Petit Journal de l’Afrique - HELMO

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Petit Journal de l’Afrique Ce petit journal de l’Afrique, ce sont quelques instantanés tirés à partir du vécu des étudiants de 3e année partis en 2016 au Bénin ou au Sénégal… Beaucoup de photos, quelques récits assortis de brefs commentaires, des apprentissages travaillés en stage : c’est ce que nous avons pu produire en une journée après le retour des étudiants… Il y aurait beaucoup plus à en dire ! Bonne lecture ! Françoise Descamps, Muriel Neven, Damien Quittre & Gaëtan Bottin

Transcript of Petit Journal de l’Afrique - HELMO

Petit Journal de l’Afrique

Ce petit journal de l’Afrique, ce sont quelques instantanés tirés à partir du vécu des étudiants de 3e année partis en 2016 au Bénin ou au Sénégal… Beaucoup de photos, quelques récits assortis de brefs commentaires, des

apprentissages travaillés en stage : c’est ce que nous avons pu produire en une journée après le retour des étudiants… Il y aurait beaucoup plus à en dire !

Bonne lecture !

Françoise Descamps, Muriel Neven, Damien Quittre & Gaëtan Bottin

3e Normale Primaire – Ste Croix : Falbala Bana Murangira, Violaine Bontemps, Lisa Brumagne, Marie Collette, Laetitia Gathoye, Manon Germain, Fanny Grignard, Marjorie Hanin, Justine Latour, Pauline Lebeau, Héloïse Tassigny

3e Normale Primaire – St Roch Theux : Laurie Kindermans, Marie Poulin

3e Régendat Education Physique : Quentin Hubaux

3e Régendat Français : Jeanne Breulet, Adèle Weiler, Anne-Sophie Beaumont, Lola Clausse, Delphine Radelet, Arnaud Rongy

3e Régendat Sciences économiques : Sébastien Bertrand

3e Régendat Sciences : Amélie Laurent, Florine Slomian

3e Régendat Economie Familiale et Sociale : Manon Baglivo

3e Régendat Sciences humaines : Marine Botilde, Amandine Duhaut, Alexandre Keuninckx, Clémence Régibeau

Les étudiants

Nous sommes le 20 février 2016. Au cours de la journée, nous décidons duprogramme de la soirée: Hadarou fait à souper pour ceux du Kantaborifa, doncnous descendrons du Palais (notre hôtel à nous) pour les rejoindre. Ensuite,nous irons au Lycée technique pour un bal et enfin nous découvrirons les boîtesde nuit béninoises !

Je suis réellement impatiente de découvrir tous ces nouveaux endroits !

Après avoir mangé de l'agneau et son couscous de manioc agrémenté de lé-gumes, il est temps de partir pour le lycée car le trajet pour l'atteindre est assezlong et la route en assez mauvais état. Arrivés là-bas, nous découvrons le monde qui est présent et surtout, leurs te-nues ! On se croirait à un bal de promo américain : les filles ont de très grandesrobes à froufrous très colorées et les garçons sont en costume ; en tout cas,pour la plupart. C'est à ce moment que je commence à me sentir mal à l'aisecar moi je ne suis qu'en petite combinaison à fleurs et des baskets ...

Bref, les autres boivent quelques bières avec leurs élèves et même un maitrede stage et nous attendons l'ouverture de la salle où se déroule le bal. Cette

heure arrive enfin etnous nous rendonscompte qu'il faut entreravec un cavalier : j'in-vite mon chauffeur,François (il est en faitun ami de mon maitrede stage à qui j'ai faitappel pour ne paspayer une course en"vrai" zem). Et là,deuxième surprise ...

La salle est complètement vide, il n'ya aucune décoration, seulement le DJet ses lumières d'un côté. La musiquequi passe est faite de vieux tubes fran-çais quelque peu remixés à la sauceafricaine ou de musiques locales.

Le lieu me fait sourire et nous nous re-gardons un peu tous sans trop savoirque faire ; alors nous dansons ! François et les autres Béninois pré-sents (des élèves d'un d'entre nous) essayent de nous faire danser et c'estd'abord gentillet, jusqu'à ce qu'arrive la chanson "Coller la petite"...Que ce soient des filles entre elles, des garçons entre eux ou des filles - garçons,tous se frottent les uns aux autres d'une façon très explicite. Et François faitpareil avec moi ...Je ne suis pas du tout à l'aise, et si les autres en rigolent, j'ai envie de pleurer.Plus je m'éloigne et plus il serre son étreinte.Je ne pense qu'à mon copain ... Comment réagirait-il s'il voyait ça ? Jamais enBelgique un garçon n'oserait me toucher de la sorte et, d'ailleurs, jamais je neme laisserais faire ! La chanson semble durer une éternité et je prie pour qu'ellecesse ! Dès que c'est le cas, je fais un sourire poli et m'éloigne rapidement : jeveux partir !

Nous quittons le lycée et allons prendre un verre. Je discute avec mes amies etleur fait part de mon ressenti, elles étaient aussi mal à l'aise que moi ! Mais ilsemble que nous soyons les trois seules donc nous nous taisons et redoutonsla boîte de nuit qui, apparemment, est "dix fois pire niveau collage".

Effectivement, en boîte de nuit, j'avais à peine posé un pied sur la piste qu'unhomme me prend les mains et essaye de m'enlacer ; je me mets dans un coinde manière à ce qu'il ne puisse pas se frotter dans mon dos et il ne lâche pasmes mains pour autant ... Je dois donc supporter une danse avec lui, les larmesaux yeux. Après ça, je vais m'asseoir et j'attends les autres pour rentrer dormir.

Je pense que, déjà en Belgique, j'ai du mal avec le contact physique, je ne suispas très tactile. Mais là, j'ai vraiment ressenti ces danses comme une violationde mon espace personnel. Ici, et pour le dire clairement, j'aurais mis une baffeà la personne qui aurait osé me toucher de cette manière.

Lola.

Découverte du Collé-Serré ...

Un voyage riche en rencontre !Marie C.

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Après avoir passé trois jours à Nati, chez les régentset avoir profité du safari, nous retournons dans notrevillage tant adoré. Quel plaisir de retrouver le calmeet la sérénité de notre belle campagne.

Nous nous sentons vraiment comme chez nous : lesenfants courent pour venir nous dire bonjour, lesadultes nous saluent et nous demandent si nousavons fait bon voyage.

Nous reprenons place sous notre paillotte quand soudain, j’entends des djembésjouer. Que se passe-t-il ? Je vais me renseigner auprès de Félix qui me dit qu’ilssont en train de célébrer un enterrement dans le village. Toute étonnée, je com-mence à lui poser plein de questions sur le déroulement de cette fête béninoise.Il m’arrête tout de suite et me propose de l’accompagner à la cérémonie. J’étaistrès joyeuse et extrêmement curieuse de ce que j’allais découvrir. J’acceptesans hésiter.

Je suis étonnée de l’ambiance qui régnait dans le village : tout le monde estsouriant, les habitants se sont mis sur leur 31. Nous nous dirigeons vers la mai-son du défunt, l’endroit où la cérémonie se déroule. Un monde de fou est pré-sent, les feux brûlent, les marmites chauffent et le « tchouk » cuit. Nousattendons. Et puis, apparait au fond de la brousse, un groupe de 25 femmes.Elles ont les mains sur la tête, chantent une chanson en otammari très répétitiveet avancent sur le rythme de la musique. Ces dames du village (les femmes dela famille du défunt mais aussi d’autres dames) arrivent enfin à l’endroit de lacélébration. Celles-ci parcourent le contour de la maison tout en chantant pen-dant que les hommes, les enfants et les autres villageois observent la scène.Une fois le tour réalisé, elles rentrent dans la maison et y prient quelques ins-tants. Ensuite, elles se déplacent vers un autre coin du village et reviennent endansant. Quel spectacle !

C’est au tour des hommes. Ils partent en courant, suivis des enfants, dans labrousse chercher des bâtons. Ils reviennent en file indienne, chantant et dan-sant appuyés sur leur morceau de bois. Ils sont accompagnés d’instruments,ce sont comme des grands tubes en bois dans lesquels ils soufflent.

