Polycopie de cours de - univ-setif.dz
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Université Ferhat Abbas Séti 1
Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie
Département de Biochimie
Polycopie de cours de :
Biomembranes
Destiné aux étudiants de 1re année master en Biochimie
Appliquée
Réalisé par Pr H. BOURICHE
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Contenu de la matière 1. Introduction/rappels
2. Biomembranes: structure et organisation
3. Les protéines membranaires
4. Grandes fonctions des biomembranes
5. Diffusion des substances et transport membranaire
6. Application des biomembranes :
a. Santé
b. Industries et technologies
c. Perspectives et nouvelles technologies
I. Introduction /rappels La membrane plasmique constitue une enveloppe continue qui sépare le milieu intracellulaire
et le milieu extracellulaire. C’est une structure organisée, complexe, asymétrique
indispensable à la vie de la cellule. Elle désigne un assemblage de molécules en un double
feuillet séparant la cellule de son environnement et délimitant le cytoplasme cellulaire, ainsi
que les organites (le réticulum endoplasmique, le complexe golgien, la membrane
mitochondriale et membrane nucléaire) à l'intérieur de la cellule (figure 1).
Figure 1: les organites enfermés dans deux membranes phospholipidiques (par exemple, le noyau, le
chloroplaste, mitochondrie), les faces exoplasmique (rouge) bordent l'espace entre les membranes interne et
externe. Les chloroplastes contiennent également une pile de membranes thylacoïdes internes; la face
exoplasmique de ces membranes tapissent la lumière des thylakoïdes.
La surface cellulaire comporte :
- La membrane plasmique tripartite : au contact du hyaloplasme avec ses particularités
propres. La bicouche phospholipidique forme deux feuilles avec des extrémités dont laquelle
l'intérieur hydrophobe est en contact avec l'eau.
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- Le « cell coat » ou glycolemme ou glycocalyx : ensemble de rameaux glucidiques liés aux
structures membranaires, sous forme d’un revêtement fibreux situé sur la face extracellulaire
de la membrane plasmique.
Les membranes cellulaires doivent être clairement distinguées des parois, capsules ou autres
enveloppes pouvant entourer les cellules vivantes. Les biomembranes font intégralement
partie de la matière cellulaire (ou protoplasme). Lorsque la cellule meurt, les biomembranes
se désorganisent, alors que les parois peuvent fort bien subsister.
II. Biomembranes: structure et organisation
II.1. Structure de la biomembrane Le microscope électronique révèle, sur les coupes ultrafines de cellules ou tissus fixés au
glutaraldéhyde puis contrastées par des métaux lourds (tétroxyde d’osmium ou permanganate
de potassium) une image tripartite (figure 2) pour toutes les biomembranes, quelle qu’en soit
l’origine
Figure 2 : Cette image tripartite fondamentale montre une zone centrale claire de 4 nm d’épaisseur environ, entre
deux bandes (Deux feuillets) sombres (plus opaques aux électrons); l’ensemble mesure 7.5 à 10 nm d’épaisseur,
selon le type cellulaire.
Les composants-clé de la membrane biologique sont les phospholipides. Ils ont la capacité de
s'auto-organiser en un double feuillet, leurs têtes hydrophiles pointant vers l'extérieur et leurs
chaînes hydrophobes pointant vers l'intérieur de la membrane.
Bien que toutes les membranes biologiques ont la même structure phospholipidique bicouche
de base et certaines fonctions communes, chaque type de membrane cellulaire a également
certaines activités particulières déterminées en grande partie par l'ensemble unique de
protéines associées à cette membrane (protéines intégrales et des protéines périphériques).
La membrane est un ensemble complexe de lipides, de protéines et de glucides régulant les
échanges de matière entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule ou entre deux compartiments
cellulaires.
La membrane plasmique est composée très majoritairement de protéines et de lipides. Les
glucides se trouvent dans les glycoprotéines et les glycolipides.
1. Les lipides Les lipides sont des molécules amphiphiles formées d’une tête polaire hydrophile (contenant
les groupements COOH ayant une forte affinité pour l’eau et une queue apolaire hydrophobe
(qui n’établit pas de relation avec l’eau).
Cette propriété physico-chimique est à la base de l’organisation des lipides en bicouche
lorsqu’ils sont placés dans un milieu aqueux.
Ils comprennent trois variétés : les phospholipides, le cholestérol et les glycolipides.
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1.1. Les phospholipids: se sont les composants lipidiques les plus abondants dans la plupart
des membranes, ils constituent 55% des lipides membranaires. Ils sont des molécules
amphipathiques ou amphiphiles (ils ont une partie hydrophile et une partie hydrophobe).
On distingue deux types de phospholipides, dérivés soit du glycérol, soit de la sphingosine :
a- Les phosphoglycérides : principale classe des phospholipides, les chaînes latérales
(acyles) de deux acid gras sont estérifiées à deux des trois groupes hydroxyles du glycérol, et
le troisième groupe d'hydroxyle est estérifié par le phosphate. Le groupe phosphate est
également estérifié par un groupe hydroxyle d’un composé hydrophile, tel que la choline en
phosphatidylcholine (figure 3).
Figure 3: Structures de la phosphatidylcholine, la partie hydrophobe de la molécule est représentée en jaune; la
partie hydrophile, en bleu.
La charge négative sur le phosphate ainsi que les groupes chargés ou des groupes hydroxyle
sur l'alcool estérifié il interagit fortement avec l'eau. Les deux chaînes latérales (acyle) des
acides gras dans un phosphoglycéride peuvent être saturées ou insaturées, ou une chaîne peut
être saturée et l'autre insaturé. Au lieu de la choline, des alcools tels que l'éthanolamine, la sérine et l'inositol sont liées au
phosphate dans d'autres phosphoglycérides (figure 4). La charge négative sur le phosphate
ainsi que les groupes chargés ou des groupes hydroxyles sur l'alcool estérifié interagissent
fortement avec l'eau.
Figure 4 : Phosphoglycérides
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b- Sphingolipides (sphingophospholipides): Forment une catégorie de lipide membranaire
moins fréquente. Ils correspondent à l’association de la sphingosine, d’acide gras, d’acide
phosphorique et d’alcool ou d’acides aminés. Ils représentent la plupart des lipides qui
contiennent des glucides (glycosphingolipides ou les glycolipides).
Le sphingomyéline : le groupe hydroxyle terminal de la sphingosine est estérifié par la
phosphocholine (figure 5), de sorte que sa tête hydrophile est similaire à celle de la
phosphatidylcholine.
Figure 5 : Sphingomyéline
1.2. Les glycolipides : sont exclusivement présents du côté extracellulaire de la bicouche
lipidique. Ils constituent environ 18% des lipides membranaires, cependant leur quantité varie
d'une espèce à une autre mais aussi d'un tissu à un autre. Ils sont particulièrement abondants
dans les cellules nerveuses. Les glycolipides sont de deux types, on trouve les
glycéroglycolipides (figure 6) et les sphingoglycolipides.
