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Agrocampus Rennes Conseil Général d’Ille-et-Vilaine Projet d’ingénieur Master « Ingénierie environnementale » et DAA « Génie de l’environnement » - Option « Sol-Eau-Hydrosystème » - Filière « Hydrosystèmes » et DAA Halieutique – Parcours « Ressources des eaux continentales » Problématique et actions à mener dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau : L’exemple du bassin versant de la Seiche (Ille et Vilaine) Vue générale du bassin amont de la Seiche (Availles-sur-Seiche) Agnieszka BLACH, Cecilia FERTE, Jean-Baptiste ROCHE, Mathieu ROUY Février 2008

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Agrocampus Rennes Conseil Général d’Ille-et-Vilaine

Projet d’ingénieur Master « Ingénierie environnementale » et DAA « Génie de l’environnement » -

Option « Sol-Eau-Hydrosystème » - Filière « Hydrosystèmes » et DAA Halieutique – Parcours « Ressources des eaux continentales »

Problématique et actions à mener dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau :

L’exemple du bassin versant de la Seiche (Ille et Vilaine)

Vue générale du bassin amont de la Seiche (Availles-sur-Seiche) Agnieszka BLACH, Cecilia FERTE, Jean-Baptiste ROCHE, Mathieu ROUY Février 2008

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AVANT PROPOS

Cette étude à été réalisée à la demande du groupe « Eau » du Comité consultatif de l’environnement du Conseil Général d’Ille et Vilaine. Ce travail, au travers le cas particulier du bassin de la Seiche, visait à éclairer le groupe sur l’état d’application dans le département de la Directive Cadre sur l’Eau de l’Europe et sur la perception des collectivités locales et administrations quant aux enjeux et à la nécessité d’atteindre un bon état écologique des cours d’eau en 2015.

Les indemnités de déplacement et les frais de fonctionnement ont été pris en charge

par la Direction de l’Environnement et des Infrastructures du Conseil Général au travers une convention entre Agrocampus Rennes et le Conseil Général d’Ille et Vilaine.

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SOMMAIRE

Introduction ........................................................................................................... 1

Partie 1 : Synthèse des données disponibles ......................................................... 2

I. Les activités humaines sur le bassin de la Seiche .......................................... 4 I.1. L’agriculture ................................................................................................................ 4 I.2. L’industrie.................................................................................................................... 5 I.3. L’extraction de granulats ............................................................................................. 5 I.4. Les grands étangs sur le bassin : Carcraon et Marcillé-Robert....................................5

II. Les suivis de la qualité des eaux ................................................................... 5 II.1. Le bilan effectué en 2001 ........................................................................................... 5 II.2. L’évolution depuis 2001............................................................................................. 8

III. Bilan ...........................................................................................................11

Partie 2 : L’approche « parcelles a risques » par une analyse multicritères .......12

I. Méthodologie employée ...............................................................................12

II. Résultats ......................................................................................................15

III. Bilan et discussion .....................................................................................17

Partie 3 : À la rencontre des acteurs du bassin versant de la Seiche...................18

I. La méthodologie employée ..........................................................................18

II. Les thèmes abordés .....................................................................................18 II.1. La coordination locale .............................................................................................. 18 II.2. L’assainissement....................................................................................................... 19 II.3. L’agriculture et l’industrie........................................................................................ 19 II.4 Les aménagements liés aux milieux aquatiques ........................................................ 21 II.5. Les réglementations et les contrôles......................................................................... 21

III. Bilan ...........................................................................................................21

Partie 4 : Perspectives et propositions d’actions pour le bassin versant de la Seiche ..................................................................................................................23

I. Le bassin de la Seiche : un bassin versant fortement dépendant du contexte breton et des politiques environnementales nationales....................................23

II. Propositions d’actions et perspectives pour le bassin de la Seiche.............24

Conclusion...........................................................................................................27

Bibliographie .......................................................................................................29

Annexes ...............................................................................................................31

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INTRODUCTION

Du fait de contextes géographique et agricole spécifiques, les cours d’eau d’Ille-et-

Vilaine sont souvent dégradés. En effet, les rivières de ce département s’écoulent sur un substrat schisteux. Ceci provoque des débits d’étiage très faibles et des crues lors des périodes les plus pluvieuses de l’année, crues qui remettent en suspension les sédiments. Par ailleurs, l’agriculture dans le département est dominée par l’élevage (1er département au niveau de la production laitière). A cause de ces caractéristiques particulières, les cours d’eau sont perturbés par des apports de polluants provenant de l’agriculture et amplifiés par le contexte géographique.

Cependant l’Union Européenne demande le retour à un bon état écologique des masses d’eau d’Europe. La Directive Cadre Européenne (DCE) de 2000 engage chaque Etat membre à parvenir à terme de quinze ans à un « bon état écologique des masses d’eau ». Dans le cas où l'atteinte du bon état écologique en 2015 apparaît inenvisageable, cet objectif pourra être fixé à un niveau moins exigeant voire reporté à une échéance ultérieure. Elle fixe un second objectif de non détérioration des ressources en eau et pour cela définit des stratégies à mettre en place pour lutter contre la pollution toxique et pour la prévention et le contrôle de la pollution des eaux souterraines.

Dans ce contexte et dans le cadre de la politique de l’eau du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine qui sera conduite à partir de 2008 (aides prévues pour les territoires de projets que sont les bassins versants du département), le service environnement de ce Conseil Général nous a demandé de mener une étude préliminaire sur le bassin versant de la Seiche. Le Conseil Général peut soutenir financièrement des actions locales répondant à la DCE. Il a besoin de connaître quels sont les acteurs et quelles sont leurs idées. Cette étude a pour buts d’identifier le contexte social et historique de ce bassin, de repérer les différents acteurs avec leurs domaines d’action, leurs projets, mais aussi leurs limites de compétences. L’intérêt de faire ce projet sur ce bassin versant est qu’on ne part de quasiment rien. Peu de projets ou d’actions sont réalisés à l’échelle de ce bassin du fait de son contexte. Notre point de vue extérieur et neutre par rapport au contexte de ce bassin versant devrait permettre de repérer les difficultés et les éventuels points de blocages qui font que la Seiche est un bassin problématique dans le département. Alors qu’une planification et des programmes d’actions multi-thématiques et multi-acteurs semblent plus que jamais essentiels, notre travail tentera aussi de proposer des mesures ou actions envisageables.

Ce rapport présente le bilan de l’étude que nous avons menée de novembre 2007 à février 2008 sur le bassin versant de la Seiche. Dans un premier temps un bilan des données disponibles sur le bassin est proposé. Ensuite, une présentation d’une méthode de l’approche « parcelles à risques » sur la base d’une analyse multicritères est faite. Dans une troisième partie, une synthèse des points essentiels apparus suite aux rencontres avec les acteurs concernés est réalisée. Enfin, nous présenterons des propositions d’actions et des perspectives pour le bassin de la Seiche.

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PARTIE 1 : SYNTHESE DES DONNEES DISPONIBLES

Le bassin versant de la Seiche (figure 1) est un bassin de 82 276 ha, situé pour sa quasi

totalité dans le département d’Ille-et-Vilaine (une petite partie amont concerne le département de la Mayenne). Il s’étend sur 67 communes, même si certaines d’entre elles n’ont qu’un territoire très faible concerné par le bassin versant de la Seiche. [ERB, 1]. En effet, la surface totale des communes du bassin est de 110 178 ha. [CLE du SAGE Vilaine, 2001]

Figure 1 : Bassin versant de la Seiche [D’après Conseil Général d’Ille et Vilaine, 2008]

La Seiche mesure 95 km de la source (commune du Pertre) au confluent de la Vilaine (commune de Pont-Réan). Elle possède un nombre important d’affluents et sous affluents (Figure 2). Le sous-sol rencontré est de type schisteux, les pentes sont relativement faibles (0.15% en moyenne), et l’on distingue sur ce bassin 14 masses d’eau, au sens de la DCE (voir annexe 1).

Un gradient croissant d’urbanisation est à noter de la source de la Seiche jusqu’à sa confluence avec la Vilaine. Les masses d’eau amont sont caractérisées par une occupation des sols en grande majorité agricole, alors que, plus en aval, l’influence de la ville de Rennes se fait sentir avec un développement urbain très important. [SEEGT, 2001a]

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Figure 2 : Le réseau hydrographique du bassin de la Seiche (Modifiée d’après Conseil Général d’Ille et Vilaine)

Le bassin de la Seiche est inclus dans le SAGE Vilaine, dont l’approbation définitive a

eu lieu en 2003. Dans le contexte de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), le SAGE Vilaine prévoit de nombreuses actions visant à préserver la qualité de l’eau et la santé des écosystèmes aquatiques. [SAGE Vilaine, 2003] Signalons que les situations des bassins versants vont être réévaluées dans le nouveau SDAGE que l’Agence de l’eau est en train de finaliser.

La Seiche et ses affluents sont bien connus dans la région pour leur état de dégradation important, ce qui a d’ailleurs conduit à demander un délai supplémentaire pour satisfaire aux exigences de bon état écologique mentionnées dans la DCE et initialement souhaitées pour 2015. Les bilans dressés par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne en octobre 2007 mettent en évidence les nitrates, les pesticides, le phosphore (dans une moindre mesure toutefois), l’hydrologie et surtout la morphologie comme paramètres déclassants sur le bassin versant de la Seiche. La morphologie est un paramètre problématique retrouvé sur une grande partie de l’est de la Bretagne. En revanche l’hydrologie est un paramètre plus spécifique à la Seiche. [Agence de l’eau Loire-Bretagne, 2007] Une étude de qualité du bassin versant de la Seiche a eu lieu entre février 2000 et avril 2001. Elle a été demandée par le Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Seiche et de l’Ise et réalisée par le bureau d’étude SEEGT, basé à Saint-Malo.

