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| Prévention au travail | Été 2000 | 3

Des groupes de discussions tenus en mars 1999 auprès d’étudiantsde niveaux collégial et universitaire ont permis à la CSST de prendrela température de la prévention dans ce milieu, si l’on peut dire.Les 35 jeunes interrogés menaient de front des études à temps pleinet un travail à temps partiel. Voici quelques constatations : la santéet la sécurité, ça comptera, pour eux, quand ils auront obtenu unvrai emploi. D’ici là, s’ils ont un accident et que c’est leur faute,ils ne se plaindront pas et ne mettront pas leur employeur dans le « trouble ». Parler de santé et de sécurité au patron ? Pas ques-tion, de peur de perdre leur job ! Leurs principales préoccupationsau travail ? L’horaire, le salaire, la sécurité d’emploi, les relationsavec l’employeur. La prévention ? Pas encore au menu ! Signaler un danger à l’employeur ? Pas encore un réflexe ! Voilà pourquoila CSST s’est donné comme priorité de cibler les jeunes et de rallier les employeurs et les travailleurs d’expérience à cet objectif,afin d’informer les jeunes pour que leur premier emploi ne soit pas le dernier. Ce numéro d’été, nous l’avons voulu attrayant,concret, hypernourrissant, afin qu’il agisse comme un engrais. Qu’ilfasse germer la prévention dans les milieux de travail et suscite desactions de prévention destinées aux jeunes travailleurs, qu’il les rende conscients des dangers présents dans leur milieu de travail et les encourage à adopter des comportements de prudence. Pourne pas rater la cible, nous avons demandé à un tout jeune journaliste de rédiger le dossier, de rencontrer des jeunes travail-leurs et aussi des accidentés. Rien de mieux pour parler aux jeunes — et les faire parler — qu’un autre jeune !

À lire aussi, dans ce numéro, l’excellent reportage sur le « 35e Mondial des métiers ». Si vous l’avez raté, voilà une chancede remonter le temps et de plonger au cœur de l’événement. Idemavec le reportage sur le « Zoom sur les femmes et les métiers nontraditionnels ». L’IRSST et son bloc recherche est, comme d’habitude,fidèle à son rendez-vous avec vous, page 17.

Une demande, en terminant. Nous comptons sur vous pour fairelire notre numéro spécial par au moins un jeune de votre entou-rage, qu’il s’agisse d’un de vos enfants ou de vos étudiants, d’unneveu, d’une voisine… ou de votre jeune employé pour la duréedes vacances ! Passez un bel été !

Pour que leur premier emploi ne soit pas le dernier…

Été 2000 | Volume 13, no 3

Le magazine Prévention au travailest publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTTrefflé Lacombe

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefSuzanne Labrecque

Secrétaire de rédactionNicole Rivard

CollaborateursDanielle Brouard, Suzanne Cohen, Diane Mérineau, François Messier, Hélène Savard, Claire Pouliot, Marc Tison, Lyse Tremblay

RévisionTranslatex communications + et Lucie Duhamel

SECTION IRSSTDirecteur général de l’IRSSTJean Yves Savoie

Directrice des communications Françoise Cloutier

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursMario Bélisle, Lucie Chartrand, Gil Jacques, Isabelle Labarre, Bernard La Mothe, Danielle Massé, Jean-Marc Papineau, Linda Savoie, Nicole Savoie, Claire Thivierge

Direction artistique et productionJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsGiovanni Chianetta, Laurent Desbois, Yvon Papin, Charles Taschereau, André Turcot

Photo de la page couvertureRobert Etcheverry

ImpressionImprimerie Canada inc.

ComptabilitéChristian Léonard

DistributionSerge Fradette et Lyse Tremblay

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221-7046

© CSST-IRSST 2000La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé:

CSSTDirection des communications1199, rue De Bleury, 11e étage C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 864-7974Téléc. (514) 873-3991Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

Préventionau travail

M o t d e l a r é d a c t i o n

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

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Sans pépinsVol. 2, no 2, hiver 2000DC 600-430-5Vol. 2, no 3, printemps 2000DC 600-430-6Revue, 27,5 cm x 17,5 cm12 pages

Fruit de la collaboration entrela CSST et l’Association pourla santé et la sécurité du tra-vail, secteur affaires sociales(ASSTSAS), cette revue, pu-bliée quatre fois par année, traitedes préoccupations propres auxservices de garde. L’ASSTSAS,organisme voué à la prévention,y aborde des sujets comme leslésions musculo-squelettiques,le choix des équipements,l’aménagement des locaux,l’amélioration de la qualité del’air, et la réduction du bruit. La revue est distribuée gratui-tement aux centres de la petiteenfance, aux garderies, à leursregroupements, et aux asso-ciations syndicales et maisonsd’enseignement concernées.

La lombalgie aiguë chezl’adulte : évaluation et traitement – Guide de consultation rapide àl’usage du praticien (no 14)DC 400-1331Brochure, 21,5 cm x 13,75 cm26 pagesCe guide à l’usage du praticienest un condensé du ClinicalPratice Guideline. Il s’agit d’unguide de consultation rapideservant au praticien dans sesfonctions de tous les jours. Ilporte, entre autres, sur l’éva-luation initiale de l’état du pa-tient souffrant d’une lombalgieaiguë, la reconnaissance dessignes de pathologies gravessous-jacentes, les soins de dé-part, les examens complémen-taires et les éléments dont il

Rapport annuel d’activitéCSST 1999DC 400-2031-7Brochure, 24 cm x 24 cm104 pages

Le rapport annuel décrit lesmandats et l’organisation de la CSST, l’administration durégime et les principales réali-sations en 1999. Il présenteégalement le portrait de la situa-tion financière de l’organisme.

Débroussaillage DC 200-634Brochure, 7,5 cm x 7 cm80 pagesProduit en collaboration avec lecomité paritaire de préventiondu secteur forestier, ce guide deprévention traite entre autresdes lésions causées par les pro-jections d’éclats, des problèmesmusculaires associés à l’acti-vité, des chutes pendant les déplacements, des blessuresaux mains lors de l’entretien dumatériel. Un ouvrage de réfé-rence indispensable autant pourle travailleur du secteur fores-tier que pour l’employeur.

Info-isocyanatesNuméro 1, mars 2000DC 600-445Bulletin, 27,5 cm x 21 cmLe comité provincial sur lesisocyanates a été mis sur pieden 1998 dans le but de traiterles différents aspects de l’ex-position aux isocyanates. Voicile premier numéro d’un bulle-tin devant paraître à intervallevariable en cours d’année.

Gaz de lisier et de fumierGuide de prévention des intoxicationsDC 200-16192Brochure, 21,75 cm x 28 cm32 pagesCe guide vise à aider les pro-ducteurs agricoles, les membresde leur famille et leurs em-ployés à mieux connaître lesdangers liés aux gaz de fer-mentation du lisier et du fumieret à adopter les mesures pré-ventives qui s’imposent. Ontrouve, entre autres, des ren-seignements essentiels sur lesprincipaux gaz de fermentationdu lisier et du fumier et leurseffets sur la santé humaine, lesstructures d’entreposage et lessystèmes de manutention dulisier et du fumier dans les fermes porcines, laitières etbovines, les principales situa-tions de risque, les mesurespréventives à adopter et laméthode de travail à suivre àl’intérieur des préfosses.

Fibres minérales artificiellesSecteur constructionDC 100-451Dépliant, 21,5 cm x 9,5 cm

En plus de faire connaître lesdifférents types de fibres miné-rales artificielles présentes dansles matériaux de construction,ce dépliant aborde les effets surla santé des travailleurs descorps de métiers les plus sou-vent exposés. Les principalesrègles d’hygiène et de protec-tion personnelle recommandéesy sont également décrites.

faut tenir compte pour faire un diagnostic ainsi que surd’autres points touchant lesmodes de traitement.

Le prélèvement automatiqueDC 100-1019-1 (français) et DC 100-1019-1 A (anglais)Dépliant, 21,5 cm x 9,5 cm Ce dépliant comporte un for-mulaire d’inscription au servicede prélèvement automatiquedestiné aux employeurs quioptent pour le paiement de leurprime annuelle en plusieursversements.

Le Sommaire des sommesportées à votre dossier DC 100-1005-3 (français) et DC 100-1005-3A (anglais)Brochure, 21,5 cm x 9,5 cm

S’adressant aux employeurstarifés au taux de l’unité et faiblement personnalisés, cedépliant explique ce que con-tient le formulaire qui leur estexpédié à intervalle régulier, le Sommaire des sommes por-tées à votre dossier. Grâce à cesommaire, les employeurs sontinformés des indemnités et desfrais que la CSST doit payerlorsqu’elle accepte une de-mande d’indemnisation pour un accident du travail ou unemaladie professionnelle. Outilde gestion facile à consulter, lesommaire fournit sur une seulepage un résumé des sommes inscrites à chaque dossier d’ex-périence de l’employeur.

Vous pouvez vous procurer cesdocuments au bureau de laCSST de votre région. O

Danielle Brouard et Lyse Tremblay

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Vient de paraître à la CSST

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Des frites et encore des frites, chaudes et bien croustillantes !

Tous les clients en veulent. Dans la cuisine, chacun s’affaire. Nicolas, à la coupe,

et Jean-Marc, à la friteuse. Il faut faire vite ! Les commandes continuent d’arriver…

Oh ! Plus de pommes de terre dans le seau ! Érick vient à la rescousse.

Ça roule, certes, mais peut-être pas de façon sécuritaire.

Pouvez-vous repérer les erreurs simulées dans cette mise en scène ?

La coupe et la friture des pommes de terre

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Cherchez l’erreur

Simulation

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par la suite qu’il utilise uneméthode de travail sécu-ritaire. Préparer les ingré-dients à l’avance et mettreles outils à proximité. Pla-nifier une chaîne de travailréglée au quart de tour pourles périodes où le person-nel doit agir vite et dans un espace restreint. Éviter leschassés-croisés qui favo-risent les collisions, les en-combrements et rompent le rythme de travail. Prévoirdes moments pour le net-toyage et le remplissage descontenants.

Les méthodes de travail Comme c’est l’heure depointe, du coup de feu,comme on dit en restaura-tion, Nicolas a rapproché unplein seau de pommes deterre du coupe-frites avantde commencer la coupe.Évidemment, pas questionde planter des couteaux dansles pommes de terre! Ils ont

été rangés dans le porte-couteaux prévuà cette fin sur le coupe-frites.

Nicolas utilise la méthode de travailqu’il a apprise. Il glisse la pomme deterre sous le bloc des couteaux et re-tire rapidement sa main avant de faireredescendre le bloc. Lorsqu’il doit exercer une pression sur le manche, ilprend garde de ne pas lever inutilementle coude plus haut que les épaules.

Une autre solution à envisager seraitde faire l’acquisition d’un coupe-frites

Les corrections

L’organisation du travail Dans une cuisine de restaurant, la sécu-rité repose d’abord et avant tout sur unebonne organisation du travail. On doitprévoir le déroulement des activités ainsique les tâches de chaque travailleur,surtout aux heures d’achalandage.

Voici quelques principes de base :former chaque nouveau travailleur auxtâches qu’il devra accomplir. S’assurer

électrique, qui élimine les risques et facilite la tâche.

À la friteuse, maintenant. Jean-Marcprend d’abord un appui solide sur sesjambes, légèrement écartées. Il soulèvele panier en sollicitant les muscles deses bras et en gardant le dos bien droit.Puis il secoue le panier sans l’incliner,en le maintenant directement au-dessusde la friteuse.

Un plancher sous surveillance constante ! La propreté des planchers de la cuisinec’est, à chaque instant, l’affaire de tous.Quoi faire?

Autour des friteuses, laver souventle plancher à fond avec un dégraisseurindustriel et de l’eau bien chaude. Dansles aires de préparation des aliments,prévoir des poubelles faciles d’accès.Ramasser immédiatement tout ce quitombe par terre et essuyer le plancher.

Finalement, comme il y a risque deglissade, des souliers avec semelles antidérapantes sont de mise. Voilà! Cesgestes simples suffisent à éliminerplusieurs risques de glissades, de brû-lures et de coupures. Maintenant quetout est prêt, on vous sert une frite? O

Claire Pouliot

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Les erreurs

Jean-Marc s’y prend mal avec lepanier à frites. Il le soulève trop et l’incline vers lui. Conséquence,l’huile s’égoutte sur le plancher.Quoi de plus glissant qu’une flaqued’huile sous les pieds?

Est-ce bien le moment pour Érickde changer le contenant de pommesde terre? Même en faisant vite, ildérange Nicolas et le contraint àfaire une fausse manœuvre en tran-chant les pommes de terre. À labase de cette erreur, une mauvaiseorganisation du travail.

Nicolas utilise bien mal le coupe-frites. On dirait qu’il cherche à

tenir la pomme de terre en mêmetemps qu’il abaisse les lames, aurisque de se tailler les doigts.

Des couteaux plantés dans lespommes de terre? Gare à celui quiglissera une main dans le seau pour en prendre une!

Que font les déchets sur le plan-cher? Les accidents par glissadepeuvent avoir toutes sortes de conséquences; la personne peuttomber, entrer en collision avec uncollègue qui transporte quelquechose de très chaud, ou même sebrûler en cherchant à se retenir au gril, par exemple!

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Collaborateurs: Yvon Papin, chargé de projet à la Vice-présidence à la programmation et à l’expertise-conseil, et Francine Daoust, ins-pectrice à la Direction régionale de l’Île-de-Montréal– 4.

Merci à la direction du restaurant Lafleur dePointe-Claire pour son accueil et sa grande col-laboration. Nos comédiens: Jean-Marc Tessier,gérant, Nicolas Lejour et Érick Nyuis.

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Par François Messier

Les jeunes travailleurs se blessent plus souvent

que leurs aînés. Pour des raisons multiples :

organisation du travail déficiente ou absente,

fatigue et stress causés par le cumul du travail

et des études, manque d’expérience, voire témérité

excessive. Portrait d’une jeunesse qui devrait

pouvoir travailler sans y laisser sa peau.

Pour que leur premier emploi

ne soit pas le dernier…

ne soit pas le dernier…

Pour que leur premier emploi

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« J’étais grand et fort. Pourmoi, soulever un bac de 60 kg, ça nedevait pas poser problème…», laissetomber Christian Matte. En juillet1998, ce jeune père de famille de 21 ans a vu sa vie basculer. Manuten-tionnaire dans un abattoir de poulets en banlieue de Québec, Christian a subi une entorse lombaire en tentant de déverser le contenu d’un bac dans unegrosse cuve; un bon élan demandantune torsion du dos a fait le travail, etvlan! Au fil du temps, sa blessure s’estaggravée. Aujourd’hui, une hernie dis-cale l’empêche de mener sa vie commeil l’entend.

Si un tel accident est un drame pourquiconque le subit, le sort semble par-ticulièrement cruel pour celui ou cellequi a l’avenir devant soi. «Ça fait deuxans que je passe ma vie à ne rien faire!, déplore Christian.Il m’est diffi-cile de rester debout longtemps. Je ne

peux plus pratiquer de sport. Et je dois faire attention quand je joue avecmes enfants.»

Malheureusement, le cas de ce jeunehomme n’est pas unique. Les statis-tiques des rapports annuels d’activitéde 1998 et 1999 de la CSST révèlentque 46817 jeunes de 24 ans et moinsont eu un accident du travail recon-nu par la Commission. Toujours dansla même tranche d’âge, 1041 autres jeunes ont souffert d’une maladie pro-fessionnelle.

Le phénomène est inquiétant et il est difficile de l’expliquer. Chose cer-taine, la facture est salée. En 1999, eneffet, les blessures de ces jeunes, in-demnisés en moyenne 22 jours par année, ont entraîné des débours de plus de 26 millions de dollars à laCSST. Mais l’impact réel dans leur viene se quantifie pas.

Si les blessures mineures n’entraî-nent que peu de jours perdus, d’autres,plus graves, sur les plans physio-logique et psychologique, laissent des séquelles. Et puis, il y a les décès.Chaque année, il survient en moyenne

12 accidents du travail mortels dans legroupe des jeunes Québécois de 24 anset moins.

La tendance se confirme depuis desannées: les jeunes travailleurs ont un taux d’accident plus élevé que l’en-semble de la population active. En1996, au Québec, les travailleurs âgésde 15 à 24 ans subissaient 16,5% desaccidents du travail, mais ne repré-sentaient que 13,2% des emplois. Évi-demment, ces accidents surviennent làoù les jeunes travaillent en plus grandnombre. En 1996 toujours, les secteursdu commerce et des services enre-gistraient à eux seuls plus de 50% des accidents du travail subis par des jeunesexerçant les métiers les plus divers:vendeur, serveur, cuisinier, caissier,emballeur, plongeur, garagiste, etc. Ces emplois comportent sans aucundoute des risques très différents.

Travailler et étudier,un mode de vieLes jeunes travailleurs ont souventdeux points en commun. Ils étudient etils ont des horaires très irréguliers. Plusqu’un phénomène social et économiqueimportant, le travail rémunéré de lapopulation étudiante est devenu unvéritable mode de vie. Au niveau se-condaire, 40% des élèves sont déjà autravail1. Au collège ou à l’université,deux sur trois occupent un emploi àtemps partiel durant l’année scolaire.

Une étude du Conseil supérieur del’éducation2 montre que la multipli-cation des commerces et des services a entraîné le « besoin d’une main-d’œuvre aux horaires souples, relati-vement formée et disponible, à qui on peut imposer des conditions de tra-vail minimales: la main-d’œuvre étu-diante offrait ce profil désiré.» Avecles conséquences que l’on devine. Plusde la moitié des étudiants consultésjugeaient difficiles de concilier travailet études, un mode de vie qui augmentele stress et la fatigue.

Daniel Mercure, professeur de so-ciologie du travail à l’Université Laval,président du comité d’organisation du XVe congrès de l’Association inter-nationale des sociologues de langue

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1 Étudier et travailler. Enquête auprès des élèvesdu secondaire sur le travail rémunéré durantl’année scolaire, MEQ, 1993.

2 Les nouvelles populations étudiantes des col-lèges et des universités : des enseignements àtirer, MEQ, 1992.Il

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française et du comité de recherche Sociologie du travail3, confirme quecette tendance dans l’organisation dutravail se maintient. «Les employeursdemandent à leurs nouveaux employésd’être plus polyvalents et flexiblesqu’auparavant. Il en résulte une sur-charge mentale, propice à une baissed’attention, et donc à un plus grandnombre d’erreurs.»

Pis encore, les horaires variables quicaractérisent le travail à temps partielréduisent d’autant plus l’accessibilitédes jeunes à des formations sur lesmesures de sécurité au travail.

Entre l’inexpérience et la téméritéL’inexpérience peut, certes, expliqueren partie l’accident dont a été victimeDavid Nadeau. En mai 1999, quatremois après avoir terminé son cours desoudeur, il s’est coincé un doigt dansun rouleau compresseur pour plaquesde métal. L’ouverture était de quelquesmillimètres à peine et son auriculairedroit y est passé. «Je n’avais pastouché à cette machine depuis ma for-mation professionnelle, raconte-t-il. Jene faisais que souder.» Mais, ce soir-là, comme il manquait de personnel,David a dû l’utiliser. «Une feuille demétal s’est coincée dans le rouleau, et j’ai voulu utiliser ma main pour ladéprendre. Mon gant a été happé par la machine. J’aurais dû enlever mes gants. On me l’avait appris et j’auraisdû m’en souvenir», admet-il. Mais, dumême souffle, il ajoute: « Par contre,une pancarte placée devant la machineaurait dû rappeler cette mesure de sécu-rité. » Or, il n’y en avait pas, hélas!Parce que David a raison, les affiches

de prévention sont un excellent moyende signaler la présence d’un danger.

« Souvent, l’inexpérience peut créerchez les jeunes une mauvaise évalua-tion des risques, explique SuzanneWalsh, sociologue, chargée d’un cours

intitulé Jeunes et sociétéà l’Universitédu Québec à Montréal. Un jeune tra-vailleur peut très bien avoir des mé-thodes de travail différentes qui, à sesyeux, ne sont pas risquées. Il faudraitvérifier le taux de fréquence chez lestravailleurs plus âgés, mais tout aussiinexpérimentés, afin de déterminer sic’est l’inexpérience ou la témérité quiexplique le plus grand nombre d’acci-dents du travail chez ces derniers.»

À l’Association des restaurateursdu Québec (ARQ), le sentiment d’in-vulnérabilité ressenti par beaucoup dejeunes ne fait aucun doute. «Ils nesemblent pas accorder d’importanceaux méthodes de travail, observeFrançois Meunier, directeur des affairespubliques. Par nature, ils sont convain-cus d’être surhumains. »

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4 Adaptation d’un texte publié par le Worker’s Compensation Board of B.C.

3 Daniel Mercure est aussi l’auteur d’une vingtaine de livres et de communications scientifiques dont Les entreprises et l’emploi,les nouvelles formes de qualification du tra-vail, Les publications du Québec, 1998.

Pstt ! Des questions pour votre employeurQuand on demande à Christian Matte s’il a pris la peine de demanderà son patron la procédure et les règles de santé et de sécurité dutravail, sa réponse est limpide : « Au salaire minimum, ça ne valaitpas la peine ! Les employeurs reçoivent 2000 curriculum vitæ pour cesemplois-là. Alors celui qui semble être un fauteur de troubles va seramasser au bas de la liste… »

David Nadeau non plus n’a pas posé de questions quand on l’aembauché. « L’employeur savait que j’avais reçu une formation et que les questions de santé-sécurité m’avaient été enseignées. »

Voilà des perceptions largement partagées par la plupart des jeunestravailleurs ; ils ont peur de passer pour chipoteux, téteux, peur de nepas décrocher l’emploi, peur d’être congédiés. Et pourtant, il vaut lapeine de tester l’eau avant d’y plonger. Les programmes d’accueiln’étant pas nécessairement monnaie courante, il convient de prendreles choses en main. Poser des questions à propos de la politique desanté et de sécurité du travail démontre que vous vous intéressez à la nature de votre travail, au-delà des questions liées au salaire et àl’horaire. Et, après tout, il en va de votre santé et aussi de celle del’entreprise ! Voici donc quelques suggestions de questions4 :• Quelles sont mes responsabilités en matière de santé et de sécurité ?• À qui puis-je m’adresser pour obtenir des précisions sur la sécurité

de mon travail ?• À qui devrais-je déclarer un incident ou une lacune en matière de

santé et de sécurité ?• Qui est responsable des premiers secours dans l’établissement ?• Où sont les extincteurs, les trousses de premiers soins ?• Vais-je recevoir une formation sur la sécurité ? À quel moment ?• Avez-vous un comité de santé et de sécurité ?• Dois-je porter des équipements de protection ? Vais-je recevoir une

formation sur leur mode d’emploi ?• Y a-t-il des risques généraux (charges lourdes à transporter, bruit,

produits chimiques) ?• Quels sont les dangers reliés à mon poste de travail ou à mes

tâches ? O

François Meunier,

directeur des

affaires publiques

à l’Association

des restaurateurs

du Québec, fait

remarquer que « par

nature, les jeunes

sont convaincus

d’être surhumains ».

