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D. Guillaume OPTION LETTTRES MODERNES (écrit) PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola, Germinal 2. Sorel, Histoire comique de Francion 3. Laclos, Les Liaisons dangereuses 4. Stendhal, La Chartreuse de Parme 5. Flaubert, Madame Bovary 6. Simon, Histoire 7. Aragon, Aurélien 8. Diderot, Le Neveu de Rameau 9. Céline, Voyage au bout de la nuit 10. Queneau, Loin de Rueil COMMENTAIRE COMPOSÉ : BIBLIOGRAPHIE — 1) Généralités : . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18. . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — 2) Pour l’étude de la prose narrative, et en particulier du roman . Gérard GENETTE : « Discours du récit » in Figure III, « Poétique », Seuil . Anne HERSCHBERG-PIERROT: Stylistique de la prose, « Lettres sup », Belin . Colette BECKER (dir.) Le Roman, Bréal, « Grand Amphi ».

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D. Guillaume

OPTION LETTTRES MODERNES (écrit) PROGRAMME 1

Commentaire composé : le roman

1. Zola, Germinal

2. Sorel, Histoire comique de Francion

3. Laclos, Les Liaisons dangereuses

4. Stendhal, La Chartreuse de Parme

5. Flaubert, Madame Bovary

6. Simon, Histoire

7. Aragon, Aurélien

8. Diderot, Le Neveu de Rameau

9. Céline, Voyage au bout de la nuit

10. Queneau, Loin de Rueil

COMMENTAIRE COMPOSÉ : BIBLIOGRAPHIE

— 1) Généralités : . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18. . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — 2) Pour l’étude de la prose narrative, et en particulier du roman . Gérard GENETTE : « Discours du récit » in Figure III, « Poétique », Seuil . Anne HERSCHBERG-PIERROT: Stylistique de la prose, « Lettres sup », Belin . Colette BECKER (dir.) Le Roman, Bréal, « Grand Amphi ».

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ÉMILE ZOLA Germinal (1885)

— Introduction + Ds représentation du peuple, fin 19e pê partagé entre trad. d’empathie lyrique issue des

romantique (Hugo, Michelet, Le Peuple 1846) et distance artiste des auteurs grandis ds fin de

l’espoir révolutionnaire, sous Restauration et MJ > œuvres ds années 50 : cf. Flaubert, ES

1869 = « Les héros ne sentent pas bon » / 1848. [CAPTATIO]

. Dans Germinal de Zola (1885), ce type d’attitude (cf. phrase de Négrel) =

contrepoint / tableau d’un soulèvement populaire légitime : mineurs affamés par la Cie se

soulèvent contre ceux qui les oppriment, échappant à l’organisation que tente de mettre en

place Étienne Lantier (fils de Gervaise Macquart > conscience sociale : cf. Manifeste du PC

Marx février 1848 + 1864 fondation de la 1e internationale). [SUJET]

+ [PBMATIQUE] Naturalisme peu à peu constitué en doctrine (1880 : Le Roman

expérimental + Soirées de Médan [Maupassant, Huysmans] : très marqué par les Goncourt

(1864, Germinie Lacerteux = élaboration d’une écriture pour dire réalité encore inexplorée par

littérature : basses classes, névroses), le théorise comme pratique expérimentale permettant de

vérifier théorie scientifique (déterminisme : du milieu et de l’hérédité [Taine, Berrnard, Dr

Lucas]) + engagement républicain.

. Entre empathie et distance, quel sens l’écriture naturaliste donne-t-elle ici à la

représentation du peuple ?

+ > [PLAN]

. Sens par métamorphose de l’apparence = écriture d’une fresque

. Importance du paradigme naturel = mise en évidence de forces obscures

. > lecture politique de l’histoire à travers description en mvt. = apparition de l’histoire

— I. L’art de la fresque . Recherche du sens = ici à travers suspens du récit et basculement ds dimension

visionnaire.

+ 1) Un récit en suspens

. Défi narratif de ce passage = une scène sans événement précis (absence du

protagoniste). Mais aliment du récit <

. a) La scène épique

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• Mise en scène d’une foule : retour aux origines mythiques du récit =

épopée (cf. Iliade ≠ Odyssée plus romanesque).

• Cf. pluriel = §1 « les femmes »5, les hommes 15 > les deux 57, les

houilleurs 35.

• Personnages types : désignation par sexe, âge (« les vieilles » 12),

métiers (15-6 galibots [jne manœuvre service voies ds mine], haveurs

[pratique le havage = entailles // stratification], raccomodeurs) +

schématisation par les noms propres (cf. Négrel 2 > antiphrastique

socialement — bassesse de l’esclave — et révélateur moralement —

noirceur : cf. jeu blêmit 46 ; Hennebeau 28 : hennin [coiffure fém. MA]

/ henné [poudre pour teindre chvx, lèvres, paupières, dgts] + beau…).

• Condensation mythique > tragique (ms ds épopée aussi action des

héros déterminées par intervention des dieux : cf. Héra, Athéna [pour

Gcs / Troyens], Thétys, Poséidon [contre Ulysse < cyclope]) : cf.

« fatalement »53 (/ révolution : place du dieu) qui permet d’entrevoir

l’avenir.

. Cf. déjà fatum de l’hérédité qui pèse sur Étienne Lantier, fils de Gervaise.

. b) Une pause descriptive

• Dominance des imparfaits, duratifs (< pause) et itératifs (< aussi nbre

des pers.).

* Figement max de la vision, hors temps : montrant 7, chantant 21,

balayant 61

. Vision : « on voyait » 20, « C’était la vision » 52

. Sentiments : « Elles s’effrayaient » 42, « L’idée… la glaçait… » 45

• Dynamisation de la description par abondance des V d’action :

description d’une somme de mouvements : 9-10 tenaient ; soulevaient,

agitaient, 174 roulait, 38-9 continuaient à galoper

. c) La dramatisation

• Pression du passé sur le passé > PQP (forme de fatum : trop tard pour

agir, pour que ça n’arrive pas) :

* Fonction dans l’intrigue même : faim > grève et manif, proche de

l’émeute = 34 « avaient allongé en mâchoires de bêtes fauves les faces

placides… »

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* Pression de ce qui est déjà là (surgissement saisi ds son résultat) : 5 « les

femmes avaient paru »

• Scansion par les passés simples :

* Schème de base = alternance entre DD et narration > V de parole au p.

simple : murmura 2, balbutia 28, dit 29, dirent 40 = interventions

ponctuelles des bourgeois, balayée finalement par cri final du peuple, cf.

s’éleva, domina 72.

* Animation par évts ponctuels qui font monter inquiétude des spectateurs

(dramatisation du dispositif descriptif lui-même) : « une hache passa » 24-

5, coucher de soleil > « la route sembla charrier du sang » 37-8 = exemple

de description qui s’appuie sur réel (visible + histoire) > former une vision

qui donne sens au visible mis en scène.

+ 2) Du tableau à la vision

. Cf. à cet égard aussi Zola ds lignée de Balzac — et pas seulement par ambition

totalisante et systématique — : cf. Baudelaire / B = pas réaliste ms visionnaire.

. a) Une double scène

• Dispositif descriptif précis + dramatisé (= intégration à l’action +

création de tension : ceux qui regardent pour nous sont menacés par ce

qu’ils regardent) : d’un côté ouvrier manifestant ds espace ouvert,

extérieur / de l’autre, bourgeois qui les regardent, ds une grange (cf.

auge 43, planche + porte disjointe 45), sous menace d’être vus et

massacrés (44-45).

. b) La distribution des masses

• Effort d’organisation et de mise en perspective du côté même de la

masse ouvrière : 5 Les femmes avaient paru / 14-5 Et les hommes

déboulèrent ensuite [= succession temporelle correspond à construction

de la description] > vision englobante = du paysage : soleil + plaine +

route 36-38.

* À l’intérieur des masses, saisies de détails symboliques (surtout haut du

corps = ce qui se dégage de la masse) : cheveux épars 6, enfants soulevés

comme drapeau 9-10 [> hs : barre de fer + hache 23], gorges gonflée 11 >

précisions croissantes pour hs (creusement de la masse) : 20-21 yeux (feu)

+ trous de bouches noires [> contraste].

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• Globalisation aussi, ms surtout juxtaposition, du côté bourgeois, ss

description = camp faible en nbre, ms aussi en cohésion et organisation.

* Négrel 2 > Mme Henn puis Ng 28-9 > Lucie et Jeanne 40, qui

s’approchent de Mme H 43 > « ils » 71.

. c) La vision d’une idée

• Après visible épique et mythique > tragique prophétique : voir ce qui

n’est pas encore mais doit être ds l’avenir = vision (imagination) de la

révolution comme retour et amplification de la manifestation ouvrière >

52-69 au cond. avec valeur de futur ds le passé.

• > certaine abstraction de ce qui est mis en scène et montré : passage de

la multitude à la galité, cf. article défini = « le peuple » 54, les fs + les

hs 57 [extension ≠] > les pauvres / les riches 65-66, vers imaginaire 64-

65 : « la vie sauvage… le grand rut, la gde ripaille » = hallucination ds

déixis « ces choses » [même si aussi lecture anaphorique] 69-70.

+ Passage a l’amplitude et le dynamisme de la fresque.

. Récit suspendu par caractère épique et descriptif, non sans réelle tension dramatique.

Surtout : métamorphose du visible par l’art de l’écriture descriptive. Sens que l’écriture naturaliste donne au monde, faisant de la nature une image de l’histoire, tire celle-ci

vers une forme d’irrationnel.

— II. Les forces obscures + 1) La mise en scène de l’indistinct

. Paradoxe fondant esthétique du passage = mise en scène descriptive (analytique, en

un sens) de la confusion, de ce qui échappe à la saisie du regard et de l’esprit.

. a) Le multiple et le même

• Difficulté à voir et comprendre < masse aperçu se compose d’une

multiplicité d’élts divers :

* Omniprésence du pluriel (passim) + démultiplication par insistance sur la

fécondité : « quelques unes » + leur petit entre les bras 9 > « D’autres » =

« gorges gonflée » 11 (multiplication ds la subdivision qui organise tableau

de la masse).

* Hs : « deux mille » + liste des métiers 15-6 > détails pluriels : yeux 20.

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• Même temps : tendance massive à la résorption du multiple et du

différent ds le même, cf. hs « effacés ds la même uniformité

terreuse »19.

* Ex. pê max. = vision de l’avenir, qui est un retour du même (sou forme

multiple, ms chaque élt de la multiplicité vient confirmer une identité) : cf.

/ « révolution » = 59-60 « les mêmes guenilles, le même tonnerre de gros

sabots, la même cohue effroyable… » [avec répétition de mots : cf.

guenilles 7, sabots 23]

* Inclusion de l’espèce ds le genre (du particulier ds le gal) : « peuple » 1 >

déclinaison > fs / hs > métiers divers 15-6 + houilleurs 35 ; pluriel anticipé

ds le singulier : « plus rien » > « plus un sou… plus un titre… »67-8.

* GN : N sing. + CdN plur = 4-5 « l’ouragan des gestes et des cris », 23-4

« le claquement des sabots », « le hérissement des barres » 59-60 « le

même tonnerre de gros sabots », 61-2 « leur poussée débordante de

barbares ».

* Pulsation répétitive par le rythme même : retour de mots, parallélismes et

anaphores : femmes bis 5-6, « aux cheveux… aux guenilles »6-7 ; peuple

54 > « il » + V 55-6, « on » + V 63-64.

. b) Le spectacle de l’indéfini

• Par actualisation et pronominalisation :

* articles indéfinis : élts nveau « une hache » 24 ; ds comparaison [= qui ne

cherche pas à préciser] « ainsi qu’un drapeau de deuil et de vengeance »10,

« comme des bouchers » 39 ; « un regard »44, « une épouvante »47, « des

têtes »56, « des incendies » 62

* PN indéfinis : « Quelques unes… D’autres » (au moment d’organiser la

vision 9sq.), « les autres » 49 ; « on voyait »20 [or : point de focalisation =

pas clairement identifié], « on ne laisserait pas… on retournerait » 63-4

[chgt de réft]

• Rendu prosodique et rythmique de cette indistinction = :

* Réitération correspondant à unification thématique 14 sq. : [m] de la

masse (homme, mille, raccomodeur, masse) > [l+n] de laine (ni les… ni

les…) et [t+r] de terre (uniformité).

* Phrases complexes par juxtaposition [ds même dynq. que juxtaposition de

substantifs] = plusieurs procès ds un même mouvement énonciatif,

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suggérant prise des actions (plus ou moins distinctes) ds un même flux

d’énergie : 9-10 tenaient… soulevaient… agitaient, 36-7 soleil se couchait,

rayons ensenglantaient, 56-8 Il promèberait… il sèmerait… Les fs

hurleraient, les hs auraient…, 62 sq. Des incendies flamberaient, on ne

laisserait pas… on retournerait…

. c) Vision et processus

• unification du visible = sa mise en mouvement : concrétion des hs de

métiers en une seule « masse compacte », ms qui « roulait »16-7

• importance des déverbaux : substantivation de l’action = activation de

la substance : mugissement, claquement 23-4, hérissement 26,

souffrance, débandade 33-34, tuerie 39, poussée 62.

. Certaine indistinction des individus et des moments, pris ds un indéfini dynamique <

tendance à la résorption de l’histoire ds une nature fantastique.

+ 2) Le cosmos halluciné (cf. Verhaeren, Les campagnes hallucinées, 1893)

. a) Corps et matière

• Tendance forte à ramener l’humanité ouvrière à une dimension

purement matérielle :

* Inanimé = dynamique : ouragan des gestes et des cris 4-5, vent terrible

71 ; tension matérielle : cordes de leurs cous décharnés 13-4 ; confusion

éltaire : uniformité terreuse 19-20,

* Vivante, corporelle : cf. « sueur » 1 ds bouche de Négrel, ms

paradigmatique > cheveux, peau nue , nudité 6-7, gorges 11, cous 12 ;

mâchoires 34-58, haleine 61 > isotopie du massacre = hs saignants 39,

ruissellerait du sang 55,

. b) Animalité

• Vision récurrente la plus forte, liée à la matérialisation corporelle =

animalisation.

* Forte présence d’une sexualité bestiale, de la fécondité à la jouissance

brute (décantation de toute moralité, explosion de la dimension familiale >

hordde, meute) : cf. femelles 8 > grand rut 64-5 (< vie sauvage ds les bois

64).

— bipolarité érotique de la scène, entre peuple nus [cf. presque sans-

culottes 18] et forts / bourgeois calfeutré qui craint le viol (65-6).

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— cf. métaphore du titre même, qui résume parcours du livre =

difficulté et espoir d’une germination de justice.

• Paradigme analogique de la boucherie, selon lequel peuple passe de

part et d’autre de la barrière des espèces, entre hommes et animaux.

* cf. jeu sur « sabots » 23, 60 = chausse, ms cf. hs continuent de galoper 39

> cf. chevaux ; interméd. = animal carnivore : mâchoires de fauves 34, de

loups 58.

