Épis de faîtage en céramique - Espace presse

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Contacts presse : Éditions du patrimoine : [email protected] - 01 44 54 95 22 Clair Morizet : [email protected] – 01 44 54 95 23 Matilde Lebecq : [email protected] – 01 44 61 22 70 Dossier de presse Janvier 2021 Les Éditions du patrimoine présentent le livre Épis de faîtage en céramique Collection « Albums du CRMH » Ø Les épis de faîtage : un élément fort de l’art des toitures, fonctionnel et décoratif. Ø L’expression d’un art vernaculaire présent dans la France entière. Ø Le premier ouvrage complet sur ce sujet, dont les exceptionnels relevés du CRMH sont la force.

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Contacts presse : Éditions du patrimoine : [email protected] - 01 44 54 95 22 Clair Morizet : [email protected] – 01 44 54 95 23 Matilde Lebecq : [email protected] – 01 44 61 22 70

Dossier de presse

Janvier 2021 Les Éditions du patrimoine présentent le livre

Épis de faîtage en céramique Collection « Albums du CRMH »

Ø Les épis de faîtage : un élément fort de l’art des toitures, fonctionnel et

décoratif.

Ø L’expression d’un art vernaculaire présent dans la France entière.

Ø Le premier ouvrage complet sur ce sujet, dont les exceptionnels relevés du

CRMH sont la force.

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Communiqué de presse Fièrement posés en haut des toitures, les épis de faîtage en céramique font parfois encore partie du paysage des petites villes et des campagnes. À l’image des coqs campés au sommet des clochers, ils se remarquent de loin grâce à leurs formes et à leurs couleurs vives. Ils dépassent du faîtage pour protéger le poinçon placé à la jonction des arbalétriers. Symboles de la maison et de son propriétaire, ils ont souvent fait l’objet d’une attention décorative particulière. Depuis plus de 40 ans, le Centre de recherches sur les monuments historiques s’intéresse à ces épis de faîtage, en étudiant des pièces conservées dans des musées ou chez des collectionneurs privés. Un premier album conçu par Martine Diot, paru en 1984 (aujourd’hui épuisé) publiait des relevés effectués en Normandie, en Bretagne, en Bourgogne, ou dans le Berry, accompagnés d’une analyse historique et régionale. Présentés de nouveau ici, ils sont complétés par de nouveaux relevés, souvent réalisés dans la région Occitanie. Composés de formes géométriques, de fleurs, de personnages ou d’animaux, leur histoire et leur symbolisme sont évoqués ici, tout comme leur méthode de réalisation, ancienne ou actuelle. Comme dans chaque album de la collection, relevés graphiques et photographies pour la plupart inédites permettent de pénétrer au cœur de ces magnifiques objets vernaculaires.

Épis de faîtage en céramique Christel Guillot

Collection « Albums du CRMH » Parution : 14 janvier 2021 – Prix : 35 € 22,2 x 29,9 cm – 206 pages – 256 illustrations Broché EAN 9782757707562 En vente en librairie

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Le sommaire Description des épis de faîtage Historique Problématique de la datation Formes Rituels et symbolique Réalisation Épis de faîtage Moyen Âge Du XVIe au XVIIIe siècle De la fin du XVIIIe au XXe siècle Tuiles faîtières ornées La Poterie du Mesnil de Bavent (Calvados), centre de production actuel Conclusion Glossaire Bibliographie

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Les auteurs Diplômée d’architecture, technicienne des bâtiments de France, Christel Guillot travaille au CRMH (Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, ministère de la Culture). Elle est l’auteur de deux hors-série parus aux « Maisons paysannes de France » : Les murs de clôture et Les toits et leurs décors ; elle a également collaboré à plusieurs titres parus dans la collection aux Éditions du patrimoine. Avec les contributions de :

- Luis-José Alderete, dessinateur. - Gilles Charton, dessinateur, - Henri Rezza, dessinateur, - Jean-Jacques Roman, dessinateur.

