Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

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    Cahiers d tudes mdivales

    Cahier spcial - 1

    Donnes de catalogage avant publication (Canada)

    Colloque

    international Jean

    Scot (4c: 1983: Montral, Qubec)

    Jean

    Scot

    crivain:

    actes

    du IV

    Colloque

    international,

    Montral,

    28 ou t 2 septembre 1983: dit par G. H. Allard.

    (Cahiers d tudes mdivales; cahier spcial 1

    Texte en fran;ais et en anglais.

    Bibliogr.

    2-89007-577-X

    l

    Erigena, Johannes Scotus, ca810-ca877 - Congres.

    2

    Philo-

    sophie

    mdivale-

    Congres. l. Allard, Guy-H., 9 3 ~ Il. Titre.

    III. Collection

    D

    lll.C33no

    cahier spcial

    ditions Bellarmin

    8100, boul. Saint-Laurent

    Montral

    Librairie

    philosophique

    J.

    Vrin

    6, Place de la Sorbonne

    Pars

    Couverture:

    Pierre Peyskens

    192

    C86-096-61-7f

    Dpot

    lg l tr trimestre 1986- Bibliotheque nationale du Qubec

    Copyright

    Les ditions Bellarmin 1986

    ISBN 2-89007-577-X

    l

    \

    l

    l

    Cahiers d tudes mdivales

    Cahier spcial - 1

    JE N S OT CRIV

    IN

    Actes du JVe Colloque international

    Montral, 28

    ou t

    2 septembre 1983

    Bellarmin

    Montral

    d. G.-H. Allard

    1986

    Vrin

    Pars

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    T BLE DES M TIERES

    GUY-H. ALLARD

    Prsentation

    DOUARDJEAUNEAU

    Jean Scot

    et

    l'ironie

    PAUL

    DIETRICH-

    DONALD F. DUCLOW

    ~ r a d i s e Escha tology: Symbolism and Exegesis in Peri-

    p yseon ,

    .................................................................

    .

    PAUL E DUTTON

    Eriugena the Royal Poet

    GUSTAVO PIEMONTE .

    L:expr.ession

    quae

    sunt et quae non

    sunt,

    :

    Jean

    Scot et Marius

    V1ctonnus

    JOHN

    J. O'MEARA

    Translating Eriugena ................... ..

    JEAN

    PPIN

    Jean Scot, traducteur de Denys. L'exemple de la Lettre

    IX,

    ...

    GOULVEN MADEC

    Jean Scot et ses auteurs

    CLAUDIO LEONARDI

    Nouvelle prsenta tion d'un vieux probleme

    .........................

    .

    9

    13

    29

    5

    8

    115

    129

    143

    187

    .\

    .

    8

    JEAN

    SCOT CRIVAIN

    WERNER BEIERWALTES

    Language and its object.................................................... 209

    GIULIO D'ONOFRlO

    Disputandi disciplina. Procds dialectiques et

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    PRSENT TION

    Est igitur vox interpres

    animi

    1

    Le IV Colloque

    Jean

    Scot

    s'est

    tenu

    Montral

    (28

    aot-

    2 septembre 1983) sous les auspices de la Socit internationale

    pour

    la

    promotion des tudes rigniennes (SPES) et 'invitation de I'Institut

    d'tudes mdivales de I'Universit de Montral. L'vnement a ras

    sembl des rudits de plusieurs rgions du monde, assur ant ainsi a

    rencontre une dimension internationale que n'aurait pas dsavoue

    notre

    crivain,

    comme en tmoignent

    autant

    son histoire personnelle

    que son esprit universel : in hac republica universit atis visibilium et

    invisibilium

    2

    L'vnement a permis en

    outre

    de maintenir ininter

    rompue la srie des rendez-vous rigniens inaugure en juillet 1970

    a

    Dublin et poursuivie

    a

    Laon en juillet 1975 et

    a

    Freiburg-im-Breisgau

    en

    aot

    1979. A u

    fil

    de nos rencontres internationales,

    nous

    avons

    tour

    our

    tudi

    The Mind o Eriugena

    (d.

    J.J. O'Meara,

    L. Bieler),

    Jean

    Scot et / histoire de la phi/osophie

    (d.

    R

    Roques) et

    Eriugena. Studien

    zu seinen Que/len

    (d.

    W

    Beierwaltes).

    Le

    Colloque de Montral

    proposait nos recherches et nos dlib ratio ns

    le

    theme de

    Jean Scot

    c r i ~ a i n

    C'est dire que l'accent a t mis

    sur

    une

    approche plutot

    langagiere de l'reuvre et de la pense de

    Jean

    Scot, ravers

    l'tude

    soit

    de certaines techniques d'criture, soit

    de

    questions de langue, de

    l. Commentairr sur l tl OIIKile r Jran, d. E Jeauneau, Soura.f r:hrtiennes, 180, l.

    xxvii, 72

    2

    PL 122. 969 D-4. Ailleurs,

    il

    crit

    dans

    le m eme sens: res publica totius

    creaturae

    ...

    PL

    122

    972

    Cl.

    -

    . a t publi grace

    a

    une subvention accorde par la

    ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ n n e

    des tudes hu

    a i n e ~ dont les

    fonds proviennent

    du Conseil de recherches en sciences humames du Canada.

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    '

    80

    JEAN

    SCOT

    CRIVAIN

    directing the minds of Christians upwards

    to

    divine history. Even the

    carmina tend lo lead us

    into

    and. out"

    of

    historical problems by

    counterposing them with theological considerations. This essential

    pattern, ever present in the

    carmina,

    is pictorially captured in the

    Codex Aureus. Beside an illumination of the enthroned Charles the

    Bald

    stand

    arms-bearers and the tituli as k the arms

    of

    Christ to defend

    the King in this earthly life

    145

    But Charles himself gazes upwards

    towards an illumination ofthe Lamb of God, while the tituli tell us that

    he is praying to dwell with the Lord forever

    146

    No doubt Charles the

    Bald, harassed on all sides by earthly afflictions, welcomed the songs of

    his royal poet which reminded him that beyond the transitory and

    troubled present there awaited a certain return to the eterna and the

    di vine

    147

    .

    145 1.15-16, ed. Dotton and

    Jeauneau,

    The Verses of the

    Codex Aureus",

    p. 92, and

    sce plate 2a.

    146

    11.9-10, ed.

    Dulton and

    Jcauneau,

    The

    Verses of the

    Codex Aureus",

    p. 93, and

    see especial y the facing plates, 2a and 2b.

    147 1 would like, in particu lar,

    to thank douard

    Jeauneau who first introduced meto

    the

    cmmina

    of John Scoltus Eriugena

    and

    without whose kind encouragement and

    helpful suggestions and corrections 1 would not have da red t study them.

    1

    1

    1

    1

    \ 1

    i \

    ;

    \

    L EXPRESSION

    QUAE

    SUNT

    ET QUAE

    NON SUNT

    JEAN

    S OT

    ET MARIUS VICTORINUS

    Gustavo A. PIEMONTE

    L'expression double ce quae sunt et quae non sunt " dont les

    membres antithtiques veulent embrasscr la totalit

    du

    rcl, rcvient

    souvent, comme on sait, dans les crits de Jcan Scot. Elle est prsente,

    Principales abrt viations employs dans les notes infrapaginales

    CEuvres de Jean Sco t

    Puiph.

    =

    Periphyseon (De diuisione naturae),

    d. l P. Sheldon

    Williams, Dublin, pour les livres (1968), (1972) et 111 (1981) (Scriptores Latini

    Hiberniae, VIl, IX, et XI); page et ligne du volume respectif sont indiques entre

    parentheses. Les livres IV et V

    sont

    cits

    d'aprcs PL

    122. -

    Expos. = Expositiom:s in

    lerarchiam coelestem,

    d. J. Barbet, Turnhout 1975 (Corpus Christianorum, Continuatio

    mediaeualis, XXXI). -

    Hom. = Jlomt lie sur le prologue

    deJean d.

    Jeauneau, Paris

    ~ 9 9 (Sources chrtiennes, 151) . -

    Comm.

    Jn. =

    Commentalre sur f'vanglle de

    lean d.

    E Jeauneau, Paris 1972 (Sources chrtiennes, 180). -

    De praed. = De diuina prae-

    destinatione liber,

    d. G. Madec,

    Turnhout

    1978 (Corpus Christianorum,

    Continuatio

    mediaeualis, L).

    CEuvres de Marius Victorinus: - Ad Cand. =

    Ad

    Candidum arrianum. - Ad. Ar. =

    Adersus Arium.

    Ces deux ouvrages sont cits d'apres l'd. Henry-Hadot (cf. ci-dessous,

    note 40): c'est a cette derniere que renvoie l'indication dition cite ... On signa e le

    numro du livre (pour

    I'Adv. Ar.),

    du chapitrc et de la ligne.

    Autres: PG.

    PL.

    =

    Series graeca

    et

    Series latina

    de la Patrologie de J.P. Migne.

    AHDLMA =Archies c/'llistoirr Doctrina/e et Littraire du Moyt'n Age

    CSEL

    =Corpus

    scriptorum eccll'.tia.rticomm lntinorum.

    -

    JSEJIP

    =lean

    Seo/ 'righre

    l

    /'histoire de

    la

    philosoplrie,

    Actcs du

    Colloque

    international ralis

    a Laon,

    juillet 1975, d. par

    R Roques. P ~ r i s 1977 - P Hadot, PV = Pierre Hadot,

    Porphyre

    er

    Victorinus,

    Paris,

    2 vol., 1968 (Eludes Augustiniennes). - ldem, MV = Pierre

    Hadot,

    Marius Victorinus:

    recherchr.r .wr

    so rir l

    ses

    reuvre.r Paris 1971, (tudcs Augustiniennes).

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    i

    f

    82

    JEAN SCOT CRIVAIN

    tout

    d'abord, dans le Periphyseon, et des ses premieres pages, consacres

    a l'explication bien connue des inanieres d'entendre la distinction entre

    les "choses qui

    sont,

    et les

    choses qui ne sont pas,. Mais elle parait

    aussi

    dans

    les

    autres

    ouvrages rigniens; on la trouve d j avec une

    signification qui ne coincide qu'en

    partie avec celle

    que

    lui donneront

    les textes postrieurs - dans le De divina praedestinatione; on la

    rencontre galement

    dans

    les

    Expositiones in ierarchiam coe/estem

    et

    dans

    le Commentaire sur / vangile

    de lean

    et meme dans despieces

    d'un genre littraire tres diffrent, moins techniques et destines a un

    public plus large, comme l Homlie sur le

    prologue

    de ce meme

    vangile, ou les poemes

    1

    C'est justement la premiere occurrence de

    cette expression

    dans

    la Vox spiritualis, au

    chapitre 1,

    lignes 6 et 8-12,

    avec les problemes textuels qu'elle a soulevs

    2

    , qui

    m'a amen a

    l'tudier dans 'ensemble de l'reuvre de Jean Scot, et a me poser la

    question des origines possibles d'une locution si typiquement rig

    nienne. Elle n'tait probablement pas courante au temps de notre

    auteur, puisqu'il se donne plusieurs fois la peine de l'expliquer ases

    lecteurs. Ou Jean Scot avait-il trouv l'inspiration pour cette formule

    d'apparence paradoxale, qui

    occupait souvent ses mditations et

    sur

    laquelle

    il e x e r ~ i t toutes

    les forces de son intelligence

    (ce

    saepe mihi

    cogitanti diligentiusque quantum uires suppetunt inquirenti... ")

    3

    ?

    Chez Denys et Maxime

    le

    Confesseur, oui, sans

    doute;

    l'rigene le dit

    lui-mcme \ et d'ailleurs

    il

    n'est pas difficile de retrou ver, derriere les mots

    latins, les vocables grecs respectifs (ta ovta, ta f liJ ovta); il

    s'agit bien

    d'un cas de traduction, et cela n'a ren

    d'extraordinaire.

