Physiologie Dent

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UFR Odontologie / UNIVERSITE de BORDEAUX \ Odontologie Pédiatrique PHYSIOLOGIE DENTAIRE APPLIQUEE CE QU’IL FAUT RETENIR… Une bonne connaissance de la physiologie dentaire est nécessaire au diagnostic, à la conduite et au suivi d’une thérapeutique ainsi qu’au pronostic. L’examen radiologique est indispensable à l’appréciation clinique de la physiologie dentaire en Odontologie pédiatrique, dans le respect des recommandations actuelles : évaluation de l’âge, comptage des dents présentes, évolution du stade des dents temporaires, visualisation de la maturation des apex… L’enfant est en denture temporaire complète à 3 ans, en phase de denture mixte de 6 à 13 ans, en phase de denture adulte jeune jusqu’à l’évolution des « dents de sagesse ». L’évolution des dents déXinitives suit grossièrement la règle des tiers : 3 ans pour former la couronne, 3 ans pour la radiculogénèse, 3 ans pour la fermeture des apex. La dent permanente immature nécessite une approche thérapeutique spécixique. PLAN 1 .DEFINITIONS - GENERALITES...................................................................................2 2 .PHYSIOLOGIE DES DENTS TEMPORAIRES............................................................2 2.1 .Spécificité de la denture temporaire.....................................................................3 2.2 .Morphogenèse......................................................................................................3 2.3 .Particularités des dents temporaires....................................................................5 3 .PHYSIOLOGIE DES DENTS PERMANENTES...........................................................7 3.1 .Morphogenèse des Incisives, canines et prémolaires.........................................7 3.2 .Formation des molaires permanentes..................................................................7 3.3 .Eruption des dents définitives...............................................................................8 4 .EXAMENS RADIOGRAPHIQUES..............................................................................11 BIBLIOGRAPHIE 1. LAUTROU A. : Anatomie dentaire, Abrégé Masson 2. ROUAS A. et coll. : Morphologie et Anatomie dentaire P2 – polycopié Bordeaux 2 3. CAUWELS R. Physiologie de l'apexogenèse ; Rev. Francoph. Odontol. Pediatr. ; 2008 ; 3 (2) :86‐88. 4. GHOUL‐MAZAGAR et coll. : aspects cellulaires des processus de minéralisation et de résorption du complexe dentino‐pulpaire dans la dent temporaire. Rev. Francoph. Odontol. Pediatr. ; 2008 ; 3 (2) :86‐ 88. Yves DELBOS MCU-PH, Université de Bordeaux Frédéric Vaysse, MCU-PH, Université de Toulouse Louis-Frédéric JACQUELIN, PU PH Université Champagne-Ardenne Odontologie Pédiatrique yves.delbos@u‐bordeaux2.fr v 2.08 ‐Octobre2009 1 / 13

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PHYSIOLOGIE DENTAIRE APPLIQUEE

► CE QU’IL FAUT RETENIR…

• Une bonne connaissance de la physiologie dentaire est nécessaire au diagnostic, à la conduite et au suivi d’une thérapeutique ainsi qu’au pronostic.• L’examen radiologique est indispensable à l’appréciation clinique de la physiologie dentaire en Odontologie pédiatrique, dans le respect des recommandations actuelles : évaluation de l’âge, comptage des dents présentes, évolution du stade des dents temporaires, visualisation de la maturation des apex…• L’enfant est en denture temporaire complète à 3 ans, en phase de denture mixte de 6 à 13 ans, en phase de denture adulte jeune jusqu’à l’évolution des « dents de sagesse ».• L’évolution des dents déXinitives suit grossièrement la règle des tiers : 3 ans pour former la couronne, 3 ans pour la radiculogénèse, 3 ans pour la fermeture des apex. La dent permanente immature nécessite une approche thérapeutique spécixique.

