Pour en finir avec la «HQE» -...

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d’A 133 - novembre/décembre 2003 1 dossier Alors que depuis dix ans polémiques stériles et débats abscons fleurissent autour du concept de Haute Qualité Environnementale (HQE), de plus en plus de professionnels français refusent de sacrifier l’architecture à des critères technocratiques et pratiquent avec succès une démarche environnementale pragmatique et efficace. Ce dossier témoigne d’une évolution sensible dans le domaine des équipements publics, de l’habitat et des lieux de travail et met en valeur une coopération constructive entre maîtres d’ouvrage, architectes, ingénieurs, économistes, entrepreneurs et artisans autour d’une motivation commune : allier écologie et économie et répondre aux besoins des usagers, tout en respectant l’environnement. Pour en finir avec la « HQE » ? Il n’y a pas d’architecture sans démarche environnementale Dossier réalisé par Dominique Gauzin-Müller Développement durable : de l’architecture bioclimatique à la démarche environnementale p. 20 Écologie : des architectes s’engagent p. 22 Gilles Perraudin, un pionnier p. 23 Un programme, trois sites: les aires d’autoroute de la Somme, du Lot et de la Corrèze p. 24 Densifier l’habitat p. 28 L’enseignement, un lieu privilégié d’expériences p. 31 Aire du Lot. Architecte : Bruno Mader. © Hervé Abbadie p 18/33 DOSSIER SR 7/11/03 14:03 Page 1

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Alors que depuis dix ans polémiques stériles et débats absconsfleurissent autour du concept de Haute Qualité Environnementale(HQE), de plus en plus de professionnels français refusent desacrifier l’architecture à des critères technocratiques et pratiquentavec succès une démarche environnementale pragmatique etefficace. Ce dossier témoigne d’une évolution sensible dans ledomaine des équipements publics, de l’habitat et des lieux detravail et met en valeur une coopération constructive entre maîtresd’ouvrage, architectes, ingénieurs, économistes, entrepreneurs etartisans autour d’une motivation commune : allier écologie etéconomie et répondre aux besoins des usagers, tout en respectantl’environnement.

Pour en finir avec la « HQE » ?Il n’y a pas d’architecture sans démarche environnementale

Dossier réalisé par Dominique Gauzin-Müller

Développement durable :

de l’architecture bioclimatique à

la démarche environnementale p. 20

Écologie : des architectes

s’engagent p. 22

Gilles Perraudin, un pionnier p. 23

Un programme, trois sites:

les aires d’autoroute de la Somme,

du Lot et de la Corrèze p. 24

Densifier l’habitat p. 28

L’enseignement, un lieu

privilégié d’expériences p. 31

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Aire du Lot. Architecte : Bruno Mader.© Hervé Abbadie

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mentale, sous sa forme actuelle, n’est niconsensuel ni fédérateur. Sa complexité ef-fraie nombre de professionnels et de maîtresd’ouvrage et l’absence d’informations concrè-tes retarde leur passage à l’acte (voir témoi-gnage page 26). La grille des quatorze cibles,élaborée en 1994, a été pensée comme unsupport de travail, un outil commun suscepti-ble d’évoluer. Aujourd’hui, certains détour-nent cet objectif et tentent d’imposer unecertification HQE, comparable à la méthoded’évaluation des caractéristiques écologiquesd’un bâtiment mise en place par la BRE, leCSTB anglais. Cette labelisation est presqueunanimement critiquée et plusieurs profes-sionnels ayant participé à l’élaboration de lagrille HQE dénoncent eux-mêmes aujourd’huila mise en place du label.La solution que nous dicte le bon sens est derevenir à la tendance qui s’est amorcée aprèsles crises pétrolières, c’est-à-dire porter unregard neuf sur des principes bioclimatiqueshérités d’une tradition séculaire, utiliser demanière raisonnée les innovations technolo-giques à notre disposition, échanger les in-formations et mettre en commun les compé-tences. D’ailleurs, de plus en plus d’équipesde maîtrise d’œuvre, indifférentes aux dis-cours des technocrates, pratiquent aujourd’-hui cette démarche pragmatique avec desrésultats aussi convaincants par la qualité deleur architecture que par l’intelligence desmesures écologiques. ■

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Les débats très théoriques autour de ladémarche HQE ont tendance à occulterle travail de nos pionniers de l’architecture

bioclimatique. Le travail de ces architectes,socialement et politiquement engagés, futencouragé à la fin des années 70 par des pro-grammes du ministère du Logement en fa-veur de l’habitat solaire et de la maison à os-sature bois. Quelques contre-performancesengendrées par des technologies encore bal-butiantes ne suffisent pas à expliquer labrusque disparition, au milieu des années 80,d’une tendance écologique qui a continuésur sa lancée dans les pays voisins, avec lesuccès que l’on sait. Le retard actuel de la France s’explique d’a-bord par un système politique centralisé et laconcentration des pouvoirs décisionnels dansde grandes entreprises nationales et quelquespuissants majors du bâtiment. Les choix éner-gétiques de l’État furent bien sûr décisifs : le « tout nucléaire » a offert à la France l’in-dépendance énergétique et une électricitébon marché, sans résoudre le problème ma-jeur posé par le traitement des déchets radio-actifs. Les dirigeants français des Verts ontaussi leur part de responsabilité : obnubiléspar des divisions intestines, ils n’ont pas suproposer les options réalistes capables demobiliser la population. Au-delà de ces in-fluences historiques, politiques ou culturelles,il serait vain de nier les problèmes propres ausecteur du bâtiment : un coût de construction

sous-évalué, inférieur de 25 à 30% à celui del’Allemagne ; des lacunes évidentes dans laformation technique des architectes et desingénieurs et une dévalorisation du travail ma-nuel, responsable du manque de qualificationdes artisans. La presse spécialisée, qui a in-stauré le culte de l’image lors de l’émergencedu post-modernisme et intronisé quelquesstars médiatiques, porte aussi sa part deresponsabilité. Quand les préoccupations écologiques sontréapparues en France, au début des années90, après le Sommet de Rio, ce sont les ingé-nieurs qui ont pris l’initiative. Ils ont tout na-turellement traduit les exigences environne-mentales selon le processus analytique propreà leur discipline. Certains imaginent derrièrecette démarche une tentative de putsch surles prérogatives des architectes. D’autres,comme Philippe Madec, préfèrent y voir un« cadeau » offert par les ingénieurs à leurs

confrères de la maîtrise d’œuvre (voir inter-view ci-contre). Cette idée inattendue, maisséduisante, pourrait sonner le glas d’une troplongue dissension entre architectes et ingé-nieurs. L’âme de la démarche environne-mentale est dans la coopération entre les partenaires de l’acte de bâtir et c’est la gé-néralisation de ces échanges constructifs quiexplique les succès de nos voisins germa-niques et scandinaves. Il est temps de sur-monter les clivages corporatistes et de cher-cher ensemble des pratiques plus efficaces etmieux adaptées à l’usage que la fragmenta-tion du processus de conception selon qua-torze cibles, mêlant des exigences subjectives(intégration au site) et objectives (performan-ces thermiques, acoustiques, etc.).Il est indéniable que la plupart des membresde l’Association HQE ont favorisé, dans leurdomaine, une évolution dans le bon sens.Mais le concept de Haute Qualité Environne-

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ier Les débats polémiques

autour de la Haute Qualité Environnementale font souvent oublierl’émergence, après les crises pétrolières, d’unearchitecture économe en énergie, soutenue parl’État, dont l’essor futstoppé, entre autres, parle culte de l’image et lamédiatisation de quelquesstars de l’architecturedans les années 80.

