Musée des Arts Contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles au Grand-Hornu

Christian BoltanskiLes Registres du Grand-Hornu (détail)

1997

© SA

BAM

Bel

gium

201

5

Christian Boltanski

Depuis le début des années 1970, Christian Boltanski développe un travail étroitement lié à la mémoire individuelle et collective. En exposant les souvenirs et objets retrouvés ou reconstitués de son enfance, il entame une œuvre autobiographique qui oscille entre dérision et rigueur archéologique. Par la pratique de l’inventaire, recourant aussi bien à l’album photographique qu’au registre de noms, il étend ensuite son investigation à l’individu « type » dont il recueille patiemment les traces qui en rendent implicitement compte. Dès 1984, il aborde la question des monuments et développe, sans la citer directement, le souvenir de la Shoah. À partir de photographies ou d’objets, qu’il accumule et présente comme des ex-voto, Boltanski crée alors des sanctuaires voués à la mémoire de populations d’individus ignorés par la grande histoire.

Réalisée en 1997 spécifiquement pour l’ancien charbonnage du Grand-Hornu, l’installation Les Registres du Grand-Hornu consiste en une accumulation de boîtes en fer blanc rouillé — telles celles où nous engrangeons nos menus souvenirs — dissimulant leur contenu scellé. Christian Boltanski laisse au spectateur la liberté d’imaginer le trésor lié à une vie singulière que chaque boîte renferme. “La boîte, dit-il, c’est là où les enfants mettent leurs petits trésors, mais c’est là aussi où l’on peut imaginer les cendres humaines, comme un tombeau.” Sur chaque boîte composant cette fresque monumentale, ponctuée de points lumineux qui invitent au recueillement, une petite étiquette blanche, comme celle des cahiers d’antan, mentionne le nom d’un ancien mineur du Grand-Hornu. Parfois est ajoutée une photo d’identité en noir et blanc d’un enfant, d’une femme, d’un homme en « habit du dimanche » extraite de carnets d’ouvriers conférant à l’œuvre une dimension poétique supplémentaire. À travers cette installation, Boltanski tient compte de la présence humaine dont le site est aujourd’hui encore imprégné et insiste sur l’importance de nommer chaque individu : “Il n’est pas juste de dire 5.000 mineurs. Il faut nommer chacun d’eux. Ce ne sont pas des groupes anonymes, mais des individus. Aujourd’hui, nous entrons dans une sorte de monde post-humain. Pour combattre cela, il faut rappeler sans cesse que chaque personne existe.”

Les Registres du Grand-Hornu[1997, installation, fer blanc, étiquettes, photographies noir & blanc, lampes de bureau, 472 × 4 015 × 19 cm]

Collection MAC’s, propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles

RepèRes BioGRApHiques 1944 Naissance à paris / 1972-1977-1987 participe à la documenta V, Vi et Viii à Cassel / 1984 exposition personnelle au Centre

pompidou, paris / 1988 exposition personnelle au Museum of Contemporary Art, Chicago et Los Angeles / 1990 exposition personnelle, Whitechapel Art

Gallery, Londres / 2010 Christian Boltanski : No Man’s Land, the park Avenue Armory, New York et Les Archives du Cœur (Heartbeat), the serpentine Gallery,

Londres / 2010 expose l’œuvre personnes dans le cadre de Monumenta, Grand palais, paris / 2011 Chance, pavillon français de la 54e Biennale de Venise /

2013 Moved, Kunstmuseum Wolfsburg, Allemagne / 2014 Christian Boltanski. La salle des pendus, MAC’s, Grand-Hornu. Vit et travaille à Malakoff (France).