Potager Tropical Chapitre 5 Les Ennemis Animaux Des Plantes Maraicheres
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Chapitre 5
LES ENNEMIS ANIMAUX DES PLANTES MARAÎCHÈRES
Le nombre d'animaux (visibles à d'œil nu, ou avec une forte loupe) capables de nuire aux
plantes cultivées est encore plus grand que celui des champignons, bactéries, virus som-
mairement décrits au chapitre précédent. Nous essaierons ci-dessous de donner une idée
des principaux types d'ennemis auxquels le maraîcher peut avoir affaire, sans chercher à
réaliser une énumération complète de toutes les familles animales capables d'attaquer les
végétaux.
I. LES NÉMATODES Ce sont des vers de section ronde, d'organisation assez simple. Un grand nombre d'entre
eux se nourrissent de déchets dans le sol (saprophages), certains sont parasites de l'homme
(Ascaris, oxyures, trichocéphales), des animaux à sang chaud ou des insectes. Ceux qui
attaquent les plantes sont en général de très petite taille (0,1 à 0,5 mm) et rarement
visibles à l'oeil nu, sauf dans le cas des espèces dont les femelles se renflent en forme
d'outre et atteignent la taille d'un grain de millet.
Les nématodes parasites des plantes appartiennent pour la Plupart à l'ordre des
Tylenchides, et sont pourvus d'un stylet buccal qui leur permet de percer la paroi des
cellules végétales et d'en absorber le contenu.
On se reportera au chapitre précédent pour la description des dégâts qu'ils peuvent
provoquer sur les plantes et pour les moyens de lutte.
II. LES ACARIENS Ces animaux, voisins des scorpions et des araignées, mais de taille beaucoup plus réduite,
comprennent des espèces saprophages, des parasites de l'homme et des animaux (Sarcopte
de la gale, Tiques) et des espèces nuisibles aux plantes.
Trois familles se rencontrent fréquemment sur les plantes maraîchères (fig. 17).
Les Eriophyidés, invisibles à l'oeil nu, ne possèdent que 4 pattes et sont de forme allongée
(200 X 50 µ environ).
Fig. 17 - Acariens de divers types. A : Eryophyidé, B : Tarsonème, C Tétanique
Leurs piqûres provoquent soit la nécrose des cellules épidermiques et des poils des
plantes, qui prennent un aspect terne ou bronzé, soit la prolifération anormale des poils
(érinoses), soit l'apparition de galles ou balais de sorcière.
Les Tarsonémidés, également invisibles à d'œil nu, sont translucides, de forme
globuleuse, avec 8 pattes courtes. Ils provoquent des nécroses ou des déformations
importantes de feuilles.
Polyphagotarsonemus latus (autrefois Hemilarsonemus) est le représentant le plus
redoutable de cette famille sous les tropiques. On l'appelle également «acarien ravisseur»,
car les femelles promènent souvent leur mâle sur leur dos. Son cycle de reproduction est
très rapide, on préconise de traiter à deux jours d'intervalle si l'on veut successivement
détruire les adultes et les jeunes larves fraîchement écloses.
Cet acarien recherche plus particulièrement les très jeunes feuilles à l'apex des plantes, les
fleurs, et les très jeunes fruits à peine fécondés. Sur feuilles, il provoque d'importantes
déformations, que l'on peut confondre avec des dégâts de virus ou de 2.4.D, sur fruits des
cicatrices liégeuses ou des nécroses grisâtres de l'épiderme qui attirent l'attention bien
après que les tarsonèmes aient migré vers des organes plus jeunes.
La polyphagie de cette espèce est très grande : Coton, Agrumes, Solanées,
Cucurbitacées... Suivant les hôtes ce sont les dégâts sur feuilles qui prédominent (ex.
Poivron), ou ceux sur fruits (Aubergine, Citron vert).
Les Tétranyques sont au contraire tout juste visibles à d'œil nu et se déplacent rapidement.
Désignés sous le nom commun d'Araignées rouges, ils sont colorés en rouge ou en jaune,
leur taille est de l'ordre du demi-millimètre, ils sont pourvus de 8 grandes pattes agiles.
On observe très souvent en conditions tropicales des attaques de type Tetranychus telarius
: les acariens pullulent à la surface inférieure des feuilles et secrètent un réseau de fils très
fins sur lesquels ils se déplacent.
Les feuilles atteintes prennent au-dessous un aspect gris sale, au-dessus un aspect terne et
chlorotique en très fine mosaïque.
Les plantes les plus atteintes sont l'Aubergine, les Cucurbitacées et les Légumineuses.
Les pullulations de Tétaniques et d'Eriophyidés sont favorisées par le temps sec et la
poussière. L'arrosage par aspersion et les périodes pluvieuses, au contraire, les
défavorisent.
Les Tarsonèmes, par contre, pullulant à des emplacements mieux protégés des gouttes
d'eau, peuvent proliférer même par temps pluvieux.
Parmi les pesticides, certains, vendus comme fongicides ou insecticides, exercent une
action secondaire sur les acariens. Les éthylène-bisdithiocarbamates (zingue, manège,
mancozèbe) freinent le développement des Eriophoidés. Certains insecticides favorisent
d'emblée la prolifération des Tétranyques, comme le carbaryl. Beaucoup d'insecticides
phosphoriques, après une action de choc sur les acariens adultes, induisent des
proliférations ultérieures, liées soit au fait que les oeufs et jeunes larves ont résisté, alors
que les prédateurs d'acariens ont été détruits, soit à un effet de «trophobiose» (v. chapitre
9).
