PLUS ÉGALITÉ - Les Équipes Populaires

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UN AN D’ACTION POUR PLUS D’ÉGALITÉ Rapport d’activités 2015 ep ep Equipes Populaires

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UN AN

D’ACTIONPOUR PLUS

D’ÉGALITÉRapport d’activités 2015

epepEquipes Populaires

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Une actioncitoyenne qui se décline en sixgrands thèmes Questions de consommationDans cette thématique sont rassemblées toutes lesquestions qui touchent d’une part à l’égalité d’accès auxbiens et services de telle sorte que tout un chacun puissemener une existence conforme à la dignité humaine etparticiper pleinement à la vie en société ; d’autre part à laprotection des consommateurs.

Citoyenneté, démocratie et politiqueCette thématique couvre d’une part, tout ce qui concernel’observation du paysage politique, aux différentséchelons, du local à l’international ; et d’autre partl’analyse et la promotion des dispositifs, des pratiquesaxées sur la participation citoyenne.

Le vivre ensembleCette thématique vise trois objectifs. Le premier concernel’observation des rôles sociaux, en particulier leurdéclinaison dans les relations familiales, et de quartier. Ledeuxième objectif cible la lutte contre les pratiquesdiscriminantes dans différents domaines et à l’égard dedifférents groupes de populations : étrangers, jeunes,seniors, malades… Le troisième objectif consiste en lapromotion et le développement de pratiques qui, aucontraire, favorisent le vivre ensemble.

Emploi, protection sociale et servicescollectifs

Sont visées ici à la fois les politiques d’emploi et toutescelles qui en découlent, par le biais des cotisations socialeset de l’impôt : mécanismes de protection sociale etservices collectifs.

Pauvreté et exclusionCette thématique porte, comme l’indique son nom, unregard critique sur l’observation des facteursd’appauvrissement et d’exclusion. Mais nous avonségalement choisi d’inscrire dans cette thématique le travailconsidérable accompli au sein du Mouvement touchant à undroit essentiel pour les populations, celui de vivre dans unlogement décent, financièrement accessible. Un droit deplus en plus difficile à concrétiser pour un nombre croissantde personnes.

Modèles de développement, modèles desociété

Dans cette thématique sont rassemblées toutes lesquestions, analyses, expériences qui interrogent le modèlecapitaliste actuel, ses acteurs, ses dirigeants, ses impasses etses dérives inégalitaires. Elle comprend aussi le chantier surla recherche, des principes, des conditions et des critères quipeuvent aider à définir les contours d’un modèle de sociétéplus juste, plus solidaire et plus responsable vis-à-vis desressources de la planète.

Bienvenue chez vous ! Bienvenue chez vous et dans la vraie vie ! Car c’est dans lavraie vie que l’éducation permanente prend sa source. Leshommes et les femmes qui se réunissent en groupes pourréfléchir et agir, aux Equipes Populaires, apportent leurssavoirs et savoir-faire du quotidien pour transformer lemonde.

Et leur vie n’a pas grand-chose à voir avec les fantasmesdu néolibéralisme (« chacun doit être entrepreneur desoi ») ni avec les illusions que véhicule la pub. Vous savezbien : ces images célébrant de jeunes-beaux-riches vivantdans un villa 4 façades au jardin invraisemblablementgrand et épargné par les taupes, conduisant unescintillante voiture neuve sur les routes du sud et festifscomme s’ils étaient chaque jour en vacances… et commes’il n’y avait qu’eux au monde.

La vie réelle, le logement réel, l’emploi réel, la familleréelle, le budget réel du ménage, c’est… tout autre chose !C’est beaucoup plus diversifié. C’est beaucoup pluscompliqué, souvent. Et ça ne peut pas se faire en secomportant comme s’il n’y avait que nous, que soi et sesproches. Et certainement pas comme si tout le mondeétait mis sur pied d’égalité !

La vie nous l’apprend : nos existences, nos sociétés nes’accomplissent pas sans les autres. Elles s’épanouissentet se confrontent à la fois dans des mécanismes desolidarité et dans des rapports de force. Sans solidarité,pas de société mais une jungle d’individus où règne la loidu petit groupe de plus forts excluant l‘immensité de ceuxjugés faibles. Mais pour faire progresser la solidarité et lajustice sociale, il faut construire des rapports de forcecollectifs, plutôt que personnels. Entre citoyens etreprésentants politiques, entre travailleurs et dirigeantsd’entreprises ; entre locataires et bailleurs, entreconsommateurs et producteurs… Il faut aussi savoir tisserdes alliances autour de revendications, d’intérêtscommuns.

C’est le sens des actions que vous découvrirez ouredécouvrirez dans ces pages et qui naissent de la vieréelle. Qu’il s’agisse de mener une grève des loyers ou deprendre part à l’accueil des réfugiés ; de décoder lespréjugés ou d’agir contre les discriminations de tout poil ;d’analyser le fonctionnement du capitalisme ou de s’unircontre le TTIP ; de dénoncer les mots menteurs dupouvoir ou de manifester avec les syndicats ; d’inviter àdébattre dans des ciné-clubs ou de tester des alternativesdans des « ateliers conso » ; de sensibiliser le public àl’injustice fiscale ou de résister aux sirènes du marketinget du crédit facile…

L’éducation permanente, dans les groupes où l’on croisenos réalités de vie, c’est le chemin qui nous amène àcomprendre ce qui conditionne nos existences, pourimaginer ensuite comment s’en émanciper. Et alors onregagne une puissance d’agir.

Bonne lecture et belles découvertes Edito

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Dans le Brabant wallon, l’atelier « Lesbons plans » de Wavre s’est question-né sur le rapport à la terre, ici et dansle monde. Le film « Solutions locales àun désordre global » et le Mouvementpour la terre de Pierre Rabhi ont ali-menté leur réflexion cette année.

Du côté de Liège-Huy-Waremme, lesateliers conso de Verlaine, d’Othée etde Waremme se sont emparés du« énogramme », un outil pédagogiquequi aide à décoder comment l’histoirefamiliale et l’éducation en généralconditionnent notre rapport à l’argent.Ils ont poursuivi en creusant les para-doxes des fonctions de la monnaiepour s’intéresser ensuite au créditalternatif, en particulier la structure, lefonctionnement et les missions deCrédal. L’analyse du concept d’inclu-sion bancaire sera la prochaine étape.

Le tri des déchets, qu’il s’agisse decompostage ou de la gestion des élec-troménagers était également au pro-gramme de l’atelier de Verlaine, deHuy et du Laveu. Visite d’Intradel,d’Uvélia à Herstal. Information sur leBiocentre de Jeneffe, où l’on trans-forme les déchets verts en terreau. AHuy, les participants ont vu le film « Latragédie électronique » ; tandis qu’auLaveu, on a poursuivi sur le thème del’eau, du coût et des conditions d’épu-ration (station d’Oupeye) et des enjeux

de l’accès (« La soif du monde »).

Dans le Hainaut centre, l’école consode Quaregnon a pris conscience, enévaluant sa trajectoire, qu’elledevenait un véritable groupe de veillelégislative en matière de protectiondes consommateurs.

L’atelier conso de La Louvière a égale-ment fait le point sur sa trajectoire et

a choisi de centrer la suite d’une partsur l’alimentation et la santé, d’autrepart sur l’analyse du modèle socio-économique et des alternatives.Mieux encore, fort de l’expérienceacquise, ses membres ont décidé departir à la rencontre d’autres publicsde leur entité et de proposer eux-mêmes une animation sur les enjeuxde l’eau, sur ceux de l’énergie et surles plantes médicinales.

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Questions de Consommation

Quand le système ne nous convient plus, libre à nous de construire en parallèle des projets alternatifset faire mûrir ainsi le germe de la justice sociale.

Les écolesconso, un chemind’émancipation

L’alternative comme résistanceau système

Un potager pour créer du lien social (Tournai)

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Dans d’autres ateliers plus récents, laprogrammation construite avec les parti-cipants s’ancre naturellement d’aborddans le vécu quotidien. Ainsi à Gosselies,on aborde diverses questions deconsommation, de budget, et cela per-met à un public de femmes de différentshorizons de trouver là un espace pourlibérer une parole sur ce quotidien sou-vent ardu. La régionale de Charleroi-Thuin a créé deux autres espaces, àFarciennes et à Marcinelle. Il arrive tou-tefois que la collaboration entamée nepermette pas l’autonomie du publicinvité (choix de programmation, libertéde venir). A Marcinelle, c’est ce qui amotivé l’arrêt de l’activité.

La consommation au quotidien pose laquestion du budget. Budget pour payer

la facture d’énergie, le loyer, les soins desanté… qui dit budget dit revenu, lerevenu amène au statut ; alors quand onest privé d’emploi, la chasse aux chô-meurs, la politique du gouvernementfédéral déboulent tôt ou tard sur la table.Tel fut le programme pour l’atelier consode Fernelmont à Namur cette année.

Forcément, quand on a un (très) petitbudget, on est obligés d’y regarder àdeux fois. Quand la facture d’énergieponctionne à elle seule plus de 10% dansle portefeuille, il faut bien devenir lesSuper traders des contrats de fourniture !Et s’entraîner à être les Ronaldo de lacourse pour échapper aux démarcheursde tous poils ; les Ivanhoé de la résistanceaux offres de crédit facile, aux bonnesaffaires arnaqueuses… Les Champollion

du décryptage des étiquettes alimen-taires ; les Number one du tri des promosen téléphonie… on mesure mal l’exper-tise et le savoir-faire des désargentés !Dans les ateliers conso, cette expertise sefabrique tous les jours et encore cetteannée, dans les nouveaux ateliers créésdu côté de Tubize ou Court-St-Etienne(Brabant wallon) ou du côté de Chenoisou de Virton (Luxembourg).Parallèlement à l’analyse critique du sys-tème se développent des temps de fabri-cation de produits d’entretien, de phar-macopée, de soins de base au quoti-dien… dans les ateliers du Brabant wal-lon, de Liège-Huy-Waremme, mais aussià Marcinelle (Charleroi-Thuin), àFauvillers (Luxembourg), dans lesgroupes de Comines et de Mouscron(Hainaut occidental).

Les médias parlent peu du savoir-faire économique despauvres. C’est qu’on nage en plein paradoxe, comme l’ob-serve le groupe de Wanfercée-Baulet : puisqu’il s’agit, pourles décideurs, de relancer la croissance économique TOUTEN pratiquant l’austérité qui augmente la précarité, il nereste que le ressort des arnaques et de l’endettement poury parvenir.

Dans ce contexte, le travail poursuivi depuis plus de dix anspar le Mouvement au sein de la plateforme Journée sanscrédit vise un triple objectif : d’abord informer, sensibiliser,outiller le public face aux dangers du crédit facile et auxarnaques à la consommation. Ensuite améliorer la protec-tion des consommateurs par des propositions de loi. (Voirpage 27)

Nombre d’ateliers conso se servent des outils pédagogiques(guide jeune « anti-arnaques », vidéo « Une vie à décou-vert » …) créés dans le cadre de la plateforme Journée sanscrédit. Comme par exemple les midi-cinés de Tournai oules ciné-débats des groupes d’Ovifat et des Hougnes.

Plus largement, le Mouvement s’investit aussi au sein del’ex-CRIOC, devenu l’AB-REOC (Association belge derecherche et d’expertise des organisations de consomma-teurs) afin de contribuer à défendre les droits des consom-mateurs.

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Peu de sous, mais beaucoup de savoir-faire !

Journée sans crédit

Questions de Consommation

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L’alimentation est évidemment unepréoccupation du quotidien. Parceque ce besoin vital est affaire derevenus mais aussi affaire de culture,d’habitudes, de goûts, de marketing…et de spéculation ! On commence parse demander comment manger sainet bon marché et bientôt on se trouveconfronté aux paradoxes du marché.

Dans la régionale de Charleroi-Thuin,les groupes de Beaumont et deLeernes ont traité de la malbouffe etdes malodorants dessous de laproduction industrielle en visionnant« Love meat tender » et « Super Sizeme ». Si à Beaumont, on s’organisedéjà depuis quelque temps pouracheter en groupe et consommer desproduits locaux, à Leernes, certainsen sont restés pantois. Et si lesdéfenseurs des animaux noussemblent parfois négliger les prioritéshumaines et sociales, on prend iciconscience que bêtes et humains sonttout simplement traités de la mêmefaçon par une industrieagroalimentaire vouée au profit.

Les groupes de Momignies et Gozéeont travaillé l’enjeu de la souverainetéalimentaire en utilisant la mallette pédagogique du CNCD, dont le jeu «De la terre à l’assiette » porte sur leparadoxe de la faim (ceux qui cultiventont faim). Ils ont poursuivi en

s’intéressant à la piste de l’économiecirculaire et aux moyens de préserverla biodiversité. A Dampremy, deux groupes se sontcréés pour réagir à un constatalarmant : la pollution des sols a desconséquences perceptibles sur lasanté des habitants de cette entité. Aquelles conditions pourrait-on mettreen place une solution sous la formed’un potager collectif ? Pour s’ypréparer, les groupes ont notammentfait analyser le sol, visité uneexpérience de potager collectif dotéd’une riche dynamique (Châtelet) etse sont donné une charte.

Des militants de Beaumont, Gozée etJumet s’étaient mis en tête de mettreeux aussi en place une initiative localeouverte à d’autres. Leur idée : unetable d’hôtes où l’on servirait desplats confectionnés avec les légumesinvendus des grandes surfaces. Ils ontvisité le lieu « la Poissonnerie » àBruxelles, et ont opté plutôt pour leslégumes maraîchers. C’est ainsi quela « Table d’Autres » a vu le jour fin decette année.

A Bruxelles aussi, un projet similaireest en train de naître. Comment parleralimentation durable dans lesquartiers populaires, sachant qu’il y ades inégalités criantes en matière desanté ? Des militants des groupes

d’Anderlecht et Ixelles ont réfléchi àun projet articulant travail d’analyse ettable d’hôtes, avec ici aussi des platsmitonnés à partir de légumesinvendus du marché (les « légumesmoches » comme ils disent). C’estainsi qu’en 2016 naîtront les premiers« jeudi de fin de mois ».

Au Hainaut occidental, on part à ladécouverte d’autres modesalimentaires. Au départ de l’expo« Planet market » (une initiative de laProvince intitulée « Mangeons local,n’avalons pas n’importe quoi ») legroupe Alimentation a redécouvertdes produits locaux oubliés. Dans lecadre d’un midi-ciné à Tournai axé surl’alimentation « vivante », on s’estinitié aussi à d’autres techniques deconservation.

Au Luxembourg, l’école consod’Aubange a réalisé un travail delongue haleine sur les enjeux del’alimentation, en lien avec la santé, etprépare trois conférences publiquesspécifiques (ex. consommer local : lepour et le contre). A Arlon, c’estl’alimentation et les carences chez lesseniors qui ont occupé le groupe. Pastoujours simple quand vient l’âge oùl’on a besoin d’une aide extérieure. Etpourquoi pas expérimenter l’habitatpartagé pour cuisiner à plusieurs ?

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Changeons le menu !

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Comprendre sa consommation énergétique…c’est la maîtriser !

L’énergie est un droit et non un privilège !Le mouvement est également actif surles enjeux du droit pour tous à l’énergiepar son implication dans le RWADE -Réseau wallon pour l’accès durable àl’énergie - et la CGEE - CoordinationGaz-Electricité-Eau à Bruxelles. Cesdeux coordinations politiques font untravail remarquable d’interface entre letravail de terrain des organisationsmembres et les pouvoirs publicsauprès desquels elles ont acquis unereconnaissance comme représentantsdes consommateurs dans la défensede leurs droits. En 2015, l’analyse scrupuleuse desdéclarations de politique régionale en

matière d’énergie a débouché sur descontacts avec les cabinetsministériels, des débats d’assembléesafin de déterminer comment défendreet avancer au mieux sur des dossiersessentiels à nos yeux, tels que lesmesures de protection sociale. ABruxelles, il s’agit de défendre le degréde protection atteint (on ne peut pascouper sans décision de justice depaix, par exemple). En Wallonie, ils’agit de faire reculer le dispositif descompteurs à budget qui coûte cher, quioblige les personnes en difficulté à sepriver sur un besoin vital et quidispense les fournisseurs de gérer leur

contentieux sans qu’ils participent aufinancement dudit dispositif.