Glucosylcerebroside : l'un des glycolipides plus simples consiste en céramide (formé à partir
de sphingosine et d'acide oléique) lié à un seul résidu de glucose. Ce glycolipide est abondant
dans la gaine de myéline.
Figure 6 : Glycéroglycolipides
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Exemples de la composition des membranes:
1.3. Le cholestérol et ses dérivés : constituent une autre classe importante de lipides
membranaires (les stéroïdes). Le cholestérol est le constituant majeur stéroïdien des tissus
animaux. La teneur en cholestérol de la membrane plasmique peut atteindre le quart (25%) de
la totalité des lipides membranaires. Le cholestérol maintient la stabilité mécanique de la
membrane (rigidité), diminue sa fluidité et sa perméabilité aux petites molécules.
Chez les animaux, le cholestérol est le seul stérol constitutif de la membrane plasmique. Il est
absent chez les végétaux supérieurs et les champignons dont la membrane plasmique contient
d’autres types de stérols (figure 7). Le cholestérol possède une fonction hydroxyle et un
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noyau tétracyclique rigide. Il est amphiphile, très hydrophobe à l’exception du groupe OH qui
est hydrophile qui peut interagir avec l'eau. Le cholestérol s’insère dans la bicouche des
phospholipides (figure 8).
Figure 7 : le cholestérol chez les animaux et l’ergostérol chez végétaux supérieurs
Figure 8 : Le cholestérol s’insère dans la bicouche des phospholipides.
2. les protéines membranaires Les protéines membranaires ont des rôles bien spécifiques au sein de la double couche
phospholipidique: récepteurs, transporteurs, adhérence cellulaire, catalyse enzymatique,
messagers intracellulaires..etc. Les protéines sont ancrées de différentes manières dans la
membrane (figure 9). Il existe deux grandes classes de protéines membranaires :
2.1. Les protéines intra-membranaires : Insérées dans la membrane, la pénètrent assez
profondément pour que leurs parties hydrophobes se trouvent entourées par les parties
hydrocarbonées des lipides. Certaines protéines intra-membranaires comportent des
extrémités hydrophiles exposées aux solutions aqueuses de part et d'autre de la membrane.
Les protéines transmembranaires traversent les deux feuillets de la membrane. Elles sont liées
de manière stable à la membrane avec l’environnement hydrophobe de la face interne de la
membrane, par les acides aminés apolaires de leurs hélices α (figure 10). Elles ne peuvent
ainsi être séparées de la double couche phospholipidique (et donc étudiées) que par l’action de
détergents.
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Figure 9 : Le domaine transmembranaire des protéines est souvent constitué d’hélices hydrophobes (dans cette
figure 21 acides aminés hydrophobes en jaune).
Les protéines transmembranaires ont toujours une orientation unique dans la membrane, presque
toujours en hélice ou cylindre.
Cylindres (figure 12):
• Abondants dans la membrane externe des bactéries, mitochondries, chloroplastes
• Beaucoup plus rares que l’hélices chez les eucaryotes
• Souvent boucles qui font saillie dans la lumière
• Forment des pores (eg : porine), parfois se sont des porines spécifiques (maltoporines)
• Forment une structure rigide, plus rigides que l'hélice
• facile à cristalliser
• Le nombre de plis peut varier de 8 à 22.
Figure 12 : Exemples des cylindres
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Hélice (figure 13 et 14):
- Simulations d'une hélice de protéine transmembranaire Modèles de l'hélice de la
protéine transmembranaire M2 du virus influenza A dans une bicouche lipidique (figure 11).
Figure 13: Modèles de l'hélice de la protéine transmembranaire M2 du virus influenza A dans une
bicouche lipidique.
- Simulations de canaux ioniques dans une bicouche lipidique.
Hélice M25 et Canal potassique KcsA (figure 14).
Figure 14 : (a) Hélice M25 (b) Canal potassique KcsA
2.2. Les protéines périphériques
Les protéines périphériques ne pénètrent pas dans la membrane, elles constituent des
appendices rattachés à la surface membranaire, souvent à la partie saillante de protéines intra-
membranaires. Elles sont localisées en dehors de la bicouche phospholipidique et sont ainsi
soit entièrement extracellulaire, soit entièrement intracellulaire.
Sur le feuillet interne de la membrane plasmique, des filaments du cytosquelette aident à
maintenir en place certaines protéines périphériques et les protéines intra-membranaires
associées. Elles interagissent avec la membrane, par des liaisons électrostatiques de types liaisons
hydrogènes et liaisons de Van der Waals, au niveau de domaines caractéristiques de protéines
transmembranaires ou de lipides. Ces interactions étant faibles, elles sont rompues facilement par des
variations de forces ioniques et de pH.
a) Les protéines ancrées avec d'autres protéines de la membrane
Exemple : La protéine dystrophine est ancrée au sarcoleme (membrane plasmique des fibres
musculaires striées) par les dystroglycanes (figure 15).
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Figure 15 : La protéine dystrophine est ancrée par les dystroglycanes
b) Les protéines ancrées par des lipides
Les protéines périphériques ancrées dans les lipides sont de deux types :
- Ancrées sur les glyco-phosphatidyl-inositol qui correspondent à l’association d’une
phospho-éthanol-amine sur des sucres, eux-mêmes ancrés sur un phosphatidyl-inositol. Ces
protéines sont présentent sur la face extracellulaire de la membrane.
- Ancrées à la membrane par l’intermédiaire d’acide gras (acide palmitique et acide
myristique) ou un groupe prényl. Ces protéines sont présentent sur la face intracellulaire de la
membrane (figure 16). Cet ancrage aide à localiser une protéine soluble dans la membrane et
il Peut être transitoire.
Figure 16 : Exemple d’attachement d'une protéine membranaire par une chaîne d'acide gras ou un groupement
prényl.
II.3. Les glucides
La grande majorité des glucides membranaires sont sous forme de glycoprotéines et une petite
partie sous forme de glycolipides. Les glucides se trouvent dans les nombreuses liés de façon
covalente soit à des protéines comme constituants de glycoproteines ou aux lipides comme
constituants de glycolipides.
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Les glycoprotéines et les glycolipides sont particulièrement abondants dans la membrane
plasmique de cellules eucaryotes, mais sont absentes dans la membrane interne
mitochondriale, les lamelles chloroplaste, et plusieurs autres membranes intracellulaires.
Presque invariablement, les glucides sont localisés à la face de la membrane exoplasmique.
Les glucides jouent plusieurs rôles importants :
- Ils augmentent le caractère hydrophile de lipides et de protéines et aide à stabiliser les
conformations de nombreux membranes et protéines.
- Ils stabilisent la conformation des structures tertiaires de la portion extra-cytoplasmique des
protéines membranaires.
- Ils facilitent l'hydratation des protéines par la rétention d'eau liée au contact de la cellule.
- Les glucides jouent un rôle important dans les interactions cellules-cellules.