Pour les années suivantes, les données fournies par différents partenaires (Agence de l’eau Loire-Bretagne, Conseil Général d’Ille et Vilaine, DIREN Bretagne, Fédération de pêche d’Ille et Vilaine, ONEMA, Association Eau et Rivières de Bretagne,…) ont été utilisées.

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I. Les activités humaines sur le bassin de la Seiche

En 1999, on recensait 86 038 habitants sur les communes concernées par le bassin de la Seiche, soit une densité de 104 hab./km² (ce qui correspond à la moyenne nationale). [SEEGT, 2001a] Le nombre d’habitants tend à augmenter avec l’extension de la ceinture urbaine rennaise. Cette importante densité humaine est à corréler avec des rejets domestiques importants. En 2000, des dysfonctionnements ont été mis en évidence sur certaines stations d’épuration (souvent dus à des saturations). [SEEGT, 2001b] Nous reviendrons sur ce point dans la suite du rapport.

I.1. L’agriculture

Dans l’étude réalisée en 2001-2002 pour l’Institut d’Aménagement de la Vilaine, R. Giovanni [comm. Pers] annonçait une SAU de 57 643 ha sur le bassin, dont 40 350 ha épandables. L’activité agricole est essentiellement tournée vers l’élevage bovin laitier (exemple du canton de Châteaugiron), vient ensuite l’élevage porcin (canton de Janzé notamment). La tête du bassin est caractérisée par la production de volailles. Le maraîchage (production de tomates) est signalé comme une activité importante à l’aval. [ERB, 1] Il en résulte les occupations du sol représentées à la figure 3.

Figure 3 : l’occupation des sols sur le bassin de la seiche en 2000-2001 [ERB, 1] A la fin des années 1990, l’azote et le phosphore d’origine animale se répartissaient comme stipulé dans le tableau 1.

Tableau 1 : azote et phosphore d’origine animale sur le bassin [CLE, 2001] Azote total (t) % du total Phosphore total (t) % du total Bovins 6 018 73 % 2 390 58 % Porcins 1 570 19 % 1 078 26 % Volailles 621 8 % 630 15 % Total 8 209 4 097

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Cette étude a permis d’estimer l’azote excédentaire réel dans les sols (N partiel + N dû à l’excès de P) à 2 146 tonnes en 2000. [Com. Pers. R. Giovanni]

I.2. L’industrie Les principales industries sont l’abattoir de la Guerche-de-Bretagne, la laiterie de Retiers et la cidrerie de Domagné. Cinq installations classées sont signalées : deux industries agroalimentaires (laiterie et abattoir), une entreprise de traitement (à Moutiers), deux entreprises d’autres secteurs (ELF et Citroën). [ERB, 1]

I.3. L’extraction de granulats Alors que les réserves étaient estimées entre un et deux millions de tonnes de sables alluvionnaires au début des années 80, il ne restait qu’une seule exploitation au début des années 2000 (à Bruz).

I.4. Les grands étangs sur le bassin : Carcraon et Marcillé-Robert

Ces deux étangs, d’une centaine d’hectares chacun, sont fortement envasés. Ils regroupent tous deux des zones humides identifiées par le SAGE Vilaine. [SAGE Vilaine, 2003].

En 2001, la SEEGT a estimé que la moitié du volume de l’étang de Carcraon était occupé par des sédiments (près d’1 million de m3). Ces sédiments sont limoneux et riches en phosphore. Le sédiment benthique contrôle les concentrations en phosphore dans la colonne d’eau. Ceci a pour conséquences de forts blooms estivaux de micro algues (cyanobactéries et euglènes en périodes de basses eaux).

Un curage des étangs serait donc nécessaire mais les contraintes techniques et financières sont nombreuses. En effet, il est impossible de vidanger en période de basses eaux sans détériorer encore plus la qualité des eaux de la Seiche aval. Une telle vidange devrait donc être programmée après les crues hivernales, lors de la période de moyennes eaux. [SEEGT, 2001c]

Pour ces deux étangs des opérations de curage doivent être considérées comme des actions fortes de reconquête de la qualité de la Seiche. Mais compte tenu du coût des travaux (plusieurs millions d’euros), le problème semble très difficile à régler indépendamment d’autres actions sur les sous bassin en amont des étangs.

II. Les suivis de la qualité des eaux

II.1. Le bilan effectué en 2001 Il s’agit essentiellement d’un bilan dressé à partir de l’analyse des paramètres physico-chimiques mesurés dans les eaux de surface. [SEEGT, 2001a] et [SEEGT, 2001b] Les Matières Organiques (MO) :

Elles sont généralement inférieures à 7 mg/l (l’objectif du SDAGE Loire

Bretagne étant de 6 mg C/l) en période de hautes eaux (qualité bonne à très bonne). Les concentrations sont les plus importantes en période de basses eaux où des concentrations supérieures à 7 voir 10 mg/l sont alors mesurées (qualité moyenne à mauvaise).

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Le Phosphore :

Sur l’ensemble du bassin versant de la Seiche, les concentrations en phosphore total

sont généralement comprises entre 0,1 et 0,4 mg/l Ptotal (qualité bonne à moyenne, l’objectif du SDAGE étant de 0,25 mg Ptotal/l). Il y a relargage des étangs de Carcraon et Marcillé-Robert en période estivale. Il y a de fortes concentrations à l’étiage dans les secteurs soumis aux rejets de STEP. Ammoniaque :

Il est présent dans les eaux de la Seiche à des concentrations généralement inférieures

à 0,5 mg/l (l’objectif du SDAGE étant de 0,5 mg/l).

Nitrates : Les fluctuations annuelles des concentrations en nitrates sont importantes et comme

sur les bassins schisteux elles sont de forme sinusoïdale. Le pic est observé en général en période de hautes eaux (de décembre à février selon les conditions hydrologiques). Le bassin de la Seiche présente une des plus mauvaises situations vis-à-vis des nitrates sur l’ensemble du bassin de la Vilaine. Les concentrations sont fortes à très fortes (supérieures à 50 mg/l de NO3

-) sur la période des moyennes et hautes eaux. Les objectifs du SDAGE (40 mg/l) ont été souvent dépassés. Hydrocarbures et métaux lourds :

Des concentrations élevées en zinc ont été mesurées sur l’Orson (qualité mauvaise à

très mauvaise). La présence d’hydrocarbures en quantités parfois importantes en période pluvieuse est signalée. Pesticides :

Il y a une contamination importante et chronique des eaux du bassin versant de la

Seiche. Les molécules recherchées lors du suivi qualité ont été retrouvées sur la majorité des points. Ces molécules actives sont régulièrement observées à de fortes concentrations sur l’ensemble du bassin. C’est aujourd’hui l’une des premières préoccupations dans la reconquête de la qualité des eaux de surface. L’étude de la SEEGT dégageait les sources principales pour les différents éléments étudiés (tableau 2).

La synthèse de la figure 4 illustre bien la place de mauvais élève occupée par la Seiche, mise en évidence par la Commission Locale de l’Eau du SAGE Vilaine à la fin des années 90.

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Tableau 2 : les principales sources de pollutions relevées sur la Seiche lors de l’étude de 2001 [SEEGT, 2001b]

Eléments étudiés Principales sources recensées Pesticides - traitement des voies imperméabilisées (voirie, voie ferrée, commune)

- traitement des cultures agricoles - désherbage des jardins

Nitrates - lessivage des sols agricoles Phosphore - STEP (lessives) (forme de poly et orthophosphates)

- érosion des sols et des berges (forme particulaire) - rejets de STEP - rejets non localisés (fosses septiques, bâtiments d’élevage,…) - dégradation des macrophytes et microalgues Remarques : les STEP de grandes capacités sont aujourd’hui équipées de filières de déphosphatation qui entraînent le phosphore vers les boues. Les variations des flux de phosphore sur le bassin versant sont dépendantes des conditions hydrologiques

MO - Dégradation des végétaux de la ripisylve - Les étangs de Carcraon et Marcillé-Robert produisent de la matière organique dissoute en période estivale Remarque : c’est sur la partie aval de la Seiche (la plus urbanisée), que les concentrations sont les plus basses

Figure 4 : classement SEQ Eau (Qualité globale nitrates) de 19 points de mesures du bassin de la Vilaine, pour la période 1990-1999 [CLE, non daté]

Le rapport mettait aussi en évidence le manque de suivis scientifiques sur la Seiche (pas de données piscicoles, une seule station de jaugeage à Bruz (Carcé), seulement 2 stations de suivis de qualité des eaux de surface faisant l’objet d’un suivi mensuel régulier). [SEEGT, 2001a] Des efforts ont été faits dans ce domaine (notamment grâce aux réseaux de suivis nationaux mis en œuvre dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau) et nous permettent de dresser une synthèse un peu plus détaillée pour la période 2000-2007.

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II.2. L’évolution depuis 2001

Les réseaux de mesures à l’échelle de la Bretagne sont très nombreux (Réseau

National de Bassin, Réseaux départementaux, Bretagne Eau Pure, Réseau DIREN Bretagne, Suivi des plans d’eau,…) et nécessitent d’avoir une vision synthétique. [Eaubretagne, 2]

Le nombre de points de mesure sur le bassin versant de la Seiche varie selon les paramètres considérés. On dispose de données sur la qualité des eaux douces superficielles à travers le SEQ-Eau, mais aussi de données sur la qualité biologique avec quelques indices, encore trop peu nombreux si l’on se réfère à la DCE.

