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PHARMACOLOGIE GENERALE,
ELEMENTS DE BASE
Prof. D. BOUSTA
Module de physiopathologie et pharmacologie
Licence SVI S6
Année 2017/2018
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Table des matières
Chapitre 1 : Quelques définitions……………………………………………………
- Pharmacologie ………………………………………………………………….
- Définition du médicament ……………………………………………………..
- Catégories de médicaments …………………………………………………….
- Dénominations des médicaments ………………………………………………
- Pharmacodynamie ……………………………………………………………..
- Pharmacocinétique ……………………………………………………………..
- Index thérapeutique…………………………………………………………
- Marge de sécurité
Chapitre 2 : Effet du médicament …………………………………………………
2.1.Variation de l’effet répété du médicament……………………………………….
2.2 Types de récepteurs ………………………………………………………………
2.3 Approche expérimentale fonctionnelle : courbe dose-réponse……………………
2.4 Ligands du récepteur………………………………………………………………
2.5 Quantification de la liaison ligand-récepteur………………………………………
Chapitre 3 : Système nerveux autonome……………………………………………
I. Structure, rôle physiologique……………………………………………………….
2. Récepteurs adrénergiques, ………………………………………………………….
3.Récepteurs cholinergiques……………………………………………………………
4.Parasympathomimétiques……………………………………………………………
5. Autres médicaments ayant des effets Anticholinergiques…………………………..
Chapitre 4 : Quelques exemples de médicaments du système nerveux central et
périphérique
I. Principaux antidépresseurs………………………………………………………
I.1 Qu’est ce que la dépression……………………………………………………….
I.2 Classification des dépressions…………………………………………………….
I.3 Traitement ………………………………………………………………..............
I.3.1 Pharmacologie des antidépresseurs…………………………………………….
I.3.1.1 Tricycliques ou imipraminiques……………................................................
I.3.1.2 IMAO………………………………………………………………………
I.3.1.3 Inhibiteurs sélectifs de la capture de la sérotonine (IRS)………………….
I.3.1.4 Inhibiteurs sélectifs de capture de la sérotonine et de la noradrénaline
(IRSN)………………………………………………………………………………….
I.4 Effets thérapeutiques et indications des antidépresseurs……....................................
I.4.1- Effet antidépresseur……………………………………………………………..
I.4.2- Effets sédatifs ou stimulants…………………………………………….………
II. Principaux anxiolytiques…………………………………………………………..
II.1 Qu’est ce que l’anxiété……………………………………………………………..
II.2 Types de troubles anxieux………………………………………………………
II.3 Traitement des différents types d'anxiétés………………………………………….
II.3.1 Indications Cliniques……………………………………………………………..
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II.3.2 Contre-Indications ………………………………………………………………
II.3.3 Interactions Médicamenteuses ………………………………………………….
III. Antalgiques centraux ou opioïdes
III.1 Nocicepteurs ………………………………………………………………….
III-2.Régulation physiologique de la douleur………………………………………….
III-3. Echelle thérapeutique de l’O.M.S pour le traitement des douleurs par excès de
nociception……………………………………………………………………………..
III-4. Mécanisme d’action du Tramadol (pallier II ou niveau II)………………………
III-5. Mécanisme d’action de la morphine (pallier I ou niveau I)………………………
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Chapitre 1 : quelques définitions
- Pharmacologie :
La pharmacologie est la science du médicament visant à leur mise au point
(développement), à l'élucidation de leur mécanisme d'action, à la définition de leurs
conditions d'utilisation ainsi qu'à l'évaluation tant de leur efficacité (essais cliniques)
que de leur sécurité (pharmacovigilance).
- Définition du médicament :
Toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives
ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit
pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic
médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.
- Catégories de médicaments :
Produits officinaux : On désigne sous ce terme les médicaments que
les pharmaciens doivent détenir dans leur officine, et dont les
caractéristiques sont décrites dans un livre qui a de force de loi, la
pharmacopée. Ils comprennent : des drogues : tells qu’elles ont été
définies (ex opium officinal).
Les produits chimiques purs : (ex Codéine, morphine….).
Préparations magistrales :
Il s’agit de médicaments destinés à un seul malade dont la composition est indiquée
par le médecin et qui sont préparés extemporanément par le pharmacien.
Spécialités pharmaceutiques :
On entend par spécialité pharmaceutique tout médicament préparé à l’avance,
présenté sous un conditionnement particulier et caractérisé par une dénomination
spéciale. Chaque spécialité reçoit une autorisation de mise sur le marché délivrée par
le ministre de la santé.
- Dénominations des médicaments :
Dénomination scientifique: pour les substances chimiques définies, elle doit
suivre les règles de nomenclature fixées par l’union Internationale de Chimie Pure et
appliquée, mais elle est en général trop compliquée pour être utilisable par les
médecins.
Dénomination commerciale: il s’agit de noms faisant l’objet de marque
déposée, propriétés de personnes ou de sociétés et correspondant soit à un principe
unique soit à un mélange.
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Dénomination commune Internationale: afin de pallier les inconvénients
respectifs présentés par les dénominations scientifiques et par les dénominations
commerciales, on a tenté d’attribuer à chaque principe actif utilisé en thérapeutique,
un nom simple et utilisable de tous pays.
- Pharmacodynamie :
La pharmacodynamie est la science des techniques d’étude des médicaments.
L’ethnopharmacologie c’est une discipline qui a pour finalité :
- le recensement et la compréhension des pratiques et représentations relatives à la
santé et à la maladie.
- L’évaluation de l’efficacité thérapeutique des remèdes traditionnels.
- Pharmacocinétique :
La pharmacocinétique a pour but d'étudier le devenir d'un principe actif contenu
dans un médicament dans l'organisme. Elle comprend 4 phases, se déroulant
simultanément :
L’absorption - la distribution - le métabolisme et l'élimination du principe actif.
La détermination des paramètres pharmacocinétiques d'un principe actif apporte les
informations qui permettent de choisir les voies d'administration et d'adapter les
posologies pour son utilisation future.
-Index thérapeutique
C'est un index qui permet de comparer les substances entre elles au niveau de
leurs effets thérapeutiques et toxiques
(Index thérapeutique (IT):
Dose toxique 50 / Dose effective 50 Pour que ce rapport soit pertinent, il faut que les courbes de toxicité et les courbes
d’efficacité soient parallèles. Cette notion d’IT est cependant importante car plus l’IT
est élevé plus le médicament peut être prescrit avec sécurité.
En revanche, plus l’IT est faible plus le médicament sera difficile à utiliser (exemple:
la Digoxine).
-Marge de sécurité
Elle est définie comme le ratio de la dose requise pour causer une toxicité chez
un pourcentage très faible d’individus (DT1) à la dose requise pour améliorer
un état (comme par exemple: le mal de tête) dans une proportion très large de
sujets (DE99) :
Marge de sécurité :
Dose toxique 1% / Dose effective 99%
Plus la valeur de la marge de sécurité est grande, plus la différence entre DT50
et DE50 est grande, et moins importants sont les risques de toxicité.