► PLAN

1 .DEFINITIONS - GENERALITES...................................................................................2 2 .PHYSIOLOGIE DES DENTS TEMPORAIRES............................................................2

2.1 .Spécificité de la denture temporaire.....................................................................3 2.2 .Morphogenèse......................................................................................................3 2.3 .Particularités des dents temporaires....................................................................5

3 .PHYSIOLOGIE DES DENTS PERMANENTES...........................................................7 3.1 .Morphogenèse des Incisives, canines et prémolaires.........................................7 3.2 .Formation des molaires permanentes..................................................................7 3.3 .Eruption des dents définitives...............................................................................8

4 .EXAMENS RADIOGRAPHIQUES..............................................................................11

►BIBLIOGRAPHIE

1. LAUTROU A.  : Anatomie dentaire, Abrégé Masson2. ROUAS A. et coll. : Morphologie et Anatomie dentaire P2 – polycopié Bordeaux 23. CAUWELS R. Physiologie de l'apexogenèse ; Rev. Francoph. Odontol. Pediatr. ; 2008 ; 3 (2) :86‐88.4. GHOUL‐MAZAGAR et coll. : aspects cellulaires des processus de minéralisation et de résorption du complexe dentino‐pulpaire dans la dent temporaire. Rev. Francoph. Odontol. Pediatr. ; 2008 ; 3 (2) :86‐88.

Yves DELBOS MCU-PH, Université de BordeauxFrédéric Vaysse, MCU-PH, Université de ToulouseLouis-Frédéric JACQUELIN, PU PH Université Champagne-Ardenne Odontologie Pédiatrique

yves.delbos@u‐bordeaux2.fr   v 2.08 ‐Octobre2009

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1 . DEFINITIONS - GENERALITES

• La  denture  désigne l’ensemble des dents, issues d’une même lame dentaire,  la dentition l’ensemble des phénomènes qui concourent à leur mise en place, jusqu’à leur disparition. 

•  Comme tous les mammifères, l’homme présente deux dentitions successives :   il  est « diphyodonte ».   La   première   denture   est   donc   constituée   de  20  dents   temporaires  ou primaires  (en anglais  primary   teeth)  dites  aussi  déciduales  ou  lactéales  (terme  impropre) communément   appelées     « dents   de   lait »,   qui   seront   remplacées   par   32   dents successionnelles,   déxinitives   ou   permanentes :   la   différence   s’explique   par   l’absence   de prémolaires et la poussée d’une troisième molaire.

• En nomenclature internationale les 4 secteurs concernant la denture temporaire sont numérotés 5/6/7/8 qui correspondent aux 1/2/3/4 pour la denture permanente : ex 51 = incisive centrale maxillaire temporaire droite. 

• A chaque âge correspond une formule dentaire théorique qu’il est intéressant de comparer à la formule d’occlusion réelle c'est‐à‐dire aux dents effectivement présentes en bouche. Il est possible d’en déduire un éventuel retard dentaire si l’écart constaté est supérieur à un an. S’il existe un décalage important et devant un retard staturo‐pondéral, il faudra demander un âge osseux.

2 . PHYSIOLOGIE DES DENTS TEMPORAIRES

2.1 . SPECIFICITE DE LA DENTURE TEMPORAIRE

2.1.1 . Intérêt• La denture temporaire mérite toute l'attention du praticien : elle participe activement à la croissance de l'enfant, non seulement en ce qui concerne le développement crânio‐facial, voire corporel,notamment par sa fonction masticatoire, mais encore sur son développement psychologique, en prenant ne compte l'indispensable aspect relationnel.

• Pour être efaicace dans la thérapeutique, une bonne connaissance de l'histologie, de l'embryologie et de la physiologie dentaire est indispensable : la dent temporaire, ne doit pas être considérée comme un « sous‐organe » de la dent permanente.

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2.1.2 . Nécessité de leur chute• L’existence de la dent temporaire est éphémère, environ 6 ans. Elle est régie par trois phénomènes génétiquement programmés :

• Organes trop petits pour une arcade croissante et mal adaptée à l’évolution de la fonction manducatrice (cf comparaison des surfaces occlusales entre dents permanentes et temporaires).