Développement durable : de l’architecture bioclimatique à la démarche environnementale

La Mission interministérielle pour la qualité des construc-tions publiques vient de publier une excellente brochure :« Constructions publiques – architecture et “HQE” ». Cetouvrage de 84 pages est disponible gratuitement à la MIQCP,Arche Sud, 92055 La Défense cedex 04. Téléphone : 01 40 8123 30. Télécopie : 01 40 81 23 78. www.archi.fr/MIQCP.

La démarche HQE : « Un cadeau des ingénieurs aux architectes »

1 et 2 - Pôle écologique de la barre d’Anglet, architecte Phillipe Madec, Paris.3 et 4 - Institut du management environnemental de Ploufragan, architecte Phillipe Madec, Paris.5 - Musée d’archéologie du château de Mayenne, architecte Phillipe Madec, Paris.

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Dominique Gauzin-Müller : Vous avez réaliséplusieurs bâtiments selon une démarche deHaute Qualité Environnementale et d’autressont en chantier ou en cours d’études. La HQEpour vous, qu’est-ce que c’est ?Philippe Madec : La HQE est un cadeau queles ingénieurs ont fait aux architectes. Bienqu’elle ne concerne pas directement l’archi-tecture, mais plutôt le bâtiment, son appari-tion entraîne chez les professionnels françaisune prise de conscience collective rare, avecun engouement ou un rejet inégalés. Les ar-chitectes ne peuvent pas l’ignorer, car elle s’a-dresse à leur métier : construire des bâtimentsreste la finalité du travail d’architecture.

D. G.-M. : L’idée que la HQE est un cadeaudes ingénieurs aux architectes est surpre-nante, mais elle éclaire cette démarche d’unjour nouveau.Ph. M. : À travers la démarche HQE, l’ingé-nierie offre un avenir aux architectes. En inté-grant une dimension éthique à l’emploi de latechnologie, elle réconcilie architecture ettechnique et donne aux architectes l’occasionde sortir des pratiques cyniques qui ont mar-qué le passage du siècle. En liant avec forcebâtiment et environnement, elle sort le projetdes seules problématiques de forme et demise en œuvre. La démarche HQE laisse vier-ges les domaines que l’ingénierie considèrecomme étant du ressort des architectes : po-litique, social, culturel, historique. Elle les aideainsi a contrario à redéfinir le champ de l’ar-chitecture, les délivre de la gestion des outilset des concepts acquis et les met en devoir des’interroger à nouveau, et autrement, sur l’a-venir. En même temps, la HQE introduit unecrise dans l’ingénierie générale en imposant lerecours à des ingénieurs spécialisés. Jusqu’àprésent, l’ingénierie était pour les maîtres

d’ouvrage la meilleure garantie d’une certainesynthèse, mais depuis que la HQE suscite unenouvelle conception de l’espace, c’est l’archi-tecte qui devient porteur de cette synthèse.

D. G.-M. : La HQE entraîne donc une évolu-tion des disciplines du bâtiment ?Ph. M. : L’application stricto sensu de la HQEouvre des perspectives non pas sur une nou-velle figure de l’inepte lutte franco-françaiseentre architectes et ingénieurs, mais sur la né-cessité d’une collaboration accrue. La com-plexité des enjeux du développement durabledéprécie pour toujours une approche uni-voque. Seule la pluridisciplinarité est légitime !

D. G.-M. : Vous avez plusieurs fois évoqué ledanger d’une application littérale de la HQEet vous parlez pourtant de « cadeau ». S’agit-il d’un cadeau empoisonné ?Ph. M. : Non ! Dans le milieu français, le poi-son est porté par les architectes eux-mêmes,qui se replient sur leur métier. En se conten-tant du rôle de professionnel, les architectesne sont pas en mesure de répondre aux at-tentes de la société. Et ils ne le seront pas da-vantage s’ils s’en tiennent à la HQE : ils reste-ront alors le nez dans le bâtiment ! La missionde conseil vis-à-vis du client, pour laquellel’architecte est souvent pris en défaut, estégalement un devoir de proposition vis-à-visde la société. Ces propositions sont aussi in-dispensables que celles des agents du mondede la technique. Il est temps que les architec-tes cessent de se prendre pour des artistes etqu’ils acceptent enfin d’être des femmes etdes hommes du politique. ■

(1) « Architecture et Qualité Environnementale », Les Anna-les de la recherche urbaine, n° 92, 2002 et « Sur le qui-vive »,Techniques & Architecture, n° 465, avril-mai 2003.

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> Emmanuel Nebout, architecte :

« Dans les années 60, les travaux du Club deRome remettaient en question le credo de lacroissance à tous crins. Ce qui est durable depuis, dans le monde,c’est l’incapacité, pour ne pas dire le refus, despays dits développés, à maîtriser leur déve-loppement. C’est l’enrichissement continu despays riches. C’est l’appauvrissement des payspauvres. C’est la désertification. C’est la dimi-nution du nombre d’espèces animales et vé-gétales. C’est la métropolisation du mondesous l’effet de la croissance démographique. Ce qui est durable depuis, en France, sur leplan du développement urbain, c’est l’incapa-cité pour de nombreuses communes de plani-fier l’aménagement de leur territoire dans uncadre intercommunal, l’impossibilité de créerles conditions nécessaires à l’installation d’é-quipements collectifs destinés à la collecte ouau traitement des déchets, le refus, pour cer-tains, de la construction de logements sociauxet sa conséquence : un accroissement de la sé-

grégation sociale de l’espace. Cette situationn’engage pas à l’optimisme, mais devrait être,pour les professionnels de la maîtrise d’œuvreet de l’aménagement du territoire, l’occasiond’une prise de conscience. Dans ces conditions, le label HQE risque fortde ne pas atteindre ses fameuses cibles.Comme l’arbre qui cache la forêt, ce label,bâti sur l’effet d’annonce, sert souvent deleurre pour masquer l’absence de projet etpeut même être antinomique avec la recher-che de développement durable. Les architec-tes, généralistes par excellence – et pour laplupart généralistes intelligents –, devraientpourtant avoir compris comment ces diversspécialistes, souvent autoproclamés, assoientleur pouvoir par le dénigrement d’autrui.Si construire en bois, en terre ou en pierre,c’est faire de l’architecture HQE, alors ad-mettons qu’elle existe depuis l’Antiquité etdénonçons cette nouvelle campagne demarketing en disant, une fois pour toutes,qu’il n’y a que de la bonne et de la mauvaisearchitecture ! » ■

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Écologie : des architectes s’engagent !

Gilles Perraudin, un pionnier Un centre culturel à Fontaine

Centre d’entretien autoroutier (1995) et Maison de pays de l’Hérault (1998) sur l’aire de service du Caylar. Architectes : Atelier d’architecture Emmanuel Nebout, Montpellier.

