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ECOLE D’INFIRMIER(E)S ANESTHESISTES DIPLOME(E)S D’ETAT PRISE EN CHARGE PERIOPERATOIRE D’UN PATIENT DOULOUREUX CHRONIQUE Évaluation des pratiques professionnelles au Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers Par Marie-Pierre GOURBAULT Sous la direction de Docteur Hervé LANQUETOT Médecin Anesthésiste Réanimateur – CHU de Poitiers Madame Aurélie CHASSAT Infirmière Anesthésiste Diplômée d’État – CHU de Poitiers Septembre 2019 UE 7 : MEMOIRE PROFESSIONNEL En vue de l’obtention du diplôme d'Etat d'infirmier anesthésiste

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ECOLE D’INFIRMIER(E)S ANESTHESISTES DIPLOME(E)S D’ETAT

PRISEENCHARGEPERIOPERATOIRED’UNPATIENTDOULOUREUXCHRONIQUE

ÉvaluationdespratiquesprofessionnellesauCentreHospitalierUniversitairedePoitiers

Par

Marie-PierreGOURBAULT

Sousladirectionde

DocteurHervéLANQUETOTMédecinAnesthésisteRéanimateur–CHUdePoitiers

MadameAurélieCHASSATInfirmièreAnesthésisteDiplôméed’État–CHUdePoitiers

Septembre2019

UE7:MEMOIREPROFESSIONNEL

Envuedel’obtentiondudiplômed'Etatd'infirmieranesthésiste

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PRÉFET DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE

Charte anti-plagiat de la Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Nouvelle-Aquitaine

La Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Nouvelle-Aquitaine délivre sous l’autorité du Préfet de région les diplômes du travail social et des auxiliaires médicaux et sous l’autorité du Ministre chargé des sports les diplômes du sport et de l’animation. Elle est également garante de la qualité des enseignements délivrés dans les dispositifs de formation préparant à l’obtention de ces diplômes. C’est dans le but de garantir la valeur des diplômes qu’elle délivre et la qualité des dispositifs de formation qu’elle évalue que les directives suivantes sont formulées à l’endroit des étudiants et stagiaires en formation. Article 1 : Tout étudiant et stagiaire s’engage à faire figurer et à signer sur chacun de ses travaux, deuxième de couverture, l’engagement suivant :

Je soussigné…………………………………………….

atteste avoir pris connaissance de la charte anti-plagiat élaborée par la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine et de m’y être conformé.

et certifie que le mémoire/dossier présenté étant le fruit de mon travail personnel, il ne pourra être cité sans

respect des principes de cette charte

Fait à …………………………. Le Suivi de la signature. Article 2 : « Le plagiat consiste à insérer dans tout travail, écrit ou oral, des formulations, phrases, passages, images en les faisant passer pour siens. Le plagiat est réalisé de la part de l’auteur du travail (devenu le plagiaire) par l’omission de la référence correcte aux textes ou aux idées d’autrui et à leur source »

1.

Article 3 : Tout étudiant, tout stagiaire s’engage à encadrer par des guillemets tout texte ou partie de texte emprunté(e) ; et à faire figurer explicitement dans l’ensemble de ses travaux les références des sources de cet emprunt. Ce référencement doit permettre au lecteur et correcteur de vérifier l’exactitude des informations rapportées par consultation des sources utilisées. Article 4 : Le plagiaire s’expose aux procédures disciplinaires prévues au règlement intérieur de l’établissement de formation. En application du Code de l’éducation

2 et du Code pénal

3, il s’expose également aux poursuites et peines

pénales que la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine est en droit d’engager. Cette exposition vaut également pour tout complice du délit. _____________ 1 Site Université de Genève http://www.unige.ch/ses/telecharger/unige/directive-PLAGIAT-19092011.pdf

2 Article L. 331-3 du Code de l’éducation : « les fraudes commises dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’acquisition

d’un diplôme délivré par l’Etat sont réprimées dans les conditions fixées par la loi du 23 décembre 1901 réprimant les fraudes dans les examens et concours publics ». 3 Articles 121-6 et 121-7 du Code pénal.

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REMERCIEMENTS

Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidée à l’élaboration de ce mémoire en

particulier:

LeDocteurHervé LANQUETOT,MédecinAnesthésisteRéanimateur auCHUdePoitiers,

poursadisponibilité,sabienveillanceetsesconseilsquim’ontguidéedansl’orientationde

montravailderecherche.Vosqualitésdepédagogue,m’ontpermisdefaireprogresserma

réflexionetdemeneràtermecetravail.

ÀAurélieCHASSAT, InfirmièreAnesthésisteDiplôméed’État, pour le tempsqu’ellem’a

consacrélorsdelarédactionetdelamiseenformedemonmémoire.Merciégalementde

m’avoirrassuréetoutaulongdecesdeuxannées.

Àl’équipeencadrantedel’écoled’Infirmier(e)sAnesthésistesdePoitierspourlaqualitéde

leurenseignementainsiqueSandrapoursonécouteetsavisiontoujoursoptimiste.

À ma sœur, Laure, pour ses précieuses relectures, son soutien constant pendant les

momentsdifficiles.

Mercipourcettegrandecomplicitéquinousunit.

Àmesparentsetbeauxparentspourvotreprésenceànoscôtés,votreaidedansnotrevie

quotidienne,mercipour«vosbonspetitsplats»etpourlagarderiedumercredi.

ÀFabienetmesprincesses,pourvotreamourquiaétémaressourcependantcesdeux

ans. Merci pour vos nombreuses concessions, votre patience, vos mots et câlins

réconfortantsquim’ontpermisdesuivrecetteformation.

Vousêtesmaréussite,jevousaime…

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SOMMAIRE

INTRODUCTION.............................................................................................................1

I.RAPPELS.....................................................................................................................31.Ladouleurchronique..........................................................................................................3

1.1.Laprévalence.....................................................................................................................3

1.2.L’aspectmultidimensionneldeladouleur.........................................................................3

1.3.L’hyperalgésieinduiteparlesmorphiniques.....................................................................3

2.RecommandationsdelaSFAR............................................................................................42.1.Gestionpériopératoiredestraitementschroniques.........................................................4

2.2.Recommandationssurladouleurpostopératoire.............................................................5

2.3.ProtocoleinstitutionnelduCHUPoitiers:.........................................................................5

II.ETUDE.......................................................................................................................61.Typed’étude......................................................................................................................62.Objectifsdel’étude............................................................................................................6

2.1.Objectifprincipal...............................................................................................................6

2.2.Objectifsecondaire............................................................................................................7

3.Matérieletméthode..........................................................................................................73.1.Critèresd’inclusion............................................................................................................7

3.2.Critèresdenon-inclusion...................................................................................................7

3.3.Critèresd’exclusion...........................................................................................................83.4.Traitementetrecueildesdonnées....................................................................................8

3.5.Outilsstatistiques..............................................................................................................9

III.RESULTATS..............................................................................................................101.Caractéristiquesdelapopulationétudiée.........................................................................102.Résultatsdel’objectifprincipal.........................................................................................12

2.1.Évaluationdel’attitudedegestiondutraitementhabituelàviséeantalgiquedupatient

enprémédication...................................................................................................................13

2.2.Évaluationdel’attitudedegestiondutraitementhabituelàviséeantalgiquedupatient

enpostopératoire...................................................................................................................13

2.3.Évaluationdelastratégied’anesthésieetdesdosesdemorphinomimétiqueset

adjuvantsadministrésenperopératoire................................................................................14

2.4.ÉtudedelaprescriptiondelaPCAenpostopératoireenSSPI........................................14

2.5.RésultatsdelamiseenapplicationdesrecommandationsdelaSFAR...........................15

3.Résultatsdel’objectifsecondaire.....................................................................................163.1.AnalyseunivariéesurladuréedeséjourenSSPIcomparantlegroupeayantsuiviles

recommandationsdelaSFAR(Ro)augroupelesayantpartiellementsuivies(Rp)...............16

3.2.AnalyseunivariéeévaluantladouleurdupatientenSSPIencomparantlegroupeayant

suivilesrecommandationsdelaSFAR(Ro)augroupelesayantpartiellementsuivies(Rp).16

3.3.Analyseunivariéesurl’apparitiond’effetssecondairesenSSPIencomparantlegroupe

ayantsuivilesrecommandationsdelaSFAR(Ro)augroupelesayantpartiellementsuivies

(Rp).........................................................................................................................................18

IV.ANALYSEETDISCUSSION.........................................................................................191.Donnéesdémographiques................................................................................................192.Objectifprincipal..............................................................................................................19

2.1.Comparaisonentrel’étatdeslieuxfaitauCHUdePoitiersetlesdernières

recommandationsdelaSFAR.................................................................................................19

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2.2.1.Gestionpréopératoiredestraitementschroniques...............................................................192.2.2.Gestionpostopératoiredestraitementschroniques..............................................................202.2.3.Stratégied’anesthésieenperopératoire................................................................................21

3.Objectifsecondaire...........................................................................................................223.1.ImpactsurladuréedeséjourenSSPI.............................................................................22

3.1.1.ÉvaluationdeladouleurenSSPI.............................................................................................233.1.2.Apparitiond’effetssecondairesenSSPI.................................................................................23

V.LIMITESDEL’ÉTUDE.................................................................................................24

VI.PROPOSITIONSETPERSPECTIVES............................................................................25

CONCLUSION................................................................................................................26

REFERENCESBIBLIOGRAPHIQUES.................................................................................27ANNEXES

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INTRODUCTION Depuis la circulaire de 1994 (DGS/DH n°94-3) du ministère de la Santé relative à

l’organisationdelapriseenchargedeladouleurchronique,l’évaluationetletraitement

deladouleurchroniqueestuneprioriténationale.

