.»

Toutefois, le cosplaying ne se fait pas sansun prix à payer et de nombreuses heures detravail acharné. «[Mon cosplay] Sailor Moonm’a coûté environ 200 $ et celui sur lequel jetravaille présentement me coûte, jusqu’àmaintenant, 100 $, dit-elle. J’ai un “cosplay”de groupe prévu pour le Nadeshicon 2017 etun gros “cosplay” pour l’Otakuthon 2017. Ce

dernier avec 77 heures accumulées à travail-ler dessus jusqu’à maintenant!»

La compétition est d’ailleurs féroce dans lemilieu professionnel, selon la cosplayer. Elle as-sure qu’il y a beaucoup de personnes fortes dansle milieu, et c’est loin d’être de tout repos. Malgrétout, elle reste optimiste et compte persévérerdans ce domaine.«Certainement que je comptecontinuer le cosplay. Je suis encore juste au débutde plusieurs années de plaisir dans le milieu!»

L’Atelier

Dans la peau de Sailor MoonPortrait d’une championne de compétition de costumes

MAUDE P E T E L - L É G A R É

D es geeks s’invitent sur la sphère poli-tique en dénonçant les problématiques

liées à la surveillance sur le web.La surveillance est un sujet incontourna-

ble que peu de politiciens maitrise. «On voitde plus en plus l’impact que [les technolo-gies numériques] peuvent avoir sur la viedémocratique, sur la liberté de presse, surla vie privée et sur la liberté d’expression»,explique l’étudiante au doctorat en commu-nication à l’Université du Québec à Montréal(UQAM) Anne-Sophie Letellier.

Selon elle, les fins connaisseurs en infor-matique, ont un rôle-clé à jouer en politique.«C’est extrêmement problématique quandarrive le temps de prendre des décisionsliées à des systèmes de surveillance au ni-veau international et que les personnes quiprennent les décisions politiques, souvent,ne savent pas de quoi elles parlent», déplorel ’adjointe de recherche au Centre de re-cherche interuniversitaire sur la communi-cation, l’information et la société (CRiCiS),Anne Sophie Letellier.

Le Parti pirate en islande, arrivé troi-sième lors des législatives en octobre, in-carne, selon elle, l’exemple d’un «gang degeeks qui se sont mis en politique». «Ce sontdes gens qui possèdent une expertise tech-nique et qui peuvent vraiment la mettre enlien avec la politique», dit-elle.

Des geeks en politiqueLe président de l’organisme FACiL, l’Ap-

propriation collective de l’informatique li-bre, Mathieu Gauthier-Pilote, s’intéresse auxenjeux technologiques puisque, selon lui, le

Québec obéit aux technologies numériques.«Le code source [représentation écrite desinstructions d’un programme] est, en ce mo-ment, aussi régulateur de la société que laloi adoptée à l’Assemblée nationale. Cela ré-git nos comportements, nos choix et nos rè-gles», avance-t-il.

Pour remédier à cette situation, il sensibi-lise la population. «Nous avons le devoir moralet le devoir de citoyen d’aller alerter les gens engénéral, et en particulier, ceux qui sont dans lasphère politique», explique-t-il.

il compare le mouvement de sensibilisa-tion actuel à celui des écologistes dans lesannées 1960-1970. «En ce moment, tout lemonde est conscient qu’on est à l’étape oùl’on dépend de la technologie, mais il n’y apas eu de réaction de masse pour se tournervers des alternatives, tel que le bac de recy-clage ou le logiciel libre», explique-t-il, pré-cisant que ce logiciel sert à préserver la li-berté de ses utilisateurs. Pour lui, démocra-tiser l’informatique pour qu’un maximum depersonnes puisse comprendre ses implica-tions est primordial.

Vers un débat publicLa responsabilité d’informer les citoyens est

aussi l’un des devoirs du professeur de l’Écoledes médias de l’UQAM, Jean-hugues Roy. Cetété, il a donné une conférence au Forum socialmondial qui portait sur le cryptage, procédé parlequel on rend un texte impossible à lire sansune clef spécifique. «Je donnais un atelier pourque les gens réalisent dans quel environnementils sont lorsqu’ils utilisent les appareils mo-biles, explique-t-il. On est perpétuellement vul-nérable à la surveillance.»

Un réel engouement naît de cette mou-

vance d’activistes en ligne. «On regarde auQuébec, il y a beaucoup de geeks en militance.Il y a le réseau FACIL qui fait la promotion delogiciel libre et Crypto Québec qui va parlerénormément d’enjeux sociaux liés aux techno-logies», explique Anne Sophie Letellier.

Un mot, deux réalitésD’autres groupes, tels que le collectif

Anonymous, vont plutôt alerter les citoyens,selon Mme Letellier, en instrumentalisant lamachine à médias pour parler des enjeux quiles intéressent. «Ils vont amener des sujets àla lueur du public en utilisant des moyens etdes tactiques parfois controversés», dit-elle.

«Anonymous dépasse le côté passionné.Ce sont des activistes à mes yeux. Des pi-rates informatiques qui font des pressionspubliques et des actions publiques. Ils nesont pas reliés à la culture populaire geek»,associé aux comic books et aux supers héros,estime le journaliste de Radio-Canada ama-teur de la culture geek, Frédéric Tremblay.

Qu’ils soient «fans» de Star Trek ou duParti pirate, les passionnés d’informatiquepeuvent jouer un rôle politique. «Ils peuventdénoncer les appareils qui sont mis en mar-ché au Québec et qui ne respectent pas cer-taines libertés», explique le directeur de FA-CiL, Mathieu Gauthier-Pilote.

Pour Jean-hugues Roy, cette lutte poli-tique concerne l’ensemble de la société. «Cen’est pas la responsabilité des geeks et desgens qui s’y connaissent [d’informer la po-pulation sur ces enjeux], c’est une responsa-bilité citoyenne, explique-t-il. Il y a une édu-cation à faire sur les réseaux.»

L’Atelier

Quand la politique devient technologiqueDes geeks prêtent leurs connaissances à la démocratie

NICOLAS GRAVELLaurence Legault St-Germain dans son costume de Sternal Sailor Moon à l’Otaku-thon de Montréal 2016

Que tu soisun «jock»Génies enherbe ouun «nerd»du hockey,ta disci-pline de-vrait êtreégalementvaloriséepar le milieu quila promeut

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

POLITIQUEP 8

MAUDE PETEL-LÉGARÉ L’ATELIER

L AU R ENC E GODCHAR L E S

L AU R ENC E VACHON

À 24 ans, Catherine Four-nier devient la plus jeune

femme élue députée à l’As-semblée nationale du Québec,une élection qui pourrait bienraviver la flamme souverai-niste chez les jeunes électeurs.

L’élection de MadameFournier symbolise le renou-veau du Parti québécois, a af-firmé mardi le chef Jean-Fran-çois Lisée. il compte confierun dossier «important» à lajeune députée dès la pro-chaine rentrée parlemen-taire.«C’est certain que Cathe-rine a un talent immense, etune valeur symbolique», a dé-claré M. Lisée en point depresse, mardi.

«On va lui donner unetâche à la mesure de son ta-lent. [...] Je l’entendais dire cematin qu’elle voulait aussi tra-vailler avec Paul St-Pierre Pla-mondon dans cette opération.J’ai déjà quelques idées», a-t-ilajouté sans vouloir préciser lanature du projet.

Nouveau départ Catherine Fournier a

remporté la circonscriptionde Marie-Victorin avec plusde 52% des voix. Malgré sonjeune âge, elle s’était faitconnaître depuis quelquesannées au sein du Bloc qué-bécois où elle a milité de 2011à 2015.

«Catherine Fournier jouitd’une belle visibilité depuisqu’elle a rejoint le Bloc québé-cois en 2011», a souligné Ma-thias Doré-Ouellet, étudiantuniversitaire âgé de 23 ans etélecteur de Marie-Victorin,sur la rive sud de Montréal.Selon lui, l’acquisition d’unejeune candidate représente ungain important pour le Partiquébécois, qui serait au-jourd’hui perçu comme un«vieux parti».

Après une campagne per-due de peu dans Montarvilleaux dernières élections fédé-rales sous la bannière du Blocquébécois, Catherine Four-nier s’est jointe à l ’équiperapprochée de Pierre-KarlPéladeau à la fin de 2015. Lanouvelle élue détient une ma-jeure en économie et une mi-

neure en science politique del’Université de Montréal.

Les jeunes sont devenusune priorité pour le Parti qué-bécois, considéré par plu-sieurs comme un parti ayantbesoin de se renouveler. Unsondage CROP datant de 2015montrait que 70 % des 18-34ans voteraient Non lors d’unréférendum sur la souverai-neté, soit plus que tous les au-tres groupes d’âge. L’arrivéed’une députée jeune et articu-lée pourrait aider le parti àrallier un groupe d’âge autre-fois crucial à l’avancement dela cause souverainiste.

«Il faut démontrer à lanouvelle génération d’élec-teurs ce que changerait l’indé-pendance du Québec dansleur vie de tous les jours. Pourcela, il faut plus de jeunes quis’impliquent en politique. Ca-therine est à cet effet un excel-lent exemple», a déclaréAriane Cayer, présidente duComité national des jeunes duParti québécois (CNJPQ).

ParitéL’arrivée d’une femme en

tant que députée de Marie-Victorin est également à souli-gner, puisque la parité est en-core un objectif loin d’être at-teint en politique au Québec.Présentement, 36 des 121sièges de l’Assemblée natio-nale sont occupés par des

femmes, soit un peu moinsque le tiers. La circonscriptionde Verdun a également vu unefemme, isabelle Melançon,être élue pour la première foisde son histoire.

«Une autre dimension in-téressante avec les élections,c’est qu’il y a deux femmes deplus. Maintenant, j’ai fait lecalcul, et on est rendus à 29%.En fait, on a souvent l’impres-sion que ça augmente tout letemps, que [la parité] va arri-ver un jour par la force deschoses, parce qu’il y a unesorte de progression natu-relle. Mais c’est faux, parcequ’il y a déjà eu plus defemmes que ça à l’Assembléenationale. C’est donc que ça abaissé», a déclaré la profes-seure en études féministes àl’Université Concordia ChantalMaillé.

Le problème résideraitdans le fait que, pendantlongtemps, la parité n’étaitpas un enjeu important enpolitique au Québec. Ce ne leserait toujours pas, selonChantal Maillé. il reste en-core beaucoup de travail àfaire pour briser le stéréotypeselon lequel le monde de lapolitique est réservé auxhommes, et que les femmesseraient moins compétentesdans ce domaine.

l’Atelier

PARTI QUÉBÉCOIS

Catherine Fournier, symboleattendu de «renouveau»

S I MON L E F R ANC

L e représentant syndicalBernard Gauthier sera

candidat dans la circonscrip-tion de Duplessis pour le Partides Sans parti aux électionsprovinciales de 2018 avec laferme intention de «redonnerle pouvoir au peuple».

«Il n’y a pas d’écoute despoliticiens pour la classe ou-vrière !», a lancé «Rambo»Gauthier en conférence depresse. S’étant fait connaître àla commission Charbonneau,le syndicaliste avait alors dé-fendu ses pratiques jugéesdouteuses en matière d’acti-visme syndical. Sa biographieécrite par Victor-Lévy Beau-lieu a connu un grand succèsdepuis son apparition.

Le parti des Citoyensconstituants a été formé en2012 avec comme premierpoint de faire une assembléeconstituante citoyenne etd’amener la démocratie di-recte. «Nous nous sommesformés, parce que nousavons un problème avec unsystème où les élites poli-tiques ont plus de droits queles autres» , a expliqué le

porte-parole du parti, FrankMalenfant.

Justice sociale Durant la conférence de

presse, Bernard Gauthier adonné l’image d’un hommeindigné par les inégalités so-ciales. il a notamment pointédu doigt les abris fiscaux dontbénéficieraient les élites éco-nomiques et certains politi-ciens. Le syndicaliste a aussidénoncé le manque de trans-parence des corporations.