    Mais

    on

    peut

    toujours

    se

    demander

    si

    notre auteur

    n'aurait

    pas

    suivi consciemment

    l'exemple de quelque prdcesseur dans son adaptation au latn de ces

    lments de la terminologie philosophique grecque. Apres avoir fait

    quelques recherches personnelles,je crois que l'opinion qu'expriment a

    cet gard, un peu en passant, certains historiens s est juste, et que la

    rponse

    a

    la

    question

    pose

    doit

    tre affirmative.

    11

    me semble

    par

    ailleurs que l'influence du prdcesseur en

    question

    - j e p arl e de

    J. Cf.

    De

    praed., Praef 60-65; 3, 88-90; 10,45-51, 139-143: 11,21-24; Epi

    .,

    39-42.

    Expos., IV, 78-79; VIl, 413-414. Comm. Jn.,

    3040

    (1, XXVll, 94-95); 3270 (lll,

    XI, 7), Hom., l, 6 el 8-12; Vlll, 12-14. Carmina, d.

    L.

    Traube (MGH.

    Ponlat.

    111, Berlin, 1896), Pars. 11,

    11,

    7-8; Vlll, 15 (cf. aussi ibid., 29); voir galement Pars.

    Vlll, 111, 20

    (Prface

    de la Versio Maxlmi), ON quod, quod non ON, denegat

    omne

    simul

    (sur

    l'emploi du terme grec cf. ci-dessous 111, b), 1), avec note 81).

    2. Sur l'ordre des lignes 10-12 du chap. 1de l llom., cf. Comm. Jn., l, XXXII, n. 15,

    p.I87-188;JSEHP, p.

    252.

    3.

    Periph.,l,

    441A

    (p.

    36, 3-6).

    4. Cf. Hom., p. 204, n. l.

    5 Cf. ci-dessous, note 38.

    QUAE SUNT

    ET

    QUAE

    NON

    SUNTu

    lB

    Marius Victorinus- n'est pas limite a e seul point: elle s'tend aussi

    a

    d'autres themes, et la

    f ~ o n

    dont l'rigene l'a assimile pourrait nous

    dire quelque chose sur ses procds de composition littraire et en

    mme temps claircir certains aspects de sa pense.

    1

    Je dois indiquer tout d'abord les limites de cette communication:

    il

    ne

    s'agit

    pas d'analyser chacun des textes - qui sont videmment

    fort

    abondants-

    ou Jean Scot emploie sparment l'expression

    ce

    quae

    sunt"

    et son oppos quae non

    sunt ",

    mais plutot d'tudier la formule

    binaire qui prend ensemble ces deux lments - prcds en gnral de

    ce

    omnia ..

    ,

    ce

    omni um ainsi que les locut ions plus complexes ou es

    lments sont associs avec d'autres termes, par exemple, une pr

    position

    (ce

    supra",

    ce

    ultra") o u un substantif ( causa,). Ces locutions

    complexes sont le plus souvent en rapport avec le no m de Dieu,

    et

    c'est

    de ce poi nt de vue queje vais maintenant ten ter un essai de classement

    des nombreuses propositions rigniennes qui

    se

    rapportent a notre

    sujet.

    On

    constatera que

    les

    affirmations de

    Jean

    Scot dans ce domaine

    nous prsentent des vues contrastantes,

    tantot

    complmentaires, tanto

    contradictoires - du moins en apparence

    -

    ce qui s'explique en

    fonction de l'volution de la pense du philosophe irlandais et aussi

    et c'est l'aspect qui nous intresse ici - en fonction des influcnces

    diverses qu'il a subies.

    Voici done les six points ou je propose de grouper ces vues de

    Jean Scot:

    1

    1)

    Le point de dpart semble bien tre une conception, inspirc

    1 surtout de saint Augustin, ou les

    choses qui ne sont pas" n'ont

    qu'une signification pjorative. C'est ainsi que, dans

    la

    dialectique de

    l'tre et du non-tre

    6

    qui forme comme la trame du

    De

    praedestina-

    tione,

    Dieu est dcidment situ

    d'un

    seul cot de l'opposition,

    ct

    l'autre lui est absolument tranger. 11 est ce prima atque summa

    essentia .. , sa nature est celle ce quae sola uere dic itur esse "

    7

    ; ct,

    inversement, on nous dit aussi:

    cum nihil deo contrarium sit nisi non

    esse

    ", ce

    substantiam eius non in nihil o sed in aliquo esse

    8

    6. G. MADEC, lntroducti on a u

    De

    praed., p. XVI; l'origine augustinienne de cclle

    dialcctique est signale ibid.,

    p.

    XVIl, et dans les nombrcuses rfrenccs au bas des

    pages.

    7.

    'rima atc1uc

    summa essentia: Dt praed 16, 179-IRO; "summa cssentia : 3.

    R4-R5: 15,

    9

    el 180; 16,183: 18, 105 el 147; cf. aussi 2. 91-93: 10,

    45,46

    et

    146-147; .. qui su mme est

    10,

    133;

    quae

    sola uerc dici tur esse: 9, 23-24.

    8. Op

    cit.,

    9, 76 (cf. aussi ibid., 77-80, el 3, 55-56); Praef., 64-65.

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    84

    JEAN SCOT

    CRIVAIN

    C'est

    qu'en effet le terme nant . ne

    veut

    di re

    daos

    cet ouvrage

    qu'une

    chose:

    il exprime

    la

    conception

    mentale du

    dfaut, de

    l'absence

    d'etre:

    Nunquid aliud significa nihil nisi notionem

    cogitantis

    defec

    tum essentiae

    9

    ? ,

    Daos le contexte de la

    controverse

    sur la pr

    destination, le

    non-tre

    est reprsent par la

    triade

    peccatum, mors,

    miseria.,; on

    peut dire

    des trois

    composants

    de cette

    triade: penitus

    non sunt

    ..

    , omnino non sunt " nihil sunt.,

    10

    En effet, la

    mort,

    privation de la vie, et le

    malheur,

    privation du

    bonheur, sont

    des peines

    du

    pch,

    et ce dernier, a

    on

    tour, en tant que defectiuus

    motus

    .. , est

    une

    consquence possible de l'instabilit radicale de la crature, tire

    du nant (a u seos li ttral du

    mot)

    De

    ces choses qui ne sont

    pas, il

    ne peut y avoir ni prescience ni prdestination

    12

    : car, d'une part, ce qui

    n'est

    pas

    ne peut pas, aproprement

    parler,

    tre connu;

    il

    y a lieu, dit

    Jean

    Scot,

    d'appliquer ici la

    phrase de saint Augustin:

    Nesciendo

    sciuntur,

    quorum

    inscitia eorum est scientia

    13

    .

    D'autre

    part, Dieu,

    cause de

    tout ce

    qui est,

    ne

    saurait

    etre l'auteur d'aucun

    mal,

    puisque

    le

    mal

    n'a pas de ralit: " ...

    non

    et deus eorum

    quae

    sunt

    causa

    sit et

    eorum

    quae

    nihil

    sunt causa

    sit. Est

    autem deus eorum causa quae

    sunt.

    Igitur non est causa eorum quae non sunt

    14

    . convient de

    reten ir

    cette derniere

    phrase:

    nous allons

    bientt

    voir notre auteur en soutenir

    la contradictoire.

    Une

    partie, cependant,

    de

    ces vues du

    De

    praedestinatione reste

    prsente

    daos le

    Periphyseon

    et les

    autres ouvrages de

    maturit; Dieu,

    notamment,

    y est toujours

    appel

    .. summa essentia,, .. qui solus u ere

    est ..

    , et daos

    certains

    passages,

    comme

    par exemple la

    quatrieme

    et la

    cinquieme maniere de

    concevoir

    la distinction

    entre

    choses qui

    sont

    et

    choses

    qui

    ne

    sont

    pas,

    l'etre est encore considr

    comme

    suprieur

    au

    non-tre s. Mais cette perspective n'est plus

    unique,

    ni meme domi-

    9. Op. cit., 15, 197-198; cf. ibid., 208-209.

    Pour

    micux dtruirc les dcux prdcstinations

    de Godesca e,

    Jcan Scot

    affirme

    que,

    nc possdant aucune especc

    de

    vraisemblancc,

    elles ne sont me me pas fausses.

    Sed,

    ajoute-t-il,

    quid

    sint non inuenio; nihil e

    ni

    m

    sunt. Quis autem potcst inuenire nihil? op. cit., 3. 44-47).

    10.

    De praed., 3,

    66; 10,

    94, 103, 129-132, 137, 152-154; 15, 3-4, 9, 11, 50-51,

    78,98;

    17,

    4 7 ; 18, 77, 80-81 ; etc.

    1 Op. cit., 7, 124-127.

    12.

    Op.

    cit., Epil.,

    39-42. C'est la

    these centrale de l'ouvrage. Cf. galemenl Praef.,

    60-65; 10.45 et suiv.

    13. Op. cit .

    15,

    191-193; cf. aussi

    10,

    98-99 el 114-117.

    (Citation de De

    CI'.

    Dei.

    XII. 7).

    14. De proed., 3, 88-90.

    \ 15.

    Dsignations

    de

    Dieu:

    Periph., l, 454A (p. 64, 8-9); 457C (p.

    72.

    17-18): 483A

    (p.

    128,

    30): 5188

    (p.

    208, 23):

    11,

    5288

    (p. 12.

    9);

    5908 (p.

    146,

    4-5);

    etc. Les

    manieres quatrieme

    et

    cinquieme

    d'entendre

    la division en ca quae sunt .. et ca

    quae

    non sunt

    ..

    :

    Periph., l, 4458-D

    (p. 44, 5-24). Cf. ci-dcssous, 11, 2), a).

    QUAE

    SUNT ET QUAE

    NON

    SUNT

    .

    85

    nante;

    relgue a u second

    plan,

    elle doit se subordonner aune

    autre

    fa9on

    de voir

    plus subtile, qui s'exprime

    daos un

    langage diffrent.

    2

    L'approfondissement

    de

    sa

    rflexion personnelle, et assurmen t

    aussi la lecture d'autres auteurs-

    notamment,

    mais non exclusivement,

    des Peres grecs qu'il traduisait

    pour

    son protecteur royal - menent en

    effet I'rigene vers

    une conception

    diverse

    des

    ..

    choses qui ne

    sont

    pas

    D'une

    part,

    il

    aper9oit

    de

    plus en plus

    clairement

    les difficults

    de concevoir un non-etre

    au

    seos littral qui soit autre chose qu'une

    pure construction de

    'esprit D'autre part, il mdite sur la

    condition

    des ralits qui chappent

    non

    seulement a a perceptio n des seos, mais

    aussi

    a

    la

    comprhension de

    l'intelligence: ne

    peut-on

    di re, sous ce

    rapport, qu'elles semblent vraiment .. ne

    pas

    etre .. ? Or ces ralits,

    dont

    on

    ne peut

    pas

    atteindre ce qu'elles sont (quid sint

    ..

    ), mais dont

    l'existence ne fait

    pas de

    doute pour

    notre

    auteur, sont

    justement

    les

    plus

    leves;

    c'est le

    non-etre

    .. per excellentiam " la premiere maniere

    de comprendre

    la ..

    primam summamque

    diuisionem, entre quae

    sunt, et

    quae

    non sunt .. qu'indique

    le

    Periphyseon

    11

    Nous

    assistons

    done

    a

    un vritable

    ..

    renversement des notions

    ,ts:

    le non-etre

    n'est plus

    absence ou

    privation

    mais

    exces;

    il n'implique

    pas

    une

    diminution ou une

    dchance

    mais un dpassement. Con9ues

    ..

    non

    secundum

    priuationem

    .. sed

    secundum

    excellentiam

    1

    9 les

    .. eh oses qui ne sont

    pas,

    sont meilleures que les eh oses qui sont.,,

    plus scmblables a Dieu et plus proches

    de

    lui

    20

    Davantage encorc:

    16.

    Cf.

    Periph., i, 443C-D

    (p. 40,

    8-15);

    111, 686A-6878 (p. 178,

    1 8 -

    p. 180, 36). Voir

    aussi ci-dessous,

    11,

    2), e).

