Platt 1978 Symétries en miroir

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 , Economies Sociétés ívílisations 33 e ANNÉE - N °s 5-6 SEPTEMBRE-DÉCEMBRE 1978 N u méro spécial ANTHROPOLOGIE HISTORIQUE DES SOCIÉTÉS ANDINES , , ... Eco/ogie et socíété : O. DOLLFUS, Une mosai  que écologique. - L. NUNEZ, L évolution millénaire d  une vallée. - A. M. LORANDI, Les << horizons>> andins L État et les e thníes : J. V. MURRA, Guerres et rébellions dans l expansion inka. - C. MORRIS, L étude archéologique de l échange. - J. BERTHELOT, Mines et métaux précieux. - F. SALOMON, Systemes politiques aux marches de l Empire · Systemes de c/assí{icatíon : F. G. LOUNS BURY, La parenté inca. - J. A. FLORES OCHOA, Taxinomies animales. - V. CERECEDA, Sé mio logie des tissus andins Représentatíons et pratíques symbolíques : R. T. ZUIDEMA, Lieux sacrés et irri gation. - T. BOUYSSE-CASSAGNE, L  organisation de l espace aymara. - T. PLA TT, Symétries en miroir. 0. HARRIS, De l asymétrie au triangle : transformations symboliques Des ethnies aux communautés: N. WACHTEL, Le probleme uru . - T. SAIGNES, De la filiation a a résidence. - A. FI ORAV ANTI -MOL INIÉ, La communauté aujourd hui Recherches andínes Revue bimest rie/le publiée avec le concours du C.N.R . S RM ND COLIN

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Antropología Andes

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    Economies Socits Cvlisations

    33e ANNE - Ns 5-6 SEPTEMBRE-DCEMBRE 1978

    N u mro spcial ANTHROPOLOGIE HISTORIQUE DES SOCITS ANDINES

    , , ...

    Eco/ogie et soct : O. DOLLFUS, Une mosai'que cologique. - L. NUNEZ, L'volution millnaire d'une valle. - A. M. LORANDI, Les > andins

    L'tat et les ethnes : J. V. MURRA, Guerres et rbellions dans l'expansion inka. - C. MORRIS, L'tude archologique de l'change. - J. BERTHELOT, Mines et mtaux prcieux. - F. SALOMON, Systemes politiques aux marches de l'Empire

    Systemes de c/ass{icaton : F. G. LOUNSBURY, La parent inca. - J. A. FLORES OCHOA, Taxinomies animales. - V. CERECEDA, Smiologie des tissus andins

    Reprsentatons et pratques symbolques : R. T. ZUIDEMA, Lieux sacrs et irri-gation. - T. BOUYSSE-CASSAGNE, L'organisation de l'espace aymara. - T. PLA TT, Symtries en miroir. -0. HARRIS, De l'asymtrie au triangle : transformations symboliques

    Des ethnies aux communauts: N. WACHTEL, Le probleme uru . - T. SAIGNES, De la filiation a la rsidence. - A. FIORAV ANTI-MOLINI, La communaut aujourd'hui

    Recherches andnes Revue bimestrie/le publie avec le concours du C.N.R .S .

    ARMAND COLIN

  • Tristan Platt

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    doi : 10.3406/ahess.1978.294001

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_5_294001

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    SYMTRIES EN MIROIR LE CONCEPT DE YANANTIN CHEZ LES MACHA DE BOL/V/E

    A vec le renouveau des tudes andines du aux approches ethnohistoriques de J. i\1urra ( 1956. etc.) et de T. Zuidema ( 1964. etc.). l'analyse des systemes de reprsentation andins est entre dans une poque nouvelle. En caractrisant les diverses institutions locales selon les dimensions et la complexit du contexte social ou elles fonctionnaient en identifiant les problemes cologiques et sociaux qu 'elles devaient permettre de rsoudre. rvl urra mettait au jour une perception et une organisation de respace andin originales. reposant sur le controle direct de ressources tres disperses. de la fort tropicale a la cte du Pacifique. par un centre de pouvoir situ a diffrents niveaux sur les hautes terres (Murra. 1972). De son ct Zuidema suggrait. dans une tude de rorganisation sociale de Cuzco. qu'a l'ayllu andin ne correspondait pas une dfinition unique: il rendait compte de ces ambiguits en les repla

  • PRATIQUES SYMBOLIQUES

    que cette analyse peut servir de rfrence a des comparaisons inter-rgionales a venir.

    On pose ici une continuit fondamentale entre le xv1e siecle et l'poque actuelle. Elle ne devrait pas proccuper excessivement les historiens. La production domestique est la base de l'agriculture prcolombienne comme elle commande l'activit du petit exploitant au xxc siecle. Cest done a ce niveau que les laborations idologiques les plus riches se situent. Malgr les consquences potentiellement dissolvantes d'une structure administrative trangere et d'une conomie de march en expansion sur la socit dualiste des Macha. la dualit fondamentale de la pense andine - l'opposition homme/femme commande encore les conditions de reproduction des mnages paysans.

    a) Considerations prliminaires La publication d'un document du xv1e siecle, le "Memorial" de los Charcas

    (Espinoza, 196 7), a permis d'identifier les Macha actuels comme les descendants du groupe ethnique qui dominait la fdration prhispanique des Karakara. Cette fdration comptait environ I O 000 familles et s'tendait sur un immense territoire : au sud elle atteignait la frontiere des Chicha (bassin du Pilcomayo) ; au nord. elle tait allie, dans le cadre d'une organisation dualiste. a la fdration voisine des Charka, d'une population similaire, qui semble avoir t domine par le groupe ethnique des Sakaka. Les deux capitales de la Confdration - dont la population totale peut etre estime a environ 100 000 ames - taient situes a Sakaka et a Macha, ou rsidaient les deux chefs principaux.

    Le xv1e siecle vit le dmantelement progressif de la Conf dration. et le morcellement des groupes ethniques qui la composaient. Sans entrer dans le dtaiL notons simplement que lorsque le vice-ro Francisco de Toledo vint rduire les indiens Karakara, entre 1570 et 1575, nous trouvons dja la mention de deux bourgs, San Pedro de Macha dans la puna et San Marcos de Miraflores dans la valle, qui sont aujourd'hui encore les centres politiques et religieux des Macha 2. Dans un document dat de 1579. les Macha dfendent leurs droits a maintenir des uchucamayos (cultivateurs de piment) a Karasi, dans les valles chaudes, ou de nombreux Macha rsident encare. 11 s'agit de dix uchucamayos, un pour chacun des dix ayllu de Macha 3 : cette division dcimale, toujours en vigueur, tmoigne d'une continuit fondamentale des temps prcolombiens jusqu 'a nos jours.

    Les Macha comptent aujourd'hui plus de l O 000 ames. Comme chez les autres groupes du Nord-Potosi. entre les habitants des valles et ceux de la puna circulent leurs produits respectifs. Leur territoire forme une bande continue qui s'tend des terres hautes aux terres ba.sses sur plus de cent kilometres. Les secteurs les plus bas de la valle ont t partiellement envahis par des agriculteurs non macha, d'ou une forte pousse sur les terres encore vacantes.

    La plus grande unit sociale est constitue par l'ayllu macha lui-meme, groupe thoriquement endogame, au territoire dlimit. Le terme ayllu tant utilis dans quatre acceptions distinctes, j'appellerai celui-ci l'ayllu maximal. Il est divis en deux moitis (ayllu majeurs). Aransaya (ou Alasaya) et Urinsaya (ou Majasaya): 1082

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    m 3 000

    2 000

    1 000

    S.O.

    Ajtara 1

    Ocur1 Guadalupe

    P U NA

    San Marcos de M1ralla res

    VAL L E

    F1c. 1. - Coupe a travers le pays macha

    N. E.

    Caras ,

    ces noms signifient respectivement moiti d'en haut et moiti d'en bas ; ils taient couramment employs au sud du Prou et en Bolivie dans le cadre des socits dualistes qui y furent nombreuses autrefois. Chacune de ces moitis est subdivise en cinq ayllu mineurs - soit les dix ayllu mentionns en 1579 -, chacun avec son nom traditionnel. Enfin, ceux-ci sont a leur tour fragments en un nombre variable d'ayllu minimaux, galement appels cabildos : de nos jours, comme aux temps coloniaux, c'est a ce niveau qu'est lev l'impt sur les familles.

    MACHA

    ~ Aransaya Urinsaya

    4~ ~~ AlaQuyana Alapicha Sullkhawi Waraqhata Taphunata Majauyana Majapicha Sullkhata Wakhuata Kunthawata

    4~ ~~ Ayllu minimaux Ayllu minimaux

    4~ ~~ G rou pes pat r1loc a ux Gro upes patr i locaux

    4 ~ ~~ Un its domestiques Units dom estiques

    F1G. 2. - Structure institutionnelle des Macha

    Les membres de chaque ay llu minimal sont aussi, par dfinition , membres des ayllu mineurs et majeurs correspondants. Cependant. aucun de ces ayllu, a quelque niveau que ce soit, ne forme une unit territoriale continue : chacun est constitu de terres disperses entre la puna et la valle. Dans la valle il y a meme de minuscules lopins, parfois occups par un seul foyer. qui appartiennent a un ayllu minimal, mineur et/ ou majeur diffrent de celui de ses voisins. Bien qu'on ne puisse ici entrer dans le dtail de cette disposition en iles 4 , rappelons qu 'en

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  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    prncipe. et le plus souvent dans les faits. le segment puna de chaque ayllu minimal a sa contrepartie dans la valle, meme si les superficies varient considrablement. Ceux qui n exploitent pas de terres dans les deux zones a la fois s'assurent des relations d'change grace a un rseau de parents et d'allis dans les deux secteurs.

