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OPEN DE PARIS 2011 10 MARS 2011 h L’OPEN DE PARIS EST DÉSORMAIS LA COMPÉ- TITION D’OUVERTURE de l’ambitieux projet de la fédération internationale : la Premier League (voir par ailleurs). Un projet qui verra dès l’année prochaine un nombre record de combattants s’inscrire pour s’affronter à Coubertin, selon les responsables de la WKF. Si, cette année, quelques « pointures » étaient encore manquantes, le niveau était néanmoins plutôt dense dans la plupart des catégories et la performance française significative. Avec sept médailles d’or en com- bat (six en argent et huit en bronze), la France se place largement première nation et affirme une autorité nais- sante… au moins sur les féminines, puisque cinq de ses sept médailles d’or sont à mettre à leur actif. Mieux Avec cinq médailles d’or pour les féminines tricolores, le karaté féminin français amène de la chaleur en ce début de saison, s’affirme pour la suite et confirme son titre mondial. Chez les garçons, Kenji Grillon fait le doublé. L. CAUSANILLAS CURADO, O. REMY, K. BOSI. PHOTOS : D. BOULANGER Des cigales et un Grillon ! encore, si les leaders un peu fatiguées pointent néan- moins à l’heure, comme Tiffany Fanjat (1 re en -68 kg) ou Nadège Ait Ibrahim (1 re en +68 kg) – mais pas Lolita Dona, battue deux fois dans le week-end d’un petit point par une Autrichienne et une Néerlandaise –, ce sont surtout les plus jeunes, issues même parfois du niveau « France Elite » (le groupe numéro deux derrière le groupe France), qui s’affichent avec l’insolence que les entraî- neurs attendent d’elles. Ainsi en est-il de Lamya Matoub (groupe France, 1 re en -61 kg), Emilie Thouy (groupe France, 1 re en -50 kg), qui prend tranquillement la finale à la médaillée mondiale Betty Aquilina, ou Maëva Samy (groupe France Elite, 1 re en -55 kg). Autre grande satis- faction du week-end, mais plus individuelle : le -75 kg « La médaille d’or en Open, après un titre la veille en -75kg, ce n’est que du bonus. Mes entraîneurs voulaient que j’acquière de l’expérience : j’ai dû être plus malin et plus tactique en Open pour compenser un pépin physique. Ça promet pour l’avenir et me relance après les mauvaises performances des Mondiaux ». Kenji Grillon

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OPEN DE PARIS 2011

10 MARS 2011

hL’OPEN DE PARIS EST DÉSORMAIS LA COMPÉ-

TITION D’OUVERTURE de l’ambitieux projet de

la fédération internationale : la Premier League

(voir par ailleurs). Un projet qui verra dès l’année

prochaine un nombre record de combattants s’inscrire

pour s’affronter à Coubertin, selon les responsables de

la WKF. Si, cette année, quelques « pointures » étaient

encore manquantes, le niveau était néanmoins plutôt

dense dans la plupart des catégories et la performance

française signifi cative. Avec sept médailles d’or en com-

bat (six en argent et huit en bronze), la France se place

largement première nation et affi rme une autorité nais-

sante… au moins sur les féminines, puisque cinq de

ses sept médailles d’or sont à mettre à leur actif. Mieux

Avec cinq médailles d’or pour les féminines tricolores, le karaté féminin français amène de la chaleur en ce début de saison, s’affirme pour la suite et confirme son titre mondial. Chez les garçons, Kenji Grillon fait le doublé. L. CAUSANILLAS CURADO, O. REMY, K. BOSI.

PHOTOS : D. BOULANGER

Des cigales et un Grillon !

encore, si les leaders un peu fatiguées pointent néan-

moins à l’heure, comme Tiffany Fanjat (1re en -68 kg)

ou Nadège Ait Ibrahim (1re en +68 kg) – mais pas Lolita

Dona, battue deux fois dans le week-end d’un petit point

par une Autrichienne et une Néerlandaise –, ce sont

surtout les plus jeunes, issues même parfois du niveau

« France Elite » (le groupe numéro deux derrière le groupe

France), qui s’affi chent avec l’insolence que les entraî-

neurs attendent d’elles. Ainsi en est-il de Lamya Matoub

(groupe France, 1re en -61 kg), Emilie Thouy (groupe

France, 1re en -50 kg), qui prend tranquillement la fi nale

à la médaillée mondiale Betty Aquilina, ou Maëva Samy

(groupe France Elite, 1re en -55 kg). Autre grande satis-

faction du week-end, mais plus individuelle : le -75 kg

« La médaille d’or en

Open, après un titre

la veille en -75kg, ce

n’est que du bonus.