Les EP assurent la présidence duRWADE, et s’il est un constat qu’on aenvie de relever ici, en filigrane desenjeux portés par ces collectifs, c’estqu’il est édifiant d’observer à quel pointla violence des logiques de marché aété intériorisée par le public. Pour enfinir avec les compteurs à budget, il y aun défi colossal à relever : retrouver uneculture dans laquelle il est admis qu’unbesoin essentiel pour mener une viedécente doit être garanti à tous dansune société de progrès.

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Le Luxembourg fait depuis quelques années de la probléma-tique de l’accès à l’énergie, un fil rouge de son développe-ment. Les « groupes énergie » sont mis sur pied avec dif-férentes collaborations ce qui permet de toucher un publictrès varié : personnes récemment arrivées en Belgique ;public en alpha ; jeunes en décrochage ; seniors ; adultes enrecherche d’emploi ; ayants droit au CPAS… Ces animationsreposent sur des questions concrètes (facturation,éclairage, URE…) et sont également l’occasion de brosserun tableau de la libéralisation du secteur, d’appréhenderl’impact de la qualité du bâti, de s’interroger sur le potentielde rénovation, d’interpeller les CPAS et les pouvoirs locaux.

Au fil des années, le site créé par la régionale,energieetlogement.be, qui compte désormais 400utilisateurs, s’est évidemment enrichi. Le groupe porteurdu site qui l’évalue régulièrement a pu par exempleidentifier que les magnifiques nouveaux compteursélectroniques qui remplacent peu à peu les ancienstombent plus souvent en panne ! Que la part de productionsolaire (les autoproducteurs) augmente. Et qu’il seraittemps de mettre au point en région wallonne un mode departicipation de ceux-ci au financement du réseau. Lasituation actuelle représente une double injustice pourceux qui ne peuvent s’offrir des panneaux photovoltaïques.

Et d’autres réalités trouvent place dans le travail de cesgroupes au fur et à mesure qu’elles s’expriment : législationdu bail (ex. groupe en réinsertion sociale d’Athus), précaritédes moyens financiers (ex. groupe de Libramont), isolementen milieu rural (ex. groupe de femmes à Virton), complexitédes logiques administratives (ex. groupe alpha Libramont),stigmatisation des étrangers (ex. groupe de primo-arrivants àVielsalm), rapports de force entre locataire et bailleur quandil faut remplacer un équipement défectueux ou énergivore

(ex. groupe d’apprenants ISP à Virton)… La fédération a également poursuivi la formation réalisée àl’attention d’intermédiaires sociaux de la région. Elle per-met d’inscrire le travail d’accompagnement des usagersdans une perspective plus large d’analyse des enjeuxénergétiques, de critique de la libéralisation, de lutte con-tre la pauvreté et d’approche plus collective des intérêtsdes usagers. Elle vient aussi bien à point pour les tra-vailleurs des CPAS de petites communes.

A Charleroi-Thuin, le groupe de Jumet a poursuivi ses inves-tigations sur les enjeux énergétiques en organisant undébat avec le RWADE (Réseau wallon pour l’accès durableà l’énergie) sur les tenants et aboutissants du délestage etdes fameuses fissures qu’on avait détectées dans nos cen-trales nucléaires. Momignies a fait de même sur le black-out. Le sentiment est que les risques pointés, bien queréels, sont surmédiatisés pour faire peur et convaincre leconsommateur qu’il lui appartient de se responsabiliser,alors que la balle est en réalité dans le camp des décideursdes choix de production. C’est bien depuis l’ouverture à laconcurrence de celle-ci qu’on a arrêté les centrales gaz-vapeur, jugées trop coûteuses. Les enjeux énergétiquessont aussi une préoccupation récurrente du groupe deFrameries (Hainaut centre) qui a présenté le résultat deson travail lors de la fête citoyenne de la régionale.

Et dans la régionale de Liège-Huy-Waremme, unedynamique a été échafaudée autour de l’accès à l’énergie,avec la collaboration du RWADE. Intitulée « Tous au chauddans un nid douillet : entre rêve et réalité », elle a invité lesparticipants à un parcours formatif qui vise à mieux com-prendre ses droits dans un marché libéralisé pour pouvoirréagir face aux problèmes rencontrés et agir collectivementpour défendre ces droits.

Questions de Consommation

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Le groupe de Leernes (Charleroi-Thuin) a organisé deux débats publicssur le rôle des élus locaux et le fonc-tionnement de l’institution commu-nale et provinciale, avec des élusinvités à expliquer concrètement leursmissions. Une façon de contribuer àœuvrer au rapprochement entre lesmandataires et leurs administrés.

Dans le Hainaut occidental, le grouped’Enghien alimente son travail deveille en suivant les débats du conseilcommunal sur l’aménagement du ter-ritoire et de la mobilité. Mais il s’estaussi intéressé cette année à susciterune amélioration des modes et sup-

ports d’information de la communeenvers ses habitants.Les groupes de Comines et deMouscron ont réalisé une évaluation àmi-parcours de la législature commu-nale, cahier de revendications enmains, avant de rencontrer une délé-gation de leurs échevins respectifs. Untravail assez ardu à réaliser, mais lesmilitants sont ressortis des échangesplutôt contents : pas de doute, cettedynamique enrichit la démocratie. LesMouscronnais en particulier se sen-tent réconciliés avec la politique.Des outils existent pour l’exercice d’unecitoyenneté locale, mais comment sont-ils mis à disposition du public, comment

celui-ci s’en saisit-il et quelle attentionleur réservent les décideurs locaux ?C’est ce qu’on a voulu savoir, à Tournai,où une enquête a été menée pouranalyser le fonctionnement concret descommissions consultatives. Parce que,(et c’était une critique exprimée dansun débat pré-électoral en 2012), lesmilitants qui s’y impliquent ont parfoisl’impression qu’ils y sont invités « justepour tenir le bar » lors d’une festivitélocale. Le groupe a rencontré le collègeavec les résultats et prépare une soiréecitoyenne pour 2016.

A Bruxelles, les groupes de Jette,d’Anderlecht et la Commission 23 à

Schaerbeek ont poursuivi leur travailsur la diffusion, l’analyse des résultatset l’amélioration d’un questionnairequi permet de comparer le loyer quepaient les locataires approchés avec lagrille indicative que le gouvernementPicqué avait élaborée, selon lescaractéristiques du logement habité.Ces enquêtes locales donnent deprécieuses indications et contribuent àpopulariser l’idée d’encadrer lesloyers. Les résultats donnent lieu à demultiples débats. Par exemple : Quelsacteurs solliciter dans la perspectived’une commission paritaire localepilote, qu’ils réclament ? Quid de lajustice de paix, dont certains ont une

expérience malheureuse ! L’allocation-loyer accordée si le bailleur accepte dese conformer à une grille indicative,est-ce une option juste ? Mais alorscomment soutenir le locataire qui paieun « loyer abusif » ? L’expression vientdes groupes. Ne faut-il pas envisagerla perspective et les modalités d’unegrève des loyers, sur la part abusive ?Et si oui, alors il s’agit, sur le plan local,d’organiser le soutien aux futursgrévistes : confectionner des caissesde grève, s’approprier les conditionsde l’action, inviter d’autres à y prendrepart… C’est bien parti !

Parallèlement, le groupe de repérage

des logements vides poursuit son tra-vail sur les communes d’Anderlecht etIxelles. Des collaborations se sontnouées avec des associations autourde l’alimentation du site logements-vides.be fort utilisé (7.000 visites). Làaussi, des débats naissent de l’action.Un exemple : le listing ainsi établi doit-il servir aussi en vue de conventionsd’occupations précaires ? Par ailleurscette action récurrente nous enseignequ’en fait, peu de logements restentvides dans la durée. Difficile alorsd’activer le droit de gestion publique.Par contre, la Région a amélioré sesoutils de lutte contre la vacanceimmobilière, ce dont il faut se réjouir.

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Citoyenneté, démocratie et politique

Si nous voulons que la démocratie perdure, il revient à nous, citoyens d’exercer une veille politique.De s’assurer qu’ils « font le job ».

Politiques « Souriez, vous êtes surveillés ! »

STOP aux loyers abusifs !

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TTIP game overUn autre enjeu qui a mobilisé plusieurs groupes dans leMouvement, c’est le TTIP, le projet de traité de libre-échangeentre l’Union européenne et les Etat-Unis. S’il n’est certespas le seul à représenter une menace, pour nos droits socio-économiques, pour la santé publique, pour l’environnementet aussi pour la démocratie, c’est à son sujet que l’on a suiviles décisions de prendre une motion permettant aux com-munes de se déclarer « zone hors TTIP ». Des groupes qui,en 2014, avaient interpellé leurs autorités locales, ont suivil’évolution, en particulier à Nivelles (Brabant wallon), dansle Hainaut occidental ou à Verviers.

Dans cette régionale, outre une conférence-débat avec leregard d’un syndicaliste et d’un député européen à Herve,des actions de sensibilisation (comme une cérémonie defunérailles des trois projets de traités) ont mobilisé desmilitants au sein d’un groupe élargi d’associations et sesont joints au groupe des Euro-marcheurs pour allerinterpeller le bourgmestre. Le groupe de Saint-Ghislain(Hainaut centre) a interpellé à son tour le conseil communal.Le groupe de Tournai a repris sa mobilisation au détourd’une analyse de la politique européenne avec l’apport dusecrétaire politique du MOC : c’est qu’il n’y a pas de visionpolitique de long terme possible si l’on signe des accordsqui « conduisent les populations droit dans les mains desmultinationales ».

Le TTIP menace la démocratie mais d’autres maux sontaussi à l’œuvre. D’un côté, des gouvernements gagnés parl’aveuglement soumettent les populations aux lois de

l’austérité et les inégalités se creusent comme jamais. Del’autre, des tentations populistes se nourrissent et se ren-forcent de l’illusion qu’une réponse simple peut être don-née pour résoudre les injustices. D’un côté, l’individu n’apeut-être jamais autant aspiré à prendre sa part au débatpublic et à concevoir l’épanouissement de l’être humaincomme un objectif. De l’autre, l’individualisme semble con-duire au repli sur soi, au chacun pour soi.

Ces questions et bien d’autres préoccupent une série degroupes quant à l’évolution de la démocratie, de la citoyen-neté et de la politique. Face à la montée de l’extrême droiteet à l’affaiblissement de nos démocraties, comment repo-sitionner l’action citoyenne ? C’est sur ce thème que larégionale de Verviers a organisé un cycle de formation sousforme de conférences-débats, notamment en sollicitant l’é-clairage de politologues.

Toujours dans cette régionale, le groupe d’Andrimont est deceux qui observent combien le gouvernement fédéral metd’énergie à dénigrer la représentation collective des tra-vailleurs et le modèle social belge, un rouage pourtantessentiel de la démocratie. Mais pour sauver la Sécu, onaura besoin des syndicats. A St Remacle, le groupe a visitél’expo « Rex » retraçant l’histoire de ce mouvement précé-dant la 2e guerre mondiale. Ce qu’ils soulignent, c’est que« Rex » est né de la désillusion et de la colère de jeunes quiont pu faire des études et voyaient leur horizon fermé.Prônant un changement radical, ils n’ont pas tous vu venirle « coup de balai » de Léon Degrelle. Et comment ne pasfaire le rapprochement avec notre époque qui, elle nonplus, ne semble pas capable de donner des voies d’aveniraux jeunes ?C

itoyenneté, démocratie et politique

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Au Hainaut occidental, le groupe de Tournai s’est organisédes « matins haltes » destinés à se former sur une séried’enjeux. L’un de ces moments fut consacré à l’histoire desdroits humains, avec l’apport du Carhop. L’occasion demettre en évidence qu’aucun de ces droits n’est tombé duciel. Ils ont été construits au sein de rapports de force parles mouvements sociaux. Et c’est ainsi qu’il faudra lesdéfendre et les renforcer.

Passons par Liège-Huy-Waremme à l’Espace 23 qui, s’in-téressant à un autre volet de l’activité politique, a conçuune animation de jeu de rôle pour s’exercer à l’argumen-taire. En imaginant l’installation d’un complexe ciné enplein jardin botanique, il y avait de quoi mettre en scènedes groupes d’intérêts divergents !

Dans le Hainaut centre est né un groupe « Engagement,citoyenneté et démocratie ». Conscient qu’il n’y a pas dedémocratie sans éducation permanente et engagementlocal, mais que l’engagement ne se comprend plus à longterme et que l’éducation permanente reste très méconnue,ses membres veulent creuser la piste d’autres processusd’actions et d’alliance, qui s’esquissent aujourd’hui. Ils ontélaboré un questionnaire, reçu des réponses et préparentune activité publique pour 2016.

C’est de démocratie aussi que s’est préoccupé le groupede Basse Louvière. Comment garantir des valeurs au seind’une société sans tomber pour autant dans le totali-tarisme ? L’actualité donne à y réfléchir : il n’y a qu’àobserver le poids de la Troïka sur la 1e démocratie dumonde, la Grèce. Et pour alimenter ses débats, le groupe aaussi cherché l’inspiration dans « Le meilleur des mondes »d’A. Huxley. Parallèlement, la régionale a organisé une con-férence publique sur l’extrême droite à La Louvière.

Toujours dans le Hainaut centre, le groupe de Dour aanalysé les contradictions au cœur de l’individualisme, luiopposant le cheminement de l’éducation permanentequ’ils pratiquent de longue date. Le résultat de leur travaila été présenté lors de la fête citoyenne de la régionale. Deson côté, le groupe de Baudour centre qui, commed’autres, a été interpellé par l’attentat contre CharlieHebdo, a noté avec attention le traitement fait par lesmédias de ce drame et d’autres faits d’actualité politique.Communiquer n’est pas neutre… et n’est pas donné nonplus ! Celui qui peut se le payer est maître de l’info.

Du côté de la régionale du Luxembourg, une nouvelledynamique a été mise en œuvre dans le but de susciterl’envie des groupes qui travaillent sur les enjeux del’énergie à exprimer et programmer d’autres enjeux, liésau « choses de la vie » qu’ils souhaiteraient travailler dansune trajectoire d’éducation permanente. Le résultat adépassé les espérances, preuve d’une confiance dans leprocessus déjà mené avec eux. Selon les groupes,différents sujets ont émergé et, parmi eux, des questionsde démocratie : comprendre le fonctionnement desinstitutions belges, tel était le vœu du groupe d’Athus, fortd’un public récemment arrivé en Belgique, ce qui permetdes comparaisons enrichissantes. Tandis que le groupe« Visa pour l’emploi » de Libramont optait pour unquestionnement de la démocratie et une approche de lagéopolitique.

Enfin, du côté du Brabant wallon, l’accent a été mis surles initiatives de résistance locales au modèle capitalistequi animent le Brabant wallon et qu’il importe de mettreun peu plus en évidence. C’est l’ambition de Radioweb 27à laquelle la régionale prend part depuis sa naissanceofficielle l’an passé et qui promène son micro de manif enassociation pour témoigner comment, dans le BW, on est

citoyen aujourd’hui. C’est aussi l’objectif du Festival dufilm social « Vivre debout » qui a choisi le thème « Droitsdans la culture » cette année.L’esprit de résistance, l’action citoyenne, ne tombent pasdu ciel non plus. Ils commencent lorsqu’on prendconscience de ce qui nous arrive, que l’on acquiert,comme disait Zola « la science de son malheur ». « Sepencher sur un moment significatif de son histoire et lepartager avec d’autres, peut marquer un pas vers unecitoyenneté active ».

C’est sur cette conviction que la régionale brabançonne achoisi de s’inspirer de pratiques au Guatemala pourdévelopper une méthodologie originale, les Histoiresdigitales. Il s’agit au fond de s’approprier les outils decommunication d’aujourd’hui, accessibles via Internet,pour apprendre à faire un récit, le partager, développerl’esprit critique et l’analyse. Ou comment intégrer cesnouveaux outils dans une trajectoire d’éducationpermanente, et par la même occasion, les récupérer àd’autres fins que celles d’IBM, Google and co.L’expérience connaît un réel succès, avec une soixantainede récits déjà réalisés dans le cadre des thématiques duMouvement.