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Chapitre 2 : Effet du médicament
L’effet d’un médicament est lié à l’interaction du médicament avec son site d’action,
qui est généralement un récepteur mais qui peut aussi être une enzyme, une protéine
de transport, un canal ionique ou un élément non encore identifié. L’interaction entre
le médicament et son site d’action implique une reconnaissance mutuelle des 2
protagonistes, le médicament doit avoir une certaine affinité pour son site d’action.
L’interaction du médicament avec son site d’action va entraîner, via des mécanismes
de signalisation intracellulaire, un effet pharmacologique quantifiable au niveau de la
cellule, d’un organe isolé (ex : contraction d’artère isolée, …) ou de l’organisme
entier (ex : augmentation de la pression artérielle).
Cet effet pharmacologique est suivi généralement d’un effet thérapeutique. Il est
important de bien dissocier l’effet pharmacologique de l’effet thérapeutique. Par
exemple, par définition, les antiagrégants plaquettaires ont, in vitro, un effet
pharmacologique correspondant à l’inhibition de l’agrégation plaquettaire. L’effet
thérapeutique qui résulte de cet effet pharmacologique est de diminuer le risque de
thrombose et d’embolie artérielle.
La mise en évidence de l’effet thérapeutique est du ressort de la pharmacologie
clinique (les essais cliniques).
En effet, l’effet pharmacologique est la conséquence immédiate de l’interaction entre
un ligand et son récepteur. Cette action est délimitée au niveau de la cellule et est
constituée de cascades biochimiques plus ou moins complexes incluant la
transduction du signal et la signalisation intracellulaire.
• Transduction : mécanisme de genèse d’un second messager intracellulaire à
partir d’un ligand extracellulaire. Action délimitée au niveau de la membrane
cytoplasmique.
– exemples: certains neuromédiateurs et hormones produisent comme
second messagers intracellulaires (AMPc, IP3, Ca2+
…).
• Signalisation intracellulaire : étapes biochimiques intracellulaires comprises
entre le second messager et l’effet biologique cellulaire.
•
Exemple de mécanisme d’action des médicaments :
Inhibition de l’HMG CoA reductase →Hypochol stérolémiants
Blocage de la cyclo-oxyge ase catabolisant l’acide
arachidonique
→ Anti-inflammatoires
Blocage du cycle d’oxydo-réduction de la vitamine K → Anticoagulants
Inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine → Anti-hypertense rs
Anti-mitotiques → Chimiothérapies
Inhibiteurs du recaptage de la sérotonine → Antidépresseurs
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2.1.Variation de l’effet répété du médicament
L'effet d'un M administré d'une manière répétée à la même dose et dans les mêmes
conditions peut rester inchangé, diminué ou augmenté.
Effet inchangé: (le cas le plus fréquent) L'effet du M reste identique lorsqu'il est
administré d'une façon répétée.
Effet diminué: Lorsque l'effet obtenu décroît progressivement au cours
d'administrations successives et rapprochées, on dit qu'il y a tachyphylaxie ou
désensibilisation des récepteurs.
C'est le cas par exemple de l'éphédrine qui libère les catécholamines
Lorsque l'effet obtenu décroît au cours d'une administration chronique, on parle de
tolérance, par exemple tolérance à la morphine chez le morphinomane qui utilise des
doses de plus en plus élevées pour compenser la perte de son efficacité.
Effet augmenté: Ce cas est assez exceptionnel et résulte en général de l'accumulation
progressive du médicament dans l'organisme en raison de l'inhibition de son
catabolisme ou d'une posologie excessive.
2.2 Types de récepteurs :
Récepteurs de type I : Récepteur ionique :
Ce type de récepteur est utilisé par les médiateurs synaptiques et il est situé au
niveau de la membrane cytoplasmique. Il est couplé directement à un canal
ionique.
Son Effet peut être une :
o dépolarisation : excitateur
o ou une hyper-polarisation : inhibiteur
Structure (Récepteur nicotinique) : 5 sous unités avec 4 domaines
transmembranaires
Récepteur nicotinique de l'ACH : excitateur (plaque motrice) (Na+)
Récepteur NMDA (Glutamate) : excitateur (SNC) (Ca++, Na+)
Récepteur GABAA : inhibiteur (SNC) (CL-)
Récepteur canal ionique
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• Récepteurs tétramériques activés par le glutamate
Exemple : récepteur N méthyl D aspartate (NMDA)
. Récepteurs pentamérique: Exemple de récepteur nicotinique
Récepteurs Type II : Récepteurs couplés au PG (métabotropes)
Ils sont couplés aux protéines G. Leur stimulation induit une interaction du récepteur
avec une protéine G, ce qui induit ensuite une production de second messagers
(AMPc, Ca++…).
C’est un type membranaire
Couplage indirect via une protéine G à un effecteur:
o Une enzyme (adényl-cyclase, phospholipase A2, C, D)
o Un canal ionique ( Ca++, K+ ou Na+)
Cet effecteur va également changer la concentration intracellulaire du second
messager (AMPc, Ca++, phosphoinositides et GMPc).
Échelle de temps : en seconde
Structure : 400 à 500 AA (7 DT)
Principaux récepteurs de type II:
Récepteurs adrénergiques : α 1, α 2, β2
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Récepteurs muscariniques de Ach: M 1, M 3
Récepteurs dopaminergiques : DA 1, DA 2
Structure:
Une seule chaîne polypeptidique à 7 domaines transmembranaire formant une
hélice
Protéine G : attachée au domaine cytoplasmique de la membrane
Récepteurs Type III : Récepteurs –enzymes (tyrosine kinase)
Membranaires
Couplage direct à l'enzyme: Tyrosine Kinase
Effet : phosphorylation directe des protéines
Echelle de temps : en minute
Structure : 400 – 700AA
Principaux récepteurs de type III:
Insuline (dimère)
Facteurs de croissance, oncogènes
Récepteurs Type IV : récepteurs nucléaires
Ex : récepteurs des hormones thyroïdiennes, des hormones stéroïdiennes
(glucocorticoides). Ils se fixent après activation par leur ligand sur l’ADN et induisent
des modifications de la transcription de certains facteurs, par exemple la stimulation
de la synthèse de protéines.
2.3 Approche expérimentale fonctionnelle : courbe dose-réponse
La courbe dose-réponse (ou dose-action, dose-effet) est une donnée de base en
pharmacologie : l’effet pharmacologique est mesuré pour des doses croissantes de la
substance à étudier.
La recherche de la relation dose-réponse d’une molécule est indispensable pour
obtenir une information quantitative sur l’importance de l’effet pharmacologique et
pour comparer entre elles différentes molécules.
L’effet pharmacologique est mesuré pour des doses croissantes de la substance à
étudier, cet effet pharmacologique peut être mesuré sur des modèles in vivo (chez
l’Homme ou chez l’animal) ou bien sur des organes isolés (modèles ex vivo, par
exemple mesure de la réponse contractile sur des artères isolées).