    Pendant la saison seche. entre mai et aot. lorsque la rcolte de la valle a lieu. les hommes de la puna descendent chercher du ma'is. du piment. du miel et du bois. et apportent en change du sel (des salines et des mines de la puna), du chuo (pommes de terre dshydrates). de la laine. des tissus, de l'argile. etc. D'innombrables caravanes de lamas descendent a cette poque : ils se dplacent lentement et paissent en cours de route: aussi le voyage peut-il durer jusqu'a deux semaines.

    Les droits d'usufruit sur la terre se transmettent suivant une ligne patrilinaire. chaque fils en age de se marier recevant une partie de l'hritage ; normalement le plus jeune fils reste a la maison paternelle. Le mariage virilocal est done d'usage: mais s'il n'y a pas de fils, la terre peut etre transmise aux filies qui deviennent alors des partis tres sollicits : la rsidence est done alors uxorilocale. Les freres qui --- dans le schma idal - ont hrit des parcelles de leur pere, forment un groupe collectif qui s'unit pour dfendre les droits de chacun contre les empitements des voisins. Un ayllu mini mal est constitu par un nombre variable de tels groupes. Si un frere meurt sans descendance. ses parcelles reviennent normalement au groupe fraternel. et la veuve retourne a la maison de son pere. Mais la naissance des enfants consacre le len conjuga! qui au dpart s'opposait au prncipe d'unit des freres : aussi permet-on a une veuve avec enfants de rester sur les terres de son mari.

    L'alcalde (souvent remplac aujourd'hui par le dirigeant syndical) est l'auto-rit indienne qui correspond a I'ayllu minimal, recrut chaque anne par rotation parmi les membres de l'ayllu. Les ay/lu mineurs et majeurs sont respectivement repr~~ents par dix jilanqus et deux kurakas choisis parmi les \facha de la puna (bien qu'en prncipe leur autorit s'tende galement a la valle). La puna domine ici la valle. car la tradition veut qu'a rorigine cette derniere n'ait t qu'une colone essaime des hautes terres 5

    b) La dualit cologique Considrons maintenant la rpartition rgionale des l\1lacha entre la puna et la

    valle. La puna est gnralement dsigne comme rgion froide >> frhirirana) ou rgion haute (pata rana), et la valle comme rgion chaude (q 'wiirana) ou rgion basse (urarana). L'opposition entre ces deux zones gographques conduit a une seconde division dualiste qui recoupe l'organisation en ayllu et moitis. Mais si ces catgories relevent du paysage andin. elles ne dsignent pas simplement des discontinuits naturelles. Les gradations entre la puna et la valle sont imperceptibles ; il existe en fait de nombreux microclimats a l'intrieur de chaque rgion, et on s'efforce de rpartir les parcelles entre les fils a tous les niveaux auquels on a acces.

    Bien plus, il existe une zone intermdiaire, le chawpirana ( rgion du milieu ) ou ron cultive le ma'is nain (sara ch 'isiwayu). Les habitants de cette zone passent pour gens de la puna aux yeux de ceux de la valle. et pour gens de la valle aux yeux de ceux de la puna. En fait, dans le cadre des ayllu minimaux,

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  • T. PLATT SYMTRIES EN MIROIR

    certains segments de puna sont situs aux tages suprieurs du chawpirana, et certains segments de valle a ses tages infrieurs. 7vtais si cette discontinuit est floue dans la nature. elle se prcise conceptuellement a travers un ensemble de croyances. de telle sorte qu'elle se convertit en un principe rgulateur d'orga-nisation sociale.

    U ne discussion a ainsi oppos mon assistant. \\/ agner Oporto. cultivateur de la valle. et mon h6te de la puna. Santiago Carvajal. a propos de la prparation du ch 'wiu. Le ch 'wiu provient de tubercules exposs longuement aux violents contrastes de temprature de la puna : c'est une nourriture dont la conservation est bien suprieure a celle du tubercule d'origine. On le considere comme un produit spcifique de la puna. bien qu'on puisse galement J'obtenir aux tages les plus levs de la valle. Je demandais : Pourquoi ne cultive-t-on le ch 'wiu que sur la puna? >> ~fon hte prtendit d'abord qu'il ne gelait pas dans la valle: mon assistant rtorqua que si. \1on hte assura alors qu'on ne produisait pas suffisamment de pommes de terre dans la valle : or. fit observer mon assistant. on en cultive des quantits considrables. Finalement. mes deux interlocuteurs s'accorderent pour dire que si on prpare si peu de ch 'wiu dans la valle. c'est parce que les lndiens craindraient. ce faisant. de perdre leurs autres rcoltes. Ainsi est prserv le role du ch 'w1u dans les rapports d'changes entre puna et valle.

    On voit que la division des produits entre puna et valle est en partie seulement dicte par les facteurs cologiques : des regles culturelles doivent intervenir pour parfaire une discontinuit que la nature ne fait que suggrer. afin de l'instituer comme principe d'organisation sociale. D'autres croyances confirment cette proposition. Par exemple. si on voit le renard foll{i) se diriger vers le haut en septembre (poque des semailles). on pense que l'anne sera fconde sur la puna : mais si on le voit descendre. l'anne sera bonne dans la valle. De meme. si le renard excrete les pelures de pommes de terre. la puna sera prospere. mais s'il excrete des dchets de mais. la rcolte sera abondante dans la valle. D'autre part. deux nbuleuses sont associes respectivement a la puna et a la valle: si l'une est plus brillante que rautre, ranne sera bonne dans la rgion correspondante. Mais aucune de ces croyances ne mentionne le chawpirana.

    On peut done suggrer que le modele macha est dualiste en dpit de la gradation naturelle qui. tant dans les faits que dans les ides. assure la mdiation entre les ples opposs. Notons ici la convergence entre l'ethnocologie des :\,facha et les modeles des gographes occidentaux. Dans la carte d'apres Car! Troll sur les variations go-cologiques dans les Andes (p. 905). !'aire occupe par les Macha est traverse par la limite infrieure de l'arbuste t 'ula (Lepidophyllum). Or. le t'ula se trouve sur les terres les plus hautes du chawpirana, mais ses limites ne sont pas clairemem marques sur le sol : c'est un modele. non une photographie arienne. La lgne de Trol!. sparant la puna de la valle, apparait done elle-meme commc une reprsentation formelle de la zone intermdiaire que les Macha appellent chmrpirww. Le renforcement des dualits polaires trouve ainsi un cho dans l'cologie scientifique : Troll et les :\,facha s'accordent quant aux principaux traits cologique~ du paysage : mais la ou la reprsentation scientifique peut liminer le clzmrpirana en le rduisant a une ligne sur la carte. les Macha doivent liminer idalement une zone qui existe rellement, en renfor9ant des contrastes supplmentaires qui operent sans mdiation.

    Nous pouvons maintenant proposer un premier modele quadripartite. constitu par l'intersection des deux

  • 11

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    PRATIQUES SVMBOLIQUES

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    11 11 11 1/ ,, 11 11 K'U LTA \l \/ 11 11

    E=3 puna C:=J valle C:=J rgion intermdiaire (chawpirana/taypiranal

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    II Karakara,

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    ....... limite de ayl\u. Enclaves dans la puna: (K?: k"aracha (i(: aymaya. dans la valle: (~f:-macha :. K':: k'ulta Villages: "reduccion" de l'poque de Toledo (1572::75) O de ","poque coloniale ancienne .... ~ principales haciendas

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    FtG. 3. - La rgion du Nord-Potosi. Localisation des Macha et des Laymi (carte prpare en collaboration par Oiivia HARRIS et Tristan P1.An)

    1/

    11

    1/

    1/

    11

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    ARAN SAYA URINSAYA

    PUNA X X

    VALLE E X X

    F1c. 4. - Modele gnral de la socit macha

    de la soc1ete macha (fig. 4). Dans ce modele. raxe horizontal correspond au chawpirana et, simultanment. a la limite infrieure du t'ula tablie par Trol!. L'axe vertical reprsente la division en moitis : les sous-groupes territoriaux qui forment Aransaya et U rinsaya sont disperss d'un bout a J'autre du territoire macha. de sorte que chaque moiti se compose de parties puna et valle. Et comme Aransaya et Urinsaya signifient respectivement moiti suprieure et moiti inf rieure . le systeme quadripartite peut tre considr comme le rsultat d'une double opration a partir de la seule opposition haut/bas.

    e) Modeles de mariage En systmatisant les prfrences matrimoniales. nous devons rappeler que

    chacun des quatre quartiers de la figure 4 contient en fait quatre autres niveaux d'organisation emboits : ayl!u mineur, ayllu mini mal. groupe patrilocal et famille : si les deux derniers sont exogames. les ayllu minimal, mineur, majeur et maximal sont idalement endogames. On doit comprendre cette rptition apparemment redondante de regles endogames comme l'expression de l'homolo-gie entre les systemes d'organisation achaque niveau de la structure sociale. Dans le modele macha. chaque unit familiale, groupe patrilocal, ayllu mnima! et ayllu mineur sur la puna a sa contrepartie dans la valle ; dans la pratique. s'il n y a qu'une ou deux familles dans la valle pour tel ayllu minimaL plusieurs de ses membres se voient forcs aujourd'hui a chercher d'autres sources d'approvision-nement en mai's. a travers des rapports commerciaux avec d'autres paysans de la valle. ou d'changes avec des voisins de la puna qui ont acces aux produits de la valle . A chaque largissement de l'chelle de l'organisation considre les mmes normes s'appliquent done. mais elles correspondent de mieux en mieux a la ralit 6. Dans la figure 5. on voit s'emboiter ces niveaux d'organisation : le choix de carrs plutt que de cercles pour figurer ce prncipe est dict. on le verra plus loin. par le propre modele des Macha.

