Platon-Les-lois-3-6

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COLLECTION DES UNIVERSITES DE FRANCE publiée sous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ PLATON OEUVRES COMPLÈTES TOME XI (2 e partie) LES LOIS LIVRES III-VI TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR EDOUARD DES PLACES, S. J. Professeur à l'Institut biblique pontifical PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES » 95, BOULEVARD RASPAIL ig5i Tous droits réservés

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  • COLLECTION DES UNIVERSITES DE FRANCEpublie sous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUD

    PLATONOEUVRES COMPLTES

    TOME XI(2

    epartie)

    LES LOISLIVRES III-VI

    TEXTE TABLI ET TRADUITPAR

    EDOUARD DES PLACES, S. J.Professeur l'Institut biblique pontifical

    PARISSOCIT D'DITION LES BELLES LETTRES

    95, BOULEVARD RASPAIL

    ig5iTous droits rservs

  • Conformment aux statuts de FAssociation GuillaumeBud, ce volume a t soumis l'approbation de la

    commission technique , qui a charg M. A. Dis d'en

    faire la rvision et d'en surveiller la correction en

    collaboration avec M. E. des Places.

  • es

    v.0.'2LiCONSPECTUS SIGLORUM

    A = Parisinus graecus 1807 (saec. IX ex.).Ac = idem post correctionem primae manus.A2 = manus rvisons coaeva vel paulo posterior.A 3 = manus saec. X in. (= Arethae, ut vid.).a = manus Constantini saec. XII ex..a 2 = manus saec. XV.a 3 = manus altra saec. XV.= Vaticanus graecus 1 (saec. IX ex.).

    e = idem post correctionem primae manus.2 = manus rvisons coaeva vel paulo posterior.3= manus saec. X in. (= Arethae, ut vid.).= recensio saec. XI-XII ex libro Patriarchae.n = to TrocTotpyou to fiiXiov (comp.).n= Tou 7tarpixpyou xb j3'.X

    r

    'ov rc* p8(o

  • 6 GNOSPEGTUS SIGLORUM

    Ath. = Athenaei Naucralitae Dipnosophistarum libri XV,rec. G. Kaibel, Leipzig, 1887- 1890 (Bibl. Teubneriana).Paginae d. I. Gasaubon, Paris, 1697.

    Athenaei A =Marcianus graecus 447 (saec. X).Glem. = Glemens Alexandrinus, d. 0. Sthlin, Leipzig,

    1 905-1 938 (GCS).Cyr. Alex. adv. Jul. = Gyrilli Alexandrini adversus Julia-

    num, d. Aubert (Migne, PG, t. 76).Eus. = Eusebii Pamphili Evangelicae Praeparationis libriXV, rec. E. H. Gifford, Oxford, 1903. Paginae d. F. Viger,Paris, 1628.

    Eusebii A = Parisinus graecus 45i (a. 914), ubi I-V tantum.Eusebii B = Parisinus graecus 465 (saec. XIII ex.), ubi

    liber XII totus desideratur (H. Diels).Eusebii D = Parisinus graecus 467 (saec. XV ex.).Eusebii I = Marcianus graecus 34 1 (saec. XV).Eusebii N = Neapolitanus II AA16 (saec. XIV).Eusebii = Bononiensis, B. Univ. 3643 (saec. XIII in.).Gai. = Galenus, dans Medicorum graecorum opra, d.

    G. G. Khn, Leipzig, 1820-1833.Jambl. Protr. = Jamblichi Protrepticus, d. H. Pistelli,

    Leipzig, 1888 (Bibl. Teubneriana).Philop. = Joannis Philoponi De aeternitate mundi contra

    Proclum, d. H. Rabe, Leipzig, 1899 (Bibl. Teubneriana).Proclus in Rem p. = Procli Diadochi in Platonis Rempubli-cam commentarii, d. G. Kroll, Leipzig, 1899-1901 (Bibl.Teubneriana).

    Stob. == Joannis Stobaei Anthologium, d. G. Wachsmuth-0. Hense, Berlin, 1884-1923.

    Stobaei A = Parisinus graecus 1984 (saec. XIV),Stobaei F = Farnesianus 299 (saec. XIV).Stobaei L = Laurentianus 8.22 (saec. XIV).Stobaei M == Scorialensis (Mendozae) XG [SU i4] (saec. XII)Md = collatio Dindorfiana.

    Stobaei P = Parisinus graecus 2129 (saec. XV).Stobaei S = Vindobonensis (Sambuci) 67 (saec. XI in.).Tho = Theonis Smyrnaei Expositio rerum mathematicarum,

    d. E. Hiller, Leipzig, 1878 (Bibl. Teubneriana).Theod. = Thodore ti Graecarum affectionum curatio, d.

    J. Raeder, Leipzig, 1904 (Bibl. Teubneriana).

  • CONSPECTUS SIGLORUMj

    Theodoreti G Parisinus Coislinianus 25o (saec. XI).Theodoreti K = Vaticanus graecus 22^9 (saec. X).Theodoreti S = Scorialensis X.II. i5 [372 Miller] (saec. XI)

    comp. = (in) compendio.e. v. = extra versum.

    i. m. = in margine.i. r. se in rasura.i. t. b= in textu.

    p. n.= puncto v. punctis notavit (notatum).

    s. v. sb supra versum.scr. sb

    scripsit.. = XXa/ou.yp. = Ypa^sxat.

  • LIVRE III

    676 a r L'Athnien.' Voil donc rgle cetteL'origine . . . ..

    des constitutions question ; mais les constitutions, quelles'claire en a t, dirons-nous, l'origine? N'est-ce

    par l'histoire pas de ce point de vue qu'on la consi-de l'humanit.drerait le plus facilement et le mieux?

    Clinias. Duquel ?L'Athnien. Du mme point de vue d'o il faut exa-

    miner aussi en toute occasion le cheminement progressif descits vers la vertu ou encore vers le vice.

    Clinias. Et lequel veux- tu dire ?

    L'Athnien. A mon avis, c'est d'embrasser du regardb la suite infinie des temps et les changements qui s'y sont

    drouls.Clinias. Qu'entends-tu par l ?L'Athnien. Voyons, depuis qu'il y a des cits et des

    hommes qui vivent en citoyens, crois-tu pouvoir jamais tereprsenter la longueur du temps qui s'est coul ?

    Clinias. En tout cas, ce n'est aucunement ais.L'Athnien. Mais au moins que cette longueur serait

    infinie, incommensurable ?Clinias. Cela, oui, parfaitement.L'Athnien. N'est-il pas vrai que pendant ce temps des

    milliers et des milliers de villes se sont succd, et que nonmoins nombreuses, dans le mme ordre de grandeur, furent

    c celles qui disparurent ? N'ont-elles pas aussi, chacune enson lieu, refait plusieurs fois le cycle des rgimes? Parfoisde petites sont devenues grandes, de grandes sont devenues

    i. Ces quelques phrases de l'Athnien, prologue au Discours surl'histoire universelle que constitue le livre III, trouveront un chodans l'pigramme de Lonidas de Tarente sur les deux infinis

  • A0. TaOxa uv oSv Sf) TauTfl* ttoXlte
  • 676 c LES LOIS III 10

    petites; de meilleure est sorti pire, et de pire, meilleure?Clinias. Ncessairement.L'Athnien. Saisissons donc, si nous le pouvons, la

    cause de ce changement ; car peut-tre nous montrera-t-elleles premires naissances et transformations des rgimes.

    Clinias. Tu as raison, et il faut mettre nos efforts, toi exposer ce que tu en penses, nous te suivre.

    677 a L'Athnien. Vous semble-t-il que les antiques tradi-tions renferment quelque vrit ?

    Clinias. Lesquelles ?

    L'Athnien. L'humanit aurait t plusieurs foisdtruite par des dluges, des pestes et bien d'autres flaux, la suite desquels il ne restait que peu de reprsentants dela race humaine.

    Clinias. Absolument, pareille opinion est tout fait

    croyable pour tout le monde.

    L'Athnien. Voyons, imaginons, titre d'exemple, le dsastre produit jadis

    par le dluge.Clinias. Quelle ide faut-il nous en faire ?

    b L'Athnien. Que les rescaps du dsastre taient vrai-semblablement des ptres de la montagne, petites tincellesdu genre humain conserves, je pense, sur des sommets 1 .

    Clinias. Apparemment.L'Athnien. Fatalement aussi, par suite, ces gens-l

    taient sans exprience des mtiers en gnral, des industries

    que les citadins mettent en uvre pour se supplanter ou

    s'clipser mutuellement, et de tout ce qu'ils inventent pour senuire les uns aux autres.

    Clinias. C'est du moins vraisemblable.c L'Athnien. Supposerons-nous que les villes tablies

    (Anthologie Palatine, VII 472). La leon a^Asxv de O, qu'avec la

    plupart des diteurs je prfre YaTZv.pv de A et d'O, a pour elle,un peu plus loin, l'expression semblable v -/pdvou -tv u.r)/.E

  • io XOMQN T 676 c\sipovq < |5eXti6vcov yy6vacu Kal (JeXtIou ek )(ELpvcov ;

    KA.'AvayKaov. 5

    A0. TauTrj Sf) Tipt X6coD.Ev, eI 8uvaCu.E8a, xf) u.ETa-

    6oXfj xf]v alxCav ii\a yp av laco Se'l^elev fjuv tt)V

    TTpoTrjv tov ttoXiteicov yVEaiv Kal ^ExBaaLV.KA. Eu XyEi, Kal TTpo8uu.Ea8ai Se, aivo^Evov, T^a Bk auvETtou-vouc;. ioA0. *Ap' oQv uv o TtaXaiol X6yoi Xr)8iav XELV Tiv 677 a

    SoKoOaiv;

    KA. riotoi 8f| ;A0. T6 TioXX v8pcoTTcov cj>8op yEyovvai KaxaKXu-

    aucc; te

  • 677c LES LOIS Ht il

    dans les plaines ou sur la cte taient pour lors ruines defond en comble ?

    Clinias. Supposons-le.L'Athnien. Par suite, que les instruments de toute

    sorte disparaissaient, et que les dcouvertes srieuses en tout

    art, en politique ou en quelque autre science, tout cela,dirons-nous, s'en allait pour lors vau l'eau ? Si, en effet,trs bon, ces acquisitions avaient subsist au cours des tempstelles que nous les voyons ordonnes actuellement, quelleplace pouvait-il rester pour une dcouverte quelconque ?

    d Clinias. Il reste ce fait que, apparemment, pendant des

    myriades et des myriades d'annes ces inventions chappaientaux hommes primitifs, et que, il y a un ou deux millnaires,l'une fut rvle Ddale, l'autre Orphe, celle-ci Pala-mde, la technique musicale Marsyas et Olympos, cellede la lyre Amphion 1 , et d'autres les autres en trs grandnombre, qui ne sont nes, pour ainsi dire, que d'hier oud'avant-hier.

    L'Athnien. C'est trs bien, Clinias, d'avoir oubli ton

    ami, qui, la lettre, est n hier.Clinias. Veux-tu parler d'pimnide?

    e L'Athnien. Oui bien, de lui ; car il vous a de loin,mon cher, dpass tous les hommes, par le chef-d'uvre queprdisait depuis longtemps un mot d'Hsiode, et qu'il a,dites-vous, effectivement ralis

    2.

    Clinias. Nous le disons, en effet.L'Athnien. Devons-nous donc, aprs le cataclysme,

    dcrire ainsi la situation de l'humanit : une immense eteffrayante solitude, une multitude norme de riches terres,

    nit et, par suite, la renaissance continuelle de la civilisation ontt analyss nouveau par A.-J. Festugire (La Rvlation d'HerniesTrismgiste, II, p. 99-100) et rapprochs par lui (ibid., p. 222-223)de l' Archologie d'Aristote au livre I du dialogue Sur la Philo-sophie, reconstitue d'aprs Synsius (fr. i3 Rose = 8 Walzer) etsurtout Philopon. Partout il est fait appel aux antiques traditions de notre texte (677 ai).

    1. Thme du premier inventeur (cf. A. Kleinguenther, IIPQ-TOS EYPETH2, Leipzig, 1933). A Ddale, constructeur du Laby-rinthe (nomm le premier pour honorer le Cretois ?), tait attribuel'architecture; Orphe, la posie ; Palamde, le trictrac.

    2. pimnidc, anctre de Clinias (cf. I 64a d-643 a et la note),

  • 1 1 NOMN r 677 c8aXdcxTr| KaToiKoaa ap8r)v v t& t )(ouvov anouSalco r)pr]uvov f) TtoXiTiKfj f\Kai ao(a t6te

    \pv( (prjaouEV ; tig yp av, o apiaxE, e yE euevev t&Se

    otgo tv nvTa xpovov b vOv SiaKK6aur|Tai, Kouvvdvr)XjptaKET6 ttote Kal tloOv ; 10

    KA. ToOto oti uv uupiaKi u.pia ett) 8tEXv8avV apa d

    to tote, )(Xia Se uf)3oS yyovEV f| Sic ToaaOTa ett], l

    uv AaiSXcp KaTaavfj yyovEV, Ta Se 'OpcpE, Ta 8 llaXa-

    ur)8Ei, Ta 8 TtEpl uouaiKTjv Mapaa Kal 'OXuTta>, TtEplXupav 8 'A|ilovi, Ta 8 aXXa aXXoi TiauTtoXXa, cb etto 5

    eltielv \Qq Kai Ttp&rjv yEyovoTa.A0.

    "ApiaT3

    ,

    o KXeivux, t6v IXov 8ti TtapXiTiE, t8v

    TE^vc y& yV uve

    Halo8oEUaVTEUETO TtXai, TC SE EpyCO EKEVO OCTIETXeOEV, UUE aTE.

