Périodique - 45e année - N° 1 - Avril 2016 - Dépôt postal : 5530 Yvoir

Entre nous, c’est une longue histoire… La vôtre.

Nous savons qu’un patrimoine, qu’il soit familial ou professionnel, matériel ou immatériel, c’est toujours le produit d’une vie, parfois même de plusieurs. Et sans doute l’avenir des générations suivantes. Prendre le temps de vous écouter, de

vous connaître, de vous comprendre est essentiel pour mieux vous accompagner à chaque moment clé. Pour nous, chaque client est avant tout une personne. Et son histoire est aussi un peu la nôtre.

Conseil en placements

Préservation, valorisation et transmission du patrimoine Crédits patrimoniaux

Chaussée de La Hulpe, 120 – Bruxelles – Tél. : 02 663 45 43Rijvisschestraat 124 − Gand − Tél. : 09 244 00 44

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Entre nous, c’est une longue histoire… La vôtre.

Nous savons qu’un patrimoine, qu’il soit familial ou professionnel, matériel ou immatériel, c’est toujours le produit d’une vie, parfois même de plusieurs. Et sans doute l’avenir des générations suivantes. Prendre le temps de vous écouter, de

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45e année – 2016/1

La Lettre de Maredsous

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Publication par quadrimestre 45e année, 2016/1

Rédacteur :

Luc Moës, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique) (où toute correspondance peut être adressée)

Éditeur responsable :

Bernard Lorent, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique)

Abonnement annuel Belgique : 25 € Étranger : 25 €

à verser auprès de la Banque de la Poste, Bruxelles

(IBAN : BE 50 0000 2449 4318 — BIC/SWIFT : BPOTBEB1)

(merci de préciser LLM 2016 + noms du bénéficiaire)

à verser auprès de la Banque ING (IBAN : BE68 3500 0105 8534 — BIC/SWIFT : BBRUBEBB)

(merci de préciser LLM 2016 + noms du bénéficiaire)

Abbaye de Maredsous, rue de Maredsous, 11 5537 Denée (Belgique)

GPS : Lat. 50.302498 / 50° 18’ 8.99’’ - Long. 4.765663 / 4° 45’ 56.39’’

Calligraphies : www.brodyneuenschwander.com Photos : « Marioni Georges Photography » +32-472 311 449

Photos : Jacqueline Boutez, Archives de Maredsous

Imprimerie Bourdeaux-Capelle, 5500 Dinant (Belgique)

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Éditorial Chers lecteurs, Avouez donc ! Vous êtes surpris ! La Lettre de Maredsous a changé de présentation. C’est vrai ! Ce ne sont plus le rouge et le vert mais désormais le noir et l’or. Par lubie, un caprice ? Du tout ! Attendu que LLM est la revue de Maredsous et non celle du Collège Saint-Benoît, il convenait de reprendre les couleurs de l’Abbaye. D’autant qu’elles sont plus classiques, qu’elles mettent aussi davantage en valeur les photographies. Et même, par délicatesse et estime pour nos lecteurs daltoniens ! Il en est, et non des moindres ! Le présent numéro offre d’abord une évocation spirituelle de la figure de Jésus par le P. Pierre-François de Béthune, moine de Clerlande, alors que le Cheikh Bentounes et lui témoignaient à l’Église du Béguinage, le 26 décembre dernier, à l’occasion de la célébration de la Noël et de la naissance, presque à même date en 2015, du Prophète Muhammed. L’Église, en effet, depuis le Concile Vatican II, appelle à l’Interreligieux aujourd’hui. Le P. José-Willibald Michaux a tant à dire sur l’Écriture Sainte. Il invite ici à une réflexion biblique si pertinente sur le récit johannique de la Samaritaine. Un autre érudit du monastère, le P. Daniel Misonne, en histoire, lui, s’est intéressé à une figure monastique étonnante au temps du Père Abbé Columba Marmion. Une note sur une actualité qui a son incidence sur la vie de l’Abbaye : les visites guidées. Sur le plateau maredsolien, on doit noter aussi la soirée où les Rhétoriciens du Collège recevaient avec la communauté des moines M. Herman Van Rompuy. Ils le questionnèrent dans le cadre de leurs études. Enfin, les annonces et la Revue des livres avec diverses recensions. Heureuse lecture à chacun !

La Rédaction

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Le samedi 26 décembre 2015, la Confrérie soufie des Amis de l’Islam organisait à Bruxelles divers événements qui marquaient à la fois, en raison de leur rare échéance si proche au calendrier, la Nativité de Jésus et la naissance du Prophète Muhammed. C’était une heureuse occasion interreligieuse à saisir.

Elle avait invité uniment les Juifs, les Chrétiens et les personnes de bonne volonté. La communauté chrétienne du Béguinage avait aimablement prêté son lieu de culte.

Elle avait demandé à M. Edmond Blattchen de questionner le Cheikh Bentounes pour l’Islam et le P. Pierre-François de Béthune pour le Christianisme. Le thème de l’échange devant être la Lumière.

Bien malencontreusement, de réels problèmes acoustiques ont empêché une libre conversation sur le sujet. Nous avons pu obtenir, néanmoins, le texte rédigé préalablement par le P. de Béthune. La Rédaction a jugé intéressant de l’offrir en lecture à ses abonnés.

La Lumière de Jésus

On m’a demandé de vous parler de la lumière de Jésus. Je le fais volontiers, parce que toute évocation de la lumière est une fête. Mais je suis particulièrement heureux de pouvoir vous parler de la douce lumière de Jésus qui me conduit depuis des années.

Il est partout question de la lumière dans la Bible. Elle est le premier don que Dieu nous a fait, sa première création : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre (...) et Dieu dit : ‘Que la lumière soit !’ Et la lumière fut » (Gn. 1,3). Toute l’histoire sainte est une quête et une attente de la lumière : « Que je marche, Seigneur, à la lumière des vivants » (Ps. 26,13). Plus loin, nous lisons aussi dans l’Écriture : « Jésus (le Verbe) était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme » (Jn. 1,9). En effet, nous entendons pendant la nuit de Noël l’oracle du prophète Isaïe, prononcé sept siècles plus tôt : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ... » (Is. 9,1) Et de fait, à la naissance de Jésus, « les bergers furent enveloppés de lumière » (Mt. 2,10). Tous les récits de l’enfance de Jésus sont baignés d’une douce lumière. Plus tard, Jésus lui-même dira : « Je suis la lumière du

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monde » (Jn. 8,12 ; 9,5) et aussi, à nous : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt. 5,14).

Nous accueillons volontiers tout ce qui est écrit, toutes ces affirmations. Elles sont très belles. Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’affirmations. Ces textes bien connus ne peuvent étancher notre soif ; nous sommes avides de faire l’expérience de ce qui est dit là et de réaliser, dans notre propre vie, ce qu’est la lumière de Dieu, au plus profond de notre existence. Je voudrais vous raconter ici une histoire, une expérience que j’ai faite quand j’étais petit. Avec mon frère, nous aimions explorer notre environnement et, en particulier, les bâtiments d’une vieille ferme. Il y avait là, entre autres, un grenier sans fenêtres auquel on pouvait accéder par une échelle. Il y faisait tout à fait obscur, mais, par un petit trou dans la toiture, un rayon de soleil y pénétrait quelquefois. Il faisait alors une tache de soleil sur le plancher, et cette tache rayonnait dans tout l’espace. Un jour de grand soleil, j’y ai entraîné un ami pour lui montrer ce phénomène. Mais, ce jour-là, comme la tache de lumière se déplaçait peu à peu avec le soleil, elle a abouti à un trou dans le plancher. À ce moment, il a commencé à faire plus sombre, et finalement tout à fait noir dans le grenier parce que le rayon de soleil avait été comme englouti par le trou dans le plancher et il éclairait désormais le local d’en-dessous. On ne voyait plus que quelques poussières qui flottaient dans le rayon, mais elles ne pouvaient pratiquement plus diffuser aucune lumière. J’ai ainsi compris qu’en réalité la lumière elle-même est invisible, tant qu’elle ne rencontre pas un obstacle qui la révèle, comme le plancher du grenier. Notre planète est évidemment ce grand obstacle au rayonnement du soleil, et nous pensons que la lumière nous enveloppe comme l’atmosphère. Il ne faudrait cependant pas oublier qu’elle est toujours un rayon.

Mais revenons à Dieu, à la lumière de Dieu qui est son amour. La petite expérience du rayon de lumière que j’ai racontée n’est qu’une image, et, comme toute image, elle est toujours un peu fallacieuse. J’en retiens cependant que la lumière divine risque de traverser notre monde sans trouver de lieux où se poser et rayonner. Certes, nous pouvons voir partout la beauté de la création, la puissance de Dieu, sa

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grandeur, son intelligence, sa providence qui guide tout homme à son insu. Mais ce sont là des manifestations encore assez extérieures de Dieu. Elles touchent nos sens ou notre intelligence. Or pour connaître Dieu tel qu’il est au plus vrai, pour faire l’expérience de son amour, il faut l’accueillir dans notre cœur. C’est seulement là qu’il peut vraiment être reçu, médité et réalisé. Il faut un cœur pour l’accueillir et le révéler. Si nous n’avons pas de cœur, on ne voit rien : le rayon de son amour se perd dans le vide. Et les gens nous disent : « Où est-il ton Dieu ? » (Ps. 41,4). Tel est le drame aujourd'hui : on parle de Dieu, on en parle beaucoup, mais il n’est plus visible, parce qu’il n’est plus reçu.

Nous tous ici qui sommes désireux d’accueillir Dieu parmi nous, nous voulons nous entraider à lui offrir des cœurs convertis, pour qu’Il soit mieux connu et aimé.

Quant à moi, je crois que Jésus est (précisément) celui qui a pleinement accueilli l’amour de celui qu’il appelle son Père. Il s’en est laissé traverser et transfigurer. C’est pourquoi une grande lumière émane de lui, et elle rayonne à travers les siècles, jusqu’à nous. En son temps, dans un monde préoccupé de sa survie, en cette Palestine occupée par les Romains, même les chefs du peuple n’avaient pas beaucoup de disponibilité pour l’essentiel, la miséricorde de Dieu. C’est dans cet environnement confus et troublé que Jésus a illuminé tout homme en venant dans ce monde. Jusqu’aujourd'hui, l’amour du Dieu invisible se révèle en lui. Cet amour est en quelque sorte réfracté (comme dans un prisme) et il se manifeste en sa personne aux couleurs des Béatitudes (Mt. 5,1-12) : pauvreté de cœur et humilité, faim et soif de justice, douceur, pureté de cœur, miséricorde, patience dans les contradictions, recherche de la paix, joie, compassion, respect absolu pour le plus petit et le dernier, confiance dans la bonté fondamentale de tous et toutes. C’est en tout cela que Jésus est ‘l’icône de Dieu’, comme l’écrit saint Paul. Et il poursuit : « Dieu qui a dit : ‘Que la lumière brille au milieu des ténèbres’, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la vraie connaissance de Dieu qui rayonne sur le visage du Christ » (2 Co. 4,6).

