Parcs et Jardins d’Auvergne · Arnaud Rochette de Lempdes « Parcs et jardins sont des éléments...

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Feuille de Charme Parcs et Jardins d’Auvergne Bulletin N° 17 Le mot du président Pour rester dans un style botanique, je souhaite vous dire tout d'abord que, à mon grand regret, mes problèmes de "circulation de sève dans l'aubier" ne s'améliorent pas et me contraignent à écourter le mandat que m'avaient confié mes prédécesseurs. L'année 2013 a été marquée par deux événements majeurs qui ont été, je l'espère, de bons moments pour le CPJA : La célébration du quadri centenaire d'André Le Nôtre nous a permis de ressusciter ce Grand Jardinier, mais aussi et surtout d'honorer ceux qui continuent avec talent et ténacité à maintenir concrètement sa mémoire dans notre province d'Auvergne. La visite de nos amis Bretons (une première ! en Auvergne) nous a permis de montrer un patrimoine bien vivant. Tous m’ont chaleureusement remercié, car en plus des très beaux jardins visités, ils ont été très impressionnés par la splendeur des paysages et des sites que nous avons visités. Je voudrais remercier chaleureusement toutes les personnes qui m'ont aidé à organiser ces deux événements ainsi que toute l'équipe dont les réalisations ont été merveilleuses. Je souhaite "bon vent" à mon successeur et beaucoup de succès au CPJA. Arnaud Rochette de Lempdes « Parcs et jardins sont des éléments rares et fragiles de notre patrimoine. Ils ne pourront survivre qu’au prix d’efforts constants d’entretien, de restauration et de protection de leurs abords » Sommaire Mot du Président 1 Fondation des Parcs et Jardins de France 2 Taille et greffes d’arbres fruitiers 3 Les jardins italiens à la Renaissance 4 La rose des prairies 15 Vigilance sur le Douglas 18 Conseils de Florus 20 Feuille de Code 22 Actions programmées 23 Visite de nos amis bretons en Auvergne 24 En Bourbonnais : trois jardins 31 Journée d’Art au château de La Batisse 35 La vie et l’œuvre d’André Le Nostre 38 Poème 41 À vos agendas – Avis 43 Rendez-vous aux Jardins 44 Une annexe : Bon de commande du livre « Le Nôtre » Février 2014 « Osez ! Dieu créa le monde et l’homme l’embellit » Jacques Delille

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Feuille de Charme Parcs et Jardins d’Auvergne

Bulletin N° 17

Le mot du président

Pour rester dans un style botanique, je souhaite vous dire tout d'abord que, à mon grand regret, mes problèmes de "circulation de sève dans l'aubier" ne s'améliorent pas et me contraignent à écourter le mandat que m'avaient confié mes prédécesseurs. L'année 2013 a été marquée par deux événements majeurs qui ont été, je l'espère, de bons moments pour le CPJA :

La célébration du quadri centenaire d'André Le Nôtre nous a permis de ressusciter ce Grand Jardinier, mais aussi et surtout d'honorer ceux qui continuent avec talent et ténacité à maintenir concrètement sa mémoire dans notre province d'Auvergne.

La visite de nos amis Bretons (une première ! en

Auvergne) nous a permis de montrer un patrimoine bien vivant. Tous m’ont chaleureusement remercié, car en plus des très beaux jardins visités, ils ont été très impressionnés par la splendeur des paysages et des sites que nous avons visités.

Je voudrais remercier chaleureusement toutes les personnes qui m'ont aidé à organiser ces deux événements ainsi que toute l'équipe dont les réalisations ont été merveilleuses. Je souhaite "bon vent" à mon successeur et beaucoup de succès au CPJA.

Arnaud Rochette de Lempdes

« Parcs et jardins sont des éléments rares et fragiles de notre patrimoine.