La station de Bruz fait partie du Réseau National de Bassin (RNB), la fréquence de suivi est mensuelle ou annuelle selon le paramètre considéré. Ces données (paramètres physico-chimiques et hydrobiologiques, pesticides, micropolluants minéraux) sont produites par l’Agence de l’eau. La qualité physico-chimique : Les nitrates : Ils sont actuellement mesurés sur la Seiche aval, l’Ise, l’Yaigne et la Seiche amont (ces trois dernières stations ont été mises en place en complément de la station aval de Bruz depuis l’année hydrologique 2001-2002). Un point a été suivi non régulièrement sur l’Ise (Agence de l’eau Loire-Bretagne, 2007). Globalement la qualité reste mauvaise ou médiocre sur l’ensemble des stations. L’Yaigne est l’affluent le plus problématique avec une qualité mauvaise sur toutes les dernières années. [Qualit’eau 35, 2006] Toutefois, l’année hydrologique 2005-2006 se résume, en termes de données, à la seule station de Bruz (problème de techniques d’analyse en laboratoire pour les autres mesures). [Qualit’eau 35, 2007] Les résultats qui seront publiés pour l’année 2006-2007 seront donc à analyser avec un grand intérêt. Les Matières phosphorées : C’est le paramètre le plus déclassant entre les orthophospahtes (PO4

3-) et le phosphore total qui déterminent la classe de qualité. Les qualités les plus mauvaises relevées viennent de l’Ise et de la Seiche amont, dans les zones à prédominance agricole. Les dernières données disponibles (2005-2006) montrent une altération très faible par les matières phosphorées sur l’ensemble du bassin. [Qualit’eau 35, 2007] Ce constat est cependant à rapprocher de précipitations très faibles. Un effort particulier sur les zones agricoles semble à mener. Les matières organiques et oxydables (carbonées et azotées) :

Les trois stations les plus en aval traduisent une qualité moyenne. En revanche, la

Seiche amont se caractérise par une qualité médiocre voire mauvaise, dont l’évolution temporelle n’est pas encourageante, et qui a un impact sur l’ensemble du bassin versant et donc les efforts éventuels qui pourraient être faits plus en aval.

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Les pesticides :

La DIREN Bretagne [Com. Pers. M. Guiho] nous a fourni les données de sa campagne de mesures 2006. Parmi les 24 molécules qui ont été recherchées, en moyenne 6 molécules sont détectées par échantillon.

Il est à noter (figure 5) des pics de concentration pour certaines molécules ou des cumuls importants : jusqu’à 2,45 µg/l pour le cumul des concentrations dans un échantillon et des pics très importants en AMPA (métabolite du glyphosate) dépassant 1,3 µg/l.

Variation temporelle de la somme des concentrations en pesticides retrouvés dans les prélèvements

(La Seiche, lieu-dit Carcé, Bruz)

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Dates de prélèvements 2006

Con

cent

ratio

ns e

n µg

/L

AtrazineAtrazine déséthyl2-hydroxy atrazineSimazineIsoproturonDiuronGlyphosateAMPATriclopyrTerbutryneMéthabenzthiazuronMétazachloreMécopropImazaméthabenz-méthylDimethenamideDimétachloreDichlorpropDicambaCarbofuranCarbétamideAminotriazoleAcétochlore2,4-MCPA2,4-D

Figure 5 : le suivi de 24 molécules de pesticides sur la Seiche [Com. Pers. M. Guiho]

Globalement, il y a une tendance à l'accroissement pour l'AMPA, une stabilité (mais à

un niveau élevé) pour l'isoproturon, et une présence de l'atrazine malgré son interdiction depuis septembre 2003

Pour limiter cette analyse à des problématiques agricoles il faudrait augmenter le nombre de point de prélèvements, ce qui permettrait de faire abstraction des sources de contamination d’origine urbaine. Les molécules les plus fréquemment retrouvées dans les analyses sont toutes des molécules herbicides racinaires appartenant essentiellement à la famille des triazines (atrazine, simazine et leurs métabolites), ainsi que le diuron et l’isoproturon. Ces molécules sont principalement utilisées sur maïs. En ce qui concerne la spatialisation de la

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contamination il faudrait augmenter le nombre de points de prélèvements pour la déterminer. La variabilité temporelle des détections est apparue difficilement interprétable. La qualité biologique : La méthode des invertébrés benthiques (IBGN) :

Nous n’avons pas connaissance d’un suivi sur la Seiche, les seules données sont donc celles fournies dans le rapport d’étude du bassin versant datant de 2001.

Les rejets domestiques et industriels n’étant pas pour autant à négliger en termes de

pollution, nous avons profité d’une formation IBGN prévue dans notre cursus scolaire pour effectuer deux prélèvements IBGN sur l’Yaigne (amont et aval du bourg d’Ossé : voir annexe 4). Les notes faibles obtenues (6/20 pour les deux stations), bien qu’à relativiser du fait de la période hivernale du prélèvement, confirment une mauvaise qualité de l’eau sur cet affluent. L’indice biologique macrophytique en rivière (IBMR) :

Plus récemment, les macrophytes, végétaux visibles à l’œil nu (phanérogames, bryophytes, ptéridophytes, lichens…) ont été utilisés comme bioindicateurs des particularités morpho-physiques et hydrodynamiques des milieux aquatiques ainsi que de la qualité de l’eau (Haury, 1994). Les indices IBMR Macrophytes des eaux continentales sont français et s’inspirent de différents indices antérieurs étrangers ainsi que de travaux de biotypologie des cours d’eau (Haury et al., 2001).

Ces indices macrophytiques (Haury et al., 1996) prennent en compte l’état et le fonctionnement d'un peuplement, la distribution et l’abondance des espèces, la composition et la richesse spécifique des peuplements, la structure et l’organisation des phytocénoses, la participation du compartiment au fonctionnement des cours d’eau (Haury, 1994). Dans le basin versant de la Seiche aucun suivi de qualité des cours d’eau utilisant cet outil, n’a été réalisé. L’indice biologique diatomées (IBD) : Les mesures de 2000 à 2002 témoignent d’une valeur moyenne à médiocre. En 2005 et 2006, la qualité était moyenne. [DIREN, 2006] L’indice poissons rivière (IPR) : La Seiche n’a pas fait l’objet à ce jour de calculs d’indices poissons. En revanche, l’ONEMA vient d’intégrer une station d’inventaires par pêche électrique depuis 2007 (voir annexe 2). Signalons aussi que le Réseau Hydrobiologique Piscicole (RHP) classe la Seiche comme cours d’eau à habitats piscicoles influencés et/ou très influencés par les activités humaines. [Eaubretagne, 2]

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III. Bilan

Le fait qu’il n’y ait aucune station d’approvisionnement en eau potable sur le bassin versant de la Seiche explique en partie les suivis tardifs et incomplets au niveau des paramètres physico-chimiques de l’eau. Cet absence d’enjeu « eau potable » peut aussi être à l’origine d’un certain immobilisme sur ce territoire, où la prise de conscience et les tentatives de reconquête de la qualité des eaux ont, semble-t-il, été plus longues à s’instaurer que sur d’autres bassins versants bretons. Les paramètres déclassant les masses d’eau les plus importants dans le bassin de la Seiche sont la morphologie, les nitrates, les pesticides et l’hydrologie (manque de débit en étiage). Les altérations morphologiques (seuils, recalibrage des berges) sont identifiées par rapport au préjudice qu’elles portent au cycle biologique de certaines espèces bio-indicatrices.

Pour espérer répondre aux objectifs de la DCE, un suivi scientifique et technique régulier de la qualité physico-chimique mais aussi biologique des eaux de surface est impératif. Il est par exemple regrettable que plusieurs IBGN ponctuels ait été faits lors de l’étude du bassin en 2001 et que ce travail de connaissance n’ait pas été valorisé par la suite (il ne semble pas y avoir de suivi IBGN actuellement sur la Seiche).

Pour compléter ces suivis, il nous semble intéressant de proposer une approche parcelles à risques avec analyse multicritères. Dans la partie 2, nous allons tester cette méthode sur deux sous bassins versants.

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PARTIE 2 : L’ APPROCHE « PARCELLES A RISQUES » PAR UNE ANALYSE MULTICRITERES

L’approche « parcelles à risques » (ou parcelles sensibles) visent à classer les surfaces

su bassin versant selon le niveau de risque qu’elles font encourir à la qualité du cours d’eau. Cette classification est établie sur la base de plusieurs critères tels, la pente, l’occupation du sol, la présence de haies, de fossés de drainage, ….

Pour ce travail, l’objectif était d’appréhender la sensibilité des parcelles au transfert au cours d’eau d’éléments particulaires (minéraux et organiques) sur lesquelles de surcroît s’adsorbent du phosphore et des pesticides.

Cette étude a été réalisée sur des bandes de part et d’autres de tronçons de cours d’eau

de deux sous-bassins versant de la Seiche : sur la Seiche elle-même en amont de l’étang de Carcraon et sur l’Yaigne. Le choix de ces deux sous bassins a été guidé par la volonté de distinguer et de comparer les contextes amont et aval sur le bassin de la Seiche.

Les communes du bassin amont de la Seiche sont rurales, avec des densités de peuplement faibles et une activité agricole importante (élevages bovins laitiers, avicoles et porcins). La qualité de l’eau sur ce sous bassin avait été suivie durant l’année 2000 (suivis mensuels) par la SEEGT, avec un point de prélèvement à Cuillé.

Parmi les contextes aval, la rivière Yaigne a été choisie car elle était souvent citée dans l’étude de 2001 de la SEEGT comme affluent de la Seiche préoccupant avec notamment des apports de matières organiques réguliers mais aussi des pics records (concentrations maximales relevées sur le bassin de la Seiche). De plus, l’Yaigne était aussi la rivière la plus problématique du bassin pour les phosphores avec de fortes concentrations à l’étiage sur les secteurs soumis aux rejets de STEP. En ce qui concerne l’azote ammoniacal et les nitrates, l’Yaigne est le deuxième sous bassin le plus problématique après le bassin de la Quincampoix. La SEEGT insistait sur le fait que l’Yaigne était soumise à de nombreux rejets urbains plus ou moins bien traités.

Nous avons choisi cette démarche afin de pouvoir confronter, certes de façon

ponctuelle, la réalité du terrain avec les discours tenus par les acteurs rencontrés. En effet, afin d’apprécier les évolutions et les efforts consentis par les collectivités locales, nous avons pris contact avec des communes situées sur chacun de ces deux sous bassins (voir partie 3).