Lorsqu’i l a été ques-tionné sur l’appartenance dumilieu syndical à cette classesupérieure, sa réponse futsans équivoque. «Les repré-sentants syndicaux ne fontpas partie des élites. Ce sontles élites financières qui ten-tent de discréditer le mouve-ment syndical. On a des po-liticiens qui ont de l’argentdans des abris fiscaux» , asouligné M. Gauthier.

il va jusqu’à dire que l’ac-croissement des inégalités so-ciales ainsi que les mesuresd’austérité pourraient menerà une «guerre civile» entre lesplus pauvres et les plus richesde la société québécoise. il a

précisé par la suite que cen’était pas ce qu’il voulait etqu’en tant qu’homme poli-tique, il tenterait d’éviter quecette situation arrive.

Sur la question identi-taire, Bernard Gauthier a ex-primé ses réticences par rap-port à l’immigration massive.Selon lui, ce serait une tac-tique de l’élite politique etéconomique pour se mainte-nir au pouvoir par les votesdes immigrants. il a ensuitesoutenu que l’État devraitprendre soin des gens desouche qui ont des problèmes,notamment de suicide, avantd’aider les gens qui viennentde l’extérieur.

«Rambo» juge déraison-nables certains accommode-ments : « Les nouveaux arri-vants, faut se rendre à l’évi-dence, on est en train del’échapper», a-t-il déclaré.Rappelant ses origines innues,il a exprimé le souhait de retis-ser les liens entre Québécois etautochtones. «Les Blancs sontl’arbre du Québec. Les Pre-mières Nations sont les ra-cines», a dit le syndicaliste.

L’Atelier

QUÉBEC

Rambo se présentechez les Sans parti

L AU R ENC E VACHON

«N otre plan de gouverne-ment fonctionne, on va

le montrer plus (…) et on va lecontinuer», a déclaré le premierministre Philippe Couillard aulendemain des élections par-tielles. Même si les couleursn’ont pas changé dans les qua-tre circonscriptions disputées,le Parti libéral a reculé dans lesvotes de chacune, remportantVerdun de justesse.

Philippe Couillard a laisséaux journalistes la tâched’«analyser» les résultats despartielles. Pour sa part, le reculde son parti dans les votesn’était en aucun cas un messagenégatif de la part des Québécois,mais plutôt un signe que «leplan du gouvernement fonc-tionne».

Le plan du gouvernementjusqu’aux prochaines électionssera donc de «le montrer plus,le dire plus, être encore plus àl’écoute des Québécois, pour

leur montrer ce qu’on avait ditqu’on ferait, équilibrer les fi-nances publiques pour la santé,pour l’éducation, pour l’écono-mie, ça marche, on en a dessignes partout.»

M. Couillard croit que lespartielles sont surévaluées et arefusé d’être accusé de déni faceaux résultats, répliquant «aucontraire, on a littéralementsauvé le Québec».

«Où allait le Québec sans leretour à l’équilibre budgétaire,sans la reprise du contrôle desfinances publiques et de ladette? Dans un immense mur».Le premier ministre pense avoirendigué la crise.

«Parce qu’on a évité ça auQuébec, on a réussi à reprendrele contrôle, on est capablesmaintenant d’aborder à moyenet à long terme le financementde nos services essentielscomme la santé, l’éducation etl’économie», a martelé PhilippeCouillard en mêlée de pressemardi, à la suite du recul des li-

béraux dans les votes des élec-tions partielles.

Le Parti libéral a reculédans toutes les circonscriptions,n’atteignant même pas les 15%symboliques dans Marie-Victo-rin et Saint-Jérôme. L’avancedans Verdun, bastion libéral, aégalement rétréci, passant d’en-viron 9000 voies de plus en2014 à près de 1000 lundi.

Opposition confianteLe chef du Parti québécois,

Jean-François Lisée, était satis-fait du résultat des partielles, luiqui a conservé deux circonscrip-tions mises en jeu. Le chef del’opposition a remporté unepremière bataille en conservantl’ancienne circonscription dePierre Karl Péladeau grâce àMarc Bourcier. «C’est très pro-metteur pour la suite deschoses», a-t-il déclaré en pointde presse mardi. M. Lisée,contrairement au premier mi-nistre, a vite tiré des conclu-sions des résultats, affirmant

que «le signal qui a été envoyéaux libéraux hier, c’est que lesgens sont prêts à changer».

François Legault semblaitégalement satisfait des par-tielles, malgré la défaite dansSaint-Jérôme, paradant mêmeavec son nouveau député d’Ar-thabaska, Éric Lefebvre. il nes’est pas senti menacé par lapossibilité d’une alliance entrele PQ et Québec Solidaire, car«un plus un n’égale pas néces-sairement deux». Selon lui, lespartisans ne voteraient paspour un candidat représentantles deux partis, et auraient plu-tôt besoin d’un seul parti ral-liant à la fois «la fierté et laprospérité».

Québec Solidaire, même s’iln’a pas gagné de siège, a réalisédes bonds surprenants dans lesvotes. Dans la circonscriptionde Verdun, la troisième opposi-tion a obtenu près de 20% desvoix, le double des suffrages desélections de 2014.

L’Atelier

ÉLECTIONS PARTIELLES

«On a sauvé le Québec»Philippe Couillard confiant malgré le recul libéral

Yvon Nadeaublanchi par lecommissaire aulobbyismeQuébec—yvon Nadeau, leconseiller du ministre desTransports Laurent Lessard,a été blanchi après 3 moisd’enquête par le commissaireau lobbyisme, François Cas-grain. Le rapport déposémardi soir indique que l’ana-lyse des faits et des docu-ments recueillis n’ont paspermis d’établir que M.Na-deau a fait du lobbying pourl’attribution d’une aide fina-cière à son entreprise, la so-ciété forestière PyrobiomÉnergies. L’opposition soup-çonnait M. Nadeau, alors mi-nistre de la Forêt, d’avoir euun accès privilégié au gou-vernement, l’accusant d’êtreen conflit d’intérêts au mo-ment où Pyrobiom, sollicitaitune subvention. Le ministreLessard a réagi avec pru-dence à ce premier verdict,rappelant que l’enquête ducommissaire à l’éthiqueJacques St-Laurent était tou-jours en cours.

L’Atelier JCV

Les conserva-teurs courtisentles MaritimesMoncton—L’économie, l’emploiet la jeunesse ont monopoliséles discussions lors du débat en-tre 14 aspirants à la direction duParti conservateur, dont lesQuébécois Maxime Bernier etSteven Blaney, mardi soir àMoncton. Ces grands thèmesreprésentent de enjeux impor-tants au Nouveau-Brunswick,où le taux de chômage s’élève à8,7 % alors qu’il n’est que de6,8 % à l’échelle du pays. Pourremédier à la situation, les can-didats ont fait valoir certainesidées clés de la politique conser-vatrice comme les baisses detaxes pour les contribuables etles entreprises, l’abolition de lataxe carbone, une réduction desprix de l’électricité, le libre-échange, l’augmentation dubudget militaire et la réductionde la taille du gouvernement.Les quatorze aspirants chefs ontaussi souligné l’importance decréer des emplois pour lesjeunes dans les provinces del’Atlantique pour éviter que cesderniers ne quittent l’est dupays pour trouver du travail.

L’Atelier DD

TC MEDIACatherine Fournier a été élue députée de Marie-Victorin avec 52% des voix lundi soir.

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

INTERNATIONAL P 9

SAMUEL MAURIN BONTE

Après l’annonce de sa can-didature, l’ancien premier

ministre Manuel Valls se défi-nit comme le «rassembleur»de la gauche «au sens large»sans pour autant renier sonbilan gouvernemental, et ce,malgré la critique.

La route qu’il emprunte versl’Élysée est escarpée et passerad’abord par la case primaire, unparcours sur un échiquier poli-tique où les pions sont en pleinemouvance et souvent rivaux. Unjeu de sièges et de pouvoir quiintervient à 5 mois de la prési-dentielle, et à un peu plus d’unmois de la primaire de la gauche.

Commedia dell’arteC’est une tragédie grecque

en quatre temps qui s’est jouéedans le paysage politique fran-çais. En prologue, il y a la vic-toire surprise de François Fillon,et à la clé, le retrait de la vie poli-tique pour Alain Juppé et Nico-las Sarkozy.

Le premier acte met enscène un président de la Répu-blique qui renonce à briguer unsecond mandat — chose jamaisvue sous la Cinquième Répu-blique. Jeudi dernier, Françoishollande expliquait qu’il était«conscient des risques que feraitcourir une démarche [...] qui nerassemblerait pas largement». 

Pour Quentin Janel, chargéde cours à l’UQAM et spécialistedu système politique français,«jamais un président n’avait étéaussi impopulaire […] à la find’un premier mandat». En effet,huit mois avant l’élection de2012, lorsque Nicolas Sarkozy sereprésentait, malgré le fait qu’ilfut le plus impopulaire des prési-dents selon un sondage TNS So-fres avec 28 % des intentions devote au 1er tour, François hol-lande battait il y a quelque moisce record avec 11 % des inten-tions de vote.

intervient ensuite cettesaynète que Manuel Valls ré-pète depuis longtemps et quirelève du complexe d’Œdipe:prendre la place du mort .Dernièrement i l déclaraitdans une entrevue au Jour-nal du Dimanche être«prêt» et «réfléchir sérieu-

sement» à se présenter à laprimaire.

C’est chose faite depuislundi soir, puisque l’ancien pre-mier ministre a déclaré être lecandidat de «la conciliation, dela réconciliation».  Et vouloir –dixit son slogan — «faire gagnertout ce qui nous rassemble».Mais sa première bataille serad’abord de rassembler cettegauche «désunie» selon QuentinJane.

Lundi soir, l’ancienne secré-taire du Parti socialiste MartineAubry déclarait que s’il yavait deux gauches c’était «sûre-ment parce qu’il y en avait unede droite», faisant ainsi réfé-rence à la ligne très à droite queValls a portée pendant 32 moisau gouvernement.

Quentin Janel a du mal àcomprendre comment Valls peutgagner la primaire. «J’ai du malà savoir comment il peut arri-ver à gagner la primaire […] il ya quand même eu le 49:3 — pro-cédure de bâillon —, des dis-cours hyper autoritaires etl’État d’urgence. Je ne vois pascomment les électeurs degauche peuvent voter Valls».

Finalement l’Exodus decette tragédie introduit BernardCazeneuve et symbolise le sou-hait d’achever cette présidence

sans remous. L’homme que lesFrançais connaissent — il est levisage qui est venu leur parlerquasi quotidiennement à la suitedes attentats qu’a subis la France— est un choix qui récompensela fidélité.

«L’objectif d’une primaireest de choisir le meilleur candi-dat et de se ranger derrière lui,pas sûr que la gauche y par-vienne» déclare à L’Atelier leresponsable des Jeunes répu-blicains du Canada, MichaëlPilater.

Pour Quentin Janel il pour-rait se former «une fronde» ausecond tour de la primaire, me-née par Arnaud Montebourg etBenoît hamon – deux anciensministres démissionnaires dugouvernement Valls. Ensuite,même s’il remporte la primaire,se posera la question des gens decentre gauche: «Cet électorat nelui est pas promis». Les voix se-ront alors à se départager entrelui, Emmanuel Macron et éven-tuellement François Bayrou. «Etles gens véritablement à gaucheseront peut-être tentés par lesdiscours de Mélanchon», ex-plique Quentin Janel.

L’ancien ministre de l’Éco-nomie Emmanuel Macron estpeut-être celui qui catalyse leplus les attentions. Pour Michaël

Pilater il ne vaut pas mieux queValls: «Il est artisan de la poli-tique économique qui a fait aug-menté le chômage […] il a im-pulsé la politique de Valls et deHollande. Ils sont comptables dece désastreux bilan.»

Comparer les bilans Mais au-delà de l’inquiétude

que peut procurer la candidaturede Macron. M. Valls livrequelques lignes de sa prochainebataille, se plaçant, d’une partcomme héritier du quinquennathollande et, d’autre part, commele seul choix possible face à ladroite et à l’extrême droite.

«Bien sûr que je défends ceque j’ai engagé. J’assume ces ré-formes pour baisser les impôts,j’assume les réformes sur l’école,sur le logement, pour les entre-prises» a affirmé Manuel Vallsmardi soir sur France 2.