Ce sentiment

peut leur jouer,

éventuellement, de

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Pas de dos de rechangeÀ la Société du parc Jean-Drapeau, les nouveaux travailleurs embauchéspour la saison estivale doivent suivreune session d’intégration portant surplusieurs sujets. Par exemple, il y a unvolet consacré à la santé et à la sécu-rité du travail. En 1999, en dépit del’information fournie, les travailleursaffectés aux manèges de La Ronde, àl’accueil ou à la propreté, entre autres,ont subi 18 accidents du travail en-traînant 126 jours d’absence; 59 inci-dents sont également survenus, sansperte de temps, toutefois. Le siège leplus fréquent des lésions? Le dos.

Mona Landry, consei l lère en gestion des ressources humaines, estime que les jeunes ne sont pas

suffisamment conscients des consé-quences qui peuvent découler d’un accident. «Je leur rappelle souvent quedes dos, il n’y en a pas sur les tablettesdes supermarchés! Qu’une blessurepeut nuire à leur carrière. » Mais, visi-blement, la santé et la sécurité au tra-vail ne sont pas leur préoccupationprincipale pendant leur emploi d’été.Ils sont en réalité davantage préoc-cupés par d’autres aspects de leursconditions de travail: l’ambiance,l’horaire, le nombre d’heures de tra-vail, le salaire, etc. De plus, les boulotsqu’ils font au parc Jean-Drapeau nesont pas, pour la plupart, reliés au domaine dans lequel ils étudient. Enfin, plusieurs d’entre eux tentent de cumuler deux emplois afin de payerleurs études. Alors, pas étonnant que lasanté et la sécurité du travail soientloin de leurs préoccupations.

Un constat renforcé par une étudedu ministère de l’Éducation réaliséeauprès de 6000 élèves de niveau secondaire5 : seulement 3% des élèves interrogés disaient avoir de mauvaisesconditions de travail.

Restauration :la quadrature du cercleBon an mal an, le secteur de l’héber-gement et de la restauration embauche

une forte proportion de jeunes. Un surtrois y décroche son premier emploi.Plongeur la fin de semaine, serveuse lesoir, aide de cuisine à temps partiel…Pas surprenant si un grand nombred’accidents du travail surviennent dansce secteur!

Des blessures, il s’en produit parcentaines dans les restaurants duQuébec. Des coupures surtout, auxcauses multiples: un couteau, une assiette brisée, la lame du coupe-viande. Des brûlures aussi, subies entouchant accidentellement une plaquechauffante; des éclaboussures reçues en renversant des produits bouillants ou en faisant frire des aliments. Et deschutes causées par des dérapages surdes planchers glissants. Selon une étude menée en 1998 pour le compte de l’ARQ, 50% des accidents qui sur-viennent dans le secteur touchent destravailleurs de moins de 30 ans.

Résoudre le problème nécessiterabeaucoup plus qu’une simple recette.La restauration est une activité à mul-tiples visages. Les conditions de tra-vail varient, en effet, selon la taille de l’établissement. Les grandes entre-prises, souvent syndiquées, sont mieuxorganisées. Quant aux travailleurs, ilsse divisent en deux groupes: ceux fraîchement sortis des maisons d’en-seignement et ceux apprenant «sur le tas».

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La loi s’applique à tous Contrairement à ce que croientbeaucoup d’étudiants, il n’est pas nécessaire d’avoir travaillé un minimum d’heures pour êtreprotégé par la CSST. En fait, vousêtes protégé par deux lois-cadres :la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) et la Loi sur les accidents du travail et les mala-dies professionnelles (LATMP).

Peu importe que vous occupiezun poste à temps plein ou partiel,syndiqué ou non, vous êtes untravailleur de plein droit. Si vousfaites un stage non rémunérédans le cadre de votre scolarité,l’établissement scolaire sera consi-déré comme l’employeur.

Enfin, selon l’article 2 de laLATMP, tout travailleur rému-néré, à l’exception, entre autres,du travailleur autonome et du domestique, est assuré contre lesrisques d’accident et de maladieprofessionnelle. En cas de lésionprofessionnelle, vous aurez droità des indemnités de remplace-ment du revenu et à la réadap-tation, s’il y a lieu. O 5 Étudier et travailler. Op. cit.

Une employée de La Ronde aide des visiteurs à prendre place

dans le manège de l’île aux trésors. Comme tous les jeunes embauchés

par la Société du parc Jean-Drapeau, elle a reçu une formation

en santé et sécurité en fonction des tâches à accomplir.

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À l’Institut de tourisme et d’hô-tellerie du Québec (ITHQ), près de 1 000 élèves sont inscrits à temps plein. D’après Cliffort Boyd, coordon-nateur des programmes, «les jeunesdébutants ne se rendent pas compte du danger potentiel inhérent aux lieuxde travail. Par contre, ils sont de plusen plus attentifs aux agresseurs qui s’y trouvent. À la fin de leur formation,les diplômés savent à quoi s’attendre en arrivant dans la restauration».

Isabelle Duval, diplômée d’un pro-gramme de formation professionnelle à la polyvalente Calixa-Lavallée, estd’accord : « Mes employeurs m’onttoujours parlé de santé et de sécurité du travail avant de m’embaucher. »Heureusement! Car depuis qu’elle arpente les cuisines de deux restau-rants, c’est le chaos: « Au boulot, nous n’avons pas de formation. Pas le temps. On court comme des fous! »

Or, beaucoup de jeunes travailleursentrent directement dans un établisse-ment, sans avoir reçu de formationpréalable. Ceux-là présentent à la foisplus de risques et... sont plus difficilesà atteindre et à sensibiliser par des programmes de prévention.

Passer le message !À l’ARQ, on se préoccupe du pro-blème. L’association tente de conce-voir des outils de promotion pour leslieux de travail: affiches, autocollants,vidéos. «On veut les diffuser le plus

largement possible. Évidemment, cen’est pas l’idéal, ça prendrait une formede coachingou d’évaluation. Mais aumoins nous faisons de la sensibilisa-tion », explique François Meunier enétalant une panoplie de guides d’ins-truction et de vidéos de formation dis-tribués aux restaurateurs québécois.

Pour l’heure, toutefois, la formationen santé et sécurité du travail demeurele plus souvent incorporée à l’initiationà la tâche. Les risques reliés à un appa-reil particulièrement dangereux serontdonc évoqués lorsque viendra le mo-ment de l’utiliser. «Notre secteur favo-rise davantage le compagnonnage audétriment de la formation en institu-tion, note M. Meunier. Mais il fau-drait un contrôle ou une évaluation, cequi n’est pas forcément le cas. Noussouhaitons mettre au point des grillesde détermination des risques — unefiche pour chaque appareil, énonçantles risques et les règles de base — afinde ne pas oublier des choses impor-tantes.»

Mais, dans ces cuisines où l’on tra-vaille souvent sous pression, le tempsréservé à la formation est limité. «Ilserait utopique de faire une tournéedans tous les établissements avec unprogramme de deux ou trois heures»,estime M. Meunier.

« En matière de santé et de sécuritédu travail, l’industrie de la restaura-tion a souvent été négligente, recon-naît Clifford Boyd. Il y a une vingtaine

| Prévention au travail | Été 2000 | 11

Les obligations de votre employeur En vertu de l’article 51 de la LSST,l ’employeur doit prendre lesmesures nécessaires pour pro-téger la santé et assurer la sécu-rité et l’intégrité physique de sessalariés. L’enjeu est de taille. Il luifaut informer, former, soutenirson personnel. Ce faisant, il dé-montre que la santé et la sécurité,ce n’est ni un luxe ni une utopie,mais un devoir. S’il donne l’exem-ple, les jeunes comprendront lemessage et ils se sentiront respec-tés dans leurs droits. Voici doncun bref rappel de ses obligations :• s’assurer que les établissements

sur lesquels il a autorité sontéquipés et aménagés de façon àassurer la protection nécessaire ;

• désigner des membres de sonpersonnel chargés des ques-tions de santé et de sécurité eten afficher les noms dans desendroits visibles et accessibles ;

• voir à la sécurité de l’organisa-tion et des méthodes et tech-niques de travail pour qu’ellesne portent pas atteinte à lasanté des travailleurs ;

• utiliser les méthodes et tech-niques visant à repérer, maî-triser et éliminer les risquespouvant affecter la santé et lasécurité ;

• fournir un matériel sécuritaireet assurer son maintien en bonétat ;

• informer correctement les tra-vailleurs des risques reliés à leurtravail et assurer la formation,l’entraînement et la supervisionappropriés afin que chacun aitl’habileté et les connaissancesnécessaires pour accomplir entoute sécurité le travail qui luiest confié ;

• fournir gratuitement tous lesmoyens et équipements de pro-tection individuelle ou collectivedéterminés par règlement ets’assurer qu’ils sont utilisés. O

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d’années, on avait l’impression qu’onconstruisait un beau resto et que, s’ilrestait un petit coin, on faisait une cuisine!, blague-t-il. À l’époque, lesrisques, ça faisait partie de la vie d’uncuisinier, sans plus.»

Encore aujourd’hui, beaucoup derestaurateurs sont rappelés àl’ordre, pour le non-respectde normes ergonomiques,par exemple. «Dans cer-t a i n e s P M E , p o u r s u i t M. Boyd, il est fréquent de trouver des cuisines dont le plancher a plu-sieurs niveaux. Certainessont tellement petites que lepersonnel ne peut ouvrir les portes du réfrigérateur et du four de la cuisinière enmême temps, les deux ap-pareils étant placés l’un enface de l’autre. Heureuse-ment, certaines municipa-lités ont des normes trèssévères, entre autres, en cequi a trait au drainage deseaux usées, à l’entreposagedes déchets, etc. Sans cesnormes, la situation seraitvraiment lamentable.»

Pourtant, dans l’ensemble, le por-trait n’est pas si noir. «Aujourd’hui,nous sommes capables de mettre le doigt sur certains problèmes», fait remarquer le coordonnateur de l’ITHQ.Dans un souci de réduire le danger à lasource, par exemple, plusieurs appareilstraditionnels des cuisines subissent desmodifications heureuses. Les machinesHobart6 sont maintenant équipées d’unguide protecteur pour que personne nepuisse s’y prendre le bras. Les friteusessont munies de filtres pour éviter leséclaboussures. Les autoclaves peuventdésormais être disposés de telle sorte que les cuisiniers n’ont plus à les dé-placer.

Mais, selon Clifford Boyd, en res-tauration, la situation économique desPME est telle que l’employeur a peude ressources sur le plan financier.« Bien sûr, le propriétaire souhaite queson entreprise réponde aux normes,qu’elle soit sûre et salubre. Mais,quand on est petit, comment s’offrir cequ’il y a de mieux, exemple, un revê-tement de sol de type Altro au lieud’un revêtement standard? On n’en a pas les moyens!

Dans les cuisines des grandes en-treprises, la situation est différente.

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Clifford Boyd est coordonnateur des

programmes à l’Institut de tourisme

et d’hôtellerie du Québec. Il connaît bien

le milieu de la restauration. Il estime

que des progrès réels ont été faits dans

ce secteur, au cours des dernières années.

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Vos obligations

Vous avez des droits que vousavez tout intérêt à connaître et àfaire respecter, certes, mais vousavez également des obligations,tout comme l’employeur qui aégalement le droit de voir à ce que vous les respectiez. En vertude l’article 49 de la LSST, vous devez, notamment :• prendre connaissance des me-

sures de prévention ;• prendre les mesures nécessaires

pour protéger votre santé, votresécurité et votre intégrité phy-sique ;

• vei l ler à ne pas mettre en danger la santé, la sécurité ou l’intégrité physique des per-sonnes qui se trouvent sur les lieux de travail ou à proxi-mité ;

• participer à la détermination et à l’élimination des risquesd’accidents du travail et de maladies professionnelles surles lieux de travail. O

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La direction subit des pressions, entreautres des syndicats. Ce qui a pour effet positif d’équiper les travailleursde manière appropriée. Cette pressionn’est pas nécessairement présente dansles PME.»

La formation,un bel investissement !« À l’abattoir, on nous parlait d’hy-giène. Mais de la formation en santé et sécurité — comment utiliser les cou-teaux, transporter les bacs de viande —il n’y en avait pas», relate, amer,Christian Matte. «On ne m’a jamais ditde ne pas exécuter une telle torsion ensoulevant le bac de viande.Si j’avaissu, mon accident aurait pu être évité…»

En effet, les employeurs sont lé-galement tenus de jouer un rôle dansles conditions d’insertion des jeunes.Ils doivent informer les nouveaux arrivants des risques reliés à leur tra-vail, les former et les initier. Pourtant,seulement 41% des travailleurs entre15 et 29 ans disent avoir reçu cette formation7.

L’importance de mettre sur pied un programme d’accueil est pourtantclaire. Selon le Bureau of Labor Statisticsdes États-Unis, près de 50%des accidents du travail touchent destravailleurs occupant leur fonctiondepuis moins d’un an. De plus, ceuxqui bénéficient d’un programme

d’accueil sont deux fois plus nom-breux à demeurer dans l’entrepriseplus de deux ans8. Par conséquent,consacrer du temps à la formation estun réel investissement.

Une tribune pour être écoutéÀ Boisbriand, la municipalité a com-pris le message. Les services desTravaux publics et des Loisirs em-bauchent chaque année près d’une centaine d’étudiants, tous âgés demoins de 25 ans. Et on ne lésine passur la formation. «Ici, les nouveaux ontune journée complète d’intégration, explique Diane Paquette, directrice dudéveloppement des ressources hu-maines. D’anciens travailleurs ou descontremaîtres viennent leur enseignerles bonnes méthodes pour manipuler

chacun des appareils qu’ils auront àutiliser. Au service des Loisirs, les jeunes reçoivent une fin de semainecomplète de formation.»

Les résultats de l’investissementsont excellents. En 1999, aucun acci-dent du travail ne s’est produit. Alors,imprudents, les jeunes? « Non. Je necrois pas, soutient Mme Paquette. Ilsposent des questions intéressantes, sen-sées. Il suffit de leur donner une tribunepour qu’ils puissent s’exprimer. »

« Pour les jeunes, il est important demettre l’accent sur l’analyse des tâches,la formation et la supervision », préciseSylvie Mallette, directrice en santé etsécurité au Centre patronal de santé etsécurité du travail. Et de poursuivre:« Il est primordial de faire ressortir les dangers et les facteurs de risques. Il faut aussi s’attendre à les former davantage, et différemment. Une for-mation de type traditionnel ou magis-tral ne sera pas aussi efficace que desexercices pratiques, des jeux de rôlesou des présentations vidéos interac-tives. L’humour aussi est un atout.»

Le nourrissant trio AIE :Accueil, Initiation, EntraînementAu Centre patronal, on applaudit à cettefaçon de faire. Un des récents numérosde leur revue, Convergence, se pro-nonçait en faveur de programmes d’ac-cueil pour tous les nouveaux salariés

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8 Training, mars 1998.9 Consulter la rubrique « Droits et obligations »,

p. 32.

6 Gros malaxeurs de 54,4 litres, sur lesquels onbranche divers appareils.

7 Travail & Santé, mars 1998.

Pour une entreprise,

consacrer du temps

à l’accueil et à la

formation des

jeunes travailleurs et

travailleuses est un

réel investissement.

Au Québec, des

employeurs le font, en

prenant les moyens

et le temps qu’il

faut, et ils sont très

satisfaits des résultats.

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Québec réglemente le travail des enfantsDepuis le 1er février 2000, les en-fants du Québec sont mieux pro-tégés grâce à une nouvelle loi9.Cette loi s’ajoute à la législationvisant à protéger les travail-leurs, notamment le Règlementsur la santé et la sécurité du travail dans les mines, le Règle-ment sur les établissements industriels et commerciaux, leCode de sécurité pour les tra-vaux de construction. O

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comprenant une séance d’initiation à la tâche et une période d’entraînementpar compagnonnage (AIE). Un pro-gramme d’accueil complet devraits’appuyer sur ces bases.

Le trio accueil, initiation, entraî-nement est évidemment la solutionidéale. Mais il s’avère difficile, toute-fois, de l’appliquer partout. «Ce typede formation dépend souvent de lataille de l’entreprise, reconnaît IsabelleLessard, directrice information et for-mation en santé et sécurité du tra-vail, section entreprises. Les PMEn’ont pas les mêmes ressources que les grandes entreprises. Dans celles encroissance, il arrive souvent que lecontremaître soit informé seulement le vendredi de l’arrivée d’un nouveautravailleur le lundi suivant.»

Lorsqu’un nouvel employé est em-bauché, l’entreprise devrait idéale-ment lui présenter son engagement ensanté-sécurité du travail. Tout devrait y passer: présentation du comité desanté et de sécurité, règlements géné-raux de l’usine, premiers soins et pre-miers secours, politique en matière deprévention (inspection, enquête, ana-lyse), Système d’information sur lesmatières dangereuses utilisées au tra-vail (SIMDUT), etc. Les commentairesdu nouveau travailleur, essentiels pourréévaluer le programme, devraient être sollicités. Par la suite, le Centre patronal recommande une périoded’initiation à la tâche. Une visite dé-taillée des lieux et du poste de travailpermet d’insister sur les règlements en vigueur, le fonctionnement des machines et du matériel à utiliser, lesconsignes de sécurité, les méthodesd’entretien et de réparation et l’utili-sation de l’équipement de protectionindividuelle et collective.

Une période d’entraînement estsouhaitable, par la suite. Le Centre patronal préconise aussi le compa-gnonnage, un «parrain» travaille aumême poste qu’un nouveau pour ladurée nécessaire à l’apprentissage desrudiments du métier. Un moniteur, enquelque sorte. O

François Messier

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Isabelle Lessard (à gauche), directrice information et formation en

santé et sécurité du travail, section entreprises, au Centre patronal

de santé et sécurité du travail du Québec, et Sylvie Mallette,

directrice en santé et sécurité au même organisme. Récemment,

le Centre a consacré tout un numéro de sa revue, Convergence,

aux programmes d’accueil pour tous les nouveaux employés.

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250 millions !

La planète compte 250 millions de jeunes travailleurs âgés de 5 à

14 ans, dont la moitié travaille à plein temps, selon une estimation

du Bureau international du travail (BIT). Et comme on peut s’en

douter, les tâches qu’ils accomplissent sont insensées, dangereuses,

voire dégradantes.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) fait une

distinction entre le travail INTOLÉRABLE et le travail ACCEPTABLE des

enfants. « Le premier entrave son développement physique et

mental. Il participe à son exploitation économique et sociale. Il

viole son intégrité spirituelle et morale. Le second donne à l’enfant

qui contribue au revenu familial, assurance et fierté. Il lui fournit

une formation, voire un métier, même s’il ne préserve pas toujours

sa scolarité, son repos et ses loisirs. Il lui confère un statut et faci-

lite son intégration au milieu. »

Selon l’UNICEF, les enfants se plaignent davantage des mauvais

traitements et des humiliations qu’on leur inflige que du fait de

devoir travailler. Les enquêtes sur le terrain ont permis de constater

que « la plupart du temps, les jeunes travailleurs maltraités sont

privés de nourriture ou de soins, il reçoivent fréquemment des

coups de pied, des coups de ceinture et sont parfois enfermés dans

des placards ou des caves. » Bourreaux d’enfants ! comme le clame

un célèbre humoriste français dans un de ses monologues. O

Monique Legault Faucher

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● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide

d’accompagnement

● ■ Premier emploi :la prévention, ça existe !Cote VC-000473 – Durée 15 minutesDiffi cile de parler de prévention à des adolescents? Par-fois. Le malheur n’arrive qu’aux autres, pensent-ils tropfacilement. Cette vidéo, conçue pour des jeunes du niveausecondaire, tente de les sensibiliser à la santé et à la sécurité du travail. Elle met en vedette trois personnagesauxquels il leur sera facile de s’identifier : Annie, Robertet Mico. Elle dépeint trois milieux avec lesquels les jeunes sont familiers: une station-service, une épicerieet une cuisine de cafétéria. La vidéo montre les réac-tions de jeunes dans des situations pouvant entraînerdes accidents. De plus, le scénario met en lumière lescomportements préventifs et les moyens concrets deprévention des accidents qu’ils adoptent.

Un guide d’accompagnement à l’intention desenseignantes et enseignants contient l’informationnécessaire pour répondre aux questions et animerune séance de visionnement. Une production de la CSST.

Santé et sécurité en images

● Conduire un chariot élévateuren sécurité dans des situationsdangereusesCote VC-001253 – Durée 17 minutesLa conduite d’un chariot élévateur pré-sente plusieurs risques d’accidents:déstabilisation de la charge, collision,renversement. La vidéo montre les règles de conduite permettant de négo-cier les surfaces glissantes ou irrégu-lières, de manœuvrer dans une zoneencombrée, d’éviter les piétons et lesautres véhicules. Elle aborde égalementles dangers spécifiques de la conduitesur les quais de chargement et sur lesrampes, ou lors du chargement decamions-remorques. Et fait le tour desrègles de circulation, des méthodes dechargement, sans oublier l’importancedu port de la ceinture de sécurité pourle cariste. Produite par Coastal Train-ing Technologies Corporation.

● Les accidents du travail dans les cuisines et les restaurantsCote VC 000486 – Durée 8 minutesTravailler en restauration, ce n’est pastoujours du gâteau. Heures longues, rythme de production intense et offrantpeu de répit, roulement de personnelappréciable, formation pas toujours appropriée, atmosphère chaude et humide, espace restreint, plancher encombré ou glissant, matériel par-fois bancal ou mal adapté à la tâche,

mauvais aménagement du poste de travail sont autant d’ingrédients pou-vant provoquer un accident.

La vidéo, extraite de l’émissionComment ça va? et produite par Idéacominc., en collaboration avec Radio-Canada et la CSST, permet de repérerles situations de danger et de les corri-ger, le plus souvent de façon très simple.

● ■ Sensibilisation des jeunes au travailCotes VC-000960 etVC-001246 (version anglaise)

La sécurité d’abord Vidéocassette no 1 – Durée 10 minutesLes témoignages percutants de jeunesvictimes d’accidents du travail mettenten lumière l’importance de la sécu-rité, les droits et les responsabilités des jeunes travailleurs en matière de santéet de sécurité du travail.

Travaille avec ta tête Vidéocassette no 2 – Durée 20 minutesCette vidéo pousse plus loin le messagede la première. Un manuel d’anima-tion, un manuel de ressources péda-gogiques, un guide du participant et 14 acétates accompagnent les vidéo-cassettes et en facilitent l’utilisation àdes fins de sensibilisation en milieuscolaire. Ces documents sont une co-production ontarienne du Centre desanté et de sécurité des travailleurs et

travailleuses (CSSTT) et de l’Associa-tion pour la prévention des accidentsindustriels (APAI). O

Suzanne Labrecque

Modalités d’emprunt à l’audiovidéothèque de la CSSTLes documents vidéo sont prêtés gratui-tement. Il suffit de remplir et de signerune demande d’emprunt. Toute personnepeut venir chercher et rapporter les vidéo-cassettes, pendant les heures de bureau— 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi au ven-dredi. Le visionnement peut se faire surplace, moyennant réservation de la salle(capacité de quatre personnes). L’au-diovidéothèque peut aussi expédier lesdocuments à l’emprunteur ; la CSST paieles frais d’expédition mais les frais de retour sont à la charge de l’emprunteur.