Mes entraîneurs

voulaient que

j’acquière de

l’expérience : j’ai

dû être plus malin

et plus tactique

en Open pour

compenser un pépin

physique. Ça promet

pour l’avenir et

me relance après

les mauvaises

performances des

Mondiaux ».

Kenji Grillon

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MARS 2011 11

Kenji Grillon, qui sauve à lui tout seul l’honneur des

masculins en gagnant à la fois dans sa catégorie et en

« Open ». Un doublé rare qui rappelle opportunément que

le champion du monde universitaires 2010, qui fut il n’y

a pas si longtemps champion du monde cadets (2007)

et vice champion d’Europe juniors (2008), est un espoir

français de la plus belle eau.

METTRE LES MASCULINS EN DIFFICULTÉ« On a aujourd’hui un groupe féminin d’excellente quali-

té, analysait Dominique Charré, le Directeur Technique

National. Elles ont tout gagné sauf la catégorie Open. Ce

qui est plaisant, c’est aussi la manière, avec notamment

deux très belles fi nales franco-françaises disputées.»

Si la présence française est constante sur l’ensemble

des podiums masculins, la modestie du nombre des

médailles d’or (deux), à comparer par exemple aux

quatre belles médailles d’or masculines en 2010, dé-

montre que le travail à faire est encore important. « Le

niveau était variable. Il n’y avait pas les Italiens, les Azéris

ni les Serbes, souligne Thierry Masci, responsable de

l’équipe. Ce n’est pas le plateau d’un championnat d’Eu-

rope, mais c’est intéressant et une bonne base de tra-

vail. Ces combats vont leur servir. Ceux qui relèvent la

tête seront sélectionnés pour aller en stage en Iran, où

ça va être très chaud. On a besoin de les mettre en dif-

fi culté pour les amener plus loin. » E

Kenji Grillon et

Lamya Matoub ont

brillé à Paris.

Les vainqueursKATA FÉMININ : Rika Usami (JPN)

-50KG F. : Emily Thouy (FRA)

-55KG F. : Maeva Samy (FRA)

-61KG F. : Lamya Matoub (FRA)

-68KG F. : Tiffany Fanjat (FRA)

+68KG F. : Nadège Aït-Ibrahim (FRA)

OPEN F. : Vanesca Nortan (NED)

KATA MASCULIN : Antonio Diaz (VEN)

-60KG M. :Amir Mehdizade (IRI)

-67KG M. : Juan Pena (VEN)

-75KG M. : Kenji Grillon (FRA)

-84KG M. :Gogita Arkania (GEO)

+84KG M :Martin Nestotovski (FYR)

OPEN M. : Kenji Grillon (FRA)

WKF PREMIER LEAGUELa Fédération Mondiale souhaite dynamiser son circuit de compétition et met en place sa Premier League dont l’Open de Paris a donné le coup d’envoi. À terme, 6 à 10 compétitions annuelles devraient faire partie du circuit, qui permettra aussi d’établir un classement mondial et verra l’attribution de primes aux médaillés (500€ pour l’or, 300€ pour l’argent et 150€ pour le bronze). « Une étape importante vers le semi-professionnalisme » selon Francis Didier.

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OPEN DE PARIS 2011

12 MARS 2011

Des jeunes qui s’exprimenthSI LA FINALE DES +68 KG SENTAIT BON LA CLASSIQUE

OPPOSITION entre deux des leaders de la catégorie,

Nadège Aït-Ibrahim et Ruth Souffl et (déjà contestée

par l’espoir Marie Prouille en demie) et se terminait

par un petit 1-0, les deux autres grandes internatio-

nales françaises parvenues en fi nale dimanche, Betty

Aquilina (-50 kg) et Tiffany Fanjat (-68 kg) se voyaient

bousculées par des jeunes combattantes bien décidées

à leur prendre leur sceptre des mains. Battue 4-2 par

une Emily Thouy tout en agressivité et en confi ance,

avec deux points décisifs dans les trente dernières se-

condes, Betty Aquilina repart sans le sien et devra un

peu s’activer pour faire oublier l’excellente prestation de

sa jeune rivale. Quant à Tiffany Fanjat, c’est d’un majes-

tueux ura-mawashi dans les dernières secondes qu’elle

reprenait l’avantage à Sonia Fromager, qui l’avait tou-

chée deux fois au visage (la seconde avec trop d’impact).