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Notez que cette lumière est aujourd'hui offerte à tous, sans discrimination. Elle n’est pas réservée à certains privilégiés. Tout homme peut s’exposer à son rayonnement. Mais elle n’est pas non plus un projecteur qui éblouit, subjugue, qui scrute violemment les reins et les cœurs.

En tout cas, en regardant Jésus, en écoutant sa Parole et en essayant de faire à notre tour ce qu’il faisait pour les hommes, nous avons un accès merveilleux à Dieu. Nous sommes inondés par sa grande lumière. Nous pouvons alors devenir nous-mêmes sources de lumière. Nous voyons ainsi, aujourd'hui encore, des visages transfigurés par la bonté, chez des saints, plus ou moins canonisés.

Nous pouvons également voir des visages de lumière chez des croyants d’autres religions. La lumière infinie de Dieu ne s’est pas épuisée en Jésus ; il ne se l’est pas appropriée. Il se réjouissait d’ailleurs en voyant la foi d’autres croyants, comme le centurion romain ou la femme phénicienne pourtant idolâtre.

Aujourd'hui encore, il doit se réjouir en voyant, dans cette église du Béguinage, des croyants de religions voisines, mais différentes, se rassembler pour s’exposer ensemble à la lumière de Dieu. En effet, en célébrant ainsi la naissance de Jésus et celle de Mohamed, nous voulons offrir à Dieu des cœurs accueillants.

Et ainsi, nous faisons encore l’expérience d’une autre source de

lumière : la rencontre. Je ne parle pas du choc des idées qui produit des étincelles. Il y a ici plus que des étincelles ! La recherche commune de la lumière de Dieu produit en effet une lumière durable. Quand nous arrivons, chacun avec la petite expérience de Dieu qu’il a déjà pu recueillir, dans la prière et le service, nous découvrons qu’en réunissant ces petites lumières, elles ne font pas que s’additionner, elles se conjuguent et se multiplient. Elles forment finalement un grand brasier.

Oui, mes sœurs, mes frères, nous sommes responsables de cette lumière de Dieu. Et nous le sommes ensemble. Le nom de Dieu est souvent blasphémé, et, plus souvent encore, banalisé, négligé, oublié. C’est donc à nous d’entretenir le feu de sa présence.

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Le feu est encore une autre image de l’amour de Dieu. Pensons à un feu de camp ou à un feu ouvert. Il faut veiller à garder les bûches bien rassemblées, avec toutefois de l’espace pour que l’air passe ! Car si les bûches restent isolées les unes des autres, elles finiront par s’éteindre. Mais, correctement rassemblées, le feu prend toute sa force. Je crois qu’il y a là une invitation pour notre temps. Il nous faut nous rassembler, mais en respectant la dissemblance. Comme je le disais, il faut laisser de l’air entre les bûches, parce que trop amassées, elles s’étouffent. Il en va de même pour nos réunions interreligieuses, quand elles se veulent trop unanimistes. Mais il reste que nous ne pouvons plus vivre isolément, sans chercher à mieux nous connaître. Quand nous avons le courage de nous rencontrer, nous recevons un surcroît de lumière. C’est la chance de notre temps, pour les religions.

Vous connaissez probablement tous le récit de la création dans le livre de la Genèse. Dieu avait créé l’homme, mais il se disait : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul » (Gn. 2,18), alors il a créé la femme. Un grand théologien de Louvain, Adolphe Gesché, paraphrasait malicieusement ce texte en disant : « Il n’est pas bon pour le chrétien d’être seul ». En effet, un adepte d’une seule religion risque de se croire le propriétaire de la vérité et il devient insupportable ... Mais en rencontrant d’autres croyants, nous progressons également dans la connaissance de notre propre religion, parce que nous la situons et nous découvrons ce qu’elle a de spécifique.

Je ne veux pas terminer cet exposé sans évoquer une dernière

source de lumière particulièrement brillante, mais aussi très exigeante : je veux parler de l’hospitalité. C’est un type de rencontre traditionnel qui remonte à Abraham, notre ancêtre commun dans la foi, mais qui est aussi tout à fait d’actualité. Il s’agit d’accueillir chez soi un inconnu, ou, en retour, d’accepter l’invitation d’un étranger. Bref, il s’agit d’ouvrir notre cœur, de dépasser notre méfiance et de risquer une rencontre qui dérangera peut-être nos habitudes paisibles. C’est précisément pour cela que l’hospitalité est toujours sacrée, parce qu’elle n’est humainement pas très raisonnable, surtout aujourd'hui en cette période de méfiance généralisée. Mais Jésus a dit, à la fin de son

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évangile : « Chaque fois que vous avez reçu un hôte, c’est moi que vous avez accueilli » (Mt. 25,40). Toutes les religions pressentent qu’en accueillant un hôte, nous accueillons un Messager de Dieu, sinon Dieu lui-même. Le dépassement de la peur qu’exige cet accueil ne nous est possible qu’en nous exposant à recevoir pleinement le rayon de lumière de Dieu. Puissions-nous tous, où que nous soyons, nous exposer ainsi et être les témoins de sa Lumière pour tous les hommes en ce monde.

Les chrétiens quant à eux sont ceux qui s’efforcent d’accueillir de telle façon le Christ, et de le laisser rayonner son amour dans leur vie. En effet, comme dit l’évangile, « il était venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu, mais à ceux qui l’ont reçu, il a donné de devenir enfants de Dieu » (Jn. 1,11-12).

P. Pierre-François DE BÉTHUNE

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En lisant les Écritures, …

La rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jean 4, 4-42)

Essayons d’abord de suivre le rythme ‘septénaire’ de ce récit, le chemin de la Soif. Le rythme d’un récit peut en révéler les nuances secrètes.

Jésus, à mi-chemin entre la Judée et la Galilée, ‘devait’ passer par la

Samarie, pays ambigu, population très mélangée depuis l’Exil, mi-juive, mi-païenne, mi-cananéenne, Jésus, harassé par la fatigue du chemin, la brûlure du désert ; il est mi-di, l’heure où toutes les évidences vacillent, face à l’éclat du jour : il ne reste que l’immédiat, la soif absorbe le désir. Étapes de ce parcours :

1. Jésus s’assied au bord d’un puits, cette pauvre réserve humaine creusée contre la soif (Nombres, 21, 16 : « Chantez-le, ce puits qu’ont foré les chefs des peuples. »), Jésus s’assied au bord du puits de Jacob. Jacob, ce patriarche mineur, soudain grandi par le passage d’une frontière indécise : il doit affronter son frère Esaü, frustré par la perte de son droit d’aînesse. C’est le passage du gué du Yabboq, de nuit ; Jacob fait passer sa famille et ses troupeaux, il reste seul, puis se risque, hésitant. Toute la nuit, il se heurte à une puissance anonyme, mais résiste (Genèse 32, 21-32).

À la fin de la nuit, il questionne son adversaire sur son Nom, mais bute sur son mystère. La question se retourne et c’est lui, Jacob, qui est renommé, ré-identifié, clarifié : ‘Israël’, ‘celui-qui- tient-bon-face-à-Dieu’, et son nom nouveau devient le patronyme du Peuple élu. Mais il est aussi déstabilisé, blessé : il ‘cloche de la hanche’, et devient ainsi le chef de file de la race des ‘blessés de l’Esprit’, de tous les survivants d’une lutte profonde avec le mystère de leur propre identité et de celle de Dieu. Tous gardent la trace, la cicatrice de cet affrontement,

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prototype de tous les combats ‘mystiques’ : nous retrouvons Jérémie (20, 7-11) : « Je me disais : je ne penserai plus à Lui, je ne parlerai plus en son Nom ; alors, c’était comme un feu dévorant, enfermé en mes os. Je m’épuisais à le contenir, je ne pouvais le supporter ». Mais aussi l’apôtre Paul et son ‘écharde’ (2 Cor. 12, 7), et encore l’Idiot de Dostoïevski, le Prince Mouchkine... Jacob-Israël restera la personnification du peuple éprouvé (cfr surtout le second Isaïe, chap. 48-49). Ce passé revient-il à la mémoire de Jésus lorsqu’il s’assied, épuisé, sur la margelle du puits de Jacob ?

2. Surgit une femme (à midi, curieuse heure pour venir puiser de l’eau : elle est seule, cherche-t-elle la rencontre, l’aventure ?) et Jésus lui demande à boire : par deux fois, Jésus fera l’aveu de sa soif, - ici, et sur la croix : « Sachant que désormais tout était consommé, Jésus dit, pour que l’Écriture fut pleinement accomplie : ‘J’ai soif !’. Il y avait là un vase plein de vinaigre On fixa donc à un javelot une éponge imbibée de vinaigre et on l’approcha de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : ‘Tout est consommé !’; puis, inclinant la tête, il rendit l’esprit (Jean 19, 28-30) ; « Sauve-moi, ô Dieu, car les eaux me sont entrées jusqu’à l’âme ... Pour nourriture, ils m’ont donné du poison, dans ma soif ils m’abreuvaient de vinaigre » (Ps. 69, 1 et 22). La soif de Jésus a-t-elle ‘accompli’ l’Écriture ? Il a commencé par épouser la soif humaine et sa pesanteur. Jésus, au cœur du désert samaritain, récapitule-t-il toutes les soifs d’Israël ? (Ps. 69, déjà cité, mais aussi 42-43 et 63 et plus tôt, Ex. 17).

En demandant ainsi à boire, Jésus commettait une double transgression : en s’adressant à une femme seule, et surtout à une étrangère (une ‘païenne’). Double interdit. Nous retrouvons ici sa liberté vis-à-vis de la Loi, sa liberté vis-à-vis de la femme. Celle-ci lui répond d’ailleurs avec un mélange de surprise et de coquetterie, elle se fait désirer.

3. Alors s’engage un étrange dialogue : « Si tu connaissais le don de Dieu, si tu savais qui est celui qui te dit : ‘donne-moi à boire’, c’est toi qui le lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’Eau vive ! » – ‘Avec quoi, Seigneur !, serais-tu plus grand que notre père Jacob ?’ - Jésus introduit alors une distinction décisive : il oppose ‘besoin’ et ‘désir’.

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Le besoin est un manque qui s’éteint lorsqu’il est comblé ; le désir au contraire ne cesse de se creuser et de s’approfondir lorsqu’il est rencontré : « Quiconque boit de cette eau (celle du puits) aura encore soif, mais celui qui boira de l’Eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, ... elle deviendra en lui une source jaillissant pour la Vie éternelle ! - Donne-la moi, Seigneur, cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser ! » (il nous faut remonter du ‘puits’ à la ‘source’).

