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2 EUROS /// N°103 /// NOVEMBRE-DECEMBRE 2007 ISSN 1240 /// CCPAP 0911 G 89086 C.N.T - A.I.T Anciennement “Le Combat syndisliste de Midi-Pyrénées” Le seul véritable Vel’lib, c’est le Vel’grév ! En attendant la catastrophe_ Bike systems : les travailleurs lancent le vélo grève et enclenchent la vitesse de l’autogestion_ Université : une agita- tion persistante_ A propos de la loi dite d’autono- mie des universités_ Cette victoire est la vôtre_ Sur l’autonomie des luttes en milieu SNCF hostile_ La cité de la peur_ A propos de la violence des jeu- nes des quartiers populaires_ L’entraide sur le parking de la M.A. de Seysses_ Grenouillages dans les bénitiers. ANARCHOSYNDICALISME ! BIOMETRIE : Big Brother à l’école ? Non, merci ! RESIST NCE POPULAIRE

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2 EUROS /// N°103 /// NOVEMBRE-DECEMBRE 2007

ISSN 1240 /// CCPAP 0911 G 89086

C.N.T - A.I.TAnciennement “Le Combat syndisliste de Midi-Pyrénées”

Le seul véritable Vel’lib, c’est le Vel’grév !

En attendant la catastrophe_ Bike systems : les

travailleurs lancent le vélo grève et enclenchent

la vitesse de l’autogestion_ Université : une agita-

tion persistante_ A propos de la loi dite d’autono-

mie des universités_ Cette victoire est la vôtre_

Sur l’autonomie des luttes en milieu SNCF hostile_

La cité de la peur_ A propos de la violence des jeu-

nes des quartiers populaires_ L’entraide sur le

parking de la M.A. de Seysses_ Grenouillages dans

les bénitiers.

A N A R C H O S Y N D I C A L I S M E !

BIOMETRIE : Big Brother à l’école ? Non, merci !

R E S I S TAN C E P O P U L A I R E

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Pour certains c'est une aubaine, pour d'autres une prévision deMarx, pour la plupart c'est une sourde angoisse. Le monde auprésent est une actualité de souffrance et d'épuisement, dans

laquelle chacun à son tour, du fond de son isolement sans perspective,attend d'être touché. Les paradis artificiels et les moments d'oublis,comme ces compétitions sportives qui viennent ponctuer chaqueétape de la descente aux enfers que nous vivons, sont là pour prouverque si le désespoir est un scandale, il est aussi une source de profits.Le monde à peur, et cette peur profite au pouvoir. Elle est bénéfiqueà ses affaires lors même qu'elle est préjudiciable à nos libertés.

Quelque part en Europe, une ville a innové dans la surveillance despopulations -dans leur sécurité disent-ils- désormais les habitants neseront plus simplement filmés, ils seront écoutés. Des micros couplésaux caméras transmettront les conversations qui seront directementsuivies par les services de police. Aux USA, l'armée américaine, quisubit un désastre en Irak, a acheté 20 000 places supplémentaires dansles cimetières, mais les fabricants d 'armes se frottent les mains : àcause de l'inventivité de la guérilla irakienne, il faut de plus en plus devéhicules, de plus en plus de blindages. Ainsi donc les usines de pro-duction de technologies et d'armes diverses tournent à plein régimeavec une main d'oeuvre de plus en plus délocalisée et donc de moinsen moins chère, ce qui explique que souvent un appareil est plus cherà la réparation qu'à l'achat. Alors, bien sûr, les prix des matières pre-mières s'envolent et les spéculateurs se frottent les mains...

Et qu'importe pour eux les conséquences des catastrophes écolo-giques ou des guerres, puisque au final ceux qui en paient le prix, cesont les prolétaires de tous les pays. La dernière crise financière en estun autre exemple, à cause des taux d'intérêts trafiqués par des ban-quiers crapuleux, des milliers de familles des États-Unis sont jetées àla rue par les célèbres shérifs qui viennent expulser les femmes et lesenfants de leurs maisons à coups de fusils.

Attendre la catastrophe finale qui éteindrait le capitalisme n'estdonc une solution que pour ceux qui, à l'image des diverses religionsfont commerce d'illusions. La vie c'est ici, la vie c'est maintenant, et dece que chacun fera dépendra ce que nous deviendrons tous. Dans tousles pays des hommes et des fem-mes, luttent contre les politiciens,les capitalistes ou les religieux, cesont ces gens, le plus souvent pau-vres et anonymes, qui se sont sou-levés ces dernières années enArgentine, en Algérie ou auMexique, et de leurs combats nais-sent, de nouveau, espoirs et per-spectives. C'est grâce à eux aussique nous aurons de plus en plusenvie d'être libres et que nousaurons moins peur, c'est grâce àcela que nous bloquerons ce systè-me. Car la seule vraie catastrophepour le capitalisme, c'est la révolu-tion communiste libertaire.

EN ATTENDANT LA CATASTROPHE

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

2 EDITO

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3AUTOGESTION

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

Donc, depuis le 10 juillet, lepersonnel occupe les trois

sites de l'usine du sud des monta-gnes du Hars. L'usine fonctionneau ralenti, les ateliers étant videsà part celui de la ligne de revête-ment. Le personnel, qui perçoitune indemnité de chômage tech-nique, espère qu'un nouvel inves-tisseur avec un nouveau projet sedéclare… un mois, deux mois pas-sent. Mais, petit à petit, pendantl'occupation, au cours des nom-breuses discussions entre tra-vailleurs de l'usine mais aussi avecles personnes venues en solidari-té, une idée surgit et se concréti-se : celle de reprendre la produc-tion en autogestion, de produirenous-mêmes un "vélo-grève", aumoins pour une petite période.Pour pouvoir relancer la produc-tion en autogestion, la barre a étéfixée à 1800 bicyclettes. Avec unedate butoir pour réunir les com-mandes : le 2 octobre. C'était unpari que nous nous sommes lan-cés, celui de démontrer notrecapacité à développer notre pro-pre concept et à réellement auto-gérer notre production et notredistribution, mais aussi celui de

développer les idées de solidaritéet enfin celui d'encourager les tra-vailleurs qui se trouvent dans dessituations similaires à ne pas selaisser facilement "restructurer àzéro", par qui que ce soit !

Avoir 1 800 commandes fer-mes en moins de deux semaines,la gageure paraissait impossible !La FAU a donc utilisé le relais deses syndicats en Allemagne et del'Association Internationale desTravailleurs au niveau mondialpour lancer l'appel à la solidarité.

Intérêts et limites

Dès qu'il a été connu, l'appel aété traduit par la CNT-AIT deParis. Une discussion s'est alorsengagée très rapidement entreles compagnons : l'initiative estsympathique. Cependant il fautmettre en avant son côté poli-tique : cet appel à la solidaritén'est pas un bon plan pour ache-ter des vélos de qualité pas cher.Cette expérience nous paraît inté-ressante car elle peut démontrer,contrairement à ce que les médiaset l'idéologie dominante martè-lent à longueur de temps, que lestravailleurs qui sont ceux qui pro-duisent toutes les richesses de ce

monde, ont tout à fait les moyensde s'organiser pour cela, et sanspatron ni État. De même, nousconnaissons les limites d'une telleentreprise et elles doivent êtrerappelées lucidement : goutted'eau d'autogestion au milieud'un océan capitaliste. Ainsi,notre soutien n'aura de sens poli-tique que s'il peut servir aussi debase de départ à une réflexionglobale sur la notion "d'écono-mie" : Qu'est ce que nous voulonsproduire ? Pour quoi ? Avec qui ?Et comment ? Nous savons toutautant que, si des travailleurs,comme ici en Allemagne, s'empa-rent de leur entreprise (toutcomme ils le font en Argentine, auMexique et ailleurs), ce n'est paspour "bâtir le communisme", maistout simplement pour défendreleur situation immédiate. Ce quin'empêche pas, tout au contraire,d'appréhender ces prises enmains d'entreprises dans leurdynamique, qui peut amener àleur dépassement, et se situeralors dans une perspective révolu-tionnaire. Le processus de récu-pération, dès qu'il se poursuit unpeu, fait apparaître que l'usine

Les 135 travailleurs de l'usine de fabrication de vélo Bike Systems GmbH (province deThuringe Nordhausen) occupent leur usine depuis le 10 juillet 2007. Ils veulent ainsiempêcher le démantèlement définitif et la vente de l'usine, dont la mise en faillite a étédéclarée le 10 août. Ils ont décidé de reprendre partiellement la production en autoges-tion, pour démontrer la capacité des ouvriers à produire, sans chef. Pour démarrer, ilsavaient besoin d'une commande de 1 800 vélos avant le 2 octobre. Aussi, en collabora-tion avec les anarchosyndicalistes de la FAU (section allemande de l'AIT), les travailleursont-ils lancé un appel à la solidarité, relayé en France par la CNT-AIT.