Construits au pied du Causse du Larzac, les bâtiments del’aire du Caylar ont les tons ocre et gris des amoncellementsrocheux qui les surplombent. Les volumes compacts, lesouvertures rares et les murs à forte inertie, en béton habilléde calcaire local, posé à joints secs, répondent aux grandesamplitudes thermiques du climat.

Depuis la création de son agence à Montpellier, en 1980, Emmanuel Nebout applique les principes bioclimatiques à toutes ses réalisations. Il a dénoncéavec véhémence la certification HQE.

L’architecture du centre culturel répondaux trois principes bioclimatiques :compacité, espaces tampons et géomé-

trie adaptée pour profiter des apports solai-res. La salle de spectacle est posée sur un socleregroupant les autres équipements et les ser-vices. Ce socle, qui constitue un nouveau par-vis, met la salle en scène et lui donne le rôled’un signal dans la ville. La terrasse végétaliséede cette « plate-forme urbaine » est traitéecomme un espace vert qui prolonge le squarefaisant face à l’entrée principale. Elle offre auxriverains une surface non réfléchissanted’aspect agréable et retient l’eau lors des for-tes pluies. Les murs en béton du socle sont ha-billés en pierre locale, avec des blocs bruts, as-semblés comme une sorte de « treillis » minéral,

naturellement protégé des graffitis et afficha-ges. La structure de la grande salle est en bois :bois massif pour l’ossature des murs, lamiboispour les grandes portées de la charpente. L’-habillage des murs est en acier inoxydable, ma-tériau aux qualités d’entretien et de durabilitéadaptées à un équipement public. La couver-ture de la salle est conçue comme une vastesurface offerte aux rayonnements solaires ; safaçade sud-est est inclinée selon un angle op-timisé pour accueillir des capteurs. ■(Voir aussi le texte de G. Perraudin dans l’éditorial p. 7)

Centre culturel à Fontaine (Isère).Maître d’ouvrage : Ville de Fontaine.Architecte : Gilles Perraudin,Vauvert/Paris. Concours 2003.Surface : 2 360 m2

La moquette métallique solaire

Dans le projet du centreculturel de Fontaine, laproduction de chaleur est

assurée en priorité par le soleil,grâce à des installations inté-grées à la toiture et à la façadesud-est de la salle de concert. L’énergie récupérée par les cap-teurs solaires est utilisée à la foispour le plancher chauffant etpour le préchauffage de l’air neuf,ce qui augmente le rendement.C’est la « moquette métalliquesolaire » de 950 m2, posée sur la toiture de la salle, qui sert desystème auxiliaire de préchauf-fage pour les centrales de condi-tionnement d'air. Ces capteurs innovants, qui reposent sur unecouche d'isolation rigide, sontconstitués d’une plaque en acierinoxydable, un métal très conduc-tible, à laquelle sont soudés destubes capillaires. Selon la saisonet les conditions atmosphériques,la moquette métallique solairepermet un gain en énergie de10 % à 100 % sur le préchauffagede l’air neuf. ■

Centre culturel scientifique et technique de la vigne et du vin, domaine du Pech Rouge, à Gruissan. Réalisation, 2003. Maître d’ouvrage : Institutnational de la recherche agronomique.Architectes : Atelier d’architecture EmmanuelNebout, Montpellier.

En bordure du cordon littoral languedocien, le domainede Pech Rouge réunit plusieurs bâtiments de qualitémédiocre autour du chai d’origine, bâti en lisière du massifrocheux de la Clape. Comme les autres installations du domaine, le nouveau Centre de la vigne et du vin, son aire de stationnement et son jardin ampélographiques’inscrivent dans la trame orthogonale des terrainssablonneux plantés de vignes du littoral et dans lemaillage dessiné par les chemins de desserte, doublés defossés de drainage et de haies brise-vent. La construction,composée de deux corps de bâtiments rectangulairesreliés par une large galerie, est une interprétationcontemporaine du chai languedocien traditionnel. Sousune couverture en tuiles canal, le béton de site des murs,hommage au travail de Georges Henri Pingusson à Grillon,fait écho au front de pierres du massif dans lequel a étécreusée la cave du domaine. Point de départ de la visite,la galerie accueille la billetterie, la boutique et la buvette.Elle est vitrée au sud, sur le parvis d’accès, et au nord, sur un jardin intérieur. Dans les deux « chais », orientésnord-sud, les installations scénographiques disposent d’un vaste volume intérieur, éclairé naturellement par le vide ménagé entre l’arase supérieure des murs etles rives de la toiture. Devant ces bandes vitrées, des persiennes à lames orientables permettent le contrôlede l’éclairement intérieur et limitent les surchauffesestivales. Le bâtiment décline ainsi avec simplicité desprincipes bioclimatiques ancestraux.

« Depuis que la France veut réglementer la HQE, je neveux surtout plus en faire. Je me contente d'exercer mon métier d'architecte

en toute conscience et, comme M. Jourdain, je

continue de faire de la HQE sans le savoir. » G.P.

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L’aire du Lot

Si le site a été choisi pour la qualité desvues qu’il offre, l’enjeu architectural étaitde ne pas défigurer le paysage vallonné

du Causse en introduisant une aire de servi-ces de 2 500 m2, visible depuis les villagesvoisins. L’exploitation de la topographie estune composante majeure de l’architecture :les espaces accueillant le public sont en sur-plomb, comme un balcon vers le paysage ;les cuisines, les réserves ainsi que les locauxtechniques sont encastrés dans le terrain enforte pente ; l’extrémité ouest de la toitureest couverte par la prairie, en continuité avecle terrain naturel.Le bâtiment agit comme un filtre : la sé-quence d’entrée marque une rupture avec lemonde de la voiture et prépare à l’immersiondans la campagne lotoise. Boutiques, cui-sine et sanitaires sont concentrés dans des« boîtes » qui opacifient la façade côté sta-tion-service et attirent vers le paysage. Au sud, l’architecture propose une limite fluc-tuante entre intérieur et extérieur, une gra-dation entre des espaces sous plafond, souspergola et à ciel ouvert qui s’accompagned’une progression de la luminosité. Si le bâtiment s’étire frontalement sur près de 100 mètres, il disparaît depuis le haut du sitesous une pergola en bois, qui se couvrirapeu à peu de végétation. Bâtiments et ter-rasses sont organisés librement sous cet élé-ment fédérateur, qui se fond dans lequadrillage des champs environnants. Lacour de service, les poubelles et les élémentstechniques (extracteurs de cuisine ou devmc, désenfumage, etc.) sont cachés par leslames de bois qui évitent l’échauffement destoitures en été et débordent pour protégerles grandes façades vitrées. La croissance de la végétation modifieral’aspect du bâtiment au fil du temps : vigneet glycine vont s’enrouler autour des po-teaux, grimper jusqu’à la pergola, pour finirpar la recouvrir. La construction se fondraalors dans l’environnement paysagé dansl’esprit d’un « jardin habité », fidèle à la tra-dition lotoise où bâti et végétal entretiennentdes rapports étroits : arbres et arbustes joux-tant les murs, plantes grimpantes et treillesprolongeant l’habitat. ■

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La démarche environnementale peut être ap-pliquée à tous les types de programme etdes architectes motivés, soutenus par leurs

maîtres d’ouvrage et par des partenaires tech-niques et financiers, peuvent transformer unebanale station-service en œuvre architecturale. Après le succès de l’aire de la Baie de Somme(1998), unanimement louée pour son insertiondans le paysage, une interprétation contem-poraine de références locales et la rigueur dela démarche environnementale, Bruno Madervient de réaliser deux nouvelles aires d’auto-routes : sur les Causses du Lot, près de Cahors(2002) et en Corrèze, près d’Égletons (2003).Avec un programme assez semblable, la mêmeéquipe de maîtrise d’œuvre, mais des sites trèsdifférents, il apporte trois réponses originales,parfaitement adaptées aux particularités dupaysage et du contexte régional. L’ingénieurbois Jean-Louis Vigier et l’économiste MichelDucroux, qui ont participé à plusieurs réalisa-tions, témoignent de la richesse des échangesavec un architecte compétent, déterminé dansses choix, mais ouvert au dialogue.