Comme les femmes, ils font d’abord le tour dela maison avant de rentrer et de se recueillirdeux minutes. Ensuite, ils sortent et réalisentune « Battle » de danse: par deux, les hommesse rendent au centre du cercle et inventent 2-3pas de danse sous la musique des instrumentsen bois et des djembés. C’est vraiment très fes-tif.

Ensuite, la famille du défunt se rend sur la ter-rasse de la tata (maison béninoise) et lance descadeaux pour remercier les habitants d’être pré-sents. Les boites d’allumettes volent, les vête-ments et les savons sont attrapés au vol, tous

se ruent sur les objets comme si on était au carnaval ou à la caravane du Tourde France.

Les hommes choisissent un bois, prennent la peau d’une chèvre tuée pour lafête et utilisent tout cela pour fabriquer un symbole représentant le défunt. Ilsfont danser le symbole, lui racontent des anecdotes de la vie du défunt et rigo-lent beaucoup. Tout ça, toujours sous la musique des djembés.La famille remonte sur la terrasse pour une nouvelle fois lancer des objets.Et puis, pour terminer, les habitants font la fête toute la nuit. Ils boivent du «tchouk » et dansent jusqu’à 5 heures du matin.

Nous ne sommes pas restés faire la fête car nous ne nous sentions pas trop ànotre place. Selon nos représentations, la fête après un enterrement est réservéeà la famille proche donc nous sommes retournés.

Nous avons quand même pu suivre la suite de la fête car nous entendions toutdu lodge.

Manon.

Un enterrement à Koussou

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Toi, la blanche, tu es raciste !Deuxième soir à Natitingou. Hadarou nous propose d’aller boire un verre enville dans un bar nommé La Fine Fleur. Nous nous installons, commandons uneBéninoise (bière locale) pour chacun. Nous rejoignons doucement le dancefloorpour en fin de compte tous nous y retrouver et nous y déhancher sous des mu-siques bien africaines !

Quelques gouttes de transpiration plus loin, nous reprenons nos places saufMarine qui monopolise la piste de danse ! Un gars un peu louche arrive et com-mence à danser un peu trop collé/serré avec Marine. Il est petit, maigre, frêle,un adolescent à mes yeux. Je n’arrive pas à dire s’il est saoul ou non.Marine me fait signe de venir danser avec elle. Je sens qu’elle n’est pas hyperà l’aise. Je me lève, me rend sur la piste de danse, me rapproche le plus deMarine, tout en évinçant comme je le pouvais cet individu qui ne nous rassuraitpas.

Nous terminons notre verre et décidons d’aller boire un verre dans un autre bar.Nous sortons et attendons Hadarou qui était parti chercher sa moto. Le garçonqui ne nous rassurait pas sort dehors et s’approche de nous. Il avance vers moiet me montre du doigt. « Toi, oui toi, la blanche, tu es raciste ! Tu m’as empê-ché de danser avec ma sœur blanche (Marine) ! Tu es mauvaise, tu es raciste,qu’est-ce que tu viens faire dans mon pays ? Les gens racistes, je ne les aimepas, rentre en Europe chez les blancs ! » Ma première réaction fut de l’incom-préhension. En quoi aurais-je été raciste en dansant avec Marine et en décidantde ne pas danser avec lui ? Je me suis expliquée en lui disant que chez nous,le fait que deux filles dansent ensemble était tout à fait normal, que je n’avaisrien contre lui, mais rien à faire, il ne démordait pas. J’étais à court d’argumentspour le convaincre, étant sous le choc d’une telle attaque verbale, je perdaismes mots. Il ne voulait pas entendre que si j’étais raciste je ne serais jamaisvenue en Afrique.

Il se rapprochait de moi et nous ne savions pas de quoi il était capable, en se-rait-il venu aux mains ? Sébastien et Manon se sont donc interposés en me dé-fendant, mais il ne voulait rien entendre. Notre discussion attirait pas mal demonde et un petit public s’est vite installé autour de nous. Je me posais destas de questions, est-ce que j’ai fait quelque chose de raciste ce soir là ?

Ses propos m’ont fortement bousculé sur le fait de oui ou non suis-je raciste?Alors que je sais au fin fond de moi-même que non !

Au final, tout s’est bien fini ! Hadarou est arrivé, a discuté avec lui. Il a fini parpartir en criant que j’étais raciste. Hadarou m’a expliqué par la suite qu’il étaitsouvent saoul et agressif, que je ne devais pas tenir compte de qu’il m’avaitdit.

Après cet événement, je me sentais mal, je voulais rentrer, je m’en voulais alorsque je ne devais pas m’en vouloir… heureusement que toute la petite bandeétait là pour me rassurer et me réconforter !

Voilà comment faire une bonne entrée en matière dans la ville dans laquellej’allais rester quasi deux mois !

Clémence.

«Nos différences loin de nous léser doivent nous enrichir. » (Antoine de Saint-Exupéry) Amélie.

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"Lorsqu'on sourit à la vie, elle vous rend ces sourires." (Jean-Claude Brialy) J'ai eu cette chance d'être tous les jours accueillie en classe par 65 sourires !Lola.

Ce début de journée à l’école est très particulier. Comme d’habitude, nous at-tendons que les enfants finissent de balayer la cour pour pouvoir commencer àdonner les leçons. Mais tout d’un coup, les élèves se rassemblent très rapide-ment (comme sur la photo), et la directrice, Sœur Georgette, se place devantl’ensemble des membres de l’école.

Comme c’est seulement mon troisième jour à l’école Saint-Augustin, je me disque les élèves doivent sûrement se rassembler tous les mercredis pour faireune prière étant donné qu’il s’agit d’une école catholique… Hors, dès que ladirectrice commence à parler, je me rends compte qu’il ne s’agit pas d’un mo-ment de prière mais bien d’un rassemblement pour m’accueillir ! En effet, ladirectrice me montre du doigt et me demande de venir avec elle devant l’en-semble des élèves et instituteurs. Je me sens un peu gênée d’être face à toutecette foule…

Sœur Georgette me présente, tout le monde m’applaudit, chante, et prie pourmoi. J’avais les larmes aux yeux et en même temps j’étais un peu mal à l’aise.C’est impressionnant de se retrouver devant autant d’enfants, de professeurset d’être au centre de l’attention.

Ensuite, sœur Georgette me tend le mégaphone, là j’ai un grand moment desolitude… Que vais-je dire ? Me voilà avec le mégaphone devant tout le monde,je me présente, je les remercie pour l’accueil et ils m’applaudissent tous… C’était une sensation tellement particulière et nouvelle pour moi. Mais d’unautre côté, je me suis vraiment sentie accueillie et c’est la première fois quej’ai l’impression d’être autant à ma place depuis que je suis au Bénin. Je n’ou-blierai jamais la manière dont Sœur Georgette et les élèves m’ont accueilliedans l’école car une situation pareille ne se reproduira très certainement ja-mais!

Marie P.

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Ma présentation devant l’école (Natitingou)

Au cœur de tous nos récits, nous nous sommes posés la question de « commenttrouver sa place ? ».

Si je ne supporte pas qu’on me colle et que pourtant les hommes se frottent à moidans une boîte de nuit…

Si j’essaye d’éloigner ces hommes d’une de mes amies et qu’on m’appelle raciste…

Si je veux être une stagiaire comme une autre et qu’on me met sur un piédestal…

Si mon maitre de stage frappe ses élèves et que je ne peux rien dire…

Si je suis conviée à un enterrement et que je ne sais pas jusqu’à quel moment jepeux rester…

Que faire ? Que dire ? Où se mettre ?

Il faut parfois arriver à prendre sur soi et accepter la frustration de ne pas toutcomprendre. Effectivement nous étions dans un autre contexte : un autre pays, uneautre culture, d’autres référents.

C’est ce contexte, nos représentations et nos valeurs d’Européens qui nous poussentparfois à réagir différemment ou tout simplement à ne pas réagir. Il nous a pourtantfallu apprendre à vivre notre expérience avec ceux-ci.