* Liés aux bouchers 39 (proche / chevaux) = saignants < peuple victime /

bourreau (cf. préparé par hache-couperet 23 sq. > têtes promenées 56).

. c) Force de la nature

• Amplification de la corporéité violente aux dimensions cosmiques :

* Soleil couchant ensanglante plaine + route semble charrier du sang 36-8

(modalisation mais deux métaphore verbales confirmant dynamisme et

même vitalisme profond des images).

• Abstraction de l’énergie vitale, qui devient principe explicatif :

* 47-8 : ds épouvante de Négrel, réaction primaire et aveugle, involontaire,

à sa situation ds lutte des classes = « une de ces épouvantes qui soufflent de

l’inconnu » : cf. métaphore cosmique + mot de VH pour renvoyer au

principe vertigineux du réel (nature = Dieu = sens de l’histoire ; cf. dans

Quatre-vingt-treize : « La révolution est une action de l’Inconnu. » 1874)

* 70-71 : passage des « choses » (indéfini concret max) aux principes de

plus grande extension, sou forme analogique = « comme une force de la

nature »

+ Le développement de la scène opère une métamorphose, du visible au principe mystérieux

qui l’anime. L’apparence tend à l’indistinction, car êtres et choses sont animés et traversés par

une force qui les dépasse, et qui se dit ici comme nature. La lecture naturaliste du monde

retrouve ici la vision romantique d’un univers dont le mouvement profond lie toute

chose. Cette dynamique est celle de l’histoire, où s’affrontent les classes et où se pose la voix

narrative.

— III. L’apparition de l’histoire

+ 1) La lutte des classes

. a) Le peuple ou l’élément de l’histoire

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• Animé par pulsions irraisonnées (proximité de la nature) : cf. lexique

psychologique = fatigue (lasse 8 [physique]), colère (furieux 15 [folie,

aussi], colère 32, débandade enragée 33)

* > besoin élémentaire : cf. faim 32 > Du pain ! 73

• Absence de parole des mineurs / interventions récurrentes des

bourgeois, qui commentent la scène (1, 28, 40) ; plus précisément,

formes de paroles collectives :

* chant de la Marseillaise 21 : actualité, < hymne national seult. depuis

1879 (IIIe République) = fait du peuple expression même, ics, de l’histoire

en marche [< champ lex ; de la RF très tôt, ds comparaisons et métaphores :

cf. enfants = drapeau allégorique 10 > hache = étendard + ressemble à

guillotine 25-7] ; mais :

• articulation du chant se perd en une masse sonore confuse, aimale :

cf. 21-2 les strophes se perdaient un un mugissement confus

• « cri » de faim 72 (après hurlt des vieilles 12) = « domine »

Marseillaise : l’instinct domine la pensée, comme la nature emporte

l’histoire ?

. c) Une bourgeoisie fin de siècle

• précision / situation historique des pers. = en font des esthètes

décadents :

* « conviction républicaine »2, cf. IIIe Rép. 1875 (après échec de la

seconde et du soulèvement révolutionnaire de 1848 + écrasement de la

Commune de Paris 1871 > Rép. au pouvoir depuis 1876)

* 40-41 « superbe… goût d’artistes… belle horreur » : > cf. 53-4 « en cette

fin de siècle » = allusion à l’écriture artiste (cf. frères Goncourt, 1865

Germinie Lacerteux > cf. aussi Huysmans, À rebours 1884).

• Une certain décomposition morale : ≠ caractère entier et primitif du

peuple

* contradiction de Négrel : « malgré » 2 (conviction rép. / « plaisanter la

canaille ») = déchirement entre pensée politique et instinct de classe ? ; de

Lucie et Jeanne : « pourtant » 42 entre goût d’artiste et peur.

* certaine perversité, ds jouissance d’un spectacle qui les terrorise

(voyeurisme + sado-masochisme) : cf. « belle horreur » 41 (a fortiori <

pers. féminins)

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* proximité des bas instincts (se repaître) spatialement mis en scène par

situation ds étable + s’appuyer sur « auge » 43 (anx, et nott porcs).

* ambiv. < caractérisation homogène au naturalisme : raffinement formel /

exploration d’une R basse propre à l’époque.

+ 2) Une politique de la voix narrative

. a) Voix partagée : l’oralisation

• participation du narrateur au monde décrit (empathie + terreur / peuple,

critique et proximité / bourgeois) se manifeste par trait sxq. propres

l’oralité (parole vive d’un acteur ≠ d’un observateur analyste) : ds

parole des pers. ms aussi ds disc. de la narration.

* Modalités [attitude de l’énonciateur : son énoncé = degré de certitude, de

réalité < modalités d’énoncé>] > modes [5 : indicatif, subjonctif, impératif ,

participe, infinitif] / types de phrases [3 : affirmative , exclamative,

interrogative < modalités d’énonciation : relation entre interloc.>] / lex.

affectif [expression d’un sentiment] et évaluatif [d’un jugement] :

• modes : impératif ds phrases de dialogue = « Prenez… »1,

• types de phrases : exclamatives ds dialogue (1, 28, 30, 40, 73) =

systématique

• lex. affectif et évaluatif : surtt adj. péjoratif, qui monte avec vision

de la révolution, = affreuses 13, débandade 33, effroyable, sale,

empestée 60-1, ripaille 65, terrible 71…

• modalisateur : « sembla » 37

* Détachement (ou dislocation) du thème : ds dialogue = 31 « D’où sortent-

ils donc, ces bandits-là ? » / ds disc. narratif = 5-6 « Les femmes…, près d’un

millier de femmes…, des nudités… » + 14-5 « Et les hommes…, deux mille

furieux…, une masse compacte… »

* Adv. de dialogue = ds disc. narratif « Oui » 54, 59, 69.

. b) Mise en abyme de la bourgeoisie

• Une analyse critique : mise en scène et analyse d’une certaine bassesse

morale (mépris, perversité) > position de distance ; cf. ambivalence

énonciative / évaluatif « son mot spirituel » = pt. de vue possible des

bourgeois (adhésion), ms plutôt antiphrase ironique (disjonction de

l’énonciation et de l’énoncé).

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• Le DIL fait porter la voix narrative par les spectateurs bourgeois : tout

le dernier paragraphe, emphase apocalytpique, = focalisation zéro (cf.

analyse des causes et motivations chez les ouvriers, 32 sq.) fait adopter

pt. de vue des bourgeois.

* Correspond au dispositif descriptif ds son ensemble (mise en scène du

regard) > précarité éthique de la position narrative : participe (même par

esthétique : artiste…) du point de vue qu’elle réprouve (par ens. de

l’hisoire, et mise en scène épique et mythique des mineurs).

+ L’analyse suggérée d’un affrontement de classe, comme l’agencement de la voix narrtive,

font apparaître une certaine complexité ds la lecture naturaliste de l’histoire.

— Conclusion :

+ Globalement, le passage permet de magnifier le soulèvement populaire comme

manifestation d’une force vive, que ne pourront indéfiniment endiguer les membres d’une classe dominante qui n’a plus qu’un rapport de jouissance (matérielle et

esthétique) au monde. [RÉPONSE À LA PBMATIQUE]

. Par une fresque épique tendant à la vision (I)

. Par une mise en scène naturalisante du peuple, confus ms révélateur de ce qui

s’apparente à une nature.

. En montrant — et faisant entendre — un moment de l’histoire où la conscience,

bourgeoise, n’est que cynique, perverse et terrorisée. [SYNTHÈSE DU DVLPT]

+ > Position pê intenable du naturalisme, qui montre l’exercice même de l’analyse et l’écriture comme solidaire d’une position dominante qu’il dénonce.

. Cf. pers. de Lantier, qui tente d’être la conscience de la grève ms échoue (recherche

de médiation ds l’empathie et la générosité utopique) > part.

. Faudra pê attendre jusqu’à Céline (Voyage 1932, Mort à Crédit 1936) pour que voix

narrative allie (nott. par registre parlé, pop.) formes d’analyse et de participation au réel

qu’elle critique [OUVERTURE]

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ÉMILE ZOLA

Germinal (1885)

— Problématique :

Entre empathie et distance, quelle sens l’écriture naturaliste donne-t-elle ici à la représentation du

peuple ?

— I. L’art de la fresque

+ 1> Un récit en suspens

. a) La scène épique

. b) Une pause descriptive

. c) La dramatisation

+ 2> Du tableau à la vision

. a) Une double scène

. b) La distribution des masses

. c) La vision d’une idée

— II. Les forces obscures

+ 1> La mise en scène de l’indistinct

. a) Le multiple et le même

. b) Le spectacle de l’indéfini

. c) Vision et processus

+ 2> Le cosmos halluciné

. a) Corps et matière

. b) Animalité

. c) Forces de la nature

— III. L’apparition de l’histoire

+ 1> La lutte des classes

. a) Le peuple ou l’élément de l’histoire

. b) Une bourgeoisie fin de siècle

+ 2> Une politique de la voix narrative

. a) Voix partagée : l’oralisation

. b) Mise en abyme de la bourgeoisie

— Conclusion :

Le passage permet de magnifier le soulèvement populaire comme manifestation d’une force vive,

que ne pourront indéfiniment endiguer les membres d’une classe dominante qui n’a plus qu’un rapport

de jouissance au monde.

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CHARLES SOREL Histoire comique de Francion (1623-1633)

— Introduction + Critique du roman accompagne le genre : particulièrement depuis 16e

. Rem. : dimension critique pas absente ds veine chevaleresque liée à naissance du

genre en France < cf. reprise de la matière de Bretagne par Chrétien de Troyes = aussi

réflexion critique sur société de cour (pbmatisation / pers. du chevalier, amour courtois

[Yvain], / autorité royale voire religion [Conte du Graal]…)

. Max. avec développement de l’humanisme > à la fois : amplification et remise en

cause des grands traits du genre, depuis l’antiquité aux transfo MA (aventures, amour ;

principe d’incertitude ; généalogies).

— Héroïsme hyperbolique > Amadis de Montalvo 1508 sq.(trad. fr. 1540

> db. 17e) > roman précieux de Madeleine de Scudéry, Le Grand Cyrus

(1649-53).

— Amour courtois > (via invention italienne de la pastorale) Astrée

d’Honoré d’Urfé (1207-27) [ces deux lignées > roman de Mme de

Lafayette]

. Critique et parodie :

— L’Arioste = Orlando furioso, 1532 [amour / Angélique > folie]

— Rabelais = récits de1635-52

— Cervantès, Don Quichotte (1605-16)

. Contre-point : forme de réalisme (svent comique) et réflexion psychlogique (pas

absent du roman courtois, mais ici avec moins d’idéalisation) = art de la nouvelles

— Boccace, Décameron (1380 ?) > 1460 Cent nouvelles nouvelles > 1559

M. de Navarre, L’Heptaméron.

+ Sorel (1602-74) hérite de cette tradition critique :

. Auteur bourgeois, homme de lettres qui occupe fonction d’historiographe de France

àp 1635 + produit aussi œuvre de critique littéraire (1637, Le Jugement sur le Cid composé

par un bourgeois de Paris + La Bibliothèque française 1664).

. Œuvre romanesque = éminemment critique

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14

— parodie du roman pastoral : 1627-34, Le Berger extravagant (= Anti-

roman ou l’Histoire du berger Lysis ds scde édition) [> cf. Virgile

travesti de Scarron, 1648-52].

— Histoire comique de Francion, 1623-33 [seconde édition plus prudente

< condamnation de Th. de Viau ] : considérée comme œuvre libertine =

liée à mouvement de pensée nott répandu parmi jnes arisrocrates < trad.

intellectuelle remontant à la renaissance italienne, professant critique de

la religion, forme de matérialisme et prônant mœurs libres <

valorisation de la nature (comme principe indiv. — générosité 17e — et

gal).

* Participe aussi d’une veine réaliste tradt. comique (= traite de

l’hté commune et non de héros supérieurs au commun [cf.

« comédies » de Corneille, même si prêtent peu à rire] + force

du rire [sanction : classique / libération d’énergie naturelle :

carnavalesque, dionysiaque cf. Rab.].

* = représentation de la soc. du temps > roman réaliste

classique ; cf. Roman bourgeois de Furetière, 1666

+ Ce passage = incipit > enjeu =

. Voir alliance d’une mise en place romanesque et d’un projet critique.

— ds parodie romanesque > réalisme burlesque > narration critique où

raison ne se disjoint pas d’un imaginaire baroque.

— I. Le romanesque et sa parodie + 1> La veine héroïque

. a) L’incipit : parodie de l’épique

— Élément de style sublime = en tension forte / titre : « comique » (lui-

même en tension / Fr. de Rosset, Histoires tragiques de notre temps,

1614 = veine de la nouvelle relatant, ds but édification morale ms avec

plaisir de la mise en scène des excès, anecdotes des guerres de religion).

Page 15: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

15

— Métaphore initiale « voile de la nuit » 1 = registre élevé + suggère

personnification sans cohérence avec suite du texte (cf. Homère

« Aurore aux doigts de rose ») > parodie / pratique (épique) de la

périphrase [= soleil entièrement couché].

— Attaque in médias res = précepte aristotélicien / épopée > repris par

tous ceux qui veulent au 17e conférer au roman ses lettres de noblesse.

* > retour en arrière : cf. chants IX à XII de l’Odyssée = Ulysse relate

ses aventures à la cour du roi Alcinoos (cyclope, Circé, pays des morts,

Sirènes, Charybde et Sylla).

* ici = dérision ds retour à la préparation du baquet ; plus loin = livres

III à VI (sur VII), Francion relate ses aventures au gentilhomme

Raymond.

. b) Décor, personnages et situation : la parodie du chevaleresque

— Lieu = château fort médiéval

* 3 Château de Bourgogne [esquisse de parodie ds réalisme de la

situation, ≠ Tintagel ou autre…] > « pont levis » 10, fossés 14

— Mais : parodie point par point, par inversion <

* ≠ jeune héros (chevalier = notamment cadet, qui doit partir à

l’aventure — sortir du château — car sans terre), = « vieillard »2 ; N

comique : « Valentin » = prétendant que jne fille devait choisir le 14

février… > inversion aussi des vertus héroïques : craint le froid en

plein été (27) + impuissance 41 sq..

* ≠ relation de vassalité entre « grand Seigneur »8 et son chevalier =

relation laborieuse et monnayé (travail) entre seigneur et « Concierge »8

* ≠ conquête du château en franchissant les douves = 14 descente ds les

fossés hors du château.

* ≠ enlèvement nocturne (a fortiori, culte à distance : pétrarquisme

platonisé) de la belle ds château, mariée au suzerain (cf. Iseult femme du

roi Marc / Tristan, Guenièvre femme d’Arthur / Lancelot) = conquête de sa

propre femme : thème farcesque (fabliau > École des femmes) du vieux

mari cocu / jne femme poussée à le tromper (avec Francion), par

tempérament et par âge de celui-ci (cf. Laurette = petite Laure : diminutif

pétrarquiste… 1470).

Page 16: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

16

+ 2> L’écriture du mystère

. a) Le jeu du point de vue

— Narrateur extra- (N participe lui-même à aucun récit) et hétéro- (ne

raconte pas sa propre histoire ; Francion sera intra- et homodiégétique

[cf. Pierrot 35]) diégétique (+ omniscient) : cf. connaît N des pers.