Rien n’est venu du ciel

Des choses de la vie aux histoires digitales

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Prendre du recul face à tout cela, décanter, exprimercomment l’on se sent atteints, troublés, inquiets ; puisidentifier et distinguer les différents fils : réalité desréfugiés, rôle des médias, choix et stratégies politiques,actes terroristes, géopolitique ; et puis se demandercomment on veut se situer, comment on veut êtresolidaires. Réagir et agir. C’est tout ce parcours qui a été àl’œuvre dans les régionales du Mouvement cette année. Untravail salutaire et nécessaire, certes pas facile, que lesuns et les autres ont pris par un bout ou par un autre, avecdifférentes méthodes et une même conviction :autochtones et nouveaux arrivés doivent apprendre à vivreensemble et doivent pouvoir faire société ensemble… pourpeu qu’on leur en donne les moyens.

Dans le Hainaut occidental, une collaboration existe depuisplusieurs années au sein d’une plateforme d’accueil desprimo-arrivants. La régionale y est fort impliquée. Uneformation est organisée pour accompagner les personnes,les aider à se situer dans le pays d’accueil, à se prépareraux auditions du CGRA ou encore rechercher un emploi.Avec la création d’un centre d’accueil à Tournai, en 2015,et voyant les réactions très mitigées de la population, les

associations et leurs militants se sont mobilisés tousazimuts. D’un côté pour accueillir le mieux possible lesréfugiés ; de l’autre pour construire un dialogue avec leshabitants. Trois assemblées citoyennes, rassemblant plusde 550 personnes, et une activité festive ont eu lieu, pourrationnaliser, expliquer, témoigner, permettre desrencontres et marquer la solidarité qui s’organisait aussi.Indispensable aussi, la conférence des bourgmestres deWallonie picarde a été sollicitée pour exprimer clairementson soutien et son engagement à cette solidarité.A Mouscron aussi, un centre d’accueil a ouvert ses portes,non sans susciter des réactions parfois virulentes. Quefaire ? D’abord participer à la création d’un mouvement desolidarité organisée : ainsi est né le Réseau Mouscron terred’accueil, pour accueillir, animer, et dialoguer avec lapopulation. Le groupe de l’entité a préparé avec soin deuxassemblées citoyennes dont il est sorti rasséréné : malgrédes discours d’extrême droite, la solidarité s’est exprimée àvoix forte aussi. Le groupe a également organisé desanimations à l’intention des résidents du centre, articulantpartie formative et partie festive : les jeux de sociétéd’antan façon Mouscron, c’est une de leurs spécialités etles réfugiés doivent bien souffler un peu !

Le groupe porteur desmidi-cinés de Tournai,quant à lui, a consacrétrois séances pouraborder diverses ques-tions liées à l’accueildes réfugiés, à l’aide dereportages comme“L’enfer c’est lescentres” ou des dessinsanimés produits par legroupe des députéseuropéens Ecologie lesVerts : “Migrants etmigrations”. Et avecdes invités pour éclairerle débat tels que BillyJungling, directeur dudépartement migra-tions de la Croix-Rouge.

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« Arrivée massive des Syriens », « Crise migratoire », « Invasion de réfugiés »… ces expressions trèsmédiatiques se conjuguent avec les réactions de plusieurs pays européens pour semer confusion etpanique dans les esprits. En même temps, l’austérité qui sévit, l’emploi qui fait défaut, les logementsabordables qui manquent, les CPAS qui sont débordés... Et par-dessus tout cela, une bombe a exploséà Paris, un drame inouï qui provoque non seulement la mort mais aussi une remise en questiondouloureuse de la liberté d’expression.

Abattons le mur des préjugésvivre ensemble

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D’autres activités publiques de sensibilisation ont eu lieudans la plupart des régionales. Du côté de Verviers, le groupe « Sens » a mis sur pied uneconférence et invité à témoigner des personnes réfugiées,des animateurs du Centre d’Elsenborn. Le parcours defuite et ses dangers étaient au cœur du débat. Le groupe« Immigration » s’est mobilisé dans le cadre de la Journéemondiale des réfugiés sur le même thème, pour desanimations dans les gares et au centre-ville, suscitant undialogue avec les citadins. Récemment créé, le « Café dumonde » du groupe « Cultures » de Dison s’est donné pourmission de contribuer à croiser les cultures en faisantdécouvrir les réalités sociales et culturelles liées auxmultiples origines qui composent la population disonnaise.

C’est la même volonté qui anime depuis plusieurs annéesla collaboration associative aux manettes des Rencontrescitoyennes de Seraing (Liège-Huy-Waremme) où la luttecontre les préjugés envers les réfugiés et les étrangersétait au cœur du débat, entre le film « La Marche », unbuffet du Monde et des chorales de chants de luttespopulaires. Liège a également organisé un midi-cinécitoyen plus spécifiquement axé sur l’agence Frontex del’Union européenne. Mais le témoignage d’un participantqui a visité le camp de Calais et les questions du public ontramené aussi le débat sur les questions phares touchantaux migrations, à l’accueil des pays européens comparéaux pays limitrophes des régions d’émigration…

A Charleroi-Thuin, un café citoyen avec le MOC a eu lieuavec la participation de Caroline Intrand, directrice du Ciré.L’occasion d’objectiver : il y a eu « embouteillage » plutôtque « crise » migratoire (les chiffres globalement sont enbaisse en Belgique). Et de décoder les stratégies : enfermant puis en rouvrant des centres, le gouvernementfédéral a favorisé l’affolement. Soulignons aussil’expérience originale créée en partenariat avec l’asbl Art27. Elle mêle au sein du « comité des spect’acteurs » desmembres de la régionale et des migrants dans un dialogueinterculturel par le biais de la création de capsules vidéo.Elles ont été projetées en séance publique au Cinéma LeParc.

Dans le Hainaut centre, le groupe de Jemappes est de ceuxqui, consterné et déboussolé par ces deux événementsrapprochés qu’étaient l’attentat contre Charlie Hebdo etl’arrivée d’une foule de réfugiés, ont voulu prendre letemps de comprendre, de faire la part des choses. A l’aided’articles, de témoignages, en analysant le rôle des médiasqui font l’événement mais pas toujours l’info, en écoutantl’une de leurs membres, réfugiée rwandaise dire son pointde vue, les militants se sont construit « une autre paire delunettes pour regarder ». Ensuite, avec le groupe deQuaregnon, ils ont organisé une conférence publique etinvité l’abl « Vivre ensemble » pour débattre de leursquestions avec un public bien présent. Une deuxièmeconférence a articulé l’analyse des décisions de la Cop 21et la question déjà sensible des réfugiés climatiques.

Susciter le dialogue entre les cultures

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Au Luxembourg, une dynamiqued’animation en collaboration avec leMiroir vagabond est née récemment.Comment susciter la parole, le débatentre les primo-arrivants qui viennentau Miroir pour des cours de français ?Comment travailler les stéréotypes,parler de la société - celle d’où onvient, celle où on vit ? Commentconcrétiser le droit d’y prendre part ?C’est tout ce travail qui s’est réalisépas à pas durant l’année avec cegroupe. Mais il ne fallait pas laisser lerésultat entre quatre murs. Unejournée publique a été organisée pourclôturer le parcours et symboliser,avec l’aide d’un artiste, l’ambitioncommune qui s’y est développée :« ne démocratie existe quand onécoute la voix du peuple ! ».

Les questions liées à l’arrivée desréfugiés ont encore préoccupé touteune série de groupes qui se sont effor-cés de comprendre, d’analyser, de réa-gir. Comprendre, découvrir ou se rappel-er pourquoi on quitte son pays etquelles sont aujourd’hui la réalité, larépartition, l’ampleur des migrations, lefonctionnement des centres, le par-cours des réfugiés, les ressorts de laguerre en Syrie…C’est ce qu’ont fait par

exemple les groupes de Lessines(Hainaut occidental), de Vielsalm et deLibramont (Luxembourg), de Flémalle(Liège-Huy-Waremme). Prendre durecul, décanter les émotions, analyserl’emballage médiatique autour de laquestion, discerner le vrai du faux, dis-tinguer terrorisme et migrants… ce futtravaillé dans les ateliers conso d’Othéeet Verlaine (Liège-Huy-Waremme) ; àGozée (Charleroi-Thuin), Nivelles(Brabant wallon) ; à Arlon (Luxembourg)aussi, qui a découvert la notiond’« empathie/km » : plus le drame estloin, moins on se sent solidaire.

Et puis, suivre et analyser l’évolutiondes dissensions au sein de l’Unioneuropéenne, les stratégies des Etats-membres, d’est en ouest, se rappelerles cadres (convention de Genève,espace Schengen…). C’est ce qu’ontfait notamment les groupes de Dison,des Hougnes, de St Remacle etd’Ovifat, à Verviers ; de Liège centre etdu Laveu à Liège-Huy-Waremme ; ouencore d’Enghien au Hainaut occiden-tal.

Dans l’atelier conso de Huy (Liège-Huy-Waremme), une question sensi-ble est posée : ces gens seront-ils

avantagés par rapport auxautochtones (nous donc) ? Quid dansun pays où il y a pénurie d’emplois ? Ilfaut remettre en perspective, sansnier qu’il y a un problème avec l’em-ploi ! Avec le logement aussi, commeon le note à la régionale de Bruxelles,où l’on s’est situé par rapport au par-cours d’intégration régional en gesta-tion. Sans investissement dans uneoffre de logements abordables, il n’yaura pas d’accueil digne de ce nom.

Dans l’école conso de Quaregnon(Hainaut centre), une autre question« pratique » affleure : la banquealimentaire donne aux réfugiés descolis qu’elle refuse à d’autres. Eh oui !Ces banques alimentaires que l’Unioneuropéenne ne voulait plus soutenirl’an passé, ce qui a fait réagir haut etfort les Verviétois. Il faut dépasser cerisque de division entre précarisés,qui sont en fait logés à la mêmeenseigne. D’ailleurs, propose legroupe, il faudrait considérer lesréfugiés comme des « sinistrés »,victimes d’un conflit ou d’unesécheresse. On les verrait peut-êtremoins comme des « envahisseurs » !

Ce que ne nous apprennent pas les médias

A la fois parce que l’accueil des réfugiés ne va pastoujours de soi et dans les suites de la campagne« Tous des glandeurs » de 2013 pour dénoncer letraitement réservé aux chômeurs, nous avons pour-suivi un travail de lutte contre les préjugés et les dis-criminations, trop souvent amplifiés sciemment pourjustifier de politiques excluantes.Le Mouvement a mis sur pied une journée d’étudeafin d’outiller les militants et d’identifier avec eux desangles d’approche pour un futur cahier d’animation(réalisé en 2016). Un temps fort de cette journée futl’intervention de Ginette Herman (CIRTES-FOPES)venue nous aider à distinguer stéréotypes, préjugéset discriminations.

Au Brabant wallon, plus précisément à Nivelles, oncroise des gens des quatre continents. Le Café citoyen

qui a pris place dans le cadre des « Mondes de Nivelles »avait pour thème le dialogue interculturel. Dialoguer,donc relier des récits. Les Histoires digitales sont uneméthode pour créer du récit. C’était l’occasion pour lepublic d’en savoir plus sur cette initiative, après avoir prispart à une animation « Abattons le mur des préjugés ».

Dans les régionales, divers outils ont soutenu les anima-tions sur les préjugés : le film « Samba » par exemple,dans les ateliers conso de Verlaine et de Huy (Liège-Huy-Waremme) ; un jeu du Centre régional d’intégration àTubize et le jeu de la campagne EP/PAC dont s’est saisiela régionale du Brabant wallon. Les groupes du Laveu etde Liège centre ont axé leur travail sur le cadre législatifbelge et se sont réapproprié les contenus de la journéed’étude. Toujours à Liège-Huy-Waremme, le groupel’Espace 23 s’est efforcé de déterminer, sur base destextes de la Déclaration universelle des droits del’homme et de la loi antiraciste de 1984, ce qui con-stitue la frontière pour la liberté d’expression, quand elledébouche sur l’injure, la calomnie, la discrimination…

C’était un des angles d’approche du café citoyenorganisé à Nivelles après l’attentat contre CharlieHebdo. Pas toujours simple de discerner comment« faire route dans la diversité, pour le meilleur et sans lepire » ! Et par exemple, si la liberté d’expression desmédias est essentielle, s’il est gênant, à tout le moins,de se dire qu’une caricature publiée peut vous valoirune bombe, pourquoi accepter en revanche que cesmédias usent de formules non exemptes de racisme :« Monsieur Untel, Belge d’origine X » ? La question estsoulevée par le groupe Philo et société du Hainautcentre qui a traité des libertés cette année.

Il faut lutter contre les préjugés en se donnant lesmoyens d’une prise de conscience et d’un travail cri-tique mais cela passe aussi par la capacité à mettre enœuvre des dynamiques qui favorisent le vivre ensemble,le concrétisent tout simplement. Dans les régionales, onl’a vu, fleurissent des cinés de quartier, des « caféscitoyens », divers espaces et activités qui suscitent larencontre et l’ouverture aux réalités de vie diverses.

Abattons le mur des préjugés

vivre ensemble

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Rappelons aussi l’Ecole de la Rue àBaudour cités, dans le Hainaut centre,qui propose depuis plusieurs annéesaux familles souvent fort précariséesde ce quartier, diverses animationspour favoriser la participation et lavalorisation des savoirs et savoir-fairedes personnes dans une perspectivede citoyenneté à part entière.L’épopée du Banc’contact de Liège-Huy-Waremme prend fin cette annéeaprès avoir sillonné les rues d’Ans ets’être invité dans nombred’événements publics afin deprovoquer au-dehors la rencontre, ledébat et l‘expression d’une parolecitoyenne. Le résultat de cettemoisson fut présenté aux habitants àla fin du parcours.

Citons-en encore quelques-unes, plusrécentes, avec leur originalité propre.Dans le Hainaut centre, RadioCapsules est née à la fin de 2014. Sonambition : proposer à des jeunes endécrochage de « rendre visibles lesinvisibles » par la réalisation decapsules son. Une action de reportagequi favorise et valorise aussi bien lessavoirs (acquis ou à acquérir) desparticipants, souvent victimes deparcours chaotiques qui détruisent la

confiance en soi ; et les savoirs deceux et celles auprès de qui ilsrecueillent l’expression.

Du côté de Namur, à Sombreffe, estnée la dynamique « Mon quartier, j’yvis ». C’’est un nouveau quartier delogements sociaux. Des habitants ontvoulu mener une enquête sur lesbesoins, les attentes. Missionaccomplie avec l’apport des EP.Maintenant que les résultats ont étéprésentés aux interpellés, il n’y a plusqu’à s’organiser pour trouver lesréponses ! Dans le Hainaut occidental, la fête desvoisins et celle des Lumières tentéesavec succès l’an dernier à Tournai ontété reconduites, toujours avec succès.Une façon de se connaître entrevoisins, de faire connaître leMouvement et, bien sûr, de capter desattentes.

Enfin, si l’on se demande de quoi serafait le vivre ensemble demain, laréponse est loin d’être simple maisune chose est sûre : il sera fait denumérique. Internet et les nouvellestechnologies de communicationmodifient profondément les rapportsentre humains et nous n’en prenons

sans doute pas encore toute lamesure. Conscients de cetterévolution en marche, la régionale deCharleroi-Thuin a lancé une enquête(papier et numérique bien sûr) poursavoir comment les famillesréagissent à cette intrusion dans lesrelations. Elle a recueilli quelque 200réponses et a présenté les résultatslors d’une conférence où était invitéYves Collard de Média Animation. Et àNamur, la régionale a organisé uneconférence sur les atouts et lesrisques d’internet, afin de pouvoir sel’approprier en connaissance decause.

Comment articuler les NTIC avec destrajectoires d’éducation permanente ?C’est l’un des nouveaux défis qui seposent. Et qui s’expérimente ici et làdans des régionales où l’on anime unatelier d’informatique et de débat(Hainaut occidental) ; où l’on réaliseles histoires digitales (Brabant wallon,et bientôt Liège-Huy-Waremme) ; oùl’on crée des sites interactifs pourtravailler avec un public des enjeux :l’énergie au Luxembourg, le logementà Bruxelles.

A la fois parce que l’accueil des réfugiés ne va pastoujours de soi et dans les suites de la campagne« Tous des glandeurs » de 2013 pour dénoncer letraitement réservé aux chômeurs, nous avons pour-suivi un travail de lutte contre les préjugés et les dis-criminations, trop souvent amplifiés sciemment pourjustifier de politiques excluantes.Le Mouvement a mis sur pied une journée d’étudeafin d’outiller les militants et d’identifier avec eux desangles d’approche pour un futur cahier d’animation(réalisé en 2016). Un temps fort de cette journée futl’intervention de Ginette Herman (CIRTES-FOPES)venue nous aider à distinguer stéréotypes, préjugéset discriminations.