    17.

    1, 443A-C (p. 38, 19 p. 40, 8); e . ibid., 441 A (p. 36, 5-6).

    18. Cf.

    J.-E.

    MANIERES, Les articulations majeures du systeme de

    Jean

    Scot

    rigene .. , Mlangessc. relig., 20(1963), 20-38: p. 26.

    19.

    Cf.

    Perfph.,

    111,

    667A (p. 136, 1-2). La distinction

    per

    priuationem

    - per

    excellentiam

    parait assez souvent chez Jean Scot. Cf. p. ex. Periph., 1, SOOA-8

    (p.

    166, 2 5 - p. 168,

    5):

    502A (p. 170, 33-34); 111,

    634A-8

    (p. 60, 20-23); 663C

    (p. 128, 15-1 7); IV, 825C;

    V, 9668;

    prface de la Versio Dionysii, PL 122, 1035A,

    1036A. Voir ci-dessous, lll, d).

    20. Perfph., 111,

    6288

    (p. 46, 32 p. 48,

    2 .

    Dans

    la prface de la Versio Dionysii,

    PL

    122, 1035A 2-3,

    il

    faut corriger avec

    MG/1, Epist.,

    VI, p. 161, 15-16. et Jire:

    plus (omis par le texte de Migne) similia esse et appropinquare Deo quae non

    sunt, qua m quae sunt

    l.

    P. Sheldon-Williams, dans Eriugena's Greek Sources .. ,

    The Mind o Eriugena, Dublin. 1973, 1-15: p. 8-9, a bien montr que cette

    affirmation ne se trouve pas

    dans

    le

    pseudo-Denys:

    elle n'est

    que

    l'interprtation

    personnelle

    que

    fait

    Jean Scot d'un

    passage du

    De divinis

    nominib11s transmis

    de

    f ~ o n dfectueuse par le manuscrit grec

    dont

    il se servait. Pour

    ma

    part,

    j'ajoute

    que e hez

    I r i g e n ~

    ces

    ..

    eh oses qui ne sont pas

    , a

    a fois diffrentes

    de

    Die u et

    suprieures

    aux

    ..

    eh oses qui

    sont

    .

    s'identifient avec les causes primordiales. n'y

    a done pas

    la

    de

    .. non-scquitur , contre

    ce que pensait

    le savant

    anglais

    ibid . p. 9).

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    7/20

    86

    JEAN SCOT CRlVAlN

    Dieu lui-meme est, a un certain point de vue, la premiere de ces ralits

    quae

    non sunt

    21

    Le

    paradoxe est granci, puisque nous l'appelions

    jusqu'ici, avec saint Augustin et ave e I'criture elle-meme (Ex., 111, 14),

    Celui qui

    est , ; le

    dernier mot, toutefois, n'est pas encare dit.

    3) 11 y a, en effet, une vue encare plus profonde.

    Si Jean

    Scot,

    comme on

    vient de

    le

    voir, range parfois Dieu parmi

    les

    choses qui ne

    sont pas

    ..

    ,

    il

    a nanmoins conscience du fait que la

    nature

    incre

    implique une ngation beaucoup plus radicale. Dieu n'est pas seulement

    un

    non-etre " en

    tant

    qu'incomprhensible et ineffable,

    comme

    les

    causes et essences des eh oses:

    il

    est aussi et

    surtout

    le Nant,

    (

    nihilum ) ,en

    tant

    que ralit superessentielle et

    transcendant

    toute

    dtermination

    22

    Ce Nant nie

    non

    seulement les choses

    qui sont,

    mais

    encore

    celles

    qui

    ne

    sont

    pas: nihil eorum

    quae sunt

    et

    quae

    non

    sunt

    eum

    esse

    pronuntiat

    ..

    23

    C'est

    ainsi que, lorsque l'on affirme que Dieu

    de nihilo facit omnia " cela veut dire qu'il

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    8/20

    JEAN SCOT CRIVAIN

    88 . suae inter-

    . . . differentia qumque

    cette "primordialis.

    o m ~ i . u ~

    ~ ~ s ; r ~ ~ ~ ~ a f f i r m e

    le

    dbut du : e r i p h : ~ ~ ; e :

    pretationis modos

    mqumt

    '. du Reims 875, qui est passe aux .. e de

    du moins selon

    le

    texte cornge dre note du fait que la premler

    ~ a n u s c ~ i . t s ~ s ~ ~ ~ t s ~ ~ f : ~ ~ : ~ t e ~ ~ e ~ c o t

    e s t i m e h p e r u t ~ ~ : ~ :

    : : . : ; f : t : ~ e : a \ e ,ces mamere f elles - e aq d s

    avec des variations purement

    o r r ~ n

    autre sujet, \'explication u sen n

    ilieu d'une page portant su . uae sunt et quae no

    ~ ~ c ~ n i q u e

    qu'il a t t . r i b u ~

    a ~ ; : x x ; : ~ ~ ~ ~ : ~ ; l a

    pense

    r i g n i e n ; : ~ t o ~

    l4

    ) En schematsa d Dieu avec " quae

    sunt

    e . .

    rapport e

    2

    ) ( d)

    eut rsumer ses poslt Ons

    ~ u r

    .e t

    (\)

    qui so\us uere

    est;

    (

    quo.

    p t comme cecl: D eU es

    unt.

    (4) super omma

    uae non sun " t quae non s

    q est. (3) nihil eor um quae sunt e mnium quae sunt et quae non

    non sunt. (5) causa o

    unt et quae non ' n sunt

    quae s simul omnia quae sunt et quae r m i ~ e r si certains aspects

    sunt;

    (6) ll ns maintenant essayer de dete t on (

    1)

    aux positions

    Nous a

    ?

    ment le passage de la pos 1 . fixes ou elle

    de cette

    p e n s ~ e ; ~ ~ ~ m q u e

    les formules ~ . \ ~ s

    : ~ ~ s n u m r o s

    (4) et

    et.

    (3),

    :ar

    exemple celles auxquelles

    J

    al

    ~ s ~ ~ : ~ n u e n c e

    de cet auteur

    ~ ; ; p : ~ ~ ~ u r r a i e n t

    pas devo.ir q u ~ ~ q ~ ~ ; ~ ~ ~ e ;ais qu'il avait sans doute

    ' Jean Scot

    ne cite jamals exp

    Cl

    '

    que . .

    \u: Marius Vlctonnus.

    11

    en France

    .

    'n

    tait assez connu

    't ue l'illust re rhteur afncal , torit dans les arts

    On sal q eu\ement en tant qu a.u cffet

    l Ad

    c a r o l i n g i e n n ~

    et

    n ~ n

    s r ses

    cx:uvres

    thologques: en Ariun; et les

    'braux

    ma S

    aussl

    pa

    artie de

    \'Adversus

    ~ ~ a n d i d u m

    arrianum,

    tout c o m m \ u ~ : pau

    temps de Char\emagne, par

    f t par exemp\e utl se , . d \'rigene - et son

    Hymnes, uren 857' un contemporam . e . a\ement \'Ad

    Alcuin; plus tard, en - Hincmar de Relms, cte eg udes

    rotecteur pour un moment ' x ui s'intressent aux t

    ~ a n d i d u m

    15,

    Par ai\leurs, t f ~ u ~ 2 r ~ ~ r manuscrit Patr.

    46 (Q.

    V/.32

    rigniennes savent que, aux .

    48 2-8); 6320 (p. 56,

    . 447A (p. 48, 6-8); 111, 628B-C (p. 87,1C,907B;Hom.,l.6

    34.

    Cf. P ex. P e r r p : 4 ~ ( 82 24-27); 667 A (p. \36, 1 - 4 : 4 ~

    n

    700B (p. 210. 33-34).

    35-37); 6430-6 . P

    h

    l l l 670C (p. 142,

    3 6 -

    p. . v torinus et Alcuin

    et8-12. Voir ausst PeriP21 22, Dans son article .. Manu.s s tienl dans le De

    H T

    MV

    P - 1 ue Vtctonnu .

    35. Cf. P. ADO XXI 9S4), 5-19, M. Hadot. notat q lace assez importante. mats

    AJIDLMA,

    t. .

    dividuae trinilatis

    d'

    l c u ~ n

    p hymnes de Victorinu s et les

    1

    \

    1

    \

    1

    1

    1

    1

    QUAESUNTETQUAENONSUNT

    89

    de Bamberg (IX siecle), qui contiennent la lettre de Candidus et la

    rponse de Victorinus, on retrouve, dans quelques gloses et dans une

    notice biographique finale, la main irlandaise

    i

    2

    ,

    laquelle, d'apres

    l'opinion la plus rcente des palographes, serait celle

    d'un

    proche

    collaborateur de Jean Scot

    36

    L'hypothese supposant que I'rigene

    aurait connu une par tie du moins des crits de Victorinus semble done

    digne de considration,

    d'autant

    plus qu'il existe entre les deux auteurs

    des analogies de pense que remarquait dja un Nicolas de Cues

    Cependant, on ne trouve

    jusqu'a

    prsent chez les spcialistes que

    quelques notes parses sur cette question

    38

    Rcemment, en prsentant

    36.

    Cf. Comm. Jn., p. 70-77; B.

    BtsCHOFF,

    Irise

    he

    Schreib er im Karolingerre ich "

    JSEHP,

    47-58: p. 56

    el

    suiv.; T. A.M. BISHOP, Au ographa of

    John

    the Seo ,

    JSEHP,

    89-94; 8.

    BISCHOFF el . JEAUNEAU, Ein neuer Text aus der Gedan

    kenwelt des

    Johanes

    Scottus

    .. ,JSEHP, 109-116. La main i a crit aussi, dans les

    deux dernieres lignes du

    f.

    27v du ms.

    Bamberg, Palr. 46

    (dont la dsignation est

    abrge en ci-dessous, 111; il convient de prciser qu'il est habitucllcmcnt

    symbolis

    par

    la lellre D),

    le

    litre de

    l'Ad Candidum.

    37. Dans

    l'Apo/ogia doc/ae ignoranliae

    (1449),1e Cusain numere lanti'Ad

    Candidum

    de Marius Victorinus que le

    Periphyseon

    de

    Jean

    Scot parmi les cruvres (toutes

    d'inspiration noplatonicienne) qui ne doivenl etre jamais montres (" nequa

    quam .. ostendendi ..) aux csprils faibles (d. R. Klibansky, Leipzig, 1932, p. 29-30).

    Cf. P. LUCENTINI, Pl01onismo mt:die1ale: co mribul i perla sloria ddl't:riugl nismn,

    Firenze, 2 d., 1980,

    p.

    81-82. Cettc affinit spiriluelle entre Victorinus et Jcan

    Seo a parfois signale dans les tudes consacres au premier de ces penseurs.

    Dja C. Gore, dans l'arlicle Victorinus (6)n du Dictionary o/ Christian Bingrnphy,

    d.

    par

    W. Smi h el H. Wace, t. IV, London, 1887, 1129-1138, disait de l'auleur

    africain, a pro pos de l'utilisation de

    la

    philosophie noplatonicienne en hologie

    chrtienne: He preceded the Pseudo-Dionysius. He anlicipated a great dealthat

    appears in Scotus Erige na ... (p. 1131.) Et de

    nosjours

    P.

    fladot

    voit en Nicolas de

    Cues et

    Jean

    Scot des

    ..

    hritiers spiriluels" de la pense de Victorinus (introd.,

    p. 87, de l'dition cite a

    la

    note 40). Ccpendanl,

    il

    ne s'agit

    la

    que d'affirmations

    gnrales de ressemblance n'impliquanl pas la reconnaissance d'une influence

    historique direcle de Victorinus sur chacun des penseurs mentionn s (cf. ci-dessous

    la note 110).

    38.

    Dans

    l'ouvrage classique de M. Cappuyns. p. ex., Marius Victorinus est a peine

    nomm, au milieu

    d'une

    liste d'autorits utilises

    pour

    l' ude des arts libraux a u

    IX siecle

    (Jean Seo/ rigene,

    p. 38). Vingt ans plus tard, Mlle M.-Th. d' Alverny

    remarquail en deux occasions des analogies doctrinales entre Victorinus et Jean

    Scot(cf. Le cosmos symbolique du XII sii:cle ... AIIDLMA,

    1.