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Quelques pages de l’ouvrage

Ces albums thématiques sont conçus par le Centre de recherches sur les monuments historiques (CRMH) de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et la direction générale des Patrimoines.Ils ont pour vocation de fournir une documentation photographique et dessinée (plans, coupes, élévations, détails d’assemblages) sur les divers aspects techniques de la construction ancienne : maçonnerie, charpenterie, menuiserie, ferronnerie, serrurerie, vitrerie.S’ils s’adressent principalement aux architectes, décorateurs et artisans dans le cadre de restaurations, ils intéressent également les historiens de l’art et des techniques traditionnelles, au même titre que les amateurs, soucieux de conservation.

Médiathèque de l’architecture et du patrimoine

Direction générale des Patrimoines

Ministère de la Culture et de la Communication

© Éditions du patrimoine,

Centre des monuments nationaux, Paris, 2020

ISBN 978-2-7577-0756-2

ÉPIS DE FAÎTAGE EN CÉRAMIQUE

CHRISTEL GUILLOT

DESSINS ET RELEVÉS : LUIS JOSÉ ALDERETE, GILLES CHARTON, CHRISTEL GUILLOT, HENRI REZZA ET JEAN-JACQUES ROMAN

CENTRE DE RECHERCHES SUR LES MONUMENTS HISTORIQUES

la terre, est recouverte d’une glaçure opaque appelée « engobe* ». Cette dernière, en recou-vrant la couleur de la terre argileuse, lui donne un aspect blanc et brillant. « Ce genre [était] très en vogue au XVIIe siècle, et nos musées possèdent de magnifiques spécimens […] Les potiers du XVe siècle, qui cherchaient à imiter la porcelaine chinoise, imaginèrent d’opacifier leur glaçure par de l’oxyde d’étain, d’où le nom de faïence stannifère25. »

LES CÉRAMIQUES VITRIFIÉES

LE GRÈSLe grès est à base d’argile contenant beaucoup de silice (de 60 à 75 %) et d’alumine (15 à 25 %), qui vitrifie lors de sa cuisson à 1 200 °C. Il est d’une grande dureté, imperméable et donc résistant aux gelées et aux variations de température.« Le début du grès semble remonter à la fin de l’époque médiévale en Allemagne. La technique du grès a été mise au point en Chine. Les décors étaient le plus souvent réalisés au bleu de cobalt qui supportait les hautes températures. Au XVIIe siècle, l’utilisation du grès s’est amoin-drie avec le développement de la faïence et de la porcelaine avec cependant un regain de faveur à partir du XIXe siècle. La collection commence [par] les grès chinois, allemand et français de la Renaissance et s’épanouit avec le travail des artistes de la fin du XIXe siècle qui utilisaient le grès comme un moyen d’expression privilégié jusqu’au XXe siècle26. »

LA PORCELAINELa porcelaine est produite à base de kaolin, une argile blanche, de quartz et de feldspath. Il y a plusieurs carrières de kaolin en France ; celle de Saint-Yrieix (Haute-Vienne) est, entre autres, celle qui fournissait les manufactures de porcelaine de Limoges. Cuite à 1 400 °C, elle se distingue du grès en étant blanche, fine et translucide.Il existe en fait deux catégories de porcelaines : les porcelaines tendres et les porcelaines dures. Les porcelaines tendres, qui portent aussi le nom de « fritte », sont à base d’une pâte cuite à une température comprise entre 1 100 et 1 250 °C, puis recouverte d’une glaçure à base de plomb à basse température. « À la Renaissance, potiers et alchimistes portés par l’esprit scientifique de l’époque et encouragés par des mécènes n’ont de cesse de chercher le secret de la porcelaine chinoise. De toutes ces expériences, ce sont

celles des Médicis à Florence et des princes français au tout début du XVIIIe siècle à Saint-Cloud, Chantilly, Vincennes… qui sont les plus probantes. Elles donnent naissance à la “porce-laine tendre”. Celle-ci a l’aspect de la porcelaine chinoise mais n’en a ni la dureté, ni la sonorité. Il manque l’élément principal, le kaolin toujours inconnu à cette époque en Europe27. » Ces por-celaines sont surtout utilisées pour les objets d’art, car elles se rayent facilement et résistent mal aux écarts de température. Quant aux por-celaines dures, dont le secret de fabrication était connu en Chine depuis le IIe siècle, elles ne furent produites qu’à partir de 1767 en France, après que Johann Friedrich Böttger, en Allemagne, en découvrit la formule en 1709.

