Personnes · 2014-12-01 · Les Oeuvres de Christian Boltanski parlent de la mort, du souvenir et...

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Mémoire de la guerre Personnes (exposition Monumenta au grand Palais) De Christian BOLTANSKI (1944 - ) 13 jan. – 21 fév. 2010 Christian Boltanski est aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français. Les Oeuvres de Christian Boltanski parlent de la mort, du souvenir et tentent de procurer au spectateur une émotion. Il présente des objets sous forme de vitrines, de boîtes, fait référence à un passé réel ou imaginaire. Ces oeuvres invitent au receuillement et interpelant la mémoire collective. “Personnes “ est une Réflexion sur la mort, le hasard qui l’entoure, le destin. Comment ne pas songer aux déportés tatoués par les allemands les considérant comme de simples numéros sans identité, sans nom ni prénom ? D’ailleurs le titre Personnes n’évoque-t-il pas l’anonymat ? Il est nécessaire de comprendre l’histoire du nazisme pour comprendre l’œuvre : elle fait référence au massacre et à la déshumanisation des camps d’extermination. « Mon père était juif [d’origine russe]. Pendant la guerre, ma mère [catholique] a eu peur. Un jour, elle a fait semblant de s’engueuler avec lui. Ensuite elle l’a caché sous le plancher et a demandé le divorce. Il est resté un an et demi dans cette cachette... Puis mes parents se sont remariés. » « Ma vie et mon œuvre ont été très marqués par la Shoah, et je crois que tous les survivants de la Shoah n'ont cessé de se poser la question : pourquoi j'ai survécu ? » Source : entretiens publiés dans Télérama, L’installation La grande Nef de la halle du Grand Palais offre un espace gigantesque de 13.500 m2. L’installation se déploie comme un triptyque (3 parties), invitant le spectateur à déambuler au cœur même de l’œuvre. Le visiteur commence par se heurter à un haut mur de caisses de biscuits numérotées s’élevant devant lui comme un écran géant barrant la vue de ce qui se trouve derrière. Au sol, 70 rectangles composant un dallage vêtements usagés sont entourés de haut-parleurs se présentant comme un cimetière. Au fond de la Nef, le grappin rouge vif d’une grue pioche au hasard des vêtements de la pyramide et les relâche. Elle peut être comparée à un Dieu capricieux qui prend des vies et en épargne d’autres, par pur caprice. Elle évoque la mécanique froide des exécutions de masse qui ont eu lieu dans les camps de concentration, l’industrie de la mort.

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Mémoire de la guerre

Personnes (exposition Monumenta au grand Palais)

De Christian BOLTANSKI (1944 -) 13 jan. – 21 fév. 2010

Christian Boltanski est aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français. Les Oeuvres de Christian Boltanski parlent de la mort, du souvenir et tentent de procurer au spectateur une émotion. Il présente des objets sous forme de vitrines, de boîtes, fait référence à un passé réel ou imaginaire. Ces oeuvres invitent au receuillement et interpelant la mémoire collective. “Personnes “ est une Réflexion sur la mort, le hasard qui l’entoure, le destin. Comment ne pas songer aux déportés tatoués par les allemands les considérant comme de simples numéros sans identité, sans nom ni prénom ? D’ailleurs le titre Personnes n’évoque-t-il pas l’anonymat ? Il est nécessaire de comprendre l’histoire du nazisme pour comprendre l’œuvre : elle fait référence au massacre et à la déshumanisation des camps d’extermination.

« Mon père était juif [d’origine russe]. Pendant la guerre, ma mère [catholique] a eu peur. Un jour, elle a fait semblant de s’engueuler avec lui. Ensuite elle l’a caché sous le plancher et a demandé le divorce. Il est resté un an et demi dans cette cachette... Puis mes parents se sont remariés. » « Ma vie et mon œuvre ont été très marqués par la Shoah, et je crois que tous les survivants de la Shoah n'ont cessé de se poser la question : pourquoi j'ai survécu ? »

Source : entretiens publiés dans Télérama,

L ’ i n s t a l l a t i o n La grande Nef de la halle du Grand Palais offre un espace gigantesque de 13.500 m2. L’installation se déploie comme un triptyque (3 parties), invitant le spectateur à déambuler au cœur même de l’œuvre. Le visiteur commence par se heurter à un haut mur de caisses de biscuits numérotées s’élevant devant lui comme un écran géant barrant la vue de ce qui se trouve derrière. Au sol, 70 rectangles composant un dallage vêtements usagés sont entourés de haut-parleurs se présentant comme un cimetière. Au fond de la Nef, le grappin rouge vif d’une grue pioche au hasard des vêtements de la pyramide et les relâche. Elle peut être comparée à un Dieu capricieux qui prend des vies et en épargne d’autres, par pur caprice. Elle évoque la mécanique froide des exécutions de masse qui ont eu lieu dans les camps de concentration, l’industrie de la mort.

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L’œuvre n’est pas seulement placée devant le spectateur qui la regarde comme dans un musée traditionnel, elle entoure, englobe et immerge le spectateur.

Elle provoque un sentiment d’oppression.

Le jugement de l’œuvre, le fait qu’on aime ou pas n’a pas d’importance ; il s’agit d’éprouver et d’être imprégné.

Les mots clés de L’analyse : - Mise en scène de la mort - L’anonymat - Triptyque - Verticalité / horizontalité -

Pour aller plus loin…

L’expérience physique du spectateur

Les Matér iaux

Le Son Bruit de centaines de coeurs battant désunis s’amplifiant : les haut-parleurs qui encadrent les 69 rectangles recouverts de vêtements usages. Interactivité : le spectateur peut enregistrer son proper batement. Le froid Christian Boltanski a demandé à couper le chauffage pour placer le spectateur dans un inconfort. Les Vêtements L’œuvre est constituee par 200 000 vetements de rebut (50 tonnes) ; chacun represente un individu. « Ici le vetement ne sert pas de singularisation de l’individu. Au contraire, pose a plat parmi tant d’autres, il git comme une depouille, totalement impersonnelle et anonyme. Et le gigantisme de cette installation ne laisse planer que peu de doutes. Il y a bien une utilisation « industrielle » de cette depouille et, surtout, du corps qui l’occupait auparavant. » Mur de caisses de biscuits rouillées et numérotées C’est un mur de séparation entre l’extérieur et l’intérieur de l’oeuvre. On peut songer au mur de Berlin séparant jusqu’en 1989 Berlin Est de Berlin Ouest. Ces caisses empilées, accumulées, évoquent également les cimetières espagnols ou des urnes funéraires, mais ici les personnes ne sont plus que des numéros. La Lumière Des néons sont installés dans les allées, la grande verrière offre une lumière zénitale (d’en haut), évoquant une lumière divine.

Consultez des articles sur l’artiste et cette oeuvre

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«l’art consiste à poser des questions, à donner des émotions, sans avoir de réponse»

Christian Boltanski