Alors même si nous essayons de nous fondre dans la masse, les Africains voientnos différences et nous présentent comme des invités d’honneur, nous mettant malà l’aise par la même occasion.

Leur codes, les nôtres, comment choisir ?

Lola, Laetitia.

Trouver sa place

«Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se deplacer.» (Alexandra David Neel)- Photo représentant une de mes merveilleuses rencontres.Marie P.

King or Not ? Manon B.

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Le Partage

En observant la classe de CM1 où j’ai enseigné, je me suis vite rendue compteque le professeur laissait sortir des enfants, très souvent, sans leur demanderla raison.

Ainsi, je l’ai questionné, pour savoir à quels moments les élèves pouvaient sortir.Il m’a alors répondu, comme tous les professeurs en Belgique l’auraient fait,que les enfants avaient le droit de sortir de la classe pour aller aux toilettess’ils le demandaient et si le moment était opportun.

Pourtant, certains élèves, toujours les mêmes, sortaient beaucoup plus souventque s’ils avaient eu besoin d’aller aux toilettes. D’ailleurs, je les voyais partirdans une autre direction vers d’autres classes le plus souvent !

Par la suite, j'ai observé que des élèves d’autres années venaient souvent de-vant la porte de la mienne et appelaient ces mêmes élèves qui sortaient tout letemps.

Le professeur ne disait toujours rien à ces enfants qui, par habitude, allaient etvenaient en classe pour appeler tel ou tel autre élève. Je reposais donc ma question autrement, en demandant qui étaient tous cesenfants qui venaient en appeler d’autres dans la classe. J’eus la réponse à toutemes interrogations en même temps ! L’instituteur m’apprit que ceux-ci étaientles frères ou les sœurs de mes élèves. Ainsi, comme leurs parents achètent,par exemple, une ardoise pour quatre enfants, ils sont obligés, durant la jour-née, de voyager d'une classe à l'autre pour se procurer ce matériel quand il estnécessaire.

Au fil des jours, j’ai noté beaucoup de situations semblables, où les enfants etmême les enseignants devaient se prêter du matériel. Par manque de moyens,dès que quelqu’un possède quelque chose, il le donne volontiers à son voisinsi cela peut l’aider.Au début, j’avais l’impression que l’instituteur laissait souvent trop de tempsaux élèves pour qu’ils recopient la leçon du tableau. J’ai compris, par la suite,qu’il attendait que ceux-ci se prêtent leur crayon afin que tous puissent écriredans leur cahier. Les enfants ont aussi inventé du matériel ! Avant de donner une leçon sur ledisque, j’ai demandé si les enfants avaient (par le plus grand des hasards) uncompas. Mon maître de stage m’a alors dit que oui, évidemment ! Le jour de laleçon, j’ai demandé aux élèves de sortir leur compas afin de tracer un disque.Sans grand étonnement, j’ai découvert que les élèves avaient un compas pourdix en moyenne.

Malheureusement, dans la plupart les groupes, les compas étaient cassés. Pour-tant, les enfants sont venus me montrer qu’ils avaient tout de même tracé monfameux disque… de la taille des pièces de monnaie de 100 francs cfa !

Tout ce partage, finalement, m’a montré un bel apprentissage de « vivre en-semble », unique, propre à ces enfants que je découvrais.

Laetitia.

Classe de 6e au collège Possotomé - cours de sciences de la vie et de la terre.Amélie.

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Après avoir lu ce texte, nous nous sommes posé plusieurs questions :

Qu’est-ce qui dérangeait l’étudiante dans cette situation ? Quels sont les différentspoints de vue que l’on peut avoir face à cet événement ? Pourquoi est-ce ainsi ? Y a-t-il des conséquences ? Peut-on y apporter des solutions ?

Voici un résumé de nos réflexions :

Selon nos représentations européennes, il doit régner une certaine discipline enclasse : les élèves ne circulent pas comme ils le veulent dans l’établissement, leprofesseur y fait régner l’ordre.

Ici, on peut clairement observer que cette vision est tout à fait différente pour lesSénégalais : les élèves vont et viennent dans la classe, le professeur ne réagitpas, … un certain « laxisme » de la part du professeur a été observé dans cerécit. Après explications, il s’est avéré que le problème principal n'était celui quiapparaissait « évident », mais le résultat d'un manque cruel de matériel. Lesélèves d’une même famille disposent de très peu de matériel et doivent donc sele prêter.

Face à ce problème, les Sénégalais réagissent plutôt avec fatalité : « C’est un pro-blème mais on n’a pas le choix ». Pour nous, européens, ça nous semble normalque chaque enfant doit avoir accès à l’éducation et ce manque de matériel enfreinttotalement ce principe. La réaction de l’étudiante fut plutôt une prise deconscience de la situation : elle s’attendait à un manque de matériel mais pas àun tel dénuement !

Mais pourquoi est-ce ainsi ?

Pour nous, il s’agit d’une part, d’un manque de moyens dont souffre la plupart despopulations africaines et d’autre part, un coté fataliste, une absence de remise enquestions de la part des professeurs.

La conséquence visible sur place est une diminution de la qualité de l’enseigne-ment. À notre niveau de futurs enseignants, nous avons la volonté d’utiliser da-vantage le matériel que nous avons à notre disposition en Belgique et de prêterune attention particulière à chaque élève. Nous estimons qu’il n’existe pas vraiment de solutions à ce problème, il faut doncparfois accepter de ne pas avoir de pouvoir sur une situation. Par contre, ainsi que le souligne le récit, quelle belle éducation à l'entraide.

Clémence & Manon.Voici le centre de formation des instituteurs, le Sainte-Croix de Kaolack (Sénégal).Violaine.

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La place des blancs au Bénin (blancs = argent = cadeaux)

Dès le premier jour, nous avons remarqué que tous les Béninois nous regardaient.Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de blancs ici et que c’est donc normal que l’onsoit au centre de l’attention.

Tous les vendeurs nous abordent pour essayer qu’on leur achète quelque chose, auprix fort bien sûr ! Comme nous avaient prévenus nos professeurs, les Béninois pro-fitent que l’on soit blanc pour augmenter considérablement les prix. En effet, poureux, les blancs sont tous riches.

« Le pays des Yovo (blancs) c’est le pays parfait où tout le monde est heureux, toutle monde se porte bien et tout le monde est riche. » C’est une phrase qu’on a puentendre plusieurs fois lors de nos sept semaines de voyage. Je n’oublierai pas latête des gens à qui nous avons expliqué que ce n’était pas vrai, qu’il y avait desgens qui vivaient dehors chez nous, qu’ils mourraient de faim et de froid dans larue. C’était quelque chose d’incroyable pour eux.

Lors de mon étape dans le Sud (nous sommes allées d’abord trois semaines dansle Nord pour redescendre trois semaines dans le Sud du pays), j’avais 50 élèves.Dès le premier jour, un élève n’a cessé de me demander un bic pendant plus d’uneheure, discrètement pour ne pas que ma maître de stage l’entende. Dès que lecours fut fini, je me suis empressée de lui dire que je n’étais pas là pour lui donnerun bic, que je n’en avais pas pour lui.

À la fin de la semaine, ma maîtresse de stage s’est absentée pendant que je sur-veillais les enfants qui travaillaient. Dès qu’elle a quitté la classe, plusieurs élèvesont commencé à me réclamer des bics. J’ai directement mis les choses au clair etleur ai expliqué que je n’en avais pas pour eux, que ce n’est pas parce que je suisblanche que je dois donner des cadeaux et que ça ne se fait pas de demander. Lesenfants furent calmés et j’allais être tranquille. Enfin je le pensais.

Mon stage ne s’est pas trop mal passé. J’étais quand même contente de le terminercar ma maîtresse de stage s’absentait souvent et dès que les enfants n’avaient plusla menace de la chicote, c’était très bruyant.

J’ai donc passé quelques heures assez pénibles.

Le dernier jour de stage, ma maîtresse de stage était malade et donc absente toutela journée. Ce fut donc une longue journée. Le directeur est venu me demander siça allait, je lui ai répondu que non car les élèves ne me laissaient pas donner maleçon. Il a ri puis a dit que c’était parce que je ne frappais pas et que je n’avaispas assez d’expérience. Il a ensuite demandé aux enfants de faire la fête pour moi,de danser et chanter pour me dire au revoir pendant les 15 minutes qu’il restait.

