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Université Djillali Liabes SBA
Faculté des sciences-Département de Biologie
3ème année LMD BCP
Module d’immunopathologie
Année : 2009-2010
Portail de l’immunologie
Auteurs : Yasmina ANTEUR Samiha BELGHOUL
Licence :
http://www.bio-courses.jimdo.com
Le syndrome Immunodéficitaire Acquis (SIDA)
2
Sommaire
Introduction………………………………………………………………………p4
I) –Historique et épidémiologie…………………………………………………..p4
1) Premiers cas observés et identification de l’agent causal…………………..p5
2) Les origines du virus……………………………………………………….p7
3) Épidémiologie……………………………………………………………....p7
II) Les modes de transmission……………………………………………………p8
1) Voie sexuelle………………………………………………………………..p8
2) Voie sanguine……………………………………………………………….p8
3) Voie transplacentaire………………………………………………………..p9
III) Le virus du SIDA : Le VIH…………………………………………………..p9
1) Les différentes souches du VIH……………………………………………..p9
2) Le mécanisme de dissémination du virus dans l’organisme…………...........p9
3) Structure du VIH…………………………………………………………….p9
4) Organisation génétique du VIH……………………………………………..p9
5) Les cellules cibles du virus………………………………………………….p12
6) Mécanisme d’entrée du VIH dans la cellule cible…………………………...p12
7) Le cycle viral………………………………………………………………..p13
8) Variabilité virale…………………………………………………………….p16
IV) Conséquences cliniques et immunologiques de l’infection par le VIH………p17
1) Histoire naturelle de la maladie……………………………………………..p17
* Phases de la maladie………………………………………………………p17
3
* Evolution de la charge virale et du système immunitaire au cours de
l’infection…………………………………………………………………………p18
V) Les mécanismes d’échappement du virus……………………………………p20
VI) Le déficit immunitaire induit par le VIH……………………………………p20
1) Anomalies des LTCD4+………………………………………………..p20
2) Anomalies des macrophages, des cellules dendritiques et du thymus….p21
3) Déséquilibre de production des cytokines………………………………p22
VII) La lutte contre la maladie…………………………………………………..p22
1) La prévention…………………………………………………………....p22
2) Diagnostic et Dépistage…………………………………………………p23
3) Traitements disponibles et modes d’action……………………………..p24
4) Perspectives thérapeutiques et vaccinales……………………………...p25
Conclusion…………………………………………………………………….....p27
Notes……………………………………………………………………………..p28
Références………………………………………………………………………..p30
4
Introduction :
-Immunodéficience : absence ou dysfonctionnement d’un ou de plusieurs mécanismes
immunitaires. Cette défaillance aboutit ainsi à une plus grande susceptibilité à des affections
qui n’attendraient pas un sujet dont le système immunitaire est sain
-Les sujets immunodéficients sont ainsi sensibles à divers germes opportunistes mais aussi au
développement de tumeurs
- Il existe 2 types d’immunodéficience :
*Les immunodéficiences primaires (héritées) : sont dues à des anomalies génétiques qui
se répercutent sur des protéines clés impliquées dans le développement du système
immunitaire ou dans des mécanismes de défense innée et adaptative
*Les immunodéficiences secondaires (acquises) : sont dues à :
La malnutrition
La prise d’immunosuppresseurs, d’agents chimiothérapiques ou de drogues
Des pathologies graves comme la leucémie
La grossesse : l’existence d’inhibiteurs sériques tels que les corticoïdes et gonadotrophines
chorioniques
Des infections par des agents pathogènes
-Il existe un cas particulier de pathogènes attaquant directement le système immunitaire et
causant ainsi son affaiblissement il s’agit du Virus de l’Immunodéficience Humaine
(VIH)
-Le Syndrome de l’ImmunoDéficience Acquise (SIDA) correspond au stade final de
l’infection par le VIH qui peut rester muette pendant plusieurs années puis se manifester par
divers symptômes liés à des infections opportunistes et ceci suite à l’effondrement du système
immunitaire.
I)-Historique et Épidémiologie :
1)-Premiers cas observés et identification de l’agent causal :
-Au cours de l’année 1981, le CDC d’Atlanta (Center of Disease Control) qui centralise
les informations sur la situation des maladies infectieuses, annonces dans son bulletin
hebdomadaire, que lkes médecins de Los Angeles, San Francisco et New York lui ont
signalé un accroissement récent de pneumonies à Pneumocystis carinii 1 et de sarcome de
Kaposi 2
liés normalement à un état immunodépressif.
-Or, ce groupe de patients avait la particularité d’être jeune, précédemment en bonne santé
et homosexuel.
5
-Dans les mois qui suivent, d’autres groupes s’ajoutent au précédent : les toxicomanes, les
hémophiles et des individus hétérosexuels.
-Les examens biologiques qui seront menés par la suite, révéleront chez tous les malades,
un effondrement de l’immunité cellulaire caractérisé par une lymphopénie T(CD4+).
-À la fin de la même année, la maladie reçue le nom de AIDS (Aquired
ImmunoDeficiency Syndrome) en Anglais et SIDA (Syndrome d’ImmunoDéficience
Acquise) en Français et ses modes de transmission furent également établis
- Cependant, il restait à identifier l’agent causal. Plusieurs virus furent ainsi incriminés puis
en 1983, l’équipe du chercheur Français « Luc Montagnier » à l’institut Pasteur arrive à
isoler un virus à partir d’une culture de globules blancs pélevés sur un ganglion cervical
d’un patient atteint du SIDA. En 1984, l’équipe du chercheur Américain « Robert Gallo »
(NIH) 3
arrive elle aussi à identifier le virus et le baptise HTLV-3 4
-Après la découverte du VIH-1, « Luc Montagnier » et son équipe arrivent à isoler une
deuxième souche qu’ils nommèrent VIH-2 en 1986.
2)-Les origines du virus :
- le virus du SIDA fait partie des virus
qualifiés d’émergents, il serait apparu dans
les populations humaines au cours du XXe
siècle
- Il est maintenant établit que certains
primates d’Afrique occidentale hébérgent
depuis longtemps des rétrovirus 5 .Ces
rétrovirus sont non-pathogènes pour ces
espèces hôtes
- Ces virus nommés VIS (Virus
d’Immunodéficience Simienne) deviennent
pathogènes lors d’un changement d’hôte
- Ainsi le VIS du Chimpanzé est passé à
l’homme et a muté en VIH. Mais comment
s’est effectué ce transfert ?
