Petit guide pr lutter contre les préjugés sur migrants Cimade 2011

8/3/2019 Petit guide pr lutter contre les prjugs sur migrants Cimade 2011

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PETIT GUIDE POUR

LUTTER CONTRE LES

PRJUGSSUR LES MIGRANTS

RDITION


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PRJUGS Je sais, a serait bien daccueillir tout le monde,mais que peut-on faire ? Cest comme a, cest la

crise, il faut tre raliste. Il ny a plus de travail, il

ny a plus dargent, il ny a plus de logement, mais

les immigrs continuent de venir, de plus en plusnombreux. Bien sr, chez eux, cest la misre. Mais

si a continue comme a, tous les Africains viendront

vivre chez nous. Je ne suis pas raciste, a non. Mais

il faut savoir regarder la ralit en face, moi je galre,

je travaille depuis toujours et je ne demande rien

personne, eux, faut les voir, ils font des enfants et

touchent les allocs ! Cest pas vivable. On le voit tousles jours la tl, plus ils sont nombreux, plus il y a

dinscurit. Et puis, la France, cest la France. Si on

continue de les accueillir, on finira par ne plus tre

chez soi.

Et si on ne se posait pas les bonnes questions ?Ne vous retrouvez plus jamais sans rplique

face ces arguments


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Partir, un droit universelQuitter son pays est un droit dict par la Dclaration Universelle des droits de lHomme.Mais cest aussi trop souvent une ncessit du fait des dsordres du monde : guerres,

violation des droits fondamentaux, pauvret extrme Les hommes et les femmes quimigrent affrontent avec courage les risques dun voyage dangereux et les douleurs delexil. Migrer demande des ressources et un minimum dinstruction : depuis les annes1990, la part de migrants qualifis dans les flux internationaux a augment de 50%.

Un monde de sdentaires

Aujourdhui, seulement 3,3% de la population mondiale ne rside pas dans son pays denaissance. Ce taux est stable depuis 40 ans alors quau dbut du 20e sicle, un diximede la population vivait hors de son pays dorigine. Sil est vrai que les migrations vers lespays occidentaux ont augment, elles restent minoritaires. Les migrations du Sud vers leNord reprsentent ainsi moins de 40% des migrations internationales.

Contrairement une ide rpandue les Africains reprsentent une part minime de cesmigrations. Seulement 3% dentre eux vivent en dehors de leurs pays de naissance etseulement 1% des Africains vivent en Europe !

On ne peut pas se laisser envahirpar la misre du monde


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Pas si simple dobtenir un visaPour entrer sur le territoire franais, la premire tape est le plus souvent dobtenirun visa. Mais le soupon de vouloir rester en France pse sur toute personne (touriste,tudiant, homme daffaires, artiste, parent dun tranger vivant en France) faisantcette demande.

Le visa est demand aux consulats franais dans les pays de dpart. Cette demandeest contrle de manire stricte et fait lobjet de procdures longues, complexes etdissuasives. Celles-ci sont aussi trs chres et non remboursables : la demande de visaau Mali par exemple cote en moyenne 144 000 CFA, soit 220 euros environ, alors

que le salaire moyen mensuel est de 40 000 CFA soit 61 euros.

Le cot lev du visa, lattente parfois interminable et lopacit de ladministration fran-aise empchent ou dcouragent de nombreux trangers den faire la demande. Certainschoisissent dacheter un visa illgalement, ou bien de payer une forte somme un passeurpour entrer en France par des voies dtournes, plus longues et plus dangereuses. De

nombreuses personnes qui nont pas pu obtenir un visa se sont vues forces de traverserla mer ou le dsert et y ont perdu la vie. Mais si vous deviez rejoindre votre conjoint, et quelon vous refusait un visa, ne feriez vous pas vous aussi limpossible ?

Cest tellement facilede venir en France


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Vivre cach, la peur au ventrePour rsider durablement en France, il faut demander un titre de sjour. Mais lesconditions exiges pour cela sont de plus en plus nombreuses et excluent de plus en

plus de personnes.