Pour obtenir un formulaire de de-mande, pour réserver la salle de visionne-ment ou emprunter une vidéocassette :

Téléc. (514) 873-6593Tél. (514) 873-24941 888 873-31601199, rue De Bleury, 4e étage Montréal (Québec) H3B 3J1

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6 au 11 août 2000Montréal (Québec)

Xe Symposium international de victimologie

Renseignements :Xe Symposium international de victimologie – JpdLBureau 5001555, rue PeelMontréal (Québec) H3A 3L8Tél. (514) 287-1070Téléc. (514) 287-1248Courriel: [email protected] Web: www.victimology-2000.com

3 au 6 septembre 2000Lausanne (Suisse)

5e Congrès français d’acoustique

Renseignements :Laboratoire d’acoustiqueCFA 2000 (UMR-CNRS 6613)IAM, Université du Maine 72085Le Mans Cedex 9SUISSECourriel: [email protected] Web: cfa2000.univ-lemans.fr

3 au 8 septembre 2000Perth (Australie)

Minesafe International 20005e Conférence sur la sécurité et la santé dans l’industrie minièremondiale

Renseignements :Minesafe SecretariatLocked Bag N984, PerthWestern Australia WA 6844AUSTRALIETél. 61 8 9325 2955Téléc. 61 8 9325 5885Courriel: [email protected] Web: www.mineralswa.asn.au/minesafe

19 au 21 septembre 2000Banff (Alberta)

5e Colloque international sur la surveillance biologique en hygiène du travail et de l’environnement

Renseignements :Symposium SecretariatOffice of Continuing EducationUniversity of Calgary 3330, Hospital Drive N.W.Calgary (Alberta) T2N 4N1Tél. (403) 220-7032Téléc. (403) 270-2330Courriel: [email protected]

25 au 27 septembre 2000Bruxelles (Belgique)

Le travail sans limites ? Réorganiser le travail et repenser la santé des travailleurs

Renseignements :TUTB, Bd du Roi Albert II5 bte 5, B-1210Bruxelles (Belgique)Tél. 32 2 224 05 60Téléc. 32 2 224 05 61Courriel: [email protected]

27 au 29 septembre 2000Vandœuvre-lès-Nancy (France)

37e Journées nationales ANMTEPHMédecine du travail du personnel hospitalier

Renseignements :Dr Louis LeryHôpital cardiologique59, boulevard Pinel, B.P. Lyon-Monchat69365 Lyon Cedex 3FRANCETél. 04 72 35 78 32/34

18 au 20 octobre 2000Strasbourg (France)

2e Congrès européen des infirmiers et infirmières du travail dans l’UnioneuropéenneEuropéens : soyons partenaires de notre santé et de notre bien-êtreau travail

Renseignements :Secrétariat logistiqueCongrès Louis Pasteur19, rue du Maréchal Lefèbvre67100 StrasbourgFRANCETél. 03 88 79 15 00Téléc. 03 88 39 53 18Courriel: [email protected]

17 novembre 2000Montréal (Québec)

ColloqueTravail, reconnaissance et dignité humaine

Renseignements :Christiane BlaisUniversité LavalFaculté des sciences de l’administrationPavillon Palasis-PrinceQuébec (Québec) G1K 7P4Tél. (418) 656-5213Téléc. (418) 656-7028

19 au 23 novembre 2000Montréal (Québec)

1er Congrès international des infirmières et infirmiers de la francophonieVers un savoir infirmier sans frontières

Renseignements :Secrétariat du Congrès 20004200, boul. Dorchester OuestWestmount (Québec) H3Z 1V4Tél. 1 800 363-6048 (du Québec) et(514) 935-2501 (de l’extérieur du Québec)Courriel: [email protected] Web: congres2000.oiiq.org

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Agenda

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profondeur de 3,7 mètres et apte àcontourner les obstacles tels que lesdivers conduits fréquemment présentssous terre.

Les dispositifs d’étançonnementhabituellement composés de panneauxrigides sont lourds et difficiles à mettreen place dans les tranchées de faibleenvergure, comme c’est souvent le casen milieu urbain. Mais surtout, ils sontinutilisables en présence de conduits ou d’obstacles enfouis à moindre pro-fondeur, comme les circuits de gaz oud’électricité qui sillonnent les sous-solscitadins. Les travailleurs des munici-palités se butent régulièrement à cettesituation, car ils exécutent fréquem-ment des travaux d’entretien et debranchement de réseaux d’aqueduc etd’égout. À la Ville de Montréal seule-ment, on compte 4000 interventions de ce genre annuellement.

Chaque année, au Québec, aumoins un travailleur meurt enseveli au fond d’une tranchée. Bien souvent, les accidents surviennent en l’absenced’étançonnement, lorsque la paroi del’excavation est presque verticale,deux facteurs qui mènent à coup sûr,à plus ou moins long terme, à l’effon-drement de cette paroi. Les dispositifsd’étançonnement qui existent ne sontpas adéquats dans toutes les situations.Les travaux menés par l’équipe quedirigeait André Lan, du Programmesécurité-ingénierie de l’IRSST, ontabouti à la conception d’un proto-type, le VM2, efficace jusqu’à une

| Prévention au travail | Été 2000 | 17

Rec hercheà l’IRSST

Un système d’étançonnement

qui contourne les obstacles et s’adapte

à tous les types

de sols québécois

Dans ce numéro

Excavation en milieu urbainUn système d’étançonnement

qui contourne les obstacles

et s’adapte à tous les types

de sols québécois

Gants de protectionUne recherche permet

de créer un modèle plus efficace,

d’élaborer une procédure

d’évaluation et d’établir

des spécifications de conception

Échantillonne et compte !Bilan positif du programme

de contrôle de la qualité

de la numération des fibres,

après huit ans d’existence

Maux de dosQuelles activités

économiques, quelles

professions sont les plus

touchées ?

Boursière : Josée-MarieCouture, Université

du Québec à MontréalL'effet de l'informatisation

sur les activités d'entreposage

Nouvelles publications

Nouvelles recherches

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Excavation en milieu urbain

Excavation en milieu urbain

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Point de départLa Ville de Montréal voulait faire validerun système d’étançonnement destinéaux tranchées de moins de 3,7 mètres de profondeur. Comme il n’existait aucunsystème de protection valable à cette pro-fondeur, pour les excavations à ciel ouvertde faible envergure et traversées par des obstacles, des tests ont été conduitspour connaître l’efficacité de cet étan-çonnement dans les différents types desols qu’on trouve sur le territoire de l’en-semble des municipalités du Québec.

ResponsablesAndré Lan1 et Jean Arteau2, duProgramme sécurité-ingénieriede l’IRSST.

PartenairesMartin Tremblay et Serge Gamelinde la Ville de Montréal ; DenisLeBoeuf et Omar Chaal lal , d e l ’ É c o l e d e t e c h n o l o g i e supérieure ; Jean-Marc Dugré, consultant, et Sylvie Poulin, de l ’Associat ion par ita ire – Secteur Affaires municipales.

RésultatLes tests ont démontré l’efficacité, pourles tranchées à ciel ouvert, d’un systèmed’étançonnement sécuritaire, qui permetde contourner les obstacles souterrains et qui convient à tous les types de sols du Québec.

Utilisateurs potentielsLes municipalités du Québec, les entre-preneurs et les entreprises privées qui effectuent des excavations avec en-traves, à ciel ouvert.

Dans un premier temps, il fallaitdonc vérifier la solidité du nouveausystème dans l’environnement carac-téristique de la région métropolitaine.

Cette phase comportait une analysestructurale et des tests en labo-

ratoire. « Si les tests s’avéraient

concluants, nous souhaitionsaussi, explique André Lan,

vérifier l’efficacité de ce systèmeen fonction des différents types

de sols qui constituent le territoire de l’ensemble des municipalitésquébécoises.» Depuis long-temps, l’Association paritaireSecteur Affaires municipales(APSAM ) avait manifesté le be-

soin d’un tel moyen de protection.

Première étape : Montréal« La poussée des sols sur les écransflexibles ou semi-flexibles est com-plexe; il n’existe pas de mesures effec-tuées sur des blindages de cette naturelorsque la pression est consécutive à un éboulement ou à un glissement desparois de l’excavation », précise AndréLan. Il fallait donc travailler à partird’hypothèses. Confiée à Jean-MarcDugré, ingénieur-conseil, l’analysestructurale a servi à évaluer les solli-citations sur les membrures de la struc-ture. Elle a également permis de pré-ciser les dimensions requises pour les

Pour les excavations de deux mètreset moins, la Ville de Montréal dispo-sait déjà d’un système de protectionéprouvé, le VM1. Cependant, 10% destranchées se situent au-delà de cetteprofondeur. Elle s’était donc inspiréedu VM1 pour mettre au point un dispositif d’étançonnement utilisablejusqu’à 3,7 mètres. Il fallait cependantvalider ce prototype car, à cette pro-fondeur, les pressions exercées sur lastructure s’accroissent considérable-ment. Pour ce faire, la Ville a recouruà l’expertise de l’IRSST.

composantes du système de même que ses limites. Pour les besoins de l’étude, seuls furent considérés, en premier lieu, les matériaux représentantles conditions les plus défavorablespour la poussée des terres sur le terri-toire de la Ville de Montréal à la pro-fondeur d’utilisation souhaitée, soit lessols pulvérulents, drainés et de faiblecompacité.

Sur la base des résultats obtenus, ils’avérait nécessaire de renforcer lastructure initiale, une opération qui aurait finalement requis tant de modi-fications qu’il a été jugé préférable d’en fabriquer une nouvelle. Plusieursconfigurations ont alors été étudiées en fonction de propriétés préalable-ment établies.« Ces critères visent enquelque sorte l’élimination des risquesà la source », précise André Lan. Il fallait que le système puisse être mis en place sans que les travailleurs

| Prévention au travail | Été 2000 |18

2

1

R e c h e r c h e à l’IRSST

La pression exercée sur le blindage étant

transmise directement aux moises, la

taille et le niveau de résistance de ces

poutres constituaient des contraintes

importantes. Il a donc été nécessaire de

sacrifier la légèreté en faveur de la résis-

tance, en optant pour l’acier. Ce faisant,

le poids des moises oblige le recours

à une grue pour déplacer la structure.

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descendent dans l’excavation. Il devaitaussi pouvoir s’ajuster à différentes dimensions et être manœuvré manuelle-ment. Enfin, il devait offrir la possibilitéde contourner facilement les obstacles.

Un modèle souple, résistantet facile d’installation Le prototype qui a résulté de ces tra-vaux est composé de quatre cadres enaluminium dans lesquels des madriersou des feuilles métalliques sont insérésverticalement pour constituer le blin-dage. Sur chaque côté, reliées au cadreau moyen d’étriers, deux poutrellestélescopiques horizontales, situées l’unesur la partie supérieure et l’autre sur lapartie inférieure, retiennent le blindageet assurent la solidité de l’ensemble.Dans sa version finale, le VM2 peut at-teindre jusqu’à 2,44 mètres de longueuret de largeur et jusqu’à 3,7 mètres deprofondeur.

La taille et la résistance des moisesreprésentaient d’importantes contrain-tes. Ces poutres sont les pièces de ré-sistance de la charpente; la pressionexercée sur le blindage leur est trans-mise directement. Elles doivent doncl’absorber sans se briser et sont parconséquent extrêmement sollicitées.Dans un premier temps, il a fallu sacrifier la légèreté en faveur de la résistance, en optant pour l’acier. Cefaisant, le poids des moises a défi-nitivement compromis la possibilitéd’une manipulation manuelle. Dans un second temps, il a été convenu derestreindre la portée de l’étançonne-ment en largeur et en longueur. Malgrétout, des difficultés attribuables à la pesanteur des poutres ont été observéeslors d’un essai effectué avec un pro-totype. Une nouvelle hypothèse depression des sols a alors été retenue,laquelle tient uniquement compte de lacharge exercée lorsqu’il y a rupture desparois. Lorsque la terre s’affaisse, lapoussée diminue puisqu’une moinsgrande surface entre en contact avec lastructure. En se basant sur cette don-née, il a finalement été possible de réduire considérablement le poids despoutres. Testées en laboratoires avecdes charges supérieures aux pousséesthéoriques, les moises ont parfaitementrésisté.

Les composantes du VM2 s’assem-blent à l’extérieur de l’excavation ets’ajustent en fonction des dimensionsrequises. Le dispositif est par la suite

déposé au fond de la tranchée aumoyen d’une grue mécanique. Déposéen bordure de l’excavation, un cadreformé de barres transversales sert d’appui. En présence d’entraves, lesmoises inférieures sont cependantposées après la mise en place de l’étan-çonnement. Des madriers sont finale-ment disposés autour de l’échafaudagepour combler le fossé entre la structureet la paroi de terre.

Deuxième étape : le QuébecL’expérience ayant été concluante, ilrestait alors à généraliser l’applica-tion du VM2 en évaluant son com-portement dans des sols de différentesnatures. Selon André Lan et ses parte-naires, « le meilleur moyen d’y par-venir consistait à procéder à un test sur le terrain; c’est le procédé le plusrapide, le plus réaliste et les résultatssont indiscutables. »

| Prévention au travail | Été 2000 | 19

Le nouveau système

d’étançonnement

a été soumis à

différents scénarios

comportant trois

types de sols. Des

instruments de mesure

permettaient d’évaluer

la poussée des terres

sur le blindage

et le comportement

des moises. Pour

mobiliser la pression

et reproduire une

situation d’affaisse-

ment, l’espace entre

l’excavation et

la structure a été

remblayé jusqu’à

la hauteur maximale.

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Des conditions extrêmes : le sableC’est le second essai, réalisé avec lesable, qui a servi à évaluer les possi-bilités d’utilisation du VM2 à l’échelledu Québec puisque c’est la matièrequi, entre toutes, exerce la plus fortepression. «On a sélectionné le type de sol qui procure le plus de poussée.Si le VM2 la supporte, il va donc sup-porter toutes les charges de moindreintensité», précise André Lan. Poursimuler l’affaissement du sol, deuxrangées de neuf blocs de béton ont été par la suite disposées à proximitéde la paroi instrumentée, créant ainsiune surcharge de 25 kilonewtons. «Cesont des situations extrêmes qui ne se reproduiront jamais lors de travauxmunicipaux courants », d’ajouter l’in-génieur. Soumis à ces sollicitationsexceptionnelles, le VM2 a joué sonrôle sans défaillance, ainsi que les résultats le démontrent. Malgré le faitque les conditions d’essais étaient plusexigeantes que les hypothèses rete-nues pendant sa conception, le VM2n’a montré aucun signe de rupture,d’abandon de charges ou de déforma-tion structurale excessive. André Lanest formel: « Le VM2 est un système

Placées sous la responsabilité del’École de technologie supérieure, lesexpérimentations ont toutes eu lieudans la région de Montréal, en juin1997. Bardé d’instruments de me-sures destinés à évaluer la poussée des terres sur le blindage et le com-portement des moises, le nouveau système d’étançonnement a été sou-mis à différents scénarios compor-tant trois types de sols: celui de lacarrière Francon, composé de maté-riaux hétérogènes, incluant des dé-bris de toutes sortes, un sol largementrépandu sur l’île de Montréal, puis dusable propre et du limon sablonneux.Pour mobiliser la pression et repro-duire une situation d’affaissement,l’espace entre l’excavation et la struc-ture a été remblayé jusqu’à la hau-teur maximale.

d’étançonnement sécuritaire qui ré-pond aux besoins pour lesquels il a été conçu.» Il ne peut toutefois convenir aux sols instables sujets à de nombreux et fréquents glissementsde parois, des conditions qui ont prévalu lors du troisième essai.

Des suites tangiblesLa Ville de Montréal utilise déjà cinqVM2 et elle a produit, en collaborationavec l’APSAM, des vidéos sur l’utili-sation d’équipements sécuritaires dansles tranchées. Présentés l’an dernier àun colloque de l’APSAM et à celui del’Association québécoise pour l’hy-giène, la santé et la sécurité du travail,ces travaux ont retenu non seulementl’attention des municipalités mais aussicelle des entreprises privées.

« Afin d’éviter des accidents gravesou mortels, il est indispensable d’étan-çonner les tranchées, même pour desouvrages de courte durée, recom-mande André Lan. Des systèmeséprouvés existent. Il faut s’efforcer detrouver celui qui convient aux tra-vaux à exécuter.» O

Danielle Massé

| Prévention au travail | Été 2000 |20

R e c h e r c h e à l’IRSST

Pour en savoir plusLAN, André, Jean ARTEAU, Martin TREMBLAY, Serge GAMELIN et Jean-Marc DUGRÉ. Conception d’unétançonnement adapté au milieu urbain –Phase 1, Rapport R-156, 27 pages, 4,50$.

LAN, André, Jean ARTEAU, Martin TREMBLAY, Serge GAMELIN, Denis LEBOEUF, Omar CHAALLAL et Jean-Marc DUGRÉ. Conception d’unétançonnement adapté au milieu urbain –Phase II, Rapport R-235, 120 pages,10,70$.

Voir bon de commande.

Les composantes du VM2s’assemblent à l’extérieur

de l’excavation et s’ajustent en fonction

des dimensions requises. Déposé en

bordure de l’excavation, un cadre formé

de barres transversales sert d’appui.

Des madriers sont disposés autour

de l’échafaudage pour combler le fossé

entre la structure et la paroi de la terre.

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Comment obtenir desgants de protection qui résistentà la coupure sans nuire à la dextérité nécessaire à l’exécution

des tâches? Des scientifiques, un fabricant de gants et les travail-

leurs d’une entreprise de fabrication deproduits en métal ont uni leurs compé-tences pour mettre au point non seule-ment un nouveau gant de protection,mais aussi une procédure servant à biencerner les besoins en matière de pro-tection et y répondre adéquatement.

Les lésions aux mains constituentun problème important chez les tra-vailleurs du secteur de la fabricationde produits en métal et de produitsélectriques. Un gant de protectionadapté aux tâches effectuées en usinepermettrait de diminuer le nombreélevé de blessures. Une étude a étémenée par Chantal Tellier, ingénieure,et Jaime Lara, chercheur au Program-me sécurité-ingénierie de l’IRSST,suivant une demande de l’ASP métal-électrique, pour trouver une solution.L’entreprise CAMCO, qui fabriquedes appareils électroménagers, a étésélectionnée pour la réaliser. De plus,Superior Gloves Ltd, un fabricant degants de protection, a accepté de collaborer et de confectionner des prototypes selon les spécifications del’IRSST.

Plusieurs des 800 travailleurs deCAMCO doivent manipuler des tôlesminces aux bordures tranchantes, toutautant que des petites pièces en métalou en plastique, dont des vis. De plus,comme ces employés travaillent sur deslignes de montage, ils doivent main-tenir un certain rythme et ne peuvent se permettre de refaire plusieurs fois le même mouvement. Des gants adé-quats doivent donc résister à la cou-pure sans nuire à l’accomplissement deleurs tâches, qui exigent beaucoup dedextérité. Le projet a été réalisé en deux grandes étapes: l’évaluation desrisques en milieu de travail et l’iden-tification des caractéristiques que de-vaient avoir les gants; la sélection demodèles appropriés et des essais en milieu de travail.

Les lacérations vues sous tous les anglesPour bien cerner le problème, ChantalTellier et Jaime Lara ont d’abordanalysé les accidents de lacérations

| Prévention au travail | Été 2000 | 21

Point de départPrès de 30 % des accidents recensés par la CSST dans le secteur de la fabricationde produits en métal et de produits élec-triques sont des lésions aux mains. Dansplusieurs types d’entreprises, les travail-leurs doivent se protéger des risques decoupure, tout en effectuant des tâches de précision et des manipulations fines.L’Association paritaire – SecteurFabrication de produits en métalet de produits électriques s’estadressée à l’IRSST pour sélec-tionner ou concevoir un gantde protection adéquat.

ResponsablesChantal Tellier1 et Jaime Lara2, duProgramme sécurité-ingénieriede l’IRSST.

PartenairesL’Association paritaire – SecteurFabrication de produits en métalet de produits électriques, l’entrepriseCAMCO et Superior Gloves Works Ltd.

RésultatsLa conception d’un gant de protectionconfortable, maintenant offert sur lemarché, qui résiste aux coupures et quiest adapté aux tâches exigeant une très bonne dextérité. L’élaboration d’uneprocédure pour évaluer différents gantsde protection en milieu de travail etl’établissement de spécifications pourconcevoir des gants adaptés aux besoinsdes travailleurs.

Utilisateurs potentielsLes gestionnaires, les responsables de la santé et de la sécurité du travail, les responsables des achats d’équipementsde protection du secteur de la fabrica-tion de produits en métal et d’autressecteurs industriels ainsi que les concep-teurs de gants de protection.

2

1

Une recherche

permet de créer

un modèle

plus efficace,

d’élaborer

une procédure

d’évaluation

et d’établir

des spécifications

de conception

Gants de protectionGants de protectionUne recherche

permet de créer

un modèle

plus efficace,

d’élaborer

une procédure

d’évaluation

et d’établir

des spécifications

de conception

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Les caractéristiques des gantsPour protéger adéquatement les tra-vailleurs, les gants doivent être résis-tants à la coupure, tout en permet-tant une très bonne dextérité. De plus,le matériau doit assurer une bonne adhérence pendant la manipulation depièces de métal et avoir une certainecapacité d’absorption, puisque cespièces, souvent enduites d’huile ou de graisse, sont glissantes. Les gantsdoivent également être particuliè-rement résistants entre le pouce et l’index, car les pièces de métal sontfréquemment prises à pleine main pourêtre manipulées. Enfin, ils doivent êtreconfortables, c’est-à-dire très soupleset moulant bien la main. En fonction deces critères, 12 modèles offerts sur lemarché ont été sélectionnés. De plus,deux prototypes ayant ces caractéris-tiques ont été conçus par SuperiorGloves Ltd. Ces 14 modèles ont étéévalués à l’aide de tests de dextérité etde résistance à la coupure.

L’évaluation en laboratoireLa résistance des gants à la coupure a été évaluée avec la méthode ISO13997, mise au point lors d’une re-cherche précédente par une équipe del’IRSST dirigée par Jaime Lara, et quiest devenue une norme internationale.« Il s’agit, rappelle M. Lara, d’appli-quer une force constante au point decontact entre une lame de qualité con-trôlée et un échantillon de matériau,

survenus entre 1991 et 1996, qu’ilsaient été indemnisés par la CSST ou non, grâce à la base de données informatisée de CAMCO. Il appertque le nombre d’accidents ne cessed’augmenter depuis les cinq der-nières années, pour atteindre près de 1000 cas de lacérations en 1996.Le nombre de lésions nécessitant despremiers soins et n’entraînant qu’unarrêt de travail temporaire (entre 15 minutes et 1 heure) est 50 fois plusimportant que le nombre de lésions indemnisées. Les doigts en sont lesiège le plus fréquent, soit plus de 75% de toutes les lésions, et ce, pourtous les ateliers de l’usine. C’est àl’atelier d’assemblage des sécheusesque le risque de coupure est le plusélevé (78% des accidents).

Une analyse plus détaillée a étéfaite par la sélection de 140lacérationsaccidentelles survenues pendant lesdeux premiers mois de l’étude dans les différentes sections des lignes demontage des sécheuses, afin d’iden-tifier les postes de travail où le risqueest le plus élevé. Les travailleurs concernés ont été rencontrés moins de deux jours après leur accident, pendant qu’ils en avaient encore un souvenir exact. Chacun d’eux devaitrépondre à un questionnaire afin de fournir des renseignements aussi précis que possible. C’est aux sixpostes des l ignes d’assemblageprésentant le risque de coupure le plusélevé que les gants sélectionnés ont été testés.