Bike Systems GmbH :

Les travailleurs

lancent le

"Vélo-Grève"

et enclenchent

la vitesse de

l'autogestion !

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4 AUTOGESTION

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

récupérée n'est pas seule, qu'elleest dans un tout. Production, dis-tribution posent des problèmesqui ne peuvent se régler à l'échel-le locale. L'autogestion complèten'est possible que si tout un pande la société s’y adonne et si l'ar-gent et le salariat disparaissent.

Aller plus loin

"Aller plus loin", à partir de lasituation que l'autogestion deces sphères pose, c'est rom-pre le cadre de l'entreprise,de l'échange, du travail et duchômage, et cela est une pos-sibilité dans le processus derécupération. Un dépasse-ment de ce qui est auto-orga-nisable dans le cadre du systè-me actuel. Puisse-t-elle êtreun point de départ pourinventer un autre monde, oùla production et les échangesde biens et de services ne serontpas corrompus, parasités, aliénéset mystifiés par la division du tra-vail (et la sous-division entre tra-vail manuel et intellectuel), le sala-riat (ou autre mode d'exploita-tion) et la monnaie.

Les nouvelles que nous ontdonnées les compagnons Alle-mands sur la méthode utiliséepour la fabrication des “Strike-Bike” nous confortent : salaireunique pour tout le monde, sanshiérarchie ni autres parasites. Leprojet est de recommencer la pro-duction à compter du 22 octobreà 17 heures et tout le monde estinvité à y prendre part. De plus,comme il reste finalement peu degens qui ont les connaissancespour s'occuper des tâches admi-nistratives nécessaires, ce sontdes compagnons de la FAUHamburg qui travaillent dans cesecteur qui mettront à dispositionleurs compétences.

Ensuite s'est posée la questionde comment relayer cet appel àsolidarité. Les compagnons alle-mands proposent d'acheter desvélos 275 euros (300 avec le

transport). C'est une somme quela grande majorité d'entre nousne pouvons pas sortir comme ça.Un compagnon a vu que, sur lesite internet de la CNT-AIT espa-gnole, un syndicat propose desbons de soutien de 10 eurosassortis d'une tombola. L'idée,jugée excellente est immédiate-ment adoptée.

Notre syndicat a donc émis untexte d'appel à la solidarité et l'adiffusé par tous les moyens à sadisposition. La réponse à l'appel adépassé nos espérances. Nousavons reçu des bons de solidaritédes quatre coins de l'hexagone, ycompris de Corse ! Outre les syn-dicats du réseau fédéral CNT-AITqui ont largement relayé et parti-cipé, l'appel est largement diffusédans les milieux des activistescyclistes vélorutionnaires. SurParis, c'est d'ailleurs grâce à l'or-ganisation logistique des Vélo-rutionnaires que la commandepourra être passée et organisée.Au total sur Paris, c'est une ving-taine de vélos qui ont été com-mandés. Sur Grenoble l'associa-tion "Des petits vélos" en com-mande une dizaine. Des comman-des individuelles sont égalementparvenues en Allemagne.

Moins de deux mois

Le succès de cette actiondirecte a été possible grâce à unecampagne de solidarité qui aconnu une dynamique inattendue.

A partir du moment, où la

volonté de produire de manièreautogérée des "strike-bike" a étérendue publique, il aura fallumoins de deux mois pour quecette initiative fasse le tour dumonde. Des commandes sontparvenues de tous les paysd'Europe mais aussi d'Egypte,des USA, d'Australie, du Canadaet d'Israël. Le "cas de

Nordhausen" dépasse le cadrede la couverture des médiasalternatifs. Des reportages deplusieurs minutes ont été dif-fusés par les principales chaî-nes allemandes (ARD, ZDF,SAT-1, RTL). Dans plus de deuxcents journaux allemands sontparues des dépêches et plusde cinquante journaux ontconsacré des articles à l'usinede vélo de Norhausen. Lesagences de presse DDP, AP etReuter ont fait paraître des

dépêches réactualisées plusieursfois durant la journée en mention-nant à chaque fois le site web dela campagne. Des reportagestélévisés sur des chaînes françai-ses, hollandaises, suisses et autri-chiennes ont également évoquéNordhausen.

Rendez-vous le 1er décembre

Les vélos sont arrivés sur Pariset ils sont vraiment magnifiques,tout rouge et noir. Afin que ladémarche soit complète, nousavons décidé avec lesVélorutionnaires que symbolique-ment la distribution sera organi-sée à l'occasion du rassemble-ment mensuel qu'ils organisentplace du Châtelet, le 1er décemb-re, à 15 heures, afin de protestercontre la dictature automobile etpour une meilleure prise en comp-te des vélos dans la cité. De plus,ce pourra être l'occasion d'unediscussion à bâton rompue sur lesnotions de production et travail,comment ?, pourquoi ?, avec l'ex-périence de Nordhausen commeexemple concret.

P.

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5SITUATION

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

Vers la survie généralisée

Aujourd'hui, tout devient plus clair. Nous tous, qui avons déjà beaucoupperdu au cours des dernières décennies, ne pouvons plus nous y tromper.Les temps qui s'ouvrent seront, chaque jour un peu plus, ceux où la viequotidienne sera réduite à la lutte pour la survie. Nous ne parlons pas icide la survie aménagée et climatisée qui fut celle des années soixante. Non,il s'agit de la survie la plus brute, lorsque se loger, se nourrir, se soigner nevont plus de soi. Plus de société sous le talon de fer des néo-conservateurs,seuls des individus atomisés, soumis à la Loi d'airain de l'Économie etcondamnés à n'être plus que prédateurs ou proies, esclaves dans tous lescas.

Il serait vain de faire la liste des multiples attaques que nous avons déjàdû essuyer, elles sont bien présentes à nos esprits. Si nous persistons ànous battre contre chacune d'elles, les unes après les autres, comme unpatient qui lutterait contre les symptômes de la maladie sans prendre lemal à la racine, nous serons vaincus. C'est dans ces combats, certes justi-fiés, mais trop parcellaires et souvent ingrats que nous avons laissés beau-coup de nos forces dans les années passées. Le poids de cette espèce de"routine de la lutte", avec au bout, dans le meilleur des cas, la seule per-spective de ne pas trop reculer, en a découragé plus d'un.

Ne pas trop reculer ! Alors qu'autour de nous les prodromes d'une cata-strophe sociale mais aussi écologique sans précédent produisent leurs pre-miers effets ! Alors que ceux qui écrivent aujourd'hui l'histoire tout en s'a-charnant à la clore pour nous, coincent nos existences dans un dispositif,proche ou international, toujours plus dangereux, toujours plus délirant !

Faire l'histoire plutôt que la subir

Les cheminots ont prévu une date pour se battre contre des mesuresqui les visent directement. Les enseignants s'apprêtent, peut-être, à fairede même. La situation est aujourd'hui trop grave pour que nous laissionséchapper l'occasion de nous unir, non pour une alliance de circonstance,mais pour un combat qui promet d'être long et difficile.

Ce n'est pas la simple addition de revendications limitées qui permettracette union, mais la conscience que nous sommes à un moment clé. Si lespouvoirs parviennent à imposer leur diktat, qui s'est déjà révélé si destruc-teur aux États-Unis et en Angleterre notamment, c'est toute notre capaci-té à nous battre dans les années à venir qui s'amenuisera. Nous avons tousen tête ces journées d'action sans lendemain qui ont ponctué les dernièresannées et le rôle néfaste qu'elles ont joué dans le développement d'unmouvement de grève générale. Nous ne pouvons aujourd'hui nous permet-tre de nous voir imposer ce faux rythme.

La puissance de contestation qui est aujourd'hui la nôtre ne parviendraà déstabiliser le pouvoir qu'en prenant conscience qu'elle ne peut pluss'exercer dans les termes que le pouvoir a lui-même posés, sous peine den'aboutir qu'au renforcement de l'ordre établi. Notre combat ne peut être,dès lors, qu'un combat direct, du bas vers le haut, partant des individuseux-mêmes, contre la logique globale qui les écrase. Ce n'est que par ledéveloppement et la multiplication d'assemblées et de conseils populairesà la parole et l'action libres, hors du cadre institutionnel des élections,consultations et négociations voulues par le pouvoir en place, que nouspourrons nous-mêmes imposer notre propre rythme et, enfin, reprendrevéritablement les choses en main, pour notre propre compte.