Les motifs familiaux, les tudes et le besoin de protection (droit dasile) sont lesprincipales raisons qui peuvent conduire lobtention de papiers. Mais depuis vingtans, la loi rglementant lobtention de ces titres sest considrablement durcie. Deplus, les administrations reoivent des instructions pour faire une application trs res-

trictive de cette loi. De nombreux obstacles administratifs rduisent la possibilit defaire une demande : files dattente interminables, exigence de documents non prvuspar les textes, dlais extrmement longs sans information sur ltat davancement dudossier, etc.

Obtenir un titre de sjour est aujourdhui tellement rare que de nombreuses personnes

prfrent vivre caches le temps de runir assez de conditions pour tre sres dtrergularises. Si elles se prsentent la prfecture et que celle-ci leur refuse le sjour,elles risquent en effet dtre expulses en laissant leur famille, leurs tudes, ou leurtravail en France.

Et ceux qui obtiennent un jour un titre de sjour ne sont pas pour autant tirs daf-

faire. Chaque anne, il faut en obtenir le renouvellement, le plus souvent incertain : undivorce, une perte demploi et cest la menace dune expulsion. Des milliers dtran-gers qui ont construit toute leur vie en France depuis des annes, qui sont maladeset ncessitent des soins, ou dont les enfants sont scolariss sont contraints de vivresans papiers. On estime 400 000 le nombre dtrangers en situation irrgulire enFrance.

Devenir franais : un vritable dfiIl ne suffit pas de natre en France pour tre franais. Les personnes trangres quivivent rgulirement en France peuvent demander devenir franaises. Elles sontalors soumises la procdure de naturalisation, longue et marque par le pouvoirarbitraire de ladministration ; elles doivent galement passer des examens attestant

de leur connaissance de la culture franaise et de ses valeurs : un vrai parcours ducombattant. Au vu des questions poses, il nest pas dit que les citoyens franais eux-mmes sachent y rpondre !


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La France qui se lve tt, cest eux aussi !Depuis laprs-guerre, les migrants occupent une partie des emplois dont lesFranais ne veulent pas, emplois peu qualifis, pnibles et souvent sous-pays.En 2010, lors dune mobilisation de travailleurs sans-papiers, de nombreusesorganisations patronales ont ainsi demand publiquement ce que soit reconnuet valoris lemploi de travailleurs trangers, sans titre de sjour, dans un certainnombre de secteurs (btiment, restauration, aide la personne, etc).

De nombreuses tudes ont aussi montr que lemploi dtrangers navait pas pourconsquence une baisse du salaire des Franais. Selon les conomistes JavierOrtega et Grgory Verdugo, une augmentation de 10% du nombre dimmigrsa permis aux revenus des nationaux daugmenter de 3% entre 1962 et 1999 .En fait, loccupation des emplois les plus prcaires et difficiles par des immigrs

permet aux Franais de prtendre des postes plus qualifis et mieux rmunrs.

De plus, il ne faut pas oublier que les immigrs sont aussi des consommateurs etdes entrepreneurs. Leur arrive cre donc de nouveaux emplois.

Un impact conomique positif

Une tude, publie en 2009, dmontre que les immigrs rapportent ltatfranais chaque anne prs de 12,4 milliards deuros. Ainsi, beaucoup de tra-vailleurs trangers, nayant pas obtenu de titre de sjour, sont dclars avec desfaux papiers ou les papiers dune autre personne. Ces travailleurs paient desimpts et des cotisations sociales, sans pouvoir toucher les prestations sociales,ce qui reprsente une conomie pour ltat. Si ladministration nest pas regar-

dante sur les papiers pour prlever les impts, elle lest en effet beaucoup pluslorsquil sagit doctroyer une prestation (retraite, allocations chmage, Revenude solidarit active, etc).

Cest la crise, il ny a pas

de place pour tout le monde


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La sant, cest pas automatiqueLes migrants sont communment accuss de vivre aux crochets de ltat franais,abusant notamment de son systme de sant. Or il est trs difficile pour les migrants,et surtout pour ceux en situation irrgulire, davoir accs au systme de protectionsociale. Souvent dailleurs, ils nen ont pas connaissance.