Pour lui il est aussi temps de«comparer les bilans». Entre unFront national qui va «ruiner lespetits gens» et une droite quiporte le projet «le plus dur qui estjamais existé au niveau social».

Une posture qui se veut pré-sidentielle, pour se départir deses rivaux à la primaire, et ainsitenter d’enjamber cette l’étape.

L’Atelier

Valse ministérielle à 5 mois de la présidentielle Le nouveau candidat Valls remplacé par Bernard Cazeneuve

STÉPHANE DE SAKUTIN AGENCE FRANCE PRESSE Le premier ministre Manuel Valls cède son poste au ministre de l’Intérieur Ber-nard Cazeneuve afin de se consacrer à temps plein à la primaire de la gauche.

OC É ANN E D E G R AND P R É

L’ italie plonge dans unephase d’instabilité poli-

tique à la suite de la démis-sion du premier ministre Mat-teo Renzi alors que son projetde réforme constitutionnelle aété rejeté par les italiens avec60 % des voix en faveur du«non», lundi.

Le taux de votants lors dece référendum a atteint les68 %. L’absence de légitimitépopulaire pour le gouverne-ment italien est un problèmemajeur, car une personnepeut être au pouvoir sansavoir été élue par le peuple.C’est le cas de Matteo Renzi,une anomalie qui se répètedepuis plusieurs années et quipourrait être une faiblesse en-core plus criante pour sonsuccesseur.

Le président du pays, Ser-gio Mattarella, a cependantrefusé à M. Renzi de quitterson poste tant et aussi long-temps que le budget de 2017,ne sera pas adopté. MatteoRenzi devra donc rester aupouvoir jusqu’à la fin de lasemaine où il sera remplacépar un premier ministre parintérim.

«Si ce n’est pas le partidémocratique qui est au gou-vernement, ce sera soit lesanarchistes du mouve-ment 5 étoiles, soit une coali-tion de partis de droite. Àmoins que le parti démocra-tique se trouve un leader ab-solument extraordinaire, cequi est loin d’être facile», ana-lyse le professeur émérite audépartement de managementet technologie de l’UQAMd’origine italienne JorgeNiosi.

Réforme contestéeLe projet de réforme

constitutionnel avait pour butde réduire le pouvoir du Sé-nat, de limiter les compé-tences régionales et de sup-primer les provinces. Le nom-bre de sénateurs aurait di-minué de 315 à 100 membreset ces derniers seraientnommés par les conseillers ré-gionaux et les maires au lieud’être élus par la population.

Le gouvernement avaitprévu des dépenses de deux

milliards d’euros de plus ensanté, pour atteindre 113 mil-liards d’euros. il a aussi unmilliard d’euros supplémen-taires pour l’éducation, unmilliard pour les petites entre-prises et 600 millions de pluspour les familles. L’italies’était aussi engagée avecl’Union européenne à réduirede 1,8 % le déficit public pourl’an prochain, compte tenu dupoids de la dette du pays.

«Un des principaux pro-blèmes économiques en Ita-lie est le tourisme, car c’estle royaume des évasions fis-cales. Les chauffeurs detaxi, les restaurateurs, leshôteliers, les guides touris-tiques ne sont pas obligés ouforcés de déclarer leurs re-venus, ce qui fait en sortequ’un t iers de l ’économieitalienne n’est pas déclaré[…] Le Gouvernement perd174 mil l iards d ’euros parannée en revenue», déclareM. Niosi.

Banques frileusesDans la nuit de lundi,

l’euro a plongé à son niveau leplus faible depuis mars 2015avant de remonter dans lajournée.

Les banques du payssont en mauvaise santé, carelles ont prêté 360 milliardsd’euros qui sont susceptiblesde ne pas être remboursés.Les institutions financièreshésitent donc à accorder desnouveaux prêts , dont lesPME sont particulièrementdépendantes.

Le premier ministre italienqui démissionne, le Brexit,Marine Le Pen en France et lereste de l’Europe qui se metaussi à l’extrême droite, lacommunauté internationaleredoute l’apparition d’unenouvelle source d’instabilitépolitique et économique sur lecontinent européen.

En Allemagne, la chance-lière, Angela Merkel, qui viseun quatrième mandat de qua-tre ans, promet d’incarner lacontinuité face à une situationturbulente partout dans lemonde, en décidant d’accueil-lir davantage de demandeursd’asile, par exemple, toutcomme en italie.

L’Atelier

ITALIE

Ras le bol de l’instabilité

J U L I A N E S I C K I N I

L’ Anne Frank nouveaugenre, Bana Alabed, une

petite Syrienne vivant à Alep,fait vivre l’enfer de la guerre àdes centaines de milliers d’in-ternautes depuis son journalintime sur Twitter. Chaquejour, la fillette publie en directles atrocités des bombarde-ments du gouvernement deBachar Al-Assad. Portraitd’une enfant de 7 ans qui révo-lutionne notre regard sur laguerre en Syrie.

Dans les derniers jours, lesadeptes des réseaux sociaux ontété rivés sur leurs écrans à s’in-quiéter du sort de la jeune fille,lisant les descriptions de mortimminente sur le compte Twitterde sa mère: «Sous intenses bom-bardements, nous ne pourronsplus vivre désormais. Alors quenous mourrons, parlez au nomdes 200 000 personnes qui ysont encore.»

Sur ce fil Twitter, Bana apublié des vidéos de hurle-ments d’enfants, des photosd’un champ de coquelicots,

métaphore d’espoir, et desmessages de détresses tels que«nous sommes apeurés, priezpour nous» ou «s’il vous plaît,sauvez-nous maintenant».Ces appels à l’aide d’une fil-lette dans les entrailles de laguerre n’ont pas laissé de mar-bre la «twittosphère.»

L’actrice américaine, AlyssaMilano partage régulièrementles publications de la petite. J.K.Rowling, l’idole de la jeune fille,a aussi été très touchée par sonhistoire. En plus, de mettre lesphotos de Bana sur son fil d’ac-tualité, elle a répondu à la mèrequi signifiait que sa fille appré-ciait ses œuvres en lui envoyantun de ses livres.

La portée de Bana s’estétendue à au moins 220 000abonnés, en plus de ceux quisuivent son combat de survi-vance à travers les médias. Lejournal italien La Repubblica, lequotidien allemand De Tele-graaf et même le New YorkTimes ont raconté l’histoire tou-chante de l’enfant de sept ans.

C’est en septembre que lajeune Bana avait commencé à

raconter sa réalité sur les ré-seaux sociaux. Sous l’œil at-tentif de sa mère, enseignante,elle a publié tout ce qui pou-vait lui passer par la tête. De-puis, elle a partagé plusieursphotos d’Alep éventrée. La fil-lette s’est fait filmer à maintesreprises parcourant les débrisjonchant le quartier de son en-fance avant que sa maison endevienne aussi.

Publiée sur Twitter par samère, une photo de la fillette li-sant à son bureau l’a rendue cé-lèbre dans le monde. Depuisqu’elle a partagé son messagede paix «Lire pour oublier laguerre», en légende à cettephoto, le 26 septembre dernier,la petite Bana est devenue laprotégée de tous.

La semaine dernière, la fa-mille de Bana a été la proie desbombes. Leur demeure a étéentièrement démolie. Empliede désespoir, voyant l’arméesyrienne s’approcher, Fa-thema, la mère de la fillette ta-pait ce qu’elle croyait être«son dernier message». Aumoment d’écrire ces lignes,

Bana et sa famille sont tou-jours miraculés.

Bataille sans fin Les bombardements à

coups de barils, d’obus et deroquettes, perdurent en Syriedepuis 2012. Le 26 novembredernier, le jour où la maisonde la jeune Bana a été réduiteen poussière, le régime deBachar Al-Assad s’est emparédu plus grand quartier re-belle, Massaken hanano.hier, six nouveaux quartierssont tombés sous son em-prise. Des 250 000 civils tou-jours à Alep-Est, 50 000 ontfui pour se diriger dansl’ouest de la ville en moinsd’un mois.

Le Programme alimen-taire mondial de l’ONU offrede la nourriture aux famillessyriennes dans la partie ouestde la ville. À l’est, les denréesalimentaires sont pratique-ment à sec et tous les hôpi-taux sont fermés en raisondes bombardements, s ’ in-quiétait récemment le diri-geant des opérations humani-

taires de l ’ONU, StephenO’Brien.

Dans ses dernières publica-tions, Bana Alabed se désole dene plus avoir de maison, de nepas bien dormir ni manger. Maisles obus n’ont pas anéanti soncourage. «Je vais bien. Je vaismieux, même sans médicamentet avec toutes ces bombes.»

L’Atelier

ALEP

Bana, Twitter et l’enfance sous les bombes

TWITTERBana Alabed raconte sonquotidien à Alep.

Séisme meurtrier en IndonésieBanda Aceh — Au moins 18 personnes ont péri mercrediaprès un puissant séisme situéà la pointe nord de Sumatra,dans la province indonésienned’Aceh. Des dizaines d’autressont encore sous les décom-bres. Le tremblement de terred’une magnitude de 6,5 s’estproduit à une faible profon-deur, au nord de la ville deReuleuet, dans l’ouest de l’in-donésie, a précisé l’institutaméricain de géophysique. Au-cune alerte au tsunami n’a étédéclenchée après le séisme sur-venu à 17h03 dans cette région, mais d’importants dégâts ontété constatés et des dizainesd’habitants sont sous les dé-combres. Au moins cinq ré-pliques ont suivi la principalesecousse tellurique, a-t-ilajouté. Aceh avait été dévastéeen 2004 par un séisme sous-marin qui avait provoqué un gi-gantesque tsunami. il avait faitplus de 170 000 morts en indo-nésie et des dizaines de milliersd’autres dans plusieurs autrespays de l’océan indien. Agence France-Presse MPL

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ÉCONOMIEP 10

CHA R LOT T E M A RT I N E T

L es applications de livraisonde repas à vélo commen-

cent à gagner du terrain àMontréal. Les coursiers péda-lent vite pour gagner plus, maisune certaine ambiguïté entouretoujours leur statut de travail-leur autonome.

Arthur Chateauvert estcoursier pour Foodora, filialed’une entreprise de technologieallemande implantée depuis unan à Montréal. À ses yeux, c’estle travail idéal. «J’ai toujoursadoré faire du vélo et, quandj’ai découvert Foodora, j’étaisen dernière session de cégep.Je pouvais faire ça les fins desemaine, je pouvais choisir mesheures, ils sont très accommo-dants», raconte l’étudiant.

Peu de filetLes coursiers passionnés

de vélo pourraient toutefois seretrouver devant un cul-de-sacen cas d’accident ou de licen-ciement. Considérés commedes autoentrepreneurs, aucunn’a a priori le droit à la sécu-rité de l’emploi, aux congéspayés ou à une assurance del’employeur en cas d’accident.ils sont également responsa-bles de l’achat et de l’entretiende leur équipement.

Jean-Philippe Dumais,coursier à plein temps pourFoodora, est ravi de pouvoir vi-vre de sa passion pour le cy-clisme, mais avoue qu’il s’agitd’un travail potentiellementdangereux. «Je travaillais dansles assurances avant. Pouravoir connu les deux, c’est vraique même si tu ne profites pastoujours de tes avantages desalariés, c’est “l’fun” de savoirqu’ils sont là en cas de pro-blème. Si je me blesse sur laroute, je ne sais pas ce que jeferais», confie-t-il.

«Ce que nous offrons, cesont des opportunités, défendSandy White, directeur de lafiliale montréalaise de Foo-dora. Les gens qui travaillentpour nous ne sont pas des es-claves. C’est leur décision. Sinous n’étions pas là, beaucoupde ces gens n’auraient pasd’emploi», exprime-t-il enrappelant que les conditionssont énoncées très clairementdès le recrutement.

Le mode de rémunérationbasé sur la performance

convient effectivement à Ar-thur Chateauvert. «C’est qua-siment être payé pour m’en-traîner, c’est complètementfou ! Et puis c’est un “thrill” defaire bien sa commande, et leplus vite possible». En étantpayé 4,50$ par commande,plus 1 dollar par kilomètreparcouru à vol d’oiseau, plusles pourboires, le salaire

moyen d’Arthur tourne autourde 17 dollars de l’heure.