Pour tout contact avec le Groupe Vingtras : [email protected]

Le printemps dernier a vu l'é-mergence, à l'occasion de la

prise de pouvoir de Sarkozy,d'une contestation massive,jamais observée jusqu'alors ausoir même d'une élection prési-dentielle, qui ne s'est pas limitéeà la déception d'une défaite de lagauche, mais dont la colère avaitbien été suscitée par une logiqueélectorale globale, vécue commeune manipulation pure et simple. Au-delà de la colère du premiersoir, et devant le silence compli-ce des partis et syndicats, le refusde l'avenir qui nous était promis,la lutte contre l'ensemble despolitiques, syndicats et organisa-tions qui avaient laissé faire etpermis une nouvelle fois la mas-carade électorale, a tenté de s'or-ganiser.Il est alors apparu que, dans unetelle perspective de critique glo-bale et radicale d'un système toutentier, seule une forme d'organi-sation qui ne tirerait sa force qued'elle-même, libre de toutes lescontraintes imposées par lesmarionnettistes de la scène poli-tique, pourrait parvenir à ses fins. C'est dans ce cadre qu'une partiedes acteurs des événements duprintemps dernier a pu se réunirlibrement, souvent plusieurs foispar semaine, que ce soit au cent-re-ville, à l'université ou dans lesquartiers populaires, en vue dediscuter et de déterminer au furet à mesure, sans cadre ni chef,sur la place publique, les direc-tions à prendre dans les actions àvenir. Il ne tient qu'à nousaujourd'hui de réactiver cesAssemblées Populaires qui sem-blaient avoir réussi à s'intégrerdurablement dans les habitudesde la contestation toulousaine.C'est là le but que nous noussommes donnés, et nous conti-nuerons de poursuivre, en com-mençant par diffuser le plus lar-gement possible le tract quevoici, pour une large part adaptéd'un texte du groupe enseignantVingtras (région parisienne).

Phil (CNT-AIT Toulouse)

"Ce sont donc les peuples qui se laissent, ou plutôt se font garrotter, puisqu'en refusant de servir, ils briseraient leurs liens.”

(La Boétie, Le Discours de la servitude volontaire)

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6 UNIVERSITES

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

Décrite par "Le Monde" comme une "agitationpersistante" dans les facultés, la lutte entamée

depuis la rentrée, même si elle est minoritaire, estriche de potentiels. D'abord, parce que ceux quifont entendre leurs voix tirent les bilans desmouvements récents,et qu’ils se situentd’emblée loin du fol-klore étudiant d’extrê-me-gauche qui avaitusé les luttes jusqu’à lacorde. Ensuite et sur-tout parcequ’ils cher-chent, par leurs inter-ventions à s’échapperdu monde étudiant pourrentrer en phase avec uncontexte social de plusen plus chargé.

D'une part la morgue,le cynisme, la corruptiond'un pouvoir ; de l'autre,une dégradation généraledes conditions de vie dela population. D’une part,un oligarque qui se faitvoter, à la hussarde, 140 %d’augmentation de sonsalaire (et qui, par la mêmeoccasion, fait tripler le bud-get de fonctionnement del’Elysée, afin d’être sûr dejouir de tous les petits plai-sirs de l’existence), de l’au-tre, une masse de gens quise débattent avec des salai-res de misère, des RMI etautres allocations lamenta-bles au regard du coût de lavie. Cette situation trace deplus en plus nettement leslignes d'un combat classecontre classe.

Ce combat, nié depuis desdécennies, par la bourgeoisie,les réformistes et, chose éton-nante, par certains milieux de révoltés, est en trainde prendre une ampleur encore masquée par defaux-semblants. Cette confusion trouve principale-ment sa source dans une escroquerie qui, si elle estperçée à jour par de plus en plus de gens, en trom-pe encore assez pour se maintenir. C’est tout sim-plement que les organisations qui sont senséesreprésenter les salariés font purement et simple-

ment partie des négateurs -et plus exactement desliquidateurs- de la lutte des classes.

Ainsi, les syndicats poussés par la grogne mon-tante, mais également par le succès inattendu de la

journée du 18 octobre ainsique par l'ampleur des der-niers conflits sociaux, se trou-vent obligés, pour ne pas sedévoiler totalement, d'orga-niser, avec la plus mauvaisegrâce du monde, des “jour-nées d'action”. Ces jour-nées, ils les espèrent partiel-les, coporatistes et centrali-sées ; c'est-à-dire propres àmener aux défaites. Bienque beaucoup sachent cessyndicats à la solde du pou-voir, les grévistes, c'est-à-dire une des fractions lesplus conscientes de lapopulation, vont, au moinsau départ, suivre ces syndi-cats. Les minorités agis-santes déjà à l'œuvre,elles-mêmes n'aurontd'autre choix, (parce qu'ilfaut contacter les plusradicalisés des grévistes)que de rallier ces jour-nées, au risque de s'yengloutir !

Cette spirale decontradictions doit êtrerompue si on veut éviterque l’engloutissementdes luttes que nousavons observé depuisdes années se perpé-tue. La première mesu-re utile, c’est décidé-ment de rompre avecle suivisme qui caracté-rise les officines gau-chistes et de faire

entendre tout de suite un autre son de cloche,de poser les vrais questions. Dans plusieurs villes,des compagnons de la CNT-AIT, étudiants ouemployés, sont investis dans la lutte des facs quidémarre. Des informations, des analyses, desdébats, provenant d’eux ou d’autres internautes,sont publiés au jour le jour sur le forum du site animépar la CNT-AIT de Caen (voir page ci-contre).

Nec mergitur

"Bien que très mino-

ritaire à ce jour, l'agita-

tion se développe dans

une partie du monde

étudiant contre la "loi

Pécresse" sur l'autono-

mie des universités,

adoptée en août.

Prônant la "conver-

gence des luttes" avec

les salariés, les mili-

tants et sympathisants

de différents mouve-

ments d'extrême gau-

che - SUD étudiants,

JCR, FSE (Fédération

syndicale étudiante)

CNT (anarchosyndica-

liste) - ainsi que des

"inorganisés" cher-

chent à propager le

mot d'ordre d'"abroga-

tion" de cette loi.

P a r a l l è l e m e n t ,

l'UNEF - qui n'avait pas

mené bataille contre le

principe de la loi -

appelle les étudiants à

se "mobiliser", mais

surtout dans la per-

spective de la journée

d'action des syndicats

de la fonction publique

le 20 novembre. (…) La

journée du mardi 30

octobre a marqué le

franchissement d'un

cap. Dans une dizaine

de sites universitaires,

principalement de let-

tres et de sciences

humaines, où des

réunions s'étaient déjà

tenues ces dernières

semaines, de nouvel-

les assemblées géné-

rales ont eu lieu. Elles

ont réuni plusieurs cen-

taines de participants à

la faculté parisienne de

Tolbiac, à Toulouse-Le

Mirail, Caen, Aix-en-

Provence, Rouen, Reims

et Nanterre. (…)

Principal syndicat

étudiant, l'UNEF ne

met pas en avant, au

niveau national, les

mots d'ordre de retrait

ou d'abrogation de la

loi, mais ses militants

ne rejettent pas ces ter-

mes dans les assem-

blées générales.

Faisant état d'une

"grogne qui monte",

l'UNEF a appelé mardi

les étudiants à "ampli-

fier leur mobilisation" et

à faire du 20 novembre

la "journée du service

public". (…)"

LE MONDE 31 octobre 2007

UNE AGITATION PERSISTANTE

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7UNIVERSITES

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

La bourgeoisie UMPiste méprise le petit peuple etl'appauvrit. Elle le lui fait savoir en s'octroyant

plus de privilèges, notamment la loi sur les cadeauxfiscaux.

La loi d'autonomie des universités a été votéepeu de temps avant et elle pose de nombreusesquestions dont celles-ci :

l Le service public est-il la propriété de l'État, de grou-pes constitués ou de ses employés ?

l Le service public défend-il l'intérêt de minori-tés privilégiées ou corporatistes ?

l Le service public et son statut induisent-il unepolitique de service public ?