    KA. 0a^v yp ouv. 5A0. OukoOv outco 8f] XycUEv e^elv t6te, 8t

    3

    yvETO f)cf>8op, Ta TiEpi to vSpcTTou TtpyuaTa, uupCav jivTiva

    o6Epv pr)ulav, yfj 8' 86vou TrXf)8o TtuTtoXu,

    C a aporjv O (itrt i. m. O 3) Eus. yp. i. m. a*2 : pa rjv A || 8zw; -io OTtoijv Atheniensi cont. Immisch : alteri trib. AO || io-d icmouv io\jxo (sed ait. xo, fort, etiam u, p. n. et ace. suppr.) A :tlouv tou (tou e. v.) O* tiouv O II i. m. O4 et (yp. uouv X.* ? 1?toj t3) i. m. a2 || 3 riaXap.r|8t A et (et s. v.) O4 : IIaXa[Jirj87ji O ||7 api ai' i. m. Kc (yp. xat p' otaO' to r] aptax' >) : p' olaG' id. p'l'a-' AO || e 6 O'jxojv -8 r.d'xr.oAu hab. Eusebius, ia, i5, 5 (588 a-bV.) || Xywtxev AO Eus. : yoaev cj. Bud i. m. Vossiani || 8 8* A etS. v. O4 : 81 Eus. t' 0.

  • 677 e LES LOIS m 12

    et, tous les autres animaux tant disparus, quelques ttes debtail, peut-tre une race de chvres qui se trouvait par-

    678a gne, en petit nombre, elles aussi, pour assurer, en cedbut, la vie de leurs ptres ?

    Clinias. Et comment !L'Athnien. Mais cit, constitution, lgislation, objets

    qui ont suscit notre discussion prsente, pensons-nous qu'ilen restt absolument, peut-on dire, mme le souvenir ?

    Clinias. Nullement.L'Athnien. Mais n'est-ce pas de ces conditions qu'est

    sorti tout notre systme actuel, cits, constitutions, mtierset lois, avec abondance de vice, abondance aussi de vertu ?

    Clinias. Qu'est-ce dire?b L'Athnien. Pensons-nous, homme tonnant, que dans

    leur ignorance de beaucoup des choses belles qui ornent lesvilles, de beaucoup des choses aussi qui les dparent, ces

    gens-l aient atteint le comble de la vertu ou du vice ?Clinias. Belle parole ; nous te comprenons.L'Athnien. Mais avec le progrs du temps et la multi-

    plication de notre race, le monde est devenu ce que lemonde est maintenant ?

    Clinias. Exactement.L'Athnien. Non pas tout d'un coup, naturellement,

    mais peu peu, en un temps considrable.c Clinias. C'est fort vraisemblable.

    L'Athnien. En effet, l'ide de descendre des hauteursdans les plaines, tous, j'imagine, sentaient se renouveler leurterreur .

    Clinias. videmment.L'Athnien. Ne leur tait-ce pas une joie, en ce temps-

    l, du fait de leur petit nombre, de se voir entre eux - ? Mais

    avait fait de la mauve et de l' asphodle (Hsiode, Travaux,l\i) des simples d'une vertu souveraine.

    1. Cf. 677 b et la note. Se renouveler leur terreur , ou, pluslittralement : de frayeur, tinter leurs oreilles ; car l'pithteIvauXo; s'applique une parole rcemment entendue ou un vne-ment peu ancien.

    2. Du fait de leur petit nombre et aussi de leur isolement (678 e 9-10). A. Dis a prcis les rapports de ce tableau avec ceuxdu 1. II de la Rpublique (S'ji b-372 d) et du Politique (de ce dernier,celui du 1. IV des Lois est un extrait): ... Lois et Rpublique

  • i2 NOMQN P 677 ecpcov Se xcov SXXcov Ippovxcov, frouKdXi' xxa, Kal e xi ttou

    alycov TTEpiXicj>8v Ixuy^avEV yvo, cmvLa Kal xaOxa 10

    v^ouaiv Evat fjv xoxe Kax' p^ ; 678 aKA. Tt nfjv ;A0. I~l Xeco 5 Kal TToXixEia Ttpt Kal vo^oBEala, cov

    vOv Xcjyo fjuv Ttapaxr) kev , ap' co etuo eIttev o6u8aKal

    ^vr^irjv Evat x6 Trapnav ; 5

    KA. OuSa^ico.A0. OukoOv E, ekeivcov xcov SiaKEi^vcov ouxco x vOv

    yyovEv rjuv a^Tiavxa, tt6Xei xe Kal TtoXiXELai Kal x)(vaiKal vuoi, Kal TroXXf) uv TtovT]p'ia, noXXf] 8 Kal pExr) ;

    KA. ri XyEtc; ; io

    A0.""Ap* ot6^E8a, c 8auuaiE, xo 'zie, nEpou b

    ovxa ttoXXcov ^iv KaXv xcov Kax x aaxrj, ttoXXcov Se Kalxcov vavxlcov, xeXou Ttpo pExfjv fj Ttpb KaKlav yyo-vvai

    ;

    KA. KaXco eltte, Kal ^av8vouv o XyEt. 5A0. OukoOv Ttpo'Lovxo uv xoO y^pvo-o , ttXiiBuovxo S'

    fjucov xoO yvou, ei Ttvxa x vOv Ka8EaxT]Kxa npoEXf]-Xu8ev Tivxa

    ;

    KA. sOp86xaxa.A0. Ouk E,aic|>VT]c; yE, c elk6, Kax auiKpov Se lv io

    TTaUTToXXcp Xivl )(p6vC.KA. Kal uXa TtpTTEi xo08

    s

    ouxco. c

    A0. 'Ek yp xcov i|;r)Xcov ei x TtES'ia Kaxa6alvEtv,ouai, TiSaiv c|>66o EvauXo EyEy6vEi.KA. naS'o;A0. *Ap

    3ouk aa^iEvot uv auxo cbpcov Si Xiy

  • 678 c LES LOIS III i3

    les moyens de transport, qui les auraient relis alors les unsaux autres par terre ou par mer, n'avaient-ils pas pri avecles mtiers, autant dire peu prs tous ? Ainsi donc, il neleur tait gure possible, je pense, de se mler les uns aux

    d autres : le fer, le cuivre, tous les minerais avaient disparuple-mle, de sorte qu'il y avait toute sorte de difficults

    pour en extraire nouveau, et on tait court de bois de

    charpente. Car si des outils avaient pu subsister quelquepart dans les montagnes, ils avaient bientt disparu parusure, et il ne devait pas s'en fabriquer d'autres jusqu' ceque l'art des mineurs revnt parmi les hommes.

    Glinias. Le moyen, en effet?L'Athnien. Et combien de gnrations plus tard

    pensons-nous que cela s'est produit ?e Glinias. Apparemment, un grand nombre.

    L'Athnien. Mais alors, les mtiers qui ont besoin defer, de cuivre et de tous les mtaux, ne dirons-nous pas qu'ilsavaient disparu aussi cette poque, pour le mme temps etun plus long encore ?

    Glinias. Et comment !L'Athnien. Ce sont donc aussi la discorde et la guerre

    qui taient mortes en ce temps-l sur plusieurs points.Clinias. De quelle manire ?L'Athnien. Tout d'abord, ils s'aimaient et se regar-

    daient avec bienveillance dans leur isolement ; ensuite, ilsn'avaient pas se disputer la nourriture. Les pturages ne

    679 a manquaient pas, sauf peut-tre au dbut pour quelques-uns,et c'est de cela surtout qu'ils vivaient cette poque ; car lelait et la viande ne leur faisaient aucunement dfaut

    ;et de

    plus la chasse leur fournissait des vivres d'une qualit etd'un nombre apprciables. D'ailleurs vtements, couvertures,habitations, ustensiles qui s'emploient au feu ou sans feuexistaient en abondance ; en effet, les arts plastiques et tousceux qui relvent du tissage se passent compltement de fer,

    opposent l'innocence heureuse d'une socit rudimentaire au troublemoral qu'veille la civilisation, alors que le Politique oppose, la vied'une humanit dont Dieu est le pasteur, la vie d'une humanitlaisse elle-mme, et met naturellement en relief la misre inh-rente tout monde et toute socit d'o Dieu est absent {Noticedu Politique, p. xxxix). Cf. i re partie, Introduction, p. xvn-xvm.

  • i3 N0M12N T 678 c

    Xou t6te TtopEEcrSai Kax yf^v r\ Kax SXaTTav, av Ta

    T^vauq b ETto eItielv TivTa o^eSov -ncX&Xei ; auuLttayEivouv XXr)Xoi ouk ?\v oLiat. a68pa 8uvaT6v al8r|po ypKal xocXk Kal TtvTa Ta ^ETaXXcta CTuyK)(ULiva f| ex o) a O* : rcoXtoXst AO ||d 3 -ou xt O : Tcbu A || 7 av O II i. m; O et s. v. A2 : 8ij Aet s. v. O4 || 8 ^o-aat; A c (infra o et supra at eras., ace. i. r.) :-Oi, ai? A ? || e 2 soveat O et yp. i. m. A2 : Xyovtai A et yp. i.m. O 3 .

  • 679 b LES LOIS III i/4

    b et la divinit avait donn aux hommes ces deux sortes demtiers pour leur procurer toutes ces ressources, afin que,le jour o ils viendraient manquer de mtal, ceux de notrerace pussent natre et se dvelopper

    1. Dans cette situation, ils

    n'taient pas tellement pauvres, ni pousss par la pauvret entrer en contestation

    ;mais ils ne seraient jamais devenus

    riches, tant dpourvus d'or et d'argent comme ils l'taienten ce temps-l. Or, quand une socit ne connat jamais nila richesse ni la pauvret, c'est bien dans celle-l que pour-raient apparatre les plus gnreux caractres: ni dmesure

    c ni injustice, ni non plus jalousies ou rivalits n'y prennentnaissance. Ils taient donc bons, pour ces raisons et du faitde leur prtendue simplicit

    2: ce qu'ils entendaient dire de

    beau ou de laid, ils estimaient, en gens simples, que c'taitla vrit pure et ils y croyaient. Nul n'aurait su, comme

    aujourd'hui, force de sagesse, y flairer un mensonge; mais,tenant pour vrai ce que l'on disait des dieux et des hommes,ils vivaient en

    s'y conformant ; et voil comment ils taientabsolument tels que nous venons de les dcrire.

    d Clinias. Moi, en tout cas, et celui-ci nous sommes biende cet avis.

    L'Athnien. Dirons-nous donc que plusieurs gn-rations doivent avoir vcu de cette faon, moins industrieuses

    que les hommes d'avant le dluge et que ceux d'aujourd'hui,moins instruites des divers arts et en particulier de ceux dela guerre, tels qu'on les pratique actuellement sur terre etsur mer, et de ceux qui ne s'exercent qu' l'intrieur de lacit sous le nom de procs et de sditions, qui ont mis en

    e uvre, par la parole et par l'action, tous les moyens de sefaire mutuellement du mal et du tort ; qu'on tait plussimple, plus courageux aussi bien que plus temprant et, entoutes circonstances, plus juste? La raison de cet tat dechoses, nous l'avons dj expose.

    Clinias. C'est exact.

    L'Athnien. Mettons que nos explications et toutes les

    i. Le souvenir parat s'tre gard d'une poque o l'humanit

    ignorait le fer ; celui-ci tait pourtant connu en Anatolie ds 3 oooav. J.-C. Sur la proscription de l'or et de l'argent, si souvent rptedans les Lois, cf. Pindare et Platon, p. n^.

    2. La mention de la simplicit (eulthia) n'a rien d'ironique ;

  • i/i NOMN T 679 bT^va 8eo eScoke TtopC^Eiv to v8pTioi, v' tt6te e b

    Tf)v ToiocuTrjv nopCav eXSoiev, Ixol fiXaxr|v Kal etiISoctivt6 tcdv vBpcTCcov yvo. nvrjTE uv Sf] Si t toioGtov

    ocpSpa ouk jaav, ou5s

    tto TTEvla vayKanvoi SicfiopoiEOCUTOL EYIYVOVTO' TtXoaiOl S' OUK OCV TTOTE EyVOVTO XPU_ 5

    aol te 86voi ok EyytyvovTat. C3

    Aya8ol jiv 8f) Si TaOTa te fjaav Kal Si Tn,v XEyo^VTjvEurjSELav* a yp fJKOuov KaX Kal aXa\p, Euf)8i

  • 679 e LES LOIS III i5

    dductions que nous allons y ajouter tendaient nous repr-680 a senter quel usage ces gens-l pouvaient bien faire alors des

    lois et quel tait leur lgislateur.Glinias. Oui, c'est bien dit.L'Athnien. N'est-il pas vrai qu'ils n'avaient pas besoin

    de lgislateurs et qu'une pareille institution n'avait pas priscours cette poque ? En effet, l'criture n'existe pas encore cette priode du cycle ; ils vivent selon des coutumes et ceque l'on appelle des lois traditionnelles.

    Clinias. C'est du moins vraisemblable.L'Athnien. Mais il y a dj une sorte de rgime poli-

    tique, celui que je vais dire.Glinias. Lequel ?

    b , - . , L'Athnien. Il me semble que tousLa vie patriarcale. , n jplacent en ce temps-l un rgime d auto-

    rit personnelle qui subsiste jusqu'aujourd'hui en plusieurspays grecs et barbares ; c'est sans doute celui qu'Homredcrit propos de la vie des Cyclopes, quand il dit :

    Ceux-l n'ont pas d'assembles dlibrantes ni de rglements,Mais ils habitent les cimes de hautes montagnes,Au creux des cavernes, et chacun rgit

    C Ses enfants et ses femmes, sans souci du voisin1

    .

