Pourquoi le dermatologie est devenu indispensable dans le ... · •Espacement des injections de...
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23/09/2019
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Pourquoi le dermatologie est devenu indispensable dans le suivi des MICI ?
Marie Beylot-Barry
Service de Dermatologie – CHU de Bordeaux
INSERM U1053 UMR BaRITOn-Université de Bordeaux
FMC des Gastroentérologues d’Aquitaine, Dax, Septembre 2019
Déclaration de liens d’intérêt(3 dernières années)
Membre de board, consultant, orateur ou investigateur :
Abbvie, Amgen, Celgene, Janssen-Cilag, Leo-Pharma, Lilly, MSD, Nordic, Novartis, Pfizer, UCB
Prise en charge congrès:
Janssen-Cilag, Lilly, Novartis
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Le gastro-entérologue a parfois besoin du dermatologue…
Version avec photos sélectionnées
Laetitia née en 1982 2000 : Maladie de Crohn
• pancolite, oesophagite, atteinte ano-périnéale
• 2000-2007 : corticothérapie + azathioprine
• 2007 : Rémission + souhait de grossesse : arrêt du traitement
• 2011 : rhumatisme axial : mise sous adalimumab
Très efficace ++
2012 (30 ans)Depuis 1 mois : un curieux psoriasis
N’a aucun ATCD de psoriasisPas de reprise évolutive du CrohnPas de manifestation rhumatismale
CAS N°1
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CAS N°1
Vous connaissez maintenant tous bien ces lésions cutanées..• Caractéristiques des éruptions cutanées psoriasiformes sous anti-TNF
• Fréquence 0,6-5% ?• Sexe féminin• ATCD psoriasis 20%• Tabac facteur favorisant• Apparition en moyenne 1 an après• MICI stable (sans corrélation avec l’activité de la MICI)
Clinique et topographie particulières
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Pas des lésions en plaques classiques
Une clinique particulière très évocatrice et aigueAtteinte palmo-plantaire
• Inflammatoire, parfois pustuleuse
• 50% vs < 5% dans le « psoriasis classique »
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Atteinte des plis (49%)
Une clinique particulière très évocatrice et aigue
Atteinte du cuir chevelu, inflammatoire, souvent alopéciante (17%)
Une clinique particulière très évocatrice et aigue
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Autres variantes
• Eczématiformes
•Pustuleuses
•« Dermite séborrhéique »
Faut-il faire une biopsie ?• Pas indispensable mais si réalisée, ne montre que rarement un pattern
psoriasiforme
• Mais plutôt : • Lichénoïde (CD8+)
• Eczématiforme (spongiose)
• Folliculite pustuleuse
Seneschal . Arch Dermatol 2007; Laga. Am J Dermatopathol 2010
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Pourquoi ces réactions ?• Déséquilibre TNF-IFNa ?• Blocage du TNF production non contrôlée d’IFNa (cellules dendritiques plasmocytoïdes)
• Sur-expression IL-17A* dans les formes les plus sévères
• Susceptibilité individuelle et prédisposition génétique
Seneschal et al. Br J Dermatol 2009; Conrad C & Gillet M Nat Commun 2018 *Tillack et al. Gut 2013
maturation pDC
Que faire devant une éruption psoriasiforme ?
2/3 des patients peuvent poursuivre l’anti-TNF*
Traitements locaux seuls = efficaces dans 25-45% des cas (??)
Peut être contrôlé par d’autres traitements (PUVA, méthotrexate)
* 43% MICI vs 19% PR
• Régression rapide à l’arrêt de l’anti-TNF
• 85-100%** récidive lors du changement pour un autre anti-TNF => « effet classe »
Shale & Ghosh Can J Gastroenterol 2009; Collamer Semin Arthritis Rheum 2010*Rahier Clin Gastroenterol Hepatol 2010, Ko J Dermatol Treat 2009Cullen Aliment Pharmacol Ther 2011 (25%)
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Avis dermatologique
Réactions psoriasiformes paradoxalesQuelle prise en charge ?
Lésions tolérablesAtteinte étendue ou palmo-plantaire
Traitement locauxPhotothérapieTraitement systémique
Selon la pathologie sous-jacente et selon alternatives possibles-Arrêt anti-TNF => immunosuppresseur-Switch anti-TNF ….-Ou autres alternatives…?