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• La courbe dose-réponse forme une courbe asymptotique qui peut être
transformée en une sigmoïde en utilisant des coordonnées semi-
logarithmiques.
• L’effet mesuré peut être exprimé en valeur absolue ou en pourcentage de
l’effet maximum.
• Transduction : mécanisme de genèse d’un second messager intracellulaire à
partir d’un ligand extracellulaire. Action délimitée au niveau de la membrane
cytoplasmique.
• exemples: certains neuromédiateurs et hormones produisent comme second
messagers intracellulaires (AMPc, IP3, Ca2+
…).
• Signalisation intracellulaire : étapes biochimiques intracellulaires comprises
entre le second messager et l’effet biologique cellulaire.
•
2.4 Ligands du récepteur
Un ligand lorsqu’il se fixe sur un récepteur peut l’activer (induction de l’effet) ou au
contraire le bloquer.
Lorsqu’il se fixe en le stimulant, on parle d’agoniste, lorsqu’il se fixe en le bloquant,
on parle d’antagoniste.
La fixation d’un ligand sur son récepteur est par définition saturable, puisque limitée
par le nombre des récepteurs sur lesquels il peut se fixer.
La fixation d’un agoniste sur un récepteur induit un effet spécifique de cette fixation.
L’étude de cette action comporte deux aspects : la fixation sur le récepteur d’une part
et l’induction de l’effet proprement dit d’autre part. L’interaction d’un ligand (et donc
d’un médicament) avec son récepteur peut donc s’analyser d’une part en terme de
caractéristiques de fixation sur le récepteur (relation ligand - récepteur) et d’autre part
en terme de relation dose-effet (ou concentration - effet).
Les ligands peuvent tenir deux rôles principaux:
Agonistes directs:
Ces substances se lient directement sur le récepteur.
- Agonistes: « La liaison au récepteur Action biologique »
Ex :morphine sur R µ opioïdes
Agonistes indirects:
Ces substances ne sont pas réellement des agonistes au sens strict. Mais cette
notion est très répandue. Elles n’ont pas d’action sur le récepteur, mais augmentent
l’activité d’un agoniste direct
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Dans la maladie d’Alzheimer on retrouve un déficit de la transmission d’Ach.
On utilise donc un Inhibiteur de l’Ach esterase (IAchE) comme la Rivastigmine
(Exelon®) pour augmenter cette transmission.
Agonistes partiels:
Ces agonistes partiels portent plusieurs noms selon les auteurs.
Agoniste partiel
Agoniste-Antagoniste
Antagoniste avec activité intrinsèque non nulle
Mais toujours le même concept et les mêmes conséquences.
Agonistes partiels:
A faible dose Miment les effets d’un agoniste entier mais avec une réponse plus
faible.
A forte dose Compétition ++ avec l’agoniste vrai entrainant une diminution de
l’effet normal.
Agonistes inverse:
Dernier type d’agoniste relativement rare. « Ligands produisant l’effet
inverse des agonistes classique »
Ex: β carboline sur récepteur gaba des benzodiazepines.
Ex: Produit un effet cellulaire donc n’EST PAS un antagoniste
Antagoniste :
NA
Effet chronotrope +++ Effet chronotrope +
Pindolol
0< α < 1
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Substance qui se lie à un récepteur spécifique sans provoquer d’effet mais qui peut
ainsi bloquer l’action du médiateur endogène en s’opposant à la liaison du médiateur à
son récepteur.
Deux types d’antagonistes sont décrits :
les antagonistes compétitifs se lient sur le même site que le médiateur endogène et les
antagonistes non compétitifs, l’antagoniste se lie à un autre site du récepteur.
Fixation du ligand sur le récepteur
Antagonisme compétitif et non compétitif
Agoniste inverse :
Un agoniste inverse se lie au récepteur : il s’oppose aux effets de l’agoniste et en plus
provoque une réponse cellulaire propre du récepteur. Ce concept est un concept récent
vérifié pour certains ligands des récepteurs GABA-A et pour certains récepteurs
couplés aux protéines G. L’agoniste inverse stabilise le récepteur dans une
conformation différente de sa conformation constitutive. L’agoniste inverse ou
antagoniste négatif s’oppose aux effets de l’agoniste et induit une réponse propre du
récepteur alors que l’antagoniste s’oppose aux effets de l’agoniste sans provoquer
d’effet propre.
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2.5 Quantification de la liaison ligand-récepteur
La relation entre la concentration du ligand (ligand endogène ou médicament) et
l'effet décrit une courbe hyperbolique. Souvent, l'intensité de l'effet est représentée en
fonction du logarithme décimal de la concentration donnant une courbe sigmoïde.
-Notion de l’affinité
L'affinité d'un médicament pour son récepteur est caractérisée par sa constante
d'affinité : Ke = 1/ KA
L'affinité mesure l'attractivité du ligand pour son récepteur
-Notion de la Puissance
La notion de puissance s'appuie sur celle de l'affinité
Plus l'affinité d'un agoniste pour un Rc est grande plus sa puissance est élevée
Plus la DE50 (dose efficace 50) de l'agoniste est faible, plus l'agoniste est
Puissant
Puissance des ligands
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-Notion d’activité intrinsèque :
Activité intrinsèque : capacité du ligand à produire un effet plus au moins important
en se liant au récepteur
Agoniste entier : effet complet donc activité intrinsèque =1
Agoniste partiel : activité intrinsèque entre 0 et 100 %,
Antagoniste : activité intrinsèque entre 0 et 1.
Chapitre 3 : Système nerveux autonome
Le système nerveux autonome assure la régulation du fonctionnement des différents
organes. Il comporte deux parties : le système sympathique et le système para-
sympathique. Le système sympathique prend naissance dans les centres bulbaires d’où
partent des fibres pré-ganglionnaires qui sortent du tronc cérébral et de la moelle
épinière. Elles aboutissent aux ganglions para et pre-vertébraux de chaque côté de la
moelle épinière ou à la médullosurrénale qui fabrique et peut libérer de l’adrénaline.
Des ganglions partent les fibres post-ganglionnaires sympathiques qui libèrent de la
noradrénaline, qui va stimuler deux types de récepteurs, les récepteurs alpha et
betaadrénergiques. Quelques rares fibres sympathiques post ganglionnaires libèrent de
la dopamine ou de l’acetylcholine.
1.Structure, rôle physiologique Leur rôle est de moduler l’activité du système sympathique qui innerve tous les
organes. Le système sympathique régule en particulier le fonctionnement du coeur et
des vaisseaux et le niveau de pression artérielle. Les informations sur le niveau de
pression artérielle parviennent aux centres par des fibres issues des baro-récepteurs
aortiques et carotidiens (nerfs de Ludwig-Cyon) qui, via le noyau du tractus solitaire
vont exercer une inhibition de l’activité des centres sympathiques et stimuler
le centre du système parasympathique.