• Brève période de maturation (un an et demi), qui ne permet pas de former un organe persistant, rapidement suivie d'une période de sénescence pulpaire liée à la résorption,

• Présence de la dent de remplacement qui provoque une rhyzalyse assurée par la résorption (ostéoclastes) dentinaire, cémentaire et osseuse, qui coïncide avec la xin de la formation de la couronne de la dent déxinitive,

2.1 . MORPHOGENÈSE

2.1.1 . Vie prénatale des dents temporaires

• Les dents se forment à partir d’un bourgeon dentaire individuel qui a une double origine : • la lame dentaire, dérivée de l’épithélium buccal • et le mésenchyme avoisinant (ectomésenchyme).

• La morphogénèse primaire débute à la 8ème semaine : sous l’action inductrice du mésenchyme (tissu conjonctif embryonnaire), se produisent des proliférations localisées des cellules épithéliales. Ces  proliférations forment bientôt des bourrelets continus qui s’enfoncent dans le mésenchyme pour constituer « le mur plongeant » ou lame primitive. Ces bourrelets en forme de fer à cheval sont les futures arcades dentaires.

• Vers le 40ème jour, le « mur plongeant » se dédouble pour donner :• la lame vestibulaire, d'où naîtra le sillon vestibulaire, amorce de la formation du 

vestibule buccal.• et la lame dentaire qui s’inxléchit en direction linguale.

• A partir de la lame dentaire, dans chaque futur maxillaire s’individualisent dix épaississements épithéliaux localisés coiffés par des regroupements de cellules mésenchymateuses : ce sont les bourgeons des dents temporaires. Ils vont s’accroître rapidement et auront tendance à s’isoler de la lame dentaire qui leur a donné naissance.

• Les bourgeons des incisives, des canines apparaissent dès la 7‐8ème  semaine ; ceux des dents temporaires pluricuspidées, apparaissent à peu près en même temps sur les deux lames : pour la première molaire 8‐9ème  semaine, pour la seconde, un peu plus tardivement (10‐11ème semaine).Plus en arrière, se trouvent vers le 4ème  mois in utero le bourgeon de la première molaire déxinitive et vers 1 an et 5 ans après la naissance, ceux des 2ème  et 3ème  molaires déxinitives.

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• Chacun des bourgeons va s’enfoncer dans le mésenchyme odontogène qui prolifère activement de sorte que le germe dentaire sera bientôt constitué par deux éléments : la partie épithéliale et la partie mésenchymateuse. Le bourgeon prend alors la forme d’une cupule qui rassemble un épithélium, une papille et une enveloppe mésenchymateuse, un sac folliculaire.

• La dépression cupuliforme du bourgeon (10ème  semaine) va aller en s’accentuant jusqu’au 3ème ou 4ème mois. Pendant toute cette période, les germes sont au stade de « cloche dentaire » ; le bourgeon se transforme alors en organe de l’émail. L’histogenèse de l’émail se précise avec la mise en place de 4 couches cellulaires :

• L’épithélium adamantin externe,• Le réticulum étoilé (gelée de l’émail),• Le stratum intermedium,• L’épithélium adamantin interne.

2.1.1 . Vie post-natale des dents temporaires

• Les données exposés ci‐après ont été volontairement simplixiées dans un but didactique. Se rappeler cependant que :

• Les âges indiqués sont susceptibles de subir des variations dans les limites de la physiologie normale, soit plus ou moins six mois pour les dents temporaires,

• L’éruption des dents mandibulaires précède toujours celle des dents maxillaires ;• L’éruption des dents homologues n’est pas toujours synchrone ;• Le sexe, la race, la nutrition, le climat, la pathologie interfèrent également.

• L’éruption, pour l’ensemble des dents temporaires, se situe entre l’âge de 6 mois et 2 ans et demi, soit une poussée dentaire par semestre qui s'accompagnera de signes locaux (inxlammation gingivale, hypersialorrhée) voire généraux (hyperthermie, signes digestifs). A la naissance, tous les germes temporaires sont présents au sein des bases osseuses.