Si échec
Lésions sévères, intolérables
Choix du malade
Lésions tolérablesAtteinte limitée,
discrète
Traitement local : dermocorticoïdesanalogues vitamine D
Pour Laetitia?En 1ère intention
• Poursuite de l’adalimumab
• Traitements locaux = Peu efficaces
A 3 mois : • Arrêt de l’adalimumab• Mise sous Méthotrexate =
amélioration ++ des lésions cutanées
Mais à 5 mois de l’arrêt de l’adalimumabPoussée +++ du rhumatisme inflammatoire axialRéintroduction de l’adalimumab associé au MTXDisparition des douleurs articulaires
CAS N°1
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• Et deux mois plus tard :
–Poussée de sa maladie de Crohn...–Abcès péri-colique (fistule colo-duodénale)–Hémicolectomie et iléostomie en octobre 2011–Récidive a minima des lésions cutanées bien contrôlées par
UVB et soins locaux
Rétablissement de la continuité à 3 mois
Rémission clinique et endoscopique sous azathioprine2014 : grossesse menée à terme2019 : rémission Crohn, SPA et « psoriasis » sous azathioprine
CAS N°1
S’adapter au cas par cas
• Type des lésions
• Enjeu pronostique de la pathologie sous-jacente
• Alternatives ?
Darrigade AS et al; Acta Dermatol 2017
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Cloé, née en 1989• Maladie de Crohn diffuse oeso-iléo-pancolique diagnostiquée en 2004
• Echec succesifs 5-ASA, corticoïdes, azathioprine, méthotrexate (mal toléré)
• Reprise évolutive en décembre 2008
• Traitement par adalimumab début 2019
Un an + tard :
Evolution favorable sous traitement local (dermocorticoïdes, tacrolimus topique, émollients), évolution fluctuante, efficacité des traitements locaux +/- cyclinesDernière nouvelles, vit à Toronto et va bien, traitement local suffisant pour qq lésions résiduelles et est toujours sous adalimumab
CAS N°2
Chloé M., née en 1989
• 2006 : maladie de Crohn iléale terminale réfractaire (budésonide, azathioprine)
• Juillet 2011 : adalimumab
• Septembre 2012 : premières lésions cutanées :psoriasis inversé, lésions eczématiformes, perlèche, lésions kystiques des fesses
Traitements locaux + cyclines
CAS N°3
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• Décembre 2012 :
• Aggravation de l’atteinte des fesses : lésions furonculoïdes
• Toujours perlèche, pso inversé, squames cuir chevelu
• Espacement des injections de l’adalimumab puis arrêt en 2013
Début 2014, iléite terminale sténosante : résection iléo-caecale puis reprise de l’azathioprine2016 : lésions kystiques des plis de type hidradénitesuppurée (Verneuil)
CAS N°3
Solène, née en 1994
• Maladie de Crohn pancoliquedepuis l’âge de 8 ans (2002) : salicylés, corticoïdes, azathioprine entre 2014-2010
• Sans traitement jusqu’en 2018
• Rechute en 2018 (pancolite)
• Décembre 2018 : début de l’infliximab avec une très bonne efficacité
• Mais dès la 1ère injection, lésions psoriasiformes, atteinte plantaire sévère.
CAS N°4
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• Arrêt infliximab après 4 perfusions
• Mais toujours des lésions cutanées invalidantes
CAS N°4
• Proposition de méthotrexate refusée : Mise sous ciclosporine
CAS N°4
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•Reprise évolutive du Crohn : une nouvelle perfusion d’infliximab
•Aggravation cutanée dès le 5ème jour
• Arrêt de la ciclosporine par la patiente
•Décision de traitement par ustekinumab
CAS N°4
• 26 patients (3 RCH; 23 Crohn)
• 90 mg sous-cut S0-S4 puis ttes les 8 semaines
53,8% RC; 38,5% RP; 7,7% activité => arrêt USK
434 Crohn21 réactions psoriasiformes9 traités par USK45 mg S0-S4 puis ttes les 12 semaines (90 mg si > 100kg)Réponse 100%Expression IL17 > chez ceux nécessitant USK
Gut 2014
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Gwennaelle, née en 1983• 1999 : Maladie de Crohn iléo-pancolique
• Psoriasis du cuir chevelu, uvéite, spondylarthropathie
• 2000-2001 : infliximab : Efficace mais arrêt car psoriasis cuir chevelu avec alopécie
• 2001-2003 : azathioprine peu efficace
• 2004-2007 : infliximab
• Lésions du cuir chevelu et du tronc
• Perte d’efficacité
• 2008-2010 : adalimumab• Réponse primaire puis échappement malgré optimisation• Atteinte du cuir chevelu, psoriasis inversé des plis• Arrêt adalimumab
• Juin 2010 : Corticothérapie générale, Méthotrexate brièvement
• Janvier 2011 : Colite réfractaire….colectomie totale
CAS N°5
Mars 2011 :Reprise évolutive de lésions psoriasiformes
CAS N°5
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Reprise du méthotrexateAmélioration des lésionsMai 2011 : rétablissement de la continuitéAoût 2011 : ano-rectite ulcéréeSeptembre 2011 : Reprise de l’infliximab…
CAS N°5
• 2013 sous Infliximab et MTX
• Quelques lésions des plis, du cuir chevelu, du nombril
• 2016 : fistule recto-vaginale
• 2018 : rechute rectale et iléale malgré Infliximab
• Echec ustekinumab et vedolizumab… > 20 selles/jour, fistule productive. Stabilisée par corticothérapie et antibiothérapie type augmentin.
