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ACCUEIL LES RENDEZ-VOUS ARTS A PROPOS CONTACT PORTRAIT | Fabien Armengaud, chef-assistant de la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versaille directeur artistique de l’Ensemble Sébastien de Bro 18 octobre 2017 Dans la cour de l'Hôtel des Menus Plaisirs se trouve le Centre de Musique Baroque de Versaill ans cette année - dont la vocation est de faire rayonner la musique baroque française à traver activités de recherche, formation, production de concerts et de spectacles, actions culturelle à disposition de ressources. Ce dimanche d'automne, j'y ai retrouvé Fabien Armengaud, chef- du CMBV, pour un voyage musical dans le temps avec son ensemble. Le contraste était saisiss entre l'agitation de la ville et la grâce et l'harmonie qui se dégageaient de l'alliance de la voix e magnifiques instruments anciens, sous la conduite attentive, sensible et enthousiaste du dire artistique. Pouvez vous nous décrire votre métier ?

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PORTRAIT | Fabien Armengaud, chef-assistant de laMaîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles etdirecteur artistique de l’Ensemble Sébastien de Brossard

18 octobre 2017

Dans la cour de l'Hôtel des Menus Plaisirs se trouve le Centre de Musique Baroque de Versailles - 30ans cette année - dont la vocation est de faire rayonner la musique baroque française à travers desactivités de recherche, formation, production de concerts et de spectacles, actions culturelles et miseà disposition de ressources. Ce dimanche d'automne, j'y ai retrouvé Fabien Armengaud, chef-assistantdu CMBV, pour un voyage musical dans le temps avec son ensemble. Le contraste était saisissantentre l'agitation de la ville et la grâce et l'harmonie qui se dégageaient de l'alliance de la voix et de cesmagnifiques instruments anciens, sous la conduite attentive, sensible et enthousiaste du directeurartistique.

Pouvez vous nous décrire votre métier ?

Je partage mon temps entre le CMBV, Centre de Musique Baroque de Versailles, où je travaille à mi-temps, et l’

Sébastien de Brossard dont je suis le directeur artistique.

Au CMBV, j’accompagne au clavecin ou à l’orgue toutes les répétitions de chœur et je suis chef de chant pour les Pages (les

enfants de la maîtrise). Avec Olivier Schneebeli, directeur musical et pédagogique, on se partage les cours de direction et

d’ornementation pour les Chantres (chœur d’adultes en formation supérieure de chant baroque). Je suis son assistant, ce qui

m’amène à préparer le chœur et à diriger des programmes lors des Jeudis musicaux à la Chapelle royale du château de

Versailles et à l’extérieur.

Je suis arrivé par la petite porte, cela fait dix-sept ans, en 2000, au début comme « objecteur de conscience » ; j’étais l’un des

derniers à devoir faire mon service militaire! Le CMBV a décidé ensuite de me garder. J’ai commencé à faire un peu

d’organisation de plannings, j’étais chargé de production, j’accompagnais quelques cours puis j’ai accompagné de plus en plus

de cours et en 2006 j’ai remplacé Frédéric Desenclos comme continuiste attitré de la Maîtrise, à la suite de son départ pour

Orléans.

Mes journées au CMBV s’organisent comme cela : les après-midi, j’accompagne toutes les répétitions de chœur et je fais

travailler les solos des Pages pendant mes cours de chef de chant. Le mercredi, je donne des cours de direction et

d’ornementation aux Chantres. S’ajoutent à tout cela les Jeudis Musicaux bien sûr et les autres concerts.

Je m’occupe également de l’Ensemble Sébastien de Brossard, ensemble de musique baroque que j’ai créé il y a maintenant

trois ans, avec l’idée de faire un travail approfondi de redécouverte de compositeurs baroques injustement oubliés. Je

m’intéresse à un répertoire qu’on ne pratique plus beaucoup, comme la musique religieuse à trois voix d’homme, ce qui a

donné l’occasion de faire un premier disque consacré au compositeur Clairambault (1676 – 1749) avec pas mal d’inédits.