4. Jésus semble rompre là la cohérence du dialogue : « Va chercher ton mari, et reviens ! » Jésus a quitté le plan des besoins immédiats, et se situe désormais au niveau du Désir : ‘Va chercher celui qui t’avait été donné pour connaître ton Désir, et le creuser !’ – ‘Je n’ai pas de mari !’. Elle a dispersé son cœur, son Désir, et n’en connaît plus que l’errance. Jésus le lui fait reconnaître, en même temps qu’il ravive son cœur, sa vraie soif. (« Il m’a dit tout ce que j’avais fait ! »).

5. ‘Tu es un Prophète !’, celui qui dit le sens du vrai présent, du vrai Désir. Mais de quel Dieu est-il le Prophète ? Celui du Temple de Jérusalem et des Juifs, ou Celui du Mont Garizim et des Samaritains ? Jésus ‘délocalise’ alors ce Dieu trop particulier, il ouvre à l’universalité de l’Esprit : « Dieu est Esprit, et les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité », Dieu est ce Souffle, dont « on ne sait ni d’où il vient ni où il va ». La femme évoque alors une dernière référence : « le Messie, celui qui annoncera toutes choses » - et Jésus se nomme : « Je le Suis, moi qui te parle ! » (Jn 4, 25-26) (‘Je Suis’ ! ‘YHWH’ ?).

6. Les disciples reviennent, apportant de la nourriture terrestre, et un dialogue analogue reprend : ‘Rabbi, mange !’ mais Jésus répond : « J’ai pour me nourrir un aliment que vous ne connaissez pas, ... ma nourriture, c’est de faire la Volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son Œuvre ! » (Prophète, Envoyé, Messie, ‘Je (le) Suis’, Logos, Serviteur ?).

7. La Samaritaine, reconnue dans la vérité de son cœur, peut ‘laisser là sa cruche’, et retourner vers les siens, pour leur partager son aventure. Les Samaritains crurent en Jésus sur la simple parole de cette femme, puis, après l’avoir entendu lui-même, accueillent sa

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Parole, son ‘Logos’ : premier accès des ‘païens’ à la Foi : Ils le reconnaissent comme ‘le Sauveur du Monde’ !

L’évangéliste Jean, friand du rythme septénaire, a-t-il ménagé ici sept étapes, pour nous faire cheminer du Désert brûlant de la Soif à la source de l’Eau Vive ?

Est-ce la mémoire de toutes ‘les soifs d’Israël’ qui se réveille ou se déploie dans le cœur de Jésus quand il s’assied sur la margelle du puits de Jacob (Jn 4, 6) ?

Jésus a assumé notre humanité, sa recherche, ses contradictions et ses doutes, son épreuve mais aussi son espérance. Jésus connaît le cœur de l’homme, - comme celui de la femme ; il sait sa sensibilité, son emmêlement, ainsi que sa soif de vérité, son besoin de raison, de lumière : Jésus est habité par l’exigence du vrai, mais il respecte la différence, éprouve la compassion, la miséricorde, il a vécu l’accueil, l’amitié, l’amour ; Jésus sait pleurer, pardonner et restaurer dans l’Amour. Ce Jésus-là peut rencontrer une femme éparpillée dans son Désir, et la rassembler. Dans cette rencontre, l’Ancien Testament s’est ouvert à la radicalité du Nouveau, et s’y est accompli. Jésus a bien assumé notre soif, et lui a donné sa vraie réponse : l’Eau Vive, l’Esprit.

En songeant à la diversité des formes de relation que Jésus peut nouer avec ses interlocuteurs (le Maître qui appelle, le guérisseur qui compatit et qui restaure tant l’esprit que le corps, le prophète qui parle, le révélateur du Père de toute tendresse, la source de l’Esprit qu’il annonce et qui le ‘remplace’, enfin et surtout l’ami, voire l’amoureux), on peut rappeler ici l’intuition de Thérèse d’Avila, qui écrivait à ses filles : « Traitez avec Dieu comme avec un Père, comme avec un frère, comme avec un maître, comme avec un époux, choisissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces qualités : Lui-même vous apprendra celle qui Lui agréera davantage. »

P. José-Willibald MICHAUX

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Le P. Abbé Pierre Eggerath Un aller-retour

Le 31 juillet 1895, un très jeune homme, un Allemand, Pierre Eggerath, partait de Maredsous pour le Brésil avec un groupe de moines destinés à y restaurer la vie bénédictine. Il y fut Abbé et Archiabbé. Revenu en Europe, 45 ans plus tard, les circonstances tragiques de la guerre le ramenèrent à Maredsous qu’il sauva d’un pillage total. En témoignage de gratitude, il fut inhumé dans la crypte du cimetière monastique avec les Abbés. Qui était-il donc ? C’est toute une histoire, presque un roman. La réalité passe la fiction.

I. De Maredsous au Brésil Les premières années

Pierre Eggerath naquit le 26 janvier 1880 à Bucherhof, près d’Erkelenz (Rhénanie) au sein d’une famille nombreuse et très chrétienne1. Son père exploitait une importante ferme d’élevage et de culture. Pierre, ayant achevé ses études primaires, entra au gymnase de la localité et y entama ses humanités gréco-latines. Quand il le pouvait, il participait aux besognes de la ferme ; il aimait ces travaux des champs ; il en gardera le goût et l’estime jusqu’à la fin de sa vie. Au monastère du Coquelet à Namur, par exemple, où il vécut ses dix dernières années, il cultivait le jardin et entretenait le verger ; il apprenait aux enfants du voisinage comment faire pour obtenir de bons légumes et de bons fruits. Le goût des travaux de la terre lui était resté jusqu’à la fin.

Quand le P. Gérard van Caloen, de Maredsous, lança en 1894 son projet de restauration des anciennes abbayes bénédictines du Brésil, il

1 Sur la restauration bénédictine au Brésil aux 19e et 20e siècles, on lira l’article de Dom Bernard Lorent, Les moines de Maredsous et la restauration bénédictine au Brésil (1894-1914), dans Lettre de Maredsous, 2009, p. 53-66. Le nombre de moines de Maredsous engagés dans la restauration brésilienne fut de 27 entre 1895 et 1922.

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Le groupe des jeunes oblats en 1895. Peu avant le départ pour le Brésil, en juillet 1895, Dom Amand Van den Abeele prit ce cliché qui montre les jeunes oblats de Maredsous groupés autour du maître des oblats, dom Étienne Tillieux. Au second rang, on distingue le plus grand de taille, c’est Peter Eggerath qui a, à ses côtés, son ami Godefroid Derix. fit appel au clergé pour qu’il l’aide en lui adressant des jeunes-gens prêts à s’engager dans cet apostolat. Sans doute le curé d’Erkelenz fut-il sensible à cet appel ; il proposa donc à Pierre et à ses parents de réfléchir à cette proposition. Pierre se montra enthousiaste ; ses parents ne s’y opposèrent pas. Des contacts furent pris entre Maredsous et Erkelenz, les parents étaient honorés d’offrir un de leurs fils à l’Église, et Pierre, heureux d’être choisi. Quand celui-ci quitta-t-il ses parents ? Sans doute au début de l’été 1895. Toujours est-il qu’on le trouve à Maredsous en juillet 1895, en tant que jeune oblat bénédictin, en même temps qu’un autre du même âge, Godefroid Derix, avec le groupe de moines en partance pour le Brésil.

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Novice au Brésil

Nous voici donc à Maredsous le 31 juillet 1895 ; c’est la veille du départ. Dans le chœur de l’église abbatiale, toute la communauté est rassemblée en couronne autour des partants. Le P. Abbé Hildebrand de Hemptinne, en vêtements pontificaux, du haut des marches du maître-autel, remet solennellement au P. Gérard van Caloen, prieur du groupe des ‘Brésiliens’, la ‘croix de fondation’, ensuite un exemplaire du psautier et enfin la Règle de saint Benoît. Ainsi le veut la tradition. Ils sont une quinzaine à partir : moines de chœur, frères convers – Allemands et Belges –, deux prêtres diocésains (de Malines et Namur) postulants de la vie monastique, et enfin nos deux jeunes-gens, Eggerath et Derix, que cette liturgie d’adieu impressionne profondément.

La traversée de l’Atlantique, avec une escale au Portugal, dure une quinzaine jours. Les « missionnaires » débarquent à Récife le 17 août 1895, où ils sont accueillis par le vieil Abbé Général Fray Dominghos da Transfiguração Machado – un des rares moines brésiliens survivants – qui les conduit à l’abbaye d’Olinda, alors inoccupée. C’est là que commencera la vie de la nouvelle communauté. L’abbaye est ancienne ; elle date de la fin du XVIe siècle. Bien qu’inoccupée depuis de nombreuses années, elle est relativement en bon état. Certaines salles cependant sont délabrées ; on s’active à leur réfection. On devine que le jeune Pierre et son compagnon auront rendu de nombreux services. Ils poursuivent cependant, tant bien que mal, sous la conduite d’un aîné, leur formation ‘humaniste’. Ils reçoivent l’habit d’oblats bénédictins le 15 janvier 1896. Ils ne sont que « postulants », car ils sont encore trop jeunes pour commencer leur noviciat.

Ils n’entrent en effet au noviciat que le 8 avril 1897. Selon la tradition, on doit leur imposer un prénom monastique. Dom Gérard van Caloen, qui préside la cérémonie, n’hésite pas cependant à maintenir le prénom de baptême à l’un, Pedro (Pierre) Eggerath, et à donner le prénom de Paulo à Godefroid Derix. Puisque les deux amis sont inséparables, leur dit-il, qu’ils le soient aussi dans la vie monastique, comme les deux apôtres le furent dans le martyre et dans

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le culte. Le noviciat, qui dure un an, se déroule paisiblement sous la conduite du P. Feuillen Lhermitte, un homme au jugement sûr, membre de la première équipe partie de Maredsous le 1er août 18952. Au cours de ce noviciat, le Fr. Pedro Eggerath côtoiera d’autres novices, déjà prêtres, appelés bientôt à des fonctions importantes : Dom Mayeul de Caigny (futur Abbé de Bahia), Dom Miguel Kruse (futur Abbé de São Paulo), Dom Maur Van Emelen (futur Prieur de Saint-André de Bruges), bien d’autres encore. Après le noviciat

Son noviciat achevé, le Fr. Pedro Eggerath émettra ses premiers vœux le 10 avril 1898 avec son compagnon, le Fr. Paulo Derix, et tous deux entameront leurs études cléricales. Comme nombreux étaient à Olinda les jeunes postulants (Européens et Brésiliens) qui devaient parfaire leur formation générale, les supérieurs demandèrent au frère Pedro Eggerath d’en assurer certains cours, ce qu’il fit à la satisfaction de tous ; on remarquait déjà chez lui, en effet, un souci pédagogique très affiné, une autorité ferme alliée à beaucoup de gentillesse, ce qui lui valait l’estime de la communauté monastique et le respect des plus jeunes.