Les produits vendus comme acaricides appartiennent à diverses familles chimiques :
Certains sont en même temps des fongicides antiokliums, comme le soufre, ou, parmi
les produits modernes le binapaperyl et le chinométhionate (ce dernier particulièrement
efficace sur Tarsonèmes).
Les deux familles les mieux représentées parmi les «acaricides spécifiques» sont :
Les «carbinols», chlorés ou bromés, comme le dicofol et le bromopropylate, qui
présentent une activité générale sur les acariens à tous les stades, mais ne sont pas
spécialement ovicides.
Les «sulfones» et «sulfonates» sont dépourvus d'action de choc car ils ne tuent pas les
adultes. Ils sont actifs à long terme par leur action sur les oeufs, les jeunes larves, et la
fertilité des femelles (ex. tetradifon).
Le mode d'application des pulvérisations acaricides pré" sente également une importance :
les produits seront plus effi- caces si l'on mouille abondamment le feuillage et plus
spécialement les bourgeons dans le cas des Tarsonèmes.
Etant donné la rapidité des générations en conditions
tropicales, on aura avantage à réaliser deux traitements à 48 h d'intervalle, le premier avec
un produit à efficacité générale, le second avec un ovicide.
III. III - LES INSECTES C'est l'ordre d'êtres vivants qui comprend le plus grand nombre d'espèces. Les Insectes, ou
Hexapodes (6 pattes), sont les concurrents les plus acharnés de l'humanité. Il serait
difficile de décrire dans ce livre toutes les familles attaquant les plantes maraîchères. Nous
essaierons de passer en revue les catégories d'insectes les plus communes, et dont les
dégâts sont les plus fréquents en conditions tropicales.
• Parmi les ORTHOPTÈRES* (métamorphoses incomplètes, pièces bucales broyeuses,
ailes membraneuses) un des ennemis les plus fréquents du maraîcher est la Courtilière
(Scapteriscus ou Grillotalpa sep., fig. 18) ou «Taupe-grillon», insecte vivant dans le sol,
qui coupe les plants
Fig. 18 - Une Courtilière antillaise (Scapteriscus).
Sans oublier les Criquets, qui se déplacent en troupes dans les régions proches des déserts
mais contre lesquels la lutte n'est plus une affaire à l'échelle du maraîcher individuel.
Fraîchement repiqués, les plantules de légumineuses, les tiges de pomme de terre, etc. On
luttera contre cet insecte de façon préventive (ou après avoir constaté les premiers dégâts)
en lui proposant des appâts empoisonnés constitués de sciure de bois, de bagasse ou de
son de blé imbibés de mélasse ou de solution de sucre, et d'insecticide (endosulfan 2 g/kg
d'appât, lindane 4 g — se munir de gants pour la préparation).
• LES THYSANOPTÉRES ou «Thrips» sont de très petits insectes dépassant à peine le
mm de long (métamorphoses incomplètes, pièces buccales dissymétriques piqueuses, ailes
plumeuses). Ils vivent à l'aisselle des feuilles ou dans les fleurs, soit en simples
commensaux, soit provoquant des dégâts nécrotiques ou des chutes de fleurs. Les Thrips,
par leur piqûres, lysent des groupes de cellules sous-épidermiques et en aspirent le
contenu. Le plus répandu est Thrips tabaci qui fait des dégâts sur de très nombreuses
plantes, en particulier sur Allium.
Beaucoup plus redoutable, capable d'attaquer Coton, Légumineuses, Poivron, et surtout
Aubergine et Cucurbitacées (Concombre, Melon) le Thrips calmi a provoqué récemment
de très graves dégâts dans la zone antillaise où il était inconnu jusqu'en 1985. Originaire
de l'Asie du Sud-Est (Réunion, Nouvelle Calédonie, Philippines), il y est sans doute tenu
en respect par des ennemis naturels, car il y provoque moins de dégâts que dans les lieux
d'introduction récente. Sur Aubergine il induit une coloration bronzée du feuillage et des
stries verdâtres sur les fruits qui les rendent invendables. Sur Poivron on observe des
nécroses sur fruits, sur Cucurbitacées de graves nécroses du feuillage et des jeunes fruits.
Aux Antilles ce Thrips sévit tout particulièrement en conditions sèches sous irrigation,
beaucoup moins dans les zones à plus de 2 m de pluie annuels (ce qui laisserait imaginer
l'intervention d'une mycose). Le temps de génération est rapide (20 jours à 25°-30°), les
nymphes du dernier stade se laissent tomber à terre pour y subir leur transformation en
adultes ailés.
Très peu d'insecticides sont efficaces contre cet insecte, il faut des «translaminaire» et non
des systémiques (le Thrips ne pique pas les vaisseaux). L'utilisation, en dérogation
spéciale, du prophenophos (délai d'utilisation de 21 jours) n'a pas empêché la production
d'aubergines pour l'exportation de décliner, puis de disparaître aux Antilles françaises).
Le meilleur moyen de faire régresser ce Thrips, d'après les essais des zoologistes de
l'INRA-Antilles-Guyane est d'arrêter tout traitement insecticide : on laisse ainsi se
développer les ennemis naturels de l'insecte, vis-à-vis des larves et de l'adulte sur feuilles,
vis-à-vis des nymphes dans le sol.