À Foodora, les coursierssont donc considérés commedes travailleurs autonomes.Toutefois, cette qualificationne signifie pas nécessairementque les critères en sont respec-tés. «Il faut toujours regarderla réalité de la relation entrecelui qui fournit le travail etcelui qui l’exécute», prévientStéphanie Bernstein, profes-seure au département dessciences juridiques del’UQAM.

La professeure expliqueque le principal critère diffé-renciant un salarié d’un tra-

vailleur autonome est le liende subordination entre l’em-ployeur et l’employé. Ce lien,considéré par les tribunauxcomme un ensemble d’élé-ments, comporte notammentl’existence d’un encadrementimposé, l’imposition de règlesde conduite et d’horaires detravail, ou encore la possibilitéde sous-traiter son travail.

«Il faut sedemander s’ily a un contrôleeffectué parl’employeur,explique Sté-phanie Bern-

stein. De ce que je com-prends, avec la technologie etles téléphones intelligents, lecontrôle devient plus facile.Celui qui embauche le livreurpeut voir où il se trouve et sila livraison a été faite», ana-lyse-t-elle.

L’imposition d’un nom-bre minimal d’heures de tra-vail ou le port de l’uniformepar les employés de Foodorapeuvent soulever des ques-tions sur le véritable statutdes coursiers.

Tendance précaireFoodora compte aujourd’hui

plus de 160 coursiers à vélo et

environ 300 restaurants par-tenaires à Montréal. En Eu-rope comme en Amérique duNord, ce type de plateformefacile d’utilisation et écores-ponsable, attire de plus enplus les citadins branchés desgrandes villes. En quelquesclics, les consommateurs peu-vent se faire livrer les repas deleurs restaurants préférés sansbouger de leur canapé.

Les restaurateurs voientégalement plusieurs avan-tages à ce type d’application.«C’est des revenus supplé-mentaires, je ne vois paspourquoi on s’en priverait»,estime Lawrence Auger, di-recteur des opérations pourle restaurant l’Académie. Lescommandes Foodora repré-sentent chez lui près de100$ par jour, en échanged’une commission de 30%.

De l ’autre côté de l ’At-lantique, les critiques sur laprécarité de l ’emploi descoursiers ont déjà suscitépas mal de remous. Reste àvoir si elles seront suffisam-ment fondées et tenacespour mettre un bâton dansles roues de ce secteur enpleine ascension.

L’Atelier

Coursiers au statut ambiguLes livreurs à vélo n’ont pas de sécurité d’emploi

PHOTO FOURNIE PAR FOODORALe statut ambigu des employés de Foodora peut s’avérer problématique pour lescoursiers, qui ont intérêt à livrer le plus rapidement possible, en dépit des risques.

Les Canadiens pourraientpayer annuellement 420 $

de plus pour se nourrir dèsl’an prochain si le présidentaméricain désigné, DonaldTrump, expulse des États-Unisles sans-papiers, indique uneétude publiée mardi par l’Uni-versité Dalhousie d’halifax.

Chaque année, les États-Unis délivrent 66 000 visastemporaires à des travailleursagricoles, majoritairementoriginaires d’Amérique la-tine. Cependant, les exploita-tions américaines emploientégalement nombre de sans-papiers, estimés à deux mil-lions de personnes, dans lesexploitations maraîchères.

«Sans cette aide, la produc-tion des États-Unis reculerait etcela pourrait occasionner unehausse des prix», écrivent cesscientifiques canadiens.

Cette augmentation estévaluée entre 3 % et 5 % desdépenses annuelles en alimen-tation des Canadiens pour la

seule année 2017, soit enmoyenne 420 $ de plus.

Le Canada est un impor-tant producteur de céréales etd’oléagineux, et peut comptersur des élevages abondants,mais le pays nord-américaindépend de son voisin pour lesfruits et légumes frais, en par-ticulier l’hiver.

Or, l’expulsion des clan-destins, telle qu’annoncée encampagne électorale par M. Trump, entraînerait iné-vitablement une baisse de laproductivité des exploita-tions agricoles américaineset une hausse des coûts desproduits alimentaires, esti-ment les chercheurs.

«L’effet Trump» pourraitengendrer des coûts supplé-mentaires sur l’alimentationau cours des prochaines an-nées, selon les experts.

L’Atelier avec La Presse canadienne

ÉG JR

Le panier canadien sensible aux expulsions américainesLe prix des aliments risque de flamber en 2017

JEAN-CHRISTOPHE CÔTÉ L’ATELIERL’augmentation du prix des aliments au Canadarisque de dépasser le taux général d’inflation.

NOÉM I E L AU R END E AU

D eux sénateurs québécoisont réitéré mardi leurs

inquiétudes au ministre desFinances, Bill Morneau, lorsd’un comité du Sénat au sujetde l’amendement sur la loisur les banques dans le pro-jet de loi «mammouth» C-29.

Selon les sénateurs An-dré Pratte et Paul J. Massi-cotte, le Québec, l’Ontario etla Colombie-Britannique ontactuel lement des lois quiprotègent mieux les consom-mateurs, en comparaison àce que propose le ministrefédéral. «Les experts s’en-tendent pour dire que laproposit ion d ’Ottawa vamoins loin que les lois sur laprotection des consomma-teurs » du Québec, main-t ient le sénateur Paul J .Massicotte.

Les sénateurs craignentque la loi québécoise soit au-tomatiquement annulée parl’adoption d’une nouvelle loicanadienne. Les sénateursdu Québec souhaiteraientdonc enlever cette partie duprojet de loi ou, du moins, larendre non applicable danscertaines provinces.

Pas de reculMalgré ces déclarations,

Bill Morneau va de l’avant avecsa proposition d’amendement.il a rétorqué en comité sénato-rial que cette disposition avait

«pour but de protéger l’ensem-ble des consommateurs dupays» et que la compétence desinstitutions financières relevaitdu gouvernement fédéral.

Le gouvernement canadienne peut affirmer si une éven-tuelle loi venait effectivementinvalider la Loi sur la protec-tion du consommateur (LPC)du Québec. C’est précisémentce que craignent les partisd’opposition au fédéral, ainsique l’ensemble des partis poli-tiques à l’Assemblée nationaledu Québec, qui se sont posi-tionnés contre ces dispositions.

Ce n’est «rien de moinsqu’un recul de 50 ans pour laprotection des consomma-teurs québécois», avait affirméle porte-parole du Bloc québé-cois en matière de finance, Ga-briel Ste-Marie, en conférencede presse la semaine dernière.Le député soutient qu’aveccette loi, le gouvernement Tru-deau offre un cadeau aux insti-tutions bancaires et non auxCanadiens.

Lors de son témoignageau comité sénatorial, le mi-nistre Bill Morneau a insistésur sa volonté de «défendreles intérêts de la classemoyenne». Le ministre dé-fend que la nouvelle loi luttecontre la pauvreté des en-fants, puisqu’elle augmente-rait l’allocation pour enfantselon l’inflation canadienne.

L’Atelier

PROJET DE LOI C-29

Morneau confiant

Softbank veutinvestir dansl’économie américaineNew york — Le présidentaméricain désigné, DonaldTrump, a affirmé mardi que legéant japonais des télécom-munications SoftBank «estd'accord» pour investir 50milliards de dollars dans l'éco-nomie américaine et créer «50000 nouveaux emplois». Ledirigeant de l’entreprise, M.Son a précisé aux journalistesque les emplois allaient êtrecréés par le biais d'investisse-ments dans des «startups».En guise de confirmation deson engagement, le PDG abrandi une feuille de papierfrappée du logo de son groupeet de celui du groupe de tech-nologie taïwanais Foxconn,sur laquelle on peut lire «s'en-gage à investir 50 milliardsde dollars plus 7 milliards auxÉtats-Unis, crée 50 000 nou-veaux emplois aux États-Unisdans les 4 ans». Cette an-nonce est très peu orthodoxepour un investissement d'unetelle ampleur.Agence France-Presse EM

«MonsieurBrexit» vise octobre 2018 Bruxelles — L'accord en vuede la sortie du Royaume-Unide l'Union européenne (UE)devra être bouclé «d'ici à octo-bre 2018», a estimé mardi le«Monsieur Brexit» de la Com-mission européenne, MichelBarnier. il a appelé le gouver-nement britannique,confronté aux incertitudesd'une procédure judiciaire, àne pas perdre de temps. «Letemps sera court», a prévenuMichel Barnier, qui s'expri-mait pour la première fois de-vant la presse depuis son en-trée en fonction en octobre. Lapremière ministre britan-nique, Theresa May, a acceptémardi, dans le cadre d'unemotion parlementaire, une de-mande des députés de dévoi-ler sa stratégie sur le Brexitavant le lancement officiel duprocessus de sortie. Ce seratoutefois à condition que leParlement valide son calen-drier. La motion doit être dis-cutée aujourd’hui à Westmins-ter, avant de faire l’objet d’unvote non contraignant. Agence France-Presse EM

ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNEBill Morneau défend qu’une loi fédérale sur lesbanques serait bénéfique aux citoyens canadiens.

«Il faut se demander s’il y a uncontrôle effectué parl’employeur»

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

SPORTSP 11

MAR I E - H É L ÈN E D A I GN E AU LT

L a prévention est la seulesolution pour les commo-

tions cérébrales, selon les mé-decins présents à «Nous pou-vons faire mieux: la confé-rence du gouverneur généralsur les commotions cérébralesdans le sport», qui avait lieuhier à Rideau hall à Ottawa.

«Pour le moment, nousn’avons pas les traitementsappropriés. La prévention estla seule cure pour les commo-tions cérébrales», a déclaréPierre Frémont, professeur àla Faculté de médecine del’Université Laval et présidentde la Collaboration Cana-dienne sur les CommotionsCérébrales.

La conférence a été orga-nisée par le gouverneur géné-ral et commandant en chef duCanada, David Johnston.

Manque d’éducationLes athlètes et les méde-

cins se sont tous entenduspour dire que la population ca-nadienne n’est pas assez infor-mée.

«Il faut utiliser un proto-cole médicalement approuvépour gérer et reconnaître unecommotion cérébrale. Lachose la plus facile est demaintenir à jour un protocole.La partie la plus difficile estd’appliquer ses principes dansla réalité», a continué M. Fré-mont.

En mars 2014, la politique158 a été instaurée dans lesécoles en Ontario, obligeantles institutions scolaires à éla-

borer une politique sur lescommotions cérébrales afin desensibiliser les jeunes.

Un plan d’action québé-cois a été dévoilé en 2015. ila été développé à partir derecommandations de repré-sentants des milieux sportifs,juridiques et médicaux afinde sensibiliser les gens surles commotions cérébrales.Ce plan d’action repose surtrois axes, soit la détection etla gestion, la sensibilisationet l ’éducation ainsi que laprévention.

«L’un des aspects que l’ontente de développer est un do-cument de suivi qui pourraêtre utilisé et transmis d’unefonction à l’autre, c’est à direentre l’école, les parents etl’équipe sportive. La trans-mission d’informations est

cruciale lors de commotionscérébrales», a mentionné Mi-chel Fafard, directeur de lapromotion de la sécurité enloisir et en sport au ministèrede l’Éducation et de l’Ensei-gnement supérieur du Québec.

Des joueurs se lèvent«Lever la main pour dire

que vous avez une commotioncérébrale démontre une cer-taine force, ne vous cachezpas», a conseillé Matt Duni-gan, joueur retraité de la Liguecanadienne de football (LCF)pour qui lever la main est unsigne symbolique.

Éric Lindros, joueur re-traité de la Ligne nationale dehockey ainsi qu’Étienne Bou-lay, joueur retraité de la LCF etMatt Dunigan ont voulu en-courager les athlètes à déclarer

leurs blessures à la têtelorsqu’elles surviennent.

Étienne Boulay croit tout demême qu’avoir un officiel pourjuger si le joueur peut retournersur le jeu serait une bonne idée.«Parfois, quand tu es blessé, tonjugement est altéré, mais tucrois que tu es correct pourcontinuer», a-t-il mentionné.

Monique Charbonneau,thérapeute principale de BCRugby, a mené des re-cherches approfondies surles commotions cérébrales.Elle croit que la populationdevrait être informée de larègle des «6 R» lors de lagestion d’une commotion cé-rébrale: reconnaissance, re-tirer, référer, repos, récupé-ration et reprise.