Les chercheurs ont par ailleurs observé que plusieurs ouvriers ne portaient pas de gants pendant l’exé-cution de leurs tâches ou encore, qu’ilsles modifiaient. Interrogés à ce sujet,les travailleurs ont dit considérer queles gants n’étaient pas suffisammentrésistants à la coupure et qu’ils per-mettaient peu de dextérité. De plus, ilsdevaient en changer plusieurs fois parjour.

Enfin, pour déterminer à la fois les niveaux de risque de coupure et la dextérité requise aux postes les plusà risque, le travail de 18 employés aété observé et filmé. Ces travailleursont également été interrogés sur leurstâches. Les données recueillies ontpermis d’établir les caractéristiquesauxquelles des gants de protection devaient correspondre.

pouvant atteindre un centimètre d’é-paisseur. On fait glisser la lame àvitesse contrôlée sur l’échantillon et on mesure la distance parcourue parcette lame pour couper l’échantillon.»Cette méthode permet de classifier lesmatériaux des gants en fonction de leurrésistance à la coupure.

Par la suite, un test de dextérité a été fait en laboratoire avec les diversmodèles de gants en simulant les gestesque les travailleurs exécutent à leurposte de travail et en manipulant despièces. En combinant les résultats destests de résistance à la coupure à ceuxdes tests de dextérité, cinq modèles de gants — trois offerts sur le marchéet deux prototypes — ont été retenuspour être évalués par les travailleurs enusine. Grâce à un système d’échangesentre les chercheurs et Superior Gloves,les prototypes ont été améliorés tout au long du processus pour répondreplus adéquatement aux besoins des travailleurs.

L’évaluation en usineMême si plusieurs tests de laboratoirepermettent d’évaluer le niveau de dex-térité et la résistance à la coupure des gants de protection, ils ne tiennent pas compte des conditions d’utilisationréelles. Pour bien cerner les besoinsdes travailleurs, l’évaluation doit doncse faire également dans leur milieu.Vingt-cinq employés de CAMCO ontaccepté de participer à cette dernièreétape. Les cinq modèles de gants sélec-tionnés ont été évalués, pendant unesemaine chacun. À la fin de chaque semaine, les travailleurs étaient inter-rogés à l’aide d’un questionnaire spé-cialement élaboré pour ce projet. Cedernier a permis d’évaluer leur per-ception quant au confort, à la dexté-rité, à la résistance à la coupure et à la durabilité des gants. De plus, les gantsutilisés ont été recueillis et les cher-cheurs en ont évalué l’usure.

Un nouveau gant,une nouvelle procédureL’étude a démontré qu’aucun gant existant n’était adapté aux besoins desutilisateurs. Parmi les cinq modèlestestés, le prototype à pois transparents(dots) de Superior Gloves, composé decoton à l’intérieur et de Spectra et deLycra à l’extérieur, a été choisi commeétant le meilleur gant de protection.

| Prévention au travail | Été 2000 |22

R e c h e r c h e à l’IRSST

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Le Spectra est une fibre ayant unegrande résistance à la coupure, tandisque le coton absorbe l’huile. Enfin, leLycra permet au gant d’être souple, extensible et de bien mouler la main, ce qui augmente le niveau de dextéritéet de confort. Ces gants résistent bienà la coupure et ils sont en moyenne 13 fois plus durables que les modèlesutilisés auparavant. De plus, les tra-vailleurs ont dit apprécier leur confortet la dextérité qu’ils procurent.

L’étude a permis d’élaborer uneprocédure non seulement pour éva-luer des gants de protection dans des conditions d’utilisation réelles, maiségalement pour concevoir un modèleadapté aux travailleurs. Cette procé-dure est originale en ce qu’elle per-met de déterminer les besoins réels de ces derniers et d’évaluer des gantsen usine. De plus, elle s’appuie sur la collaboration d’expertises différentes,soit celles des chercheurs, des utili-sateurs et d’un fabricant de gants. Laparticipation de Superior Gloves toutau long du processus a permis d’amé-liorer le prototype selon les besoinsdes travailleurs.

Les gants ainsi créés sont aujour-d’hui fabriqués en cinq grandeurs pour s’adapter à la taille des mains dedivers utilisateurs et ne pas nuire à ladextérité. Toutefois, cette caractéris-tique a exigé de la recherche et cer-tains ajustements de la part du fabricantpuisque le procédé de confection uti-lisant trois fibres différentes est trèscomplexe et rend la taille du gant difficile à contrôler. Cependant, unproblème subsistait : les travailleurshésitaient à réutiliser les gants qui,étant blancs, demeuraient tachés

même après le lavage et semblaientdonc toujours sales. La compagnie aaccepté de fabriquer un modèle avecla même composition de fibres, maisde couleur grise cette fois. Les tachessont ainsi moins apparentes et les travailleurs acceptent à nouveau deporter les gants.

Des études à long terme permettrontde vérifier si ce gant diminue le nombrede blessures à la main chez les travail-leurs du secteur des produits en métal etdes produits électriques. Des résultatspréliminaires suggèrent qu’il peut êtreutile dans plusieurs autres types d’en-treprises, par exemple celles de la fabri-cation de miroirs, de fenêtres, etc.

Outre la conception d’un nouveautype de gant, cette recherche a permisd’établir une procédure de mise encommun du savoir-faire et des connais-sances de différents spécialistes (scien-tifiques, fabricants, utilisateurs) pourl’identification des besoins des utilisa-teurs et la mise au point d’un produitqui y réponde. O

Lucie Chartrand

| Prévention au travail | Été 2000 | 23

Pour en savoir plusLARA, Jaime, Denis TURCOT, Renaud DAIGLE et Jérôme BOUTIN. La résistance des gants à la coupure –Développement d’une méthode d’essai,Rapport de recherche, Rapport R-092, 13 pages, 3$.

TELLIER, Chantal, Jaime LARA et Renaud DAIGLE. La sélection et le développement de gants de protectioncontre les lacérations dans le secteur de la fabrication des produits en métal,Rapport R-234, 45 pages, 6,50$.

Voir bon de commande.

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Le modèle de gant créé permet de manipuler

des tôles minces ayant des bordures

tranchantes, tout autant que des petites pièces

en métal ou en plastique, comme des vis.

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L’importance relative des 41 sous-secteurs

d’activité économique ciblés

pour les maux de dos indemnisés

Maux de dos

En tenant compte des indi-cateurs de risque et de gravité les plusélevés, les entrepreneurs spécialisés de la construction, les CLSC, l’industrie du meuble de maison, l’industrie des boissons et les ateliers de réparation devéhicules automobiles constituent des

activités économiques cibles im-portantes pour la prévention desmaux de dos.

C’est ce qui ressort d’une étude statistique menée par PatriceDuguay et Paul Massicotte, du

Programme organisation du tra-vail de l’IRSST, qui cible 41 activi-

tés économiques au sein desquelleson trouve, toutes proportionsgardées, deux fois plus de personnes absentes du travailchaque jour en raison de mauxde dos. À l’ intérieur de ces

groupes, ce sont, entre autres, lesprofessions de manœuvre, de manu-

tentionnaire, de soudeur, d’infirmière et d’aide-infirmière qui sont touchées.

Entre 1990 et 1996, le nombred’af-fections vertébrales indemnisées adiminué, tout comme celui des lésionsprofessionnelles en général. Toutefois,leur importance relative a augmenté de1,5% passant de 26,5% de l’ensembledes lésions en 1990 à 28% en 1996.Différentes données tirées des travauxde MM. Duguay et Massicotte ap-portent des précisions sur les causes et les effets des maux de dos chez les travailleurs.• Les efforts excessifs sont respon-

sables de 58% des af fect ions vertébrales. Viennent ensuite lesréactions de l’organisme à des mouvements du corps, avec ou sanscharge, qui occasionnent 22% des lésions. Les chutes en causent unautre 10%.

• En moyenne, les travailleurs acci-dentés au dos s’absentent pour une période de 61,5 jours; dans lamoitié des cas, leur absence est de 13 jours; dans 7% des cas, elle seprolonge après six mois.

• Plus de 50% des blessures au dossurviennent à la colonne lombaire; il s’agit le plus souvent d’entorses ou de luxations.

• La fréquence des maux de dos estplus élevée chez les jeunes, maisceux-ci nécessitent une période derétablissement plus courte.

| Prévention au travail | Été 2000 |24

Point de départLes maux de dos constituent une préoc-cupation importante pour l’IRSST. Ils’avérait nécessaire d’avoir un portraitglobal de la situation au Québec pour orienter non seulement la recherche,mais aussi les activités de pré-vention. Ce profil statistique devait permettre de cerner les groupes auprès desquels il faut intervenir en priorité.

ResponsablesPatrice Duguay1 et Paul Massicotte2,du Programme organisation dutravail de l’IRSST.

RésultatsLa mise à jour des indicateursqui permettent de faire ressor-tir les activités économiques les plus touchées par les maux de dos. L’identification de 41 sous-secteurs d’activité où la prévalence des blessuresest la plus élevée. Sur 1 000 travailleursde ces sous-secteurs, on en compte aumoins deux fois plus qui s’absententchaque jour en raison de maux de dos indemnisés que dans l’ensemble duQuébec.

UtilisateursLes chercheurs et les gestionnaires de la recherche en santé et en sécurité dutravail ainsi que les intervenants enprévention.

2

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R e c h e r c h e à l’IRSST

Quelles activités économiques,

quelles professions

sont les plus touchées ?

Maux de dos

Catégorie Travailleurs Maux de dos Jours indemnisés

Les 41 sous-secteurs ciblés 15 % 34 % 39 %

Les autres sous-secteurs 85 % 66 % 61 %

Total 100 % 100 % 100 %

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| Prévention au travail | Été 2000 | 25

Cette étude s’inscrit dans le contextegénéral des travaux menés sur les troubles musculo-squelettiques, un dessix champs prioritaires de l’IRSST. Il s’agissait de dresser un portraitglobal des secteurs d’activité à risqueet d’identifier les professions les plustouchées. L’étude présente un profilstatistique détaillé des sous-secteurs àrisque. Les chercheurs et les gestion-naires de la santé et de la sécurité dutravail de même que les intervenants enprévention y trouveront de précieusesinformations concernant la durée del’absence, la gravité de l’atteinte et laproportion des cas ayant nécessité unprogramme de réadaptation individua-lisé. On y trouve aussi des renseigne-ments sur le siège et la nature de lalésion, le genre d’accident et l’agentcausal de la lésion.

« Nous sommes encore loin d’uneétude détaillée sur des postes de tra-vail, mais nous sommes arrivés à desrésultats qui permettent de bien cernerles groupes à risque. Nous avons puraffiner le découpage des secteurs d’activité économique afin de cerner les risques liés aux différents sous-secteurs, explique Patrice Duguay. Ceprofil statistique aidera à orienter lesactivités de recherche et d’interven-tion en milieu de travail. » O

Nicole Savoie

Sous-secteur d’activité économique, selon le rang de prévalence

%d’AVI

Nombred’AVI

Prévalence(0/00)

Notes : – n.c.a. : non classé ailleurs– Les activités économiques en caractères gras sont celles où la gravité ou l’incidence sont élevées

et qui comptent plus de 300 affections vertébrales indemnisées par année.

Classement des sous-secteurs d’activité économique selon le rang de prévalence, et diverses mesures et indicateurs annuels, pour les affections vertébrales indemnisées (AVI) au Québec, entre 1994 et 1996

Nombremoyen

de salariésL’ensemble des activités économiques du Québec 2 562 213 27,9 34 384 2,3

1. Services relatifs à l’extraction minière 1 372 21,7 39 18,12. Autres produits en métal 2 177 21,2 229 15,33. Autres services d’hébergement n.c.a. 3 438 33,3 143 11,24. Autres services publics n.c.a. 3 520 25,5 203 11,05. Travaux de génie 6 960 20,3 205 10,26. Commerces de gros – accessoires

ménagers d’ameublement 1 782 33,6 50 9,07. Produits en métal d’architecture

et d’ornement 3 789 22,0 129 8,58. Services de soins de santé hors institution

et services connexes 11 942 49,8 726 8,39. Bois n.c.a. 3 955 20,1 241 8,2

10. Services forestiers 4 364 24,5 124 7,811. Exploitation forestière 11 009 20,6 224 7,212. Meubles de maison 8 975 23,7 396 6,813. Autre laminage, moulage et extrusion

de métaux 1 306 25,4 46 6,714. Meubles de bureau 1 449 30,3 62 6,515. Autres produits alimentaires 6 867 27,4 298 6,416. Commerce de gros – produits agricoles 1 288 32,2 29 6,417. Camionnage 33 063 30,4 839 6,218. Béton préparé 1 934 21,9 48 6,119. Carrières 1 377 19,8 38 6,120. Commerce de gros – produits alimentaires 20 015 36,3 729 6,021. Produits en béton 2 227 22,8 74 5,922. Entrepreneurs spécialisés 61 579 22,6 965 5,823. Services relatifs aux bâtiments

et aux habitations 16 743 32,6 412 5,824. Carrosseries de camions, d’autobus

et de remorques 2 835 20,0 146 5,725. Commerce de gros – métaux et produits

en métal 2 656 23,1 81 5,626. Produits de boulangerie-pâtisserie 8 396 29,2 286 5,427. Verre et articles de verre 1 280 24,0 74 5,428. Véhicules automobiles 4 609 23,2 258 5,129. Services relatifs au transport aérien 1 586 34,4 42 5,130. Autres établissements de santé

et de services sociaux 52 646 44,2 1 852 5,031. Promotion et construction résidentielle 15 704 21,0 168 5,032. Placages et contreplaqués 2 090 26,7 104 5,033. Produits en matière plastique 14 659 24,3 528 4,934. Scieries, rabotage et usines de bardeaux 15 183 20,3 517 4,835. Boissons 7 731 35,2 348 4,836. Portes, châssis et autres bois travaillés 10 108 21,1 345 4,837. Produits minéraux non métalliques n.c.a. 3 446 27,9 105 4,838. Fils et câbles électriques

et de communication 1 058 25,4 29 4,839. Commerce de détail – ateliers

de réparation de véhicules automobiles 18 439 20,0 325 4,740. Commerce de détail – magasins

de meubles de maison 6 752 40,7 137 4,741. Commerce de gros – boisson 1 453 42,2 49 4,7

Pour en savoir plusDUGUAY, Patrice et Paul MASSICOTTE. Profil des affections vertébrales survenuesau Québec entre 1994 et 1996 et indem-nisées par la CSST, Rapport R-228, 199 pages, 16$.

Voir bon de commande.

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numération des fibres dans l’air. Finan-cé, élaboré et supervisé par l’IRSSTdepuis sa création en mai 1992, ce programme a fait l’objet d’un bilan en novembre 1999. Il propose un certainnombre de recommandations visant à lerendre encore plus efficace et à répon-dre à la demande croissante et variéeen matière de types de fibres à analyser.

« Notre bilan démontre tant l’utilitédu programme que la nécessité de pour-suivre le processus d’amélioration »,résume Chantal Dion, chimiste au Programme hygiène et toxicologie de

l’IRSST, responsable de l’équipequi s’occupe de ce dossier depuisle départ.

Depuis le début des années1990, le Règlement sur la qua-lité du milieu de travailet le

Code de sécurité pour les travauxde constructionexigent que des

prélèvements soient effectuésrégulièrement, selon leGuided’échantillonnage des conta-minants de l’airde l’IRSST, et que les numérations soient faites

suivant la méthode de l’Institutou une autre reconnue équivalente.

Cette réglementation a donné nais-sance à plusieurs laboratoires privésqui réalisent des analyses d’échantil-lons contenant les différents typesd’amiantes ou de fibres minérales arti-ficielles, des échantillons provenant dechantiers d’enlèvement ou des indus-tries du textile, des mines et de la fabri-cation de produits de friction. À titre de laboratoire de référence, l’IRSST aassuré l’harmonisation des méthodesd’échantillonnage et d’analyse des fibres ainsi que l’obtention de résul-tats fiables grâce à l’instauration d’un contrôle de qualité interlaboratoires.

« Nous sommes les seuls en Amé-rique du Nord à utiliser des échantil-lons réels prélevés dans les milieux de travail plutôt que des échantillonsgénérés en laboratoire avec des fibrespures, précise Chantal Dion. Et les

Ce n’est pas le titre de la suitede la célèbre télésérie, mais le résumédu travail accompli par la cinquan-taine d’analystes qui participent au pro-gramme de contrôle de la qualité de la

efforts d’harmonisation de la méthodede numération a permis d’augmenterl’effi cacité des compteurs, soit ceux quianalysent les échantillons, ce qui a aidé les hygiénistes industriels et les inspecteurs de la CSST à assurer unemeilleure surveillance environnemen-tale dans les milieux de travail. »

En pleine croissanceLe rayonnement du programme n’acessé de croître au fil des ans : le nombre de participants est passé de 31 en mai 1992 à 49 en novembre1998, pour un total de 99 membres quis’y sont inscrits au cours de cette pé-riode, dont près d’une dizaine prove-nant même de l’Ontario et des États-Unis. Ce groupe a beaucoup changé aucours des dernières années. Le nombrede compteurs à l’emploi des gouverne-ments, des universités et des mines estdemeuré relativement stable, tandis que ceux des laboratoires privés sontpassés de 19 en mai 1995 à 32 en no-vembre 1998, et représentent main-tenant 65% des participants.

Une statistique a surpris l’équipe de Chantal Dion : le taux d’assiduitéqui s’élève à 41%, soit la proportion de compteurs ayant régulièrement expédié leurs résultats à l’IRSST à compter de leur adhésion au pro-gramme. « Ce résultat apparaît faible àpremière vue, convient Chantal Dion,mais beaucoup moins quand on décor-tique les causes d’abandon, que ce soitun changement de poste, une ferme-ture d’usine ou une cessation d’emploi,une situation courante dans le secteurdes mines et des laboratoires privés aucours des dernières années. »

Qualité contrôléeLe contrôle de la qualité se fait sur lemode continu : tous les trois mois, lescompteurs d’une vingtaine de labo-ratoires reçoivent quatre échantillonsde densités différentes prélevés parl’IRSST dans des milieux de travailquébécois, qu’ils doivent analyser dans un délai d’un mois. Puis, l’Insti-tut traite statistiquement les résultats et

| Prévention au travail | Été 2000 |26

Point de départL’obligation légale d’effectuer régulière-ment des prélèvements et des analysesconformes aux critères de l’IRSST, ce quiimplique également la nécessité, pourchaque compteur, de participer à un pro-gramme de contrôle de la qualitéafin d’assurer la fiabilité de sesrésultats.

ResponsablesC h a n t a l D i o n 1 , G a b r i e l l e Chamberland et Julie McCabe,du Programme hygiène et toxicolo-gie, et Guy Perrault2, de la Direc-tion des opérations, de l’IRSST.

RésultatsL’harmonisation des méthodesd’échantillonnage et d’analysedes fibres d’amiante et des fibresminérales artificielles afin d’obtenirdes résultats fiables, grâce à l’instaura-tion d’un contrôle de qualité interlabo-ratoires. Un bilan positif après huit ansd’activité du programme de contrôle de la qualité de la numération des fibresdans l’air, et des recommandations visant à le rendre encore plus efficace, à répondre à la demande croissante dans cedomaine et à promouvoir son utilisationpour une plus grande variété de fibres.

UtilisateursLes participants au programme : lesmines, les laboratoires privés et publics,les universités, et aussi les personnes quiexercent la surveillance environnemen-tale dans les milieux de travail, les hygié-nistes et les techniciens industriels ainsique les inspecteurs de la CSST.

2

1

R e c h e r c h e à l’IRSST

Bilan positif du programme de contrôle de la qualité de la numération des fibres,

après huit ans d’existence

ÉchantillonneÉchantillonne

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les transmet aux participants, sur unebase individuelle, dès le mois suivant.« Ce processus est rapide afin de per-mettre au compteur de valider la fiabi-lité de ses résultats », précise ChantalDion. Les compteurs reçoivent un certificat de reconnaissance de leur rendement lorsqu’ils ont réussi à satis-faire aux critères du programme aprèstrois séries d’analyse consécutives. Fin 1998, la performance de 40 des 49 compteurs actifs, soit 81% des

participants, était ainsi été reconnue. Et seulement 9% des compteurs ontperdu leur reconnaissance.

« La numération des fibres par microscopie optique à contraste dephase, la méthode utilisée par l’IRSST,est une technique de comptage visuelavec une variation supérieure à celledes autres méthodes analytiques », explique Chantal Dion. Les résultatsindividuels sont donc comparés avecceux d’un groupe de référence composéde 12 compteurs expérimentés, recru-tés dans des secteurs variés. Il ressort

de cet exercice comparatif que le coef-ficient de variation des participants estplus élevé que celui des compteurs dugroupe de référence et qu’il tend à augmenter avec le temps. Ces varia-tions s’échelonnent de 4,5% à 13,7%entre les deux groupes, selon le typed’échantillon analysé.

« Une telle situation s’explique par l’inexpérience des compteurs, particulièrement depuis 1995, alors que 50% d’entre eux avaient moins

sur l’évolution des techniques d’échan-tillonnage et de comptage, nous pen-sons organiser une réunion annuelleavec tous les compteurs participant auprogramme pour discuter des résultats,cerner les points à améliorer et offrirdes sessions pratiques au microscope,dans le but d’harmoniser davantage les pratiques de tous et chacun. »

Selon Chantal Dion, le système deprélèvement d’échantillons actuel a atteint sa capacité maximale. « De nou-veaux développements dans notre dis-positif d’échantillonnage permettraientde répondre à l’augmentation de la demande qui se fait déjà sentir », dit-elle. D’autant que, au cours des deuxdernières années, l’IRSST a reçu de lapart des ministères de l’Éducation et de la Santé du Québec le mandat desoutenir les commissions scolaires pourqu’elles recensent l’amiante présentedans les écoles. « Notre expertise ensanté du travail déborde du côté de lasanté publique », souligne ChantalDion. Et il y a les fibres de remplace-ment de l’amiante, comme la laineminérale, la laine isolante et les nou-veaux matériaux composites, qui vontoccuper de plus en plus les compteursdu Québec. » O

Jean-Marc Papineau

| Prévention au travail | Été 2000 | 27

Pour en savoir plusDION, Chantal, Guy PERRAULT,Gabrielle CHAMBERLAND et Julie McCABE. Assurance-qualité de la numération des fibres : poursuite du programme d’échanges interlaboratoires,Rapport R-240, 16 pages, 5,35$.

Voir bon de commande.

de deuxans d’expérience,et par le tauxd e r o u l e -m e n t f o r télevé, indi-que ChantalDion. La di-minution dela précisiondes résultatsmet en évi-

dence la nécessité d’offrir un en-cadrement encore plus étroit auxcompteurs. »

L’IRSST leur offre déjà une aidetechnique et scientifique pour validerles procédures d’étalonnage du mi-croscope et améliorer leurs pratiques de numération générales. « Jusqu’ici, il s’agissait d’une aide plutôt infor-melle que nous avons l’intention derendre plus systématique, affirmeChantal Dion. À l’instar des analystesdu secteur des mines qui se rencontrentdeux fois par année afin d’échanger

Gabrielle

Chamberland

et Julie McCabe,

techniciennes

de laboratoire

au Programme

hygiène et

toxicologie de

l’IRSST, collaborent

étroitement au pro-

gramme de contrôle

de la qualité de

la numération

des fibres dans l’air.