Les recommandations professionnelles de la Haute Autorité de Santé (HAS) de 2008

définissentlesyndromedouloureuxchroniquecomme«unsyndromemultidimensionnelexprimé par la personne, quelles que soient sa topographie et son intensité, lorsque ladouleurexpriméepersisteouestrécurrenteau-delàdecequiesthabituelpour lacauseinitiale présumée, répond insuffisamment au traitement, ou entraine une détériorationsignificativeetprogressivedescapacitésfonctionnellesetrelationnellesdupatient»[1].

Lepatientdouloureuxchroniqueestplusvulnérableàladouleurpostopératoire.

Plus la douleur préopératoire est intense plus le risque de douleur aigüe sévère et

persistanteaugmente.

Différents auteurs ont montré que la prise d'opiacés au long cours entraine une

hyperalgésie en préopératoire [2-3] mais aussi une trajectoire douloureuse avec des

intensitésplusélevéesenpostopératoire[4].

Lapriseenchargedeladouleurpostopératoireestuneprioritéquotidiennedeséquipes

soignantes travaillant au bloc opératoire et dans les salles de surveillance post

interventionnelles(SSPI).

Aucoursdecesdernièresannées,lepourcentagedepatientsquireçoiventdesopioïdes

pourtraiterdesdouleurschroniquesaconsidérablementaugmenté.Uneétudeaméricaine

montre une prévalence plus importante de patients sous opioïdes en chirurgie

orthopédique[5].

Il nous a donc semblé intéressant d’évaluer la prise en charge du patient douloureux

chronique en chirurgie rachidienne qui semble être une situation quotidiennement

rencontréeparleséquipesd'anesthésie.

Dansnotrepratiqueprofessionnelle,enSSPIduCentreHospitalierUniversitaire(CHU)de

Poitiers, nous avons été interpellés par la réelle complexité dans la prise en charge

antalgique et analgésique de ce patient particulier. Il nous a semblé opportun, de

rechercher les facteurs périopératoires prédictifs à la douleur pour ainsi adapter et

individualiserlapriseenchargedupatient.

AuCHUdePoitiersunprotocoleinstitutionnelde2013surlaperfusionintraveineusepour

analgésieautocontrôlée(PCA)postopératoirechezlepatientdouloureuxchroniqueaété

établi.

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Les recommandations d'experts de 2009 de la société Française d’Anesthésie et de

Réanimation (SFAR)définissent les stratégiesdegestionpériopératoiredes traitements

chroniquesdupatient.

LaSFARélaboreen2016denouvellesrecommandationssurladouleurpostopératoireet

en2017ellepublie«Endormirunpatientdouloureuxchronique?».

Lebutdecetravailestd’évaluerlespratiquesprofessionnellesauCHUdePoitierssurla

priseenchargepériopératoiredupatientsouffrantd'unedouleurchronique,encherchant

àsavoirsielleestsuperposableàlalittératureproposée.

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I. RAPPELS

1.Ladouleurchronique

1.1. La prévalence

SelonlesdonnéesépidémiologiquesdelaHAS,ilestdifficiled’évaluerlaprévalencedela

douleur chroniquedans lapopulation généraledu fait desdéfinitions et desméthodes

diversesderecueildedonnées.Ellevariede10,1%à55,2%.Cependantilexisteuneplus

forte prévalence chez la femme et la personne âgée avec prédominance de douleurs

musculosquelettiques[1].

1.2. L’aspect multidimensionnel de la douleur

LeconceptdedouleurmultidimensionnelleaétémodéliséparFrançoisBoureau,médecin

spécialiséenneurophysiologieetdansletraitementdeladouleur[6].

Dansceconceptondistingue:

- Ladouleurparexcèsdenociception,causéeparundommagetissulaire.

- Ladouleurneuropathiquequirésulted'unelésionnerveuseoud'unemaladiedu

systèmenerveuxcentraloupériphérique.

- Ladouleurpsychogènecauséeparunesouffrancepsychiquequis'exprimeparle

corps.

FrançoisBoureaumetenavantlesrelationsexistantesentrel’aspectpluridimensionnelde

ladouleuretlesfacteursenvironnementaux,professionnels,familiaux,sociauxetculturels,

propresàchaqueindividu(AnnexeI).

L’ensembledecesfacteursvontintervenirdanslamodulationdeladouleurchronique.

1.3. L’hyperalgésie induite par les morphiniques

Lepatientdouloureuxchroniqueestunpatientavecunegrandevulnérabilitéàladouleur.

L’utilisationd’opioïdesexposeàdesphénomènesde tolérance, conduisantàdeseffets

hyperalgésiques.

D’aprèsleProfesseurSimonnet,lessubstancesopiacéesactiventdessystèmesinhibiteurs

delanociception(analgésie)maisaussivialesrécepteursN-méthyl-D-aspartate(NMDA),

dessystèmesfacilitateursdelanociception(hyperalgésie,allodynie)[7].

Le développement de la tolérance résulte de l’activation progressive de systèmes

d’opposition(ousystèmepronociceptif)parlesopiacés.

En effet, la stimulation du récepteur NMDA par le glutamate (neurotransmetteur

excitateur),liéeàl’activationdurécepteuropioïde(plusspécifiquementlerécepteurmu),

ouvresoncanalioniquelibérantl’ionMagnésiumetentrainel’entréemassivedeCalcium

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intracellulaire.C’estlagenèsedesétatsd’hyperexcitabilitédesfibresnerveusessensitives

centrales, menant à une down-regulation des récepteurs opioïdes et une réponse

exacerbéedelatransmissionnociceptive(effetpronociceptif).

Ainsil’activationdessystèmesfacilitateursdelanociceptionparlessubstancesopioïdes

induitunehyperalgésieimmédiateetréduitleureffetanalgésique[8].

De récentes étudesontmontréque l’hyperalgésie était d’autant plusmarquéeque les

doses d’opiacés étaient élevées. En pratique clinique, cette hyperalgésie a étémise en

évidence avec l’utilisation du Rémifentanil ayant une pharmacocinétique d’élimination

rapide[9].

Lors d’un traitement morphinique au long cours, la tolérance chronique va nécessiter

l’augmentationdesdosesdemorphinepourobtenirlemêmeeffetantalgique.

2.RecommandationsdelaSFAR

2.1. Gestion périopératoire des traitements chroniques

Selon le Comité des référentiels de la SFAR [10], les recommandations formalisées

d’experts de juin 2009 sur la prise en charge des patients traités par des opioïdes

préconisent:

- Depoursuivreenpréopératoireladosehabituelledemorphine,ouladoseéqui-

analgésiqued’unautreopioïde.

- Unpatchdefentanylnedoitpasêtreenlevédans lapériodepériopératoireou

alorsunesubstitutionparunautreopioïdedoitêtreprescrit.

- Lesevragedesmorphiniquesdepalier2peutavoirdesconséquencescliniques

graves.Ilsdoiventêtrepoursuivis,voiresubstituésparunautreopioïde,ycompris

dupaliersupérieurenprenantencomptelesdoseséquianalgésiques.

- Il est recommandé de poursuivre en périopératoire les traitements par

antiépileptiques,parantidépresseurs,etparbenzodiazépinesàviséesantalgique.

- Arrêt recommandé des anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour les

chirurgiesàrisquehémorragique.

- Ilestrecommandédepoursuivre l’administrationde laperfusiondesdispositifs

thérapeutiquesàviséeanalgésiquetoutaulongdelapériodepériopératoirepour

éviterl’apparitiond’unsevrage.

- En présence d’un stimulateur médullaire, il est recommandé de ne pas faire

d’anesthésieetoud’analgésiepérimédullaire.Lesprécautionsd’utilisationaubloc

opératoiresontcellesapplicablesauxstimulateurscardiaques.

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2.2. Recommandations sur la douleur postopératoire

La SFAR, en juin 2016, a réactualisé les recommandations concernant la douleur

postopératoire[11].

Pourlespatientsvulnérableslebénéficedelakétamineestmajorémontrantunintérêtà

lafoisàcourtetàlongterme.L’utilisationdeKétamineàfaiblesdosesenperopératoire

permet de diminuer l’intensité de la douleur postopératoire (DPO) aiguë pendant 24

heures, de diminuer la consommation de morphine postopératoire et de réduire la

survenuedenausées-vomissementspostopératoires(NVPO).