    Glinias. Ce pote de chez vous a l'air d'avoir t char-mant. En effet, nous avons encore d'autres vers de lui pleinsd'urbanit, en petit nombre cependant ; car nous autresCretois, nous ne pratiquons gure la posie trangre.

    Mgillos. Nous, au contraire, nous la pratiquons, et ce

    pote parat suprieur ses mules ; seulement, ce n'est pas lad vie de Sparte, c'est plutt une sorte de vie ionienne qu'il

    dpeint en toute occasion. Dans le cas prsent, il semble tmoi-

    prtendue montre que s'il y a ironie, celle-ci vise ceux qui ontdtourn le mot de sa valeur originelle ; cf. Rp. III 4oo e i-3.

    i. Od. 9, ii3-n5. Au v. n5, Xo'ycov est la seule leon atteste.C'est tort que les diteurs mentionnent une variante Xdyou sur lafoi d'Aristote, Eth. Nie. X, n8oa 28, o il ne pouvait tre questionde polygamie. Cf. J. Labarbe, L'Homre de Platon, Lige, iq4q,p. a38, n, 5.

  • t5 NOMN rt

    679 e

    ETt TidtvTa EprjaBco toOS' eveko, va vo^aco^EV to t6te

    v6^icv ti ttot5

    f\v XPE^a KaL T'

    l *W vo^o8Tr| auxo. 680aKA. Kal KaX yc pT]Ka.A0.

    "'Ap' oSv EKEVOl ^EV otfl' ISOVTO VO^oSeTCOV OTEtto

    eIXel Kax totou to xp

  • 680 d LES LOIS III 16

    gner srieusement en faveur de ta thse, lorsque sa mythologieattribue la sauvagerie les murs primitives des Cycle pes.

    L'Athnien. Oui, c'est vrai qu'il m'apporte son tmoi-

    gnage, et nous le prendrons pour garant qu'il peut se formerdes rgimes comme celui-l.

    Glinias. Bien.L'Athnien. Et ne serait-ce pas parmi ces groupes que

    la dtresse des catastrophes avait disperss par mnages ete par familles, o les ans commandent en vertu du pouvoir

    eux transmis par un pre ou une mre, tandis que sousleur gouverne les autres, comme des oiseaux, constituerontune seule troupe, soumise une royaut patriarcale, detoutes la plus juste?

    Glinias. Tout fait.L'Athnien. Et aprs cela, un plus grand nombre se

    runissent en agglomrations plus considrables et se tournentvers les cultures, tout d'abord vers celles qui couvrent les

    681 a pentes des montagnes ; en guise de rempart pour se dfendredes btes froces, ils se font des cltures de pierres sches

    1,

    ralisant cette fois une grande habitation commune.Clinias. Il est du moins vraisemblable que les choses

    se passent ainsi.

    L'Athnien. Et ceci, n'est-ce pas vraisemblable.Glinias. Quoi ?L'Athnien. A mesure que ces habitats du dbut, moins

    importants, se dveloppent en ceux-ci qui le sont davan-

    tage, chacune des cellules apporte avec soi un aine commechef de famille et des habitudes particulires engendres par

    b leur isolement mutuel, habitudes qui diffrent selon les

    parents et les ducateurs et qui, soit dans les rapports reli-

    gieux, soit dans les rapports mutuels, se sont cres ou pluspolies ou plus rudes, suivant que les chefs ont t davantagel'un ou l'autre

    ; et, juste de la mme faon, chacune, mode-lant ses prfrences propres ses enfants et les enlants deses enfants, doit apporter, je le rpte, des lois particuliresdans cette socit plus large.

    Glinias. Evidemment.

    i. Auaai'a, qui dsigne proprement un mur de pierres sche?, afini par signifier enclos ; cf. L. Robert, Hellenica, II, 19^6,p. i37-i38.

  • i6 NOMN T 680 dtg> a X6ycp eoike uapTupEv, t& p^aov aTv ettI t^vypiTrjTa 8i uu8oXoyla ETtavEVEyKobv.A. Nal* auuuapTupE yp, Kal X6cuv ye cxutv urjvu-

    xf)v oti ToiaOTai ttoXiteioi y'iyvovTat ttote. 5

    KA. KaXfc.A0. Mcov ouv ouk ek toutov tcov KaTa ulav oicr|aiv Kal

    Kair yvoc; SiEcmapuvcov utto -nopta Trj ev Ta 8opa,lv a to Ttpa6uTaTov ap^Et 8i t8 t^]v apx^ v xuto ek e

    naTp Kal urjTpd yEyovvat, oettouevoi KaSaTiEp 5pvi8yXrjv uiav Ttoif|

  • 681c LES LOIS HT 17

    c L'Athnirn. En outre, ncessairement, chaque groupeaime d'abord ses propres lois et les prfre celles des autres.

    Clinias. C'est ainsi.L'Athnien. Tiens ! nous avons comme mis le pied sans

    nous en douter, ce qu'il parat, sur l'origine de la lgis-lation.

    Clinias. Tout fait.L'Athnien. Aprs cela, en tout cas, cette nouvelle

    communaut doit choisir certains de ses membres commereprsentants, pour examiner les coutumes de tous les

    groupes et, dans l'intrt commun, exposer clairement auxd chefs et conducteurs de peuples, comme des rois, celles

    qui leur agrent le plus, afin de les leur faire approuver ; ilsseront appels eux-mmes des lgislateurs ; quant aux autres,les ayant tablis comme magistrats, ils feront des anciens

    pouvoirs personnels une sorte d'aristocratie ou mme deroyaut, et c'est sous le rgime ainsi modifi qu'on vivra parla suite.

    Clinias. Certes, les choses se passeraient de cette faon

    par tapes.L'Athnien. Parlons maintenant d'une autre forme

    politique, la troisime, o se rencontrent toutes les espcesde rgimes aussi bien que de cits avec leurs vicissitudes.

    Clinias. Quelle est donc cette forme ?

    e L'Athnien. Celle qu'Homre encore

    Fondation^ruine ft indique aprs la seConde, en disantque la troisime se prsentait ainsi : il

    fonda Dardanie, dit-il en effet,

    Car la sainte Ilion ne s'levait pas encore dans la plaine commeune cit, une vraie cit humaine : ses hommes continuaient habiter les pentes de Vida aux mille sources

    l.

    682 a H rcite donc ces vers et les autres, ceux qu'il appliquaitaux Cyclopes, en parlant, si j'ose dire, selon la divinit etselon notre nature

    ;car les potes aussi sont une race divine,

    1. Iliade, 20, 216-218 (trad. Mazon lgrement modifie). A ctdu gnitif 7roXu:tto*ay.o, normal en fin d'hexamtre, Platon a putrouver dans une recension ancienne 7ioXu:n8axou (cf. J. Labarbe,0. c, p. 24 1). La citation de YIliade reparat dans le fragment du

  • i 7 NOMQN T 681cA0. Kal \x)v xo ys aTwv v6fciou paKEiv EKaaToi c

    vayKadv ttou, to 8 tgv aXXcov aTpou.KA. Otc.A0.

    'Apxfj 8f) vo^oSsalac; oov fci6vT IXBofciEV, beoikev. 5

    KA. rivu \xkv o8v.

    A0. T6 yoOv jiEx TaOxa vayKaov atpEaBai toai)VE86vTOC TOTOU KOLVOtJ TLVa EaUTCV, 01 Sf| Ta nv-tcv iS6vx v6^nia, Ta ctcJhchv paKovxa octcv ^XtaxaeI t6 kolv6v toi rjy^6ai Kal yayoOca to Si^ou i

    otov (SaaiXEOcn avEp SeIay.o; Homeri codd. || 682 a 3 0eov -5IxaToxe hab. Hermias, In Phaedrum, 88, 17-19 G. ; Proclus, InRemp.,I, i56, 6-9 et i85, 1 i-i3 K. j| veaaxcxv AO Herm. Procl. i85 : om.Procl. 56

    II post yvo ras. duar. vel tr. litt. in A (cum duob. sign.).

  • 682 a LES LOIS III 18

    inspire lorsqu'elle chante, et avec l'aide des Grces et desMuses ils atteignent tout instant bien des faits historiques.

    Clinias. Certes.

    L'Athnien. Progressons donc encore plus avant dansla fable qui nous est venue l'esprit : peut-tre clairera-t-ellemon propos. Faut-il faire ainsi ?

    b Clinias. Tout fait.L'Athnien. Troie, disions-nous, fut fonde quand on

    quitta les hauteurs pour descendre dans une plaine grandeet belle, sur une crte peu leve et voisine de fleuves nom-

    breux, qui prenaient leur source aux sommets de l'Ida1

    .

    Clinias. On le dit, c'est certain.L'Athnien. Ne croyons-nous pas que cet vnement

    eut lieu longtemps aprs le dluge ?Clinias. Comment ne serait-ce pas longtemps aprs ?L'Athnien. En tout cas, il a fallu que les hommes

    eussent terriblement oubli le cataclysme dont nous parlionsc tout l'heure, pour exposer ainsi une ville nombre de

    fleuves qui coulent des hauteurs, confiants en des collines

    qui n'taient gure leves.Clinias. C'est donc, videmment, qu'un temps tout

    fait considrable les sparait d'un semblable dsastre.L'Athnien. D'autres cits aussi, j'imagine, s'instal-

    laient dans les plaines, en grand nombre ds lors, mesureque les hommes se multipliaient.

    Clinias. videmment.L'Athnien. Celles-ci, parat-il, allrent jusqu' entre-

    prendre une expdition contre Troie, et peut-tre mme parmer, car dj tous allaient sur l'eau sans crainte,

    d Clinias. Il semble.L'Athnien. Et aprs un sige de dix ans peu prs,

    les Achens ruinrent Troie.Clinias. Absolument.

    1. I du dialogue d'Aristote Sur la Philosophie que Jean Philopon nousa conserv au dbut de son commentaire Vlsagog de Nicomaquede Grasa (traduit par A.-J. Festugire dans La Rvlation d'Herms

    Trismgiste, t. II, p. 322-223) ; cf. ci-dessus la note 677 b.1. Faut-il, avec Ch. Vellay (Controverses autour de Troie, Paris,

    io,36, p. 91) tenir ces expressions homriques, celles d'il. 20, 216-218 cit plus haut, pour irrductiblement dfavorables au sited'Hissarlik ? Mais G. Radet avait sans doute raison de mettre en

  • 18 NOMQN T 682u.vcp8o0v, ttoXXcv tcov Kax' Xf)8Eiav Y Lyvo^ivcov auv ticxiv

    Xpiaiv c>8pa u66coc; fj8r| TtvTcov xpcou.vcov xfj 10

    8aXdxTr|. dKA. alvETai.

    A0. AKa 8' ETrj ttou ^EivavTE 'A^auol Tf]v TpotavvcrraTov ETtolrjaav.

    KA. Kal fciaXa. 5

    a (\ utxvwBouv A (u i. r.) et O Procl. (bis) : y pyjapLOiSouv Herm. ||Ytyvo{j.iva)v A. (post o eras.) et O : YY0V Ttov Procl- (bis) om - Herm.|| 7 xo" vuv O : xcu'vuv A et . i. m. O 4 (o/, eu) || b 3 xe A et (t ex t)Oc : xi O || 5 aat A et (a s. v.) O4 : otjch O || C 4 Tiva Kc : xc AO.

  • 682 d . LES LOIS III 19

    L'Athnien. Or, au cours de cette priode de dix ans

    que dura l'investissement de Troie, les divers pays des assi-

    geants virent arriver les nombreux malheurs causs par lessoulvements de la jeunesse, qui mme, au retour des soldatsdans leurs villes et leurs demeures, les reut si mal et si

    e injustement qu'il s'ensuivit des meurtres, des massacres etdes exils innombrables

    ;ceux qui furent bannis revinrent

    plus tard avec un nouveau nom, appels Doriens au lieu

    d'Achens, parce que c'tait Dorieus qui avait ralli lesexils d'alors 1 . Mais voil qu' partir d'ici tous ces vnements

    qui se droulent sont votre lgende vous, Lacdmoniens,et votre histoire.

    Mgillos. Et comment !

    .

    , .L'Athnien. Le point o a commencLes Etats doriens. .. . \

    ,,

    ,, ,

    notre digression, lorsqu au dbut denotre entretien sur les lois nous avons rencontr la musiqueet l'ivresse, nous y voil maintenant ramens nouveaucomme par une providence, et la discussion,

    dirai-jequ'elle nous offre une prise favorable ?

    est arrive la683 a fondation mme de Lacdmone, dont vous vantiez le gouver-

    nement et aussi bien celui de la Crte, puisque leurs loissont surs. Or maintenant, la divagation de nos propos, quinous ont fait parcourir une srie de rgimes et de fondations,nous vaut un avantage : nous avons considr une premirecit, une seconde, une troisime, dont les fondations se suc-cdent, croyons-nous, dans des laps de temps infinis, etmaintenant cette quatrime cit, ou si vous voulez ce peupleest arriv, au moment de sa constitution ancienne, puis tel

    b qu'il est actuellement constitu2

    . Si de tout cela nous pou-vons induire ce qui a t bien institu ou non, quelles lois enconservent les parties sauves et lesquelles en ruinent les

    parties ruineuses, quels changements et sur quels points

    garde contre des identifications trop rigoureuses ; mieux vaut faire lapart, chez Homre, de l'imagination et du paysage intrieur .