Les enfants ont chanté et dansé pendant ce dernier quart d’heure. La bonne hu-meur et la joie étaient de mise. Les enfants rigolaient, s’amusaient et je riais aveceux. C’était un bon dernier moment dans ma classe. À midi, j’ai dit aux enfantsque c’était fini, qu’ils devaient rentrer chez eux et que moi je rentrais en Belgique.Je leur ai dit au revoir et m’apprêtais à quitter la classe quand j’ai entendu « ETNOS CADEAUX ? ». J’étais un peu choquée d’entendre ça de la part de mes élèvesalors que je leur avais bien expliqué que blanc n’était pas égal à cadeaux. Les en-fants ont réclamé plusieurs fois des cadeaux. Je leur ai rappelé que je n’étais paslà pour leur donner des cadeaux mais pour leur donner cours.

Je suis donc partie de la classe, un peu précipitamment et me suis dirigée vers laclasse de Marjorie qui terminait son activité. Les enfants m’ont suivie, tout en meréclamant encore des cadeaux. Quand Marjorie a terminé son activité, nous sommesrentrées au gîte. Les enfants étaient toujours là. Pendant les 10 minutes de trajetjusqu’au gîte, mes élèves m’ont suivie en criant « Maîtresse, donne nous des ca-deaux » et « Yovo, tu dois nous donner des cadeaux », « Héloïse, donne nous descadeaux » ou encore « Maîtresse, tu es méchante, donne nous des cadeaux ».

Comment peut-on passer de la bonne humeur, de l’ambiance enfantine à une vio-lence verbale qui me fendait le cœur ?Les enfants sont restés un peu devant le gîte à attendre et à crier après moi jusqu’àce qu’ils se fassent chasser par le responsable du gîte alors que je restais, choquée,dans mon coin.

Je ne leur en veux pas trop, c’est la société qui veut ça. Ces enfants sont élevésdans l’idée que les blancs ont beaucoup d’argent et ce n’est pas en leur répétantdix fois qu’ils vont comprendre et changer leur pensée. C’est décevant mais c’estcomme ça.

Héloïse.

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Nous allons analyser un récit parlant de la perception des richesses que les Béninoisont de l'Europe. Une stagiaire a été confrontée à des demandes, assez oppressantes,de ses élèves. A la fin de son stage, ils lui ont demandé d'avoir des cadeaux, car unYovo (un blanc), c'est riche !

Nous remarquons que nous n'avons pas le même rapport à l'argent. Les enfants nousvoient comme des riches, cela est peut-être dû aux achats et dépenses des Euro-péens, le coût de la vie étant moins cher en Afrique, les Européens paraissent pleinsaux as.

Nous constatons aussi que la gestion de l’argent n'est pas la même. Les Béninoissont dans une philosophie « au jour le jour », sans réfléchir aux conséquencesd'achats plus convulsifs. L'idée d'économie, de mettre de côté est rare. On offre descadeaux à ses amis, des soupers, des verres... par plaisir même si le salaire ne suitpas. Une notion de générosité est beaucoup plus présente au Bénin comparé à l'Eu-rope.

La réputation des blancs en tant que riches, perçue par les enfants, reste présentedans les esprits et est appuyée par les parents que nous avons pu rencontrer. Un Yovo c'est toujours riche !

Pour récapituler, nous retiendrons que la différence du coût de la vie, la générositébéninoise et notre réputation ont créé chez les enfants une envie et un espoir de ca-deaux de notre part.

Marine, Manon B., Marjorie et Amélie.

Et les cadeaux !?

Deux enfants en train de danser dans le village de Koussou. Ils ont simplement le rythmedans la peau.Clémence.

Dernier vendredi à l’école à Calavi. Journée jeux avec toutes les classes mélangées.En photo, l’équipe gagnante de la journée.Manon G.

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Madame le professeur

Après quelques heures d'observation durant la première semaine, il était tempspour moi de réaliser mes premiers en tant que "professeure sénégalaise". C'estdonc avec une boule au ventre et quelques appréhensions que j'entre dans laclasse et me retrouve face à une cinquantaine d'élèves me fixant avec atten-tion.

Le nombre d'élèves peut paraître impressionnant, moi qui étais habituée à avoirdes classes nettement moins remplies et surtout plus équipées! Le local se ré-sumait à un tableau noir, des bancs où certains jeunes étaient entassés à troiset surtout pas d'électricité.

Je débute le cours par les présences ou l'appel comme ils disent là-bas. Forcé-ment avec mon accent je butte sur tous les prénoms, certains je n'arrive mêmepas à les prononcer. Les élèves se mettent à rire ce qui est totalement justifiécar j'aurais fait pareil. Après de plates excuses sur ma prononciation déplorableje commence enfin ma leçon. Leçon sur le subjonctif! Pour débuter un stage ily a plus amusant c'est sûr. Pourtant mes trois semaines de stage se résumerontà de la conjugaison et de la grammaire. En effet, l'enseignement sénégalais nemet pas ou très peu en avant l'expression de soi à travers la poésie, la chanson,…

En débutant la leçon, j'espère au fond de moi réussir à capter leur attention etsurtout leur intérêt. J'inscris les phrases qui serviront d'exemples au tableau,je pose mes premières questions, je m'attend à prendre un "vent" monumentalmais je me retourne et vois alors des dizaines et des dizaines de mains levées.Je n'en crois pas mes yeux, je me dis que c'est une blague qu'ils font aux sta-giaires. J'en interroge un au hasard et il répond correctement à toutes les ques-tions. Et ainsi de suite jusqu'à la fin du cours, je pose des questions et à chaquefois c'est un nombre élevé d'élèves qui souhaitent participer.

Ce nombre augmentera encore lors de l'exercice final où ils doivent venir écrireau tableau. Au terme de la leçon, je remercie les élèves de leur participation etde leur attention et là il arrive quelque chose d'incroyable; ils applaudissent !

Jamais après 1h de cours on ne m'avait applaudie. C'est donc un peu gênéemais assez satisfaite que je ressors de la classe avec en prime des félicitationsde ma maitre de stage.

Je retiens de cette expérience l'enthousiasme et la participation active desélèves qui d'ailleurs s'est confirmée tout au long du stage. En tant que futureenseignante, c'est un réel plaisir de voir autant de mains levées et de motivationmise dans le cours.

Au final le nombre d'élèves importe peu, qu'ils soient 25 ou 60, l'importantest de se faire respecter et surtout de les respecter eux. J'ai retenu égalementqu'avec un tableau et une craie on peut réaliser beaucoup de choses. Le tableauétant le seul matériel pédagogique, il est important de savoir le maitriser etsurtout d'être organisée ! D'ailleurs cette organisation du tableau, je la garderaià coup sûr !

Delphine.

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Ce récit nous a positivement surpris car la différence est importante parrapport au Bénin. Le climat semble plus serein et les élèves plus parti-cipatifs. Cette différence est aussi marquée par rapport à ce que l'onrencontre en Belgique.

Le nombre d'élèves par classe au Bénin et au Sénégal se situe généralement entre40 et 70 élèves. La gestion d'un groupe classe aussi volumineux peut paraître com-plexe pour de nombreux professeurs. Néanmoins, dans ce récit, le nombre d'élèvepar classe n'a pas été un frein à l'apprentissage. Malgré les effectifs pléthoriques,les apprenants sont très impliqués et motivés. Pourtant, ce n'est pas le cas danstoutes les classes, certains stagiaires ont rencontré des difficultés à captiver lesélèves et conserver une ambiance de travail optimale.