Belle réaction de championne, mais grosse impres-

sion de la protégée de Gilles Cherdieu et de Laurence

Fischer. La veille, deux jeunes intenables avaient cette

fois repoussé les Japonaises à la mer : Lamya Matoub

(-61 kg) réglait la question posée

par une championne d’Asie juniors

2008, Yu Miyamoto, d’un superbe

mawashi-geri en sortie d’enchaî-

nement. Quant à la véritable sur-

prise du week-end, Maëva Samy

(-55 kg) elle infl igeait un 4-0 as-

sorti là encore d’un mawashi-geri éclatant au visage à

la jeune Fujii Ryo. Un combat contrastant totalement

avec deux premiers tours laborieux. « Elle a douté d’elle,

mais elle est en train de revenir », confi ait son profes-

seur. Et même sur un bon rythme.

Chez les garçons, on était plus discret, mais la jeu-

nesse s’est quand même fait remarquer, notamment

par Anthony Gillet (3e en -67 kg) qui faillit bien pous-

ser William Rolle dehors en demi-fi nale avant d’être

disqualifi é pour sortie de tapis. Troisième également,

le jeune médaillé européen des -21 ans au nom presti-

gieux, Mickaël Serfati (-84 kg), marque lui aussi des

points. Il ne perd qu’aux drapeaux en demie face au

vainqueur du jour, le Géorgien Gogita Arkania. E

ANTONIO ESPINOS« UN BON LANCEMENT POUR LA PREMIER LEAGUE »

« Le bilan de la première étape de la Premier League est très positif. C’est une grande réussite d’avoir choisi l’Open de Paris pour débuter ce nouveau circuit mondial. Ainsi, tout le monde va connaître plus rapidement la Premier League. Elle va être complémentaire à nos autres championnats officiels. Nous avions ce projet de compétition depuis très longtemps. Il y aura encore deux étapes de la Premier League cette année. En 2012, il y en aura six en tout. L’année 2011 va servir à consolider, ajuster, perfectionner cet événement. »

Marie Prouille

conseillée

notamment par

Ludovic Cacheux

veut passer à la

vitesse supérieure

en 2011.

Pas de complexe

pour Émily Thouy

face à son aînée

vice championne

du monde Betty

Aquilina.

Le président de la

Fédération Mondiale

de Karaté se réjouit

d’avoir choisi Paris…

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MARS 2011 13

Grillon frappe 2 foishIL NE FUT PAS TOUJOURS FLAMBANT LE DEUXIÈME

JOUR, et c’est bien normal, mais c’est Kenji Grillon,

déjà vainqueur en -75 kg, qui s’extirpait sans faute d’un

combat très fratricide mené par les Français dans la

catégorie Open. Ibrahim Gary sortait en effet suc-

cessivement William Rolle (2-0), Jean-Christophe

Taumotekava (3-0), Florian Malguy (1-0). Quant à

Kenji Grillon, s’il écartait seulement Nadir Benaissa

(1-0), l’un des meilleurs combattants français du week-

end, c’est lui qui dictait le cours de la fi nale face à Gary

avec une belle lucidité tactique pour l’emporter claire-

ment aux drapeaux. La veille, il avait été plus saignant,

avec notamment un très beau mawashi-geri d’entrée

en poursuivant son adversaire, placé en fi nale contre

l’Iranien Said Hassanipour (de son nom… complet,

Hassanipoursefatazgomi !), champion du monde cadets

2005, champion d’Asie juniors 2008.

Deux journées contrastées, deux facettes d’un même

vainqueur, le fougueux et le tactique, et treize combats

gagnés en deux jours. De quoi mettre ce grand espoir

français sur de bons rails.E

Le kata en argenthIL Y AVAIT DE LA REVANCHE DANS L’AIR POUR LES

DEUX TITULAIRES DES DERNIERS CHAMPIONNATS DU

MONDE, en kata, Sandy Scordo pour les féminines et

Minh Dack chez les garçons. En effet, alors que la jeune

Alexandra Feracci était battue 3-2 par la

Monténégrine Radulovic, Sandy Scordo

faisait un parcours brillant en battant rien

de moins que la championne du monde

Yohanna Sanchez, puis l’excellente

Egyptienne Assem, avant de retrouver en

fi nale celle qui l’avait sortie aux derniers

championnats du monde d’un drapeau, la

Japonaise Rika Usami, ancienne cham-

pionne du monde juniors et troisième

des derniers championnats du monde.