Les HÉTÉROPTÈRES (pièces buccales piqueuses, ailes antérieures en
demi-élytres, métamorphoses incomplètes)
comprennent les Punaises (Pentatomidés, Miridés, Lygaeidés - fig.19 A, B, C), répandant
souvent un parfum désagréable, dont les piqûres sur les végétaux provoquent sur feuilles
des lésions chlorotiques arborescentes, sur fruits le même type de dégâts, ou, plus grave,
des nécroses internes (Tomate) ou des déformations ou avortement de graines
(Légumineuses). La plus répandue dans le monde entier est Negara viridula.
Toutes les punaises qu'on voit sur les plantes ne sont pas nuisibles : certaines sont
prédatrices et se nourrissent d'autres insectes.
Les Tingidés ou «Tigres» (fig. 19 D) sont de minuscules punaises qui, vues à la loupe,
évoquent un lustre de cristal ambulant. Vivant en groupe, les Tigres provoquent des
dégâts d'allure analogue à ceux des araignées rouges, mais en plages plus localisées et
avec une mosaïque plus grossière sur la face supérieure des feuilles.
Les HOMOPTÈRES (métamorphoses incomplètes, pièces buccales
suceuses, ailes membraneuses) comprennent quatre catégories d'insectes, à la fois
importants par les dégâts qu'ils commettent, et par les maladies qu'ils transmettent.
1) Les Citadelles (fig. 19 E), en forme de cigales miniatures dont tous les stades sautent,
et dont les adultes volent avec rapidité, provoquent sur le feuillage des plantes des lésions
chlorotiques, et transmettent un certain nombre de virus, et tous les mycoplasmes
nuisibles aux plantes connus à ce jour.
Figure 1Fig. 19 - Insectes piqueurs, A, B, C : Trois Punaises (appartenant Penraromidés, Coréidés, Lygaeidés. D
: un Tingidé, ou «Tigre». E : I Cicadelle (Empoasca) F, G : Femelles virginipares ailée et aptère Myzus persifle
(puceron) H, I : Adulte (en vol) et n
2) Les Pucerons ne sont guère différents dans les jardins tropicaux de ce qu'ils sont en
climat méditerranéen. On y retrouve les mêmes espèces cosmopolites vectrices de nom-
breux virus persistants ou non persistants : Myzus persicae (fig. 19 F, G) sur Solanées,
Crucifères et Patates douces, Aphis gossypii sur Cucurbitacées, Malvacées et Aroklées,
des pucerons noirs sur Légumineuses (ex. Picluraphis brasiliensis) et des pucerons gris sur
Crucifères (Brevicoryne brassicae).
Le cycle complet des pucerons comprend un stade parthénogénétique (femelles dites
«virginipares» ailées ou sans ailes), puis un stade sexué, aboutissant à la ponte de l'ceuf
d'hiver (souvent sur un hôte différent). Dans un climat dépourvu d'hiver ces pucerons se
passent de l'hôte sur lequel se produit la phase sexuée (le Pêcher pour Migus persicae), et
se perpétuent par parthénogénèse.
Au cours de l'année les pucerons peuvent trouver deux sortes de conditions défavorables :
— les mois où la pluviosité dépasse 300 mm, au cours desquels ils sont défavorisés
dans leur multiplication et attaqués par des maladies cryptogamiques (Acrostalagmus
aphidum et Entomophthorales) ;
— en climat sahélien, les mois où la température maximale atteint ou dépasse 35°.
Ces deux facteurs limitants semblent exercer une action telle qu'on observe rarement en
climat tropical des vols de pucerons ailés aussi importants qu'en climat méditerranéen.
Les situations fortement et régulièrement balayées par les alizés sont moins favorables
aux pucerons que les expositions abritées.
Les traitements insecticides et fongicides réguliers peuvent provoquer des pullulations
inattendues : les fongicides éliminent Acrostalagmus aphidum, les insecticides
phosphoriques les Coccinelles et les Hyménoptères (Aphidiens) parasites des pucerons.
On redressera ce type de situations par le lindane, ou le pirimicarbe.
3) Les Aleurodes ressemblent à de minuscules papillons blancs triangulaires. Leurs
larves, semblables 1 de petites écailles, sont disposées sur la face inférieure des feuilles en
cercles ou en spirales. Ils peuvent, suivant les cas, provoquer des dégâts directs sur les
plantes par leurs pullulations (ex. Trialeurodes vaporarium ou transmettre des geminivirus
(ex. Bernisia tabaci).
4) Les Cochenilles, insectes sédentaires toute leur vie, forme de boucliers ou de virgules
collés sur les plantes et parfois recouverts d'une toison de fils de cire. Elles ne se
développent gravement en culture maraîchère que sur des organes à durée de vie assez
longue (plus de 4 ou 5 mois) tiges d'Aubergine, de Piments vivaces, de Pois de bois, Pois-
savon, Cristophine, Ignames. Certaines peuvent coloniser les parties souterraines :
tubercules d'Ignames (Aspidiella hartii) ou racines de plantes diverses, comme Geococcus
coffrée, qui apparaît comme des «nids» de points blanchâtres sur le chevelu racinaire.
• Les COLÉOPTÈRES (métamorphoses complètes, ailes antérieures transformées en
élotres rigides, pièces buccales brooeuses) sont l'ordre d'insectes le plus riche en espèces.
Il comporte de nombreuses familles nuisibles aux plantes maraîchères. Nous citerons
entre autres :
1) Les Vers blancs, larves souterraines de gros coléoptères, Dynastidés ou Melolontidés
(fig. 20 A, B). Leurs plus graves dégâts concernent les tubercules, qui les attirent au cours
de leur maturation en saison sèche. Le travail fréquent du sol diminue leurs populations.