Sous prtexte de rduction budgtaire, il est de plus en plus difficile pour les tran-gers daccder aux soins. Pourtant, un rapport de lInspection gnrale des affairessociales (IGAS) de novembre 2010 souligne que plus laccs aux soins est limit,

plus les personnes tardent se faire soigner. Leur tat de sant saggrave et lessoins cotent dautant plus cher. En terme de sant publique (accs la prvention,gnralisation de maladies, etc) les politiques de limitation de laccs aux soins sonttrs dangereuses.

Retrait, toujours en transit

Depuis la fin des annes 1970, la France a limit le regroupement familial, cest--dire la possibilit pour les travailleurs immigrs, de faire venir conjoint ou enfant. Denombreux migrants ont travaill et vcu toute leur vie loin de leur famille. lheurede la retraite, la sparation continue. En effet, pour les personnes trangres, le ver-sement de pension de retraite sinterrompt sils sabsentent du territoire franais plusde six mois. Ces personnes ges sont donc for-

ces de faire des allers-retours entre leur paysdorigine et la France et de vivre loin de leur fa-mille plusieurs mois par ans. Ces voyages sontaussi coteux quindignes pour ces retraits.Personne ne souhaiterait ce sort ses parents.


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On entend souvent, dans la bouche des hommes politiques, que limmigration entra-nerait presque mcaniquement une hausse de linscurit et de la criminalit. Commesi les trangers taient, en soi, plus dangereux que les Franais. Cette ide reue nersiste pas lanalyse des chiffres.

Pour un mme dlit, les trangers plus incarcrs que les FranaisEn 2010, 17,6% des dtenus taient trangers. Cette surreprsentation statistiquedes trangers dans les prisons franaises masque la ralit : celle dhommes et defemmes condamns une prcarit sociale et juridique, discrimins par la police oula justice. Pour les mmes crimes et dlits, les trangers sont plus souvent incarcrs

que les Franais.

La justice va accorder plus facilement un Franais une peine alternative lemprisonnement (travaux dintrt gnral, sursis, bracelet lectronique, etc),tandis quelle va enfermer presque systmatiquement un tranger, au prtextedun risque de fuite, cest--dire de crainte quil se cache de la police. Par

ailleurs, les trangers restent en prison plus longtemps, car ils ne bnficient quetrs rarement damnagements de peine, comme la libration conditionnelle.

En prison parce quon na pas de papiersEnfin, il ne faut pas oublier quen France, le dlit de sjour irrgulier est passible deprison : des trangers peuvent donc tre emprisonns pour le seul motif de ne pas

avoir de papiers en rgle. Par exemple un tranger qui refuse dtre expuls lors de sonembarquement en avion, va tre condamn une peine de prison ferme de plusieursmois avant dtre expuls de nouveau. Sil refuse encore une fois, il peut retourner enprison, et cela jusqu ce quil cde.

Les trangers condamns la prcarit conomique et sociale

La surreprsentation des trangers en prison sexplique surtout par la prcarit co-nomique et sociale laquelle ils sont condamns, faute davoir des papiers. Ainsi, lagrande majorit des dlits pour lesquels ils sont incarcrs sont des dlits mineurs.

Ils sont tous voyous,on ne se sent plus en scurit


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La dlinquance est fonction de lge, du sexe et de lorigine sociale. gros traits, ce

sont les jeunes hommes pauvres qui sont les plus reprsents parmi les dlinquants.Or justement, la majorit des migrants sont des jeunes hommes pauvres. Dautant pluspauvres et prcaires quils sont trangers et quils nont pas accs lensemble desdroits sociaux dont peuvent bnficier les Franais. Les femmes trangres incarcres,souvent trs jeunes galement, le sont le plus souvent pour prostitution ou trafic dedrogue. Face aux difficults dobtention dun visa, celles ci ont accept de faire passer

de la drogue ou de se prostituer pour venir en Europe. Pour tous ces dlits, les trangersvont tre immanquablement condamns aux sanctions les plus lourdes, souvent dailleurslors de comparutions immdiates expditives.