En cause, la pédagogie en place dans ces deux pays. Contrairement à ce que l'onenseigne à Sainte-Croix, l'élève n'est pas acteur de son apprentissage car la péda-gogie est plus ciblée sur les contenus que sur les apprenants. Les leçons sont souventtrop traditionnelles et même si certains élèves semblent intéressés, il demeure des"laissés pour compte" qui ne sont pas du tout impliqué dans la leçon. En tant questagiaire, il est difficile de laissé des élèves de côté, néanmoins, la taille du groupeclasse ne permet pas de garder attentifs l'ensemble des apprenants. Le manque demoyen dans l'éducation entraine un manque de matériel didactique et de formationdes professeurs. En conséquence, la qualité de l'enseignement laisse parfois à dé-sirer. Le par cœur est préconisé au détriment du sens et du transfert de compétences.On remarque le manque de matériel didactique dans le peu de représentations men-tales qu'on les enfants de certains concepts. Le seul outil pédagogique disponibleest le tableau noir.

Lorsque l'on compare les deux pays, on remarque que le système éducatif béninoisest beaucoup plus strict, quasiment "militaire", ce qui n'est pas le cas au Sénégal.Dans les écoles béninoises, les élèves doivent tous porter un uniforme et ils doiventavoir le crâne rasé pour éviter les discriminations.

En conclusion, malgré toutes ces découvertes pas toujours positives, nous ressortonstous enrichis de ces différences observées et vécues lors de notre stage.

Lisa et Sébastien.

Trois toubabs au pays des baobabs.Arnaud.

En route pour l’école !Jeanne.

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Pas toujours facile d’identifier les apprentissages réalisés lors de ce séjour dans le Sud. De retour en Belgique, nous avons donc tenté d’y voir plus clair, en travaillant dansdes sous-groupes mixtes « Sénégal-Bénin ».

Groupe 1 – Quels apprentissages pour de futurs instituteurs primaire ? Chercheurs créatifs :

Choc didactique :

Drôles de relations... :

Quels apprentissages avons-nous réalisés en Afrique ?

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A plusieurs reprises, nous avons eu des sujets de leçon plutôt originaux (dépous-siérage des objets, prescriptions médicales, …) ou spécifiques au pays où nousnous trouvions. Il a donc fallu que nous fassions des recherches.

Or, soit nous n’avions pas internet…, soit les informations y étaient introuvables.Il a donc fallu trouver d’autres solutions : aller à la bibliothèque (pour les Sénéga-lais) ou interroger des personnes-ressources.

En dehors du fait que nos recherches étaient plus laborieuses que d’habitude, ilnous fallait aussi trouver des alternatives face au manque de matériel scolaire.

Oubliez les feuilles de couleurs, le papier collant, les velcros pour les affiches, lesmarqueurs, outils mathématiques, …

Nous avons donc dû redoubler d’ingéniosité pour combler ce manque. MacGyver, nous voici !

Autant nous sommes habitués ici, en Belgique, à être libres au niveau de notrefaçon d’enseigner, autant là-bas, nous croulions sous les contraintes. Ils ont un «guide » méthodologique à suivre à la lettre pour être de parfaits enseignants.

Oubliez la liberté, le socioconstructivisme, la différenciation ou même les encou-ragements aux enfants.

Tout est strict, coincé dans la méthodologie imposée. Nous avons dû, à l’une oul’autre exception près, mettre de côté nos beaux principes pédagogiques pour nousplier à l’enseignement frontal.

Les enfants sont éduqués à la répétition, au travail et à la rigueur presque militaire(pour le Bénin en tout cas).

- Au Bénin

La relation instit-élève est quasi inexistante. Il n’était pas question pour un ensei-gnant de discuter avec un enfant hors du cadre scolaire. Si les enfants ont un pro-blème, ils n’osent pas en parler à l’enseignant de peur de le déranger. L’enfant n’aqu’à apprendre du maitre car celui-ci est au-dessus de lui. Les élèves semblaienttrès contents de nous voir arriver pour pouvoir enfin échanger des sourires.

- Au Sénégal

Les enseignants ont une véritable relation avec leurs élèves. Même si en classe lemaître est très strict, il peut rire avec eux, être comédien, il entre en interactionavec les élèves.

- Dans les deux pays

Dans la plupart des cas, les classes sont organisées de façon à ce que les enfants« forts » soient assis devant et les « faibles » soient au fond de la classe, complé-tement délaissés par l’enseignant. Le droit à l’erreur est inexistant, les enfants pré-fèrent se taire plutôt que de se tromper.

Lorsque nous enseignions dans les classes des petits, il était difficile de se fairecomprendre car peu d’enfants parlaient le français. Il nous a donc fallu trouver dif-férentes techniques pour parvenir à se faire comprendre (insistance sur la gestuelle,relai d’un élève « fort » pour traduire, phrases courtes, …).

Violaine et Marie Poulain.

Groupe 2 – Un autre groupe d’instituteurs primaire

Groupe 3 - Un groupe de régents identifie les apprentissages qu’ils ont réalisésPersonne en relation et acteur social

Nous avons constaté que, dans l’ensemble, les apprentissages étaient vraimentaxés sur « se connaître soi » et la rencontre avec l’autre.

Le plus difficile a surtout été de se fondre dans le moule du fonctionnement del’enseignement au Bénin et au Sénégal qui est assez différent de celui en Bel-gique.

Les moyens mis à notre disposition étaient également différents (matériel, res-sources pédagogiques etc.). Il a donc fallu trouver d’autres solutions, d’autres mé-thodes à mettre en place pour améliorer nos leçons sans pour autant quitter lecadre assez strict et frontal de l’enseignement sénégalais et béninois.

Il y a également l’aspect relationnel, avec le maître de stage et les enfants. La dis-tance est réelle et visible entre l’enseignant et l’enfant, ce qui est très différent dela Belgique. Cela ne nous a pas empêché(e)s d’établir une relation propice au tra-vail mais aussi aux échanges avec les enfants que ce soit en classe ou lors des ré-créations. Le fait de discuter avec eux nous permettait de découvrir une autremanière de voir les choses et de comprendre certaines de leurs attitudes.

De manière générale, ce voyage nous a aidé(e)s à développer notre ouverture auxautres et à nous rendre compte de la difficulté mais aussi de la beauté d’enseigneret d’apprendre aux enfants.

Falbala.

Apprentissages Exemples

Travail d'équipe avec les col-lègues renforcé.

Etre en stage dans la même école qu'un autre étudiant permet de colla-borer pour faire les préparations.Au Sénégal, les étudiants recevaient leur sujet de leçon la veille, il étaitdonc essentiel de travailler ensemble pour être prêt(s) pour le lendemain.

Importance de la hiérar-chie de l'école et des rela-tions entre les différents

partenaires.

Au Bénin, nous avons constaté que le directeur est plus proche des pro-fesseurs. En tant que stagiaires, nous avons eu davantage de contactsavec le directeur de notre école de stage en Afrique qu'avec ceux de Bel-gique. Il est important, en tant que jeune enseignant, de savoir qui faitquoi dans l'institution.

Gestion du tableau.

En Afrique, le tableau est un support beaucoup plus utilisé que cheznous car il est souvent le seul support (absence de photocopies). Il estdonc important de l'utiliser à bon escient et de veiller à l'écriture. Unecertaine organisation s'avère essentielle ! Ce que nous en retenons pournotre futur : le diviser en différentes colonnes et laisser celle de gauchepour y écrire le déroulement de la leçon et les objectifs nous semble effi-cace.

Mon maître de stage qui me raccompagne au gîte éco Bénin.Florinne. 13

Maitre instruit et chercheur

Pédagogue et didacticien

Apprentissages Exemples

Appropriation de nouveaux su-jets.

Beaucoup se sont retrouvés confrontés à des sujets jamais rencontrés en Bel-gique : la proposition participiale pour les régents en français, les animaux duBénin pour les régents en sciences humaines…De plus, surtout au Sénégal, les étudiants recevaient leur sujet de leçon asseztard. Il fallait donc, en un laps de temps assez court, s'approprier les sujets.

Importance de varier lessources.

Souvent, les maitres de stage africains construisent leur leçon en ne se basantque sur un seul manuel. Ils ne mettent pas leur esprit critique à l'épreuve. Sou-vent, l'unique manuel est dépassé et donc de nouvelles notions dont ils n'ontpas connaissance existent pourtant et attendent d'être enseignées. Nous avonsmieux pris conscience de la nécessité de croiser les informations.