- La majorité des scientifiques pensent que
le VIS est passé du chimpanzé à l’homme
suite à l’envahissement de l’habitat du
singe par l’homme. Les premières
contaminations se seraient faites par le biais de morsures ou par coupures lors de la
préparation de viande ( le singe servait de nourriture)
6
-Ainsi, le SIDA était déjà bien présent en Afrique et causait la mort d’un grand nombre de
gens, mais la malnutrition et l’impact d’autres épidémies (malaria, tuberculose…)
masquaient en quelques sorte les cas du SIDA, dont les symptômes (diarrhées, fièvres…)
s’apparentés à ceux des pathologies classiques de l’époque.
-Après l’Afrique, le VIH s’est propagé aux autres continents par des mouvements de
personnes contaminées.
Remarque : Comme le VIH-1, le VIH-2 est issu d’une transmission de SIV du singe
Macaque vers l’homme.
Virus Hôte naturel Maladie
VIH-1
SIVcpz (virus de
l’immunodéficience
simienne du chimpanzé)
Homme
Chimpanzé
SIDA
Aucune
VIH-2
SIVmac (macaque)
Homme
Macaque
SIDA
Aucune
BIV (virus de
l’immunodéficience bovine)
Bovins
Aucune
FIV (virus de
l’immunodéficience féline)
Félins
Immunodéficience
VMV (virus Visna-Maedi) Mouton Pneumonie, encéphalite
Fig. : les principaux lentivirus
-En 1992, une poignée de scientifiques proposent une nouvelle théorie concernant les
origines du VIH. Cette théorie propose que le virus serait apparu suite à la compagne de
vaccination anti-polio menée dans l’ancien Congo Belge « actuellement République
Démocratique du Congo ». Cependant cette théorie fut réfutée par la communauté
scientifique. Puis un ancien journaliste de la BBC décide de reprendre cette théorie et d’en
prouver la crédibilité en recueillant un ensemble de documents et de témoignages, il se
rendre même à Léopoldville, lieu ou a été découvert le premier cas de SIDA au monde en
1959. Durant sans enquête, Edward Hooper révèle un fait stupéfiant : les zones ou sont
apparus les premiers cas de sida coïncident avec celles ou s’est déroulée la compagne de
vaccination anti polio dirigée par Hilary Koprowski qui est accusé par le journaliste
d’avoir fabriqué des vaccins à partir de cultures cellulaires issues de reins de chimpanzés
contaminés par le VIS qui aurait muté et contaminé l’être humain. A l’issue de ses
recherches le journaliste britannique publiera un livre intitulé « The River, A journey to the
source of HIV and AIDS et un documentaire très controversé « les origines du sida ».
Encore une fois la communauté scientifique dénigre l’hypothèse car selon ses défenseurs
elle met en cause la question de l’éthique dans la recherche scientifique
7
3)-Épidémiologie :
Fig. : Bilan de l’épidémie SIDA 2007 (selon l’ONU)
-Depuis sa découverte en 1981, le SIDA n’a cessé de se propager à travers le monde pour
être déclaré en 2002 comme une pandémie globale.
- Les dernières estimations fournies par le rapport ONUSIDA 2007 porte à :
* 33,2 millions, le nombre de personnes séropositives dans le monde
* 2,5 millions, le nombre de personnes nouvellement séropositives au VIH en 2007
* 2,7 millions, le nombre de personnes mortes du SIDA en 2007
- Ainsi depuis 1981, l’épidémie a causée plus de 25 millions de morts. L’ONU note
cependant, une stabilisation du taux d’infection 6 , ce qui amène à penser que celle-ci se
stabilise. Cependant, il faut noter que cette stabilisation est peut être due à l’accès aux
trithérapies 7 ainsi qu’aux compagnes de sensibilisation organisées par certains pays (car la
prévention reste le moyen le plus efficace pour contrer l’épidémie)
-En Algérie, le nombre de séropositives a été estimé à 30.000 au cours de l’année 2004 8
.
II)-Les modes de transmission :
-La transmission du VIH nécessite 3 choses : une porte de sortie, une porte d’entrée et un
véhicule pour le virus qui est le liquide contaminant.
-Les liquides biologiques qui peuvent contenir suffisamment de virus pour être
contaminants sont : le sang/ les sécrétions sexuelles (sperme, liquide séminal chez
l’homme, sécrétions vaginales chez la femme) / le lait maternel).
-D’autres liquides biologiques comme : la salive, l’urine…peuvent contenir le virus mais
comme il est présent en quantité insuffisante, ces liquides ne sont pas contaminants.
8
-Cependant, le liquide contaminant ne suffit pas à lui seul pour permettre la contamination.
La transmission est le produit du contact entre une sécrétion infectée et les muqueuses 9
et
le risque de contamination augmente si ces dernières sont lésées.
-Ainsi, on a démontré l’existence de 3 modes de transmission :
1)-Voie sexuelle : (0,3% -30%), est le mode de transmission le plus fréquent. La
contamination s’effectue par contact des sécrétions sexuelles contaminées avec les
muqueuses. Le risque de contamination est encore plus important si la muqueuse
concernée est lésée (présence de plaies ou de lésions). Les MST 10
dont fait parti le SIDA
augmentent les chances de contracter la maladie lors d’un rapport sexuel. En effet, les
MST occasionnent des lésions et des plaies qui constituent une porte d’entrée pour le virus.
2)- Voie sanguine : (80% -90%), cette voie concerne :
*les usagers de drogues injectables : par l’échange de seringues infectées (les virus
présents dans une goutte de sang contaminé à l’intérieur d’une seringue sont protégés de
l’air et peuvent donc survivre longtemps et infecter un autre utilisateur).
*Les hémophiles et les transfusés (avant 1985) : car avant cette date, les dons de sang
n’étaient pas analysés mais à présent, on procède à un dépistage systématique de chaque
don et à une inactivation virale des dérivés du plasma. Il existe cependant, un risque
résiduel extrêmement faible lié à la possibilité d’un don de sang par une personne en
période de séroconversion Le prélèvement ne représente lui aucun risque lorsqu’il est
effectué grâce à un matériel stérile et à usage unique.
* Le personnel de santé : peut également être contaminé ( par piqûre ou coupure avec du
matériel contaminé).
3) Voie transplacentaire et allaitement :
* Le VIH peut se transmettre de la femme enceinte à son enfant (vers le 3ème
trimestre
de la grossesse) mais également lors de l’accouchement. Ce risque se situe entre 15% et
30% et est réduit à 5% si la femme en question suit un traitement antirétroviral, une
césarienne est également recommandée pour limiter les risques d’infection.
* Un nouveau né de mère séropositive est nécessairement séropositive pendant les
premiers mois de sa vie, car les AC anti-VIH lui ont été transmis par sa mère (lors de la
grossesse). Cependant, s’il n’a pas été contaminé par le VIH, ces AC finissent par
disparaître (après 9 à 10 mois). Mais dans le cas contraire, s’il a été contaminé, il perd
les AC maternels mais développe ses propres AC anti-VIH
* La transmission du virus est également possible par l’allaitement (la muqueuse du
nourrisson est moins résistante que cette de l’adulte). Cependant, 3 études récentes,
l’une menée par P.J.Lllif et al. Au Zimbabwe, l’autre par H.Coovadia en Afrique du Sud
et la dernière par M.Sinkala et al. En Zambie montrent que l’allaitement exclusif
précoce réduit le risque de transmission postnatale à 4% et accroît la survie des enfants.