I. Méthodologie employée

I.1. Sites d’étude La caractérisation des surfaces a été réalisée sur la Seiche amont au niveau d’Availles-

sur-Seiche et sur l’Yaigne au niveau d’Ossé (figure 6). La parcelle agricole est rapidement apparue comme l’échelle d’étude (la surface) la

plus pertinente pour ce travail. [Paulais J., 2003] [Com. Pers. P. Aurousseau, J.Haury et D.Ombredane] Au vu du temps dont nous disposions, nous avons du nous contenter d’une trentaine de parcelles, riveraines du cours d’eau sur chaque tronçon de sous-bassin versant. Ceci correspond à 3,2 km de linéaire de cours d’eau (soit 6,4 km de berges) sur le secteur d’Availles-sur-Seiche et à 2,1 km de linéaire de cours d’eau (Soit 4.2 km de berges) sur le secteur d’Ossé sur l’Yaigne. Ce travail ne prétend donc en aucun cas être représentatif de quelque situation que ce soit, il a surtout pour but de montrer les possibilités qu’offre l’analyse multicritères en terme d’évaluation de risque.

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Figure 6 : localisation des deux secteurs où l’analyse multicritères a été menée

I.2. Principes généraux de l’analyse multicritère utilisée L’analyse multicritères se déroule en deux étapes :

1- L’évaluation qui consiste à attribuer des notes à chaque parcelle pour les différents critères étudiés et la caractérisant 2- L’agrégation : les notes de tous les critères sont sommées avec ou sans pondération suivant l’importance du critère. Ainsi chaque parcelle se voit attribuer une note globale permettant ainsi son classement

I.3 Les critères utilisés

Nous avons choisi de nous intéresser à un risque global quant à la qualité physico-chimique de l’eau. Les critères choisis ainsi que le fait de se limiter aux parcelles contiguës au cours d’eau font que nous allons principalement évaluer un risque lié aux matières en suspension, au phosphore (transféré par érosion particulaire) et aux pesticides (souvent adsorbés sur les matières particulaires).

Les critères évalués ont été les suivants :

- Pente de la parcelle : elle a été mesurée avec le logiciel Carto explorer 3 en réalisant des transects de 100 m perpendiculaires au cours d’eau au niveau de chaque parcelle. Au vu des gammes rencontrées, nous avons distingué trois classes :

Pente < 2% [2-4%] > 4% Points attribués (arbitraire) 3 2 1

Ossé Yaigne

Availles-sur-Seiche Seiche amont

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- Occupation du sol : tout comme les critères qui suivent, elle a été évaluée lors de nos inspections de terrain (26 et 27 janvier 2008). L’hiver est une saison propice pour évaluer les risques d’érosion des sols. Nous avons observé trois types d’occupation du sol :

Occupation du sol Prairie Sol cultivé

couvert en hiver Sol cultivé nu en hiver

Points attribués (arbitraire) 4 2 1 - Existence d’une protection aval : présence d’une structure végétale (arbustive ou herbeuse) en bordure du cours d’eau

oui → 2 points ; non → 0 points

- Etat de la parcelle au niveau du bord de la rivière :

Etat parcelle au cours d’eau Boisée Prairie Bande enherbée Culture sans

bande enherbée Points attribués (arbitraire) 4 3 1 0

- Protection amont pour la parcelle : Présence d’une structure dans la partie haute de la parcelle (partie la plus éloignée du cours d’eau)

Protection amont pour la parcelle Talus boisé Talus non boisé Haie - Points attribués (arbitraire) 3 2 2 0

- Etat de dégradation des berges du cours d’eau :

Etat de dégradation berges Faible Moyen Fort Points attribués (arbitraire) 2 1 0

- Présence d’une connexion amont dans la parcelle : ouverture dans une haies de bas fond, chemin, fossé, … connexion avec la parcelle adjacente plus haut dans le versant

non → 2 points ; oui → 0 points - Parcelle drainée :

non → 2 points ; oui → 0 points - Nombres d’abreuvoirs directement dans le cours d’eau :

Nombre d’abreuvoirs 0 1 ≥ 2 Points attribués (arbitraire) 3 1 0

Les notes les plus faibles correspondent au risque maximum. Ainsi, sans pondération,

la note globale est comprise dans une gamme allant de (risque le plus faible) à (risque le plus fort

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II. Résultats Cette approche nous permet d’obtenir deux grands types de résultats. Dans un premier

temps, nous avons réalisé une cartographie des parcelles avec un code couleurs. Dans un second temps, nous avons pu caractériser chacun des tronçons de cours d’eau.

II- 1 Cartographie des parcelles à risque

Nous avons créé trois classes de risque croissant selon la note globale obtenue par la

parcelle qui pouvait aller de 2 à 25. Les notes obtenues s’étalant de 6 à 24 les trois classes ont été définies ainsi : - les parcelles vertes (note ≥18) : parcelles présentant le moins de risque - les parcelles oranges (note de 12 à 17): parcelles présentant un risque intermédiaire - les parcelles rouges (note ≤ 11) : parcelles présentant le plus grand risque

Les résultats sont présentés dans les figures 7 et 8. Nous pouvons constater que le

nombre de parcelles à plus fort risque (en rouge) sont proportionnellement plus nombreuses sur le secteur de l’Yaigne.

Figure 7 : Cartographie parcellaire obtenue sur le secteur de la Seiche amont aux abords d’Availles-sur-Seiche par la méthode multicritères (fond de carte Google Earth©)(rouge : risque fort, orange :

risque intermédiaire, vert : risque faible)

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Figure 8 : cartographie parcellaire obtenue sur le secteur de l’Yaigne de part et d’autre d’Ossé par la méthode multicritère (fond de carte Google Earth©) (rouge : risque fort, orange : risque

intermédiaire, vert : risque faible)

II-2 Comparaison des deux tronçons En plus de cette analyse comparative entre parcelles, il est aussi possible de comparer

les deux sous bassins étudiés, critères par critères. Il suffit pour cela d’introduire les longueurs respectives de chaque parcelle au niveau des berges pour pondérer les notes affectées à chaque critère. Les valeurs suivantes ont été obtenues :

Tableau 3 : Comparaison par critères des deux tronçons de sous bassin la Seiche amont et l’Yaigne)

Critères Moyenne SEICHE

Max Seiche

Min Seiche

Moyenne YAIGNE

Max Yaigne

Min Yaigne

pente 2.10 3 1 2.19 3 1 occupation du sol 3.70 4 1 3.24 4 1 protection à l'aval 0.39 2 0 0.70 2 0 bordure de rivière 2.71 4 1 2.47 4 0

protection à l'amont 0.89 3 0 0.95 3 0 dégradation des berges 0.95 2 0 0.52 2 0

connexion amont 1.48 2 0 0.81 2 0 drains 1.60 2 0 1.37 2 0

abreuvoirs 2.20 3 0 3.00 3 3 - Les valeurs SEICHE et YAIGNE sont obtenues, pour un critère donné, en pondérant par la longueur de linéaire de berge correspondant à chaque parcelle : [(∑ sur l’ensemble des parcelles (note parcelle*longueur parcelle)]/[∑(longueur parcelle)] - Max : note maximale présente sur une parcelle du secteur pour le critère considéré - Min : note minimale présente sur une parcelle du secteur pour le critère considéré

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Globalement les deux tronçons étudiés restent proches (note globale moyenne : 16.4

sur la Seiche et 15,0 sur l’Yaigne). La meilleure note obtenue par la Seiche amont peut s’expliquer par une dégradation des berges moindre, moins de connexions amont au sein des parcelles et une occupation du sol légèrement plus favorable (plus de prairies en bord de cours d’eau).

III. Bilan et discussion

Le risque nitrates n’est pas évalué avec cette méthode car ces derniers sont

essentiellement transférés par lixiviation-lessivage et nous n’avons pas pris en compte les parcelles du bassin versant plus éloignées du cours d’eau.

Il est essentiel de garder à l’esprit le caractère empirique de la démarche. Les points attribués sont le fruit d’une évaluation arbitraire. La note attribuée à une parcelle donnée n’a donc aucune valeur dans l’absolu et ne peut en aucun cas permettre de prédire un risque absolu.

En revanche cette approche permet de comparer les parcelles entre elles et ainsi de cibler celles sur lesquelles il faudrait agir prioritairement (mise en place d’abreuvoirs à museau, augmentation des bandes enherbée, plantation de haies entre la parcelle de bord de cours d’eau et la parcelle située au dessus,...). De plus, en rapportant les notes de chaque parcelle à leur linéaire de berge respectif, par rapport au linéaire de berge total, nous pouvons approcher une comparaison des deux sous bassins étudiés (l’extension de l’étude à l’échelle de chaque sous bassin ou tout du moins l’augmentation de la taille des échantillons réglerait le problème de la représentativité).

Disposer d’un jeu de données plus important et d’un jeu de résultats (paramètres de qualité physico-chimique de l’eau par exemple) permettrait de proposer un modèle avec des coefficients pertinents à appliquer à chaque variable explicative (les variables explicatives étant ici les critères que nous avons évalués). Ces méthodes demandent des moyens scientifiques importants et ne sont en général appliquées que sur des bassins pilotes de petite taille. [Paulais, 2003]

Contrairement à ce que nous avions avancé en introduction, le contexte agricole de l’Yaigne ne semble pas très différent de celui de la Seiche amont. Certes les communes sur l’Yaigne voient leur population augmenter significativement depuis plusieurs années, mais l’activité agricole reste néanmoins prépondérante dans le paysage. Même si l’Yaigne est très impactée par l’industrie (voir partie 2), il aurait peut-être été intéressant de choisir un bassin un peu plus différent que celui de la Seiche amont en termes d’activité agricole notamment. L’absence de distinction entre les deux sous-bassins s’explique aussi par le fait que nous nous sommes limités à des critères de parcelles agricoles sans prendre en compte les critères d’urbanisation.

Ces approches techniques peuvent permettre d’établir un diagnostic du milieu. Dans

une idée d’actions, le ressenti et les projets des acteurs locaux sont à prendre en compte.