- La complexité des polysaccharides suggère qu'ils sont impliqués dans la reconnaissance
cellule-cellule; les lectines (exemple: la phytohémaglutinine extraite d'un haricot) sont des
sucres capables d'activer des lymphocytes en se liant aux glycoprotéines de surface de cette
cellule.
- Ils assurent la reconnaissance et l'arrivage du spermatozoide sur l'ovaire.
- Les cellules sanguines vieillies qui ont perdu des résidus d'acide sialique sont reconnues puis
détruites par les macrophages du foie et de la rate qui ont des récepteurs membranaires à
l'asialo-GM1.
- Ils accroissent la solubilité et stabilisent la conformation tridimensionnelle des parties extra-
cytoplasmiques des protéines; ils participent à la création de la forme des récepteurs ce qui
permet leur interaction avec le messager circulant (hormones ou facteurs de croissance).
- L'acide sialique assume la négativité du potentiel électrique externe de la membrane ; cette
charge joue un rôle dans la répulsion des cellules entre elles.
- Les charges négatives ont un rôle de filtre pour les substances chargées négativement (au
niveau de la membrane basale glomérulaire, notamment) et facilitent l'adsorption de
substances chargées positivement (héparan-sulfates).
- Les antigènes de groupe sanguins ABO sont des glycolipides insérés dans la membrane
plasmique des érythrocytes. Ils sont composés de sucres complexes reconnus par des
anticorps naturels du plasma.
3.1. Les glycolipides (phingoglycolipides et les glycéroglycolipides). Ils constituent environ
18% des lipides membranaires, cependant leur quantité varie d'une espèce à une autre mais
aussi d'un tissu à un autre. Ils sont particulièrement abondants dans les cellules nerveuses. Les
glycolipides se trouvent toujours dans le feuillet exoplasmique des membranes et sont situées
principalement sur la surface membranaire des cellules. Comme dans le cas des
glycoprotéines, les hydrates de carbone des chaînes polaires font face vers l'extérieur vers
l'environnement et à l'écart de la cellule. Les glucides sont liés à des protéines par des liaisons
N-glycosidiques (le plus souvent) et des liaisons O-glycosidiques, sous forme de petites
glycoprotéines ou de protéoglycanes.
3.2. Les glycoprotéines contiennent des polysaccharides courts, souvent ramifiés et
n’excédant pas 50% du poids moléculaire de la glycoprotéine. Le sucre terminal est souvent
de l’acide sialique chargé négativement.
Les protéoglycanes sont également des glycoprotéines, mais qui contiennent des
polysaccharides à chaîne longue composée d’unités disaccharidiques répétées à l’infini,
représentant jusqu’à 90% du poids moléculaire globale. Souvent un des deux sucres de l’unité
est aminé, on parle alors de glyco-amino-glycane dont le plus simple est l’acide hyaluronique.
Pour information, les protéoglycanes sécrétoires composent la matrice extracellulaire (tissu
conjonctif, cartilage, etc.) sont différents des protéoglycanes cellulaire.
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II.2. Organisation de la biomembrane
La membrane cellulaire, se compose de deux feuillets de molécules de phospholipide dont les queues
acyles forment l’intérieur hydrophobe de la bicouche; leurs, groupes de tête hydrophiles polaires
bordent les deux surfaces. La plupart des protéines intégrales couvrent la bicouche, quelques-uns sont
attachés à une plaquette par un groupe d'ancrage lipidique attaché de manière covalente. Les protéines
périphériques sont principalement associées à la membrane par des interactions spécifiques protéine-
protéine. Les oligosaccharides se lient principalement aux protéines membranaires; cependant, certains
se lient aux lipides, formant des glycolipides (figure 17).
Figure 17 : Organisation de la biomembrane
1. Auto-assemblage des lipides
Les phospholipides, dus à leurs propriétés physico-chimiques, s’assemblent de manière
automatique (figure 18) en différentes sortes de structures (figure 19) suivant
l’environnement.
-Les monocouches sont des couches mono-moléculaires dont les têtes hydrophiles sont
dirigées vers le milieu aqueux et les queues hydrophobes vers le milieu lipidiques.
- Les micelles sont des formations sous la forme de gouttelettes rondes, où dans un milieu
aqueux les têtes hydrophiles sont dirigées vers l’extérieur de la sphère et les queues
hydrophobes sont dirigées vers l’intérieur (dans un milieu lipidique la conformation est
inverse).
- Les bicouches phospholipidiques permettent la formation de vésicules sphériques
appelées liposomes. Les bicouches phospholipides rentrent dans la formation des bicouches
membranaires.
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Figure 18: Formation expérimentale de bicouches de phospholipides purs. (Haut) Une préparation de membranes
biologiques sont traités avec un solvant organique, tel qu'un mélange de chloroforme et de méthanol (3: 1), ce qui solubilise
sélectivement les phospholipides et le cholestérol. Protéines et des glucides restent dans un résidu insoluble. Le solvant est
éliminé par évaporation. (En bas à gauche) Si les lipides sont mécaniquement dispersés dans l'eau, ils forment spontanément
un liposome, représenté en coupe transversale, avec un compartiment aqueux interne. (En bas à droite) Une bicouche plane,
également montré en coupe, peut se former sur un petit trou dans une cloison séparant deux phases aqueuses; ces bicouches
sont souvent appelés «lipidmembranes noir» en raison de leur apparence.
Figure 19 : Différentes sortes de structures de phospholipides
2. Asymétrie de la biomembrane
Le feuillet interne et le feuillet externe des membranes sont bien distincts. En effet, ils ne
présentent pas la même composition lipidique et l'orientation des protéines est diffère. En
outre, seul le feuillet externe de la membrane plasmique contient des glycoprotéines et des
glycolipides. Cette répartition inégale est déterminée durant la formation de la membrane par
le réticulum endoplasmique.
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2.1. Asymétrie des lipides
La distribution des lipides est asymétrique au sein de la membrane (figure 20). Les lipides
sont présents sous différentes formes (parmi elles on compte les phospholipides, les
glycolipides et le cholestérol).
L’asymétrie des lipides entraîne ainsi une asymétrie de la charge globale de chaque feuillet.
Le feuillet interne est caractérisé par les phosphatidyl-sérine (amphotère) et phosphatidyl-
éthanol-amine (charge négative). Le feuillet externe est caractérisé par
la sphingomyéline (charge négative) et la phosphatidyl-choline (charge négative).
Figure 20 : Exemple de la distribution asymétrique des lipides dans la membrane.
La composition en phospholipides diffère dans les feuillets membranaires. La plupart des
types de phospholipide, ainsi que le cholestérol, sont généralement présents dans les deux
feuillets de membrane, bien qu'elles soient souvent plus abondant dans l'un ou l'autre. Par
exemple, dans les membranes plasmiques de globules rouges humains et certaines cellules
rénales développées en culture, la quasi-totalité de la sphingomyéline et de la
phosphatidylcholine, qui ont un groupe de tête chargé positive, se trouvent dans le feuillet
exoplasmique. En revanche, les lipides avec des groupes polaires neutres ou négatifs (par
exemple, la phosphatidyléthanolamine, la phosphatidylsérine, et le phosphatidylinositol) sont
de préférence situés dans le feuillet cytosolique.