Centres
Au niveau du système nerveux central, une modulation de l’activité des centres
sympathiques bulbaires
peut s’effectuer par :
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— des récepteurs alpha adrénergiques
— des récepteurs aux imidazolines (au niveau du noyau réticulé latéral)
— des récepteurs de la sérotonine
La stimulation de récepteurs alpha centraux, ou de récepteurs centraux aux
imidazolines diminue le tonus sympathique.
Ganglions
La transmission ganglionnaire est complexe et les implications pharmacologiques y
sont peu importantes avec les médicaments actuels.
Le neurotransmetteur libéré au niveau ganglionnaire est l’acétylcholine qui stimule
plusieurs types de récepteurs et principalement :
• les récepteurs nicotiniques typiques du ganglion et de la glande surrénale
dont la stimulation induit dépolarisation et transmission.
Certaines substances (ganglioplégiques) bloquent de façon compétitive ces récepteurs
nicotiniques ganglionnaires. Utilisés auparavant comme anti-hypertenseurs, ils ont été
abandonnés à cause de leurs effets indésirables secondaires au blocage de 2 systèmes
sympathique (hypotension orthostatique, troubles sexuels) et para-sympathique
(rétention d’urine, constipation, sécheresse de la bouche, aggravation d’un glaucome).
La fibre sympathique post-ganglionnaire
Synthèse et libération de la noradrénaline
Cette synthèse s’effectue à partir de la tyrosine, acide aminé apporté par
l’alimentation. Elle est incorporée dans la fibre post ganglionnaire par un transporteur
spécifique (transport transmembranaire couplé au sodium). Elle est hydroxylée en
DOPA par la tyrosine hydroxylase, puis transformée en DOPAMINE sous l’action de
la Dopa-décarboxylase. La dopamine est ensuite transformée en noradrénaline sous
l’action catalytique de la dopamine beta-hydroxylase.
La noradrénaline ainsi synthétisée est concentrée dans les granules de stockage. Ces
derniers libèrent par exocytose leur contenu dans l’espace synaptique lors de l’arrivée
de l’influx nerveux (potentiel d’action propagé le long de la fibre).
Au niveau de la glande médullo-surrénale (directement stimulée par l’acétylcholine
libérée par les fibres splanchniques comme au niveau des ganglions) la noradrénaline
est méthylée en adrénaline.
Le stockage dans les granules :
C’est un processus actif, qui peut être inhibé par des substances comme la réserpine.
Cette inhibition expose la noradrénaline à être dégradée par la mono-amine oxydase
neuronale et inhibe la tyrosine hydroxylase. On obtient ainsi une déplétion des stocks
et une diminution de la quantité de noradrénaline synthétisée et libérée par les
terminaisons sympathique : le tonus sympathique diminue. La réserpine a ainsi été
utilisée pour faire baisser la pression artérielle dont le niveau dépend de l’activité
sympathique. Elle inhibe également le stockage granulaire
au niveau des neurones centraux dopaminergiques et sérotoninergiques induisant un
effet de type neuroleptique et dépresseur de l’humeur. Elle n’est cependant plus
commercialisée.
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Devenir de la noradrénaline après libération par les terminaisons sympathiques
Stimulation des récepteurs pre et post synaptiques, recaptage, dégradation
Après libération dans l’espace synaptique, la noradrénaline stimule les récepteurs
post-synaptiques alpha et beta, diffuse dans les espaces extra-synaptiques (re-uptake
2) et y subit une dégradation mais elle est également en grande partie recaptée
activement (re-uptake 1) par les terminaisons pre-synaptiques pour y être soit
dégradée (mono-amine oxydase) soit re-stockée (pour une faible part).
Certaines substances sont dites sympathomimétiques indirectes car elles induisent la
libération de noradrénaline à partir de ses sites de stockage : par exemple ce sont la
tyramine, l’éphédrine, les amphétamines (psychotropes stimulants et anorexigènes)
actives par voie orale.
Dans un premier temps ces substances induisent un effet de type noradrénergique
(périphérique mais aussi au niveau des systèmes noradrénergiques centraux induisant
une stimulation de l’éveil et des effets anorexigènes) car elles passent la barrière
hémato-encéphalique après leur administration par voie orale. Dans un deuxième
temps, de part la vidange des granules de stockage, l’effet de ces substances s’épuise :
l’effet d’une même dose diminue (tachyphyllaxie).
Le recaptage actif (re-uptake) par les terminaisons neuronales (sympathiques
périphériques et fibres noradrénergiques centrales) peut être inhibé par des substances
comme les amphétamines, la cocaïne, et les composés comme les imipramines. Cette
inhibition par les amphétamines du re-uptake de la noradrénaline participe à leur
action car elle aboutit à l’augmentation des concentrations de noradrénaline au niveau
de l’espace synaptique et donc disponible pour stimuler les récepteurs
noradrénergiques alpha et beta.
-Modulation de la transmission par les récepteurs pré-synaptiques
La noradrénaline module elle même sa libération par les terminaisons
noradrénergiques en stimulant des récepteurs localisés en pre-synaptique (auto-
récepteurs) : certains de ces récepteurs vont stimuler la libération, d’autres au
contraire vont l’inhiber.
2. Récepteurs adrénergiques, agonistes et antagonistes Les récepteurs adrénergiques sont de deux types dénommés alpha et beta
adrénergiques. L’identification de leur structure et de leur mode de fonctionnement a
bénéficié des développements récents de la biologie moléculaire. les récepteurs alpha
induisant un effet de type « constricteur » sauf au niveau de l’intestin, et un effet de
type relaxant (sauf au niveau cardiaque).
L’ordre de puissance pour les récepteurs alpha étant dans l’ordre décroissant :
adrénaline > noradrénaline > isoprénaline
et pour l’effet beta : isoprénaline > adrénaline > noradrénaline.
Les récepteurs béta-adrénergiques ont été ensuite classés en beta 1 et 2 selon le même
principe d’ordre de puissance ou plus précisément d’affinité :
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La proportion de récepteurs beta 1 ou 2 varie en fonction des tissus. Ainsi au niveau
cardiaque, les récepteurs beta 1 sont prédominants. Au niveau des vaisseaux et des
bronches, ce sont les récepteurs beta 2 qui dominent.
Grâce aux récents développements de la biologie moléculaire, on a pu identifier deux
autres types de récepteurs beta adrénergiques, les récepteurs beta 3 et beta 4.
- Récepteurs béta adrénergiques
Les deux sous-types de récepteurs b1- et b2-adrénergiques coexistent
physiologiquement au niveau du myocarde. Ces récepteurs sont fonctionnellement
couplés par une protéine Gs à l'adénylate cyclase, et leur stimulation engendre des
effets inotropes, chronotropes et dromotropes positifs via l'augmentation de l'adénine
monophosphate cyclique (AMPc) et de la protéine kinase A (PKA).