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PARTIE 3 : À LA RENCONTRE DES ACTEURS DU BASSIN VERSANT DE LA SEICHE

I. La méthodologie employée Pour débuter, il nous a semblé opportun de prendre contact avec les pouvoirs publics et administrations diverses dont les domaines de compétence et :ou d’intervention sont liés à l’eau, aux milieux aquatiques et à l’aménagement du territoire. Rencontrer ces acteurs dès le début de nos investigations nous a permis de mieux appréhender le contexte général de la Seiche, puisque les personnes avec qui nous nous sommes entretenues travaillent sur un grand nombre de bassins versants (souvent à l’échelle départementale ou régionale). Ces acteurs ont donc un peu de recul par rapport à la Seiche et discernent sans doute plus aisément les problématiques de ce bassin puisqu’ils peuvent le comparer avec d’autres bassins voisins. Dans cet objectif d’échelle globale, nous avons aussi contacté une association environnementale, un scientifique et la Fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine. A plus fine échelle, nos investigations sur le territoire du bassin versant de la Seiche ont consisté à contacter les communautés de communes concernées, le syndicat de bassin aval de la Seiche et quelques mairies situées sur deux sous bassins que nous avons choisis dans la suite de l’étude (voir Partie 2). Une limite importante à ces investigations était la tenue des élections municipales dans le mois suivant notre étude, ce qui n’a pas toujours facilité les contacts et le dialogue avec les élus locaux. Faute de temps, nous regrettons de n’avoir pas pu contacter plus de communes. Nous sommes aussi conscients qu’il manque à cette étude des échanges avec les citoyens et acteurs économiques locaux (propriétaires de seuils sur le cours d’eau, industriels et agriculteurs,...). Les entretiens se sont déroulés soit par rencontre directe quand celle-ci était possible et/ou essentielle à nos yeux, soit par conversation téléphonique quand les déplacements s’avéraient trop longs. Compte tenu du nombre limité d’échanges (une vingtaine, voir la liste des personnes contactées en annexe 3), nous avons opté pour des entretiens semi-directifs.

II. Les thèmes abordés Voici le compte rendu des entretiens que nous avons eu avec les différents acteurs rencontrés. Nous avons opté pour une classification par thèmes abordés dans les discussions, thèmes qui nous ont servi de grille d’entretien.

II.1. La coordination locale

Le syndicat de bassin aval de la Seiche regroupe 19 communes d’Amanlis jusqu’à l’exutoire, dont 15 sont à caractère urbain puisqu’elles appartiennent à Rennes Métropole. Le projet principal du syndicat est d’étendre son périmètre sur la soixantaine de communes que comporte le bassin. Cette cohérence au niveau du bassin est essentielle et demandée par tous les acteurs rencontrés. Les démarches d’extension du syndicat sont lancées, notamment par l’intermédiaire des Communautés de communes, telles que les Communautés de communes de la Roche aux fées et du Pays Guerchais. Cette dernière a d’ailleurs mis en place des contrats paysagers, des actions de replantations de haies. Le principal frein à l’extension du syndicat est la contribution financière que doivent apporter les communes.

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De plus, cette extension du syndicat est apparue essentielle pour plusieurs organismes. L’Agence de l’eau et le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine demandent une planification par projets et la création d’un poste d’animateur de bassin versant pour s’engager dans des financements conséquents. Mais à ce jour, le syndicat n’est pas prêt à créer ce poste d’animateur pour des raisons financières. La Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine regrette également le manque d’interlocuteurs pour travailler sur la globalité du bassin versant de la Seiche, d’autant plus qu’un certain nombre d’agriculteurs sont prêts agir pour réduire leur impact sur l’environnement.

Les actions d’aménagement et d’entretien de cours d’eau réalisées par le syndicat se font en concertation avec la fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine et l’ONEMA. Cependant, l’ONEMA est peu impliqué sur ce bassin, essentiellement parce qu’il n’y a pas de coordination sur l’ensemble du bassin versant.

Globalement, une absence de porteur de projet et de coordination des actions sur l’ensemble du bassin versant est signalée par l’ensemble des acteurs. Ceci empêche la réalisation d’actions cohérentes et efficaces pour améliorer la qualité de l’eau sur l’ensemble du bassin de la Seiche.

II.2. L’assainissement

Les associations et les communes sont d’accord pour reconnaître que de gros efforts ont été faits sur les Stations d’épuration (STEP). De plus, pour une majorité des acteurs, la pollution d’origine humaine est minime comparée à la pollution d’origine animale.

Pour éviter tout problème, les autorisations de lotissement ne devraient être délivrées aux communes que si les équipements de traitement sont conformes à l’augmentation de population prévue.

II.3. L’agriculture et l’industrie

L’agriculture est considérée comme le principal problème environnemental de la Seiche par le syndicat, les communautés de communes, les associations et les scientifiques. Toutes les autres pollutions sont ponctuelles et plus faciles à cibler que les pollutions diffuses d’origine agricole.

D’après les scientifiques et les associations, la Seiche était en bon état tant que l’agriculture était extensive. La rivière se serait dégradée depuis les remembrements et recalibrages (catastrophiques sur certains affluents de la Seiche) qui ont accompagné l’intensification de l’agriculture.

Le syndicat de bassin aval de la Seiche se sent impuissant face à la pollution présente dans les cours d’eau. D’après lui, celle-ci est d’origine agricole et il ne peut pas intervenir sur les pratiques. Les agriculteurs ne sont pas assez contrôlés et les actions entreprises par le syndicat sont bien dérisoires dans ces conditions. Pourtant, d’après la chambre d’agriculture, il y a de nombreux agriculteurs actifs et prêts à coopérer mais ils n’ont pas d’interlocuteur sur le bassin et leur action ne peut donc qu’être isolée.

Il n’existe pas de zonage spécifique en amont de la Seiche comme les ZAC (zones d’aménagement concerté) qui sont liées aux captages d’eau. On attend une action de l’Agence de l’eau pour élargir ces zones. D’après les scientifiques, les ZES (Zones d’excédents

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structurels) n’ont pas été efficaces puisque l’augmentation des productions animales a eu lieu comme partout.

Il sera très difficile de revenir en arrière car les agriculteurs se sont lancés dans des investissements importants et sont bien souvent pris dans un engrenage fort avec une dépendance vis-à-vis des créanciers. Les associations estiment qu’il faudrait des mesures draconiennes par rapport à l’agriculture. Elles constatent une certaine inertie du monde agricole dans les petites communes, où les maires sont élus par les agriculteurs. Par ailleurs, les agriculteurs hors-sol sont tributaires des prêteurs de terre. On nous cite un exemple récent de la demande de transfert d’effluents de la zone de Vitré vers le bassin versant de la Seiche. (voir partie 4) Ce projet, que les pouvoirs publics voulaient exemplaire, ne fait que déplacer les problèmes au lieu de les régler. Les scientifiques et les associations affirment que les commissions telles que le CODERST n’ont pas pris en compte les préconisations du SAGE Vilaine et ont cédé aux pressions.

De plus, il existe aussi une forte pression de l’industrie à l’aval. L’industrie agroalimentaire, activité économique majeure pour la Bretagne, et tributaire de la production agricole, fait pression pour maintenir l’activité agricole en l’état (figure 9).

Figure 9 : l’Yaigne, un affluent de la Seiche très dégradé par les activités agricoles et industrielles (photographie à l’amont de la commune d’Ossé)

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II.4 Les aménagements liés aux milieux aquatiques

Le Syndicat du Bassin Aval de la Seiche est le principal acteur de l’aménagement et de l’entretien du cours d’eau dans la partie aval du bassin. Il a réalisé par exemple des chantiers d’élagage des arbres et d’enrochements, ainsi que la réhabilitation de nombreux seuils sur le cours d’eau. Mais la compétence du syndicat se limite au cours d’eau lui-même.

La morphologie des cours d’eau est le paramètre qui déclasse le plus le bassin versant de la Seiche. La fédération de pêche s’y intéresse de près car le peuplement piscicole est en mauvais état (voir annexe 2). Elle pourrait faire des enrochements pour diversifier le cours d’eau et les flux dans le cours d’eau et une gestion de la ripisylve serait aussi envisageable.

La gestion des retenues est également primordiale car le cours principal de la Seiche est parsemé de seuils d’anciens moulins. La fédération de pêche a inventorié les différents seuils. Ensuite, il sera possible pour chaque seuil de choisir de le conserver, l’aménager ou le détruire selon son état et son utilité. Les aménagements possibles sur la Seiche sont les suivants : • rectifier les écoulements • restaurer des frayères à brochets (la Seiche a un bon potentiel de zones humides)

• permettre la libre circulation des poissons et des sédiments, ces derniers s’accumulant dans les étangs et en amont des seuils.

• restaurer les annexes hydrauliques

Le syndicat, conseillé par des techniciens de l’ONEMA, propose, à titre expérimental, de diminuer le niveau des étangs en hiver pour réduire l’eutrophisation l’été.

Le bassin versant de la Seiche se trouve sur un substrat schisteux avec des faibles pentes. Le bassin est ainsi facilement inondé et les étiages sont sévères en été. L’alimentation de la Seiche se fait donc essentiellement par ruissellement. Ceci explique aussi la mauvaise qualité de l’eau et la nécessité de préserver les zones humides de bas fonds.

Deux projets d’aménagement des voies de communication sont prévus : la surélévation d’une route près de Bruz pour éviter les inondations, et la construction de la nouvelle ligne d’AGV qui devrait passer au-dessus de la Seiche dans la commune du Pertre.

II.5. Les réglementations et les contrôles

Le syndicat et les associations constatent que la loi n’est pas appliquée et pas applicable en ce qui concerne l’activité agricole (contrôle des épandages, des pompages d’eau dans le cours d’eau,...) et regrettent un manque de moyens pour les services en charge des opérations de contrôle. La lenteur des procédures juridiques et les pressions subies sont également dénoncées.