L'Ensemble Sébastien de Brossard

Jean-François Novelli, ténor, en répétition avec l'ensemble

Le prochain disque est consacré aux Motets pour ténor, la Taille comme on disait à l’époque, avec le chanteur Jean-François

Novelli. Le répertoire spécifiquement écrit pour Taille reste injustement oublié dans la production discographique actuelle. Il

y aura encore beaucoup d’inédits, et de la belle musique !

On a imaginé le projet comme la bibliothèque imaginaire d’un chanteur de l’époque baroque. On a lu beaucoup de musique,

beaucoup cherché, pour essayer de retenir ce qui nous semblait faire sens. On a choisi la figure de Jean-Baptiste Matho, alors

célèbre ténor de la Chapelle royale de Versailles, et retenu des œuvres de compositeurs contemporains de ce chanteur. De

par sa longévité, sa tessiture et sa situation, Matho aurait pu chanter tous les motets du CD.

Sur les dix motets que nous prévoyons d’enregistrer, deux à trois compositeurs sont célèbres, comme Charpentier ou

Campra, les autres sont des pièces inédites : Bouteiller, un certain Suffret et d’autres peu connus et pourtant ce sont des

chefs-d’œuvre !

Le fait de travailler au CMBV est une chance pour accéder aux documents et partitions historiques. D’ailleurs, pour

information, la bibliothèque du CMBV est accessible en accès gratuit pour les extérieurs étudiants ou musiciens faisant des

recherches dans le domaine de la musique baroque, il suffit de prendre rendez vous, c’est ouvert à tous. On ne le sait pas et

c’est une mine d’informations !

Quel a été votre parcours avant cela ?

J’ai commencé le piano à sept ans. Je suis toulousain ; ma mère faisait du piano et mon grand père était facteur de piano,

d’orgue et d’harmonium. Il était organiste à la cathédrale d’Auch et j’allais souvent l’écouter à la tribune. En face de chez eux il

y avait le Musée des Jacobins où était exposé un clavecin de 1780. Une fois j’y ai entendu un concert et je suis « tombé en

amour » devant l’instrument : à quatorze ans j’ai voulu apprendre à en jouer. Des stages de musique ont aussi joué en faveur de

ma motivation ; j’y ai rencontré mon premier professeur de clavecin Odile Masse qui m’a préparé au conservatoire de

Toulouse, que j’ai intégré à seize ans dans la classe de Jan Willem Jansen.

Seize ans, c’est très tard pour entrer au conservatoire, comme quoi tout est possible ! Je savais déjà que je voulais en faire mon

métier. Je crois que j’ai eu beaucoup de chance, déjà de suivre les cours de ce professeur avec qui j’ai beaucoup appris, puis de

rencontrer deux personnes qui m’ont marqué à vie : Hervé Niquet, qui avait pris la direction du département de musique

ancienne du conservatoire, et Laurence Boulay qui a créé la toute première classe de clavecin au CNSM de Paris en 1968, une

dame extraordinaire, une pédagogue formidable qui était à la retraite et qui venait donner des cours à Toulouse une fois par

mois. J’y pense tous les jours ! Nous, les clavecinistes actuels, sommes tous des enfants de Laurence Boulay.

Hervé Niquet m’a poussé à monter à Paris : je suis venu me perfectionner au Conservatoire à Rayonnement Départemental de

la Vallée de Chevreuse en 1998, auprès de Michèle Dévérité. Avec elle, j’ai changé toute ma technique ; cette rencontre fut un

vrai choc et son enseignement me questionne encore aujourd’hui !

Je dirais que tout s’est enchainé avec pas mal de chance.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Pour les projets que je dirige au CMBV, j’ai deux Jeudis musicaux à la Chapelle royale du château de Versailles cette année,

un autour de la Cantate funèbre de Telemann parce qu’en 2017, ce sont les 250 ans de sa mort, donc on a voulu célébrer ce

compositeur. Ce sera le 23 novembre prochain.

Je commence également la direction de l’intégrale des messes de Charpentier avec les Chantres. On fait la Messe des morts

cette année, le 15 mars 2018, j’espère ensuite diriger une messe par an.