• La dent temporaire a une durée de vie déterminée dans le temps. Son existence fonctionnelle passe par trois stades physiologiques post éruptifs :

• Stade 1 : C’est une phase de croissance qui dure de l’éruption à l’édixication complète des racines (un an et demi environ). A ce stade, la pulpe est à son maximum de potentiel réparateur et dentinogène.

• Stade 2 : C’est une phase de stabilité qui dure de l’édixication complète des racines à la résorption radiologiquement décelable. Sur une radiographie, la xin du stade 2 correspond à la disparition de la moitié apicale de la racine (trois ans environ). Les réactions de la pulpe sont comparables à celle de la denture déxinitive. Néanmoins, la pulpe se caractérise par une susceptibilité particulière à l’inxlammation sur un mode dégénératif.

• Stade 3 : C’est une phase de résorption qui dure de la résorption radiologiquement 

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décelable à la chute précédant l’éruption de la dent déxinitive (trois à quatre ans environ). Au cours de cette phase, la dent et le parodonte subissent d’importantes modixications relatives à la migration apicale de l’attache épithéliale, aux canaux pulpo‐parodontaux, à la porosité du plancher pulpaire.

2.1 . PARTICULARITÉS DES DENTS TEMPORAIRES

2.3.1. Morphologie

•  Les  dents   temporaires   sont  plus   trapues,  et  plus  petites   (environ  1/3)  que   leurs homologues  déainitives,  d'une couleur  blanc   laiteux  est   caractéristique.   Si   le  groupe incivo   canin   est   comparable,   les   premières   molaires   sont   très   particulières :   fortement asymétriques, avec des traits simiens. Les deuxièmes molaires temporaires reproduisent avec une réduction homothétique la morphologie coronnaire des premières molaires permanentes. 

•  Cet  aspect  globuleux,  en  raison  de   la  présence  d’un  bourrelet  cingulaire  avec  un étranglement  cervical,  diminue proportionnellement   la   face  tritutrante,  et  cause  des hypérhémies   gingivales ;   elle   rend   aussi   plus   difxicile   leur   préhension   au   davier   lors   de l’extraction.   Cette   anatomie   particulière   favorise   l’apparition   de   lésions   septales interdentaires,   de   lésions   carieuses   proximales   et   complique   la   prise   au   davier   lors   de l’extraction.  Ces dents étant plus  fragiles,  une butée de fermeture des mors est préférable (daviers pédodontiques spécixiques).  Les sillons de  la  face occlusale sont très marqués au niveau des molaires lors de leur éruption, c’est‐à‐dire lors de l’installation de la xlore buccale (physiologique et pathologique), puis les surfaces s’abrasent par la suite.

•  Les   racines   sont   plus   efailées   proportionnellement   plus   longues   que   sur   leurs homologues permamentes et ménagent une place aux germes de déainitifs : 

• déjetée côté vestibulaire sur les incisives,• en pinces ou en encorbellement sur les molaires, ce qui occasionne fréquemment des 

fractures lors des avulsions.

2.3.2. Histo-anatomie

A- L’émail : moins épais et moins minéralisé

• Sur une dent temporaire, l’épaisseur d’émail est réduite de moitié environ par rapport à une dent déxinitive et en particulier, au niveau du 1/3 cervical des faces proximales. A cet endroit, une usure s’effectue favorisant l’apparition de caries jumelles.

• Il existe 2 types d’émail : l’émail pré­natal (mieux minéralisé) séparé de l’émail post­natal par la ligne d’Orban ; cette disposition se révèle lors des polycaries infantiles. L’émail post‐natal est prépondérant dans la 2° molaire.

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• Les prismes d’émail sont perpendiculaires au niveau de la face occlusale et orientés de bas en haut au niveau proximal ce qui entraîne une destruction de pans entiers en cas de carie. De plus, ces prismes ont une mauvaise coalescence.

B- La dentine : moins épaisse et moins minéralisée

Elle est moins épaisse que celle des dents déxinitives sauf au niveau des faces occlusales, et moins minéralisée ; elle présente aussi des tubulis de diamètre plus important, ce qui favorise la pénétration bactérienne, et donc une évolution plus rapide vers la contamination pulpaire.