Il ne sert à rien d'incanter la défense du servicepublic sans répondre à ces questions. Selon-nous, unservice public doit être une propriété sociale et col-lective, qui de fait appartient à tous. Il se doit d'êtreréellement démocratique, c'est-à-dire sous lecontrôle de la population. Il acte une politique d'in-térêt général qui garantit l'accès de tous auxbesoins fondamentaux (logement, santé, transport,éducation, etc.) et pratique l'égalité de traitement.Hélas, les dits services publics sont utilisés par l'Étatcomme l'instrument d'une ségrégation sociale :radiation ANPE, exclusion et non attribution aulogement, difficulté de prise en charge de la santé,sélection (restriction des bourses par exemple) etformatage scolaire, ainsi que la recherche publiqueorientée par les besoins des firmes capitalistes(OGM, nucléaire, armement, biométrie et traçabilité ...).

La loi d'autonomie des universités n'est pasconforme à la vocation d'un service public : elle doitêtre combattue. Mais ne limiter la bataille qu'à cetaspect est une impasse qui nous conduira à défen-dre une université déjà dégradée par les mesuresgouvernementales antérieures (rappelez-vous de laloi Jospin en 1989 et autres). C'est une illusion enoutre qui ne résoudra en rien les problèmes del'existence quotidienne de la plupart des étudiantset des personnels, dans toutes ses composantes. Ceserait s'enfermer dans le piège du corporatisme quifeint d'ignorer que le pouvoir oppose les étudiants,les étudiants salariés, les salariés du public et duprivé, les intérimaires, les chômeurs et les bénéficiai-res des minima sociaux, etc. Ce qui lui permet derécupérer ce qu'il a momentanément concédé à cer-tains.

D'après nous, les attaques que nous subissonssont le fait d'une logique globale qui est produitepar le système capitaliste. Il ne sera défait que parune critique idéologique de fond, cernant les

tenants et les aboutissants des problématiquessociales par le refus du corporatisme et de son piègede la pensée-slogan génératrice de revendicationsde surface. Pour ces raisons, la mobilisation ne peutse limiter à la loi d'autonomie des universités. Il estnécessaire de poser des revendications unifiantesqui permettront une véritable convergence des lut-tes. Nous devons éviter également d'être pris dansles querelles des organisations. Ces dernières ontlibre droit de s'exprimer. Cependant, elles n'ont pasà s'approprier la lutte, surtout que l'immense majo-rité des personnes concernées sont en dehors decelles-ci. Le gage d'efficacité, d'unité, de démocra-tie et de massification passe par la mise en placed'un comité ouvert à tous (lycéens, étudiants, tra-vailleurs, intérimaires, chômeurs ...), comme ce fut lecas, et avec succès, lors du mouvement contre leCPE/CNE. Ce qui se déroule à l'université, à l'hôpi-tal, à l'ANPE ... (c'est-à-dire, chacun des servicespublics) nous concerne tous. Aucun syndicat et partin'a à décider à notre place. C'est tous ensemble quenous construirons la lutte et créerons un véritablerapport de force contre la politique du gouverne-ment.

Nous n'aurons que ce que nous prendrons ! Seule, la lutte paye !

Confédération Nationale du Travail Association Internationale des Travailleurs

BP 2010 - 14089 Caen cedexhttp://cnt.ait.caen.free.fr (Forum) [email protected]

A PROPOS DE LA LOI DITE D'AUTONOMIE DES UNIVERSITES

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8 ENTREPRISES

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

Quand on travaille chezAdrexo, on s'aperçoit vite qu'onn'est pas rémunéré pour les heu-res de travail réellement effec-tuées et que le paiement des fraisest réduit à peu de chose. Celapeut aller du simple au double,"parfois" plus, c'est-à-dire qu'unepersonne qui travaille un certainnombre d'heures est payée pourla moitié, et moins, des heureseffectivement réalisées. Le distri-buteur est théoriquement “payéau SMIC horaire” (même légère-ment plus depuis le 1er juillet2007, à 8,48 euros brut de l'heu-re). La société nous paie notre tra-vail d'une façon "conventionnel-le" selon des critères prédéfinis.

Mais ces critères sont, en fait,largement sous-évalués, et c'estle distributeur qui est pénalisé. Jepeux dire sans me tromper qu'undistributeur touche autour de 4euros de l'heure pour le travaileffectivement effectué. Si ce n'estpas du vol, de l'abus, de l'esclava-ge,… alors, qu'est-ce que c'est ?

La distribution, c’est un métier

Depuis le début, j'entend lesdistributeurs parler et se plaindrede leurs mauvaises conditions detravail et ceux qui peuvent ne l'ac-ceptent pas et restent une, deuxsemaines, un mois, deux mois,puis ils prennent leurs pertes ets'en vont sans demander leurreste. Mais ceux qui restentdemandent des explications. Laréponse ? …Variée… mais dumême tonneau : "C'est commeça, c'est conventionnel", ou

"C'est la machine qui calcule", oubien "C'est pas nous, c'est Aix-en-Provence (le siège) qui gèrecela, nous on n'y est pour rien, onne sait même pas comment çamarche", ou encore "Tu te démer-des mal", ou alors "Au début,c'est normal". Le chef de centrem'a même dit "Faut pas croire,c'est un métier la distribution.Tout le monde a pas le profil pourça". NB : c'est vrai que la "forma-tion" est poussée : une séance deune heure d'information avantl'embauche ; en fait, une heure deblabla où on néglige d'entrer tropdans les détails, mais ou on saitvous vanter les mérites d'apparte-nir à une filiale de Spir Communi-cation. On m'avait expliqué, àl'embauche, que je serais (sous-)payé à date fixe ("Chaque mois,ça tombe, vous n'avez pas à vousinquiéter, c'est sans problème",qu'il m'avait dit). Après ça, on nedoute pas qu'on a acquis un baga-ge exceptionnel et des compé-tences très pointues qui font quela distribution est un vrai métier,où l'on s'épanouit, et, qui plusest, n'est pas à la portée de n'im-porte qui !!! Je témoigne aprèsdeux ans de bons et loyaux servi-ces : c'est un vrai boulot... demerde.

Malgré cela, beaucoup sontobligés de le faire, ce boulot demerde, et ceux-là voudraient êtrepayés pour leur travail. Et ce "ilsvoudraient" est devenu "ils veu-lent". C'est pourquoi, le vendredi19 octobre 2007 à 07H00, après

une brève concertation la veille,une grève des distributeurs adémarré. Nous nous sommes ren-dus sur les lieux et avons filtré lesvéhicules des distributeurs venantprendre leur chargement, et, lamajorité d'entre nous (pour ceuxqui n'avaient pu être joints) aimmédiatement adhéré. Résultat :plus de 90 % de distributeurs engrève.

90 % de grévistes

Cette grève concerne le centrede distribution d'Aucamville, dansle 31 (mais, aux dernières nouvel-les, il y aurait d'autres actions,notamment à Pau, Bayonne,Niort… sans plus d'information).C'est une grève initiée par les dis-tributeurs eux-mêmes et pas unmot d'ordre syndical. Cela n'em-pêche pas que les syndicalistesprésents dans le mouvement degrève se sont empressés de faireremonter à leur syndicat, avantmême le début, l'action en "pré-paration".

Un certain nombre de syndi-caux sont, donc, venus "enca-drer" les revendications. J'ai vuarriver des gens que je neconnaissais pas, partir en "négo-ciation" avec "le patron" et ledélégué (non syndicaliste, ni syn-diqué) désigné par les distribu-teurs être refoulé par celui-ci,sans qu'à ma connaissance, unseul syndicat ne proteste.

A la sortie de la première ren-contre avec "le patron" aucunaccord n'est conclu, ni signé, mal-gré que le "dialogue" ait duréplusieurs heures. Le samedi et ledimanche, un certain nombre dedistributeurs se sont relayés àl'entrepôt de manière à évitertoute tentative éventuelle demanœuvre visant à réduire l'effi-cacité du mouvement.

Le lundi, dès 06H00 du matin,les premiers grévistes sont arrivés

Cette victoire est la vôtre

Je suis distributeur de journaux gratuits et de prospectus publicitai-res chez Adrexo Sud-Ouest. Adrexo est une filiale de Spir

Communication (cotée en bourse sur l'Eurolist) et spécialisée dans lesecteur de la distribution de journaux gratuits et de publicité. Je tra-vaille à temps partiel et c'est pour moi, comme pour un certain nom-bre d'autres distributeurs, un deuxième emploi ; néanmoins, pour lesautres, cet emploi constitue la seule source de revenu et il est inutilede préciser que la précarité est leur lot quotidien.