Chacun répète de son côté, musiciens et chanteurs, et nous nous retrouvons tous le lundi pour répéter en vue du jeudi

suivant, le but étant de travailler dans des conditions professionnelles pour former au métier. Pour les Chantres, nous avons

une insertion professionnelle de 90%, je crois qu’on les forme bien à la réalité du métier, il faut travailler vite et bien !

Le CMBV, Avenue de Paris

Enfin, un projet formidable, le projet Générations Lully avec les élèves de Trappes, il s’agit de se retrouver autour de l’œuvre

du compositeur Jean-Baptiste Lully. Beaucoup de classes y participent, sous la direction musicale d’Olivier Schneebeli, avec

une mise en scène de Vincent Tavernier. Ce sera au mois de Mai 2018, j’attends ça avec impatience ! On essaie d’apporter la

musique à des milieux qui n’y seraient peut être pas venus spontanément, on se sent utile et on reçoit énormément en retour,

c’est très fort. S’il n’y avait qu’un projet à retenir ce serait celui là !

Cette année nous avons également beaucoup de concerts prévus en France avec les Pages de la Maîtrise et l’

Pulcinella dirigé par la violoncelliste Ophélie Gaillard. Il s’agira d’un beau programme sur les musiciens de l’époque du Régent

Philippe d’Orléans. D’autre part, avec Les Chantres, nous donnerons notamment Penthée, opéra du Régent : de larges extraits

seront joués dans la galerie des Batailles du château, le 12 avril 2018. Puis un programme reprenant des compositeurs de

France et d’Angleterre avec l’Ensemble La Rêveuse, dirigé par Benjamin Perrot, professeur de théorbe au CRR de Versailles. Ce

sera au château le 18 novembre prochain dans le cadre de la saison de Versailles Spectacles.

Concernant l’Ensemble Sébastien de Brossard, le prochain disque sort bientôt chez le nouveau label En Phases

Franck Jaffrès, qui avait déjà créé le label Zig Zag. Il a décidé de se relancer dans l’aventure d’une maison de disque et nous

sommes fiers d’être parmi les tout premiers musiciens produits par cette maison.

L'ensemble Sébastien de Brossard en répétition

On enregistre début novembre pendant cinq jours et le disque devrait sortir en mars 2018. Nous répétons en partie dans les

locaux du CMBV. Sur ce projet, je retrouve Yuka Saïtô, violiste, nous avions déjà travaillé ensemble sur un disque Brossard,

j’aime beaucoup son jeu. Matthieu Lusson, également violiste, nous a rejoints.

Yuka Saïtô, viole de gambe

Matthieu Lusson, viole de gambe

Stéphanie Petibon, théorbe

Le premier violon est Stéphan Dudermel, on a fait des opéras ensemble, comme Tancrède à l’Opéra d’Avignon. Il est également

premier violon de l’Ensemble La Rêveuse.

François Costa est le second violon, il jouait déjà avec nous pour le premier CD sur Clérambault, on se connait depuis vingt

ans !

La dernière arrivée, c’est Stéphanie Petibon, au théorbe, avec qui j’avais très envie de jouer. Et bien sûr le chanteur Jean-

François Novelli, quinze ans qu’on travaille ensemble !

Ce disque est un projet autofinancé. De nos jours il est difficile de faire des disques, on cherche encore des fonds, on a ouvert

pour cela un compte sur Hello Asso. Le CD reste un objet important pour les musiciens, il y a le livret explicatif, le bel objet, et

c’est un support de communication.

Auriez vous de belles émotions musicales à nous faire partager ?

Oui, beaucoup de premières fois !

Tout d’abord, la première fois que j’ai entendu un clavecin !

Ensuite, la première fois que j’ai joué dans un opéra. C’était en 2009, à l’Opéra d’Avignon, pour Amadis de Lully, en tant que

claveciniste. J’en rêvais, ça a été un véritable choc musical et émotionnel.

Enfin la première fois que j’ai joué dans un opéra de Mozart ( j’adore Mozart depuis ma prime jeunesse), c’était pour

de Figaro à l’opéra d’Avignon et de Massy .

J’ai de très beaux souvenirs avec le CD de l’Ensemble Sébastien de Brossard sur Clérambault aussi : quand on enregistre il se

passe quelque chose ; Cela faisait trois ans que je réfléchissais au concept, c’est un moment magique quand on arrive au bout

du projet.

