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Passions d’un élu municipal

Robert Lemahieu

23.84 550182

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 310 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 23.7 ----------------------------------------------------------------------------

Passions d’un élu municipal

Robert Lemahieu

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A mon épouse, A mes enfants,

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Préambule

Mais pourquoi y a-t-il tant de candidats aux postes d’élus municipaux ? Mais que fait courir ces prétendants aux responsabilités de la vie publique ? Voilà des questions souvent entendues au bar du café du commerce et aussi en beaucoup d’autres lieux. Pourtant les embûches ne manquent pas, la presse nous relate régulièrement des affrontements en cours de mandat ce qui devrait atténuer l’enthousiasme des prétendants au pouvoir. Au contraire les difficultés, les pièges annoncés semblent les stimuler. Une fois élus, pourquoi tiennent-ils tant à se maintenir à leur poste, à s’accrocher à leur siège en se représentant obstinément de nouveau aux suffrages de leurs électeurs ?

L’appât du gain, l’ambition du pouvoir, le besoin d’exister, d’être reconnu ou tout simplement l’envie de servir ?

Les raisons en sont multiples. Certains s’appuyant sur des faits réels diffusés par les médias, diront que

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les avantages matériels et le pouvoir entraînent les élus à des dérives, parfois même les niant contre toute évidence. Au travers de mon expérience personnelle, j’ai tenté d’expliquer les motivations des élus dans leurs parcours au service de la cause publique.

J’espère de la sorte mettre en garde les prétendants à des fonctions électives pour leur éviter les désillusions, pour les éclairer sur les comportements à tenir face aux adversités et pour que seuls des objectifs nobles soient atteints au cours de leur mandat.

Mon propos aura ainsi un caractère pédagogique, en vue de tenter modestement de faire progresser le climat du monde politique local, voire d’éviter ou d’atténuer les tensions pouvant s’y développer.

J’espère apporter par ce livre, aux administrés, aux électeurs un éclairage qui leur donnera une vision plus indulgente du comportement des élus dont la tâche n’est pas simple et souvent guidée par de généreux sentiments.

Je souhaite aussi montrer qu’il est possible d’être élu sans pour cela se montrer belliqueux et indigne à l’encontre de ses rivaux. Cette démonstration apportera la preuve qu’un comportement loyal conduit à la pérennité de ses activités au service d’autrui et qu’au contraire le bien mal acquis ne profite pas.

J’ai voulu par ce témoignage offrir à de futurs élus ou à d’autres déjà en place, un mode d’emploi ou un guide qui simplement peut les aider.

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Il permettra enfin à tous les lecteurs de trouver les réponses à des questions que légitimement ils se posent et de leur procurer une part d’étonnement, de plaisir et peut-être d’exaltation à l’image de ce que vivent les élus.

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Chapitre 1 La vocation du service aux autres

« Les vocations manquées déteignent sur toute l’existence »

Honoré de Balzac

Je serai tenté de vous dire que comme pour toute responsabilité, vouloir être un élu ne doit pas être une priorité. Si toutefois tel était le cas, cette volonté devra avoir pour objectif essentiel la collectivité et non l’intérêt ou les ambitions individuelles. Les services à autrui sont nombreux et bien souvent la mise en œuvre de l’un d’entre eux vous fera connaître auprès de vos futurs électeurs ou coéquipiers. C’est ce que j’ai pu vérifier lors de mon entrée dans la vie municipale. Il est vrai que j’avais manifesté quelques prédilections pour la chose publique dès mon plus jeune âge, ce qui m’a facilité le choix lorsque l’appel s’est présenté.

Je me souviens ainsi des excellents moments

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passés dans le cadre de la section de Jeunesse Ouvrière Chrétienne, la JOC de ma ville.

Alors que je participais régulièrement à la messe dominicale, un prêtre de la paroisse m’avait repéré pour m’investir dans diverses actions auprès des jeunes. Parallèlement, j’ai eu la chance de connaître dans mon environnement scolaire et aussi de mon domicile, de nombreux amis et copains.