9
III)-Le virus du SIDA : le VIH
-Un virus est un parasite intracellulaire obligatoire qui utilise la machinerie cellulaire de
son hôte pour se reproduire. Chaque virus est constitué d’un génome sous forme d’ADN
ou d’ARN protégé d’une enveloppe de nature protéique dite capside. Un virus est
considéré comme pathogène dans le cas où il provoque un dérèglement de l’organisme
parfois létal.
-Le virus du SIDA ou VIH appartient à la famille des rétrovirus et la sous-famille des
lentivirus. Les rétrovirus sont des virus à ARN et à transcriptase inverse, une enzyme qui
permet de transformer l’ARN viral en ADN bicaténaire facilement intégrable dans le
génome de la cellule hôte. Les lentivirus quant à eux, sont une sous-famille des rétrovirus
caractérisés par leur cytopathogénécité et sont responsables de maladies à évolution lente.
Ainsi le VIH engendre une infection chronique (SIDA) caractérisée par une phase de
latence clinique très longue bien qu’il soit présent à ce stade et aux autres stades de
l’infection.
1)-Les différentes souches du VIH :
Jusqu’à présent, deux souches ont été découvertes : le VIH-1 qui est responsable de la
pandémie mondiale et le VIH-2 qui sévit en Afrique de l’Ouest mais qui est tout de même
moins pathogène que le premier.
Remarque : Une personne infectée déjà par une des souches virales (VIH-1 ou VIH-2)
pourra être réinfectée à nouveau par une deuxième souche.
2)-Le mécanisme de dissémination du virus dans l’organisme : (la ruse du cheval de
Troie)
*Pour se disséminer rapidement le VIH utilise les cellules dendritiques à leur insu.
Après avoir franchit la barrière épithéliale de la muqueuse, le virus rencontre une cellule
dendritique qui comme elle le fait pour n’importe quel pathogène le capte pour le
présenter aux cellules immunocompétentes.
*Le virus saisit alors l’occasion pour se rendre dans les organes lymphoïdes secondaires
où se trouvent ses victimes potentielles : les LTCD4 et les macrophages.
*Le virus s’introduit dans ces cellules et commence à pulluler dans l’organe lymphoïde
secondaire.
*Et comme les LT recirculent à travers l’organisme par le biais de la circulation
sanguine, le virus contamine rapidement tout le système lymphoïde de l’organisme.
* De cette façon, le nombre de particules virales augmente de façon exponentielle et
inondent ainsi le sang et la lymphe, ce qui explique pourquoi la charge virale augmente
brusquement après 10 jours de contamination.
10
3)-Structure du VIH :
Le virion du VIH a une taille d’environ 120 nm. La structure des deux souches virales
VIH-1 et VIH-2 est sensiblement identiques, elle comporte de l’extérieur vers l’intérieur
les éléments suivants :
*Une enveloppe virale : constituée d’une
bicouche lipidique dérivée de la précédente
cellule hôte qu’il a parasité 11
, et deux sortes de
glycoprotéines : gp120 et gp41.
-La molécule gp41 est une molécule
transmembranaire qui traverse l’enveloppe
virale. Elle intervient en particulier dans la
fusion des membranes virale et cellulaire.
-La molécule gp120 est une molécule
extra membranaire qui associée à la gp41 permet
la fixation du virion à la molécule CD4 de la
cellule hôte 12
.
Remarque : chaque virion exprime à sa surface
environ 72 molécules de (gp41+gp120).
*Un core viral (nucléocapside) : est constitué :
- d’une couche de protéines p17
-d’une autre couche plus profonde de protéines p24 qui protège le génome viral
- Les deux couches protéiques forment une capside icosaédrique.
-Un génome constitué de 2 copies d’ARN monocaténaire associées à deux molécules
de transcriptase inverse 13
(p64) et à des protéines enzymatiques comme l’intégrase 14
(p32) et la protéase 15
.
4)-L’organisation génétique du VIH :
*Comme il fut précisé auparavant, le génome viral est constitué de 2 molécules d’ARN
monocaténaires linéaires identiques
*Chaque molécule d’ARN comporte :
-Des séquences répétitives terminales (LTR) dans les extrémités 5’ et 3’ qui sont
caractéristiques des rétrovirus.
-Des gènes de structure : ils sont au nombre de 3 :
1)gag (pour group antigens) : code pour un précurseur polyprotéique qui sera
clivé par une protéase pour former différentes protéines des deux capsides et des
protéines associées à l’ARN viral.
11
2)pol (pour polymérase) : code pour les trois enzymes : transcriptase inverse,
intégrase et protéase.
3)env (pour enveloppe) : code pour la protéine précurseur p160 qui sera par la
suite découpée par une protéase pour donner naissance aux 2 protéines p120 et
p41 qui en s’associant vont constituer les spicules du virus.
-De part et d’autre le gène « env », on retrouve des gènes de régulation
caractéristiques des lentivirus, ces gènes sont : tat, rev, vif, vpr, nef, et vpu.
Remarque : Le gène régulateur « vpr » est caractéristique de la souche VIH-1, il est
remplacé par le gène « vpx » au sein du VIH-2 qui lui est également spécifique.
*Le tableau suivant résume l’ensemble des gènes conbstituants le génome viral, les
protéines qu’ils codent et les fonctions de ces dernières :
Gène Protéine
produite
Fonction de la protéine
Gènes
Structuraux
Gag: code pour
les prots de la
nucléocapside
P17 Forme le couche protéique externe du core
P24 Forme la couche protéique interne de core
P9 et P7 S’associent à l’ARN viral
Pol: code pour
les enzymes P64 et P51 Activité de transcriptase inverse
P10 Protéase qui clive les précurseurs protéiques
P32 Est une Intégrase
Env: code pour
les glycoprotéines
de l’enveloppe
Gp 120 Prot qui permet la fixation du VIH à la surface du
LTCD4+ (descend de la gp 160)
Gp 41 Permet la fusion des 2 membranes cellulaire et virale
(descend de la gp 160)
Gènes
régulateurs
Tat P14 Indispensable à la réplication virale
Rev P19 Permet le transport des ARNm
du noyau
Vif P23 Est à l’origine du pouvoir infectieux de la particule
virale
12
Vpr P15 Active faiblement le transcription de l’ADN proviral
Nef P27 Augmente la réplication virale/diminue le nombre de
cellules hôtes
vpu P16 Assemblage viral et bourgeonnement
5)Les cellules cibles du virus :
* Les cellules cibles sont essentiellement celles qui expriment sur leur surface
membranaire la protéine CD4 qui joue le rôle de récep^teur pour le virus.