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Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

sur les lieux, les autres arrivant aufur et à mesure. Ils ont "intercep-té" les distributeurs qui n'étaientpas encore au courant pour leurexpliquer la situation. Je peuxréaffirmer que plus des 90 % desdistributeurs ont fait grève. Le"noyau dur", environ une trentai-ne de personnes (des plus dispo-nibles), est resté jusqu'à 19H30 ;heure à laquelle trois déléguéssyndicaux sont apparus pour nouslire le protocole d'accord en coursde rédaction. Selon ce protocole,la direction s'engage à corrigertout ce qui concerne la non-appli-cation correcte de la conventioncollective. Pour le reste, celaserait repris dans les négociationsannuelles de branche. Les distri-buteurs, satisfaits, on accepté dereprendre le travail dès le lende-main matin. Ces syndicalistesnous on dit "Cette fois-ci, ils onteu chaud". La grève a, donc, prisfin de cette façon. Espérons quela direction tiendra parole et ne secontentera pas de "mesurettes".

“Dialogue social” ? ? ?

Ce que j'en pense : Tout d'a-bord, je suis "surpris" de la com-plicité des délégués syndicauxavec "le patron". Ils ne parlentqu'entre eux (en habitués de lanégociation qu'ils sont), car ilsrespectent leurs règles ; ici, "lepatron" fait même valoir cesrègles (lui qui pour nous payer neles respecte pas), car, il refuse de

recevoir le délégué désigné parnous. C'est tellement plus rassu-rant pour "le patron" de discuterdes heures entre "gens de bonnecompagnie", et qui se connais-sent.

La grève est un rapport deforce. Le "dialogue" devrait selimiter à remettre nos légitimesrevendications au "patron" (ici,être payé pour les heures réelle-ment faites, entre autre) et luifaire savoir que la grève ne s'arrê-tera que lorsque celles-ci serontsatisfaites, et alors, seulement, onrédige un protocole simple maisclair reprenant tout ce qui estincontournable. De plus, les genss'en sont remis, "tout naturelle-ment", à ceux qui savent, qui sontlà pour ça, aux délégués syndi-caux. Ceux-ci ont eu, une fois deplus, l'occasion de justifier leursiège, de se faire valoir, et pour-quoi pas, disons-le, de resserrerleurs liens déjà si étroits avec lepatronat. Leur rôle est-il de nousdonner satisfaction, d'être à lapointe de la lutte ? ou bien delimiter les dégâts … pour lepatron ? D'être garants de l'ordresocial et d'éviter les ennuis à ces"messieurs" ? Quoi qu'il en soit,les gens présents semblaientconvaincus de la "justesse" de ladémarche et de sa logique légale.

Que le protocole soit respecté,totalement ou partiellement, jeconsidère, pour ma part, "l'événe-

ment" comme un échec "social". On a raté, une fois de plus,

l'occasion de se prendre en mainen se libérant de cette mascaradeconventionnelle. Je crois qu'ilmanque aux gens, en général, uneprise de conscience sociale. Ilsn'ont pas de recul, car, ils n'ontpas l'impulsion de remettre encause les "structures", qui sont deplus en plus contre nous,d'ailleurs. Ils se contentent derevendiquer, par syndicats inter-posés, qu'on leur lâche un peu demonnaie sonnante et trébuchan-te. Le patron accepte, car, decette façon, il achète sa tranquilli-té aux syndicats.

Le jour suivant la reprise dutravail, les déléguées syndicalesont affiché en tête du protocoled'accord, un mot pour tous. Cemot pour remercier les distribu-teurs de leur soutien, leur confian-ce, leur professionnalisme (?), leurparticipation nombreuse, et blabla bla.

Je cite : "Cette victoire est lavôtre", sous-entendu, c'est d'a-bord leur victoire (celle des syndi-cats et de leurs "désintéressés"représentants)… sinon, y avait-ilbesoin de remercier pour le sou-tien, la confiance accordée, la par-ticipation ? Y avait-il besoin depréciser que c'est la "victoire"des distributeurs ?… Un peu deflatterie ne coûte rien… Ceci illus-trant bien cela.

Paco

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Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

Par ailleurs, personne ne peutnier non plus qu'il existe une cer-taine aigreur, pour ne pas parlerde colère chez beaucoup d'entrenous. Marre de tout ce que jeviens de citer ci-dessus, d'autantplus marre que la paye ne suit pas(mais existe-t-il vraiment unebonne paye pour se faire mépri-ser ?). Pourtant, alors que toutcela aurait dû, en toute logique,nous mener à des mouvementssociaux dignes de ce nom, rien nesemble émerger depuis unebonne douzaine d'années.

Le but de ce texte n'est pas dejeter la pierre à l'un ou l'autre parrapport à cette situation (bien quecertains soient sans doute plusblâmables que d'autres) mais defaire le point à quelques jours d'unappel à la grève qui, selon lesbruits de couloirs sera suivi... Quevoulons-nous, pourquoi voulons-nous lutter, et quelles sont lesrevendications ? Mieux, quellessont les formes d'organisationsque nous souhaitons impulser lorsde ce mouvement ? N'est-il paspossible d'imaginer s'organisernon pas contre les syndicats ou lespartis présents dans la boîte, maisà leur marge, à leur bords, unemanière de créer une bonne fissu-re dans un jeu de dupes, fait denégociations s'arrêtant souvent aubout du nez syndical et sur le che-min desquelles nous avons tousoublié que l'une des revendica-tions historiques de la classe

ouvrière est bien de "s'émanci-per" de tout travail salarié et detoute hiérarchie, de manière auto-nome. Or, l'autonomie, sous unecertaine forme, nous en bénéfi-cions aujourd'hui, tout en n'envoyant pas les véritables avan-tages. Autrement dit, nous fonc-tionnons d'ores et déjà en auto-gestion dans les espaces de vente(sans parler des collègues qui tra-vaillent dans les petites unités,genre gare de banlieues, et y com-pris, parfois, dans les bou-tiques...).

Pourquoi ? Parce que, dans lecadre de notre boulot, nous n'a-vons pas à demander à qui que cesoit de résoudre quoi que ce soit,et dans le pire des cas, il suffit dese tourner vers un collègue plusconfirmé : prise et fin de service,gestion des conflits avec lesclients, de plus en plus "d'offres"aux guichets et la très prochaineexplication du changement debases tarifaire avec l'arrivée deNote's (et tout ça pour êtrerécompensé par une dernièrepub, qui clame haut et fort que leTGV ne fait pas gagner du tempsaux clients pour leur en faire perd-re en faisant la queue aux gui-chets : nous sommes donc à leursyeux des parasites à éliminer). Parcontre, autant la hiérarchie nous alaissé de fait (car bien involontai-rement) une marge de manoeuvre(de toute façon, ils/elles sont inca-pables de vendre un billet ou de

résoudre un problème avec unclient) autant ils/elles sont tou-jours derrière nous, à nous pour-suivre de leurs petites mesquine-ries et... encaissent une paye nonjustifiée que l'on pourrait, parexemple, se répartir.

Alors, oui, au-delà de la justerevendication de retraites rabais-sées pour tous (autre granderevendication historique de laclasse ouvrière : la réductioncontinue du temps de travail), exi-geons la suppression d'un mana-gement inutile (pas besoin de lesvirer, ils/elles n'ont qu'à redevenirguichetiers, voire même en gar-dant leur paye si ça peut leur faireplaisir, tant qu'il/elles arrêtent denous gonfler) et la possibilité denous autoorganiser comme nousle voulons... et puis, appelons à ceque les différents corps demétiers de la SNCF fassent demême et réfléchissent à comment,concrètement, diminuer les stra-tes hiérarchiques jusqu'à leur sup-pression définitive, jusqu'à lareprise en main concrète de laboîte par ses salariés. Appelonsen définitive à la constitution decollectifs dans chaque gare, d'as-semblées de travailleurs souhai-tant profiter avant et après lagrève pour se poser et réfléchirsur l'avenir et sur l'ouverture depossibilités nouvelles. Refusonsdonc toute forme de co-gestion etsurtout, gardons en mémoire quela SNCF est une entreprise haute-ment symbolique à divers titre etque se donner la possibilité d'in-fluer de manière radicale sur lecours du prochain conflit socialn'est pas dénué d'intérêt straté-gique et tactique pour la suite duquinquennat de not' bon maître...