Immigrs, premire, deuxime, troisime gnration. Tous dlinquants ?Dans le discours de Grenoble, prononc en juillet 2010, Nicolas Sarkozy a propos

de retirer la nationalit certains dlinquants naturaliss depuis moins de dix ans.Cette proposition, heureusement rejete par le parlement, tmoigne de lamalgameassociant trangers et Franais dorigine trangre. La suspicion envers les migrantsstend toutes les personnes dorigine trangre, en particulier celles qui viennentde banlieues pauvres. Dans ces quartiers, vivent majoritairement des populations fran-aises. Certaines personnes sont dorigine trangre tout en tant franaises. La

prcarit des jeunes rsidant dans ces quartiers a voir avec la difficult daccs auxservices publics (transport, ducation, culture) et avec des difficults conomiques etsociales franaises. Elle na rien voir avec le fait dtre fils ou fille dimmigr.


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Lidentit nationale, a nexiste pasLe mot nation a dabord dsign unpeuple ayant la mme culture, la mmelangue, les mmes traditions. Les pen-seurs franais de la rvolution, autourdErnest Renan, ont fait voluer le sens du

mot : ce qui cre la nation cest la volontde vivre ensemble et le fait dtre gou-vern par le mme tat. La nation, groupedhommes et de femmes, est une entit enconstante volution, qui vit selon des loiset des valeurs qui se rinventent au cours

du temps.Pourtant, en France, un ministre de limmigration, de lintgration et de lidentitnationale a t cr entre 2007 et 2010. Des dbats sur cette question ont tlancs la fin de cette priode. Lexistence de ce ministre a laiss entendre queles personnes trangres reprsentent un risque pour une identit prexistante.Mais lidentit nationale est un concept vide, dont les termes sont antithtiques : la

nation dsigne un groupe ; lidentit concerne les individus.

Dans lhistoire, on observe que la notion didentit nationale apparat dans lesmoments de crise, comme outil de dfense ou comme ferment de rassemblement.La globalisation des changes questionne les tats dans leur fonctionnement co-nomique et social, leur mode de protection des individus, leur capacit de contrle

des acteurs conomique et financiers. Au-del des boucs missaires, il nous fautidentifier les vritables raisons de la crise que nous traversons aujourdhui.

Communautarisme ?Face cette notion didentit nationale, on accole souvent une peur : le commu-

nautarisme. Ce mot, invent dans les annes 1980, dsigne le repli de populationssur leurs valeurs, leurs communauts, leur langue, leur religion. Nous sommestous des communautaristes en puissance : lorsquun Franais se trouve ltranger,

On ne se sent plus chez nous


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il cherche souvent retrouver des compatriotes pour manger du fromage ou parlerfranais. Pourtant, dans les mdias et dans les esprits, ce terme est automatique-

ment associ aux groupes de religion musulmane. Le mot communautarisme esttratre : on croit quil dsigne un fait (le repli sur ses valeurs) mais il dsigne pluttun groupe de population dont on a peur.

Lislam, deuxime religion en FranceQuoi de plus normal que davoir peur de ce qui est diffrent ? Bien avant les dbats

suscits par lislam, le catholicisme des immigrs italiens et polonais venus danslentre deux guerre a engendr des ractions dhostilit du monde lac et des catho-liques franais perturbs par des formes diffrentes dorganisation et de pratiquereligieuse. Aujourdhui en France, on observe un mouvement de scularisation,cest--dire une diminution des pratiques religieuses : plus de 45% des personnesde 18 50 ans se dclarent athes. Pourtant, si le catholicisme reste la principalereligion de France (11,5 millions de personnes et 43% des personnes de 18 50ans), la religion musulmane est la premire religion minoritaire en France (2,1millions de personnes), avant le protestantisme. Lislam, religion venue dailleurs,est devenue franaise.

Malgr cela, nous avons parfois tendance associer la religion musulmane au ter-rorisme et au fondamentalisme. Mais ce nest pas parce quil existe des sectes

chrtiennes que tous les chrtiens sont obscurantistes ! La majorit silencieuse desmusulmans de France vit sa religion sans chercher convertir son voisin. La loi surla lacit, vote en 1905, en sparant le pouvoir politique de la religion, a garanti chacun la libert de culte.

