PARUTION REGARDS #16 DEC 2011

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MONDE ARABE L'ANNEE DU PRINTEMPS 2011 restera une an- née historique dans « le monde arabe ». Entre le 14 janvier et le 23 août, trois des plus anciens dictateurs de la région ont fui leur palais sous la pression de mouve- ments de contestation populaire. De Rabat à Amman, tous les autres régimes ont été ébran- lés, et souvent contraints de faire des concessions sur le terrain des libertés publiques et/ou de la démocratisation. Si les dirigeants occi- dentaux ont dû, eux aussi, lâcher sans ver- gogne leurs anciens alliés, ils ne comptent pas pour autant perdre la main dans cette ré- gion. Au moment où les islamistes s'affirment comme des forces poli- tiques incontournables, ils n'hésitent pas à res- sortir le vieux discours du « péril islamiste » pour tenter de maintenir leur leadership. Mais la donne a changé, la vi- sion monolithique et an- xiogène sur les Arabes et les musulmans a peu d'emprise sur ces intifadas populaires qui attendent que « l'Occi- dent » bouge à son tour ! LA UNE MONDE ARABE, L'ANNéE DU PRINTEMPS 48 | Regards |DÉCEMBRE 2011 DÉCEMBRE 2011 | Regards | 49 Avec plus de 70% de participation, les Tunisiens sont venus en masse ce dimanche 23 octobre 2011 pour voter dans les nombreux centres d’élection. Parfois avec quatre heures d’attente pour glisser leur bulletin dans l’urne, les citoyens tunisiens ont défilé toute la journée et parfois même après la fermeture officielle de 19h.

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2011 restera une an-née historique dans « le monde arabe ». entre le 14 janvier et le 23 août, trois des plus anciens dictateurs de la région ont fui leur palais sous la pression de mouve-ments de contestation populaire. de Rabat à Amman, tous les autres régimes ont été ébran-lés, et souvent contraints de faire des concessions sur le terrain des libertés publiques et/ou de la démocratisation.si les dirigeants occi-dentaux ont dû, eux aussi, lâcher sans ver-gogne leurs anciens alliés, ils ne comptent pas pour autant perdre la main dans cette ré-gion. Au moment où les islamistes s'affirment comme des forces poli-tiques incontournables, ils n'hésitent pas à res-sortir le vieux discours du « péril islamiste » pour tenter de maintenir leur leadership. Mais la donne a changé, la vi-sion monolithique et an-xiogène sur les Arabes et les musulmans a peu d'emprise sur ces intifadas populaires qui attendent que « l'Occi-dent » bouge à son tour !

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Avec plus de 70% de participation, les Tunisiens sont venus en masse ce dimanche 23 octobre 2011 pour voter dans les nombreux centres d’élection. Parfois avec quatre heures d’attente pour glisser leur bulletin dans l’urne, les citoyens tunisiens ont défilé toute la journée et parfois même après la fermeture officielle de 19h.

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L'iNTiFAdA TUNisieNNe ReFUse LA « VigiLANce » OccideNTALeLa victoire d'ennahda aux élections tunisiennes du 23 octobre n'a pas tardé à faire resurgir en Occident les discours autour du « péril islamiste ». des discours que les Tunisiens considèrent comme éculés. ils préfèrent se concentrer sur les véritables défis – nombreux – de la transition.

L e 17 décembre 2010 à Sidi-Bouzid, petite cité de l'intérieur de la Tunisie, Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambu-

lant, se suicide en s'immolant par le feu après avoir été humilié par une agent de police. Pre-nant de court tout ce que la planète compte de géopolitologues, experts, spécialistes et autres « observateurs attentifs », ce geste de désespoir marque le départ d'une vague qui, 12 mois plus tard, continue de secouer le monde arabe.Le 23 octobre 2011, le parti islamiste Enna-hda sort vainqueur de l'élection de l'Assemblée

constituante en Tunisie en recueillant 89 des 217 sièges. En Occident, et notamment en France, la tonalité d'une bonne partie des commentaires politiques et médiatiques change brutalement. En quelques jours, on passe de l'enthousiasme pour ces « révolutions démocratiques » parées de toutes les vertus, à une attention « vigilante » face aux bons résultats des islamistes, actés (Tunisie) et à venir (Égypte, Libye). Sur l'air de « printemps arabe, automne islamiste », ceux-là mêmes qui, pendant dix ans, ont nourri le feu du péril islamiste et du choc des civilisations reprennent de la vigueur.Le 26 octobre, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, est à l'antenne de France Inter : « [Le résultat des élections tuni-siennes] ne va pas modifier les relations entre la France et la Tunisie, mais la France va rester vigilante. (…) La France va dire attention ! il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir et la ligne rouge c'est un certain nombre de valeurs