Il existe aussi des récepteurs b2-adrénergiques au niveau des terminaisons
postganglionnaires des nerfs sympathiques cardiaques (autorécepteurs
présynaptiques) dont la stimulation augmente la libération de noradrénaline dans la
fente synaptique.
les récepteurs b-adrénergiques vasculaires sont de type b2 et leur stimulation engendre
une vasodilatation. Cette notion est admise au niveau des vaisseaux de résistance de
tous les organes.
- Récepteurs alpha-adrénergiques Ils ont été subdivisés en alpha 1 et 2 selon leurs affinités différentes pour divers
agonistes et antagonistes.
Les récepteurs alpha adrénergiques 1 et 2 ont encore été sous divisés en A et B selon
leur niveau d’affinité pour différents ligands : la prazosine pour les récepteurs alpha 2
(A basse affinité, B haute affinité).
Au niveau du système sympathique, les récepteurs adrénergiques alpha 1 sont
majoritairement postsynaptiques alors que les récepteurs alpha 2 sont majoritairement
pre-synaptiques.
Au niveau des récepteurs adrénergiques du système nerveux central, les récepteurs
alpha 2 sont prédominants.
Ces différentes localisations expliquent qu’une substance interagissant avec les
récepteurs alpha adrénergiques aura des effets différents en fonction des récepteurs
qu’elle pourra stimuler ou bloquer.
1. Effets de la stimulation des récepteurs
-Effets de la stimulation des récepteurs alpha-1 périphériques
Contraction des fibres lisses :
— fibres vasculaires (augmentation de la pression artérielle et des résistances
périphériques)
—favorise la continence vésicale et évite l’éjaculation (col de la vessie et urètre)
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Effets de la stimulation des récepteurs alpha 2 périphériques - Contraction de certaines fibres lisses vasculaires (fibres non innervées)
- Adipocytes : inhibition de la lipolyse
- Relaxation du muscle lisse intestinal (par réduction de la libération
d’acétylcholine : action alpha-adrénergique pré-synaptique).
- Diminution de la sécrétion d’eau et de sel (mis à profit dans le traitement de
certaines diarrhées comme celle induite par le choléra)
- Stimulation de l’agrégation plaquettaire
- Diminution de la sécrétion de rénine
- Diminution de la libération de noradrénaline (effet pré-synaptique)
- Diminution de la sécrétion d’insuline
Effets de la stimulation des récepteurs alpha 2 centraux
- Sédation
- Réduction du tonus sympathique (baisse de pression artérielle)
- Réduction de la sécrétion de certaines glandes exocrines comme les glandes
salivaires (induisant une sécheresse de la bouche)
3. Récepteurs cholinergiques Où y a-t-il des synapses cholinergiques ?
- dans le SNC
- dans les ganglions qu’ils soient parasympathiques ou sympathiques
- à la terminaison parasympathique- à la jonction neuro-musculaire (plaque motrice).
La synapse cholinergique :
L’étape limitante de l’acéthylcholine est le captage actif de la choline, laquelle est
ensuite acétylée par la choline acétyl-transférase. L’acétylcholine fabriquée est
stockée dans des vésicules, dans la terminaison. Lorsqu’un potentiel d’action arrive,
l’entrée de Ca++ dans la cellule facilite la fusion des membranes des vésicules (une
centaine) et de la terminaison de l’axone, provoquant la libération d’acétylcholine
(10000 molécules par vésicule) dans la fente synaptique.
Puis, celle-ci se fixe sur des récepteurs post synaptiques, ce qui entraîne l’effet,
stimulation du passage d’ions à travers les membranes, ou (sur le muscle)
mobilisation du calcium intracellulaire.
Elle se fixe aussi sur des récepteurs pré-synaptiques (modulant l’effet), dont le rôle est
de freiner sa libération.
Il en existe plusieurs types, et sous types. Des récepteurs muscariniques (M1, M2,
M3, M4) et des récepteurs nicotiniques.
Le couplage des récepteurs muscariniques aux effecteurs (enzymes ou canal ionique
calcique ou potassique) se fait par des protéines G, celui des récepteurs nicotiniques
par le biais de canaux ioniques, à réponse rapide.
Rappelons qu’on ne dispose presque jamais d’agonistes (ou d’antagonistes)
parfaitement spécifiques d’un récepteur cholinergique donné. Autrement dit, à
concentration très élevée, une molécule qui stimule (ou antagonise) de façon
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19
relativement spécifique un type de récepteur cholinergique devient toujours beaucoup
moins spécifique - voire perd sa spécificité- lorsque sa concentration est franchement
plus élevée et donc devient susceptibles d’agir sur les autres types de récepteurs
cholinergiques.
Un blocage prolongé des récepteurs post synaptiques fera la même chose, mais tant
que les récepteurs sont bloqués, l’augmentation de leur nombre ne se voit pas ; elle ne
sera perceptible que si on interrompt le blocage subitement (effet rebond à l’arrêt d’un
médicament).
- Les parasympathomimétiques
Ils ont les mêmes effets que la stimulation du parasympathique. Cependant, à dose
forte (où ils perdent leur spécificité), ils se comportent comme des
cholinomimétiques, si leurs propriétés pharmacocinétiques leur permettent d’atteindre
d’autres récepteurs de l’acétylcholine.
- Autres médicaments ayant des effets Anticholinergiques o Les curares
bloquent la plaque motrice
Deux types :
— stimulant avant blocage : dits « dépolarisants »
— bloquant d’emblée les récepteurs, et compétitifs avec l’acétylcholine
Deux d’entre eux ont, normalement, un métabolisme rapide, via la choline-esterase.
Or il existe des déficits génétiques en choline-esterase ; chez les sujets ayant un tel
déficit, la curarisation dure des heures, et non quelques minutes.
Certains médicaments ont une propriété curarisante (AB : aminosides)
- La toxine botulique
C’est une grosse molécule, qui ne diffuse pas très facilement. Lorsqu’un médecin
(expérimenté) l’injecte dans un muscle, on peut obtenir le relâchement d’un muscle,
dans quelques pathologies neurologiques rares : certains tics, ou torticolis
spasmodiques, mais aussi certains strabismes. Mais il existe des essais démontrant une
efficacité dans d’autres types d’utilisation : en sous-cutané dans le creux axillaire, elle
diminue la production de sueur de façon très durable, en agissant au niveau
ganglionnaire.
Anticholinergiques centraux
Utilisés comme antiparkinsoniens, avec un effet sur le tremblement surtout.
Effet indésirable : troubles de la mémoire, confusion.
Beaucoup d’autres médicaments médicaments
ont en plus de leur propriété principale, un effet parasympatholytique auquel
s’ajoute, s’ils passent dans le SNC, un effet anticholinergique central : certains
antidépresseurs, neuroleptiques, antiarythmiques, antihistaminiques etc... ont donc
parmi leurs effets ceux des parasympatholytiques, et parfois des effets
anticholinergiques centraux ou musculaires.