La lutte contre les adultes est difficile à envisager.
2) Les Coccinelles, tachetées, le plus souvent insectivores, certaines sont photophages,
en paticulier les Epilachna sur Cucurbitacées.
3) Les Chrysomelidés (fig. 20 D, E) voisins des Coccinelles comprennent une majorité
d'espèces phytophages, parmi lesquelles on peut citer les Diabrolica (en particulier sur
Solanées, Cucurbitacées) et les Alaises, très petits coléoptères de 2 à 3 mm de long,
Figure 2Fig. 20 - Coléoptères A, B : Un Escarbot (Ligyrus) et son ver blanc. C : Le Charançon de la Patate douce
(Cylas formiflrius). D : Un Diacrítica. E : une Attise (Epitrix). F : Haricots percés par les Bruches.
sautant et volant très rapidement dès qu'on s'approche et pratiquant de très nombreux
petits trous dans les feuilles.
4) Les Bruches (fig. 20 F), assez petites elles aussi, qui attaquent les grains frais et
secs de Légumineuses.
5) Les Charançons (fig. 20 C), groupe très vaste comprenant des espèces de taille très
variable (de quelques mm à plusieurs cm), dont la tête se prolonge par un rostre terminé
par des pièces buccales broyeuses très petites, mais très puissantes. Les larves s'attaquent
soit aux denrées entreposées, soit aux racines, tubercules et tiges souterraines. Leurs «vers
blancs» sont alors plus petits que ceux décrits ci-dessus, non recourbés sur eux-mêmes, et
de forme «conique».
Les LÉPIDOPTÉRES ou PAPILLONS (fig. 21) (métamorphoses complètes, trompe
spiralée destinée à sucer le nectar, ailes recouvertes d'écailles) sont inoffensifs le plus
souvent à l'état adulte. Leurs larves, ou chenilles, pourvues de pièces buccales broyeuses,
ont malheureusement beaucoup plus d'appétit. Elles sont de taille très variable, depuis les
plus petites qui peuvent vivre en mineuses de feuilles ou pratiquer
de petits trous respectant l'épiderme supérieur (Tordeuses,
Teignes), en passant par celles de taille moyenne (Pyrales),
qui enroulent souvent par quelques fils de soie les feuilles
qu'elles exploitent. Les Noctuelles, papillons à migrations et pullulations irrégulières
produisent de grosses chenilles polophages et de moeurs nocturnes, se cachant le jour
dans le sol ou dans des organes charnus (pommes de chou). Les chenilles de Noctuelles
(Heliotis, Spodoptera spp.) sont difficiles à détruire à leurs derniers stades, les traitements
insecticides doivent être pratiqués préventivement et précocement. Quant aux énormes
chenilles de Sphinx, il vaut mieux les écraser à la main que perdre du temps à essayer de
les tuer avec des insecticides.
Les DIPTÈRES (métamorphoses complètes, larves sans pattes, ailes postérieures
transformées en «balanciers», pièces buccales piqueuses ou lécheuses). Les espèces
nuisibles aux plantes peuvent être rapprochées des Moustiques (minuscules Cécidomyes,
parasitant les fleurs ou les jeunes fruits) ou, le plus souvent, des Mouches domestiques.
Les
principales familles de Mouches phytophages attaquant les plantes maraîchères sont les
suivantes :
1) Les Trypétides, qui comprennent quelques mouches bineuses de feuilles (ex.
Mouche du Céleri, inconnue sous les
Tropiques), sont le plus souvent de redoutables mouches
des fruits (Dacus, Rhagoietis spp.).
2) Les Agromyzides, dont les larves de petite taille vivent en mineures de tiges (ex.
Ophiomyga phaseoii) ou de feuilles (les Liriomyga). Dans ce dernier cas la «mine» peut
constituer soit une galerie sinueuse, soit une cloque. La larve respecte les deux épidermes,
et consomme le tissu palissadique. On voit l'asticot par transparence. La transformation de
l'asticot en pupe (ou nymphe) a lieu soit à l'extrémité de la mine, soit dans le sol où la
larve tombe juste avant la métamorphose.
Les adultes sont de très petites mouches de la taille d'une Drosophile, aux ailes irisées
(fig. 22 A).
Les attaques de mouches mineures sont très fréquentes sur les plantes maraîchères en
conditions tropicales. Certaines espèces, comme Liriomyga Trifoiii aux Antilles sont
extrêmement polyphages (Cucurbitacées, Légumineuses, Solanées, Composées,
Crucifères, Amarantes).
On les combattra avec des insecticides phosphoriques
doués de propriétés translaminaires, le diazinon par exemple. Récemment, aux Antilles,
pour combattre sur Melon de très fortes attaques de Liriomyza profitant du «vide
biologique» laissé par l'arrêt de traitements au Prophénophos contre Thrips palmi 15 jours
avant récolte, on a constaté l'efficacité du
pyrazophos (anti-oïdium) utilisé à la dose double de la dose fongicide. Ce produit n'est
utilisable que sur Cucurbitacées.
3) Les Psilides et Muscides comprennent un certain nombre d'espèces très nuisibles aux
cultures maraîchères dans les pays tempérés : Mouche de la carotte (Psila rosace),
Mouche des semis (Phorbia piatura), Mouche de l'Oignon
(Phorbia antiqua), Mouche du Chou (Phorbia brassière). Ces espèces sont heureusement
absentes des pays tropicaux.