Au Brabant wallon, plus précisément à Nivelles, oncroise des gens des quatre continents. Le Café citoyen

qui a pris place dans le cadre des « Mondes de Nivelles »avait pour thème le dialogue interculturel. Dialoguer,donc relier des récits. Les Histoires digitales sont uneméthode pour créer du récit. C’était l’occasion pour lepublic d’en savoir plus sur cette initiative, après avoir prispart à une animation « Abattons le mur des préjugés ».

Dans les régionales, divers outils ont soutenu les anima-tions sur les préjugés : le film « Samba » par exemple,dans les ateliers conso de Verlaine et de Huy (Liège-Huy-Waremme) ; un jeu du Centre régional d’intégration àTubize et le jeu de la campagne EP/PAC dont s’est saisiela régionale du Brabant wallon. Les groupes du Laveu etde Liège centre ont axé leur travail sur le cadre législatifbelge et se sont réapproprié les contenus de la journéed’étude. Toujours à Liège-Huy-Waremme, le groupel’Espace 23 s’est efforcé de déterminer, sur base destextes de la Déclaration universelle des droits del’homme et de la loi antiraciste de 1984, ce qui con-stitue la frontière pour la liberté d’expression, quand elledébouche sur l’injure, la calomnie, la discrimination…

C’était un des angles d’approche du café citoyenorganisé à Nivelles après l’attentat contre CharlieHebdo. Pas toujours simple de discerner comment« faire route dans la diversité, pour le meilleur et sans lepire » ! Et par exemple, si la liberté d’expression desmédias est essentielle, s’il est gênant, à tout le moins,de se dire qu’une caricature publiée peut vous valoirune bombe, pourquoi accepter en revanche que cesmédias usent de formules non exemptes de racisme :« Monsieur Untel, Belge d’origine X » ? La question estsoulevée par le groupe Philo et société du Hainautcentre qui a traité des libertés cette année.

Il faut lutter contre les préjugés en se donnant lesmoyens d’une prise de conscience et d’un travail cri-tique mais cela passe aussi par la capacité à mettre enœuvre des dynamiques qui favorisent le vivre ensemble,le concrétisent tout simplement. Dans les régionales, onl’a vu, fleurissent des cinés de quartier, des « caféscitoyens », divers espaces et activités qui suscitent larencontre et l’ouverture aux réalités de vie diverses.

Rendre visibles les invisibles

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C’est ce qu’ont appréhendé par exemple les ateliers et écoleconso de La Louvière et Quaregnon, dans le Hainaut centre.Ils ont fait appel à un syndicaliste ferré dans la matière pourla débroussailler. Mais derrière la complexité, personne n’estdupe : il s’agit d’une attaque en règles contre les droits destravailleurs et la protection sociale. Même constat à Liège-Huy-Waremme, par exemple dans le groupe de Flémalle, parailleurs interpellé par la publication d’une étude sur les traitsde personnalité des demandeurs d’emploi : excellent moyende culpabiliser et faire taire ceux et celles que l’on menace enmême temps de priver de revenus de remplacement !

La régionale de Verviers a fait de la réforme du chômage unfil conducteur de son travail depuis l’année passée. Unesoirée publique a été organisée pour comprendre lesressorts de la réforme et entendre l’analyse d’un accompa-gnateur de personnes en recherche d’emploi. A la Maisondes Jeunes, où les EP organisent des débats, des jeunes,très choqués, expliquent qu’ils ont dû se résoudre àretourner chez leurs parents, ou n’osent pas prendre leurautonomie. Ils racontent aussi la galère de l’intérim.

Dans le groupe d’Andrimont, plusieurs membres craignentde ne plus pouvoir répondre aux conditions exigées et d’êtreexclus. Sauf accroître la pauvreté, qu’est-ce que celaapportera ? demandent-ils. Probablement pas grand-chosesur le plan budgétaire répond le groupe de Dison, puisqu’onassiste plutôt à un transfert, surtout vers les CPAS, et que leRIS est financé en grande partie sur le budget fédéral. AOvifat, on a cherché l’info : depuis janvier, il y a 10.000 exclusrecensés, surtout à Liège et dans le Hainaut. Principalementdes jeunes et des cohabitants.

Quelques mois plus tard, le groupe de Liège centre tomberasur le chiffre de 50.000 exclus. L’article indique aussi queles CPAS sont aux abois. Le groupe prend contact avec uneassistante sociale du CPAS, qui témoigne du contrôle socialaccru et du refus quasi systématique d’aides sociales quirendent la pression insupportable tant pour les usagersque pour les travailleurs sociaux. Et pourtant tout le mondene passe pas du régime de chômage au CPAS. Beaucoupdisparaissent des statistiques, préférant la débrouille à lacontrôlite, découragés.

Les mesures de réforme du chômage occupentles esprits depuis qu’elles se concoctent auniveau fédéral et elles ont encore donné lieu àdes initiatives spécifiques. Ne serait-ce que parceque la législation en vigueur depuis lors estd’une complexité qui mérite à elle seule unedénonciation vigoureuse.

Politique d’emploi La centrifugeuse de l’exclusion

Emploi, protection sociale et services collectifs

Quand une ministre peut se permettre de dire dans lapresse « il y a du travail pour tout le monde, les jeunes, lesvieux, les inadaptés sociaux » avec ce délicat choix des motsqui, à l’époque, n’appartenait qu’à elle (il s’agit de MonicaDe Coninck, qui fut ministre de l’emploi - d’autres l’ont sur-passée depuis), il faut répondre ! « Plan Joker » était uneréponse. Les Liégeois du groupe l’Espace 23 (Liège-Huy-Waremme) sont allés voir cette pièce où quatre candidatspour l’activation à l’emploi vont entrer dans l’arène.

A Namur, le groupe les Copeaux d’Abord avait réponduaussi. « L’impossible dressage des ramiers », pièce qu’ilsont créée en 2013-2014, a encore connu quelques bellesévolutions au fil de représentations qui suscitent toujoursle débat. Entre ceux/celles qui sont passés par là et seretrouvent dans un personnage et ceux/celles quiorganisent des parcours de formation, souvent avecconviction, il y a un espace pour se demander s’il faut (se)laisser activer à n’importe quel prix.

La réforme voulue par le gouvernement fédéral ne se lim-ite évidemment pas au chômage. Les pensions sont enpoint de mire. Dans le Hainaut occidental, les groupesd’Enghien et de Lessines ont invité le secrétaire politiqued’Eneo, le Mouvement des aînés des mutualités chréti-ennes pour une conférence publique sur l’avenir des pen-sions. Philippe Andrianne a fait le point sur les mesuresengagées, en cours et à venir. L’occasion de débattreaussi des différents régimes et des inégalités sociales etde genre qui caractérisent les pensions belges. Ces com-paraisons ont également occupé le groupe des ainés deSt Remacle (Verviers) qui a fait le point aussi sur les con-ditions d’octroi de la GRAPA.

Le fait est que nos pensions figurent parmi les plus bassesen Europe ; en partie parce que basées sur une carrièrede 45 ans ; en partie parce qu’il n’y a qu’une adaptationtrès partielle au bien-être, tandis que les besoinsaugmentent. C’est ce qu’analyse le groupe du Laveu(Liège-Huy-Waremme) où chacun-e a fait ses comptes.Avec la même somme, il faut tout de même bien songer às’équiper en informatique, histoire de garder le contactavec les générations plus jeunes et avec le monde ! Quantà épargner, pour la maison de repos entre autres, celadevient une vraie angoisse dont témoigne le grouped’Athus (Luxembourg). Il a réalisé un questionnaire àdestination des résidents et prend conscience que laquestion est délicate car beaucoup se culpabilisent vis-à-vis de leurs enfants.

S’activer, jusqu’où ?!

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Plus largement, c’est tout le modèlesocial et le dispositif de la Sécuritésociale qui est menacé d’affaiblisse-ment. Pas étonnant que le conceptd’allocation universelle connaisse unregain de succès. Nous en avions prisconscience au cours des débats quiont parsemé la campagne 2013« Tous des glandeurs !? ». Il fallaitinterroger ce concept. Ce qui fut fait, àl’aide d’une publication et au coursd’un colloque « L’allocation uni-verselle, plus de liberté… moins desolidarité ? ». Le débat n’est pas fini,mais une urgence en émerge : la Sécudoit redevenir une utopie porteused’horizons, à partir de laquelle réaliserun progrès pour tous.

Dans les régionales, depuis 2012, desdynamiques sont à l’œuvre pourretracer avec différents publics l’his-toire, le rôle, le fonctionnement et laphilosophie du système, sachant qu’ilfaut se mobiliser pour la défendre. Detelles animations ont encore eu lieudans le Hainaut occidental, par

exemple à Tournai au cours d’un tempsde formation « matin halte », avec leconcours d’un juriste de la CSC spécial-iste de la Sécu, Paul Palsterman. Et àLessines, où le groupe a organisé uneassemblée citoyenne axée sur les soli-darités d’ici et d’ailleurs, avec un quizzsur la Sécu.

Du côté du Luxembourg, ce sont lesgroupes nés de la collaboration avecl’asbl La Trêve, à Vielsalm et àBastogne qui se sont plongés dans lesrouages de la Sécu, avec notammentun jeu réalisé par les mutualitéssocialistes. Quant à l’atelier consod’Othée, il a pris son courage à deuxmains pour s’approprier le « puzzle »de la Sécu et le transfert de certainescompétences aux Régions. Pour com-pléter la formation, encore duthéâtre : « Quelle qu’en soit l’issue »raconte la sécu depuis les caissesd’entraide ouvrières jusqu’au ques-tionnement sur son avenir.

Tandis que l’activation se durcit, la

robotisation avance. Terrible para-doxe : à l’heure ou la réduction collec-tive du temps de travail, qui pourraitprendre différentes formes, s’imposeau bon sens comme une solution pourappréhender le phénomène, libérerdu temps et partager le travail, onpréfère personnaliser voire nier leproblème. Au midi-ciné de Tournai,pourtant, on s’est intéressé auxsecteurs d’activité dans lesquels cetterobotisation s’intensifie, notammentdans le secteur agro-alimentaire. Ce qui n’empêche pas que lestravailleurs y soient exploités,particulièrement les migrants. Au midi-ciné citoyen organisé par la régionalede Liège-Huy-Waremme, undocumentaire explicite a été diffusé «El Ejido, la loi du profit ». Et dans lepublic, un Limbourgeois a témoigné dutravail saisonnier en Belgique. Au fil dudébat, notons que le TTIP est revenus’inviter, comme enjeu de mobilisation.Trop mal connu encore dans le grandpublic, ce qui a décidé la régionale à yconsacrer un prochain midi-ciné.

Penser la réduction du temps de travail implique une visionde moyen et long terme et ce n’est pas ce qui domine dansl’économie mondialisée et financiarisée. La recherche duprofit immédiat engendre l’insécurité des conditions de tra-vail. C’était le thème de la pièce créée par le groupe théâtredu Hainaut centre il y a quelques années « Il nous resteencore beaucoup à gagner » et que le groupe de Cominesa fait venir au Centre culturel. Comment se préparer à aborder le monde du travail ?Dans le Hainaut centre, le Ciep anime une formation joli-ment intitulée « Graines de vie ». Les EP y animent un mod-ule citoyenneté. Et la citoyenneté a un lien évident avec letravail. Le sociologue et artiste Franck Lepage rappelaitdans une conférence gesticulée (que beaucoup ont vuedans le mouvement) qu’il faut se demander si le défaut delien social (qui donne corps à la citoyenneté) tient plus àquelques jeunes qui griffent des voitures qu’à des indus-tries qui désertent une région pour voir ailleurs si les tra-vailleurs peuvent y être mieux exploités. Comprendre quisont les acteurs dans le monde du travail, quel rôle joue lesyndicat, comment sont fixés les salaires… c’est aussi sedonner les moyens de mieux défendre ses droits.

Au Brabant wallon, dans l’atelier de Louvain-la-Neuve quirassemble des apprenants en OISP, l’approche s’est faite àpartir des représentations que l’on se fait de « l’esprit d’en-treprise » : quelles valeurs se cachent derrière cette notion ?

Et si on les compare avec le vécu professionnel, par exem-ple des parents (leurs horaires, leur salaire…), qu’est-ce queça donne comme paradoxes ? Et si on va voir comment çase passe chez Colruyt ? Et puis comment cela s’organisedans une asbl d’alimentation bio ? Une bonne manière deconfronter les mots aux réalités.Et puisqu’on parle de mots et de concepts, terminons cetour par celui de « droit de travailler » qui fut opposé dès lesmobilisations d’automne 2014 au droit de grève, à coupsd’articles de presse, de pétitions et autres pages Facebook.S’il y a bien un droit que les syndicats défendent, c’est ledroit au travail ! Mais tel n’était pas le sens du concept bienentendu. Toujours est-il que le droit de grève a encore faitl’objet cette année de quelques mises au point dans leMouvement suite aux multiples attaques des partisans du“droit de travailler”.

Un dossier de Contrastes est sorti en janvier, suivi d’unmidi-débat à Bruxelles. Les groupes l’Espace 23 et deFlémalle (Liège-Huy-Waremme), le groupe de Jolimont(Hainaut centre) ont utilisé le dossier et ont dénoncé lesattaques. A Tournai (Hainaut occidental), un midi-ciné aété consacré au sens de la grève (film du Cepag : « Grèvegénérale ») et à ce qu’elle a permis de conquérir ; et unautre à l’un des droits ainsi conquis : les congés payés. EtLibramont (Luxembourg) a choisi d’organiser une séancepublique avec le film “Daens”.

« Il nous reste encore beaucoup à gagner ! »

Le droit de grève est légitime !

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En 2014, il s’agissait de s’impliquer dans les campagnesélectorales dans les régions pour faire valoir nos revendica-tions. En 2015, il s’agit de tirer parti des ouverturesprésentes dans les déclarations de politique régionale wal-lonne et bruxelloise et du transfert de la législation sur le baild’habitation.

Dans cette perspective, le Mouvement a publié un dossierde Contrastes sur la question de la régionalisation du baild’habitation privée, soulignant les enjeux qu’il lui paraîtessentiel de saisir, dans l’intérêt des populations wallonneet bruxelloise, en particulier les locataires, grands oubliésdes politiques du logement.

Le MOC est un relais important pour faire avancer nosrevendications et les EP y assurent la présidence de laCommission logement. La semaine sociale Wallonie-Bruxelles du MOC était consacrée cette année à l’enjeud’une protection sociale mondiale décente. C’était aussil’occasion pour les EP de rappeler que le droit au logementdécent est un besoin de première nécessité, hélas confiéessentiellement au marché, alors que des pistes plus

solidaires peuvent être explorées. Comme peut l’illustrerl’exemple d’une mutualisation des garanties locatives ausein d’un fonds centralisé, géré paritairement.

Le travail réalisé depuis 2009, à divers endroits duMouvement, sur la promotion et les modalités d’unencadrement des loyers a débouché aussi en 2015 sur uneaudition des EP auprès de la Commission parlementairewallonne « Logement, énergie et pouvoirs publics », dans lecadre d’une proposition de résolution déposée par quatreparlementaires socialistes.

Nous nous sommes aussi activement impliqués dans lamise sur pied d’une plateforme régionale, leRassemblement wallon pour le droit à l’habitat (RWDH),une réalisation qui nous tenait à cœur depuis plusieursannées. Le RWDH, fort de 22 organisations et fédérationsd’associations, a officiellement pris place dans l’espacepublic au mois de juin, avec déjà à son actif un cahier derevendications concerté, des priorités, une charte et unmode de fonctionnement à plusieurs échelons.

Pauvreté et exclusion

La crise du logement s’ajoutant aux logiques d’appauvrissement, l’enjeu du droit à un logementdécent reste plus que jamais une priorité du travail du Mouvement. Plusieurs régionales ont un cahierdes charges gros comme un bottin avec tout ce qui leur revient du terrain. Et elles se sont investiesdans des plateformes associatives pour consolider une expertise et amplifier la voix des mal logés endirection des acteurs publics et du monde politique.