*Le tableau qui suit, résume les différentes populations cellulaires infectées par le VIH et
leurs caractéristiques moléculaires :
Population cellulaire infectée par le VIH Caractéristiques moléculaires des cellules
cibles
Lymphocyte TCD4+ (sont infectées par des
souches de VIH-1 dites à tropisme T)
*Présence de l’Ag membranaire CD4 qui
interagit avec la protéine gp120 de
l’enveloppe virale
*Présence d’un corécepteur CXCR4
nécessaire pour l’entrée du VIH dans les
cellules et une infection efficace
Monocyte et Macrophage (sont infectés par
des souches de VIH-1 dites à tropisme M)
*Présence de l’Ag membranaire CD4 qui
interagit avec la protéine gp120 de
l’enveloppe virale
*Présence du corécepteur CCR5 nécessaire
pour l’entrée du VIH dans les cellules et une
infection efficace
Remarque :
-Le VIH peut également infecter des cellules du système nerveux central car on a pu
détecter des séquences d’ADN et d’ARN viral dans le cerveau des enfants et adultes
atteints du SIDA.
-Les VIH-1 isolés de différentes souches étaient classés en inducteurs de syncytium « SI »
ou non inducteur de syncytium « NSI », les souches à tropisme T étaient « SI », tandis que
les souches à tropisme M étaient « NSI »
6)-Mécanisme d’entrée du VIH dans le cellule cible :
*La première étape d’une infection par le VIH consiste en l’attachement puis l’entrée de
celui-ci dans la cellule cible.
13
*Le VIH utilise pour rentrer dans sa cellule cible la molécule CD4 présente à la surface de
cellules comme les LTCD4 et les macrophages
*La protéine gp120 possède en effet un domaine de liaison à la protéine CD4
*Il se produit alors une interaction de haute affinité entre la protéine gp120 de l’enveloppe
virale et le marqueur membranaire CD4 de la cellule cible
*Mais la liaison gp120/CD4 n’est pas suffisante pour assurer la pénétration du VIH
*Pour que cette infection soit efficace, il faut qu’il y est présence de corécepteurs
*Ces corécepteurs sont représentés par deux molécules :
-La molécule CXCR4 qu’on retrouve à la surface des LT4
-La molécule CCR5 qu’on retrouve à la surface des monocytes et des macrophages
*De ce fait, il existe 2 souches de VIH-1 :
-Une souche qui utilise le corécepteur CXCR4 et infecte les LT4 elles sont dites
souches à tropisme T
-Une souche qui utilise le corécepteur CCR5 et infecte les monocytes et les
macrophages elles sont dites souches à tropisme M
Remarque : Au début de l’infection par le VIH, on retrouve essentiellement des souches à
tropisme M puis au cours de l’évolution de la maladie, des souches à tropisme T
apparaissent suite à des mutations
*Certains individus présentent une mutation du gène codant le corécepteur CCR5. Cette
mutation (qui consiste en une délétion) lorsqu’elle est sous sa forme hétérozygote (15% à
20% de la population) permettrait une évolution plus lente de la maladie, quant à sa forme
homozygote (1% à 2%), elle procurerait une protection contre l’infection par le VIH.
*Des études menées sur la protéine gp120 de l’enveloppe virale ont permis d’identifier une
région appelée boucle V3. Cette région joue un rôle dans le choix du corécepteur utilisé.
*La fixation de gp120 à CD4 établie, la protéine gp41 est démasquée, elle s’insère dans la
membrane de la cellule cible et participe à la fusion des membranes virale et cellulaire.
7)-Le cycle viral : le cycle reproductif du VIH peut être résumé en huit étapes :
1)-fixation : Le VIH se fixe par le biais de la gp 120
à son récepteur spécifique (CD4) qui se trouve à la
surface de certaines cellules comme les LT4 .Cette
fixation n’est complète qu’avec l’intervention des
corécepteurs (CXCR4 et CCR5).
14
2)-Fusion et pénétration : La fusion des deux
membranes virale et cellulaire est réalisée par
la gp41. Une fois cette fusion réalisée, la
nucléocapside (qui contient le génome viral et
les enzymes) pénètre dans le cytoplasme de la
cellule)
3)-Décapsidation :
*consiste en l’élimination des deux couches de la capside qui protègent le génome viral.
*Les protéines de la capside sont phosphorylées par des enzymes cellulaires induisant avec
l’action des protéines virales nef et vif la décapsidation en libérant le génome et les enzymes
virales dans le cytoplasme.
4)- Rétrotranscription et intégration au génome cellulaire :
* La transcriptase inverse virale catalyse la rétrotranscription de l’ARN viral
*La rétrotranscription aboutit tout d’abord à des hybrides ADN-ARN
*La matrice d’ARN est ensuite dégradée puis le second brin d’ADN complémentaire est
synthétisé formant ainsi un ADN viral (dit provirus)
*Par la suite l’ADN proviral est intégré dans le génome cellulaire par le biais de l’intégrase
virale.
Le schéma qui suit résume les premières quatre étapes du cycle viral :
15
5)-Transcription et traduction :
*L’ADN viral est transcrit en ARNm sous
l’intervention de plusieurs gènes régulateurs
comme le gène « tat » (qui amplifie la
transcription)
*Le transport des ARNm du noyau vers le
cytoplasme est réalisé par l’intervention du
gène régulateur « rev »
*Une fois dans le cytoplasme, les ARNm
viraux sont traduits en 3 précurseurs
protéiuques qui sont découpés en protéines
fonctionnelles grâce à l’enzyme protéase.
6)-Assemblage : Les protéines de l’enveloppe, la nucléocapside et les enzymes sont
assemblées avec l’ARN viral en nouveaux virus (virions), quant aux protéines de l’enveloppe,
elles sont intégrées à la membrane de la cellule hôte.
7)-Bourgeonnement : Les virions
nouvellement formés bourgeonnent à la
surface de la cellule hôte emportant avec eux
un fragment de la membrane de celle-ci
8-Libération : Les nouveaux virus sont libérés dans le milieu intérieur. Ils peuvent infecter de
nouveaux lymphocytes T4.
16
Le schéma ci-après, résume les différentes étapes du cycle viral :
8)-Variabilité du virus :
Le virus du VIH possède une variabilité extraordinaire comparable à d’autres virus comme
l’Influenza qui possède également des capacités de mutation. Ce taux de mutation est
estimé à 5%, ce qui est énorme.
Cette variabilité est du :
- Aux erreurs de réplication faites par la transcriptase inverse, cette enzyme commet une
erreur tous les 10 000 nucléotides, soit une erreur à chaque cycle de réplication car le
génome viral avoisine les 10 000 nucléotides.