Soyons durs aujourd'hui cartrès bientôt, nous n'aurons plusrien à perdre.

Un brav' gars de PRG Texte diffusé par le Collectif Anti

Hiérarchie des agents SNCF. Pour toutcontact : [email protected]

Sur l'Autonomie des luttes en milieu SNCF hostile

Depuis plusieurs mois, nous, ceux de la base des guichetiers, nousplaignions tous du fait que la hiérarchie ait durcie le ton et qu'elle

semble ne pas avoir à faire grand chose d'autre que de se triturer lesméninges pour voir comment nous mener une vie infernale. Autrementdit, à part sa fonction ostensiblement répressive, lequel d'entre nousest-il à même de décrire concrètement la fonction de ces petits chefsqu'en usine, sur une chaîne de montage, on ne taxerait pas pompeu-sement de "DPX", mais simplement de contremaître ? N'empêcheque, qu'elle que soit leur fonction, ils/elles nous font bien c... avec leurCaligo, leur tenue, leur CA, leur Train+, leurs petites et grandes consi-gnes, leurs petits et grands conseils, leur morale, leur sapage de notremoral, leur morgue et in fine, leur flagrante inutilité.

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Grâce à la peur, le systèmes'est renforcéL Ce n'est pas unepeur de Sarko, une peur de LePen, une peur des communistes,une peur des abstentionnistes,des anarchistes, etc. C'est unepeur informelle qui s'est installée,une peur qui n'a aucun fondementparticulier et que les politicardspeuvent doser à leur gré. C'estune peur qui "convulse" égale-ment le mouvement social sous laforme d'un "anti-sarko". Finale-ment, on est en train de glisservers un système névrotique quis'auto-alimente grâce à l'angoissequ'il génère lui-même. Noussavons que ce n'est pas nouveau,mais cela s'est amplifié de maniè-re exponentielle.

Micro-pouvoir

Le matraquage audio-visuel acréé une sorte de "panoptiquepsychologique" où chacun s'estsenti contrôlé, surveillé, épié,espionné, etc. On se retrouve icidans une mécanique énoncée parMichel Foucault grâce au conceptde micro-pouvoirs. Le micro-pou-voir permet de produire des dis-cours qui définissent les bornesde ce qui est ou non dans lanorme. Cela structure donc unesorte de "Loi" non énoncée, unenorme qui est à la base de lasociété de contrôle dans laquellenous nous trouvons. Le contrôlepermet de supprimer la centralité

du pou-voir, de ler e n d r einvis ible.Et donc luip e r m e td ' ê t r eplus effi-cace. Las c h i z o -p h r é n i eparanoïdequi s'estemparéede lapopulation à l'occasion de cesélections est certainement unedes explications du faible tauxd'abstention alors que les partispolitiques défendent tous lesmêmes choses (seule la façon deles présenter change). Tous sontfavorables au capitalisme (et à sonmode de répartition hiérarchiséedes richesses) et, peu ou prou,soutiennent sa variante actuelle,le libéralisme à outrance. Tousmettent en avant des valeurs etdes concepts imaginaires (qui per-mettent de communautariser, dediviser l'espace et les individus :religion, patriotisme, nation, etc.).

Tous aussi sont favorables aumaintien des institutions qui per-mettent la domination des classesexploitées et opprimées, qui assu-rent la défense des valeurs bour-geoises dont la sacro-sainte pro-

priété privée. Enfin, tous partici-pent à une véritable "productionde la délinquance" en édictantdes normes éthiques et socialesde plus en plus liberticides (les"incivilités verbales" étant de plusen plus considérées comme des"crimes") etc. Bref, l'état plouto-cratique et oligarchique combat laliberté, l'égalité, l'équité et la fra-ternité des individus…

Le noyau dur de l’abstention

Maintenant revenons aux 15 %d'abstentionnistes qui n'ont pasvoulu faire le jeu du système.Beaucoup de militants ont étécomme "ahuris" par ce faible tauxd'abstention et l'on a pu mêmeobserver un certain abattementdans le mouvement. Pourtant, onpeut analyser ce résultat dans uneautre perspective, d'autant queles législatives qui ont suivi ont

La cité de la peurRetournons quelques mois en arrière, à ce 22

avril dernier. Nous avons alors assisté à cequ'on pourrait appeler une mobilisationpsychopathologique vis-à-vis du carnaval élec-toral. En effet, le 22 avril n'a pas été le premiertour des présidentielles de 2007, mais bien le3ème tour de celles d'avril 2002… C'estd'ailleurs ce qu'on recherché les politicardsdepuis 5 ans.

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connu un retour certain de l'ab-stentionnisme. En tout cas, s'ab-stenir dans un contexte psycholo-giquement aussi violent et morali-sateur montre bien qu'il peut exis-ter comme un noyau dur de l'ab-stention. Nous savons très bienque beaucoup de ces abstention-nistes se présentent comme desindividus "dépolitisés" n'ayantaucune revendication précise,sauf peut-être celle de s'occuperuniquement de leurs propres inté-rêts égoïstes. Cependant, noussavons également que beaucoupd'individus -parfois les mêmes-savent très bien qu'il n'y a rien n'aattendre d'un quelconque pou-voir : "Tous les mêmes" disent-ils,et ça, c'est bon signe.

Il existe là une pensée autono-me, et, comme toute penséeautonome, elle est susceptibled'opérer, de manière spontanée,une vraie remise en cause de lalégitimité du pouvoir en place etde ses structures oppressives. Iln'est pas inintéressant de voircomment est composé ce noyaudur de l'abstention (selon la boîtede sondages Ipsos) : on le trouveaux deux extrémités de la vie :chez les 18-24 ans (22 %) et lesplus de 70 ans (20 %), pour unemoyenne nationale de 15,4 %. Lesartisans et commerçants (18 %),les ouvriers (17 %) et les employés(16 %) ont le moins voté, mais sur-tout les chômeurs : 28 % d'entreeux ont boudé les urnes, demême que les non diplômés.

A l'inverse, les champions duvote sont les professions libéraleset les cadres supérieurs ainsi queles agriculteurs, avec respective-ment 5 % et 7 % d'abstention. Lesplus abstentionnistes ont été lesVerts (26 %) et les électeurs ne sedéclarant proche d'aucun parti(27 %). C'est aussi dans les com-munes entre 20 000 et 100 000habitants que l'on trouve le plusfort taux d'abstention (21 %). Autotal, il y a dans ce noyau dur, bonnombre de jeunes, issus des clas-

ses populaires et qui ne se recon-naissent dans aucun des courantspolitiques électoralistes. Ceci ason importance, probablementplus que les élections elles-mêmes.

Révolte et autodétermination

Pour en revenir aux suitesimmédiates des élections prési-dentielles, les réactions sponta-nées qu'on a pu observer mont-rent qu'il y a un sentiment derévolte, une autodéterminationdes individus à se mobiliser face àl'arrogance et aux mépris desbureaucrates. Néanmoins, il estimportant d'aller au-delà de cetterévolte.

On le sait, la révolte en soi nemène à rien. Elle est nécessaire(car sans révolte, pas de moteur),mais elle doit être déterminée etréfléchie. Il est nécessaire au plusvite de dépasser la simple réac-tion épidermique anti-sarkozypour globaliser les luttes, les ame-ner vers le terrain de la grèvegénérale, et tisser des liens pou-vant conduire à une unité d'action(ce qui n'a rien à voir avec uneunité organisationnelle, avec l'uni-té de diverses organisations)côtoyant la résistance populaire.Sans quoi les étincelles qui s'allu-ment depuis quelques mois reste-ront un feu de paille qui s'éteindrarapidement. Il s'agit donc à la foisde ne pas laisser éteindre la flam-me et… de ne pas permettre àl'État de remplir trop facilementses prisons… Son appareil répres-sif est prêt, largement rodé. Nonseulement la révolte irrationnellene le surprend plus vraiment, mais

il a appris à en tirer tout le profit :par la calomnie et la répressionéhontée des révoltés, par unemanipulation médiatique des faitsà l'égard du reste de la popula-tion. Il est donc important demener des luttes déterminées etréfléchies. La lutte se fera avanttout sur le fond idéologique, ellese fera aussi sur le front écono-mique. C'est une lutte qui seralongue, qui devra tenir compte,pour avancer, des forces en pré-sences, des réactions répressivesde la nomenklatura… Il seranécessaire d'examiner les diffé-rents "devenirs" possibles au seindes luttes, suivant les mouve-ments et le désir d'émancipationdes individus.

