Perceptions de l’univers domestique réunionnais à travers les ......Sophie SAUZADE 1, Daniel...

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XXIIèmes journées scientifiques de la SEH - Les Jardins, espaces de vie, de connaissances et de biodiversité, 2-4 juin 2010 , Université de Bretagne Occidentale, Brest (France) Perceptions de l’univers domestique réunionnais à travers les dessins d’enfants Sophie SAUZADE , Daniel BLEY , Dominique SOULANCE EPSMR, St Denis de la Réunion, France UMR 6012 ESPACE – DESMID, Marseille UMR 5185 ADES – SSD, Bordeaux RESULTATS RESULTATS CONCLUSION CONCLUSION OBJECTIFS, TERRAIN ET METHODE OBJECTIFS, TERRAIN ET METHODE Dans le cadre du projet de recherche ANTHROPO-MTV (programme ANR SEST) destiné à étudier la gestion des maladies transmissibles vectorielles à la Réunion à partir de l’exemple du chikungunya, nous avons travaillé à la Ravine des Cabris (commune de Saint-Pierre au Sud de l’Ile). Une première enquête a été réalisée en 2007 auprès de 415 ménages résidant en habitat individuel. Le questionnaire comportait 4 volets d’étude (cellule familiale, habitat/jardin, recours aux soins lors de l’épidémie de chik, perception de l’environnement et de la santé) et était complété par une observation des jardins. A partir des résultats de cette enquête nous avons choisi de conduire une enquête plus qualitative dans 11 familles auprès d’enfants âgés de 6 à 15 ans. Sur la base d’un entretien individuel avec les enfants, l’objectif était d’étudier leurs rapports à l’eau en lien avec l’hygiène et la façon dont ils s’appropriaient leur univers domestique au quotidien. Nous avons également fait dessiner aux enfants leur jardin qui a par ailleurs été photographié, afin d’apprécier le décalage entre le jardin réel et le jardin rêvé. ANR Programme ANR Programme SEST SEST - - Projet Projet « ANTHROPO-MTV» « ANTHROPO-MTV» Les dessins des enfants sont plutôt représentatifs des résultats de notre enquête effectuée auprès des familles de la Ravine des Cabris, qui montre les multiples usages du jardin réunionnais : jardin qui protège, décore, nourrit et soigne . Ils confirment aussi qu’il peut s’agir d’un espace ludique et d’activités autour de l’eau. L’analyse des dessins montre cependant que le jardin, pour l’enfant jeune , est souvent un univers fantasmatique, avec une survalorisation de la végétation, et des dimensions et des couleurs fantasmagoriques. Nous avons aussi noté que les enfants reprennent souvent à leur compte le discours des adultes s’agissant des moustiques et de l’importance du recours aux plantes du jardin comme recours thérapeutiques durant l’épidémie de Chikungunya. . Un jardin qui décore, mais aussi qui protège : dans le dessin de gauche (fille,11ans) on note que les éléments du dessin sont essentiellement décoratifs avec la présence d’arbres, de végétaux et de fleurs coloriées en rouge et bleu (fougères et anthurium sur la photo) avec un surdimensionnement des détails (fourmis). L’entretien a permis par ailleurs de noter que, pendant l’épidémie de Chikunguyna, les enfants ont eu recours à des tisanes à base de plantes provenant du jardin. Dans le dessin de droite (fille, 7ans) , le jardin est protégé par une enceinte (mur et « baro » sur la photo) et on note aussi dans ce cas la présence de fleurs très colorées et d’arbres fruitiers, comme ici l’arbre à pain dont les fruits sont tombés au sol. Le jardin fantasmé et l’univers fantasmagorique Le jardin, espace de jeu et d’activités pour les enfants Espace ludique, le jardin est aussi un lieu d’activité pour les enfants, en particulier autour de l’eau avec l’arrosage des plantes, la vaisselle, l’étendage du linge, le lavage des voitures,… On notera aussi que ce sont souvent les enfants qui procèdent à la cueillette des fruits et qui sont de ce fait davantage exposés aux piqures de moustiques. Dessine moi ton jardin… Dans le dessin de gauche (garçon, 7 ans), nous sommes dans un univers fantasmagorique où nous avons une déformation par rapport à la réalité avec des plantes qui sont devenues géantes en dépassant la case. On note aussi que l’enfant a dessiné une cuisine extérieure que nous avons trouvé dans 30% des 415 familles enquêtées à la RdC (Soulancé et al, 2010). Le dessin de droite (fille, 8 ans) illustre le jardin fantasmé avec des fleurs qui atteignent le toit d’une case rouge (blanche dans la réalité) avec une allure anthropomorphique. Entre le jardin réel et le jardin rêvé Le dessin de gauche (garçon, 11ans) a le sens du détail et se rapproche de la réalité avec la représentation de la varangue, les fleurs en pot, l’arbre à litchis, la pelouse, les voitures… En revanche le dessin de droite (fille,11ans) correspond à un jardin rêvé avec la représentation d’un pont (celui de l’Entre-deux, commune proche de la Ravine des cabris et lieu de pique-nique dominical) alors que la case a un petit jardin peu végétalisé avec un tas de sable servant d’aire de jeu pour les enfants. Contact : Daniel BLEY, DESMID - UMR 6012 ESPACE, Faculté des sciences de Luminy, 163 avenue de Luminy, 13288 Marseille cedex 09, France mel : [email protected]