Figure 3Fige. 22 - A : une mouche mineuse adulte (Agronzyzidés). B : Deux
.
F
Les Drosophiles, saprophages, sont à l'état adulte, attirées par les fruits mûrs, et dès que
ceux-ci (melons, tomates) présentent la moindre fente ou blessure, propagent activement
les champignons provoquant des pourritures.
4) Les Diptères comprennent également des espèces utiles : les Syrphes, ennemis des
pucerons, et les Tachinaires, parasites de chenilles.
• Les HYMÉNOPTÈRES (métamorphoses complètes, 4 ailes membraneuses, pièces
buccales de type broyeur-lécheur) comprennent plus d'espèces utiles que nuisibles aux
plantes : Abeilles, Mélipones productrices de miel, et pollinisatrices, ainsi que de
nombreuses autres espèces, Braconides, Ichneumons, Chalcidiens parasitant les larves de
Diptères, Lépidoptères, Coléoptères, les Pucerons et les Cochenilles, minuscules
Trichogrammes détruisant les oeufs d'insectes.
Certaines Fourmis végétariennes peuvent faire des dégâts dans les cultures maraîchères,
en particulier les Fourmis Manioc (ou Fourmis-parasol). Elles appartiennent aux genres
Alta et Acromyrmex. Elles découpent des fragments de feuilles qu'elles rapportent dans
leurs nids pour édifier des meules où elles cultivent un champignon basidiomycète. Elles
circulent en prosession pendant la nuit, et peuvent défolier très rapidement une plantation
d'Ignames, ou un verger d'Agrumes (fig. 22 B).
On lutte contre ces fourmis en déposant près de leurs nids un appât empoisonné par du
Myrex, produit chloré assez dangereux, à manipuler par des équipes spécialisées.
IV. MÉTHODES DE LUTTE CONTRE LES INSECTES
1. Méthodes de lutte biologique Ces méthodes à la mise au point desquelles ont participé de courageux pionniers, et dont
l'intérêt paraît aujourd'hui de plus en plus évident, consistent à emplooer des mooens
naturels pour maintenir les populations d'insectes à un niveau raisonnable. Elles peuvent
comporter plusieurs modalités :
1) Certaines méthodes culturales peuvent limiter les dégâts : le travail fréquent du sol
contrarie les larves souterraines, l'irrigation par aspersion est nuisible aux pucerons, la
récolte précoce et le fait d'éviter de cultiver Patate sur Patate diminuent les dégâts de
charançons sur Patate douce...
Mais la plupart des insectes sont parfaitement adaptés aux meilleures pratiques culturales
du jardin potager dont la production leur profitera autant ou plus qu'au propriétaire, si on
ne prend pas des mesures spéciales pour les combattre.
2) On peut essayer d'introduire, dans une région où un ravageur a pénétré sans son
cortège d'ennemis naturels, des maladies ou des insectes qui lui sont nuisibles, avec
l'espoir de trouver pour ces facteurs militants de la pullulation des conditions de milieu
favorables.
3) Dans le cas (le plus courant) où de façon naturelle, l'épidémie, ou la pullation de
l'insecte parasite du ravageur ne se déclenchent que lorsque les dégâts sur la plante sont
déjà importants, on peut apporter chaque année les germes parasites (virus d'insectes,
champignons ou bactéries entomophages), ou les insectes parasites produits en élevage.
Ces méthodes ne sont pas, bien entendu, à la portée du maraîcher individuel, et doivent
être mises au point par des laboratoires de recherches, appliquées par des organismes
financés par l'État, ou coopératifs.
Les réussites acquises à ce jour concernent avant tout des plantes de grande culture
couvrant de vastes surfaces : le meilleur exemple que nous puissions citer est la réduction
des attaques de chenilles mineuses de tiges de Canne à Sucre aux Antilles françaises,
grâce aux lachers annuels de Diptères et Hyménoptères parasites obtenus en élevage, dans
les années 60-70.
4) Dans le cas d'agents pathogènes microbiens, on peut en arriver à utiliser en
guise d'insecticide une préparation purifiée de l'organisme nuisible à l'insecte, ou
de la toxine qu'il produit.
Des préparations purifiées de virus de Lépidoptères (polyhédroses) peuvent ainsi être
employées vis-à-vis des chenilles de certaines Noctuelles. Actives sur un beaucoup
plus grand nombre d'espèces de chenilles, les préparations de Bacillus thuringiensis
(bactérie parasite de Lépidoptères) contiennent à la fois des spores viables de la bactérie,
et des cristaux d'une toxine active sur Teignes, Pyrales, Noctuelles. Ce type de produit
présente sur les insecticides classiques l'avantage d'une totale innocuité pour l'homme et
pour les Diptères et Hyménoptères parasites des chenilles.
5) Les pheromones, substances volatiles actives à très faibles doses gouvernant le
comportement des insectes, peuvent être chimiquement identifiées, synthétisées par
l'industrie, et utilisées pour perturber les insectes dans leurs activités de reproduction
(phéromones sexuelles, conduisant à fortes doses à la «confusion sexuelle»), ou jouer un
rôle répulsif (phéromones d'alarme). Un effort considérable de recherche est consacré à ce
sujet dans de nombreux pays.
6) Chez les insectes (Diptères en particulier) dont les femelles ne s'accouplent qu'une
fois, on peut lâcher des mâles stériles (mais non impuissants) en nombre supérieur à celui
des mâles présents dans la nature.