C- La pulpe : volumineuse

La pulpe est volumineuse puisqu’elle occupe le 1/8° de l’espace coronaire (pulpe permanente 1/27°) et ses cornes sont très saillantes. Le volume de la pulpe et sa conxiguration expliquent la fréquence des atteintes pulpaires lors de lésions carieuses proximales en denture temporaire.

D- Le cément : peu épais et poreux

Le cément se caractérise par une plus faible épaisseur et une plus grande pososité. Le plancher de la chambre camérale est mince et traversé par des canaux pulpo­parodontaux. Les espaces interglobulaires de CZERMAK, sortes de lacunes cémentaires, augmentent la porosité des structures et donc la rapidité de diffusion de l’infection dans les structures périphériques.

Des contraintes anatomiques et physiologiques découlent les formes cliniques et par là‐même, les thérapeutiques.

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3 . PHYSIOLOGIE DES DENTS PERMANENTES

3.1 . MORPHOGENESE DES INCISIVES, CANINES ET PRÉMOLAIRES

• Au fur et à mesure que s’accroissent les bourgeons, à partir de la lame dentaire devenue un mince feuillet, une série de prolongements va s’individualiser au‐dessus des bourgeons, en direction linguale : leur ensemble forme ce que l’on appelle la lame dentaire de remplacement (ou lame secondaire). 

• Cette dernière apparaît entre le 3ème et 4ème mois et sa croissance s’effectue au niveau et au‐dessus de chaque germe. Il apparaît une série de dix languettes qui, durant le 4ème mois, donnent naissance aux bourgeons des canines et des incisives. Ceux des prémolaires seront plus tardifs : le bourgeon de remplacement de la première molaire temporaire apparaît à la naissance, celui de la seconde entre 9 et 12 mois.

• Les bourgeons des dents de remplacement sont primitivement en situation linguale par rapport à la dent temporaire. Ils vont subir une migration au cours de leur croissance et viendront se placer sous les dents temporaires ; les bourgeons prémolaires se trouveront, pour xinir, disposés entre les racines des dents à remplacer, du côté vestibulaire.

3.2 . FORMATION DES MOLAIRES PERMANENTES

3.2.1 . Embryologie

• La lame dentaire se termine à chacune de ses extrémités distales par un bord libre, à l’endroit où est apparu, vers la 10ème semaine, le bourgeon de la 2ème molaire temporaire.Les dents qui se développeront au‐delà en direction distale, c’est‐à‐dire que les trois molaires permanentes auront donc une origine un peu particulière ; leurs bourgeons proviendront en effet d’une prolifération issue du bord libre de la lame qui progressera en direction distale.

• Cette expansion va d’abord donner naissance, au voisinage immédiat de l’ébauche de la 2ème molaire temporaire, au bourgeon de la 1ème permanente (4ème mois i­u).Le bourgeon de la 2ème molaire déxinitive se formera entre 9 et 12 mois après la naissance. Enxin, une ultime différenciation fournira le bourgeon de la 3ème molaire entre 4 et 5 ans.

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3.2.2 . Dents monophysaires

• Les molaires déainitives ne remplacent aucune dent temporaire, par opposition aux autres dents déainitives diphysaires de l’arcade (incisives, canines, prémolaires qui sont des dents de remplacement) ; elles sont dites monophysaires.

• Ces dents ne sont pas apparues au niveau de la lame dentaire, mais proviennent de son prolongement distal. Ces trois molaires déxinitives sont‐elles des dents « temporaires » qui persisteraient plus longtemps que les autres, et n’auraient pas de successeurs, ou représentent‐elles au contraire des dents de remplacement sans « prédécesseur » ?

• La question a pu être résolue grâce à l’embryologie et à l’anatomie comparée. On peut observer en effet, chez l’homme, une lame dentaire de remplacement, transitoire, et qui dégénère sans donner de bourgeon, au‐dessus de l’ébauche de la première molaire permanente, les autres en sont dépourvues. Cependant, chez les primates, cette lame dentaire de remplacement existe au niveau des trois molaires.