(Valentin 2), leurs habitudes (lunette 5, métier 8) et leur passé (cuvette

15 sq. PQP).

— Or : jeu de méconnaissance, en focalisation externe = / gestuelle de

Valentin 17sq. = « ce mystère » 28. En outre :

* Périphrase et indéfini > part laissé à l’imaginaire : cf. grandeur de

la cuve 16 + « un gros paquet » 4 + « une certaine poudre » 23 et même

d’entrée « un certain vieillard » 2 (foct° externe tt de suite levée > N).

* Mimèsis / audition des paroles de V. pour les connaître : cf.

« beaucoup de mots barbares et étranges qu’il ne prononçait pas

entièrt » 25 > allégresse d’après gestes et paroles 38-9

* Sens donné seult par paroles de V 39 sq.

. b) Le dévoilement

— > écriture montre qu’elle est un procès de lucidité, dès l’attaque

(premier moment du texte) :

* « voiles de la nuit » = parodique : suggère que voilement tient

au romanesque même > cf. ambition humaniste de l’écriture de

fiction divertissante : prologue de Rabelais à Gargantua 1535 /

laideur de Socrate comme Silène et sucer la substantifique

moelle.

* « lunette » que V ne met pas = au lecteur de les chausser, afin

d’avoir vue claire sur comportement des hommes, ds leur

relation à leur nature : cf. intertextualité = prologue Rab. (Tiers

1546 et Quart livre 1552) aussi + aveuglement comme ressort

du comique moliéresque (né 1622 et proche aussi des libertins :

cf. DJ ms déjà Arnolphe = Monsieur de la Souche 1662 in

École des femmes).

Page 17: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

17

— Vérité du « mystère » mis en scène = matérielle, et porteuse d’une

critique morale (satire / dévotion religieuse voire sociale).

* ce qui ressort de la superstition (ms cf. aussi « mystères » de la

foi > passage subversif… : cf. 44 « tout ce que l’on m’a ordonné

sera accompli » / consumatum est de JC) = a trait de fait à la

sexualité : cf. exhibition (narrative et stylistique ≠ par le pers.

veut se cacher la nuit : hypocrisie) : position naturaliste, sinon

matérialiste [dès réécriture bourgeoise du Roman de la Rose par

Jean de Meung 1290 ≠ Lorris vers 1230].

* Montre le croyant superstitieux comme sacrilège (invoque

Dieu 41) et simplement désireux de plaisir (« douceurs…

jouissent » 45-6) et de puissance (les invoquent confusément :

temporelles ou spirituelles ? 43 > vigueur excessive 51, 53).

+ Parodie du romanesque vise à vision plus lucide du réel > écriture critique du roman passe par un réalisme burlesque (< ital. burla, « farce »)

. = strictement codifié comme réécriture en style bas de textes (antiques) appartenant

aux grands genres (cf. Scarron Virgile travesti) > registre linguistique + prédilection pour

« bas matériel et corporel » (cf. Bakhtine) [> réalisme : du comique…].

. sens plus large aussi, de comique débridé > excès, invraisemblance (cf. Rab.).

. ≠ « grotesque » < ital. grotesca < décor ds grottes antiques remises à jour à la

Renaiss. > mode comique procédant par déformation extrême, métamorphose grimaçante [ø

volonté parodique]

— II. Le burlesque et ses raisons

+ 1> La mise en scène du corps

. a) Un monde en mouvement

— Dimension cosmique des mouvements humains, et pê même

amoureux : cf. 1 voile de la nuit (fém. : pôle actif) couvrant l’horizon

(masc. : pôle passif).

— Tous les pers. évoqués sont concernés : V. évidemment (s’agit qu’il ne

soit plus immobile la nuit comme une souche : 48 sq.) ms aussi :

Page 18: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

18

* 9 gardes du château : hissent le pont levis (image possible de

ce qu’il s’agit pour V de parvenir à faire : or lui descend, pend

31).

* Laurette 46 sq. = mobilité présupposée puis explicite ds

rêverie de V 52 : « me repoussant doucement avec tes mains » =

« vie » 53.

* « on m’a ordonné » 44 = action à défaut de mvt concret ;

occurrence unique comme vraie source d’action (≠ Seigneur 8 et

Dieu 41 : pb. de l’autorité suprême, inaccessible, hors de la vie >

irréelle ?) > on découvrira que c’est Francion, qui veut se

débarrasser du mari pour voir la femme : décentrage

romanesque baroque [de nveau : tvl de l’indéfini].

— V. = offre image d’agitation : verbes au passé simple et notamment de

mvt. (sortit 2, se mit à se promener 11, descendit 14, se mit dedans

l’eau 19, en ressortit 20, alla 21, jeta 22, 23) ; mais ne construisent pas

trame claire, progressive < caractérisées par

* hâte ds l’enchaînement : dès que 17, incontinent 20

* surtout : répétitions, cf. : « trois fois autour » 21-22, jeta

encore 23, recommença de se baigner 28, frotta 34 (sémantisme

itératif…) = suggère vanité des actions.

. b) La focalisation burlesque

— Globalement : exposition du bas du corps par gestuelle de V

— Description la plus détaillée (voire unique : cf. rien sur le visage =

renversement carnavalesque / usage idéaliste de la description : visage

avant tout > y déchiffrer caractères et sentiments) = porte sur parties

génitales [précision : pénis > testicules].

* intexte possible / Garg. ou Panta. = se chauffe les couillons sur

grand feu de bois.

— Burlesque par dévalorisation et par hyperbole (analogique) :

* « pauvre zest »30 > « gde peau flétrie et velue » 3 : pt.

commun = insuffisance, vacuité, excès du contenant sur le

contenu : (outre dérision trad. du vieillard libidineux) critique

Page 19: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

19

de la forme vide (≠ « pleine des choses » 33) qui recoupe celle

du rite magique…

* hyperbole référentielle ds monde de l’histoire (comme pour

justifier pause descriptive) : ablution d’une demi-heure 35

* « plus ridé qu’un sifflet à caille » > « que l’on eût pris pour

l’escarcelle d’un paysan » : analogie dévalorisante par renvoi au

domaine animal + catégorie sociale basse (« vilain » = pers. de

contes et fabliau, ≠ héros chevaleresque : d’ailleurs Francion

noble) + critique de l’hybris comme avarice opposée à la nature

(cf. ≠ « naturellement » 33 : attraper oiseau + remplir le porte

monnaie).

+ 2> Les voies du réalisme

. a) Élément objectifs : analyse et effet de réel

— Un tableau social : évocation d’un spectre social large (≠ monde clos et

idéalisé de l’Astrée

* vieux / jne et h. / f. : V. / Laurette (et hommes vigoureux 46)

[monde animal : caille ds comparaison 30 ; voire puissances

occultes : 43]

* noble / non : Seigneur / Concierge / gardes du château >

paysan (ds comparaison 32) ; plus largement vie de la

campagne avec chasse aux cailles (comp. 30).

— Une présence du concret :

* Détails vestimentaires ds description de V. : saisie globale >

détails (côté phlogique) : 3 sq. = robe de chambre, bonnet rouge

et paquet sous le bras > pourpoint et chemise 19-20

* Os du quotidien : cuve 16 > fusil et bougie 20-1, poudre 23,

sifflet 35 et escarcelle 32 (cants), lit 49.

— Limites dans le sentiment de réalité : aucune caractérisation, nott.

qualitative, des élts concrets = servent de signes et de repères, mais

quasiment abstraits > peu d’effet de réel.

* cf. adjs = couleur ou taille bonnet rouge 5, gros paquet 4, cuve

16 (> grandeur), petite bougie 21.

Page 20: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

20

* soit fonction narrative : paquet > fusil et bougie ?, cuve /

cérémonie, vêtements = fonction burlesque de renversement de

l’apparat héroïque.

* ≠ fonctionnement réaliste 19e (Bzc, Fb., Zola) > post-

symboliste Pst : épaisseur symbolique / une histoire et des

caractères, recueil de temporalité, de goûts, d’affect ; cf. maison

Grandet ou pension Vauquer, médiocrité ppte bourgeoise

romantique Fb, misère prolétarienne et fatum organique Z.

— Plus grande réalité pê du discours lui-même (malgré tout : essence

oratoire, rhétorique, du roman ? [comme du th.]).

. b) Présence de la voix

— Subjectivation de la parole de V : présence d’affects et presque d’un

corps par écriture de sa parole au DD.

* Fort ancrage déictique : cette besogne 40, Désormais 50, P1 et

P2, présent d’actualité et futur.

* Interjection qui accompagne geste de désir (se retourne vers

château où Laurette) : « Ah » [fct° expressive]

* Évaluatifs : le plus fort 40, facilement 41, si vigoureux 51,

doucement 52.

* Expression du souhait : plaise à Dieu que je puisse 40

— Polyphonie fantasmatique : au sein même de la voix de V. = montée de

la voix de Laurette ; creusement de la voix par présence indirecte du

corps de l’autre (aliénation, ou du moins relativité de cette subj.).

* Fct° phatique fantasmée liée à fonction expressive : « Ah

Laurette » > tourne à la prosopopée [faire parler ou agir les

absents ou les morts], très animée = cf. paroles expressives

prêtées à Laurette 53 (avec équivoque obscène sur « coup »).

* Séquence intermédiaire, de DD voire DIL 47-50 : V de parole

+ « que » + citation (tu ne me reprocheras plus que…) >

démarcage par citation possible (simple présupposition d’un

propos ou pensée de Laurette) : Mon corps ne sera plus dedans

le lit…

Page 21: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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+ Parodie romanesque conduit, sur mode burlesque, à un réalisme qui tient davantage

aux discours (narratif + des pers.) qu’à une représentation vraisemblable : c’est par narration que l’œuvre construit un romanesque critique.

— III. Une narration critique : la raison baroque ?

+ 1> La voix de la raison

. a) Jugements du narrateur

— Montée progressive par évaluatifs, péjoratifs : 24-5 bcp de mots

barbares et étranges > figures : comparaison « comme un vieux singe

fâché » 26 > / zeste et vieille peau.

— Amorce de cette activité de jugt critique explicite = coincide avec

matérialisation de la parole superstitieuse (sans examen) : cf. 24 « ayant

en la bouche » > critique de l’esprit / confusion du matériel et du

spirituel (foi / efficacité spirituelle de procédures matérielles : réforme

> jansénistes… > Lumières…).

. b) Narration et connaissance

— Présence très rapide à la P1 quoique extra et hétérodiégétique >

conscience de la procédure narrative, de la fiction : jeu explicite /

focalisation zéro, = parodie / narration (omnisciente) en tant que telle

(trad. > Isaac Sterne Vie et opinion de Tristam Shandy et Diderot

Jacques le fataliste 1773 > Gide Faux monnayeurs 1926).

— Cf. trois occurrences de la P1 = autour de la question du savoir : 5 ne

sais-je pourquoi (/ lunettes), Je ne suis pas assuré… 33 (/ testicules), je

sais bien qu’il la frotta une demi-heure 34 ;

* À la fois montre inanité du jeu, et plaisir (surprise) ds activité qui a

trait à la connaissance : faire triompher vraie certitude de l’intelligence /

croyance aux fictions (du roman et de la foi…) : écriture romanesque

comme intelligence non dogmatique.

+ 2> Détours de la structure

. a) Une autorité relative

Page 22: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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— Explicitation de la position narrative à la P1 = lui enlève de son

évidence, suggère interro sur son statut et sa R : ni personnage comme

les autres, ni auteur réel ; interro sur instance qui s’interroge à chaque

fois qu’assertion porte sur ce qui n’est pas directement visible

(pourquoi pas lunette + fécondité du pers. : habitude aussi mystérieuse

qu’intimité organique [seconde nature : nature h]).

— Rapprochement / pers. mis en scène, et qui lui-même est à la recherche

de certitude :

* avant futurs du fantasmes = expression du vœux et de l’interrogation

sur capacités futures (plaise à Dieu 40 + je verrai si 45).

* indice = expression de la méconnaissance 5 // personnage sans

lunette : narrateur non plus ne voit pas tt à fait clair < limitation ds

prétention à expliquer comportements humains ; cf. très longs détours

(récits seconds degrés) nécess. à explication de l’identité des pers. (>

nott. Laurette = carrière ds prostitution…).

. b) La part du rêve

— Composition du passage fait passer, ds élucidation, d’une apparence

mystérieuse à l’apparence d’un mystère (= désir : masculin et féminin).

— Élucidation d’une scène concrète, outre mise en place de l’intrigue

(Objet et Opposant / S à venir : Francion), pose un principe explicatif :

nature, mais qui ouvre sur un nouveau texte : ce lui des rêveries du

désir, qu’il reste à interpréter [cf. long récit de rêve chap. 3].

* Baroque (cf. Jean Rousset) par vertige de l’apparence + pê par

puissance de métamorphose : des S (vieillard / amant, épouse

inaccessible / maîtresse ss frein) et du récit (ds déploiement des

identités et des vies).

+ Alliance essentielle du romanesque et du travail critique : ds dévoilement rationaliste de la nature comme principe explicatif de l’intrigue amoureuse (logique parodique et

burlesque de la désillusion, ou plaisir passe du rêve au rire), qui se renverse en échappée

imaginaire (rire de la raison relance dérive baroque du désir : superstition et amour idéaliste >

production [discursive] sans fin de l’amour naturel).

Page 23: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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CHARLES SOREL

Histoire comique de Francion (1623-1633)

— Problématique :

Alliance d’une mise en place romanesque et d’un projet critique.

— I. Le romanesque et sa parodie

+ 1) La veine héroïque

. a> L’incipit : parodie de l’épique

. b> Décor, personnages et situation : la parodie du chevaleresque

+ 2> L’écriture du mystère

. a) Le jeu du point de vue

. b> Le dévoilement

— II. Le burlesque et ses raisons

+ 1) La mise en scène du corps

. a> Un monde en mouvement

. b> La focalisation burlesque

+ 2) Les voies du réalisme

. a> Élément objectifs : analyse et effet de réel

. b> Présence de la voix

— III. Une narration critique : la raison baroque ?

+ 1) La voix de la raison

. a> Jugements du narrateur

. b> Narration et connaissance

+ 2> Détours de la structure

. a> Une autorité relative

. b> La part du rêve

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CHODERLOS DE LACLOS

Les liaisons dangereuses (1782)

— Fortune du roman par lettres au 18e :

+ Devenir du roman mémoire comme effraction sur une sensibilité :

. Critique 17e / vraisemblance des romans > ressourcements = ds proximité avec

histoire et valeur documentaire / une subjectivité >

— Roman mémoire fictif : Princesse de Clèves 1678 > à la P1 : Vie de

Marianne de Marivaux (1731-42) > romans de L’abbé Prévost :

Manon Lescaut (1731) [= Mémoires et aventures d’un homme de

qualité] .

— Première occurrence de roman épistolaire = Lettres d’une religieuse

portugaise de Guillerague 1669 > romans de Richardson : Pamela ou

la vertu récompensée 1740 (> trad. Prévost 1750) > surtout Nouvelle

Héloïse de Rousseau 1761 : veine du larmoyant.