LE FAÇONNAGE ET LE DÉCOR

Les pièces sont façonnées au tour. « L’invention du tour de potier animé d’un mouvement rotatif remonte aux premières dynasties égyptiennes, soit au IIIe millénaire avant J.-C.28. » Les boudins de terre, ou colombins, sont placés sur le tour et d’abord modelés à la main. Cette étape s’appelle l’ébauchage. Puis, le tour est mis en mouvement. Le potier peut alors, par la pression des mains, affiner la pièce qu’il travaille. « Quittant le tour, les poteries étaient ensuite déposées sur des planches ; pour les pièces ansées ou à bec verseur, il fallait laisser raffermir quelque peu la terre avant de placer les anses ou les becs. C’était le travail des “anseux de pots” qui, le plus souvent, étaient des anseuses puisque femmes et filles de potiers29. » Les poteries peuvent être déco-rées avec des incisions tracées avec une pointe de bois ou de métal ou des éléments rapportés par pastillage* ou estampage*. Puis vient le séchage qui peut se faire à l’extérieur par beau temps.

L’UTILISATION DES FOURS

« Longtemps avant de cuire, le potier a dû penser à constituer sa provision de combustible. Acheté sur pied dans le voisinage […], bouleau, aulne, charme, essences qui jettent une flamme vive et rapide sont appréciées. Le chêne excellent combustible, plus lent, était aussi employé après avoir été écorcé30. »La cuisson des poteries nécessite trois étapes : l’enfournement, la cuisson et le défournement. Dans le Traité de céramique, voici comment Édouard Greber la décrit31.

L’ENFOURNEMENTAfin de placer le maximum de pièces à cuire, tout en gardant une température bien uniforme, trois méthodes sont connues : en charge, pour les objets pouvant s’empiler (briques, tuiles,

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LA CÉRAMIQUE EN GÉNÉRAL

Le mot « céramique » provient de keramos, un mot d’origine grecque signifiant « argile » et désignant la famille des produits réalisés à base d’argile. Cette technique date de 25 000 ans. « Utilitaire au départ, avec une fabrication domestique qui s’exerçait à la maison par des mains féminines, elle est devenue un instrument d’échange sans être encore un moyen de

subsistance. La production s’est destinée pro-gressivement à la vente et les manufactures ont permis de constituer des groupes d’ouvriers spécialisés qui travaillaient dans un espace commun sur des productions particulières. Puis la céramique est devenue une expression artistique témoignant de l’art de vivre des civi-lisations donnant ainsi des formes et des déco-rations de plus en plus élaborées24. » Celle-ci est prélevée, tamisée et travaillée avec de l’eau

suffisamment longtemps pour qu’elle devienne une pâte plastique, se façonnant à volonté. Selon la composition de l’argile et la tempéra-ture de cuisson, on obtient deux types de réali-sations : les céramiques poreuses (terre cuite et faïence) et les céramiques vitrifiées (grès et porcelaine).

L’ARGILE

L’argile est une terre composée majoritairement de kaolin* et d’impuretés provenant de débris minéraux et d’eaux d’infiltration : silice, micas, feldspath, quartz, ainsi que des débris végétaux, de l’oxyde de fer, du carbonate de chaux… Chacun de ces éléments modifie la nature de l’argile selon leur couleur, leur taille et leur proportion.

LES CÉRAMIQUES POREUSES

LA TERRE CUITELa terre cuite est une poterie façonnée, séchée et cuite à 1 000 °C environ, utilisée pour les briques, les tuiles, les carreaux, et les terres cuites décoratives en général : cheminées, balustres, pots de fleurs… Ces poteries sont poreuses et donc gélives. Elles sont assez fra-giles et ne conviennent pas aux liquides.