REMARQUE : On peut afXirmer par conséquent que les trois molaires déXinitives sont des  dents de « lait » d’apparition tardive : à leur niveau, la lame dentaire de remplacement a  perdu son pouvoir morphogénétique et se trouve incapable d’induire la formation du bourgeon de seconde dentition, mais elle existe. Sa présence permet donc d’homologuer les molaires déXinitives à la première dentition.

3.3 . ERUPTION DES DENTS DEFINITIVES

3.3.1 . Mécanisme de l'éruption

• L'éruption correspond au déplacement de la dent en développement, depuis sa crypte intra­osseuse jusqu’à sa position fonctionnelle dans la cavité buccale, suivant une direction axiale le long du canal gubernaculaire qui déxinit l'iter dentis. C'est un phénomène biologique programmé dans le temps et dans l'espace qui demande une voie de passage assurée par la résorption osseuse qui déterminera la direction de l'éruption, mais aussi une résorption des dents temporaires.

REMARQUE : Radiculogenèse et éruption sont étroitement liées mais l'édiXication radiculaire est aujourd'hui comprise comme étant la conséquence et non la cause du processus. l’édiXication radiculaire n’est pas terminée lorsque la dent fait son éruption (immaturité radiculaire).

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• Shématiquement, l'éruption se déroule en 3 phases successives.

‐ une première phase pré­éruptive intra­osseuse, caractérisée par des mouvements pré‐éruptifs au sein de l'os alvéolaire : il s'agit d'un processus actif d'éruption à travers l'os et/ou l'espace occupé par les racines des dents temporaires. La dent va émerger de sa crypte osseuse grâce à des phénomènes de résorption osseuse, supra coronaire et d’ apposition osseuse apicalement à la racine en formation. La couronne est recouverte d’un tissu conjonctif qui disparaît progressivement au proxit d'un accollement de l’épithélium adamatin externe à l’épithélium buccal. En effet, c'est au cours de la pénétration dans la muqueuse que se forme l'épithélium de jonction résultant de cette fusion : il va accompagner l'éruption en migrant en direction apicale au fur et à mesure de l'éruption. 

‐ une deuxième phase éruptive pré­fonctionnelle : La dent émerge dans la cavité buccale, en traversant cette assise épithéliale et continue sa progression jusqu’à l’occlusion fonctionnelle. le mouvement est accéléré durant sa  pré‐occlusale puis ralentit à l'approche du plan occlusal permettant la consolidation du parodonte et la xin de l'édixication radiculaire (la radiculogenèse se poursuit  pendant 1 an, 1an1/2 après l'éruption). Au cours de cette phase, l'os alvéolaire et la lamina dura vont se former, l'apposition osseuse se poursuivre au fond de l'alvéole et au niveau interradiculaire. le ligament s'organiser. Le ligament ne  participe pas à directement à l'éruption  mais contribue à la stabilisation de la dent fonctionnelle. Les mouvements éruptifs vont se poursuivre notamment s'il y a perte de la dent antagoniste.

‐ une troisième phase éruptive fonctionnelle qui se déroule pendant toute la vie de la dent sur l’arcade. Une fois en occlusion, la dent est le siège de légers mouvements d’ajustement fonctionnel. (éruption post‐occlusale) : éruption et croissance alvéolaire se poursuivent à un rythme ralenti pour compenser l'attrition. Il peut se produire des mouvements « exagérés »  d’égression si la dent antagoniste est absente avec une grande variabilité individuelle, ou d’ankylose, si des remaniements osseux prédominent (infection, traumatismes, déplacements iatrogènes).  

3.3.2 . Chronologie d'éruption

• L’éruption des dents permanentes, dents de sagesse exclues, se situe entre l’âge de 6 ans et 12 ans, soit une poussée dentaire par an.L’édixication complète des racines d’une dent permanente est effective trois ans après son éruption (soit une durée double de celle d’une dent temporaire). La canine précède souvent l’arrivée de la 2ème prémolaire.