. Lié aussi à évolution de la philosophie des Lumières = relativisation des pouvoirs de

la raison par la sensibilité (< philosophie de la nature) : Voltaire > Diderot, Rousseau.

+ Goût pour la polyphonie :

. Relativisation des coutumes et pensées occidentales (Montaigne > Pascal) croissant

avec critique des traditions et préjugés > faveur de la polyphonie que permet le genre :

— cf. aussi goût rococo db. 18e / formes complexes et variées > Lettres

persanes 1721.

+ > Forme possible de roman libertin : sensibilité et force critique.

. Mouvement de pensée < 17e (et au-delà, Renaiss. ital.) = tendance à ramener

sentiments voire morale au fonctionnement naturel des instincts, du désir : cf. analyses

classiques (Pascal, La Rochefoucault) / amour propre > critique de la morale trad. voire de la

religion.

— Moments harmonieux [respect apparent des usages que l’on

transgresse] : Crébillon (roman mémoire : Les égarements du cœur et

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de l’esprit 1734 ; dialogue : La nuit et le moment 1755 ; épistolaire :

Lettres athéniennes 1771).

— Durcissement [vers destruction du monde et de soi] : Laclos > Sade :

accompagne moment révolutionnaire, effondrement d’une société (AR)

qui ne croit plus en ses propres valeurs.

+ LD. :

. Duel de libertin (Valmont /Merteuil) qui sont complices et se défient ds

manipulations de pers. plus innocents : Cécile de Volange + Danceny + surtout pdte de

Tourvel, que se donne V comme objectif, contre avis de Merteuil.

+ Pbmatique : En quoi dispositif romanesque épistolaire est-il mise à l’épreuve d’une

forme d’idéologie qu’est le libertinage ?

. récit enchâssé > discours libertin > escarmouche épistolaire.

— I. Un récit enchâssé

+ 1> Une position de maîtrise

. a) Maîtrise du narrateur sur son récit

— Possible lecture rhétorique de l’ensemble : exorde 1-13, narration 14-

44, confirmation 45-63, péroraison 63-88.

— Construction forte de la partie proprement narrative : portrait > récit ;

en outre :

* Portrait en trois parties : beauté naturelle / parure16-23, humeur

spontané / expression apprêtée 23-38, sensibilité / froideur 38-42.

* Construction du récit valant preuve (de sensibilité amoureuse) =

autour d’un obstacle symbolique désigné comme tel : « sauter le fossé »

48

— Maîtrise stylistique, entre construction rhétorique et art de la variation :

* Parallélisme des négations 26-31 > anaphore en « Il faut » 31-38.

* Variation ds reprises : dérivation (expression > exprimer 24),

synonymie et antonymie (se mettre 16 > parure / dépare, abandon du

négligé ; 39-40 froide et inanimé > sensibilité).

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* Variation ds construction des phrases : 18-23 = présentatif

(emphase), ordre inverse (CC antéposé « Grâce… »), ordre directe P3

sing > plur avec possessif P1.

. b) Maîtrise du personnage sur son histoire

— S. du récit enchâssé fait naître opposant apparent qui sert son O réel :

« J’ai dirigé sa promenade… fossé » 45-6.

— S des phrases ds un premier temps : 45, 48-9 (orgueil de l’accompli =

posséder un résultat : prolepse), 53, 54 (p. simple = récit + brièveté de

l’action et de la sensation).

— > autres S = autant d’adjuvants de Valmont, preuves de son succès : 55-

63.

+ 2> Un aveu indirecte ?

. a) Un portrait troublant

— Narration comme dévoilement du corps :

* Glissement lexical : 17 sq. parure > négligé > déshabillé [déverbal :

accomplissement par le N de l’acte désiré] > mousseline [nveau

voilement, léger : maintient du désir ds le récit]

* Vision du corps lui-même : sa taille ronde et souple 21, sa gorge 22

(voilement par lexique noble et conventionnel), les formes

enchanteresses 23 (dévoilement par accroissement de l’extension —

plus de rêverie car moins de précision : cf. « écriture gazée » de

Crébillon).

* Précision plus grande ds récit lui-même + création de contact : 48-9

« J’ai tenu ds mes bras cette femme… 52-3 nos bras s’enlacèrent

mutuellement. Je pressai son sein contre le mien. »

— Narration comme dévoilement du cœur : définition de son caractère

comme belle âme dont la manifestation immédiate plaît par elle-même

> cf. phrase clé de la description (sorte de thème gal) = « pour être

adorable il lui suffit d’être elle-même » 15-6.

* = représentation minimale (qui s’annule elle-même : pbmatique

rousseauiste) : 32 « l’image d’une gaîté naïve et franche », 36-7 « se

peindre… ce touchant embarras… » > c’est le corps qui manifeste

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l’âme, le sentiment (cf. PCl.) : 54 sq. « je sentis son cœur battre plus

vite… [presque amphibologie]… rougeur vint colorer son visage… son

modeste embarras… son cœur avait palpité d’amour et non de crainte »

* Représentation de l’immédiat = DD ds le récit > aposiopèse signale

irruption du sentiment : « Oh non mais… » 61.

. b) L’expression du trouble

— Suggestion du trouble ds discours du libertin = d’abord désir actif :

* Cf. perception active : « mes regards furtifs, mais pénétrants, en ont

déjà saisi les formes enchanteresses » 22-3

— Émotion éprouvée :

* Une certaine intellectualité ds l’approche : cf. les jugements qui

encadrent portrait et narration = « je le crois bien » 16-7, « Je pense

bien différemment » 40, « Ce seul mot m’a éclairé » 61 ; comme si but

= comprendre l’autre.

* > expression du sentiment d’autant plus frappante : registre de la

sensation et de son ivresse = « ravissante » 19 > « ronde et souple » 21

< « enchanteresse » 23 / plus sentimental : « « adorable » 15, « touchant

embarras » 38, « aimable rougeur » 55, « charmante candeur » ,59

* Expressifs caractérisent trait de moralité > cf. évaluatifs moraux : 32

« gaîté naïve et franche » 32, « la joie pure et la bonté compatissante »

35,

+ Récit épistolaire révèle un discours, porteur d’une ambivalence morale.

— II. Le discours du libertin + 1> L’analyse morale

. a) Une parole abstraite

— Abstraction lexicale / motivations et sentiments :

* Sentiments : objets de mes affections 5 (entre analyse psy et

convention courtoise), amitié 11, l’abandon 18, gaîté 32, joie 33,

embarras 37, 56, espoir / inquiétude 62, bonheur 67, 77 (≠ plaisir 78),

terreurs 70,

Page 28: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

28

* Morale : insolente audace 87, la seule volupté a le dt de détacher le

bandeau de l’amour 13, bonté 35, modestie 37, candeur 59, mensonge

60, remords 66, gloire 67, vertu 68, témérités 85

* Facultés, connaissance : illusion 15, 81, cœur 25, 79 (siège des

affects), sensibilité 40, préjugés 66, sens 79 (≠ cœur),

— La généralité :

* Outre abstraction lexicale (souvent avec article défini) = tropisme vers

abstraction ds récit même de l’exemplification : cf. article indéfini

comme exemple d’un type abstrait > maxime (lexicalisée) = « une

prude craint de sauter le fossé »47-8 [id. déixis 49 « cette femme

modeste »] > type avec majuscule = « la folâtre Dévote » 52 > quasi

allégorie, avec épithète de nature (lieux communs : « la verte envie ») :

L’aimable rougeur vint… 55 > le doux espoir a remplacé la cruelle

inquiétude 62.

* Passage au présent ≠ actualité : valeur itérative ou gale ds portrait de

la Pdte, 15 > 17 sq. ; tendance à la maxime : cf. 1-2 (avec « donc » de

l’induction, qui fait remonter de l’expérience au principe) > analyse

morale des mœurs libertines 76-77 « ds nos arrangements… e que ns

appelons bonheur est à peine un plaisir ».

. b) Saisir la nature

— But de l’effort d’abstraction = saisie de la nature comme moteur des

sentiments et comportements.

* nature opposé aux artifices et aux préjugés.

* aussi = nature comme essence ≠ accidents de l’éphémères (recherche

de principes / compréhension et action).

— Analyse > aussi agir sur la nature ds l’autre et en soi :

* Sensualité débusquée, comme ambivalence et contradiction chez la

Pdte : « leste » 46 (possible amphibologie) > « folâtre Dévote » 51,

« adroite gaucherie » 52

* 78 sq. Valmont analyse son psychisme comme un corps,

inéluctablement frappé par la vieillesse : « cœur flétri… vieillesse

prématurée » ; cf. ds suite disc. : « temps » 83 reste puissance

supérieure, nécess. à la maturation psychique (de Tourvel) [ce qui s’y

Page 29: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

29

oppose = « heureuse témérité » = chance, écart fortuit / nécessité, ordre

des choses]

* Tourvel = opère miracle du rajeunissement — reste rationnel ds la

mesure où de l’ordre de la perception et non du réel : « charmantes

illusions de la jeunesse » 81

— Nature : borne et loi /

+ 2> Un programme de la toute-puissance

. a) L’emprise sur les êtres et le temps

— Maîtrise de l’apparence, rendu sensible par dévoilement brutal des

intentions :

* Contraste violent entre langage conventionnel de la courtoisie

amoureuse ds le récit > dureté de la volonté (héroïsme) libertine : cf.

phrase brève et déixis réductrice / périphrases précédente : « J’aurai

cette femme » 63 [// « attendez que j’aie eu cette femme » 11] ≠

« l’enfant »59 [italique comme marque de distance — ironique — entre

énoncé et énonciation : indice qui disparaît ds phrase galante qui

suivent, et clivage qui surgit ds variation brutale de style] > « le doux

espoir… »

— Récit exemplaire suivi de résolution au futur de l’indicatif :

* Séries de prop. au futur avec anaphore en « je » 63-4 > 74 « Je serai

vraiment le Dieu qu’elle aura préféré » ; pas de doute / réussite, seule

question = « temps que va me prendre cette aventure » 84 (fut. Proche)

— Volonté d’emprise se dit ensuite sur le mode injonctif : 68 sq. avec

anaphore en « Que » = vertige d’autorité / réel.

. b) Transgression, perversion

— Point essentiel du plaisir = force d’un ordre religieux et moral > plaisir

(pervers : sadique) de sa transgression par l’autre, qui en souffre.

* Cf. portrait d’un bel et bon naturel ds la franchise et la charité > récit

d’une transgression (figuré par passage du fossé).

* Insistance, ds son projet, sur conservation des « préjugés » moraux

(67 : voc. de la philosophie des Lumières, Volt., Sade) > vœux du

libertin se formule comme séries d’oppositions 68 sq. : croire / sacrifier

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30

vertu, épouvantes / entraînement par fautes, terreur / oublier-vaincre ds

bras [plutôt vaincre sans oublier, en tte conscience : maintient

souffrance, et fit grandeur de la victoire de Valmont — proportionnelle

à cette souffrance, cad. à force de l’attachement aux valeurs, force de

ces valeurs]

— Aboutissement de cette logique = désir sacrilège de prendre la place de

Dieu.

* Cf. 64-5 « la ravir au Dieu même qu’elle adore » > 74 « Je serai

vraiment le Dieu… » : sacrilège se dit comme rivalité amoureuse.

* Caractère quais œdipien = prendre la place du créateur. Cf. aussi

enjeux sociaux ds AR finissant : Pdte de Tourvel désigné d’après

fonction sociale de son mari : sans doute judiciaire > noblesse de robe,

suggérant bourgeoisie qui de plus en plus l’emporte — nott.

financièrement — sur vieille noblesse libertine.

+ Pouvoir du libertin, qui construit son discours = n’existe qu’en relation aux autres >

pertinence max. du dispositif épistolaire.

— III. Une escarmouche épistolaire + 1> La place de l’autre

. a) Une réponse point par point

— Toute lettre = réponse / portrait défavorable que fait Merteuil de la Pdte

(5-6) > lettre = texte argumentatif qui lui est adressé.

— Portrait en trois temps qui répondent à autant de critique de Merteuil >

apparition de la P2P : « Vous lui reprochez »16 / parure > beauté

naturelle ; « dites-vous » 24 / « nulle expression » > expressivité

naturelle ; « vous la jugez froide et inanimée » 39 > preuve de

sensibilité.

* Récit même 45-63 = « preuve » de cette dernière qualité (= aptitude à

la volupté, que V. a su débusquer) > « vous » 47 ds le récit.

— Un espace commun : dialogisme comme typ discursif de la lettre.

* cf. « nous » db. et fin : 20 / « chaleur accablante » = communauté de

sensation (mondanité) > 26-8 « nos femmes coquettes… nous trompe

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31

tj… » + 76 « Soyons… ds nos arrangements… » = communauté des

libertins.

* Dialogisme biaisé : cf. phrases interrogatives = rhétoriques ; reprises

d’une assertion de Merteuil pour la contester (14-5, 39) ; valeur

d’affirmation (6-9, 12-13, 40-4) ; hésitation feinte (14, 78).

. b) Une écriture polémique

— Registre ambivalent, entre courtoisie amoureuse et affrontement :

* Courtoisie : « empire » 1 ; « amie » 3, « amitié » 12 [sens fort

possible] > « épreuves » à « soutenir » 10, voire amphibologie sur

« traits » 5 [portrait + flèches de l’amour] ; code de bonne conduite,

sous forme allégorique (cf. préciosité) : « la seule volupté a le droit de

retirer le bandeau de l’amour » 13.

* Affrontement : dérive du lex. guerrier qui fait partie du langage

courtois (cf. empire, trait…) > affleurement d’une grande violence

(même si ds hyperbole jouée du langage amoureux) qui fait de la

Merteuil un homme : 6-7 « quel homme n’eût point payé de sa vie cette

insolence audace ? » [« soutenir » assaut 10 = met V. en position

féminine] ; cf. « bonne foi » finale 76 = chevaleresque (entre guerriers,

camarades d’armes comme ennemis : ≠ ruse de la guerre libertine).

— Après construction systématique contre disc. de l’autre, éviction de

l’autre, ds la joute argumentative (désir de Merteuil exclu de celui de

V.) :

* Présence forte db. > résurgences régulières > aucune occurrence ds

récit et programme (entre 45 et 78) : complicité libertine 76-77 >

remise en cause de leur complicité 78 > ne reste plus que P1 et P3 :

espace amoureux (elle/je) + impersonnalité du désir libertin ds son

orgueil (87 « il faut qu’elle se donne »).

+ 2> Le conflit des valeurs

. a) Une accusation voilée

— Portrait de la Pdte dessine en creux un portrait charge des libertines

mondaines comme la Merteuil.