    Au moment de prsenter les regles qui prsident au mariage. il convient d'abord de relever une forte endogamie de moiti, que les informateurs macha relient a une hostilit institutionalise. Dans les combats rituels fonku) clbrs lors de certaines ftes. et dans les affrontements (ch 'ajwa) qui ont la terre pour objet. les gro upes domins par chaque nreud de la hirarchie des ayllu ( voir fig. 2) se rassemblent quand l'un de leurs membres affronte quelqu 'un d'un autre gro upe du mme niveau. Cette fusion des groupes qui sont fractionns dans d'autres

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  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    contextes rappelle la situation des Nuer (Evans Pritchard, 1940) : mais elle concerne ici des groupes territoriaux (corporate groups) et non des lignages. A l'intrieur du territoire macha. le processus atteint son point culminant lors des fetes ou des combats ou s'affrontent les reprsentants locaux des moitis . La relation entre rhostilit et rendogamie des moitis se pose souvent en ces termes: Pourquoi laisserions-nous nos tilles aller chez eux, si leurs enfants doivent venir nous frapper ?

    1 ~ble d e f

    F1G. 5. - L'organisation de la socit macha a. unils domestiques : b. groupes palrilocaux (exogames jusqu'au 3c degr) : c. ayllu minimaux ;

    d. ay/lu mineurs: e. uyl!u majeurs (moiti): f. ayl!u maximal (Macha)

    IJ existe galement une prfrence tres marque pour les mariages inter-rgionaux entre puna et valle. Seuls certains ay/lu minimaux peuvent les raliser assez frquemment (cf. la note ci-dessus), mais l'analyse des gnalogies laisse supposer que de tels mariages sont pratiqus avec suffisamment de rgularit a travers les gnrations pour que racces direct ou indirect aux produits de rautre zone ft assur aux membres de chaque groupe. Comme prfrence, cependant. cette regle a plus d'importance que n'importe quelle autre a rexception de la prohibition de l'inceste et de l'endogamie de moiti.

    L'change des sceurs apparat en outre tres souhaitable. Si des trangers se rencontrent au cours d'une beuverie , ils essayeront de renforcer leur rcente intimit. en se proposant d'changer leurs sceurs respectives. Bien sur. cette prfrence reste un idal bien plus qu'une ralit. meme si on trouve quelques cas d'changes de sceurs dans les gnalogies.

    La figure 6 montre la combinaison des trois prf rences de mariage men-tionnes : endogamie de moiti. mariage puna/ valle, et change des sceurs (on prsuppose le prncipe de virilocalit). La combinaison de l 'change des sceurs avec l'alliance puna/ valle se confirme dans l'utilisation du terme ermana ( sceur classificatoire par les hommes de la puna envers to u tes les f emmes de la puna rencontres dans la valle, bien que dans la puna le terme soit rserv aux femmes

    1088

  • T. PLATT SYMTRIES EN MIROIR

    ARAN SAYA URINSAYA

    PUNA

    -

    VALLE E

    F1G . 6. - Systeme matrimonial idal chez les Macha

    de la meme gnration nes dans le meme groupe patrilocal. Ceci suppose une reconnaissance de l'exogamie idale entre puna et valle . bien que sur la puna les units exogames soient corn;ues plus troitement.

    La figure 6 montre aussi la structure familiale idale : on dit parfois que chaque famille est tawantin ( compose de quatre lments ). C'est la que le systeme quadripartite initial (fig. 4) se redouble au niveau de chaque segment. qui se lie inter-rgionalement au sein de chaque moiti a travers la combinaison des prfrences de mariage dont nous venons de parler.

    On voit done que chez les Macha, le probleme traditionnel des socits dualistes -- rconcilier la division des moitis avec runit de la socit dans son ensemble - se pose de fac;on particulierement aigue : les moitis ne se marient pas entre elles, et leurs rapports expriment meme une hostilit institutionalise. d'une frocit extreme.

    J'ai analys jusqu'ici trois divisions empiriques de la socit macha: l'opposition cologique : celle des moitis. et celle des sexes. De leur combinaison nait un modele gnral de la socit macha. qui s'exprime dans la structure matrimoniale et familiale. dans la complmentarit cologique. et dans l'endogamie de moiti. A vant d'approfondir la conception macha de telles oppositions dualistes. je prsenterai des exemples d'autres structures quadriparti-tes. particulierement nettes dans des contextes sociaux spcifiques : l'accent mis sur de tell es structures dans les pages prcdentes n 'est done pas du au caprice de ranalyse. 11 correspond aux reprsentations des Macha eux-memes.

    11

    a) Tiyanuqaku : la construction de la maison U ne fois la maison acheve. on tue un agneau blanc et on verse son sang dans

    deux rcipients dans lesquels on a plac trois feuilles de coca . On y ajoute de la q 'uwa (plante odorifrante utilise comme encens), et on en asperge les quatre coins de la construction : on dit que les trois feuilles de coca dirigent le sang

    1089

  • PRATIQUES SYMBOLIQUES

    vers les coins 7 On prpare un repas avec l'agneau. du mais bouilli et du piment. On mache la coca; puis commencent les libations (ch 'a/la). On les rpand partout dans la maison : les pierres des fondations et des coi ns sont salues en tant qu 'inka mayku ( chef inca ) ; le pis comme turta t'alla ( femme gateau --- la compagne de l'Inca). On fait aussi des libations a la porte. a l'auvent. aux poutres maitresses, aux clous. etc .. de meme qu'au plancher (pampa) identifi a la pacha mama ( terre-mere) .

    Puis deux hommes montent sur le toit. et se font passer pour un couple d'oiseaux (chhiruchhiru); ils font un semblant de nid. et se mettent a se quereller comme font les chhiruchhiru . Ils emportent des vetements que cenx qui sont en bas changent contre des pierres blanches. On introduit ensuite ces pierres dans la maison comme si c 'tait de !'argent. Pendant ce temps. d'autres hommes simulent un couple d'cureuils (ch 'ajchari): ils rentrent en ha.te les biens du maitre de maison et de sa femme a l'intrieur. Par la suite. dans des contextes rituels. la maison termine est appele le nid (thapa): le terme est appropri. compte tenu de la prsence d'oiseaux et d'animaux -- on dit d'ailleurs que les couples humains. en particulier les jumeaux. sont comme les oiseaux . On comprendra mieux plus tard la curieuse explication donne : Parce que chez les oiseaux il est difficile de reconnaitre les sexes.

    Un nouveau modele quadripartite s'exprime done clairement dans ce rituel : en haut, un couple d'oiseaux (en l'air) ; en bas. un couple d'cureuils (sur la terre). L'insistance mise sur les coins nous fournit un autre exemple dans une dimension diffrente (f1g. 7).

    MA LE FEME LLE

    OISEAUX (AIR)

    ,

    ECUREUILS (TERRE)

    1G. 7. - Quadripartition domestique

    b) Tinku/ch 'ajwa: le combat Je parlerai ici brievement du combat rituel (tinku) qui a lieu dans les v11Ies et

    les villages de toute la rgion lors de fetes locales importantes. Les groupes rsidant aux alentours composent les camps. Le processus de la fusion des groupes a t mentionn plus haut; le niveau d'affrontement le plus fort se situe done entre les deux moitis, telles qu'on les retrouve dans chaque fete.

    En prlude au conflit. des libations sont verses au pied de la tour de l'glise qui domine la place du village. On appelle la tour turri mayku ( tour-chef), et

    1090

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    on la considere comme masculine par rapport a la place situe au-dessous, qui est fminine (pi asa t 'a/la) 8, et reprsente galement la pacha mama ( terre-mere ). La tour manifeste sa signification phallique au cours d'un rite : on jette des petits pains (qurpa) du haut de la tour ; ils sont ramasss par J'assistance comme gages d'abondantes rcoltes et de troupeaux fertiles. le. J'lment masculin (haut) est uni a J'lment f minin grace au pain qui figure la semence. Les Iibations verses a la tour pour endurcir et galvaniser les combattants renforcent sa nature phallique .