Inégalités socialesen croissance constante

Naissance d’une plateforme régionale wallonne Mobilisation contre l’exclusion de milliers de chômeurs (Verviers)

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En Wallonie, le logement est un fil rouge pour plusieursrégionales. Au Brabant wallon, la régionale est active au seindu RBDL – Rassemblement brabançon pour le droit au loge-ment, et s’est dotée d’un groupe logement spécifique depuis2011. Celui-ci s’était investi durant les Assises du logementet dans un travail assidu d’analyse des plans d’ancrage com-munal, outil pour le développement du parc public. Il a pour-suivi sur ce thème car l’offre de logement social reste cruelle-ment faible sur le territoire brabançon où seules trois com-munes sur 27 ont plus de 10% de logements sociaux. Quelsleviers actionner ? Le groupe a prospecté, s’intéressant parexemple au concept de CLT (community land trust) dévolu àun public en droit d’accéder au logement social. Autre axe detravail : l’animation d’ateliers d’échanges avec un public delocataires sur l’appropriation de son habitat social etl’analyse critique du fonctionnement des CCLP (comités con-sultatifs de locataires et de propriétaires) qui fut mis au cen-tre d’un débat public.

A Charleroi-Thuin, la plateforme Carologement s’activeautour de trois priorités qu’elle ne lâche pas depuis 2012 :améliorer l’offre de logements sociaux ; lutter contre l’inoc-cupation et contre les expulsions sans relogement. Elle anotamment poursuivi son état des lieux quantitatif et quali-tatif ; réagi à la démolition d’un immeuble social en menantune action publique « Avis de décès » et rencontré le prési-

dent de la Sambrienne, société où le service technique estquasi injoignable et où le mépris vis-à-vis des locataires nelaisse pas indifférent.

Le Hainaut occidental compte trois collectifs d’action pourle Droit au logement. Le DAL de Tournai, le DAL deMouscron et le CLAC d’Ath (Collectif logement Ath citoyen).Ces trois lieux de veille politique du logement avaient marquéla campagne électorale de 2014 en s’unissant autour de troispriorités : davantage de logements publics ; un encadrementdes loyers privés ; lutter contre les discriminations. Ils ont pour-suivi un travail commun, notamment par l’analyse conjointe dela déclaration de politique régionale wallonne en prélude à undébat public avec le ministre (qui s’est tenu en janvier 2016).

Le CLAC d’Ath avait entamé en 2014 une collaboration avecle Centre culturel pour créer une pièce de théâtre, finaliséecette année. « La Tuile » a été jouée devant un public d’habi-tants, d’acteurs du monde associatif et politique. Le débatplutôt conflictuel a porté sur les rapports entre public pré-carisé et responsables de logements sociaux, ainsi que surles prix des logements. Dans le DAL de Mouscron un travailspécifique s’est poursuivi sur la promotion d’unencadrement des loyers dans la région. Le DAL réclameaussi une commission consultative logement.

Quant au DAL de Tournai, il a développéses activités sur trois axes : le service deproximité pour les citoyens (perma-nence, ateliers de recherche collectivede logement, formation sur les droits etdevoirs locatifs) ; le plaidoyer politique(en particulier à propos du réaménage-ment d’un quartier ancien) ; et laprospective : le collectif a en effet lancéune réflexion sur des projets novateurscomme le CLT, qui a donné lieu à undébat public.

Toujours en Hainaut occidental, legroupe d’Enghien s’est lui aussi penchésur les projets de réforme du ministredu logement en particulier la révisiondes modalités d’attribution de loge-ments sociaux qui lui font craindre unefermeture aux plus précarisés. Et il s’estaussi attelé au plan « Habitat perma-nent » qui, curieusement n’est pas com-pris dans la politique du logement maisdans celle des affaires sociales. Enfin laCommission pauvreté Tournai a pour-suivi sur la lancée d’une initiative spéci-fique qui concerne les jeunes en milieu

d’hébergement, mais qui se trouventdémunis lorsqu’ils doivent partir, unefois devenus majeurs. Il faut innoverpour les soutenir, et de nombreuxacteurs du logement sont sollicités parla commission. Parmi les pistes :développer le bail glissant. Ces jeunesont besoin d’accompagnement. Unerencontre avec les référents sociaux(logement social) s’est avérée trèséclairante.

Au Hainaut centre, la question des AIS abeaucoup été débattue au sein dugroupe de Jolimont, et ce au départ del’expérience d’un membre qui s’estaperçu qu’on n’y est pas toujours beau-coup mieux accueilli qu’ailleurs. Lemanque de financements pour le parcpublic pousse les gestionnaires àchercher l’équilibre en s’ouvrant auxrevenus moyens. Concernant le secteurlocatif privé, le groupe a égalementmené sa petite enquête et constate quel’enregistrement des baux reste en par-tie théorique. Ils ont relayé leurs obser-vations et demandes auprès de la

régionale, de sorte qu’un axe de travailsur le logement se prépare pour 2016.

A Liège-Huy-Waremme, le groupe deLiège-centre s’est saisi du dossier deContrastes sur la régionalisation dubail d’habitation pour se l’approprier eta listé ses propres constats pour laVille : ils portent, entre autres, sur l’é-tat vétuste des logements et l’observa-tion que le certificat de performanceénergétique (PEB) obligatoire en casde location ou vente d’un logement esten fait peu ou alors mal utilisé.

Allons du côté de Namur où deuxgroupes se montrent aussi très actifssur les constats de terrain en matièred’accès au logement. Ce sont lesgroupes ALF-Action logementFlorennes et CLAP-Citoyenneté etlogement en action à Philippeville. Cesdeux groupes nés il y a trois ans ontdéveloppé une expertise remarquabledes réalités d’habitat dans leur entitérespective et chacun a créé un espace« Bien-être dans mon logement » qui

Agrandir le parc public est vital

« Questions pour un champion… du logement »

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leur donne l’occasion de contacts réguliersavec la population en abordant avec lesménages qui y viennent toutes sortes dequestions du quotidien en lien avec l’habitat.Au fur et à mesure, ils élaborent des fichesd’information sur les droits (cette année : rôledu guichet de l’énergie ; droits des famillesnombreuses…), organisent des ateliersthématiques (cette année : jeu de rôle ducandidat locataire ; listing des offres…) etaffinent leurs revendications.

Un travail spécifique a été mené également surla problématique de la garantie locative,lorsqu’ils se sont aperçus que, dans leur entitécomme ailleurs, les banques ne respectent pasleur obligation de permettre la constitution pro-gressive de celle-ci. Ils ont vérifié en faisant dutesting dans quelques établissements et débat-tu avec Nicolas Bernard, professeur de droit etspécialiste du logement. Conclusion : ou bien lefonds centralisé régional annoncé se concrétisesans tarder ou bien ils trouveront un moyen demettre les banques au pied du mur ! On leur faitconfiance.En attendant, avec la régionale, ils se sontinvestis dans l’événement Défis logement, fruitd’une collaboration avec les PCS de troisentités. La partie colloque a donné auMouvement l’occasion d’expliquer ses prioritéset de promouvoir un encadrement des loyers,tandis que le Salon proposait des stands dontcelui d’ALF et CLAP qui ont fait jouer le public aujeu « Questions pour un champion… du loge-ment ».

En Région bruxelloise, depuis2014, il existe également uneplateforme logement qui réunitle syndicat des locataires, leRBDH, Inter-Environnement Bxl,les Equipes Populaires, la CSC,la FGTB et son associationHabiter Bruxelles. La régionaley relaie son travail et participeactivement au plaidoyer poli-tique qui s’y développe. Etplusieurs militants assistentaussi assidûment aux travauxde la Commission parlemen-taire logement, ce qui leur per-met de suivre l’évolution desdébats et d’acquérir une vérita-ble formation politique, qui lesréconcilie quelque peu avec cetunivers souvent décrié.

Les groupes de Schaerbeek,Jette et Anderlecht ont poursuivileur mobilisation tous azimutspour porter les objectifs d’unencadrement des loyers.Notamment lors des momentsdes Pauses-café qui se tiennentdans ces communes, à l’inten-tion des personnes sans emploilors de la remise des cartes depointage à la CSC. C’est unespace-temps d’accueil et dedébat où les problèmes de loge-ments s’expriment à foison etl’on distribue et fait remplir lesquestionnaires d’enquête. Ceux-ci permettent de comparer lemontant de son loyer avec lagrille élaborée durant le gou-vernement Picqué. Les réponses

sont introduites sur le site loge-mentsabusifs.be qui commenceà dresser une cartographieassez fine des logements selonle caractère raisonnable ou nondu loyer et en fonction du carac-tère indécent, modeste, ou con-fortable du logement.

Avec les remarques apportéespar les militants qui l’utilisent,la régionale l’a affiné au fil dutemps et sa version actuelle aété publiée dans le « Manueldu gréviste ». On y trouve aussile résultat de la recherchejuridique qui a été menée pourdéterminer l’argumentaireadéquat en perspective d’uneaction de grève des loyers.

L’élément central retenurepose sur la Déclaration desdroits de l’homme qui stipuleque le droit au logementimplique une obligation nonseulement verticale (de l’Etatenvers ses administrés) maisaussi horizontale (entre lesparties au bail). Autrement dit,les bailleurs doivent proposerdes loyers raisonnables.

Pour renforcer son travail d’in-vestigation sur les effets et lespossibilités d’un encadrementdes loyers régional, le groupede pilotage des Form’actions aorganisé trois rencontres axéessur la comparaison des grillesutilisées déjà dans le secteur

des AIS, par le Fonds du loge-ment, par la Régie foncière, etc.

Et vers la fin de l’année, unpremier gréviste est entré enaction, soutenu par les équipes,qui organisent des caisses desoutien, et par la régionale pourles étapes de l’action :rencontrer le bailleur, exposerle problème, chercher uneconciliation. Car la grève ne sefait pas dans n’importe quellecondition. Mais quand aucunenégociation n’est possible, enmatière d’emploi comme enmatière de logement, elle estlégitime !

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600 euros pour ça ?!

Théâtre-action “Les domaines en folie” au Salon “Défis logement”

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Que se passera-t-il pour les dizaines de milliers de person-nes qui se verront privées d’allocations de chômage au 1erjanvier 2015 ? Comment se débrouilleront-elles pour sur-vivre ? Cette question se posait partout dans le Mouvementen 2014. On imaginait bien en partie les réponses : glisse-ment de l’assurance vers l’assistance sociale, déborde-ment croissant des CPAS, disparition de nombre d’exclusdes dispositifs d’aide.

Quel est par ailleurs le sentiment de la population par rap-port aux inégalités sociales ? La régionale du Hainaut occi-dental a décidé de mener l’enquête en Wallonie picarde.Un groupe porteur a créé et testé un questionnaire.Quelque 600 exemplaires ont été envoyés ou distribuésdans le cadre d’animations sur des marchés à Tournai, Athou encore à Comines et Lessines… Plus de 300 réponses« utiles » ont pu être dépouillées et les résultats présentéslors d’une assemblée citoyenne ; puis au cours d’une con-férence de presse ; et encore auprès du PS tournaisien etd’une délégation de DEFI (ex-FDF). Trois éléments àsoulever ici : 82% pensent que la société est très inégali-taire ; 80% n’ont pas confiance en l’action politique pour yremédier. Et… le logement est l’un des domaines princi-paux d’inégalités sociales.

Il était donc d’autant plus important de prendre part, cetteannée aussi, aux événements et à la manifestation organ-isée par le RWLP à Namur, dans le cadre de la journée delutte contre la pauvreté. Et ce pour la deuxième fois en col-laboration avec les syndicats. Cette alliance est fondamen-tale. Elle signifie publiquement que la pauvreté n’est pas lerésultat de la malchance ou de la seule responsabilité indi-

viduelle mais le résultat de décisions qui organisent l’ap-pauvrissement et creusent les inégalités.

Le Collectif de lutte contre la pauvreté du Hainaut occiden-tal a organisé de son côté deux animations de sensibilisa-tion dans ce même cadre. On a pu y mesurer le ras-le-bolqui se fait sentir à propos des politiques libérales actuelles.Toujours dans cette régionale, le groupe de Mouscron a missur pied une conférence publique et a diffusé le film « Sebattre » : parmi les associations présentes, toutes pointentla dégressivité des allocations de chômage comme la plusinacceptable et la plus absurde.

Et la pauvreté augmente, devient de plus en plus visible,perceptible, proche : on en témoigne à Mouscron, ou àComines où l’on a rencontré le CPAS ; à Mangombroux(Verviers), où une action de sensibilisation a aussi eu lieu.Ou bien encore à Liège-Huy-Waremme, où un midi-cinécitoyen a diffusé « Salauds de pauvres » ; ou encore àFrameries, dans le Hainaut centre… Dans cette régionalehennuyère, la plupart des groupes se trouvent aux prisesavec les questions d’austérité, de dette publique, d’exclu-sion. Aussi a-t-il été décidé de se lancer dans un parcoursd’apprentissage économique plus systématique. En se ser-vant de la mallette pédagogique créée par Vie Féminine etqui comprend toute une série d’outils aux méthodes trèsvariées pour aborder, avec des publics variés, ce que recou-vrent ces notions, en quoi elles nous concernent et nousimpactent, mais aussi par quels moyens réagir et agir.Plusieurs militants ont participé à la formation organiséepar le Ciep, la CSC et VF. De sorte que ces outils pourrontêtre exploités au long de l’année 2016.

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En Région bruxelloise, depuis2014, il existe également uneplateforme logement qui réunitle syndicat des locataires, leRBDH, Inter-Environnement Bxl,les Equipes Populaires, la CSC,la FGTB et son associationHabiter Bruxelles. La régionaley relaie son travail et participeactivement au plaidoyer poli-tique qui s’y développe. Etplusieurs militants assistentaussi assidûment aux travauxde la Commission parlemen-taire logement, ce qui leur per-met de suivre l’évolution desdébats et d’acquérir une vérita-ble formation politique, qui lesréconcilie quelque peu avec cetunivers souvent décrié.

Les groupes de Schaerbeek,Jette et Anderlecht ont poursuivileur mobilisation tous azimutspour porter les objectifs d’unencadrement des loyers.Notamment lors des momentsdes Pauses-café qui se tiennentdans ces communes, à l’inten-tion des personnes sans emploilors de la remise des cartes depointage à la CSC. C’est unespace-temps d’accueil et dedébat où les problèmes de loge-ments s’expriment à foison etl’on distribue et fait remplir lesquestionnaires d’enquête. Ceux-ci permettent de comparer lemontant de son loyer avec lagrille élaborée durant le gou-vernement Picqué. Les réponses

sont introduites sur le site loge-mentsabusifs.be qui commenceà dresser une cartographieassez fine des logements selonle caractère raisonnable ou nondu loyer et en fonction du carac-tère indécent, modeste, ou con-fortable du logement.

Avec les remarques apportéespar les militants qui l’utilisent,la régionale l’a affiné au fil dutemps et sa version actuelle aété publiée dans le « Manueldu gréviste ». On y trouve aussile résultat de la recherchejuridique qui a été menée pourdéterminer l’argumentaireadéquat en perspective d’uneaction de grève des loyers.

L’élément central retenurepose sur la Déclaration desdroits de l’homme qui stipuleque le droit au logementimplique une obligation nonseulement verticale (de l’Etatenvers ses administrés) maisaussi horizontale (entre lesparties au bail). Autrement dit,les bailleurs doivent proposerdes loyers raisonnables.

Pour renforcer son travail d’in-vestigation sur les effets et lespossibilités d’un encadrementdes loyers régional, le groupede pilotage des Form’actions aorganisé trois rencontres axéessur la comparaison des grillesutilisées déjà dans le secteur

des AIS, par le Fonds du loge-ment, par la Régie foncière, etc.

Et vers la fin de l’année, unpremier gréviste est entré enaction, soutenu par les équipes,qui organisent des caisses desoutien, et par la régionale pourles étapes de l’action :rencontrer le bailleur, exposerle problème, chercher uneconciliation. Car la grève ne sefait pas dans n’importe quellecondition. Mais quand aucunenégociation n’est possible, enmatière d’emploi comme enmatière de logement, elle estlégitime !