    1. Allusion l'invasion dorienne et la conqute du Ploponnse,dont le souvenir s'tait perptu mais que Platon ne met pas forc-ment 80 ans aprs la chute de Troie. Quant l'accueil fait aux ancienscombattants, nous le connaissons par l'Odysse ou par YAgamemnond'Eschyle, et Platon devait avoir sa disposition d'autres Nostoi.

    a. L'examen des institutions Cretoises et lacdmoniennes, entre-

  • i 9 NOMQN T 682 dA0. OukoOv v totc tco y^pvo, 5vtl Sektei, 8v t6

    "IXlOV ETtoXlOpKETO, l TOV TToXlOpKOVTQV EKaCJTCV OKOIKaaTE 683aKaTOLKEaBaL Kal KpfjTrjv a8Xv, a> ol6^E8a, 5Ta KaTotKrjaEatv )(o^va v xpovou Tiv ^keoiv-nXTOt, vOv Se &r\ TETapTrj tl f\\xv a^Trj ttXi, el 8

    fioiiXEaBE, eSvO JKEl KaTOlKL^6^lEv6v T TTOTE Kal vOv KaTC-

    KUJfcivov. 'E Sv aTtvTcov eI tl auvEvat Suv^iESa tI te bKaXco f) |if| KaTOKiaST], KalnoioL v6^oi ac>ouaiv auTv xao^6|jLEva Kal ttool cpBE'ipouat x cpSEip^Eva, Kal olvtI

    e t\ x xdxe puy A II i. m. O4 et ( et s. v.) O4 : xo xdxecpuya; O (sed xoiu; O c ex x) || Acopia AO : Acopta A2 ( i. m.)cum A 3 (i s. v.) et O4 (i s. v.) || 5 xe O : om. A et . s. v. O* ||683 a i xaxotxT)aiv AO : xaxot'/.taiv cj. Bckh || 6 xaxoiX7]aeatv O4(t] s. v.) et II i. m. O4 : xaxoixt'aeaiv AO [| 8 vuv O : %po vuv A II i.m. O4 .

  • 683 b LES LOIS III 20

    feraient le bonheur d'une cit, voil, Mgillos et Clinias, ce

    qu'il nous faut dire nouveau comme si nous reprenions au

    dbut, moins que nous n'ayons des objections contre lespropos tenus jusqu'ici.

    Mgillos. En tout cas, tranger, si un dieu nous pro-c mettait qu'en entreprenant pour la seconde fois l'enqute

    sur la lgislation nous entendrons des propos de la qualitet de l'tendue de ceux qui viennent d'tre tenus, j'accep-terais, pour ma part, de faire une longue route, et le jourprsent me paratrait court. Et pourtant c'est peu prs celuio le dieu tourne de l't vers l'hiver 1 .

    L'Athnien. Il faut donc, parat-il, faire cette enqute.Mgillos. Tout fait.L'Athnien. Eh bien ! transportons-nous par la pense

    cette poque o Lacdmone, Argos, Messne et leurs pos-sessions taient virtuellement soumises, Mgillos, vos

    d anctres; l-dessus, ils dcidrent, en croire du moins la

    faon dont on rapporte la tradition, de diviser en trois leursforces et de fonder trois cits : Argos, Messne, Lacdmone.

    Mgillos. Tout fait.L'Athnien. Le roi d'Argos fut Tmnos, celui de Mes-

    sne Gresphonts, ceux de Sparte Procls et Eurysthns.Mgillos. D'accord.L'Athnien. Et toutes les populations leur jurrent de

    e les secourir, si l'on essayait de renverser leur royaut.Mgillos. Parfaitement.L'Athnien. Mais lorsqu'une royaut est abolie, ou

    quand une autorit en gnral l'a t dans le pass, est-cepar d'autres que par elle-mme? Ou plutt, tandis que tout l'heure, rencontrant un peu plus haut cette question, nous

    posions ces principes, les aurions-nous maintenant oublis2?

    Mgillos. Serait-ce possible ?L'Athnien. Eh bien ! cette fois-ci, nous tablirons

    mieux notre thse : c'est aprs avoir rencontr des faits histo-

    riques, semble-t-il, que nous abordons la mme doctrine ;684 a ainsi, nous n'enquterons pas dans l'abstrait, mais sur du

    pris au 1. I sur le plan thorique, reprend ici du point de vue histo-

    rique.i. C'est le solstice d't.

    2. Rappel (et application aux rgimes politiques) du principe pos

  • ao NOMN T 683 btio'lcv nota

    ^ETaxeSuTa EuSalu-ova tt6Xlv TtEpyoLTs

    av,

    2> MyiXX te eolkev, nl TV IOauTv X6yov IXr|X\j8aLJLEv, gSctte ou TtEpl kev6v tl r|Tr]CTOLiEV

    XL 2.-3

  • 684a LES LOIS III 2 r

    vcu, du rel. Or, les faits sont les suivants ' : trois royautsont chang des serments avec chacune des trois villes leurs

    sujettes, selon des lois qu'elles ont tablies communes aux

    gouvernants et aux gouverns, les uns s'engageant ne pasimposer plus violemment leur autorit avec le progrs du

    temps et de la race ; les autres, sous la garantie des magis-trats, ne jamais renverser eux-mmes la royaut ni souffrir

    h que d'autres le tentent ; mais les rois secourraient, en cas

    d'injustice, les rois et les peuples, et les peuples, en cas

    d'injustice, les peuples et les rois. N'est-ce pas cela ?Mgillos. C'est cela, oui.L'Athnien. Ne croyez-vous pas que les constitutions

    politiques dictes dans les trois tats, soit par les rois, soit

    par d'autres lgislateurs, avaient un avantage essentiel?Mgillos. Lequel ?L'Athnien. L'union de deux d'entre eux contre le troi-

    sime, quel qu'il ft, s'il dsobissait aux lois tablies.Mgillos. videmment.

    c L'Athnien. Or la plupart des gens prescrivent aux

    lgislateurs d'tablir une lgislation que les peuples et lesmultitudes accueilleront volontiers, comme si l'on enjoignait des entraneurs ou des mdecins de soigner et guriragrablement les corps en traitement.

    Mgillos. Tout fait.L'Athnien. En ralit, il faut souvent tre content si

    l'on peut arriver sans douleur excessive rendre un corpsbien portant et sain

    2.

    Mgillos. Et comment !d L'Athnien. Les hommes de ce temps-l avaient cet autre

    avantage qui ne facilitait pas peu l'tablissement des lois.Mgillos. Lequel ?

    au livre I (626 e) : La dfaite o l'on succombe ses propres armesest ce qu'il y a tout la fois de plus honteux et de plus lche ?Mais voir V Introduction, p. xx, n. 3.

    1. Depuis 683 c, Platon suit la version laconisante de l'invasiondorienne (rsume Lettre VIII, 354 b) ; cf. Pindare et Platon, p. (\i.

    2. La foule exige une lgislation agrable et non pas simplementbienfaisante

    ; pour blmer ce caprice, Platon recourt volontiers la

    comparaison de la mdecine : Gorg. 5ai d-5a2 a (le mdecin traduit

    par un cuisinier devant un tribunal d'enfants), Lois IV 720 c-d

    (conseillers politiques et mdecins de gens libres), Lettre VII 33o d-

  • 2i NOMQN F 684 a(tov aTOv Xyov], XX TTEpl yyov
  • 684 d LES LOIS III 22

    L'Athnien. Les lgislateurs n'taient pas en butte,lorsqu'ils imposaient aux citoyens une certaine galit debiens, la pire des critiques, si frquente en d'autres citso on lgifre : si quelqu'un s'avise de toucher la propritfoncire et d'abolir les dettes, voyant qu'on n'arrivera jamaissans ces mesures instaurer une galit suffisante, le lgis-lateur qui essaie une rforme de ce genre trouve aussittdevant lui tout un peuple qui lui dit de ne pas mouvoir ce

    e qui est immuable 1 , qui le maudit d'introduire des partagesdu sol et des suppressions de dettes, au point qu'ils sonttous rduits l'impuissance

    2. Mais, pour les Doriens, cela

    mme allait de soi tout bellement et sans animosit : la terrese divisait sans contestation, et il n'y avait pas de dettes

    importantes et anciennes.Mgillos. C'est vrai.L'Athnien. Comment donc, excellents amis, leur fon-

    dation et leur lgislation ont-elles bien pu tourner si mal ?685a Mgillos. Que veux-tu dire, et de quoi les blmes-tu?

    L'Athnien. De ces trois pays, deux gtrent bienttleur constitution et leurs lois, et il n'en resta qu'un, celui

    de votre cit.Mgillos. La rponse n'est gure facile.L'Athnien. Eh bien ! c'est en examinant maintenant

    cette question, en jouant propos de lois au jeu paisible quisied des vieillards, qu'il nous faut continuer sans ennuinotre chemin, comme nous le disions au moment de nous

    b mettre en route.Mgillos. Bien sr, il faut faire comme tu dis.L'Athnien. Mais en matire de lois, quelle plus belle

    enqute pourrions-nous faire que d'tudier celles qui onthonor ces cits? De quelles villes plus grandes et plusillustres considrerions-nous la fondation ?

    Mgillos. Il est difficile de leur en prfrer d'autres.L'Athnien. Dans l'esprit de ces gens-l, bien videm-

    33 1 a (si l'tat, comme le malade, refuse de changer de rgime, onne devra pas se prter de nouvelles consultations).

    1. Prcepte rituel, qui avait pass en proverbe ; cf., avec /.ivr,Tov,Tht. 181 a 8, Lois VIII 843 a i, XI ai3 b 9 (cf. V -36 d 1) ; aveceu xsifuvov, Phil. i5 c 9 ; et cf. Epinomis 985 c 8.

    2. Pour l'abolition des dettes, un exemple fameux est la seisachthie-de Solon (Aristote, Constitution d'Athnes, ch. vi).

  • 22 NOMN T 684 dA0. Ok f]v xo vou.o8xaic; f\ LLEylaxr) xv llllljjecv,

    ta6xT]xa axo xiva KaxaaKEuouaLV xf^ ouaia, fJTTEp ev 5

    &XXaL vo(io8xou(jivaic; tt6Xec7l TroXXa ylyvExaL, ^av Tl

    ^rjxf] yfj xe Kxf]atv klvelv

  • 685 b LES LOIS III 23

    ment, ces dispositions ne devaient pas assurer une protectionc suffisante au seul Ploponnse, mais encore tous les Grecs

    si quelqu'un des barbares leur faisait tort, comme le jouro les peuples de la roade, forts de la puissance des Assy-riens de Ninive, provoqurent par leur insolence la guerrecontre Ilion. Car ce qui restait du prestige de cet empiretait encore considrable : de mme qu'aujourd'hui nouscraignons, nous, le Grand Roi, de mme, cette poque, lescontemporains redoutrent le bloc ainsi organis. Un grand

    d sujet de plaintes contre les Grecs avait t la seconde prisede Troie

    ;car cette ville faisait partie de l'empire assyrien

    l.

    En face de ces dangers, l'union des forces jadis rparties entretrois tats sous l'autorit de rois qui taient frres, les filsd'Hracls, avait t, semble-t-il, imagine et rgle propos,et cette arme l'emportait sur celle qui avait march contreTroie. Tout d'abord, en effet, on mettait, chefs pour chefs,le commandement des Hraclides bien au-dessus de celui desPlopides

    2; ensuite, cette arme paraissait suprieure en cou-

    e rage celle qui tait arrive devant Troie ; car les nouveauxvenus taient vainqueurs : les autres, des Achens, avaientt battus par ces Doriens. Ne pensons-nous pas que tellestaient les dispositions et les intentions des hommes de cetemps-l ?

    Mgillos. Tout fait.L'Athnien. Ne devaient-ils pas aussi croire naturelle-

    686 a ment que cet tat de choses serait stable et durerait long-temps, entre gens rapprochs par tant de travaux et de

    dangers communs, gouverns par une seule race, celle de

    i. La source de Platon n'est pas Hrodote ; ce pourraient tre lesPersica de Gtsias : rattachaient-elles Troie l'empire assyrien ? La

    premire prise de Troie, par Hracls, est voque au chant V del'Iliade (vv. 64o sv.) ; sur la seconde, cf. ci-dessus, 682 d. Le GrandRoi est dsign (c 6) par l'expression protocolaire avec article et

    adjectif, celle des inscriptions et du cylindre de Cyrus, qui remonteau vi e sicle au moins (peu aprs 538) ; en d'autres endroits, Platonse conforme l'usage rcent : voir 6q5 e.

    2. Sur le retour des Hraclides, cf. Apollodore, Bibliothque, II

    177 ; les Hraclides d'Euripide traitent une partie du sujet. Les Plo-

    pides (ou Atrides) sont les fils d'Atre (lui-mme fils de Plops),Agamemnon, roi de Mycnes et d'Argos, et Mnlas, roi de Sparte.

  • 2 3 NOMN F 685 bOKEu-qv Taxr|v ou neXo-novvfjacp ^i6vov IcjEaSai fror|86vLKavrjv, CT)(e8v SfjXov, XX Kal to "EXXrjaiv Ttacnv, e c

    ti tcv frap6apcv auTo aSiKo, KaBotTtEp ol TtEpl t6 "IXiov

    OlKoOvTE TTE, TUiaTEUOVTE Tfl TCV 'AaCTUplcV SuvfclEl TT)TtEpl Nvov yvou.vr|, 8paauv6jiEvoi t6v ttoXe^ov fjyEipavtv ettI TpoCav. *Hv yp etl t6 Tfj apy^c; EKEivr|c; a^^a 5t6 ctcou.evov ou a^iKpov Ka8aTTp vCv t6v u.yav fraaiXa

    o6ou.8a rjfciEc;, Kai t6te EKivr|v t^jv auaTa8aav auv"Tac^iv ISSiaav ol t6te. Mya yp EyicXr|Lia npo auTourj i?\q Tpota aXcooi t& SETEpov EyEyvEr Tfj apX^ Y"P ^

    Tf}c; ekevcv fjv u.6piov. ripc; 8f] tout* fjv TtdvTa fj toO

    oxpotTOTtSou xoO tote 8iavEU.r)6Eaa el TpE ttoXei

  • 686 a LES LOIS III al

    leurs rois qui taient frres, et en outre guids par les oraclesde tant de devins et ceux mmes de l'Apollon de Delphes 1 ?