Page 32: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

32

* Opposition terme à terme possible : cf. « empire qu’elle a su

prendre » 1 [habileté ds les manœuvres] > « touchant embarras »37,

« gaucherie » 52, « modeste embarras » 56, « candeur »59

* « insolente audace » 7 [agressivité ss retenue] > « bonté

compatissante » 36, « timide » 47, « modeste » 49, 67 sq. préjugés,

vertu, terreurs…

* Plus généralement = éloges de la transparence et naïveté /

dissimulation : cf. « su prendre » + « nos arrangements » 76 >

— Forme aussi d’autocritique : non tant remise en question de la logique

libertine (prédominance de la recherche du plaisir) que constat de son

échec :

* Travail (rhétorique) de l’opposition lexicale se retourne de la victime

à l’agresseur : cf. 77 sq. bonheur / plaisir, cœur / sens, être heureux /

jouir.

. b) Inquiétante nature

— Constat critique = impossibilité d’une maîtrise de la nature qui permette

accomplissement d’un S [cf. irresponsabilité cyniquement revendiquée

in lettre de rupture : « ce n’est pas ma faute »].

* Victime de la force impersonnelle du désir : cf. « Il faut » = mvt. de la

Pdte vers V., cad. son désir (« se confier à moi » 48) > jouissance de V.

(87 « il faut qu’elle se donne ») ; mais aussi = nécessité d’admirer la

Pdte ds sa pureté : « il faut voir comme… » 31, « Il faut voir… se

peindre… sur sa figure céleste… modestie point jouée » 35 = V. agi par

nature sur laquelle veut agir.

* V. contaminé par son O. : émotion la plus grande = ds distance de la

jouissance (83 : « ce qui m’effraie ») = comme pdte selon lui, qui aime

« un être tj. absent » 42.

— Ici : amour de V. comme hommage du vice à la vertu // haine

de la pdte, acharnée à la détruire. ; ds ls deux cas = épreuve / amour

propre.

— Position du lecteur : seul à contempler mvts de tous les pers. à travers

leurs disc. (épistolaires).

* Lecteur en position de nart. omniscient ? en tout cas de connaissance.

Page 33: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

33

* Cf. distance au langage et aux affects que suggère la note de

« l’éditeur » : position d’interprétation et jugement ; pas de surplomb

objectif livrant la vérité = approche phlogique (temps) et

herméneutique.

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34

CHODERLOS DE LACLOS Les liaisons dangereuses (1782)

— Problématique :

En quoi le dispositif romanesque épistolaire est-il la mise à l’épreuve d’une forme d’idéologie

qu’est le libertinage ?

— I. Un récit enchâssé

+ 1) Une position de maîtrise

. a> Maîtrise du narrateur sur son récit

. b> Maîtrise du personnage sur son histoire

+ 2) Un aveu indirecte ?

. a> Un portrait troublant

. b> L’expression du trouble

— II. Le discours du libertin

+ 1) L’analyse morale

. a> Une parole abstraite

. b> Saisir la nature

+ 2) Un programme de la toute-puissance

. a> L’emprise sur les êtres et le temps

. b> Transgression, perversion

— III. Une escarmouche épistolaire

+ 1) La place de l’autre

. a> Une réponse point par point

. b> Une écriture polémique

+ 2) Le conflit des valeurs

. a> Une accusation voilée

. b> Inquiétante nature

— Conclusion :

Par son énonciation même, la lettre de Valmont illustre le projet d’emprise du libertin, mais aussi

son affection par une sensibilité qu’il aspire à dominer : entre roman et philosophie, le lecteur peut ainsi

juger un intime conflit des discours.

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35

STENDHAL

La Chartreuse de Parme (1839)

— Position particulière dans invention du réalisme romanesque moderne : + Tradition du roman d’analyse psychologique :

. Pas tant PCl. (encore que) qu’analyse de la sensibilité < Rousseau et Lumière :

formation et imprégnation philosophique :

— idéologues : Destutt de Tracy > dégagement de lois psychologiques :

1822 De l’amour (th. de la cristallisation).

— sensualistes : Condillac = tradition empiriste (cf. Hume), pour laquelle

toute pensée trouve son origine dans la sensation (cf. « Je suis odeur de

rose »).

. Valorisation d’une sensibilité énergique (virtu : Italie de la Renaiss. : cf. Chroniques

italiennes ) tendue vers recherche du bonheur : égotisme.

+ Représentation de la réalité historique :

. Influence et popularité de W. Scott (Ivanhoé 1829) > développement du roman

historique : Balzac Les Chouans 1829, Hugo ND Paris 1831.

— Singularité française = plus seulement intrigue romanesque sur fond

historique, mais ambition d’une représentation totale.

— > analyse de la réalité contemporaine, sociale voir économique : cf.

composition de la Comédie humaine par Balzac (Père Goriot 1835 >

idée du retour des pers. > conscience du projet et titre 1842).

— Rôle max de la rév ; ds naissance de ce genre : donne sens à histoire, et

fait de la soc. un réalité mobile.

. Tension œuvre de Stendh., entre RN (1830) et CP (1839) :

— RN porté par héroïsme révolutionnaire dont NB = figure emblématique

pour Julien, lui-même animé d’un héroïsme de conquête sociale, même

si fin tragique.

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36

— Restauration > blocage politique, règne des vieux : arrêt et désillusion

de la génération portée ds son enfance par épopée napoléonienne des

pères (cf. db. Confessions d’un enfant du siècle de Musset 1836).

— > (selon Pierre Barbéris) CP = refuge dans idéalité (idylle) d’une réalité

historique pré-bourgeoise : Milan de 1796, libéré des autrichiens par

troupes de NB..

* Échec de Fabrice > appel (par-dessus œuvre de Bzc, de l’héroïsme

bourgeois) au roman de la désillusion contemporaine : Flaubert +

Bovary 1857 et Éducation 1869.

+ Scène topique et charnière :

. Fabrice del Dongo, jeune noble milanais de fait fils d’un militaire français = épris

d’idéal républicain (comme sa [fausse] tante Gina) > suit armées de NB : défaite de Waterloo.

Revient à Milan > Parme, où Gina devenue duchesse Sanseverina ; protégé par comte Mosca

amoureux d’elle [≠ âme basse : fiscal Rassi : deux clans se partagent le souverain prince

régnant) suspect + duel avec un comédien > en prison ds tour Farnese : pour première fois

croise regard de Celia Conti (fille gouverneur de la citadelle ; rencontrée une fois avant).

. Héroïsme historique et sentimental.

+ Pbmatique :

. Comment alliance de la visée réaliste et de l’idéalisation romanesque, dans

écriture de l’analyse psychologique stendhalienne ? — effort d’idéalisation / R historique (circonstance) > premiers regards

(histoire) > traitement narratif

— I. Une cellule idéale

+ 1> L’élusion du réel

. a) L’espace

— Description de la cellule ds passage précédent : quasi disparition ici,

sinon par fenêtre et barreaux (5, 6, 14) = passage entravé entre int. et

ext., soit symbolisation de la prison(par synecdoque) et des relations

entre les pers..

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37

— Pur espace relationnel (abstrait, pour déploiement de la sensibilité et de

ses signes) : cf. « sa position la plus élevée » 16

— Subj. de Fabrice = pt. de vue dominant > son espace est + purement

mental / espace de Célia plus (concrètement, précisément) présent :

* 3 « la fenêtre de la volière », 15 « fond de la chambre », 39-40

« savante retraite par échelons… le plus près de la porte », « la porte »

42 (symétrique inverse / fenêtre de F.).

. b) Temps et modes

— Tps dominant = p. simple, aspect ponctuel, éphémère de ce moment

miraculeux, cf. 26 « ils exprimèrent un instant la pitié la plus vive ».

— Imparfait assez peu fréquent / fait que scène d’amour (> sentiment) :

peu de moment d’intériorisation sereine (agitation, fébrilité latente), cf.

28 « la teinte rose s’étendait rapidement » > imparfait de l’état final de

F 41-3 = laisse sur sentiment indéterminé (pas d’analyse).

— Subjectivationds rythme narratif : cf. ellipse / « en revenant du fond de

la chambre » 15 (ø / éloignement qui précède)

— Projection des pers. mais aussi du narrateur ds le possible ou l’irréel, ms

en tout cas le non actuel :

* Fréquence des subj. : « Quoique… elle veillât » 1, « Cette idée… ne

lui fût point venue… » 10-11, « sans qu’elle le sût… » 26, « comme

si… elle eût dû… » 39, « c’en fut assez pour que F. se crût autorisé… »

18-9.

* Conditionnel ds disc. des pers. : « Je mériterais que… elle

envoyât »8-9, « Que cette pauvre femme serait heureuse… » 33,

. Lieu abstrait > idéalisé : espace symbolique

+ 2> Un symbolisme ouvert

. a) Fenêtre et volière

— Écho évident entre prison de F et volière de C. : cf. écho lexical

* « fenêtre de la volière »3 / « sa fenêtre » 5 (prison) > « cette pauvre

fenêtre » 14 [symbolisation métonymique]

Page 38: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

38

— Portée psychologique et politique : C fille du gouverneur de la prison,

et cour de Parme connaît régime répressif (/ républicains) ≠ Milan

libéré par armée de NB db. du roman (1796)

. b) Devenir de l’oiseau (voir réf. MA)

— Dispositif fait aussi de l’oiseau image de F (> du chant : figure possible

— et trad. — du lyrisme amoureux) : enfermement + soin par C =

valeur d’amorce / suite du roman (soin de Célia et Gina).

— Oiseau = figure de l’amour ds lyrisme courtois (rossignol : figure de

l’amant souffrant / de l’amour : cf. « Lais du laostic » de Marie de

France 12e > reprise grivoise par Boccace 14e) ; pas de développement

ici (≠ écriture allégorique : motivation référentielle [symbole participe

de l’effet de réel : faible fonction informative — dramatique, si]),

valeur tient à libre interprétation du lecteur (suggestion ironique ?).

. Espace symbolique >

+ 3> Un lieu utopique

. a) Isolement

— Absence ou rejet de tout lieu extérieur à la scène :

* 30 « en arrivant à la volière » : d’où ? 42 « la porte vers laquelle elle

venait de disparaître » = vers où ? Clôture de la prison = protège du

monde extétieur.

* Idéalisation (ab-straction) de l’héroïsme amoureux = aussi politique ss

doute : cf. N de lieu associés à moindre délicatesse d’âme 11, Naples et

Novare = ville qui n’ont pas connu le souffle révolutionnaire apporté

par NB.

. b) Un non lieu

— Isolement = chance de l’amour, cf. 19-20 « Ne sommes-nous pas seuls

au monde ici ? se dit-il pour se donner du courage »

* Isolement = nott. absence des parents, de la famille : répressive de C,

prise ds intrigue politique pour Gina (famille illusoire)

* > pas ds nature, ms aussi pas ds société (et histoire) : suspens hors

temps et espace, pur Eden de l’amour (cf. fuite de Tristant et Iseut ds

forêt) > utopie.

Page 39: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

39

+ Espace idéalisé ds perspective romanesque amoureux servi par référence raréfiée >

idéalisation ds histoire amoureuse même : distance, retenue, élévation.

— II. Le roman des regards + 1> Le corps avant les mots

. a) Mouvements

— Globalement : lui regarde / elle bouge. Idéalisation < corporéité devient

signification.

— Mais : mvt. ds échange qui fait la communication = signes.

* 6 envisage de frapper avec main sur barreau > 19 la salue ; ensuite =

« restait immobile » 41.

— Les évolutions de C. sont presque autant d’évitements, avec

intentionnalité croissante.

* s’approche de la fenêtre 2-3, répond à son salut 23[= pivot de la

scène ; salut distant 24-5], retraite par échelons 37 [humour ds

déplacement du lexique militaire = pour conquête masculine ; ici

défense féminine] > sortit 39.

* Évitement / expression directe d’un acte (car agir = se dévoiler) : cf.

29-30 la chaleur venait d’éloigner châle de dentelle noire ; métonymie

de la cause / effet (S éprouve chaleur > se dévoile) + possible valeur

symbolique de cette chaleur (// ardeur regards de F).

. b) Regards

— Tradition courtoise et platonicienne, pétrarquiste : sens valorisé <

moindre implication corporelle + image de l’activité intellectuelle

(contemplation des idées) ; > accès au Beau et au Vrai chez Plat.,

amour de loin chez courtois, élévation de soi chez néo-plat..

* Ici : lieu d’échange du désir ; transparence idéale : de l’espace // des

corps manifestant l’âme : cf. 16 « apercevait fort bien ».

— Champ lex. permet suivre évolution relation.

* F. = « la suivait ardemment des yeux » 12 : pose point de vue et sa

modalité — passionnée, impatiente.

Page 40: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

40

* C = « ne put s’empêcher de le regarder du haut de l’œil »17, baissa les

yeux 21, ne put imposer silence à ses yeux = passage du fait à la

manière, deviennent sant ; charnière = échange de regard 22 : F « les lui

vit relever fort lentement »

— Rougissement = diffusion au corps de l’expressivité du regard :

débordement du trouble ds trad. PCl. ; ms nature ici valorisée (≠

pécheresse).

* 13-14 > 27-8 : érotisation < corps devient visible (< signifie le trouble

amoureux).

. Dévoilement à distance maintient

+ 2> Délicatesse de la relation

. a) Attentions

— Aux autres : déborde le seul face à face amoureux, qui diffuse cette

attention (rayonnt de l’idéalité amoureuse : beauté de l’âme).

* ds amour : cf. F. aurait « horreur » d’un « manque de délicatesse » /

C. 7-8 ; C manifeste « pitié » / F 26-7.

* C d’emblée apporte « le plus grand soin » à ses oiseaux 2 >

« soigner » 9, 38-9 ; pense à la duchesse 32 sq.

. b) Rétention

— Manifestations du désir et du trouble = retenues

* F. se retient même de faire « petit bruit »7

* C. = pas du tt provocante : baisse et relève les yeux 21-22, salue

« avec le mouvement le plus grave et le plus distant » 24 [italique

performatifs de la retenue : retrait de l’énonciation / énoncé (valeur à

préciser)] ; expressivité même se fait à son corps défendant : cf. litote

[négation du contraire] « ne put imposer silence à ses yeux » 25

(implique un certain désir de ce silence).

. Retenue comme modalité d’un partage idéal

+ 3> Une dynamique ascensionnelle

. a) Harmonie du partage syntaxique

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41

— Alternance régulière de « elle » et « il » (« Célia » / « Fabrice ») en

position sujet : passage fluide de l’activité du bas vers le haut :

* §1 : elle 1-3 > pensée de F.… Je

* §2 : Il / elle 13-14 > Clélia ne put s’empêcher 16 > Fabrice se crût…

> la jeune fille 21 > F les lui vit… > elle salua > F remarqua

qu’elle…27 > F répondit 31> se disait-elle …

* §3 : F avait eu > Clélia fit… elle… > F restait… il était

. b) Lever les yeux

— Manifestation la plus concrète et romanesque de ce partage et de cette

diffusion.

* F en « position plus élevée » 16 / Cl. « le regarde du haut de l’œil »,

baisse + lève yeux 21-2.

* Même signe physique associés à hauteur : f. rougeur sur haut épaules

28-9.

+ Idéalisation ds précision illusionniste du romanesque implique pas adhésion simple du

narrateur : nart à l’image de F = à la fois surplombant et proche de ce qu’il regarde : relation

pbmatique ms homogène / délicatesse amoureuse représentée.