L’administrationdekétaminechezunpatientsousanesthésiegénéralesefaitàladosede

0,5mg/kg (dose maximale) après l’induction anesthésique (pour éviter les effets

psychodysleptiques), puis en administration continue si la durée de la chirurgie est

supérieureà2heuresà ladosede0,125à0,25mg /kg/h. Laperfusion seraarrêtée30

minutesavantlafindelachirurgie.

Iln’estpasrecommandéd’utiliserl’associationmorphineetkétaminedanslaPCA.

L’utilisationsystématiquedesgabapentinoïdesenpériopératoiren’estpasrecommandée.

LaréductiondelaDPOdespremières24heuresetdesbesoinsenmorphiquessontprésent

auprixd’effetssecondairesfréquentsetgênantscommeunesédation,desvertigesoudes

troublesoculaires.Lesdifférentesméta-analysesréaliséesentermesdepréventiondela

douleur chronique post chirurgicale (DCPC) concluent à l’absence d’effets des

gabapentinoïdes [12]. En postopératoire, seuls les patients opérés de chirurgie

pronociceptives comme la chirurgie du rachis semblent tirer le plus de bénéfices des

gabapentinoïdes.

Ilestégalementrecommandéd’utiliseraumaximumlesanesthésiqueslocauxdanslebut

de diminuer la douleur postopératoire et d’améliorer la réhabilitation. La lidocaïne

administrée par voie systémique, présente des propriétés analgésiques, anti

hyperalgésiquesetanti-inflammatoires.

2.3. Protocole institutionnel du CHU Poitiers :

Perfusionintraveineusepouranalgésieauto-contrôlée(PCA)postopératoirechezlepatient

douloureuxchronique(AnnexeII).

Ceprotocoleétablienjuin2013apourbutderépondreauxbesoinsdefondetauxbesoins

aigus en morphine des patients en traitement de douleur chronique sous

morphinomimétiquesaulongcoursadmisenSSPIensuited’intervention.

Le schéma se base sur une administration continue conjointe à la possibilité

d’administrationdebolus.Uneprescriptionpersonnaliséeadaptéeauxbesoinsdupatient,

estbaséesurlaconsommationjournalièred’opiacésconvertieendosetotalejournalière

équivalentedemorphineintraveineuse(IV).

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Leschémaposologiqueestadministréà l’aided’unprogrammepardespompesdePCA

Rythmic™ Evolution. L’infirmière de SSPI programme la pompe selon la prescription

médicale.Lepatientestsurveilléaumoins1h30aprèsledébutdelaPCAenSSPI.

II. ETUDE

1.Typed’étude

Ils’agitd’uneétudemonocentrique,rétrospectiveetdescriptive.

D’unepart,elleapermisd’évaluer lespratiquesprofessionnelles sur lapriseencharge

périopératoire du patient souffrant d’une douleur chronique au CHU de Poitiers en

chirurgierachidienne,puisdelescomparerauxrecommandationsdelaSFAR.

D’autre part, elle a mis en parallèle la prise en charge analgésique et antalgique

périopératoiredupatientsurladuréedeséjourenSSPI.

L’étudeaprisencomptedespatientsadultessousmorphinomimétiquesenpréopératoire,

opérés sous anesthésie générale (AG) avec intubation dans le cadre d’une chirurgie

rachidienneprogrammée.

Lesdonnéesontétérecueilliesentrele1ermars2017etle21décembre2018,auCHUde

Poitiers.

Ce travail étant purement rétrospectif et observationnel, il n’a pas été nécessaire de

demanderetd’obteniruneautorisationauprèsduComitédeProtectiondesPersonnes

(CPP).

UnedemandeauprèsdelaCommissionNationaledel’InformatiqueetdesLibertés(CNIL)

aétéfaiteaupréalable(AnnexeIII).

2.Objectifsdel’étude

2.1. Objectif principal

L’objectifprincipaldecetteétudeaétédefaire:

• Dansunpremiertemps,unétatdeslieuxdespratiquesprofessionnellesauCHUde

Poitiers, concernant la prise en charge périopératoire des patients douloureux

chroniquesopéréssousAGenchirurgierachidienne.

Lescritèresd’évaluationontété:

- L’attitudedegestiondutraitementantalgiquehabitueldupatientenpréet

postopératoire.

- La stratégie d’anesthésie choisie et les doses de morphinomimétiques et

adjuvantsadministrésenperopératoire.

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- Laprescriptiondemorphinepostopératoire,adaptéeàlaproblématiquedela

douleurchronique.

• Dansundeuxièmetemps,cetteévaluationdespratiquesauseinduCHUdePoitiers

aétécomparéeauxdernièresrecommandationsdelaSFARafinderechercherleur

adéquation.

2.2. Objectif secondaire

L’objectifsecondairedecetteétudeaété:

• Deconnaîtrel’impactdelapriseenchargeanalgésiqueetantalgiquepériopératoire

dupatientdouloureuxchroniquesurladuréedeséjourenSSPI.

Lescritèresd’évaluationontété:

- D’évaluerl’effetdecettepriseenchargesurlaDPO,surlaconsommationdes

morphiniquesetdesantalgiquesenpostopératoire.

- Derelever lasurvenued’effetssecondairesenSSPI(nausées,vomissements

post-opératoires(NVPO),dépressionrespiratoireetrétentionurinaire).

3.Matérieletméthode

3.1. Critères d’inclusion

Ont été inclus dans l’étude, les patients opérés sous AG avec intubation en chirurgie

rachidienneprogrammée,ayantuntraitementmorphiniqueaulongcoursassociéounon:

• à une prise d’analgésiques non morphiniques (AINS, antiépileptiques,

antidépresseurs,benzodiazépines)

• à des dispositifs thérapeutiques à visées analgésiques (stimulateurs médullaires,

cathétersintrathécauxetpérimédullaires).

3.2. Critères de non-inclusion

Lespatientsquiontprésenté l’unedescaractéristiquessuivantesn’ontpasété retenus

pourl’étude:

- Personnesmineures.

- Personnessoustutelles.

- Personnes présentant des difficultés de compréhension : troubles cognitifs,

patientsneparlantpaslefrançais.

- Personnestoxicomanes.

- Personnesopéréesenchirurgieurgente.

- Chirurgiesousanesthésiegénéralesansintubation.

- ExtubationenSSPI.

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3.3. Critères d’exclusion

- Donnéesmanquantes.

3.4. Traitement et recueil des données

Pour l’étude rétrospective, toutes les données relevées ont été extraites des dossiers

médicaux informatisés répertoriés dans la base de données du logiciel d’anesthésie

DIANE®,entrele1ermars2017etle21décembre2018.Ellesontétéanonymiséesparordre

derécupérationpuisenregistréesdansuntableurEXCEL®(MicrosoftCorp).

Les données des patients ont été traitées et présentées sous forme de données

descriptives.

Lesparamètresrelevésontétélessuivants:

Périodepréopératoire:

- Age,sexe,poids,taille,indicedemassecorporelle(IMC)

- AntécédentsmédicauxetscoreAmericanSocietyofAnesthesiologists(ASA)

- Traitement habituel : morphiniques, analgésiques non morphiniques (AINS,

Antiépileptiques, Antidépresseurs, Benzodiazépines), stimulateursmédullaires et

cathétersintrathécauxetpérimédullaires

- Prémédication

Périodeperopératoire:

- Typedechirurgie

- Duréedelachirurgieetduréedel’anesthésie

- Morphiniques:type/dosetotalereçue

- Antalgiquesnonmorphiniques:type

Périodepostopératoire:

- ENàl’arrivéeetàlasortiedeSSPI,ENmaximumenSSPI

- AntalgiquesnonmorphiniquesreçusenSSPI:type

- ConsommationdemorphineenSSPI:dosetotalereçue

- Miseenplaced’unePCAenSSPI:type

- Administrationd’antiémétiquesenSSPI

- Miseenplaced’unesondeurinaireenSSPI

- Paramètres respiratoires : débit d’oxygène, fréquence respiratoire (FR), VNI,

administrationdenaloxone

- Échelledesédationàl’arrivéeetàlasortiedeSSPI

- DuréedeséjourenSSPI

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Undeuxième recueil dedonnéesaété réalisé sous formedequestionnaire auprèsdes

infirmièresdeSSPI.LaconnaissanceduprotocoledePCApostopératoirechezlepatient

douloureuxchroniqueaétéainsiévaluée.

Le questionnaire a été rédigé sous forme de questions fermées sur les règles de

prescriptiondu réglagede lapompe (questions1, 2et3) et sur la surveillanceenSSPI

(question4,5et6).LequestionnaireestdisponibledanssonintégralitéenannexeIV.

Lesrésultatsontétéanonymisésparordrederécupération,pourêtreentrésensuitedans

untableurExcel®.Uneanalysedescriptivedesrésultatsaétéréalisée.