Mais voici que l’année suivante, une épidémie mortelle de fièvre jaune ravage la région d’Olinda ; nombreuses sont les victimes de ce fléau, au monastère comme dans toute la région d’alentour. Parmi les victimes, on déplore la mort du jeune Paulo Derix, le compagnon inséparable du Fr. Pedro. Il meurt emporté en quelques jours par la maladie (juin 1899). Cette brusque disparition frappe profondément le Fr. Pedro qui, malgré sa robustesse, est, lui aussi, fort affaibli par les fièvres. Peu après, mourra le maître des novices, le P. Feuillen Lhermitte atteint à son tour par le fléau (septembre 1899). Dom Gérard van Caloen songe alors à établir le noviciat dans une région

2 Dom Feuillen Lhermitte (1852-1899) était prêtre du diocèse de Namur avant d’entrer comme novice à Maredsous en 1877. Il exerça diverses charges pastorales à l’abbaye ; c’est lui qui fut le premier aumônier des pèlerins de saint Benoît à Maredsous. Il était animé d’un grand zèle apostolique.

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plus salubre, plus au nord. Mais sans tarder, il propose au jeune Pedro un repos de plusieurs semaines en Allemagne pour se refaire complètement la santé auprès des siens. Il quitte donc le Brésil à la fin-novembre 1899 ; il reviendra deux mois plus tard, complètement rétabli.

Toutefois ce n’est plus à Olinda qu’il retourne mais à l’abbaye de São Paulo pour y poursuivre ses études de théologie. Sur ces années studieuses, avec d’autres jeunes moines, on ne sait pas grand-chose. Après trois ans de profession simple, le frère Pedro émettra ses vœux solennels, le jour de sa fête patronale, le 29 juin 1902. Un mois plus tard, il sera ordonné prêtre, le 24 juillet 1902, par Son Exc. Mgr Joaquim Arcoverde, dans son palais archiépiscopal de Rio de Janeiro. Recteur du gymnase de São Paulo

Dom Pedro, revenu à São Paulo, termine ses études théologiques. Il est alors rapidement sollicité pour donner des cours au gymnase créé peu auparavant par Dom Miguel Kruse, devenu prieur de São Paulo et qui avait bien connu Dom Pedro à la petite école d’oblats d’Olinda où il l’avait apprécié pour son sens pédagogique. Quand en 1907, Dom Kruse devient Abbé de São Paulo, il demande à Dom Eggerath de le remplacer comme Recteur du collège, charge qu’il assumera, à la satisfaction de tous, jusqu’à son départ pour l’abbaye de Rio de Janeiro en 1915. À ce ‘gymnasium’ qui ne compte alors qu’un externat, il adjoindra un internat, ce qui élèvera le nombre total d’étudiants à près de 500. Dom Pedro fera de ce collège une institution renommée dans tout le pays, non seulement pour le niveau intellectuel de son corps professoral (composé en grande partie de cadres sortis de Polytechnique) mais aussi pour son climat culturel et religieux.

C’est Dom Pedro aussi qui, comme Recteur, entrera en relation avec l’Université de Louvain pour créer à São Paulo une Faculté de Philosophie thomiste, à l’instar de l’Institut Léon XIII créé par le cardinal Mercier à Louvain. Le nouvel Institut comptera une quarantaine d’étudiants.

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plus salubre, plus au nord. Mais sans tarder, il propose au jeune Pedro un repos de plusieurs semaines en Allemagne pour se refaire complètement la santé auprès des siens. Il quitte donc le Brésil à la fin-novembre 1899 ; il reviendra deux mois plus tard, complètement rétabli.

Toutefois ce n’est plus à Olinda qu’il retourne mais à l’abbaye de São Paulo pour y poursuivre ses études de théologie. Sur ces années studieuses, avec d’autres jeunes moines, on ne sait pas grand-chose. Après trois ans de profession simple, le frère Pedro émettra ses vœux solennels, le jour de sa fête patronale, le 29 juin 1902. Un mois plus tard, il sera ordonné prêtre, le 24 juillet 1902, par Son Exc. Mgr Joaquim Arcoverde, dans son palais archiépiscopal de Rio de Janeiro. Recteur du gymnase de São Paulo

Dom Pedro, revenu à São Paulo, termine ses études théologiques. Il est alors rapidement sollicité pour donner des cours au gymnase créé peu auparavant par Dom Miguel Kruse, devenu prieur de São Paulo et qui avait bien connu Dom Pedro à la petite école d’oblats d’Olinda où il l’avait apprécié pour son sens pédagogique. Quand en 1907, Dom Kruse devient Abbé de São Paulo, il demande à Dom Eggerath de le remplacer comme Recteur du collège, charge qu’il assumera, à la satisfaction de tous, jusqu’à son départ pour l’abbaye de Rio de Janeiro en 1915. À ce ‘gymnasium’ qui ne compte alors qu’un externat, il adjoindra un internat, ce qui élèvera le nombre total d’étudiants à près de 500. Dom Pedro fera de ce collège une institution renommée dans tout le pays, non seulement pour le niveau intellectuel de son corps professoral (composé en grande partie de cadres sortis de Polytechnique) mais aussi pour son climat culturel et religieux.

C’est Dom Pedro aussi qui, comme Recteur, entrera en relation avec l’Université de Louvain pour créer à São Paulo une Faculté de Philosophie thomiste, à l’instar de l’Institut Léon XIII créé par le cardinal Mercier à Louvain. Le nouvel Institut comptera une quarantaine d’étudiants.

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Ses anciens élèves du gymnase rappelaient volontiers le dynamisme dont faisait preuve le P. Eggerath, non seulement au niveau des études mais aussi dans le domaine culturel (théâtre etc.), sportif, caritatif etc. En quelques années, grâce à lui et à son Abbé, Dom Miguel Kruse, l’abbaye de São Paulo était devenue un centre religieux, intellectuel et artistique renommé au Brésil. Notons en passant que c’est à partir de 1913 que Dom Adelbert Gresnight (de Maredsous) entreprendra à la demande du P. Abbé Miguel Kruse les peintures murales de l’église abbatiale de São Paulo, travail qui le retiendra jusqu’en 1922. Abbé de Rio de Janeiro

a) La situation financière de l’abbaye de Rio

C’est le 14 octobre 1915 que fut élu à l’unanimité Dom Pedro Eggerath comme Abbé de la grande abbaye de Rio de Janeiro. Pour comprendre cet événement, il est utile de rappeler quelques faits relatifs à l’abbaye de Rio.

Celle-ci (la vénérable abbaye fut fondée en 1590) avait été restaurée en 1903 par Dom Gérard van Caloen, qui en devint l’Abbé l’année suivante. Il y entreprit de grands travaux de modernisation, mais en s’engageant imprudemment dans des opérations immobilières sur des terrains que l’abbaye possédait dans la ville de Rio. Mal lui en prit : il se trouvera bien vite en dettes et devra procéder à plusieurs emprunts de plus en plus catastrophiques. On lui adjoignit en 1907 un Abbé-Coadjuteur (Dom Chrysostome De Saegher, de Maredsous), qui, ne parvenant pas à le convaincre de freiner ces emprunts, démissionna en 1912 non sans avoir remis au Saint-Siège un rapport accablant sur la gestion économique de l’abbaye. Rome, qui n’agit qu’avec lenteur, intervint trois ans plus tard (1915), priant Dom van Caloen de résigner sa charge d’Abbé de Rio de Janeiro. Il le fit. Mais comme évêque (il avait été sacré évêque in partibus à Maredsous en 1906), il gardait la responsabilité de la région du Rio Branco, un immense territoire équivalent à un tiers de la France, situé au Nord du Brésil, en Amazonie (actuellement État de Roraima). Ce « territoire de

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mission » auquel étaient attachés plusieurs moines de Rio, avait besoin d’un appui financier ; c’est l’abbaye de Rio qui devait continuer à le lui fournir.

On comprend que cette situation embarrassante ait créé à Rio une crise, qui nécessitait la prise de mesures énergiques. Rome imposa donc à la tête de l’abbaye un « Administrateur Apostolique », c’est-à-dire un Supérieur désigné par le Saint-Siège. Dom Laurent Zeller, Abbé de Seckau (Congrégation de Beuron), assuma cette tâche. Il la remplit le mieux qu’il put, jusqu’au moment qu’il jugea opportun de procéder à une élection abbatiale. À la fin de 1915, il estimait qu’on pouvait rendre à la communauté le droit d’élire son nouvel Abbé. À l’unanimité, elle choisit Dom Pedro Eggerath, moine de São Paulo.

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b) Les premières années d’abbatiat

Si les moines de Rio choisirent, pour cette charge difficile, un moine d’une autre communauté, c’est qu’ils estimaient qu’il avait les qualités nécessaires dans les circonstances difficiles d’alors. Ils connaissaient le sérieux de sa vocation monastique, son attachement à la prière communautaire et au service mutuel ; il jouissait d’une robuste santé, il était taillé en Hercule ; sa jovialité et son dynamisme étaient proverbiales. Son jugement était sûr. N’était-il pas l’homme providentiel qui pouvait sauver les moines de Rio du mauvais pas où les avait engagés son prédécesseur ?

Il se mit à l’ouvrage. Il fallait étoffer la communauté de Rio. Pour ce faire, il alla en Allemagne demander de l’aide auprès du clergé diocésain (pour de jeunes Oblats qui seraient prêts à la vie monastique au Brésil, comme lui-même l’avait été) et dans des monastères qui seraient disposés à lui confier des candidats. La communauté de Rio augmenta considérablement sous l’abbatiat de Dom Eggerath ; elle pourra ainsi compter, en 1930, 22 moines profès solennels et 20 moines-clercs profès simples. Les candidats brésiliens seront bientôt les plus nombreux.

Ayant été Recteur du ‘gymnasium’ de São Paulo, il était normal qu’il portât cette fois un intérêt particulier au collège de Rio. Un des premiers gestes du nouvel Abbé fut d’inviter quelques-uns des anciens élèves de São Paulo à mettre leurs fils dans le nouvel internat qu’il venait d’adjoindre au ‘gymnasium’ de Rio (qui comptait près de 750 élèves).