Il ne tient qu nous

Aamin Maalouf dfinit lhomme moderne comme un tre tiss de fils de toutes lescouleurs . lcole, au travail, dans le fonctionnement mme de notre dmocratie,les migrants, par leur prsence, leurs pratiques et leurs luttes sont un facteur dvo-lution important. Sur le plan culturel, les enrichissements mutuels sont source devitalit et de crativit. Certaines expressions artistiques comme le jazz, le hip hopou la samba, intrinsquement lies des phnomnes migratoires, sont largement

rpandues. Le respect, cest accepter lautre tel quil est, et non tel que lon vou-drait quil soit. Il ne tient qu nous de rouvrir le mythe national, pour enfin repenserune politique de redistribution des symboles et des places.


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Nous assistons depuis plusieurs annes la lente banalisation du rejet desmigrants. Des dbats sur lidentit nationale ceux sur la lacit, en pas-

sant par la succession ininterrompue de lois anti immigrs et laffichage spec-taculaire des expulsions de sans papiers, nous navons pas connu de jour sansque lquation immigrs = problmes ne soit livre limmense brouhahamdiatique.Faut il alors stonner que la peur de ltranger se soit installe dans les es-prits ? Faut il stonner que le rejet des trangers saffiche aujourdhui de plus

en plus tranquillement comme une opinion comme une autre ?Il y a prs dun sicle et demi, Dostoevski crivait quil ny a pas de prjugsanodins. Ce rappel la vigilance prend tout son sens au regard du monde quinous entoure aujourdhui. Chaque jour nous le montre, dans les mdias, maisaussi parfois chez nos proches ou notre famille, les mots sont importants et lancessit est toujours plus grande dcrire les lgendes des images brutes qui

hypnotisent et aveuglent.

Qui dentre nous ne sest pas senti un jour dsarm par un mot ou dune at-titude, exprimant lignorance et la haine des trangers ? Qui dentre nous nesest pas un jour indign de la rptition de ces phrases toutes faites, de cesides reues leves comme des murs face au rel ? Les ides reues et les

reprsentations nous faonnent. Rponse facile et rassurante la complexitdu monde et nos propres inquitudes, elles peuvent tre aussi, si nous nyprenons pas garde, les vecteurs du rejet et de la haine.

Il nexiste pas dimmigration massive,

Il est difficile de venir en France

La crise conomique et sociale a dautres

causes que les migrationsIl ny a pas didentit nationale

Pour une rsistancequotidienne


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Cette seconde dition du petit guide pour lutter contre les prjugs sur les mi-

grants est un outil de rsistance quotidienne cette descente vers linacceptable.Il rpond, ou dans tous les cas, donne quelques armes celles et ceux qui pen-sent que cest dans la parole et lchange que se forgent les opinions et se chan-gent les regards. lignorance, il rpond par la raison et les faits. la rsignation,il oppose la ncessit vitale de raffirmer que les valeurs dhospitalit, de solida-rit et louverture au monde sont une part essentielle de ce que nous sommes.

Ce petit guide est un migrant.Que ses ides circulent et quil aille de poches en tables de chevet, de repas defamille en table de caf. Quil soit porteur dune ambition, celle de changer leregard sur les migrants, et port par une conviction, celle que lhumanit passepar lautre.

Jrme MartinezSecrtaire Gnral de La Cimade


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trangerse dit dune personne qui ne possde

pas la nationalit franaise. Cet tatpeut changer au cours de la vie dunindividu puisquil peut obtenir la natio-nalit franaise. La notion dtranger nerecouvre pas celle dimmigr puisquelon peut tre tranger sans jamais avoir

migr (cest le cas des personnes quisont nes en France et qui y vivent maisqui nont pas la nationalit franaise)ou linverse tre immigr mais pastranger (cest le cas des personnes quisont nes trangres, qui se sont instal-

les en France et ont obtenu la nationa-lit franaise).