Les actions de police de l’eau sont menées dans le cadre d’une convention avec la DDAF qui est l’instigateur des contrôles. Un inventaire des zones humides est fait, les communes doivent les intégrer dans leur plan local d’urbanisme (PLU).

III. Bilan

Les rencontres avec les différents acteurs du bassin versant nous ont montré clairement que l’agriculture est l’activité économique essentielle sur le bassin de la Seiche. Mais son développement très important et son caractère intensif semblent aussi responsables d’une grande partie des problèmes environnementaux rencontrés. La majorité des personnes

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rencontrées avouent que beaucoup des problèmes de ce bassin sont dus aux activités agricoles. Selon elles, les agriculteurs n’ont pas dans leurs priorités la protection et l’amélioration de la qualité de la Seiche. Cependant, les agriculteurs seraient en général prêts à agir s’ils avaient en face d’eux un interlocuteur qui encadre et coordonne les actions.

Pour cette raison, l’ensemble des acteurs s’accorde dans le sens qu’une structure porteuse de projets manque à l’échelle du bassin versant de la Seiche. Pour que des actions concrètes soient entreprises, le syndicat mixte du bassin aval de la Seiche doit s’étendre sur l’ensemble du bassin.

A partir de la synthèse des données disponibles, de l’analyse des parcelles à risques et des thèmes abordés lors des rendez-vous avec les différents, il est possible d’appréhender les enjeux, les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour que la Seiche puisse retrouver un bon état écologique et ainsi satisfaire aux exigences de la DCE.

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PARTIE 4 : PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS D’ACTIONS POUR LE BASSIN VERSANT DE LA SEICHE

Les dégradations et problèmes rencontrés sur le bassin versant de la Seiche amènent à s’interroger sur l’atteinte des objectifs dans le contexte européen de la DCE, traduite dans le droit français par la loi sur l’eau du 30/12/06. Les exigences très fortes de cette directive visent à atteindre un bon état écologique pour 2015. Dans des contextes très perturbés, comme c’est le cas sur la Seiche mais aussi sur de nombreux autres bassins régionaux et nationaux, des actions précises et efficaces doivent être menées rapidement afin de s’engager dans une voie de reconquête de la qualité des eaux et des cours d’eau en général.

I. Le bassin de la Seiche : un bassin versant fortement dépendant du contexte breton et des politiques environnementales nationales

Malgré plusieurs avancées notables au cours des dernières décennies, la gestion de l’eau en France n’apparaît pas réellement satisfaisante. En effet, les prélèvements abusifs et les pollutions subsistent : une amélioration significative en matière de rejets et de prélèvements au niveau des industries et des ménages est à noter mais de nombreux problèmes persistent, en particulier avec les usages agricoles.

Pour améliorer la qualité de l’eau en France, et en Bretagne particulièrement, le projet de loi sur l’eau adopté à la fin de l’année 2006 s’axe notamment sur le développement d’actions reposant sur le volontariat et les subventions publiques. Ces actions ne semblent pas en totale adéquation avec l’esprit de la DCE, qui préconise plutôt d’intégrer les principes de l’économie (analyse coût-avantage, principe pollueur-payeur,...) pour arriver à une gestion optimale de l’eau. A contrario, le dispositif français repose essentiellement sur la réglementation, les subventions, la formation et le volontariat. Les résultats faibles obtenus au regard des moyens investis (citons l’exemple du programme Bretagne Eau Pure) témoignent d’ailleurs d’une certaine inefficacité des politiques de l’eau françaises. Ceci se comprend facilement car une subvention pour dépolluer (qui est contraire au principe pollueur-payeur mentionné dans la DCE) n’incitera jamais un agent économique à réduire ou modifier sa production puisqu’il ne supporte pas (ou très peu) les coûts de la dépollution. Un exemple parlant en agriculture est le démantèlement de la redevance pollution des élevages par la loi sur l’eau de 2006 : en effet, dorénavant, une taxe sera appliquée sur tous les animaux et non sur les animaux excédentaires comme c’était le cas auparavant. Les élevages les moins polluants seront donc autant pénalisés que les plus polluants. [Com. Pers. P. Le Goffe]

L’optimum pour la collectivité n’est pas la pollution zéro : il faut prendre en compte d’un côté les dommages à l’environnement, et de l’autre la richesse créée par les activités industrielles ou agricoles.

Rechercher cet optimum par des politiques nationales cohérentes semble une condition indispensable pour régler les problèmes de pollution. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra espérer voir apparaître, à terme, des productions plus durables (liées aux capacités d’épuration du sol pour les élevages par exemple).

Dans le cas de l’agriculture bretonne, une déconcentration des élevages apparaît indispensable. En effet, des projets de transferts de lisiers de porcs comme celui du GIE TERRE-EAU1 ne font que déplacer les problèmes, sans les résoudre. Par ailleurs, au regard

1 Enquête d’utilité publique en 2006 quant à la création d’une banque de lisiers afin de résoudre les problèmes d’excédents sur la région de Vitré et organisation d’épandages grâce à des prêteurs de terres situés sur le bassin de la Seiche

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de la situation actuelle de la Seiche, les controverses et inquiétudes quant à ce genre de projets sont compréhensibles et aboutissent à de nombreux contentieux juridiques [Com. Pers. R. Giovanni].

De plus, face à ces politiques, nombreux sont les acteurs locaux (Communautés de communes, syndicat de bassin aval,...) à se sentir impuissants et à estimer que leurs actions en faveur de la Seiche restent bien futiles.

Dans ce contexte de politiques nationales peu efficaces, la tâche est difficile et les

possibilités d’action sont limitées pour une collectivité comme le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine. Néanmoins, compte tenu des caractéristiques du bassin versant de la Seiche que nous avons ciblées (contexte environnemental, social, positions et rôles des acteurs,...), un certain nombre d’idées et de propositions d’actions nous semblent pertinentes.

II. Propositions d’actions et perspectives pour le bassin de la Seiche Les pollutions directes : L’impact des stations d’épuration est important, en particulier lors des étiages sévères puisqu’à cette période là, les rejets domestiques constituent la principale source d’alimentation des cours d’eau. Les problèmes importants que nous avons repérés sur l’Yaigne ont, d’après les mairies contactées, évolué favorablement depuis 2000 (construction d’une station intercommunale Domloup-Nouvoitou-Châteaugiron par exemple).

Néanmoins certaines municipalités (sur la Seiche amont notamment) nous ont aussi assuré que l’assainissement collectif n’avait jamais été un réel problème alors que l’étude de la SEEGT mettait clairement en évidence des dysfonctionnements de certaines STEP sur ces zones [SEEGT, 2001d]. Quoi qu’il en soit, la situation s’est améliorée ces dernières années et on peut penser que les contrôles actuels effectués sur les STEP sont garants d’un fonctionnement satisfaisant.

Il semblerait logique que la préfecture ne donne pas d’autorisation de construire de nouveaux logements aux communes n’ayant pas les systèmes de traitement adéquats. En effet le développement démographique de certaines communes est tel que les capacités des stations d’épuration, même récemment construites, sont vite dépassées. Des compléments d’épuration par lagunage pourraient cependant être préconisés dans certains cas, au vu de la turbidité des milieux. Un cours d’eau comme l’Orson est très impacté par la zone industrielle de Vern-sur-Seiche (flux d’hydrocarbures). Même si les pratiques de rétention par les industriels s’améliorent, les fossés colmatés par des sédiments chargés d’éléments polluants doivent être curés (pour éviter une remise en suspension de ces éléments lors des pluies), tout en sachant que les boues de curage poseront un problème de traitement. Les effluents des trois principales industries alimentaires du bassin (industries laitières de Retiers et cidrerie de Domagné) sont épandus sur les terres agricoles. Ces épandages industriels pourraient être responsables de certains pics de matières organiques en début de saison pluvieuse inexpliqués sur l’Yaigne. Une étude plus approfondie est à mener.

Les pollutions diffuses : L’assainissement autonome reste un problème important. La mise aux normes, bien qu’obligatoire est lente à se mettre en place compte tenu du nombre important d’habitations

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concernées. La priorité est d’agir sur les installations non conformes proches des cours d’eau et des zones humides. L’agriculture est incontestablement le domaine où il y a le plus à faire et où les possibilités d’évolution sont les plus grandes. Toute action ne se fera qu’avec une prise de conscience et une volonté des agriculteurs qui sont, ne l’oublions pas, les garants de l’entretien des paysages. Les zones tampons naturelles (ripisylve, zone humide,...) et artificielles (bande enherbées) doivent faire l’objet d’une priorité absolue. Les actions préventives et curatives contre la pollution diffuse sont à mener au niveau des têtes de bassin versant dans un premier temps. Cela passe par de la communication auprès des exploitants agricoles. Les fossés de drainage qui traversent les parcelles et se jettent dans les cours d’eau sont nombreux et ne sont que très rarement protégés. Avec des compensations financières adéquats, il est envisageable de demander aux exploitants d’augmenter la largeur des bandes enherbées ou de changer le système cultural (passage d’un maïs à une prairie par exemple, mise en place de cultures intermédiaires pièges à nitrate,...) sur les parcelles les plus à risque. Un certains nombre d’agriculteurs sont prêts à passer à des modes de production moins intensifs, mais il faut pour cela augmenter la valeur ajoutée de leur production. En valorisant les filières courtes et les démarches de label, le Conseil Général peut les encourager dans cette voie. De plus, subventionner les exploitants qui sont prêts à passer de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique semble pertinent économiquement puisque les élevages intensifs ne paient que très peu pour la pollution qu’ils émettent [Com. Pers. P. Le Goffe] Cette démarche a d’ailleurs déjà été entreprise par le Conseil Général, elle est à continuer même si l’on peut regretter le faible nombre d’agriculteurs prêts à franchir le pas. Un effort de formation, en collaboration avec la Chambre d’agriculture doit aussi être fait. Beaucoup d’exploitants vivent encore dans l’illusion qu’augmenter les doses prescrites (engrais et pesticide notamment) va améliorer la rentabilité de leur exploitation. Un encadrement des agriculteurs est envisageable sur quelques mesures simples. Citons le financement de ponts et d’abreuvoirs, mais aussi la couverture des fumières et fosses à lisier qui éviterait des relarguages d’azote dans l’atmosphère mais aussi de nombreux accidents. On peut aussi penser que l’installation de filtres à ammoniaque sur les porcheries (déjà obligatoire dans certains pays comme les Pays-Bas) est nécessaire, en particulier dans les zones où la population urbaine est importante. Tous les efforts qui seront consentis par les agriculteurs et la collectivité ne doivent pas être réduits à néant par quelques pratiques, certes marginales, mais dévastatrices. Ainsi un contrôle efficace, en termes de police de l’eau notamment, est essentiel. De nombreux prélèvements d’eau abusifs en été sont régulièrement signalés, les réglementations concernant ces pratiques existent, elles doivent être appliquées.