Le 27 septembre 1923, Dom Eggerath fut élu Président de la Congrégation bénédictine du Brésil, et porta le titre – comme Dom Gérard van Caloen avant lui – d’Archiabbé et d’Abbé nullius de Rio de Janeiro.

c) Une lourde succession

Le problème financier restait entier. Dans la situation embarrassante où se trouvait l’abbaye de Rio, Dom Eggerath prit conseil. Un de ses conseillers les plus proches était M. Nilo Peçanha, ancien Président de la République. Entre les deux hommes régnait

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une grande estime et une franche cordialité. Dom Pedro suivit les avis de son ami, notamment en matière de rendement des terres. Comme l’abbaye était propriétaire de vastes domaines agricoles, notamment dans la baie de Rio, Peçanha l’encourageait à mettre tout en œuvre pour leur donner plein rendement. D’autre part, toute la région du Rio Branco, immense territoire au Nord du Brésil dont le monastère de Rio de Janeiro avait désormais la charge pastorale, pouvait être par sa vocation agricole comme une sorte de ‘terre promise’. De divers côtés on le poussait à y investir. Dom Pedro, fils d’agriculteur, retrouvant sa vocation d’homme de la terre, fut vite conquis par les arguments de ses amis.

Dom Eggerath à l’abbaye de Rio de Janeiro, entouré de sa communauté et des jeunes oblats de l’école claustrale, lors du centenaire de la fondation

de la Congrégation brésilienne (juillet 1927)

Il ne peut être question ici de raconter les multiples essais de mise en valeur des terres appartenant à l’abbaye et des vastes étendues du Rio Branco dont elle avait la responsabilité. Rappelons simplement

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que depuis que Mgr Gérard van Caloen, fortement atteint dans sa santé, avait dû quitter le Brésil pour l’Europe (1919), la charge pastorale du Rio Branco incombait entièrement au P. Abbé Pedro ; mission coûteuse, non seulement en argent mais aussi en hommes (trois moines de Maredsous y laissèrent leur vie). Pour engager à grande échelle ces travaux de mise en valeur des terres, il se dépensa sans limites. Il fit venir son frère, Guillaume Eggerath, ingénieur agronome, pour étudier les possibilités d’un meilleur rendement. Il se rendit lui-même à plusieurs reprises dans ces régions. Mais le sort s’acharnait sur ces efforts : sécheresse, intempéries, maladies, fièvres s’abattaient sur les travailleurs, anéantissant en quelques semaines leur travail, ruinant les investissements. Le Rio Branco n’allait-il pas entraîner le monastère de Rio dans une nouvelle catastrophe financière ? Dom Pedro dut recourir une nouvelle fois à des emprunts. Or l’économie mondiale entrait précisément alors dans la grande crise financière qui allait entraîner une débâcle générale. L’Abbé de Rio devina que le désastre ne lui serait pas épargné. d) La démission de l’Archiabbé

Dom Pedro sentait monter en lui le découragement et son impuissance à maîtriser la situation. Sa santé s’en ressentit. Un soir, entrant dans son bureau dont il claqua violemment la porte, il s’exclama devant son Prieur, Dom Joaquim Granjeiro de Lima : « Dom Prieur, tout est perdu ; il n’y a aucune solution pour le monastère ! », et jetant sa croix pectorale et son anneau pastoral au pied d’une effigie du Sacré-Cœur : « Offrez-moi à Notre-Seigneur comme victime pour sauver le monastère ! Qu’il me rende paralytique ou lépreux, qu’il fasse de moi ce qu’il veut, mais sauvez l’abbaye ! ». Puis se relevant, il ajouta avec calme que s’il avait communiqué à la communauté, de façon peu approfondie, la marche de l’administration et des affaires du monastère, c’est qu’il espérait bien pouvoir satisfaire tous ses créanciers et ainsi réserver à la communauté une agréable surprise.

Atteint profondément dans sa santé, touché par une pneumonie infectieuse, on fut obligé de le mettre en clinique en décembre 1928.

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Il se retira du combat, ayant lutté jusqu’au bout de ses forces. Il résigna officiellement sa charge d’Archiabbé en juillet 1929.

On ne procéda pas immédiatement à l’élection d’un successeur. Rome désigna un Abbé-Administrateur en la personne de Dom Jean-Chrysostome De Saegher (Maredsous) ; celui-ci – on s’en souvient – avait été nommé en 1908 Coadjuteur de Mgr Gérard van Caloen, pour l’aider dans la difficile gestion financière de l’abbaye. La communauté de Rio ne retrouvera son droit d’élection qu’en 1933 ; elle choisira alors, le 17 juin 1933, pour Abbé Dom Thomas Keller, moine de Rio.

P. Daniel MISONNE

(À suivre)

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Les visites guidées

En accueillant, au cours d’une année, autant de personnes de toutes provenances sur le Plateau de Maredsous, et en toute saison, il fallait s’attendre à ce que des pèlerins, des touristes aussi, cherchent à visiter le monastère lui-même. La communauté des moines, bien loin de s’y opposer, on lui en sait gré, a estimé qu’elle devait répondre positivement à cette demande. À condition, s’entend évidemment, que le calme et le silence des lieux monastiques choisis ne soient pas indûment perturbés. C’est en 1998 que le regretté M. Philippe Vivario, assisté quelquefois par M. Guillaume Mattelart, en cas d’affluence, se dévoua fort obligeamment à cette cause. Tous étaient contents. En 2000, M. Christian Mattelart lui-même, père de Guillaume, ami fidèle de Maredsous, se consacra à cette œuvre, formé aussi qu’il est en religion, en pédagogie et en langues. Toujours en raison du nombre croissant de « curieux », Mme Marie-Thérèse Tops vint à son tour prêter ses services. Et récemment, en 2015, le Centre d’Accueil enregistra M. Christian Leconte et M. Claude Van Humbeeck. Nul ne s’étonnera qu’il faille accueillir les touristes dans leur langue usuelle, c’est-à-dire, le français généralement, mais plus souvent qu’on ne l’imaginerait, le néerlandais, dans une proportion allant jusqu’au-delà des cinquante pour cent ; sans négliger le recours fréquent à l’anglais, voire même couramment, disons, à l’allemand. Un rapide calcul permet d’évaluer à quel nombre de visiteurs par an les guides consacrent une heure et quart environ pour aller, de station en station, détromper ceux-ci, enseigner ceux-là, en somme, informer à bon escient sur le monastère proprement dit. On compte environ 20.000 personnes. On y a remarqué des visiteurs du monde entier, depuis des Iraniens jusqu’à des Japonais, des Indiens, des Mexicains, soit quelque 17 nationalités différentes. Des personnes de toutes conditions, des diplomates, des élèves, des pèlerins d’une paroisse, des handicapés, des mouvements de jeunesse bien encadrés et motivés, des membres d’un CPAS, des associations de l’ ‘Article 27’, des familles, … Toutes

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personnes qui ne sont pas considérées comme des étrangers puisque la Règle de Saint Benoît prévoit bien qu’ils soient accueillis comme le Christ en personne. Jusqu’à présent, l’horaire est le suivant : lors des vacances scolaires, tous les jours, à 14 heures et à 16 heures, compte tenu de l’heure d’été et d’hiver. Les week-ends, donc, les samedis et dimanches aux mêmes heures.

L’itinéraire comprend une pause à la basilique abbatiale, c’est évident, où il y a à dire non seulement sur l’architecture mais aussi sur la vocation spirituelle de la communauté qui habite et anime cette bâtisse. Il ne faut pas négliger le cimetière, la bibliothèque en surplomb. Elle impressionne, vue du contre-bas. Elle est une des importantes bibliothèques privées de Belgique. L’occasion de mentionner la vocation intellectuelle, le souci biblique, patristique, et actuellement, informatique de la communauté.

Là où le risque est réel d’enfreindre le silence, ce sont les cloîtres. Mais alors, les guides acheminent leur groupe au chapitre où, portes closes, ils peuvent développer tel ou tel aspect de la vie du monastère, répondre à quelques questions. La toute grande majorité des questions dénote un intérêt sur la vie des moines et de la communauté. Elles attestent que les racines de la foi restent vivaces. Enfin, le lieu, par excellence, de l’émerveillement, c’est, aux yeux du plus grand nombre, le préau. Il y a là, en effet, l’architecture, la fontaine, les points cardinaux, l’image du paradis, … Au gré des commentaires, les guides soulignent trois caractères prépondérants de l’Abbaye de Maredsous : le spirituel, le culturel et l’économique. Ces trois aspects interfèrent en sorte que la communauté des moines, les nombreux collaborateurs laïcs trouvent à « glorifier Dieu en toutes choses » (RB 57,9), à mener une vie digne, empreinte de sens et de solidarité, « en route vers la Paix ! » (devise de Maredsous).

(Suite à un entretien avec M. Christian Mattelart)

La Rédaction

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Petite chronique de l’Abbaye

Décembre 2015

Samedi 12 décembre : Le P. Stéphane d’Oultremont poursuit ses études d’orgue à Bruxelles. Le Fr. Jérôme Slangen passe un journée de retraite au Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. Dimanche 13 : Le P. Abbé Bernard Lorent ouvre solennellement la Porte de la Miséricorde. Lundi 14 : Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz, séjourne à l’hôtellerie. Le P. Abbé Bernard Lorent rencontre M. Michel Moortgat. Mardi 15 : Les élèves du Collège Saint-Benoît partent en vacances jusqu’au 4 janvier 2016. Jeudi 17 : Les FF. Jean-Claude Nikobatuye, Jean-Bosco Twahirwa et Jean-Damascène Ndahimana accompagnent les Séminaristes de Namur en voyage « Sur les pas du curé d’Ars ». Vendredi 18 : On attend beaucoup de marcheurs au cross de nuit organisé par le Centre d’Accueil. Lundi 21 : Le P. Stéphane d’Oultremont dirige le groupe vocal « Laus Aeterna » lors d’un concert à l’église Saint-Lambert de Ville-sur-Haine. Samedi 26 : À l’invitation de la Confrérie, les « Amis de l’Islam », le P. Luc Moës se rend à l’église du Béguinage de Bruxelles où l’on célèbre la naissance du Prophète et la Nativité de Jésus par un événement interreligieux avec Bentounes, le P. Pierre-François de Béthune et Edmond Blattchen. Le P. François Lear préside les funérailles du Baron Guy del Marmol. Dimanche 27 : Le Fr. R.-Ferdinand Poswick se rend à Londres pour quelques jours. Mardi 29 : Le P. Christian van Zeebroeck prend part aux funérailles de Mgr Grimmonprez.