• Lésions cutanées psoriasiformesdiscrètes
• Décision d’un traitement par guselkumab
CAS N°5
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100 mg SC S0-S4 puis ttesles 8 semaines
Asarch et al. J Am Acad Dermatol 2009Garcovitch Acta Derm 2010
3 semaines à 3 mois après le début de l’anti-TNF
Eruptions lichénoïdes sous anti-TNF
Autres manifestations cutanées sous anti-TNF ?
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Vascularites sous anti-TNFa
Autres manifestations cutanées sous anti-TNF ?
Dermatoses granulomateuses/ sarcoïdose
Dermatose granulomateuse…
Mycobacterium chelonae
• M. mucogenicum, M. Marinum, M. abcessus, M. Chelonae
• Délai diagnostique Sévérité variableLe + souvent cutané profus sans atteinte systémiqueParfois trompeur = dermo-hypodermiteAncienneté du TTT par anti-TNF de 1 mois à > 2 ans)
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Sans oublier les cancers cutanés… mais ici le « coupable » est un autre …
Hagen JW et al. Dermatol Surg 2018 ; Laharie D. Alimentary Pharmacology Therapeutics 2018
171 exposés vs 201 contrôlesRR 2,38-2,97 (p<0,014)
2019
2018
Le dermatologue a aussi besoin du gastro-entérologue…
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• Femme de 51 ans
• Ulcérations linéaires, des plis inguinaux et du pli sous abdominal
Aucune autre lésionAucune plainte notamment digestive
Un tableau « classique » d’ulcérations en coups de couteau
Laftah Z et al. J Crohn Colitis 2015Rosmaninho A. et al. Ann Bras Dermatol 2013
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• Avis gastro, coloscopie normale
• Maladie de Crohn cutanée isolée dermocorticoïdes…
2 ans plus tard…Toujours la même histologie et explorations digestives négatives 4 g/J de mésalazine (Pentasa®) : échec
Infliximab 5mg/k
• Dès la 3ème injection, amélioration des lésions
Anti-TNF exceptionnellement proposés dans MC purement cutanéeEn cas d’atteinte gastro-intestinale, parfois réponse dissociée
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«œdème » uni ou bi-latéral vulvaire (penis et scrotum aussi) Coll Pascal Joly, CHU Rouen
Peut aussi survenir sans aucune autre manifestation de Crohn (20%)Possibles ulcérations associéesDiagnostic souvent tardif…Laftah Z et al. J Crohn Colitis 2015 (22 cas)Zang A. et al. J Cutan Med Surg 2015Alexakis C et al. J Crohn Colitis 2017Dederichs F et al. J Crohn Colitis 2018
Formes frontières ou associées avec hidradénite suppurée (Maladie de Verneuil)
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Maladie de Crohn métastatique extragénitale
Macrochéilite granulomateuse
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Crohn et lésions cutanées non spécifiques
Marchetti A; Villani A. Br J Dermatol 2018
« Des aphtes »
Un diagnostic différentiel du Crohn…
Maladie de Behcet
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Dermatoses neutrophiliques
PyodermagangrenosumParfois péri-stomial
Syndrome de Sweet
Manifestations d’origine carentielle (malabsorption, diminution des apports , pertes digestives=
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Des dermatoses « associées »
Vide J et al. J Crohn Colitis 2018; Kim M. et al. JAAD 2016; Egeberg A. et al. J Invest Dermatol 2017; Lukach A et al. Digestive Dis Sc 2018Delaporte E. Ann Dermatol 2012; Vlachos C et al. Psoriasis target therapy 2016
VerneuilLocalisations communesTabacObésiteAtt iléo-colique et périanale
Risque de MICI x 2-3 si psoriasisLocus de susceptibilité communsActivation des mêmes voies Th1/IL23-Th17Facteurs « environnementaux » ?Microbiote…
Des traitements inducteurs ??
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Ann Dermatol 2018Targan SR et al. Am J Gastroenterol 2016…
+Apparition de novo ou aggravation de MICI dans études psoriasis avec les 3 anti-IL17…
Quel « dépistage » avant intitiation d’un anti-IL17 ?Interrogatoire +++ATCD, symptomes digestifs…Calprotectine fécale… Avis HGE
FMC des Gastroentérologues d’Aquitaine, Dax, Septembre 2019