Ils ne pourront survivre qu’au prix d’efforts constants d’entretien, de restauration et de protection de leurs abords »

Sommaire

– Mot du Président 1

– Fondation des Parcs et Jardins de France 2

– Taille et greffes d’arbres fruitiers 3

– Les jardins italiens à la Renaissance 4

– La rose des prairies 15

– Vigilance sur le Douglas 18

– Conseils de Florus 20

– Feuille de Code 22

– Actions programmées 23

– Visite de nos amis bretons en Auvergne 24

– En Bourbonnais : trois jardins 31

– Journée d’Art au château de La Batisse 35

– La vie et l’œuvre d’André Le Nostre 38

– Poème 41

– À vos agendas – Avis 43

– Rendez-vous aux Jardins 44

Une annexe :

– Bon de commande du livre « Le Nôtre »

Février 2014

« Osez ! Dieu créa le monde et l’homme l’embellit » Jacques Delille

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Fondation des Parcs et Jardins de France : Un instrument indispensable

Un jour vous sortirez d’un extraordinaire parc à l’abandon ou d’un merveilleux jardin épuisant l’énergie de ses propriétaires. Vous vous demanderez comment garantir la survie de cette beauté fragile et cependant essentielle. Les subventions se font rares. Pour les jardins historiques, la déduction fiscale déjà faible pour les propriétaires à faible revenu, risque d’être pour tous limitée. Reste le mécénat. Avec les délégués départementaux de la Fondation des Parcs et Jardins, vous pourrez monter un plan de financement, convaincre particuliers et entreprises voisines d’apporter à la Fondation les dons dédiés au jardin choisi. Sous l’égide et avec l’aide de la Fondation du Patrimoine, la Fondation des Parcs et Jardins permet de rassembler et d’optimiser les efforts de tous les partenaires au service du jardin qu’ils veulent préserver. Pour tout versement, établir les chèques à l’ordre de la « Fondation des Parcs et Jardins de France » et les poster au C.P.J.F. (168 rue de Grenelle – 75007 Paris). Tous les dons feront l’objet d’un reçu établi par la Fondation du Patrimoine entrainant une déduction fiscale de 75 % sur l’ISF ou de 66 % sur l’IRPP.

168 rue de Grenelle 75007 Paris Tél : 01.53.85.40.40 – Fax : 01.53.85.40.49 – [email protected] www.parcsetjardins.fr

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Samedi 16 mars 2013

Taille et greffes d’arbres fruitiers A Guénégaud, chez Diane et François-Xavier d’Ussel, membres du CPJA

Avec « les Arboriculteurs de Saint-Pourçain-sur-Sioule et sa région » François-Xavier d’Ussel

Le temps froid et humide n’a pas découragé une vingtaine de membres du CPJA de répondre à l’invitation de l’association « Les Arboriculteurs de Saint Pourçain et sa région ». En effet cette association avait proposé au CPJA de participer à une de ses séances pratiques de taille et de greffage dans le verger d’un de ses membres.

Sur place, à Guénégaud chez François-Xavier et Diane d’Ussel, les membres du CPJA ont pu avoir des explications pratiques sur la taille d’arbres fruitiers (pommiers et poiriers) : plein vent et palmettes. Un expert de la vigne a également dispensé des explications sur la taille d’une treille.

À l’issue de ces exercices, nous avons rejoint un lieu abrité pour une séance de greffage sur table. Plusieurs membres se sont exercés au greffage à l’anglaise ou en fente. Ils ont pu repartir avec leurs arbres greffés avec les variétés de leur choix. Après ces exercices pratiques une collation était proposée par les hôtes des lieux, permettant aux participants des deux associations de poursuivre ce fructueux partage d’expérience.

Les Arboriculteurs de Saint-Pourçain-sur-Sioule et sa Région

De la plantation à la cueillette des fruits de la région, l'association propose des travaux théoriques et pratiques

concevoir et organiser toute manifestation et activité se rapportant au patrimoine fruitier d'origine locale et régionale

organiser des cours théoriques et pratiques de taille, greffe et entretien des vergers mis à sa disposition.