Enquêter sur les inégalités sociales

Théâtre-action “Les domaines en folie” au Salon “Défis logement”

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A Charleroi-Thuin, le groupe deWanfercée-Baulet a ainsipoursuivi un travail d’analyseméthodique entamé en 2013-2014, en s’intéressant cetteannée aux multiples formes depouvoir que permet l’argent etaux étroites relationsqu’entretiennent patronat,politique et presse. Ils ontnotamment visionné « Lesnouveaux chiens de garde ».Rien d’étonnant à ce que lenéolibéralisme parvienne si bienà convaincre les esprits. Ledéveloppement de l’économiecollaborative et le phénomèneUBER, qui court-circuiteallègrement les cadreslégislatifs, ont également faitpartie de son programme. C’était aussi au programme de laconférence publique du Forumsocial de Herve sur les impassesdu capitalisme et ses alternatives.Le spectre de l’économiecollaborative est large au pointqu’on y retrouve en théorie lesdeux : depuis les potagerscollectifs bénévoles jusqu’à cessites où l’on peut mettre auxenchères le travail et s’offrir, parexemple, une traduction de textespécialisé pour trois fois rien (ouun transport, ou unhébergement…) et donner ensuiteune cote de satisfaction. Enpassant par les prometteusesplateformes de partage delogiciels libres. Comment réagir àl’ubérisation de l’économie ?C’est un débat qui vacertainement s’amplifier. Les unsplaident pour que soit mis fin àces activités. Les autres pourqu’on impose un cadre adapté àcette nouvelle expansion del’économie néolibérale.

Pas simple, notamment parce que, comme l’observe le groupe Philo et Société(Hainaut centre), le capitalisme a une dimension supranationale que les Etats,comme les mouvements sociaux dont les structures sont centenaires, peinent à inté-grer. Sans parler du contrôle sur Internet ! Cela n’empêche pas, note-t-il encore, quede nouveaux rapports de force sont en gestation et représentent une opportunité àsaisir.

La critique du capitalisme peut se faire en analysant les inégalités sociales noncomme une fatalité mais comme le résultat d’une orientation politique portant desvaleurs, ce qu’a fait par exemple le groupe Réco, toujours au Hainaut centre. Derrièrela théorie du ruissellement des richesses qui a fait long feu, il y a la réalité : celled’une course au profit qui mise à fond sur l’exclusion pour maintenir son train. Celadit, il y a de moins en moins de monde en tête du train. On s’en aperçoit aussi enprenant comme porte d’entrée la critique de la société de production et de consom-mation de masse. Tournai (Hainaut occidental) y a consacré un de ses temps de for-mation « les matins haltes » : les multinationales, qui programment la durée de viedes produits pour faire tourner la machine économique, forment un groupe toujoursplus restreint.

Suzan George (ATTAC France) en dénombre une petite quarantaine, pas plus, quicomptent dans les décisions majeures. Seulement, elles tiennent les politiques à lagorge. Et leurs impératifs viennent bousculer et mettre à terre les aspirations despeuples. Qu’il s’agisse du printemps arabe, comme l’analyse le groupe d’Andrimont(Verviers) qui s’intéresse à la guerre en Syrie ; ou de la reconstruction en Haïti, avecqui le groupe de Comines (Hainaut occidental) poursuit ses relations de solidarité. Lamême logique d’accaparement des ressources et d’écrasement du peuple est à l’œu-vre dans le conflit israélo-palestinien, auquel le midi-ciné de Tournai a consacré uneséance-débat, avec le reportage de Notélé « Roxor ».

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Dans les suites de la crise financière, on avait pris conscience d’un entrecroisement de crises auxsources duquel se trouve le système économique même qui régit nos existences. Beaucoup degroupes ont alors commencé à analyser les tenants et aboutissants du modèle capitaliste, pardifférentes portes d’entrée.

« There are many alternatives »modèles de développement, modèles de société

Tour à vélo des piquets de grève, organisé par “Hart boven hard” et “Tout autre chose” lors de lagrève nationale du 15 décembre 2015 à Bruxelles.© Jan Busselen

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Et elle est aussi à l’œuvre, bien sûr, en Union européenne,où l’on a choisi la voie suicidaire de l’austérité pourrésoudre la dette des Etats saignés à blanc par lesauvetage des banques privées. Les groupes de Flémalleet du Laveu (Liège-Huy-Waremme) se sont penchés sur lecas de la Grèce, pays emblématique d’une « mise au pas »qui bâillonne la démocratie. Qui sont les acteurs de cettecatastrophe économique, sociale et politique ? Quels ontété les impacts du passage à l’euro ? De l’intrusion de latroïka (BCE, FMI, CE) ? Le groupe de Dison (Verviers) s’y estintéressé aussi et a poursuivi avec l’analyse de la situationau Portugal, thème de son débat public au Centre culturelde l’entité.Et en Belgique, on se sent un peu comme les derniers pas-sagers accrochés au bastingage d’un paquebot en train decouler, qui voient fondre sur eux la grosse vague. Loin devant,dans les petits canots dorés, il y a ceux que l’on retrouveradans quelques mois « au Panama, pépères » (dixit BrunoCoppens). Ceux que les actes et les discours du gouvernementMichel n’atteignent pas. Ici, dans les groupes locaux, par exem-ple à Pâturages (Hainaut centre), on la voit bien arriver surnous, la vague, et on se sent très très proches des Grecs !

Tant qu’à faire, autant apprendre à nager : le groupe a doncentamé à son tour un parcours « d’alphabétisationéconomique », en partant de l’analyse de la dette publique.Voir, juger, et agir : ils ont ensuite réalisé un quizz en vue del’assemblée citoyenne organisée par la régionale duHainaut centre. Cette assemblée avait pour thème“Comment va la Belgique ?”. Inutile de dire que lesréponses concoctées par les groupes qui ont préparé lesanimations étaient mitigées. Ont été aussi abordés :l’énergie libéralisée, la protection sociale attaquée ;l’individualisme triomphant. En clôture, la pièce créée par legroupe théâtre intitulée « TEOUTEKITEKOI », un regardgrinçant sur la révolution des rapports par les technologiesde la communication.

A Tournai (Hainaut occidental), l’austérité à la belge étaitaussi au programme de son dernier temps de formation del’année ; ainsi qu’au cœur de la conférence publique qu’il aorganisée, histoire de démonter méthodiquement avec lepublic la propagande gouvernementale selon laquelle lestravailleurs allaient, grâce à ses mesures, se retrouver avec« 100 € en plus de salaire poche ».

L’Europe des ajustements budgétaires

Etrange comme l’on forge des mythessur les époques « d’avant ». A bien yregarder, même au cœur des TrenteGlorieuses, lorsqu’on avait réussi àpréserver de la logique marchande letravail, la protection sociale et lesactivités de service public, lequotidien n’était pas si rose. Et les « golden sixties » pas si golden, ajoutele groupe de St Remacle (Verviers) quia repassé cette époque au crible :déclin de l’industrie textile verviétoise;folie des prêts immobiliers « bonmarché » qui ont boosté le rêve de lavilla 4 façades, alors même que lesdévaluations monétaires sesuccédaient. C’est le pouvoir des mots. Et les mots,comme le reste, sont l’enjeu d’un rap-port de force dans une société. Quipeut imposer les mots avec lesquelson pense le monde, fait la pluie et lebeau temps, quelle que soit la météo.Lutter contre les présupposés dunéolibéralisme qui veut que l’on sepasse de l’Etat en tant qu’acteuréconomique et des intermédiairessociaux pour négocier collectivement,implique aussi, peut-être mêmed’abord, de mener une bataille cul-turelle. Le Mouvement a pour ambi-tion d’y contribuer avec une cam-

pagne intitulée « Démasquons lesmots qui mentent ». Lancée à l’automne 2015, cette cam-pagne se poursuivra l’année suivante,mais des groupes s’en sont déjàemparés : à Comines (Hainaut occi-dental), par exemple, on a pris untemps pour réfléchir au pouvoir desmots dans les relations et s’approprierles enjeux de la campagne et son outilphare : « le dico menteur ». Ce petitouvrage recense une série de mots etleur attribue une définition néolibérale,une progressiste et une décalée. Ducôté de Charleroi-Thuin, où se manifes-tait déjà l’intérêt pour les ateliers dedéconstruction de la « novlangue » desJOC, un atelier similaire a débuté àChâtelet. A Gozée, le « dico menteur » aservi de support d’animation pourdébattre des définitions des mots. AMomignies, on est parti d’un quizzpour retrouver les mots d’après leurdéfinition. « Management » a retenul’attention : c’est que des militants sesouviennent bien du management quia sévi à la verrerie du coin. La bonnedéfinition du mot, disent-ils c’est :stratégies tous azimuts pour diviser lestravailleurs ! Le groupe Philo et société (Hainautcentre) a mis au point une animation

de décodage de la novlangue dansdes articles, par exemple. Il l’a testéeavec succès en introduction d’uneconférence publique et prépare aussiun Bingo des mots.A Mouscron, le groupe a aussi choiside débusquer la langue de bois dansla presse. Qui en dispense à foison surtous les sujets et on repère facilementchez qui elle est allée les chercher. Parexemple, elle ne dit pas « bombarde-ments » mais « frappes chirurgicales »et préfère évidemment « inégalités derevenus » à « lutte des classes ».

Enfin, le groupe carolo Braijocepoccompte parmi ses activités la réalisa-tion de contes progressistes et en aachevé deux cette année. Cette fois,ce sont d’autres mots que ceux de lalangue de bois qui sont choisis pourraconter ce que sont vraiment le sys-tème capitaliste et sa stratégie d’ac-caparement. Et comme un vrai conte,ils sont magnifiquement illustrés.Mais ce sont des contes d’aujour-d’hui, et ils sont nourris de valeurs etd’aspirations progressistes. On n’yverra pas de « roi tout-puissant etaimé de tous », ni de « ravissantedemoiselle en détresse ». Il y a desogres, en revanche !

Les mots menteurs

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Tant que nous sommes dans les motsde la novlangue, pointons le « tax shift ».Utiliser un anglicisme sert souvent àservir une soupe frelatée dans unecasserole reluisante. Ça vous a tout desuite un petit air moderne ! Et ça veutdire quoi exactement ? On a de cesmauvais esprits, dans les groupeslocaux, qui ne veulent pas s’en laissercompter et soulèvent le couvercle pourvérifier ce qu’on leur sert. Ainsi legroupe de Liège centre (Liège-Huy-Waremme), qui demande d’un airfaussement naïf « c’est parce qu’on n’apas le droit de comprendre que c’est enanglais ?». Et se précipite sur un articlesyndical pour comprendre quandmême. Au Hainaut occidental, Cominesse dit que c’est le moment de faire uneconférence publique sur l’impôt. EtTournai invite Christian Valenduc pourune formation en bon français sur lafiscalité. Quant à la régionale deBruxelles, elle a passé un certain tempsà étudier la fiscalité immobilière, enperspective d’un tax shift régionalannoncé sur le précompte immobilier.Augmenter celui-ci sans prévoir unencadrement des loyers, c’est fairepeser la charge sur les locataires. Elle adonc réagi par communiqué de presseavec le MOC. Enfin, le Mouvement a poursuivi sonimplication dans le Réseau Justice fis-cale (RJF). Lors du Tax Justice Day du28 mai, le focus était mis sur l’impor-tance de mettre des moyens dans lalutte contre la fraude fiscale. Poursensibiliser le public lors d’une anima-tion à Bruxelles, les EP ont préparé unquestionnaire d’embauche au SPFFinances ; et deux grandes « pyra-mides des inégalités de revenus »complétaient l’information des pas-sants dans le stand. Des distributionsde tracts ont été organisées àCharleroi, à Tournai, à Bruxelles, àLiège, à Namur et au Luxembourg.

Le modèle de développement que nous annonce le projet de traitétransatlantique (TTIP) entre l’Union européenne et les Etats-Unis a de quoi fairefrémir, de même que celui entre l’UE et le Canada (CETA) et celui sur les servicespublics (TISA). Un grand marché transatlantique dans le droit fil de l’expansioncapitaliste, libéré des « dernières barrières douanières » dont on comprend bienqu’il s’agit surtout des règlementations qui protègent (encore) les populationsen matière d’emploi et de conditions de travail, de santé publique et de qualitéde l’environnement. C’est aussi une menace de taille pour la démocratie :l’adoption de dispositifs comme le traitement des différends entre Etats etinvestisseurs auprès de tribunaux privés reviendrait à céder de plus en plus leschoix politiques aux grandes entreprises.

Ce travail s’est poursuivi sans faiblir en 2015. Soit par un travail d’approche desenjeux dans une série de groupes, ce qui a encore eu lieu notamment àMouscron (Hainaut occidental), à Flémalle (Liège-Huy-Waremme) ou à l’écoleconso de Quaregnon (Hainaut centre). Soit pour organiser la sensibilisation dupublic et des mandataires. Généralement, et c’est une condition impérative deréussite, cela s’est construit au sein de collectifs d’associations qui prennent del’ampleur. Ainsi au Brabant wallon, la régionale a répondu à l’appel de la coordi-nation menée par le Centre culturel qui a commandé la conférence gesticulée“Mais où est passé Robin des bois” de Franck Dubonnet. Capitalisme et TTIP aumenu du débat. Cette conférence a également eu lieu dans le Hainaut centreavec l’appui de la régionale et du groupe Philo et Société. Jolimont a réalisé untour du positionnement des différentes communes de La Louvière.

A Charleroi-Thuin, le collectif s’appelle « C’est qui ce TIPP ? » et poursuit son tra-vail d’interpellation du conseil communal, où il a obtenu l’adhésion de trois par-tis, et d’actions publiques sur le marché carolo. A Bruxelles, c’est évidemmentl’Alliance D19-20 qui a mobilisé les militants, notamment pour la manifestationd’octobre devant le Parlement européen, où ils ont invité les manifestants àlancer avec eux des avions de papier portant les « mots menteurs » clés du traité.Dans le Hainaut occidental, des conférences publiques ont été organisées àWasmes, à Mouscron ainsi qu’à Ath sur les trois projets de traités. Le groupe deTournai centre a tenu un stand sur le TTIP au 4e Forum des Simplicités. Le groupe« Transition », aux taquets depuis deux ans a réalisé une vidéo postée sur Youtube(1484 vues) et un PowerPoint afin de vulgariser les enjeux. Et un midi-ciné deTournai a été une nouvelle fois consacré au TTIP pour suivre l’évolution et diffuserl’épisode 1 de la série « Comment je suis devenu pauvre et malade dans unmonde de merde », titre éloquent issu du livre de Bruno Poncelet (du CEPAG), undes lanceurs d’alerte de ces « traités Dracula ».

Le TTIP a été mis sur le tapis lors d’un midi-ciné citoyen de Liège-Huy-Waremme,qui en prépare un prochain. Tandis que la régionale du Luxembourg s’estinvestie dans le collectif « No TTIP » né cette année. Il a organisé cinq séancespubliques et fait le tour des mandataires provinciaux et communaux pour lesinciter à se déclarer leurs communes respectives hors TTIP. Dix ont déjà répon-du. Et à Verviers, le collectif « Traités de libre échange » a mené plusieurs actionsde sensibilisation et obtenu un vote de motion contre le traité dans 17 des 20communes de l’arrondissement.

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Tax shift :et d’abord,pourquoi c’esten anglais ?

Mobilisation massive contre lesTraités Dracula

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Dans certaines régionales, des projetsde consommation alternative, por-teuse d’autres valeurs, sont mis surpied : « la Table d’Autres » et le futurpotager collectif de Dampremy àCharleroi-Thuin ; les « Jeudi de fin demois » concrétisés en 2016 àBruxelles. Du côté de Namur, sile potager collectif d’Onhayen’est plus un projet EP, il pour-suit son activité de productioncollective de légumes. ABarvaux-Condroz, en revanche,le potager partagé se complètetoujours d’un travail d’analyseet d’information, par exemplesur l’enjeu des semences et dela biodiversité. Dans le Hainautoccidental, le jardin solidaire deTournai fait pousser légumes etplantes médicinales et ouvreses portes pour sensibiliser lepublic aux dangers du produc-tivisme agroalimentaire etpharmaceutique. Ces activitésdonnent aussi l’occasion dedévelopper un autre rapport à l’espacepublic. Quant au groupe de Lessinesqui est allé au 4e Forum desSimplicités découvrir les alternatives àl’agriculture intensive, il se verrait bienlui aussi réaliser un projet concret,dans le cadre d’une collaboration avecle plan de cohésion sociale de l’entité.