    Les femmes comme les hommes participent a l'affrontement final entre les moitis Aransaya et U rinsaya, et la disposition des gro upes doit se faire comme le montre la figure 8. bien qu'en fait J'ardeur du combat bouscule souvent la parfaite

    HOMM E S FEMMES

    ARAN SAYA X X

    URINSAYA X X

    F1G. 8. - Quadripartition du combat

    ralisation de cet idal. Chaque moiti occupe done un cot de la place. les femmes de chaque groupe s'unissent pour affronter les femmes de l'autre groupe, et les hommes font de meme. Les combats se droulent dans un tat d'brit total e. et personne n 'est dclar vainqueur du tinku ( meme si chaque moiti revendique la victoire). Dans certains cas. en J'absence des autorits publiques -spcialement durant les ch 'aj was - les combats peuvent atteindre un tel degr de frocit que les victimes sont dpeces a mains nues (on ddaigne le couteau) et manges : j'ai entendu des Macha vanter leur rputation de runamiklu~i ( mangeurs d'hommes ) . Cest done l'occasion d'une libration totale d'nergie contre la moiti oppose . On m'a rapport que les membres d'Aransaya avaient un jour saisi la femme du kuraka d'Urinsaya, et l'avaient viole collectivement.

    Sans entrer ici dans une analyse dtaille des combats. il faut souligner la connotation sexuelle des deux moitis, implicite dans les noms moiti du haut et moiti du bas . Le viol collectif rendait explicite cette relation ; de plus. manger et se battre sont tous deux identifis a la copulation dans d'innombrables histoires. plaisanteries et devinettes.

    Cependant. une telle interprtation implique une copulation symbolique entre les membres de meme sexe des moitis opposes . Le probleme ainsi pos est le meme que celui des deux couples males d'oiseaux et d'cureuils dans le rituel de la construction de la maison. Tous deux seront traits plus loin.

    e) Le labour rituel Lors de la fete annuelle pour la rcolte du ma'is. clbre dans la valle au

    moment du Corpus Christi. les lndiens qui accompagnent chacun des trois

    1091

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    a(fereces (parrains rituels) se dguisent en animaux domestiques de diffrentes especes (uywa ; en opposition a khuru = animal sauvage ) propres aux Macha. Les uns se couvrent les paules des peaux des chevres sacrifies : d'autres attachent sur le dos un petit fardeau. semblable a ceux que portent les lamas : d'autres encore sont moutons ou btail. En outre, deux hommes sont attels ensemble et reprsentent le couple de breufs au labour . A un certain moment de la squence rituelle , ces deux hommes-taureaux sont attels a une charrue qu'ils tirent de haut en bas sur la place, suivis de deux filies (imilla wavvas), qui s'attachent a eux par une ceinture. Tous les quatre se levent et se baissent comme s'ils labouraient, guids par l'a(ferez correspondant.

    HOMMES TAUREAUX

    I MI LL A WAWA S

    soc

    F1G. 9. - Quadripartition dans Je rituel du Jabour

    Les deux taureaux de l'attelage sont assimils explicitement aux deux moitis figure qui introduit l'opposition nouvelle droite/ gauche dans le systeme de

    pense. Comme chacun est suivi par une partenaire fminine cadette. toute la structure de la socit macha reprsente dans la figure 4 montre ici son agencement concret: les deux hommes reprsentent les sections de puna (dominante) de chaque moiti , les deux femmes les sections de valle (subordonne), et l'quipe d'attelage laboure la pachamama . qui est la terre fertile sur laquelle repose tout le systeme socio-conomique macha .

    111

    On pourrait citer de nombreux autres exemples de quadripartition. mais son importance dans la pense macha doit dja paratre vidente. Dans chaque exemple. les quatre lments se sont diviss en deux paires subsidiaires. associes respectivement a l'homme et a la femme . Ceci vaut meme dans des cas, comme celui du rituel de construction de la maison , ou les acteurs sont en fait quatre hommes , bien que leurs roles soient ceux de deux couples masculin/fminin . On ne doit pas ignorer l'ambigu sexuelle de certains lments : dans la figure 4. par exemple, la puna Aransaya est doublement masculine. puisque puna et Aransaya sont tous deux associs avec le haut ; en revanche , la valle Aransaya est masculine et fminine de maniere quivoque , puisque la valle est le bas et Aransaya le haut. Avant d'clairer la fonction d'une telle ambigu, nous tudierons de plus pres le dualisme macha .

    a) Le dualisme cosmologique ( Tout est Homme et Femme ) tukuy ima qhariwarmi me dit-on quant au

    systeme religieux des Macha. On se rfrait a certaines roches sacres (wak'as),

    1092

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    considres les unes comme masculines. les autres comme fminines. De la meme fa~on. on m'indiqua que les esprits qui habitent les sommets des collines {jure 'u) sont masculins. alors que leurs pouses sont les sources d'eau qui jaillissent des montagnes et coulent vers le bas.

    Le soleil (tata illli = pere soleil ) et la !une (mama killa = mere lune ) constituent un autre couple divin. On appelle aussi le soleil tata sw1t1\imu ( = pere tres saint ) et la }une mama santt'sima. Sous la terre existe un mitre couple divin. pacha/ata ( = pere-terre >>) et pachamama ( = terre-mere ).

    Certains rites sont clbrs pour la pachamama dans chaque famille tous les trois ans du calendrier agraire en aout et septembre : ils sont ncessaires pour assurer une bonne rcolte. Pachamama est aussi appele ,ril)in (cf. espagnol virgen. vierge - mais pour les Macha la fertilit de la mere de Dieu semble etre plus importante que sa chastet) : et ses fragmentations locales. les wil:jines. habitent les champs cultivs (chacras). On adore le pachatata surtout pendant le carnaval. et on le trouve aussi sous forme fragmente dans les nombreux tata pachaqa (appels aussi tata clzayiyuj = pere des bndictions et tata irilakru.s. de J'espagnol vera cruz) dont les sanctuaires se dressent sur les cretes des collines a travers tout le territoire macha. Comme le turri mayku, les lata wilakrus sont les patrons du combat : pour la procession de sa fete (le 3 mai) la croix de chaque sanctuaire est revetue des effets propres au tinku (le casque, le poncho. etc.). Comme pour la tour de l'glise, sa paredre est une forme de la pachamama: pour la tour. la p/asa I 'al/a : pour tata wilakrus, les vvirjines.

    Tous ces couples s'ordonnent encore a l'intrieur d'un modele quadripartite. Le royaume du soleil et de la lune s'appelle moiti suprieure (pata par1i) ou dimension suprieure (hanan pacha); la sphere de pachatata et de pachamama s'appelle moiti infrieure (ura parli) ou dimension infrieure >> (ukhu pacha); et la zone intermdiaire. ou existe la vie humaine, animale et vgtale, se nomme cette dimension-ci (kay pacha). Dans cette cosmologie. les montagnes s'levent vers le haut pour commander les champs cultivs. exactement comme la tour phallique domine la place qui est a ses pieds. On assimile ainsi les configurations du paysage andin aux rapports entre les deux divinits terrestres. La foudre, qui peut venir d'en haut (gloria) ou d'en bas, con fe re un caractere mortel a J'endroit qu 'elle a frapp : les chamans, en contact avec les esprits de la montagne et les ivirjines. n 'entrent en fonction qu 'apres avoir t tus par la foudre et avoir ressucit. Kay pacha, dans la figure I O. occupe done

    HANAN PACHA

    KAY PACHA

    UK'UPACHA

    M A L E

    inti (soleil) mm ~

    pechetete fm (terre-pre)

    FEME LLE

    killa ( lune) mf

    pachemama ff Cterre -mre)

    F1c. 1 O. - Quadripartition cosmologique

    la meme position tructurale que le chawpirana dans la figure 4. Ici se relete simplement le rapport fatal entre la socit et la nature : pris entre les divinits du haut et du bas. les \1acha doivent offrir a chacune d'elles les tributs appropris (purujman haywayku. m'a-t-on dit: Nous donnons aux deux cts ), afin de

    1093

  • PRATIQUES SYMBOLIQUES

    maintenir leur position prcaire de mdiateurs. La structure fondamentale du cosmos est double, et les hommes doivent en consquence faire face aux deux directions a la fois, de fa

  • T. PLATT SYMTRIES EN MIROIR

    l'union instable. en dpit de son role conomique et de sa fonction de reproduction.

    Un couple macha se marie thoriquement au moins trois fois : une fois devant J'autorit civile. une autre fois a J"glise. et. apres le mariage catholique. enfin lors d'une clbration indigene. Je dis au moins parce que. comme. dans bien d'autres rgions des Andes. un couple peut vivre un mariage d'essai . en concubinage. avant de consolider ses relations par des rites officiels . Le mariage chez les i\facha est done surtout un processus continu de cimentation progressive. qui se dveloppe autant a travers une coopration conomique a long terme que par une srie de confirmations crmonielles dont les trois mentionnes ne sont que les plus importantes.

    Dans la clbration indienne. on prpare des quantits de chicha. on tue des animaux. et les parents bilatraux et les voisins assistent a la crmonie. Le couple est escort a la sortie de J'glise par les parents rituels et par les germains qui chantent et qui dansent. Les sreurs ont prpar pour l'occasion d'normes poupes confectionnes grossierement (quelquefois des formes d'oiseaux) portes au bout de longs batons (arkus): tout en portant ces batons elles chantent J'hymne du mariage au son d'une musique joue par les freres clibataires. De ces poupes pendent divers objets qui vont par paires : deux assiettes. deux pains. des couteaux et cuillers. deux miroirs ... Les libations se versent dans deux paires de vases rituels en bois. avec la figure de deux breufs attels sculpte a J'intrieur de chacun d"eux (turu wasus). Ces coupes sont fabriques. achetes et utilises par paires --- a une exception pres sur laquelle je vais revenir.