- A la forte pression de sélection du milieu (les défenses immunitaires de l’hôte et
éventuellement les traitements antirétroviraux).
Remarque : les virus issus de mutations qui s’effectuent au cours de la réplication virale
subissent un phénomène de sélection :
17
-Les virus dotés de mutations « favorables » qui permettent par exemple d’échapper aux
mécanismes de destruction du système immunitaire, sont conservés.
-Les virus portant des mutations « défavorables » qui suppriment par exemple l’activité
d’une des enzymes virales, sont éliminés.
-Toute fois, dans le cas de virus comme le VIH où le taux d’erreurs est très élevé, la force
de sélection est insuffisante pour maintenir l’identité de la population. Cette population est
hétérogène constituée de différents mutants, elle est appelée « quasi-espèce ».
Ces mutations ont donné donc naissance à plusieurs sous-type qui peuvent être corrélés
chacun à une zone géographique, mais au sein d’une même zone, et même au sein d’un
même organisme, peuvent cohabiter plusieurs sous-types.
Cette grande variabilité est à l’origine de la difficulté dans laquelle se trouvent les
chercheurs pour trouver un vaccin.
-Un autre model de variabilité du VIH est l’apparition de virus hétérozygotes
(ayant incorporé deux ARN différents lors de l’encapsidation) chez des individus
surinfectés (contaminés plusieurs fois par des virus différents). Ces virus hétérozygotes
lorsqu’ils infectent une nouvelle cellule donnent lieu à des virus avec un génome
mosaïques issus des deux ARN lors de la transcription inverse parce qu’au cours de la
réplication, la transcriptase inverse saute d’un brin d’ARN à l’autre, c’est une particularité
de cette enzyme.
Ces formes mosaïques sont appelées encore « formes recombinantes circulantes ».
IV) Conséquences cliniques et immunologique de l’infection par le VIH :
1-Histoire naturelle de la maladie :
L’histoire naturelle de la maladie est l’évolution de celle-ci sans prise de traitements :
*Phases de la maladie, symptômes et complication : l’infection par le VIH est caractérisée par
trois phases :
a)-La primo-infection :
Chez 50% des cas, elle se manifeste par des symptômes non spécifiques de la maladie et ceci
après 20 jours à trois mois de l’infection par le virus.
Le plus souvent, il s’agit de symptômes évoquant un état grippal banal : fatigue , maux de tête,
augmentation du volumes des ganglions cervicaux.
Ces signes ne persistent pas plus d’un mois après leur déclaration.
b)-La phase asymptomatique :
Comme son nom l’indique, cette phase de la maladie est caractérisée par l’absence de
manifestations cliniques.
Cette phase peut persister jusqu’à une dizaine d’années et même plus chez certains individus
qui sont qualifiés de « Long-Term Non Progressor » (LTNP)16
18
c)-La phase SIDA : est la dernière phase de la maladie.
Dure de deux à trois ans (sans traitement), elle est caractérisée par l’apparition d’infections
opportunistes17
diverses, de cancers et d’atteinte de système nerveux central.
Environ 25 maladies opportunistes sont associées au SIDA, les plus communes sont citées dans
le tableau suivant :
Maladie opportuniste Germe responsable
Pneumocystose (forme de Pneumonie) Pneumocystis carinii : germe présent à l’état latent
dans notre organisme.
Candidose (mycose qui atteint la cavité buccale,
l’œsophage et le tube digestif)
Candida albicans
Cryptosporidose ( responsable de diarrhée chronique
qui épuisent le malade par une déshydratation
excessive et un amaigrissement important)
Cryptosporidium (parasite)
Toxoplasmose (peut causer des lésions cérébrales) Toxoplasma gondii : pathogène hébergé à l’état
latent dans notre organisme.
Infection à Cytomégalovirus ( atteint la rétine, les
poumons, le tube digestif, les méninges et les tissus
cérébraux).
Cytomégalovirus (CMV)
Tuberculose Mycobacterium tuberculosis
Les affections tumorales sont essentiellement représentées par les lymphomes18
, le sarcome
de Kaposi2 et le cancer du col de l’utérus (chez la femme). Ces trois formes de cancer sont
induites respectivement par les virus suivants : le virus d’Epstein Barr (EBV),l’herpesvirus
humain n°8(HHV8) et le papillomavirus.
Les atteintes du système nerveux central sont dues à l’envahissement de celui-ci par le virus
et se manifeste par des troubles de mémoire, des troubles psychiques, des confusions de
langage……etc.
*Evolution de la charge virale et du système immunitaire au cours de l’infection :
Il est possible de suivre l’évolution de la maladie grâce à deux paramètres biologiques qui
sont :
La charge virale qui permet de calculer la virémie et qui consiste en la mesure de la
concentration en ARN viral dans le plasma.
19
Le nombre de lymphocytes T-CD4 par mm3 ou µL de sang.
Fig. : évolution de la charge virale et du nombre des lymphocytes T-CD4.
-Lors de la primo-infection, on note un fléchissement du nombre des LT-CD4 circulantes et
une augmentation rapide de la virémie ( due à la multiplication rapide du virions dans l’organe
lymphoïde secondaire).
- Puis, après xx semaines de l’infection apparaissent les lymphocytes T-CD8 (cytotoxiques)
et les anticorps anti-VIH19
( environ 21 jours) qui permettent une réduction considérable de la
virémie plasmatique. Cependant, les réponses immunitaires ne parviennent pas à éliminer
complètement le virus.
-Les virus rescapés entrent dans une longue lutte avec le système immunitaire : c’est la phase
asymptomatique.
-Le calme apparent de la phase asymptomatique ( qui se traduit par un taux minime même
indétectable de la charge virale) ne reflète pas la réalité de la réplication virale qui persiste dans
les organes lymphoïdes secondaire.
-Pendant cette phase, s’installe un certain équilibre entre le virus et le système immunitaire. –
-Les lymphocytes T-CD8 tentent tant bien que mal d’éliminer les particules virales, mais en
même temps ils participent à la déplétion des lymphocytes T-CD4, car celles-ci sont les cellules
cibles préférées du virus.
-Les LT-CD4 détruits sont renouvelés par le système immunitaire : ce qui explique pourquoi le
taux de LT-CD4 reste plus ou moins stable.
-Cependant, les mécanismes de renouvellement et de compensation mis en œuvre par le
système immunitaire ont leur limite. Lorsque ses mécanismes d’homéostasie sont dépassés, la
20
réplication virale l’emporte, la charge virale augmente de nouveau et le nombre de LT-CD4
redescend à nouveau.
-La chute du taux de LT-CD4 amoindrit les capacités du système immunitaire qui devient plus
susceptible à divers affections : c’est la phase SIDA.