> Bruno Mader, architecte :« À partir d’un programme voisin, les trois bâ-timents proposent des réponses architectura-les contrastées, résultat de la confrontation dece programme d’une part avec le terrain et sescaractéristiques géographiques, d’autre partavec un contexte culturel, dans lequel nousavons puisé nombre de références architectu-rales. Les trois aires d’autoroute ont un autrepoint commun : notre volonté de les ancrerfortement dans un territoire et de rendre cetteappartenance lisible. Dans la Somme et dansle Lot, il nous a été possible de concevoir leplan de la voirie et du stationnement. Les vé-hicules y sont cantonnés d’un seul côté du bâ-timent, qui sert de filtre entre le monde de lavoiture et celui de la campagne. Le site de l’aire de la Baie de Somme est un pla-teau venté, qui offre les lumières changeantesdu littoral proche, avec une forte luminosité aucouchant. L’architecture joue avec les lignes ho-rizontales du paysage et la lumière. Les po-teaux dépassant de la toiture évoquent les sil-houettes familières des pieux, des pontons.

Les galets de la plage habillent les façades. Lebelvédère cylindrique reprend les proportionsdes ruines du moulin tout proche et les paroisà claire-voie des huttes de chasse.Le terrain de l’aire-jardin des Causses du Lot esten forte pente, avec un dénivelé de 30 mètres.Le panorama offert est varié : le Massif centralau loin, les Causses, à l’ouest, un village sur lecoteau d’en face. Le bâtiment est implanté per-pendiculairement à la pente. Enfoui à l’ouestdans le terrain, il est de plain-pied au centre eten balcon sur le paysage à l’est. Reprenant lethème de la treille, omniprésent dans les mai-sons de la région, une vaste pergola prolongele niveau supérieur du terrain et couvre l’en-semble des surfaces construites. Le végétal – vigne et glycines – enveloppera progressive-ment le bâtiment. Les poteaux de la structuresont très massifs, à l’image de ceux des hallescouvertes de la région ; les poteaux centraux,qui portent une double charge, étant plus épaisque ceux de la périphérie.Le projet de l’aire de Corrèze a dû tenircompte de l’aménagement du terrain,

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Un programme, trois sites : les aires d’autoroute de la Somme, du Lot et de la Corrèze

Maîtrise d’ouvrage : Conseil général du Lot.Architecte : Bruno Mader, Paris.Assistants : P. Boissin, M. Reich.Bureaux d’études : structures, Batiserf,Grenoble ; fluides, Choulet, Clermont-Ferrand.Économiste : Michel Ducroux, Paris. Scénographe : Pierre Verger, Paris.Paysagiste : H.Y.L., Paris.Réalisation : 2002.Surface : 2 500 m2.Coût total : 3 412.000 euros HT (base 1999).

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C e projet devait « offrir un lieu suscep-tible d’attirer et de laisser un souvenirdurable ». Cet enjeu a conduit à une

architecture forte et unificatrice, sous-tenduepar deux volontés conjointes : d’une part,laisser une image marquante aux visiteurs,d’autre part, entrer en résonance avec lecontexte en créant une « forêt habitée ».Les différents services de l’aire s’ouvrent surune grande galerie large de 6 mètres ethaute de 5,50 mètres. Le programme, ainsiétiré d’est en ouest, préfigure le parcoursqui conduira les visiteurs jusqu’à une pro-menade extérieure, en bas du site. La galerie de distribution est portée par unedouble rangée de poteaux ronds en boismassif, simplement écorcés afin de conserverl’aspect des troncs d’arbres. La position deces poteaux, aléatoire dans le sens transver-sal, évoque une « allée forestière ». Les bou-

leaux plantés de part et d’autre de la galerierenforcent cette impression en juxtaposantles verticales de leurs troncs à celles des po-teaux. En filtrant le soleil, ils créent uneatmosphère de sous-bois, avec des alter-nances de lumière et d’ombre. Les boutiques, les espaces de détente, lacuisine et les sanitaires reliés par l’allée fo-restière empruntent l’image de maisons enbois, posées entre les arbres. Les demi-baliveaux en châtaignier écorcé de leurs fa-çades, juxtaposés selon un rythme vertical,répondent aux troncs des arbres voisins. Lalumière souligne la rugosité de cette peau etle contraste entre la matière vibrante du boiset la surface lisse de la façade vitrée de lagalerie de distribution. À mi-chemin de l’allée intérieure, la formesingulière de la petite géode provoque unrétrécissement de l’espace et attire les visi-

teurs qui se dirigent vers le restaurant. Rap-pelant les empilages de planches rencon-trées dans les exploitations forestières desalentours, la géode se distingue des « mai-sons de service » par une peau en bois plusraffinée et plus subtile. Les lames de mé-lèze qui enveloppent les murs et la toituredonnent au volume un aspect monolithique,libre interprétation des constructions régio-nales, dont murs et toiture se rejoignent sansrupture. L’architecture de l’aire ne cherchepas le mimétisme avec les constructions cor-réziennes traditionnelles, leurs murs de gra-nit et leurs toits en ardoise, mais ses formessimples, intemporelles, entrent en résonanceavec l’environnement naturel : l’horizontalitésouligne les vallonnements du paysage ; lebois, mis en œuvre presque à l’état brut,donne l’impression d’une matière directe-ment issue du site. ■

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figé avant le début des études : la plate-forme, située au cœur de vallonnements trèsboisés, était déjà entièrement terrassée et défri-chée. Les bâtiments qui prennent place au centrede cet espace sont construits avec du bois,comme si le matériau provenait du défrichementinitial. Le bois est utilisé presque à l’état brutpour que le lien avec l’arbre reste sensible. »