    Mgillos. Gomment ne serait-ce pas naturel ?L'Athnien. Cette grande attente s'envola, parait-il,

    alors bien vite, sauf, nous venons de le dire, pour une petiteb partie, celle de votre pays, et celui-ci n'a jamais cess jusqu'

    ce jour d'tre en guerre avec les deux autres ; pourtant, sile plan primitif s'tait ralis et avait fait l'union, c'et t,

    militairement, une force irrsistible.Mgillos. Certes.L'Athnien. Comment donc et par o s'est-il elTondr?

    N'est-il pas intressant d'examiner, propos d'un ensemblede cette importance, quel destin a pu le renverser

    2 ?

    Mgillos. En fait, il serait vain de porter ses regardsc ailleurs pour voir des lois ou des constitutions diffrentes

    maintenir de grandes et belles situations ou au contraire lesruiner de fond en comble, si on ngligeait celles-ci.

    L'Athnien. Cette fois, voil donc, ce qu'il parat,que nous nous sommes engags par bonheur dans une con-sidration d'importance.

    Mgillos. Tout fait.L'Athnien. Mais, homme tonnant, ne venons-nous

    pas de tomber dans la mprise commune tous les hommes?Chaque fois qu'ils voient qu'une chose a t belle, ils se disent

    d qu'elle aurait fait des merveilles si l'on avait su en user selonune belle mthode

    ;et nous, dans ce mme cas, il se pourrait

    bien que nos vues ne fussent pas justes et selon l'ordre, ni

    davantage, sur tous les autres sujets, celles de tous les gensqui en ont de semblables.

    Mgillos. Vraiment, qu'entends-tu par l, et proposde quoi devons-nous dire que tu as tenu ce langage ?

    L'Athnien. Mon bon, c'est de moi-mme que je viens

    i. Platon parle toujours de l'Apollon de Delphes avec le plusgrand respect (cf. Pindare et Platon, p. 187-139), et en aucun cas ilne sera question de le sacrifier une religion nouvelle ; sans doute, Delphes mme, Apollon avait d partager avec Dionysos ; mais ilgarde son prestige dans la cit des Lois et de YEpinomis, fidles en

    cela la tradition dorienne.2. La rponse la question ne sera donne que 6o,5 e 6, aprs la

    critique de l'ducation de Xens.

  • 24 NOMQX r 686 aTupo xoxoi 8' Ixi Kal ttoXXo ^vxEcri KEXpr) ^vou svauxo te aXXoi
  • 686 d LES LOIS III a5

    de me moquer. Comme je considrais cette organisation dontnous parlons, j'ai trouv qu'elle tait splendide et qu'untrsor merveilleux ft en elle chu aux Grecs, je le rpte, sil'on s'en tait alors servi comme il faut 1 ,

    e Mgillos. N'est-ce pas propos et raisonnablement quetu as parl et que nous t'avons approuv ?

    L'Athnien. Peut-tre; je me dis cependant que qui-

    conque voit un instrument considrable et muni de beaucoupde puissance et de force prouve d'instinct ce sentiment, quesi le possesseur d'un engin de cette nature et de cette taillesavait en faire usage, il accomplirait bien des merveilles etserait heureux.

    687a Mgillos. Gela encore n'est-il pas lgitime? Que t'ensemble ?

    L'Athnien. Examine donc les considrations qui, pourquelque objet que ce soit, lgitiment cet loge; tout d'abord,en ce qui concerne le sujet prsent, comment, s'ils avaientsu disposer mthodiquement leurs forces, les matres de cettepoque auraient-ils bien pu atteindre le but ? N'est-ce pass'ils les avaient solidement constitues et maintenues ensuite travers les temps, de faon rester libres personnellementet capables de commander qui ils voudraient, et de satis-

    b faire, chez tous les hommes universellement, Grecs ou bar-bares, leurs propres dsirs et ceux de leurs descendants

    2? Ne

    les louerait-on pas ces divers titres?Mgillos. Tout fait.

    L'Athnien. De mme, lorsqu laNe rien souhaiter j . j i_que de raisonnable.

    vue d une Srande richesse > des honneurs

    qui distinguent une famille ou d'autres

    avantages de ce genre un homme tient le mme langage, nele fait-il pas avec l'arrire-pense que par l on obtiendratous les biens que l'on dsire, ou le plus grand nombre et lesplus prcieux ?

    Mgillos. Il semble bien,c L'Athnien. Allons, tous les hommes ne partagent-ils

    i . La rcurrence reprend les expressions antrieures de l'Athnien

    (686 c 9-d i), qui reviendront encore (avec chiasme) 686 e b-~ ;l'insertion d'v avant xzffik -apa-savv, propose par England, ren-drait la phrase plus rgulire.

    a. Cf. Alcib. I, io5 b.

  • 25 NOMQN T 686 ds

    ATto6Xi|;a yp npbq toOtov tv cjtoXov ou Tipi StaXEy6_u.8a, I8o u.01 TtyKaXc; te Evai Kal 8auu.aorov KTf]u.aTTapaneaELV to EXXr)ai.v, Snep etiov, e ti apa auT t6teKaX )(pr)aaTO.ME. OukoOv eu Kal e)(6vtcc; voOv au te nvTa ette Kal e

    ETtpvaa^Ev rju-Ei;A0. "laco* evvo y u.r|v c tiSc; o av Srj tl jiya

  • 87 d LES LOIS III 26

    pas le dsir essentiel que la discussion dgage en ce moment,comme elle le dit en propres termes ?

    Mgillos. Lequel?L'Athnien. Le vu que les vnements obissent aux

    injonctions de notre me, tous, si c'tait possible ; sinon, dumoins les choses humaines.

    Mgillos. Et comment !L'Athnien. Et si en toute occasion nous ne voulons

    que cela, les uns et les autres, enfants aussi bien que vieil-

    lards, n'est-il pas fatal que nous ne cessions de former cevu ?

    Mgillos. videmment.d L'Athnien. Avec nos amis aussi, j'imagine, nous

    appellerons de nos vux ce qu'ils souhaitent pour eux-mmes.

    Mgillos. Et comment !L'Athnien. Or un fils, qui est un enfant, est cher

    l'homme qui est son pre1

    .

    Mgillos. Evidemment.L'Athnien. Et pourtant, parmi les vux que l'enfant

    forme pour soi-mme, il en est bien o le pre supplieraitles dieux de ne jamais exaucer les prires de son fils.

    Mgillos. Tu veux dire quand celui-ci les prie sansdiscernement et lorsqu'il est encore jeune ?

    L'Athnien. Oui;et aussi lorsque le pre, tout vieux

    qu'il est ou mme s'il est rest trop jeune 2 , entiremente

    aveugle au droit et la justice, fait d'ardentes prires dansdes sentiments voisins de ceux o Thse se trouvait l'gardd'Hippolyte qui mourut si malheureusement, crois-tu, si lefils y voit clair, qu'alors l'enfant priera avec son pre

    3 ?

    Mgillos. Je comprends ce que tu veux dire. C'est, mesemble-t-il, qu'il ne faut pas demander instamment que tout

    1. Cf. Lysis, 207 d.2. Allusion au proverbe le vieillard est deux fois enfant , que

    le I er livre a cit (646 a 4) ? Ou plutt le mot grec dsigne ici moinsl'ge que la chaleur du sang (ou de la tte).

    3. La scne o Thse maudit son fils est une des plus pathtiquesd'Hippolyte (887 sv.) De la pice d'Euripide Platon adapte ailleurs lesvers 35a (Alcib. I n3 c 2-3) et 612 (Banq. 199 a 5, Tht. i54 d5-6).

  • 26 NOMN r 687 dIv *ri t6 vOv tt6 toO Xyou Sr|Xou.Evov, b auTr\aiv Xoyo ;M E. T6 Tioov

    ;

    AG. T6 KocT xf]v Tfj aToO ^X^ ETtlTaE.iv Ta yiyv- 5-uEva ylyvEaBai, ^aXicrra uv &Ttavxa, et 8 uf), Ta ye

    vBpamiva.ME. Tt urjv;A0. OkoOv etieItiep |SouX

  • 687 e LES LOIS III 27obisse notre dsir, sans que notre dsir obisse davantagea notre raison 1

    ;mais ce qu'une cit et chacun de nous

    doivent hter de leurs vux, c'est d'tre raisonnables.688a L'Athnien. Oui, et qu'en particulier un lgislateur

    politique doive toujours avoir les yeux fixs l-dessus quandil arrte les commandements de la loi, je m'en ressouviensmoi-mme, et je vous rappelle en outre, si nous n'avons pasoubli le dbut de cet entretien, que, selon votre thse, lebon lgislateur devait rgler toutes les dispositions par rapport la guerre

    2; pour moi, je disais au contraire que c'tait l

    demander de lgifrer en fonction d'une seule vertu parmih les quatre, alors qu'il faut les avoir toutes en vue, mais

    principalement et la premire celle qui commande tout l'en-semble de la vertu, c'est--dire la sagesse, l'intelligence,l'opinion, avec leur escorte de passion et de dsir. Ainsi, ladiscussion est revenue au mme point, et moi qui parlemaintenant, je renouvelle mes affirmations initiales, si vous

    voulez, par manire de jeu, ou, si vous prfrez, au grandsrieux 3

    ; d'aprs moi, il est risqu de formuler des vux

    quand on manque de prudence, et c'est le contraire de sesc dsirs que l'on obtient. Si vous voulez admettre que je parle

    srieusement, admettez-le ; en fait, mon attente serait bien

    trompe si vous ne dcouvriez pas maintenant, en suivant

    l'argumentation que nous nous sommes propose tout

    l'heure, que le renversement des rois et de tout l'empireprojet n'eut pas pour cause la lchet ni l'incomptencemilitaire du commandement et de ceux qui devaient se laissercommander : ils ont t ruins par tous les autres vices, maissurtout par l'ignorance des intrts majeurs de l'humanit.

    . Que les choses se soient passes ainsi en ce temps-l, quemaintenant plus que jamais il en soit de mme et que, dansla suite des ges, il ne doive pas en advenir autrement, c'est

    1. Il ne parat pas impossible de garder la leon le mieux atteste,dont l'intrusion resterait inexplicable ; la variante 7:0X6, adopte parla majorit des diteurs (mais non par England) implique une oppo-sition la phrase ngative qui serait plus correctement marque parXX que par 8s.

    2. Cf. I 628 d sv. ; et, pour la phrase suivante, 63o c, 63 1 c

    (63 1 c 5 sv. est repris littralement 688 b 1 sv.), 632 c.3. C'est l'antithse socratico-platonicienne du jeu srieux.

  • 27 NOMN T 687 e(iouXr)Gi, xf]v ftoXr)(JLV Se LLr)8v LiaXXov Tfl eauxoO cj>po-

    vrjaEf toOto Se Kal ttoXlv Kal fva fjLLcov EKaaTov ical

    e^eaSaL Seiv Kal cjtieSelv, Sttcoc; voOv eE,el.A. Nal,

  • 688 d LES LOIS III 28

    ce que je vais, avec votre agrment, essayer de dcouvrir ensuivant l'ordre de la discussion, et de vous faire voir dans lamesure du possible comme des amis.

    Glinias. Vois-tu, tranger, exprime par des parolesnotre louange te pserait, mais nos actes seront ton meilleur

    loge: nous suivrons avec ardeur ton expos, et c'est par l

    que l'homme libre tout au moins montre le mieux qu'ilapprouve ou non.

    e Mgillos. Trs bien, Clinias ; faisons comme tu dis.Glinias. Ainsi en sera-t-il, si Dieu le veut. Parle seule-

    ment.

    L'Athnien. Nous disons donc, enLutter

    reprenant la route de notre discussion,contre l'ignorance. r , , , . ,. .

    que la plus grande ignorance perdit alorscet empire et produira naturellement le mme effet notrepoque, de sorte que, s'il en va de cette faon, le lgislateurdoit s'efforcer d'inculquer aux cits toute la sagesse possible,et de draciner le plus qu'il pourra l'inintelligence

    1.

    Glinias. C'est vident.689a L'Athnien. Qu'est-ce donc qu'on appellerait bon

    droit la plus grande ignorance ? Voyez si vous partagez vousaussi mon avis

    ; pour moi, je la dfinis ainsi.Glinias. Comment?L'Athnien. Quand un homme, aprs avoir jug beau

    ou bon quelque chose, le hait au lieu de l'aimer, et que ce

    qu'il trouve mauvais et injuste, il l'aime au contraire etl'accueille, c'est par ce dsaccord de la douleur et du plaisiravec l'opinion raisonnable que je dfinis la pire ignorance,et aussi la plus vaste, parce qu'elle atteint la plus grande

    b partie de l'me ; car la partie qui souffre et qui jouit estdans l'me ce que le peuple et la multitude sont dans la cit.

    Ainsi, lorsque l'me s'oppose la science, l'opinion, la

    raison, qui sont naturellement faites pour commander,j'appelle cela inintelligence ; de mme dans un tat, lorsque

    I. Inintelligence traduit votav, que Bckh voulait remplacerpar yvo'.av (et de mme 689 b 3, 691 d 1). Mais vota semble ici peu prs synonyme d' 4ua8ia (e /J, 689 a 1), dont la dfinition donneun peu plus loin (689 a 5- 10) correspond mieux au sens gnral

  • 28 NOMQN T 688 dTTELpao^at lv Kax t6v Ejfj Xoyov vEuploKEiv te Kalulv SrjXoOv q ouaiv LXoi.

    KA. A68pa ETtaiva6u.E8a* npoSLic yp to XEyo-livoi ETraKoXou8f)aouEv, ev o 8 yE eXeSepo ETiaiV/VKal

    uf) LiXurr' eotIv KaTac^av^.