Au-delà du show médiatique

Se focaliser sur le mythe"Sarko" occulte les problèmesdivers que nous allons rencontrer.Il n'est pas besoin de déifier plusSarko qu'il ne l'est déjà. La socié-té du spectacle y travaille depuisdes années et le show est detaille. Sarko est présenté commeune sorte d'esprit, d'ectoplasmeadulé (que ce soit de manièrepositive ou négative) responsablede tout nos maux pour les uns, detous nos succès pour les autres.Non, il en est tout autrement.Sarko est un produit du systèmecapitaliste. Comme la social-démocratie. Comme tous les maî-tres, il aspire les espoirs et lescraintes des individus, provo-quant leur aliénation. A se posi-tionner pour ou contre le person-nage Sarko, on ne réfléchit plussur la réalité, on se détourne, par-fois involontairement, des deuxbases des luttes à venir : résistan-ce populaire à l'oppression, émer-gences d'un mouvement nouveau(assembléiste, autogestionnai-re,…).

Résistance populaire et auto-gestion sont donc les bases àencourager pour les luttes futu-res.

Soleil Noir (CNT-AIT, Lille)

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Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

La ghettoïsation des cités,c'est avant tout l'État qui la crée,avec ses flics, ses assistantessociales, ses ZEP (Zones d'éduca-tion prioritaire !), cette tendance àimposer, plus ou moins, des bou-lots précaires.

L'unanimité (ou presque) de laclasse politique en faveur d'undurcissement de la législation (loisur la sécurité quotidienne, planVigipirate renforcé, amendementrestrictif sur la présomption d'in-nocence…) ne peut qu'être dirigéque contre les jeunes des cités,comme par exemple : couvre-feupour les mineurs, interdiction deregroupement dans les halls d'im-meubles, peines de prison auxfraudeurs des transports, sanc-tions financières et même pénalesaux parents de mineurs "délin-quants"… Il est évident que laviolence des jeunes prolos estsans rapport avec la violencequ'ils subissent au quotidien.

Mais le mépris, les comporte-ments injustes, racistes et provo-cateurs des flics, de la justice etdes autres institutions de l'Étatrévèle d'autres inégalités : l'accèsau logement, à l'éducation, àl'emploi, à la santé…

Toutes ces inégalités sont d'au-thentiques violences que subis-sent les habitants des quartierspopulaires. L'État, championtoute catégorie du double langa-ge, utilise l'anti-racisme ("SOSRacisme" and Co) pour se fairepasser pour le garant de l'égalité ;et, d'un autre côté, il met en

application des idées réactionnai-res, voire empruntées au Frontnational, pour asservir d'avantageles habitants des cités.

Les politiciens ont toujoursl'excuse de l'insécurité, mais, enréalité, c'est bien une guerre declasses qui se fait insidieusement.Ces mêmes politiciens fantasmentsur le concept de "tolérancezéro" de l'ancien maire de NewYork, mais ils se gardent bien dedire devant la population à quelprix cette politique a été appli-quée, notamment au prix d'in-nombrables bavures policières,d'interdictions aux plus pauvresde séjourner dans la ville, un net-toyage social de tout ordre, … enrésumé, cette "tolérance zéro"équivaut à une criminalisation dela pauvreté.

On ne peut pas assimiler la vio-lence entre pauvres et les explo-sions de révolte contre l'État.Contrairement à ce que préten-dent certains "révolutionnaires",fétichistesd'un cer-tain prolé-tariat, lesrévoltes denovembre2 0 0 5é t a i e n tlég i t imeset surtoutconscien-tes. Cesrévoltes nesont pasa r r i v é e s

par hasard. Elles sont le fruit d'hu-miliations quotidiennes, et cela neva certainement pas s'arrangersous le régime de Sarkozy. Lui etsa clique ont bien l'intention demettre les banlieues populaires"au pas", en sortant toujours plusde projets de loi usant et abusantde la répression comme parexemple, les peines plancher pourles récidivistes. Avec elles, unpetit délinquant, ou présentécomme tel, pour des actes trèsminimes, prend en direct plu-sieurs mois ou années de prison(exemple réel : un an de prisonferme pour récidive de détentionde cannabis : le jeune en questionavait 3 grammes de H sur lui !).Tout cela est digne d'un Videla oud'un Franco !

Pour conclure, la bourgeoisieconsidère encore et toujours lesclasses sociales les plus bassescomme "classes criminelles", ettout est bon pour ratatiner les jeu-nes des cités, du dénigrement("Aucune conscience de classe","Nouveaux fascistes", "Sau-vageons",…) à la répression acti-ve.

Dans les années qui viennent, ily a aura certainement des révol-tes de plus en plus dures, et il fau-dra se montrer solidaire avec lesrévoltés et tous les gens qui souf-frent dans cette société.

Julien

A PROPOS DE LA VIOLENCE DES JEUNES DES QUARTIERS POPULAIRES

Quand j'étais lycéen de Lycée d'Enseignement Professionnel (devenusdepuis les LP tout court), dans les années 80, il existait déjà une certai-ne violence entre jeunes : bagarres entre bandes rivales et parfoismême contre les profs. A l'heure actuelle, la presse semble découvrircette violence (derniers en date, les événements de la Gare du Nord),du coup, ils nous reparlent des jeunes de banlieue avec toujours lemême refrain : chômage, délinquance, désoeuvrement, etc., etc. Maisil existe une autre violence qui est beaucoup plus dure, c'est cettevolonté de l'État d'isoler les jeunes des quartiers populaires.

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L'entraide sur le parking de la Maison d'Arrêt de Seysses

Le Comité d'Action et de Soutien aux Prisonniers (CASP) soutien acti-vement les détenus par des courriers, parfois des visites et des man-

dats.Par la force des choses, à savoir la difficulté de voir des prisonniers,

nous avons plaisir à retrouver leurs proches aux heures de parloirs enpartageant un café. Or il apparaît nettement que l'AdministrationPénitencière (AP) n'est pas dans cette démarche. Sa principale règleest précisément de ne pas en avoir ; le CASP lui répond donc de lamême manière. Soyons clairs : le CASP est pour la destruction du sys-tème carcéral et donc en désaccord total avec l' AP.

Par revanche sur toutes les humiliations causées par cette derniè-re,et par nos actions, certes infimes mais efficaces, nous lui nuisons.

Il y a des exemples réguliers comme de ne pas pouvoir entrer dansla prison avec son sac ni ses clefs. Évidemment, il y a des casiers dehorsoù on pourrait déposer nos affaires, mais ceux-ci n'ont jamais été enétat de fonctionner. C'est pourquoi le CASP reste sur le parking jusqu'àla fin des parloirs et se propose de garder les affaires des visiteurs.D'autre part, les bus qui passent par la Maison d'Arrêt sont rares : envi-ron un par heure. Comme un fait exprès, l'heure du départ ne cor-respond jamais avec la sortie des parloirs. Le CASP propose de rame-ner les proches de détenus en voiture jusqu'à Toulouse.

Enfin, entrer dans la prison en short est taxé de " tenue incorrecte", alors un copain du comité a prêté son pantalon à quelqu'un quiaurait pu perdre son parloir.Nous avons pu constater récemment que ces petits actes portent leursfruits, car il est apparu que les visiteurs s'entraident maintenant eux-mêmes sans l'aide du CASP : samedi dernier,le bus est parti aumoment ou la prison ouvrait ses portes laissant sortir une foule de visi-teurs, qui sont tous repartis en co-voiturage ! Le CASP a gagné unebataille.

Nous sommes heureux de nuire avec certains proches de détenus àl'AP par ces petites actions, sans que cela puisse se retourner contreles proches ni les détenus. En effet, les règles de l'AP et de l'(in)justicesont sans cesse changées, c'est pourquoi le CASP s'adapte en consé-quence afin de ne pas céder. A chaque problème existe une solution ;le CASP s'en est fait une " règle " et avec l'aide de tous, parvient à sesfins tout en ne mettant en danger personne.

Ainsi, nous remercions toutes ces personnes qui ont décidé demoins subir cette épreuve et de la passer la tête haute. Des souriresnaissent sur ce triste parking, et c'est encore une bataille de gagnée.

Nous sommes tous concernés par les brimades et les injustices into-lérables que subissent les victimes du monde carcéral. Parlons-nous,échangeons nos expériences pour un autre futur. Non à cette société,non à l'enfermement. Tous ceux qui veulent participer à la lutte duCASP de près ou de loin sont invités à nous contacter.