> Michel Ducroux, économiste de la construction :« C’est pour répondre pleinement à la mis-sion de maîtrise d’œuvre définie par la loi MOPet “apporter une réponse architecturale, tech-nique et économique au programme” du maî-tre d’ouvrage que Bruno Mader constitue sys-

tématiquement une équipe pluridisciplinairedès le concours. Nous intervenons ensuite àtoutes les phases d’étude et de réalisation duprojet. Pendant les études, notre rôle d’éco-nomiste de la construction porte essentielle-ment sur les éléments de mission suivants:● mise en évidence des différents choix deconception découlant des contraintes géné-rales applicables à toute opération de cons-truction et des contraintes spécifiques de l’o-pération projetée, qu’elles soient liées auterrain, au programme (surfaces/presta-tions/performances) aux exigences techniquesou au projet architectural ;● évaluation des différentes solutions, afin quel’équipe de maîtrise d’œuvre puisse effectuer

les choix et arbitrages qui lui incombent etrespecter ses engagements contractuels (pro-gramme, enveloppe financière prévisionnelle) ;● justification de ces choix vis-à-vis du maîtred’ouvrage, afin qu’il puisse décider en dispo-sant de toutes les informations nécessaires.Pendant la phase de consultation des entre-prises, nous établissons des dossiers et desmarchés de travaux précis. Nous suivons en-suite la réalisation des travaux, afin que le bâtiment livré soit conforme aux clauses desmarchés de travaux (qualité, coût et délai).De plus en plus souvent, la maîtrise d’ouvragesouhaite disposer d’informations relatives auxcoûts d’exploitation et de maintenance très enamont, dès la phase APD, voire APS, et orienteses choix en tenant compte des coûts ulté-rieurs générés par le bâtiment. Sur l’aire deservice autoroutière de la Baie de Somme etsur l’aire-jardin des Causses du Lot nous avonsainsi été amenés à calculer les coûts d’exploi-tation et de maintenance afin d’informer lemaître d’ouvrage de l’impact que pourraientavoir ces prestations sur le montant du loyerdes différents concessionnaires et de préparerl’organisation de l’exploitation du bâtiment. »

> Jean-Louis Vigier, ingénieur spécialisé dans les structures en bois :« Sur les projets de la Somme et de la Corrèze,nous sommes intervenus dès le concours pourdéfinir les grandes lignes de la structure, l’ob-jectif étant de respecter le budget imparti.Cette première phase, menée en étroite col-laboration avec l’architecte, revêt un rôle es-sentiel dans la conception. Elle comprend l’établissement du dossier d’avant-projet som-maire, la recherche de solutions techniques,une pré-étude de structure définissant l’en-combrement des éléments et la conceptiondes principaux détails constructifs. Les pha-ses suivantes sont consacrées à la mise aupoint des solutions techniques et des plansélaborés lors de l’avant-projet. Bruno Madernous lance toujours de nouveaux défis. Pourl’aire de la baie de Somme, il y en avait trois :assurer le plus discrètement possible le contre-ventement vertical du bâtiment, dont l’ossa-ture est en poteaux ronds en bois lamellé-collé; traiter le problème d’étanchéité sur lespoteaux qui traversent la toiture, ce qui aconduit à dissocier le haut des poteaux, afin degarantir la pérennité de la construction ; ré-duire au minimum l’épaisseur de la toiture.L’aire de Corrèze a un parti très différent, basésur l’emploi de bois brut. Outre l’utilisation detroncs d’arbres écorcés pour les poteaux por-teurs, nous avons travaillé à un parement ex-térieur en demi-baliveaux de châtaignier etétudié une résille en bois brut autostable, rap-pelant les carreaux de stockage de planchesdes scieries de campagne. » ■

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La démarche environnementale n’a pas besoin d’un label!

La généralisation de la démarche environnementale ne passe paspar un énième label, mais par la motivation que fait naître l’exemplede professionnels engagés. Quand l’impulsion est donnée, ledéveloppement durable fédère enthousiasme et compétencesautour d’un objectif commun.

En France aussi, la démarcheenvironnementale a de plusen plus d’adeptes. Les pion-

niers, qui pratiquaient déjà l’habitatbioclimatique dans les années 70,ont des réactions divergentes. Siquelques anciens sont aigris d’avoireu raison trente ans trop tôt, la plu-part profitent de leur expérience ets’attellent aux projets d’envergurequi leur sont soudain proposés. Plu-sieurs « quadra », qui pratiquent ladémarche écologique parce qu’ilsn’ont jamais imaginé faire autrechose, sont devenus presque invo-lontairement des « spécialistesHQE » après une première œuvrealliant qualité architecturale et me-sures environnementales : la mai-son zen dans le Perche pour SoniaCortesse, l’aire de services de laBaie de Somme pour Bruno Mader(voir page 24). Parmi les nouveauxconvertis de l’architecture écolo-gique, les adeptes sincèrementconvaincus côtoient quelques starsde « l’image architecturale », atti-rés par un nouveau marché, et dejeunes loups opportunistes, déci-dés à profiter de l’argent et du pou-voir engendrés par l’engouementpour la HQE. Avec une technocratie

très parisienne, même quand ellessont décentralisées, les grandes institutions françaises du bâtimentne veulent pas laisser échapper lamanne offerte par un nouveaulabel. S’ils sont habilités à remplirdes formulaires traduisant les per-formances énergétiques ou acous-tiques d’une construction, la plu-part des collaborateurs de cesinstitutions n’accordent aucun va-leur à la qualité architecturale d’unbâtiment, sans comprendre que ce manque d’intérêt les disqualifieaux yeux de la profession. Lesexemples présentés dans ces pagesmontrent que, au quotidien, une démarche environnementale quis’appuie sur le dialogue entre lesintervenants et sur le respect desusagers, du site et des ressourcesnaturelles a de meilleures chancesde succès que le remplissage obli-gatoire de formulaires « perfor-mantiels ». L’élan solidaire qui asoulevé toute une population autourde la construction du groupe sco-laire de Thannenkirch (voir page 31)est très encourageant. Encore enchantier, il suscite déjà parmi d’au-tres maîtres d’ouvrage de la régionl’envie de reproduire l’expérience. ■

L’aire de Corrèze

Maîtrise d’ouvrage : Conseil général de la Corrèze.Architecte : Bruno Mader, Paris.Assistants : V. Rocques, Q. Bechet, F. Pisani.Architecte d’opération : H. d’Aviau.Bureaux d’études : structures, Sylva Conseil, Clermont-Ferrand ; fluides, Choulet, Clermont-Ferrand.Économiste : Michel Ducroux, Paris.Scénographe : Pierre Verger, Paris.Réalisation : 2003.Surface : 2 070 m2 shon (à terme).Coût prévisionnel de l’opération : 2 044 000 euros HT (base 2000).

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La démarche environnementale dépasselargement le domaine de l’architecture etla densification urbaine est l’un des enjeux

majeurs du développement durable. Un amé-nagement raisonné du territoire lutte contre l’é-talement des zones périurbaines et prône la re-conquête d’une identité et d’une culture àtravers la mise en valeur du patrimoine, la ré-habilitation des quartiers anciens et la restruc-turation des friches industrielles, militaires etportuaires en quartiers mêlant résidences,commerces de proximité et lieux de travail.Dans les grandes agglomérations, renoncer àune maison individuelle au milieu d’une grandeparcelle en périphérie urbaine est un premierpas vers le développement durable. Il s’im-pose souvent pour des raisons économiques,à cause du coût du foncier. Si les usagers l’ac-ceptent, et quand le contexte du site et le pland’occupation des sols le permettent, le re-

groupement de plusieurs logements dans unimmeuble collectif, simple et compact, apportedes avantages écologiques et économiquessensibles. Il permet de réduire l’emprise ausol, la surface d’enveloppe, la quantité de ma-tière mise en œuvre, la consommation d’éner-gie, le coût de construction. L’habitat bas à haute densité, déjà expérimentéen France dans les années 70 sous le nom d’habitat intermédiaire ou semi-collectif, ap-porte une réponse tant aux problèmes poséspar l’explosion urbaine qu’au souhait des mé-nages, qui préfèrent souvent une maison à unappartement. En France, les opérations de mai-sons mitoyennes écologiques à faible consom-mation d’énergie, courantes dans les pays scan-dinaves et germaniques, commencent à sedévelopper. Plusieurs impulsions sont venuesde maîtres d’ouvrages sociaux qui avaient unelongue expérience des cités-jardins et souhai-

taient initier une version modernisée de ce mo-dèle (voir page 30). La communauté urbaine deLyon a également donné en faveur de la den-sification de l’habitat des impulsions relayéespar des groupements unissant opérateurs pri-vés et concepteurs. Dans un autre contexte etsous un autre climat, les maisons mitoyennesdes architectes Cusy et Maraval à Montpellier(voir page 29) proposent une alternative à l’é-talement de l’agglomération : 150 m2 habita-bles sur une parcelle de 250 m2.