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3.3.3 . la dent permanente immature (DPI)

• 3 points particuliers doivent retenir notre attention :‐ immaturité de l'émail et des tissus durs‐ immaturité de la pulpe, ‐ édixication radiculaire et apexogénèse en cours

• A l'éruption l'émail est immature : sa charge minérale va augmenter progressivement pour atteindre sa dureté optimale en 2 ou 3 ans en fonction notamment de la composition salivaire. Durant cette phase subsiste une zone à risque où s'initie le processus carieux : la gaine du prisme, entre prisme et substance inter‐prismatique.

• La pulpe jeune est un tissu conjonctif lâche, surtout constituée de cellules (odontoblastes et cellules indifférenciées (pluripotentes) avec moins de aibres que dans la pulpe mature. La maturation vasculaire précède la maturation nerveuse qui n'est achevée qu'à la fermeture des apex. Les xibres vectant la douleur type Aδ (vitesse de conduction rapide et  seuil de stimulation bas, douleur aigue et sensibilité épicritique) sont en nombre maximal au moment de la fermeture apicale ; alors que les xibres C amyéliniques (vitesse de conduction lente et seuil de stimulation élevé, douleur sourdes et sensibilité protopathique) sont en nombre maximal juste après l’éruption…

• La formation de la racine est initiée à partir de la gaine de Hertwig,  manchon épithélilal qui se forme  au niveau de la zone de réxlexion des épithéliums adamantins interne et externe, une fois la couronne achevée. A à la suite d'interactions épithélio‐mésenchymateuses complexes, la gaine de Hertwig se déroule, se fragmente et pénètre en profondeur pour ébaucher la future racine dentaire tout en ménageant les espaces endodontiques. 

• La maturation des dents permanentes suit globalement la règle des 1/3. Après apparition du collet anatomique, il faut environ 3 ans pour l’édixication radiculaire, mais lorsqu'elle est achevée, les apex ne sont pas encore matures. La maturation des apex demande environ 3 ans supplémentaires,  après apparition de la dent sur l’arcade. La règle des 1/3 est surtout xiable pour les incisives et les premières molaires.Nolla a proposé en 1960 une classixication permettant de suivre les différents stades de l'édixication radiculaire : le stade 6 correspond au début de la formation jusqu'au stade 10 qui correspond à la fermeture des apex. Au Stade 8 de Nolla (formation des  2/3 de la racine), une dent peut faire son éruption dans des conditions physiologiques correctes.

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STADE DEVELOPPEMENT

1 Mise en place du germe

2 Minéralisation des pointes cuspidiennes

3 =1/3 minéralisation coronaire

4 =2/3 minéralisation coronaire

5 Minéralisation coronaire achevée

6 Début de la formation

7 =1/3 édification radiculaire

8 =2/3 édification radiculaire

9 Fin de la radiculogénèse

10 Fermeture de l'apexTableau 1 : Stades de Nolla

Nolla C.M. Developpement of the permanent teeth.J. Dent. Child., 1960, 27 : 254-266.

• La DPI est particulièrement sensible à la contamination bactérienne qui provoque une atteinte pulpaire irréversible, sans qu'apparaissent rapidement des signes de nécrose. Dans le cas d'une pulpe vitale, le traitement a pour objectif la conservation de celle‐ci pour conduire l'apexogénèse. Dans le cas d'une pulpe nécrosée, il faudra conduire le plus rapidement possible une apexixication pour minimiser les pertes cellulaires.

4 . EXAMENS RADIOGRAPHIQUES

La physiologie pré‐éruptive, mais également post‐éruptive (croissance radiculaire, résorption physiologique des dents temporaires par exemple) ne peut s’analyser que par le biais de la radiologie. L’examen radiologique est une aide indispensable au diagnostic en Odontologie Pédiatrique et à l’établissement du plan de traitement. Cet examen doit s'entourer des précautions nécessaires et des recommandations éditées en matière de radioprotection.