Les femelles non fécondées pondent des œufs qui n'éclosent pas. Les mâles d'élevage sont
stérilisés soit par irradiation gamma, soit par voie chimique.
Cette méthode est particulièrement efficace dans les îles, où l'éradication d'une espèce
peut ainsi être obtenue (Dacus cucurbitae aux Iles Mariannes).
7) De la même façon, on peut lâcher dans la nature des insectes irradiés plus faiblement,
dont les chromosomes ont reçu des altérations telles que la descendance sera anormale ou
stérile.
Ces deux dernières méthodes de lutte sont appelées respectivement : lutte autocide, lutte
génétique.
En culture maraîchère, la diversité des espèces cultivées, dont aucune n'atteint
l'importance économique de la Canne à Sucre ou du Bananier, rend assez
disproportionnés les efforts à réaliser pour mettre au point la lutte biologique vis-à-vis
d'un insecte spécialisé à un hôte, et les dégâts économiques qu'il provoque.
La culture maraîchère peut bénéficier actuellement de l'insecticide biologique» Bacillus
thuringiensis. Certains insectes mériteraient un effort de recherche en lutte biologique :
ravageurs majeurs d'une famille ou d'un genre important. Ce type de recherche a été
entrepris pour Plutella xylostella (ravageur du Chou) par l'IRAIT. Nous avons cité plus
haut Dacus cucurbitae. Les Liriomyza mériteraient elles aussi un effort de recherche, ainsi
que Thrips palmi.
Les insecticides On peut donner des insecticides utilisés actuellement la classification suivante :
— Insecticides d'origine végétale
— Insecticides organiques de synthèse :
– organo-chlorés
– esters phosphoriques
– carbamates
– pyréthrinoîdes de synthèse.
(Les insecticides minéraux : arséniates de calcium et de plomb, sont aujourd'hui
abandonnés).
a) Insecticides d'origine végétale Les insecticides d'origine végétale étaient au début du siècle la seule alternative à l'usage
des arséniates. Ils ont connu un développement important entre les deux guerres, puis,
sans que leur production disparaisse, ils ont été éclipsés à partir des années 50 par
l'énorme développement des insecticides de synthèse. Aujourd'hui, la méfiance qui
s'accroît vis-à-vis des insecticides d'origine chimique pourrait leur redonner de l'astualité.
Ce sont d'ailleurs des régions tropicales qui sont les principaux centres de production, et il
est probable que dans gien des cas une culture locale des plantes insecticides, et la
préparation d'extraits ou poudres artisanales, pourraient épargner à de nombreux pays
tropicaux l'importation de grandes quantités d'insecticides de synthèse.
• Les dérivés du Pyrèahre
Un certain nombre de Composées appartenant au genre Pyrethrum (souvent confondu
avec le genre Chrysanthemum ) accumulent, dans leurs capitules, des composes
insecticides du groupe des pyrethrines. Le Pirethrum cinerariaefolium originaire de
Dalmatie, est l'espèce la plus employée.
Les cultures les plus florissantes sont situées au Kenya. On peut cultiver ce Pyrèthre en
conditions tropicales sèches à plus de 1500 m d'altitude. On récolte les fleurs, soit une à
une à la main, soit en les coupant avec le sommet des tiges. On utilise soit des poudres
artisanales, obtenues en diluant au 1/10 la poudre de capitules séchés, soit des
formulations industrielles purifiées, et «synergisées» par addition de divers produits
chimiques (piperonyl-butoxyde, sésoxane, tropital) qui en augmentent l'efficacité.
Peu toxiques (DL 5O 10OO mg/kg) les pyréthrines sont très vite dégradées dans la nature,
on peut les employer sans danger jusqu'à la veille de la récolte. Elles sont actives sontre
de nombreux insectes (Diptères, Lépidoptères, Coléoptères, Pucerons) sur lesquels elles
exercent un «effet choc» : on voit l'insecte se paralyser et tomber dès la pulvérisation.
Par contre, on ne peut guère espérer d'effet préventif. On utilise les préparations du
commerce à 12 g de m.a. pour 100 litres.
• Les rotenones
Extraites de racines, feuilles ou graines de Légumineuses, les roténones ont, en même
temps qu'une action insecticide, une très forte toxicité pour les poissons, qu'elles
paralysent.
Les Derris en Extrême-Orient, les Lonchocarpus en Amazonie étaient traditionnellement
utilisés comme «poisons de pêche». Les substances insecticides et «ichtyologiques» sont
localisées dans l'écorce des racines.
Derris elliptia est une liane cultivée en Extrême-Orient à la façon des Ignames, sur billons,
et se reproduit par boutures.
Les Lonchocarpus constituent d'abondants peuplements spontanés dans la province de
Para au Brésil. C'est à proximité, en Guyane française, que l'espèce la plus active,
Lonchocarpus licou a été décrite.
La poudre de racines, titrant 3à 5% de roténone peut être utilisée diluée au l/10 avec des
charges inertes. L'industrie fournit également des préparations purifiées titrant 1%
(poudres pour poudrage) ou 5% (poudre mouillable à utiliser à 50O g/100 l) .
Les roténones sont efficaces vis-à-vis de nombreux insectes, totalement inoffensives pour
l'homme et les abeilles, utilisables sans aucun délai avant récolte.
Des substances analogues peuvent être extraites des feuilles et des graines de Tephrosia
vogelii (arbuste de Puerto Rico).