— III. Une tendresse narrative + 1> Voix intérieures

. a) Discours narrativisé

— = pensées relatées comme des évts par nart. (cf. Pierrot 117) = emprise

explicite d’un narrateur omniscient.

— Db. et fin du passage : ø quand phase la plus lyrique (empathique), de

l’échange des regards et gestes ; moment de plus grande distance

narrative, cf. :

* « La première pensée de F… fut… » 4 sq. > « la seule idée de ce

manque de délicatesse… » 7 sq. // fin : « F avait eu qq. léger espoir »

36.

. b) Discours direct

— Proximité maximale [sécheresse de la parataxe stendhalienne +

sollicitation de l’esprit du lecteur ds trad. style coupé 18e] : DD non

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42

introduit, qui enchaîne ss transition avec disc. narrativisé [globalement,

plus de DD / F < focalisation interne dominante]

* 8-10 « Je mériterais que… »

— Quand DD introduit = tj. par incise postposé au début du passage

rapporté :

* 12-14 : « Certaint, se disait-il… », « Ne sommes-ns pas seuls…, se

dit-il,… « 20, « Que cette pvre f serait heureuse, de disait-elle » 33

— Ni tiret, ni guillemets, ni alinéa pour les paroles [≠ dramatisation des

dialogues chez Balzac et Hugo] : fluidité d’une conscience globale avec

glissements de niveaux paratactiques et elliptiques.

+ 2> Nuances de la subjectivation

. a) Focalisation externe / interne

— Focalisation externe sur F = N livre ce que voit le pers., et non ce qu’il

pense :

* « fond de la chambre que F… apercevait fort bien » 15-6, « F

remarque que… » > rougeur de Cl. 27

— Focalisation interne sur F : ses pensées intérieures (outre passages en

DD et disc. narrativisé)

* « F se crût autorisé » 19 [pensée de F = l’est], « pour s’en donner le

courage » 20 = but de F

— Focalisation interne sur Cl : « en faisant effort sur elle-même » 23,

« pour éviter cette nouvelle politesse » 36-7

. b) Voix du narrateur

— Focalisation variable : < focalisation zéro, d’un narrateur omniscient,

qui en sait plus que ses pers. ; cf. analyse de méca. psy. Ics. :

* « le regard involontaire par lequel F » 31 // 17 « ne put s’empêcher de

le regarder », « elle ne put imposer silence à ses yeux » + « sans qu’elle

le sût » 25-6.

— Effets de voix, à ce titre : évaluation = relation légèrement paternaliste

(cf. scène de Waterloo), ms de pers. à pers. :

* Jugement mélioratif : « cette idée délicate » 10 / légèrt. péj. :

« l’enfantillage » 5 [≠ pensée F : indélicatesse, horreur], avec ironie

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43

« savante retraite » 38 [= analyse d’une stratégie du trouble et de la

bienséance]

— Mais : ne se prononce pas explicitement, au sens où ne s’engage pas

comme énonciateur (« je », « ns ») = forme de silence, et évaluations

apparaissent comme modalités d’un récit autonome.

* N non seult. hétérodiégétique (pas pers. de l’histoire) ms aussi

extradiégétique (pas présent comme N ds le récit).

. Permet ouverture et glissements de voix.

+ 3> Partage des évaluations

. a) Narrateur et personnage

— Adv. montre partage des évaluations et modalisations, qui font que

surplomb narratif se nuance de proximité :

* Caractérisation F par N : « ardemment » 12 > accord entre N et son

pers. : F« ce manque de délicatesse » 8 > N« cette idée délicate » 10-

11.

* Caract. et modalisation de Cl. par F. : « Certainement » 12 > « fort

lentement » 22

. b) Narrateur ou personnage

— Moment où partage des voix difficile à établir : évaluation plus ou

moins indécidable, ou partagée.

* Dictum pê du pers., mais modus (ironique) du N : cf. « elle rougit fort

sensiblement » 3-4 (F, mais euphémisme de N) ; « savante retraite » 38

(Cl., mais hyperbole — ou antiphrase — de N).

* N ou F / Cl. : « suivant toute apparence » 1, « évidemment » 22,

« sans qu’elle le sût probablement » 26 [conscience pê excessive / F ?]

* N ou F / F : « il était un autre homme » 42-3 = DIL ou analyse

(ironique) du N.

+ Effort de représentation du réel ne tient pas tant au contenu (plutôt idéalisation) qu’à la

modalité : vraisemblance par subjectivation (cf. Fb. ≠ Bzc : par objectivation et disposition).

. Tvl du point de vue travaille aussi à une forme d’éthique de la représentation qui

apparaît comme homogène à la fable amoureuse : cf. JP. Richard / « connaissance et

tendresse » (distance et participation).

Page 44: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

44

STENDHAL La Chartreuse de Parme (1839)

— Pbmatique :

Quelle alliance de la visée réaliste et de l’idéalisation romanesque, dans écriture de l’analyse

psychologique stendhalienne ?

— I. Une cellule idéale

+ 1> L’élusion du réel

. a> L’espace

. b> Temps et modes

+ 2) Un symbolisme ouvert

. a> Fenêtre et volière

. b> Devenir de l’oiseau

+ 3) Un lieu utopique

. a> Isolement

. b> Un non lieu

— II. Le roman des regards

+ 1) Le corps avant les mots

. a> Mouvements

. b> Regards

+ 2) Délicatesse de la relation

. a> Attentions

. b> Rétention

+ 3) Une dynamique ascensionnelle

. a> Harmonie du partage syntaxique

. b> Lever les yeux

— III. Une tendresse narrative

+ 1) Voix intérieures

. a> Discours narrativisé

. b> Discours direct

+ 2) Nuances de la subjectivation

. a> Focalisation externe / interne

. b> Voix du narrateur

+ 3) Partage des évaluations

. a> Narrateur et personnage

. b> Narrateur ou personnage

— Concl.

Écriture de la subjectivation fait vraisemblance + effort critique. Éthique d’écriture.

Page 45: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

45

FLAUBERT

Madame Bovary (1856)

— Une révolution dans le réalisme

+ Situation : quand Madame Bovary paraît, en 1856,

. le Romantisme brille de ses derniers feux : VH = échec des Burgraves 1843,

Contemplations 1856, Misérables 1862 [1848 Dumas fils = La Dame aux Camélias].

. C'est le roman réaliste qui de plus en plus occupe la scène littéraire.

— Les personnages ne sont plus des héros qui touchent à l'épopée, mais

des êtres communs pris dans une situation sociale précise et souvent

sans gloire. Le XIX° siècle se désenchante (basculement = après

Restauration, échec de la Rév. de février 1848 et de la seconde Rép. >

coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte 2 décembre 1851). Et

cependant, quelle tentation encore! Comment cesser de croire que

l'action historique, la découverte du monde ou le sentiment passionnel

peuvent permettre à l'homme de donner toute sa mesure?

— Cf. Bzc meurt en 1850 ; or romans balzaciens = « portés » par héroïsme

social : Illusions perdus 1843

— Romans de G. Sand = animés par passion militante, du féminisme au à

l’engagement social, qui pousse à l’idéalisation (milieux ouvriers : Les

Maîtres sonneurs 1853 > campagnes : François le Champi 1850)

— Réalisme existe comme école qui s’est dotée d’un manifeste :

Champfleury = articles > Le Réalisme 1857 (réalité contemporaine

modeste, poids du milieu, style neutre).

. Fb. se posera tj. à l’écart des courants et écoles.

— Désinvestissement du réel < aucune foi politique ou métaphysique

(voire passionnelle).

* > pas de discours idéologique du narrateur (≠ Bzc, VH)

— > Salut par la maîtrise formelle qui donne à voir et à juger le réel.

Page 46: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

46

* cf. livre sur rien, qui tient par force du style (cf. Art pour l’art : Th ;

Gautier, Baudelaire).

* Narrateur impersonnel : analyse du réel passe par regard des pers. et

confrontation de leurs pts de vue.

+ Œuvre : Madame Bovary est le texte littéraire le plus illustre de ce décalage entre le rêve et

le monde réel = anatomie d’un sujet romantique. Le personnage d'Emma, et singulièrement

dans le passage que nous avons à commenter, incarne ce contraste entre une aspiration infinie

et une réalité plus prosaïque (cf. / Salammbô 1862 = histoire d’une femme qui voulait baiser

avec un dieu).

+ Problématique du texte : Emma se promène avec celui qui va devenir son amant, Léon.

Mais la campagne autour de Yonville n'a pas le charme de l'Orient, et le jeune homme n'a rien

d'un amant werthérien. Plus de grandeur, plus de passion, mais la médiocrité et l'ennui. Et

cependant Emma continue de rêver. Rien d'étonnant donc à ce que, passant du niveau

thématique au niveau stylistique, le texte soit lui aussi tendu entre deux modes de

fonctionnement, le premier lyrique, d'adhésion heureuse à un monde plus rêvé que réel, le

second, ironique, de distance. Le regard et la voix de la romantique Emma sont perturbés par

ceux d'un narrateur réaliste et malveillant qui en montre la fausseté.

. Singularité du réalisme flaubertien dans ce passage à dominante descriptive : entre impressionnisme et détachement critique > faire voir ou penser le réel ?

+ plan :

. Réalisme > Impressionnisme > Critique (de l’imagination lyrique)

— I Un fragment de récit réaliste

. Dominante = focalisation zéro : regard objectif sur la réalité

. pas d’indices d’énonciation narrative > voix sans origine : le récit semble se raconter

seul; fonctionnement silencieux du récit; absence de marques énonciatives

+ 1> Le rythme narratif

. a) Variation des temps

— Dispositif traditionnel de la mimésis narrative

Page 47: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

47

— Passé simple = récit d’action §1 + V de paroles 48-9 : scènes /

sommaire db. §2 (= trace cadre dramatique et temporel / perception de

la suite).

— Imparfaits =

* descriptifs § 2 et 3 [itératif 23-4 > « Qqfois »] / duratifs fin §2 et 3

(« entendaient » 30, « faisait s’égrener » 40, « traînaient un moment »

43) = description narrativisée / duratif simple db. 4 « causaient ».

* expression des sentiments § 5 (« sentaient » 52, « songeaient » 57) >

glissement au présent de vérité gale 59 sq..

. b) Rythme des actes

— action du §1 > dialogue du §4 avec discours narrativisé > DIL >

discours direct (symétrie rythmique ds V de parole)

— Travail stylistique spécifique / moment d’action : § 1 =

* Vbes d’action : reprit, marcha, ralentit

* Rythme mimétique et phénoménologique de la seconde phrase :

accroissement de volume après le pt-virgule, et de part et d’autre du

« et » après la virfule < ralentissement + clausule mineur (après

seconde virgule) : restriction de champ sur un détail (= jonction /

description à suivre).

+ 2> La construction du visible

. a) Construction d’un espace

— Délimitation référentielle : un lieu = environ de Yonville > un paysage

rural de rivière (fluviatile : Pst.…)

— Construction par indications spatiales < V, substantifs et adv. de lieu

structurant l’ensemble en 2 tps. :

* « ensuivant le bord de l’eau » > zone = « berge » puis rivière (liaison

[mimétique] par anaphore : « Elle » 17 > « y »… « sa… »)…

« onde »25, « eau » 27.

* 27 sq. « au-delà tout alentour » > « prairie », « fermes »

. b) Travail lexical

— Champs lexical spécifique pour désigner la campagne normande :

travail de la dénotation.

Page 48: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

48

— Qqs hyperonymes (= mots génériques : extension > compréhension) :

— Surtout hyponymes (inverse) : "joncs", "nénuphars", "saules",

"ravenelles" (= nom commun de la giroflée des jardins et du radis

sauvage), "chèvrefeuilles", "clématites".

— Globalement = du général au particulier, des "herbes" aux "joncs" : le

regard se fait plus précis.

. c) Travail du sensible

— Effet de réel : l'insecte qui marche et se pose 22, soit une notation

gratuite qui s'intègre à la cohérence descriptive mais sans avoir d'intérêt

dramatique.

— Caractérisation abondante et dirigée vers divers sens :

* la vue bien sûr avec les couleurs ("vertes"20, "bleus"25, "grise"27,

"jaune"40)

* mais aussi l'ouïe (silence et parole 30 sq.)

* et le toucher (la chaleur : db ; § 2 et 3)

— = répétition de cette notation > tendance à la saturation descriptive, à

l’épuisement de la sensation > cf. :

* jusqu'à l'expolition [= varier expression d’une même info.] à propos

des grandes herbes avec la reprise de verbes quasi synonymes :

"courbaient"19 et "s'étalaient" 21.

+ 3 > Prosaïsme

. a) Des personnages à courte vue

— Cette analytique de la sensation ne s’élève pas jusqu’à la construction

de tableaux synthétiques : engluement des pers. ds la perceptions

immédiate, décomposition du monde à l’image de la petitesse des pers..

* Portrait : § 1 l. 6sq. = collet de velours noir, cheveux bien peignés,

ongles >

* Nature : §2 : 22 sq. pointe des joncs + insecte > globules bleus > §3

37 sq. briques > poussière jaune des fleurs + branche + effilé de la

robe.

. b) La tradition d’un genre bas

Page 49: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

49

— Dans la grande tradition réaliste, puisque, à l'âge classique, le terme de

réalisme ne désigne pas seulement une description de la réalité, mais

implique aussi l'attachement à ce qu'elle a de moins noble. Le roman,

genre par excellence du réalisme, se construit en effet par opposition

aux grands genres que sont la tragédie et l'épopée (personnages,

actions, décors nobles) > ici :

* une promenade adultère (action basse)

* dans la campagne normande (décor commun)

— Surtout pers. :

* entre un "clerc" et "madame Bovary", femme mariée donc

(personnages modestes) ; trivialité que souligne l'évolution de la

nomination des deux personnages : "Emma"/"M. Léon"1-2 : intimité

des prénoms > 29sq. "la jeune femme"/ "son compagnon" > 33 Emma >

39 "Mme Bovary" : dénonciation implicite du penchant adultérin (par

voix de la société ds celle du narrateur) > "ils" qui achèvent la

communauté (accouplement) des deux personnages à partir du §4.

+ Réalisme comme restitution de réalité (illusionnisme) par composition d’un temps et d’un

espace pour le lecteur, ms intégration de plusieurs pts de vues ds cette représentation.

— II Un impressionnisme perspectiviste

. Tant dans la focalisation que dans la voix, le texte est double, divisé entre le

narrateur, c'est-à-dire l'énonciation, et le ou les personnages

+ 1 > Suggestion d’une conscience

. Focalisation interne explicite ms aussi latente.

. a) Mise en place d’une perception

— Se fait progressivement et de façon non univoque :

* §1, avec le champ lexical du regard ("regard", "rencontra",

"remarqua") > §5 ("leurs yeux")

Page 50: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

50

* §2 et 3 = S animé pluriel (13 « Ils s’en revinrent », 30

« n’entendaient ») : sensibilité subjective latente, ss détermination

précise (malgré synesthésie 18 « froide à l’œil »).