3.5. Outils statistiques

LesdonnéesrecueilliesontétéinitialementtriéesetstandardiséesvialelogicielExcel®afin

de permettre leur traitement par un logiciel d’analyses statistiques. Les données

descriptivesontétéproduitesparlelogicielExcel®etl’analysestatistiqueaétéréaliséeà

l’aidedulogicielJMPV6.0.0SASinstitute®.

Analyseunivariée:

Lesvariablesquantitativesontétédécritesparlamédianeetl’interquartile,lesvariables

qualitatives par leur effectif et/ou leur pourcentage. La comparaison des variables

quantitativesaétéréaliséeaumoyendutestdeStudentdecomparaisondesmoyennes

aprèsvérificationde lanormalitédesdistributions,oupar le testnonparamétriquede

Wilcoxonencasdedoutesurlanormalitédeladistribution.Lacomparaisondesvariables

qualitatives a été faite par le test !" ou par le test exact de Fischer en cas d’effectifinsuffisant.Unevaleurdep<0,05aétéretenuecommesignificative.

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10

III. RESULTATS

1.Caractéristiquesdelapopulationétudiée

Durantlapériodepriseencompte,du1ermars2017au21décembre2018,96patients

ayant une douleur chronique, opérés d’une chirurgie rachidienne ont été inclus. Les

caractéristiquesdel’ensembledespatientssontprésentéesdanslestableaux1,2,3,4et5.

Lesdonnéesquantitativessontexpriméesenmédianeetinterquartiles.

Tableau1:Caractéristiquesdémographiquesdelapopulationétudiée

PARAMETRES VALEURS

Nombredepatients(n) 96

Age(ans) 57;[47-63]

Sexeratio(M/F) 1,08

BMI(Kg/m2) 26;[23-60]

ASA(%)

12

3

21,3

58,5

20,2

ATCD(%)

HTA

DiabèteCardiopathie

BPCOInsuffisance

rénaleSAOSNeurologique

41,6

14,5

10,4

6,2

3,1

10,4

55,2

Tableau2:Typesdechirurgie

PARAMETRES VALEURS

ALIF(%) 27,1

TLIF(%) 20,8

Recalibrage+laminectomie(%) 20,8

Herniediscale(%) 18,7

Kyphoplastie(%) 2,1

Scoliose(%) 2,1

Autres(%) 8,4

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11

Tableau3:Traitementsantalgiquesettypologiedeladouleur

PARAMETRES VALEURS

Morphine(%) PO

Transdermique

93,7

10,4

ÉquivalentmorphineIV(mg) 21;[10-39]

Antidépresseur(%) 32,3

Antiépileptiques(%) Gabapentine

Prégabaline

12,5

29,2

Benzodiazépine(%) 35,4

Dispositifsthérapeutiques(%) Pompeàmorphine

Électrodedeneurostimulation

2,0

2,0

AINS(%) 6,2

Antalgiques(%)

Paracétamol

Néfopam

Tramadol

43,7

3,1

12,5

Myorelaxant(%) 6,2

Douleuràcomposanteneuropathique(%) 56,2

Douleurparexcèsdenociception(%) 43,8

Lapopulationétudiéearecensédespatientsayantaumoinsunmorphiniqueentraitement

habituel.Pourunpeuplusdelamoitiédespatientsladouleurchroniqueaétéliéeàune

douleur à composante neuropathique et pour l’autre à une douleur par excès de

nociception. Tableau4:Caractéristiquesperopératoiredelapopulationétudiée

PARAMETRES VALEURS

Duréed’anesthésie(min) 174;[113-267]

Duréedechirurgie(min) 110;[70-204]

Morphiniques(%) Rémifentanil

Sufentanil

6,2

93,8

Dosetotaledemorphiniques Rémifentanil(mg)

Sufentanil(µg)

2,6;[1,4-3,9]

40;[30-53]

Antalgiquesreçus(%) Paracétamol

Tramadol

Néfopam

kétoprofène

Morphine

100,0

64,5

57,2

43,7

6,2

AdministrationdeKétamine(%) 86,4

AdministrationdeLidocaïne(%) 29,1

InfiltrationcicatriceparRopivacaïne(%) 44,8

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12

Tableau5:Caractéristiquespostopératoiredelapopulationétudiée

PARAMETRES VALEURS

DuréedeséjourenSSPI(min) 109;[60-147]

ENàl’entréeenSSPI

ENàlasortiedeSSPI

ENmaximaleenSSPI

1;[0-4]

2;[1-3]

4;[1-7]

ENmaximaleenSSPI>3(%)ENmaximaleenSSPI≥6(%)

57,3

35,4

Antalgiquesreçusen

SSPI(%)

Paracétamol

Tramadol

Néfopam

Kétoprofène

Morphine

1,0

10,4

8,3

9,3

64,6

Dosedemorphine(mg) 8;[0-15]

PCAdemorphine(%)

PCAadaptéeauxpatientsdouloureux

chroniques(%)

55,2

2,0

Administrationdekétamine(%) 6,2

Nécessitéd’unantalgiquesupplémentaire(%) 4,2

NVPO(%) 6,3

Patientnonsondéàl’arrivéeenSSPI(%)

Patientprésentantunerétentionaigüed’urine

enSSPI(%)

55,2

2,0

FréquencerespiratoireàlasortiedeSSPI

(cycle/min)

Débitd’O2(L/min)àlasortiedeSSPI

Besoind’uneVNI(%)

14;[12-17]

3;[0-3]

1

2.Résultatsdel’objectifprincipal

L’objectifprincipalaétéd’évaluerlaprisechargepériopératoiredespatientsdouloureux

chroniquesauCHUdePoitiersenlacomparantauxrecommandationsdelaSFAR.

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13

2.1. Évaluation de l’attitude de gestion du traitement habituel à visée antalgique du patient en prémédication Figure1:Caractéristiquesdelaprescriptiondutraitementhabituelàviséeantalgiquedelapopulationenprémédication

antalgiques

#:paracétamol,néfopam,tramadol

Dans le traitement habituel du patient la morphine et les antiépileptiques ont été

majoritairementprescritsenprémédication,lesbenzodiazépinesontétéprescritsdansla

moitiédescasetlesantidépresseursontétéprescritsdansuntiersdescas.

2.2. Évaluation de l’attitude de gestion du traitement habituel à visée antalgique du patient en postopératoire Figure2:Prescriptiondutraitementhabituelenpostopératoire

Letraitementhabitueldupatient

aététrèsmajoritairementprescrit

enpostopératoireimmédiat.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Pourcentage%

prescritenprémédication nonprescritenprémédication

0

20

40

60

80

100

prescrit partiellement

prescrit

nonprescrit

Pourcentage%

traitementhabituel

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14

2.3. Évaluation de la stratégie d’anesthésie et des doses de morphinomimétiques et adjuvants administrés en peropératoire

Figure3:Caractéristiquesdelastratégied’anesthésieenperopératoire

Lesufentanilaététrèsmajoritairementlemorphiniqueleplusutiliséenassociationavec

l’administrationdekétamineetdeparacétamol.L’infiltrationdecicatriceparlaropivacaïne

aétéfaitedanslamoitiédescas.

2.4. Étude de la prescription de la PCA en postopératoire en SSPI

Figure4:CaractéristiquesdelaprescriptiondelaPCAenSSPI

Enpostopératoire immédiat, lepatientdouloureuxchroniqueaeutrèsmajoritairement

uneprescriptiondePCAsansdébitcontinu.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

110

Pourcentage%

Morphiniques Anesthésiqueslocaux Kétamine Antalgiques

0

10

20

30

40

50

60

PCA PCAdouleurchronique

Pourcentage%

Prescription

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15

Letableau6analyselerésultatduquestionnairesurlaconnaissancedupersonnelinfirmier

en SSPI concernant le protocole institutionnel de la PCApostopératoire chez le patient

douloureuxchronique.

Autotal16questionnairesontétéinclusettraités.

Tableau6:AnalyseduquestionnairesurleprotocoleinstitutionneldelaPCAdupatientdouloureuxchronique

PARAMETRES VALEURS

Annéesd’expériences 5,0;[2,9-12,5]

Réponsesexactes(%)questions:

1Conversiondelaquantitéd’opioïdesorale/24henéquivalentmorphineIV

2CalculdudébitcontinudelaPCA3Calculdeladosebolus4TempsdesurveillancedupatientenSSPIaprèsledébutdelaPCA

5Schémaderéintroductiondutraitementantalgiquehabitueldu

patient

62,5

81,2

56,2

0

75

LaPCAprescriteenpostopératoireaupatient

douloureuxchroniqueest-ellepersonnaliséeet

adaptéeàsonniveaudedouleur?(%)

oui

non

parfois

6,2

37,5

56,2

Ceuxsontenmoyennedesinfirmiersavecdel’expérienceprofessionnelle.Parmitousles

questionnairesunpeuplusdelamoitiédesréponsessesontrévéléesexactes.