    XX (1953), 31-81:

    p. 42, n. 1 et p. 39, n.

    5;

    la comparaison suggre dans cette dernicre note me

    semble disculable). Le theme a aussi intress l P. Sheldon-Williams; e

    .

    la

    Cambridge Jlislory

    of

    Later

    Gruk and

    Early Medieval Philosophy,

    Cambridge,

    1967, p. 522-523, el sa communication au Colloque de Dublin (cite ci-dessus,

    note

    20), p. 12 (cependant, dans son dilion

    du

    Pt:riphysl'on

    il

    ne fait pas mention

    de Victorinus en

    rapport

    avec la division en

    qua

    e

    sunt

    ..

    el

    qua

    e non

    sunt

    ").

    En

    ce

    qui concerne l'cruvre bien connue d', Jeauneau, on constate que Marius

    Victorinus n'est rappel

    qu'une

    fois

    dans

    son dition de 1'/lom., p. 336, alors que

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    9/20

    90

    JEAN SCOT

    CRIVAIN

    les actes du Colloque de Fribourg, consacr aux sources de

    J ~ a n

    S ~ o t

    W. Beierwaltes regrettait qu'il

    y-.

    m ~ n q u i i t

    t o ~ J o . u ~ s une

    dtscusswn

    rigoureuse

    du rapport direct ou md1rect de 1Engene avec certains

    V

    . .

    39

    auteurs anciens,

    dont

    Marius tctonnus .

    Il est a peine besoin de prciser que je ne prtends

    a ~ c ~ n e ~ e n t

    combler, par le

    bref

    expos qui suit, cette acune. Je

    ~ a ~

    une

    intention bien plus modest e, celle

    d'amorcer un

    travail prhmmatre.de

    comparaison

    de textes.

    Je

    me

    bornerai done

    a citer

    d'abord

    certams

    passages

    importants

    de 'Ad Candidum sur le theme de: choses q u a ~

    sunt et quae non sunt " en les dist ribuant selon un schema analogue a

    celui queje viens d'employer pour les textes de J e ~ n

    ~ ~ o t

    p o r t a ~ t .sur le

    meme su et. Je tenterai de faire ainsi ressortir es

    s t m t h ~ u ~ e s e x ~ e n e u r e s

    entre

    les deux auteurs, en laissant pour une etude u l t e n e u r ~ 1

    x a m e n

    approfondi des correspondances conceptuel es qu.e tradmratent

    c ~ s

    ressemblances de vocabulaire. Je proposerat ensmte, dans la partte

    suivante de cette communicati on, un parallele dtaill entre

    un

    fragment

    de l'opuscule de Victorinus et une page de Jean Scot. , ,

    o m m e n ~ o n s

    par dire quelques mots sur

    le

    plan gneral de 1

    Ad

    Candidum,

    pour mieux situer les extraits qui nous i_ntressent. ~ ~ e

    rsume dans les lignes suivantes

    les

    analyses de

    M.

    Pterre

    Hadot

    .)

    les rfrences deviennent plus nombreuse s, p. ex.,

    dans

    le

    Comm.

    Jn: et

    dans Quotrr

    themes rignietu,

    Montral-Paris,

    1978

    (voir les tables a

    fm de

    ces

    : ~ ~ : :

    ouvrages). 11 faut rappeler aussi, parmi les

    t r a ~ a u x

    rcents,

    _les

    r m p o r t ~ n t e s _ t

    de w. Beierwaltes, qui signalent plusieurs fors des analogres entre Vrctormus

    Jean

    Scol,

    p. ex. dans

    ldrntitlit une/ Differrnz, Frankfurt 1 9 8 ~ P

    73:7

    .. Eriugena: Aspekle seiner Philosophie " Die lrrn rmd Europa

    1111

    frhcrrlr Mrne/-

    altcr,

    d.

    par 1 1.

    L lwe,

    Stuttgart,

    1982. 799-818, n. 68, p. 816. On.

    : ~ t

    _tr.ouver

    d'autres mentions de l'auteur africain dans les tudes consacres a Errgene,

    propos surtout

    du manuscrit

    de

    Bamberg, mais en gnr.al

    on

    est

    o c c u ~ :

    davantage des questions palographiques que ce manuscrrt souleve ~ u e d

    contcnus

    o c t r ~ n a u x que

    Jean

    Scot y

    aurait

    puiss. Voir ce pendan

    J.J.

    O Meara,

    riugrna,

    Dubhn,

    196f, p. 27-28. .

    " Bestimmte Desidcratc der Forschung freilich werden a u eh d urch. dreses. Collo-

    39' qu'rum nicht erfUIIt: etwa die genauere Er lrteru ng der Frage nach eme m d r r c k ~ e n

    N

    C Manus

    der

    indirekten Bezug Eriugcnas zu Orgenes,

    Grcgor

    von . azranz, . rccro, .

    Victoririus ... (

    .

    Zur EinfUhrung in das Freiburger Colloqurum , Errugena. Studren

    zu seinen Que/len, Heidelberg, 1980, 1-6: p. 3).

    ..

    . . .

    Cf. P.

    I-IADOT,

    PV, p. 52-53, 68-69. Je cite Victorinus d'apres l_edruon c o m m ~ n ~ e ~

    0

    ' de P. Henry et P. Hadot: Marius Victorinus, Traits tho/og1ques sur la ' ~ m i / e :

    2 vol., Paris, 1960 (Sources chrtiennes, 68-69); les

    me

    mes savants

    ont pubh:

    aussr

    l'editio maior, CSEL, vol. LXXXIII, Vienne, 1971. On peut consulter au

    SUJel

    des

    tudes

    sur

    Victorinus

    l'lndex

    bibliographique prpar par P. Hadot,

    M ~ .

    p.

    ~ 0 3

    417 el les indications de l'article plus rcent

    d'Aim SOUGNAC, "Manus

    Vrcto

    rinus .. , Dictionnaire de spiritualit, t. X, Paris, 1980, col. 616-623.

    .. QUAESUNTETQUAENONSUNT .

    9

    Rdig probablement vers 359, ce petit ouvrage se prsente comme une

    lettre de

    rponse

    de Victorinus a celle

    que"

    Candidus., (sans

    doute

    un

    personnage fictif sous lequel se cache Victorinus Iui-meme

    41

    ) lui avait

    adresse, dveloppant les arguments avec lesquels les Ariens voulaient

    prouver

    que le Christ est tir du nant. La rponse comprend une

    courte

    introduction

    et deux parties principales. Dans la premiere

    (chap.

    2-16),

    qui

    est la plus Iongue et celle qui

    nousfournit

    la

    plupart

    des ,textes que nous allons voir, l'auteur montre que le Christ, en tant

    qu'Etant

    premier, ne peut

    provenir

    que du Non-tant qui est au-dessus

    de

    l t a n t c'est-a-dire de D i e u et non

    pas

    du nant. Pour arriver a

    cette conclusion, il s'engage a u pralable dans une tude philosophique

    assez Iongue

    sur

    les diffrents modes des non-tants

    et

    des tants

    e ~ s u i t e il situe Dieu par rapport a eux et traite de la gnration

    I'Etant premier. Ces chapitres forment un tout indpendant et cohrent,

    qui suppose que l'auteur a utilis un substrat Iittraire prexistant.

    Dans

    la

    seconde

    partie (chap. 17-23), Victorinus considere un autre

    nom du Fils, celui de Lagos; finalement, il rfute certaines objections

    sur le consubstantiel (chap. 24-30) et il ajoute quelques paragraphes de

    conclusion.

    Tel

    est

    le

    rsum de

    P.

    Hadot;

    venons maintenant

    a

    la

    considration des six points du schma

    annonc:

    1)

    Au dbut

    de

    sa

    polmique

    avec Candidus, Victorinus nie pour

    un instant que l'on puisse penser que Dieu est de quelque maniere

    non-existant .. ; Quid cnim

    putamus

    deum esse? .. id quod sit, non id

    quod

    non

    sit, deum esse credimus .. Si igitur deus

    quod

    non est, non

    est ..

    42

    Par ailleurs,

    dans

    la seconde partie de I'opuscule, Dieu le Pcre

    est caractris

    comme

    l es se .. premier

    43

    2)

    Dans le but de rfuter l'hrsie arienne, d'aprcs Iaquelle

    le

    Fils

    avait t fait

    ab his quae non

    sunt

    44

    , Victorinus dsire cependant

    approfondir

    la question, et il commence par

    se

    demander quelle est la

    dfinition de id quod non est " Celui-ci, rpond-il,

    se c o n ~ o i t

    et se

    nomme selon

    quatre

    modes:

    1)

    iuxta negationem, omnino omnimodis

    41. Cf.

    P. HADOT, PV,

    p. 40, n.

    3; MV,

    p. 34, et

    surtout

    p. 272-275.

    Sur

    la

    date

    de

    l Ad

    Cand voir MV, p. 28-29, 278-280. En ce qui concerne les modes des non-tants et

    des tants, tout le chap.

    111

    de PV, p. 147-211, esta Jire. Les textes ou l'on trouve

    cette doctrine constituent la premiere et la plus apparente des trois .. units

    littraires" que M. Hado signa e dans l'o:uvre de Viclorinus {PV, p. 68-69); sa

    so urce serait quelque ouvrage perdu de Porphyre (peut-etre un commentaire

    sur

    le

    Sophistl

    de

    Platon)

    (ihid.,

    p. 455 et suiv.).

    42. Ad

    Cand 2,

    1

    R-21

    et 23-24: cf.

    3,

    3-4.

    43. Ael Co11d. 19, 1 et suiv.

    44. Cf. Ael Cancl., 2, 13 et suiv.;

    16,

    14-15 et 26- 27;

    17,

    15... Ex nihilo .. : 23, 1: 24, 2 el

    suiv.; o m ni modo de

    nullo.:

    26, 12 et suiv.

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    10/20

    92

    JEAN SCOT CRIVAIN

    ut priva i o sit exsistentis , o u ~ u x t ~ nihil u m omnino ; Il) iuxta

    alterius ad aliud naturam, ;

    III)

    ,, iuxta nondum esse,

    quod

    futurum

    est et potest

    esse,,

    et IV) iuxta quod supra om.nia

    4

    ;uae

    s ~ n t , ~ s ~

    esse ou, plus simplement, iuxta super omma . 11

    vt.ent

    t e ~

    irrsistiblement,

    je

    crois, a )'esprit d'un lecteur de Jean Scot 1

    x p o ~ e

    initial du Periphyseon, dja rappel plus haut, sur les quinque modt

    possibles de

    comprendre

    la division

    en

    ea quae

    u ~ t

    ea quae

    non

    sunt

    Comparons

    quelques instants les deux classtficatiOns:

    a) 11 faut reconnaitre d'abord une diffrence visible entre elles: les

    deux derniers modes rigniens

    (4

    et 5) n'ont pas d'quivalent dans le

    passage cit de l Ad Candidum. On peut nanmoins

    trouver

    ailleurs

    chez Victorinus certaines analogies, queje signale rapide ment, avec ces

    textes du

    Periphyseon.

    Comme l'on sait, d'apres la

    quatrieme m ~ n i . e ~ e

    de Jean Scot, .. uere esse, se dit, secundum philosophos des reahtes

    intelligibles; en revanche, tous les corps, qui sont engendrs, c ~ a n g e n t

    et disparaissent dans la matiere, l'espace et le temps, uere dtcuntur

    non esse Or dans la seconde division de Victorinus, celle des tants,

    on trouve les quatre membres que voici:

    1

    ..

    quae uere

    sunt

    (ovnoc;

    ovta)

    2. quae

    sunt (ovta)

    3 . . quae

    non

    uere

    non

    sunt (variante des

    mss.:

    quae non u ere

    sunt ) tll ovtroc;

    l l ~

    ovta)

    4.

    quae

    non sunt (llil ovta) ' .