Le hasard y a probablement contribué, mais aussi mon attrait pour les relations humaines et la communication.

Issu d’une famille modeste de cinq enfants, mon père étant ouvrier, j’ai vécu dans une courée, comme il y en avait beaucoup au siècle dernier. Lors de mon adolescence nous avons déménagé pour nous installer dans un immeuble HLM, flambant neuf d’un quartier populaire. Cette habitation a métamorphosé notre vie grâce au confort apporté par des sanitaires modernes et une superficie de notre logement permettant à mes sœurs et à mes frères de se partager les deux chambres disponibles pour les enfants de la famille.

Comme je l’ai dit, de vivre dans un grand immeuble a contribué à mon intégration et à mon évolution dans la société. J’avais alors quatorze ans. C’était l’âge de la découverte des richesses de la vie en société mais aussi de son âpreté. Jusqu’alors l’univers dans lequel je baignais, se limitait aux frontières de la famille et de l’école privée dans laquelle ma mère m’avait scolarisé.

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L’école constituait un refuge dans un environnement certes de qualité mais aussi très exigeant, ce que j’appréhendais parfois. Docile et bon élève, je rentrais régulièrement à la maison le samedi, avec accrochée sur la poitrine une médaille qui symbolisait l’excellence des résultats.

Pourtant ma surprise fut grande lorsque pour une erreur futile de conjugaison, je recevais devant toute la classe une gifle que j’estimais injustifiée.

De quoi me perturber alors que les repères de la vie n’étaient pas totalement construits dans ma tête.

Arrivé dans ce nouveau quartier, mes parents avaient décidé de me changer d’établissement scolaire.

Une école dont le public se distinguait de l’environnement bourgeois que j’avais connu jusqu’alors. Il me fallait m’y introduire en m’y faisant respecter.

Les caïds étaient les rois et y régnaient en maître. Par quelques provocations et du mépris je fus à l’origine de ma première défaite qui s’est vite transformée en une sévère déconfiture.

Le manque d’expérience dans la bagarre de cour de récréation me fut fatal et je découvrais un monde agressif où la force physique prédominait.

A bien des égards j’ai trouvé le réconfort dans la prière que l’école catholique de mon enfance m’avait enseignée. L’inspiration m’est alors venue de m’introduire dans ce monde de violence, par une

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forme d’humilité à l’égard de ceux qui me dominaient. Rapidement et parce que j’avais accepté leurs règles, je fus admis dans cette société de petite délinquance.

Heureusement la fin de l’année scolaire et le changement d’école m’ont permis de me sortir de cet environnement déstabilisant.

Mon père a trouvé opportun de m’inscrire dans l’école dans laquelle il avait lui-même grandi.

Une chance de la trouver dans notre nouveau quartier et par son statut d’école privée elle me replaçait dans un milieu connu. Je crois pouvoir dire que je m’y suis épanoui.

Les professeurs et un enseignement tourné vers le concret ont su valoriser quelques-unes unes de mes aptitudes permettant à ma personnalité de s’y affirmer.

Dans mon nouveau cadre de vie comme je l’ai dit, les premiers contacts se feront par la paroisse où il me fut proposé d’entrer dans un groupe de la JOC.

Outre la camaraderie, j’y ai trouvé un terrain favorable à la réalisation de projets de vie en groupe.

Les rencontres avec les jocistes développèrent en moi l’envie de m’investir, imprégné des valeurs qui faisaient jour dans ma vie d’adolescent.

C’est ainsi que par solidarité avec des copains déjà en activité professionnelle à l’âge de 16 ans, j’ai eu le projet de leur communiquer le savoir dont je bénéficiais par ma scolarisation en classe de collège.

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Dans le cadre du groupe de JOC, j’ai proposé de mettre en place une structure de formation en anglais destinée aux jeunes ouvriers qui n’avaient pas eu la chance de continuer des études et qui se sont montrés motivés par mon offre.