    On fait alors asseoir l"homme et la femme dans les deux niches d'une construction spciale en forme d"E. faite de branches vertes de molle Oe poivrier toujours vert) et couverte de ponchos. L"homme s"assied a la droite de la femme. spar d"elle par la cloison centrale. Chacun est accompagn et servi par ses parents rituels ou rels du mme sexe. de sorte que le groupe des hommes se rassemble dans une niche et celui des femmes dans rautre. 11 est interdit de converser entre sexcs avant la fin du repas. Puis chacun sort de sa niche respective. prend la main de J'autre. et le couple ouvre la danse.

    :\Jotons que le couple qui va s"unir se tient d'abord spar. et que les sexes sont rappels par la prsence des compagnons. meme lorsqu"ils sont tous entours par la structure des murs extrieurs : soit deux cellules. l'une masculine et rautre

    o o o

    F1G. 11. - La crmonie du mariage

    o

    o o

    fminine. chacune partageant un mur commun. et une relation ritualise par un tabou sur la parole. Nous verrons plus tard que la figure des deux cellules qui partagent un mur n'est pas fortuite : au contraire. c'est la reprsentation gomtrique de runion idale entre J'homme et la femme. Les deux peuvent

    1095

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    s'opposer. mais la mdiation requise s'est rduite a une simple ligne (comme le chawpirana sur la carte de Troll).

    d) Yanantin Quand se font les libations. l'aetion de verser quelques gouttes sur le sol

    (ch 'a/la) en l'honneur de la divinit s'excute deux fois. On dit que cela est yanantin, pour l'autre membre de la paire conjugale . De mme. lorsqu'on offre des feuilles de coca a un invit ou a un participant au ritueL chaque personne re9oit deux poignes qu 'elle doit prendre dans ses deux mains en forme de eoupe. Ceci aussi s'explique comme tant yanantin.

    Yanantin est form de la raeine yana- ( = aide; cf. yanapa:v = aider) et de la terminaison -ntin. Sol ( 196 7) dcrit -ntn eomme inclusiC avee des implieations de totalit. inclusion spatiale d'une chose dans une autre. identification de deux lments comme membres de la meme eatgorie . On peut done traduire littralement yanantin par ceux qui s'entraident uns dans une seule catgorie . :vtais un Macha en donnera la signification de paire (par) ou de homme-et-femme (qhariwanniJ.

    Cependant, on utilise aussi yanantin pour dsigner les yeux. parce qu'ils vont par paire ; les mains. les oreilles et les jambes sont galement yanantin. Les seins et les testicules sont aussi yanantin. et si cela confirme l'impression qu'un modele de choses yanantin correspond a la symtrie gauche/ droite du corps, on ne voit guere comment on peut eonsidrer seins et testicules comme homme-et-femme. oautant que. selon la croyance. les jumeaux sont par-dessus tout yanantin meme s'ils sont du meme sexe. Le mot ne peut done signifier homme-et-femme dans un sens simple.

    Yanan1i11 s'oppose a un autre concept, chhul/a, qui signifie une seule fois. pour des choses qui devraient etre doubles . Les crmonies chhul/a se clebrent a l'oceasion d'une mort rcente. pendant lesquelles libations et gestes ne sont pas rpts, et ou ron utilise un seul turu-wasu. De meme. un seul ceil sur le visage d'un homme sera chhulla, puisque normalement il devrait en possder deux : mais un nez n'est pas chhulla puisqu'l n'y en a naturellement qu'un.

    11 semble done que le couple humain se com;oive dans les memes termes que la symtrie corporelle. Nous savons dja qu 'on associe l'homme a la droite et la f emme a la gauche pendant la crmonie du mariage, un ordre maintes fois retrouv dans d'autres crmonies prsides par J'homme et la femme. La rptition rituelle yanantin peut etre interprte comme une tentative pour assimiler le couple a la dualit parfaite que fournit le modele du corps humain. A partir de cette interprtation, il serait plus exaet de dire qu'hommes et femmes devraient etre yanantin plutt que yanantin ne signifie homme-et-femme : ils devraient actualiser cette union parfaite qui est celle des deux moitis du corps humain.

    Pour soutenir ce point de vue, on peut comparer des croyances macha sur les jumeaux avee des informations du xv1c siecle coneernant les rites qui entouraient la naissance des jumeaux dans la rgion de \Varuchiri. A vila rapporte :

    1096

    Rsumons maintenant ce que nous venons de dre: s'ils naissaient tous deux du meme sexe. les gens disaient :

  • T. PLATT SYMTRIES EN MIROIR

    Les Macha accordent eux aussi une grande importance a la naissance de jumeaux. Une femme qui donne naissance a des jumeaux peut jeter un sort aux autres: on dit que les jumeaux viennent du diable. c'est-a-dire des divinits infrieures. On dit aussi que si une femme enceinte est effraye par le tonnerre et les clairs. I'enfant dans son ventre se divise. On m'a racont que les jumeaux naissent quelquefois avec les levres fendues verticalement par le milieu : on l'attribue galement a la peur cause par le tonnerre et les clairs. On croit que les jumeaux partagent la mme vie. que l'un tombe malade si rautre l'est. et meurt quand rautre meurt. Le plus significatif est que, si les jumeaux sont de sexe oppos, ils devraient se marier. enfreignant l'interdit de l'inceste.

    Notons qu'on dit que les jumeaux sont le rsultat de la division : et la rfrence aux levres fendues confirme I"image d"une division entre les deux moitis du corps. Les jumeaux sont done un couple parfait. parce que meme s'ils sont manifestement deux individus distincts. ils sont apparents J'un a l'autre comme le ct droit du corps l'est au gauche. Mais la plupart des hommes et des femmes naissent indpendamment et ont done besoin d'une conversion rituelle en un couple qui reprsenterait l'union droite/ gauche. La croyance waruchiri comme celle des Macha. semble considrer les jumeaux de sexe oppos comme une personnification prodigieuse du modele idal d'unit entre les sexes.

    Or les jumeaux de mme sexe sont eux aussi appels yanantin ; cependant. si le ct droit du corps est masculin et le ct gauche fminin, comment peut-on assimiler deux hommes ou deux femmes a ce modele ? La rponse a cette question pourra nous donner la clef a beaucoup d'autres.

    Comment dans le rite du labour deux hommes peuvent-ils reprsenter les secteurs de la puna et deux femmes ceux de la valle ? Pourquoi les couples d'oiseaux et d'cureuils sont-ils personnifis par des hommes pendant la crmonie de la construction de la maison ? Pourquoi les hommes se battent-ils entre eux et les femmes entre elles lors du tinku, s'il est vrai que la rencontre figure un acte rituel de copulation entre les deux moitis, male et femelle ?

    De tels problemes et leurs solutions sont contenus dans un seul et unique symbole, dja mentionn dans notre discussion du rite matrimonial : le miro ir 10.

    Il est intressant de constater le rapport existant entre rutilisation rituelle des miroirs et J'opposition entre yanantin et ch 'u/la analyse plus haut. Selon les informateurs. on ne doit pas regarder les miroirs pendant la nuit. car la nuit est le moment de I'me (afma) et les miroirs sont les ennemis de l'me . 11 en va de mme pour l'eau : les !aes comme les miroirs rletent des images ; de fait lors des crmonies funebres. on sacrifie un chien pour accompagner !'ame du mort et l'aider a traverser la mer. Alors qu'un homme tait proche de sa fin. ses amis et ses parents allerent au cimetiere. pensant que son ame pouvait y errer prmaturment : ils I'expulserent et fermerent symboliquement l'entre grace a divers objets poss en travers. dont un miroir. Par ailleurs. nous avons dja vu. lors de la crmonie nuptiale. que les parents du fianc et de la fiance prparaient des poupes (arkus) auxquelles ils attachaient divers objets par paire, entre autres des miroirs. Le miroir parait done tre associ positivement a la dualit conjugale et ngativement a la mort solitaire (chhulla) 11

    Pour comprendre le rapport entre le miroir et yanantin, il suffit de considrer l'action ct'un miroir. Les miroirs ne se contentent pas de reproduire un objet : plus prcisment ils en inversent I'image de sorte que la droite se trouve agauche et la gauche a droite. Ce n 'est que dans le cas d'objets symtriques que l'image du

    1097

  • PRATIQUES SYMBOLIQUES

    miroir sera une reduplication : ainsi le miroir symbolise parfaitement la relation de la symtrie corporelle en yanantin . \itais en meme temps. du point de vue de la logique des miroirs. l'union de l'homme et de la femme est une anomalie. Un corps male ou femelle est en lui-meme symtrique, de sorte que son image relte sera en fait un autre corps male ou femelle. Nous comprenons du meme coup que des jumeaux de memc sexe sont naturellement considrs comme yanantin.