A Liège-Huy-Waremme, le GAC deWaremme a cessé d’organiser lesachats collectifs après 10 ans d’activité.Difficultés avec des producteurs, eux-mêmes en difficulté pour survivre ;concurrence de la « Ruche qui dit oui ».Il y aurait beaucoup à dire sur le défique représente le maintien d’unealternative dans un système global quis’est standardisé. Mais le groupe n’apas stoppé sa trajectoire de débatspour autant et cherche une solutionpour répondre à ce défi : l’idée d’unecoopérative étendue à l’échelle de laHesbaye a été creusée et soumise aupublic et à des producteurs. Recueillantun réel intérêt, le groupe a obtenu unebourse pour faire une étude de marché.Affaire à suivre.

Derrière l’activité de production/con-sommation alternative, il y a larecherche d’un autre modèle, plus

soucieux de valeurs humaines : c’estparce qu’ils privilégient le lien social etl’entraide que l’atelier conso d’Othée(Liège-Huy-Waremme) ou l’écoleconso de Quaregnon (Hainaut centre)sont allés à la découverte des SEL(système d’entraide locale) de leur

entité et d’un Repair café. C’est aussiparce qu’il s’agit d’une résistance àl’obsolescence programmée desobjets, qui peut commencer à l’éche-lon local.

L’entraide peut s’organiser surd’autres plans. Le film « Marinelada,un village en utopie », déjà approchépar certains groupes l’an passé, a étéprojeté à Leernes et on en a discuté àJumet (Charleroi-Thuin). Le midi-cinéde Tournai a diffusé une émission duCepag sur ce village espagnol où lesloyers coûtent 15 € par mois parcequ’on l’a voulu ainsi, où le travail estpartagé et où les décisions qui concer-nent la vie de l’entité se prennent enassemblée. Une utopie devenue unprojet de vie collective. Non sansquestions, bien sûr (qui vient aux AG,qui prend la parole, qui entretient leslogements… ?) mais un tel projet peutêtre questionné. Le capitalisme,comme chacun sait, ne peut pas êtrequestionné : There is no alternative,nous répond-on.

Restons dans le Hainaut occidental,ou si l’on préfère en Wallonie picarde,région « qui a la frite » ! C’est en effetune terre de culture des patates et le

MOC-CIEP régional a édité un livre« Les Wallons picards ont la patate ».Car il faut conscientiser le public auxréalités de travail et à l’épuisementdes sols accaparés pour la monocul-ture intensive de ces tubercules. Alorsque les petits producteurs locaux s’ef-

forcent d’organiser la culturepar rotation. Un des midis-cinés de Tournai s’est saiside l’enjeu, avec un documen-taire de Notélé.

Pour sensibiliser à une autremanière de vivre, le groupede Tournai centre a pris part,pour sa 4e édition àl’organisation d’un stand auForum des Simplicités, uneinitiative de l’écomusée dupays des collines. Et ilprépare la 5e. De son côté,Comines, préoccupé par leseffets dévastateurs del’usage des énergies fossiles,a organisé deux conférences

publiques qui visaient aussi à montrerles alternatives. Quant au Réseau des10 d’Ath, il a tenu deux conférencespubliques, l’une sur l’agriculture deproximité, avec notamment l’asblTerres en vue qui lutte contrel’accaparement des terres ; l’autre surla régionalisation du bail à ferme, quireprésente une opportunité pourpousser la Région wallonne à modifierson approche.

Dans la régionale de Liège-Huy-Waremme, plusieurs événementspublics ont également vu le jour avecdiverses collaborations pour mettre àl’honneur des changements possibleset en discuter avec les habitants deHesbaye : cultiver autrement ; imaginerune transition énergétique avec leconcours des habitants, desentrepreneurs locaux, desmandataires ; se déplacer en limitantl’usage de la voiture individuelle… Cesmoments parsemés d’exemplesd’initiatives diverses ont réellementcontribué à montrer que (soyonsmodernes) : « there are manyalternatives », si l’on veut bien s’y coller.

Dans la fabrique des utopies réalisables

Atelier “Table d’autres”, récupération des invendus du marché(Charleroi)

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Certes, cela demande du temps. Peut-on, dans notre course effrénée duquotidien, prendre du temps autemps ? Nous en sommes toujours, enbons occidentaux, à vouloir « gagnerdu temps », plutôt qu’à savoir l’habiter.C’est la réflexion du groupe deMouscron, qui se dit qu’il faut un autrerapport au temps pour créer duchangement. C’est aussi l’idée dugroupe Espace Ecologie qui pratiquenotamment les circuits courts et s’estinvesti dans la réalisation d’une fiche« gestion du temps » bien souventpassé plutôt dans la consommationque dans la socialisation.

S’il est une piste de changement quidoit revenir d’urgence à l’avant-plandes politiques économiques et dansles priorités des luttes sociales, c’estcertainement la réduction collectivedu temps de travail. Le groupe « Quelautre développement » l’a beaucouptravaillée à Bruxelles et ne lâchera pasle morceau. Réduire et partager letemps de travail, c’est reprendre le filde la conquête du temps libre pour lestravailleurs dans un monde qui abesoin qu’on prenne du temps pour lepenser (et le panser) ; c’est se donnerdes moyens pour répondre aux évolu-tions technologiques qui réduisentl’emploi ; c’est aussi l’occasion de

grignoter un peu de pouvoir sur lamanière de faire tourner l’économie,car il faudra, forcément, réfléchir à demultiples formules selon les réalitésdes secteurs d’activité. Ça ne peutpas se faire sans les hommes et lesfemmes qui y travaillent !

La réorganisation des six thématiquesd’action pour les années 2012 à 2016a évidemment été opérée en concer-tation étroite avec les entitésfédérées. Nous avons voulu en con-server six afin de préserver la logiqueascendante qui laisse aux groupes etinitiatives locales un grand pouvoir dedécision dans le choix des sujetsqu’ils abordent.

Au terme de la quatrième année de ceplan quinquennal, il se confirme quela réorganisation a correctement tenucompte des lignes d’action à l’œuvredans les fédérations, puisquel’essentiel des activités qui setrouvent hors thématiques relève dutravail d’évaluation et deprogrammation, des comités derédaction ou du temps consacré danscertains groupes à un tour d’horizonde l’actualité.

Ces derniers se situent principale-ment dans la fédération de Verviers

qui en conserve une pratique vivace.C’est aussi le cas de Comines et dugroupe porteur des midi-cinés deTournai, au Hainaut occidental ; et deLiège-centre à Liège-Huy-Waremme.

La plupart des fédérations ont un bul-letin de liaison et/ou un outil de com-munication régional (newsletter, pageFacebook). Trois d’entre elles ont pumettre sur pied un comité de rédac-tion avec des membres de la fédéra-tion et consacrent quelques réunionsà sa réalisation. C’est le cas àCharleroi-Thuin, à Liège-Huy-Waremme et au Hainaut centre.

Des temps de mutualisation dessavoirs qui émergent du travail desprojets locaux sont également àreprendre ici. Toutes les fédérationsen proposent, mais certaines l’articu-lent en fonction de thématiques. Cesmoments servent à rassembler lespersonnes des groupes et projetslocaux, à croiser les enjeux qui se tra-vaillent, à faire émerger des prioritéspour la fédération, à découvrir lesvaleurs partagées quelle que soit ladynamique particulière à chaquegroupe ; à évaluer le chemin parcouruet à déterminer une programmation.

« Le temps défait ce qui se fait sans lui »modèles de développement, modèles de société

Proverbe arabe

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DICTIONNAIrE « LE PETIT MENTEur »

C’est l’outil-phare de cette cam-pagne (dont nous sommes assezfiers !). Le langage utilisé abondammentpar les économistes, les politiqueset les médias nous impose d’accep-ter la dérégulation sociale et l’ac-croissement des inégalités. La répé-tition incessante des mots austé-rité, compétitivité, handicap sala-rial, poids de la dette publique, a unimpact bien réel sur notre emploi(ou pas), sur nos revenus, sur l’en-seignement et l’éducation desenfants, sur nos modes de vie, surnos utopies…

OBjECTIFS :

• Montrer que l’utilisation des motsn’est pas neutre, que le néolibéra-lisme présente souvent demanière positive des mesures quien réalité ont un impact trèsnégatif pour le quotidien desgens.

• Provoquer un déclic qui permetultérieurement une autre lecture(ou écoute) des médias, et doncsusciter l’éveil critique.

La démarche proposée pour aboutirà la publication de ce dictionnaire aété l’appel à collaboration dequelques personnes ciblées : ani-mateurs-permanents, collabora-teurs proches, quelques personnali-tés politiques ou syndicales. Une 2e

version, enrichie des contributionsreçues au cours de la campagne,sera publiée dans le courant 2016.

DES OuTILS D’ANIMATION

Un numéro spécial de la revue Contrastes est complémentaire au dictionnairedans la mesure où il a permis d’analyser plus en profondeur les tenants et abou-tissants de l’idéologie néolibérale, en retraçant d’où il vient et en approfondissantquelques champs d’actions dans lesquels elle fait des ravages : l’emploi, la notionde responsabilité, le crédo de la compétitivité… Ce numéro est également trèsutile pour les animateurs de groupes qui souhaitent se réapproprier desméthodes pour mener des animations sur ce thème. Il est disponible gratuitement sur demande aux EP ou téléchargeable sur le siteinternet.

Des cartes postales ont également été imprimées et distribuées lors de manifes-tations ou d’évènements organisés dans le cadre de la campagne. Nous avons par-ticulièrement soigné notre look lors des actions publiques : Déguisement : longsnez, chapeaux buse, hommes-sandwiches sur lesquels les passants étaient invitésà écrire « des mots qui mentent ». Nous avons tenu à être présents à la manifes-tation du 7 octobre car nous retrouvions dans les projets du gouvernement denombreux « mots menteurs » du néolibéralisme, que la manifestation dénonçait :l’activation des chômeurs, la compétitivité, l’austérité, la flexibilité… Notre pré-sence originale et très visuelle a été remarquée et appréciée des manifestants(nombreuses photos relayées sur les réseaux sociaux). Nous avons également manifesté notre désaccord avec le TTIP (encerclement duParlement européen). Outre une présence visuelle, nous avions confectionné desavions en papier sur lesquels étaient inscrits les "mots menteurs" du TTIP, et queles participants renvoyaient en direction du bâtiment où se réunissaient les négo-ciateurs européens et américains.

Les mots qui nous mententLa campagne de sensibilisation des Equipes Populaires « Démasquons les mots qui mentent ! » vise àdécortiquer, comprendre, déconstruire le langage néolibéral, à dénoncer les stratégies et la réalitésociale qui se cache derrière les mots. Démasquer les mots qui mentent pour révéler "le vrai visage dunéolibéralisme", c'est l'objectif de la campagne de sensibilisation que les EP ont mené à l’automne 2015.

Campagnes : Démasquons les m

ots qui mentent !

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Le Jeu du dictionnaire revisité sur les planches, à la radio, sur le net…

Le 7 novembre, nous avons lancé officiellementnotre campagne de sensibilisation au cocktail d’ou-verture de la Foire du livre politique de Liège. Nous yavons tenu un stand d’information et avons présentéau public notre dictionnaire « Le Petit menteur ».

En s’inspirant de la célèbre émission du Jeu du dic-tionnaire, nous avons joué au « jeu du Dicomenteur »avec les mots de la Novlangue. Définitions néolibé-rales, progressistes ou franchement décaléesétaient proposées aux invités ainsi qu’au public, quiétait aussi appelé à voter pour sa définition préférée.

D’autres éditions de ce jeu ont eu lieu au centreculturel de Dison (Verviers) ou à Bruxelles parexemple, à Mons c’est un monologue qui a été misen scène, celui se basant sur la lettre d’un mana-ger qui traite du plan de sauvetage d’une entre-prise avec traduction simultanée d’un délégué syn-dical. Ils se sont ensuite adonnés à une gymnas-tique des mots : développement durable, compre-nez « le capitalisme de droite », développementsoutenable, comprenez « le capitalisme degauche », développement personnel, comprenez« l’exploitation individuelle ». Trois termes pour nepas prononcer le mot Tabou : Capitalisme. Aprèscette petite « chauffe » de salle, c’est FredDubonnet qui a poursuivi la dynamique avec sonspectacle « Mais où est passé Robin des bois ? ».

A Nivelles, la régionale EP a organisé un Jeu du dic-tionnaire dans le cadre de l’inauguration officiellede la radio web, Radio27.be. L’émission a étéconstruite à partir de mots teintés de néolibéra-lisme : Intérêts notionnels, Tax Shift, Disciplinebudgétaire. Où des invités de choix (Marc Sinnaeve(IHECS), Dominique Watrin (humoriste…) se sontprêtés au jeu des définitions. A Namur, c’est laradio universitaire namuroise qui à animé le Jeu duDicomenteur dans le cadre de l’émission radio"Namur Chouette". Les candidats étaient invités àchoisir une définition parmi 3 propositions : unenéolibérale, une progressiste et une humoristique.Le candidat pouvait se faire aider par le public etles auditeurs étaient invités à voter pour choisir labonne définition. Ensuite, un commentaire étaitfait sur le sens des mots dans une vision néolibé-rale de la société.

Nous avons également collaboré avec l’école sociale de Namur Hénallux. Où nous leuravons proposé un exposé suivi d’un débat sur les mots du néolibéralisme avec desétudiants de 2e master en ingénierie sociale. Ce public était particulièrement sensibleet intéressé à la fois par le thème de la campagne et par la méthodologie pour « fairecampagne » en éducation permanente.C

ampagnes : Démasquons les m

ots qui mentent !

Mais aussi…

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Cartes de crédit, offres conjointes,cartes de fidélité, promesses degains… Le thème traduit le messageque "rien n’est gratuit", contrairementà ce que laissent souvent penser lapublicité et le marketing. Il cadre bienau message de consommation res-ponsable (crédit et autres) qu’onessaie de faire passer auprès dupublic de nos associations et dansl’opinion publique. Notre messageconcerne l’ensemble de la population,mais nous avons ciblé particulière-ment les 18-25 ans qui sortent del’école, qui touchent leur premiersalaire ou allocation et qui se laissentfacilement tenter par les offres publi-citaires alléchantes.

Organisée par 31 associations francophones et néerlandophones, la journée sans crédit a pourobjectifs de sensibiliser les consommateurs aux dangers du crédit facile et de formuler desrecommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la protection des consommateurs les plusfragilisés. Les Equipes Populaires sont depuis 2004, à l’initiative de cette journée de sensibilisationqui a désormais lieu chaque année le dernier samedi de novembre.

« Trop beau pour être vrai ! »

La Journée sans crédit en actions !Nous avons tenu un stand d’anima-tion à Liège, Mons, Namur etBastogne.L’animation de cette année tournaitautour d’un jeu-concours « Sunrêve »où il était possible de gagner une mini-croisière. On distribuait des billets àgratter aux passants. Les personnesqui répondaient correctement à troisquestions gagnaient une croisière…en Namourette sur la Meuse, clind’œil aux pratiques douteuses de cer-taines publicités qui promettent descadeaux mirobolants qui n’en sontpas vraiment !

On leur proposait également de se ren-dre à l’arrière du stand où elles étaientprises en photo devant un paysageidyllique. Des accessoires étaient misà leur disposition (chapeaux, lunettesde soleil, collier hawaïen...). Les photosprises durant les activités ont été diffu-

sées sur le site internet de la JSC et surFacebook. Et notre activité phare quise situait comme chaque année rueNeuve, en plein centre commercial, amalheureusement dû être annuléeétant donné le niveau de la menaceterroriste (niveaux 3 et 4 dans les joursqui ont précédé). Il était prévu lemême type d’animation qu’enWallonie, avec une infrastructure ren-forcée (sonorisation, distribution desoupe…).

A Molenbeek également, l’animationqui devait avoir lieu sur le marché heb-domadaire le 26 novembre n’a pas puavoir lieu pour cause d’annulation dumarché. L’activité prévoyait commel’année passée des jeux et distribu-tions de supports de la JSC, en parte-nariat avec la Commune deMolenbeek et certains services demédiation de dettes.C

ampagnes : Journée sans crédit

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Des outilsUn « guide pratique du jeune consommateur »a été édité dans le cadre de l’action 2015. Ilcontient des informations utiles pour les jeunes,en particulier ceux qui deviennentfinancièrement autonomes : pourquoi etcomment faire un budget, à quoi il faut êtreattentif quand on signe un contrat de vente ouun crédit, comment repérer les offrescommerciales un peu trop alléchantes, quel typed’acheteur on est, le rôle de la publicité, lesconseils lors d’achats par internet, que fairequand on a des ennuis…

Les Billets à gratter créés autour de trois thèmes(achats sur internet, contrats d’abonnement,crédits) invitaient les personnes touchées lorsdes actions de rue à répondre à des questionsliées aux pratiques commerciales dénoncées parla plateforme Journée sans crédit. Le but était derépondre correctement aux trois questions pourgagner une « croisière ».