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et de principes démocratiques comme l'alter-nance démocratique, les droits de l'homme ou encore l'égalité homme-femme (…) On va être très vigilants et nous avons les moyens d'exprimer cette vigilance. » Le ministre a eu beau ajouter qu'il faisait « confiance » aux Tuni-siens, la tirade vaut son pesant de cacahuètes : surplomb civilisateur, autoproclamation de gar-dien du temple – « des valeurs et principes démocratiques » – et, pour finir, menace de sanctions économiques.

UNE « VIgILANCE » QUI HÉRISSELE PoIL« J'y vois les résidus d'une puissance coloniale qui pense encore qu'elle a des droits sur un peuple souverain, commente Nourredine Aloui, enseignant, sociologue et romancier tunisien. Cela fait un peu rire ici : cette France vigilante, cette France qui donne des leçons. Cette France soucieuse des droits de l'homme ne l'était guère pendant la période Ben Ali… »Pour Bertrand Badie, chercheur au Centre d'études et de relations internationales (CERI), spécialiste des relations internationales (1), cette sortie peut-être lue à plusieurs niveaux : « Cela montre que la stigmatisation de l'islamisme continue de faire recette ; cela relève de cette manière dangereuse et inappropriée d'envisa-ger l'islamisme comme un phénomène singu-lier, homogène et incapable d'évoluer alors qu'il y a autant d'islamismes que d'organisations s'en réclamant ; enfin, cela néglige le fait que le passage de ces révolutions arabes à l'élec-

tion n'est pas facile : pendant des décennies, les mouvements sociaux étaient coupés de tout leadership politique… » Mais surtout, le cher-cheur relève : « Cette maladresse diplomatique constante qui consiste à s'afficher en tuteur de ce qui se passe ailleurs. Comme si le point d'ancrage de la diplomatie française était de de-voir redresser des torts. Or cela est non seule-ment dépassé mais dangereux car l'expression

sans cesse renouvelée de cette tutelle peut pro-voquer et nourrir des sentiments antifrançais ; Je pense que le pays qui a inventé le concept de contrat social devrait laisser les contrats sociaux se faire et se construire tout seuls… »Historienne de la culture et de la vie intellectuelle en Tunisie, codirectrice de la revue IBLA (Institut des belles lettres arabes) à Tunis, Kmar Benda-na ressent cette ingérence comme « insup-

chronologie 17 décembre 2010, TUNISIE. Mohamed Bouazi-zi s’immole par le feu. S'en-suivent quatre semaines de manifestations dans le pays pour demander des

réformes et la destitution de Ben Ali. 14 janvier 2011, TUNI-SIE. Ben Ali quitte la Tuni-sie et se réfugie en Arabie saoudite. 17 janvier, TUNISIE.

Constitution d’un nouveau gouvernement - oMAN et yÉMEN. Premiers mouve-ments de contestation. 25 janvier, ÉgyPTE. Début de l'occupation de la place Tahrir au Caire.

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1er février, ÉgyPTE. Plus d' 1 million de personnes descendent dans les rues. Moubarak annonce qu’il ne se représentera pas à l'élection présidentielle prévue en septembre -

JoRDANIE. Démission du gouvernement. 2 février, yÉMEN. Le président Saleh annonce qu'il ne se représentera pas en 2013. 7 février, ALgÉRIE.

Manifestation dispersée par les forces antiémeutes. 11 février, ÉgyPTE. Départ du président Moubarak. Le pouvoir est transféré à l’armée. 13 février, LIByE. Pre-

« cette France qui donne des leçons,

cette France soucieuse des

droits de l'homme ne l'était guère

pendant lapériode Ben Ali. »

portable ». « La relation France-Maghreb a tou-jours été dissymétrique, ajoute-t-elle. Avec d'un côté l'opinion publique française qui se voyait libérale et héritière de la révolution, de la démo-cratie ; et de l'autre une opinion nationaliste en marche vers l'indépendance. Ce qui se passe aujourd'hui sort totalement de ce schéma. Dans le monde contemporain, tout se mélange grâce à internet, la mobilité, etc. Rien n'est linéaire, et du coup, ce regard occidental ne passe plus. »« Ce que dit Juppé me fait sourire, grince Rim Temimi, photographe de 38 ans, “italo-algéro-franco-tunisienne” engagée au sein du collectif de créateurs et d'artistes "Dégage" né au lende-

main du 14 janvier (2). Il veut être vigilant ? C'est gentil mais nous n'avons pas besoin de lui. Ce que nous avons fait le 14 janvier, nous l'avons fait seuls. Il serait temps que la France et l'Eu-rope comprennent qu'il faut nous traiter d'égal à égal. Le colonialisme et le néocolonialisme, c'est fini. »