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et compte !et compte !

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Health (NIOSH), à Cincinnati. Avec la collaboration du ministère des Res-sources naturelles du Québec (MRN),

du ministère des Rela-tions internationales(MRI) et du ministèrede la Santé et des Ser-vices sociaux(MSSS),il a été responsable del’élaboration d’un pro-gramme internationalde formation sur la pré-vention des pneumo-conioses. Enfin, il estconseiller scientifiquespécial du MRN dansle dossier de l’amiante.

À ce jour, il a co-dirigé les travaux de 19 étudiants de maî-trise ou de doctorat.

Le nombre éloquentde brevets, de publica-tions scientifiques et deconférences à son actifrend compte de l’im-portance des travaux de

M. Guy Perrault. Les témoignages reçuslors de l’attribution du prix Antoine-Aumont font foi de l’admiration et durespect que lui portent les personnes,scientifiques ou non, qui ont travailléavec lui. Tous s’entendent pour soulignerson talent de vulgarisateur, sa rigueur,sa disponibilité et la patience dont il faitpreuve en toutes situations. O

Marjolaine Thibeault

| Prévention au travail | Été 2000 |28

R e c h e r c h e à l’IRSST

Attribution du prix Antoine-Aumont

à M. Guy Perrault

C’est la deuxième fois que l’hon-neur de recevoir le prix Antoine-Aumont rejail l it sur l ’ IRSST. M. Guy Perrault a reçu cette distinction à titre personnel. La Direction des laboratoires l’avaitobtenu en 1992, pour l’excellencede ses services d’analyses, sonrôle de référence et ses activitésde recherche et développementen hygiène industrielle. O MT

Attribution du prix Antoine-Aumont

à M. Guy PerraultHomme de science et

homme de cœur… soucieuxde rendre utiles les résultats

de la recherche pour lestravailleurs et travailleuses

C’est lors de son dernier congrès annuel, en mai dernier, quel’Association pour l’hygiène, la santé et la sécurité du travail du Québec(AQHSST) remettait à M. Guy Perrault,chercheur senior à l’IRSST, le prix Antoine-Aumont, en reconnaissance de sa contribution remarquable à la re-cherche en hygiène, en santé et en sécu-rité du travail.

Docteur en chimie organique, M. Perrault a commencé sa carrière au Centre de recherche et développementde Val-Cartier du ministère de la Défensenationale, où il a travaillé pendant plusde 15 ans. Ses travaux portaient sur lesexplosifs, les poudres propulsives et lespoudres pyrotechniques.

Près de 20 ans en SSTLorsqu’il entre à l’IRSST en 1981, ilparticipe de près à la structuration de l’organisme qui vient d’être créé, principalement au développement deslaboratoires. Au fil des ans, son tra-vail touche plusieurs domaines, dont lachimie analytique, l’hygiène industrielleet l’étude des maladies respiratoirestelles que le cancer, les pneumoconioseset l’asthme. Ses recherches sont menées en collaboration avec d’autres membresdu personnel de l’Institut mais aussiavec des équipes du réseau de la santéet du milieu universitaire, notamment l’École de santé au travail de l’UniversitéMcGill, où il est professeur adjoint, etle Département de santé environne-mentale et santé au travail de l’Uni-versité de Montréal. Il siège à diverscomités de la CSST, notamment ceux qui s’intéressent aux programmes de santé pour les travailleurs exposés à l’amiante et à la silice, au comité

technique sur l’Annexe A du Règlementsur la qualité du milieu de travail. Il est souvent amené par ses collègues detoutes disciplines à donner son avis sur des articles, des rapports, des pro-jets de recherche, principalement sur laméthodologie et le fondement scien-tifique des projets.

La renommée de M. Perrault dépasseles frontières du Québec. Il a siégé aucomité scientifique du Centre d’étude et de recherche sur les charbonnages en France (CERCHAR) et s’associerégulièrement à des équipes de l’Ins-titut national de recherche et de sécu-rité (INRS), à Nancy, et du NationalInstitute of Occupational Safety and

M. Guy Perrault, chercheur

senior à l’IRSST et récipiendaire

du prix Antoine-Aumont de

l’AQHSST. Sur la plaque qui lui

a été remise est gravé : Homme

de science et homme de cœur…

soucieux de rendre utiles les

résultats de la recherche pour

les travailleurs et travailleuses.

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Le programme de bourses de l’IRSSTJosée-Marie Couture est une des étudiantes bénéficiant du programme de bourses de l’IRSST. Celui-ci vise à former des chercheurs en santé et en sécurité du travail au Québec.

Pour obtenir des informations sur le programme de bourses de l’IRSST, on peut téléphoner au (514) 288-1551,ou écrire à [email protected].

| Prévention au travail | Été 2000 | 29

aider à prévenir les problèmes desanté, de sécurité et de productivité.« Il ne s’agit pas d’empêcher leschangements, dit-elle, mais plutôtd’apprendre à les faire autrementafin de préserver la productivité, toutcomme la santé et la sécurité. »

Pour l’heure, Josée-Marie Couturetravaille comme consultante, une acti-vité qu’elle aime beaucoup en raisondu contact avec les gens et les mi-lieux de travail. Mais la piqûre d’ai-der et d’outiller les entreprises et les travailleurs à mieux vivre les chan-gements technologiques ou autres l’a atteinte et il n’est pas exclu qu’un jour elle poursuive ses études en cesens. À suivre. O

Danielle Massé

BoursièreBoursière

Josée-Marie Couture,Département des sciences

biologiques de l’UQAM

Josée-Marie Couture,

mène pour l’obtention de son diplôme d’études supérieures en ergonomietraite des stratégies et des modesopératoires des manutentionnaires de la SAQ. Pendant qu’elle est sur les lieux, elle apprend qu’un projet d’informatisation des activités d’en-treposage soulève certaines appréhen-sions chez ces derniers. Lorsqu’ellecaresse l’idée de faire une maîtrise, lesujet s’impose donc tout naturelle-ment. Si elle a voulu poursuivre desétudes de 2e cycle, c’est pour perfec-tionner ses outils d’intervention afinde mieux cerner la réalité fort com-plexe de la santé et de la sécurité autravail : « Lorsque tu travailles avec la santé et la sécurité des gens, tu doisêtre très rigoureuse, car les consé-quences de tes recommandations sontimportantes.»

Faire autrementEn préparant son mémoire déposél’hiver dernier, Josée-Marie Couture a créé un modèle incluant plusieursfacteurs à considérer pour évaluer l’effet d’un changement dans un milieu de travail, qu’il soit d’ordretechnologique ou non. De fait, unemeilleure compréhension des objec-tifs et des besoins des travailleurs etde l’entreprise, des moyens qu’ilsutilisent pour les atteindre de mêmeque des stratégies privilégiées par les employés est indispensable pour

C’est la jonction de deux par-cours, ses études de musique et sonexpérience de recherche à la Sociétédes alcools du Québec (SAQ), qui amené Josée-Marie Couture, étudianteen maîtrise en ergonomie au Dépar-tement des sciences biologiques del’UQAM, à s’intéresser à l’effet del’informatisation sur les activités d’en-treposage des manutentionnaires de la SAQ.

Son intérêt pour l’ergonomie luivient lorsqu’elle est étudiante au Conservatoire de musique de Québec,alors qu’elle constate à quel point lesinstruments sont peu adaptés au con-fort des musiciens, qui les manientpourtant durant de longues heures.Pour acquérir des connaissances surles plans physiologique et musculo-squelettique, ainsi que pour déve-lopper son sens de l’observation,Josée-Marie Couture termine d’abordun baccalauréat en ergothérapie et effectue par la suite une analyse de poste des travailleuses enceintes dans les succursales de la SAQ, aucours d’un travail d’été. À partir de là, tout s’enchaîne. La recherche qu’elle

L'effet de l'informatisation sur les activités d'entreposage

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R e c h e r c h e à l’IRSST

| Prévention au travail | Été 2000 |30

Toutes ces publicationspeuvent être comman-dées en utilisant le bonde commande insérédans ces pages. Les prixindiqués comprennentles taxes et les fraisd ’ e n v o i . E l l e s s o n taussi disponibles enversion PDF sur le siteinternet de l’IRSST.

Mesure du monoxyde decarbone dans l’échappementdes moteurs dieselsGRENIER, Michel, Rapport R-221, 26 pages, 5 $.

CANMET a élaboré et évaluéune méthode simple et efficacede mesure du monoxyde de car-bone (CO), une source poten-tielle de contamination, dansl’échappement des véhiculesfonctionnant au diesel en milieuminier. Cette mesure pourraitpermettre d’identifier les mo-teurs qui nécessitent un entre-tien. Des tests en laboratoire ontrévélé des augmentations del’ordre de 300% à 1000% desconcentrations de fumées dediesel et des gaz d’échappementprovenant de moteurs mal en-tretenus. Les résultats indiquentqu’en théorie, l’usage de tubescolorimétriques, selon un pro-tocole de mesure où le mo-teur est maintenu sous pression dynamique, serait idéal. Ce pro-tocole soulève plusieurs ques-tions sur les effets sur la santéet la sécurité des travailleurs en raison des émissions, de lachaleur et de l’immobilisationdu véhicule. Pour permettrel’application immédiate de ce processus en milieu minier,le protocole sans charge a été retenu. Le choix de tubes colorimétriques ou d’appareils à lecture directe, offrant des résultats plus précis, est néan-moins laissé à la discrétion des opérateurs miniers.

Proposition et validationde critères de détermina-tion de délais de réentréepour les pesticides utilisésen agriculture maraîchèrePhase I : Évaluation de l’exposition des travailleurs et validationdes critèresONIL, Samuel, Louis SAINT-LAURENT, Liliane A. FERRON,Jean-Guy GUILLOT et Jean-Philippe WEBER, Rapport R-222,67 pages, 7,50 $.

Plusieurs études démontrentque les risques d’exposition des travailleurs agricoles auxproduits antiparasitaires dimi-nuent considérablement lors-qu’on respecte un certain délai entre l’application de ces pro-duits et le retour du personnelsur les sites traités. Cependant,il n’existe aucun outil de ges-tion des délais de réentréevalidé dans le contexte de laculture maraîchère québécoise.Cette information ne se trouvepratiquement jamais sur les étiquettes des produits antipa-rasitaires ni dans les documentsqui les accompagnent.

Le Centre de toxicologie du Québec, avec l’appui de l’Union des producteurs agri-coles (UPA), a donc proposéune étude sur la déterminationde délais de réentrée propres à ce milieu, basée sur l’utilisa-tion de critères de toxicité desmatières actives. Les résultatsdémontrent que, lorsque lesdélais prescrits sont respectés,l’absorption d’antiparasitairesest minime pour la majorité des travailleurs et les risquesd’atteinte à la santé s’avèrenttrès faibles. La prochaine étapede cette étude consistera à créer un outil efficace de ges-tion des délais de réentrée grâce aux résultats obtenus.

Rapport annuel 1999Direction des communications,48 pages, gratuit.

Depuis sa création en 1980,l’IRSST a maintes fois démon-tré l’importance de la recher-che pour prévenir les accidents du travail et les maladies pro-fessionnelles ainsi que pour faciliter la réadaptation des travailleurs qui en étaient vic-times. Le Rapport annuel 1999est un reflet de ces 20 dernièresannées au cours desquelles l’Institut a acquis une expé-rience considérable dans plu-sieurs secteurs de travail etchamps de recherche. Dans sonmessage, le directeur généralJean Yves Savoie rappelle quela recherche à l’IRSST est avanttout possible grâce à la colla-boration étroite et inestimablede tous les milieux: CSST, associations patronales et syn-dicales, régies régionales de lasanté et des services sociaux,CLSC, associations sectoriellesparitaires et réseau de cher-cheurs dans les universités etles centres de recherches. Lesprojets présentés dans la pre-mière partie du document té-moignent de toutes les étapesfranchies et des progrès accom-plis pour faire de l’IRSST uncentre de recherche crédible, reconnu au sein de la commu-nauté scientifique canadienne et internationale et dont les résultats sont largement uti-lisés par les entreprises et les travailleurs québécois.

Comme les années pré-cédentes, le rapport contientégalement une présentation detous les projets actifs en 1999ainsi que la liste des publica-tions et des communications de l’année. O

Isabelle LabarreLinda Savoie

www.irsst.qc.caCliquez recherche

Nouvelles publicationsNouvelles publications

Performance d’un instru-ment à lecture directe de laconcentration d’aérosols –Essais en laboratoireCLOUTIER, Yves, RodrigueGRAVEL et Bernard CARON,Rapport R-219, 35 pages, 5,35 $.

Plusieurs instruments, commeles Dust Trak récemment ache-tés par la CSST, permettentd’obtenir des lectures directeset instantanées de la concentra-tion d’aérosols dans l’air am-biant. L’étude visait à évaluerla réponse du Dust Trak utiliséavec des poussières différentesde celles avec lesquelles il a été calibré, de vérifier les effetsde l’humidité sur la lecture et,finalement, de comparer saréponse avec les critères relatifsaux poussières respirables et totales.

Les résultats obtenus confir-ment la possibilité d’utiliser cet instrument pendant une dé-marche exploratoire pour, parexemple, isoler les endroits oùles concentrations sont plusélevées, telles que les fuites,afin de suivre l’évolution de laconcentration en aérosols dansle temps, ou encore pour es-t imer rapidement des taux de poussières. L’humidité ne semble pas nuire à la réponsede l’appareil, à la conditionqu’elle se situe en deçà d’uncertain niveau. Tel que prévupar la théorie, un facteur de cor-rection unique pour l’ensembledes poussières et de leurs frac-tions n’a pas pu être mis en évidence. Toutefois, l’utilisa-tion de certains facteurs de cor-rection semble possible dansune approche exploratoire, à la condition que les résultatsfassent l’objet d’une interpréta-tion guidée par l’expérience del’utilisateur et par des règlesvisant à qualifier la réponse del’instrument.

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Substances chimiques et agents biologiquesContrôle des expositionsaux bioaérosols chez les éboueurs(098-057)Certaines études européennesont constaté une incidenceélevée de problèmes pulmo-naires, gastro-intestinaux et cutanés chez les employés af-fectés à la collecte des déchetsdomestiques. Ces problèmespourraient être associés à l’ex-position à des agents biolo-giques aéroportés (bioaérosols),tels que les bactéries et les moi-sissures. En l’absence d’étudescomplètes permettant de tirerdes conclusions nettes, il est apparu important d’entrepren-dre, dans le contexte du Pro-gramme d’intervention intégrésur les risques biologiques de la CSST, une recherche sur l’expositions des éboueurs auxbioaérosols. Cette recherchevise à caractériser les expo-sitions de ces travailleurs auxagents biologiques aéroportés,en tenant compte des facteursqui peuvent influencer leursconditions de travail, et à pro-poser des mesures permettantde contrôler ces expositions.Ses résultats serviront notam-ment à l’établissement de pro-grammes de santé dans les entreprises.Responsable : Jacques Lavoie,IRSST

Pesticides en milieuserricole : caractérisationde l’exposition des travailleurs et évaluationdes délais de réentrée(099-015)Cette activité de recherche viseà répondre aux inquiétudesmanifestées par les travailleursdu Jardin botanique et des serres de la Ville de Montréal,quant à l’exposition aux pesti-cides utilisés dans leur milieu

de travail. Ces employés effec-tuent leurs tâches dans des milieux fermés où il est souventimpossible d’assurer une bonneventilation et d’où sont absentscertains facteurs environne-mentaux favorisant la dégra-dation des pesticides. L’activitécherchera donc d’abord à éva-luer l’exposition de ces travail-leurs aux pesticides, ainsi queles risques à la santé qui pour-raient en découler, en accordantune attention particulière auxrisques d’exposition cutanée.Elle visera ensuite à vérifierl’applicabilité au milieu serri-cole de la méthode élaboréedans les secteurs forestier etmaraîcher, qui permet de déter-miner des délais de réentrée dupersonnel sur des sites traitésaux pesticides, en fonction de latoxicité des produits utilisés.Responsables : Onil Samuel,Liliane Ferron, Jean-GuyGuillot, Centre de toxicologiedu Québec ; Jacques Robinson,CLSC des Faubourg

Développement deméthodes d’évaluationd’appareils à lecturedirecte pour la détermina-tion des homopolymèresd’isocyanates dans l’air et évaluation de différentsappareils commercialementdisponibles : préparationd’un rapport pour lesclientèles en prévention(099-038)Les isocyanates, largement uti-lisés au Québec, constituent lapremière cause du développe-ment de l’asthme professionnel.Plusieurs entreprises utilisentdes appareils à lecture directepour évaluer leurs concentra-tions dans l’air. Ces dispositifssont conçus pour estimer, entemps réel, les concentrationsambiantes, ce qui permet enprincipe d’en détecter rapide-ment une augmentation, dedéterminer les sources d’émis-sion et de réagir avec célérité en situation d’urgence. Cepen-dant, ils n’avaient jusqu’à toutrécemment jamais été évalués

et leur fiabilité n’était pas documentée. En collaborationavec l’Institut International desIsocyanates (III), les chercheursde l’IRSST ont évalué les prin-cipaux appareils à lecture di-recte offerts sur le marché pourdifférentes bases d’isocyanates,et deux rapports sommaires ont été produits en anglais.Cette activité vise à intégrer ces résultats et à les adapterpour les rendre disponibles auxclientèles de l’IRSST, permet-tant ainsi aux fabricants, auxutilisateurs et aux intervenantsen prévention de connaître lescapacités et les limites réellesde ces instruments.Responsables : Jacques Lesage,Claude Ostiguy, IRSST

Évaluation de l’expositiondes travailleurs lors del’application de peinturedans des aires de prépara-tion dans les ateliers du secteur automobile(099-039)Les ateliers de peinture auto-mobile constituent une cibleprioritaire pour la prévention de l’asthme professionnel enraison de l’exposition des tra-vailleurs aux isocyanates. Encollaboration avec l’associa-tion sectorielle paritaire de cesecteur, l’IRSST a déjà effectuédeux études dans ce domaine, la première sur l’évaluation des niveaux d’exposition auxisocyanates et la seconde, sur l’effi cacité des cabines à pein-ture. Pour obtenir une vue d’ensemble des niveaux d’ex-position aux isocyanates dansces ateliers, il reste cependant à documenter les postes de travail situés à l’extérieur descabines, notamment dans lesnouvelles « aires de prépara-tion » ventilées (Prep Stations),utilisées depuis peu dans cer-tains d’entre eux pour destravaux d’application de pein-ture. Les niveaux d’expositionpotentiels et l’efficacité d’éli-mination des contaminantsprésents dans l’air ambiant deces aires de préparation n’ontjusqu’à présent pas été évalués.

La recherche tentera donc dedocumenter l’efficacité desmesures préventives dans cetenvironnement ventilé, situéhors de la cabine à peinture.Responsables : Jacques Lesage,Louis Lazure, IRSST

Évaluation du risque de perte de confinementdes hottes de laboratoire à débit d’air variable(099-040)Les hottes à débit d’air variable,de plus en plus utilisées dansles laboratoires, sont dotéesd’un mécanisme de régulationdu débit qui permet de main-tenir une vitesse d’air constanteà l’entrée, quelle que soit l’ou-verture de l’écran, afin d’as-surer une meilleure protectionde l’utilisateur. Une expertiseréalisée en laboratoire à l’aided’un gaz traceur a cependantdémontré que la dépression existant à l’intérieur d’une hottedont l’écran est abaissé peutêtre insuffisante pour empêcherla fuite des contaminants horsde cette enceinte, ce qui peutentraîner un risque de conta-mination important. L’activitévise à évaluer, dans différentslaboratoires, les risques de pertede confinement associés à lafermeture de l’écran des hottesà débit d’air variable et, le caséchéant, à identifier les princi-paux paramètres qui influencentcette perte. Différents types dehottes seront évalués en fonc-tion de leurs caractéristiques defabrication. Les résultats serontdiffusés auprès des concepteurset des fabricants de hottes, desresponsables de l’entretien des systèmes de ventilation etdes intervenants en prévention.Responsable : Louis Lazure,IRSST O

Bernard La Mothe

Nouvelles recherchesNouvelles recherches

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Sollicité pour vendre de petits articles de diverse nature, Éric, l2 ans, manifeste de l’intérêt et il enparle à sa mère, Francine. Compte tenude l’âge de son fils, la jeune femmecommunique avec la Commission desnormes du travail afin de vérifier s’ilexiste des règles au sujet du travail desenfants. Une préposée aux renseigne-ments de l’organisme l’informe que legouvernement a effectivement adoptédes mesures en cette matière1.

L’une de ces mesures devrait plusparticulièrement rassurer Francine. En effet, l’article 84.3 de la Loi inter-dit à un employeur de faire exécuter un travail par un enfant de moins de 14 ans sans le consentement écrit de sesparents.

La mère apprend également qu’un employeur ne peut faireexécuter par un enfant un tra-vail disproportionné à ses capacités, ou susceptible de porter atteinte à sonéducation, à sa santé ouà son développementphysique ou moral(a.84.2).

En outre, la Loiinterdi t l ’emploid’un enfant durantles heures de classe(a.84.4) et obligeun employeur àa m é n a g e r l e sheures de travaild’un jeune de fa-çon qu’i l puisseêtre à l’école durantses heures de classe(a.84.5).

Satisfaite et rassurée par tous cesrenseignements, Francine décide de communiquer avec l’employeuréventuel de son fils Éric, afin de dis-cuter davantage de la nature et des conditions de travail de ce dernier,avant de donner son accord. On n’estjamais trop prudent. O

Hélène Savard

| Prévention au travail | Été 2000 |32

Droits et obligations

et les enfantsLe travail

La Loi interdit aussi à un employeurd’imposer un travail de nuit (c’est-à-dire entre 23 heures et 6 heures le lendemain) à un enfant, sauf s’il n’est pas assujetti à l’obligation defréquenter l’école dans le cas de lalivraison de journaux, par exemple, ou dans tout autre cas déterminé par règlement (a.84.6)2.

Enfin, un employeur doit aménagerles heures de travail d’un enfant pourqu’il puisse être chez ses parents, lanuit, entre 23 heures et 6 heures lelendemain, sauf exceptions (a.84.7).

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1 La Loi modifiant la Loi sur les normes du tra-vail et d’autres dispositions législatives concer-nant le travail des enfantsa été sanctionnée le 5 novembre 1999. Les articles 84.2 à 84.5 decette loi sont entrés en vigueur le 1er février2000.

2 Le gouvernement a prépublié un projet de règlement dans la Gazette officielle du Québecdu 16 février 2000, à la page 1129.

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| Prévention au travail | Été 2000 | 33

Une fleur pour Charlemagne« Les jeunes sont de plus en plusprésents sur le marché du travail et ce,de plus en plus tôt. Et bon an mal an,environ 9000 d’entre eux sont blessésau travail. Peu importe l’emploi, travailde fin de semaine, emplois d’été oupremier emploi régulier, les jeunespartagent un point commun; ils sontgénéralement inexpérimentés! C’estpourquoi la CSST s’intéresse à eux.Son but à long terme est de faire ensorte que les jeunes arrivent sur lemarché du travail avec une bonne cul-ture en SST. […] Maintenant, elle propose des activités visant les jeunesdans l’ensemble du réseau scolaire.[…] Si le XXe siècle a été celui aucours duquel les actions en santé etsécurité du travail ont été axées versl’amélioration des milieux de travail, le XXIe sera celui où elles viserontl’amélioration des comportements. Etpeut-on penser à un meilleur moyend’inculquer de bonnes habitudes deprévention et de créer une culture enSST que de la faire entrer dans lesécoles? Probablement pas! À moins de trouver un gène… »

Convergence, revue de gestion de la santé-sécurité du Centre patronal de santé etsécurité du travail du Québec, vol. 16, no 1,janvier 2000, p. 17.