    ME."AptoT', co KXelvio, Kal ttoicdliev S XyEuc;. e

    KA. v Ecn:ai TaOxa, v 8e6c; eSXt). AyE livov.

    A0. au,v Sr) vuv, Ka8' Sov 16vte ii\v Xoitt^v toO

    Xoyou, Tf]v uEyCaTrjv u.a8lav tte EKECvrjv tt]v SvaLiiv

    *noXaai Kal vOv TauTov toOto TtEUKvai ttolelv, &cjte t6v 5

    y vou.o8Trjv, eI to08' outo e^ei, TTEipaxov Ta ttXectiv

    LXrj te Kal aTt^rjTaL, Tauxrjv ttjv Siacpcvlav XTtrj teKal

    rjSovfj np t^jv KaT Xyov 86E,av u.a8iav r|u.l Evai

    ti*)v la)(Tr|v, LiEylaTi-jv Se, oti toO TtXf)8ou egtI ttj i|u)(f]c;'t6 yp Xutiou.evov Kal tjSouevov auTrj bnEp 8fju.6 te Kal b

    nXf]8o tt6Xeco eqtlv. "Oiav ouv TuaTf)u.ai f) Sai f[Xoycp EvavTtcoTaL, to cpaEi p)(iKo, f\ ^XT' toOto avoiav

    TtpoaayopEco, tiXec te, oTav ap^ouatv Kal v6u.oi u.f)

    d 4 xaTa tt)v ouvau.iv (sed ttjv p. n.) || e 3

  • 689 b LES LOIS III 29

    la multitude n'obit pas aux magistrats et aux lois, et aussichez un particulier, quand de belles raisons, prsentes dansl'me, n'obtiennent aucun rsultat, bien au contraire : c'esttoutes ces ignorances que je regarderais comme les plus

    c discordantes chez un tat ou en chacun des citoyens, non pasle^ignorances des hommes de mtiers, si vous comprenez,trangers, ce que je veux dire

    '

    .

    Glinias. Nous le comprenons, ami, et nous y souscri-vons.

    L'Athnien. Tenons donc cela pour dcid et formulcomme nous l'avons dit : ceux des citoyens qui ont ces

    ignorances il ne faudra confier aucune part du pouvoir maisles reprendre comme des ignorants, lussent-ils excellents

    d raisonneurs et rompus toutes les subtilits, tout ce quidveloppe la rapidit de l'esprit ; ceux qui ont les dispositionscontraires des prcdentes, on s'adressera eux comme des

    sages, quand mme ils ne sauraient, comme on dit, ni lireni nager

    2,et on leur donnera les charges comme des

    hommes de sens. Comment en effet, amis, la moindre espcede jugement pourrait-elle exister l o il n'y a pas d'har-monie ? C'est impossible ; et la plus belle et la plus grandeparmi les harmonies sera trs justement appele la plusgrande sagesse, dont a sa part l'homme qui vit selon la raison,tandis que celui qui en manque ruine sa maison et par rap-port la cit ne se rvlera jamais comme un sauveur, maisse montrera tout le contraire, totalement ignorant dans ce

    e domaine. Voil donc, ainsi que nous venons de le dire, ce

    qu'il faut tenir pour tabli de la faon que nous l'avons

    expos.Clinias. Qu'il le reste.

    d'avoia qu' celui d'ayvota : il s'agit d'une ignorance plus profonde.Le franais conserve mal ces nuances, n'ayant gure que le mot ignorance pour uaOa et pour yvoia ; peut-tre faudrait-il rendretAdOta par inconscience % ?

    1. L'accord intime des sentiments avec la raison suppose l'duca-tion des gots et des rpugnances dcrite au dbut du 1. II ; cf. lanote 653 c

    ;en ce sens (non au sens rejet par le Phdon), l'me

    est une harmonie;cf 689 d. Comme la multitude reprsente dans

    la cite l'lment sensitif, sa dsobissance aux magistrats et aux Loisentrane pour l'Etat le pire des dsaccords.

    2 . Proverbe qui reflte le temprament d'un peuple de marins

  • 29 NOMN T 689 bTTE(8r|TaL t6 TrXfjSoc;, TauTov, Kal Sf) Kal v6 vSpo, Tt6Tav 5KotAol lv

    *\>v\r\ X6yoi ev6vte ^rjSv Ttoiaiv ttXov XX Sf)totoi tt&v TovavTtov, TaTa Ttaa uaBlac; x TtXr|u-^EXsaTaxa Eycoy' ^v 8 fr| v ttoXeco te ical ev kpoCTLV. n yp&v, a LXoi, Sveu CTuua>vla yvoiT

    s

    avcf>povf]aEco

  • 689 e LES LOIS III 3o

    L'Athnien. Mais, dans les cits, ilSept titres

    y a ncessairement, je suppose, des gou-vernants et des gouverns.

    Glinias. Et comment !690 a L'Athnien. Eh bien ! quels sont, et en quel nombre,

    les titres commander ou obir, soit dans des cits, soitdans des maisons grandes ou petites ? Le premier n'est-il pascelui de pre et de mre? Et en gnral, la situation deparents n'est-elle pas partout un juste titre d'autorit l'garddes descendants i ?

    Clinias. Absolument.L'Athnien. La loi qui fait suite la prcdente est

    que les nobles commandent aux manants ; une troisimevient encore aprs celles-l, savoir que les plus gs doiventcommander et les plus jeunes se soumettre.

    Clinias. videmment,b L'Athnien. Une quatrime, son tour, que les esclaves

    obissent et que les matres commandent.Clinias. Cela va de soi.L'Athnien. D'aprs la cinquime, j'imagine, le plus

    fort commande, le plus faible obit.Clinias. Tu viens de mentionner une autorit bien

    contraignante.L'Athnien. Oui, et la plus rpandue parmi tous les

    tres vivants, la loi de nature, comme l'appela jadis Pindarede Thbes* 2 . Mais, semble-t-il, la rgle la plus importanteserait la sixime, qui veut que l'ignorant suive, et que le

    csage mne et commande. Or, dans ce cas, trs avis Pindare,je ne dirai certainement pas qu'elle est contre nature, maisbien naturelle, l'autorit que la loi exerce sur des sujetsconsentants et non contraints.

    Clinias. Tu as parfaitement raison.

    i . Sur le respect des parents, un des fondements de la cit antique,voir les textes cits dans Pindare et Platon, p. 88-90, et ajouter LoisXI q3 1 a-d.

    2. Un des textes importants pour l'interprlation du fragment dePindare (169 Schrder= Adlon 9 Puech) sur la loi reine dumonde, des hommes et des dieux , dform ou tout au moins solli-cit par Callicls dans le Gorgias (484 b) et auquel font cho dans lesLois, outre le passage du 1. III, ceux des livres IV (71 5 a 1) et X

  • 3o NOMQN r 689 eA0.

    "Ap^ovTa 8 Sf) Kal p^o^vou vayKaov Iv Tatt6Xeglv Evat ttou. 5

    KA. Tt n/|v ;A0. Etev ,icb^aTa Se 8f] toO te ap^etv Kal ap^EaSai 690 a

    Trod ecti

  • 690 c LES LOIS III 3i

    L'Athnien. La septime autorit, chre aux dieux etfavorise de la fortune, nous la faisons venir du sort : quecelui qu'il a dsign commande, que celui qu'il exclut prenneplace parmi les sujets, voil, d'aprs nous, la justice mme.

    Glinias. C'est trs vrai,

    d L'Athnien. Tu vois, lgislateur , dirons-nous enentrant dans le jeu de ceux qui abordent gaillardementl'uvre lgislative, combien il y a de titres commander,et l'opposition naturelle qui les spare ? Car nous venons dedcouvrir une source de divisions, et c'est toi d'y porterremde. Mais commence par rechercher avec nous comment,par quelle faute contre ces rgles, les rois d'Argos et deMessne se sont perdus et avec eux la puissance grecque, si

    e merveilleuse en ce temps-l. N'est-ce pas parce qu'ils mcon-nurent le mot si juste d'Hsiode : Souvent la moiti est plusque le tout

    * ? Lorsqu'il est prjudiciable de prendre le toutet que la moiti suffit, il estimait qu'alors ce qui est mesurl'emporte sur l'immodr, le meilleur sur le moins bon.

    Clinias. Tout fait.L'Athnien. Est-ce d'abord chez les rois, d'aprs nous,

    que ce phnomne apparat d'habitude pour leur malheur,ou bien parmi les peuples ?

    691a Clinias. Normalement et ordinairement, c'est l unmal de rois qui vivent dans la superbe et la mollesse.

    L'Athnien. N'est-il pas vident, par consquent, queles rois de cette poque furent les premiers en tre atteints, s'accrotre aux dpens des lois tablies ? Sur ce qu'ils avaient

    promis et jur, ils ne s'accordrent pas entre eux, et ladiscorde, qui est, nous le rptons, la plus grande ignorance,sous des apparences de sagesse, ruina, par des dissonances etun manque d'harmonie lamentable, tout cet ordre de choses }.

    (890 a 4-5). J'ai retrac l'histoire de la controverse (Pindare etPlaton, p. 1 71-175).

    1. Hsiode, Travaux, 4o, o le proverbe, cit aussi Rp. V 466 c,prcde immdiatement celui de la mauve et de l'asphodle, ren-contr propos d'Epimnide (ci-dessus, note 677 e 3) : Enfants!ils ne savent mme pas combien la moiti vaut plus que le tout niquels grands avantages contiennent la mauve et l'asphodle . Dans

    les vers prcdents (38-3g), il tait question de rois dvoreurs de

    prsents , que cette pithte oppose aux deux rois entre lesquels le

  • 3i NOMN T 690 cA0. 0eoiX^ Se y Kal ETu^fj Ttva XyovTE; I6S6^T|V 5

    p)(r|v, E K]p6vTLva TtpoyoLiEV,

  • 691a LES LOIS III 3 2

    Clinias. Il semble bien,b L'Athnien. Eh ! quelles prcautions le lgislateur qui

    oprait alors devait-il donc prendre contre le dveloppementde ce mal ? Par les dieux, il n'y a maintenant rien de sorcier le reconnatre ni rien de difficile le dcrire ; mais s'ilavait t question alors de le prvoir, ne serait-il pas plus

    sage que nous, celui qui l'aurait prvu?Mgillos. Que veux-tu dire ?

    L'Athnien. En regardant ce quiLa constitution

    g

    est pass chez vous, Msrillos, il est aisde Sparte. , r , ,

    &.

    '

    ,

    de reconnatre, et, une lois reconnu, dedire ce qu'il aurait fallu faire alors.

    Mgillos. Exprime-toi plus clairement encore.L'Athnien. Eh bien ! le plus clair serait ceci.Mgillos. Quoi ?

    c L'Athnien. Si l'on donne ce qui est trop grand ce

    qui est trop petit, en dpassant la mesure, que ce soit desvoiles aux vaisseaux, de la nourriture aux corps ou de l'au-torit aux mes, tout sombre, et dans leurs excs les unscourent des maladies, les autres l'injustice qui nat de ladmesure 1 . Qu'est-ce donc que je veux dire? N'est-ce pas ceci?Il n'est pas, amis, d'me mortelle dont la nature puisseporter la plus grande autorit humaine si elle est jeune ou

    d irresponsable, et lorsqu'elle aura infect son intelligence dela pire maladie, l'inintelligence, ne pas s'attirer la haine deses amis les plus intimes, ce qui a tt fait de la perdre et de

    dissiper toute sa puissance. Mais pour se garder de ce malen dterminant la juste mesure, il fallait de grands lgisla-teurs. Que le rsultat ait t obtenu alors, c'est de notre partmaintenant une conjecture bien modeste. En fait il paraity avoir eu...

    pouvoir tait sagement rparti Sparte : ils en avaient chacun cettemoiti prfrable la totalit (cf. 691 d).

    1 . Cf. 687 a 5 (ncessit du kuiros pour la stabilit d'un empire)et 690e (supriorit du mesur); Introduction, p. xx, n. 2. Enmatire de rgime, la mesure est un dogme de l'cole hippocratique.Mais les novateurs auxquels s'en prend l'auteur de l'Ancienne Mde-cine voulaient trouver dans leur hypothse du froid ou du chaud, dusec ou de l'humide, un mtron (analogue la mesure des sciences

    exactes) qui permt de discerner en tous les cas la vraie cause du

  • 3 2 NOMQN T 691 aKA. "Eolke yoOv.A0. EEV TL Sf) TV VO^o8TT]V ISeL t6tE T18VTOI EU- b

    Xa6r)8f]vaL toutou TtEpl toO TiSou tt^ yevegecoc; ; ap' S

    Ttp 8ev vOv liev ouSv cto6v yvSvai toCto ouS3eIhelv

    ^aXETTV, EL SE TTpOtSEV f)V TTE, OOCptoTEpO &V f)V f)U.0V

    TipoScov ; 5

    M E. T6 ttolov 8f] XyEi ;

    A0. E to yEyovb Ttap' lllv, o MytXXE, Icttlv vOv

    yE tcaTi86vTa yvcovat

  • 691 d LES LOIS III 33

    Mgillos. Quoi ?L'Athnien. Un dieu qui prenait soin de vous et qui,

    en prvision de l'avenir, faisant natre chez vous deux rois

    jumeaux au lieu d'un seul, a ramen l'autorit des limitese plus justes

    1. Aprs cela, encore, une nature humaine unie

    une nature divine, voyant votre royaut toujours enfivre,692 a mle la puissance raisonnable de la vieillesse la force pr-

    somptueuse de la race, en donnant au conseil des vingt-huitvieillards, dans les affaires importantes, mme suffragequ'au pouvoir royal. Puis le troisime sauveur, vovant chezvous le pouvoir encore enfl et irrit, lui imposa comme unfrein la puissance des phores, qu'il rapprochait de la puis-sance attribue par le sort

    2. Et ainsi, grce ce dosage, la

    royaut de votre pays, mlange proportionn des lmentsqu'il fallait, s'est sauve elle-mme et a fait le salut des

    b autres. Ce n'est pas, en effet, avec Tmnos, Gresphonts etles lgislateurs de ce temps-l, quels qu'ils pussent tre dicter des lois, que mme l'apanage d'Aristodmos se seraitjamais sauv : ils n'taient pas suffisamment experts enlgislation, car alors il est bien certain que jamais ils n'au-raient cru modrer par des serments une me jeune, armed'un pouvoir d'o la tyrannie pouvait sortir ; en fait, le dieua montr quel devait et doit tre le pouvoir destin durer

    c le plus. Que nous reconnaissions ces principes, je l'ai dj dit,maintenant, aprs l'vnement, il n'y a l rien de sorcier, car juger sur l'exemple des faits il n'y a rien de diffi-cile

    ;mais s'il s'tait trouv quelqu'un pour les prvoir, pour

    arriver temprer les pouvoirs et les ramener de trois unseul, il aurait sauv tout le beau plan d'alors et jamais l'in-vasion perse ni aucune autre n'et fondu sur la Grce, ennous mprisant comme gens qui comptent peu.