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Janvier 2016

Lundi 4 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend en Inde à un Conseil du Père Abbé Président Ansgar Schmidt, aux monastères bénédictins d’Asirvanam et de Kappadu. Le P. Stéphane d’Oultremont assiste à l’inauguration des nouveaux bâtiments de l’IMEP à Salzinnes. Les Frères Christophe Kamya Lukwago et Jérôme Slangen descendent à l’Abbaye de Lérins pour une session du STIM. Vendredi 8 : En fin de journée, la communauté de Maredsous reçoit celle du Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. La soirée commence par les vêpres à 18 heures. Mercredi 13 : Le P. François Lear prêche une retraite à des élèves du Collège Cardinal Mercier de Braine-l’Alleud, à l’hôtellerie. Samedi 16 : La communauté des moines reçoit le Personnel à l’eucharistie, dès 16h30. L’apéritif et le souper suivent. Le repas est préparé et servi par l’équipe du « Maredsous ». Mardi 19 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à une réunion du Comité de Concertation (CoCon). Mercredi 20 : Le P. Claude Thiran se rend au Séminaire de Namur pour les délibérations après les examens des Frères étudiants de Gihindamuyaga (Rwanda). Vendredi 22 : Le P. Abbé Bernard Lorent participe à une réunion de la Conférence des Religieux en Belgique (CoReB) au Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. Le P. Luc Moës accueille à l’hôtellerie des membres de la Confrérie soufie « Les Amis de l’Islam » durant le week-end. Le P. Maître, le P. Jean-Daniel Mischler, accompagné du Fr. Jérôme Slangen et d’Alexandre Dupuis, se rend en récollection à l’Abbaye de Soleilmont. Dimanche 24 : Le P. Claude Thiran participe, dans l’après-midi, à l’installation du nouveau Doyen de Fosses, l’Abbé Francis Lallemand.

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Lundi 4 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend en Inde à un Conseil du Père Abbé Président Ansgar Schmidt, aux monastères bénédictins d’Asirvanam et de Kappadu. Le P. Stéphane d’Oultremont assiste à l’inauguration des nouveaux bâtiments de l’IMEP à Salzinnes. Les Frères Christophe Kamya Lukwago et Jérôme Slangen descendent à l’Abbaye de Lérins pour une session du STIM. Vendredi 8 : En fin de journée, la communauté de Maredsous reçoit celle du Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. La soirée commence par les vêpres à 18 heures. Mercredi 13 : Le P. François Lear prêche une retraite à des élèves du Collège Cardinal Mercier de Braine-l’Alleud, à l’hôtellerie. Samedi 16 : La communauté des moines reçoit le Personnel à l’eucharistie, dès 16h30. L’apéritif et le souper suivent. Le repas est préparé et servi par l’équipe du « Maredsous ». Mardi 19 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à une réunion du Comité de Concertation (CoCon). Mercredi 20 : Le P. Claude Thiran se rend au Séminaire de Namur pour les délibérations après les examens des Frères étudiants de Gihindamuyaga (Rwanda). Vendredi 22 : Le P. Abbé Bernard Lorent participe à une réunion de la Conférence des Religieux en Belgique (CoReB) au Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. Le P. Luc Moës accueille à l’hôtellerie des membres de la Confrérie soufie « Les Amis de l’Islam » durant le week-end. Le P. Maître, le P. Jean-Daniel Mischler, accompagné du Fr. Jérôme Slangen et d’Alexandre Dupuis, se rend en récollection à l’Abbaye de Soleilmont. Dimanche 24 : Le P. Claude Thiran participe, dans l’après-midi, à l’installation du nouveau Doyen de Fosses, l’Abbé Francis Lallemand.

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Lundi 25 : Le Fr. Thierry de Béthune descend pour la 17ème fois au Festival de la Bande Dessinée à Angoulême (Charente). Samedi 30 : M. Jacques Willemyns reçoit un groupe de musiciens à l’hôtellerie. Février 2016

Mardi 2 : Le P. Christian van Zeebroeck prend part à l’assemblée générale du Forum des Internats francophones, à Floreffe. Mercredi 3 : Le Fr. Jérôme Slangen gagne Paris où il participe au Colloque que l’Institut Supérieur de Liturgie organise sur le thème : « Devenir chrétien par la Liturgie », à l’occasion du 60ème anniversaire de son existence. Samedi 6 : Plusieurs membres de la communauté participent à la profession solennelle de S. Agathe Young Soo Lee au Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert. Elle est présidée par Mgr Luc Van Looy, évêque de Gand. Lundi 8 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend au Monastère de Gihindamuyaga (Rwanda) pour une bonne quinzaine de jours. Il y aura prêché une retraite aux prêtres de l’archidiocèse de Kigali. M. Christian-F. Mathieu commence un stage monastique en communauté. Mardi 9 : Les Frères Jean-Claude Nikobatuye, Jean-Bosco Twahirwa et Jean-Damascène Ndahimana rendent visite aux abbayes de Solesmes, Saint-Wandrille et du Bec-Hellouin. Samedi 13 : À l’hôtellerie, le P. Jean-Daniel Mischler donne une lecture de la Lettre aux Philippiens, dans le cadre de l’École de Vie Spirituelle (EVS). Pendant le week-end, il accueille la communauté Saint-Damien qui rassemble des étudiants en théologie de la KUL. Le P. Baudouin de Bie se rend à Daverdisse aux funérailles de sa belle-sœur Madame Octave de Bie. Dimanche 14 : Le P. Jean-Daniel Mischler accompagne un candidat au baptême à l’église de Châtelineau.

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Lundi 15 : À la commission de liturgie, on reçoit divers représentants du Personnel pour procéder ensemble à une évaluation commune de l’eucharistie célébrée lors de la fête du samedi 16 janvier. Aujourd’hui et demain, tournage prévu d’une émission TV « Les ambassadeurs ». Mercredi 17 : Les vêpres sont avancées à 17h15 pour permettre d’accueillir avec les rhétoriciens du Collège Saint-Benoît le Comte Van Rompuy, Président émérite du Conseil européen. (Voir le compte-rendu aux pages 40-41). Samedi 20 : Le Bureau de coordination des Équipes Notre-Dame accueille le P. Tommy Scholtes, sj., lors de la préparation de la grande Rencontre qu’ils organiseront le 23 avril 2016 à Maredsous. Le P. Jean-Marie Karangwa passe le week-end à Bruxelles où il prend part à une réunion de promoteurs de Justice et où, par ailleurs, il administre le sacrement des malades. Vendredi 26 : Le Fr. Éloi Merry prend une semaine de repos à Saint-Sébastien-sur-Loire (Bretagne). Samedi 27 : Le groupe du « Pain partagé » séjourne à l’hôtellerie durant le weekend au cours duquel le P. Luc Moës donne quelques entretiens sur la spiritualité bénédictine. Lundi 29 : Le P. Abbé Bernard Lorent prend part à une réunion de la Conférence des Religieux en Belgique (CoReB), à Nivelles. Mars 2016

Mercredi 2 : Le P. Abbé Bernard Lorent participe avec les Pères Christian van Zeebroeck et Jean-Marie Karangwa à un déjeuner-rencontre organisé par BEL-Belgium. Jeudi 3 : Il reçoit dans l’après-midi le P. Abbé Président de la Congrégation, le P. Abbé Ansgar Schmidt. Dimanche 6 : Cinq élèves d’une école de Lokeren séjournent à l’hôtellerie en retraite intégrée. Mercredi 9 : Jusqu’au lundi 14, le Fr. André Fontaine participe à un séminaire de philosophie, à Nîmes (Gard).

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Dimanche 13 : La Fraternité « L’eau vive », animée par le P. Claude Thiran, se réunit. Lundi 14 : Le Fr. Jean-Claude Nikobatuye prend quelques jours de retraite à l’abbaye de Forges-lez-Chimay. Mercredi 16 : Le P. Donat Rusengamihigo arrive du Monastère de Gihindamuyaga (Rwanda). Vendredi 18 : Des membres de la communauté se rendent au temps du repas de 13 heures au Collège Saint-Benoît pour partager avec les élèves un « Bol de riz ». Lundi 21 : Réunion ordinaire de l’Oblature. À 18 heures, Mgr Rémy Van Cottem préside l’eucharistie au cours de laquelle il ordonne diacre le Fr. Jean-Claude Nikobatuye, moine de Gihindamuyaga (Rwanda), étudiant en théologie au Grand-Séminaire de Namur. La cérémonie fut solennelle avec le concours de la grande chorale du P. Claude Thiran, Maître de chœur, connaissances et amis de l’ordinand, des instruments africains pour une danse en fin de célébration. Une assistance, mêlée des proches de l’Abbaye et du nouveau Diacre, fut ensuite conviée par le P. Abbé Bernard Lorent à une réception au grand réfectoire de l’Abbaye. (Photos en page 32) Mercredi 23 : Le P. Abbé Bernard Lorent se joint à la messe chrismale à la cathédrale de Namur. Lundi 28 : La famille du P. Ignace Baise se réunit au Centre d’Accueil pour fêter les 70 ans de son père. Mercredi 30 : Le séjour du P. Binto Vattodiyil, du Monastère de Kappadu (Inde).

* Naissance

Le 6 février 2016 : Théo Ravida, fils de Daphné Defacq, à la Bibliothèque.

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(Photos de Mme Jacqueline Boutez)

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Agenda de l’Hôtellerie

Programme d’animation 2016

Du 4 au 8 mai 2016 « Retraite monastique de discernement » Cette retraite est ouverte aux jeunes hommes de 18 à 35 ans qui désirent découvrir la vie bénédictine. Lieu : Abbaye de Maredsous, 5537 Denée Animation : la Communauté

Samedi 26 novembre 2016 (9 h-17 h) « Les Entretiens de Maredsous » « Le bonheur selon la Règle de saint Benoît » Lieu : Abbaye de Maredsous Intervenants : Dom Guillaume Jedrzejczak et Michel Cool

Contact : daniel.mischler@maredsous.com ou Tél. 0475/ 57.88.77

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Le Centre chrétien pour les relations avec l’Islam, « El Kalima », 69, Rue du Midi, 1000 – Bruxelles, (02-511.82.17), entend prendre, cette année, une part active à la célébration du centenaire de la mort du Fr. Charles de Foucauld. Son Directeur, M. Régis Close, avec l’Abbé Luc Terlinden, des Fraternités sacerdotales Charles de Foucauld, Mme Myriam Noiset-Pourbaix, des Fraternités séculières Charles de Foucauld organisent un événement culturel, un spectacle, qu’ils veulent offrir gracieusement à tout qui aimerait en savoir davantage sur « Charles de Foucauld, frère universel », à la Salle ‘Lumen’, Chaussée de Boondael, 40, 1050 – Bruxelles, le dimanche 20 novembre 2016, à 15h30. Info : aircac@free.fr Ils pensent plus précisément aux jeunes en quête de repères sûrs.

C’est la famille spirituelle du Bienheureux Fr. Charles de Foucauld qui prendra les frais en charge mais elle sollicite néanmoins votre soutien à cette bonne cause, par un versement au compte d’ « El Kalima », Bruxelles : BE48 0001 4261 2127 ; BPOTBEB1, Communication : « Spectacle CdF ».

Ils remercient déjà les donateurs de se rendre ainsi solidaires des artisans de paix et des « apôtres de la bonté » pour le monde d’aujourd’hui.

