PETIT LEXIQUE PHILOSOPHIQUE

Petit lexique des termes philosophiques

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Copyright by Yves Vianney L. Juin 2015Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


Lexique des termes philosophiques

A priori : 1. surtout chez Kant, qualifie une connaissance qui ne provient pas de l’expérience ; 2. qualifie une idée ou une connaissance antérieure à une expérience déterminée (une idée a priori est donc une hypothèse).


A


Absolu : qui est sans condition, sans limite ≠ relatif ; l’Absolu : la réalité totale, parfaite ; Dieu.

Accident : ce qui n’appartient pas à l’essence, à la substance d’un être, et peut donc changer sans que l’être auquel il appartient change de nature (ex. : la forme d’un morceau de cire est un accident de la cire).


A


Acte : en acte, chez Aristote, désigne le fait d’être pleinement réalisé ≠ en puissance.

Affection : 1. modification d’un sujet considéré comme passif et due à une cause extérieure ou intérieure ; 2. mouvement de l’âme, de la sensibilité.


A


Agnosticisme : doctrine d’après laquelle l’ Absolu est inconnaissable pour l’esprit humain, et par conséquent refuse de se prononcer sur lui (ex. : dire si Dieu existe ou non).


A


Aliénation : 1. action d’aliéner quelque chose ; 2. chez un individu, dépossession de lui-même, de sa liberté, de ses facultés propres, due à des contraintes extérieures (politiques, économiques, sociales).


A


Aliéner : céder, transférer à un autre la propriété de quelque chose (ex. : on ne peut aliéner sa liberté) ; travail aliéné : chez Marx, désigne le travail imposé à l’ouvrier qui est obligé pour vivre, de vendre sa force de travail comme une marchandise quelconque. Il s’agit donc d’un travail extérieur à l’ouvrier, dans lequel ce dernier ne s’affirme pas mais se nie.


A


Altérité : caractère de ce qui est autre, différent ≠ identité.

Altruisme : doctrine fondant la morale sur le dévouement à autrui.


A


Analyse : opération par laquelle l’esprit, pour atteindre à la connaissance d’un objet, le décompose en ses éléments constitutifs ≠ synthèse.

Animisme : doctrine attribuant aux choses une âme analogue à l’âme humaine.


A


Anthropologie : 1. science de l’homme envisagé dans la série animale ; 2. science de la nature humaine.

Antinomie : chez Kant, contradiction résultant des lois mêmes de la raison pure, entre deux propositions pouvant l’une et l’autre être rationnellement démontrées (ex. : « l’âme existe » et « l’âme n’existe pas »).


A


Apollinien : chez F. Nietzsche, désigne ce qui se rapporte au caractère, à la signification prêtée au dieu grec Apollon, c’est-à-dire l’ordre et la mesure ≠ dionysiaque.


A


Articulation : en linguistique, composition de la langue en unités distinctives. Toute langue possède une double articulation. Elle se compose en effet : 1) de morphèmes qui sont des unités douées d’un contenu sémantique (le signifié) et d’une expression phonique (signifiant) ; 2) de phonèmes qui sont les unités distinctives et successives (= les sons) composant l’expression phonique du morphème. Par exemple, la phrase Il joue un solo est composée de quatre morphèmes (équivalant ici aux quatre mots) et le morphème solo est composé de quatre phonèmes correspondant aux sons [s], [o], [l], [o].


A


Ataraxie : chez les épicuriens et les stoïciens, état d’absence complète de trouble, état de tranquillité et de paix absolue de l’âme.

Attribut : ce qui est propre et particulier à un être, à une substance (ex. : l’infinité est un attribut de Dieu).


A


Autorité souveraine : dans un Etat, c’est le pouvoir suprême.

Axiologie : science des valeurs ; axiologique : qui concerne les valeurs.


A


Catégorie : chez Aristote, classe de prédicats pouvant être affirmés d’un sujet ; les catégories sont au nombre de dix : substance, quantité, qualité, relation, lieu, temps, disposition, manière d’être, action, passion.


C


Chosifier : fait de considérer comme une chose ce qui n’en a pas la nature.

Cogito : mot latin signifiant « je pense » ; désigne de manière abrégée le Cogito ergo sum (« je pense donc je suis ») de Descartes.


C


Concept : idée abstraite et générale.

Conditionné : qui dépend d’une condition, d’une cause ≠ inconditionné.

Contingent : qui n’est pas nécessaire, pas déterminé, qui n’obéit à aucune loi.


C


Contrat social : pacte, contrat fictif qu’auraient passé entre eux les hommes pour fonder la société.