LES ISLAMISTES NE DESCENDENT PAS DE LA LUNELa sortie de Juppé n'est pas un dérapage isolé. D'une part, elle colle parfaitement avec l'attitude adoptée par la France en janvier dernier : on se souvient de Michèle Alliot-Marie, alors ministre

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des Affaires étrangères, souhaitant envoyer des policiers au secours du régime vacillant ; et de la nomination ensuite à Tunis d'un jeune ambassadeur arrogant, Boris Boillon, toujours en poste. D'autre part, la position exprimée au cours de cette intervention s'est confirmée par la suite : la France a été l'un des derniers pays européens à féliciter les vainqueurs de l'élection du 23 octobre.Un raté politique. « Car, assure Rim Temimi, concernant les relations avec l'Occident, la jeu-nesse tunisienne, y compris celle de l'intérieur des terres, partage le sentiment qu'il est urgent de passer à autre chose. » Une jeunesse qui se dit aussi prête à assumer tous les risques inhé-rents au processus de transition démocratique dans lequel le pays est engagé. « Même si le pays vire à l'iranienne, je resterai ici », résume la jeune photographe.Loin d'être effrayés par la victoire d'Ennahda, la majorité des Tunisiens se disent avant tout fiers de ce qui se passe dans leur pays depuis un an. « Cette révolution avance à pas de géants, affirme Nourredine Aloui. Elle a connu une an-née de transition sans violence et les élections du 23 octobre ont démontré qu'il y avait une grande envie de changement. Nous découvrons le multipartisme et c'est une réussite : beaucoup de partis politiques seront représentés au sein de cette Assemblée. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les révolutions ont été faites par le peuple et sont en train d'être confisquées par les islamistes. Que je sache, ces derniers ne des-

cendent pas de la lune ! Ils ont combattu Ben Ali, Bourguiba, par le passé. Ils ne sont pas en train de voler notre révolution, ils ont été élus… Et les garde-fous sont là, Moncef Marzouki et d'autres vont siéger au sein de l'Assemblée et contribuer à modérer les discours. »La nomination, mardi 15 novembre, de Moncef Marzouki, chef du Congrès pour la République,

(arrivé deuxième aux élections avec 29 sièges), comme président par intérim pour une durée d'un an, apparaît, de fait, comme un signe positif. C'est au terme d'un accord avec les islamistes d'Ennahda que cet homme de gauche prend la tête du pays, le temps que l'Assemblée consti-tuante rédige une nouvelle Constitution.« De toute façon, Ennahda n'a ni le temps, ni les moyens de devenir un nouveau Rassem-

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mières manifestations à Benghazi. 14 février, BAHREÏN. Premières protestations et répression. Le roi du Bahreïn distribue environ 2 000,00 euros à toutes les

familles du pays. 20 février, MARoC. Près de 40 000 personnes manifestent dans les villes du pays. 24 février, ALgÉRIE. Le gouvernement lève

l'état d'urgence en vigueur depuis 1992. 27 février, LIByE. For-mation du Conseil national de transition (CNT). 9 mars, MARoC. Le roi Mohammed VI annonce

une réforme constitution-nelle, soumise à référen-dum, visant à renforcer les pouvoirs du Premier ministre et des partis poli-tiques. 14 mars, BAHREIN.

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis envoient des troupes pour soutenir la monarchie. 15 mars, SyRIE. Pre-mières manifestations massives.

4 juin, yÉMEN. Le pré-sident Saleh quitte le pays après avoir été touché par un tir d'obus. 23 août, LIByE. Khadafi prend la fuite et Tripoli passe sous contrôle du CNT.