    Le premier membre de cette classification, laquelle e:t u n ~

    s y s ~ e ~ a t i -

    sation de la tradition platonicienne, correspond aux etres mtelhgtbles,

    le deuxieme aux etres intellectuels, le troisieme aux etres sensibles, le

    quatrieme a la matiere

    46

    Le sens donn

    par

    I'rigene

    .a

    u.ere

    esse: et

    .. uere non esse, est done assez proche de eelui que Vtctonnus asstgne

    rcspectivement a la premiere et a a troisieme classe de quae sunt :

    Cette ressemblance me parait cependant peu spcifique, et elle pourratt

    s'expliquer sans

    supposer

    une influence de

    l'auteur

    africain

    sur Jean

    Scot.

    45. Ad Cand., 3, 1-2; 4, 1-5; cf. aussi 5, 11-16; 12, 12-16.

    L'apparal r i t i ~ u e

    de

    J'dition cite, p. 136, indique que le fragmenl 4, 1-5, avec quelques vananles,

    figure aussi dans les mss Bernensis 212 (JX

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

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    94

    JEAN SCOT CRIVAIN

    poten

    ia

    nondum apparuerunt

    actione. _Fuerunt e ni m omnia in deo.

    Eorum

    enim

    quae sunt semen A.yoc;

    est, A.yoc;

    autem

    in deo. ,.so

    Jean

    Scot a

    sans doute labor

    graduellement sa doctrine

    sur

    ces

    deux manieres, car les pages ou

    nous

    les

    trouvons

    exposes

    sont

    particulierement charges

    de

    corrections et d'additions; mais, mme

    s'il

    y

    a

    incorpor

    des lments

    de son

    cru, ou

    emprunt

    a

    d'autres

    sources, il me semble bien

    s'tre

    inspir, pour

    en

    concevoir l'ide

    originaire,

    du

    deuxieme et

    du

    troisieme modus,. des non-tants

    d'apres

    Marius Victorinus.

    e) Quant a a

    premiere maniere de Jean Scot,

    elle

    correspond

    a u

    quatrieme

    mode

    de I'Ad Candidum,

    le

    non-etre qui

    est au-dessus de

    l'etre; I'rigene

    prend

    toutefois ce non-etre dans un sens plus gnral,

    comprenant non

    seulement

    Dieu,

    mais aussi les causes et essences des

    choses. 11 est par ailleurs a remarquer que, tout de suite apres avoir

    expliqu ce

    non-etre

    per

    excellentiam,.,

    notre.auteur ajoute:

    Quia

    ille

    (se.

    modus)

    qui

    uidetur quodam modo

    esse,

    qui in

    priuationibus

    et

    substantiarum et accidentium

    constituitur,

    nullo modo recipiendus, ut

    arbitrar.

    Nam

    quod

    paenitus

    non est nec esse potest, nec prae

    eminentia

    suae existentiae intellectum exsuperat,

    quomodo

    in rerum

    diuisionibus recipi

    ualeat non

    uideo ....

    51

    Jean Scot

    semble viser avec

    ces mots une classilication dtermine

    ou

    le non-etre

    per priuationem,.

    constitue

    le

    premier membre, comme dans I'Ad Candidum.

    Mais

    il

    convient de prciser

    que,

    en

    critiquant

    une telle conception du non

    ctre, ii n'est pas

    vraiment en dsaccord

    avec Victorinus, qui n'avait

    assign a la

    privatio

    exsistentis

    ..

    la premiere place - en suivant

    probablement

    une

    tradition

    scolaire noplatonicienne

    52

    - que pour

    la

    rejeter ensuite, presque

    immdiatement,

    en fonction surtout des besoins

    de

    ses

    controverses

    thologiques. L'rigene ne fait done qu'avancer

    d'un

    pas sur

    le mcme

    chemin, en

    liminant le non-etre purement

    ngatif

    de

    sa classilication.

    On peut rcapituler notre comparaison entre

    les modes de

    Jean

    Scot et ceux

    de

    Marius Victorinus dans le tableau

    suivant:

    50. Pcrplr.,

    1,

    444A-445B (p. 40,

    6

    p. 44, 4); Ad Cand., 25, 5-8. Sur la troisieme

    maniere

    de

    Jean

    Scot,

    e

    .

    .

    JEAUNEAll,

    Q u a t r ~ t h e n r ~ s rigniens, p. 41-42; Guy-H.

    ALLARD,

    The Primacy

    of

    Existence in the Thoughl of Eriugcna

    Neoplatonism

    and Christian Thought, d.

    par

    D. J. O'Meara, Albany, 1981 (Studies in Neo

    platonism: Ancient and Modcrn, 111). 89-96: p. 95-96.

    51.

    Periph., 1,

    443C (p. 40, 8-12).

    52. Sur les sources philosophiques

    de

    l'expos

    de

    Victorinus

    sur

    les non-tant s, cf.

    le

    commentaire de

    P.

    Hadot,

    d. cite,

    p.

    689,700-701;

    aussi

    PV,

    p. 167-171.

    QUAESUNTETQUAENONSUNT

    Les nrodes des clroses qui ne sont pas

    Jean Scol, Periphyseon

    l per excellentiam suae naturae

    rejet de: in priuationibus et

    substantiarum el accidentium

    Marius Victorinus

    A) Ad Candidum:

    IV. iuxta

    super

    omnia

    l iuxta negationem... privatio

    exsistentis

    95

    11.

    in naturarum .. differentiis 11 iuxta alterius ad aliud naturam

    111. ... qui. . adhuc laten futuri

    lamen sunt

    ... in secretis naturae... non

    dum

    apparet - uirtus seminum

    IV. corpora quae nasci el eorrumpi

    possunt

    V. (interprt. de Rom., IV, 17)

    11

    l iuxta

    nondum

    esse, quod

    futurum est et potes esse

    (in abscondito posita... nondum

    apparuerunt... semen)

    B)

    n a l o g i ~ s parses:

    (division

    de

    .. ea quae

    suntn

    :

    qua e non

    ve re

    non sunt (corps))

    (interprt. de Rom., IV, 17)

    Je

    ne

    signa e que le sens attribu dans eh

    non

    celui de

    ea

    qua e

    sunt. Je

    ne cite a que ~ ~ s

    par Jean

    Scot

    a"

    ea quae non sunt "

    auteurs qui ont un parallele chez J'aut

    parar

    eurs, que les mots de chacun des deux

    re.

    ~ e v e ~ o n s

    m a i ~ t e n _ a n t . apres cette digression,

    ou

    plutt cette

    questJOn mtroductJve mdtspensable

    au deux

    . d

    S h

    . . . . teme

    pomt

    e notre

    e . ma.

    e t ~ t t ,

    dtsaJS-Je,

    pour rpondre

    aux Ariens que Victorinus

    ~ ~ a J t

    entrepns

    s ~ n e x ~ o s .

    sur

    les modes des non-ta nts. voulait

    emontrer

    que,

    SI

    le

    FJ s VJent du nant

    ce

    nant

    ne e

    nant

    au

    ~ e n s

    littral,

    le n ~ n t

    absolu

    _:_

    qui

    n'est

    q ~ u ~ / ; ; t ~ ~ ~ e ~ :

    'notre_espnt, une

    p s e ~ d o ~ n o t J ~ n -

    mais le

    non-etre

    transcendant

    ui

    ~ s t .Deu \P. H a . d ~ t s V t c t o r ~ n u s rejette en effet, comme nous

    l a v ~ n s

    eJa v ~ , e "J.HJ

    ov

    mxta

    pnvationem

    " ou

    quae

    vere non sunt

    omnmo quae

    non

    sunt,,

    quod

    ve re nihil est

    e . '

    plusieurs fois dans

    l'Ad C d'd

    .

    e rejel revJent

    . . n r

    um,

    par

    exemple:

    Et non aestimes

    quae non sunt, quasJ per pnvationem eorum quae sunt. Nihil enim istorum

    53. Cf. d. cite, commentaire sur 2 10-23 10 694

    1-14,5,p. 7l3 7l4PV p

    206

    'p H d. ,p.

    ;sur3,1-14,5,p.699;sur

    12,

    a ot montre

    que

    e d .

    consquences qui dpassentla tholo i . . . e e m amere e vorr a des

    ex nihilo (d c't' g e

    tnnllalre,

    menan aun refus de

    la

    cration

    1 ee, comment. sur 6 8 p 704. sur 8 17 19 708) E

    ~ ~ j : ~ ~ ~ ~ : s c : : ~ ~ c r :

    ~ ~ l

    ~ : s ~ ~ ; ~ ~ ~ ; : : : n ; : ~ ~ : ~ ~ t n p s ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ i{a:n c ~ t ; : : ~ : ~ _ : i : :

    de Victorinus? u e ors

    es

    argumentallons

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    12/20

    96

    JEAN

    SCOT CRIVAIN

    neque intellegitur neque exsistit.

    54

    ~ a i ~ il s o ~ ~ i e n ~ en ~ e . m e t e ~ ? s

    que, selon les trois autres modes de non-etre qu a ~ n u m e ~ e s , ~ ' 1 ov

    deus

    dicitur,

    ; Dieu est done pour lui, de ce dermer pomt de vue,

    ..

    quod

    non est ,ss. .

    3) Dieu est

    surtout

    dit " non-etre, selon

    le quame" e

    mode, en

    tant qu'il

    est 7tpOV

    au-deSSUS

    de l'ov, S ~ p r i e u r

    mero:a"

    Id q u ~ d v e r ~

    est

    ..

    , a

    l ' o v t r o ~

    ov.

    Cette

    notion

    de

    npoov (ou ante

    ov,)

    para1t auss1

    dans

    l'Adversus Arium

    et

    dans

    les Hymnes

    56

    ; elle s'identifie avec celle

    de .. to ov

    super

    to ov, , a laquelle

    parvient

    Victorinus a la fin de la

    premiere partie de

    son

    opuscule, apn s

    avoir parcouru

    tou.tes I:s

    divisions des non-tants et des tants. Dans ce passage de t ~ e o l o ~ 1 e

    ngative, que

    nous

    reverrons en dtail plus

    ~ o i n

    il c ~ ~ a c t . n s e ?.eu

    comme

    quelque chose d'invisible et d'inconnassabl_e, d mfim et d "ln

    substantiel ..

    57

    C'est a peu pres la meme

    conceptwn

    que

    Jean

    Scot

    ex primera plus nergiquement encore en

    disant

    que Dieu est n i ~ i l u m ":

    4) Dieu est,

    par

    consquent, suprieur a tout, a t o u ~ ce

    qUI

    est et a

    tout ce qui n'est pas: ..... putamus deum esse supra omma et

    quaesunt

    et

    qua

    e non sunt

    ,ss.

    Nous avons dja rencontr cette formule e hez

    Jean

    Scot.

    5)

    C'est par

    la

    volont

    de Dieu que

    viennent

    a

    e t ~ e

    e_ngendrs

    tant

    les existants que les n o n - e x i s t ~ n t ~ , ce

    d e r ~ i e r

    term;

    S l ~ ~ ~ ~ a n t

    non pas

    des non-existants selon la

    pnvatwn, ma1s

    selon 1

    altente

    ou selon la

    puissance. Victorinus cst done en droit d'affirmer: "causa e s ~ deus et

    eorum

    quae

    sunt et eorum

    quae

    non sunt

    59

    Jean

    Scot c o ~ b m e

    c e t t ~

    derniere formule avec une autre tres frquente chez IUI, c ~ l l e qUI

    nomme

    Dieu ..

    causa

    omnium, : cette

    dnomination,

    il pouva1t certes

    la trouver chez Denys et Maxime le Confesseur, mais aussi dans ' A ~

    Candidum: "is qui omnia creavit

    ",

    crit en effet Victorinus, "et ~ u 1

    omnium causa est. ...