> Habitat durable dans le Grand Lyon Hélène Duhoo, architecte,agence Tekhnê : « Deux opérations de logements écologiques,sur lesquelles nous travaillons depuis lesconcours au printemps 2000, parviennent enfinen phase chantier, mais l’une et l’autre ont faillis’arrêter à plusieurs reprises devant les difficul-tés rencontrées à tous les niveaux : nous avonspréparé pour chacune l’équivalent de deuxDCE ! Pour l’immeuble de la rue Paul-Bert, àLyon (seize logements et trois locaux d’activité),se posait la question de la qualité du logementsocial, avec une construction en centre urbaindense, qui cumulait plusieurs handicaps. L’opération de Feuilly (dix-huit maisons de villeet treize maisons à patio) montre l’investisse-ment des collectivités locales dans la réalisationde quartiers développant une autre forme d’habitat que le pavillonnaire rampant. Le cons-tructeur, peu au fait de ces questions au départ,a notablement évolué. Le projet de Feuilly sou-levait une autre difficulté liée au rééquilibragesocial de l’agglomération, en faisant le pari – dif-ficile – de construire à l’est un programme qu’ilaurait été plus facile de vendre à l’ouest. » ■

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Densifier l’habitat

Évolution des mentalités chez les maîtres d’ouvrage

Les maîtres d’ouvrages sociaux s’ouvrent à la démarche environ-nementale autour d’un objectif commun.

Le choix politique du « tout nu-cléaire » et le monopole d’EDFont longtemps freiné l’essor

d’alternatives énergétiques. Mais unchangement est en route : en si-gnant l’Agenda 21 en décembre2001, le groupe EDF a pris des en-gagements en matière de dévelop-pement durable, en particulier dansle domaine des énergies renouve-lables : pompes à chaleur, eauchaude sanitaire solaire, éolien etphotovoltaïque.

Sylvie Ricordel, consultante en communication sur la démarche environnementale :« En mai dernier, à l’occasion d’un

voyage d’études à Aix-la-Chapelleavec quinze maîtres d’ouvrages sociaux de la région Centre, EDF a initié un groupe de réflexion sur l’a-vancement de la démarche environ-nementale en France. Les partici-pants, très motivés, recherchent desinformations concrètes au niveaudes “approches, techniques, métho-des, matériaux utilisés, et processénergétiques avec les énergies re-

nouvelables”. Si la majorité desinterventions font état de cette sen-sibilité réelle du milieu de la cons-truction au “mieux être” et au“mieux vivre”, on tempère quelquepeu cet optimisme en pointant le retard pris en France, qui est par-tiellement imputé à la démarcheHQE “trop rigide” et à ses quatorzecibles “complexes à mettre enœuvre”. La transversalité des équi-pes de maîtrise d’œuvre, fédéréesdès l’amont des projets, suscite unvif intérêt : “Chez nous l’architectefait une œuvre et il la passe au bu-reau d’études en disant : Mettez-nous de la technique derrière… Là-bas les équipes de maîtrise d’œuvresont très liées, dès la phase deconception, et n’attendent pas toutdu maître d’ouvrage.”Autre élément très apprécié : l’ap-proche en coût de fonctionnementglobal, qui est à l’inverse des pra-tiques françaises. En Allemagnecomme aux Pays-Bas, “on n’hésitepas à investir” dans la perspectivede minimiser les charges à longterme et d’optimiser le confort. » ■

Certification Qualitel :une régression !

> Christian Charignon, architecte :

« Dans le cadre de la normalisation de la dé-marche HQE, le CSTB s'est attribué le tertiaireet Qualitel le logement neuf. Si, en 2002, leCSTB (avec l'Ademe comme pauvre finan-ceur !) a lancé un appel à projet intitulé “Dé-marche HQE et bâtiments tertiaires” et retenuvingt opérations pour expérimenter un projetde référentiel de certification, Qualitel a publiéde son côté, sans rien demander à personne,dès avril 2003, sa certification environnemen-tale des logements, intitulée “Habitat et Envi-ronnement”. Pas de concertation avec les pra-ticiens, pas de phase de test, l'oukase esttombé avec, comme miroir aux alouettes, desfinancements à la clé pour le logement social(prolongation de l'exonération de la TFPB).Les sept “thèmes”(1) de cette nouvelle marquedéposée sont une agrégation de critères chersà Qualitel, et déjà connus pour une large partdans les labels qu'il gère (acoustique, efficacitéénergétique), avec son cortège d'exigences,objet d'une cotation et essentiellement ap-puyé sur la réglementation en vigueur.C'est une fois encore une approche techni-ciste, où qualité égale quantité. Qu’en est-ilde l'implantation, de l'orientation du bâti-ment et des autres principes bioclimatiques ?Des qualités spatiales du logement ? Com-ment seront valorisées les innovations ? Il s'a-git là d'une régression regrettable au mo-ment même où les efforts conjugués despolitiques et des techniciens du Grand Lyonpouvaient laisser entrevoir une améliorationdes opérations.Dans la ZAC de Mions, par exemple, le cahierdes charges imposait au moins 80 % de lo-gements traversants ou avec double orienta-tion en angle, afin de favoriser la ventilationnaturelle, d'offrir des vues variées sur rue etsur îlot. Cela correspondait à un réel effortdemandé à la promotion privée (cage d'es-calier plus nombreuses, par exemple). Or, laplupart des collectivités, qui ont besoin dejustifier les aides financières qu'elles accor-dent, ou les offices d'HLM qui, eux, manquentcruellement de moyens, vont se précipiter surcette certification. Et la promotion publique etprivée de logements pourra continuer à cons-truire selon ses vieilles recettes de rentabilitémaximale, bien éloignées d'une architectureauthentiquement bioclimatique. Le prix àpayer pour la prise de conscience environne-mentaliste s'annonce très lourd.» ■

(1) Management environnemental de l'opération. Chantier pro-pre. Énergie et réduction de l'effet de serre. Filière constructiveet choix des matériaux. Eau. Confort et santé. Gestes verts.

Logements collectifs à Lyon (3e).Maître d’ouvrage : OPAC du Rhône.Architectes : Tekhnê, Lyon.Phase préparation de chantier.