Convention : ce qui résulte d’un accord entre les individus, d’une règle acceptée par eux, et non d’une loi de la nature. Conventionnel, qui résulte d’une convention, arbitraire.


C


Démon : chez les Grecs (Platon), génie, être intermédiaire entre les hommes et les dieux, qui peut être soit bon soit mauvais.

Déterminisme : ordre nécessaire des faits répondant au principe de causalité.


D


Dialectique : 1. chez Platon, art de raisonner permettant de s’élever des connaissances sensibles, des apparences, jusqu’aux Idées en observant la hiérarchie naturelle des notions (dialectique ascendante), ou de progresser depuis les principes jusqu’aux déterminations concrètes (dialectique descendante) ; 2. chez Hegel, progression de la pensée, conforme au développement même de l’Être, qui reconnaît l’inséparabilité des contradictions (thèse et antithèse), puis découvre un principe d’union dans une catégorie supérieure (synthèse) ; 3. chez Marx, mouvement progressif de la réalité qui, comme chez Hegel, évolue par le développement et le dépassement des contradictions.


D


Dionysiaque : chez Nietzsche, désigne ce qui se rapporte au caractère, à la signification prêtée au dieu grec Dionysos, c’est-à-dire ce qui a trait à l’ivresse extatique, l’enthousiasme et l’inspiration que rien ne bride ≠ apollinien.


D


Discursif : qui procède par le raisonnement ou repose sur lui ≠ intuitif.

Droit : ensemble des règles gouvernant les rapports entre les hommes ; droit positif : ensemble des règles qui existent réellement dans une société (lois, coutumes) ; droit naturel : ensemble des règles universellement valables qui procéderaient de la nature même de l’homme et existeraient en dehors de toute société.


D


Dualisme : doctrine ayant recours à deux principes explicatifs opposés et irréductibles (comme le bien et le mal, Dieu et le monde, l’âme et le corps ou l’esprit et la matière) ≠ monisme.


D


Empirique : qui se fonde sur l’expérience et non sur un savoir théorique.

Empirisme : doctrine soutenant que toute la connaissance provient de l’expérience et d’elle seule ≠ idéalisme.


E


Entendement : 1. faculté de comprendre ; 2. chez Kant, fonction de l’esprit consistant à relier les sensations en séries et systèmes cohérents grâce aux catégories.


E


Epiphénomène : phénomène secondaire, lié à un autre dont il découle ; épiphénoménisme : doctrine selon laquelle les faits de conscience se ramènent tous à des processus physiologiques, en sorte que « rien ne se passe dans l’homme sans que se modifie quelque chose qui est susceptible de mesure » (Félix le Dantec).


E


Epistémologie : étude critique de la formation et des conditions de la connaissance scientifique (du grec épistémé, qui signifie « science »).


E


Essence : 1. ce qui forme le fond d’un être, sa réalité permanente, par opposition à ses modifications transitoires et superficielles ≠ accident ; 2. ce qui constitue la nature d’un être, par opposition au fait qu’il soit ≠ existence.

Etant : ce qui est (par opposition au fait d’être, d’exister).


E


Etat de nature : état dans lequel se trouverait théoriquement l’homme avant l’établissement de la société.

Eudémonisme : système de morale considérant que le bonheur constitue la fin ultime de l’homme, le souverain Bien.


E


Existentialisme : doctrine qui met l’accent sur l’existence totalement libre et responsable de l’être humain dans un monde dépourvu de sens.


E


Expérience : 1. donnée de la connaissance provenant de l’action du monde sur le sujet connaissant ; 2. en science, observation réfléchie de phénomènes déterminés (le plus souvent pour vérifier une hypothèse) = expérimentation.


E


Extase : chez les mystiques, état de l’âme qui, se détachant du monde sensible, s’unit avec le divin.


E


Fantasme : chez Freud, ensemble de représentations imagées mettant en scène le sujet et traduisant, à travers les déformations de la censure imposées par le surmoi, les désirs inconscients de celui qui l’élabore.


F


Finalisme : doctrine expliquant les phénomènes par des causes finales, c’est-à-dire par leur finalité.

Forme : chez Aristote, ce qui fait qu’un être est ce qu’il est (toute chose étant composée d’une matière et d’une forme qui « informe » la matière, lui « donne forme ») = essence.


F


Hédonisme : doctrine qui voit dans le plaisir le souverain Bien et fait de sa recherche le fondement de la morale.


H


Herméneutique : 1. interprétation des livres sacrés, en particulier de la Bible, et plus généralement de tous les textes anciens ; 2. toute interprétation visant à manifester ou à restaurer le sens d’un message, d’une création, d’un comportement, etc. ; 3. science de la compréhension du sens en général.