-Au stade SIDA, le taux des LT-CD4 est inférieur à 200mm3/L, la charge virale ne cesse
d’augmenter et la réponse cytotoxique diminue également.
V)-Les mécanismes d’échappement du virus :
Soumis à une forte pression de sélection par le système immunitaire, le virus utilise différents
mécanismes d’échappement :
-Le virus peut rester quiescent dans certains cellules et ceci sous forme de provirus. Sous cette
forme, il ne peut pas être repéré par le système immunitaire car la cellule qui l’héberge ne
semble pas infectée.
-Les virus piégés par les anticorps qui se trouvent à la surface des CFD20
peuvent se détacher (
au moment ou celles-ci présentent l’antigène aux lymphocytes B) et infecter les lymphocytes
Th qui se trouvent à proximité.
-Le phénomène de « l’antigènicité croisée » qui cause le détournement de fonction par
mimétisme moléculaire entre des protéines rétrovirales et différentes protéines ayant des
fonctions immunologiques, par exemple : la similarité de structure entre la gp 120 et la
molécule du CMH -2 (donc la gp120 peut se lier à des antigènes peptidiques de façon analogue
que le CMH-2).
-En plus de ces mécanismes, le virus mute constamment ce qui lui permet de s’adapter aux
différents mécanismes destructifs du système immunitaire.
VI)-Le déficit immunitaire induit par le VIH :
1)-Anomalies des LT-CD4 : l’infection par le VIH induit la destruction progressive des
LT-CD4 et ceci par divers mécanismes :
*Des mécanismes directs :
-Effet cytopathogène induit par la réplication virale.
-Formation de syncytium21
avec des LT-CD4 normaux : ce qui fait étendre l’effet
cytopathogène.
- Accumulation d’ADN viral non intégré qui induit l’apoptose.
-La protéine "vpr" induit un arrêt en phase G2 du cycle cellulaire et ainsi appoptose.
21
b)Des mécanismes indirectes :
-destruction des LT-CD4 infectés par des LT-CD8 et les cellules NK.
-L’adsorption de la gp120 libre sur les LT-CD4 induit une cytotoxicité dépendante des
anticorps.
2)-Anomalies des macrophages, des cellules dendritiques te des thymus :
- Les CPA sont un réservoir du virus , ils constituent une source permanente pour le recrutement
et l’infection de nouveaux LT-CD4 permettant l’extension de l’infection.
- L’infection des CPA par le VIH diminue leur capacité fonctionnelle et peut même entrainer
leur lyse par les LTc.
- L’infection des cellules dendritiques participe aux altérations immunopathologiques : le virus
inhibe la production d’IL-12, et l’expression de molécules de costimulation CD80 et CD86, il
induit par contre la synthèse d’IL-10 et de FasL.
Fig. : Effet directs et indirects du VIH-1 sur les LT-CD4.
22
-Le thymus quant à lui subit au fur et à mesure de la progression de la maladie une atrophie
l’empêchant ainsi de produire d’avantage de lymphocytes T.
- D’autre cellules comme les LT-CD8+ et les NK peuvent également être altérés.
3)-Déséquilibre de production des cytokines :
-L’infection par le VIH induit des anomalies de production des cytokines qui associent une
production anormalement élevée pour certaines d’entre elles et un déficit de production pour
d’autre.
-Chez les monocytes, la production de cytokines pro-inflammatoires : TNF-α, IL-α, IL-1ß et
IL-6, qui sont à l’origine de certains symptômes (fièvre, amaigrissement,…) et induisent des
signaux de réplication virales.
-Chez les lymphocytes, on note une production déficiente d’Il-2 et d’IL-12 intervenant dans les
réponses à médiation cellulaire et un excès de production pour l’IL-4 et l’IL-10 qui inhibent les
premières. La production d’IFNγ est conservée même augmentée.
VII)-La lutte contre le SIDA :
De nos jours, les seuls moyens disponibles pour lutter contre la maladie sont tout d’abord la
prévention, essentielle pour limiter l’étendue de l’épidémie, le dépistage pour les individus
exposés à des situations à risque et enfin, les traitements utilisés pour ralentir l’évolution de la
maladie chez les individus infectés.
1)-La prévention : voici quelques conseils pour prévenir la contamination par le virus :
-Ne pas partager le matériel d’injection ou d’inhalation, ceci comprend : les seringues, les
cotons, les cuillères et cupules, mais aussi les pailles et les pipes à crack, surtout si elles sont
ébréchées. Le matériel d’injection doit être à usage unique ou désinfectés à l’eau de javel
domestique en cas de réutilisation.
-En France, des mesures de réduction des risques ont été déjà mises en place : vente libre de
seringues, de trousses de prévention contenant le matériel nécessaire pour réaliser une injection
à moindre risque, et offre de traitements de substitution par voie orale.
-Lors d’une relation sexuelle, seuls les préservatifs qu’ils soient masculins ou féminins,
protègent du VIH et des principales infections sexuellement transmissibles. Ils doivent être
utilisés avec un partenaire séropositif ou dont le statut sérologique est inconnu.
23
-La circoncision est une stratégie additionnelle de prévention.
2)-Diagnostic et dépistage :
Comme il fut évoqué auparavant, la primo-infection passe sous silence chez 50% des individus
infectés par le VIH, c’est pour cette raison qu’il est important de disposer de moyens de
dépistage efficaces.
Il existe deux méthodes de diagnostic : des méthodes de diagnostic indirect, qui cherchent les
anticorps anti-VIH ( qui apparaissent normalement entre 3 à 6 semaines de la contamination),
et des méthodes de diagnostic direct qui cherchent directement le virus ( par détection de ses
protéines ou son matériel génétique).
*Méthode de diagnostic indirecte : la recherche d’anticorps anti-VIH se fait en deux étapes :
-Recherche non spécifique des anticorps anti-VIH par le test d’ELISA.
-Confirmation du premier test par la recherche spécifique des anticorps anti-VIH.
a)- Test d’ELISA : (Enzyme Linked Immunosorbent Assay)
-Détecte les anticorps présents dans le sérum.
-Est un test à limite : c'est-à-dire que la séropositivité au VIH est déclarée seulement si le taux
d’anticorps dépasse une certaine valeur fixée par le fabricant.
-Possèdent une très grande sensibilité ( estimée à 99,9%) : c’est pour cette raison qu’il est
fortement possible que les résultat soient « faussement positifs ».Ces dernières peuvent se
rencontrer chez les individus atteints de maladies grippales, pendant les mois qui suivent une
vaccination anti-grippale, chez les individus souffrant de certaines maladies auto-immunes,
ainsi que chez les femmes enceintes.