Radeaux lipidiques (Rafts)
• Microdomaines maintenus par des chaînes longues et saturées de lipides (comme les
sphingolipides)
• Considérés comme des changements de phase dans la bicouche lipidique qui se trouve
enrichie en sphingolipides et cholestérol
• Organisent certaines protéines membranaires qui s'accumulent dedans
• ils représentent entre 10 % et 30 % de la surface membranaire. Enfin, les mouvements
des deux feuillets ne sont plus indépendants au niveau des radeaux lipidiques car les
chaînes de sphingolipides sont très longues.
• Chaînes longues membrane plus épaisse, environ 70 nm de diamètre
Les radeaux lipidiques (figure 21) contiennent généralement 3 à 5 fois la quantité de
cholestérol trouvée dans la bicouche lipidique environnante. Aussi, les rafts sont enrichis
en sphingolipides comme la sphingomyéline, qui est typiquement supérieure de 50% par
rapport à la membrane plasmique. Pour compenser les niveaux de sphingolipides, les
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niveaux de phosphatylcholine sont réduits ce qui résulte en des niveaux similaires en
protéines contenant des cholines entre le radeau et la membrane environnante.
Le cholestérol interagit préférentiellement avec les sphingolipides dû à leur structure et à la
saturation des chaînes d'hydrocarbones.
Figure 21 : Exemple d’un radeau lipidique
Bien que tous les phospholipides du raft ne soient pas entièrement saturées, les chaînes
hydrophobiques des lipides contenus dans le raft sont plus saturées et jointes de façon plus
serrées que la membrane environnante.
Le cholestérol joue le rôle d'une colle qui structure le raft. Dû à la nature rigide du groupe
stérol, le cholestérol se morcelle préférentiellement dans les radeaux lipidiques où les chaînes
acyl des lipides ont tendance à être plus rigides et dans un état moins fluide.
Une propriété importante des membranes lipidiques est leur nature amphiphile ; or le
cholestérol a la capacité de se placer entre les lipides, servant d'écarteur pour les molécules et
remplissant les éventuels espaces entre les sphingolipides associés.
Un radeau lipidique se caractérise par sa faible densité et son insolubilité dans des détergents
doux, d'où l'autre nom parfois utilisé est detergent-resistant membrane.
Les radeaux lipidiques forment ainsi des sites privilégiés pour la libération des
neurotransmetteurs et donc pour la propagation de l'influx nerveux. Ils ont un rôle essentiel
dans la signalisation cellulaire.
2.2. Asymétrie des protéines
Les protéines intégrales se lient asymétriquement à la bicouche lipidique. On visualise
également une asymétrie des protéines présente dans la double couche phospholipidique ; ces
protéines participent à caractériser les propriétés de la membrane, que cela soit du côté
intracellulaire ou extracellulaire. Chaque type de protéine membranaire intégrale a une seule
orientation spécifique par rapport aux faces cytosolique et exoplasmique de la membrane
cellulaire, et toutes les molécules de chaque protéine intégrante ont cette orientation
particulière. Cette asymétrie dans l'orientation absolue de la protéine confère des propriétés
différentes sur les deux faces de la membrane.
En conséquence, l'asymétrie d'une protéine membranaire, qui est établie au cours de sa
biosynthèse et l'insertion dans une membrane, est maintenue pendant toute la durée de vie de
la protéine.
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2.3. Asymétrie des glucides
La plus grande asymétrie est celle présente au niveau des glucides, en effet tous les motifs
glucidiques sont localisés sur le feuillet externe de la membrane plasmique. Pour les organites
intracellulaires les sucres sont dirigés vers la lumière de l’organite. « L’arbre glucidique »
présent au niveau du feuillet externe de la membrane plasmique forme ce que l’on appelle
le glycocalix.
2.3. Fluidité de la biomembrane
La fluidité membranaire intervient dans différentes fonctions cellulaires : absorption,
sécrétion, protection, adhérence, communication, interaction avec la matrice, etc.
1. Les lipides sont mobiles dans les biomembranes Dans les deux bicouches de phospholipides purs (artificielles) et membranes naturelles, le
mouvement thermique permet aux molécules de phospholipides et de glycolipids de tourner
librement autour de leurs axes longs et de diffuser latéralement dans le feuillet membranaire.
Du fait que ces mouvements sont latéraux ou rotatifs, les chaînes d'acyles gras restent dans
l’intérieur hydrophobe de la membrane.
Dans les deux membranes naturelles et artificielles, une molécule lipidique typique change le
lieux avec ses voisins dans un feuillet environ 107 fois par seconde et diffuse plusieurs
micromètres par seconde à 37 ° C. A ce rythme, un lipide peut diffuser au long d'une cellule
bactérienne typique (≈1 um) dans seulement 1 seconde et au long de la cellule animale en
environ 20 secondes.
Les lipides ont trois types de mouvements (figure 22), la diffusion latérale (un lipide peut
changer de place avec son voisin), la rotation (sur place), le flip flop (changement de feuillet
avec basculement, favorisé par des flipases avec consommation d'ATP.
Dans les bicouches de phospholipides purs, les phospholipides ne migrent pas, ou flip flop
(basculer ou sauter) d'un feuillet à l'autre. Dans certaines membranes naturelles, cependant, ils
le font de temps en temps, catalysée par certaines protéines membranaires appelées flippases.
Énergétiquement, ces mouvements sont extrêmement défavorables, parce que la tête polaire
d'un phospholipide doit être transportée à travers l’intérieur hydrophobe de la membrane.
Figure 22 : Trois types de mouvements de lipides
Les phospholipides sont libres de se diffuser à l'intérieur d'une telle région, mais pas d'une
région riche en lipides à un adjacente. En outre, la vitesse de diffusion latérale des lipides est
presque d’un ordre de grandeur plus lente que dans les bicouches phospholipidiques pures.
Cette différence suggère que les lipides peuvent être étroitement, mais pas de manière
irréversible, lié à certaines protéines intégrales dans certaines membranes.
La fluidité est conditionnée par les facteurs suivants:
a- Température et l composition en acides-gras : Plus les chaînes carbonées des acides-
gras sont courtes et insaturées plus la membrane est fluide. Les acides gras saturés assurent la
rigidité de la membrane
Une conséquence de l'emballage des chaînes d'acyles gras au sein du centre d'une bicouche
phospholipidique est un brusque changement de ses propriétés physiques sur une plage très
étroite de température.
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Par exemple, quand une suspension de liposomes ou d'une bicouche plane composée d'un seul
type de phospholipides est chauffée, il passe d'un état de gel hautement ordonné à un état
fluide plus mobile (Figure 23). Au cours de cette transition de phase, une quantité
relativement importante de la chaleur (énergie thermique) est absorbée sur une plage de
température étroite; le milieu de cette gamme est la "température de fusion" de la bicouche.