Violence au travail, tolérance zéro !« Les comités de condition féminine etde santé-sécurité du travail de la FTQdoivent travailler plus étroitement surdes projets communs pour arriver à unesolution globale pour contrer la vio-lence. Voilà, en gros, les conclusionsqui se dégagent des discussions en ate-liers lors de la réunion conjointe desdeux comités, le 10 décembre 1999.[…] Les participants et participantesont identifié plusieurs pistes. […] Toutd’abord, établir un climat de confianceentre la victime et la représentante oule représentant syndical lorsqu’il y aune plainte. Un engagement politique

Jour après jour, mois après

mois, le souci de la prévention

des accidents du travail et des

maladies professionnelles se

répand au Québec. Dans cette

chronique destinée à diffuser

l’information, Prévention au

travail vous propose de courts

extraits d’articles et de repor-

tages, aussi variés que possible,

publiés par ses partenaires

dans des revues, magazines

ou bulletins de liaison.

Pitié pour les mains !« Au Québec, on évalue à 40000 lenombre de travailleurs ou travailleu-ses qui se blessent aux mains chaque année. […] Ouvertes, cousues et em-prisonnées dans des pansements ou immobilisées dans un plâtre, ces mains,incapables de saisir un objet, devronts’absenter du travail… avec leur pro-priétaire, bien entendu. […] Parmi ces40000 mains, certaines s’en tirerontavec un arrêt de travail temporaire;pour les autres, ce sera peut-être plusdramatique: la perte de dextérité ou laperte d’une main les forcera à envisa-ger l’exercice d’un autre métier.

« […] La protection des mains passed’abord par l’élimination du danger à lasource. Beau principe, diront certains,mais presque inapplicable sur un chan-tier de construction. […] Voici com-ment vous pouvez mettre ce principe en application. Arracher les clous ensaillie avant de transporter des planches;débarrasser une aire de circulation desdébris qui en jonchent le sol; réparer oucesser d’utiliser un outil défectueux quipourrait vous blesser; ranger vos outilsplutôt que de les laisser traîner sur le sol, faire usage d’outils pourvus d’unprotecteur, transporter des objets lourds, encombrants et aux arêtes coupantes au moyen d’un outil de manutention;vous servir d’un pistolet pour enduire un matériau de colle plutôt que de l’ap-pliquer avec les doigts. […] Réflexionfaite, l’élimination du danger à lasource, c’est peut-être aussi une ques-tion de réflexe à développer… »

Prévenir aussi, bulletin d’information de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur de la construction, vol. 14, no 4, Hiver 1999-2000, p. 7.

clair de tolérance zéro et l’assignationde ce dossier à une personne bien for-mée et formellement reconnue parl’employeur et le syndicat sont desmoyens d’encourager les victimes àprendre des procédures. Il faut aussi encourager les femmes à tenir un jour-nal de bord de chaque détail et événe-ment lorsque se présente une situationde violence au travail. Cet outil peuts’avérer précieux quand vient le tempsde monter un dossier et de porterplainte. »

Le monde ouvrier, bulletin d’informationde la Fédération des travailleurs ettravailleuses du Québec (FTQ), no 35, février 2000, p. 10.

Couple infernal !« Si le feu et l’eau ne font pas bon ménage, c’est loin d’être le cas du feuet de l’essence. À un point tel que, sivous voyez un jour le feu danser surune flaque d’essence, vous aurez beauy jeter de l’eau… rien n’y fera, l’eaune pourra éteindre les flammes. C’estque plusieurs propriétés physico-chimiques font de l’essence une desmeilleures matières inflammables!Voici ce qu’il faut retenir de ces pro-priétés. La notion de base: le point d’éclair. La première chose que l’onpeut dire, c’est que l’essence a des vapeurs dangereuses! En effet, ce sont ses vapeurs qui s’enflamment, etnon le liquide lui-même. Le problème, avec l’essence, c’est que son point d’éclair — c’est-à-dire la température à laquelle un produit émet suffisam-ment de vapeurs pour former un mé-lange inflammable avec l’air — est très bas. Ainsi, par une froide journéed’hiver de –50ºC, l’essence pourra dégager suffisamment de vapeurs pourcréer une atmosphère inflammable! On doit donc s’en méfier par tous lestemps! »

Auto prévention, Association sectorielleservices automobiles, vol. 14, no 1, mars 2000, p. 4. O

Lu pour vous

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Jeudi 11 novembre, 8 h 40Du haut de l’escalier qui descend jusquesur l’aire de jeu, un étonnant pano-rama se déploie. Le terrain, théâtre desexploits — modestes— des Expos, estdivisé en enclos. Au milieu de l’und’eux, une vingtaine de tours numé-riques sont soigneusement alignés. Plus loin, des voitures en attente d’êtreauscultées sont déjà installées sur desmonte-charges. Sous les gradins, des salons de coiffure, parfaitement amé-nagés, des cuisines complètes avec fours au gaz, frigos, et même un res-taurant d’une vingtaine de tables! Dans quelques minutes commencera le35e Mondial des métiers, une premièreau Canada. L’événement rassemble près de 600 concurrents et concurrentesde 22 ans et moins, en provenance de 35 pays. Tous chercheront à décrocherl’une des trois médailles décernées dansles 36 disciplines officielles et les cinqen démonstration. Organisé depuis 1950sous l’égide de l’International Voca-tional Training Organisation(IVTO), le Mondial des métiers a pour objectifde promouvoir l’excellence et de valo-riser les métiers et techniques auprès des jeunes. C’est la quatrième fois quele Canada participe à ces compétitions organisées tous les deux ans. Lors du34e Mondial, qui a eu lieu en Suisse en 1997, le pays avait délégué 24 par-ticipants qui avaient décroché deux médailles de bronze. Cette fois-ci, 40 jeunes gonflés à bloc espèrent queleurs efforts seront récompensés.

Vendredi 12 novembre, 8 h 45L’épreuve commence dans 15 minutes.La tension se lit sur les visages des participants. Silencieux, ils attendent derrière les barrières délimitant les airesde compétition. Dans la section de la construction métallique en acier, Martin Grenon, un grand brun frisé de Chicoutimi, fume une cigarette. Ner-veux? « Non, ça va.» Martin est prêt.Tout en travaillant comme soudeur pourun atelier du Saguenay, il se perfectionnedepuis plus d’un an sous la supervisiond’un professeur du Centre de formationen métallurgie. Depuis quatre mois, ils’exerce à plein temps à tailler des piècesd’acier et à les assembler par soudage.« On travaille seulement au chalumeaucoupeur. Il faut atteindre une précisionde plus ou moins un millimètre! Audébut, je trouvais ça assez difficile, maisavec l’apprentissage, on y arrive! »

C’est justement parce que toute sonattention est accordée à la précision queMartin doit prendre de strictes mesurespour se protéger. «La sécurité, c’est trèsimportant, affirme-t-il. Ça prend deschaussures et des lunettes de sécurité,une chemise, des gants, pour se proté-ger des brûlures et des projections departicules. Il faut absolument être pru-dent dans ce qu’on fait, parce qu’on joue avec des grosses machines! »

Les concurrents en construction métal l ique occuperont chacun un stand carré, délimité par des bâches de plastique transparent, qui com-prend un établi, une table de travail,

| Prévention au travail | Été 2000 |34

Du 11 au 14 novembre 1999,

au Stade olympique de Montréal,

des centaines de jeunes du monde

entier ont rivalisé d’adresse dans

une compétition de métiers et

techniques. Un festival d’habileté

et de compétence !

un chalumeau relié à deux bonbonnes de gaz, un bac pour le soudage. Au centre de l’enclos, des meules et desponceuses sont mises à la disposition de tous les concurrents.

Pour chacune des disciplines, les Ser-vices techniques ont dressé un devis dumatériel indispensable, et ils ont dessinéles plans d’aménagement de l’aire decompétition. Il a fallu tenir compte desnormes et des législations en vigueurdans les différents pays participants.« Les plombiers ne travaillent pas exac-tement de la même façon en France etau Canada, explique Nadine Lalonde, ingénieure et responsable des Servicestechniques pour le 35e Mondial desmétiers. Il a aussi fallu tenir compte de l’essence de chaque métier, des mé-thodes de travail en vigueur dans chaquepays, ainsi que des tâches à accomplir.»Cette opération se solde par un total de1650 chaises et tabourets, 950 tables,550 établis, 160 ordinateurs et tout lematériel spécialisé spécifique de chacundes métiers. Il a fallu assembler 30 cui-sines complètes et créer un restaurant de76 places! Grâce à la contribution deplus de 150 entreprises et organismes, unmatériel d’une valeur estimée à 20mil-lions $ a été rassemblé. «Nous avionsbesoin de 36 fraiseuses et tours CNC (à commande numérique par calcula-teur), relate Nadine Lalonde. Mais pasquestion d’utiliser des appareils d’occa-sion, car tous les participants doiventutiliser un matériel identique. Le gou-vernement du Québec a donc accepté de prendre en charge l’achat de tours etde fraiseuses pour les prêter à l’organi-sation du 35e Mondial. Par la suite, cesoutils ont été remis à des centres de formation professionnelle.

Le 35e Mondial des métiers :Cent fois sur le métier…

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Cent fois sur le métier…Cent fois sur le métier…

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Déjà 8h55. Plus que cinq minutes.Dans le secteur de la menuiserie, HenriLachancese tient debout dans le cou-loir, attendant le signal de l’entrée dansles stands. Le jeune homme vient de lapetite ville de Guy, en Alberta. Plutôttaciturne, ce garçon brillant a d’excel-lents résultats scolaires. Il a remportéplusieurs bourses et prix et il est, de surcroît, excellent pianiste. Mais sa véritable passion est le travail du bois. Il est au service d’une entreprise de fabrication d’armoires de cuisine situéeau nord de l’Alberta. Dans cette région,les distances sont longues. Son moniteurhabitant à quatre heures de voiture,Henri a donc fait seul, la plupart dutemps, les exercices qu’il lui a prescrits.Perfectionniste, il espère obtenir de bonsrésultats, mais ce n’est pas son premierobjectif. « Je participe pour moi-même,pour acquérir de nouvelles connais-sances et, peut-être, de meilleures habi-tudes de travail. Je cherche aussi àapprendre de meilleures techniques de

relaxation, pour améliorer ce que nousavons appris pendant nos quelques ses-sions de formation psychosociale.»

Une formation psychosociale ?Denis Laroche est l’un des deux chefsd’équipe du Canada. Tout au long duMondial, il s’occupe du bien-être et dumoral des concurrents canadiens. «Jefais le baby-sitterdurant toute la duréede l’événement, commente-t-il en sou-riant, parce que les concurrents sont séparés de leurs experts.» Dans les mois qui ont précédé la compétition, il aconçu un programme de formation men-tale et de gestion du stress qui constitueune part importante de la préparation desconcurrents.Les participants canadiensse sont réunis à trois reprises, pour desséances de trois ou quatre jours. «Nousavons travaillé la concentration, la relaxation, la motivation, la psycholo-gie de la réussite. Et beaucoup l’espritd’équipe, par exemple en les faisant par-ticiper à des jeux et à des sports.»

9 h, c’est parti…Une trompette retentit, elle signale ledébut de la compétition. Les concurrentsse réunissent au centre de leur enclos.Les juges-experts et le chef d’atelier leur donnent enfin la description de l’ouvrage à exécuter. En quatre jours, de 9h à 16h 30, ils devront réaliser un grand projet, tel un aménagementpaysager complet avec bassin, sentier,pelouse et arbustes,plusieurs tâches spécifiquescomme les diverses répara-tions de moteurs ou de freins en mé-canique automobile,ou encore, fabriquerun objet unique, comme le pilastre encoin que les tailleurs de pierre devrontfaire surgir d’un bloc brut.

9 h 30, équipements de sécurité !Henri Lachancevérifie l’équerrage deses pièces de bois. Il vient de recevoir ledessin de la fenêtre à construire. Sur-prise! Elle comporte un œil-de-bœuf— ouverture ronde— dans sa partiesupérieure. Henri a revêtu une combi-naison grise et mis ses chaussures desécurité. Ce sont deux des pièces d’équi-pement prescrites dans le devis tech-nique de la compétition de menuiserie.Le devis mentionne encore des gants demanutention, des lunettes de sécurité, unmasque antipoussière et des protecteursauditifs. « J’essaie habituellement defaire attention à la sécurité, dit-il. ÀKitchener, par exemple, lors de la sélec-tion nationale, je me suis aperçu que ma vigilance faiblissait, alors je me suis arrêté quelques minutes, je me suisconcentré, et je suis revenu à ma pre-mière tâche. Le danger vient surtout dela répétition d’une même opération, ainsique de la fatigue; on pense moins à cequ’on fait et c’est alors qu’un accidentpeut survenir.»

En collaboration avec la CSST, lesServices techniques ont établi un devisde l’équipement de sécurité nécessairepour chacune des disciplines, en fonc-tion des normes, des règlements et desrisques du métier. La liste préliminairedes exigences générales et les devis spécifiques des différents métiers ont été fournis un an et demi à l’avance àl’ensemble des organisations étrangères,puis elle a été tenue à jour sur le Web.« Ce qui m’a inquiétée, confie NadineLalonde, c’est que les pays étrangerspensaient que nous tentions de leurnuire, alors que c’était uniquement pour

| Prévention au travail | Été 2000 | 35

Martin Grenon,

concurrent dans

la catégorie

construction

métallique, s’est

perfectionné sous

la supervision

d’un professeur du

Centre de formation

en métallurgie.

Penché sur sa table,

il étudie le plan du

bidule à fabriquer.

Henri Lachance,

concurrent dans la

catégorie menuiserie,

a participé

à la compétition,

non par ambition,

mais dans l’espoir

d’acquérir de nouvelles

connaissances et de

meilleures habitudes

de travail.

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des raisons de santé et sécurité. Mais,malgré quelques réticences, nos deman-des ont finalement été bien acceptées.»

10 h 45, la grande bouffeDerrière le cordon les séparant des visiteurs, huit pâtissiers et pâtissièresfaçonnent de petites figurines en pâted’amande. Il s’agit de la premièreépreuve de la compétition de pâtisserie-confiserie. Une toque blanche calée surses cheveux blonds, Yannick Dupuis, lereprésentant canadien, roule entre sesdoigts de petits cylindres bruns. Origi-naire de Rivière-du-Loup, Yannick est à Montréal depuis le mois d’août pours’initier en compagnie de quatre expertsqui travaillent dans de réputées pâtis-series montréalaises, chacun spécia-lisé dans une technique particulière. Le jeune homme a appris les secrets du sucre tiré et soufflé, qui se travaille à lafaçon du verre d’art! « C’est très diffi-cile à manier. J’en fais depuis trois moiset je commence à peine à connaître monsucre. Je le maîtrise, mais pas plus.»

La sécurité fait également partie del’apprentissage: « Il y a plusieurs pré-cautions à prendre. On travaille beau-coup avec le propane, il faut faireattention à l’eau et à l’électricité. Et être prudent avec les couteaux; je me suis suffisamment coupé pour que maintenant, j’aie compris qu’il faut faire attention.»

En pâtisserie-confiserie, les concur-rents disposent d’un comptoir stratifié,d’une table de travail en bois, d’unetable de présentation, d’un grand frigo à porte transparente et d’un malaxeurcommercial. Chacun apporte son maté-riel personnel, dont la teneur est laisséeà la discrétion du candidat.« Ils peuventamener une semi-remorque s’ils ledésirent, lance Christophe Néchaouni,chef d’atelier pour la pâtisserie-confi-serie. Le concurrent britannique est arri-vé avec une petite valise, mais certainsont apporté quatre caisses.» Le chefd’atelier doit voir au bon déroulement de la compétition: « Ma responsabilité consiste à mettre l’atelier en fonction»,explique Christophe. Il doit s’assurer,par exemple, que les huit concurrentsaient accès à un des quatre fours au mo-ment voulu. Avant la compétition, il lui

a aussi fallu trouver les ingrédients et lesaliments dont les participants auraientbesoin, et dont ils avaient envoyé la listepar courrier électronique. «Le candidatautrichien m’a demandé un alcool incon-nu. Il a fallu que la Société des alcoolsdu Québec fasse une recherche.» Lechef d’atelier ne juge pas les concur-rents. Cette prérogative est réservée auxjuges-experts, un par pays participant.« Chaque juge note tous les concurrents,sauf celui de son propre pays, expliqueM. Néchaouni. Mais ils n’ont pas ledroit de parler à leur candidat.»

11 h, tournée des inspecteursHenri Lachanceest penché sur sonétabli. Avec un té, des équerres et uncompas, il trace sur un panneau de boisles contours de la fenêtre à construire.Ce tracé servira de référence à toutes lespièces qu’il taillera au cours des quatreprochains jours. Son jeune voisin coréendessine nerveusement, à gestes vifs, des traits qu’il corrige avec une gommeà effacer.

Depuis le début de l’aménagementdes lieux et de la mise en place dumatériel, quatre jours avant le début des compétitions, les inspecteurs de laCSST parcourent les allées, donnent des

conseils et prennent des notes qu’ilstransmettent à la responsable des Ser-vices techniques. «La participation del’inspecteur consiste à offrir des conseilssur l’aspect sécurité de l’aménagementdes postes, tant pour leur organisationque sur les méthodes de travail utiliséesdurant l’aménagement, spécifie GillesDutilly, à l’époque directeur de la Direc-tion régionale de l’Île-de-Montréal – 1de la CSST. Nous avons donné aux gens du 35e Mondial une séance de formation-information d’une heure sur le rôle de nos inspecteurs et sur les no-tions générales de sécurité dans les airesd’activités. Nous avons aussi demandéaux inspecteurs de faire une évaluation visuelle des méthodes de travail des can-didats, parce que la Commission veutprésenter un bilan sur la santé et la sécu-rité à partir des observations qui aurontété faites à Montréal. C’est la premièrefois qu’un organisme comme le nôtres’engage à fond de cette façon.»

Les inspecteurs de la CSST ne sontpas présents en vain. «La premièrejournée d’installation a été un demi-enfer, avoue Giovanni Chianetta. Mais,après une première tournée et quelques

| Prévention au travail | Été 2000 |36

Le rôle de Christophe Néchaouni, chef

d’atelier pour la pâtisserie-confiserie ?

Voir, comme tous ses collègues,

au bon déroulement de la compétition

et de l’atelier dont il est responsable.

Yannick Dupuis, concurrent

dans la catégorie pâtisserie-

confiserie, met la dernière

main à la création de petits

animaux en pâte d’amande.

Un gâteau de noces suivra,

orné de fleurs en sucre soufflé.

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recommandations, les choses se sont beau-coup améliorées. Les conduites d’airdel’atelier de modelage, par exemple, pas-saient n’importe comment. Maintenant,elles sont regroupées et attachées en pé-riphérie. Dès la deuxième journée, toutle monde a reçu le message que la CSSTserait présente et que tout serait scruté àla loupe. On nous reconnaît et on nousdemande des conseils. Nous sommestrès bien perçus, et les chefs d’ateliersnous posent beaucoup de questions.»

Un peu plus tôt dans la journée, unchef d’atelier a demandé à M. Chianettasi les chaussures de travail sont obliga-toires au Québec. «Je lui ai répondu “ Oui ”. Le chef d’atelier a expliqué à sesexpertsinternationaux qu’au Québec, ilest recommandé de porter des chaus-sures de sécurité. Résultat: demain, toutle monde en portera dans son atelier. Ces gens vont retourner chez eux en disant: “ Hé! Au Québec, on exige deschaussures de sécurité. Ça serait biend’avoir ça ici aussi. ” »

Convaincre au long coursLa CSST est un partenaire financier duSecrétariat des Olympiades pour ce quiest des compétitions québécoises et undes commanditaires du 35e Mondial.Outre le respect des exigences de santéet de sécurité au cours des préparatifs et pendant les compétitions, elle a des objectifs à plus long terme. «Notre rôle,explique Juliette P. Bailly, vice-prési-dente aux relations avec les clientèles et les partenaires, c’est de promou-voir la santé et la sécurité auprès des jeunes, afin que les travailleurs et les employeurs de demain soient toujours à l’affût de la santé et de la sécurité du travail. Depuis plusieurs années, noustravaillons avec le ministère de l’Édu-cation du Québec à l’intégration des notions de santé et de sécurité dans laformation. Notre objectif est de faire ac-cepter ces notions de prévention. Quandles jeunes arriveront sur le marché dutravail, ils seront attentifs à la santé et àla sécurité. Il nous faut les sensibilisertôt, dès leurs premiers emplois d’été oude fin de semaine,afin qu’ils n’aient pasd’accident. Le 35e Mondial est donc untremplin pour la CSST. »

La présence de délégations étrangèresoffre, en outre, une belle occasion de favoriser la jonction entre santé-sécuritéet formation professionnelle. «Plusieurs

activités sont organisées en marge duMondial, notamment pour les jeunes etles délégués des différents pays parti-cipants qui proviennent du milieu de l’éducation, poursuit Mme Bailly. Outrenotre stand d’information au Stadeolympique, nous avons organisé, de concert avec le ministère de l’Éducationdu Québec, un séminaire s’adressant aux délégations internationales. Ce futl’occasion, pour les conférenciers repré-sentant différents pays participants,d’échanger leurs vues sur leurs expé-riences en matière d’intégration de lasanté et de la sécurité du travail dans lesprogrammes de formation profession-nelle et technique.» À plus long terme,la CSST souhaite que la santé et la sécurité jouent un rôle plus important ausein même des compétitions du Mondialdes métiers: « Nous voulons que lesparticipants soient jugés là-dessus, déclare la vice-présidente. Lors desOlympiades québécoises1, cinq métiersseront ainsi évalués sur la santé et lasécurité et des prix seront décernés par la Commission.»

12 h, bidule en gestation Dans son stand du secteur constructionmétallique en acier, Martin Grenonestpenché sur le plan du… bidule qu’il doitfabriquer. Il n’y a pas d’autres mots. Ledessin représente un assemblage hétéro-clite de plaques, de cornières et de tubesau sein duquel un élément articulé estsuspendu. Ça ne ressemble à rien deconnu, mais ça doit être impeccablementreproduit. Dans l’étau, la première piècedu casse-tête commence à prendre

forme; une cornière a été pliée et soudéepour former un grand «U ». Martinprend quelques mesures et réfléchit, l’air concentré, presque préoccupé.Pause-dîner. Plus que trois jours et demi.