La Nicotine
C'est au contraire un alcaloïde extrêmement toxique (DL5O 50mg/kg pour le rat, 1 mg
pour le chien). Les feuilles des tabacs courants en contiennent à l'état sec 3 à 6% ,
certaines variétés riches en nicotine, ainsi que Nicotioa rustica, plus de 10%. La Nicotine
est efficace vis-à-vis des pucerons et des petites chenilles. Elle peut être présentée sous
diverses formes : jus de tabac à 1 ou 2% de nicotine, produit purifié (nicotine-base, ou
sulfate de nicotine). On l'emploie à raison de 10O à 20O g de nicotine/hl. Le délai avant
récolte est de 10 jours. On évitera de pulvériser la nicotine en plein soleil aux heures
chaudes de la journée, ou de tremper les mains dans les solutions.
Le Quassia
On utilise sous ce nom des copeaux de bois de deux arbres tropicaux : Quassia amara,
arbuste atteignant 5 m en Guyane, et Picraena excelsa de Jamaïque, arbre pouvant
atteindre 12 m. On fait macérer 2 à 3 jours 1 kg de copeaux dans 6 litres d'eau, on utilise
l'eau de trempage additionnée de 1% de savon blanc en pulvérisation. Le Quassia est un
spécifique des pucerons, actif en particulier vis-à-vis de Myzus persifle.
Autres insecticides vegetaux
De nombreuses autres plantes ont été signalées comme insecticides : oneut citer Ryania
speciosa de Trinidad (Flacourtiacées) qui contient dans ses tiges et ses racines un
insecticide actif sur les chenilles. L'arbre indien Azidirachta ildica ou «need tree» contient
dans ses graines et ses feuilles des principes répulsifs pour les insectes.
L'huile essentielle d'Ail, obtenue par entraînement à la vapeur d'eau, constituée par un
mélange de di- et trisulfure d'allyle, est active à des doses d'environ 5 ppm sur Pucerons,
Lépidoptères et Coléoptères.
L'avenir des insecticides végétaux est assez incertain : la tendance de la civilisation
moderne étant en général de réduire le nombre des emplois manuels et de développer la
chimie de synthèse, il faudrait qu'on assiste à une récession de l'industrie, ou à une
victoire éclatante des écologistes, pour que leur intérêt économique redevienne général.
Dans les pays tropicaux ils pourraient intéresser des situations autarciques, à l'échelon
individuel ou collectif.
b) Insecticides de synthèse Les insecticides de synthèse ont connu un développement extraordinaire depuis les années
40. Sans prétendre les décrire tous, nous citerons les produits qui constituent des «valeurs
sûres», ou les acquisitions récentes les plus marquantes. Nous avons évité de citer des
produits dont la DL50 soit inférieure à 80 mg/kg — à titre de référence, l'ethyl parathion,
encore autorisé sur «toutes cultures», a une DL5O de 8 mg/kg.
• Les organo-chlorés ont connu une très brillante carrière des années 40 à 70 et sont
actuellement sur leur déclin. Très stables par eux-mêmes, et donnant des produits de
dégradation encore plus stables, peu solubles dans l'eau, la plupart d'entre eux sont
considérés comme un danger pour l'homme et la nature, et leur usage se restreint de plus
en plus.
Parmi les Diptères, en sus des mouches domestiques, un certain nombre d'insectes des
cultures maraîchères tempérées (mouches de l'Oignon, de la Carotte) étaient devenus
résistants à ces insecticides. Cela conduisait les maraîchers à une impasse, car employant
de plus en plus d'aldine pour traiter leurs sols, ils risquaient de fournir aux consommateurs
des produits toxiques, tout en luttant de moins en moins efficacement contre ces mouches.
La législation française a interdit l'usage du DDT, de la dieldrifle, de l'aldine, du
chlordane et de l'heptachlore.
L'Hexachlorocyclohexane technique ou HCH (mélange d'isomères) a été utilisé à très
fortes doses dans les plantations bananières pour la lutte contre Cosmopolites sordides.
D'après les normes européennes les terrains ainsi traités devraient encore rester impropres
à la production de tubercules de nombreuses années.
L'isomère gamma de l'HCH ou lindane semble devoir rester encore longtemps en usage :
ses produits de dégradation sont hydrosolubles, ce qui réduit sa nocivité sur l'homme et
l'environnement. Insecticide polyvalent, il est Ir efficace sur Lépidoptères et Coléoptères
à doses faibles (10 g de m.a./100 1, poudres pour poudrage à 0,5%). Il peut être aussi
utilisé contre les pucerons (en particulier Myzus persicae) à dose triple. Sa DL5O est de
88 mg/kg. On arrêtera les traitements 15 jours avant la récolte, trois semaines pour les
forts dosages.
On évitera d'utiliser le lindane d'une façon régulière, on le réservera au «redressement» de
situations compromises par la résistance des insectes à d'autres familles de produits.
L'endosulfan présente l'intérêt de ne pas être nuisible pour les abeilles. Insecticide
polyvalent (DL 5O 110 mg/kg) il peut être employé jusqu'à 15 jours avant récolte à 40-60
g de m.a./100 L Ce produit peut présenter un intérêt pour les culture visitées par les
abeilles au moment de la floraison. Il est par contre d'une très grande toxicité pour les
poissons.
• Les organo-phosphorés sont actuellement les insecticides les plus variés qu'on trouve sur
le marché. Leur toxicité immédiate va de 8 mg/kg (ethyl parathion) à 2800 mg (malathion
Ils peuvent agir uniquement à la surface du végétal, soit par contre être absorbés par
l'épiderme et le mésophylle (produits translaminaires, efficaces sur mouches bineuses et
Thrips), soit enfin se montrer endothérapiques ou systémiques (absorbés par le végétal et
redistribués par le courant de sève).