Nette et précise, la Japonaise emportait

les cinq drapeaux. Quant à Minh Dack,

s’il abandonnait deux drapeaux au Turc

Caliskan, il se hissait en fi nale contre

le champion du monde Antonio Diaz,

tombeur de Valdesi, qui lui infl igeait un 5-0 d’une for-

midable densité. Ironie du moment, Minh Dack reve-

nait tout juste des USA où il avait passé trois semaines

chez Javier Mantilla… l’entraîneur de Diaz. « Il a besoin

de cela pour se donner le sentiment d’avancer », explique

l’entraîneur Yves Bardreau. « Je le trouve bien, même si

la comparaison avec Diaz le fait apparaître un peu plus

raide, un peu trop dans les épaules. Quant à Sandy, elle

a été excellente dans son tour contre l’Egyptienne et

elle n’est pas si loin en fi nale malgré le score. C’est une

bonne compétition de reprise pour les deux. »E

NADÈGE AÏT-IBRAHIM

« Très important pour moi »« Je suis très contente, j’ai eu ce que je voulais même si ça a été très dur. Rencontrer Ruth Soufflet en finale n’a pas été facile. On se rencontre souvent, on se connaît bien. Parfois elle gagne, d’autre fois,

c’est à mon tour. Du coup, j’ai eu un petit coup de pression, car je voulais vraiment remporter cette compétition. C’était très important pour moi.»

ANTONIO DIAZ

« Rendez-vous en novembre »« Après mon titre de champion du monde, remporter l’Open de Paris est important pour moi. Je continue de récolter les fruits d’une longue préparation physique. Mentalement, j’étais concentré et je ne me suis pas laissé envahir par la pression du titre mondial. Si l’issue de la finale a tourné en ma faveur, j’ai été quelque peu gêné par

une blessure à l’épaule. Minh Dack a, une fois de plus, été un redoutable adversaire. L’affronter et le battre sous les yeux de son public est un honneur pour moi. J’ai hâte de revenir à Paris, en novembre 2012 lors des mondiaux, pour défendre mon titre devant le public français que j’apprécie et que je remercie de son accueil à chacune de mes participations. »

LAMYA MATOUB

« Un seul mot : waouh ! »« C’est un rêve de petite fille que de participer à l’Open de Paris, alors le gagner… Waouh ! Ma demi-finale face à l’Autrichienne Alisa Buchinger est le combat que je vais retenir. Je

la bats après qu’elle ait éliminé Lolita (Dona, NDLR), la n°1 française, et je prends ainsi ma revanche sur notre dernière confrontation. La finale ? C’est la cerise sur le gâteau.»

MAËVA SAMY

« Renouer avec la victoire »« Cela fait vraiment plaisir de renouer un peu avec la victoire. Pour une première à l’Open de Paris, monter sur le podium c’est super ! À partir de maintenant, je me

fixe des objectifs à court terme comme les championnats d’Europe qui pointent à l’horizon et pourquoi pas des sélections en -21 ans, en individuels de préférence. »

TIFFANY FANJAT

« Satisfaite, mais…»« Après ce titre, j’ai du mal à être contente, en raison du mauvais coup que j’ai pris dans le nez en finale, où d’ailleurs, je n’ai pas fait un très bon combat. Satisfaite

d’avoir gagné, certes… Mais je reste mesurée. Je peux difficilement me réjouir de ce que j’ai montré. Il reste beaucoup de travail à faire encore. »

PARO

LES DE

VAiNQ

UEUR

S

L’élégante Rika

Usami prive Sandy

Scordo d’une victoire

de prestige à Paris.

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OPEN DE PARIS 2011

14 MARS 2011

Rolle, à la « Pena »hIL N’AURAIT PAS FALLU GRAND CHOSE POUR QUE CET

« OPEN DE PARIS 2011 » BASCULE EN TRIOMPHE. Dans

le sillage des fi lles, encore une fois les garçons sont à

la traîne. Si le beau ura-mawashi de Jean-Christophe

Taumotekava sur le Néerlandais Petersen avait suffi

– mais le Français fut poussé habilement à la disquali-

fi cation par « Baby Face » –, si Nadir Benaissa (après

avoir sorti Florian Malguy par 1-0) n’avait pas été sté-

rile en attaque en fi nale des +84 kg contre l’attentiste

Macédonien Nestotovski… enfi n si William Rolle n’avait

pas été disqualifi é en fi nale des -67 kg ! On aurait mis

Paris en bouteille.