Contact : F-X d’Ussel Guénégaud – Chemin des Guénégauds - 03500 Saint Pourçain sur Sioule 04 70 47 56 01 - 04 70 45 03 46

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Dimanche 17 mars 2013

Les jardins italiens à la Renaissance Conférence d’Hervé Brunon

Historien des jardins et du paysage, chercheur au CNRS Directeur adjoint du centre André Chastel (Paris)

« Il n’est pas exagéré de caractériser la Renaissance par le capital d’inventions, d’arrangements, de plaisirs, de poésie et d’art, qu’elle a investi dans le jardin ». Cette forte affirmation d’André Chastel suggère avec justesse l’importance de cette forme de création dans l’Italie des XVe et XVIe siècles, promue par les élites, comme les papes et les cardinaux à Rome ou les Médicis à Florence et qui en font le signe et l’instrument de leur pouvoir. Comment l’idéal d’une mise en ordre du monde se traduit-il concrètement dans l’espace ? Si les principes géométriques – axialité, quadrillage, etc. – lient le jardin à l’architecture, la répartition du végétal l’associe également au paysage agraire. L’évolution des formes révèle par ailleurs comment la volonté de maîtrise par l’art a progressivement cédé le pas aux séductions imaginaires de la nature.

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C’est un grand bonheur de parler des jardins de la Renaissance en Italie. Le sujet me tient à cœur et j’y travaille depuis de nombreuses années. Je vous propose d’aborder quatre grands thèmes, par une progression chronologique dans la période des XVe et XVIe siècles. Renaissance de l’Antiquité et conquête du paysage au XVe siècle L’on peut comprendre cette « re-naissance » de l’Antiquité et cette conquête du paysage au XVe siècle, en les comparant, très schématiquement, avec ce qui se passe au Moyen Âge, et l’hortus conclusus, le jardin clos entièrement ceint d’un mur, où sont représentées des allégories. On peut appréhender le jardin comme un espace indépendant de l’architecture, un espace protégé du monde extérieur, considéré par la culture chrétienne comme dangereux, comme le lieu du péché. Même si elles seront supplantées par de nouveaux intérêts, une partie de ces idées médiévales perdurent. Il est important de le signaler, parce que l’on a tendance à caractériser les jardins de la Renaissance en termes de rupture, d’innovation. C’est évidemment très important, on va le voir à travers des lieux exceptionnels, considérés comme des chefs-d’œuvre, qui amènent des solutions très nouvelles dans le traitement de l’espace, mais pendant assez longtemps, beaucoup d’autres jardins continueront à s’inscrire dans la tradition du petit jardin clos. Ces innovations, on peut notamment les observer à Florence, dans les propriétés des Médicis, cette famille qui, au XVe siècle, affirme de plus en plus son pouvoir dans l’oligarchie florentine. L’une de ses demeures anciennes, la villa Il Trebbio, est conçue comme une forteresse, avec une valeur défensive et un jardin extrêmement simple, un petit jardin clos, avec des représentations symboliques.

De même à Cafaggiolo, telle que la villa apparaît sur l’une des très célèbres lunettes de Giusto Utens. Ce sont des vues extrêmement intéressantes pour comprendre les jardins de la Renaissance. Elles sont conservées à Florence et datent de la toute fin du XVIe siècle. On y découvre ici une bâtisse d’apparence encore très militaire et un petit jardin de plan trapézoïdal, assez modeste.

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Le jardin se structure et s’ouvre sur le paysage : l’exemple de la villa Médicis à Fiesole

La villa est située à flanc de colline. Le jardin est structuré en deux grandes terrasses parallèles, dont l’une est exactement axée sur la demeure. Il y a une liaison intime entre le bâti et l’espace externe. Le jardin s’ouvre entièrement sur le panorama extraordinaire et forme une sorte de « jardin suspendu », de « belvédère », avec des éléments structurants, des escaliers, une pergola. Avec cette vue sur le paysage, on peut parler de conquête du paysage et non pas de découverte : le paysage a toujours été là, mais la volonté est maintenant de se l’approprier visuellement et symboliquement.