D'une manière générale, les lipides avec des chaînes d’acyles gras courts ou insaturés
subissent une transition de phase à des températures plus basses que ne le font pas les lipides
avec des chaînes longues ou saturés. Par rapport aux longues chaînes, les chaînes courtes ont
moins de surface pour former des interactions de van der Waals entre eux.
Etant donné que l'état de gel est stabilisé par ces interactions, les lipides à chaîne courte
fondent à des températures plus basses que les lipides à chaîne longue.
Figure 23 : formes alternatives de la bicouche phospholipidique. La chaleur provoque la transition d'un gel à un
fluide sur une plage de température de quelques degrés seulement. La phase liquide est favorisée par la présence
de chaînes d'acyles gras courts et par une double liaison dans la chaîne; Par conséquent, ces caractéristiques
structurelles réduisent la température de fusion de bicouches.
De même, les Kinks dans les chaînes d’acyles gras insaturés entraînent dans leur formation de
moins stable van der Waals avec d'autres lipides que faire des chaînes saturées. En
conséquence, les lipides insaturés maintiennent, un état fluide plus aléatoire à des
températures plus basses que les lipides avec des chaînes acyle gras saturés.
Le maintien de cette fluidité de bicouches semble être essentiel pour la croissance normale
des cellules et leur reproduction. Toutes les membranes cellulaires contiennent un mélange de
différentes chaînes d'acyles gras et sont fluides à la température à laquelle la cellule est
cultivée. Des cellules animales et bactériennes adapter à une diminution de la température de
croissance en augmentant la proportion d'insaturation des acides gras saturés dans la
membrane, qui tend à maintenir une double couche de fluide à la température réduite.
b- Proportion de cholestérol : Le cholestérol de la membrane est un autre déterminant
majeur de la fluidité. Il renforce la solidité et rigidité membranaire. Le cholestérol est trop
hydrophobe pour former une structure en feuille sur elle-même, mais elle est intercalée
(ajouté) parmi les phospholipides. Son groupe hydroxyle polaire est en contact avec la
solution aqueuse à proximité des groupes de tête polaires des phospholipides; l’anneau
stéroïde interagit avec et tend à immobiliser leurs chaînes d'acyles gras. L'effet net de la
fluidité du cholestérol varie, en fonction de la composition lipidique. Le cholestérol limite le
mouvement aléatoire des têtes polaires des chaînes d'acyles gras, qui sont le plus près des
surfaces externes des feuillets, mais il se sépare et se disperse la queue, ce qui provoque les
régions intérieures de la double couche à devenir légèrement plus fluide.
Aux fortes concentrations trouvées dans les membranes plasmiques des eucaryotes, le
cholestérol tend à rendre la membrane moins fluide à des températures de croissance proches
de 37 °C. Inférieure à la température qui provoque une transition de phase, le cholestérol
maintient la membrane dans un état fluide en empêchant les hydrocarbures gras des chaînes
acyle des lipides de la membrane de se lier les uns aux autres, compensant ainsi la diminution
drastique de la fluidité qui autrement se produire à de basses températures.
c- Quantité de protéines : Les protéines diminuent la fluidité membranaire.
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2. Les protéines intégrales sont latéralement mobiles Diverses expériences ont montré que de nombreuses protéines membranaires intégrales, comme les
phospholipides, flottent librement tout à fait dans le plan d'une membrane naturelle.
Dans une étude (Figure 24), deux cellules différentes sont fusionnés et le mouvement de leurs
protéines de surface est ensuite contrôlé à différents moments après incubation à 37 °C. Ces
expériences suggèrent que de nombreuses protéines intégrales sont libres de se diffuser dans une mer
de lipide dans l'espace à deux dimensions de la membrane. Les mouvements latéraux des protéines de
surface et des lipides peuvent être quantifiés par une technique dite récupération de fluorescence après
photoblanchiment (FRAP). Des études FRAP avec des phospholipides marqués par fluorescence ont
montré que dans les membranes plasmiques des fibroblastes, les phospholipides sont librement
mobiles sur des distances d'environ 0,5 pm, mais la plupart ne peuvent pas se répandre sur de plus
grandes distances.
Les protéines n’ont jamais été observées à flip-flop à travers une membrane; un tel
mouvement, impliquant un mouvement transitoire de résidus d'acides aminés et de sucre
hydrophiles à travers l'intérieur hydrophobe de la membrane, sera énergétiquement
défavorable.
Les protéines sont capables de bouger dans cette membrane par rotation, diffusion latérale.
Le fait que les protéines au niveau de la membrane sont accrochées aux protéines d’autres
cellules va limiter les déplacements. Tous ces phénomènes régulent et limitent la diffusion des
protéines de la membrane. Certaines protéines vont être bloquées par des structures
intracellulaires ou extracellulaires par des interactions protéines-protéines ou interactions avec
le cytosquelette.
Figure 24: Démonstration expérimentale que les protéines de surface cellulaire sont latéralement mobiles. Des
cellules humaines et de souris sont fusionnés. Immédiatement après la fusion, les antigènes de surface des deux
types de cellules restent localisées dans les moitiés respectives de la cellule fusionnée; ils peuvent être détectés
par des anticorps fluorescents (dans ce cas précis pour la souris H-2 protéines). Après plusieurs heures
d'incubation, les protéines de souris et de la surface humaine sont uniformément répartis dans la membrane de la
cellule fusionnée, ce qui montre que la majeure partie de la surface des protéines H-2 et HLA ne sont pas
rigidement maintenu en place dans les membranes des cellules de la souris et humaine d'origine. Le mouvement
de protéine est arrêtée par refroidissement des cellules et en les traitant avec un réactif (par exemple le
glutaraldéhyde) qui se lie (cross-links) avec les résidus lysine.
19
IV. Grandes fonctions des biomembranes
Dans toutes les cellules, la membrane plasmique a plusieurs fonctions essentielles. Ceux-ci
comprennent :
- le transport des nutriments et des déchets métaboliques en dehors de la cellule; empêcher
les matières indésirables dans le milieu extracellulaire de pénétrer dans la cellule; la
prévention de la perte de métabolites nécessaires et le maintien de la composition ionique
appropriée, le pH (≈7.2) et la pression osmotique du cytosol.
Pour mener à bien ces fonctions, la membrane plasmique contient des protéines spécifiques de
transport qui permettent le passage de certaines petites molécules mais pas d'autres. Plusieurs
de ces protéines utilisent de l'ATP pour pomper des ions et d'autres molécules dans ou hors de
la cellule contre leurs gradients de concentration. De petites molécules chargées telles que
l'ATP et les acides aminés peuvent se diffuser librement dans le cytosol, mais ils sont limités
dans leur capacité à quitter ou à traverser la membrane plasmique.