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XXIIèmes journées scientifiques de la SEH - Les Jardins, espaces de vie, de connaissances et de biodiversité, 2-4 juin 2010 , Université de Bretagne Occidentale, Brest (France)

Perceptions de l’univers domestique réunionnais à travers les dessins d’enfants

Sophie SAUZADE

1

, Daniel BLEY

2

, Dominique SOULANCE

3

1

EPSMR, St Denis de la Réunion, France

2

UMR 6012 ESPACE – DESMID, Marseille

3

UMR 5185 ADES – SSD, Bordeaux

RESULTATSRESULTATS

CONCLUSIONCONCLUSION

OBJECTIFS, TERRAIN ET METHODEOBJECTIFS, TERRAIN ET METHODE

Dans le cadre du projet de recherche ANTHROPO-MTV (programme ANR SEST) destiné à étudier la gestion des maladies transmissibles vectorielles à la Réunion à partir de l’exemple du chikungunya, nous avons travaillé à la Ravine des Cabris (commune de Saint-Pierre au Sud de l’Ile). Une première enquête a été réalisée en 2007 auprès de 415 ménages résidant en habitat individuel. Le questionnaire comportait 4 volets d’étude (cellule familiale, habitat/jardin, recours aux soins lors de l’épidémie de chik, perception de l’environnement et de la santé) et était complété par une observation des jardins. A partir des résultats de cette enquête nous avons choisi de conduire une enquête plus qualitative dans 11 familles auprès d’enfants âgés de 6 à 15 ans. Sur la base d’un entretien individuel avec les enfants, l’objectif était d’étudier leurs rapports à l’eau en lien avec l’hygiène et la façon dont ils s’appropriaient leur univers domestique au quotidien. Nous avons également fait dessiner aux enfants leur jardin qui a par ailleurs été photographié, afin d’apprécier le décalage entre le jardin réel et le jardin rêvé.

ANR ProgrammeANR Programme SEST SEST

- - Projet Projet « ANTHROPO-MTV»« ANTHROPO-MTV»

Les dessins des enfants sont plutôt représentatifs des résultats de notre enquête effectuée auprès des familles de la Ravine des Cabris, qui montre les multiples usages du jardin réunionnais : jardin qui protège, décore, nourrit et soigne . Ils confirment aussi qu’il peut s’agir d’un espace ludique et d’activités autour de l’eau. L’analyse des dessins montre cependant que le jardin, pour l’enfant jeune , est souvent un univers fantasmatique, avec une survalorisation de la végétation, et des dimensions et des couleurs fantasmagoriques.Nous avons aussi noté que les enfants reprennent souvent à leur compte le discours des adultes s’agissant des moustiques et de l’importance du recours aux plantes du jardin comme recours thérapeutiques durant l’épidémie de Chikungunya. .

Un jardin qui décore, mais aussi qui protège : dans le dessin de gauche (fille,11ans) on note que les éléments du dessin sont essentiellement décoratifs avec la présence d’arbres, de végétaux et de fleurs coloriées en rouge et bleu (fougères et anthurium sur la photo) avec un surdimensionnement des détails (fourmis). L’entretien a permis par ailleurs de noter que, pendant l’épidémie de Chikunguyna, les enfants ont eu recours à des tisanes à base de plantes provenant du jardin. Dans le dessin de droite (fille, 7ans) , le jardin est protégé par une enceinte (mur et « baro » sur la photo) et on note aussi dans ce cas la présence de fleurs très colorées et d’arbres fruitiers, comme ici l’arbre à pain dont les fruits sont tombés au sol.

Le jardin fantasmé et l’univers fantasmagorique

Le jardin, espace de jeu et d’activités pour les enfants Espace ludique, le jardin est aussi un lieu d’activité pour les enfants, en particulier autour de l’eau avec l’arrosage des plantes, la vaisselle, l’étendage du linge, le lavage des voitures,…On notera aussi que ce sont souvent les enfants qui procèdent à la cueillette des fruits et qui sont de ce fait davantage exposés aux piqures de moustiques.

Dessine moi ton jardin…

Dans le dessin de gauche (garçon, 7 ans), nous sommes dans un univers fantasmagorique où nous avons une déformation par rapport à la réalité avec des plantes qui sont devenues géantes en dépassant la case. On note aussi que l’enfant a dessiné une cuisine extérieure que nous avons trouvé dans 30% des 415 familles enquêtées à la RdC (Soulancé et al, 2010). Le dessin de droite (fille, 8 ans) illustre le jardin fantasmé avec des fleurs qui atteignent le toit d’une case rouge (blanche dans la réalité) avec une allure anthropomorphique.

Entre le jardin réel et le jardin rêvéLe dessin de gauche (garçon, 11ans) a le sens du détail et se rapproche de la réalité avec la représentation de la varangue, les fleurs en pot, l’arbre à litchis, la pelouse, les voitures…En revanche le dessin de droite (fille,11ans) correspond à un jardin rêvé avec la représentation d’un pont (celui de l’Entre-deux, commune proche de la Ravine des cabris et lieu de pique-nique dominical) alors que la case a un petit jardin peu végétalisé avec un tas de sable servant d’aire de jeu pour les enfants.

Contact : Daniel BLEY, DESMID - UMR 6012 ESPACE, Faculté des sciences de Luminy, 163 avenue de Luminy, 13288 Marseille cedex 09, France mel : [email protected]