Souvenir d'un week-end de rêve passédans le village d'enfance d'un professeurde notre école. La photo est très belle,mais plus encore le lien qui nous unit.Lisa.

Apprentissages Exemples

Importance de donner du sens.

En Afrique, les étudiants étudient par cœur et ne comprennent généralementpas ce qu'ils travaillent. Nos interventions personnelles sont essentielles pourdonner du sens et contextualiser les apprentissages. Il faut donner aux élèvesdes exemples concrets, leur permettre de mettre en pratique...

Importance de varier les mé-thodologies et l'organisation

du travail.

En Afrique, nous avions tous un canevas de leçon bien précis à suivre. Lesélèves savent que pour chaque activité, ils devront mener une phase indivi-duelle, de groupe puis enfin mettre en commun avec le reste de la classe. Celadonne un cadre, sans doute utile au départ, mais trop contraignant à la longue.Nous avons vraiment pris conscience de la nécessité de varier les méthodologiespour éviter la routine et pour motiver les élèves.

Durant cette expérience, nous avons tous développé nos capacités d'adaptation, quece soit pour les matières, la taille de la classe, les horaires, le manque de matériel,etc.

Nous nous sommes aussi rendu compte qu'en Afrique, même si les enseignantsont plus ou moins les mêmes missions que les nôtres, ils semblent se centrer uni-quement sur l'enseignement du savoir.

Cela nous a permis de prendre conscience de l’importance, dans nos missions d’en-seignant(s), de prendre en compte l’élève de façon plus globale : la relation, le dé-veloppement de la personne de chacun des élèves et leur confiance en soi devraientêtre plus mises en avant.

D’une certaine manière, c'est par des contre-exemples que nous avons appris.

Jeanne et Marine.

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Groupe 4 – Un deuxième groupe de régents réfléchit à ses apprentissagesPersonnes en relation Acteur social

Apprendre à gérer un grand groupe classe (effectif d’environ 60 élèves, disposés en ilots, avec parfois trois élèves par banc) et capter l’attention de tout le monde (ex : vérifier que tous lescahiers sont complétés, gestion des bavardages...).

Gestion de la discipline (essayer d’habituer les élèves à des rappels à l’ordre autres que l’usage de la chicotte ou de la cravache).

Intégration dans un système scolaire différent (retards des professeurs acceptés, une hiérarchie différente) et dans des programmes que l’on ne connaît pas (capacité d’adaptation).

Participation aux institutions internes à l’école (animation pédagogique, conseil des professeurs...).

Le stagiaire est considéré comme un collègue, ce qui lui permet d’être plus à l’aise et de prendre confiance en lui de manière à acquérir une plus grande autonomie.

Perception des contradictions entre la culture scolaire africaine et la culture africaine.

Adaptation à une relation professeur-élève différente de chez nous, en particulier au Bénin (distance à l’école ; proximité plus grande en dehors). Malgré cela, la relation avec les élèves enclasse reste très importante, mais le respect de la hiérarchie amène parfois un certain malaise.

Gestion du stress dans des moments imprévus et insolites (ex : un lézard rentre dans la classe).

Chercheur Maître instruit

Aborder la matière sous un autre aspect géographique et socio-culturel (mélange des points de vue, nouveaux contenus, trouver des exemples appropriés...) (ex : travailler sur des supermarchésnon présents en Afrique, les maladies, la végétation, les subordonnées participiale).

Capacité d’adaptation et de réactivité (sujets de leçons donnés au jour le jour).

Etre sur le terrain (ex : avantage pour ceux qui font leur TFE sur le Bénin = gain de temps et facilité d’accès aux infos). Toutes les sections devraient en avoir la possibilité !

Parfois, les objectifs et les contenus sont trop difficiles pour les élèves. Il faut donc faire preuve d’ingéniosité pour arriver à notre objectif.

Difficulté de faire des recherches pour la préparation des cours (cela favorise la collaboration entre les professeurs).

Didacticien Pédagogue

Importance de l’utilisation du tableau (seul outil de partage avec les élèves).

L’importance de donner du sens à nos cours et de rendre l’élève acteur de sa formation (car trop de restitution par cœur sans comprendre le but de l’activité).

Recherche de processus à mettre en place pour favoriser l’induction.

Amandine et Anne-Sophie. 15

Tous les mercredis, de 10h à 12h, je me rendais avec Marine à l’assembléepédagogique. Cette assemblée regroupe, en fait, tous les professeurs d’unemême discipline. Ils sont sensés débattre des différents problèmes rencontrésdans leurs classes, tenter de se remettre en question, de trouver des solutionset peut-être de mettre en place un ou des dispositifs pédagogiques communs.A priori, j’étais assez motivé à l’idée de pouvoir assister à ces réunions car jepensais que c’était une super initiative de la part de l’école et qu’en Belgique,il manquait ce genre de concertation entre professeurs, de la même disciplineou non.

Hélas, ce ne fut pas du tout comme je l’imaginais. En effet, les assembléespédagogiques n’avaient pas du tout l’effet escompté.

Tout d’abord, ces réunions ne commençaient généralement que vers 10h40alors qu’elles sont sensées se dérouler de 10h à 12h. Les professeurs n’étaientclairement pas pressés d’y aller et si l’assemblée commençait enfin, c’est parceque le censeur allait bientôt venir prendre les présences (les professeurs sontpayés pour leur présence, donc ils ne gagnent rien s’ils sont absents).

Lorsque la réunion a enfin débuté, j’ai assez vite déchanté. En effet, celle-cine sert strictement à rien car selon moi, les professeurs se comportent commedes enfants ; ils sont là parce qu’il le faut. Certains n’écoutent même pas etcorrigent leurs copies dans le fond de la classe. D’autres, participent à la réu-nion mais ne se remettent absolument pas en question. Pour eux, si les élèvessont en échec, ce n’est pas de leur faute. Selon eux, ils détiennent le savoir etdonnent leur cours donc si les élèves sont en échec c’est parce qu’ils sont fai-néants. Ils nous ont dit que chez nous, en Belgique, les élèves sont tous trèsstudieux. Que le métier d’enseignant est beaucoup plus facile en Europe carles apprenants aiment l’école.

En réalité, l'assemblée de deux heures n'est qu’une entrevue entre professeursqui se rassurent les uns et les autres et qui sont convaincus que le problèmene vient pas de l’adulte mais bien de l’enfant, qui est «lâche devant la diffi-culté».

J’ai été choqué par cette manière de voir les choses car selon moi, le métierd’enseignant est une constante remise en question de soi-même et au Bénin,ils n’ont pas du tout cette conception. Il y a une certaine fatalité qui règne etselon eux, rien ni personne ne pourra changer la donne.

Alexandre.

L’assemblée pédagogique

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Team Koussou aux chutes de Tanougou.Manon G.

Les assemblées pédagogiques dans les collèges : une idée alléchante mise au rang de réunion superflue.

Une réunion entre professeurs de la même branche, dans le but de parler des souciséventuels qu’ils rencontrent et ce, afin de trouver des pistes de solution ? L’idéeest plutôt alléchante.

Oui mais… Au Bénin, cette idée reste une idée et relève de l’utopie. Certes, lesprofesseurs se déplacent à ces réunions, mais souvent dans le seul but d’être payés(la paye est faible et versée aléatoirement) et non dans le but d’un réel échangeconstructif les aidant à avancer dans leur pratique. Non seulement ils semblentvenir sans motivation, mais en plus, ils sont dissipés, presque comme des enfantsqu’il faudrait recadrer toutes les deux minutes. Et lorsque certains décident de par-ticiper un peu à la réunion, c’est juste pour conclure que ce n’est pas de leur fauteet que c’est à cause des élèves, fainéant d’après eux, qu’il y a des problèmes.

Nous avons cherché à savoir pourquoi ces assemblées se déroulaient de la sorte.Après moult discussions, nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il existaitpeut-être une explication à trois dimensions : une sorte de triangle infernal dont ilest difficile de sortir. En effet, nous avons pu constater qu’au Bénin, il y a unecontradiction entre ce qui est écrit (les lois, les programmes scolaires), les moyensfinanciers déployés par l’État et les valeurs, mœurs et coutumes des béninois.