En souvenir anecdotique, j’ai joué du clavecin dans le jeu télévisé « qui est qui » de Marie-Ange Nardi. Il fallait deviner quel

était le métier de chacun. Ils cherchaient un claveciniste et on avait alors pensé à moi ! Depuis j’ai gardé l’autographe de

Marie-Ange Nardi sur ma partition de Dornel.

De quelles personnalités ou lieux artistiques à Versailles aimeriez-vous nous parler ?

Je fréquente beaucoup la chapelle du château, mais j’aime aussi faire le tour de grand canal et me promener dans les jardins.

Pour citer un artiste, je pourrais parler de Pierre Boragno, un ami extra, flûtiste à bec génial et professeur au Conservatoire à

Rayonnement Régional de Versailles, il joue dans nombre d’ensembles baroques (Niquet, Savall, etc…). Je le retrouve

régulièrement pour des concerts à l’occasion d’événements au château de Versailles. C’est un superbe musicien, très drôle : il

peut arriver avec son nœud papillon à la Galerie des Glaces en disant « j’espère qu’on peut trouver un miroir ici ». Il me fait

beaucoup rire ! Et je suis admiratif devant son érudition.

Fabrice Conan également, historien d’art et conférencier au château, comédien formidable (allez voir le spectacle

Versaillais, c’est tellement drôle et juste !) avec qui je vais prochainement faire un concert conférence sur les repas aux 17ème

et 18ème siècles. De mon côté, j’illustrerai avec des œuvres pour clavecin au titre évocateur : La Poule de Rameau,

gris et noirs de Fouquet, les Baccanales de Couperin. C’est nouveau et ça me plait beaucoup. J’espère avoir de nouvelles

occasions dans cet esprit avec l’ensemble !

Quelles sont vos plus belles sources de satisfaction ?

Ce qui me satisfait le plus dans le métier, ce sont bien sûr les rencontres. Essayer d’apporter un sourire dans des endroits

souvent gris.

Deux souvenirs me viennent à l’esprit, le concert donné à la prison de Bois-d’Arcy et celui donné dans une maison de retraite

à Auch, j’y pense souvent.

Enfin, pour finir sur une note plus drôle, je me souviens du regard émerveillé d’un petit garçon voyant pour la première fois

un clavecin à l’opéra d’Avignon et me demandant :

Monsieur, vous connaissez toutes les touches ?

Photos © Karine Péron Le Ouay

Pour en savoir plus sur l'Ensemble Sébastien de Brossard : https://ensemblesebastiendebrossard.com

Pour soutenir l'ensemble dans son projet de CD c'est ici : www.helloasso.com/associations/les-amis-de-sebastien-de-

brossard

Pour retrouver les concerts cités par Fabien Armengaud :

Le Centre de Musique Baroque de Versailles : http://www.cmbv.fr

La maison de disque de Franck Jaffres : https://unik-access.com

Lecture musicale : les plaisirs de la table - Fabien Armengaud et Patrice Conan, Jeudi 26 octobre 2017 à 15 heures,dans le cadre de la programmation culturelle abonnés du Château de Versailles, Réservationswww.chateauversailles.fr/abonnes

Pro Capella Regis - To His Majesty's Chapel - Les Pages et les Chantres du CMBV et l'Ensemble La Rêveuse, Samedi 18novembre 2017 à 20 heures, Chapelle Royale, Réservations www.chateauversailles-spectacles.fr/spectacles/2017/pro-capella-regis-his-majestys-chapel

Les Jeudis musicaux de la Chapelle Royale, à 17h30, Informations www.cmbv.fr/events/les-jeudis-musicaux-de-la-chapelle-royale

Les Musiciens du Régent Philippe d'Orléans - Les Pages du CMBV et l'Ensemble Pulcinella, Vendredi 19 janvier 2018 à20 heures, Chapelle Royale, Réservations www.chateauversailles-spectacles.fr/spectacles/2018/les-musiciens-du-regent-philippe-dorleans

Le projet "Générations Lully" : https://generationslully.fr

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