LA TERRE VERNISSÉE OU ÉMAILLÉE ET FAÏENCEDurant l’Antiquité, on invente la technique de la glaçure, recouvrement de la surface par une sorte de vernis que l’on fait cuire pour qu’il prenne, qui permet de rendre le récipient imper-méable. Cette technique est oubliée un temps, puis elle réapparaît au début du Moyen Âge. Cet émail est appliqué sur la terre après la cuisson. Il en découle deux types de faïence : la faïence fine, dont la pâte est blanche et recouverte d’une glaçure plombifère transparente, ou la faïence stannifère qui, pour s’affranchir de la couleur de

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24. Site Internet du ministère de la Culture, Patrimoine culturel immatériel en France, www.pci-lab.fr.

25. Greber, 1934, p. 451 et 457.

26. Site Internet du ministère de la Culture, Patrimoine culturel immatériel en France, www.pci-lab.fr.

27. Maison de la porcelaine (Limoges), site Internet, https://www.maisonporcelaine.com/ histoire-porcelaine.aspx.

Atelier de poterie de terre cuite, planche de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1751, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

De droite à gauche : une pièce en terre cuite, une pièce avec engobe, une pièce émaillée, poterie du Mesnil de Bavent (Calvados).

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La forme générale de l’épi s’élance grâce à l’emploi, au-dessus de la tuile faîtière, d’un cylindre décoré de têtes de satyre ou de chérubin, surmonté d’un ou plusieurs vases de forme ovoïde ornés de têtes d’enfant soutenant des draperies. Ceux-ci sont très souvent émaillés bleu lapis et couverts de petites bossettes. Une couronne de fleurs et de fruits empruntés à la flore locale normande semble s’inspirer des cordons de feuillage et de fruits de l’atelier florentin des Della Robbia. Des croissants de Diane ménagent la transition avec la partie terminale constituée par une sphère vermiculée50 supportant le plus souvent un oiseau (pigeon, pélican, épervier) dressé sur ses pattes. Ici, un aigle surmonte cet épi daté de la seconde

moitié du XVIe siècle en terre vernissée polychrome, présentant tous ces décors. Un fer vertical consolidant l’ensemble se termine en partie basse par une patte réalisée avec trois broches d’une trentaine de centimètres de long afin d’assurer la fixation sur le poinçon.

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ATELIERS DU PRÉ-D’AUGE (CALVADOS), DÉPOSÉ AU MUSÉE NATIONAL DE LA RENAISSANCE

DU XVIE AU XVIIIE SIÈCLEÉCOUEN (VAL-D’OISE)

50. Dont la surface présente de petites lignes rappelant les sillons tracés par des vers.

L’épi de faîtage a été reconstitué grâce aux dessins du CRMH par la poterie du Mesnil de Bavent (Calvados).

Patte de fixation de l’épi sur le poinçon.

Épi de faîtage du Pré-d’Auge, exposé au musée national de la Renaissance à Écouen (Val-d’Oise).

Récapitulatif des relevés des épis de faîtage datés du XVIe au XVIIIe siècle.

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Marseille (Bouches-du-Rhône), MUCEM, D14452. Dessin Henri Rezza, 1988.

Les fabrications de Malicorne-sur-Sarthe ou de Ligron (Sarthe), dont les premiers exemples remontent à la fin du XVIe siècle pour atteindre leur plénitude au XVIIIe siècle, ont quelquefois été confondues avec les réalisations du Pré-d’Auge, malgré une ligne générale plus lourde et plus robuste. Les épis relevés sont caractéristiques et se composent, au-dessus de la tuile faîtière qui a presque toujours disparu, d’un vase godronné orné d’un gros relief et muni d’un col sur lequel s’attachent quatre anses en forme d’esses56. L’élément médian est décoré de feuilles d’acanthe stylisées, vernissées en vert. La partie terminale est constituée d’un oiseau accroupi, d’une pomme de pin ou d’un bouton de fleur. La teinte dominante est un jaune clair ou un vert avec mouchetures de brun manganèse, de jaune orange, de vert olive, de gris bleu. Le blanc pur n’apparaît jamais.