. b) Fonction symbolique (métonymique) du paysage

— Le paysage reflet d'un état d'âme : le désir amoureux

* Chaleur, avec en particulier la comparaison avec la serre au début du

§3 = jeu sur les connotations : la serre comme la soie connotent le luxe

et le plaisir (cf. ES. = scène entre Rosanette et Delmar)

* Mouvements connotés : 21 sq. : mouvement de l'insecte sur les

plantes : l'effet de réel est connoté. Ne parle-t-on pas de butinage

amoureux? > 24-5 : mouvement du soleil : "le soleil traversait" (+ rayon

/ globule) = union de la lumière et du liquide, des principes féminin et

masculin, renvoie au rapprochement d'Emma et de Léon au §1

* Mouvement lascif surtout, abandon, souplesse, arrondi = 18 : "les

grandes herbes minces s'y courbaient ensemble", 32 : "le frôlement de

la robe d'Emma", 38 : "traînait un moment sur la soie"

* Silence d'une solitude à deux

— De même la conversation qui porte sur des danseurs espagnols : la

danse met en jeu le corps, et l'Espagne est le pays par excellence de la

passion. Parlant d'autres choses, Emma et Léon parlent d'eux-mêmes

. c) Des rythmes suggestifs

— Écriture ds mouvement du désir, ouverture, harmonie = trad.

Chateaubriand (l’enchanteur : nott. description de la nature tropicale ds

Atala 1801), lyrisme de la période.

* Cadence majeure des seconde et troisième phrase du §2 (de part et

d’autre virgule pour la première, pt-virgule pour la seconde), avec

mimésis du déploiement et de la retombée (cf. découvrait >

descendant ; coulait > courbait + s’étalait) = douce et ample pulsation

amoureuse ?

+ 2 > Un regard sur une voix

. a) Omniscience et analyse

Page 51: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

51

— Franche intrusion à la fin du §1 : le narrateur apporte un savoir que la

scène (et encore moins conscience d’Emma) ne peut apporter seule :

une des grandes occupations de Léon est d'entretenir ses ongles > légère

caricature de Léon, dandy de province sans envergure.

* L'ironie est immédiatement perceptible dans le décalage entre la

trivialité de ce qui est dit et l'emphase qui l'exprime < structure

présentative qui met en valeur : 9 sq. "C'était...que"

* < aussi : caractérisation élogieuse hyperbolique par le biais de

l'adjectif : "grandes occupations", ou de l'adverbe : "canif tout

particulier"

— début §5 : le narrateur dévoile ce que les personnages ignorent eux-

mêmes, pénètre la conscience de ses personnages, et leurs sens <

apparence = ils n'ont rien à se dire / réalité : la langueur, le désir

* Ironie là encore avec la question rhétorique qui ouvre le §, question

négative qui vaut pour une affirmation.

. b) Une empathie ironique

— Discordance entre certaine trivialité du réel que suggère contexte, et

certaine emphase de l’expression, attribuable à perception et expression

des pers., assumé alors par discours narratif.

* 25, le mot "ondes", qui appartient au registre noble, décalé ici dans la

description d'une rivière normande (ms pluriel ≠ singulier : omniscience

microscopique).

* 54-6 : registre lyrique, abstrait, spiritualiste, noble. Alors qu'il s'agit

seulement du désir (cf. langueur 53-4), on parle de l'âme.

. c) Le style indirect libre

— seconde partie du §5; l.59-fin = présence de l'énonciation narrative

autant que de la voix du personnage, mélange des voix < le rêve est

bien celui de Emma, mais l'expression de ce rêve appartient au

narrateur qui marque une distance ironique (> mauvais goût).

* Clichés, syntagmes figés : "rivages des tropiques", "mollesses

natales", "brise parfumée".

Page 52: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

52

* Verbes au présent : galité mais renforce l'effet d'hypotypose créé déjà

par l'accumulation des sèmes concordants (dénotation et connoration >

saturation) et la forte caractérisation par les adjectifs.

— Lieux communs que dénonce la présence redoublée du pronom indéfini

final "on" : la voix du "on", c'est la voix de l'impersonnel.

— Esthétisation = porte sur "bonheurs futurs", c'est-à-dire de ce qui n'est

pas, et qui empêche de voir ce qui est : représentation d’une aliénation

(romantisme bourgeois).

+ Représentation d’une subjectivité permet la construction d’une critique = portée éthique

ms aussi dramatique et métapoétique.

—III . Le piège artiste de l’imagination lyrique

+ 1> Le néant latent d’un monde

. Dissection implacable d’une réalité aussi morbide que la subjectivité qui prétend

l’enchanter.

. a) L’informe et le vide

— Absence de forme, de capacité à la volonté et décision = une

caractéristique du bovarysme >

* Élection du liquide et des formes ondoyantes des herbes.

* > dérive onirique finale, qui refuse toute limite : cf. 63-4 = horizon

non aperçu

— Quasi absence ou vacuité des propos rapportés : cf. 45 sq.

* Verbe introducteur du discours indirect chargé plutôt d'une

connotation dépréciative : "ils causaient". On n'attend pas ce verbe dans

un contexte amoureux, mais plutôt entre amis.

* Nullité du DD : parallélisme ironique dans sa platitude : "demanda-t-

elle", "répondit-il" < habituellement, ce que le narrateur prend la peine

de citer est d'importance, le reste passant au style indirect. Ici, c'est

exactement l'inverse.

* Exemple d’aveuglement : = se marque déjà la dépendance de la jeune

femme par rapport à Léon : c'est elle qui l'interroge, et lui ne répond

qu'évasivement.

Page 53: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

53

. b) Nombreux sèmes négatifs, dysphoriques dans la description

— L'été n'est pas glorieux : cohérence des notations incline en particulier à

déceler une nature vieillie, qui semble plus hivernale qu'estivale, stérile,

cf.

* eau froide 18, saules ébranchés 26, écorce grise 27, fleurs flétries 41 =

adjectifs a priori classifiants, mais qui en contexte deviennent non-

classifiants, c'est-à-dire porteurs de la subjectivité énonciative.

— Stérilité mais aussi abandon :

* 20 : "des chevelures vertes abandonnées", 28 : "la prairie semblait

vide"

. c) Rythme et focalisation

— Décalage entre conscience du pers. (+) et expression par narration (—) :

cf. cadence de la phrase (valeur rhétorique trad.) / ce qui s’y dit.

* Cadence mineure accompagne passage du soleil (connotation

euphorique) à la vieillesse et au vide (connotation dysphorique) : 24-28

[ternaire globalement mineur, avec surtout découpage de plus en plus

serré]

* Déploiement majeur 28-34 (alors que sensation = conséquence vide et

silence), avec protase obj « C’était » > apodose subj. « la jne femme et

con compagnon » : esthétisation (voire esthétique) comme enfermement

en soi.

+ 2> L’enfermement de l’œuvre

. a) Construction du texte

— Ouverture et fermeture sur mise en relation des personnages >

discordance entre prosaïsme et rêverie = condamne par avance le rêve

d'Emma et annonce ses déceptions sentimentales puis la catastrophe

finale de sa vie.

* Cf. opposition systématique : détails proches / vastitude lointaine,

concret : abstrait.

* Clôture géométrique par ligne : « horizon » non aperçu fin = « collet

de velours noir » db.

. b) Symbolique du décor

Page 54: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

54

— Lieu de la promenade et du regard = ligne (≠ espace, parcours comme

franchissement) : plus précisément entre rivière et « murs des jardins »

(15, 35 : amorce des deux § descriptifs) [au-delà rivière 27 = prairie

vide] >

* Cantonné à réduction de la nature aux petites proportions de la

culture : parcours longe murs des jardins comme désir pris ds structure

sociale.

* 35-6 : le verre pilé sur les murs des jardins marque la réprobation

sociale de l'amour adultère.

— Enfermement spatial est pê aussi tprel avec élts d’amorce :

* herbes sont "comme des chevelures vertes" 20 = aspect inquiétant

d'une femme noyée (cf. Ophélie : aime H or fille de Polonius = folie et

se noie quand Hamlet tue le tue).

* « poussière jaune » 40 > arsenic final ?

. c) Une mise en abîme ?

— Élts et sens de cet enfermement < élaboration esthétique du roman

(construction thématique, symbolique, spatiale, temporelle + jeu de

focalisation et de voix) : cet enfermement = trace même du travail

d’écriture de Fb..

— > forme de suicide esthétique de l’œuvre qui par sa rigueur même

entrave toute grandeur et défait toute beauté : roman qui est son propre

horizon, comme jardin muré qui laisse couler rivière du grand et du

beau hors d’elle comme illusoire (≠ Pst. qui par relation ds le temps

inclut l’infini « ds les anneaux d’un beau style »).

* Malgré concrétude (minutie) de la description : jouissance esthétique

= abstraite, de compréhension absolue (> Balzac de la désillusion).

Page 55: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

55

FLAUBERT

Madame Bovary (1857)

— Problématique :

Singularité du réalisme flaubertien dans ce passage à dominante descriptive : entre impressionnisme

et détachement critique. Faire voir ou penser le réel ?

— I Un fragment de récit réaliste

+ 1) Le rythme narratif . a> Variation des temps . b> Rythme des actes

+ 2) La construction du visible . a> Construction d’un espace . b> Travail lexical . c> Travail du sensible + 3 ) Prosaïsme . a> Des personnages à courte vue . b> La tradition d’un genre bas

— II Un impressionnisme perspectiviste

+ 1 ) Suggestion d’une conscience . a> Mise en place d’une perception . b> Fonction symbolique . c> Des rythmes suggestifs

+ 2 ) Un regard sur une voix . a> Omniscience et analyse . b> Une empathie ironique . c> Le style indirect libre

—III . Le piège artiste de l’imagination lyrique

+ 1) Le néant latent d’un monde . a> L’informe et le vide

. b> Nombreux sèmes négatifs, dysphoriques dans la description . c> Rythme et focalisation + 2) L’enfermement de l’œuvre . a> Construction du texte . b> Symbolique du décor . c> Une mise en abîme ?

— Conclusion

La précision même de la vision construite par Flaubert contribue, sans discours mais depuis les

détails descriptifs jusqu’au travail du point de vue et des voix, à tramer une critique systématique de tout

emportement lyrique bourgeois.

Page 56: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

56

CLAUDE SIMON Histoire (1967)

— Introduction + Groupe du nouveau roman : remise en cause des données traditionnelles du romanesque

(roman dit « balzacien » : psychologie constituée, postulat réaliste [réalité donnée dont le

langage permettrait une explication]) — ms unit » du groupe pbmatique, cf. :

. M. Duras : antérieure (Un barrage contre le pacifique, 1950) et pas ds groupe à

proprement parler ms considérée comme proche par eux < exploration de la conscience et de

ses franges + mise à plat de la description (rétention de l’interprétation).

. Butor = exploration transversale aux genres hérités (lui-même écrit aussi de la poésie)

. Cf. Robbe-Grillet : Pour un nouveau roman 1963; N. Sarraute : L’Ère du soupçon

1956

. Simon = plutôt du côté d’un travail de la subjectivité, avec éléments historiques et

autobiographiques : trad. Proust, Joyce, Faulkner [Dostoïevski] (cf. N. Sarraute, Tropismes

1938-1957, Enfance 1983) / volonté d’objectivisme chez Robbe-Grillet (Les Gommes 1953,

Le Voyeur 1955)

— Route des Flandres 1960= remémoration vers première guerre

mondiale > Histoire = vers guerre d’Espagne (exploration romanesque

du passé personnel et familial > cf. l’Acacia 198…) [Nobel 1985].

+ Pbmatique < texte = incipit:

. Mise en évidence recherche d’une construction spécifique du sens et du roman

— cf. notamment : réserve dramatique ds description symbolique (Bzc)

. Ici : rôle max de la sensation et des ressources du langage (de la langue et de la

rhétorique) > voir construction de la fiction (agencement d’un réft et base d’une intrigue) àp

de la description.

— I. Élusive réalité + 1> Un arbres : ramures et ramification

. a) Analytique de l’arbre

Page 57: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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. b) Cohésion sémantique et déictique

+ 2> Degrés de réalité

. a) Une saisie de l’indistinct

. b) La captation analogique

— II. Glissements du temps

+ 1> Imperfectif intemporel

. a) Empans de l’imparfait

. b) Éternel présent du participe

+ 2> Vie et morts mêlées

. a) Le basculement rétrospectif

Page 58: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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. b) Rémanences spectrales

— III. Apparition d’une voix + 1> Une narration spéculative ?

. a) Une présence personnelle (déixis, présupposition, famille)

. b) Généalogie littéraire

+ 2> La parole du jugement

. a) Éléments d’une humeur

. b) L’apothéose du verbe (jeux de mots + dispositif global pour une matière verbal, cf.

VL)

Page 59: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

59

CLAUDE SIMON Histoire (1967)

— Problématique :

Comment l’écriture procède-t-elle, dans cet incipit descriptif d’un « nouveau roman », à la mise en

place du sens et du récit ?

— I. Élusive réalité

+ 1) Un arbres : ramures et ramification

. a> Analytique de l’arbre

. b> Cohésion sémantique et déictique

+ 2) Degrés de réalité

. a> Une saisie de l’indistinct

. b> La captation analogique

— II. Glissements du temps

+ 1) Imperfectif intemporel

. a> Empans de l’imparfait

. b> Éternel présent du participe

+ 2) Vie et mort mêlées

. a> Le basculement rétrospectif

. b> Rémanences spectrales

— III. Apparition d’une voix

+ 1) Une narration spéculative ?

. a> Une présence personnelle

. b> Généalogie littéraire

+ 2) La parole du jugement

. a> Éléments d’une humeur

. b> L’apothéose du verbe

— Conclusion

La mise en place d’un univers romanesque, à partir de la description, se fait en un espace où se

déploie d’emblée un processus, de la perception à la mémoire, mais aussi par la mise en scène du langage,

entre suivi des sensations et réécriture des traditions.

Page 60: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

60

ARAGON Aurélien (1944)

Chapitre XXII

Ancien combattant de 1914-1918, Aurélien, âgé d’une trentaine d’années, erre dans le Paris de l’après-guerre. Un vers de Racine le hante, à l’image de sa vie : « Je demeurai longtemps errant dans Césarée ». Il habite seul, dans son appartement sur l’île de la Cité, et s’avoue peu à peu être tombé amoureux d’une Bérénice rencontrée chez des amis. Sans préciser l’identité de la personne concernée, il avoue ce sentiment à sa sœur Amandine, en visite, et qui l’accable de questions sur son refus de se marier : « Je ne me marierai pas […] parce que je suis amoureux. » Elle prend pour une représentation de cette femme mystérieuse le masque moulé sur un visage que l’on apprendra plus tard être celui d’une noyée, « l’Inconnue de la Seine ».

— Introduction

+ Parcours de Louis Aragon (1897-1982) :

. Histoire familiale complexe (> identité problématique : fils naturel d’un homme

politique marié > sa mère se fait passer pour sa sœur, sa gd-mère pour sa mère mère

adoptive) > ; étude de médecine où rencontre A. Breton + exp. de la guerre (1917 : rencontre

Breton comme médecin aux armées) :

. > dadaïste puis un des fondateurs du mvt. surR (revue Littérature 1919-24) : Feu de

joie 1920, Le Paysan de Paris 1929.