Maisons en bande à Montpellierpar Cusy-Maraval

La typologie de ces dix-sept maisons mi-toyennes répond à la volonté politiqued’inscrire l’habitat individuel dans un

tissu urbain dense. Toutes les maisons sontaccessibles depuis l’espace public. Devantcelles qui donnent sur la rue, deux placesde stationnement sont prévues, dont unedans un garage. L’habitat, tourné sur lui-même, se développe selon le principed’une maison à patio central. Les deuxchambres s’ouvrent sur le patio, le séjourdonne également sur un petit jardin situéen fond de parcelle, accessible depuis uneimpasse piétonne. Cet espace commun vé-gétalisé permet aux habitants de se ren-contrer et aux enfants de jouer loin du fluxdes voitures. Les murs mitoyens sont cons-titués de blocs en calcaire massif ocre clairde 50 cm x 105 cm x 210 cm. Le bardagedes façades à ossature bois est en douglas– une essence naturellement durable –,comme le platelage des terrasses, les me-nuiseries et les volets.

L’innovation du projet est dans sa modula-rité. Un permis de division des terrains aété joint au dossier de permis de cons-truire unique, valant division du sol selonl’article R421-7-1 du code de l’urbanisme.Chaque propriétaire pourra ainsi demanderultérieurement pour son propre compte unpermis de construire modificatif pour ex-tension, dans la limite de la surface horsœuvres nette constructible, prévue pourchaque parcelle. Les parties à l’usage detous sont transmises à une association syn-dicale qui gère ces espaces et répartit lescharges entre les copropriétaires. Le ca-hier des charges contractuel, qui régit lesrapports entre propriétaires, établit les rè-gles concernant l’usage, l’esthétique et lefonctionnement des maisons. Des exten-sions sont prévues en étage. Les proprié-taires qui le souhaitent peuvent ainsi posersur les murs en pierre une petite ou unegrande « boîte » à ossature bois bardéede douglas. ■

Opération de 17 maisonsmitoyennes dans la ZAC de Malbosc, à Montpellier.Maître d’ouvrage : Société Pragma,Montpellier.Architectes : Cusy-Maraval,Montpellier.Mise en service : fin 2004.

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Les classes s’ouvrent vers la lumière, le soleilet le paysage. Dans le hall, l’eau d’une fon-taine alimentée par une source proche et

les eaux pluviales récupérées s’écoule le longd’une paroi. Des mesures passives assurent leconfort des enfants et de leurs enseignants,tout en économisant l’énergie. Le projet, basésur des principes bioclimatiques, utilise aumieux l’énergie gratuite du soleil, source dechaleur et de lumière. Un puits canadien, cons-titué de tuyaux en grès vernissé enterrés dansle sol à environ 1 mètre de profondeur, parti-cipe à la régulation de la température et de l’hygrométrie. En été, les surchauffes sont évi-tées grâce à l’ombre portée sur les vitragespar le feuillage des arbres, les toitures débor-dantes, le voile de plantes grimpantes disposédevant les ouvertures et des stores extérieursà enroulement. La température de l’air rafraîchidans le puits canadien reste inférieure à 26° C,sans climatisation. Pendant la saison froide, latempérature moyenne dans les classes peutatteindre, sans apport extérieur, 18° C pendantquatre heures en janvier et douze heures enmars, grâce au préchauffage naturel de l’airneuf dans le puits canadien et aux importantessurfaces vitrées au sud. Les eaux pluviales, ré-cupérées sur les toitures végétalisées, sont uti-lisées, après filtration, pour l’arrosage et l’ali-mentation de la fontaine du hall et des toilettes.Les eaux usées sont filtrées dans des bassinsplantés de joncs et de roseaux situés dans lapartie basse du terrain, près du jardin d’initia-tion à la nature. À l’école de Thannenkirch, tou-tes les mesures écologiques sont aussi des sup-ports pédagogiques.

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Les cités-jardins proposent un habitat individuel dense au milieu du végétal,conforme aux exigences sociales et éco-

logiques du développement durable. Des maî-tres d’ouvrage qui en ont construit dans lepassé, comme le Foyer Rémois, s’engagentdans la réalisation d’un modèle réactualisé.

Cahier des charges de conceptionpour l’architecture et

l’environnement« La ville de Reims est particulièrement riche encités-jardins. La plus connue d’entre elles, lacité-jardin du Chemin vert, a été réalisée entre1921 et 1923 par le Foyer Rémois et fait l’ob-jet d’une réhabilitation globale. Ce type d’ur-banisme, qui s’inspirait des exemples anglaisde la fin du XIXe siècle, a toujours été appréciépar les habitants et constitue encore aujourd’-hui un habitat social très recherché. C’est pour-quoi le Foyer Rémois envisage, à l’aube dutroisième millénaire, de reconduire et d’actua-liser une telle démarche en réalisant sur la com-

mune de Bétheny une nouvelle cité-jardin of-frant un caractère exemplaire. Le nouveauquartier doit avoir une haute qualité environ-nementale, favoriser la vie sociale et offrir unmode de vie différent.Dans la cité-jardin du Petit Bétheny, c’est lepaysage qui accueillera l’habitat et marquera lesdifférents espaces. En dehors des jardins à ca-ractère purement privatif et intime, un accentsera porté sur la conception des “espaces par-tagés” favorisant des pratiques et des activitésconviviales autour du végétal. Travaux alterna-tifs ou échanges de savoir et de services, en vuede la valorisation du paysage, peuvent se dé-velopper autour d’associations et de groupe-ments d’habitants et favoriser ce que nous ap-pellerons l’“intérêt partagé”. La démarche desconcepteurs doit être guidée par plusieurs ob-jectifs : encourager la communauté de voisi-nage et de quartier, montrer que l’habitant a unrôle personnel à jouer dans son patrimoine ur-bain au sein de la collectivité, créer un sentimentd’appartenance à un territoire. » ■

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La renaissance des cités-jardins

Maîtres d’œuvre, élus et usagers réunis autour du projet d’une école à Thannenkirch

L’enseignement, un lieu privilégiéd’expériences : une école à Thannenkirchet un lycée au Pic Saint-Loup

L a cité-jardin du Foyer Rémois à Bétheny,implantée sur une friche industrielle, com-prendra à terme 200 logements répartis

sur 6 hectares. BCDE Architecture a réaliséune première tranche de maisons bioclima-tiques en matériaux renouvelables, essentiel-lement le bois et ses dérivés : onze maisons« au soleil » et douze maisons « au talus », ha-bitées depuis 2002. Une deuxième tranchede dix maisons est en cours de chantier. Les maisons « au talus » sont protégées desnuisances du vent du nord et de la rue par legarage, dont la toiture végétalisée est dans leprolongement du talus qui borde le trottoir.Cette végétalisation assure la régulation deseaux pluviales et apporte une isolation acous-tique et un volant thermique appréciables.Dans des conditions normales d’utilisation, lesréductions de charges espérées par rapport àdes maisons répondant aux exigences régle-mentaires sont d’environ 38 % pour les mai-sons « au talus » et de 40 à 55 % pour les mai-sons « au soleil ». Orientées au sud ou ausud-ouest, afin de bénéficier des apports so-laires gratuits, elles ont une isolation renforcéeet des doubles vitrages peu émissifs. Le plan-cher en béton armé du rez-de-chaussée sertde volant thermique et restitue pendant la nuitles calories emmagasinées le jour. Deux mai-sons « au soleil » sont équipées de capteurs so-laires pour l’eau chaude sanitaire ; deux autres