    Glinias. C'est la vrit.

    mal. C'tait aussi l'opinion de Platon (PhiL, 56 a-b). Cf. A.-J. Fes-

    tugire, in Hippocrate, L'ancienne Mdecine, p. 3.i. C'est en ce sens qu'il faut interprter le proverbe cit par

    Hsiode;voir ci-dessus la note 690 e.

    2. Une nature humaine unie une nature divine dsigneLycurgue, qui recevait ses inspirations de l'Apollon de Delphes (cf.6a4 a 5). Le troisime sauveur (pour cette locution proverbiale,emprunte la coutume d'offrir dans les banquets la troisime coupe Zeus Sauveur, cf. Phil. 66 d 4 et la note d'A. Dis) pourrait tre

  • 33 NOMON T 691 dME. T6 ttoov

    ;

    A0. eo evoci kt}86uevo uuov ti, 8 Ta u.XXovTa

    npoopv, Sl8uu.ov $u.v cpuTEuaa xfjv tcv (iaaiXov yVECXivek uovoyEvoO, eI to u.Tpiov u.XXov ouvoteiXe. Kal u.ET eTOUTO ETl

    ai TI v8pC0Tltvr| U.EU.iyu.VTJ 8eoc xtvl 8uvu.Ei,\ia>v Tf]v px^l v cpXeyjiotlvouaotv eti, u.Eiyvuaiv xf]vKax yfjpa aaxppova Svauiv Tfj KaTa yvo au8 cl&z l p ut], 692 a

    xf)v tSv 8ktq ov e l ^yiaxaTfj tcv ftaaiXcov noil'joaaa SuvuEi.

    eO Se Tplxo acoT^plav etl oTrapycaav Kal 8uu.ouu.vrjv Tf|v p^f)v 6pcov, oov

    ipXiov IvaEV auTfj xf]v tcov ECfxSpcov Suvau.iv, yy t) 5

    kXt^pcot^ yaycv SuvauEco' Kal Kax Sf) toOtov t6v X6yovf) ftaaiXEia nap' uu.v, cov ISel ouuu.eikto yvou.vr| Kal

    u.Tpov Ipuaa, acoSEaa auT^ acTrjpla to aXXoi yyovEVairla. 'EtteI ett'l yE Tt]u.evc> Kal Kpzaq>6vzr\ Kal to t6te b

    vou.o8xai, otive apa rjaav volioSetouvtec;, ou8' fj 'Apt-aToSrjuou UEpl lacbSrj ttot' av o yp iKav fjaav vouo-

    Ssala EU-TTELpoi*

  • 692 d LES LOIS III 34

    d L'Athnien. Honteuse, en tout cas,

    mdiaues ^ut ^a ^an dont ^ s ^a repoussrent. Etquand je dis honteuse, je ne nie pas

    qu'en tant vainqueurs sur terre et sur mer les hommesd'alors n'aient remport de belles victoires ; mais ce que jedclare honteux cette poque, ie voici : d'abord, sur troisEtats qu'ils taient, un seul a pris la dfense de la Grce ;les deux autres avaient si lchement dgnr que l'un d'euxvoulait mme empcher Lacdmone de prendre cettedfense, en lui faisant la guerre de toutes ses forces ; l'autre,qui avait eu le premier rang au temps lointain du partage,

    e celui d'Argos, invit repousser les barbares, ne rponditpas l'appel et ne prit pas les armes. Et s'tendre sur lesvnements qui marqurent alors cette guerre, on porteraitcontre la Grce des accusations qui n'ont rien d'honorable.Bien plus, qui dirait que la Grce s'est dfendue ne dirait

    pas la vrit: en fait, si la rsolution commune d'Athnes693 a et de Sparte n'avait cart la menace de la servitude, c'tait

    peu prs srement la confusion de toutes les races grecquesentre elles, ainsi que des barbares avec les Grecs et des Grecsavec les barbares, comme actuellement les habitants des

    rgions soumises aux Perses, force de dispersions et de

    brassages, vivent dans un parpillement lamentable. Voil,Clinias et Mgillos, ce que nous pouvons reprocher auxhommes d'tat, comme on les appelle, et aux lgislateurs,ceux d'autrefois et ceux d'aujourd'hui, afin qu'en recher-chant les causes du mal nous arrivions dcouvrir ce qu'il

    b aurait fallu faire d'autre que ce qui s'est fait ; nous venonsde le dire tout l'heure : il ne faut pas instituer de pouvoirtrop grand ou sans contrle, mais garder l'ide qu'une citdoit tre libre, raisonnable, unie, et que le lgislateur doitviser ce rsultat quand il fait des lois. Ne nous tonnons

    pas si plusieurs fois dj nous avons propos un idal que le

    lgislateur, disions-nous, devait avoir devant les yeux enc

    rdigeant ses lois, et si d'autre part l'idal ainsi propos nenous parat pas toujours sous le mme aspect : il faut consi-drer que lorsque nous disons qu'il faut avoir gard la

    Thopompos, si celui-ci a bien, comme le dit Aristote (Politique Vq, i, i3i3 a 26-27) tabli Pphorat ; au vme sicle, si ce Thopomposest identique au vainqueur d'Aristodmos dans la premire guerre

  • 34 NOMN T 692 dA0. A!axp6 yoGv fjjiyvavTo auxo, > KXsLvla. T6 8' d

    ala)(pov Xyco ou)( b ou vlkcovx ye ol xoxe Kal Kax yf^vKal KaT SXaxxav KaX VEVLKfjKacu ^^a* XX o r|u.Lataxpov tt' evai, t65e Xyco, t Ttpcoxov u.v eke'lvcov xcov

    tt6Xecov xpicov ouaSv u.lav Ttp xfje

    EXX8o u.0vai, xcb 5

    Se 8o KaKo ouxco Etvai Sicf>8apu.va, cocjxe f^ u.v Kai

    AaKESalu-ova SlekcoXuev ETtau.uvLV auxfl, TtoXcU.oGaa auxfjopr]u.va Kal auu.TTEc|>oprju.vaKaKco anapu.va KaxoLKExai. TaOx', S KXEtvia Kal 5

    MsyiXXE, e^ou-ev ETttXLU.av xo xe TtXai ttoXlxlko XEyo-u.voi Kai vou.o8xai Kal xo vOv, tva x alxla auxcov

    var)xoOvx, vEupiaKcou.v xi Ttap xauxa eSel npxxELV bXXo" oov Sfj Kal x6 Ttap&v elttoljlev, co apa ou Sel u.yXa

    p^ ouS' au u.ElKXou vou.o8exev, 8Lavor)8vxa xo

    xolovSe, o"xl tt6Xlv XsuSpav xe Eivai Sel Kal Iu.c{>pova Kal

    auxf] cj/iXrjv, Kal xv vou.o8xo0vxa TtpS xaOxa (iXnovxa 5Sel vou.o8exelv. Mf] 8auu.aacou.Ev Se el TtoXXaKL fj8r| npo8-U.EVOL axxa, Epr)Kau.v 8xl Ttp xauxa Sel vou.o8exev

    [iXnovxa xov vou.o8xr|v, x Se rtpoxESvxa ou xaux f)u.v ccj>aivExaL EKcrroxE- XX vaXoyL^EaSaL Xpi), oxav np x8

    d 6 oiesOapuva AO : istpGapuivco Kc || e 5 avaoat A et (sec.a s. v.) O4 : tLvesGau O || 693 a 2 (pSapa AO : {apSapix Kc ||b 3 xal comp. post vollocTeiv O (sed p. n.).

  • 693 c LES LOIS III 35

    temprance, ou la prudence, ou l'union, ce ne sont pasl des buts diffrents, c'est le mme but, et, de mme, lamultitude des expressions analogues qui peuvent s'offrir nedoit pas nous troubler.

    Clinias. Tchons de faire ainsi en revenant sur la dis-cussion

    ;ds maintenant, en ce qui concerne l'union, la

    d prudence et la libert, explique le but que tu allais assignerau lgislateur.

    L'Athnien. Eh bien ! coute. Il y a, parmi les consti-tutions, comme deux mres dont on dirait avec raison queles autres sont nes, et il est juste de donner l'une le nomde monarchie, l'autre celui de dmocratie ; la premireatteint son comble dans la race perse, la seconde y atteintchez nous

    ;et toutes les autres sans exception, je le rpte,

    sont des varits de celles-l l . Or, il faut ncessairement queces deux lments soient reprsents, si l'on veut qu'il y ait

    e libert et union dans la sagesse ; c'est ce que notre argumen-tation prtend rclamer, quand elle dit qu' moins d'avoir

    part aux deux une cit ne saurait tre bien gouverne.Clinias. Le moyen, en effet?L'Athnien. Or, pour avoir chri d'un amour excessif

    et exclusif, l'un la monarchie, l'autre la libert, aucun desdeux tats n'a atteint la juste mesure ; les vtres, Sparte etla Crte, y sont arrivs davantage ; Athnes et la Perse,aprs y avoir peu prs russi autrefois, sont maintenant

    694 a moins heureuses. Nous devons en rechercher les causes,n'est-ce pas?

    Clinias. Absolument, si nous voulons en quelquemanire excuter notre programme.

    L'Athnien. coutons. Lorsque lese espo isme

    Perses, du temps de Cyrus, vivaientperse.

    jdavantage selon une juste proportion de

    sujtion et de libert, ils devinrent tout d'abord libres, puis

    de Messnie;mais l'Aristodmos de b 3 est le fondateur de Lacd-

    mone, pre de Procls et d'Eurysthns (cf. 683 d 7 ; Hrod. IV 5a).La lettre VIII (354 b), avec Hrod. I 65, attribue Lvcurguel'institution de l'phorat comme celle du snat. Cf. Introduction,p. XXIV-XXVI.

    1. C'est l'enseignement du 1. VIII de la Rpublique. L'union et lalibert appartiennent davantage la dmocratie, la prudence la

  • 35 NOMN T 693 ccjcocppovEv (pcouEV Selv (}Xttlv, f) Ttp8 c|>p6vr|aLV f\ cjuXtav,eb eaB' outo ctkotic; ou)( ETEpo XX' aTo, Kai aXXa

    5f] TtoXX rjLL& TOLaOxa av yLyvT]TaL ^rjLiaTa Lin, Staxapax- 5

    TETCO.

    KA. nLpaa6^e8a tiolelv outco ETtavLVTE to Xoyouc;'Kai vOv

    Bf\ t6 TTEpl tt^ (JhX'ux te

  • 694 a LES LOIS III 36

    matres de beaucoup d'autres. En effet, comme le comman-dement accordait aux infrieurs une part de libert et lesadmettait l'galit, il y avait plus d'amiti entre soldats et

    b gnraux, on se montrait hardi au danger, et comme le roi,sans jalousie, autorisait leur franc-parler et honorait ceux

    qui pouvaient donner un avis sur quelque matire, quiconqueaussi parmi eux tait prudent et de bon conseil mettait auservice de tous sa comptence et sa capacit, si bien qu'ence temps-l tout prospra chez eux, grce la libert, l'union et la communaut des vues 1 .

    Clinias. Il semble bien que ce que l'on raconte se soit

    pass ainsi,c L'Athnien. Mais comment alors cet empire a-t-il pu

    se perdre sous Gambyse, pour se sauver nouveau, on peutle dire, avec Darius ? Vous plat-il que dans notre reconsti-tution nous recourions la prophtie

    8 ?

    Clinias. Assurment, cela nous aidera examiner

    l'objet propre de notre recherche.L'Athnien. Je a prophtise donc de Cyrus que,

    d'ailleurs excellent gnral et dvou son pays, il n'a euaucune ide de ce qu'est une bonne ducation, ni aucunsouci de gestion domestique.

    Clinias. Que devons-nous entendre par l ?d L'Athnien. Il parait, depuis sa jeunesse, avoir vcu en

    expditions, laissant lever ses enfants par les femmes. Celles-ciles levaient ds leur enfance en leur disant qu'ils taient djheureux et combls, qu'il ne leur manquait rien de ce qui faitle bonheur

    ;et force d'empcher que personne leur oppost

    la moindre contrarit sous prtexte qu'ils taient heureux souhait, d'obliger tout le monde vanter leurs propos et leursactions, elles en firent les jolis sires qu'on imagine.

    monarchie;cf. la psychologie des sentiments dans les premiers livres

    des Lois et la rcapitulation de 688 a-d.i. La Perse de Cyrus est reprsente comme une sorte de dmo-

    cratie militaire;d'o la mention du franc-parler, parrhesia, si cher

    aux Athniens (cf. Pindare et Platon, p. io3). Xnophon avait popu-laris l'image d'un Cyrus primesautier et libre d'allures. Mais Athne

    (5o5 a) voyait dj dans la critique de l'ducation perse (694 c sv.)une rponse la Cyropdie.