On pourrait invoquer des modèles, notamment le rapport au paysage tel qu’il avait été formulé dans l’Antiquité, à partir d’un grand texte, présent dans la bibliothèque des Médicis : les Lettres de Pline le Jeune. Ce document extraordinaire rend compte de l’intérêt pour le jardin dans la civilisation romaine, mais aussi de l’intérêt pour le paysage. Pline y évoque notamment la vision de la campagne depuis sa villa toscane, assimilée à une peinture. De très nombreuses restitutions ont tenté au cours des siècles de donner une forme visuelle au contenu de ces lettres. Ces textes ont fait rêver des générations d’architectes et de paysagistes. Ce rapport au paysage dominé issu de l’Antiquité est revivifié par la culture du XVe siècle. On pourrait développer les mêmes observations, avec un autre lieu emblématique : la très célèbre cité de Pienza, au sud de la Toscane, du côté de Sienne, réaménagée par le Pape Pie II qui en était originaire. Né en 1458, le projet idéal de Pie II était articulé autour de la cathédrale et comportait une série de palais dont le palais personnel de la famille qui s’ouvrait par un jardin suspendu sur le paysage environnant. La loggia, comme élément de transition, est déclinée sur trois niveaux. Le petit jardin, certes clos, est comme un premier plan à partir duquel se déploie la beauté du paysage agraire. On possède un texte de Pie II dans lequel il exalte cette majesté du paysage de Pienza. Il reprend les mêmes motifs que Pline le Jeune. C’est ce modèle antique qu’il a en tête. Jardin du palais Piccolomini

Villa Médicis à Fiesole

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À cette époque donc, le jardin se structure. Il est organisé par des formes géométriques élémentaires parce que ce sont de belles formes. Ce sont les idées développées par Alberti dans son traité d’architecture. Composé vers 1450, il sera publié en 1485 en latin, sous le titre : De re aedificatoria (L’art d’édifier). Ces idées sont reprises par de nombreux théoriciens dont Francesco di Giorgio, un architecte siennois qui conçoit le projet d’un parc idéal. Une composition spectaculaire “à l’antique” : l’exemple de la cour du Belvédère du Vatican Au début du XVIe siècle, l’un des jardins qui aura sans doute le plus d’importance est celui de la cour du Belvédère au Vatican. Une composition spectaculaire à l’antique, projet monumental du grand pape bâtisseur, Jules II, confié à son architecte de confiance Donato Bramante. La réalisation est assez complexe, liée au plus grand chantier de la chrétienté à l’époque : Saint-Pierre, dont Jules II lance la complète reconstruction Giovanni Antonio Dosio – dessin 1558 Bramante est chargé de relier les palais apostoliques et la petite villa, par un dispositif, une sorte de grande cour à ciel ouvert, composée de trois terrasses, en fait, des jardins. Ce dispositif est lisible encore aujourd’hui. Ce jardin est conçu pour être contemplé depuis les appartements. C’est une sorte de dispositif théâtral, fait pour être regardé depuis un point unique. Pour traiter un espace aussi en longueur, le clore et en faire un lieu unitaire, Bramante a recours vraisemblablement au modèle des hippodromes et des cirques. Par exemple, le Circus Maximus, comme on l’imaginait au XVIe siècle, avec le principe des galeries, arcades superposées, permettant des déambulations couvertes et de structurer cet espace en longueur. L’autre grand modèle c’est le sanctuaire de la Fortuna Primigenia à Palestrina. Un immense dispositif en terrasses, lui aussi organisé par un grand axe et une succession de terrasses. Ce monument antique sert d’exemple aux architectes, dont Bramante, pour penser les manières d’aménager l’espace, de traiter une immense portion de pente, la structurer et la rendre praticable grâce à une série d’escaliers et de rampes. Domenico Castelli - 1655

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La célébration du prince par la représentation territoriale : l’exemple de Castello, près de Florence Castello, près de Florence, en Toscane, chez les Médicis, désormais les uniques maîtres de la cité. Côme Ier de Médicis devient en 1537 duc de Florence. Dès son accès au pouvoir, il va charger le sculpteur et architecte Niccolo Tribolo de remanier une villa familiale pour y aménager un jardin, affirmation politique du programme de gouvernement. L’une des lunettes de Giusto Utens le présente à la fin du XVIe siècle. Le palais est situé au bas de la pente. Cette situation permet de jouir de la vue du paysage. Le jardin est organisé en trois grands niveaux, dont le plus important se trouve en bas. La Lunette nous montre une axialité parfaite. Le grand axe de symétrie est aussi celui qui traverse le bâtiment principal. Il divise idéalement le jardin. En réalité, ce n’est pas exactement ce qui se passe in situ, puisque ce bâtiment préexiste (c’est aujourd’hui le siège de l’Académie de la Crusca, l’équivalent de l’Académie Française en Italie) et son axialité n’est pas celle du jardin. À la fin du XVIe siècle, Utens ne nous montre pas un état réel. Il faut toujours se méfier des vues de jardins qui ont l’air si vraies qu’elles semblent être des relevés scrupuleux. Ces vues nous montrent souvent un projet idéal où les problèmes ont été rectifiés, et qui correspond aux canons de l’époque : ici, un jardin en axe avec le bâtiment.