William Rolle est pourtant un habitué de l’or à cet Open,

qu’il a gagné trois fois de suite. Cette fois encore il s’était

frayé un chemin avec sérieux dans un tableau largement

à sa portée : 5-0 contre le Mexicain Carillo, 7-0 face au

Danois Balshoel, 4-0 sur l’Autrichien Pokorny, disquali-

fi cation du Français Gillet… En fi nale, il rencontrait un

combattant nettement plus brillant, et même vice cham-

pion du monde… mais en 1998 ! Le Venezuélien Pena

avait perdu cette fois-là, en d’autres temps, contre Alex

Biamonti. Il devait perdre aussi contre William Rolle, qui

commençait par un premier point effi cace au visage.

Mais tout basculait ensuite : Rolle contrôlait mal une

Arkania, un retourhEN PLUS D’AVOIR UN NOM DIGNE D’UN DESSIN ANI-

MÉ JAPONAIS DES ANNÉES 80, Gogita Arkania est

Géorgien et vainqueur de la catégorie des -84 kg, en

dominant avec aisance, tout en vivacité, le double

champion d’Europe en titre, le Néerlandais Petersen.

L’intrusion d’un nouveau pays au meilleur niveau ? Oui

et non. Non, car la Géorgie ne semble pas être capable

d’une performance collective, même si on voit apparaître

quelques noms fi nissant en « shvili » chez les jeunes pas

si loin que cela des podiums. Non car Monsieur Arkania

n’est pas un inconnu. Il est passé à la postérité en fi nis-

sant sur le podium des championnats du monde 2008,

catégorie Open. Oui, car si on ne l’avait plus trop revu

depuis, il paraît aujourd’hui, à 27 ans, revenir en pleine

forme avec une victoire solide à Paris et un beau 6-0

dans un tournoi à Moscou contre la référence, l’Azéri

Aghayev. À suivre donc.

Autre combattant à surveiller : l’inconnu iranien Amir

Mehdizadeh. Il emporte le tournoi (en battant par 2-0

au deuxième tour le Français Johan Lopes 3e, comme

Sofi ane Ainine, battu 1-0 par l’autre fi naliste). En fi nale,

sa mobilité triomphe de la pression effi cace d’un autre

danger d’avenir, le Letton Kalnins, champion d’Europe

cadets 2009, vice champion d’Europe -21 ans la même

année (battu par le Français Freddy Ichane) et déjà

troisième des championnats du monde 2010 ! E

belle attaque et se faisait lourdement sanctionner. Le

coup suivant, c’est Pena qui attaquait et touchait le

Français avec un bruit sourd. William Rolle s’écroulait

et se relevait trop lentement pour la règle des dix se-

condes. Verdict dans l’œil du médecin… lequel assu-

rait ne pas constater de traces signifi catives – la vidéo

montre en effet une frappe à la gorge qui ne fut sans

doute pas agréable à subir, mais ne pouvait occasion-

ner de KO. Dans ces conditions, c’était le Français qui

se voyait disqualifi é dans son jardin…E

Petersen,

Arkania, Serfati et

Taumotekava :

le podium des -84kg.

Le Venezuélien Pena

surprend un William

Rolle en finale des

-67kg. Un ultime

combat mal géré

par le Français.

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CHAMPIONNATS D’EUROPE CADETS-JUNIORS-ESPOIRS

MARS 2011 15

Treize médailles dont 3 titres et une dynamique de groupe très intéressante : la sélection tricolore envoyée en Serbie a laissé une belle impression, même s’il y avait un peu de frustration dans l’air… O. REMY, PHOTO : D. BOULANGER