    2. Cette vaticina tio post eventum doit s'clairer la lumiredes explications donnes plus haut (691 b et d, 692 b-c).

  • 36 NOMQN T 694 a'EXsuSEpla yp apxovTE LiETaSiSovTE p^o^ivoi Kal ettIt aov ayovTE, LiXXov cplXoi te r\oa.v aTpaTiTai oipair\-

    yOL Kal TtpoSuLlOU aTOVJ V TO KlvSVOl TtapEL^OVTO* bKal eu tl a* cppoviLio t^v ev auTo Kal (ouXeeiv SuvaTo,ou cf>8ovEpoO xoO (BaaiXQ 5vto, SiSovto B TtapprjaiavKal tiuqvto to e tl Suvauvou ouu6ouXeeiv, KOlvfjVTT)V TOO CftpOVELV EI T LJ.EOOV TTOpEL^ETO SuvajJ.LV, Kal TiaVTa 5

    3r) tote eteSckev auTo Si' IXEuBEplav te Kal (piXlav Kal

    voO Koivcovlav.

    KA. "Eolkv y ttoc; Ta XEyLiEva o>to yEyovvai.A, rirj Br\ ouv tiote aTicbXETo et Kauuoou Kal nXiv C

    ettl AapElou oysBbv EaSrj ; {SoXeoSe otov LiavTEia Siavor)-8vte )(pcji8a ;

    KA. pi yoOv fJLiv (et) aKi|uv toCto ' oTiEp pLjufj-KaLlEV. ^

    A0. MavTEuoLiat Br\ vOv TtEpl y Kupou, Ta ^iv aXX3

    aTov aTpaTr|y6v te yaSv Evai Kal iXottoXiv, naiSEiaB p9f| ouj( rjclxev ; IO

    A0. ^Eoikev ek vou aTpaTEtJEoBai Si &lou, Ta yuvai- dE,lv napaSo to TtaSa Tpq EuSaiLiovaauTo ek tv nalScov u8 Kal ^aKapfou fjSrj yEyovTaKal etuSee ovTa totcv ouSev Tpov KoXuouaaL Bk

    o ouaiv LKavcoc; ESa'tLjLoaLV {x^te auTo vavTioOaSai 5

    {ir|8va sic LirjSv. ETraivEv te vayKaouaai TivTa tXeYOLIEVOV

    f) TtpaTTLJLEVOV UtT aUTOV , SpElpaV TOtOTOUTlVOi.

    b 4 e"; tt ; (9 s. v.) : et xi O et (*? s. v.) A2 ti A j| 6 IwxsvKc : nio'o/.ev AO II C 1 ante ir.l eras. in A (cum nno signo) (| 4 **-;zv.l:;

    cj. Post : jy.eitv AO |] touxo AO: toj cj. Badham || 6 fxav-TEu&aa; -d 2 tffa hab. libre Athenaeus, XI, 5o5 a || 7 91X0--oiv AO : :7:ovoy Ath. || TsatSeta; -8 ^aparcav hab. Gellius, XIV,3, 4 |! 8 bfftife oy AO : aux boQ&i Gel. opO^ oos Ath. || post o&vun. sign. in A (sine ras.).

    XI. a. 5

  • 694 d LES LOIS 111 3 7

    Glinias. La belle ducation, vraiment, que tu viens dedcrire !

    e L'Athnien. Dis plutt l'ducation fminine, celle defemmes du srail nouvellement enrichies, et qui lvent leursenfants sans l'aide des hommes, retenus par la guerre et parbien des prils.

    Glinias. C'est logique.L'Athnien. Leur pre, lui, leur gagnait btail, mou-

    lons, troupeaux d'hommes et d'animaux de toute espce, engrand nombre, mais ceux qui il comptait lguer ces

    695a richesses, il ignorait qu'on ne leur donnait pas l'ducation

    paternelle, celle des Perses, ce sont des ptres, les Perses ;

    une rude contre les voit natre, ducation austre, propre former des ptres bien robustes et capables de vivre au

    grand air, de veiller, et s'il faut porter les armes, de les

    porter ; il ne vit pas que c'tait la formation gte par le

    prtendu bonheur du protocole, la formation desiVldes, que des femmes et des eunuques donnaient ses fils,

    h et d'o ils sortirent tels qu'il fallait s'y attendre aprs uneducation sans frein 1 . En tout cas, lorsqu' la mort de Cyrusces jeunes gens lui succdrent, perdus de mollesse et delicence, l'un d'eux commena par tuer son frre, qu'il ne

    supportait pas de voir son gal, puis, gar lui-mme parl'ivresse et 'inconduite, il laissa prendre son empire par lesMdes et celui qu'on appelait alors l'eunuque, plein dempris pour la dmence de Cambyse 2 .

    c Glinias. On dit cela, et il semble bien que les chosesse soient passes peu prs de la sorte.

    L'Athnien. On dit aussi, je crois, que l'empireretourna aux Perses grce Darius et aux Sept.

    Clinias. Sans doute.L'Athnien. Voyons donc cela, fidles notre argu-

    ment. Darius n'tait pas fils de roi, ni nourri dans une du-cation amollissante

    ; lorsqu'il arriva l'empire et s'en emparaavec six autres, il le partagea et le divisa en sept lots, dontil reste encore aujourd'hui des ombres de vestiges ; il voulut

    i. Le bonheur de 6o,5 a 6 (cf. 694 d 2, 3, 5) faisait partie des

    privilges que le protocole rservait aux rois de Perse.2. Sur l'usurpation du mage Gaumata, qui se faisait passer pour

    Snaerdis miraculeusement sauv du meurtre projet par son frre

  • 3 7 NOMQN T 694 dKA. KocXrjv, co lotKa, Tpocf>i*]v ELpr)Ka.A0. TuvaiKElav u.v o3v ^aauXtcov yuvaiKcov vecocttI e

    yEyovuicov TtXoualcov, Kal ev vSpcov pr)u.la, Si t6 pr) ay^o-Xcxeiv n tioXu.cov Kai toXXcov kivSuvcov, to naSac;

    TpEcpouacov.

    KA."E^el yp Xoyov. 5

    A0. cO Se Ttorrrjp ye aTo au Tioiu.via u.v Kal Trp66aTaKal yXaq vSpcov te Kal aXXcov ttoXXcov TtoXX ekt&to,

    auTo Se oT TauTa TiapaScoasiv eu.eXXev f^yvoEi Trjv 695 a

    TtocTpcixxv ou *naiSEuou.vouc; T)(vr|v, ouaav TCEpaKrjv

    TTOIU.VCV ovtcov llEpacov, Tpa)(Eia ^cbpa EKyovcov

    a

  • 695 c LES LOIS LU 38

    gouverner selon, des lois par lesquelles il introduisait uned sorte d'galit commune tous, et rgla par dcret le tribut

    que Cyrus avait promis aux Perses, tablissant ainsi amitiet concorde entre tous les Perses et gagnant le peuple perse coup d'argent et de prsents ; aussi ses armes lui conquirent-elles par leur dvouement autant de territoires qu'en avaitlaiss Cyrus. Aprs Darius, le produit de la molle formationdes rois, Xerxs, Pauvre Darius , sommes-nous peut-tre fonds lui dire, qui ne t'es pas instruit du malheur

    e de Cyrus et as fait grandir ton Xerxs dans les mmes murso Cyrus avait lev Cambyse ! Xerxs donc, en enfantde la mme ducation, reproduisit les disgrces de Cambyse;et en somme, depuis ce temps-l, il n'a encore paru chez lesPerses aucun roi vraiment grand , si ce n'est de nom

    1. La

    faute, selon moi, n'en est pas au hasard, mais la vie mau-696 a vaise que mnent le plus souvent les fils des gens trop riches

    et des tyrans : il ne risque pas de sortir de cette ducationenfant ou homme fait ou vieillard qui se distingue par lavertu. Voil, affirmons-nous, ce que doit examiner le lgis-lateur, et nous de mme en ce moment. Mais votre cit,Lacdmoniens, mrite au moins cet hommage que vous nedpartez ni au pauvre ni au riche, ni au particulier ni au

    roi, quelque dignit ou quelque ducation que ce soit, horscelles que le guide inspir de vos origines vous a fixes de la

    b part d'un dieu. 11 ne faut pas, en effet, qu'un citoyen aitdes droits spciaux parce qu'il se distingue par la richesse,ni davantage, d'ailleurs, parce qu'il est bon coureur ou beauou fort sans quelqu'une des vertus, ou vertueux maisd'une vertu o la temprance fait dfaut.

    Mgillos. Que veux-tu dire par l, tranger?L'Athnien. Le courage, sans doute, est une partie de

    la vertu.

    Mgillos. Assurment.

    Cambyse, cf. Hrodote III, 6i sv. D'aprs I. Lvy (Revue des Etudesanciennes, ig4o, p. a34-24i), Platon donne au mot assyrien quisignifiait primitivement chef, commandant , saris, le sens post-rieur de castrat (ce que n'tait pas le Pseudo-Smerdis, commel'affirme la Lettre VII, 33a b i).

    i. Cf. ci-dessus 685 c 6 et p. a3, n. i. Les Perses d'Eschyle (v. 2:4)semblent le premier tmoin littraire de l'usage qui, partir de

    Darius, supprime l'article devant t5a7tXeJ (cf. 698 e 6) ; en parlant

  • 38* NOMQN T 695 c

    potToc XXeLTiTai, Kal v6u.ou f\E,Lov ljlevo okelv iaoTrjTa io

    kolvt]v Tiva eta(|)pov, Kal t6v toO Kpou 8aau.6v, ov utt- d

    o^eto npaat, el t6v v6u.ov eveSel, cfuXlav Troplcv KalKOLveovLav naaiv npaau;, xpr)u.aaL Kal ScopEa tov PlEpacov

    Sfju.ov irpoaay6|JiEVO;" Touyapoov auTco Ta aTpaTEuu.aTa laet'Euvota TrpoaEKTrjaaTo ^copa ouk eXocttou cv KaTXmE 5Kupo. Metw 8 AapEov ttj {iaatXLK^ Kal Tpuc|>Gbcrr| ttau.v,

    tS vou.o8Tr| aKETTTov, Kal r|u.tv 8 EV TCO VUV TiapVTt.AlKatov

    u.r)v, S AaK8aiu.vuH, tout6 y ir\ tXel ujacov 5

    TtoSt^ovaL, 8tl ttevIoc Kal ttXotc Kal IStcTEla Kal 3aai\Ela

    Siacjspouaav ou83

    t^vtlvoOv Ttu.f]v Kal Tpof]v vljlete, a u.f)to icai p^c; uu.lv Beov nap 8eo0 SiELiavTEaaTo tlvo. bOu yp 8rj Sel Kai tt6Xlv ys EvaL toc tilloc TTp)(ouaa,OTL TL EQTLV TlXoUTCO 8LapCV, ETIeI OU' OTL Ta)( f| KaXor\ to-^up avU tlvo pET^, ouS' pETrj fj cv acopoauv^nfj. 5

    ME. rico touto, o E,eve, XyEL ;A0.

    'AvSpEla ttou u.6pLov pETrjc; lv ;ME. H5>q yp ou ;

    d r xoivrjv Ttva A : ::va /.owr^ O ]| 3 ~6v O : T

  • 696 b LES LOIS III 3 9

    L'Athnien. Tranche donc toi-mme la question, supposer qu'on te demande si tu accepterais de loger cheztoi ou de voir loger prs de toi un homme trs courageuxmais sans temprance et dbauch 1 ,

    c Mgillos. Ne parle pas de malheur.L'Athnien. Eh quoi ! un homme de mtier et habile

    dans sa sphre mais injuste?Mgillos. En aucune faon.L'Athnien. Or la justice ne vient pas sans la temp-

    rance.

    Mgillos. Le moyen, en effet?L'Athnien. Ni non plus l'homme sage dont nous avons

    fait tout l'heure notre idal, celui dont les plaisirs et lesdouleurs s'harmonisent et s'accordent avec les raisonnements

    justes.Mgillos. Non, en effet.L'Athnien. Mais examinons encore ceci propos des

    d droits civiques, pour juger lesquels sont justifis ou ne lesont pas dans les diffrentes occasions.

    Mgillos. Quoi donc ?L'Athnien. Si la temprance rside toute seule dans

    une me, l'exclusion de l'ensemble des autres vertus, mri-tera-t-elle en justice honneur ou discrdit ?

    Mgillos. Je ne sais comment rpondre.L'Athnien. Eh bien ! tu as parl comme il faut ; car

    si tu avais rpondu ma question dans un sens ou dansl'autre, je crois que tu te serais exprim de travers.

    Mgillos. C'est donc bien fait.L'Athnien. Soit. Mais ce qui ne fait que complter ce

    quoi s'attachent honneur ou discrdit ne mrile pas qu'one en parle ; cela demande plutt qu'on se taise et n'en dise rien.

    Mgillos. Il me semble que tu parles de la temprance.L'Athnien. Oui. Et ce qui, parmi les autres biens, nous

    rend les plus grands services quand ce surcrot s'y ajoute,voil qui aura tous les titres tre particulirement honor ;le second les aura en second lieu

    ;et de mme, dans l'ordre,

    chacun recevra son rang les avantages qui lui sont dus.

    de Cyrus, Platon (6g b 3) et Hrodote font prcder ce mot del'article.

    i. Gomme les mercenaires de