Prenons l’exemple du socio-constructivisme. Cette approche pédagogique se re-trouve dans les programmes scolaires (d'importation ?) en vigueur. Cependant, lesdeux autres pans du triangle viennent contredire les textes légaux.

D’une part, l’État n’accorde pas de budget aux écoles. Il n’y a pas de matériel dequalité en suffisance dans les classes et celles-ci sont surpeuplées. Pratiquer lesocioconstructivisme dans ces conditions est difficile. D’autre part les valeurs ba-sées sur la hiérarchie élève dominé – professeur dominant font en sorte que la po-sition de l’élève décrite dans la théorie du socio-constructiviste est quasimentimpossible à mettre en place, tout comme une approche inductive qui donnerait

une place aux représentations ini-tiales des élèves.

Bref, autant de contradictions quifont de cette belle idée un espoirinachevé.

Jeanne et Laurie.

L’école de Calavi au complet.Manon G.

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Nous sommes le premier samedi à Kaolack. Cela fait 5 jours que nous sommesinstallées. Aujourd’hui, un des instituteurs de l’école où nous sommes en stagenous a invitées à venir prendre le thé chez lui à 10h30. Au départ nous étionsfort étonnées toutes les quatre d’avoir été si tôt invitées chez quelqu’un carnous ne lui avions pas beaucoup parlé.

Nous sommes arrivées chez lui à 11h (ben oui, au Sénégal, il ne faut pas arrivertrop à l’heure !). Il nous attendait sur le pas de la porte, grand sourire. Tout desuite, il nous a fait visiter sa maison, dont il semblait vraiment fier ! Il vivaitavec sa femme, son petit garçon, sa sœur et son neveu. Une fois la visite de lamaison terminée, il nous a apporté des chaises pour qu’on puisse s’asseoir…devant la porte de sa maison face à la rue « comme ça on pourra regarder cequi se passe dans la rue quoi ! ». Il part chercher tout son matériel pour fairele thé et là un autre instituteur de l’école vient nous rejoindre.

Monsieur Gueye (notre hôte) prépare le thé et nous le buvons. Il faut bien com-prendre que ce que je viens de résumer en une phrase a duré deux heures aubas mot. Il est donc plus ou moins 13h30 et nous commençons à avoir faim.On s’est donc levées pour leur dire au revoir et là il nous dit : « Quoi, vous nerestez pas pour manger ? Ma femme a fait du riz au poisson pour tout le mon-deB! »Nous voilà donc assises dans son salon à attendre notre premier repas sénéga-lais en regardant la télévision à moitié floue qui diffuse un documentaire surla seconde guerre mondiale.

Vers 14h30 l’immense plat arrive. Là, les deux instituteurs déplacent la tablebasse du salon, installent une nappe sur le sol et la femme dépose le plat des-sus… Prise de conscience : on va manger par terre ! Second constat, il n’y apas d’assiettes, on va tous manger dans le même plat, ouf ! On nous donneune cuillère !

Une fois le repas fini, on prétexte d’être fatiguées pour pouvoir rentrer. Quellene fut pas notre surprise lorsque monsieur Gueye nous annonce : Mais non, iln’y a pas de soucis, dormez ici, on va vous mettre des matelas ! »

Sur ce, il part puis revient 5 minutes plus tard avec sa femme portant deuxmatelas. Ils dégagent le salon, installent les matelas par terre et mettent undrap dessus. Du coup on se couche sur le matelas, mal à l’aise comme jamais.Le plus horrible je pense, c’est que nos deux profs étaient assis sur les fauteuilsjuste au dessus de nous et nous regardaient. Après 15 minutes, nous noussommes levées, nous les avons remerciés et nous sommes parties en ne com-prenant absolument pas ce qui venait de se passer !

Quand j’y repense maintenant, ça me fait sourire car je me souviens très biendu mal aise que j’ai ressenti à ce moment-là alors qu’à la fin de mon séjour,j’ai dormi deux heures dans le salon d’un autre professeur, le jour de mon an-niversaire et une fois que nous étions restées à l’école, un jeudi après-midi, enattendant les cours de fin de journée, je me suis endormie dans la salle desprofs sur un tapis de prières, presque à même le sol sans être gênée !

Violaine.

L’heure de prendre le thé...

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Il est difficile d’analyser une situation de ce genre car les voyages sontdifférents et chacun vit une expérience unique. Tous les étudiants n’ont,en effet, pas le même ressenti que celui relaté dans le récit de Violaine.

Ainsi, un questionnement autour de la générosité des africains a été soulevé.

Question de départ :

« Qu’est-ce qui se cache derrière la générosité des africains ? »

- Selon Violaine (étudiante Sénégalaise), la générosité des africains est sans limite.

- D’autres (étudiants béninois) pensent qu’en nous rendant service, ils attendentquelque chose de nous en retour.

- Certains africains sont fiers de nous montrer l’endroit dans lequel ils vivent : fiertéd’avoir réussi dans la vie ?

- Lorsque certains africains rendent services, ils at-tendent un geste financier en échange du service.

- Les hommes veulent se marier avec les blanches«ne suis-je pas invitée parce que je suis une fille ?»

- La « vraie » générosité se ressent lorsque lecontact est plus intime.

Toutefois, il est important de ne pas généraliser.Chaque personne est différente.

En outre, notre questionnement n’est-il pas issu denotre vision européenne et de nos idées préconçues?Aurions-nous eu la même réaction face à des«YOVOS » (blancs en langue fon) ?

Florine et Alexandre.

Photo de groupe avec nos tenues béninoises lors de la soirée de fin de stage. Nous y avionsinvité tous nos maitres de stage et nous avons dansé, mangé, bavardé tous ensemble lors denotre dernière nuit à Natitingou!Amandine.

Qui suis-je pour juger ?Laetitia.

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Hadarou, un ami béninoisqui nous a aidé tout le séjourAlexandre.

Sacrés professeurs !Dès notre arrivée au collège, l’ensemble des professeurs nous ont accueilli àbras ouverts. Pour eux, c’étaient un bonheur et un honneur d’avoir des sta-giaires belges et non une pénitence. Ils nous ont immédiatement intégrés dansla salle des professeurs en nous disant : « Nous sommes ensemble ! ». Leurchaleur humaine, leur humanité, leur disponibilité, leur gentillesse et leur gé-nérosité resteront à jamais dans ma mémoire.

Ils nous ont offert à manger, invités chez eux, renseignés sur le système édu-catif, aidés à travailler, appris à danser et chanter. Ils nous ont également at-tribués un nom sénégalais. Pour ma part, je n’étais plus Arnaud mais AbdoulayeNgai. Toutes les personnes que j’ai rencontrées par la suite m’appelaient alorspar ce prénom et je pense que cela m'a permis de ne pas être considéré commeun simple toubab*.

Après avoir scellé un véritable partenariat et une véritable amitié avec les pro-fesseurs, la séparation allait être difficile. Après temps de bons moments par-tagés, il fallait les remercier. Nous avons donc écrit une chanson sur l’air desChamps Élysées pour leur dire merci pour tout ce qu’ils nous ont apporté.

Le dernier jour, en tenue traditionnelle, accompagné du professeur de musiqueà la guitare, nous avons chanté :

On voyageait au SénégalOn a décidé de faire une escale

Dans une ville qui nous faudrait apprivoiserLa boule au ventre mais motivés

On voulait tout déchirerAh quel bonheur de vous avoir rencontré !

(Refrain) Ooooh à KaolackOoooh à Kaolack

Il fait beau, il fait chaudMais les élèves ont le top niveau.

Et tous les professeurs ouvrent leur cœur !

Il y a madame Dieng, la comiqueMadame Diaffe, la plus belle

Et heureusement madame Dao qui remonte le niveauSans oublier monsieur Wone Ba qui surveille tout cela

Ah quel groupe de choc vous nous faites là !

(Refrain)

On remercie Ngan AlassaneDésolé, on prononce mal

Mais c’est avec tout notre cœur qu’on vous dit merciMerci à vous, merci pour tout

Penser au retour ça nous rend fouEt c’est avec une grande tristesse qu’on vous laisse !