Le jardin intermédiaire était un jardin d’agrumes, exposé au sud, une situation parfaite pour la culture de ces fruits très appréciés. Aujourd’hui encore Castello possède la collection d’agrumes la plus importante d’Italie.

À Castello, le sculpteur Tribolo avait été chargé d’orchestrer tout un programme iconographique. En venant de la maison, on est obligé à un moment de bifurquer. Il est impossible de parcourir l’axe central tout droit jusqu’au fond du jardin. La fontaine de Florence que l’on contourne, crée une pause extrêmement importante. C’est aussi un élément symbolique fondamental : elle représente, au centre du jardin, la cité de Florence. Elle a les traits de Vénus, une allégorie, une personnification de la cité sous les traits d’une déesse. C’est tout à fait en adéquation avec la culture visuelle de la Renaissance. La sculpture est directement inspirée, sans doute, de La Naissance de Vénus de Botticelli (qui, à l’époque, se trouvait à Castello, dans la villa, puisqu’elle avait été commandée par l’un des ancêtres de Côme de Médicis).

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Le système axial comme structure symbolique : l’exemple de la villa d’Este à Tivoli La villa d’Este à Tivoli présente un autre jardin. Il nous montre l’utilisation de la structure spatiale comme dispositif symbolique par l’iconographie (sculptures, fontaines, allégories) qu’on y place. La propriété se situe près de Rome. Les travaux commencent vers 1565, sur commande du cardinal Hippolyte d’Este, issu d’une très grande famille régnant à Ferrare. Il confie à un architecte féru d’Antiquité, Pirro Ligorio, le projet d’un jardin spectaculaire en pente. Il reprend les principes d’axialité, de symétrie, de règlement des pentes par une succession de terrasses, ainsi que les principes de quadripartition. Une gravure dédiée à Catherine de Médicis et réalisée par l’architecte français Etienne Dupérac, en 1573, célèbre ce jardin. Cette fois, le palais est au sommet du terrain. Le jardin se déploie dans une pente principale et une pente secondaire, bordée par un grand précipice s’ouvrant sur la plaine avec, au loin, Rome. La villa d’Este s’implante au cœur de Tivoli, cité très prestigieuse des environs de Rome, fameuse dans l’Antiquité (l’antique Tibur). Tivoli d’un côté, Rome de l’autre, c’est exactement cette situation géographique qui sera miniaturisée dans le jardin. On retrouve la quadripartition, très nettement dans la partie basse, matérialisée par des pergolas, structures fragiles aujourd’hui disparues. On divise en quatre, et on re-divise en quatre. Les carrés sont dupliqués sous la forme de labyrinthes sur les côtés. Pour le deuxième niveau, plus en pente, on retrouve le principe de quadripartition, de grilles modulaires, de trames orthogonales, qui permet de structurer l’espace de manière très cohérente. Pour la partie haute, en pente forte, c’est un peu plus complexe et l’on a recours à des systèmes de rampes latérales complétés d’une partie boisée. Aujourd’hui, tout le détail du tracé et de l’ornementation végétale a été perdu. L’ensemble s’est transformé au cours des siècles, mais on a encore très nettement l’idée de la manière dont le terrain a été entièrement remodelé. Tout ce dispositif forme en fait une sorte de « jardin suspendu » qui ne doit son existence qu’à d’énormes substructures en arcades, dérivées de modèles antiques (comme les réalisations du Mont Palatin). Elles permettent au jardin d’avoir cette « assiette » (selon le terme de l’époque) stable dans une situation topographique aussi tourmentée. Faisons un rapide parcours. Partons du bas du jardin, le parcours initial à l’époque (aujourd’hui on vient d’en haut). On a d’abord une vision toujours axiale extrêmement spectaculaire, avec l’effet donné par la pente.