A la veille de la Journée sans crédit, des étudiants de l’Hénallux de la sec-tion sociale de Namur et les représentants de la plateforme Journée sanscrédit ont rencontré des députés au Parlement de Wallonie, en présencede Robert Javaux, représentant du ministre wallon de l’Action sociale,Maxime Prévot, et de parlementaires issus des partis Écolo, MR et cdH.

Cette interpellation politique constituait le point d’orgue d’un travail deréflexion lancé en septembre avec les étudiants de 3e BAC de l’Hénalluxen collaboration avec la plateforme Journée sans crédit. Le thème decette année ? « Consommation, crédit et endettement : Vers des poli-tiques de prévention notamment à l’égard des jeunes ».

Les étudiants ont exprimé leur avis et posé des questions sur 5 thèmes :les budgets consacrés à la prévention et au traitement du surendettement,le crédit, la problématique de l’insolvabilité structurelle d’un nombre crois-sant de personnes, le rôle des services de médiation de dettes, les priori-tés des mandataires politiques wallons en matière d’action sociale.

La plateforme a par ailleurs pu mettre en avant tout le travail qu’elle réa-lise depuis 12 ans en termes de sensibilisation du public et de soutienpédagogique aux associations de terrain.

- La lutte contre les offres « gratuites » mensongères et trompeuses doit être une priorité dans la protection des consom-mateurs.

- Publicités mentionnant le mot « gratuit » : uniquement si la gratuité est sans conditions et sans aucun frais. - Sanctionner les publicités trompeuses pour les crédits à 0 %. - Interdire d’offrir de l’argent gratuit dans des publicités pour produits/services financiers. - Une meilleure information du consommateur lors de la signature d’un contrat. - Améliorer les possibilités de recours auprès des ombudsmen ou en justice.

Les recommandations complètes sont disponibles sur www.journeesanscredit.be

Les recommandations 2015

Campagnes : Journée sans crédit

Un débatau Parlement wallon

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L’ensemble despublicationsproduites auxEquipes Populairessont bien sûr en lienavec le travail fournipar nos groupes oupar les différentsniveaux dumouvement. Ellesrendent compte desavancées, du travaild’analyse et decritique produit parle mouvementet/ou constituentune base de travailpour aller plus loindans l’analyse etl’action.

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Bulletin de liaison des Equipes PopulairesSupplément à Contrastes no 171, Novembre - Décembre 2015

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Les mots qui mentent !DEMasquons-

Fl�ibilitéCompétitivité

Austérité ...

Lancement de la campagne à Liège, pages 10‐12

N° 45 - Décembre 2015 - 7 €

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Equipes PopulairesRue du Lombard, 85000 Namur - 081/[email protected]

Fin 2014, les Equipes Populaires du Brabant wallon ont décidé d’explo‐rer une méthode nouvelle d’animation en éducation permanente : les his‐

toires digitales…

Un détour par l’hémisphère sud, et plus particulièrement par le Guatemala,permit de vérifier la pertinence de cette méthode. Mise en œuvre par une ONG

belge dans les écoles des communautés mayas de l’Altiplano, l’accueil que luiréservèrent éducateurs et enseignants chargés de l’essaimer dans leurs classes fut

encourageant.

Les ateliers de création des histoires digitales font partie, depuis mars 2015, des acti‐vités menées par les Equipes Populaires.

La méthode, si elle n’est pas neuve, s’inscrit d’une manière particulière dans le secteurde l’éducation permanente. Là, elle plante ses racines dans le quotidien souvent cha‐huté d’hommes et de femmes, jeunes ou adultes, qui ont pour dénominateur commund’être pris dans un étau de réalités mondialisées qui, tout en les dépassant, n’en ontpas moins un impact sur leur vie. Mieux comprendre ces enjeux pour leur apporterl’éclairage du vécu à travers les histoires digitales, c’est à la fois une démarchecitoyenne mais aussi un acte de résistance.

En invitant les participants à se pencher sur un moment significatif de leur histoirepuis à le partager avec d’autres, il s’agit de leur permettre l’accès à une citoyennetéactive ; cela en renforçant leur capacité à "raconter, questionner, analyser, débat‐

tre, revendiquer".

L’histoire que nous allons vous raconter est en train de s’écrire, au Nord et auSud de la planète, avec tous ceux qui participent aux ateliers de création d’his‐

toires digitales proposés par les Equipes Populaires et par l’asbl Comundospour l’ONG Disop.

L’utilisation créative des nouvelles technologies de l'information et de la communication en éducation permanente, porteuse d’émancipation sociale ? Laurence Delperdange

Les histoires digitales

Dossier pédagogique des Equipes PopulairesBimestriel n°170 • Septembre - Octobre 2015

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Dossier pédagogique des Equipes PopulairesBimestriel n°171 • Novembre - Décembre 2015

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Jeunes:L’AUTONOMIE EN SURSIS

Publications, analyses et études Nos écrits au service de l’action

Publications

Retrouvez nos articles sur notre site Internet :

www.equipespopulaires.be

• Droit de grève et droit au travail : Amis ou ennemis ? janvier - février 2015• Régionalisation du logement : Une occasion à ne pas manquer ! mars-avril 2015• Préjugés : Mieux vaut en rire ? Pas sûr... mai-juin 2015• Propriété privée : un droit naturel ? juillet-août 2015• Démasquons les mots qui mentent ! septembre-octobre 2015• Jeunes : L’autonomie en sursis novembre-décembre 2015

• L’allocation universelle : Plus de liberté... moins de solidarité ? Xavier Dubois et Christine Steinbach, octobre 2015

• Les histoires digitales Laurence Delperdange, décembre 2015

• L’impossible dressage des ramiers janvier - février 2015• Mobilisation contre les exclusions mars - avril 2015• Solidarité avec les réfugiés et le peuple grec juillet - août 2015• Deux campagnes en novembre septembre - octobre 2015• Démasquons les mots qui mentent ! novembre - décembre 2015

• Les Bruxellois peuvent s’enorgueillir de leur protection sociale ! Thibaud De Menten, février 2015

• Pour un saut d’index… des loyers abusifs Thibaud De Menten, avril 2015

• Partenariat CPAS-Education permanente : Un levier d’action pour faire face à la violence du système ? Christine Steinbach, Juillet 2015

• Rôle de l’Etat dans la logique néolibérale : A qui profite le "laisser-faire" ? Christine Steinbach, septembre 2015

• Le Logement public à l’épreuve de l’austérité Christine Steinbach, octobre 2015

• Pour une réforme fiscale bruxelloise ambitieuse, permettant une juste perception de l’impôt régional et communal Thibaud De Menten, octobre 2015

COLLECTION « CONTRASTES »

COLLECTION « POINTS DE REPERES »

COLLECTION « LA FOURMILIERE »

COLLECTION « QUESTION DE POINT DE VUE »

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Page 30: PLUS ÉGALITÉ - Les Équipes Populaires

Que demandons-nous ?

AlimentationLe mouvement soutient les revendications liées au principe de souveraineté alimentairedes peuples. Ce principe induit notamment le droit à une alimentation saine et accessi-ble pour tous, un prix juste et des modes de production qui n’épuisent pas les ressourcesnaturelles. Nous nous intéressons aussi au fonctionnement de la grande distribution : sicelle-ci a sa place dans la société, elle doit répondre de la manière dont elle assure lerespect des droits des travailleurs et favorise les produits locaux. Enfin, nous plaidonspour un étiquetage des produits plus lisible, plus compréhensible et plus adapté à leursbesoins.

EnergieEn ce qui concerne l’énergie, les Equipes Populaires revendiquent le droit à l’accès detous et plaident pour une politique énergétique durable. Avec la Coordination Gaz-Elec-tricité-Eau de Bruxelles et le Réseau wallon pour l’accès durable à l’énergie, nous plai-dons pour une tarification solidaire et progressive de l’électricité. Nous dénonçons ledispositif wallon des compteurs à budget, qui déresponsabilise les fournisseurs face auxdifficultés de paiement des clients et nous demandons que la Région wallonne s’inspiredes dispositions bruxelloises. Nous plaidons encore pour que les pouvoirs publics sou-tiennent les ménages à faibles revenus et favorisent leur accès aux économies d’éner-gie et aux énergies renouvelables.

Crédit - Protection des consommateursSous l’impulsion des Equipes Populaires depuis plus de 10 ans, la Journée sans créditdénonce les pratiques des sociétés de crédit et fait des propositions législatives pourmieux les encadrer. En 2014, la plateforme a également ciblé d’autres pratiques commer-ciales agressives et pas seulement celles liées au crédit (facture de GSM exorbitante,achat impulsif sur internet…). Elle insiste pour que les autorités publiques fédéralesinvestissent davantage dans le contrôle du respect de la législation.Non au démarchage intempestif : La plate-forme dénonce les abus en matière dedémarchage téléphonique et à domicile. une meilleure information : Toute personnenon juriste doit pouvoir comprendre ses droits et ses obligations et comparer les offres.Texte complet des recommandations sur www.journeesanscredit.be

PublicitéNous avons pris position pour une diminution de la publicité dans l’espace public et dansles outils de service public. Nos recommandations portent sur la protection des plusjeunes (pas de pub à la RTBF jusque 19 ou 20h) ; sur le respect de l’intérêt général, par-ticulièrement en matière de santé et d’énergie (stop à la pub pour les modes de trans-ports polluants). Nous nous opposons également à l’intrusion publicitaire que constituele démarchage téléphonique. Plus généralement, nous prônons un débat public sur laplace de la pub et une plus grande régulation de ses pratiques par la création d’un conseilfédéral de la pub.

Citoyenneté communaleEn ce qui concerne la citoyenneté dans la commune, nous insistons tout particulière-ment pour que l’on favorise les dispositifs de participation permettant aux citoyens deprendre part aux débats sur les questions qui les concernent. Il faut notamment amélio-rer l’information visant à une publicité active des débats politiques, multiplier les com-missions consultatives, mettre en place des assemblées ou « forums » citoyens et créerdes « Maisons de la citoyenneté ».

Au départ de la multitude des questions soulevées par les groupes locauxdu mouvement, les Equipes Populaires ont formulé depuis plusieursannées un grand nombre de revendications. Pas de liste exhaustive ici. Mais une synthèse des principales recomman-dations que nous portons. Aussi bien par le travail de terrain que par descampagnes d’action ou via la participation à des plateformes associatives.

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EmploiDans le domaine de l’emploi, nous portons de longue date la revendication d’une réduc-tion collective du temps de travail, avec maintien du salaire et embauche compensa-toire. Cela répond à une exigence économique, sociale et environnementale. Noussoutenons, avec Solidarité mondiale, le droit à un travail décent sur le plan internatio-nal, ce qui implique entre autres des conditions de travail correctes, un salaire suffisant,ainsi que le droit de se syndiquer. Nous plaidons avec d’autres pour la création d’emploisdurables, en particulier dans le domaine public et non-marchand ; et le relèvement desbas salaires.

ImmigrationEn matière d’immigration, le Mouvement aspire à une véritable démocratie multicultu-relle, fondée sur les valeurs de respect, de tolérance, d’ouverture et d’égalité. En ce quiconcerne la régularisation des personnes sans papiers, nous plaidons avec le Mouvementouvrier chrétien pour une procédure permanente et des critères de régularisation clairs.Enfin, il faut assouplir les règles relatives à la protection internationale du réfugié et à sonstatut.

LogementLe droit à un logement décent est une denos préoccupations majeures. Pour leconcrétiser, nous plaidons pour un encadrement des loyers privés, sur base de critèresobjectifs, en privilégiant le mode de la concertation. Nous demandons aussi de faire res-pecter tant l’obligation d’affichage du prix des loyers, que celle d’enregistrement desbaux écrits. Nous soutenons également la revendication du développement et de larénovation du parc de logements sociaux. Il convient aussi de promouvoir les Agencesimmobilières sociales et d’activer les politiques de lutte contre les logements vides.Enfin, en ce qui concerne la garantie locative, nous plaidons pour la création d’un fondsmutuel régional, universel et obligatoire.

Justice fiscaleLa justice fiscale est indispensable pour assurer une meilleure redistribution desrichesses. Pour cela il faut commencer par rendre effective la levée du secret bancaireen Belgique. Nous demandons également, avec le Réseau Justice fiscale, l’instaurationd’un impôt sur les grandes fortunes. Nous plaidons aussi pour un rééquilibrage, d’unepart en réduisant la pression fiscale sur le travail et d’autre part, en faisant contribuerd’autres revenus financiers (plus-values sur titres, options…). Par ailleurs, une réflexions’impose dans le but de réviser le système des intérêts notionnels.

Sécurité socialeLa Sécurité sociale est le meilleur paravent construit par une société pour prémunir lesindividus des aléas de l’existence. Il faut préserver ce système d’assurance solidaire destentatives de privatisation, notamment en matière de soins de santé, et le renforcer pourrencontrer les nouveaux besoins. Les Equipes Populaires plaident en particulier pour lerelèvement des revenus de remplacement et refusent que la responsabilité du chômagesoit attribuée aux chômeurs. En ce sens, le plan d’activation de ces derniers, trop portéà l’exclusion, doit être remplacé au profit d’une véritable politique d’accompagnementdes personnes. D’autre part, nous demandons la suppression du statut de cohabitant.

Services publicsLes services publics constituent un autre rempart précieux contre la pauvreté. Le mou-vement plaide pour leur maintien et leur développement de façon à garantir la satisfac-tion universelle des droits humains, économiques et sociaux. Les secteurs vitaux (santé,éducation, eau, culture, environnement, services sociaux, logement social, audiovisuel,transport et énergie) doivent être soustraits des accords commerciaux internationaux.Nous dénonçons la logique européenne de l’austérité qui prive les Etats des moyens d’as-surer ces services à leur population. Et nous nous opposons aux projets de traités com-merciaux tels que le TTIP et le CETA.

Mobilité des personnesLa mobilité des personnes requiert à nos yeux un renforcement et une amélioration del’offre de transports publics. Il faut favoriser les modes alternatifs à la voiture et envisa-ger la mobilité en cohérence avec les politiques publiques d’aménagement du territoire,de développement économique et de logement.

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modèles de déveloPPement,modèles de société“There are many alternatives”• L’Europe des ajustements budgétaires• Les mots menteurs• Tax shift : et d’abord, pourquoi c’est en anglais ?• Mobilisation massive contre les Traités Dracula• Dans la fabrique des utopies réalisables• “Le temps défait ce qui se fait sans lui”

Avec le soutien de

sommaire

Questions de consommationL’alternative comme résistance au système• Les écoles conso, un chemin d’émancipation• Peu de sous, mais beaucoup de savoir-faire !• Attrape-moi si tu peux !• Changeons le menu !• Comprendre sa consommation énergétique…

citoyenneté, démocratie etPolitiQuePolitiques « Souriez, vous êtes surveillés ! »• TTIP game over• Rien n’est venu du ciel• Des choses de la vie aux histoires digitales 7 20

camPagnes• Démasquons les mots qui mentent !• La Journée sans crédit

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vivre ensembleAbattons le mur des préjugés• Susciter le dialogue entre les cultures• Ce que ne nous apprennent pas les médias• Abattons le mur des préjugés• Rendre visibles les invisibles 10

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revendications du mouvement• Que demandons-nous ?

Ce dossier a été réalisé par : Christine Steinbach et Claudia Benedetto Mise en page : Hassan Govahian Ed. resp. : Ch. Steinbach, 8 rue de Lombard, 5000 Namur • Supplément à Contrastes Septembre-Octobre 2016

emPloi, Protection sociale etservices collectiFsPolitique d’emploi La centrifugeuse de l’exclusion• S’activer, jusqu’où ?!• Il nous reste encore beaucoup à gagner !• Le droit de grève est légitime ! 14

Publications, analyses et études• Nos écrits au service de l’action

29Pauvreté et exclusionInégalités sociales en croissance constante• Naissance d’une plateforme régionale wallonne• Agrandir le parc public est vital• Questions pour un champion… du logement• Enquêter sur les inégalités sociales• 600 euros pour ça ?! 16

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