D'une persistance assez brève, et ne circulant pas indéfiniment dans la nature, les organo-
phosphorés continueront probablement à être utilisés longtemps. Leur principal danger
réside dans la forte toxicité immédiate de certains d'entre eux, aggravée par leur saractère
volatil. Le respect des dates de résolte, et des précautions d'emploi prescrites par la
législation, rappelées sur les emballages, est fondamental.
Parmi les insectes, certains pucerons (en particulier Myzu persicae) arrivent assez
fasilement à résister aux organo-phosphoré. Les six produits que nous citons ci-dessous
serviront seulement d'exemples des diverses propriétés de ses insecticides :
— Le malathion, très peu toxique (DL5O = 2800) est un insecticide doux, non
systémique, d'efficacité générale, utilisable 7 jours avant récolte.
— Le diethion, actif sur pucerons, acariens, petites chenilles, non systémique (DL5O
= 208) est autorisé à l'emploi jusqu'à 15 jours avant récolte.
— La phosalone (DL5O = 120) présente une activité très générale sur toutes les
catégories d'insectes, son action persiste 18 à 21 jours. Elle possède en outre d'excellentes
propriétés acaricides. Non systémique, elle est autorisée jusqu'à 15 jours avant récolte.
— Le diazinon (DL5O = 500), non systémique, mais légèrement translaminaire, est
utilisable sur pucerons et diptères (mouches mineuses). Son délai d'emploi est de 15 jours
avant récolte.
— Le dichiorvos, assez toxique au moment de l'emploi (DL5O = 80), mais très peu
persistant, peut être employé jusqu'à 4 jours avant récolte (pucerons, petites chenilles,
aleurodes).
— Le diméthoate (DL5O = 350) est pratiquement le seul organo-phosphoré systémique
dont la toxicité au moment
de l'emploi et le délai d'utilisation avant récolte soient acceptables en culture maraîchère.
Il sera actif sur petites chenilles, pucerons, diptères, acariens (mais aves risque de
prolifération ultérieure dans ce dernier cas). Sa durée d'efficacité (jusqu'à trois semaines)
est supérieure à son délai d'utilisation avant récolte (15 jours)*.
Les carbamates insecticides peuvent eux aussi présenter des propriétés très diverses.
Nous en citerons deux : Le carbaryt (ou Sevin) agit par contact et ingestion sur les
insectes broyeurs (chenilles, coléoptères). Il est dénué d'action sur les insectes piqueurs et
les mouches mineuses, et favorise les pullulations d'acariens. Sa toxicité est faible (DL 50
= 850), on peut l'employer jusqu'à 7 jours avant récolte. Pour éviter son inconvénient vis-
à-vis des acariens, il est souvent commercialisé en mélange avec d'autres produits.
Le pyrimicarbe (DL 50 = 147) est au contraire systémique, tout spécialement actif vis-à-
vis des pucerons, et respecte leurs ennemis naturels. Comme pour le diméthoate, on peut
constater que sa persistance d'action (15 jours) est supérieure au délai d'utilisation avant
récolte (7 jours) pour choux, laitues, légumineuses...
Les pyréthrinoïdes de synthèse, que l'industrie a récemment obtenus en «copiant» les
molécules de pyréthrines naturelles sont plus actives que celles-ci, et surtout plus
persistantes.
Elles ont élargi de façon très intéressante la gamme d'insecticides disponibles en culture
maraîchère, du fait de la marge considérable qui sépare la dose efficace sur l'insecte de
celle qui est toxique pour l'homme...
La deltaméthrine est par exemple conseillée en traitement à 7 g de m.a./ha, soit 0,7 mg/m2
— soit pas plus de 0,07 mg pour un chou ou une salade, alors que la DL 50 s'élève à 130
mg/kg — soit 9 g pour un individu adulte (si tout au moins on assimile l'homme au rat,
peut être plus coriace...). Le rapport est de 130 000.
Cette situation est assez fréquente... Sans doute la commission d'homologation estime-t-
elle que les insecticides sont moins dangereux pour nous que pour les insectes !
Dans cette catégorie, les produits les plus employés comme insecticides agricoles sont :
La deltamethrine citée ci-dessus, efficace sur coléoptères, chenilles, pucerons, diptères,
avec un délai d'utilisation avant récolte de 15 jours et la cyperméthrine un peu moins
toxique (DL50 = 250), employée à dose de matière active un peu plus élevée (20 g/ha).
Elle est cependant utilisée jusqu'à 7 jours avant récolte. Pour les deux produits
on peut espérer une durée d'efficacité de l'ordre de 15 à 20 jours. L'effet «choc» des
pyréthrinoïdes de synthèse est important, comme pour leurs homologues naturels, à la
limite de l'efficacité vis-à-vis des vecteurs de virus non-persistants.
Certains d'entre eux (cyperméthrine) exercent un effet répulsif (inhibition de ponte chez
les femelles, et de prise de nourriture chez les larves).
On peut aussi espérer des résultats sur les insectes du sol (chenilles de noctuelles sortant
pendant la nuit) en pulvérisation générale de la culture (sur Choux, par exemple). Un
usage exagéré et répétitif des pyréthrinoïdes de synthèse peut cependant présenter des
inconvénients, en particulier la prolifération de Bemisia tabaci, et des virus transmis par
cet insecte.