(Refrain)

Tous les professeurs ont alors commencé à danser, frapper dans les mains,filmer, rigoler et chanter le refrain avec nous. :

Ooooh à KaolackOoooh à Kaolack

Il fait beau, il fait chaudMais les élèves ont le top niveau.

Et tous les professeurs ouvrent leur cœur !

Ravis, heureux et le sourire aux lèvres, il était malheureusement l’heure de par-tir. Quatre semaines, ça file très vite surtout en compagnie de personnes ex-ceptionnelles.

A bientôt chers professeurs Inshallah …

Arnaud.

20 *Toubab : blanc en langue Wolof au Sénégal . Idem pour Yovos au Bénin.Ces appellations sont le plus souvent utilisées amicalement.

Nous avons constaté que la relation avec les maîtres de stage et les enseignants qui nous ont encadrés durant plusieurs semaines était totalement différente de celle que nous pouvons entretenir en Belgique. Au Sénégal et au Bénin, les enseignants considéraient notre venue comme une chance, un privilège et non comme une corvée.

Ils nous ont réservé un accueil chaleureux et nous ont directement intégré dansl’équipe éducative : nous étions devenus collègues ! Avec eux, nous avons dansé,chanté mais surtout appris. Car n’oublions pas que, le stage en Afrique, est fait decontraintes et d’exigences auxquelles il faut s’adapter rapidement. Cette adaptationest une des nombreuses compétences que nous avons développée.

Parmi lesquelles ; une maîtrise de la matière, un respect rigoureux des programmes,un contrôle de soi face à ses nombreuses têtes, une organisation claire et structurédu tableau, etc. !

Une question reste en suspens : cette relation privilégiée est-elle due à notre cou-leur de peau, au fait que soyons des toubabs et des yovos ? Quoiqu’il en soit, cetteexpérience a renforcé certaines de nos aptitudes professionnelles et surtout notreenvie d’être professeur/instituteur.

Delphine, Marie et Arnaud.

La salle des profs le dernier jour et Adèle, Delphine et Arnaud en tenue traditionnelle.Arnaud.

Tout le bonheur en un selfie. Delphine.

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La relation avec le maître de stage

Accueils chaleureux !

Tout d’abord, l’accueil et la générosité des gens vivant là-bas. Ce sont des «caractéristiques » qui deviennent très rares dans un pays occidental comme lenôtre. Dès le premier jour, l’équipe de stagiaires a eu la chance de rencontrerles membres de l’éducation. Ces personnes étaient très enchanteés de nous re-cevoir et nous ont souhaité la bienvenue plus d’une fois. C’était même un peugênant parce que c’était plutôt à nous de les remercier de nous accueillir etpas à eux de nous remercier.

Par la suite, nous avons découvert notre école de stage et là encore, le directeuret les enseignants étaient enchantés de nous recevoir. Pendant tout notre stage,le directeur faisait en sorte que tout se passe bien, il était à l’écoute, compré-hensif etc.

Ma maîtresse de stage a été également très accueillante. A la première ren-contre, j’ai eu un peu peur parce qu’elle me semblait assez distante. Souvent,pendant, les pauses, elle se rendait chez elle pour allaiter son bébé de deuxmois. La maison était juste à côté de l’école. Mais après quelques jours, nousavons beaucoup échangé sur les différences existant entre le Sénégal et la Bel-gique au niveau de l’enseignement, des coutumes, des traditions et de la viefamiliale.

J’ai eu la chance d’être invitée plusieurs fois chez elle pour déjeuner, elle sepréoccupait toujours de savoir si j’avais assez à manger. Elle était très généreuseet se privait pour m’offrir un repas pantagruélique, composé de riz, de poulet,de légumes, de fruits, de biscuits, etc. Une autre fois, nous avions parlé d’uneboisson faite à base de fleurs de bissap, le lendemain elle m’a amené un sachetde ces fleurs ainsi que la recette et les ingrédients nécessaires à la préparationde la boisson.

Pour finir, nous avons également sympathisé avec le voisin de notre logement.Ce monsieur ainsi que sa famille étaient vraiment très sympathiques. Sans nousconnaître plus que cela, il nous a invitées un soir chez lui pour déguster lecouscous sénégalais. Nous avons beaucoup discuté avec sa famille. Le soirmême, ce monsieur nous a invités à prendre le petit déjeuner chez lui. Le len-demain matin, nous avons été accueillis comme des rois, sa femme nous avaitpréparé des omelettes ainsi que plein d’autres choses ce qui nous a fait trèsplaisir ! Pendant nos discussions, nous avions expliqué que nous allions partirvisiter Saint-Louis en sachant cela, il a téléphoné à un de ses amis habitant là-bas pour le prévenir que nous allions venir. Il nous avait également donné lenuméro de cette personne.

A notre arrivée à Saint-Louis, nous l’avons contacté, ce monsieur nous a invitédans son hôtel pour profiter de la piscine et pour le déjeuner. A notre arrivée àl’hôtel, nous avons été reçus comme des rois et ils nous ont servi une entrée,un plat et un dessert comme dans un restaurant ! Le plus incroyable, c’est quenous n’avons rien payé ce qui nous a vraiment mis mal à l’aise. Nous l’avonsvivement remercié pour cette accueil et ce succulent repas.

Pauline.La veille de notre départ, nous avons organisé une fête au village. C’était génial ! On a mangéet dansé tous ensemble. Mes élèves ont dansé avec moi, elles me manquent déjà…Justine.

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Pendant le voyage, on a remarqué une générosité étonnante de la part des gens.

Nous nous demandons si c’est comme ça uniquement avec les européens ou s’ilssont aussi généreux entre eux.

Suite à plusieurs discussions, nous pouvons en retirer que lorsque quelqu’un inviteune personne, il l’invite de A à Z et paie tout.

En effet, la relation à l’argent est tout à fait différente de chez nous. Même si onest pauvre, on peut être généreux avec quelqu’un. Les gens ne réfléchissent pasforcément à la gestion de l’argent et n’épargnent pas systématiquement. Quand ilsont de l’argent, ils l’utilisent pour vivre directement, ils vivent au jour le jour.

D’un côté, les gens se plient en 4 pour répondre à nos demandes, nos souhaits…Mais d’un autre côté, il y a souvent des demandes de cadeaux de la part de cer-taines personnes .

Ces réactions sont-elles sans calcul ? Cela dépend des personnes… Certains sontgénéreux par gentillesse uniquement et d’autres le sont dans une démarche tota-lement commerciale. Ces personnes attendent quelque chose en retour.

Autres exemples vécu en lien avec la générosité :

- à l’église, on demande à des personnes âgées de se lever pour que l’on puisse s’asseoir, nous les blancs ;

- à l’hôpital, on nous faisait passer devant tout le monde… C’était un peu gênant malgré que ça parte d’un bon sentiment ;

- à l’occasion de l’anniversaire de Violaine, les enseignants de son école luiavaient préparé une surprise : un gâteau, des cakes, des boissons à par-tager tous ensemble.

Justine et Pauline.

23

La deuxième photo montre la bonne relation que j’avais avec ma maîtresse de stage, cettephoto a été prise lors d’un repas. Et la première photo montre la bonne relation que nousavions avec le directeur. Pauline.

"J'espère que tu auras la vie donttu as toujours rêvé et que tu de-viendras la femme la plus forte

que je n'ai jamais vu."Marjorie.

Souvenir inoubliable de rencontres exception-nelles, aussi bien du côté béninois que du côté

belge. Grâce à toutes ces personnes, j’ai puvivre l’ordinaire à l’extraordinaire. Juste, merci.

Laurie.

Bernadette et sa fille, Victoria. Toujours là pour nousaider, Bernadette est une de nos plus belles rencon-tres à Natititingou.Anne-Sophie.

L’équipe Bénin 2016 (où il manque4 personnes).Manon G.

Le rendez-vous du soir des enfants : le match de foot aulodge. Les garçons jouent et les autres encouragent.Manon G..

Quentin.