Techniques intra buccales :• Cliché rétroalvéolaire• Cliché rétro coronaire ou mordu à ailettes (bite­wings)• Mordu occlusal

Techniques extra buccales :• Téléradiographie de proxil• Maxillaire déxilé• Radiographie panoramique.

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REMARQUE : Les clichés rétro coronaires permettent, entre autres, de conXirmer voire de diagnostiquer des lésions proximales qui, sinon, restent ignorées dans 65% des cas.Les mordus occlusaux sont utilisés lors de traumatismes ou de suspicion de dents surnuméraires.Les clichés rétro alvéolaires sont pratiqués lors de lésions à implication pulpaire ou de traumatismes.

La radiographie panoramique :

1. Permet d’évaluer les facteurs de croissance• Stade de développement des germes dentaires,• Edixication radiculaire des dents temporaires ou permanentes, résorption radiculaire 

physiologique des dents temporaires,• Prévision de croissance par comparaison de clichés d’un même enfant pris à des âges 

différents,• Forme et volume pulpaire.

1. Permet de dépister les anomalies• Nombre de dents (agénésie ou dent surnuméraire),• Nombre et forme des racines, • Position des dents (dystopie, ectopie),• Morphologie dentaire (dent naine, conoïde),• Ankylose de l’espace desmodontal.

3. Permet de déceler les lésions pathologiques• Caries proximales,• Rapports pulpe/carie ou pulpe/obturation ;• Résorption pathologique des dents temporaires ou permanentes (rhizalyse) ;• Etat du septum alvéolaire inter radiculaire à la suite d’un traumatisme ;• Granulome, kyste, foyer d’ostéite, odontome.

4. Permet d’appliquer une thérapeutique précise• Pose d’un mainteneur d’espace à la suite d’une avulsion précoce ou de la perte 

prématurée d’une dent,• Rapport des racines avec le sinus, le canal mandibulaire ou le germe sous‐jacent.

REMARQUE : Le cliché panoramique a cependant des limites (déformation, artefact,  superposition) et n'est pas réalisable avant 3­4 ans. En cas de lésion dentaire ou péri­dentaire, le diagnostic doit être précisé par un cliché rétro alvéolaire. Pour une analyse de croissance, la téléradiographie est irremplaçable (après 7 ans).

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ic il c m1 m2Mise en place du germe 8ème sem.I.U 8ème sem.I.U 8ème sem.I.U 9ème sem.I.U 10èmesem.I.U

Début minéralisation 5ème mois I.U 5ème mois I.U 6ème mois I.U 5ème mois I.U 6ème mois I.U

Achèvement de la couronne

3 - 4 mois 4 - 5 mois 9 - 12 mois 6 - 9 mois 12 mois

Stade I1.5 ans ERUPTION 6 - 7 MOIS 7 – 9 MOIS 18 MOIS 12 MOIS 24 MOIS

CROISSANCE Fermeture apex 2 ANS 2 - 2.5 ANS 3 ANS 2.5 - 3 ANS 3.5 - 4 ANS

Stade II2 - 3 ansSTABILITE

Débutrhizalyse 5 ANS 5 – 5.5 ANS 6 – 7 ANS 5.5 ANS 6.5 ANS

Stade III2 – 3 ansRHIZALYSE

Chute 7 ANS 8 ANS 11 ANS 9 ANS 10 ANS

Tableau 2 : Dentition temporaire

IC IL C PM1 PM2 M1 M2 M3Mise en place du germe

4ème mois I.U

4ème

mois I.U5ème

mois I.U Naissance 9 mois 4ème

mois I.U 12 mois 5 ans

Début minéralisation 3 mois 4 mois 5 mois 18

mois24 mois Naissance 3 ans 9 ans

Achèvement de la couronne

4 ans 5 ans 7 ans 6 ans 7 ans 3 ans 7 ans 12 ans

CROISSANCE

ERUPTION 7 ans 8 ans 11 ans 9 ans 10 ans 6 ans 12 ans 18 ans

3 ANS

Fermeture apex 10 ans 11 ans 14 ans 12 ans 13 ans 9 ans 15 ans ? ans

Tableau 3 : Dentition définitive

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