L'Atelier

La prévention est encorela meilleure solutionPas de panacée contre les commotions cérébrales dans le sport

ÉM I L E B É RU B É - LU P I E N

L’ ancien attaquant slo-vaque de la Ligue natio-

nale de hockey Marek Svatos abeau avoir connu certains suc-cès dans sa carrière, cela ne luia pas permis d’éviter la mêmefin tragique que certains pugi-listes:une overdose à la re-traite. Le rapport d’autopsiedu joueur, publié le 5 décem-bre, a révélé qu’il est décédéd’abus de substances. Un moisaprès sa mort, les raisons endemeurent mystérieuses.

Des traces de médica-ments contre l’anxiété ainsique d’antidouleurs ont étéretrouvées dans son sang. Lerapport des autorités a ré-vélé que le joueur d’origineslovaque avait un historiquede pensées suicidaires et deconsommation d’héroïne.Marek Svatos n’était pas leseul à consommer ce type desubstances, mais son par-cours tranche certainementavec celui d’autres joueursayant partagé ce chemin devie.

Déjà vuEn 2011, Derek Boogaard,

Wade Belak et Rick Rypienont tous perdu la vie dansl’intervalle de quatre mois. Ledécès du premier est dû à unmélange d’alcool et d’anti-douleurs, tandis que la causede la mort de Belak n’a pasété rendue publique. il a ce-pendant été révélé que lejoueur souffrait de dépres-sion et qu’il prenait des anti-dépresseurs. Rick Rypiens’est quant à lui suicidé. Lestrois joueurs avaient un profil

semblable : ils adoptaient unstyle de jeu robuste et étaientreconnus pour être des durs àcuire n’hésitant pas à jeter lesgants.

Svatos était quant à lui unjoueur talentueux, il a récolté 172points en 344 matchs dans laLNh. il avait même été désignécinquième meilleure recrue ducircuit en 2006. il disputait le ti-tre avec des joueurs commeAlexander Ovechkin, qui a rem-porté la course, et SydneyCrosby. Cette année-là, il avaitmarqué 32 buts en 61 matches.

Manque de suiviComment se fait-il donc

que Svatos, qui a cumulé 107points de plus que le total depoints de Boogaard, Belak etRypien réunis, ait connu unefin similaire à la leur? Si leSlovaque n’avait pas la mêmevocation de batailleur que cestrois joueurs et qu’il n’infli-geait pas à son corps lesmêmes sévices hérités deleurs furieux combats, il étaitun habitué de l’infirmerie. iln’a jamais disputé une saisoncomplète dans la LNh, ratantenviron 20 matches par sai-son. il a entre autres souffertde fractures, de commotionset d’étirements à l’aine.Qu’aurait donc pu être la car-

rière de Svatos, n’eût été sesblessures? il est probable quecette question a hanté le prin-cipal intéressé plus d’une fois.

Si la convention collectivede l’Association des joueursde la Ligue nationale dehockey fait part des fonds depension versés aux joueursaprès leur retraite ainsi quedes dédommagements oc-troyés aux athlètes s’ils ontsubi des blessures, il n’est pasfait mention d’un quelconquesuivi de santé à leur retraite.Aucune ligne non plus surl’utilisation d’antidépresseursou d’antidouleurs.

Les sentences prévues parla LNh pour l’utilisation deproduits dopants sont parcontre sans équivoque. Unjoueur qui en est à sa pre-mière offense subira une sus-pension de 20 matches sanssalaire tandis qu’un joueur quien est à sa deuxième sera sus-pendu 60 matches.

Retraite difficileLe psychologue sportif

Jonathan Lelièvre considèreque la retraite est une étapede la carrière d’un joueursusceptible d’être angois-sante. «Les athlètes qui ter-minent leur parcours sansplan B ou de projets d’après-carrière se retrouvent devantun vide qui est difficile à ac-cepter. il faut dire que cesjoueurs ont bâti leur identitéautour de leur sport», ex-plique-t-il. il souligne égale-ment qu’il est important queles athlètes soient bien en-tourés afin que leur transi-tion soit facilitée.

L’Atelier

Marek Svatos, entre succès et surdoseL’ancien attaquant de l’Avalanche a succombé à de multiples drogues

GETTY IMAGESMarek Svatos est décédé après avoir consommé plusieurs substances combinées.

LA PRESSE CANADIENNE

Le footballeur Étienne Boulay encourage le recours à un officiel en cas de blessure.

GA B R I E L G U ÉN E T T E

L e Canadien a laissé filerune avance de deux buts

pour s’incliner 3 à 2 en prolon-gation face aux Blues de Saint-Louis, finissant sur une mau-vaise note son périple de cinqmatchs sur la route.

David Desharnais n’a pasfini la rencontre, semblantincommodé à la jambe à lasuite d’un contact avec le dé-fenseur des Blues Jay Bouw-meester. Après le match, Mi-chel Therrien n’avait d’ail-leurs aucune informationconcernant l’état de santé dupetit attaquant québécois.

Un des points positifsdans la défaite reste la perfor-mance des attaquants PaulByron et Tomas Plekanec quiont complété le match avecchacun un but et une assis-tance. Cette performance étaitd’ailleurs un baume pour Ple-kanec, récemment critiquédans les médias pour sesmanquements à l’attaque.

Le duo a commencé son bontravail dès la première périodede jeu. Après une vive percée enprotection de rondelle dans lazone adverse, Tomas Plekanec adirigé un tir inoffensif vers le fi-let. Luttant devant le filet avecPaul Byron, le défenseur desBlues Carl Gunnarsson a redi-rigé avec son patin le retour ac-cordé par le gardien Jake Allen.Le petit attaquant a été créditédu 8e but de sa saison.

À la fin de la deuxième pé-riode, les deux attaquants sesont à nouveau démarqués. Enpleine contre-attaque, PaulByron a patiemment attiré ledéfenseur vers lui, dégageantTomas Plekanec de toute cou-verture. Alimenté par unepasse soulevée, le Tchèque acomplété la manœuvre avec fi-nesse à l’aide d’un tir du reversdans la lucarne. Après lematch, Michel Therrien a féli-cité ses deux joueurs pour leurperformance.

Réplique des Blues Tôt en début de période,

Paul Stastny a réduit l’écart enlogeant la rondelle dans la partie

supérieure d’un angle plutôt res-treint, après un cafouillage desdéfenseurs du Canadien sur lebord de la bande.

Quelques minutes plus tard,Patrick Berglund a passé prèsd’égaliser la marque alors qu’ilavait une cage béante, maisAlexei Emelin est venu sauver lamise en bloquant le tir.

Toutefois, ce n’était qu’unequestion de temps avant que lesBlues réussissent à déjouer ànouveau le portier du Canadien.Jaden Schwartz a égalisé lamarque en prenant le retour ac-cordé par Al Montaya sur le tirde Jay Bouwmeester. il n’avaitqu’à placer la rondelle dans unecage vide.

Les Blues ont complétéleur remontée grâce à un su-perbe tir du revers de JadenSchwartz à la fin de la périodede prolongation.

Le gardien du Tricolore AlMontoya, qui a repoussé 28 des31 tirs dirigés vers lui, n’a pasconnu la victoire depuis le 18 oc-tobre alors qu’il avait blanchi lesPenguins de Pittsburgh. Aveccette défaite, le Canadien ter-mine une séquence de cinqmatchs sur la route avec une ré-colte de 5 points sur une possibi-lité de 10. Les joueurs du Ch re-trouveront leurs partisans jeudiavec la visite des Devils du NewJersey.

L’Atelier

MONTRÉAL 2, SAINT-LOUIS 3

Le Canadienflanche en troisième

Djokovic etBecker mettentfin à leurententeLe joueur de tennis NovakDjokovic et l’entraîneur BorisBecker ont rompu les pontsaprès avoir passé trois saisonsensemble, remporté six titresdu Grand Chelem et deuxMasters. Djokovic a écrit surFacebook mardi que l’équipe«avait décidé d’un communaccord de mettre un terme ànotre coopération». Dans leclassement en simple chez leshommes, Djokovic a mis lamain sur 12 titres majeurs. ilest uniquement devancé parRoger Federer (17), Pete Sam-pras (14) et Rafael Nadal (14).La moitié des titres du Serbeont été acquis avec BorisBecker. Djokovic a aussi étéfinaliste dans trois autrestournois du Grand Chelempendant son partenariat aveccet entraîneur, ce qui signifiequ’il a atteint la finale dans 9des 12 tournois majeurs aux-quels il a participé pendantcette période.

La Presse canadienneMHD

Le 24h deTremblant s’en vientLe 24h de Tremblant est undéfi sportif et une collecte defonds tournant autour du ski,de la marche ou de la course.Cette année, dans le but d’in-tégrer davantage les mar-cheurs et les coureurs, les or-ganisateurs ont rapprochéleur zone de transition despentes de ski. ils ont aussi ins-tallé un chapiteau d’informa-tions 24 h. Les gens pourrontvenir s’y informer, y faire desdons ou tout simplement seréchauffer. «La création de cechapeau qui sera installé enhaut du cabriolet [remonte-pente] servira à rallier tout lemonde», explique CarolineCouillard, directrice des rela-tions publiques de l’évène-ment. Radio Radio, Valaire etyann Perreau seront trois desartistes présents cette année.L’actuel montant amassé pourles trois fondations qui aidentla cause des enfants s’élève àun peu plus de 2.1 millions.L’objectif est de dépasser le2.7 millions de dollars de l’an-née dernière.

L’Atelier EL

AGENCE FRANCE-PRESSEPlekanec a connu un bonmatch malgré la défaite.

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

CULTUREP 12

L A Ë T I T I A R AT T I E R

Mettant à l’honneur le tra-vail d’artistes rarement,

voire jamais écouté, Lieucommun est une nouvelle sé-rie de musique expérimen-tale. Elle inaugurera sa pre-mière édition mardi à la gale-rie d’Espace Projet, galeriequi se donne comme missionde diffuser les œu-vres de musiciensémergents et des’ouvrir aux projetsd’expérimentations.

Dès 20 heures,plusieurs instrumen-tistes tels que Krist-jana Thorsteinson auhautbois, ingrid Wis-sink au violon, Phi-lippe Lauzier à la cla-rinette basse, GabrielDrolet à la contre-basse et Philippe Me-lanson aux percus-sions, s’harmonise-ront et expérimente-ront Grey, duets et 21st cen-tury music de Joseph Kuridkaainsi que Ici et/ou ailleurs deSimon Labbé. «L’expérimen-tation n’appartient pas à ungroupe, ce n’est pas un mou-vement qui va être défini parun seul style ou une seule per-sonne, explique le musico-logue et professeur de mu-sique de l’UQAM Danick Trot-tier. Il faut être outillé, avoirdes repères.»

La musique expérimen-tale découle du mouvementbruitiste du début du XXesiècle . i l s ’agit d ’un stylemusical plus difficile d’ac-cès, car i l s ’écarte de lanorme, ne suit aucune règle

particulière et nécessite sou-vent plus d’une seule écoutepour être apprécié à sa justevaleur. «En général, la mu-sique expérimentale estconnotée par la musiqueélectronique, donc on a sou-vent expérimenté la lutherieavec des bruits de studio,des sons d’ordinateurs dansles années 90 ou de synthé-

tiseurs dans les an-nées 70» , détai l leDanick Trottier.

« C a t é g o r i efourre-tout» commela définit le profes-seur, la musique ex-périmentale a connuson apogée il y a plusd’une dizaine d’an-nées à Montréal. «Lascène indie montréa-laise était en trèsbonne santé dans lesannées 2000, avecune réelle efferves-cence musicale, cequi a laissé place à

beaucoup d’expérimentationet d’innovation», souligne-t-il.

La musique expérimentaleest une catégorie isolée etmoins populaire, car elle secommercialise mal. Cepen-dant, elle permet de dévelop-per de nouveaux sons et dejouer avec les notes de ma-nière plus large. «L’expéri-mentation est essentielle dansla musique et elle continuerad’évoluer. En musique, on ré-invente toujours la lutheriequi permet de la transmettreet qui dit expérimentation ditégalement innovation», ex-pose le musicologue.