Trois titres et des regretsh872 COMPÉTITEURS, 46 NATIONS, TROIS CATÉ-

GORIES D’ÂGE, CES CHAMPIONNATS D’EUROPE

DISPUTÉS À NOVI SAD, en Serbie, du 11 au 13

février, ont donné le coup d’envoi d’une sai-

son qui s’annonce longue au plan international avec

les championnats du monde cadets, juniors et espoirs

qui se tiendront à Melaka, en Malaisie, en octobre pro-

chain. Revenue avec le sentiment de s’être fait voler

deux ou trois fi nales en Serbie par un arbitrage qui a

parfois tourné à l’incompréhensible, en sanctionnant

notamment de nombreux contacts imaginaires (voir in-

tervention de Dominique Charré par ailleurs), la France

a montré un niveau intéressant à défaut de monter sur

le podium des nations. En effet, seulement quatrième

nation au fi nal derrière l’Italie (6 titres-2 médailles d’ar-

gent-3 de bronze), l’Espagne (6-1-

2), et l’impressionnante Turquie

(5-5-7), elle doit tout de même

prendre le temps de savourer ses

treize médailles et notamment ses

trois titres, en même temps que

l’état d’esprit qui les a accompa-

gné, à écouter athlètes et entraî-

neurs. « C’est une grande satisfac-

tion et un titre que je vais prendre

le temps d’apprécier, au bout d’une

journée où j’ai d’abord eu le sen-

timent d’être un peu étouffé lors

des deux premiers tours, avant

de me libérer », résumait Raphaël

Bonelli (-68kg), déjà vainqueur de

la coupe de France, de l’Open de

France et du tournoi d’Autriche, qui

confi rmait là tout le bien que ses

entraîneurs pensaient de lui. « On était confi ant pour

lui, explique ainsi Jean-François Tiercy, à ses côtés sur

la chaise toute la journée. Après un 2e tour passé aux

drapeaux, il a su retrouver son autorité à coup de larges

scores, en montrant à chaque combat une grosse en-

vie d’en découdre. Une super attitude ». Un peu moins

attendu, le cadet Maxime Leclaire (-70kg) a dépassé

son stress pour exploiter « des qualités explosives hors

norme. Quand il démarre, il est phénoménal ! », commente

Jean-François Tiercy. « J’étais à la fois excité et anxieux

pour mes premiers championnats d’Europe, explique le

jeune haut-garonnais. Heureusement que j’avais Jeff ! Il

a su trouver les mots justes, me dire que je pouvais aller

au bout. J’ai réussi à me relâcher ». De l’or en cadets,

en juniors… ne manquait plus que le précieux métal

en espoirs. Ce à quoi s’est attelé Salim Bendiab (photo

ci-dessous), à la fois heureux et… déjà nostalgique. « Je

suis très content parce que j’avais fait tout ce qu’il fallait

pour y arriver. En quittant ma famille, mon club du Nord

et mon entraîneur, Fabrice Bouillez, pour passer un cap

au pôle France de Montpellier auprès de Louis Lacoste

avec le suivi de Ludo Cacheux, j’ai fait des choix pour

obtenir des résultats au meilleur niveau. Je leur dédie ce

titre à tous. Maintenant, je passe

senior. Les espoirs, c’est déjà der-

rière moi. Alors c’était important

de marquer le coup après être sou-

vent passé près en cadets et en

juniors. » « Avec 23 points inscrits

dont deux 8-0 lors de ses deux pre-

miers tours pour un seul encais-

sé, je retiens aussi la manière et

l’engagement de Salim, expliquait,

heureux, Ludovic Cacheux, qui

l’avait coaché toute la journée, tout

comme Antoine Cuenca (-55kg) et

Jordan Durieu (+70kg), tous deux

également médaillés. Tous ces

jeunes du groupe ont été offensifs,

ils n’étaient pas là pour gagner sur

des pénalités mais pour aller cher-

cher les points et ça, ça me plaît. Ce

n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si la cohésion

d’équipe a été extraordinaire. Personnellement, en douze

ans d’équipe de France, je n’avais jamais connu ça. » Un

groupe est peut-être né à Novid Sad, fait de jeunes com-

battants mais aussi d’entraîneurs (Cacheux, Biamonti,

Neghliz, Tiercy, Fanjat et Bardreau…) qui affi nent leur

expertise en même temps que leurs jeunes troupes. De

belles promesses pour l’automne. E

Les médaillésfrançaisORMaxime Leclaire(Cadet, -70kg)

Raphaël Bonelli(Junior, -68kg)

Salim Bendiab(Espoir, +78kg)

ARGENTAntoine Cuenca(Junior, -55kg)

Sofiane Agoudjil(Junior, -61kg)

Rabah Selmani(Junior, kata)

Sophia Bouderbane (Cadette, -47kg)

Shana Amengle(Cadette, -54kg)

BRONZEEmily Thouy(Espoir, -53kg)

Marie Bui, Marie Hervas, Jessica Hugues (Cadettes/juniors kata)

Jordan Durieu(Cadet, +70kg)

Alexandra Feracci (Espoir, kata)

François Fernandes (Cadet, -52kg)

DERNIÈ

RE MIN

UTE