H


Heuristique : qui permet la découverte de faits, de théories.


H


Idéalisme : doctrine qui tend à ramener la réalité des choses à la pensée, à l’idée ≠ empirisme ou matérialisme.

Idée : chez Platon, essence éternelle et immuable des choses.


I


Imageant : qui produit des images.

Immanent : qui réside dans (quelque chose), interne ≠ transcendant.

Immédiat : qui agit, se produit ou est atteint sans intermédiaire, sans médiation ≠ médiat.


I


Inconditionné : qui ne dépend d’aucune cause ; l’Inconditionné : l’ Absolu.

Inné : que l’on possède en naissant ≠ acquis ; idée innée ; idée que l’esprit humain trouve directement en lui-même, sans la tirer de l’expérience.


I


Intellect : faculté de comprendre, de connaître = entendement.

Intersubjectivité : communication entre les consciences individuelles.

Intuition : connaissance directe et immédiate, sans recours au raisonnement ; intuition sensible : chez Kant, perception.


I


Logos : 1. mot grec signifiant à la fois « parole » et « raison » ; 2. chez les stoïciens, Dieu en tant que raison et principe actif de toutes choses ; 3. chez les théologiens chrétiens, Verbe de Dieu (le Christ).


L


Maïeutique : méthode employée par Socrate pour « accoucher » les esprits, c’est-à-dire pour amener quelqu’un à découvrir une vérité qu’il porte en lui sans le savoir.


M


Matérialisme : doctrine selon laquelle la matière est l’unique réalité fondamentale (le matérialisme nie l’existence de Dieu et de l’âme).

Matière : chez Aristote, substrat d’une chose, susceptible de recevoir une forme.


M


Mécanisme : doctrine selon laquelle les phénomènes sont explicables par les seules lois du mouvement (le mécanisme s’oppose aux explications par la cause finale, l’élan vital, etc.).

Médiat : qui agit, se fait indirectement, au moyen d’intermédiaire ≠ immédiat.


M


Mode : 1. manière d’être ou d’agir ; 2. qualité, attribut.

Monisme : doctrine n’ayant recours qu’à un unique principe explicatif, ou n’admettant qu’une réalité unique ≠ dualisme.


M


Névrose : affection psychique déterminant des troubles du comportement, sans altérer gravement la personnalité du sujet, à la différence de la psychose.

Nominalisme : doctrine selon laquelle les idées générales, les universaux, n’ont aucune réalité objective en dehors de l’esprit ≠ réalisme.


N


Noumène : chez Kant, réalité métaphysique, chose en soi en tant qu’elle échappe à toute connaissance, à l’expérience sensible comme à l’entendement rationnel (par opposition à phénomène, la chose telle qu’elle apparaît à l’esprit).


N


Occurrence : apparition (d’un signe, d’un phénomène).

Oligarchie : régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit nombre d’individus.


O


Ontologie : science de l’être en tant qu’être ; ontologique ; qui concerne l’être en tant que tel ; preuve ontologique : preuve consistant à démontrer l’existence de Dieu à partir de sa définition (Dieu étant défini comme l’Être infini et parfait, il est contradictoire qu’il n’existe pas, puisqu’il ne serait ni infini ni parfait s’il ne possédait pas l’existence).


O


Passion : 1. au sens classique, mouvement, modification de l’âme dont elle n’est pas la cause mais qu’elle subit (perception, émotion, sentiment) ; 2. au sens moderne, état affectif et intellectuel tendant à dominer la vie psychique (ex. passion amoureuse, passion du jeu, etc.).


P


Phénomène : 1. tout ce qui se produit, ce qui se manifeste aux sens, à la conscience ; 2. chez Kant, ce qui est l’objet d’une expérience sensible, dans l’espace et le temps, par opposition à la chose en soi (ou noumène).


P


Phénoménologie : étude des phénomènes, c’est-à-dire des différentes formes sous lesquelles les choses apparaissent et se manifestent à la conscience individuelle.

Polysémie : fait pour un signe, un mot, de posséder plusieurs sens.


P


Positivisme : doctrine selon laquelle seule la connaissance scientifique des faits est féconde. Positivisme logique : doctrine rejetant comme dépourvus de sens les énoncés « métaphysiques », c’est-à-dire les énoncés qui ne sont ni des énoncés de faits ni des formules logiques.


P


Pragmatique : branche de la linguistique ou de la sémiologie qui étudie l’interprétation et l’utilisation des signes dans des situations concrètes.