Le CASPCourrier postal : voir ci-dessous. Courrier électronique : [email protected]

Par son ampleur, la vague debéatifications que le tenancier

du Vatican vient de déclencher enEspagne s'apparente plus à unecatastrophe (sur)naturelle qu'à unexercice de piété.

Pour casser la (faible) volontéde laïcisation qui émerge dans lepays il faut faire oublier la collu-sion entre l'église et le fascismeet transformer les bourreaux envictimes. C'est par fournéesentières que des curés, soit disantmartyrs de la guerre d'Espagne,deviennent des "Bienheureux".Comme un lecteur nous l'a faitremarquer, "Le nouveau bien heu-reux de mon village a été abattualors qu'il faisait un carnage entirant à la mitraillette sur les gensdu haut de son clocher". Onmesure à cet exemple de quelsmartyrs il s'agit ! Un autre lecteurnous a rappelé que, par une sortede miracle négatif, certains curésétaient oubliés par la béatifica-tion : ceux qui ont été fusillés parFranco ! Appartenant au clergébasque ou catalan, avec une sen-sibilité nationaliste ou républicai-ne, ceux-là n'avaient commiscomme seul crime que de ne pasavoir choisi le "bon camp".Fusillés et oubliés de tous.L'église à de ces trous de mémoi-re… Enfin, une fidèle lectricenous communique un extrait d'unlivre écrit justement par un curécatalan "de l'époque" JosepMaria Llorens, dont le titre "LaIglesia contra la Republica espa-ñola", comme son contenu, esttout un programme. On y app-rend que le cardinal Goma, pri-mat d'Espagne, qui avait appelédans une "pastorale" à la rébel-lion dès l'arrivée de laRépublique, "raconta qu'au coursd'une conversation avec Franco ilavait demandé à celui-ci de nepas se laisser aller à accepter unquelconque compromis …[et à]aller jusqu'au bout à la pointe del'épée jusqu'à l'écrasement totaldes rouges". Avec un tel amourde dieu, sûr que le Goma enquestion va carrément devenir unsaint (le grade au-dessus) !

Grenouillage dans les bénitiers

Nous rencontrer, nous écrire :

TOULOUSE / CNT-AIT, CASP : 7 rue St Rémésy, 31000. Permanence publique

chaque samedi de 17 à 19 heures. Téléphone 05.61.52.86.48.

Tables de Presse CNT-AIT : dimanche en fin de matin aux “puces” de St

Sernin, le mardi midi au RU du Mirail, périodiquement dans les quartiers.

MONTAUBAN / Table de presse le samedi à partir de 10H30 sur le marché de

Prax-Paris.

Sites internet : voir en page 2.

Page 15: PDFCreator, Job 3

15BIOMETRIE

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

En effet, par-ci par-là, commes'il s'agissait de tester la réactivitéde la population, dans certainsétablissements scolaires, d'étran-ges machines apparaissent poureffectuer un contrôle d'identitédigitale des élèves. Pour accéderaux selfs et cantines scolaires, ilsdoivent s'y soumettre.

C'est là une curieuse attitudequi entraîne l'obéissance et la ser-vilité dès le plus jeune âge, maisaussi une déshumanisation carcette machine fait inexorablementpenser à l'élevage des volailles oudes bestiaux en batterie.

L'utilisation de ces technolo-gies à grande échelle est récente.Voici deux ans et demi qu'ellesont été testées dans le contrôledes flux migratoires des frontièrescomme celles de l'Afghanistan etde l'Irak (fichage des gens parimage rétinienne). Serions-noussur un territoire en guerre ? Ellessont aussi utilisées dans les pri-sons. Nos enfants seraient-ils desdélinquants dès l'âge le plus ten-dre ? Les pouvoirs en place onttendance à le penser, eux qui ten-tent de généraliser la détection"génétique" de la délinquance !En tout cas, ils oeuvrent à la miseen place d'outils de contrôle,encouragés en cela par des indus-triels qui y voient la source d'unimmense profit. Certes, les genspourraient mal le prendre. Qu'àcela ne tienne : en 2004, dans uncourrier officiel envoyé au gouver-nement Villepin-Sarkozy le GIXEL(Groupement des industries del'interconnexion des composantset des sous-ensembles électro-

niques), expliquait comment"conditionner les populations à labiométrie". Voici un extrait decette instructive prose :"Acceptation par la population :

La sécurité est très souventvécue dans nos sociétés démocra-tiques comme une atteinte auxlibertés individuelles. Il faut doncfaire accepter par la populationles technologies utilisées et parmicelles-ci la biométrie, la vidéosur-veillance et les contrôles.

Plusieurs méthodes devrontêtre développées par les pouvoirspublics et les industriels pour faireaccepter la biométrie.

Elles devront être accompa-gnées d'un effort de convivialitépar une reconnaissance de la per-sonne et par l'apport de fonction-nalités attrayantes :

Education dès l'école mater-nelle, les enfants utilisent cettetechnologie pour rentrer dans l'é-cole, en sortir, déjeuner à la canti-ne, et les parents ou leurs repré-sentants s'identifieront pour allerchercher les enfants.Introduction dans des biens deconsommation, de confort ou desjeux : téléphone portable, ordina-teur, etc.

Développer les services "Card-less" à la banque, au supermar-ché, dans les transports, pour l'ac-cès Internet,…

La même approche ne peutpas être prise pour faire accepterles technologies de surveillanceet de contrôle, il faudra probable-ment recourir à la persuasion et àla réglementation en démontrantl'apport de ces technologies à la

sérénité des populations et enminimisant la gène occasionnée.Là encore, l'électronique et l'in-formatique peuvent contribuerlargement à cette tâche."

Extrait du livre Bleu 2004 :http:/www.gixel.fr/fr/Livre%20bleu.pdf.

Et voila, nous y sommes ! Cettetechnologie, fruit d'un lobby déli-rant mais qui s'entend très bienavec le pouvoir en place, de droi-te comme de gauche, intègre etcomplète en réalité la plus redou-table opération de contrôle socialet de scannérisation du mondejamais mise en place.

Malgré leur savantes straté-gies, l'installation de bornes bio-métriques a suscité des réactionsde résistance, et plusieurs asso-ciations en dénoncent les dan-gers. Nous n'entendons pas res-ter inactifs et nous appelons toutun chacun à amplifier la campa-gne d'information et de dénoncia-tion qui démarre : diffusez autourde vous l'information, appelezparents et élèves à refuser ce violde leur personnalité. Des tracts,des affiches (reproduite sur notredernière page) sont à votre dispo-sition.

Pour tout contact : CNT-AIT9 rue Duchalmeau66000 PERPIGNAN

MATERNELLES, PRIMAIRES, COLLEGES, LYCEES GENERAUX, TECHNOLOGIQUES, PROFESSIONNELS

Dans notre précédent numéro, nous avons fait état de l'installationde la biométrie au collège et au lycée publics de Font Romeu (66).

Il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais d'une attaque liberticide conduiteau nom de l'idéologie sécuritaire et des gros bénéfices qu'elle rappor-te à certains.

Big Brother ? Non, merci !

Bon à savoir

Contrairement à ce qu'affirmentcertains responsables d'établis-sement, la biométrie, à ce jourdu moins, ne peut être rendueobligatoire : tout élève qui refusede livrer des informations sur soncorps doit être respecté et doitpouvoir manger à la cantine dansdes conditions de non discrimi-nation par rapport aux autres. A l'établissement de sedébrouiller !

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16 BIG BROTHER

Anarchosyndicalisme ! /// novembre-decembre 2007

NON A LA BIOMETRIE ET A TOUTES

LES TECHNOLOGIES DE FLICAGE

- POUR ACCEDER AU REPAS DE LA CANTINE, LES ELEVES DOIVENT

PRESENTER L’EMPREINTE DE LEUR MAIN QUI A ETE FICHEE AUPARA-

VANT

- UNE FOIS DE PLUS UN POUVOIR POLITIQUE, SOUS COUVERT DE

TECHNOLOGIE ET DE RENTABILITE, S’ATTAQUE A LA JEUNESSE

-LA GENERALISATION DE CETTE TECHNOLOGIE BANALISERA LE

FICHAGE DES JEUNES, FAVORISERA L’EXCLUSION DES ENFANTS DES

MILIEUX PAUVRES ET CONDITIONNERA LES JEUNES A UN ASSERVIS-

SEMENT SOCIAL