    60

    J'ajoute ici, en

    passant,

    qu'une autre express1on

    54. AdCand.,5,4-6;cr.aussi4, 12-13;5,6-11 ;6, 7-13;

    11,6-12;

    12,10-11 ;24,3-13;

    Adv. Ar IV, 21,2-3.

    55. AdCand. 4 11-14;3,6-7; 13, II-12,ctc.

    56.

    Ad

    Cand.,

    2,

    27-28; 3, 7; Ad1. Ar., l, 49, 15; Hymnus

    Ill,

    203, 229. Cf

    .

    P. H A D ~ T ,

    PV, p. 208-209; sur le

    nouveau caractere

    radical

    que

    la thologie ngauve acqu1ert

    e hez P lotin et Porphyre, voir ibid., p.

    173

    et suiv.

    57. Ad Cand., 13 en entier: 14, 1-5. Cf. 4, 1 1-12. L expression " to J.li liv super to v " se

    retro

    uve textuellement,

    comme

    W. Theilcr I'avait

    montr

    des 1934, e hez

    Porphyre,

    Sctll.

    26, p. 11,

    10 Mommert

    eL P.

    HADOT,

    PV, p. 26 el 102).

    58. AdCand. 2 l9-20;cLibid. l6-17;6 1-2.

    59.

    Ad

    Cand., 3,

    8-9;

    cf. ibid., 2-3; 5, t-4; 6, 2-5; 13, 3-4. On peut trouver des formules

    similaires chez Porphyre el Proclus (d. cite, p. 700,

    ad

    3. 3).

    60.

    Ad

    Cand., 22,

    4-5;

    e . aussi

    J, 2;

    14, 14; 18, 9-10. Sur la me me formule chez Jean

    Scot, cr. /Iom., n.

    2,

    p. 204-206, in fine.

    .. QUAE SUNT

    ET QUAE NON

    SUNT .

    97

    rignienne apparente se retrouve dans la lettre de Candidus a

    Victorinus: Dieu y est appel principium .. sine principio ,

    6

    6) Une derniere vue encore, comme complment des antrieures,

    une derniere rfraction

    du

    mysti:re inexplorable qu'\ est difficile de

    connaitre et impossible d'noncer:

    6

    Dieu, le Non-existant au-dessus

    de l'existant, n'est

    connu

    ni

    en tant qu'existant

    ni

    en

    tant

    que

    non

    existan ,

    car il

    est a la fois existant et non-existant: "quoniam

    ov

    et

    quoniam non

    ov

    63

    Pi

    erre Hadot remarque a ce

    pro

    pos que le,,

    v

    super to ov occupe ainsi, dans le schma de Victorinus - emprunt

    par

    ce

    dernier, d'apres le savant f r a n ~ a i s a Porphyre la place

    que

    tenait

    le "quelque

    chose,,

    le

    ti , dans le schma stoYcien des

    tants

    et

    des non-tants, c'est-a-dire le role d'lment embrassant a la fois les

    deux termes opposs

    64

    Je

    me

    permets d'ajouter, en ce qui concernc

    Jean Scot, que si le penseur irlandais affirme aussi d'une part, comme

    nous l'avons dja vu, que Dieu est simul. . quae sunt et quae non

    sunt " il

    ne

    faut pas non plus oublier,

    d'autre

    part, que la premii:re

    phrase du

    Periphyseon

    parle prcisment de l'existence d'un vocable

    commun qui peut s'appliquer

    tant

    aux choses qui sont

    qu'aux

    choses

    qui ne sont pas. Deux lignes plus loin, le maitre ritere: " Est igitur

    natura generale nomen, ut diximus, omnium quae sunt et quae non

    sunt?"

    " Alumnus" rpond affirmativement a cette question 65 < I > o t ~

    61. Ca11tl. ad

    Mar.

    Vict. de gena. divina, 3, 22-23.

    62. Cf.

    Ad

    Cand.,

    t.

    5-16.

    63. AdCand. l4 l-3;cf.4 6-16.

    64. PV, p. 157, 161-162, 175, 208. Dans la conception stoYcienne, comme on sait, les

    "tants"

    taient les corps, et les

    "non-tants

    les incorporels, ce qui est

    videmment aux antipodes

    du platonisme;

    cf. la critique de Victorinus

    a

    cette

    conception (expose par Cicron). dans le Libadedefinitionibus, p. 12,7-20 Stangl

    (HADOT, MV, p. 342; voir aussi les prcisions des p. 166-169). Nanmoins, les

    Noplaloniciens

    empruntent

    aux Sto'iciens certains lments

    de

    vocabulaire

    et de

    doctrine, en les rinterprtant.

    65.

    Periph., 1, 441A (p. 36,

    3-7

    et 11-14). Cp. StNtQUE,

    Ad

    Lucil., Epist., 58, 15:

    "Prim

    u m genus S toicis quibusdam videlur "quid". Qua re videatur,

    subiciam:

    "In

    rerum", inquiunt, "natura quaedam sunt, quaedam non sunt. Et haec

    autem,

    qua e

    non sunt, rerum natura conplec titur .. " On voit que si

    le

    no m assign a u

    "primum

    genus . est "quid"

    (t),

    dans le meme paragraphe

    on

    parle aussi, en

    rapport

    avec

    les

    choses qui

    sont

    et celles qui ne

    sont

    pas, de la

    .. (rerum) natura

    .

    Un

    autre

    passage de cette lettre de Sneque rappelle aussi

    par

    sa terminologie, el

    malgr

    les

    diffrences doctrinales (car ce texte place Dieu au sommet de ..

    quae

    sunt " alors que pour Jean Scot il est plutot a u sommet de .. quae non snt .. ). le

    dbut

    du

    Pcriphyseo11: il s'agit de l'explication du secundum genus . ,

    d'apn s

    Plalon: "quod tminel el exsuperat omnia. Hoc ait per excellentiam esse. ( .. )Quid

    ergo hoc esl? Deus scilicct, maior ac potentior cunctis .. (Op. cit., 17) Cp. le

    "primus modus

    ..

    de .lean Scot, Periph., 1, 443A-D (p. 38, 19 - p. 40, 15 ; en

    particulier.

    p.

    38.

    21.2.1

    el p. 40,

    11

    ).

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    13/20

    . . - -:.,; :

    .....

    ,

    ...

    .....

    _

    Jean

    Scot

    Marius V i c t o r i ~ u s Ad C(mdidum

    .

    -. . '--.:, ..

    .

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    14/20

    . .

    . -

    100

    . JEN SCOT CRIVAIN

    ipsa,, mais encore ils

    e v i e n n e ~ t

    le

    _ce l re

    de tout le dveloppement

    qui suit:

    ..

    Et hoc est illud mirabile etineffabile

    q u o ~ s u p e ~ a t o m ~ m

    sensum et intellectum, quo modo diuina bonitas umuersahs ommum

    bonorum fons substituit essentias existentium

    (a) et ex seipsa ut essent adduxit,

    dum ipsa

    plus

    qua

    m essentialis si

    .

    (b)

    Non enim

    aliunde

    Deus accepit materiem operationis sue,

    qui nullius indigens est,

    et cum

    quo nihil ei coeternum

    uel

    sibi

    coessentiale creditur esse,

    nisi a se ipso; ab uniuersali itaque sua bonitate et ab ineffabilibus

    sapientie sue thesauris essentias omnium

    que

    sunt produxit.

    Quid est ergo quod de eo predicatur? Credimus enim ipsum de

    nWlo omnia fecisse ; nisi forte illud nihil ipse est

    1) qui, q ~ o n i a m super omnia superessentialis e x t o l l i ~ u r

    et

    super omne quod dicitur

    et

    intelligitur

    glonficatur

    non irrationabiliter

    per

    excellentiam

    nihil

    esse

    dicitur

    2) quoniam in numero omnium que sunt nullo modo collocatur.

    (e) Si enim ipse est simul omnia que sunt et que

    non

    sunt

    quis dixerit aliquid eum esse ue/

    non_

    esse '

    dum omnium sit esse et

    plus

    qua m esse?

    (d) Aut,

    si

    aliquid non estper excellentiam, ...

    .

    non

    r ~ u a t i o n e m ,

    .

    .._

    onfi itur nihil e s s ~ p ~ r i n f i ~ i ~ ~ . e , ~ ~ , ~ ~ ~

    ~ ~ : _

    \-

    _ . .. _

    . = : - ~ - ~ - - ~ : - ~

    ___ : ~ .

    .

    _

    _

    . . .

    --:

    . _ - : : / - : : - t : ; , - ' f . : t t f . r : . ~ ~ : ~ ~ : _ :

    \ ; ~ r - : - _ ..

    -

    - i - ~ ~ ~ -

    ~ : : . .

    :: - ~ k l . - 4 ~ ,

    > : ~ : r ~ - - - ~ : 1 . - : - : ~ - ~ - - ~ .

    _ 11

    parait vident que

    ~ a , l ) , ~ _ ~ ? , t ~ ~ P l l s , t r ~ l l v . ~ O . ~ t ~ s

    ~ ~ ~ J ~ ~ ~ ~ " r ~ 1 ' ~ - ~ ~ - ~ ~ ; , _ } .

    la phrase d e Deriys

    qu il

    commente.n

    ya

    heu de r a ~ ~ e l e r tct u n ~ a_utre

    --'

    --- --

    remarque de M. Allard: l'index

    v e r b o ~ ~ ~

    des x p o s t l l p _ n , e , _ ~ f l ? . n t ~ ~ ; q u e , .

    si les mots ayant

    rapport

    a

    a

    c r a t i o n

    ( creare, ereaturae, ex

    m , ~ ~

    o. ).

    sont assez frquents

    dans

    les

    e x p ~ i . a t i ~ r : t ~

    de_ Jean Sc?t,

    l l . m ~ s . ~ ~ s

    sont par

    cont re presque entiere111ent a . ~ ~ ~ ~ t s du texte dtonysten; n

    Y

    rencontre, dans la version r i g ~ _ i e n n ~ , - que _.

    c r e a t o r ~ i . e t

    _u11_e ~ . u l e , ::,

    ,;,

    fois

    n.

    On peut certes penser que l'rigene nous prsente tout stm

    plement dans le passage cit

    se.s r f l ~ x i o n s

    personnelles

    sur _le

    theme

    la cration

    ..

    ex ni hilo et en fait il avait dja trait l o n g u e ~ e n t ce

    SU

    Jet

    72. E.tpos., IV, 63-82. ,: -: .-: . ... .

    .

    . .- -

    73. O.H. ALLARo,/oc.

    cit.

    Comme

    le

    remarque encare M. Allard,

    c:e R CREATOR

    (E.tpos., XIII, 608) rpond au grec 6 r t i n o u p y ~ ( ~ G H O S , D ) , } r ~ d ~ i ~ Hilduin

    opirex

    - . .,,

    : i : ; ~ t ' ~ ; z l : ~ t ~ ~ ~ ~ I ~ i ~ ~ ) ; ,

    ; : : - L : ; : ~ : : - : ; ~ : \ :

    _;;

    QUAE

    SUNT ET QUAE NON SUNT

    101

    dans le

    Periphyseon; il

    y renvoie lui-mme explicitement lin peu plus

    loin

    74

    Mais n'aurait-il pas t guid dans ses mditations par le mme

    auteur

    a

    qui

    il

    semble devoir beaucoup de ses formules sur .. quae

    sunt

    et- quae non sunt ? Voici en effet- in extenso le passage de

    l'Ad

    Candidum dont

    je

    parlais tout

    a

    'heure. J ai signal les variantes du

    manuscrit

    B

    (=

    Bamberg

    Patr.

    46),

    ff.

    33v3-345.

    J ai

    par

    ailleurs divis

    le

    texte en paragraphes dsigns

    par

    les mmes lettres que ceux

    du

    fragment des Expositiones; on notera que

    l ordre

    de ces paragraphes

    est diffrent chez Victorinus, mais qu'entre les ides et

    le

    vocabulaire

    des

    deux textes

    il

    y a des similitudes frappante s:

    b) 2)

    Quid igitur

    vero deus, sine unum quidem est: neque

    quae

    vere

    sunt

    neque

    quae sunt

    neque quae non (non add.

    supra /in. B)

    vere

    non (non add. supra

    /in.