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20
Chapitre 4 : Quelques exemples de médicaments du système nerveux
central et périphérique
I. LES PRINCIPAUX ANTIDEPRESSEURS
I.1 Qu’est ce que la dépression ?
La dépression est l'un des troubles psychologiques les plus fréquents. La dépression
est un "état psychique pathologique associant une modification pénible de l'humeur et
un ralentissement de l'activité intellectuelle et motrice".
C'est un état morbide, plus ou moins durable, caractérisé par la tristesse et une
diminution du tonus de l'énergie (fig.1)
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21
Fig. 1 Illustration des épisodes dépressifs
I.2 Classification des dépressions
Endogènes (ou psychotiques) :
Cas des PMD
Exogènes (ou symptomatiques) :
Névrose. Symptôme dans une structure névrotique
Schizophrène. Symptôme dans une structure schizophrénique
Paranoïaque. Symptôme dans une structure paranoïaque : ces symptômes sont
réactionnels à des évènements extérieurs,
Dépression masquée :
Dépression qui s'exprime dans le corps sans qu'il y ait de vécu dépressif. Quand on
traite le côté dépressif, le côté somatique se rétablit.
On peut également les classifier de cette manière :
Unipolaire : la plus courante
Humeur dépressive
Anhédonie
Dévalorisation
Pensées de mort
Fatigue
Diminution du sommeil
Perte de poids
Dure de 6 à 12 mois
Psychotique 10 %
Pensées irréelles
Pensées incohérentes
Délire - Dévalorisation
Anxieuse Courante Anxiété, phobie
Peur ou panique persistantes
Durée prolongée jusqu’à la guérison,
Récurrences.
Bipolaire 10 %
Sautes d’humeurs de l’accès maniaque à l’accès dépressif
Prise de poids – hyperphagie
Augmentation du sommeil – hypersomnie
Rémissions rares.
I.3 Traitement
Il existe cinq grands groupes d’antidépresseurs : les dérivés de structure tricyclique ou
«imipraminiques», les inhibiteurs de la monoamine oxydase ou IMAO, rarement
utilisés en France, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (I.R.S.), les
inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) et
les autres antidépresseurs.
I.3.1 Pharmacologie des antidépresseurs
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D’une manière générale, on retiendra que la théorie biochimique classique retenue
pour expliquer la dépression (diminution des transmissions monoaminergiques
centrales) et l’effet des antidépresseurs (qui facilitent cette transmission) ne rend pas
compte de tous les phénomènes observés : par exemple, on comprend mal le délai de
latence entre le début de l’administration et l’amélioration de l’humeur (environ 2
semaines), peu compatible avec l’effet (en principe rapide) d’un inhibiteur de la
recapture. Entre la description des effets pharmacologiques des antidépresseurs en
général et leurs effets cliniques, la distance reste grande aujourd’hui. Aussi, les effets
élémentaires des antidépresseurs permettent souvent de comprendre les effets
indésirables plus que les effets recherchés.
I.3.1.1 Les tricycliques ou imipraminiques
L’antidépresseur de référence est un tricyclique : l’Anafranil®
- Mécanisme d’action :
Les antidépresseurs imipraminiques inhibent la recapture de la noradrénaline et de la
sérotonine au niveau central. Les tricycliques ont aussi une action anticholinergique et
adrénolytique alpha et une action antihistaminique H1.
- Cinétique, métabolisme
Les tricycliques sont bien résorbés par voie orale mais ils peuvent aussi être
administrés par voie IV lente. Ils sont fortement liés aux protéines et aux tissus, leur
volume de distribution excède en général le volume corporel. Ce stockage important
explique peut-être en partie la latence de leurs effets. Leur métabolisme est hépatique
et produit des métabolites actifs le plus souvent. Leur demi-vie est longue (jamais
moins de 12 heures, souvent 24 heures).
- Effets indésirables
Les tricycliques engendrent toujours une hypotension souvent modeste (effet
adrénolytique) mais posent plus de problèmes d’hypotension orthostatique. L’action
atropinique des tricycliques est responsable de certaines contre-indications et d’effets
indésirables : troubles de la vision, bouche sèche, constipation, rétention d’urine et
confusion.
Les effets sédatifs sont quasi-constants. Les tricycliques abaissent le seuil
épileptogène. Des prises de poids peuvent survenir par l’intermédiaire d’une
augmentation de l’appétence aux sucres.
- Les interactions médicamenteuses sont toutes expliquées par les effets des
tricycliques : majoration des effets des catécholamines, risque accru d’accident avec
les hypotenseurs, avec les traitements induisant des hypotensions posturales,
majoration du risque lié à l’emploi d’anticholinergiques.
I.3.1.2 Les IMAO
Les IMAO sont peu utilisés :
- Mécanisme d’action
On distingue les IMAO classiques non spécifiques, des IMAO-A spécifiques.
- Cinétique, métabolisme
Les IMAO sont bien résorbés par voie orale.
- Effets indésirables
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Les IMAO engendrent une hypotension permanente et posturale, moins fréquente
avec les IMAO-A. Les IMAO-A sont beaucoup mieux tolérés que les IMAO
classiques.
I.3.1.3 Les inhibiteurs sélectifs de la capture de la sérotonine (IRS)
Ces antidépresseurs bloquent sélectivement la recapture de la sérotonine. Ils sont
efficaces, bien tolérés et tout à fait maniables. Il s’agit du traitement de première
intention des épisodes dépressifs non mélancoliques.
Leur voie d’administration est orale, à l’exception du Seropram® qui peut être
administré par voie IV lente. Ils sont indiqués dans les épisodes dépressifs et dans
certains troubles anxieux (Trouble panique, TOC et bientôt, Etats de stress post-
traumatiques).
Leurs effets indésirables les plus fréquents sont digestifs : nausées, vomissements,
diarrhée. Ils ne nécessitent pas de bilan pré-thérapeutique particulier, contrairement
aux imipraminiques.
I.3.1.4 Les inhibiteurs sélectifs de la capture de la sérotonine et de la
noradrénaline (IRSN)
Ces antidépresseurs bloquent sélectivement la recapture de la sérotonine et de la
noradrénaline et se distinguent des imipraminiques par leur absence d’effets sur les
récepteurs post-synaptiques α-adrénergiques, cholinergiques et histaminergiques.
Ils sont efficaces, bien tolérés et maniables.
Leur voie d’administration est orale.
Le produit de référence de cette classe est la venlafaxine (Effexor®) (dose 75 à 150
mg/jour). Le minalcipran (Ixel®) appartient aussi à cette classe (dose : 100mg/jour).
Ils sont indiqués dans les épisodes dépressifs. L’Effexor® est aussi indiqué dans le
Trouble Anxiété Généralisée. Leurs effets indésirables les plus fréquents sont les
nausées et les céphalées.
