Peuples Sont Rarement Revenus

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peuples sont rarement revenus, entrainant derrière eux ceux qui étaient supposés être l’avant garde du combat. J’insiste donc pour dire qu’en dehors des clientèles du régime qui ont réagi avec la violence que l’on sait, je n’ai, à ce jour, pas enregistré un seul acte ou propos déplacé dans les conférences publiques; ceci en dépit de mises à nu et de révélations qui peuvent légitimement heurter les consciences. Les citoyens captent les informations pour les commenter avec un sens de la mesure qui tranche avec les polémiques homériques lancées par les agents officiels ou para officiels de la nomenklatura. Comme en 1954, comme en 1980, l’épreuve de vérité se joue en dehors des sphères académiques. Oui, nous faisons quotidiennement mentir le discours invoquant la démission morale, la soumission intellectuelle, la régression culturelle par lesquelles des parrains, à l’origine de ces travers, veulent justifier un traitement opaque et autoritaire de la cité algérienne. Encore une fois, merci de répondre, à votre manière, à cette appétence citoyenne pour la culture, l’histoire et le libre débat. Venons en maintenant à notre réunion d’aujourd’hui. Pour dire la vérité, lorsque le « café littéraire » m’avait invité à animer une conférence, je voulais intervenir sur un sujet attendu afin de répondre à une question récurrente qui m’a été posée partout où je suis passé et qui concerne mon choix de publier un livre sur le colonel Amirouche et la méthodologie qui a guidé mon entreprise. Je pourrais répondre à ces interrogations dans le débat si le voulez mais les tournures qu’ont prises les réactions qui ont suivi les nouvelles informations rapportées dans la quatrième édition et mon appel à un débat public, libre, loyal sans surenchères ni tabou sur l’histoire de la guerre m’ont amené à élargir la réflexion. On note que le climat créé par les attaques des affidés du pouvoir ou de ce qu’on peut finalement considérer comme des intellectuels organiques du système et l’insurrection citoyenne, révélée par l’adhésion enregistrée lors ces rencontres organisées contre la confiscation du champ mémoriel, représentent une matière de première main pour la compréhension des enjeux qui se jouent dans le pouvoir et la société. Cela fait maintenant cinq ans que la première édition du livre sur Amirouche est sortie. A ce jour, et si l’on évacue les récentes provocations d’un fantasque agent du Malg, je n’ai pas entendu une seule contestation sur le contenu factuel du livre. Mieux, je ne crois pas savoir qu’un critique ou un universitaire ait pris la peine de prendre langue avec les témoins que j’ai interviewés pour faire préciser un propos ou un événement ; ce qui eut été sain et utile car ces acteurs, qui sont aussi des hommes âgés, peuvent avoir été pris en défaut sur tel ou tel aspect de leur narration. On aurait pu aussi décider de vérifier l’authenticité des documents produits, et cela aurait enrichi le débat et, peut être même, permis de trouver d’autres sources qui pourraient contribuer à mieux lire une épopée qui nous concerne d’autant plus que le système politique qui régit le pays fonde sa légitimité sur le monopole de l’histoire.

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peuples sont rarement revenus, entrainant derrière eux ceux qui étaient supposés être l’avant garde du combat.

J’insiste donc pour dire qu’en dehors des clientèles du régime qui ont réagi avec la violence que l’on sait, je n’ai, à ce jour, pas enregistré un seul acte ou propos déplacé dans les conférences publiques; ceci en dépit de mises à nu et de révélations qui peuvent légitimement heurter les consciences. Les citoyens captent les informations pour les commenter avec un sens de la mesure qui tranche avec les polémiques homériques lancées par les agents officiels ou para officiels de la nomenklatura.

Comme en 1954, comme en 1980, l’épreuve de vérité se joue en dehors des sphères académiques.

Oui, nous faisons quotidiennement mentir le discours invoquant la démission morale, la soumission intellectuelle, la régression culturelle par lesquelles des parrains, à l’origine de ces travers, veulent justifier un traitement opaque et autoritaire de la cité algérienne. Encore une fois, merci de répondre, à votre manière, à cette appétence citoyenne pour la culture, l’histoire et le libre débat.

Venons en maintenant à notre réunion d’aujourd’hui. Pour dire la vérité, lorsque le « café littéraire » m’avait invité à animer une conférence, je voulais intervenir sur un sujet attendu afin de répondre à une question récurrente qui m’a été posée partout où je suis passé et qui concerne mon choix de publier un livre sur le colonel Amirouche et la méthodologie qui a guidé mon entreprise. Je pourrais répondre à ces interrogations dans le débat si le voulez mais les tournures qu’ont prises les réactions qui ont suivi les nouvelles informations rapportées dans la quatrième édition et mon appel à un débat public, libre, loyal sans surenchères ni tabou sur l’histoire de la guerre m’ont amené à élargir la réflexion. On note que le climat créé par les attaques des affidés du pouvoir ou de ce qu’on peut finalement considérer comme des intellectuels organiques du système et  l’insurrection citoyenne, révélée par l’adhésion enregistrée lors ces rencontres organisées contre la confiscation  du champ mémoriel, représentent une matière de première main pour  la compréhension des enjeux qui se jouent dans le pouvoir et la société.

Cela fait maintenant cinq ans que la première édition du livre sur Amirouche est sortie. A ce jour, et si l’on évacue les récentes provocations d’un fantasque agent du Malg, je n’ai pas entendu une seule contestation sur le contenu factuel du livre. Mieux, je ne crois pas savoir qu’un critique ou un universitaire ait pris la peine de prendre langue avec les témoins que j’ai interviewés pour faire préciser un propos ou un événement ; ce qui eut été sain et utile car ces acteurs, qui sont aussi des hommes âgés, peuvent avoir été pris en défaut sur tel ou tel aspect de leur narration. On aurait pu aussi décider de vérifier l’authenticité des documents produits, et cela aurait enrichi le débat et, peut être même, permis de trouver d’autres sources qui pourraient contribuer à mieux lire une épopée qui nous concerne d’autant plus que le système politique qui régit le pays fonde sa légitimité sur le monopole de l’histoire.

Cerbères d’hier et d’aujourd’hui

On ne peut que le déplorer, mais le débat auquel j’ai appelé n’a, hélas, pas encore commencé.

Essayons de voir, non pas pour l’alimenter mais pour  bien en cerner les origines et les implications,   par qui, comment et pourquoi a été conçue et mise en œuvre une des plus turbulentes et plus longues polémiques de l’histoire littéraire de notre pays.