Dans un cas sur deux la PCA ne semble pas être personnalisée au seuil de douleur du

patient.

2.5. Résultats de la mise en application des recommandations de la SFAR

Tableau7:ApplicationdesrecommandationsdelaSFAR

PARAMETRES VALEURS

Prescriptiondutraitementhabituel(%):

- enprémédication

- enpostopératoire

38,5

90,6

Administrationdekétamine(%) 86,5

Administrationd’anesthésiqueslocaux(%)

(IVouinfiltration)

65,6

Recommandations suivies

partiellementsuivies

nonsuivies

19,8

79,2

1

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16

PourlaplupartdesprisesenchargelesrecommandationsdelaSFARontétépartiellement

suivies.Laprescriptiondutraitementhabitueldupatientenprémédicationn’aétéfaite

quedansunpeuplusd’untiersdescas.

Lakétamineaétémajoritairementadministréeainsiquelesanesthésiqueslocauxdansune

moindremesure.

3.Résultatsdel’objectifsecondaire L’objectif secondaire a été de connaître l’impact de la prise en charge analgésique et

antalgiquepériopératoiredupatientayantunedouleurchroniquesurladuréedeséjour

enSSPI.

3.1. Analyse univariée sur la durée de séjour en SSPI comparant le groupe ayant suivi les recommandations de la SFAR (Ro) au groupe les ayant partiellement suivies (Rp)

Figure4:ComparaisondeladuréedeséjourenSSPIentrelegroupeRoetRp

Iln’existepasdedifférencesignificativeentre lesdeuxgroupesconcernant laduréede

séjourenSSPI(p=0,4619).

3.2. Analyse univariée évaluant la douleur du patient en SSPI en comparant le groupe ayant suivi les recommandations de la SFAR (Ro) au groupe les ayant partiellement suivies (Rp)

Le tableau 8 et la figure 5 indiquent les consommations demorphine et d’antalgiques

supplémentairesenSSPIainsiquel’intensitédeladouleurdupatientenSSPIenfonction

desgroupesRoetRp.

020406080

100120140160180200220240260280300320340360

Ro RpMinutes

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17

Tableau8:ComparaisondesniveauxdedouleurenSSPIentrelegroupeRoetRp

GROUPE Ro Rp P

Nombre 20 79

ENmaxenSSPI>3(%)ENmaxenSSPI≥6(%)

42,1

10,5

57,1

37,7

0,1351

0,0568

TitrationmorphineenSSPI(mg)

PCAenSSPI(%)

6;[0-14]

52,6

8;[0-15]

55,8

0,5282

0,8009

Antalgiquessupplémentaires(%):

Tramadol

Kétoprofène

kétamine

5,3

21,1

0

11,7

6,5

7,8

0,4116

0,0512

0,5951

Iln’existepasdedifférenceconcernantladosedemorphinereçueentrelesdeuxgroupes.

En revanche la nécessité d’administrer un antalgique supplémentaire (tramadol et

kétamine)aétéplusimportantedanslegroupeRpquedanslegroupeRo.Al’inversele

kétoprofèneaétésignificativementplusadministrédanslegroupeRo.

Figure5:ENmaximaleenSSPIenfonctiondugroupe(Ro/Rp)

Iln’existepasdedifférencesignificativeentrelesdeuxgroupesconcernantl’EN>3enSSPI.Parcontreilyaunedifférencesignificativeentrelesdeuxgroupesconcernantl’EN≥6enSSPI.

42,1

57,1

10,5

37,7

0

10

20

30

40

50

60

Ro Rp

Pourcentage%

EN>3 EN≥6

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18

3.3. Analyse univariée sur l’apparition d’effets secondaires en SSPI en comparant le groupe ayant suivi les recommandations de la SFAR (Ro) au groupe les ayant partiellement suivies (Rp)

Tableau9:CaractéristiquesdeseffetssecondairesenSSPI

GROUPE Ro Rp P

NVPO(%):ondansétron 0 7,8 0,5951

Paramètresrespiratoire:

- Débitd’O2(L/min)àlasortiedeSSPI

- Fréquencerespiratoireàlasortiede

SSPI(cycle/min)

3;[0-3]

14;[13-18]

3;[1-3]

14;[12-17]

0,4327

0,2135

Ilaéténécessaired’administrerunantiémétique,uniquementdanslegroupeRp.

Lesfigures6et7évaluentlesparamètresrespiratoiresdespatientsavantleursortiede

SSPI.

Figure6:FréquencerespiratoiredespatientsàlasortiedeSSPIenfonctiondugroupe(Ro/Rp)

Figure7:Caractéristiquesdel’oxygénationdespatientsàlasortiedeSSPIenfonctiondugroupe(Ro/Rp)

Auniveaurespiratoireiln’existepasdedifférencesignificativeentrelesdeuxgroupes.

0

5

10

15

20

25

Ro Rp

FRàlasortie

deSSPI(cycle/min)

-10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Ro Rp

Débitd’O2 (L/min)

àlasortiedeSSPI

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19

IV. ANALYSE ET DISCUSSION

1.Donnéesdémographiques

Lenombredepatientsinclusdansl’étudeaétéde96.L’échantillondepopulationprésente

unsexeratiode1,08.LescoreASAestmajoritairementdeII(58,5%).

Dans la population étudiée, les patients ont tous un traitement personnel per os par

morphiniques en préopératoire qui correspond en moyenne à 21 mg de morphine

IV/24heures.Pourunpeuplusdelamoitiédespatientsladouleurchroniqueestliéeàune

douleur à composante neuropathique et pour l’autre à une douleur par excès de

nociception.

La répartitionentre les abords antérieurs et postérieursde la chirurgie rachidienneest

quasimentidentique.

2.Objectifprincipal

L’objectifprincipaldecetteétudeaétéd’évaluer,laconformitédelapriseenchargedes

patientssousopioïdesaulongcours,opérésdefaçonprogramméesousAGenchirurgie

rachidienne,parrapportauxrecommandationsdelaSFAR.Unétatdeslieux,despratiques

professionnellesauCHUdePoitiers,nousapermisdeconstaterque20%desprisesen

chargesuiventlesrecommandationstandisque80%nelessuiventquepartiellement.

2.1. Comparaison entre l’état des lieux fait au CHU de Poitiers et les dernières recommandations de la SFAR

2.2.1.Gestionpréopératoiredestraitementschroniques

LaSFARdanslesrecommandationsformaliséesd’expertsdejuin2009,préconised’ajuster

letraitementpréopératoiredansl’objectifdepoursuivreuntraitementanalgésiqueet/ou

d’atténuerlerisquedesevragemédicamenteux[10].

Ladosehabituelledemorphiniqueouladoseéquianalgésiqued’unautreopioïdedoitêtre

prescriteenpréopératoirelorsdelapriseenchargedepatientssousopioïdes(accordfort).

Dans notre étude sur les 96 patients sous opioïdes, la morphine a été prescrite en

prémédicationà67,8%.Ilyadonc32,2%despatientsdontletraitementmorphiniquen’a

pas été reconduit. Cependant la littérature médicale est insuffisante pour évaluer les

conséquencesde l’arrêtpréopératoired’unopioïdepouvantentrainerun syndromede

sevrage.

PourlesAINS,leurmaintienenperopératoireentraineunrisquehémorragiqueetrénal.

Dans notre étude, en chirurgie rachidienne sur 6% des patients ayant des AINS en

traitementhabituelseulement1%desAINSaétéprescritenprémédication.Eneffetcette

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20

chirurgie est considérée commeune chirurgie hémorragique pour laquelle l’hémostase

périopératoireestdifficileàcontrôler.

Lesantiépileptiquesprescritsdanslecadredeladouleurneuropathiquechroniquedoivent

êtrepoursuivis(accordfort).LaréactualisationdesrecommandationsdelaSFARdejuin

2016concernantladouleurpostopératoireconsidèrequelagabapentineadministréeen

prémédicationassureunebonnequalitéd’analgésieenpostopératoireimmédiatdansle

casd’unechirurgiepronociceptivecommelachirurgiedurachis.Cequiexpliquequedans

notreétude laprescriptiondesantiépileptiquess’est faiteà47,1%alorsqueseulement

41,7% des patients avaient des antiépileptiques dans leur traitement habituel. Nous

pouvons donc constater que cette prémédication est faite en systématique pour les

patientsayantuntraitementparantiépileptiqueetpour5,4%depatientn’ayantpasce

traitement.

LaSFARrecommandedepoursuivreenperopératoiredans lecasdedouleurchronique

neuropathiquelestraitementsparantidépresseursetparbenzodiazépines(accordfort).

Sur32,3%depatientssousantidépresseur,13,3%ontétéprescritsenprémédication.En

cequiconcerneles35,4%depatientsayantdesbenzodiazépinesseuls19,7%onteuune

prémédicationdebenzodiazépines.Lerisquedel’arrêtdesestraitementsestd’entrainer

un déséquilibre dans la thérapeutique antalgique et anxiolytique souvent difficile à

équilibrer.