migrantse dit dune personne quiquitte son pays dorigine pourvenir sinstaller durablementdans un pays dont elle na

pas la nationalit. Si le termeimmigr favorise le pointde vue du pays daccueil et leterme migr celui du paysdorigine, le vocable migrantprend en compte lensemble

du processus migratoire.

sans-papierse dit dune personne trangre qui vit dans un pays sans en avoir obtenu ledroit. Cette appellation indique quelle na pas de papiers lautorisant vivreen France (titre de sjour), mais cela ne signifie pas quelle soit dpourvue depapiers didentit (carte didentit ou passeport par exemple). Un sans-papiernest pas forcment entr clandestinement en France : il peut avoir t autoris

entrer sur le territoire, mais ne pas avoir obtenu lautorisation dy rester.

clandestinse dit dune personne qui enfreint les rgles relatives au droit de sjourner en

France et se soustrait la surveillance. Trs souvent les sans-papiers ne sont pasclandestins car leur situation est connue de ladministration.

lexique


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demandeur dasilese dit dune personne qui a fui son pays parce quelle y a subides perscutions ou craint den subir et qui demande une pro-tection la France. Sa demande dasile est examine par lOfficefranais de protection des rfugis et des apatrides (OFPRA) etla Commission des recours des rfugis. A lissue de linstructionde son dossier, le demandeur dasile est soit reconnu rfugi, soit

dbout de sa demande.

rfugise dit dune personne qui la

France accorde une protection,en raison des risques de per-scution quelle encourt dansson pays dorigine cause deson appartenance un groupeethnique ou social, de sa reli-

gion, de sa nationalit ou deses opinions politiques.

dboutse dit dune personne dont la demande de reconnaissance du statutde rfugi a t rejete. Elle devient alors un sans-papiers.


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sourcesCette France-l, Rapport daudit de la politique dimmigration de Nicolas Sarkozy,2010 www.cettefrancela.net

La Cimade, Visa refus, enqute sur les pratiques des consulats de France en matirede dlivrance des visas, juillet 2010

La Cimade, trangers en prison, lombre du droit, Causes communes n67, janvier2011

La Cimade, La rgularisation par le travail, le flou juridique, Causes communes n68,avril 2011

INED et INSEE, tude Trajectoires et origines, 2011

Edith De Cornulier, Et toi, tu es franais ou tranger ? La nationalit, la nationet lidentit, Autrement junior, janvier 2008

Secrtariat gnral du comit interministriel de contrle de limmigration,

Septime rapport au parlement, mars 2011Xavier Chojnicki, Cecily Defoort, Frdric Docquier, Carine Drapier, Lionel Ragot et Hillel

Rapoport, Migrations et protection sociale, tude sur les liens et les impacts de courtet long terme, 2010

pour en savoir plusOlivier Clochard, Atlas des migrants en Europe, gographie critique des politiquemigratoires, Armand Colin, 2009

Pierre Barron, Anne Bory, Sbastien Chauvin, Nicolas Jounin et Lucie Tourette,

On bosse ici, on vit ici, on reste ici, La dcouverte, 2011

Gildas Simon, La plante migratoire dans la mondialisation, Armand Colin, 2008

Cris Beauchemin, Les migrations dAfrique subsaharienne en Europe : un essorencore limit, Population et socits, INED, n452, janvier 2009

Lionel Ragot, Hubert Jayet, Dominique Rajaonarison, Limmigration: quels effetsconomiques ? dans la Revue dconomie politique (n4, juillet-aot 2001).

Franois Heran, Le temps des immigrs. Essai sur le destin de la populationfranaise, Seuil, 2007 www.dailymotion.com/video/xi5xqh_francois-heran-1-2_news

Grard Noiriel, quoi sert lidentit nationale, Agone, 2007impressions

eptembre2011-conce

ptiongraphiqueetmaquette:CharlottePlanche-

illustrations:Aurlien

Dbat


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La Cimade est une associationde solidarit active avec lesmigrants, les rfugis et lesdemandeurs dasile. Avec sespartenaires en France et

linternational, elle agit pour lerespect des droits et la dignitdes personnes. www.lacimade.org

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