Les quatre exemples suivants proviennent de Ligron et sont visibles au musée de la Reine Bérangère, au Mans (Sarthe). Le premier est composé d’un vase à quatre anses et quatre feuilles d’acanthe dressées autour d’une partie conique terminée par un bouton floral. Cette poterie est polychrome : noire, verte, marron, orange, beige… Le deuxième, comportant un vase godronné à trois anses en partie basse et un cylindre décoré de trois feuilles d’acanthe, est terminé par un bouton floral. Il est vert, tacheté de noir, marron et orange, sur un fond beige.

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MALICORNE-SUR-SARTHE ET LIGRON (SARTHE), DÉPOSÉS AU MUSÉE DE LA REINE BÉRANGÈRE

DU XVIE AU XVIIIE SIÈCLELE MANS (SARTHE)

Épis de faîtage provenant de Ligron.

Fig. 83 – Épi de faîtage provenant de Ligron. 56. C’est-à-dire tournés en deux sens contraires, comme la lettre S.

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ATELIER D’AUVILLAR (HAUTE-GARONNE)

DE LA FIN DU XVIIIE AU XXE SIÈCLECOLLECTION PRIVÉE

Les modèles d’Auvillar (Tarn-et-Garonne) sont également très caractéristiques. Nommés « épis-carrousels77 », ils sont d’assez grandes dimensions, constitués d’une colonne tournée formée de plusieurs segments coniques ou renflés s’emboîtant les uns dans les autres. L’élément final est terminé par un pigeon, ailes repliées et col très élancé. L’épi présente une ou plusieurs rangées d’anses horizontales, souvent moulurées et placées au niveau de la panse. Sur ces anses viennent s’insérer des pigeons mobiles en terre vernissée terminés par un crochet, tournant au gré du vent, telles des girouettes.

Épi-carrousel d’Auvillar (Tarn-et-Garonne).

Détail de l’épi-carrousel.

77. Par Paul Duchein, auteur.

Avec un à trois boutons plus ou moins gros par élément ; les boutons les plus anciens sont les plus gros, puis ils s’amenuisent avec le temps. « Il a été dit que les anciennes taffettes avaient des boutons de 7 à 12 cm parfois. Or ces grands boutons, difficiles à faire, exigeaient un bon modeleur83. » TU

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TUILES FAÎTIÈRES ORNÉES

À BOUTONSTUILES FAÎTIÈRES FORMANT CRÊTE

Tuile faîtière à un bouton, à la poterie de Bavent (Calvados).

Vue de profil d’une tuile à bouton provenant de Champagne-Ardenne. Matériauthèque, MAP-CRMH, inv. 1972.

83. Chauvet, 1982, p. 84.

Tuile canal portant un décor, région Île-de-France. Matériauthèque, MAP-CRMH, inv. 1891.

Tuiles plates alsaciennes ornées de dessins et d’inscriptions. Dessin Christel Guillot (2020), d’après Images du Musée alsacien à Strasbourg.

Divers éléments en métal, en pierre ou en terre

cuite sont rapportés sur la couverture pour

former le faîtage en enveloppant la plus haute

rangée de tuiles, en permettant d’en assurer le

recouvrement et en fixant le faîte du toit :

les tuiles faîtières ou enfaîteaux, tuiles demi-

cylindriques de couronnement de la toiture.

Juxtaposées, elles forment une crête et sont

les supports d’ornements de toiture et d’épis de

faîtage. Généralement scellées au mortier pour

éviter que le vent ne les soulève, elles assurent

l’étanchéité du haut de la couverture et la stabi-

lité des chevrons de la charpente. La plupart des

charpentes de la période romane étaient compo-

sées de chevrons formant fermes, sans panne

faîtière : le poids des tuiles faîtières et des

crêtes leur donnait de l’assiette. Ajoutons que

ces tuiles ajourées offrent moins de prise au vent.