En plus de ces fonctions universelles, la membrane plasmique a un rôle crucial dans d'autres
organismes multicellulaires :
- Peu de cellules dans les plantes et les animaux multicellulaires existent comme des entités
isolées; plutôt, des groupes de cellules avec des spécialisations connexes se combinent pour
former des tissus. Secteurs spécialisés de la membrane plasmique contiennent des protéines
et des glycolipides qui forment les contacts et les jonctions entre les cellules spécifiques pour
renforcer les tissus et pour permettre l'échange des métabolites entre les cellules.
- D'autres protéines présentes dans la membrane agissent comme des points d'ancrage pour
la plupart des fibres de cytosquelette qui imprègnent le cytosol, ce qui confère la forme et la
résistance aux cellules.
- La plupart des cellules animales sont entourées par un mélange de protéines et de
polysaccharides fibreux appelés collectivement la matrice extracellulaire. Cette matrice
visqueuse, remplie d'eau fournit une litière sur laquelle la plupart des feuilles de cellules
épithéliales ou de petites glandes se trouvent. Les protéines présentes dans les cellules
d'ancrage de la membrane plasmique à un grand nombre des composants de la matrice, en
ajoutant à la résistance et la rigidité de nombreux tissus.
- En outre, les enzymes liées à la membrane plasmique catalysent des réactions qui se
produiraient avec difficulté dans un environnement aqueux.
- La membrane plasmique de nombreux types de cellules eucaryotes contient également des
récepteurs protéiques qui se lient à des molécules de signalisation spécifiques (par exemple,
hormones, facteurs de croissance, les neurotransmetteurs), conduisant à diverses réponses
cellulaires.
En résumé
• La membrane cytoplasmique sépare l'intérieur de la cellule du milieu extracellulaire
tout en maintenant des communications et des échanges avec celui - ci.
• Elle permet ou non le passage des ions et des molécules et en contrôle les flux entrants
et/ou sortants.
• Échange sélectif de la matière (transporteurs membranaires, canaux ioniques et
protéines impliquées dans l'exocytose et l'endocytose)
• Adhérence à la matrice extracellulaire et aux cellules adjacentes (intégrines et
cadhérines)
• Connexion avec le cytosquelette (vinculine associée avec les intégrines et la
membrane plasmique)
• Réception des signaux extracellulaires (récepteur du facteur de croissance EGF)
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• Transduction du signal par des molécules effectrices (protéine-G)
• Support d'activités enzymatiques (protéine kinase C (PKC) et succinate-coQ-réductase
(métabolisme mitochondrial).
• Transformation et stockage d'énergie
• Elle sert aussi à présenter les "signaux du soi " qui permet la reconnaissance par le
système immunitaire.
• Elle assure la reconnaissance de signaux et molécules provenant du milieu
extracellulaire, grâce aux récepteurs moléculaires spécifiques qu'elle contient.
• D’autres fonctions assurées par la membrane ne sont exercées que par certains
types de cellules différenciées comme par exemple la propagation des potentiels
d’actions par les neurones.
V. Diffusion des substances et transport membranaire
La membrane forme une barrière à perméabilité sélective ou différentielle, c’est-à dire qu’elle
ne laisse passer que certaines substances, comme les nutriments, en excluant de nombreux
produits indésirables et le passage des ions de façon à maintenir une concentration ionique
optimale. Simultanément, elle retient les précieuses protéines cellulaires et d’autres molécules
tout en laissant sortir les déchets.
La membrane permet le transport des molécules qui entrent et qui sortent de la cellule.
Certaines molécules passent facilement, difficilement ou pas du tout.
Passage facile : Molécules hydrophobes (lipides, hydrocarbures, acides gras, vitamines
liposolubles), gaz (CO2, O2) et petites molécules (eau, lentement).
Passage difficile ou imperméable : Molécules hydrophiles (Molécules polaires (eau,
rapidement), grosses molécules (glucides, a.a.) et ions (Na+, K
+).
Les mouvements des substances à travers la membrane plasmique peuvent se produire de
deux façons, activement ou passivement.
I. Mécanisme passif (transport passif) : Il se fait sans consommation d'énergie, il se fait le
long du gradient de concentration. Il permet, de faire passer une substance à travers une
membrane d’un milieu très concentré en cette substance vers le milieu le moins concentré.
I.1. Diffusion simple: La diffusion est un processus de transport passif qui joue un rôle
important dans toutes les cellules de l’organisme. Passage direct à travers la membrane. De
petites molécules neutres comme Н2О, СО2, О2, NH3, l'urée, l`alcool, les substances
organiques hydrophobes peu moléculaire (les hormones stéroïdes, le benzol) diffusent à
travers la membrane (figure 25). La vitesse de la diffusion dépend de :
- Faible masse et volume moléculaire : plus elles sont petites, plus elles diffusent vite, seuls
les petites molécules de faible masse moléculaire peuvent traverser la membrane.
- L’absence de polarité : la molécule doit donc être hydrophobe (apolaire ou lipophile)
comme les stéroïdes, les gaz (oxygène, dioxyde de carbone, oxyde d’azote), si elle est
hydrophile (polaire), être suffisamment petite (en pratique : éthanol, méthanol, urée...).
- L’absence de charge : une molécule chargée, même de très petite dimension, ne pénètre pas
la bicouche lipidique.
- Gradient de concentration (la pente du gradient): le déplacement de la molécule repose
sur la différence de concentration d’une part et d’autre de la membrane.
- Température : plus celle-ci est élevée, plus la diffusion est rapide.
21
Figure 25 : Diffusion simple
Cependant, la diffusion passive d’une molécule à travers la membrane plasmique est possible
si la molécule est liposoluble, assez petite pour passer dans les pores de la membrane.
La diffusion non assisté des particules liposolubles ou de très petite taille est appelée diffusion
simple. Dans le cas particulier de la diffusion non assistée de l’eau, on parle d’osmose.
L’osmose : La diffusion d’un solvant, par exemple l’eau, à travers une membrane à
perméabilité sélective est appelée osmose. L'osmose est un phénomène physique passif qui a
lieu seulement si les solutions sont séparées par une membrane semi-perméable. Seules les
molécules d'eau traversent la membrane de la solution hypotonique (la plus diluée) vers la
solution hypertonique (solution la plus concentrée) jusqu'à ce que les solutions soient
isotoniques (de même concentrations).
A priori, l'eau n'étant pas soluble dans les lipides, il est pratiquement impossible qu'elle puisse
traverser directement la couche phospholipidique de la membrane cytoplasmique.
Le libre passage de l'eau se fait par l'intermédiaire de protéines intégrées qui traversent
complètement la double couche lipidique : on parle de "pores membranaires". Ces protéines
ou pores ressemblent à de petits canaux dont la forme évoque celle d'un tunnel placé
verticalement à travers la membrane cytoplasmique et, par conséquent, de façon à ce que
l'orifice central permette à l'eau et, à l'occasion, à certaines petites molécules dissoutes dans
l'eau de diffuser librement de part et d'autre de la membrane cytoplasmique.
I.2. Diffusion facilitée : La diffusion facilitée est le passage transmembranaire de molécules
dans le sens du gradient de concentration, sans dépense d’énergie, grâce à des transporteurs
membranaires spécifiques.