LamiseenapplicationdesrecommandationsdelaSFAR,surlaprescriptiondutraitement

habitueldupatientenprémédicationn’aétésuiviequedans38,5%desprisesencharge.

Cette étude nous a permis de constater que seul le traitement morphinique et

antiépileptiquedupatientrestemajoritairementreconduit.

2.2.2.Gestionpostopératoiredestraitementschroniques

Letraitementhabitueldupatientdoitêtrepoursuiviaprèsl’interventionchirurgicale.

Dansnotreétude,dans90,6%desprisesencharge,laprescriptiondutraitementhabituel

aétéfaiteenpostopératoireàJ0.Seul9,4%despatientsonteuunemodificationdeleur

traitement entrainant un réajustement thérapeutique ou un sevrage. La période

périopératoire, dans un contexte d’instabilité de l’intensité douloureuse n’est pas une

périodepropiceàdetelschangements.

La voie orale n’étant pas autorisée en postopératoire immédiat d’une chirurgie

rachidienne, ladosemorphiniquequotidiennedupatientdoitêtreadministréeparvoie

intraveineuse et/ou par analgésie autocontrôlée. Au CHU de Poitiers, un protocole

institutionneldelaPCAchezlepatientdouloureuxchroniqueaétéélaboréenjuin2013.

Ledébitcontinutientcomptedeladosehabituelleconvertieenmorphineintraveineuse

afind’adapterlaprescriptionauxbesoinsdupatient.Cependantl’étudearévéléqu’ellea

étéprescriteseulementdans2%desprisesencharge.Lequestionnairesurlaconnaissance

dupersonnel infirmieren SSPI concernant ceprotocolepermetdedireque celui-ci est

maitrisé par les paramédicaux mais peut-être mal connu des médecins anesthésistes-

réanimateurs.EneffetselonlesinfirmiersdeSSPI,leprotocoled’analgésieprescritsemble

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21

êtreinadaptéàl’intensitédeladouleurpostopératoiredupatient.Unepériodepluslongue

seraitnécessairepoursoulagerlepatient,augmentantladuréedeséjourenSSPI.Ladurée

moyennedeséjourenSSPIrelevéeestde109minutes.

Enpostopératoire immédiat, lepatientdouloureuxchroniqueaeutrèsmajoritairement

uneprescriptiondePCAsansdébitcontinu.

Nous savons que le patient douloureux chronique est plus vulnérable à la douleur

postopératoire. Plus la douleur préopératoire de ces patients au niveau du site de la

chirurgie,estintenseetdiffusepluslerisquededouleuraiguësévèreaugmente[13].La

gestionpériopératoiredestraitementsantalgiquesdupatientestprimordialeetdoitêtre

respectée.Dansnotreétudenousavonsconstatéquel’attitudedegestiondutraitement

dupatientdouloureuxtendàêtreamélioréeenpréopératoire,tandisquelaprescription

postopératoireestquantàellesuivie.LaprescriptiondelaPCAenSSPIdevraitêtreplus

personnalisée en s’adaptant au niveau de douleur du patient. Il serait souhaitable de

mettreàjouretd’étendreleprotocoleàunepriseenchargepériopératoire,aucoursd’un

travail en équipe pluridisciplinaire, afin de faire évoluer la pratique quotidienne et

d’améliorerlapriseenchargedupatientdouloureuxchronique.

2.2.3.Stratégied’anesthésieenperopératoire

Laprised’untraitementopiacéaulongcoursengendreuneaugmentationdurabledela

sensibilitéàladouleur,mêmeenl’absencedetoutchangementdel’intensitédesmessages

nociceptifs. Les conséquences cliniques de cette hyperalgésie morphinique sont à

considérerpendantlapériodeperopératoire.LesdernièresrecommandationsdelaSFAR

stipulentque lakétamineest l’antihyperalgésiquedechoix (accord fort). L’utilisationà

faibledoseenperopératoirepermetde réduire l’intensitéde ladouleuraiguëpendant

24heuresetdediminuerlaconsommationdemorphine.L’interactionantagonisteNMDA

etmorphiniqueparaîtintéressante[14].

Dansnotreétude lakétamineaétéadministréedans86,5%desprisesencharge.Nous

pouvons constater que pour une chirurgie du rachis considérée douloureuse les

recommandations sont suivies, car une grande majorité des patients reçoivent de la

kétamine en période peropératoire. Cependant les doses de kétamine administrées

n’ayant pas été relevées, nous ne pouvons pas évaluer si les doses préconisées sont

respectées.

Chezcespatientsl’analgésiemultimodaleestderigueur.AuCHUdePoitiers,l’analgésie

parmorphiniqueestréaliséedans93,8%pardusufentanilcontre6,2%pardurémifentanil

associéàdelamorphineenbolusenfind’intervention.Eneffetd’aprèslalittératureune

fortedosederémifentanilenperopératoireestassociéeàunehyperalgésiemesurableen

postopératoireparunedouleurplusintenseetdoncuneconsommationplusimportante

demorphine[15].

Leparacétamoleninteractionadditiveaveclamorphineestadministrédanstouslescas.

Lesantalgiquesdepalier2etlesAINSsontinjectéspourlamoitiédespatients.

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22

L’utilisationdesanesthésiques locauxenchirurgiedurachisprésenteun intérêtdans la

préventiondelaDCPC(accordfort).Lalidocaïnepossèdedespropriétésanalgésiques,anti

hyperalgésiquesetanti-inflammatoiresd’actionpériphériqueetcentrale.D’aprèsunessai

clinique réalisé chez des patients opérés d’une chirurgie rachidienne, la lidocaïne IV

diminue leniveaudedouleuretdeconsommationd’opiacésenpostopératoire [16].La

SFARrecommanded’utiliserlalidocaïneàladosede1à2mg/kgenbolusintraveineuxpuis

en intraveineux continu avec un maximum de 1 à 2 mg/kg/h. Selon notre étude,

l’administrationde lidocaïneen intraveineuxà laseringueélectrique(IVSE)n’aétéfaite

que dans 29,1% des interventions chirurgicales. L’infiltration de la cicatrice par de la

Ropivacaïneaétéeffectuéedans44,8%deschirurgies.Lorsd’unechirurgiedurachis, la

douleurpariétaleestminimeparrapportàladouleurosseuse,articulaireetligamenteuse.

L’infiltrationdelacicatricen’adoncprobablementquepeud’intérêtdanscettechirurgie.

En réponse à l’objectif principal de notre étude la mise en application des

recommandationsdelaSFARaétésuiviedans19,8%desprisesenchargeetpartiellement

suiviedans79,2%deschirurgies.

Suite à ces recommandations, il nous paraît donc propice d’utiliser une analgésie

multimodaleassociéeàuntraitementantihyperalgésiqueciblésurlesparticularitésdela

chirurgie du rachis et du patient. La continuité de son traitement habituel devra être

assurée.Dans lebutdeprévenir lerisquedechronicisationde ladouleur, lesstratégies

thérapeutiques à visées plus anti nociceptives et d’épargne morphinique doivent être

redéfiniesauseindesblocsopératoiresduCHUdePoitiers.

3.Objectifsecondaire

L’objectif secondaire a été de connaître l’impact de la prise en charge analgésique et

antalgiquepériopératoiredupatientdouloureuxchroniquesurladuréedeséjourenSSPI.

Lepatientdouloureuxchroniqueestunpatientvulnérableàladouleuretced’autantplus

qu’ilestexposéàunechirurgiemajeuredurachisengendrantunrisquededouleursévère

enpostopératoire.Untraitementanalgésiqueplusagressifetprolongéenpériopératoire

estpréconisé.

3.1. Impact sur la durée de séjour en SSPI

Les résultats de notre étude montrent qu’en comparant le groupe ayant suivi les

recommandationsdelaSFAR(Ro)augroupelesayantpartiellementsuivies(Rp),iln’ya

pas de différence significative (p=0,4619) concernant la durée de séjour en SSPI.

Néanmoinsnousavonsévaluéplusieurscritèresdejugementdurantladuréedeséjouren

SSPInouspermettantdemettreenavantdesdifférencesentrelesdeuxgroupes.

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23

3.1.1.ÉvaluationdeladouleurenSSPI

Lesstratégiesthérapeutiquesutiliséesontpourbutdeplacerlepatientdèssonréveildans

desniveauxdedouleurfaibleetdel’ymaintenir.Nouspouvonsconstaterqu’encomparant

l’intensité de la douleur postopératoire en SSPI entre les deux groupes, la douleur du

patient est d’unemanière générale plus importante dans le groupe Rp. En effet, dans

groupeRp,37,7%despatientsexprimentunedouleursuruneéchellenumérique≥à6parrapport à 10,5% des patients dans le groupe Ro. Cette différence significative est

probablementenlienavecunethérapeutiquemultimodaleappliquéedanslegroupeRo

diminuantladouleurpostopératoire.