L’Atelier

L’Espace Projetexpérimente la musique

L A Ë T I T I A R AT T I E R

«C’est la première foisque Luminothérapie

propose un thème aux créa-teurs», explique la conseil-lère aux relations publiquesdu Quartier des spectacles,Marie Lamoureux. Pour lapremière fois depuis sa créa-tion en 2010, Luminothéra-pie s’appuie cette année surle thème des contes.

Dès ce soir, les Montréa-lais pourront s’émerveillerdevant Loop, une œuvre lu-mineuse composée de treizecylindres. Signés par Eku-men, les cylindres prennentla forme de zootropes, ins-truments d’animations duXiXe siècle. À travers cesderniers, différents contesdéfileront pour plonger lespassants dans une expé-rience sonore, visuelle et

physique. C’est en faisantrouler le cylindre grâce à unsystème de rameur ques’anime l ’histoire. «[Nousvoulons] faire vivre une ex-périence hivernale différente: sortir l’hiver, que les gensbougent en famille, qu’ i lss ’émerveil lent un peu» ,vante Mme Lamoureux. Ellemet aussi l’accent sur la gra-tuité de l’événement.

Tout comme l’année der-nière, l’alliage de l’œuvre in-teractive et de la vidéoprojec-tion revient. «On ne changepas une formule gagnante»,affirme Marie Lamoureux.Les deux façades entourantl’installation sur la place desFestivals seront illuminées.Des images inspirées decontes seront projetées sur lanouvelle bâtisse Wilder Es-pace danse et le pavillon Pré-sident-Kennedy de l’UQAM.

«On essaye évidemmentd’attirer les familles, maisl’idée des contes ne visait pasdirectement les enfants. Oncherche plutôt l’aspect parti-cipatif , le fait que tout lemonde puisse util iser leszootropes et même se remé-morer de vieux souvenirsd’enfance, à travers descontes tels que Alice au Paysdes merveilles, le Petit Pou-cet ou encore les Trois PetitsCochons», précise-t-elle.

À travers ses nombreuxfestivals, le Quartier desspectacles attire chaque an-née environ 5 millions de fes-tivaliers. Selon Mme Lamou-reux, Luminothérapie est de-venu un incontournable, ellequalifie même l’activité de«signature lumineuse duQuartier».

L’Atelier

La place des Festivals s’animeALEXIS GOHIER-DROLET L’ATELIER

Les zootropes hypnotisent les passants dans le cadre de Luminothérapie.

L E Ï L A J O L I N - D AH E L

Souhaitant être traitéescomme leurs collègues

masculins, plusieurs humo-ristes québécoises se réjouis-sent de l’annulation du galaJuste féminin, qui était prévul’été prochain dans le cadre dela 35e édition du Festival Justepour rire.

L’annonce du gala exclusi-vement dédié aux humoristesde sexe féminin avait semé lacontroverse. Plusieurs humo-ristes, dont Cathy Gauthier etVirginie Fortin, avaient dé-noncé ce qu’elles estimaientêtre une ghettoïsation de leurgenre dans une industrie à pré-dominance masculine.

«Des fois, ça vaut la peinede chialer contre quelquechose», confie à L’Atelier Anne-Marie-Dupras. humoriste et au-teure, elle a coécrit l’an dernier lelivre Une fois c’t’une fille, quidresse le portrait de 35 femmeshumoristes au Québec. El lefait également partie du col-lectif Les femmelettes, quiregroupe «13 artistes à ladouzaine» , te l que men-tionné sur leur page Face-book.

La réaction est la mêmechez l’humoriste Gabrielle Ca-ron. «Ça montre que Justepour rire a écouté les artistes»,déclare celle qui anime chaquemois Les soirées marrantes,destinées à la relève humoris-tique, en plus d’apparaître dansl’émission Code F à VRAK.TV.

L’Atelier a contacté les or-ganisateurs du festival, maisceux-ci ont refusé de commen-ter. «Nous n’émettrons aucunscommentaires à part celui-ci :

À la demande des humoristesnous avons annulé le gala.Point.», a répondu par cour-riel à L’Atelier le relationnistede presse du Festival, Jean-David Pelletier, sans même si-gner son nom complet. L’or-ganisation s’est contentée depublier un gazouillis pour an-noncer la nouvelle : «À la de-mande des humoristes, Justepour rire retire le Gala JusteFéminin. Nous vous tien-drons au courant de la suitedes choses. Merci.»

Anne-Marie Dupras es-time que l’idée première defaire un gala entièrement fé-minin ne partait sans doutepas d’une mauvaise inten-tion, bien que le geste soit«hyper maladroit». «Ce quim’a déplu, c’est le commen-taire hyper condescendantde Christian Viau», ajoute-t-elle. Le 30 novembre dernier,un article paru dans LaPresse citait le directeur de laprogrammation des galasJuste pour rire, qui affirmaitvouloir plus de filles dans sesgalas, mais qu’il ne pouvait«pas en inventer non plus».il avait ajouté que, si sa mèreétait drôle dans une soiréepassée en famille, il était im-possible pour lui de la mettresur scène. Selon elle, le Qué-bec compte de nombreuseshumoristes de talent, mais lemilieu de l’humour reste une«chasse gardée» où règnentdes «cliques».

Gabrielle Caron déclareconnaître de nombreusesfemmes actives en humourquébécois. En plus de plu-sieurs «gros noms» commeLise Dion et Mariana Mazza,

elle s’est empressée de dresserune liste des humoristesmoins connues. «Il y a aussitoutes les autres qui sontpeut-être un peu moinsconnues du grand public,mais qui vivent de l’humouret qui sont en train de se faireune grande place», ajoute-t-elle en citant les noms de Mé-lanie Couture, Mélanie Gha-nimé, Rosalie Vaillancourt,Maude Landry, et Silvi Touri-gny en plus du sien.

Comme les autres«Mais comment peut-on

nommer les femmes qui fontde l’humour ? Femmes humo-ristes ? Humoristes fémi-nines ? Des humoristes, toutsimplement», répond Anne-Marie Dupras.

Elle et Gabrielle Caron ai-meraient être traitées sur lemême pied d’égalité qu’unhomme. «Ça revient toujoursà ‘’t’es drôle pour une fille’’.C’est plate de résumer 50%de l’humanité à un genre»,explique-t-elle.

«Ce qu’on veut, c’est êtreengagées parce qu’on estbonnes. Pas parce que ‘’çaprend une fille’’», renchérit Ga-brielle Caron. «Faites-nousconfiance et traitez-nous enégales», ajoute-t-elle.

«Ça m’attriste un peu,parce que l’idée était que lesfemmes utilisent ça pouravoir une plateforme. Mais àpartir du moment où ça créede la controverse et que toutle monde n’est pas à l’aise, jene vais pas me battre contrele vent, ça ne me donne abso-lument rien» , a déclaré leprésident et fondateur du fes-

tival Juste pour rire, GilbertRozon, à l’émission de radioGravel le matin. «On en tiredes leçons et j’imagine qu’il ya quelque chose là-dedansqu’il faut retenir comme mes-sage», a-t-il ajouté.

Selon Anne-Marie Dupras,les femmes en humour sont«comme ouvrir un garde-robe

plein à craquer pis dire "je n’airien à me mettre"».

Claudine Mercier, entreautres, s’était toutefois posi-tionnée en faveur de la tenued’un événement non mixte, àl’annonce de la création du galaJuste féminin.

L’Atelier

JUSTE FÉMININ

Gala annulé: les filles se réjouissent

É T I E NN E G R I GNON

A lors que le dernier gala desOscar a semé la contro-

verse par la blancheur de sesnominés, le 59e gala des prixGrammies devrait en faire voirde toutes les couleurs. Avecneuf nominations, Beyoncémène le bal devant Drake, Ri-hanna et Kanye West. Chancethe Rapper se taille aussi uneplace derrière les meneurs avecsept nominations. Pour la pre-mière année, les albums dispo-nibles uniquement sur le websont éligibles à recevoir unGrammy.

Quatredes plusgros ven-deurs del’année seretrouventen compé-tition pourle presti-gieux prixd’album del’année. 25d ’ A d e l e ,Lemonade de Beyoncé, Viewsde Drake et Purpose de JustinBieber tenteront de rafler leprécieux trophée. Moins connu,l’artiste country Sturgill Simp-son pourrait causer la surprisealors que son disque A Sailor’sGuide to Earth a également ob-tenu une nomination. Adele etBeyoncé s’offiront une chaudelutte dans les catégories demeilleure chanson et de meil-leur enregistrement avec Helloet Formation, respectivement.

Dans la catégorie du meil-leur nouvel artiste, Chance theRapper et Anderson .Paak par-tent favoris, alors que leurs al-bums font très belle figure surles listes de fin d’année de ma-gazines influents. ils devronttoutefois se méfier du duo TheChainsmokers, dont la pièceCloser a trôné au sommet dupalmarès Billboard durant 12semaines consécutives.

Décédé en janvier dernier,David Bowie se hisse au rang definaliste dans cinq catégories,dont celle de l’album alternatifde l’année. il y affrontera sonami de longue date iggy Popainsi que Bon iver, PJ harveyet Radiohead. il pourrait égale-ment repartir avec un trophéedans la catégorie du meilleurenregistrement rock, oùBeyoncé fait une percée remar-quée avec son titre Don’t HurtYourself, une collaborationavec Jack White.

Les gagnants seront choisispar un vote des membres de laRecording Academy, qui inclutentre autres des artistes, des au-teurs et des producteurs. Les al-bums et pièces en nominationont paru entre les mois d’octo-bre 2015 et de septembre 2016.

Le 59e gala des prix Gram-mies aura lieu le 12 février pro-chain et sera animé par JamesCorden. Le Britannique rempla-cera LL Cool J qui était à labarre du gala depuis 2012.

Lors du dernier gala, TaylorSwift avait remporté le prix d’al-bum de l’année avec 1989 alorsque Meghan Trainor avait étésacrée meilleure nouvelle ar-tiste. Les pièces Uptown Funket Thinking Out Loud avaientrespectivement été nomméesmeilleur enregistrement etmeilleure chanson de l’année.

L’Atelier

GRAMMY

Beyoncé,Drake etRihannabrillent La RecordingAcademy révèleses nommés

CATHERINE GIROUXAnne-Marie Dupras, humoriste

Beyoncé

«Ce n’estpas unmouve-ment quiva être défini parun seulstyle»

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L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

CULTUREP 13

S AMU E L M AUR I N B ONT E

Le Centre d’ApprentissageParallèle (CAP) lance au-

jourd’hui une nouvelle exposi-tion, Gouache Papiers Ciseaux,une initiative qui vise à souli-gner les 30 ans du mouvementet à augmenter la visibilité del’organisme.

Dans l’atelier situé sur lePlateau-Mont-Royal, l’exposi-tion n’est pas totalement instal-lée. Le vernissage aura lieu mer-credi soir et certaines œuvressont encore simplement poséesau sol. D’autres peuvent déjàêtre admirées, si l’on sait y re-garder de plus près.

Sur les tables, les journauxont été réutilisés pour en fairedes porte-crayons, des vases etdes luminaires. Les pages ontété coupées, puis pliées et finale-ment soigneusement arrondies.Le tout forme, à la manière d’unorigami, des formes cerclées quiprennent vie. Les murs sontquant à eux égayés de peinturesqui, sous des couches plus oumoins fines, révèlent une partdu caractère de leurs auteurs.

Le CAP a depuis 30 ans lamission d’accompagner des per-sonnes présentant des difficul-tés émotionnelles et psycholo-giques afin de faciliter leur inté-gration sociale et profession-nelle. L’organisme mise sur lacréation pour soigner les émo-tions douloureuses. Pour le Cen-tre d’Apprentissage Parallèle, lesactivités qui font appel à l’imagi-naire naissent d’un sentimentde confiance, et c’est justementen développant cette estime desoi qu’on provoque la créativité.

Selon Mélissa Sokoloff, doc-torante en art-thérapie à l’Uni-

versité Concordia, la créationstimule l’épanouissement chezles patients. «Il y a un véritabledialogue qui s’installe entrel’œuvre et l’individu. Ce dia-logue lui permet de faire uncheminement en lui, et bien sou-vent c’est porteur de fluiditémentale et cela réduitl’anxiété», explique-t-elle.