On est complètement dominé par le palais, image du pouvoir, tout en haut, qu’il va falloir atteindre par une ascension. L’axe central est le même que celui du dispositif de la cour du Belvédère, ou du sanctuaire de Palestrina. En s’approchant, on a un premier élément, une fontaine monumentale à grands jets, la fontaine des Dragons, point nodal crucial. À partir de là, on est obligé de bifurquer sur les côtés, d’aller à gauche ou à droite, de quitter l’axialité pour continuer d’explorer le jardin.

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Ensuite on peut parcourir, toujours en bifurquant, la partie la plus haute et donc la plus pentue du site. Très riche en jeux d’eau, le jardin offre un extraordinaire effet de caisse de résonance. Une fois arrivé en haut, on a la récompense de contempler la vue : le jardin et le paysage autour, ces très belles collines, dont les profils sont encore exaltés par l’ordonnancement du jardin.

On quitte cette fontaine, pour longer l’allée dite des Cent Fontaines avec trois niveaux d’eau, correspondant à trois rivières, qui encore une fois miniaturise la topographie réelle avec toute une série de symboles. L’aigle par exemple, un élément héraldique des Este. On a toujours conscience d’être chez un personnage très important, un cardinal très puissant.

L’art de régler l’espace par une grille modulaire : l’exemple de la villa Médicis à Rome L’art de régler l’espace par une grille modulaire s’est déployé dans des sites pentus, mais également dans les situations planes. Voyons l’exemple de la villa Médicis, à Rome, un jardin très important, un lieu prestigieux où se situe l’Académie de France à Rome. Elle appartient à la France depuis 1804. C’est une commande du cardinal Ferdinand de Médicis Le jardin se déploie selon cette grille modulaire. On retrouve l’ordonnancement de carrés, les quadri, avec le principe de quadripartition pour arriver à seize. Le tracé est généré en plan à partir d’un module en « palmes », mesure locale à Rome. Des grands carrés de buis ont été plantés très récemment, mais tout le tracé est quasiment intact. Là où se trouvent aujourd’hui des pins parasols, c’était le verger au XVIe siècle.

Et l’on parvient à la fontaine dite de Rome. C’est une sorte de maquette de Rome, de miniature au sens propre du terme mais qui utilise à nouveau l’allégorie : la cité de Rome est incarnée sous les traits de Minerve, une iconographie très courante à la Renaissance.

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Toute une série de sculptures scandent l’espace et rythment cette composition qui peut sembler un peu monotone. Apparemment statique en plan, le jardin est très dynamique lorsqu’on le visite et qu’on s’y déplace. On y rencontre sans cesse des points d’attraction : là, un portique, ailleurs une fontaine, une statue, qui vous invitent à parcourir ce jardin, tel un échiquier ou un damier. La répartition trilogique du végétal À la villa Médicis, on comprend très bien ce principe fondamental de la répartition trilogique du végétal. Les plantations sont toujours réparties selon trois types de lieux :

le jardin de fleurs, dédié à la culture des plantes à fleurs.

le jardin de fruits : il n’y a pas de séparation entre l’utile et l’agréable, comme on l’aura plus tard, quand le potager deviendra un espace en soi dans les jardins. Le jardin de fruits comprend aussi des fleurs, mais les fruits sont la dominante, ce sont les seize grands carrés où aujourd’hui les pins parasols remplacent les arbres fruitiers.

le jardin d’arbres sauvages, en italien le bosco ou selvatico, où les chênes verts, lauriers et essences persistantes dominent. Il reste soumis au même tracé régulateur (cela est lié à des pratiques de chasse).