L’abbé responsable des jeunes du quartier fut sensible à cette proposition et a mis à ma disposition une salle appartenant à la paroisse. Elle avait pour défaut de nécessiter une complète restauration.

Heureusement que les copains répondirent présents à mon appel. Equipés de pinceaux et de peinture fournis par les prêtres, nous avons remis à neuf les pièces offertes pour nos futures activités.

L’ensemble a pu alors accueillir des cours d’anglais mais aussi de mathématiques qu’à plusieurs collégiens nous avons ainsi pu prodiguer à nos copains en activité professionnelle le jour.

Déjà une vocation d’enseignant se profilait en moi de même que se développait mon empathie dans le service aux autres. La JOC m’a donné l’occasion de mettre en œuvre d’autres actions au profit des jeunes de mon quartier. Ainsi ils se retrouvaient souvent le dimanche après midi quelque peu désœuvrés. C’est pourquoi avec l’aide de plusieurs prêtres, avec le groupe de copains que nous constituions, nous avons réactivé le cercle paroissial appelé pour sa nouvelle destinée, le cercle des jeunes. Notre première opération fut d’acquérir un baby-foot. Grâce à une avance financière de la paroisse, nous avons pu faire

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l’achat d’un matériel d’occasion que nous avons remboursé par la vente de friandises au cercle des adultes après la messe du dimanche et au cercle des jeunes l’après-midi. C’est dans cet environnement porteur que j’entrepris aussi la réalisation de deux voyages lors des vacances d’été avec les copains que je côtoyais dans le quartier.

Le premier nous emmena dans les Ardennes, à vélo durant quinze jours.

Le deuxième nous fit traverser la Manche pour nous faire parcourir toujours à bicyclette un périple en Angleterre qui nous a fait découvrir Londres et Brighton. Le groupe était constitué de huit jeunes accompagnés par l’abbé et par un jeune adulte d’une vingtaine d’années.

Je me souviens qu’en préalable de chaque voyage, il fallait récupérer quelques financements obtenus par la récupération de bouteilles vides dans les caves des habitants du quartier que nous sollicitions.

Une charrette à bras nous servait de véhicule pour le transport du verre usagé jusqu’au récupérateur qui nous donnait quelques pièces qui financeraient en partie notre voyage.

Par ces sorties en groupe de jeunes campeurs je découvrais déjà les subtilités de la vie en société et les différences de caractères et de tempéraments. Certains étaient tentés par l’oisiveté tandis que d’autres ne manquaient aucune occasion pour s’investir dans l’action au service du groupe.

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Pareil constat, je le vérifierai souvent dans l’avenir.

Ma jeunesse s’est ainsi déroulée sans grand tourment, partagée entre les études au lycée puis à l’université où j’y ai préparé une maîtrise de sciences et le temps des copains qui m’a permis de m’épanouir tout en m’affranchissant de mes complexes dans le monde qui se présentait à moi.

La rencontre de ma future épouse m’a fait découvrir l’amour et le bonheur de la vie à deux.

Les enfants ont complété notre bien-être, par le sens qu’ils donnaient à notre existence et de les voir grandir dans le confort et l’équilibre familial.

Mes activités professionnelles furent denses, quelque peu chaotiques au départ, à l’occasion de certaines velléités qui me conduisirent vers des fonctions d’ingénieur vite interrompues par des maladresses et probablement de l’orgueil.

Heureusement je fus bien inspiré de retourner vers la voie pour laquelle j’étais assurément destiné, celle de l’éducation. Le lycée dans lequel j’avais exercé durant un an m’a de nouveau accueilli. Le retour dans cet établissement que j’avais quitté hâtivement ne fut pas simple. Mon amour propre devait en souffrir compte tenu de l’échec auquel j’avais dû faire face et des sarcasmes auxquels je risquais d’être confronté. La plupart des collègues ayant gardé un bon souvenir du travail en commun l’année précédente, m’accueillaient avec générosité. Fort de la confiance

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qui m’était accordée, je me devais d’être à la hauteur. Après avoir assuré les fonctions de répétiteur de mathématiques et durant six ans pendant mes études, celles de surveillant d’externat dans l’enseignement public j’étais programmé et formé pour encadrer les jeunes élèves. Je savais comment obtenir d’eux une forme de respect de l’adulte et de l’enseignant pour que mes cours de physique-chimie soient écoutés et suivis avec intérêt.