    Le probleme devient alors celui de concevoir la possibilit d'une union entre homme et femme. Or. les transformations possibles obtenues par la combinaison des deux lments homme et femme sont en fait au nombre de quatre : en effet. si nous leur appliquons la double matrice d'une structure quadripartite, nous serons confronts a la dsignation ambigue des lments mentionns au dbut du paragraphe 111. Ainsi. la figure 12 reprsente quatre configurations possibles. qui

    H OMM E F EMM E

    H OM ME mm mf

    FEMM E fm ff

    F 1G . 12. - La double dsignation des lments

    rsultent des transformations de l'o pposito n nitale : hommes mascul ins , femmes masculines. hommes fminins. et femmes fminines. L'ambiguit des deux lments intermdiaires leur permet prcisment d'etre reprsents sans illogisme. par des hommes et des femmes respectivement. Et nous pouvons maintenant comprendre le caractere idal d'un tel agencement : deux acteurs du meme sexe peuvent manifester la relation de symtrie en miroir qui devrait caractriser. dans la ralit. le couple conjugal.

    La quadripartition chez les '.\1acha apparat done comme une solution conceptuelle a un probleme plus fondamental : celui pos par un dualisme qui rduit la possibilit d'une unit interne au modele de la symtrie en miroir qu'offrent les deux cts du corps humain. Des lors, on comprend que les secteurs puna des deux moitis sont reprsents par deux hommes et les secteurs valle par deux femmes. Non moins logiquement. les tinkus opposent des hommes masculins et des femmes masculines d'une part. des hommes fminins et des femmes fminines d'autre part. De meme. lors du rituel de construction de la maison, les deux oiseaux sur le toit pensent etre personnifis par deux hommes, entre lesquels il est difficile de distinguer le sexe . A strictement parler. mon explication devrait prvoir deux femmes en bas dans le role des deux cureuils . Ce n'est pas le cas, et cette exception exige qu'on approfondisse !'examen des dviations historiques ou logiques a partir du modele de base propos .

    IV

    Le concept de yanantin, relation de symtrie en miroir, permet d'envisager un idal d'unit entre les sexes. Mais la rptition prolixe des lments et des gestes rituels au cours des crmonies (telle la construction en forme d'E au cours du mariage macha) correspond a un deuxieme moment : on espere corriger

    1098

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    l'antagonisme entre les sexes en le rduisant par des moyens rituels au modele du corps dont les deux c6ts sont mdiatiss par la ligne idale qui le partage en son milieu 12. Nous allons maintenant essayer d'largir notre vision en examinant le matriel des premiers lexiques quechua, qui permettra de dmontrer que le champ smantique de yanantin est un phnomene panandin, dont les variations historiques ou rgionales attendent une tude comparative. Dans le tableau suivant j'ai isol le champ lexical de cinq racines parmi lesquelles celle de yana-qui assure comme un pont entre le xv1c et le xxc siecle. J'ai indiqu les liens fonds a la fois sur des similitudes de sens et sur des citations de lexicographes. Les trois auteurs utiliss sont: Fray Domingo de Santo Toms ( 1560), Antonio Ricardo ( 15 86) et Diego Gonzlez de Holgun ( 1608). a) Yana- et chhulla

    Selon Santo Toms. yanantin veut dire paire de deux choses gales >> (D. 4 dans fig. 13) et un premier exemple d'une telle galit est donn par Ricardo (D. 6) les gants . D'autres exemples fournis par Holgun sont les yeux >> (D. 9), les chaussures >> (D. 1 O), et il leur oppose chulla nawi. un borgne (E. 6) : chhulla apparait clairement en plusieurs occurrences comme ingalit ou tranget , confirmant ainsi l'ethnographie macha. A partir de E. 7 et E. 8. on peut dduire que les mains et les oreilles sont aussi yanantin, renfon;ant l'impression gnrale qu'a rinstar des Macha les informateurs du xv1e siecle ont eux aussi considr la relation entre les deux c6ts du corps comme modele de yanantin.

    Holguin donne un curieux exemple pour chhulla : un candlabre ou aiguiere . Pourquoi de tels accessoires devraient-ils etre considrs comme ingaux ? La rponse dcoule de la pratique rituelle macha, a savoir l'usage de paires et la rptition des libations au cours des crmonies (ce n 'est que pour les morts que chhulla est la regle). Le rituel chrtien, cependant n'attache aucune importance au fait de pouvoir appareiller par deux les objets du culte, et Holguin. dont le lexique est plein de remarques proslytiques, insiste sans doute ici sur la commodit du mot chhulla pour expliquer le rituel chrtien aux populations andines. Les candlabres et les aiguieres sont chhulla parce que. contrairement a J'attente des lndiens ils apparaissent seuls plutt qu 'en paires.

    Toutefois, dans son commentaire sur chhulla (E. 2), Holgun ne dfinit pas seulement le mot comme une chose qui ne vient pas avec une autre mais aussi comme quelque chose qui ne correspond pasen taille ou en proportion . Cette notion est condense en E. 3 ou chhulla chhulla est traduit simplement par ingalit : et en E. 4 nous trouvons chhulla ymagen donn pour deux images diffrentes par leur dimension . On remarquera qu'il ne s'agit plus ici d'un seul objet mais de deux images. elles-memes ingales. De meme en E. 5 : chhulla runa andaspac est tradut ils ne sont pas de la meme taille pour porter les litieres . Les andas servent a promener les statues des saints en procession : il faut des hommes de meme taille, faute de quoi. ces derniers ne seraient pas vraiment deux, mais tout au plus un plus un.

    b) Pacta-, cuzca-. pampa-Yanamin, selon Santo Toms. est synonyme de pacta pura. Soit un suffixe

    interactif. pura. alors que pacta est traduit (C. 1) comme un ajustage parfait, une 1099

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    A. - PAM"r'A

    1. pampa : cosa comun (chose comrrrune ) C R l ; cosa commun y universal (chose corrmune el universe lle ) (H . )

    2 . pampa pampalla : ces a en aomun no diatinta (C:,ose en conmun , non distinctel (Hl

    3. pampa : placa , lugar dcndE no ay casas (;:,lace , espace ou i:;. n 'y a pas de rraison s) (ST) ca "f'O ras o como vega , es pace plat C'OITDTe un champ)(ST) ; ca11po, plaza , suelo , llano (champ, place , espace plat) (~) ; p la~-a, suelo llano , ~avana (place , espace plat , sava.nel CH)

    . pampa : cosa liana generalm,mte (chose gnrale rrent platel (ST)

    !:>. pampayPW'la : muger publi a comun a todos (fi l e

    B. - CUZCA

    ---;;.l. cu2ca 2 . cuzca cuz cal la : coea y gua l , llana

    (chose gale , pla el (h) 3. cuzcalla : cosa ygual (chose gale) (R)

    --;,. 4 . cuz cachini S. cu z cachani : emparejar lo dEaygual

    (appareiller des choses ingales) (R 5 . cu ,wachini . l ( .

    : empaPeJar a guna coea appare 1' 7. _:uz .ac.2:,ini ler que lque chose)

    - 8. cu zcachasca : coea emparejada assi (chose ainsi appareille) ( ST)

    9 . ouzea cachani : emparejar lo dEsiguaZ (ap-pareiller ce qui est ingal) (H)

    10. publiq e co:nmune a tous) (H) l _uzoochani : allanar o acabar negoci os, rina.

    dificultades (apMnr ou ache ver une aff ire , une dispute , une di ffi cul (:i)

    6. pamapychani : al'lanar d suelo (aplanir l-3 sol ) (R) 7 . pampani : al lanar (aplanir) ..:...--- -- -- ---' 1

    9. pampachani 8 . pampaohasca y il. huchac-r;a camac-r;a cuzcachani : j uzgar o hacer

    justicia (juger ou renclre justice) (1 10 . panpachani : quebrantar tey , precepto ( riser une 12 .

    loi , 1.ll prcepte) ( H, R) 11. pa11pachani : perdonar , abaolver (pardonner, abs0u -

    dre) (H , R) 12. pampachani : bormr lo esoripto (effacer cr it)

    CH)

    cuz02chaytucUJ'li : ser juzgado o sentenciado (etre jugl CiD

    F1G. 13. - Donnes lexicographique , dveloppant le concept de y anantin (ST = Domingo de Santo Tomas. 1560 : R = Antonio Ricardo. 1568 ; H = Diego Gonzlez Holgun. 16(

    chose qui correspond parfaitement a un e autr e . De meme. pactachani est donn comme appareiller des choses ingales (C. 3). cha- tant ici un infixe factif. Le lien avec yanantin est clair. mais un nouvel lment a t introduit : on rend gales deux choses prcdemment ingales. Cette notion de correction physique des ingalits correspond videmment au second moment dynamique. distingu ci-dessus.

    Pactachani est cit par Santo Toms comme synonyme de cuzcachani/ cuzcachini (C. 3, B. 6, B. 7) : les trois termes sont traduits par appareiller quelque chose . Pour le meme lexicographe cuzca quivaut aussi a pampa (B. 2 et A. 4). gnralement. quelque chose de plat . L'introduction de ce nouvel lment. le plat claire le rapport avec pampa, donn en A. 3 comme une portion de sol plat , et ainsi reli au sens commun de place. De meme la notion de cuzca comme gal (B. 2. B. 3) peut etre rapproche des occurrences qui traduisent pampa par quelque chose de commun ou d'universel (A. I, A. 2) et par carr : la place carre dpourvue de maisons (A. 3), est l'espace auquel chacun a galemem acces (ce sont les terres de la communaut, cf. ci-dessus II b). En rsum, les termes pactachani, cuzcachani et cuzcachini paraissent tous associs a la notion d' aplanir, rendre plat en meme temps qu'a celle d' appareiller ; nous pouvons en dduire qu'une telle mise en paires doit etre conc;ue comme l'galisation de deux surfaces jusqu'alors irrgulieres .