d’une pompe à chaleur air-eau réversible, ali-mentant des ventilo-convecteurs installés dansle séjour et les chambres. Dans les autres mai-sons « au soleil » et dans les maisons « autalus », le chauffage est assuré au rez-de-chaus-sée par des plafonds rayonnants, constitués defilms électriques entre un isolant et une plaquede plâtre, et par des convecteurs, à l’étage . Unsystème de ventilation performant permet delimiter les déperditions : VMC hygro A dans lesmaisons équipées de pompes à chaleur, VMChygro B ailleurs. Dans les deux types de mai-sons, les mesures environnementales concer-nent également les économies d’électricité etd’eau ainsi que la gestion des déchets. Deslampes à faible consommation sont préinstal-lées dans les cuisines et les habitants disposentd’une facilité d’achat pour des appareils mé-nagers économes en énergie. Les appareilssanitaires sont munis de robinets économi-seurs d’eau et de chasses d’eau à doubledébit. Deux maisons sont équipées de récu-pérateurs d’eaux pluviales. Un espace exté-rieur végétalisé est réservé au tri des déchets.Les maisons dans lesquelles plusieurs tech-niques de chauffage sont expérimentées sontéquipées d’instruments de mesure. La com-paraison des résultats facilitera l’améliorationdes choix et des performances à l’avenir. Cetteopération a été lauréate d’un programme duPUCA intitulé « Programmer-Concevoir ». ■

La cité-jardin du Petit Bétheny

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Thannenkirch.Architectes : Klein & Baumann, Mulhouse.Réalisation : 2003.Surface : 700 m2.Coût global de l’opération : 770 000 euros TTC.

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23 maisons bioclimatiques avec financement PLA dans la cité-jardin du Petit Bétheny, à Bétheny.Maître d’ouvrage : S.A. Le Foyer Rémois, Reims.Architectes : BCDE Architecture ; Laurent Debrix et Anne Reychman, Reims.Réalisation : 2002.Surfaces : terrain 7 500 m2 ; opération, 2 185 m2 habitables.Coût des travaux : 2 323 600 euros TTC (valeur 2001).

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Le parti du lycée du Pic Saint-Loup s’appuie sur trois objectifs : lier la forme à la stratégieclimatique, fusionner le bâtiment avec le terrain, concevoir une architecture économe encoût de fonctionnement et en entretien. Les locaux réunissant les fonctions communes sont

installés en partie basse du site, dans un socle en pierre qui émerge des rochers. Quatre bâ-timents d’enseignement en béton blanc sont posés perpendiculairement sur ce socle, en pre-nant appui sur la colline. Cette disposition respecte la topographie du terrain, limite les ter-rassements et privilégie les expositions nord et sud pour les salles de classe. Le bois est réservéaux trois bâtiments qui ont une fonction spécifique : le restaurant, la « cyber.cafèt » et l’am-phithéâtre, revêtu d’un bardage en lames de châtaignier, traité par trempage dans de l’huilebouillante. ■

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> Les témoignages de Hugues Kleinet Pierre Baumann, architectes :

« L’école de Thannenkirch enseigne le respectdu groupe, de la convivialité, de l’environne-ment immédiat et de la nature. Elle est cons-truite avec des matériaux non toxiques, réutili-sables ou recyclables. Elle profite intelligem-ment de l’énergie gratuite, dans une optiqued’efficacité et d’économie. Elle tisse des liensétroits entre architecture et végétal et laisse lechamp libre à de nouvelles relations entre l’en-fant et son environnement. Lieu d’apprentis-sage des cycles de la nature et de la vie, l’écolepermet de profiter des plaisirs de la nature etde rester en contact avec les saisons. Jour aprèsjour, l’enfant bâtit une expérience variée etévolutive, inscrite dans le temps, qui forgeral’essentiel de ses souvenirs et de ses expérien-ces : il se “construit” pour la vie. »

> Gilles Guiot, entreprise de charpente Voegele :« Dès le début de l’opération, nous avons sen-sibilisé nos fournisseurs habituels à la démar-che HQE en demandant une sélection rigou-reuse des bois. Ils n’ont pas hésité à s’engagerpour fournir des produits de qualité. C’est lapreuve que les acteurs de la filière bois pren-nent de plus en plus conscience de l’avenirdes bâtiments à ossature bois. »

> M. Banzet, entreprised’étanchéité et de végétalisation :« En collaboration avec l’architecte, HuguesKlein, et Étibat, bureau d’études et écono-miste, nous avons conçu un système de toiturevégétalisée économique, basé sur des pro-duits d’étanchéité éprouvés issus de la gammeSarnafil , que nous posons depuis vingt ans. Lamembrane Sarnafil T est légère. Elle a une lon-gue durée de vie et bénéficie d’une garantiede cinq ans au-delà de la décennale. Elle estdonc bien adaptée à la végétalisation sur struc-ture bois. Sur l’étanchéité, nous avons préco-nisé une couche de drainage écologique àbase de polyéthylène recyclé du même fabri-cant. Pour la végétalisation, nous avons prévuun substrat minéral de 8 à 12 cm d’épaisseur,dont la composition et le taux d’humidité ontété étudiés pour offrir les conditions optimalesà l’ensemencement. Pour le semis, le choixs’est porté sur un fournisseur qui a plus dequinze années d’expérience. Il garantit la flo-raison du semis, composé d’une trentaine devariétés de plantes. Les semences seront souf-flées sur la toiture par camion pompe. Au total,le complexe d’étanchéité et de végétalisationn’excède pas 75 kg/m2. Une maquette pré-sentant cette solution a été proposée à mon-sieur le maire et a remporté son adhésion. L’école de Thannenkirch va donc être dotéed’une cinquième façade : sa toiture ! » ■

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> Le témoignage de Pierre Tourre,l’architecte du lycée

« Qu’est-ce que le caractère méditerranéen ?Un climat doux en hiver, sec et chaud l’été,parfois très chaud. Un paysage marqué, dansnotre région, par la garrigue, sa végétationspécifique et ses murets en pierre sèche. Unearchitecture traditionnelle bâtie à partir desmatériaux locaux, adaptée à sa fonction, auvent, au soleil. Une architecture agréable àvivre et économe en énergie. Ce conceptd’architecture méditerranéenne s’inscrit na-turellement dans la notion de développe-ment durable, dont la démarche HQE estissue, et pourrait se traduire par la question:“Comment retrouver un savoir construire an-cestral et l’adapter aux évolutions contem-poraines ?” Pour le lycée du Pic Saint-Loup,nous n’avons cherché ni la belle forme ni lebon goût, seulement l’intelligence, la cohé-rence et l’émotion. » ■

Une architecture authentiquement méditeranéennepour un lycée au Pic Saint Loup.

Lycée du Pic Saint-Loup, à Saint-Clément-de-Rivière Maître d’ouvrage : Région Languedoc-Roussillon.Architectes : Pierre Tourre, enassociation avec Archigraphes.Mise en service, 2003.Surface : 11 500 m2 shon.Coût de l’opération : 17,5 millions d’euros TTC.

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