Afin d’éviter le doute, un deuxième test de confirmation est pratiqué.
b)- Test de confirmation : le Western-blot :
-Cette méthode spécifique permet de caractériser les différents anticorps dirigés contre chacune
des protéines virales.
-Il n’aboutit pas à des résultats faussement positifs.
Remarque :
L’apparition des anticorps anti-VIH demande un certain temps ( en moyenne 21 jours) . Avant
cette période, l’utilisation des moyens de dépistage cités précédemment ne peut dresser le profil
sérologique réel de l’individu infecté. Ce laps de temps est dit « fenêtre sérologique » et
l’amélioration des techniques de dépistage permet de l’écourter.
*Méthode de diagnostic directe :
-Ces méthodes permettent un dépistage plus précoce de la maladie (pendant la période de
séroconversion22
) et sont utilisées dans des situations cliniques particulières.
24
-Recherche de l’antigène p24 : l’antigène p24 (de la capside) apparait plus précocement que les
anticorps anti-VIH. Cependant cette technique à ses limites, car une fois que les anticorps anti-
VIH apparaissent (et notamment les anticorps anti-p24), ces dernières forment des complexes
immuns avec l’antigène p-24 qui ne devient plus détectable.
-L’isolement du virus en culture et la détection du matériel génétique viral (ARN viral ou ADN
proviral) permettent de diagnostiquer une infection à VIH chez les nouveau- nés de mères
infectées.
3) traitements disponibles et modes d’action :
Actuellement, les traitements utilisés contre le SIDA visent à prendre en charge la malade
d’une manière globale : lutte contre le VIH et contre les maladies opportunistes, mais aussi
soutient psychologique23
.
Contre le VIH, on utilise des médicaments antirétroviraux sous forme de combinaisons (tri ou
multithérapie) Quant aux infections opportunistes, elles fonts l’objet de traitements préventifs
et curatifs spécifiques (antibiotiques contre les infections bactériennes, et antiparasitaires contre
les parasites…etc.).
Ces traitements ont permis ainsi le prolongement de l’espérance de vie des malades et
l’amélioration de leur qualité de vie. Cependant ils ne permettent pas la guérison et le SIDA
reste donc une maladie mortelle.
Les traitements contre le virus du SIDA :
Les recherches de traitements contre le VIH ont pour cible les différentes étapes du cycle viral :
entrée du virus, transcription inverse, intégration, maturation des protéines virales par la
protéase…etc. La pharmacopée actuelle comprend des molécules qui interfèrent avec la
transcription inverse et d’autres qui bloquent l’action des protéases.
Les molécules qui inhibent la rétrotranscription sont appelées inhibiteurs de transriptase
inverse. Il existe plusieurs molécules sur le marché tels que : l’AZT (Zidovudine), la ddl, la
3TC, la ddc…etc. Bien quelles soient efficaces pour le VIH, ces molécules ont pour effet
secondaire d’interférer également avec l’enzyme ADN polymérase humaine causant la
destruction des cellules.
Remarque :
- Les précurseurs des globules rouges sont particulièrement sensibles à l’AZT, ce qui est
l’origine de l’anémie qui suit la prise du traitement.
25
- La molécule qui inhibent la protéase sont appelées : inhibiteurs de protéase (antiprotéases),
elles ont pour but d’empêcher le clivage des précurseurs protéiques et par conséquents
l’inactivation des protéines virales néosynthétisées.
- D’autres molécules peuvent également agir au moment de l’entrée du virus ou lors de
l’intégration du génome viral.
*Association d’antirétroviraux :
L’utilisation d’un seul antirétroviral comme l’AZT peut provoquer l’apparition de souches
résistantes ( le virus possède une très grande capacité de mutation), c’est pour cette raison, qu’à
présent les traitements antirétroviraux sont prescrits sous forme de trithérapie combinant
l’action de deux inhibiteurs de rétrotranscriptase en plus d’un inhibiteur de protéase.
Cette stratégie semble très bien marcher, car elle se traduit par la baisse de la charge virale à
des niveaux indétectables par les méthodes conventionnelles et une remontée du nombre des
lymphocytes T-CD4, ce qui permet une évolution plus lente de la maladie.
Cependant, la prise de telles associations médicamenteuses provoquent de graves effets
secondaires (nausées, diarrhées, fatigue, maux de tête…etc.), nécessite une posologie
contraignante et une régularité dans la prise du traitement (une interruption provoquerait une
résistance du virus). En plus, ce genre de thérapie ne permet pas l’éradication totale de l’agent
pathogène24
.
26
Comme l’approche pharmacologique ne permet pas la guérison des malades, des approches
vaccinales prophylactiques et surtout thérapeutiques sont activement mises à l’épreuve.
4)-Perspectives thérapeutiques et vaccinales :
De nouvelles voies thérapeutiques sont en cours de développement par les chercheurs comme :
L’utilisation de l’IL-2 sous forme d’injection S-C25
combinée à un traitement antirétroviral a
permis d’obtenir une augmentation plus importante des LT-CD4.
L’identification et la caractérisation des parties actives des alpha-défensines
( protéines capables de bloquer la réplication virale)
Immunothérapie passive par injection d’un sérum contenant des anticorps neutralisants qui
permettrait une protection contre le VIH. Cependant l’utilisation de tel anticorps se heurte à la
grande variabilité antigénique du VIH.
Les chercheurs menés dans le domaine de la thérapie génique visent à induire une résistance
cellulaire au VIH par l’intégration d’un gène capable de perturber l’expression ou la fonction
des protéines virales ou même d’un gène qui empêcherait la pénétration du virus dans les
cellules cibles.
La mise au point d’un vaccin préventif se heurte aux difficultés suivantes :
*Les vaccins classiques reproduisent l’immunité naturelle contre la réinfection généralement
observée chez les sujets qui ont guéri d’une infection ; il n’y a pas de patients qui ont guéri du
SIDA.
*La plupart des vaccins protègent contre la maladie, pas contre l’infection ; l’infection par le
VIH peut demeurer latente pendant une longue période avant de provoquer la SIDA.
*La plupart des vaccins protègent pendant des années contre des virus qui changent très peu ; le
VIH-1 mute rapidement et sélectionne efficacement les formes mutantes qui échappent à
l’immunité.
* La plupart des vaccins efficaces sont des pathogènes tués ou vivants mais atténués ; le VIH
tué ne retient pas son antigénicité et un vaccin contenant un rétrovirus vivant pourrait constituer
un problème de sécurité.
*La plupart des vaccins protègent contre les infections respiratoires et gastro-intestinales ;
l’infection par le VIH se fait majoritairement par tractus génital.
27
*la plupart des vaccins sont testés pour leur absence de danger et leur efficacité dans un modèle
animal avant les essais sur des volontaires humains ; il n’existe pas de modèle animal
convenable pur le VIH.