I.4.1 Effet antidépresseur
Le critère d’activité des médicaments antidépresseurs est leur capacité à normaliser
l’humeur dépressive. Cette propriété les distingue nettement, d’une part des
substances psychostimulantes comme les amphétamines, agissant sélectivement sur la
vigilance et non sur l’humeur ; d’autre part, des tranquillisants, notamment des
benzodiazépines dont l’action s’exerce sur l’anxiété mais non sur la dépression.
L’activité thymoanaleptique peut dépasser son but et provoquer une hypomanie, voire
un état maniaque chez les sujets bipolaires (virage de l’humeur).
L’effet antidépresseur est théoriquement équivalent pour tous les antidépresseurs.
Cependant, en pratique quotidienne, les syndromes dépressifs majeurs d’intensité
sévère sont souvent traités, surtout en milieu hospitalier, par des médicaments
imipraminiques tels que le Tofranil®, l’Anafranil®, le Ludiomil® ou le Laroxyl® qui
constituent les antidépresseurs de référence en terme d’efficacité.
I.4.2 Effets sédatifs ou stimulants
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Les antidépresseurs présentent, parallèlement à leurs propriétés antidépressives, des
propriétés sédatives ou stimulantes qui peuvent guider le choix du médicament à
efficacité égale.
Les antidépresseurs sédatifs sont actifs sur l’anxiété dépressive et ses conséquences,
c’est-à-dire sur les troubles du sommeil, les manifestations somatiques et l’agitation.
Les antidépresseurs stimulants sont plus actifs sur l’asthénie et le ralentissement
psychomoteur du déprimé.
Entre ces deux groupes, se situent les «médians» qui, selon les sujets et peut-être
selon la posologie, s’avèrent plutôt sédatifs ou plutôt stimulants. Ces propriétés
annexes se manifestent dès les premiers jours du traitement, bien plus précocement
que l’effet antidépresseur. En pratique, la distinction entre dépression anxieuse et
dépression inhibée n’est pas toujours évidente et la prescription d’un antidépresseur
sédatif ou stimulant peut alors présenter des risques respectifs d’aggraver une
inhibition ou surtout, de faire ressurgir l’anxiété et d’augmenter le risque suicidaire.
La prescription d’un antidépresseur «médian» est alors préférable.
II. LES PRINCIPAUX ANXIOLYTIQUES
II.1 Qu’est ce que l’anxiété ?
L’anxiété est une émotion qu’on peut considérer comme normale ou pathologique.
Normale, elle joue un rôle essentiel dans l’aptitude d’un individu à
faire face,
Naturelle informant l’individu d’un danger imminent et l’amenant à
développer ses capacités d’adaptation.
Lorsqu’elle se manifeste avec une intensité et une durée inhabituelles
face à un stimulus et qu’elle engendre une souffrance et des
dysfonctions importantes chez l’individu, l’anxiété cesse de jouer un
rôle adaptatif pour devenir pathologique.
II.2 Les types de troubles anxieux
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25
Plusieurs types de troubles anxieux sont répertoriés en psychiatrie sans pour autant
que leurs symptômes soient totalement séparés :
L'anxiété généralisée.
Le syndrome post traumatique
Le trouble panique
Le trouble obsessionnel compulsif
Les phobies
L’hypochondrie,
II.3 Traitement des différents types d'anxiétés
o Le principal traitement consiste en une psychothérapie au cours de laquelle on
tentera de découvrir les raisons profondes de l'anxiété.
o L'activité physique jointe à un régime alimentaire équilibré et une vie régulière
semblent particulièrement bien compléter la thérapie.
o Certaines techniques de relaxation sont aussi indiquées
o Les benzodiazépines sont les plus utilisées du fait de leur fiabilité d'action et
de leur sécurité d'emploi. Bien que les benzodiazépines constituent un groupe
chimique très homogène avec des propriétés pharmacologiques très voisines
(sédatives, hypnotiques, anxiolytiques, amnésiantes, myorelaxantes,
antiépileptiques), il est possible de distinguer des benzodiazépines à destinées
hypnotiques de celles à destinées anxiolytiques. Toutefois, il faut garder à
l'esprit que ces propriétés sont aussi fonction des posologies administrées, des
médicaments associés et de la susceptibilité individuelle.
Certains anxiolytiques sont non-benzodiazépiniques : il s’agit des antihistaminiques
H1, des carbamates, d’un agoniste 5-HT1A et accessoirement des ß-bloquants :
- Atarax®
- Equanil®
- la buspirone (Buspar®)
II.3.1 Indications Cliniques
Les benzodiazépines anxiolytiques sont les substances médicamenteuses parmi les
plus prescrites en France actuellement (80 millions de boîtes, source : LMP/IM 1994).
L'apparition d'anxiolytiques non benzodiazépiniques n’a pas sensiblement modifié
cette position dominante. L'Arrêté du 7 octobre 1991 repris en R.M.O. (voir fin du
chapitre) limite la durée maximale de prescription d'anxiolytiques à 3 mois : à ce
moment, il faut réévaluer la pertinence de la prescription avant un renouvellement
éventuel de l’ordonnance.
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Fig. 2 Spectre d’action des Benzodiazépines
Les Indications sont :
- La crise d'angoisse aiguë,
- L'anxiété généralisée, d'évolution chronique (avec soucis injustifiés ou excessifs,
attente craintive permanente, tension motrice, hyperactivité neurovégétative,
difficultés de concentration intellectuelle et difficultés d'endormissement),
- Les états de stress post-traumatiques,
- L'anxiété liée à des affections somatiques douloureuses,
- Les troubles de l’adaptation avec réaction anxieuse (moins de 6 mois).
Si l’anxiété est durable, on préférera une benzodiazépine à demi-vie longue (> 24h)
tandis que si l'anxiété est variable, on pourra choisir une molécule à demi-vie courte
(< 8h) ou intermédiaire.
Les crises d'anxiété aiguë peuvent justifier une benzodiazépine par voie injectable.
L’anxiété de performance («trac») justifie plutôt un Bêta-Bloquant (Avlocardyl®).
Dans l'alcoolisme, les manifestations aiguës de l'intoxication chronique et du sevrage
bénéficient des benzodiazépines par voie injectable : celles-ci sont également utiles
pour le sevrage.
Les benzodiazépines peuvent être utilisées comme adjuvants en anesthésiologie, dans
le cadre des prémédications (effets myorelaxants et amnésiants).
Les benzodiazépines peuvent être associées aux médicaments antidépresseurs, surtout
dans les dépressions d’intensité modérée.
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Chez l’enfant, en dessous de l’âge de 15 ans, la prescription doit rester exceptionnelle
et de courte durée.