D’autres exemples nous permettent d’étudier comment, dans ces jardins, le végétal est distribué et comment chaque chose a sa place accordée. L’exemple de La Petraia, près de Castello La villa date de la fin du XVIe siècle. La composition du domaine fait appel à la symétrie, les terrasses, la quadripartition, avec ici une variante en huit quadri, et un végétal choisi et distribué selon le principe décrit plus haut. En bas, le verger, le jardin d’arbres fruitiers avec des pergolas, puis, de part et d’autre du palais, un autre verger avec des arbres fruitiers nains. Le jardin de fleurs se situe entre ces deux espaces. Le jardin d’arbres forestiers est au-dessus.Le jardin de fleurs a fait l’objet d’un traitement spatial encore plus raffiné. On a appliqué au grand quadrillage un degré supplémentaire de division.

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L’Ambrogiana dans la plaine de l’Arno

Ce jardin, aujourd’hui disparu, date de la fin du XVIe siècle. On y retrouve deux des trois catégories usuelles du végétal. La trilogie de plantation était, en effet, librement déclinée dans chaque jardin, avec des variantes.

On a souvent tendance à imaginer aujourd’hui les jardins italiens comme de grands déploiements de verdure, uniquement composés de buis, de lauriers et de cyprès, de végétaux verts et persistants. Or à la Renaissance, ils étaient riches de parfums, de couleurs et de variétés. La varietas est un concept fondamental dans l’esthétique de la Renaissance. Elle est présente dans les réalisations car le jardin met en ordre toute la diversité de la nature. Toute une série de plantes nouvelles arrive. Le tabac fait son apparition et devient une plante d’ornement ; les plantes d’Amérique : le tournesol, le chrysanthème, la capucine, considérée à l’époque comme un trésor, la belle de nuit, originaire du Pérou, parfois appelée la « merveille d’Espagne ». Ces fleurs sont précieuses et rares à l’époque. Elles font l’objet de collections. Entre puissants, on se les échange, on offre les graines en signe d’amitié. Le jardin est évidemment le lieu de leur mise en valeur. Et cette division de l’espace par un traitement extrêmement cohérent et géométrique est aussi le support de la théâtralisation de la nature. Les bulbeuses font aussi leur apparition. Elles seront les plantes reines des jardins de fleurs du XVIIe siècle, suscitant un énorme engouement, phénomène social baptisé la « tulipomanie », et faisant même l’objet de spéculation économique. Mais dès la seconde moitié du XVIe siècle, la couronne impériale, ou fritillaire, est par exemple l’une des plantes emblématiques de ces nouveaux végétaux cultivés. La mise en scène de la diversité de la nature est l’objet même des jardins botaniques. L’on y applique exactement le principe de mise en ordre. Le jardin botanique de Padoue Il a été créé en 1545. Il est le jardin botanique le mieux conservé et le plus ancien actuellement encore in situ. C’est un jardin circulaire organisé en quatre carrés divisés en petits compartiments géométriques, tout comme les jardins de fleurs dans les villas princières. Les plantes ne constituent pas, ici, une simple collection, signe de puissance et de richesse. L’enjeu est d’avoir des plantes parfaitement identifiées, entrant dans la composition des médicaments. Le jardin de Padoue est divisé en quatre quadri, selon le même principe. Ces quatre carrés sont chacun re-divisés par des compartiments numérotés selon un jeu de géométrie extrêmement complexe. Dans chaque compartiment ne sera cultivée qu’une seule plante.

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Des relevés, découverts il y a peu de temps, indiquent les plantes qui y étaient précisément cultivées. Il s’agissait d’un système de repérage pour les étudiants en médecine. Ce traitement de l’espace avait aussi pour fonction, très importante, la mémorisation et le repérage à des fins scientifiques. Vers une esthétique « naturaliste » après 1550 : poétique de la forêt et de la grotte Après 1550, les jardins présentent toujours ces grands principes de la Renaissance : géométrie et « classicisme » de la quadripartition de l’espace, mais l’on cherche aussi maintenant l’irrégularité. Celle de la nature, du paysage, de la forêt et de tout ce qui trouve tout écho dans l’imaginaire, comme la grotte, le monde sauvage, etc. Je prendrai trois exemples pour évoquer ce thème :

La villa Lante à Bagnaia

C’est un jardin très bien conservé, un jardin de cardinal où la domination de la géométrie est poussée à son paroxysme : elle va non seulement régler le jardin mais également tout le territoire, la ville, le développement urbain. En même temps, un autre type de traitement de l’espace, tablant sur l’irrégularité, cohabite dans ce jardin. Le jardin régulier, classé monument historique et qu’on visite aujourd’hui, mais aussi l’autre partie, devenue jardin public.