Les aménagements divers :

Les seuils ont un impact très fort sur la morphologie du cours d’eau et sont impérativement à prendre en compte car ce paramètre morphologie est un des paramètres les plus déclassants sur la Seiche par rapport aux objectifs DCE. La fédération de pêche a réalisé une étude technique sur chacun des seuils présents sur le cours de la Seiche. Il serait maintenant nécessaire de faire une étude du ressenti des propriétaires de seuils, afin de voir s’il est possible d’aménager voire supprimer ces seuils, dont l’utilité actuelle est le plus souvent inexistante. De plus, une étude précise du rôle des seuils sur la géomorphologie du cours d’eau est à envisager car certains seuils peuvent participer au maintien du profil en long en ralentissant les eaux et limitant ainsi une érosion régressive.

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Pour le reste, les actions traditionnelles sur la ripisylve et dans le cours d’eau restent intéressantes. Un Contrat Restauration Entretien pourrait s’avérer utile mais il sera nécessaire d’avoir des objectifs cohérents par rapport aux potentialités naturelles du cours d’eau et des zones humides associées. De plus, disposer de personnels compétents et formés est essentiel. [Com. Pers. J. Haury] D’une manière générale, les financements devront aussi permettre une remise en état des fossés, talus, et une replantation d’arbres et de haies.

A cela s’ajoute le problème des deux grands étangs situés sur le cours de la Seiche qui n’a pas été résolu à ce jour. Une meilleure gestion des niveaux d’eau durant l’hiver est envisagée à titre expérimental (voir paragraphe II-4). Une étude préalable du fonctionnement de ses étangs semble un préalable à toute mesure de gestion afin d’éviter de mettre en place des mesures contraignantes qui n’auraient aucun effet, voire d’investir dans des aménagements qui ne seraient pas appropriés.

Ces perspectives d’actions coordonnées nécessitent d’avoir un interlocuteur pour tout

le bassin versant. L’élargissement du syndicat de bassin aval à l’ensemble des communes du bassin et la création d’un poste d’animateur de bassin sont donc des conditions nécessaires pour obtenir une cohérence et espérer des résultats à moyen terme.

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CONCLUSION

Cette étude, bien que trop courte dans la durée, nous a permis de dégager un certain nombre de problèmes sur le bassin versant de la Seiche. Du fait que ce bassin présente les mêmes caractéristiques générales du point vue de la géomorphologie et de l’hydroclimat que les autres cours d’eau d’Ille-et-Vilaine, certaines conclusions tirées pour la Seiche peuvent être étendues à l’échelle du département avec des adaptations locales.

Il est apparu clairement qu’il n’y a pas eu, jusqu’à présent, de réelle action cohérente de reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques sur le bassin de la Seiche. L’importante étude qualité du bassin versant, réalisée en 2001, a dressé un état des lieux assez précis de ce territoire. Les propositions d’actions formulées par la SEEGT n’ont pas toujours été suivies. De plus, l’absence de décisions concertées sur l’ensemble du bassin versant ne permet pas d’obtenir les résultats escomptés et pourtant nécessaires. Sept ans après l’étude, la situation de la Seiche reste toujours très préoccupante et le manque de résultats concrets suite à cette étude a créé un profond ressenti chez les élus locaux, qui ne comprennent pas à quoi a servi l’argent investi. La Directive Cadre Européenne sur l’Eau demande non seulement une obligation de moyens mais aussi et surtout une obligation de résultats. A ce titre, une prise de conscience des collectivités et des élus locaux est essentielle. En effet, le bassin de la Seiche manque cruellement de catalyseurs politiques. Dans cette optique, le projet prioritaire d’extension du syndicat de bassin aval à l’ensemble des communes du bassin est à saluer. Il conviendra néanmoins de s’assurer de la représentativité de ce syndicat et d’une adhésion sans faille des communes concernées à la politique du syndicat. Ce syndicat agrandi et fonctionnel devra impérativement proposer une planification de ses actions avec la définition d’objectifs prioritaires. Cette planification avec une programmation par projets est essentielle pour obtenir des aides de l’Agence de l’eau. Par ailleurs la grande majorité des acteurs rencontrés insistent sur la nécessité d’avoir un interlocuteur commun. Le syndicat, via la création d’un poste d’animateur de bassin par exemple, pourrait proposer une solution à ce problème. L’augmentation du nombre de communes adhérentes et les soutiens financiers de l’Agence de l’Eau et du Conseil Général devraient rendre cette création de poste possible. Pour améliorer l’état écologique du réseau hydrographique, les aménageurs devront s’attacher à (re)créer de la variabilité et de la diversité spatiale et temporelle. Les pratiques agricoles devront être pensées pour respecter les écosystèmes aquatiques. Des actions notamment sur les seuils pourront être envisagées selon leur état et leur besoin. Les solutions possibles en ce qui concerne les problèmes de géomorphologie sont très limitées, voir inexistantes. En ce qui concerne le suivi de l’état des cours d’eau, l’utilisation des indices biotiques est primordiale pour connaitre au mieux le système et s’avère un préalable pour établir la pertinence des actions de reconquête. Cela pourrait être réalisé dans le cadre de l’actualisation de l’étude déjà assez ancienne faite par la SEEGT. De plus il faudra faire un état des lieux détaillé afin d’identifier et de caractériser en détail les « points noirs », les parcelles à risques, … Cette conclusion est aussi l’occasion de rappeler que le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine a alloué une somme minimale de 42 000 € pour l’année 2008 en ce qui concerne le

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bassin de la Seiche, ce qui en fait l’un des bassins les mieux dotés du département. A cette somme peuvent s’ajouter des aides de la région Bretagne qui permettraient probablement, sous réserve de projets cohérents, de voir les aides atteindre les 100 000 €. Avec les nouvelles équipes municipales qui vont se constituer dans les mois à venir, les élus devraient tout faire pour s’intégrer dans une action collective fédératrice, dont la première conséquence sera l’amélioration de la qualité de vie de leurs concitoyens... Dans un cadre plus général, il est important pour le respect de la DCE de prendre en compte le changement des pratiques agricoles, de sensibiliser toutes les personnes dont les activités sont liées aux cours d’eau, de veiller au respect des lois,…

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BIBLIOGRAPHIE AFNOR, 2004. Détermination de l’indice biologique global normalisé (IBGN).

AGENCE DE L’EAU LOIRE-BRETAGNE, 2007. Probabilité de respect des objectifs DCE : risque global et différents paramètres. Commission Vilaine et Côtiers Bretons. CLE. 2001. (Commission Locale de l’Eau du SAGE Vilaine). Situation agrozootechnique et quantités d’azote et de phosphore organiques produites par les activités d’élevage sur le bassin de la Vilaine, 1998-1999. 57 p. CLE. Non daté. (Commission Locale de l’Eau du SAGE Vilaine). Rapport de présentation sur la qualité des eaux du bassin de la Vilaine. CONSEIL GENERAL D’ILLE ET VILAINE, 2008. Atlas de l’environnement en Ille et Vilaine. 77 p. DIREN, 2006. (Direction Régionale de l’Environnement Bretagne). L’eau en Bretagne : bilan 2006. 19 p. HAURY J., 1994. The macrophytes, indicators of river quality. In: Etat de santé des écosystèmes aquatiques - Les variables biologiques comme indicateurs. Ministère de l'environnement & GIS sur les hydrosystèmes, Paris, pp. 195-213. HAURY J . PELTRE M.C., MULLER S., TREMOLIERES M., BARBE J., D UTARTRE A., GUERLESQUIN M. , 1996. Des indices macrophytiques pour estimer la qualité des cours d'eau français: premières propositions. Ecologie, 27(4): 79-90. HAURY J., PELTRE M.-C., MULLER S., THIEBAUT G., TREMOLIERES M., DEMARS B., BARBE J., DUTARTRE A., GUERLESQUIN M., LAMBERT E., 2001. – Les macrophytes aquatiques bioindicateurs des systèmes lotiques - Intérêts et limites des indices macrophytiques. Synthèse bibliographique des principales approches européennes pour le diagnostic biologique des cours d’eau- Phase 2. UMR INRA-ENSA EQHC Rennes & CREUM-Phytoécologie Univ. Metz. Agence de l’Eau Artois-Picardie : 101 p. + ann. Téléchargeable sur le site des Agences de l’Eau « Etudes sur l’eau n°87 »

OTURAN M.A. et MOUCHEL J.M., 2007 . Pesticides : impacts environnementaux, gestion et traitements. Presses de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. 334 p.

PAULAIS J. 2003. Identification des parcelles sensibles aux transferts de particules érodées grâce à l’analyse multicritère, en zone d’élevage bovin intensif, dans le bocage sud-Manche. Contribution à l’action structurante AQUAE Cemagref/INRA/ENSAR. Mémoire de DESS Espace et Milieux Université Paris 7 Denis Diderot. Cemagref Bordeaux – Département Gestion des Territoires. 125 p. QUALIT’EAU 35. 2006. Bilan pluriannuel 1999-2005. Bulletin du réseau qualit’eau 35 de suivi de la qualité des eaux superficielles en Ille-et-Vilaine, décembre 2006. 34 p.