21 h, repos !Tous les concurrents canadiens sont réunis, à raison de deux par chambre,dans un petit hôtel à proximité du Stadeolympique. Au programme: bilan de lajournée, préparation du lendemain et re-laxation. Pour Henri, le projet de fenêtreavec œil-de-bœuf a été une surprise.« C’est quelque chose que je ne faisaispas au travail, et que je n’ai pas telle-ment pris le temps de pratiquer pendantmon entraînement. Le plus difficile, c’estl’ordre des opérations pour la fabricationdes joints.» Plongé dans l’inconnu, lejeune homme n’est pas certain de réus-sir à terminer le travail dans les délais.De son côté, après deux jours de com-pétition, Yannick Dupuisest optimiste :« Je suis très satisfait, ça va mieux queprévu. J’ai présenté mes pâtes d’amandece matin, et mes entremets glacés cetaprès-midi. Je pense que c’est bon parceque les juges sont venus me voir tout desuite après. Le juge autrichien m’a faitun clin d’œil. C’est bon signe! » À mi-parcours, la tentation est forte de rêverun peu: « Je visais une cinquième place,mais j’espère une médaille! »

Dimanche 14 novembre, 9 h 15Henri Lachancea assemblé le cadre desa fenêtre. Il lui reste encore à terminerle battant; les meneaux se rencontrent àdes angles étranges, sa partie supérieurecomporte un demi-cercle ouvert vers lebas, qui devra s’encastrer parfaitementsous l’œil-de-bœuf du cadre. YannickDupuis, pour sa part, a commencé son

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Giovanni Chianetta,

un des cinq inspec-

teurs de la CSST à

parcourir le stade

dès le début de

la compétition,

c’est-à-dire dès

la mise en place des

aires de compétition

et du matériel,

a pris beaucoup de

notes et a apprécié

l’expérience.

1 L’événement s’est déroulé à Québec, en juin 2000.

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gâteau de mariage, l’épreuve de la jour-née. Le premier étage est déposé sur un plateau tournant. D’un geste vif etprécis, il applique une glace couleuramande, qu’il lisse parfaitement. «C’estde la régalice2, comme les cigarettesPopeye», expliquent tour à tour deux jeunes filles, Vickie et Karine, qui com-mentent ses moindres gestes. Elles sontétudiantes en pâtisserie, et elles ont ren-contré Yannick à la polyvalente Jacques-Rousseau, de Longueuil, où il fait sonapprentissage depuis septembre. Karineest devenue sa petite amie.

15h 20. Plus que 40 minutes. Le bidule de Martin Grenona pris forme, si l’on peut dire,mais n’est pas encoreterminé. Il reste deux bandes à couper,plier, assembler et souder. La tension et la fatigue se lisent sur son visage.Martin allume son chalumeau, abaisseson masque d’un coup de tête et amorceune découpe.

15h 25. Henri Lachanceinsère le battant dans le cadre de la fenêtre. Il ne s’ajuste pas parfaitement. D’un calmeolympien, il le retire et regarde sa montre.

15h32. Yannick festonne son gâteaude cordons rose pâle. Sa voisine alle-mande chauffe au sèche-cheveux unedécoration de sucre soufflé représen-tant une coupe de cristal d’un surpre-nant réalisme. Dans la foule de curieuxet de gourmands, se trouve StéphaneBrunelet, le moniteur de Yannick pourles gâteaux de noce et le sucre tiré. «Çava très bien, estime-t-il. Yannick est leseul qui démontre les techniques de tra-vail au cornet et de glace royale.»

15h45. C’est le sprint final. Yannickallume son chalumeau au propane, pourassembler de délicates fleurs aux pé-tales nacrés en sucre soufflé— les fleurs sont des éléments imposés. RogerBérubé, son premier moniteur, est venu

de Rivière-du-Loup pour l’encourager:« Je suis très fier de lui. Il est parti de loin! ». Attroupement au stand du concurrent français qui vient de termi-ner une œuvre spectaculaire en orange,rouge et brun, sur laquelle sont fichésdes éléments triangulaires. Les concur-rents de Yannick ont créé des interpré-tations très libres du gâteau de noce, oùéclatent les couleurs vives et les effetsde styles. Seuls le Canada et la Grande-Bretagne ont réalisé des gâteaux tradi-tionnels.

15h58. Sur le dernier étage de songâteau, Yannick dispose sa fleur, sesfeuilles dentelées, sa boule irisée en sucre soufflé. Le chef d’atelier s’ap-proche : « C’est fini? Yannick fait signe que oui. Il dépose son œuvre sur la table de présentation. Il sourit,soupire, et serre la main de sa jeune voisine allemande. Puis il lance à laronde: « Je suis crevé. Quelqu’un va mechercher une bière? »

Dimanche 14 novembre, 16 h 10Henri a réussi à terminer sa fenêtre. Satisfait? «Dans les circonstances, oui.Mais avec plus de temps, j’aurais faitmieux. » Dès son retour au travail, ilcompte mettre à profit son expérience:« Je ramène des idées d’améliorations et des trucs pour moins me fatiguer.»Le bidule de Martin est déposé sur unetable aux côtés de ceux de ses concur-rents. Les bandes de métal sont en place, mais imparfaitement assemblées.« Je suis content, annonce-t-il. Ça au-rait pu être mieux, mais il me manquait 10 minutes! » Il montre son avant-brasoù apparaît une brûlure.« La vitesse,c’est important, mais la sécurité aussi.On n’est pas maso! »

Juliette P. Bailly

(à gauche),

vice-présidente

aux relations

avec les clientèles

et les partenaires

de la CSST, et Diane

Lemieux, ministre

d’État au Travail

et à l’Emploi,

ministre du Travail

et ministre respon-

sable de l’Emploi.

Mercredi 17 novembre, 19 h,cérémonie de clôtureUn gros globe terrestre occupe une partie de la scène aménagée à une extrémité de l’aréna Maurice-Richard.Au programme, des prestations musi-cales de Jorane, de Dubmatique et lacérémonie de remise des médailles. Lapatinoire est envahie par les jeunesconcurrents et leurs accompagnateurs.Dans les estrades, où les membres desdélégations sont venus encourager lesleurs, les clairons français répondentaux cymbales de Taipeh. La Suisse,l’Allemagne, l’Autriche et certainspays asiatiques décrochent le plus de médailles. Le Canada est appelé trois fois : Robert Waite remporte lebronze en Installation électrique,Karine Desroches, le bronze en Servicede restauration, et Jessika Lessard, l’oren Soins esthétiques. En Pâtisserie-confiserie, la victoire est enlevée par lavoisine allemande de Yannick Dupuis.Rien pour lui. «Je suis très déçu,avoue-t-il. J’espérais une médaille.J’ignore ce qui s’est passé. Je vais voiravec mon expert.» Son gâteau demariage, très classique, a-t-il fait la différence? « C’est possible.»

Il y a des déceptions, mais aussi des joies, comme celle, rayonnante, deKarine Desroches: « Je suis fière maissurprise!, lance l’étudiante en tech-nique de gestion hôtelière. Tout lemonde était excellent. Pendant la deuxième journée, je ne me sentais pas vraiment dedans. Mais lors destroisième et quatrième journées, tout allait bien, j’étais confiante.» Les deuxmédaillées du Québec ont gagné unvoyage en France offert par l’Officefranco-québécois pour la jeunesse. Lesautres repartent avec leurs connais-sances, leur confiance en l’avenir etleurs souvenirs. «Je suis satisfait demoi et de mon apprentissage, conclutMartin Grenonà la fin de la cérémonie.Je vais continuer à donner des conseilsaux autres candidats. C’est une trèsbelle expérience, et j’ai beaucoup appris. J’ai vu plein de choses que je n’avais jamais vues… et que je nereverrai probablement jamais! » O

Marc Tison

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2 Fondant commercial aussi connu sous le nomde Regal Ice.

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De gauche à droite, Micheline Boucher, ergonome à la CSN, Anne Morisset,

cadreuse à TQS, Juliette P. Bailly, vice-présidente aux relations avec les clientèles

et les partenaires à la CSST, Andrée Dupont, chargée de projet à la même

vice-présidence, Lisette Lapointe, directrice générale d’Auto prévention,

et Johanne Daly, mécanicienne et propriétaire du garage La clé de contact.

ELLES piquent toute une jase,au colloqueELLES piquent toute une jase,au colloque

Zoom sur les femmes et les métiers non traditionnels

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Novembre 1999. Dans ungrand hôtel du centre-ville de Montréal,450 femmes — on en attendait 300 —de 17 pays, dont la France, la Belgiqueet la Côte-d’Ivoire, ont témoigné, troisjours durant, des écueils à surmonterpour pouvoir participer davantage à l’ac-tivité économique de leur pays. Elles ont aussi échangé moult réflexions sur la formation, sur les aléas du travail quoti-dien dans un univers masculin, sur lasanté et la sécurité du travail et sur cer-tains mythes et préjugés qui ont la viedure dans l’esprit des hommes… et desfemmes. Le colloque, une première enAmérique du Nord, était organisé par le ministère de l’Éducation et Emploi-Québec, et il s’est déroulé en marge du35e Mondial des métiers. Dans le cadredu colloque, la CSST, en collaborationavec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et Auto prévention, association sectorielle paritaire du sec-teur des services automobiles, a orga-nisé un atelier intitulé « La santé et lasécurité au travail: mythes et réalités ».Juliette P. Bailly, vice-présidente aux relations avec les clientèles et les par-tenaires, en a fait l’ouverture, et elle acampé les grandes lignes de son orien-tation. Prévention au travaila choisi dediriger ses antennes curieuses sur les aspects santé et sécurité du travail.

Les participantes en ont eu pour leur déplacement : des stands d’infor-mation animés par des représentants denos grands syndicats et d’organismes travaillant avec et pour les femmes; 20 ateliers, quatre tables rondes, des

conférences, un grand débat et unevidéo. Pour donner une idée de la diver-sité des métiers et des professions exer-cés par les femmes inscrites au colloque,allons-y d’une énumération non exhaus-tive : menuisière, soudeuse, chauffeusede camion, ingénieure en génie civil eten aéronautique, postière, débardeuse,ambulancière, peintre en bâtiment, élec-tricienne, mécanicienne, plombière,technicienne de service en gaz, jardi-nière, soudeuse-monteuse, pompière,éboueuse, etc.

Au Québec, les femmes sont pré-sentes dans quatre des 21 secteurs de laformation professionnelle et technique.C’est peu. Le problème, c’est que tropde personnes des deux sexes croient encore que les métiers dits d’hommes ne conviennent pas aux femmes. Parcequ’ils sont trop durs sur le plan phy-sique, trop salissants, trop exigeants,trop dangereux. Lisette Lapointe, direc-trice générale d’Auto prévention, a évo-qué avec fierté la percée réussie dans le secteur des services automobiles. Il y a une quinzaine d’années, il fallait être fort, endurant et pas trop regardantrayon propreté pour travailler dans ungarage. Le plus souvent, l’air ambiantétait vicié, les locaux insalubres, le cam-bouis et l’huile omniprésents. «QuandAuto prévention a été créée, en 1983, ilsurvenait 12000 accidents par année

dans le secteur, rappelle Mme Lapointe.En 1997, ce chiffre est passé sous labarre des 5000. Cette baisse donne uneidée du progrès accompli depuis et de lavolonté d’agir des travailleurs et des em-ployeurs, sur le plan de la prévention.Les métiers de l’automobile ont énormé-ment évolué et ils sont devenus très inté-ressants pour les hommes et pour lesfemmes. Ils sont valorisants et bien rému-nérés.» Auto prévention a d’ailleurs pro-duit, en collaboration avec la CSST, unevidéo, La passion du métier,dans le butd’inciter jeunes gens et jeunes filles àopter pour la mécanique ou la carrosserie.

Johanne Daly, mécanicienne et pro-priétaire du garage La clé de contact, est convaincue que les femmes peuventaider à transformer un milieu de travail,à le rendre plus sûr: « Lorsque j’étaisemployée et que j’étais sous un véhicule,en train de faire une réparation avec un collègue qui n’avait pas cru bon de protéger ses yeux, je lui demandais: “ Ça ne te tente pas de protéger tes yeux? ” J’ai souvent insisté pour que les règles de sécurité soient respectées.» Mme Daly, qui croit au travail d’équipe,poursuit : « Dans mon garage, 80% dupersonnel est féminin. Une de mes em-ployées est grosse comme une puce,pourtant elle peut faire tout ce qu’unhomme fait. Mais elle utilise de bonnesméthodes pour ne pas se blesser, pour

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ne pas faire d’efforts excessifs. L’ima-gination, l’ingéniosité des femmes per-mettent une meilleure organisation dutravail. »

Le mythe de l’homme moyenQuantité de postes, d’outils et d’équipe-ments de protection ont été conçus enfonction de l’homme de taille moyenneet de la femme de taille moyenne.« Mais ils n’existent pas, dans les faits!soutient Micheline Boucher, ergonome à la Confédération des syndicats natio-naux (CSN). La taille moyenne d’unQuébécois est de 1 mètre 75. Sauf queceux qui ont cette taille n’ont pas néces-sairement ce qui devrait aller avec: unpoids moyen, une longueur moyenne debras et de jambes, etc. Même chose pourla force. Tout comme certains hommessont plus petits que la moyenne desfemmes, certaines femmes sont plusfortes que la moyenne des hommes.»

Alors, que devrait-on faire si l’onveut favoriser l’entrée des femmes dansdes secteurs non traditionnels? Lespropositions de Mme Boucher sont nom-breuses. «D’abord, tenir compte des différences biologiques, ne serait-ce que de la fonction de reproduction. Ne pas oublier que le pourcentage des tissus adipeux est plus important chez les femmes. On sait que certaines substances toxiques s’accumulent plusfacilement dans ces tissus, ce qui faitque dans certaines situations, elles pré-sentent plus de risque, et le niveau d’exposition doit donc être ajusté. Créerdes outils qui s’adaptent bien au corpsdes femmes, entre autres à leurs mains,pour qu’elles puissent appliquer toute

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la force dont elles sont capables. Favo-riser la mise en place de plans de travail,d’outils et d’appareils réglables plutôtque fixes. Concevoir des lunettes, deschaussures et des gants convenant à lamorphologie des femmes, ce qui avan-tagera aussi les hommes plus petits quela moyenne. Réduire les efforts exces-sifs en prévoyant des aides mécaniqueset en encourageant le travail d’équipe.Prévoir une période d’apprentissage fa-vorisant la transmission et la maîtrisedes ficelles du métier. Permettre auxfemmes d’avoir recours à des façons différentes de travailler. Un exemple :j’ai été postière pendant 12 ans. Je mesouviens que je ne portais pas mon saccomme mes collègues masculins. Lemétier me permettait d’organiser montravail autrement.» Mme Boucher ter-mine en rappelant qu’un travail trop dur pour une femme est aussi trop durpour un homme! Et que la concertationemployeurs, travailleurs, travailleuses et syndicats est essentielle si l’on veutmaintenir des femmes dans des postesdits non traditionnels et améliorer lasanté et la sécurité de tout le monde.

Caméra à l’épauleDepuis 10 ans, Anne Morisset est ca-dreuse (camerawoman, dans le jargondu métier), au service des nouvelles deTQS. Il n’y a pas encore beaucoup defemmes dans ce secteur traditionnel-lement réservé aux hommes. À Radio-Canada, par exemple, les femmesreprésentent moins de 10% du person-nel dans les services techniques. Courirla nouvelle par tous les temps avec unappareil pesant 15 kilos n’est pas facile,

Mme Morisseten convient. «Il faut êtreen forme, avoir une bonne alimentation,prendre suffisamment de repos. Mais les progrès technologiques ont changé la donne. Depuis août 1999, TQS a renouvelé sa collection de caméras etremplacé les grosses Bétacam par des modèles numériques plus petits et plus légers. L’appareil et ses accessoirespèsent maintenant environ 7 kilos.» Etpuisque le verglas est un des ennemisdes cadreurs et des cadreuses, l’em-ployeur, à la demande du syndicat, afourni des bottes à crampons.

Une femme forteD’origine belge, Anne Nyssena 32 anset elle travaille comme soudeuse. Elle se souvient de ses débuts: « Je me suisretrouvée dans un monde d’hommes.Rien n’avait été préparé pour mon ac-cueil et mon apprentissage.» Le plusimportant, pour cette jeune femme qui a accordé une entrevue exclusive aumagazine, a été d’apprendre à s’expri-mer sans pour autant confronter ses collègues. «Ce que j’ai trouvé et que je trouve encore difficile, c’est de faireadmettre que je veux bien performerdans mon travail, mais pas comme leshommes. Je veux aussi que l’on recon-naisse que je suis plus qu’une soudeuse.J’entretiens l’atelier, je veille à la sécu-rité, je gère les rapports humains, et pour tout ça, je ne suis pas payée. C’estun acquis de la sphère domestique quej’intègre à mon travail et qui est rare-ment respecté, valorisé. Je ne veux pasy renoncer, je ne travaille pas pour gagner ma paye, mais pour acquérir descompétences et trouver un certain épa-nouissement.»

Anne a fait des études de nature uni-versitaire, elle aime la philosophie, lapsychanalyse, les arts, mais au plus pro-fond de son être, c’est une manuelle. Petite, elle a beaucoup travaillé avec ses oncles qui étaient presque tous desmanuels. «J’étais en quelque sorte leprolongement de leurs mains. On trouvedu pouvoir dans ce genre de travail, at-tention, pas sur les autres, mais sur lamatière. C’est une façon de s’énergiser,de s’exprimer.» Plusieurs femmes, dansleur témoignage, ont insisté sur la pas-sion qu’elles éprouvent pour le travailmanuel. Certaines ont ajouté qu’elles aiment travailler au milieu d’hommes,en dépit des difficultés qu’elles doiventsurmonterpour être acceptées et res-pectées, sur le plan professionnel.

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Mécanicienne

et propriétaire

de son garage,

Johanne Daly

est convaincue

que les femmes

peuvent rendre

un milieu

de travail

plus sûr.

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Si les femmes se heurtent à un pla-fond de verre dans le travail de bureauet dans les postes d’administration, il enva de même dans le milieu ouvrier, sou-tient Anne Nyssen. « Je voudrais pro-gresser, devenir soudeuse-plongeuse ouencore soudeuse sur une plate-forme de

forage, mais je n’y arrive pas. Les em-ployeurs me refusent un poste parce que la promiscuité qu’engendre le milieude travail ne leur permet pas d’intégrerdes femmes. On a encore du chemin à faire! »

Comment changer un homme ?Il est très difficile de faire comprendreaux collègues masculins qu’en dehorsdes impératifs du boulot, il y a une façon différente d’envisager le travail. Là-dessus aussi, les témoignages enten-dus étaient unanimes. Comment s’yprendre? Des travailleuses québécoisesont posé la question à Anne Nyssen. Lajeune femme a expliqué qu’elle utilisede préférence la pause du midi pour fairepasser ses messages. «Quand on mangeensemble, qu’ils lisent leur journal aulieu de se parler, de me parler, ça mefâche. Souvent, ces hommes qui travail-lent ensemble depuis des années igno-rent la situation familiale de chacun. Ilsne savent pas si untel a des enfants, unepetite amie, s’il fait face à des difficultés,etc. Toutes choses qui sont pour moifondamentales, parce que je travailleavec eux, et que s’ils sont préoccu-pés par ce qui survient dans leur sphèrefamiliale, il y aura des répercussions sur leur travail. Je leur explique et ils

découvrent ça, petit à petit.» Lesblagues sexistes fournissent aussi à Anne une autre occasion d’intervenir.« J’ai essayé des tactiques variées et une, la sincérité, a marché: “ Écoute, ceque tu viens de dire me blesse vrai-ment! ” Même la plus épaisse des brutesfinit par comprendre, je vous assure…C’est comme l’entretien des machines.On est sensé le faire ensemble. Maisc’est toujours moi qui écope. Alors jeleur demande: C’est pas possible, lesmecs, vous ne savez donc pas tenir unaspirateur? »

Pourquoi la perception de la préven-tion est-elle différente, selon qu’on esthomme ou femme? « Il y a plusieursraisons à ça, croit Anne. Les femmes ont une vision plus holistique. Elles nefragmentent pas les choses, elles lesvoient dans un ensemble. Exemple:quand je travaille, je suis toujours trèsattentive aux mouvements de mes col-lègues. À là où ils sont. Je ne tronçonne jamais dans leur direction. Eux, ils tronçonnent presque toujours dans la mienne. Et je me ramasse toutes les par-ticules en fusion! C’est quelque chosequi est lié à l’organisation spatiale, aucorps et, en tant que femmes, c’est l’édu-cation qui nous astreint à développer ce type de sensibilité. Il est possible de rendre les hommes conscients de ceschoses, mais c’est un travail énorme.»

À force d’observer ses collègues, Annea constaté que les hommes n’ont pas nonplus la même conception de l’espacephysique que les femmes. «Ils prennenttellement de place qu’ils me gênent dansma tâche — on se retrouve parfois à deuxdans un diamètre de 2 m 50. Alors il fautleur expliquer ces choses, en douceur, sil’on veut qu’ils changent.» Lui arrive-t-il de devoir hausser le ton? «Oui, unefois, il y avait un ouvrier très bruyant qui passait son temps à jeter ses clés parterre, ce qui me mettait les nerfs à vif.Un jour, le mec a délibérément tapé surla pièce qu’un collègue et moi étions entrain de souder. Je suis sortie de mesgonds, j’ai pris un marteau et je suis allée taper sur le banc du type en l’aver-tissant : “ Tu ne le fais plus jamais, JAMAIS! La prochaine fois, tu le prendsdans la gueule! ” Il y a des fois où il fautparler de manière à faire comprendrequ’il n’y a pas de discussion possible.C’est important de se faire respecter, de faire savoir au collègue qu’il y a despoints sur lesquels, c’est bien dommage,on ne changera pas d’avis! La sécurité,

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Anne Morisset, cadreuse à TQS,

court la nouvelle, caméra

à l’épaule. Peu de femmes au Québec,

pour l’instant, exercent ce métier.

À l’aide d’une rectifieuse,

Anne Nyssen, soudeuse

professionnelle, ébarbe

l’excédent de soudure

d’une pièce métallique.

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entre autres. Moi, je ne veux pas risquerma vie! Parfois, certains me font peur et je les avertis: “ Arrête, ça me rendmalade de te voir travailler comme ça! ”Je suis incapable de bosser à côté dequelqu’un qui risque de se faire couperla main ou de me blesser par simple négligence des règles les plus élémen-taires de prévention! »

La jeune soudeuse n’hésite pas à parler à un collègue lorsque son com-portement porte atteinte à sa sécurité.« En général, ça se passe assez bien. Je dis toujours les choses gentiment,quand je peux. Mais si je suis vraimenttrès effrayée, alors là, ils m’entendent!Comme je suis toujours très calme, trèsconciliante, ils sont assez surpris de ma réaction. Au début, ils me font desréponses bêtes parce qu’ils sont mal à l’aise, et ça aussi il faut savoir l’ac-cepter. À force de travailler avec lesmecs, j’ai appris que ce n’est pas lapeine d’insister quand le courant estcoupé. Et qu’il ne faut pas les coincer endiscutant, ne jamais s’imposer dans unrapport de force. Donc, quand quelquechose de difficile est arrivé, j’essaie toujours d’en reparler le lendemain. Ça veut dire savoir s’excuser d’avoir été unpeu trop vive, d’abord, et vérifier si lecourant passe ou pas…»

Des femmes, pour changerAnne Nyssena travaillé sur des chan-tiers à l’étranger: « En Allemagne et en Angleterre, les normes de sécu-rité sont beaucoup mieux suivies qu’en Belgique. Chez nous, il y a des normesde sécurité, mais elles sont peu respec-tées. Dans certaines entreprises, il y aune personne payée pour veiller à lasécurité du chantier. Elle fait son travail,mais elle n’a pas de moyen de pressiondirect pour contraindre l’employeur oule travailleur. Il y a aussi un manqued’information, une ignorance des règlesdu milieu. Les ouvriers ont une façon decommuniquer entre eux qui est beau-coup plus directe que celle des employésde bureau, par exemple. Il y a des as-pects négatifs à ça. Si les ouvriers necomprennent pas ce que l’employeurmet en place, en guise de réaction, ilspeuvent faire barrage, envers et contretout bon sens. Quand on veut imposer lasécurité, c’est beaucoup mieux de tra-vailler à partir de l’atelier, petit à petit,

de trouver une façon d’intéresser les ouvriers à l’information.