Pragmatisme : doctrine selon laquelle la vérité d’une proposition se définit essentiellement par ses effets pratiques, l’idée vraie étant une idée utile, qui fonctionne.


P


Psychose : maladie mentale qu’à la différence de la névrose le sujet est incapable de reconnaître pour telle, et qui se traduit par la perte du contact avec le réel et une profonde altération de la personnalité.

Pulsion : en psychanalyse, manifestation de l’inconscient qui pousse l’individu à agir.


P


Rationalisme : 1. doctrine selon laquelle tout ce qui existe est rationnel et donc intelligible ; 2. doctrine selon laquelle la véritable connaissance vient de la raison, de principes évidents a priori et non des sens ≠ empirisme.


R


Réalisme : 1. doctrine d’après laquelle les choses perçues ou connues existent indépendamment de la perception et de la connaissance que nous en avons ≠ idéalisme ; 2. doctrine d’après laquelle les notions générales correspondent à des réalités objectives, ou universaux, qui existent en dehors de l’esprit ≠ nominalisme.


R


Référent : l’objet ou le groupe d’objets – réel ou imaginaire – que désigne un signe linguistique. (Dans un énoncé, camion et voiture n’ont pas le même sens et ne peuvent pas avoir le même référent ; en revanche, voiture et bagnole, qui n’ont pas non plus le même sens, peuvent avoir le même référent.)


R


Refoulement : en psychanalyse, processus par lequel le sujet s’efforce de repousser ou de maintenir dans l’inconscient des pensées, des images ou des souvenirs inacceptables, qu’il ne peut ou ne veut supporter.


R


Réminiscence : chez Platon, souvenir d’un état antérieur à la naissance, où l’âme avait une connaissance immédiate des Idées, avant qu’elle ne descende dans le corps.

Représentation : action de se représenter quelque chose (perception, idée, image).


R


Sémantique : étude du langage, des signes, considérés du point de vue du sens.

Sémiologie : science qui étudie les signes et les systèmes de signes au sein de la vie sociale.


S


Sensualisme : doctrine selon laquelle toute connaissance provient de la seule sensation.

Sémiotique : voir sémiologie.


S


Signifiant : dans un signe, ce qui constitue le support du sens et s’oppose au signifié (ex. : dans le mot eau, le son [o] est le signifiant, tandis que l’idée, le concept d’eau auquel il correspond est le signifié).

Signifié : dans un signe, ce qui constitue le sens du signe et s’oppose au signifiant.


S


Solipsisme : fait de penser que l’on existe soi seul et que tout le reste du monde, étant la création de notre esprit, n’a pas plus de réalité qu’un rêve.

Sophisme : raisonnement juste en apparence, mais faux en réalité, et en général fait dans l’intention de tromper.


S


Sophiste : 1. nom donné par les Grecs, vers le Ve siècle av. J.-C., à des penseurs qui se distinguaient eux-mêmes des philosophes et prétendaient préparer leurs élèves à la vie civile ; leur enseignement portait essentiellement sur la rhétorique et insistait sur le caractère conventionnel des valeurs sociales et sur la relativité de la connaissance ; 2. personne qui use de sophismes.


S


Sophistique : 1. ensemble des doctrines professées par les sophistes ; 2. philosophie sans solidité reposant sur des sophismes.


S


Spiritualisme : doctrine considérant la matière et l’esprit comme deux substances distinctes, et affirmant la supériorité de l’esprit ≠ matérialisme.

Substance : ce qui est en soi, réalité permanente qui sert de support aux accidents changeants.


S


Synthèse : opération de l’esprit consistant à rassembler des éléments séparés et à les unifier dans un tout ≠ analyse.


S


Transcendance : caractère de ce qui est transcendant.

Transcendant : qui est d’une nature supérieure, qui dépasse un ordre de réalité donné ≠ immanent.


T


Transcendantal : 1. dans la scolastique, qualifie certains attributs qui, comme l’Un, le Vrai, le Bien, dépassent les catégories aristotéliciennes et sont au-delà des genres en tant qu’ils conviennent à tous les êtres ; 2. chez Kant, désigne ce qui est une condition a priori de la connaissance et non une donnée de l’expérience (par opposition à empirique) ; usage transcendantal : application hors de leurs limites (celles de l’expérience possible) des principes de l’entendement pur aux choses en soi, c’est-à-dire aux noumènes et non pas seulement aux phénomènes.


T


Universaux : (peu employé au singulier) : terme général ; ce qui est exprimé par ce terme général (ex. : dans la phrase « L’homme est mortel », « homme » est un universel.


U

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Rédaction : Yves Vianney


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