    On verra que le modele acquiert une qualit fondamentalement gomtrique : les lments a mettre en paire doivent d'abord etre partags pour aboutir a un ajustage idal . La notion cruciale est ici celle de partage des limites pour crer une co-existence harmonieuse. L'extension de ce modele gomtrique a l'ordre moral et social est attest dans les occurrences A. 9-12 et B. 10-12 qui toutes

    1100

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    C. - PACTA D. - YANA E. - CHHVI.,LA

    1, pacta : cabal , Lo que cabe a oad:z wzo (adapt , qui ron vie t parfaitement a chacun

    1 . yana : criado , mot;o de Slnvicio Cserviteur , gari;on de service) (H)

    1. chhuLl.a : qa cosa sin conq:anera entre cosas pareadas ( U'1e chose sans sa partenaire da.ns e paire) (H)

    2. pacta pura "--- ------ - ~ ~ 3. pactachani

    4. pactachani : empt:1I'eja:r cosa desigual. (appareiller une chose ingale) (S'Il

    2 . yanay oc : el qi.e tiene serv cic (quelq ' un q un serviteur) CH)

    3 . yanacuna : loa criados , o un criado ses sembla -bles COlTITr: des gan s) CP)

    7 . yanantin yanan ti Zlan : dos cosas he ffllanadaa Cdeux ch::lses sembla.bles l (f)

    hhulZa : candelero , vinage ra, cosa d2siguai o que no viene c.'On oltra o no corNs-ponde en tamao o en proporcion (c~s1-dlabre , chose .iJ gale, qui r.e convien pas a une au re , ou qui ne corres;.or..l pas en aille ou en proportion) (ri)

    3. chulZa hulla : lo desigual (ce qui est ingal) 4 . chhulla yrrugen : dos ymagenos no pareja1'J en

    propormon (deux iml.ges qui ne sont pas semblables en proport on) (H)

    5 . hhu l l.a runa andaspa : no son yguales para ll-evar andas (ils ne son '.: oos de la mem2 aille pour porter un~ lit:iere) (:)

    B. yanantinpa chullan : 1.a una de dos cosas pare das (une chose parmi. deux qui J6. fon une paire) (!!)

    9. yanantin avi : entrambos ojo s Cles deux } 7

    huZla (Il,)i, : eZ de. Wt ojo no rrus , el tuerto (celui q n ' a q ' un oe::.l , borgne) CH)

    hhuUa maqui : eZ m:inoo de WU2 mano

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    Leur union se cimente progressivement au cours de nombreuses tapes de leur mariage et se raffirme achaque crmonie dans laquelle reviennent gestes et ustensiles selon les criteres du yanantin.

    V

    Le probleme pos au niveau des couples - comment rconcilier division et unit - se retrouve au niveau des moitis endogames, comme nous l'avons mentionn au paragraphe l. Pour les couples, cette mdiation ne peut s'obtenir sans prjudice pour l'unit qu'a travers le modele quadripartite. De meme, les moitis ne parachevent leur union pour engendrer la socit macha dans sa totalit qu 'a travers la subdivision entre puna et valle.

    En tant que siege de rautorit et foyer traditionnel de la conscience ethnique. les segments aransaya et urinsaya de la puna ont la meme prminence sur la valle ; cependant une hirarchie tacite existe entre eux, puisque run est haute et rautre bas . Une fois de plus, un tmoignage du xv1e siecle, celui de Juan de Matienzo 14 atteste que .cette relation, aujourd'hui implicite dans la reprsentation macha, tait a !'origine rituellement explicite :

    Le kuraka de la moiti Hanansaya est Je chef de toute la province, auquel celui d'Hurinsaya obit en tout. Le kuraka d'Hanansaya occupe la meilleure place conformment a l'ordre de prsance. Ceux de la moiti d'Hanansaya s'assoient a droite et ceux d'Hurinsaya a gauche, les premiers derriere Ieur kuraka, les seconds derriere leur cacique principal.

    Nous voyons que les moitis. comme les couples. taient associes a l'poque de Matienzo a la symtrie des deux mains. Mais en fait. de meme que les hommes ont la prminence sur les femmes par rautorit politique qui leur est confre, de memela puna l'emporte sur la valle (et a !'origine Aransaya sur Urinsaya) en ce que les autorits des moitis sont toujours choisies parmi les habitants de la puna. Dans le cas prsent, la suprmatie de la main droite est clairement lie au fait sociologique : dans chaque paire le ple masculin de l'opposition binaire est celui qui monopolise l'autorit politique.

    Le caractere gomtrique des modeles que nous avons analyss se retrouve dans d'innombrables styles andins de tissage, de peinture, de sculpture ou de mac;onnerie. Tiwanaku en est l'exemple le plus clatant :

    1102

    Le style de Tiwanaku. crit Kubler ( 1962). appartient a la tradition andine de signes conventionnels qu 'ordonnent des exigences smantiques plus que des rapports mimtiques ... Ils sont rectilignes et quilibrs ... Ces motifs sont aussi rigides et schmatiques que s'ils avaient t dessins au compas et a la regle. La figure humaine, rduite a ses composantes gomtriques les plus simples. sert d'armature a une dcoration faite de petits animaux. sous forme d'accessoires et d'incrustations, parmi lesquels des tetes de condor male et femelle, des pumas, des poissons, des escargots ... On ne connait pas la signification conventionnelle de ces figures ... Un crivain imagine une confrrie mystique veillant sur le 'rectangle inviolable de la religion tiwanaku.

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    Les memes problemes dbattus ici en terme de concept yanantin concernant la symtrie. la mdiation et la quadripartition -- ont t traits indpendamment par Vernica Cereceda dans son analyse smiologique des tissages dcors. gomtriques. excuts de nos jours par les femmes de Isluga. au nord du Chili 15

    Le dernier point sur lequel je voudrais insister concerne le caractere gomtrique des modeles prsents tout au long de cet article (cf. fig. 5) et en particulier la fac;on dont les Macha traitent les coins dans un contexte rituel. Nous avons dja vu comment. lors de la crmonie de la construction de la maison. le sang des animaux sacrifis est vers sur ses coins. En outre. le mot iskina (cf. espagnol esquina : coin ) peut s'utiliser pour se rfrer a la maison elle-meme; quand les visiteurs sont assis et mastiquent de la coca. on considere qu'il est courtois de dposer une feuille de coca sur le sol en prononc;ant les mots iskinapaj tatay ( pour le coin. monsieur >>). J'ai connu un homme dont la maison avait t frappe par la foudre ; l'endroit tant devenu dangereux et sacr, il choisit d'en construire une nouvelle un peu plus loin. Ctait son masz(i iskina, nouveau coin , mais pour les crmonies. la famille retournait aux ruines de l'ancienne maison (jatun iskina - grand coin ) pour accomplir les libations et les sacrifices d'animaux.

    lskina dsigne galement les haies de broussailles construites autour du village de San Marcos dans la valle. lors de la grande fete du ma'is du Corpus Christi. Ces haies sont toujours poses aux emplacements propres a chaque ayllu mineur concern. et sont considres comme les iskina de cet ay/lu. Certains informateurs disent que leur ayllu possede aussi ses iskina sur la puna.

    Les coins de la place ont galement une grande importance rituelle. aussi bien dans la tradition catholique (par exemple. le saint patron est port d'un coin a rautre le jour de sa fete. et le pretre entonne des prieres et encense chaque coin) que dans les crmonies andines : a San Marcos au cours du Corpus Christi. les lndiens des ayllu mineurs respectifs. dguiss en animaux domestiques. accompagnent leur parrain rituel autour de la place et dansent a chaque coin pendant qu'on verse des libations. 11 y a la homologie patente entre les structures rituelles catholiques et les structures andines.

    lskina se trouve etre galement un nom de lieu et dsigne plus spcalement un important mojan (pile de pierres qui signale une limite de terres entre ayllu). Le mot quechua pour coin parait etre kuchu (traduit par Ricardo par cantan, esquina, cosa cuadrada, canton. coin. chose carre ). Santo Toms donne cuchuc : coin ou recoin d'une maison . Ce mot survit galement comme nom de lieu. On l'utilise dans les memes circonstances qu 'iskina, pour dsigner un point important dans les frontieres entre ay!lu.