Autres anxiolytiques que les benzodiazépines : les carbamates (Equanil®-
procalmadiol) en dehors des somnolences diurnes ou de réactions allergiques,
entraînent une dépendance psychologique et physique beaucoup plus nette que les
benzodiazépines avec syndrome de sevrage à l'arrêt brutal (confusion mentale, crise
épileptique) et induction des enzymes hépatiques. Le surdosage peut engendrer des
troubles du rythme et un collapsus cardiovasculaire parfois fatal. Signalons qu’un
antitrémorique prescrit parfois comme anxiolytique, l’Atrium®, contenant des
carbamates associées à du phénobarbital peut entraîner des ictères graves et toutes les
complications des barbituriques. Il ne devrait pas être utilisé. La buspirone (Buspar®)
est bien tolérée en dehors de quelques gastralgies et sensations vertigineuses.
II.3.2 Contre-Indications
Pour les benzodiazépines, la myasthénie, du fait des effets relaxants musculaires,
l’insuffisance respiratoire sévère, les apnées du sommeil.
Prudence chez les conducteurs d'automobiles et de machines-outils, chez les
insuffisants respiratoires et les vieillards, chez les sujets présentant une appétence
toxicomaniaque importante et les sujets ayant présenté antérieurement des
manifestations agressives avec ces médicaments.
Ne pas administrer pendant les trois premiers mois de la grossesse (bien que le risque
tératogène n'ait pas été démontré) et ne pas prescrire de fortes doses dans les derniers
trimestres (hypotonie-hypothermie du nouveau-né).
II.3.3 Interactions Médicamenteuses :
Il faut éviter des interactions avec toutes les substances à action sédative et avec
l'alcool.
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III. Antalgiques centraux ou opioïdes L’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) a proposé en 1979 la
définition suivante : « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle
désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans des
termes impliquant une telle lésion ».
Elle souligne également l’intrication étroite existant entre l’organicité d’une douleur
et ses conséquences émotionnelles et affectives sur les réactions individuelles de
chaque patient.
III.1 Les nocicepteurs :
Les terminaisons nerveuses à l’origine des sensations de douleur sont les
NOCICEPTEURS. Ce sont des terminaisons libres amyéliniques (Fibres C) ou
faiblement myélinisées (Fibres A delta ou alpha, béta).
Les nocicepteurs sont localisés dans les tissus cutanés, musculaires striés, musculaires
lisses (viscères, vaisseaux), articulaires, osseux
On distingue 2 grands types de NOCICEPTEURS (Figure 1):
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29
- Des nocicepteurs unimodaux qui ne sont activés que par des stimulations
mécaniques intenses : ce sont des mécano-nocicepteurs électivement en
relation avec les fibres A delta.
-Des nocicepteurs polymodaux de loin les plus nombreux qui répondent non
seulement aux stimulations mécaniques mais également à des stimulations de
nature thermique ou chimique (chimiorécepteurs).
Fig 1 : Les fibres Aδ (peu myélinisées) et C (non myélinisées), responsables des
sensations thermoalgiques, sont connectées à des terminaisons libres appelées «
nocicepteurs ». Les fibres Aαβ (très myélinisées), responsables des sensations tactiles,
sont connectées à des récepteurs bien différenciés sur le plan histologique (corpuscules
de Meissner, de Ruffini, disques de Merkel, récepteurs du follicule pileux).
III-2.Régulation physiologique de la douleur
Le système nociceptif peut-être activé par différentes stimulations (mécanique,
thermique, chimique…) dont le caractère commun semble à priori de forte intensité,
capable de provoquer une réelle lésion tissulaire. La lésion tissulaire provoquée est
responsable d’une série d’évènements étroitement liés aux processus inflammatoires
venant prolonger l’activation des nocicepteurs et surtout induire une sensibilisation
(Figure 2).
Les mécanismes de la genèse des messages nociceptifs ne sont pas élucidés
entièrement. Néanmoins, il est bien établi que de nombreuses substances chimiques
(bradykinine, histamine, sérotonine, prostaglandines, ions hydrogènes) sont libérés
lors des lésions tissulaires par les cellules sanguines (plaquettes, polynucléaires,
lymphocytes, macrophages, mastocytes). Par ailleurs, des neuropeptides tels la
substance P et le peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP) contenus dans
certaines cellules des ganglions spinaux peuvent être libérés au niveau périphérique
par le classique réflexe d’axone
En dehors de ces substances qui pour la plupart sont libérées assez précocement lors
de l’installation d’une lésion, d’autres facteurs tels les cytokines (interleukines,
interféron, facteur de nécrose tumorale (TNF), facteurs de croissance neuronale
(NGF) sont libérés par les phagocytes ou les cellules du système immunitaire,
surtout lorsqu’il s’agit d’un processus persistant. Ainsi il apparaît que toute une
myriade de substances chimiques très diverses dite « soupe périphérique »
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30
interagissant entre elles, puissent moduler l’activité des nocicepteurs
rendant les approches pharmacologiques complexes.
Fig 2: Interactions entre les différentes substances libérées par les cellules
immunitaires, les capillaires sanguins et les terminaisons nerveuses périphériques
(sensorielles et sympathiques) lors d’une lésion tissulaire
inflammatoire.
III-3. Echelle thérapeutique de l’O.M.S pour le traitement des douleurs par excès
de nociception, Les antalgiques sont des médicaments qui suppriment ou diminuent la douleur. Ils
sont le plus souvent indiqués pour les maux de tête, les douleurs dentaires et les états
fébriles.
Quelques Médicaments utilisés :
- Acide Acétylsalicylique (Aspirine)
-Tramadol
- Ibuprofène
- Paracétamol
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III-4. Mécanisme d’action du Tramadol (pallier II ou niveau II)
Le tramadol est un analgésique central dont l'efficacité est due à la synergie, aux
doses thérapeutiques, d'un effet opioïde dû à la fixation sur les récepteurs opioïdes de
type µ, et d'un effet monoaminergique central dû à une inhibition du recaptage de
la noradrénaline et de la sérotonine, mécanisme impliqué dans le contrôle de la
transmission nociceptive
centrale.
III-5. Mécanisme d’action de la morphine (pallier I ou niveau I)
La morphine agit sur le système nerveux central (système
limbique et hypothalamus) par saturation des récepteurs aux opiacés
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32
(nommés récepteurs Mu, une classe de récepteurs couplés aux protéines G),
impliqués dans le phénomène de perception de la douleur. Sur les récepteurs
Kappa et Delta, la morphine provoque principalement une analgésie spinale (au
niveau de la moelle épinière). Elle agit à la fois en réduisant le phénomène de
libération des neurotransmetteurs (glutamate et substance p) et en induisant
une hyperpolarisation neuronale, éloignant le neurone des conditions d’apparition
du potentiel d’action. Dans ces conditions, elle conduit à un blocage presque total
du signal douloureux. De plus, son action est plus durable que celle des
endorphines car la molécule de morphine n’est pas dégradée de la même façon
que les molécules d’endorphines. La fixation des molécules de morphine sur les
récepteurs Mu a également une action favorisant la libération de dopamine dans
l’organisme, induisant une sensation de plaisir ou d’euphorie.
Ces effets analgésiques associés à l’effet euphorisant sont intéressants dans le
traitement de la douleur d’un patient.