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QUALIT’EAU 35. 2007. Année hydrologique 2005-2006. Bulletin du réseau qualit’eau 35 de suivi de la qualité des eaux superficielles en Ille-et-Vilaine, juin 2007. 18 p. SAGE Vilaine. 2003. (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux de la Vilaine). Agir pour le bassin de la Vilaine : propositions d’actions. (arrêté préfectoral du 1er avril 2003) SEEGT, 2001a. (Société d’Environnement d’Exploitation et de Gestion de Travaux : Saint-malo). Etude qualité du bassin versant de la Seiche : diagnostic de la qualité des eaux et des activités du bassin versant de la Seiche. 186 p. + annexes. SEEGT, 2001b. (Société d’Environnement d’Exploitation et de Gestion de Travaux : Saint-Malo). Etude qualité du bassin versant de la Seiche : synthèse, discussion, propositions d’actions de reconquête. 61 p. SEEGT, 2001c. (Société d’Environnement d’Exploitation et de Gestion de Travaux : Saint-Malo). Etude qualité du bassin versant de la Seiche : étude de faisabilité du curage des sédiments de Carcraon. 50 p. + annexes. SEEGT, 2001d. (Société d’Environnement d’Exploitation et de Gestion de Travaux : Saint-Malo). Etude qualité du bassin versant de la Seiche : atlas cartographique. Référence électroniques : [1] Eau et Rivière de Bretagne (page consultée le 26/01/2008). La Seiche. educatif.eau-et-rivieres.asso.fr/pdf/seiche.pdf [2] Observatoire de l’eau en Bretagne (page consultée le 01/02/2008). La qualité des cours d’eau en Bretagne. http://www.eaubretagne.fr/lien/la-qualite-des-cours-d-eau-en-bretagne Communications personnelles :

Pierre Aurousseau. Professeur à Agrocampus Rennes. UMR Sol Agronomie Spatialisation. mail : [email protected] Richard Giovanni. Ingénieur de Recherche honoraire. UMR Ecologie et Qualité des Hydrosystèmes Continentaux. mail : giovanni.franç[email protected] Jacques Haury. Professeur à Agrocampus Rennes. UMR Ecologie et Qualité des Hydrosystèmes Continentaux. mail : [email protected] Philippe Le Goffe. Professeur à Agrocampus Rennes. Economiste de l’environnement. mail : [email protected] Dominique Ombredane. Professeur à Agrocampus Rennes. UMR Ecologie et Qualité des Hydro systèmes Continentaux. mail : [email protected]

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ANNEXES

Annexe 1 : les masses d’eau du bassin versant de la Seiche

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Annexe 2 : les résultats de l’inventaire piscicole effectué par l’ONEMA

à Bruz en juin 2007

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Annexe 3 : les acteurs contactés au cours de notre étude

Contacts Fonction -

Organisme Adresse Téléphone Mail

Les administrations et services techniques :

M. Bidal Technicien ONEMA -

DR Bretagne, Pays-de-Loire

84 rue de Rennes 35510 CESSON- SEVIGNE

02.23.45.06.12

M. Edeline Coordinateur environnement - Chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine

Rond-Point le Lannou 35042 RENNES

02 23 48 27 33 [email protected]

M. Le Bastard

DDAF Cité de l'agriculture 15 avenue de Cucillé 35047 RENNES

02.99.28.21.88

M. Vachet Chef du service départemental ONEMA Ille et Vilaine

Maison Eclusière de la Fresnay 35520 MELESSE

02.23.36.02.25 [email protected]

M. Guiho DIREN Bretagne Service Eau, Milieux Aquatiques, Risques Naturels

ZAC Atalante Champeaux 2 rue Maurice Fabre 35065 RENNES

02.23.48.64.60 [email protected]

Les associations :

Mme. Artur Fédération

Départementale de pêche (FDPPMA)

9 rue Kérautret Botmel CS 26713 35067 RENNES

02.99.22.81.80 [email protected]

M. Pegeaud Trésorier de l'association Eau et Rivières de Bretagne

MCE - 48 bd Magenta 35000 RENNES

02.99.35.01.62 [email protected]

Les mairies, communautés de communes et syndicats intercommunaux :

M. Morel Président du Syndicat

de bassin aval de la Seiche

Mairie de Amanlis - Place Centrale - 35150 AMANLIS

02.99.44.44.98

M. Jerôme Communauté de Communes du Pays Guerchais

8 rue Cheval Blanc 35130 GUERCHE DE BRETAGNE

Communauté de Communes Au Pays de la Roche aux Fées

16 rue Louis Pasteur 35240 RETIERS

02.99.43.64.87 [email protected]

Vitré Communauté 16 bis Boulevard des Rochers BP 20613 35506 VITRE

02.99.74.52.61

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Mairie de Chateaugiron

Le Château 35410 CHATEAUGIRON

02.99.37.41.69

Mairie de Domagné Allée St Pierre 35113 DOMAGNE

02.99.00.01.19

Communes du sous bassin de l’Yaigne

Mairie de Ossé 7 rue Mairie 35410 OSSE

02.99.37.66.03

Communes de la Seiche amont

Mairie de Le Pertre 2 place de l’Eglise 35 370 Le Pertre

02.99.96.90.21

Les scientifiques :

M. Giovanni Ingénieur de

Recherche honoraire - INRA

13 rue du Lindon 35650 LE RHEU

02.99.60.75.26 giovanni.francoise@ wanadoo.fr

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Annexe 4 : la méthode IBGN (Indice biologique globale normalisé)

Les invertébrés comme bioindicateurs

L’IBGN utilise le peuplement de macroinvertébrés benthiques pour caractériser l’état du milieu par rapport surtout aux apports de matière organique. A partir du peuplement d’une station, on peut donner une note au cours d’eau. Cette note n’a pas une valeur absolue, elle permet de comparer deux sites sur un même cours d’eau (méthode employée dans notre travail) ou de comparer une même station à différents moments.

Les différents taxons sont plus ou moins sensibles aux pollutions organiques. La note est estimée à partir du groupe de taxons le plus polluosensible et du nombre total de taxons présents sur le site. Méthodologie employée

Les deux prélèvements ont été réalisés en amont et en aval de la commune d’Ossé (voir figure 1). Ainsi il sera possible de savoir si les rejets des eaux usées de cette commune ont un effet sur l’Yaigne. Sur chaque station, huit prélèvements de substrats ont été faits sur une surface de 0,05 m². Pour être le plus représentatif possible de la station, on essaie de prélever huit substrats différents et si ce n’est pas possible, des substrats identiques mais à des classes de vitesses de courant différentes. Dans notre cas, les substrats présents sont les sables, limons, argiles et débris végétaux.

Figure 1 : localisation des deux prélèvements IBGN en amont et en aval d’Ossé (fond de carte IGN©)

À l’issu de l’étude, on attribue une note de 0 à 20 en fonction du groupe faunistique

indicateur et de la diversité faunistique. On peut relier cette note au code couleur utilisé pour cartographier la qualité des cours d’eau.

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IBGN > ou = à17 16-13 12-19 8-5 < ou = à 4

Couleur Bleu Vert Jaune Orange Rouge

• Classe 1A de couleur bleue qui indique une eau de qualité excellente • Classe 1B de couleur verte qui indique une eau de bonne qualité (avec une pollution modérée) • Classe 2 de couleur jaune qui indique une eau de qualité moyenne (avec une nette pollution) • Classe 3 de couleur orange qui indique une eau de qualité médiocre (avec une pollution importante) • Hors classe 4 de couleur rouge qui indique une mauvaise qualité (avec une pollution excessive) Résultats Station à l’amont d’Ossé :

La note IBGN est de 6/20. La famille caractéristique de la station est celle des Hydropsychidae (Gi=3) appartenant à l’ordre des trichoptères. Le nombre total de taxons est 12. Station à l’aval d’Ossé :

La note est également de 6/20. Le groupe caractéristique est celui des Gammaridae (Gi=2) appartenant à la classe des crustacés et le nombre total de taxons est 13.

Les deux stations diffèrent seulement de quelques taxons. Les taxons communs sont les suivants : mollusques (Sphaeridae), vers (oligochètes, nématodes et achètes (Glossiphonidae et Erpobdellidae), diptères (Chironomidae, Ceratopogonidae et Tabanidae), crustacés (Gammaridae et Asellidae).

L’Hydropsychidae (trichoptères) et Sialidae (mégaloptères) ne sont présentes qu’en amont ; Leptoceridae (trichoptères), Planorbidae (mollusques) et Hydrocierium (hydracariens) ne sont présents qu’en aval.

Bilan et discussion

Que ce soit à l’amont ou à l’aval d’Ossé, les notes IBGN ne sont pas bonnes. Ceci s’explique par des groupes caractéristiques peu polluosensible (Gi = 2 et 3) et par un nombre de taxons très faible (12 et 13).

Le caractère polluorésistant des taxons présents peut laisser penser à une qualité d’eau médiocre avec une pollution importante. L’apport de matière organique peut faire diminuer la teneur en oxygène dissous de l’eau et ainsi rendre difficile la vie pour les espèces les plus sensibles. La faible quantité de taxons peut s’expliquer par une diversité d’habitats réduite dans le cours d’eau ; ceci a été observé lors des prélèvements. Il n’a été observé que des substrats de graviers, sables, limons, argiles et litière en décomposition.

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Il faut relativiser le caractère médiocre des notes par la période à laquelle les prélèvements ont été faits. En effet, ils ont été réalisés en janvier après des crues. Le milieu est dans ce contexte moins productif et se remet d’une possible perturbation.

On observe que très peu de différences entre les stations amont et aval d’Ossé. Il pourrait être intéressant de refaire des prélèvements en période estivale. Les flux de rejets urbains ont alors un impact plus grand car le débit du cours d’eau est faible (étiage). Dans ce cas, on pourrait peut être voir un impact des rejets d’eaux usées sur le milieu.

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