La doctorante a réalisé unmémoire sur l’Art-thérapieauprès d’adultes inuits traitésen psychiatrie. Elle expliqueque cette expérience lui a per-mis de prendre conscienceque «l’apprentissage par l’ex-périence et les travaux ma-nuels sont au cœur de cetteculture». Selon elle, placer lecommunautaire au premierplan est une valeur dont lesens se perd de plus en plus.Selon Mélissa Sokoloff, c’estcette inclusion que le CAPtente de recréer.

«Chaque personne construitson propre dialogue avec sesrealisations artistiques», af-firme Mélissa Sokoloff. Elle nousraconte que, bien souvent, unefois l’œuvre achevée, le titre decelle-ci révèle beaucoup plus quela création elle-même. «Celapermet de mettre des mots surce qui a été vécu et de faire unretour sur son expérience», dit-elle à L’Atelier.

L’exposition Gouache Pa-piers Ciseaux s’inscrit dans unedémarche plus large qui met aupremier plan l’art thérapeu-tique. Certaines œuvres sont is-sues du projet Moi m’aime par-rainée par le commissaire du375e anniversaire de Montréal,Gilbert Rozon. L’expositionsera présentée dans son inté-gralité en mai 2017.

L’Atelier

ART-THÉRAPIE

CAP sur l’art réparateur

MYR I AM E DDAH I A

C ATH E R I N E CH A R RON

ÉM I L E B É RU B É - LU P I E N

Q u’il parle de marijuanaou d’injustice sociale, le

trio de rappeurs de BrooklynFlatbush Zombies a attaquéla scène de l’Olympia mardisoir , devant une foule detous les âges.

Puisque la demande étaitlargement supérieure à celleescomptée, le spectacle qui af-fichait complet au Club Soda aété déplacé à l’Olympia, pas-sant d’une salle de 900 per-sonnes à une autre d’une ca-pacité de 2438 places. Unbeau cadeau pour leurs admi-rateurs montréalais à la veilledu temps des fêtes.

Dès 19 heures, les portesde la salle se sont ouvertespour permettre à un flot im-portant de jeunes impatientsde déferler dans le bâtiment,créant une ambiance survol-tée dans les couloirs del ’Olympia. Scandant des«Zombies» à tue-tête, les ad-mirateurs et leurs chandailsà l’effigie du groupe ont re-doublé d’ardeur en attei-gnant la salle.

«Ils doivent bien avoirquelque chose de spécial pourqu’il y ait autant de gens queça», a partagé un père de 52ans qui accompagnait songarçon de 14 ans.

Selon un des agents de sé-curité à l’évènement, Wagner,les concerts hip-hop attirent da-vantage un public blanc. «LesCaucasiens sont plus propices àencourager les artistes», luisemble-t-il, du haut de ses deuxmètres. Cette tendance a aussi

été observée lors du spectacled’A$AP Ferg, de passage àMontréal le 3 décembre dernier.

Bodega Bamz, rappeurd’origine dominicaine et por-toricaine, a su briser la glaceavec brio, 90 minutes aprèsl’ouverture des portes. Rap-pant aussi bien en anglaisqu’en espagnol, l’artiste de31 ans a su faire grimperl’énergie de la foule avec sachanson Kurt Cobain etTrap Lords, pièce réalisée encollaboration avec A$APFerg. Prouvant son engage-ment dans la scène rap, leNew-yorkais a al lumé lafoule en disant qu’ i l était«super gelé, super saoul. [ilest] prêt à mourir sur cetteputain de scène.»

Du balcon au parterre,l ’ambiance de l ’Olympiaétait en feu. Une reprise dela chanson Suavemented’Elvis Crepso a transforméla pièce en immense pistede danse . Bodega Bamz afini sa partie en s’adonnantà une courte séance de bo-dysurfing. il a conclu avecun «Je vous aime!» devantune foule fumante , danstous les sens du terme.

Acclamés par une fouletoujours grandissante, ÉrickArc Elliott, Meechy Darko etZombie Juice ont pris d’as-saut la scène vers 22 heureavec la pièce The Odyssey, ti-rée de leur dernier albumsorti cette année, 3001: ALaced Odyssey . Un hom-mage a rapidement été faitpar les membres du groupeen l’honneur de la disparitionde plusieurs rappeurs qui ontmarqué deux générations dif-férentes, dont Capital Steez,Notorious BiG et Tupac.

Alors que le trio indépen-

dant avait innové dans samise en scène en projetantdes extraits du film Clock-work Orange de Stanley Ku-brick lors de leur dernier pas-sage en ville en 2014, ils ontcette année brillé par leursimplicité. Un spectacle derap tout ce qu’il y a de plusconventionnel.

Cet évènement s’inscrit

dans une vague de spectacleship-hop qui déferle surMontréal depuis les deuxdernières semaines. Pour lesamateurs du genre, Kaarissera à l’Olympia jeudi soir.Mac Miller, quant à lui, serasur les planches du Métro-polis vendredi soir.

L’Atelier

SPECTACLE

Flatbush «enfume» l’Olympia

MYRIAM EDDAHIA L’ATELIERLes amateurs de hip-hop étaient entassés mardi soirà l’Olympia pour le spectacle de Flatbush Zombies.

L’ATELIERDes œuvres en vente au Centre d’Apprentissage Parallèle

Le sculpteurOusmane SowinhuméDakar—Le célèbre sculpteursénégalais Ousmane Sow,dont le talent était reconnupartout dans le monde, a étéinhumé à Dakar mardi, cinqjours après son décès, à l’âgede 81 ans. Le chef de l'Etatsénégalais, Macky Sall, etplusieurs autorités natio-nales ont assisté à la levéedu corps mardi matin àl'hôpital Principal de Dakar,cérémonie marquée par denouveaux hommages à M.Sow, selon des témoinsjoints par l'AFP. «L'hommeque nous accompagnons au-jourd'hui en sa demeure ul-time fut un grand Sénéga-lais, un artiste de renomméemondiale, académicien ethumaniste résolu», a no-tamment déclaré le prési-dent Sall, cité par l'Agencede presse sénégalaise. Né le10 octobre 1935 à Dakar,Ousmane Sow était connupour ses sculptures monu-mentales de guerriersconnus à travers le monde. Agence France-Presse EBL

Maxime Roussycoupable de pédophilieL’auteur jeunesse MaximeRoussy a été déclaré coupa-ble mardi après-midid’agression sexuelle sur unemineure. La Couronne a de-mandé qu’il soit immédiate-ment incarcéré, ce qui a étéaccordé par la juge Domi-nique B. Joly. Les évène-ments reprochés à Roussyont eu lieu entre juillet2006 et juillet 2010. La vic-time avait 14 ans lorsqu’ellea été agressée pour la pre-mière fois. L’auteur avaitapproché la jeune fille, unede ses admiratrices, sur unforum de discussion enligne, où il l’a incitée à descontacts sexuels. La Dé-fense plaidait que les actesreprochés à Roussy avaientété inventés de toutespièces par sa victime. L’au-teur n’a pas témoigné uneseule fois lors de son procès.Maxime Roussy a notam-ment écrit les séries jeunessePakkal et Le Blogue de Na-masté.

L’Atelier EBL

ÉM I L I E L AVA L L É E

L a LNI s ’attaque auxclassiques débute mer-

credi sa série de 11 représen-tations qui mettront une foisde plus à l’épreuve le talentdes comédiens Réal Bossé,Salomé Corbo et la nouvellearrivée, Florence Longpré.

Bien que le sens mêmedu spectacle demeure lemême, quelques différencesont été apportées. La distri-bution a changé, FlorenceLongpré remplace Anne-Éli-sabeth Bossé. La sélection demusique qui sera jouée enfonction de ce qu’il se passedans l ’ improvisation a étéplus travaillée que l’annéedernière.

il y a aussi les thèmes dechaque représentation, qui àchaque fois tournent autourd’un artiste connu, qui chan-gent à chaque représentationet qui diffèrent des thèmes del’année passée. D’ailleurs,pour les choisir, une attentionparticulière a été apportéecette fois-ci à l’intégration desfemmes. C’est pourquoi Su-zanne Lebeau et Évelyne de laChenelière seront les thèmesde représentations.

Ceux qui ont initié ce pro-jet sont Étienne Saint-Laurent,directeur général de la LNi(Ligue nationale d’improvisa-tion) et d’Alexandre Cadieuxqui agira comme dramaturgelors des représentations. Lesdeux hommes cherchaient unnouveau genre d’expressionthéâtrale pour évoluer dansune formule plus «sérieuse»que les matchs d’improvisa-tion. «Nous voulions un spec-tacle qui tourne autour del’improvisation, mais qui intè-gre également le théâtre», ex-

plique M. Saint-Laurent.D’ailleurs, ce n’est pas

pour rien que Réal Bossé, Sa-lomé Corbo et Florence Long-pré ont été choisis pour cettesérie de spectacles. Les troisont tous fait l’École de Théâ-tre, ils connaissent donc lescodes de théâtre et peuventjouer dans cet univers autantque dans celui de l’improvisa-tion. «On cherchait des comé-diens capables d’improviserpendant 30 minutes, qui pou-vaient intéresser le grand pu-blic et les jeunes», ajoute M.Saint-Laurent.

La LNI s’attaque aux clas-siques est un spectacle en deuxparties. La première partie sedéroule en une heure oùAlexandre Cadieux présente le

personnage connu à l’honneurcette soirée-là. «Ce soir, lorsde la première représenta-tion, il présentera donc Mari-vaux et son univers. Son rôleest d’expliquer au public pour-quoi une œuvre de Marivauxest du Marivaux», dit ÉtienneSaint-Laurent. François-Étienne Paré transforme en-suite tout cela en commandepour les comédiens qui vontdevoir improviser autour decela.

La deuxième partie seraune grande improvisation de30 minutes qui se fait à la ma-nière de Marivaux, en inté-grant les explorations des co-médiens durant la premièrepartie. Toute la représentationest de l’improvisation. Les co-

médiens peuvent par contre sepréparer avant le spectacle.«Certains comédiens vont re-lire quelques œuvres de l’au-teur en vedette pour s’impré-gner de l’univers. Ils pourrontalors utiliser le même genrede prénom ou des lieux quisont présents dans les livres»,précise Étienne Saint-Laurent.

La série de spectacles dé-bute ce mercredi jusqu’au 21 décembre au théâtre l’Es-pace Libre. Les univers deCarlo Goldoni, Tennessee Wil-liams, Georges Feydeau, JeanRacine, Marcel Dubé, RéjeanDucharme, Robert Lepage etLuc Plamondon seront aussi àl’honneur.

L’Atelier

THÉÂTRE

La LNi s’improvise un «classique»

THEATRE LNI Salomé Corbo en pleine improvisation

Page 14: PROJET FAUT Plusieurs régions, une seule vision · 2017-02-02 · Le rapport PiSA (Pro-gramme international pour le suivi des acquis) éva-lue tous les trois ans le ni-veau scolaire

L ’ A T E L I E R , L E M E R C R E D I 7 D É C E M B R E 2 0 1 6

ACTUALITÉS P 14

des impacts potentiels qu’auront les nouvellespolitiques du CRTC. L’organisme avait lancéen août dernier sa politique «Parlons télé».

Le gendarme des télécommunicationsmise désormais sur la participation conjointedes producteurs et des diffuseurs à la mise enmarché des productions télévisuelles et Web.Le CRTC pousse l’industrie à financer les pro-jets les plus susceptibles de faire exploser lescotes d’écoute. Une approche résumée par leterme «découvrabilité», la capacité de faireconnaître son projet, de le rendre populaire àtravers l’abondante marée de webséries, docu-mentaires, émissions et jeux interactifs pro-duits chaque année, le tout afin de rivaliseravec les productions étrangères.

À l’heure où l’industrie doit s'acclimater à uneperte d’abonnés télé et à une nouvelle forme deconsommation par le Web, le CRTC prive en outreles diffuseurs de la priorité des contenus canadiensaux heures de grande écoute, ce qui risque de dé-courager l’investissement dans les séries téléviséesà grands budgets et dans des projets de niche.