Commenous l’avons vu précédemment des thérapeutiquesmultimodales à visées anti

nociceptives et d’épargne morphique sont utilisées. Dans l’étude, il n’existe pas de

différencesignificativeconcernantladosedemorphinereçueentrelesdeuxgroupes.De

mêmepourlesprescriptionsdePCAmorphinequiestsensiblementidentique.Cependant

lanécessitéd’administrerenSSPIdesantalgiquessupplémentaires(dont lakétamine)a

étéfaitedemanièreplusimportantedanslegroupeRp.

L’ensemble de ces résultats est difficile à interpréter au vu du design de l’étude (non

contrôlée). L’analyse univariée retrouve des effets favorables d’une prise en charge

multimodalerespectantlesrecommandationsdelaSFARsurcertainscritèresdejugement.

L’études’étantlimitéeàlapériodepostopératoireimmédiate,ellenepermetpasdejuger

objectivementdel’efficacitéglobaleetàpluslongtermed’unetellepriseencharge.

Cetravailestuneétuderétrospectiveincluantuneffectifréduitdepatient.Laprésence

d’unedouleurchroniqueaétéidentifiéeparlaconsommationd’opiacésmaisellevarieen

fonction du type, de l’intensité, de la localisation et de sa durée. L’ensemble de ces

paramètresestunfreindansl’analysedesdonnéesetarendudifficilelacomparaisonentre

lesdeuxgroupesdepopulation.

3.1.2.Apparitiond’effetssecondairesenSSPI

Le patient douloureux chronique est un patient à risque deNVPO lié à une éventuelle

augmentationdelaconsommationdemorphineenpostopératoire.

Ilexisteunerelationentreladosed’opioïdeutiliséeetl’incidencedeseffetssecondaires.

Lesnausées-vomissementssontleseffetssecondaireslesplusfréquentsdesopioïdes,avec

uneincidencede30%enmoyenneenpostopératoire[17].LespatientsdugroupeRpont

présentéplusdeNVPOenSSPIqueceuxdugroupeRo.Auseindesdeuxgroupes,iln’existe

pasdedifférencesignificativesur ladosedemorphinereçueenSSPI.Deplus l’antalgie

multimodale,associantdesantalgiquesnon-opiacésà lamorphineaététestéedansun

grandnombred’étudescliniques.L’évidencequel‘effetd’épargnemorphiniqueréduitles

effetssecondairesliésauxmorphiniquesn’estpasconvaincante[18].Cependantplusieurs

études ont montré que l’administration de kétamine à faibles doses en peropératoire

permettaitderéduiredefaçonsignificativelasurvenuedeNVPOenpostopératoire[19].

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24

Les opioïdes de façondose-dépendante diminuent la réponsedes centres respiratoires

bulbaires aux stimulis hypoxémiques et hypercapniques [8]. L’effet analgésique est

indissociabled’unedépressionrespiratoire.Dansnotreétude,iln’existepasdedifférence

significative au niveau respiratoire entre les deux groupes. Le débit d’oxygène est en

moyenne de 3 litres/minute pour une fréquence respiratoire en moyenne de 14

cycles/minute à la sortie de SSPI. La sédation précède l’installation de la dépression

respiratoire.Hors,nousn’avonspaspuévaluerlescoredeRamsey,nil’échelledesédation

dûauxnombreusesdonnéesmanquantes.Cesrésultatssontencorrélationavecladose

similairedemorphine reçuedans lesdeuxgroupes. Lesparamètres respiratoires,étant

relevésà la sortiedeSSPI sontàmettreenparallèleavec l’obtentiond’une respiration

régulièrerallongeantainsiladuréedeséjourenSSPIsoitenmoyennede109minutesdans

notreétude.

Lesopioïdesaugmententletonusdusphinctervésicaletinhibentl’effetdecontractionsur

ledétrusor.Cecifavoriselarétentiond’urine[8].Lamoitiédespatientsdenotreétudea

étésondéeenperopératoire.Ainsil’incidencederétentionurinaireenSSPIaététrèsfaible.

V. LIMITES DE L’ÉTUDE Notre étude est rétrospective et descriptive, se basant sur une collecte de données

informatiséesquiestdépendantedelaqualitédelatraçabilitédesactes.Ilexisteunrisque

d’erreuraucoursdel’analysedesdonnéesmalgréuneretranscriptionrigoureuse.

Lerecueildesdonnéess’esteffectuéentrele1ermars2017etle21décembre2018.Hors

au cours de cette période les blocs opératoires ont été modifiés. La spécialité

neurochirurgicaleaété transféréedansunautresecteur impliquantunchangementde

médecins anesthésistes. L’évaluation des changements de stratégie thérapeutique au

coursdel’étudenereflètepeut-êtrepaslaréalitédespratiquesactuelles.

Cetéchantillonde96patientsresteminime,nepouvantfaireunétatdeslieuxcompletsur

lapriseenchargedespatientsdouloureuxchroniques.Ilauraitétéintéressantd’étendre

le champ des investigations à l’ensemble des spécialités chirurgicales douloureuses,

pratiquéauCHUdePoitiers.

L’exploitationduquestionnaire,soumisaupersonnelinfirmierdeSSPIpeutentrainerun

biais. En effet, les personnes interrogées peuvent rechercher les informations dans le

protocoleetdecefaitadapterleursréponses.

La réalisationd’unquestionnaire,quiserait soumisauxmédecinsanesthésistessur leur

connaissancedes recommandationsde la SFARquantà lapriseen charged’unpatient

douloureuxchronique,pourraitnousrenseignersurlanécessitéounonderéactualiserun

protocoledepriseenchargepériopératoire.

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VI. PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES

Cetteétudenousapermisd’envisagerplusieursaxesd’améliorationdanslapriseencharge

dupatientutilisantdesopioïdesenpréopératoire.

Dansunpremiertemps,ilseraitintéressantqu’unemiseàjourduprotocoledepriseen

chargedudouloureuxchroniquesoitenvisagéeconjointementpar l’équipemédicaleet

paramédicale, au sein des blocs opératoires et de la SSPI. Elle viendrait encadrer une

pratiquedéjàinstalléeetseraitbaséesurlesdernièresrecommandationsdelaSFAR.Le

butétantdefaireévoluerlapratiquequotidiennepourmieuxluttercontrelaDPO.

Lepatientsousopioïdesestunpatientvulnérableàladouleur.Sonidentificationdèsla

consultation d’anesthésie permettrait de lui faire bénéficier d’une prise en charge

individuelle et adaptée tout au long de son hospitalisation. La réactualisation des

recommandationsdelaSFARde2016préconisederechercherlaprésenced’unedouleur

préopératoire y compris en dehors du site opératoire, de rechercher une douleur

neuropathiqueprécoceaumoyendel’échelleDN4(annexeV),laconsommationd’opiacés

etlesfacteurspsychiquestelsquel’anxiétéouladépression.Cesélémentsdevraientêtre

notifiés dans le dossier d’anesthésie dans les limites de possibilité des durées de

consultation.Eneffetdepartunevulnérabilitépsychologique,unpatientseraplusexposé

à développer une douleur postopératoire sévère [20]. L’évaluation en consultation

d’anesthésieavecl’échelleAPAIS(AmsterdamPreoperativeAnxietyandinformationScale)

permettraitdeprévoirlatransitiondelaDPOaiguëàchronique(annexeVI).

Dansnotreétude,nousavonsconstatéquelaprescriptiondelaprémédicationnesuitpas

dans sa globalité, les recommandations d’experts sur la gestion des traitements.

L’évaluationdecesscorespermettraitd’adapteretdepoursuivreletraitementhabitueldu

patient[21].

Enfin,unsuivienconsultationspécialiséeaucentreanti-douleurpourraitêtreproposéau

patientaudécoursdelachirurgie.Cesuivipermettraitunegestiondesopioïdesàmoyen

termedanslebutderéadapterletraitementmorphiqueàladouleuraprèschirurgie.

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CONCLUSION

Cetteétude,nousapermisde faireunétatdes lieuxauCHUdePoitiers,despratiques

professionnelles concernant la prise en charge périopératoire des patients douloureux

chroniques,opérésdefaçonprogramméesousAGenchirurgierachidienne.

Lepatientsousopioïdesestunmaladeparticulier,plusvulnérableàladouleur,nécessitant

unepriseenchargeindividualisée.

LaluttecontrelaDPOaigüeetsévèrerestel’enjeumajeur.Nousavonspuconstater,de

parnotreétude,quel’analgésiemultimodalefaitpartieintégrantedecettepriseencharge.

Eneffetlakétamine,estl’antihyperalgésiquedechoixutilisédansunegrandemajoritédes

cas.Cependant,ilresteàenrichirlespratiquesquotidiennesdel’utilisationdelalidocaïne

intraveineusecommelepréconiselaSFARdanslesdernièresrecommandationsde2016,

démontrantsonintérêtpotentieldanslachirurgierachidienne.