а. Transfert avec la participation des canaux ioniques. Le transfert transmembranaire des
ions (Са2 +
, Na +, K
+, C1
−) se passe à travers les canaux ioniques (structures protéiques
pénétrant la membrane). Ils forment le canal transmembranaire hydrophile (rempli d'eau). La
sélectivité des canaux vers les ions est définie par la présence dans les protéines du canal du
centre du liage de l'ion. Les canaux peuvent être fermés ou ouverts (mécanique, chimique et
électrique). L`hormone peut être le signal pour le changement de l'état du canal (figure 26).
22
Figure 26 : canaux ioniques
b. Transfert à l'aide des protéines-transporteurs transmembranaires (les translocases ou
les perméases). Pour chaque substance ou un groupe des substances il y a un transporteur. La
substance transportée se joint au translocase, finalement la protéine subit des changements de
conformation (figure 27) qui lui permettent d’envelopper la substance transportée, puis de
relâcher la substance de l’autre côté de la membrane en l’isolant de l’effet des régions non
polaires de la membrane. Dans le canal il n`y a pas de l'obstacle hydrophobe. L'exemple de
cette diffusion est la diffusion facilitée (l`uniport) du glucose aux erythrocytes.
Figure 27 : Changements de conformation des perméases (translocases).
Les perméases sont des protéines de transport qui transportent les molécules chargées ou
polaires : monosaccharides, a.a., vit. Les perméases changent de conformation, elles sont
spécifiques aux molécules transportées, elles sont très sélectives, elles sont saturables, ils ne
peuvent assurer le passage que d’un nombre donné de molécules par seconde et peuvent être
inhibées. Elles transportent les molécules dans un sens ou dans l’autre en fonction du gradient
de concentration.
Selon le nombre et le sens de la substance à transporter et également le mode de
fonctionnement de la perméase on distingue :
- Le mode uniport : Transporte une seule substance de part et d’autre de la membrane (dans
une seule direction).
- Le mode symport (sym = même) : C’est un mode qui fait passer deux substances de nature
différentes dans le même sens selon leurs gradients de concentration.
- Le mode antiport (anti = opposé). Il s’agit ici, de faire traverser deux substances de nature
différentes à travers la membrane dans deux sens différents (figure 28).
23
Figure 28 : Transport de deux substances : symport et antiport
c. Transfert à l'aide des aquaporines : se sont des protéines de transport, spécifiques à l’eau
(figure 27) qui diffuse suivant son [gradient].
Fgure 27 : Transport de l’eau
Le schéma 28 résume le transport passif
Figure 28 : Transport passif
24
II. Mécanisme actif (transport actif) : Primaire (pompes), secondaire (cotransport),
endocytose et exocytose.
Les substances passent contre le gradient de concentration avec la dépense d'énergie. Ainsi se
passe un transfert de plusieurs ions minéraux du liquide intercellulaire à la cellule ou à
l'inverse, comme exemple le transfert des acides aminées de la lumière de l'intestin aux
cellules de l'intestin. Normalement, si une substance traverse la membrane plasmique par un
mécanisme actif, c’est parce qu’aucun des processus de diffusion passive ne lui permet de
passer dans la direction voulue. Il se peut que les molécules :
- soient trop grosses pour passer dans les pores ;
- ne puissent pas se dissoudre dans la bicouche lipidique ;
- leur déplacement doit se faire contre un gradient de concentration.
On parle alors de pompes moléculaires (pompes à solutés, transporteurs protéiques
qui ressemblent à des enzymes). Un modèle de pompe moléculaire dont le fonctionnement
est bien connu est la pompe sodium/potassium.
a) par des complexes macromoléculaire, Secondaire (cotransport) Ce transport sélectif nécessite la présence de macromolécules ou de complexes
macromoléculaires spécifiques insérés dans la membrane cytoplasmique et de l’énergie pour
fonctionner. Le plus souvent cette énergie est fournie par un couplage avec une réaction
d'hydrolyse de l’ATP.
b) par la pompe Sodium –Potassium, Primaire (pompes) : est une ATPase membranaire
présente dans toutes les cellules animales. Son activité aboutit à une distribution inégale des
concentrations des ions Na+ et K+ à travers la membrane plasmique, créant ainsi un gradient
électrochimique.
Pour chaque molécule d'ATP hydrolysée, l'ATPase rejette 3 Na+ et fait entrer 2 K+. Il s'agit
d'un transport actif, car il se fait dans le sens contraire du gradient de concentration.
Chaque ATPase Na-K hydrolyse 100 molécules d'ATP par seconde. 1/3 de l'énergie
cellulaire est utilisé par l'ATPase Na-K dans les cellules en général. 70% de l'énergie
cellulaire est utilisé par l'ATPase Na-K dans les cellules excitables (neurones, cellules
sécrétrices).
L`ATPase sodium-potassique réalise l'antiport. Elle transfère dans la cellule les ions du
potassium de la cellule et les ions du sodium. L`ATPase adjoint du côté intérieur de la
membrane trois ions Na +(figure 29).
Le travail Na +, K
+-ATPase crée la différence des charges. Sur le côté extérieur de la
membrane, la charge est positive, sur le côté intérieur.
25
Figure 29 : la pompe Sodium –Potassium
c) par endocytose : Des particules ou molécules peuvent aussi pénétrer dans la cellule par
endocytose. Dans ce processus les éléments qui sont entrés se trouvent "capturés" dans une
vésicule qui provient d'un repliement de la membrane cytoplasmique autour de ceux - ci.
Cette vésicule va ensuite se retrouver du coté intracellulaire.
Dans le cas d'absorption de bactéries ou de très grandes particules on emploie le terme de
phagocytose (figure 30).
Lors de la phagocytose (grec phagein, manger), des portions de la membrane plasmique et du
cytoplasme s’étendent pour entourer un objet relativement gros ou solide, tel un amas de
bactéries ou de débris cellulaires, des polluants ou encore des allergènes, et l’englobent. Les
protéines de la membrane plasmique reconnaissent ces particules ou bactéries qui deviennent
ainsi fixés en surface par des liaisons labiles.
Figure 30 : Phagocytose
L’endocytose par récepteurs : Hautement spécifique et très sélective. Les récepteurs sont
des protéines de la membrane plasmique qui ne se lient qu’à certaines substances. Les
récepteurs et les substances qui y sont fixées entrent ensemble dans la cellule à l’intérieur
d’une petite vésicule appelée vésicule tapissée ou vésicule à manteau (figure 31).
26
Elle permet notamment l’absorption au niveau des reins de diverses substances telles que
l’insuline, des lipoprotéines de basse densité (comme le cholestérol lié à un transporteur
protéique), du fer ou encore de petite protéines. Lorsque la vésicule tapissée se combine avec
un lysosome, l’hormone (ou une autre substance) est libérée ; les membranes portant les
récepteurs liés se séparent des vésicules et regagnent la membrane plasmique, où elles sont
réutilisables à nouveau.