Elles terminent parfois des toitures recouvertes

de tuiles elles aussi vernissées ou ornées,

certaines même gravées d’inscriptions, de millé-

simes ou de dessins. C’est le cas sur certaines

tuiles plates alsaciennes, aux décors parfois très

compliqués : des croix, des étoiles, des fleurs

ou des arbres (tulipes, myosotis, sapins…), ou la

représentation d’une crucifixion, d’une tour à

trois étages, d’une église… Les tuiliers se servaient

d’un stylet en bois ou d’une matrice en bois

sculpté pour les réaliser. La coutume voulait que

cette tuile historiée soit la dernière à être placée

lors de la construction, à un endroit protégé du

toit, vers le faîte78. « Cette tuile porte-bonheur

devait mettre la maison sous la protection de Dieu

et la préserver de sinistres de toutes sortes79. »

CRÊTESLes crêtes ont existé de tout temps. Cette

« tradition » aurait été importée en Gaule par

les Romains80. « L’origine des crêtes est proba-

blement dans le procédé primitif des paysans

qui piquaient des plantes dans le faîtage en terre

des toitures de chaume pour le maintenir et

l’empêcher de se délayer à la pluie81. » Elles sont

souvent demi-rondes, et certaines peuvent pré-

senter un riche décor. Lorsqu’elles sont en terre

cuite, elles sont également nommées « taffettes »

(Normandie). Celles de la Renaissance sont

composées de rinceaux, de consoles, ornées de

fleurs de lys, fréquemment de lettres mono-

grammes reliées par des cordelières. Elles sont

parfois accompagnées de bavettes en plomb

étamé et doré qui portent en frise les armes et

devises des châtelains.

Habituellement, une crête doit être d’un dessin

simple et facilement lisible. Sa découpe doit être

étudiée avec soin et sa dimension proportionnée

au genre et à l’importance de la toiture qu’elle

couronne. « Les crêtes, pour la masse, la compo-

sition et la distribution des motifs, sont des

imitations des balustrades bordant les hautes

galeries des églises et autres grands édifices82. »

Ces accessoires de toiture se sont banalisés

au milieu du XXe siècle, car ils sont alors produits

en série et choisis sur catalogues.

Les tuiles faîtières formant crête sont déclinées

en plusieurs types.

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78. Jacoby, 1910, p. 4.

79. Klein, 1979, p. 42.

80. Lebouteux, 2001, p. 141.

81. Périn-Grados, 1889, p. 9.

82. De la Quérière, 1846, p. 16.

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La collection Ces albums thématiques résultent du travail mené par le Centre de recherches sur les monuments historiques (CRMH) de la direction générale des Patrimoines (ministère de la Culture). Ils fournissent une documentation photographique et dessinée (plans, coupes, élévations, détails d'assemblage) sur les divers aspects techniques de la construction ancienne et plus particulièrement du second œuvre (maçonnerie, charpenterie, menuiserie, serrurerie). Ils s'adressent principalement aux architectes, artisans et décorateurs dans le cadre de restaurations, mais aussi aux historiens des savoir-faire traditionnels et aux amateurs soucieux de conservation.

Les Éditions du patrimoine Ce sont près de 500 titres différents qui sont proposés par les Éditions du patrimoine à l’amateur comme au spécialiste : guides, monographies, livres d’art ou revues, souvent disponibles dans plusieurs langues (jusqu’à 11 traductions pour certains d’entre eux !). Au total, plus de 700 références qui reflètent la richesse du patrimoine géré́ par le Centre des monuments nationaux et par ses différents partenaires, publics ou privés. 21 collections bien identifiées structurent le catalogue et permettent de trouver pour chaque titre le contenu et la forme les plus appropriés, ainsi que le prix de vente le plus juste.

Direction éditoriale du Centre des monuments nationaux, les Éditions du patrimoine sont aussi l’éditeur délégué́ des services patrimoniaux du ministère de la Culture. Assurant à ce titre une mission de service public depuis 1996, elles ont pour vocation de rendre compte des derniers acquis de la recherche dans les domaines du patrimoine, de l’architecture, de l’histoire de l’art et de l’archéologie, et d’en diffuser la connaissance. Elles s’adressent aux amateurs et aux professionnels, aux étudiants et aux chercheurs, mais aussi aux enfants et aux publics en situation de handicap.

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