L’élaborationd’unprotocoleenéquipepluridisciplinairesurlagestionpériopératoiredes

traitements chroniques du patient permettrait d’affiner l’adaptation posologique et la

poursuitedutraitementenpréetpostopératoire.

Cesaxesd’améliorationcontribuentàlaqualitédelapriseenchargedupatientdouloureux

chronique tout au longde sonparcours afindeprévenir la chronicisationdesdouleurs

postopératoires. Enfin des études supplémentaires contrôlées sur la place exacte de la

lidocaïneseraientnécessaires.

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ANNEXES AnnexeI:Modèlemultidimensionneldeladouleurchroniqueadaptéde

FrançoisBoureau……………………………………………………………………………………………………………....I

AnnexeII:ProtocoleinstitutionneldelaPCApost-opératoirechezlepatient

douloureuxchronique………………………………………………………………………………………………………II

AnnexeIII:AttestationdeladéclarationCNIL………………………………………………………………VIII

AnnexeIV:Questionnairedel’étude………………………………..……………………………………………IX

AnnexeV:ÉchelleDN4……………………………………………………………………………………………………X

AnnexeVI:Listedesitemsdel’échelleAmsterdamPreoperativeAnxietyAnd

InformationScale(APAIS)…………….…………………………………………………..……………………………..XI

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I

AnnexeI

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II

AnnexeII

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III

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IV

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V

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VI

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VII

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VIII

AnnexeIII

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IX

AnnexeIVQUESTIONNAIREDans le cadre de mon mémoire sur la prise en charge périopératoire du patient douloureuxchronique,mercide répondreà cequestionnaire sur leprotocole institutionnelde laperfusionintraveineusepouranalgésieauto-contrôlée (PCARythmicEvolution)enpost-opératoirechez lepatientdouloureuxchronique.IDESSPI,nombred’annéesd’expérience:Aquelledose/24h,correspond60mgdemorphineoraleenmorphineIV?o20mgo60mgo180mgSurquellebaseestcalculéeledébitcontinudelaPCA?oSurladosecumuléedelatitrationdemorphineoSurl’équivalencedeladoseIVjournalièredemorphineoSurlamoitiédeladoseIVjournalièredemorphineSurquellebaseestcalculéeladosebolusparrapportàladosejournalière?oSur1/30emeoSur1/24emeoSur1/12emeCombiendetempsdoit-onauminimumsurveillerlepatientaprèsledébutdelaPCA?o1ho1h30o2hAquelmomentdoit-onréintroduireletraitementhabitueldemorphineoraldupatient?o4havantl’arrêtdelaPCAo3havantl’arrêtdelaPCAo2havantl’arrêtdelaPCALaPCAprescriteenpostopératoireaupatientsousmorphinomimétiquesaulongcoursest-ellepersonnaliséeetadaptéeàsonseuildedouleur?oOuioNonoParfoisMercidevotreparticipation

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X

AnnexeVQuestionnaireDN4:

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XI

AnnexeVI

Liste des items de l’échelle Amsterdam Preoperative Anxiety and Information Scale(APAIS)

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Ecoled’Infirmier(e)sAnesthésistesDiplômé(e)sd’Etat

UE7-MEMOIREPROFESSIONNEL

Envuedel’obtentiondudiplômed'Étatd'infirmieranesthésiste2017-2019

PRISEENCHARGEPERIOPERATOIRED’UNPATIENTDOULOUREUXCHRONIQUE

ÉvaluationdespratiquesprofessionnellesauCentreHospitalierUniversitairedePoitiersLapriseenchargepériopératoired’unpatientdouloureuxchroniqueestunesituationfréquentepour les équipes d’anesthésie, liée à l’importante prévalence de la douleur chronique dans lapopulationgénérale.Lepatientdouloureuxchroniqueprésenteuneplusgrandevulnérabilitéàladouleur.Plusieursétudesontmontréunehyperalgésieinduiteparlaprised’opiacésaulongcoursenpréopératoire,sourcededouleursaiguësetchroniquespostopératoires.L’objectifprincipaldecetteétudeaétédefaireunétatdeslieuxdespratiquesprofessionnellesauCHUdePoitiers, concernant lapriseenchargepériopératoiredespatientsdouloureuxchroniques,opérésdefaçonprogramméesousanesthésiegénéraleenchirurgierachidienne.CetteévaluationaensuiteétécomparéeauxdernièresrecommandationsdelaSFAR.L’objectifsecondaireaétédeconnaître l’impactde lapriseenchargeanalgésiqueetantalgiquepériopératoiredecespatientssur laduréedeséjourensalledesurveillancepost interventionnelle(SSPI) par l’évaluation de la douleur postopératoire, la consommation des morphiniques et desantalgiquespostopératoires,etenfin,lasurvenued’effetssecondairesenSSPI.Ils’agitd’uneétudemonocentrique,rétrospectiveetdescriptive.Lapérioded’inclusionaétédu1ermars2017au21décembre2018,96patientsadultesontétéinclus.AuCHUdePoitiers, l’analgésiemultimodale faitpartie intégrantede la stratégie thérapeutique.Cetteétudeapermisdeconstaterque20%desprisesenchargesuiventlesrecommandationstandisque80%ne les suiventquepartiellement. Eneffet la kétamine, est l’anti hyperalgésiquede choixutilisédansunegrandemajoritédescas.Cependant,ilresteàenrichirlespratiquesquotidiennesdel’utilisation de la lidocaïne intraveineuse comme le préconise la SFAR dans les dernièresrecommandations de 2016, démontrant son intérêt potentiel dans la chirurgie rachidienne.L’élaborationd’unprotocoleenéquipepluridisciplinairesurlagestionpériopératoiredestraitementschroniquesdupatientpermettraitd’affinerl’adaptationposologiqueetlapoursuitedutraitementenpréetpostopératoire.Ces axes d’amélioration contribuent à la qualité de la prise en charge du patient douloureuxchroniquetoutaulongdesonparcoursafindeprévenirlachronicisationdesdouleurspostopératoires.Enfindesétudessupplémentairescontrôléessurlaplaceexactedelalidocaïneseraientnécessaires.

Motsclés:Opioïdes,Douleurchronique,Recommandations,AnalgésiemultimodaleAuteur:Marie-PierreGOURBAULTDirecteurdemémoire:DocteurHervéLANQUETOT

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Ecoled’Infirmier(e)sAnesthésistesDiplômé(e)sd’Etat

UE7–PROFESSIONNELDISSERTATION

ToobtaintheNationalDiplomainAnestheticNursing2017-2019

PERIOPERATIVEPAINMANAGEMENTOFAPATIENTWITHCHRONICPAIN

EvaluationofProfessionalPracticeatPoitiersUniversityHospitalPerioperativepainmanagementofapatientwithchronicpainisafrequentsituationforanesthesiateamsduetothesignificantprevalenceofchronicpaininthegeneralpopulation.Thechronicpainpatientisparticularlyvulnerabletopain.Severalstudiesshowedhyperalgesiarelatedtofrequentpreoperativeopioidmedicationswasamainsourceofacuteandchronicizedpostoperativepain.ThemainobjectiveofthisstudywastoassessprofessionalpracticesatPoitiersUniversityHospital,concerningperioperativemanagementofpatients suffering fromchronicpain scheduled for spinalsurgeryundergeneral anesthetic. This evaluationwas then compared to recommendationsby theFrenchSocietyofAnesthesiaandIntensiveCareMedicine(SFAR).The secondary objective was to evaluate the impact of perioperative analgesic and antalgicmanagementofthispatientduringtheirstayinthePostAnesthesiaCareUnit(PACU)byevaluatingpostoperative pain, postoperative consumption of morphine derivatives and antalgics, and theappearanceofanyside-effectsrelatedtopainorpaintreatmentinthePACU.The study design was monocentric, retrospective and descriptive. Patients were enrolled fromMarch1st,2017toDecember21st,2018;96adultpatientswereincludedinthestudy.At theUniversityMedicalCentre inPoitiers,multimodalanalgesia formspartof the therapeuticstrategy. The main result showed that 20% of the pain management plans accorded withrecommendations, whereas 80% only partially accorded with them. Ketamine was the anti-hyperalgesicmedicationofchoiceused inthegreatmajorityofcases.However, indailypractice,atendencytouseintravenouslidocaine,asadvisedbytheSFARinrecent2016recommendations,wasobserved,demonstratingthepotentialefficacityinspinalsurgery.Theelaborationofaprotocolwithinamultidisciplinaryteamformanagingperioperativechronicpatienttreatmentwouldallowforamorepreciseadaptationandcontinuationofpreandpostoperativetreatments.Theseimprovementsmaycontributetothequalityofchronicpainmanagementforpatientsduringthe entire treatment period in order to prevent chronicization of postoperative pain. Finally,supplementarytestsconcerningthepreciseroleoflidocaineshouldbeinvestigated.

Keywords:Opioids,Chronicpain,Recommendations,MultimodalAnalgesiaAuthor:Marie-PierreGOURBAULTSupervisor:DocteurHervéLANQUETOT