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Abbaye de Maredsous

RETRAITE ouverte aux Oblats & intéressés

« La Solidarité dans la Règle de S. Benoît »

par S. Marie-Jean Noville, osb

moniale d’Hurtebise

du mercredi 4 mai 2016 (17 heures) au samedi 7 mai 2016 (14 heures)

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Inscriptions : hotellerie@maredsous.com

ou par téléphone, au n° 082-698.275 de 10h30 à 11h30 ; de 16h30 à 17h30

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Abbaye de Maredsous

Lundi 11 juillet 2016

8ème Pèlerinage à Saint Benoît, Patron principal de l’Europe

Programme

11h00 : La Messe et la bénédiction solennelle ; suivie de la procession sur l’Esplanade ; 12h20 : Visite à l’Abbaye de Maredret ; 13h30 : Pique-nique fraternel au Centre d’Accueil ; 15h30 : Concert à la salle audio-visuelle (entrée libre)

du poète-chansonnier Bruno Heureux

De la Belgique, où s’ancrent ses racines, jusqu’au Québec où, au cœur

du sentier poétique de Drummondville, il côtoie notamment Félix Leclerc, Julos Beaucarne et Emile Nelligan, le poète-chansonnier Bruno Heureux nous fait découvrir ses chemins de traverse jalonnés de rencontres, toutes uniques et ciselées avec respect comme des œuvres d’art.

18h30 : Deuxièmes Vêpres de la Saint-Benoît

Renseignements

Inscriptions souhaitées : flm@maredsous.com ; tél. 082/698.260 Coordonnées GPS :

Latitude : N50.30080° ; Longitude : E4.76460° ; Altitude : 216 m ; 10, Rue de Maredsous, 5537 – Denée (Belgique)

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Conférence-débat avec le Comte Van Rompuy,

Président émérite du Conseil européen

Les Rhétoriciens du Collège ont pour projet, chaque

année, d’animer une conférence-débat avec une personnalité du monde politique européen. Ce projet s’inscrit dans le cadre du cours de Formation géographique et sociale sous l’autorité de Madame Mergeai. Cette année, le Comte Van Rompuy a aimablement répondu à l’invitation. Il a une longue carrière politique. Investi au sein du CVP, devenu CD&V, il a été Premier Ministre à notre échelle nationale avant de devenir Président du Conseil européen de 2009 à 2014. Aujourd’hui, il enseigne et est président de l’EPC, ‘European Policy Centre’, un centre d’étude et de recherche en matière d’intégration européenne.

Ainsi, ce mercredi 17 février, vers 18 heures, le Comte Van Rompuy est arrivé à l’Abbaye où il a été accueilli par le Père Nicolas Dayez. Lors de l’apéritif, il a pu rencontrer les élèves de Rhétorique et les autres invités : moines, professeurs, parents d’élèves ou anciens. Après le repas pris dans le réfectoire des moines, l’assemblée d’une centaine de personnes a rejoint la salle du chapitre pour la conférence-débat.

Les sujets abordés ont traité particulièrement de relance économique européenne, de crise migratoire, de lutte contre le terrorisme et de montée des nationalismes. Ont également été abordés les thèmes de l’ouverture économique de l’Iran, de l’auto-radicalisation des jeunes et, enfin, celui du risque d’une future pression démographique africaine. Le

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politicien, toujours dans les coulisses de l’Union européenne, a répondu avec fierté et honnêteté aux questions posées par les rhétoriciens. Néanmoins, parfois, son approche, qualifiée de neutre par certains, s’est révélée très prudente. Pourtant, l’humour était présent dans son discours, nous montrant l’aisance avec laquelle l’on peut discuter de choses sérieuses concernant l’Europe.

Selon Herman Van Rompuy, l’Europe se fonde sur un

ensemble de valeurs qui permettent à celle-ci d’évoluer et de se renforcer. Il faut en revenir aux fondamentaux et essayer de régler les problèmes ensemble, même si l’Europe nous apparaît plus pessimiste et de plus en plus divisée.

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Après la conférence-débat, le Comte Van Rompuy nous a rejoints dans la salle de communauté où il a volontiers répondu aux questions plus personnelles des Rhétoriciens.

Bref, nous avons eu la chance d’accueillir au Collège, et ce pour une deuxième fois cette année, le Comte Herman Van Rompuy. Ce dernier nous a, une nouvelle fois, éblouis par son aisance à faire passer un message dans une langue « étrangère ».

Max DE MEES, Harold GARCEZ, Loric LEJEUNE, Jean MISSON

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Revue des livres

Nicole TIMBAL, « Pierre Teilhard de Chardin », ‘Un homme de Dieu au cœur de la matière’, Namur, Lessius, 2015, 20,5 x 13,5 cm, 469 p., 24,5 € [978-2-87356-582-4]. Association des amis de Pierre Teilhard de Chardin, « Défis d’une évangélisation renouvelée », ‘Les apports de Pierre Teilhard de Chardin’, coll. ‘au singulier’, Bruxelles, Lessius, 2013, 20,5 x 14,5 cm, 250 p. [978-2-87299-2424-3]. Deux publications qui feront plaisir à tous ceux qui pensent, comme moi, qu’il viendra un temps, dans le siècle où nous sommes engagés, pour que tous reconnaissent la force prophétique et la cohérence de la pensée du grand scientifique, théologien, poète et jésuite que fut Teilhard de Chardin. S. Thomas d’Aquin qui avait assimilé toute la science de son époque et les outils de pensée d’un aristotélisme qui n’était pas alors en odeur de sainteté dans l’Église, fut condamné et tenu en suspicion durant une cinquantaine d’années après son décès en 1274 ! Il pourrait en être de même pour le jésuite disparu en 1955 et dont Nicole Timbal tente de nous donner un portrait spirituel très complet et très vivant. Comment sa foi s’est développée et a grandi au contact de la réalité qu’il pouvait appréhender avec force et intelligence ; comment il avait découvert progressivement que cette foi portait sur un Christ, présent au monde dont il était le créateur et le moteur attractif vers sa fin ; comment cette foi se vivait « en Église » et dans le cadre de ses engagements religieux ; comment cette foi s’exprimait dans une prière mystique assez percutante et réaliste dans son expression pour entraîner le monde d’aujourd’hui.

Quant au second volume, il nous apporte les contributions d’un Colloque sur Teilhard de Chardin tenu à Rome les 9 et 10 novembre 2012. Quinze intervenants couvriront trois grands champs d’investigation : la place tenue par la pensée de Teilhard

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au Concile Vatican II ; la place de sa pensée par rapport aux évolutions de la société, et de la science en notre temps ; sa pensée par rapport à la crise actuelle du monde qui est avant tout une crise spirituelle. La vision de Teilhard en direction de l’avenir et d’une attraction christique de toute la création vers un point Oméga est certainement un vecteur puissant pour penser spirituellement les avancées scientifiques de notre temps. Notamment sa conception d’une organisation planétaire de l’intelligence humaine partagée, la noosphère : une réalité dont nous voyons peut-être émerger certains traits à travers le tissu de réseaux qui désormais préside au développement de l’humanité, comme le souligne le Père Spadaro dans sa contribution (pp. 108-119).

Fr. R.-Ferdinand POSWICK

Pierre-François de BÉTHUNE, « À la rencontre des religions », ‘Nouvelles dimensions de la foi’, préf. Dennis Gira, Paris, Bayard, 2015, 19 x 14,5 cm, 147 p., 15 € [978-2-22748-821-2]. L’ouvrage est construit sur quatre fondements : l’expérience, l’interprétation, la pratique, le retentissement. Le sous-titre doit s’entendre non tant de dimensions jusqu’ici inconnues mais en raison de l’approfondissement que la rencontre interreligieuse suscite chez celui qui cherche une intelligence plus fine et universelle de la foi. Le développement est fort heureusement rigoureux mais étayé d’exemples, de portraits touchants, d’un vocabulaire moins notionnel mais davantage existentiel (pp. 31, 25, 70-71), par exemple, le respect (pp. 103, 117, 121-122, 130 sv.). La délicatesse préconisée n’atténue en rien l’exigence à laquelle il faut satisfaire. Du reste, on saura gré à l’A. d’avoir composé une étude historique et fondamentale qui donne autant envie d’engager une rencontre interreligieuse qu’elle confirme les vieux routiers en marche vers l’intrareligieux.

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Mathieu COUTISSE, « La vie aux trousses », poèmes, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Éd. Dieu-Brichart, 1994, 24,2 x 16 cm, 79 p. Autant de préalables à une loyale confrontation avec le temps, l’Histoire, sur l’intensité plausible ou perceptible de l’instant, sur ses incidences, léchés d’une lumière fascinante. Guy MUSY, « Sous le soleil de Midi » (1970-1989), ‘In illo tempore’, Fribourg, La Sarine, 2013, 21 x13 cm, 287 p. [978-2-88355-160-2]. Des « mémoires intérieures » plutôt qu’une chronique d’une vingtaine d’années en Afrique Centrale. Le lecteur appréciera dans ce duo helvéto-rwandais délicatement orchestré combien la charité transfigure davantage la vie quand elle s’inspire de l’intelligence, de l’invention et des résolutions du cœur. Quatre ‘saisons’ en 69 tableaux qui accrochent par la perspicacité et le respect de ces analyses. Du reste, une écriture tellement agréable ! Robert SCHOLTUS, « Petit christianisme d’insolence », coll. ‘Donner raison’- théologie-, Namur, Éditions jésuites, Lessius, 2015, 20,5 x 14,5 cm, 237 p., 24 € [978-2-87299-285-0]. Le titre n’annonce aucune provocation mais désigne, au sens étymologique, un christianisme qui ne souffre aucune habitude, qui se renouvelle. L’ouvrage est constitué de deux livres antérieurs, revus et actualisés. Dans une 1ère partie, « Contre-habitude », l’A. traite de grandes questions modernes ; dans la 2ème partie, celles que pose le christianisme. L’exposé est riche, dense, servi par une belle langue. La seconde partie demande davantage d’attention. Nombreuses citations. Index des noms cités. Pierre TURLUR, « Montagnes flottantes », ‘Haïkus d’un moine d’Occident au Japon’, Coll. Souffle bouddhique, Calligraphies d’Amiko Shimazaki, Paris, L’Harmattan, 2015, 21,5 x 13,5 cm, 132 p., 14,50 € [978-2-34307-767-3]. Qui voudrait s’informer sur le Bouddhisme, qu’il commence par apprécier la démarche poétique des haïkus ! L’Occidental n’affectionne pas nécessairement les paradoxes. La tradition