La nouvelle politique exige que le nombrede chaînes comprises dans l’abonnement debase des téléspectateurs soit réduit, ce quiamoindrit la facture de plusieurs, mais cou-pera l’herbe sous le pied des plus petits diffu-seurs, exclus du forfait de base.

«Les petits diffuseurs ne vont probable-ment pas survivre à ça», s’inquiète le porte-parole des AMiS de la radiodiffusion, JimThompson. Ce groupe indépendantœuvrepour l’intérêt des auditeurs, téléspectateurs etusagers de services en ligne. Après avoir étu-dié les politiques du CRTC, M. Thompsonsonne l’alarme : de telles mesures pourraientpriver le pays de 15 000 emplois et amputer1,5 milliard de dollars à l’économie.

Si le montant alloué au financement ducontenu a atteint un record l’an dernier, les profitsn’ont pas suivi. Du moins, pour l’instant. «Com-ment faire pour que le retour sur l’investissementse fasse?», s’interroge Serge Thibaudeau du FondsQuébécor. Même les plus gros fonds de finance-ment sont mis à mal. «Il faut faire des projetsavec une expectative de rendement, on n’a pasle choix. Si on ne fait pas ça, dans cinq ans iln’y en a pas plus de fonds Québécor», renchéritM. Thibaudeau.

La représentante des Fonds Bell et Co-

geco s’est elle-même dite «déboussolée». Sonorganisme a déposé, il y a quelques jours, plu-sieurs recommandations au CRTC, leurconseillant notamment de repousser la miseen vigueur de ses politiques pendant au moinsun an.

La profitabilité exige que les productionsplaisent au plus grand nombre, ce qui pourraitporter un coup dur à la diversité des produc-tions canadiennes.

«Il y a un risque de produire pour lamasse», affirme Alexandre Gravel, présidentdu RPM. «On va voir plus de shows télévisésà la Hollywood comme She can dance quedes productions canadiennes intéressantes.Les émissions diffusées seront celles qui ontprouvé leur popularité ailleurs», renchéritJim Thompson, porte-parole des AMiS de laradiodiffusion.

L’impact pourrait être important sur lecontenu jeunesse. «Ça fait moins de contenuquébécois et canadien pour les jeunes. Ilsvont consommer du contenu qui vient d’ail-leurs. Les jeunes, on doit les accrocher asseztôt. S'ils n'ont pas l’habitude de consommerdes contenus d’ici, comment faire pour lesraccrocher plus tard?» , demande JudithBeauregard, productrice exécutive de Tobo,spécialiste du contenu jeunesse.

Certains points des nouvelles politiquessont, par contre, plus majoritairement accep-tés. «Il y a une remise en question de laconvergence, maintenant certains projetsn’ayant pas de licence télé pourront recevoirdu financement», explique le documentaristeet le fondateur de la boite de production KungFu, Ghassan Fayad.

Les politiques prennent en considération lanouvelle consommation par le Web. De 2014 à2016, le trafic internet rattaché au visionne-ment de contenu vidéo est passé de 64 % à82%, selon Cisco, chef de file dans le dévelop-pement logiciel. «Ce qui est par contre déran-geant, c’est que les fournisseurs Internet nepaient aucune redevance à l’un des fonds deproduction de contenu pour le Web», affirmel’ancien président du RPM, Marc Beaudet.

M.Beaudet demande la participation detous les acteurs du milieu sans quoi il sera dif-ficile de trouver du financement. Pendant lasoirée, plusieurs projets de webséries et dewebdocumentaires ont été présentés. «Décou-vrabilité» exige, les intervenants ont préciséque pour faire découvrir son projet, il est cru-cial de bien présenter leurs vidéos pour lesrendre faciles er sur le Web.

L’Atelier

TÉLÉViSiONSUITE DE LA PAGE 1

La rédactionde L’AtelierChefs des nouvelles:Léa MartinChef de pupitre: Marie-Jeanne DubreuilPupitreurs: Philippe Asselin-Léger, Jean-Simon Bonneterre, Maude Fraser-Jodoin, Sandrine Gagné-Acoulon, Alexandre Moranville-Ouellet, Ericka Muzzo, Alexandre PerrasJournalistes: Émile Bérubé-Lupien, Jessica Charbonneau-Vaudeville, Catherine Charron, Marie-Hélène Daigneault, Dominique Degré, Myriam Eddahia, Laurence God-charles, Étienne Grignon, Isabelle Grignon-Francke, Gabriel Guénette, Marie-Hélène Hétu, Leïla Jolin-Dahel, Émilie Lavallée, Simon Lefranc, Catherine Legault, CharlotteMartinet, Samuel Maurin Bonte, Gabrielle Morin-Lefebvre, Shannon Pécourt, Laëtitia Rattier, Julien Ruderic, Laurence VachonCaricaturiste:Maude Petel-Légaré Chroniqueuse: Luca Max Editorialiste: Juliane Sickini Photographes: Jean-Christophe Côté, Alexis Gohier-DroletCorrectrices: Océanne De Grandpré, Noémie Laurendeau, Luca MaxRemerciements: Sophie Chartier, Christine Dumazet, Vincent Fortier, Marie-Pier Frappier, Guillaume Lavallée

plus nombreux que ce à quoi se plaisent àdire la classe politique et les médias depuisles dernières années», remarque Gabriel Na-deau-Dubois, le porte-étendard des manifes-tations étudiantes de 2012 soulignant queplus de 60 % des rencontres se sont effec-tuées loin des grands centres urbains, lais-sant notamment la parole aux Autochtones.

«Les gens qui habitent les régions urbaines,comme Montréal, croient souvent qu’ils ont despréoccupations et des réalités bien différentes deceux qui habitent les régions rurales. Mêmechose de l’autre côté. Or, ce n’est pas du tout lecas», ajoute-t-il.

Après s’être déplacé au Nunavik pourune assemblée de cuisine, Gabriel Nadeau-Dubois souligne toutefois qu’il existe unfossé entre les communautés du Grand Nordet le reste du Québec. «Quand on se renddans des vi l lages comme Puvirnituq ouKuujjuaq, c’est une tout autre réalité. Ellepeut difficilement être comparée à celle desmilieux urbains et ruraux du reste la pro-vince», dit-il.

Éducation et démocratieDes milliers de kilomètres parcourus plus

tard, Aurélie Lanctôt et Gabriel Nadeau-Duboisracontent que ce sont les questions liées à l’édu-cation et à la participation démocratique ci-toyenne qui ont principalement alimenté lesdiscussions.

Selon la militante féministe, les Québécoisressentent au quotidien les effets négatifs d’un

système d’éducation «défaillant». «On est entrain de briser l’os de l’éducation au Québec etla participation démocratique est nulle dansla province. La politique partisane est com-

plètement stérile», déplore-t-elle.L’ancien co-porte-parole de la Coalition

large de l’Association pour une solidaritésyndicale mentionne que les citoyens ren-

contrés ont perdu foi en leurs institutions.«Ils ne se sentent plus représentés ni par lespartis politiques ni par les mouvementssyndicaux», affirme-t-il.

Aurélie Lanctôt aurait toutefois aimé queles échanges des derniers mois portent davan-tage sur l’aspect de l’égalité entre les hommes etles femmes. «Je suis surprise de voir que cen’est pas à l’agenda, du moins de façon expli-cite, des préoccupations des gens, surtout dansle contexte actuel», dit-elle.

Avenir incertain«C’est la fin de la tournée, mais ce n’est

pas nécessairement la fin du collectif», ex-plique Aurélie Lanctôt pour qui l’expériences’est avérée un «remède contre le cynisme».«C’est incroyable de voir l’intelligence ci-toyenne au Québec. Les gens ont des bonnesidées, les gens ont envie de remettre le Qué-bec en marche», dit-elle.

Gabriel Nadeau-Dubois partage ce pointde vue. «La réponse du public a été excep-tionnelle, elle a dépassé nos attentes. Plusde 300 demandes, les gens avaient envie deparler de politique dans un cadre non parti-san», rapporte-t-il.

À l’hiver, le regroupement publiera un li-vre qui mettra en mots les tendances obser-vées pendant les derniers mois. il divulgueraégalement, sur son site internet, un rapportprésentant les principales idées proposéespour changer le Québec.

Le collectif entend toutefois poursuivre sesactivités militantes, principalement de façon in-dividuelle. «Nous ne créerons pas de parti poli-tique, soutient-elle. L’idée de se rassembler,c’était seulement pour la tournée. Nousn’avons pas de vision commune pour la suite.»

L’Atelier

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quels elle est assignée en plus de rapporter desproblèmes liés à des bogues et des «crashs».

Lorsque vient le temps d’empoigner sa ma-nette, Kelsy devient SuperGirlKels pour repré-senter l’organisation américaine Circa eSportsqui commandite des joueurs de jeux vidéo à tra-vers le monde. «Des opportunités incroyablesm’ont été présentées, on m’a offert d’aller vivreen Europe, gratuitement, juste parce que je fai-sais de la promotion pour ma compagnie»,confie-t-elle avec des yeux rêveurs.

Exclusivité masculineLa jeune femme présente une particularité

qui influence beaucoup sa place dans sa com-munauté; elle est l’une des seules femmes à ri-valiser à un niveau professionnel. «Je suis pré-sentement 32e au monde, derrière des joueursextrêmement puissants», explique celle qui acommencé à prendre Super Smash plus au sé-rieux il y a seulement deux ans.

«Je crois qu’il y a beaucoup plus de pres-sion quand tu es une fille, puisque nous nesommes pas nombreuses, mais les garçons ontsimplement des pressions différentes aux nô-tres. Alors que nous sommes parfois sous-esti-mées, les garçons qui prennent part auxmatchs ressentent la pression de toujours bienperformer au risque d’être mal perçus. Chacunses insécurités!», souligne-t-elle.

La joueuse se dit toutefois ravie de voir deplus en plus de filles s’intéresser au jeu. «Je croisqu’il faut comprendre que, pour faire grossirnotre sport, il faut intégrer les filles autant queles garçons. Un match de hockey, par exemple,n’est pas seulement regardé par un des deux, lepublic est mixte et il faut que la scène représenteaussi cette mixité», affirme-t-elle.

Manier les réseaux Kelsy Medeiros est aussi très présente sur

les réseaux sociaux, avec plus de 10 000 abon-nés sur Twitter et une chaîne youTube totali-sant le même nombre d’admirateurs. Elle y pu-blie des vidéos narrées par son ton entraînantoù, incarnant Sonic, elle combat d’autresjoueurs de Super Smash Bros 4.

Bien que l’attention médiatique puissel’aider obtenir des commandites, c’est loind’en être la raison principale. El le doitconstamment s’assurer de garder une bonne

image et de promouvoir Circa eSports.La esportive a commencé son ascension sur

les réseaux sociaux grâce à sa carrière musicalequ’elle poursuit toujours malgré ses nom-breuses occupations. Elle était habituée à pro-duire des remix de chansons populaires, maisson prochain album sera bien différent. Ce serala première fois qu’on entendra sa voix et sespropres compositions.

Étant une des joueuses les plus connues au Ca-nada, plusieurs admirateurs la suivent depuis plu-sieurs années. La joueuse est très attentionnée et s’as-sure toujours de passer le plus de temps possible avecses groupies lors des compétitions auxquelles elleparticipe. Que ce soit de manger avec eux ou de jouerdes parties amicales, la jeune femme a très à cœurceux qui la soutiennent et est toujours surprise parleur gentillesse. «Parfois ils m’envoient, m’achètentou même me fabriquent des cadeaux, c’est donc lemoins que je puisse faire pour leur montrer ma gra-titude», explique-t-elle.

Réaliste et positive quant à son avenir,Kelsy ne compte toutefois pas prendre sa re-traite de sitôt, les «smasheurs» accrochant gé-néralement leur manette vers l’âge de 35 ans.D’ici là, SuperGirlKels compte persévérer pourpromouvoir son sport, la manette et l’espritbrandis vers l’avant.

L’Atelier

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FAUT QU’ON SE PARLE Consultation publique du projet Faut qu’on se parle à Joliette

NINTENDOUne scène du jeu Super Smash Bros 4