« Nous découvrons le multipartisme et c'est une réussite :

beaucoup departis politiques

seront représentés au sein de cette

Assemblée. »

blement constitutionnel démocratique (ancien parti de Ben Ali) ; et ni le temps ni l'intention de faire basculer le pays dans un scénario à l'iranienne, considère Nourredine Aloui. Si elle s'éloigne clairement du salafisme, elle va deve-nir une organisation qui pourra diriger le pays au centre, genre démocratie chrétienne. Dans le cas contraire, elle deviendra un parti intégré au jeu politique mais marginalisé, qui fera un petit score à chaque élection à la manière des frères musulmans en Jordanie. »Rim Temimi confirme que la façon dont Ennahda va gérer la présence des salafistes dans l'es-pace politique mérite toute l'attention : « Ceux-

là, on les découvre et ils constituent un véri-table risque », juge-t-elle. Concernant le parti de Rached Ghanouchi, sa défiance est d'une autre nature : « En tant que musulmane, je ne veux pas que l'on se base sur les exégèses, les inter-prétations du Coran. Or c'est ce que fait Enna-hda et cela me déplaît. »Porte-parole en France du Parti démocra-tique progressiste (PDP), l'un des grands per-dants de l'élection du 23 octobre, Adnane Ben Youssef abonde : « Nous voulons débattre de la façon dont l'Islam est convoqué et utilisé dans le débat public et politique, car sur cela nous avons des divergences profondes avec

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Ennahda. Mais certainement pas de leur pré-sence au sein de l'espace politique. »

ExIgENCE oCCIDENTALEEn fait, tout indique que pour les Tunisiens, l'en-jeu principal est aujourd'hui de s'assurer que les représentants élus ne vont pas trahir les espoirs politiques, économiques et sociaux nés du sou-lèvement : « J'attends désormais de voir com-ment cette Assemblée constituante va agir avec les populations de Sidi Bouzid, Gafsa, etc. qui sont les plus déshéritées, miséreuses, et qui ont accouché de la révolution, assure Nourredine Aloui. Car le gouvernement de transition a au-jourd'hui le devoir d'en faire sa priorité. » C'est la question politique qui est ici ouverte, pas celle du risque de l'institution d'un nouveau régime au-toritaire. Un risque, il est vrai, très hypothétique : que ce soit Ennahda en Tunisie, les Frères mu-sulmans en Égypte et demain les organisations se réclamant de l'Islam politique en Libye, tous ont avant tout profité du printemps arabe pour… entrer de plain-pied dans le jeu démocratique. Un jeu dont, comme les autres organisations politiques d'opposition, elles avaient été écar-tées ces dernières décennies. Chacun, en Tuni-sie, s'accorde ainsi à reconnaître qu'Ennahda a mené une campagne efficace et bien organisée. En Égypte, alors que l'armée au pouvoir réprime les mouvements de jeunesse et fait tourner les tribunaux militaires à plein régime, les dirigeants politiques islamistes, présents en février sur la place Tahrir, ne se mouillent plus guère pour dé-fendre les jeunes révolutionnaires. Branchés sur

les enjeux de pouvoir des élections, les Frères musulmans discutent même depuis quelques mois déjà avec l'administration américaine. Le 30 juin dernier, Hilary Clinton a concédé que les États-Unis avaient établi des « contacts limités » avec eux. Contacts qui, depuis, se sont raffermis.Un an après le début des Intifadas arabes, il n'est donc pas exclu que l'on voit demain en Tunisie, en Égypte, et pourquoi pas en Libye,

des islamistes parvenus au pouvoir ou y parti-cipant, renouveler les baux d'assujettissement économique et stratégique souscrits par leurs prédécesseurs avec les puissances occiden-tales. Rien n'indique pour l'heure que ce sera le cas. Simplement, le grand flou artistique que ces forces maintiennent autour de leurs propo-sitions économiques et sociales ne permet pas d'écarter cette issue.D'autant qu'avec ou sans barbus, la commande occidentale, elle, n'a pas changé. « Son princi-pal souci est de maintenir la division interna-tionale du travail sécuritaire. Jusque-là, les ré-gimes assuraient le travail de sous-traitance de la menace venant du Sud. Et ce qu'elle attend aujourd'hui, c'est que les États maintiennent ces acquis » analyse Vincent Geisser. C'est

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23 septembre, yÉMEN. Retour de Saleh dans une ambiance de combats à Sanaa et Taiz. 2 octobre, SyRIE. Lan-cement du Conseil national syrien en exil.

20 octobre, LIByE. Kha-dafi est tué près de sa ville natale de Syrte. 23 octobre, TUNISIE. Élection des membres de l'Assemblée constituante, chargée de rédiger la future

Constitution du pays et de former un gouvernement de transition. Victoire d'Ennahda. 12 novembre, SyRIE. La Ligue arabe suspend Damas de l'organisation et

menace Bachar El Assad de sanctions. 28 novembre, ÉgyPTE. Date prévue pour la pre-mière étape des élections législatives censées se ter-miner en janvier 2012.

« La commandeoccidentale

n'a pas changé. son principal souci

est de maintenirla division

internationale du travail sécuritaire. »

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