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bouddhique s’y exprime puisque l’essentiel « est dans le regard qui illumine la matière » (p. 17). Le livre consiste en « un recueil » où il s’est justement agi de recueillir des faits plutôt que des concepts (p. 20). La lumière jaillit souvent de rapprochements apparemment insolites. Les haïkus de cette publication sont de facture contemporaine. On y trouve aussi des stances et des poèmes dharmiques. Adonis, « Violence et Islam », ‘Entretiens avec Houria Abdelouahed’, Paris, Seuil, 2015, 20,6 x 14 cm, 186 p., 18 € [978-2-02128-858-2]. La souffrance intérieure qu’inflige au poète l’Islam radical, aveugle qui aujourd’hui incite à l’outrance suprême, à la haine de l’homme, lui a été une source d’inspiration magistrale. Il fustige d’une rare énergie le principe fondamental selon lequel il n’est pas possible de vivre sans l’Islam. Celui-ci nie la pensée, la réflexion, la science (p. 172). La vérité absolue impose le fixisme, l’imitation. Outre Dieu, rien d’humain. Aucune place n’est laissée à la philosophie, à la psychanalyse, à la poésie, aux arts, à la mystique, à la subjectivité, à l’expérience humaine (p. 163). La sacralisation du Coran induit la violence. L’A. appelle de tous ses vœux une critique, par la raison de l’homme, des diktats de la religion. En ce sens, il s’interroge aussi sur la complicité intéressée, cadrée par les oukases sournois de l’Occident. Dominique DEGOUL, « Schéma de la foi chrétienne », ‘À l’usage de ceux qui ne savent pas par où commencer’, préf. Robert Scholtus, Namur, Éd. jésuites, 2015, 20,5 x 14,5 cm, 144 p., 14 € [978-2-87299-283-6]. Il était temps qu’on offre de quoi revoir à nouveaux frais ce que la tradition chrétienne propose en matière de foi à ceux qui veulent comprendre et appliquer, dans l’ordre et à leur époque, une synthèse du message de la foi. Éminemment pédagogique, l’ouvrage servira les catéchètes, les formateurs, les

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accompagnateurs, abordant les réalités humaines à partir de l’Église du Christ. Marine MANOUVRIER, « 50 notions-clés sur le Bouddhisme pour les nuls », préf. Fabrice Midal, Paris, FIRST Éd., 2015, 12 x 19,5 cm, 255 p., 8,95 € [978-2-75407-496-4]. Voici une description pour l’Occident de la démarche telle qu’un Bouddhiste l’entreprend. Les 50 notions peuvent être abordées indépendamment les unes des autres, voire selon un système de renvois. Après chaque énoncé sur une réalité, on trouve un résumé succinct : ‘L’essentiel en 5 secondes’. On sait gré à l’auteure d’avoir clairement décrit le cheminement, hors de toute connotation religieuse. « Avec l’aspiration profonde à larguer les amarres, on se tient tout bonnement » (p. 135). D’intéressantes étymologies. Une ouverture aux Arts, à la Laïcité. Bibliographie et index. Vaut la consultation. Régine DETAMBEL, “Les livres prennent soin de nous”, ‘Pour une bibliothérapie créative’, Paris, Actes Sud, 2015, 19 x 10 cm, 163 p., 16 € [978-2-33004-851-8]. Une excellente vulgarisation des thèses doctorales d’il y a seulement quelques années consacrées à la thérapeutique par la lecture au sens large. Depuis la vie, le corps, la poésie, les arts, jusqu’à la langue, la fiction, l’intime. Depuis l’enfance jusqu’au grand âge. Une foison de citations, de sources, à l’appui. Le monde littéraire s’en félicitera. Danièle HENKY, Éric HANCE, « Orval », ‘Histoire de la reconstruction de l’abbaye’ (1926-1948) L’ambitieux projet d’un moine et d’un architecte, Neufchâteau, Éd. Weyrich, 2015, 19 x 30,2 cm, 215 p., [978-2-87489-340-7]. Remarquable et somptueux ouvrage pour aujourd’hui, qui mérite par son élégance, la connivence des auteurs respectifs, l’honnête rigueur de l’information, la minutie de l’ordonnance historique, le reportage photographique de cette abbaye séculaire

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dont le lecteur se plaira à découvrir sereinement l’histoire de sa reconstruction au XXème siècle. En somme, un fidèle ‘monument’ à l’honneur de ses concepteurs, des créateurs et des artisans, « ut in omnibus glorificetur Deus ! » (RB 57,9). Bibliographie et lexique. En annexe, un plan cadastral. Irénée REZENDE GUIMARÂES, osb, « Correspondance avec Irène », ‘Méditations bibliques sur la paix et la non-violence’, 65190 – Tournay (France), Les Ateliers de l’Abbaye, 2015, 24 x 15,5 cm, 503 p., 22 € [978-2-35519-385-9]. Une remarquable analyse subtile et presque exhaustive (?) du sujet de la paix et de la non-violence, fondée sur une abondante moisson de notes et de références d’ordre spatio-temporel. La composition de la table des matières est judicieuse autant que le style est digeste. Depuis l’ère de l’Écriture sainte, des Pères de l’Église jusqu’à une suite de passionnants témoignages, l’A. soutient le questionnement avec maîtrise et ferveur. En final, « place à l’action ! » Une somme pour tout qui recherche l’intelligence et la poursuite sincère de la paix. François DURAND, « Le témoignage du Ressuscité », ‘Contribution à une théologie fondamentale de l’expérience pascale’, coll. Donner raison – Théologie 50, Namur, Lessius, 2016, 23 x 15,5 cm, 365 p., 34,50 € [978-2-87299-277-5]. À la jointure de la christologie et de l’ecclésiologie, l’actualité du Christ crucifié et ressuscité s’exprime en actes et en paroles par le témoignage humble et bienveillant des fidèles. L’ouvrage ne néglige pas la déconstruction des systèmes de pensée et de l’approche post-séculière sans en pâtir pour autant. Il se fonde principalement sur S. Luc de l’Évangile et des Actes, Barth, Ricœur, Doré, … Le livre suppose une vaste culture théologique. Index et bibliographie.

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Tom CHEETHAM, « L’envers du monde », ‘Henri Corbin et la mystique islamique’, trad. anglais, Paris, Entrelacs, 2014, 22 x 14 cm, 222 p., 22 € [978-2-90860-691-1]. On referme un livre érudit de lecture ardue par la richesse de sa culture, l’envergure du propos, la contestation fine et argumentée des outrances contemporaines comme le matérialisme, le nihilisme et tout autre théorie réductrice comparée à l’‘acte d’être’ en présence du monde dans son indivisible unité, l’incessant va-et-vient parmi les diverses traditions de l’islam depuis celle du « shî-isme » en lequel H. C. a eu foi, tout chrétien qu’il fût. Il a voulu révéler au moyen de la philosophe et de la recherche spirituelle les liens qui unissent les Peuples du Livre dans une commune destinée pour qu’il y ait une possibilité de dialogue entre un chacun responsable de son destin personnel (p. 208). Pape FRANÇOIS, « 100 textes sur la miséricorde », sélection et compilation de Luis M. Benavides, préf. Cardinal Danneels, coll. ‘Béthanie’, Namur, Éd. Fidélité, 2015, 20,5 x 13,5 cm, 106 p., 9,5 € [978-2-87356-678-4]. Pour nourrir une réflexion et la prière au regard de la miséricorde, les éditeurs ont rassemblé des citations pontificales d’environ une demi-page. Elles sont ordonnées selon une logique, depuis les notions jusqu’au témoignage de Jésus et celui du chrétien, au sein de l’Église, envers les pauvres et selon la Vierge Marie. Christopher JAMISON, osb., « Découvrir son monastère intérieur », ‘Conseils spirituels pour la vie quotidienne’, trad. anglais, Paris, Presses de la Renaissance, 2008, 22,5 x 14 cm, 235 p., 19,65 € [978-2-75090-363-3]. Les livres de spiritualité ne manquent pas. En voici un qui sort du lot par la profondeur de ses analyses, le recours constant à la vie séculière, la pédagogie, la sûreté, l’exigence et la sensibilité bénédictines. Le style est vivant. Mention d’un site et une

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bibliographie. Se recommande aux oblats bénédictins et à tout qui veut orienter et qualifier sa vie. Frère MICHAELDAVIDE, « Non pas parfaits mais heureux », ‘Essai provocateur sur la vie religieuse’, trad. italien, Paris, Salvator, 2015, 20 x 13 cm, 156 p., 13,90 € [978-2-70671-256-2]. L’ouvrage est effectivement tonique, surtout en ses débuts. Le travail se subdivise en deux grandes parties : la première : Pour réfléchir ; la seconde : Pour libérer la Parole. Une troisième : Pour partager (le texte d’une interview).

Merci au P. Abbé André-Jean d’En-Calcat d’en avoir assuré la diffusion en francophonie. En finale, l’exemplarité du Bx Charles de Foucauld. Philippe COCHINAUX, « La miséricorde », coll. ‘Que penser de … ? 88’, Namur, Éd. jésuites, Fidélité, 2015, 19 x 12 cm, 77 p., 9,50 € [978-2-87356-682-1]. On ne peut rêver mieux en guise d’introduction essentielle au mystère de la miséricorde. L’étude traite des tenants et des aboutissants, en abordant la question par les points de vue fondamentaux. Une langue pesée, claire.

Livre reçu

Dirk HANSSENS, osb, « Uitgehoord ! », ‘21 kloosterjobs uit de doeken gedaan’, illustraties (Davide Meindersma), Heerenveer, Royal Jongbloed, 2015, 20,7 x 17,8 cm, 95 p., met monastiek tijdschrift De KOVEL [978-9-08525-048-7].

Livre recommandé

Eric DEAN, « Saint Benedict for the Laity », Minnesota [0-8146-1595-3].

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Rue du Fort d’Andoy 35100 Wierde

LIÈGE

Gérard Pagetti Jean-Marie David Jean-Emy Renard

Bld Ernest Solvay 484040 HerstalTél. : 04-240 54 91Fax : 04-264 84 61

Tél. : 083-21 11 03Fax : 083-21 69 98

Tél. : 071-30 72 75Fax : 071-31 80 09

Tél. : 081-72 01 11Fax : 081-73 66 86

Annette Senn

Sommaire

Éditorial La Rédaction 3

La lumière de Jésus P. Pierre-François de Béthune 4

La rencontre de Jésusavec la Samaritaine P. José-Willibald Michaux 10

Le P. Abbé Pierre Eggerath P. Daniel Misonne 14

Les visites guidées La Rédaction 25

Petite chronique de l’Abbaye *** 27

Agenda de l’Hôtellerie P. Jean-Daniel Mischler 33

Le Comte Van Rompuyau Collège Max de Mees, Harold Garcez, Loric Lejeune, Jean Misson 37

Revue des livres Fr. R.-Ferdinand Poswick, P. Luc Moës 40