    B) sunt neque quae non sunt?

    Ista enim praestat deus ut causa istis omnibus.

    d) Eorum autem quae vere non sunt, deum esse nefas est suspicari.

    Necessario

    per praelationem et per eminentiam

    Trov vrcov

    deum dicemus supra omnem exsistentiam, supra omnem vitam, supra

    omnem cognoscentiam, supra omne av et v T c o ~ vTa,

    quippe i n i n t e l ~ g i b i l e ( i n t e l l e ~ b i l e B), injinitum, invisibile, sine {f /

    intellectu, insubstantiale, incognoscibile,

    b) 1) et quod super omnia, nihil de his quae

    sunt,

    et quoniam supra quae sunt, nihil

    ex

    his

    quae

    sunt.

    Mi] Bv ergo deus

    est.

    .

    e) Quid.autem

    istud To ~ i t

    Bv

    super

    To

    Bv

    est?

    . Q ~ ~ d n o n

    i ~ t e l / ~ g a t u r u t

    v neque ut

    p v,

    sed t in ignoratione iritellegibile,

    : ~ qu Oilianl

    avet-qrliamiiotiv

    quod sua ipsius potentia

    TO

    ov

    in

    manifestationem (manifestionem

    B)

    adduxit

    et genuit. Est autem A y o ~ istud sic se habere.

    a) Qud

    vero?

    Deus, qui supra av est,

    -

    ah eo

    quod

    ipse

    est,

    sicut ipse est,

    produxlt,

    an ah

    alo,

    an

    a nullo?

    Ah alio?

    et

    quo

    alo?

    Nihil enim ante

    deum

    fuit neque ut

    deo

    ex altero par.

    A nullo

    igitur. Et

    quomodo?

    74.

    Cf.

    Expos.,IV,

    99-101.

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    15/20

    102

    JE N

    S OT

    CRIV IN

    Si enim r v

    pl oduxit,

    verum est dicere, quoniam

    a semet ipso,

    qui super to ov est, ro ov generaverit-quam

    de nihil

    o

    75

    Examinaos maintenant rapidement chacun des quatre groupes

    d'ides (a, b,

    e,

    d) que j'ai distingus dans l'un et l'autre texte. Je

    signale dans chaque cas quelques passages paralleles.

    a)

    Dieu a produit les tanls de lui-mme, el non pas

    de que/que

    eh

    ose d' extrieur ti

    fui

    o u du nanl

    (au sens propre du mol)

    Le groupe a) mentionne en prncipe trois possibilits distinctes

    pour 'origine des tants. D'apr es Jean Scot,

    la

    divinit, qui est plus

    qua m essentialis , a produit les essences des choses (

    1)

    ex

    seipsa

    ,

    " a

    se ipso , et non pas

    2)

    .. aliunde"

    o u

    3)

    .. de nihilo .

    La possibilit 2) est limine paree que Dieu n'a besoin de rien et qu'il

    n'y a rien d'extrieur

    a

    tui qui tui soit coternel ou coessentiel; ces

    affirmations sont courantes chez l'rigene, par exemple:

    o

    m

    ni

    principio superiori

    se

    uel secum existenti et non coessentiali sibi

    omnino caret ..

    76

    La

    troisieme possibilit est aussi

    nie

    daos son sens

    littral, car

    le

    .. nant" dont nous croyons que Dieu a cr

    le

    monde est

    identifi (comme dans

    le

    livre III du

    Periphyseon,

    680 C et suiv.) avec

    le

    Crateur lui-meme. Le rejet des deux hypotheses prises ensemble

    ( . aliunde .. et

    ce de

    nihilo" a u seos ha bit uel de

    ce

    dernier terme) se

    retrouve galement daos

    le

    Periphyseon

    Marius Victorinus, pour sa part, nous montre une dmarche tout

    a

    fait comparable: Dieu qui supra to ov est .., ce to ov produxit ..

    (Jean Scot emploie le meme verbe) ; et cette production de l'tant a du

    avoir lieu.

    o u bien (

    1)

    ce ab eo quod ipse est, sicu t ipse est

    ,

    ce

    a semet ipso ,

    ou bien (2)

    ce

    ab alio

    ..

    ou bien (3)

    a

    nullo

    ..

    , ce de ni hilo ...

    75. Ad

    Cand.,

    13,

    1-14, 11. Dans

    l ~ d i t i o n

    CSEL, LXXXIII,

    la l e ~ o n

    genera veril

    (14, 11) a t remplace par .. genera

    i l ~

    (qui parait aussi dans

    le

    manuscrit de

    Bamberg antt corrtct. ).

    76. Ptriph.,

    111, 619C (p. 26, 23-24);cUga lement 1, 4580-4598 (p. 74,24- p.

    76,

    15);

    11, 5278 (p. 10, 5-7), etc.

    77.

    111,

    679C (p. 164, 1213): Alioqui non in ipso conderet sed extra ipsum quod

    aliunde accepit aul de nihilo fecit

    QU E SUNT ET

    QU E

    NON SUNT

    103

    Victorinus rejette galement les possibilits (2) et (3) et pour des

    raisons v o ~ s i n e s de c ~ l l e s que .donne Jean Scot. Quant a. (2), il n'y a

    au.cun ce ahud .. antneur

    a

    Dteu,

    ni ce ut

    deo ex altero

    par .

    ; l'autre

    ratson que l'Erigene invoque (" qui nullius indigens est ..) se retr o uve

    a ~ s s i

    ailleurs ch.ez

    le

    thologien africain : Dieu est ce non indigens

    ~ h ~ r u m "

    nulhus

    egens

    71

    En ce qui concerne (3), Victorinus se

    h m ~ e

    a

    r f r e r ce a semet i p ~ o

    a

    e de nihil o .. , sans distinguer deux

    stgmficattons dans cette dermere expression comme

    le

    fera I'Irlandais.

    Le double refus des hypotheses (2) et (3), enfin, est galement prsent

    dans d'autres textes de Victorinus, par exemple: ce De altero? Ergo duo

    principia? An de nihilo? Nihilum non est sub deo ti>V vtrov, 79.

    b)

    Dieu, en tant que diffrent de tou tes les c/asses

    possibles

    d

    tanls, el suprieur ti

    tout

    ce qui e si,

    est appel ..

    Non-tanl,

    1)

    convient de faire ressortir

    d'abord le

    paralllisme forme

    entre la double affirmation emphatique de la supriorit divine de

    Victorinus et celle de Jean Scot:

    Ad Candidum Expositiones

    et quod

    super omnia,

    nihil de his

    quae sunt

    et quoniam supra quae sunt,

    nihil

    ex

    his

    quae sunt

    qui, quoniam super omnia super

    essentialis extollitur

    et super omne quod dicitur et

    intel/igitur

    glorificatur

    Remarquons que, dans le second membre, I'rigene n'a fait que

    re mplacer l'expression ce quae sunt.. par la dfinition qu'il donne

    souvent de ces ce choses qui sont :

    ce

    ce qui peut etre ex prim et

    compris,

    L'nonc de la conclusion est quelque peu diffrent chez l'un et

    chez l'autre, mais la pense qu'elle exprime est identique: Dieu est

    done J.lll v, dit Marius Victorinus, qui n'emploie pas pour le dsigner

    le

    terme

    ce

    nihil, car il prend

    ce

    mot dans son sens habituel de nant

    p ~ r e m e n t ~ g a t i f Jean Scot, par contre, n'hsite pas a 'appliquer a

    Dteu, qumqu'en prcisant qu'il s'agit

    du

    ce

    nihil per excellentiam ..

    78.

    Adv.

    Ar . l, SO 3-4; l, 13,

    13.

    79.

    Adv.

    Ar.,lV,

    21,

    1-3; voir aussi

    1,

    23,34-38.

    80. Le mot latn nihil parait bien dcux fois dans ce paragraphe de l'Ad Cand., mais

    avec des dterminatifs, au sens de rien et non pas comme nom divin en soi.

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    16/20

    ...

    104

    JEAN

    SCOT CRIVAIN

    (nous reviendrons sur cette spciftcation dans un instant). 11 ne faut pas

    oublier, par ailleurs, que dans la version rignienne du

    De

    divinis

    nominibus

    l'on rencontre aussi l'expression

    non

    V applique a

    Dieu u ; J'ide de conserver le terme grec tui serait-elle venue,

    au traducteur, d'avoir tu chez Victorinus J.lTJ ov, .. n o ~ v,

    dans un contexte tres proche de celui de I'Aropagite?

    2)

    Quant a la raison additionnelle qu'invoque Jean Scot,

    ..

    quo

    niam in numero omnium quae sunt nullo modo collocatu r, on dirait

    qu'il se borne a condenser ce que Victorinus exposait en dtail

    a1 1

    dbut

    du texte cit, Jorsqu'il rappelait, en numrant tous

    les

    modes d'tants

    quae sunt,) distingus a u pralable par tui, que Dieu ..

    ne

    unum

    quidem est: neque quae vere sunt neque quae sunt neque quae non

    vere non sunt neque quae non sunt

    e) Dieu esta lafois tant et non-tant

    Nous avons dja vu l'essentiel de ces deux passages paralleles que

    j'appelle ici .. e ; c'est surtout leur ressemblance qui a attir mon

    attention sur

    les

    analogies entre

    les

    deux contextes respectifs. L'ide

    fondamentale du paragraphe rignien voque en effet celle que nous

    trouvons dans les lignes correspondan es de l'Ad Candidum: on

    ne

    peut

    concevoir Dieu comme tant ni comme non-tant, il dpasse toutes les

    SI.

    De

    Div.

    nomin.,l,

    1

    (PG

    3, SSS8; trad. rignienne:

    PL

    122, 1113C); ce passage est

    cit en Ptriph.,l, S

    OA

    (p. 190, 21). On comparera aussi

    les

    textes de Victorinus

    indiqus ci-dessus, note 56 (auxquels on peut ajouter, p. ex.,

    In

    epist. ad Ephes.,

    12SIC:

    Al

    vero Christus el supra ipsum

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    17/20

    1 6

    JEAN SCOT CRIVAIN

    dernier la ritere plusieurs fois dans ses reuvres, en allguant deux

    citations souvent jumeles par' Iu i, 'une saint

    A u g u ~ t i ~

    et l a u t ~ e

    du pseudo-Denys:

    ce

    qui melius nesciendo sc1tur " et cmus Ignoran ia

    uera est sapientia

    87

    d)

    La

    ngation de / tre ne convient

    pas?

    D i ~ u

    par

    privation, mais par excellence et par mfimt

    Au paragraphe b), Jean -Scot signalait que Dieu est a p ~ e l

    ..

    Nant,.

    ..

    per excellentiam, ; maintenant

    il

    ajoute, pour completer

    cette ide:

    ..

    non , per, priuationem

    ..

    ;

    l

    reprend l a n t i t h e ~ e , assez

    frquente chez lui, un peu plus loin: ce non esse per

    e x ~ e l l e n u a . m ,

    non

    per priuationefu

    u

    Or si l'expression

    per excellentiam, n est

    ~ a s

    utilise

    par

    Marius Victorinus, celui-ci dit bien,

    en r e v a n c h ~ ,

    que.

    D1eu

    est au-dessus de tous les tants

    per praela tionem et per emment1am ,

    ce qui semble revenir au meme. convient de rappeler que, dans la

    premie

    re

    maniere de .. quae sunt et quae non

    sunt,,

    r i ~ e n e employait

    aussi le second des deux vocables dont

    se

    sert V1ctonnus: " prae

    eminentia

    suae existentiae .. , Quan t a l'expression

    per praelationem

    ,

    q

    ui

    parait aussi dans d'autres textes de Victorinus, elle a pour

    t

    19

    synonyme

    ..

    per supralationem

    ..

    , que nous verrons dans mstan

    Par ailleurs,

    te

    re

    jet du nant

    ..

    per privationem,, explicite dans .tes

    Expositiones,

    est contenu de a ~ o n quivalente dans cette phrase de 1

    Ad

    Candidum: .. Eorum autem qua e vere non sunt, deum esse nefas est

    suspicari " .