Certains travailleurs ne respectentpas les mesures de sécurité parce qu’ilsse sentent frustrés de n’être pas respec-tés, écoutés, ajoute Anne en terminant.« Alors ils adoptent un comportementautodestructeur. Je ne sais pas très biencomment on peut lutter contre, mais jepense qu’en intégrant une plus grandemixité dans les milieux de travail, on yarrivera plus facilement.»

Juliette P. Bailly, vice-présidente auxrelations avec les clientèles et les parte-naires à la CSST, en est convaincue.Après avoir rappelé que la Commissiontravaille avec plusieurs de ses parte-naires pour faciliter, justement, l’accèsdes femmes aux métiers non tradition-nels, elle a déclaré que leur arrivée dansplusieurs secteurs a été source d’inno-vations: « Elles ont fait avancer bien deschoses. Par leurs interventions, elles ontprouvé que le temps de la valorisationde la force physique au détriment de lasanté et de la sécurité est révolu. Leurcontribution a permis, sans l’ombre d’undoute, d’améliorer les conditions de travail de tout le monde.»

5 pieds 2,80 000 livresAu Québec, 605 femmes conduisent despoids lourds. La réalisatrice NathalieTrépanier leur a consacré un film quiplonge le spectateur dans un univers trèsparticulier habité par la Star, l’Angeblanc, le P’tit microbe, la Grenouille,etc., des camionneuses amoureuses deleur métier, de la route et de la nature.Pour ne pas gâcher le plaisir de celles etceux qui n’auraient pas encore vu ce

document produit par l’Office nationaldu film du Canada, allons directement à la séquence de l’accident survenu àSylvie Richer, dite la Star. Un matin, elleconstate que les freins de la remorquequ’un client lui a demandé de conduireen ville sont malades. Elle lui téléphoneet lui suggère d’arrêter pour faire réparer.« Pas question, répond le client. Tu t’envas en ville direct.» Ce qui devait arri-ver arriva : les freins ont manqué et lecamion a versé. Sylvie a failli perdre lavie. Deux ans de réadaptation. Quant à son camion, il n’a pas survécu. Et toutl’univers de la Stara basculé.

Après la projection, une camionneusea déclaré que dans l’industrie du camion-nage, de plus en plus d’employeurs com-mencent à se rendre compte que lesfemmes sont plus attentives à la sécuritéroutière, qu’elles sont aussi plus calmeset plus fiables. Dommage que l’impru-dent client de la Star n’ait pas été là.

La filière danoisePourquoi les femmes entrepreneuresdanoises doivent-elles être hors du commun? « Parce qu’elles le sont! », a affirmé Nete Svennekjaer, conseillère en équité en emploi au Danish Public Employment Service. «Pendant long-temps, les femmes de notre pays qui devenaient veuves devaient se remariersi elles voulaient continuer à travaillerpour une entreprise. Les modèles de ges-tion étaient essentiellement masculins.Heureusement, les mentalités commen-cent à changer grâce à des sondagescommandés par le gouvernement danois.Ils ont montré que les femmes ne tra-vaillent pas comme les hommes etqu’elles n’ont pas les mêmes ambitions.

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Sylvie Richer, dite la Star,

l’une des vedettes du film 5 pieds 2,

80 000 livres, a été victime d’un grave

accident qui aurait pu être évité

si l’employeur l’avait écoutée.

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ILS s’intéressent à la production de biens, tandis qu’ELLES sont davantageattirées par le secteur des services. ILSvoient gros lorsqu’ils se lancent en af-faires. ELLES voient petit. ILS fontpasser les problèmes financiers en pre-mier. ELLES croient que les problèmesfamiliaux sont prioritaires.

Les banquiers préfèrent les hommesDe manière générale, les femmes qui selancent en affaires ont du mal à obtenirla confiance des banquiers. Elles sont accueillies avec méfiance parce qu’ellessont prudentes et réclament de petitessommes, pour commencer. Si tout vabien, elles demandent un nouveau prêt.C’est une erreur de planification, sou-tiennent les banquiers. «Pourtant, lesfemmes entrepreneures prennent des décisions sages, elles sont tout à fait capables de faire ce que les hommesfont, mais autrement», souligne la conférencière. Restait à convaincre lesDanoises qui avaient une piètre opinionde leurs capacités. «Pour y parvenir,nous avons décidé de concevoir pourelles de nouveaux modèles et de chan-ger les règles du jeu.»

C’est ainsi qu’est née KIN Caravan,financée en partie par l’Union euro-péenne. Il s’agit d’une exposition-ventesous la tente de produits fabriqués pardes femmes entrepreneures. «Nous avonsorganisé une première grande tournéeeuropéenne avec 90 entrepreneures deplusieurs pays. KIN Caravan s’est arrê-tée à Paris, Bruxelles, Copenhague et Berlin. Boulangères, joaillières,

artisanes, traiteures, etc., ont échangéleurs idées, comparé leur façon defaire. » Un autre projet a vu le jour: lamaison de commerce KIN, conçue parune architecte. Il s’agit d’un lieu de réunion animé par des femmes pour lesentrepreneures. «KIN est un formidablecreuset à idées, estime Mme Svennekjaer,et le ministère du Commerce de notrepays s’intéresse beaucoup à ce qui s’ypasse. Tellement, que le personnel desoutien de la maison a une ligne télé-phonique directe avec le ministre duCommerce! »

Un formidable flairLes femmes ont des idées que les banquiers qualifient de bizarres et de surréalistes, déplore Mme Svennekjaer.Exemple : une infirmière décide dechanger de métier. Elle veut devenirphotographe de… chevaux de course.Elle explique son idée au banquier quilui refuse le prêt, jugeant son projet insensé. La femme se débrouille, suit un cours de photographie et ouvre un petit studio. Elle court les tournois et les compétitions équestres. Elle finit parse faire un nom et aujourd’hui, elle estconnue à travers toute l’Europe commeLA spécialiste des photos de compéti-tion équestre, féline et canine. «Lesfemmes ont du flair, de l’intuition, ellesrepèrent vite les besoins d’un milieu,elles sont aussi débrouillardes et tenaces,croit Mme Svennekjaer. D’ailleurs, lesstatistiques le montrent clairement, enaffaires, trois femmes pour sept hommeséchouent. En outre, les femmes rem-boursent davantage leur prêt et leur entreprise dure plus longtemps.» O

Monique Legault Faucher

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KIN Caravan est une grande exposition,

sous la tente, de produits fabriqués

par des femmes entrepreneures.

Paris, Bruxelles, Berlin et Copenhague

l’ont accueillie.

Entendu…« Les femmes veulent la mêmechose, partout : montrer qu’elless o n t c a p a b l e s d ’ i n t é g r e r l e smétiers non traditionnels. Mais les entreprises ne font pas leur travail. C’est leur responsabilité de voir à ce que nous ne soyons pas blessées, harcelées, poussées à donner notre démission. » (Une participante du Québec).

Quelques référencesFRONT(Femmes regroupées en option non traditionnelle)Site Web: www.front.qc.ca

Formation’ElleProgramme d’orientation et d’intégrationdans les métiers non traditionnels du Centre des femmes de MontréalTél. (514) 842-4776, téléc. (514) 842-7897

Le réseau national WITT, CanadaSite Web: www.wittnn.com/

Auto préventionAssociation sectorielle services automobilesSite Web: www.autoprevention.qc.ca

Office national du film du CanadaSite Web: www.onf.ca/camionneuses

Pour en savoir plusNuméro spécial de Prévention au travail« Femmes au travail », vol. 12, no 3, été 1999.« Sur la route des non-trads — Pourquoiles métiers qui offrent les meilleures perspectives d’avenir rebutent-ils toujoursles filles? », La Gazette des femmes,vol. 21, no 4, novembre-décembre 1999.

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« Les femmes sont tout à fait

capables de faire ce que les

hommes font, mais autrement »,

d’expliquer Nete Svennekjaer,

conseillère en équité en emploi

au Danish Public Employment

Service.

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En raccourci

Les huit (!) péchés capitauxLes vacances approchent et vous frétillez à l’idéed’aller taquiner le poisson ? Voici quelques conseils de sécurité à respecter, afin que ni vous ni votre périple ne tombiez à l’eau, car la prévention a sa place, même en vacances :

Planifiez : avertissez quelqu’un de votre destination et du moment de votre retour.Portez toujours votre gilet de sauvetage.Apportez des vêtements chauds, portezplusieurs épaisseurs de vêtements et munissez-vous d’un blouson imperméable.Réduisez votre consommation d’alcool au minimum.Vérifiez les prévisions du temps. En cas de tempête, réfugiez-vous à terre, dans un bâtiment ou une voiture. En cas d’orage, quittez le lac et votre embarcation.N’abandonnez pas votre embarcation, si elle est inondée, restez près d’elle. D’ordinaire, les embarcations restent à la surface et dérivent jusqu’au rivage.Emportez une trousse de premiers soins.Protégez-vous des coups de soleil.Morale : ne laissez pas le plus petit péché

gâcher une si agréable activité… O FM

Source: Le Point Santé – Clinique Mayo.

Asthme professionnelUn nouveau réseau de référence

Vous avez entendu parler du programme provincial isocyanates (PPI), une priorité à la CSST. Vous savezégalement que cette substance est le premier des sen-sibilisants respiratoires. Mais ce que vous ignorezprobablement, c’est qu’un tout nouveau réseau deréférence pour l’asthme professionnel causé par les iso-cyanates est en train de prendre racines, au Québec, etqu’il sera très précieux pour le réseau de la santé dutravail… et pour les travailleurs et les travailleuses.

L’asthme causé par les isocyanates est une maladieprofessionnelle. Mais encore faut-il que la personneatteinte soit consciente qu’il existe un lien entre ses trou-bles de santé et son milieu de travail, et qu’elle se décideà consulter un médecin. Ce dernier devra tenir comptede plusieurs facteurs confondants: température habi-tuelle au poste de travail, sensibilité individuelle, etc.

Le nouveau réseau de référence mis sur pied par Jules Turcot, conseiller à la Direction de la prévention-inspection de Québec de la CSST, et Daniel Nadeau,

médecin conseil à la Régie régionale de la Montérégie,réunira une vingtaine de médecins du réseau de la santé publique. Grâce à leur situation privilégiée, cespraticiens pourront orienter correctement le travailleuret s’assurer que les examens pulmonaires nécessairesseront faits. Dans ce contexte, ils pourront égalementconsulter des pneumologues experts de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, les Drs André Cartier, Jean-Luc Malo, Manon Labrecque et Alain Desjardins, soit pour obtenir des précisions, soit pour avoir un deuxième avis. Bref, tout le monde y trouvera soncompte, les travailleurs réellement atteints pourront être dirigés plus rapidement vers les instances médi-cales les plus appropriées, vers le médecin généraliste,un spécialiste, et au besoin vers la CSST. Les médecins,pour leur part, pourront éventuellement améliorer lepronostic de la maladie en dépistant plus rapidement les travailleurs atteints. Le travail et les retombées duréseau de référence seront évalués par la Dre ManonLabrecque. On sait que ce sera un plus, mais on veutsavoir à quel point! O MLF

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Une 100e pour un comité baraqué !La rencontre fait désormais partie de l’histoire. En mars 2000, le comité derévision du Code de sécurité pour les travaux de constructions’est réuni pourla centième fois. Ses membres en ont abattu de la besogne, depuis la premièreréunion, le 1er septembre 1981, sous l’égide de la CSST. Il y a eu des cen-taines d’heures de réflexion et de discussion, des travaux en sous-comités surdes questions costaudes: l’amiante, les grues, les pompes à béton, la normeBNQ, la soudure, les engins élévateurs à nacelle, etc. Une contribution soutenue,à l’enseigne du partenariat, pour le plus grand bien des travailleurs et des employeurs du Québec. Les « centenaires » ont célébré l’événement et notrephotographe en a profité pour immortaliser la fête sur pellicule.

Première rangée, de gauche à droite: Paul-André Loiselle, Direction des relations avec les partenaires, CSST; Luc Boily, Association des constructeursde routes et grands travaux du Québec; Viviane Beauvais, Direction de laprévention-inspection, CSST; André Guénette, entreprise Gastier, OlivierLemieux, CSN-Construction; Lorraine Harvey, Direction des relations avec lespartenaires, CSST; Richard Goyette, Conseil conjoint de la FTQ-Constructionet international. Deuxième rangée: Gaétan Morneau, Montage d’acier inter-national inc.; Sylvain Parisien, Association de la construction du Québec; Jean-Guy Martel, Recherche sécurité et ingénierie, IRSST; Pierre Bouchard,Direction de la prévention-inspection, secteur Construction CSST; FrançoisVoisine, Construction DJL. inc.; Jacques Moisan, Ordre des ingénieurs. O MLF

Formation en toxicologie et santé au travailDepuis 1983, l’Université de Montréal offre un programme d’études de2e cycle dans le domaine de la toxicologie, sanctionné par un diplômed’études supérieures spécialisées (DESS). Deux options sont offertes :toxicologie générale et analyse du risque.

Les objectifs généraux du programme : former des scientifiques pos-sédant une connaissance des principes et de la méthodologie propres à la toxicologie, et qui seront capables de reconnaître les problèmescausés par l’exposition à des agents chimiques, d’évaluer les propriétéstoxiques de ces agents, de prévoir la portée d’un risque et d’intervenirutilement dans la solution des problèmes d’ordre toxicologique.

Le programme s’adresse à des candidats possédant déjà un champd’activités spécialisées (professionnels des sciences de la santé humaineou animale, chercheurs en sciences biomédicales ou en sciences natu-relles), ou en voie d’acquérir une formation spécialisée. Il leur permetd’enrichir leurs connaissances en toxicologie pour d’éventuelles applica-tions dans leur spécialité respective. Pour plusieurs candidats, l’admis-sion au programme peut réorienter leur carrière vers la toxicologie.

En outre, le programme de DESS en toxicologie et analyse du risquepermet le passage à la maîtrise en santé environnementale et santé autravail offerte par le Département de médecine du travail et d’hygiènedu milieu de l’Université de Montréal. Pour plus de renseignements surce programme d’études, tél. (514) 343-2280, ou téléc. (514) 343-6668. O

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Soudage et coupageSuivez le guide…Les tâches reliées au soudage et au coupage comportent plusieursrisques pour la santé et la sécuritédu travail. Voilà pourquoi l’Asso-ciation paritaire pour la santé et lasécurité du travail— secteur fabri-cation de produits en métal et deproduits électriques— a publié unguide pour les entreprises de sonsecteur. Le document de 120 pagess’adresse aux travailleurs exerçantdes activités de soudage et de cou-page, à leurs superviseurs et auxmembres des comités de santé et desécurité.

Abondamment illustré, le guidedécrit de façon claire les risquesphysiques et chimiques présentsdans l’environnement du soudeur etdu coupeur. Et, bien sûr, les moyensde prévention leur permettant de leséliminer, de les diminuer, à tout lemoins de les maîtriser. Pour faci-liter la consultation du document,les auteurs ont abordé les risquesavec méthode, en fonction des quatre classes des procédés les plusconnus et les plus courants: pro-cédés à l’arc électrique, par résis-tance, par faisceau laser et enfinprocédés oxygaz. Pour plus de ren-seignements, communiquer avecl’Association paritaire pour la santéet la sécurité du travail— secteurfabrication de produits en métal etde produits électriques: tél. (514)253-5549, ou (418) 652-7682, téléc.(514) 253-8193 ou (418) 652-9348.Site Web: www.aspme.org. O MLF

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Prévention au travail OQu’est-ce que l’Association québécoise pour l’hygiène, la santé et la sécurité du travail (AQHSST) ?

SB et CM O Fondée en 1978, l’asso-ciation se consacre à la promotion desconnaissances relatives à la santé et lasécurité du travail. Elle compte actuel-lement 700membres provenant de milieux divers : entreprises, syndicats,universités, régies régionales de lasanté et des services sociaux, associa-tions sectorielles paritaires, CSST etIRSST. C’est, en fait, la plus grande association de professionnels en santéet sécurité du Canada, et la plus grandeassociation francophone du mondedans ce domaine. Il ne s’agit pas d’uneassociation professionnelle, mais plu-tôt d’une association de spécialistes de la santé et de la sécurité.

PT O Pourquoi n’êtes-vous pas une association professionnelle ?

SB et CM O L’hygiène industrielleet la santé et sécurité du travail cons-tituent un champ de compétences multidisciplinaires. Il n’existe doncpas, actuellement, de formation uniquepour exercer dans ce domaine d’inter-vention. Nous avons toutefois bon espoir d’assister, d’ici peu, à la créa-tion de programmes universitaires en gestion de la santé et de la sécu-rité du travail. Ceci n’empêche pasnotre métier d’être très exigeant et de demander des connaissances très éten-dues dans des domaines complémen-taires comme la physique, la chimie,la physiologie, la toxicologie, la mé-decine, le génie, le droit et la gestiondes ressources humaines. Nos mem-bres ont donc une formation dans des disciplines variées qui allient lessciences à divers autres domaines.Bien qu’il leur soit impossible d’êtredes spécialistes dans toutes ces disci-plines, leur particularité est d’avoirune excellente vue d’ensemble du domaine, en plus de leur spécialité respective.

PT O Comment l’AQHSST établit-elle un lien entre ces compétences ?

SB et CM O Notre association estunique en son genre, en ce sens qu’ellemet à profit l’impressionnante com-pétence collective de ses membres.L’AQHSST constitue, en effet, unréseau d’entraide où chacun apporte lemeilleur des disciplines qu’il pratique.Nos membres savent qu’il est capital detravailler ensemble. Ils savent qu’ilspeuvent compter les uns sur les autrespour obtenir l’information qui leur permet de maîtriser avec efficacité tousles problèmes de santé et de sécurité,quelle que soit leur nature. Grâce à ceréseautage, ils sont forts non seulementde leur propre compétence, mais ausside celle de leurs collègues.

| Prévention au travail | Été 2000 |46

Perspectives

Qu’est-ce qui caractérise les membres de l’Association québé-

coise pour l’hygiène, la santé et la sécurité du travail (AQHSST) ?

« La passion du métier et le sens de l’entraide ! », répondent en

chœur Sylvie Boucher, présidente de l’AQHSST et directrice

santé-sécurité chez Paccar, et Christian Millet, vice-président

de l’AQHSST 1 et directeur général de l’Association paritaire pour

la santé et la sécurité du travail du secteur de l’habillement.

Cette passion et cette solidarité sont d’ailleurs évidentes, tout

au long de l’interview pendant laquelle les phrases commencées

par l’un… sont terminées avec enthousiasme par l’autre.

L’AQHSSTLa passion de la santé et de la sécurité du travail

1 Au moment où l’entretien a eu lieu.

Plusieurs membres de l’AQHSST, exerçant

diverses disciplines, ont participé à la

production de ce guide, avec le soutien

technique de la CSST. But visé : contribuer

à assurer la salubrité de l’air dans les

locaux de services de garde préscolaire.

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PT O En pratique, comment cela se passe-t-il ?

SB et CM O Nos membres établissententre eux des contacts privilégiés lorsdes diverses activités organisées parl’association. Cela fait partie de noshabitudes d’avoir le réflexe de con-sulter, s’il y a lieu, un collègue pourobtenir les renseignements complé-mentaires à la fine pointe du savoirdont nous avons besoin pour régler lesproblèmes. Axé sur la recherche de solutions, le forum de discussion denotre site Web est également très acha-landé. Celui-ci permet d’obtenir des informations sur des questions poin-tues ou d’actualité toute récente. C’estun excellent moyen, par exemple, de se mettre au courant des risques d’ex-position à un produit chimique nou-veau sur le marché.

PT O L’échange est donc capital dansl’exercice de votre métier?

SB et CM O Oui. Et tous les moyenssont bons pour favoriser cet échange etassurer la mise à jour continuelle desconnaissances. Nous sommes bran-chés sur l’actualité et nous nous servons

de multiples véhicules pour diffuserl’information : bulletins, congrès, col-loques, activités de formation et siteWeb. Lancé en janvier 1999, notre siteest le premier centre virtuel franco-phone d’information en santé et sécu-rité du travail. Il contient, de plus, desliens vers d’autres sites majeurs dans ledomaine. C’est aussi notre fenêtre surle monde, car des spécialistes d’autrespays le fréquentent de plus en plus.

PT O Donc, vous êtes vraiment au cœur de l’action, avec des forcesvives à orchestrer ?

SB et CM O En tant que gestionnairesde la SST, nous sommes en mesure deréunir les personnes compétentes pourrésoudre un problème, de rendre pos-sible le fonctionnement d’une équipemultidisciplinaire, et de tirer parti de la compétence de tous.

PT O Le paritarisme, vous y croyeztrès fort ?

SB et CM O La SST a aussi un côtéhumain. Pour exercer leur rôle, les res-ponsables de la santé et de la sécuritédu travail se fondent sur un paritarisme

constant, car cela ne peut pas marchersi les employeurs et les travailleurs netravaillent pas ensemble. Nos spécia-listes jouent donc le rôle d’interface entre ces derniers, les ressources hu-maines et le syndicat. Ce rôle de maîtred’œuvre en santé et en sécurité, c’estnotre spécialité et nous la défendonsavec passion.

PT O Encore la passion !

SB et CM O Oui, la passion fait vivre notre association qui compte surle bénévolat pour fonctionner. Noussommes tous des volontaires, nousn’avons pas de directeur général rému-néré, et tous nos comités chargés defaire avancer les dossiers sont compo-sés de bénévoles. Le congrès de l’Asso-ciation, qui réunit chaque année tant de congressistes qu’il est nécessaire deréserver des locaux trois ans à l’avance,est aussi entièrement organisé par desmembres bénévoles. C’est un bon indi-cateur de passion pour le métier!

PT O Quels genres de problèmesrisquent d’être sur la sellette au cours des prochaines années ?

SB et CM O Les problèmes d’ergo-nomie, de stress, et de violence en milieu de travail. Il y a aussi le vieil-lissement de la main-d’œuvre, qui nousobligera à avoir recours à de nouvellesméthodes de travail pour diminuer lescontraintes. En outre, nous chercheronsde plus en plus à sensibiliser les tra-vailleurs et les employeurs aux coûtsliés aux accidents et aux maladies professionnelles et à la rentabilité qui découle de la mise en œuvre de me-sures de santé et de sécurité bien adap-tées. Nous croyons, en effet, qu’il estrentable d’investir en SST et nous fe-rons en sorte de le faire savoir... avecpassion! O

Site Web : www.aqhsst.qc.ca

Suzanne Cohen

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Sylvie Boucher, présidente de l’AQHSST

et directrice santé-sécurité chez Paccar,

et Christian Millet, vice-président de

l’AQHSST au moment de l’entrevue,

et directeur général de l’Association

paritaire pour la santé et la sécurité

du travail du secteur de l’habillement.

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