Toute fois de nombreuses stratégies vaccinales basées notamment sur les nouveaux types de
vaccins ont été employées comme :
-Des virus de la vaccine26
recombinant exprimant des antigènes du VIH.
Figure : génération d’un virus de la vaccine recombinant
-Des vaccins génétiques à ADN nu ou dans des liposomes qui portent les gènes codant pour les
antigènes du VIH.
- Des vaccins composés de la protéine gp120 qui visent à produire des anticorps anti-gp120
neutralisants…etc.
Malheureusement, les différentes stratégies vaccinales adoptées échouent généralement en
phase I ou II et très peu d’entre elles atteignent la phase III27
.
Conclusion :
Le SIDA tue chaque année plusieurs millions d’individus à travers le monde, et les recherches
menées dans ce domaines sont lentes et n’ont jusqu’à là pas aboutit à des résultats optimistes,
c’est pour cette raison, que le meilleur moyen de lutter contre cette épidémie mortelle reste la
prévention, car il vaut mieux prévenir que guérir.
28
NOTES
1 : Pneumocystis carinii : germe responsable de la pneumocystose qui est considérée comme une
affection rarissime et opportuniste touchant exclusivement les sujets immunodépressifs
2 : Sarcome de Kaposi : forme rare de cancer qui touche la peau et les organes internes et liée à un
état d’immunodépression
3 : NIH : Acronyme de National Institute of Health
4 : Un autre rétrovirus le HTLV-1 avait été décrit avant le VIH-1.Bien que la plupart des individus
infectés par ce virus ne présentent pas un signe clinique de la maladie, seul un petit nombre
développe une maladie grave et parfois mortelle. La comparaison des séquences génomiques de du
HTLV-1 avec le VIH-1 montre qu’ils ne sont pas étroitement apparentés, c’est pour cela dans les
premières publications, le virus du SIDA avait été nommé HTLV-3 avant qu’il prenne son nom
définitif de VIH-1
5 : Rétrovirus : virus à ARN qui lorsqu’il s’introduit dans sa cellule hôte peut transformer son ARN
en ADN et l’intégrer au génome de la cellule hôte.
6 : Taux d’infection : nombre de personnes infectées par rapport à la population globale.
7 : Trithérapie : association de 3 molécules différentes permettant de ralentir l’évolution de
l’infection par le VIH vers le stade SIDA
8 : Données fournies par le « Soir d’Algérie »
9 : Les muqueuses unistratifiées : une seule assise de cellules : sont plus permissives au virus que
les muqueuses pluristratifiées (plusieurs assises cellulaires)
10 : MST : acronyme de Maladie Sexuellement Transmissible
11 : L’enveloppe virale contient quelques protéines membranaires de cette dernière y compris les
molécules de CMHI et CMHII
12 : La fixation du virion à la cellule hôte fait intervenir également des corécepteurs tels que CCR5
et CXCR4
13 : Transcriptase inverse : enzyme caractéristique des rétrovirus permettant la conversion de
l’ARN en ADN
14 : Intégrase : enzyme permettant l’intégration de l’ADN convertit à partir d’un ARN viral dans le
génome de la cellule hôte
15 : Protéase : enzyme permettant le clivage et la maturation des protéines
16 : LNTP : individus asymptomatiques à long terme : ces individus sont hétérozygotes pour la
mutation du gène du corécepteur CCR5
17 : Maladies opportunistes : infections dues à des micro-organismes (virus, bactéries, champignons
microscopiques) qui peuvent être facilement éliminés par un système immunitaire qui fonctionne
correctement mais induisant de graves pathologies chez des sujets dont l’immunité est déficiente.
29
18 : Lymphome : Cancer qui atteint les lymphocytes
19 : AC anti-VIH : sont détectés par les tests de dépistage et permettent ainsi de dresser le profil
sérologique d’un individu
AC anti-VIH (+) : individu séropositif
AC anti-VIH(-) : individu séronégatif
Parmi ces AC, on retrouve des AC anti-p24 et anti-p17, AC antigp120 et des Ac anti protéines
régulatrices
20 : CDF : Cellule Dendritique Folliculaire
21 : Syncytium : masse cytoplasmique plurinucléé
22 : Séroconversion : passage de la séronégativité (absence d’AC anti-VIH) à la séropositivité
(présence d’AC anti-VIH)
23 : Le stress, l’angoisse et la dépression affaiblissent le système immunitaire et donc permettent
une évolution plus rapide de la maladie
24 : Le VIH peut rester latent sous forme d’ADN proviral dans le génome d’un LTCD4
25 : S-C : Sous Cutané
26 : Le virus de la vaccine est utilisé depuis plus de 100 ans comme vaccin pour la variole
27 : Phase I : essais précliniques
Phase II : essais sur un petit nombre de volontaires
Phase III : essais sur un nombre important de volontaires
30
Références
″Syndrome immunodéficitaire acquis [sida].″Microsoft®Encarta®2009 [DVD].Microsoft
corporation, 2008.
″virus de l’immunodéficience humaine [VIH].″Microsoft® Encarta®2009 [DVD].Microsoft corporation, 2008.
Bibliographie :
Kint T.J., Goldsby R.A., Osbourne B.A., Immunologie (le cours de Janis Kuby), Dunod, 2008.
Bach J.F., Chatenoud L., Immunologie, Médecine-sciences Flammarrion, 2002, 369p.
Espinosa E., Chillet P., Immunologie, Ellipses, 2006, 432p.
Revillard J.P., Immunologie, DeBoek Université, 2001, 595p.
Webographie :
Dossier (le virus du SIDA), Gilles Fureland, avec la collaboration de Bajamin Pavie http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/SIDA/index.htm
Syndrome d’immunodéficience acquise http://fr.wikipédia.org/
Origine du virus de l'immunodéficience humaine
http://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_du_virus_de_l%27immunod%C3%A9ficience_humaine
Les premières campagnes de vaccination contre la poliomyélite pourraient être à l’origine de la propagation du VIH et de l’épidémie de sida :http://www.survivreausida.net/article3957.html
Dossier sur le SIDA :http://science-citoyen.u-strasbg.fr/dossiers/sida/html
Immunologie-SIDA
http://www.inrp.fr/Acces/biotic/immuno/acceuil.htm
Les modes de transmission du virus de SIDA, Michel Ohayon http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossier/transida/transmissionsida.htm
Les rétrovirus http://anne.decoster.free.fr/d1viro/vretrouv0.html
31
L’épidémie mondiale de SIDA stagne, selon l’ONU
http://sante-medecine-commentcamarche.net/news/107491-l-epidemie-mondiale-de-sida-
stagne-selon-l’onu
30.000 cas de SIDA en Algérie (d’après le soir d’Algérie , 24 juuin 2004) http://www.bladi.net.forum/21151-30-000-cas-sida-algerie/
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