. Éloignement (institutionnel) / surR < engagement communiste : 1926 = rencontre

Elsa Triolet > mettre son œuvre au service de la Révolution : poésie militante (Hourra l’Oural

1934) et cycle romanesque du Monde réel (àp 1934 > tV en 6 volumes = Les Communistes ;

Aurélien = t. IV) [écrit Pour un réalisme socialiste 1935 <doctrine officielle URSS 1934> :

mais l’inscrit ds tradition critique de Stendh. ; cf. notion de Engels : « type », « tendance »,

« héros positif »] > engagement ds Résistance avec poésie chant d’une même voix femme

aimée (Elsa) et France : La Diane française 1944.

. Personnage institutionnel important après guerre : dirige Lettres françaises, membre

important du PCF > de plus en plus grande liberté formelle voire morale, en particulier ds

travail de croisement générique entre poésie et roman + affichages des amours homosexuels

après mort Elsa 1970 :

— poésie Le Roman inachevé 1956.

Page 61: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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— Travail formel / roman : Blanche ou l’oubli, 1967.

+ Aurélien à comprendre ds contexte de l’écriture romanesque :

. Critique surR du roman : Breton in Nadja 1924 = néant de la description, intrigue

conventionnelle > « livres battants comme une porte » / vie, « beauté convulsive ».

. / réalisation de sommes romanesques (Thibault) : devenir du réalisme romanesque

19e (Balzac, Zola) > écriture de forme romanesque cyclique (retour des personnages : cf.

Monde réel) = « roman fleuve » comme forme majeure ce l’entre-deux guerres [largement :

écriture / 1e GM].

— Jules Romains : Les Hommes de bonne volonté, 1932-46.

— Roger Martin du Gard : Les Thibault 1922-1940

— Proust et Recherche du temps perdu 1922-27 = pendant introspectif de

ces sommes s’emparant d’une époque en créant de la durée (tvl. /

représentation de la subj. : Stendh, Fbert).

. Romans montrant confrontation de l’individu à l’histoire et posant question de

l’action / cette histoire.

— Témoignages : Henri Barbusse, Le Feu 1916

— Tragédie grimaçante : Céline et Voyage au bout de la nuit 1932

— Vérité d’une génération : cf. Gilles de Drieu la Rochelle, 1939 :

désorientation d’une génération > attirance / fascisme.

— Ambition héroïque > cf. romans de Malraux : La Voie royale 1930, La

Condition humaine (Goncourt 1933), L’espoir (1937).

+ Pbmatique spécifique de l’extrait à étudier.

. Sc. de dialogue et de méditation, ds roman historique (clé possibles : entre auto-bio et

Drieu) centré sur histoire d’amour impossible.

. > pbmatique = modalités d’une mise en scène critique de l’ambition lyrique pure

(écriture de la subj.) comme de l’ambition d’un réalisme engagé (écriture de l’histoire).

— I. Un dialogue syncopé + Chantre — certes critique — du réalisme socialiste met en scène, pour caractériser un

moment historique, héros qui semble coupé du monde extérieur : retrait plutôt

qu’engagement.

+ 1> Une gradation : des actes aux pensées

Page 62: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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. a) Le réel en suspens (inter / ext., composition, sc / sommaire, ellipse)

. b) Des repères narratifs incertains (p. simples)

+ 2> Les degrés du discours

. a) Discours direct (V de parole divers)

. b) Discours indirects (cas limites)

+ 3> Les statuts des mots

. a) Présence des mots (désignation)

. b) Échos de paroles (effet)

+ Réalité semble être avant tout celle d’une représentation > intériorisation de l’analyse

laisse sur un vertige : trouble des relations intersub. + abîme du symbolique.

— II. Une âme en abîme + 1> Les éléments d’une analyse

. a) Focalisation

. b) Fil psychologique (lex.)

+ 2> Le masque et ses entours

. a) Masque et visage

Page 63: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

63

. b) Persona (merveille et amour fou surR revisités : momifiés)

+ 3> L’âme aux reflets

. a) Dualités [question du regard, répétition]

. b) Vacuités

Page 64: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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ARAGON

Aurélien (1944)

— I. Un dialogue syncopé + 1> Une gradation : des actes aux pensées

. a) Le réel en suspens

. b) Des repères narratifs incertains

+ 2> Les degrés du discours

. a) Direct

. b) Indirect

+ 3> Les statuts des mots

. a) Présence des mots

. b) Échos de paroles

— II. Une âme en abîme + 1> Les éléments d’une analyse

. a) Focalisation

. b) Fil psychologique

+ 2> Le masque et ses entours

. a) Masque et visage

. b) Persona

+ 3> L’âme aux reflets

. a) Dualités

. b) Vacuités

Page 65: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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DIDEROT Le Neveu de Rameau (1762-1779)

Le philosophe (« Moi ») rencontre au café de la Régence le neveu du célèbre

compositeur Jean-Philippe Rameau. Musicien raté, quant à lui, mais touche à tout de génie, parasite cynique et passionné, ce personnage (« Lui ») fait une satire lucide de la société dans laquelle il tente de vivre. Il expose ses pensées et ses tourments, à grand renfort de pantomimes expressives. Il vient de rapporter, pour justifier son échec, celui d’un arriviste qui, malgré ses soutiens haut placés, n’a pu entrer à l’Académie.

— Intro. : Diderot et le récit. + Singularité ds pratique narrative de Diderot : préférence pour le dialogue ; même romans

(malgré Religieuses 1760) sont essentiellement dialogués : cf. Jacques le fataliste 1773.

. S’inscrit ds goût d’une époque + exigence de la philosophie des Lumières : Régence

et goût de la variété, héritier de la morale classique de l’honnêteté

— > caractère mondain de l’écriture philosophique, visant efficacité

sociale : cf. Dictionnaire philosophique de Volt., 1764 = portatif /

Encyclopédie 1750-70).

— Pensée souvent empiriste, à fondement matérialiste > valeur de la

polyphonie : roman par lettres et dialogues (philosophiques — Volt.,

Rousseau — ou moins : Crébillon, Sade…).

+ Une pensée inquiète : matérialisme et vitalisme

. Matérialisme > déterminisme : cf. Jacques le fataliste — mais arguments et

raisonnements risibles.

. Matière = réalité continue, de l’inerte au sensible, liée à un principe gal

d’organisation (Rêve de d’Alembert 1769).

. > attitude scientifique ds la recherche d’une connaissance du monde, mais relative

aporie morale : thèse = plaisir de faire le bien + constat du mal…

+ Une poétique problématique :

. Penseur du « génie » comme don de la nature : cf. « le génie est un pur don de la

nature » + « La poésie veut qqch d’énorme, de barbare et de sauvage. »

. Penseur du « Paradoxe sur le comédien » = bon acteur ≠ « sincère », mais qui produit

consciemment les émotions dont il a analysé les manifestations physiques

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+ Pbmatique : Portait d’un artiste raté = occasion d’une réflexion sur la création. En quoi la

forme dialogique permet-elle spécifiquement le travail d’une pensée philosophique par le

roman, entre force de la nature et nécessité de la pantomime ?

. Plan : Portrait > pbmatisation par le dialogue > = philosophique : quelle vérité de la

création (de l’art) ?

— I. Un portrait en mouvement

+ 1> L’homme en acte

. a) Action

. b) Actualité (tps, déixis-indéf. ; rythme ?)

+ 2> L’homme relatif

. a) Famille

. b) Société

— II. Le dialogue : un petit théâtre narratif

+ 1> Un théâtre universel

. a) Mises en scènes

. b) Scènes en abyme

Page 67: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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+ 2> Une voix multiple

. a) Narrateurs

. b) Monde

— III. Poésie et vérité

+ 1> Pantomime

. a) Vérité du corps ? (besoin, geste, hérédité)

. b) Chasse à l’esprit

+ 2> Philosophies ?

. a) Incarnation du vrai (itératif, symbolisation, transcription)

. b) Rythme de la pensée (contradictions [ds propos NdR, entre ce que fait et dit, Lui et

Moi], multiplicité, dynamique sérielle : parataxe et psdie en f+r).

Page 68: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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DIDEROT Le Neveu de Rameau (1762-1779)

— I. Un portrait en mouvement

+ 1> L’homme en acte

. a) Action

. b) Actualité

+ 2> L’homme relatif

. a) Famille

. b) Société

— II. Le dialogue : un petit théâtre narratif

+ 1> Un théâtre universel

. a) Mises en scènes

. b) Scènes en abyme

+ 2> Une voix multiple

. a) Narrateurs locuteurs

. b) Voix du monde

— III. Poésie et vérité

+ 1> Pantomime

. a) Vérité du corps ?

. b) Chasse à l’esprit

+ 2> Philosophies ?

. a) Incarnations du vrai

. b) Rythmes de la pensée

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LOUIS-FERDINAND CÉLINE Voyage au bout de la nui (1932)

Au cours d’une permission, blessé, le soldat Ferdinand Bardamu est décoré de la première médaille militaire vue à Paris, ce qui lui vaut un certain succès. Au foyer de l’Opéra-Comique, il rencontre Lola, une jeune infirmière américaine. Ils ont une liaison, et se promènent souvent au Bois de Boulogne. Cette fois, ils passent par l’hippodrome de Lonchamp, désert.

— Introduction

+ Ds représentation du peuple, fin 19e pê partagé entre trad. d’empathie lyrique issue des

romantique (Hugo, Michelet, Le Peuple 1846) et distance artiste des auteurs grandis ds fin de

l’espoir révolutionnaire, sous Restauration et MJ > œuvres ds années 50 : cf. Flaubert, ES

1869 = « Les héros ne sentent pas bon » / 1848. [CAPTATIO]

. Dans Germinal de Zola (1885), ce type d’attitude (cf. phrase de Négrel) =

contrepoint / tableau d’un soulèvement populaire légitime : mineurs affamés par la Cie se

soulèvent contre ceux qui les oppriment, échappant à l’organisation que tente de mettre en

place Étienne Lantier (fils de Gervaise Macquart > conscience sociale : cf. Manifeste du PC

Marx février 1848 + 1864 fondation de la 1e internationale). [SUJET]

+ [PBMATIQUE] Naturalisme peu à peu constitué en doctrine (1880 : Le Roman

expérimental + Soirées de Médan [Maupassant, Huysmans] : très marqué par les Goncourt

(1864, Germinie Lacerteux = élaboration d’une écriture pour dire réalité encore inexplorée par

littérature : basses classes, névroses), le théorise comme pratique expérimentale permettant de

vérifier théorie scientifique (déterminisme : du milieu et de l’hérédité [Taine, Berrnard, Dr

Lucas]) + engagement républicain.

. Entre empathie et distance, quel sens l’écriture naturaliste donne-t-elle ici à la

représentation du peuple ?

+ > [PLAN]

. Sens par métamorphose de l’apparence = écriture d’une fresque

. Importance du paradigme naturel = mise en évidence de forces obscures

. > lecture politique de l’histoire à travers description en mvt. = apparition de l’histoire

Page 70: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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LOUIS-FERDINAND CÉLINE Voyage au bout de la nuit (1932)

— Problématique :

Quelle écriture de l’histoire, dans un passage relatant un scène qui se déroule à l’arrière du front ?

— I. Une dérive

+ 1> Une ambiance de déluge

. a) Le poids des éléments

. b) L’emportement du tout

+ 2> Une errance picaresque

. a) Stations au passé simple

. b) Confusion des temps

— II. Écrire peuple

+ 1> L’univers des petits

. a) Proximité des humbles

. b) Caractérisations récurrentes

+ 2> Chahuter la langue

. a) Registre populaire

. b) L’ordre de l’émotion

— III. Représenter l’histoire

+ 1> Le grand carnaval de la guerre

. a) Une angoissante mise en abyme

. b) Entre le vide et le sang

+ 2> La phrase, pathos de masse

. a) Répétitions, vaines variations

. b) Les vertiges de l’anonyme

— Conclusion :

Écrire l’histoire non par l’événement, mais par une transmutation qualitative de la perception, de la

langue pour la dire, et du degré de réalité même qui s’exprime.

Page 71: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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QUENEAU Loin de Rueil (1944)

— Introduction

+ Attaque :

Avec les Rougon-Macquart, Zola conçut l’Histoire naturelle d’une famille sous le

second empire — chacune des notions proposée (histoire et nature, science, famille) est peu à

peu remise en cause par le roman ds 1ère moitié du 20e siècle : permanence de la tradition

naturaliste au 20e siècle, avec critique croissante de ses ambitions.

Fresque réaliste de l’histoire contemporaine : cf. > Jules Romain, Hommes de bonne

volonté (1932-46 : 1908-1933) + Aragon et 5 tomes du Monde réel (1934-1945 : Aurélien >

Les Communistes 1951 : vers engagement) [tvl. du langage chez Céline 32 + populistes 29] //

subjectivation de l’écriture romanesque (1913 Grand Meaulnes de Fournier, Swann de Proust)

+ remise en cause plus ironique et théorique : analyses et critique des conventions

romanesques (Gide Caves de Vatican 1914 > Faux monnayeurs 1925 + Breton, Nadja 1924

[> Vian Écume des jours 1947)]

+ Analyse :

. Queneau : posture théorique (études maths), et critique / littérature < proximité

passagère / surR > 29, appartenance au collège de pataphysique (< Jarry) > OuLiPo 1960

(avec Fr. Le Lionnais) > rapport distanciés aux genres, ds travail érudit sur traditions (et

faveur des avant-gardes : cf. proximité avec Perec La Disparition 1969, La Vie mode d’emploi

1978).

. Le texte : incipit de roman réaliste, et même naturaliste = ce que les avant-gardes

n’ont cessé de critiqué + pbmatique pour Queneau, qui accorde (entre poésie et tvl sur langage

parlé : Zazie) primauté au matériau linguistique >

+Pbmatique : montrer recréation critique des traditions romanesques.

Page 72: PROGRAMME 1 Commentaire composé : le roman 1. Zola ...

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QUENEAU

Loin de Rueil (1944)

— Problématique : Quelle recréation critique des traditions romanesques ?

— I. Un réalisme carnavalesque

+ 1) Le bas matériel

. a> Ordure et nature

. b> Matières sociales

+ 2) Une société des corps

. a> Une immersion sensible

. b> Logique des appétits

— II. Un théâtre des discours

+ 1) Des discours très indirectes et très libres

. a> Comment rapporter ?

. b> Une inflexion populaire

+ 2) Une conscience éparse et feuilletée

. a> Trouver une langue

. b> Chercher un point de vue

— III. Un roman de l’art

+ 1) Représentation d’un artiste

. a> Une aristocratie ?

. b> Un fatras

+ 2) Représentation d’un roman

. a> Une satire du naturalisme

. b> Roman de formation comique

— Conclusion : Un roman au second degré, où la représentation problématise toute

immédiateté, mais pose les élément d’une réflexion sur les rapports d’implication nécessaire

entre littérature et société.