    On peut aussi rapprocher du p a s s a g ~ c1t de J e ~ n Scot ~ n e autre

    page de Marius Victorinus, qui fait parue du I ~ e hvre 1

    d ~ e r s u s

    Arium. U, apres avoir affirm que Dieu

    fit

    i n ~ ? I t u m , fit m ~ o g ~ 1 t u m ,

    indiscernibiJe, incognoscibite et quod vere

    diCitUr

    aopiO"tta,

    Id.

    est

    infinitas et indeterminatio qu'il est

    omnium esse

    et omnmm

    principium,

    et

    ..

    supra

    omnia,,

    l'auteur africai?

    a j o u t ~ :

    u a r e .

    et

    a v n a p K t O ~

    et

    a V O O \ ~

    et

    a V O U ~ et a ~ r o V ,

    sme

    e X S I S t e n t l ~ ,

    sme

    substanti a, sine intellegentia, sine vita dicitur, non quidem.per

    a.repratv

    id

    est non per privationem, sed per supralationem.

    Omma emm quae

    87.

    Sur

    ces deux citalions, cf. M. CAPPUYNS,Jean

    Scot trigene,

    p. 324, n. 1; Comnr.

    Jn.,

    1, XXV, n. 21, p. 126-127: M. Jeauneau y indique Porphyre, Sent., 25 (M.ommert,

    p. 11, 4) comme une des sources probables de cette doctrine a ~ g u s t i n 1 e n n e ; le

    mame

    passage

    de Porphyre est

    aussi

    l'un

    des deux auxque ls renvo1e P. Hadot, d.

    cite, p. 715,

    en commentant Ad Cand.,

    14,

    2.

    88.

    Expos.,

    IV, 88-89.

    89.

    Cf. Adv. Ar.,

    IV, 19, 11; P.

    HADOT, PV,

    p. 416, n. S.

    QUAESUNTETQUAENONSUNT

    1 7

    voces nominant post ipsum sunt, unde nec ov sed magis npov.

    ,,o

    Voila done un couple

    per privationem - per supralationem, qui

    rappelle

    e r t ~ i n e m e n t

    l'opposition

    per priuationem - per excellen

    tiam,. de l'Erigene;

    l

    ne se trouve pas dans

    le

    passage de

    l Ad

    Candidum

    que nous analysons, mais d'apres certains ndices, quej e n'ai

    malheureusement pas

    le

    temps d'exposer ici, on peut supposer que

    Jean Scot connaissait 'ensemble de l'reuvre tholqgique de Victorinus,

    et non seulement l'opuscule mentionn

    91

    y a galement lieu de se

    demander, a ce propos, si le nihil... perinfinitatem

    des

    Expositiones

    n'aurait pas quelque rapport avec

    1' aoptatia,

    id est infinitas et

    indeterminatio

    de

    l Adversus Arium,

    quoique dans

    l Ad Candidum

    nous trouvons aussi l' attri but infinitum .. dit de Dieu.

    Une derniere remarque sur ce paragraphe. Lorsque Victorinus

    soutient que Dieu est

    supra

    omne ov et

    v r r o ~ ovra,.,

    cette supriorit

    divine a l'gard du vritablement tant .. , du monde intelligible, n'est

    pas

    pour

    lui uniquement statique, mais encore, en quelque sorte,

    dynamique. Dieu est au-dessus des ldes, les ldes sont en tui, et elles

    sont engendres par lui:

    Deus.. . primo universalium universales

    exsistentias substantiasqueprogenuit. Has Plato ideas vocat, cunctarum

    in exsistentibus specierum species principales .. Genera igitur generum

    profunduntur a deo et omnium potentiarum potentia: universaliter

    principales

    92

    Cette doctrine d'apres laquelle

    les

    Ides naissent ou

    s'coulent de Dieu a peut-etre t 'une des sources de la conception de

    Jean Scot

    sur

    les causes primordiales comme

    natura creata

    et

    creans " faisant partie de l' universitas condit a " conception qui

    diffrencie si nettement l'rignisme des tendances prdominantes de la

    thologie occidentale au sujet des ides divines, considres en gnral

    comme identiques a l'essence de Dieu,

    et par

    consquent incres.

    Les analogies dans

    le

    contenu et les ressemblances dans la forme

    littraire

    q ue

    nous avons releves, ainsi que d'autres que l'on pourrait y

    ajouter - cp., p.

    ex.: Quid

    est ergo ..

    ?

    dans

    le

    paragraphe a) de

    Jean Scot avec Victorinus,

    Quid

    vero

    ?

    (a), Quid igitur .. ? (b2),

    Quid

    autem .. ?,. (e) ; ces similitudes, done, constituent autant

    d'indices suggrant qu e l'rigene, en rdigeant son commentaire sur

    le

    chapitre IV de la Hirarchie c/este, avait sous les yeux, ouvert a la

    page de l Ad Candidum que nous venons d'tudier, un exemplaire des

    90. dl'.

    Ar.,

    IV, 23, 13-27.

    91. En effet,

    d'autres

    passagcs

    de

    I'rigene semblent inspirs des considrations

    de

    I Adversus Ar ium sur

    la vie el le

    mouvemenl.

    J'espere publier prochainement

    quelques pages sur cette question.

    92.

    Adv. Ar.,

    IV, S

    29-32

    et 34-36. Cf. HADOT,

    PV,

    p. 382 et suiv.

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    18/20

    .

    108

    .lEAN SCOT CRJVAIN

    ceuvres thologiques de Marius Victorinus, le meme manuscrit peut

    etre qui a t conserv

    jusqu'a nos

    joifrs dans la bibliotheque de

    Bamberg. ne s'agit pas, dans le cas que je viens de prsenter, de

    l'emprunt de quelques formules isoles, mais de l'utilisation

    d'un

    fragment labor assez long, dont les ides principales, ainsi que, en

    partie, le vocabulaire et la structu re, sont encore reconnaissables sous

    les remaniements auxquels les a soumis notre auteur.

    est peut-etre loisible d'aller un peu plus loin et de voir des

    allusions assez prcises a cette meme page de

    l Ad

    Candidum dans un

    passage du livre du

    Periphyseon

    oil le maitre manifeste une certaine

    rsistance a accepter le terme ce nihil,. comme dsignation de Dieu,

    paree que, a la diffrence de ce qu'il fera quelques chapitres plus loin,

    il

    n'y prend ce vocable - de meme que Victorinus - que dans son

    acception courante d'absence

    d'etre: Non

    facile concesserim diuinam

    superessentialitatem nihil esse [uel tali nomine priuationis posse uocari].

    Quamuis enim

    a theo/ogis dicatur

    non

    esse

    non eam tamen nihil esse

    suadent sed plus quam esse .. dum non aliam ob causam praedicetur

    non esse superessentialis nisi quod

    in numero

    eorum

    quae sunt numerari

    eam uera non sinit ratio, dum super omnia quae sunt el quae non sunt

    esse

    intelligatur

    93

    . Quels sont ces theologi,. non identifis, qui disent

    que Dieu ce n'est pas " qu'il est suprieur

    a

    'etre

    tb

    J lTJ

    ov super

    tb

    ov,. ), mais qui

    ne

    l'appellent pas

    nihil?

    On peut certes penser, par

    exemplc,

    a

    Denys; mais plusieurs dtails, dont la formule finale tres

    caractristique: sup er omn ia qua e sunt et qua e non sun t,., semblent

    nous orienter

    plute>t

    vers Marius Victorinus.

    CONCLUSION

    Au terme de notre comparaison entre diffrents passages de Jean

    Scot et de Marius Victorinus, nous sommes done en mesure d'affirmer

    que l'auteur irlandais a tres probablement emprunt

    a

    ce difficile

    penseur chrtien du

    IVe

    siecle non seulement certaines ides qu'il a

    intgres dans sa synthese personnelle, mais encore des formules, des

    phrases

    ou

    ces ides sont exprimes, c'est-a-dire des matriaux litt

    raires. C'tai t justement ce qu e Victorinus lui-mme avait fait a 'gard

    de Porphyre et d'autres philosophes grecs, d'apres

    P.

    Hadot, qui note

    que ce mode de composition est d'ailleurs commun A ous

    les

    crivains

    latins de I'Antiquit finissante: Tous utilisent pour ainsi dire des

    lments prfabriqus.

    94

    ,.

    93. Prriph., 111 6348-C (p. 60, 24-26 et 31-34).

    94. P. HADOT PV p. 33 (voir 'ensemble des remarques de l'auteu r sur la ncessit et

    les

    limites de la Qutllrtiforst:hung, p. 31-39).

    QUAE SUNT ET QUAE NON SUNT

    109

    En ce qui concerne I'rigene, un tel procd n'est pas non plus

    exceptionnel. M. Jeauneau a

    par

    exemple mis en vidence comment

    dans certains passages de notre auteur, des textes de Maxime le

    Confesseur, non signals comme tels

    par

    Jean Scot, sont ce inextrica

    blement mels A la prose rignienne

    95

    .

    ;

    M. Madec a effectu un

    travail analogue a 'gard des emprunts anonymes a Augustin

    96

    , et l'on

    continue tous les

    jours

    d'enr ichir la liste des sources ou Jean Scot puise

    sans en avertir son lecteur

    97

    C'tait visiblement

    pour

    tui une maniere

    d'agir toute naturelle, qu'il reconnaissait dja chez les Peres; ainsi,

    nous dit-il, saint Ambroise, en donnant une exgese spirituelle du

    paradis, ne fait

    que

    suivre Origene, mais sans le nommer ouvertement :

    omnino,

    ut aestimo, Originem sequens, quamvis eum aperte

    non

    nominavit

    98

    faut toutefois noter que, dans les cas d'autres auteurs,

    si

    Jean Scot oublie parfois de les mentionner lorsqu'il leur emprunte

    quelque expression, il les ddommage ailleurs, en les citant explici

    tement; mais le nom de Marius Victorinus ne parait jamais, a ma

    connaissance, dans les ceuvres rigniennes.

    On peut se

    demander

    a quel moment

    de

    sa carriere le savant

    irlandais aurait lu Victorinus. On a signal,

    dans

    le commentaire su r

    Martianus

    Ca

    pella

    99

    et

    dans

    le De

    praedestinatione

    100

    ,

    des utilisations

    probables des ceuvres

    du

    rhteur africain

    sur

    les arts libraux: on ne

    sait cependant pas,

    dans le premier cas du moins, si la connaissance

    que Jean Scot en avait tait directe \ U indirecte. Mais essayons

    d'avancer un peu

    plus:

    d'expliquer Cicron, Victorinus, devenu chr

    tien, tait pass a nterp rter les pitres de saint Paul.

    Or

    non seulement

    la technique de ses commentaires est, sous plusieurs rapports, assez

    proche de celle qu'emploiera I'rigene (

    ordo des mots, ce erit

    sensus,

    o

    merito quaestio

    proponitur,

    appel a 'original grec

    101

    ,

    95.

    Comm. Jn. l

    XXXII, note 1 p. 178-179.

    96. G. MADEC L'augustinisme de

    Jean

    Scot dans le

    De

    praedestinatione"

    ..

    ,

    JSEHP, 183-190; Observations sur

    le

    dossier augustinien du "Periphyseon",

    Eriugtna: Studltn zu srint n Qutlltn, 75-84.

    97. Cf., p. ex., les indications supplmentaires de sources que fournit P. LU

  • 7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt

    19/20

    ....

    110

    JEAN

    SCOT CRIVAIN

    mais encore telle ou telle phrase semble trouver aussi un cho dans le

    De praedestinatione

    (p. ex., Victorinus explique

    phs.,

    1, 4-5 comme

    ceci: .. Praedestinavit igitur Deus ut essemus sancti. Prredestinavit ergo

    non est

    nisi eorum quae

    sunt ; et Jean Scot crit: ce Credamus una m

    aeternam praedestination