    Nous suggrons en dfinitive que la socit macha se con9oit ordonne comme une srie de boites gigognes. dont l'existence est vidente au niveau de la maison ou de la place, mais seulement formelle au niveau des ayllu. Allons plus loin. Dans notre dbat sur yanantin, nous dmontrons que le champ smantique qui l'entoure inclut les notions de dcoupage. de division, de nivellement : ces mtaphores voquent l'activit rituelle et symbolique qui tend a corriger la relation asymtrique entre l'homme et la femme. Or cuchuni est donn par Ricardo et par Santo Toms comme couper : le driv cuchusca signifie chez Santo Toms gnralement quelque chose de coup ou de taill (cortada o cercenada cosa generalmente). A la lumiere de ce qui vient d'etre dit, ce lien entre

    1103

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    dcoupage et rectangularit ne tient pas d'Une simple coincidence. U ne cuchu ou iskina est le coin d'une maison. de fa9on plus gnrale un coin de n 'importe quelle chose carre et a la fin meme quelque chose de carr (cosa cuadrada - Ricardo). Les termes s'appliquent a plusieurs niveaux d'organisation, jusqu'au niveau maximal de la socit macha: la place (carre) est le modele microcosmique de cet objet thoriquement rectangulaire qu 'est le territoire macha. La perfection du modele n 'est possible qu 'en dcoupant taillant, divisant, corrigeant les imperfections de la nature au mayen d'un travail physique (comme prparer une place carre) ou au moyen de pratiques rituelles et symboliques (quadripartition et yanantin).

    M urra ( 1956. etc.) a signal que les Incas organiserent leur empire prtendant transposer au niveau de l'tat les prncipes qui rgissaient l'organisation de la communaut. Nous pouvons supposer qu'avant J'arrive des Espagnols le modele idal de l'organisation par emboitement. que nous dcrivons chez les '.\facha, se prolongea. a travers plusieurs tapes intermdiaires 16, jusqu'a atteindre !'ultime quadripartition sociale que fut le Tawaminsuyu. et par la les niveaux macro-cosmiques de la religion et de la cosmologie.

    Conclusion

    J'ai tenter de situer la notion de yanantin dans un champ lexical, mais aussi dans une pratique : cet examen a rvl une ambigui't fondamentale, dcisive quant a sa fonction dans la pense macha. Ren de cela ne surprendra les anthropologues structuralistes: ce qui est sans doute moins habituel. c'est qu'ici l'analyste n'a pas besoin d'invoquer une structure sous-jacente. et nanmoins inhrente a la culture qu'il tudie comme a tout produit de !'esprit humain : ce sont les informateurs eux-memes qui fournissent et formulent l'instrument conceptuel. Comme nous !'avons vu. yanantin signifie une relation en ralit gomtrique. Ce fait met en vidence la propension des socits andines a penser par carrs , et peut illustrer ce que Lvi-Strauss appelle une logique des formes oppose a une logique des qualits 17

    L'utilisation de formes gomtriques dans la pense trouve des paralleles dans notre propre socit : ainsi dans l'usage en anglais archaique de fitting et meet ( qui convient ) pour exprimer des rapports a la fois spatiaux et thiques. Ce qui est surprenant. dans les Andes, c'est de retrouver ces modeles de pense conservs au niveau de rorganisation socio-conomique a l'chelle du Tawantinsuyu. Dans le cas des Macha, j'ai suggr que l'endogamie de moiti doit se comprendre en rapport avec la dispersion des ayllu sur de grandes distances et a travers diffrentes zones cologiques. J'imagine que les modeles formels de l'organisation impriale inca sont eux-memes troitement Iis a la nature des mathmatiques et aux techniques de recensement employes pour contrler et diriger les ressources dmographiques dans un contexte de spcialisation croissante des productions.

    Nous avons vu que mme dans le cas de ce modele parfait qu'offre la structure binaire du corps humain, il existe une hirarchie implicite en ce que la droite prvaut sur la gauche. J'y vois la confirmation de la these de Lvi-Strauss selon laquelle le vrai dualisme est perptuellement fuyant et ne doit se comprendre que comme le cas limite d'une structure triadique 18 Cependant

    1104

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    dans sa terminologie. qui oppose le dualisme concentrique au dualisme diamtral. Lvi-Strauss semble s'etre limit aux modeles circulaires. fournis par des tudes locales : les modeles andins. dont l'expression est essentiellement orthogonale, chappent asa classification. Le choix de lignes et de carrs, plutt que d'arcs et de cercles, est le rsultat d'une histoire socio-culturelle spcifique. Quelles sont les forces qui ont inform ce choix ? Ce probleme invite archologues et ethnologues a des tudes compares.

    lndiquons pour terminer une direction de recherche : J'ambigu'it du concept yanantin renvoie a d'autres composs de yana-. Yanantin peut dsigner une paire symtrique d'galit parfaite : mais il peut aussi servir de masque idologique a une relation en fait ingale. comme celle qui existe entre I'homme et la femme. De fa9on similaire, yanapay signifie aider (voir D. 4 dans fig. 13) et se rfere communment a des services de travail rciproques entre gaux. Mais yana signifie aussi serviteur >> (D. 1-3). dans une relation devenue asymtrique et ingale. Ce qui nous amene a examiner diffrents types de rciprocit entre groupes quivalents ou ordonns hirarchiquement 19 . Murra et Godelier ont montr comment le langage de la rcprocit communautaire fut employ dans l'tat inca pour dguiser des rapports d'exploitation et de domination. des lors justifis aux yeux de la population 20. Notre analyse de yananlin suggere un mcanisme analogue qui reprsente comme symtrique et gale une relation a laquelle en fait cette symtrie fait dfaut. C'est pourquoi J'ingalit entre l'homme et la femme. cristallise dans le monopole du pouvoir politique. est prsente comme un probleme purement logique. pour lequel un traitement logico-symbolique est seul appropri. Dans les grands royaumes et les tats andins. le dveloppement de rexploitation. sous couvert de la rciprocit. doit done etre considr comme une aggravation. une projection sur les classes sociales naissantes, d'un antagonisme dja visible dans les communauts andines prexistantes, au creur meme du processus productif: a J'intrieur de runit domestique. De telles rflexions devraient suggrer les ramifications que le concept de yanantin peut avoir quand on cherche a en identifier les fonctions et l'histoire pour !'ensemble de la socit andine et non. comme cela a t fait ici. au seul niveau de J'idologie de la communaut.

    NOTES

    Tristan PLATT la Paz

    I. \fa recherche a t finance par le Social science research council (SSRC) de Grande-Bretagne et par le Foreign area fcllowship program de New York. Je suis particulierement reconnaissant envers mon directeur de rcchcrche. Anthony Forge. et envcrs John V. \turra. pour leur aide et leur encouragement pendant la priode de stage et de recherche. Je voudrais aussi remercier \iathan \Vachtel avec qui fai discut de nombreux thmcs traits ici. et qui fit beaucoup de critiques utilcs sur une premiere version de cet articlc. L'ne communication oralc fut d'abord prsente a J"Lnivcrsit de Cornell en 1971. sous le titre de Le .rn11allfi11 chez les populations du l\'ord de Potosi. et plus tard a un sminaire de la London school of economics. en 1972. L'ne version mimographie en espagnol a t en vente au Centro de Investigaciones y de promocin del

    1105

  • PRATIQUES SVMBOLIQUES

    Campesinado (CIPCA). La Paz. Bolivie. depuis 1976 : le prsent article est une version corrige de ce texte. Enfin. je voudrais remercier trs chaleureusement Xavier Alb (directeur de CIPCA). \Vagner Oporto (mon assistant) et Santiago Carvajal (mon hte de la puna) pour toute J"aide qu"ils m'ont apporte en maintes occasions. Que soient associs ici Roselyne et Thicrry Saignes pour leur traduction de cct article.

    2. Cajas reales 18. Casa de la moneda. Potosi (CR 18). Libro donde se asientan las tasas de los Indios ( 1575).

    3. Tierras de Indios. EC 1579. n 46. Archivo nacional de Bolivia. Sucre. Juicio entre los Indios de ~facha y Alonso Diaz sobre las tierras de Carasibamba (rl 149) 11 Vista.

  • T. PLATI SYMTRIES EN MIROIR

    En roccurrence. l'obstacle a aplanir est le tonflit qui menace le bon fonctionnement du systme. L'lment B. 11 Oittralement craser rauteur d'un crime ) peut etre compris dans les memes termes : le malfaiteur est rintgr par Je consensus social. Il est ramen dans la ligne de J'ordre social.

    14. \'1ATIE:\ZO, 1967 (1567): 20. chap. 6: ... el curaca de la parcialidad de hanansaya es el principal de toda la provincia ... a quien el otro curaca de hurinsaya obedece en las cosas que dice l. Tiene el de hanansaya el mexor lugar de los asientos y en todo lo dems. que en esto guardan su orden. Los de la parcialidad de hanansaya se asientan a la mano derecha y los de hurinsaya a la mano izquierda ... cada uno por su orden : los de hurinsaya a la izquierda tras su cacique principal. y los de hanansaya a la mano derecha tras su curaca. !'v1atienzo tait oidor La Plata (Sucre). non loin du territoire macha : de pi us. on dit qu il a fait une visite aux Macha. probablement dans les annes 1570 (CR 18. 1575. fO 216. Casa de la moneda. Potosi). Sa description gnrale doit done prendre en compte sa connaissance particulire des \facha. Comparez sur ce point Garcilaso (cit dans Cu:-.;ow. 1929):

  • %LEOLRJUDSKLHJpQpUDOH,Q$QQDOHVeFRQRPLHV6RFLpWpV&LYLOLVDWLRQVHDQQpH1SS

    &LWHUFHGRFXPHQW&LWHWKLVGRFXPHQW

    %LEOLRJUDSKLHJpQpUDOH,Q$QQDOHVeFRQRPLHV6RFLpWpV&LYLOLVDWLRQVHDQQpH1SS

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_5_294011

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