Figure 31 : Endocytose par récepteurs
d) par exocytose : l’exocytose est un mécanisme qui assure le passage de certaines
substances de l’intérieur de la cellule vers l’espace extracellulaire. Lors de l’exocytose (figure
32), la substance ou le produit cellulaire devant être libéré est d’abord enfermé dans un sac
membraneux appelé vésicule (qui provient le plus souvent de l‘appareil de golgi). La vésicule
migre en direction de la membrane plasmique, elle fusionne avec elle et déverse son contenu à
l’extérieur de la cellule. Les protéines membranaires des vésicules reconnaissent certaines
protéines présentes sur la membrane plasmique et se lient avec elles, ce qui rapproche assez
les deux membranes pour leur permettre de fusionner. Les matériaux qui s’ajoutent à la
membrane lors de l’exocytose sont retirés pendant l’endocytose, qui est le processus inverse.
Figure 32 : exocytose
27
VI. Application des biomembranes
I. Application des biomembranes à la Santé
1. L’utilisation de liposomes comme vecteurs pour le transport de principes actifs
vers une cible de l’organisme.
Les liposomes sont des colloïdes sphériques constitués d’une ou plusieurs bicouches
lipidiques formées par auto-assemblage de lipides et délimitant un intérieur aqueux. Les
vésicules liposomiques sont utilisé comme réservoir de principes actifs pour l’encapsulation
de composes hydrophobes. Les éléments internalisés peuvent ainsi être transportés par les
liposomes dans la circulation sanguine d’un organisme vivant pour atteindre une cible
déterminée, reconnue par les vecteurs. Ces impératifs de transport in vivo et de sélectivité
pour une cible ont nécessité un certain nombre de choix pour mettre au point une (des)
formulation(s) adaptée(s) a l’utilisation des liposomes pour le transport de principes
actifs. La sélectivité pour une cible de l’organisme est obtenue par association de ligands aux
vésicules, ce qui passe par le choix d’un d’élément d’adressage et d’une méthode
d’association de ce ligand aux liposomes.
Les méthodes de synthèse des liposomes consistent à hydrater les lipides avec une solution
aqueuse pour former des systèmes membranaires et à calibrer leur morphologie grâce à des
traitements physiques ou mécaniques. Il en résulte des vésicules constituées de membranes
délimitant un intérieur d’un extérieur aqueux et donc une compartimentation du milieu utilise
pour la réhydratation. Un composé d’intérêt présent dans la solution aqueuse peut donc
être inséré de façon simple, lors de la synthèse, a l’intérieur des liposomes. Cette propriété
d’encapsulation a conduit à l’utilisation des liposomes comme système de transport de
composés thérapeutiques ou pour l’imagerie.
Encapsulation de composés à l’intérieur des liposomes
Divers types de composés thérapeutiques peuvent être associés aux liposomes et ceci de
manière différente selon qu’ils sont hydrophiles, hydrophobes, susceptibles d’être liés
de manière covalente ou électrostatique à la membrane ou encore que ce soit des bases
faibles. Les composés hydrophiles peuvent être encapsulés de façon passive lors de la
synthèse dans l’intérieur aqueux de la vésicule. Il suffit d’ajouter le composé d’intérêt à la
solution aqueuse avec laquelle les lipides sont réhydratés. Comme les liposomes vont
compartimenter le milieu, la concentration du composé dans l’intérieur aqueux est celle
de la solution. L’élément à encapsuler peut aussi être ajouté aux vésicules avant traitement
mécanique. Les ruptures et reformations de membranes conduisent alors à
l’homogénéisation du milieu interne avec le milieu externe. Une fois que les liposomes ont
la morphologie souhaitée, les vésicules chargées sont séparées des composés non encapsulés,
par filtration sur gel, dialyse, ou filtration sur colonne échangeuse d’ion… La fraction de
composés encapsulés est celle contenue dans le volume interne des vésicules. Il existe un
cas particulier d’utilisation de l’espace interne du liposome qui fait appel a une méthode
de synthèse singulière. Il s’agit de l’encapsulation de particules d’oxyde de fer pour obtenir
des liposomes magnétiques donnant un signal en IRM.
Les liposomes peuvent être adresses vers des cibles biologiques ciblage de zones
inflammées.
II. Application des biomembranes dans l’industrie et technologies
Bioréacteurs à membranes et traitement des eaux usées
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Le bioréacteur à membranes est l’association d’un réacteur biologique et d’une séparation
physique par des membranes poreuses. En traitement des eaux usées, ce procédé
multifonctionnel offre des résultats intéressants, en terme de qualité et de fiabilité du
traitement, mais sa mise en œuvre requiert la connaissance de quelques outils pour la maîtrise
des processus physiques et biologiques spécifiques. Le bioréacteur à membranes est
aujourd’hui une réalité industrielle : plus de 300 installations en Europe.
La conception d'une nouvelle génération de matériaux
La conception d'une nouvelle génération de matériaux à base de composants biomembrane est
prometteuse dans divers domaines, y compris:
- Les médias d'enregistrement optique
- Les capteurs chimiques,
- Les nanomètre licographie,
- transducteurs d'énergie,
- enzymes catalyseurs.
Une variété de protéines de la membrane, y compris la bactériorhodopsine, rhodopsine, et le
récepteur de l'acétylcholine, présentent des propriétés actives telles que la transduction de
l'énergie active et le transport passif, la détection chimique, la chaîne de tension de
déclenchement, transduction du signal et d'auto-assemblage, ce qui pourrait trouver des
applications importantes dans ces matériaux.
Cependant, les progrès futurs dépendra de la mise au point de nouvelles méthodes pour
l'ingénierie de ces biomolécules aux propriétés, y compris une meilleure stabilité et la capacité
d'exister dans un environnement à l'état solide de sorte qu'ils sont appropriés pour une
utilisation dans des dispositifs biomoléculaires.
Les chercheurs ont développé de nouvelles méthodes basées sur la génétique moléculaire et
des techniques biophysiques avancées qui fourniront la capacité de modifier les protéines
membranaires au niveau moléculaire.
Parmi ces techniques sera le remplacement de l'acide aminé non-native dirigée (snaar). Cette
approche fournit une nouvelle dimension dans l'ingénierie des protéines, ce qui permet le
remplacement des résidus d'acides aminés natifs contenant des résidus conçus sur mesure.
Les études actuelles visent à intégrer les résidus non indigènes photoactifs qui modifieront les
propriétés électro-optiques de bactériorhodopsine.
À cet égard, des études récentes ont démontré que les films produits à partir de
bactériorhodopsine peuvent être utilisés pour le traitement de l'information optique.
Il a été démontré récemment que les membranes biologiques auto-assemblées peuvent être
utilisés en tant que modèles moléculaires pour le matériau nanostructuré fabrication.
Dans une série d'expériences à l'Université du Colorado, les membranes ont été utiliseés en
tant que modèles pour produire des films métalliques minces avec des trous et des fils
nanométriques.