Il m’avait fallu toutefois veiller à parfaire mon enseignement qui était trop théorique au début. Mais déterminé et motivé dans l’innovation pédagogique, je franchissais les obstacles jusqu’à réussir le concours du CAPES avec mention, ce qui m’a été d’une très grande satisfaction.

Au-delà de mon enseignement, je me suis investi pleinement dans mon environnement professionnel et je décidais sous l’impulsion de collègues de créer et de présider une amicale ayant le statut d’une association loi 1901, avec pour objectif d’entretenir l’amitié et la solidarité entre tous les membres du personnel du lycée.

Grâce à cette structure, je retrouvais le plaisir de ma prime jeunesse pour l’organisation des activités de loisirs ainsi que pour les relations humaines et sociales.

C’était bien là ma vocation qui se confirmait par l’écoute et le sens du service qui m’a ensuite incité à m’engager dans la vie publique qui allait m’offrir bien

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des satisfactions et des temps de bonheur atténués parfois par les vicissitudes de la vie.

Ce qu’il faut retenir :

– La famille constitue le ferment essentiel permettant l’épanouissement et l’équilibre de la vie.

– Saisir toutes les opportunités qui se présentent pour servir la société.

– Se montrer humble et coopératif pour s’introduire dans un milieu fermé ou hostile.

– L’amitié et les relations humaines sont sources de richesses affectives et culturelles.

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Chapitre 2 L’engagement

« On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu »

Vauvenargues

L’histoire qui va maintenant suivre fut inspirée de faits et de personnages réels, mais pour certains évènements demeure une fiction, fruit de mon imagination ou d’une interprétation très personnelle.

Mon arrivée au conseil municipal de ma commune, nécessitait soit une démarche personnelle volontariste, soit une sollicitation de l’équipe sortante pour en faire partie.

Il n’était pas dans mes objectifs de m’engager spontanément dans la vie politique, n’ayant aucune expérience dans ce domaine ni d’exemple dans mon entourage, ce qui aurait pu me motiver.

Ce sont donc divers événements quelque peu

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banals qui me firent être repéré dans un premier temps, pour être ensuite sollicité dans un deuxième temps. Dès mon emménagement dans la commune avec ma famille, je fus sensibilisé par l’animation qui y régnait. Bien différente de ce que j’avais pu rencontrer jusqu’alors en ville où nous avions toujours vécu.

J’apprenais rapidement que chaque année à la fin du mois de juin, se déroulait la kermesse considérée comme la fête du village. Elle avait lieu dans une ferme de ma rue et dans la pâture qu’elle comprenait. Des stands divers apportaient une réelle animation au cœur du village pour le plus grand plaisir des jeunes mais aussi des adultes de la commune et des alentours.

On y voyait un jeu de massacre qui consistait à renverser des têtes d’hommes politiques à l’aide de projectiles en tissus, un stand de tir au fusil, des balançoires et bien sûr des loteries.

L’une d’entre elles, se distinguait par les lots qu’elle attribuait. La loterie du sucre.

Comme son nom l’indique le joueur chanceux emportait en guise de prix, un paquet de cinq kilos de sucre. Denrée qui au lendemain de la guerre était précieuse. La tradition était maintenue au point que le stand de la loterie du sucre emportait un réel succès. Rapidement je fus sollicité pour prendre le micro et devenir l’équivalent du bonimenteur, l’animateur qui par des formules à l’emporte pièce et un peu d’humour, distrayait un large public. « N’allez pas casser du sucre sur le dos de votre belle-mère,