Il s’agit bien d’un même ensemble, autrefois entièrement clos. C’était à l’origine un grand parc de chasse (barco) créé au début du XVIe siècle, dont une partie a été entièrement restructurée par un projet architectural très précis, sans doute dû à Vignole, l’un des grands architectes de l’époque, contrairement à l’autre partie, laissée plus libre, qui formait une sorte de verger d’ornement.

Un cas à part, Bomarzo, près de Viterbe Bomarzo est un jardin d’arbres forestiers. C’est un bosco, un boschetto, comme l’appelait son propriétaire, Vicinio Orsini. Pendant plus de trente ans il a fait son jardin, jour après jour, comme en témoignent les lettres écrites de sa main. Ce jardin échappe complètement aux critères présentés précédemment. Il s’agit de créer des émotions chez le visiteur. C’est fondamental dans les jardins à la fin du XVIe siècle. On s’y perd comme dans un grand labyrinthe. Ils créent des surprises, poétiques, émouvantes ou effrayantes.

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Feuille de Charme n° 17 page 14

Un parc boisé comme évocation de paysage de montagne : l’exemple de Pratolino, près de Florence C’est un jardin des Médicis. François Ier de Médicis, fils de Côme (le maître d’ouvrage de Castello) en est le commanditaire. Dans les années 1570-1580, les principes de géométrie, ordonnant parfaitement l’espace, sont remis en cause par une nouvelle vision de la nature, mettant l’accent sur ses forces vives, souterraines et mystérieuses. Le parc de Pratolino est représenté par Giusto Utens à la fin du XVIe siècle. Il ne nous montre que la moitié sud du jardin. Le palais, au centre, domine la composition. Le grand axe central est le seul élément de cette axialité que nous avons rencontré partout ailleurs ; la seule trace des principes jusqu’alors éprouvés face à un monde formel tout à fait différent, celui de l’irrégularité. Des courbes, des fontaines imitant les torrents de la montagne, des allées rectilignes partant dans tous les sens amplifient la spatialité labyrinthique ou « dédaléenne » déjà entraperçue à la villa Lante. Le jardin est conçu pour qu’on s’y perde. Il a pu apparaître aux yeux de certains spécialistes comme une prémonition du jardin paysager anglais. Les principes finalement expérimentés en Italie à la fin du XVIe siècle ont-ils été l’une des sources des jardins pittoresques du XVIIIe siècle ? Quoi qu’il en soit, Henry Wotton, ambassadeur d’Angleterre à Venise, déclare dans le traité d’architecture qu’il publie en 1624 : « Je dois signaler une différence certaine entre la construction et le jardinage car autant les édifices doivent être réguliers, autant les jardins doivent être irréguliers ou du moins projetés selon une régularité tout à fait sauvage. » Et il précise à ce sujet, se référant à Pratolino : « J’ai vu un jardin, incomparable dans ce genre, dans lequel l’entrée était une haute promenade ressemblant à une terrasse ; de là, on pouvait avoir une vue générale du domaine au-dessous, mais davantage dans un charmant désordre qu’avec une distinction exacte des parcelles. À partir de celle-ci, le spectateur ayant descendu de nombreuses marches se trouvait alors conduit, suivant plusieurs petites collines et vallons, à divers amusements de l’odorat et de la vue (…) dont je voudrais faire remarquer que chaque élément de cette diversité lui donnait l’impression d’avoir été magiquement transporté dans un nouveau jardin. »

♣♣♣

Sélection bibliographique d’Hervé Brunon : Le Jardin contemporain. Renouveau, expériences et enjeux (avec Monique Mosser), Scala, 2006,

réédition en 2011. Le Jardin comme labyrinthe du monde. Métamorphoses d’un imaginaire de la Renaissance à nos

jours, Presses de l’université Paris-Sorbonne/Musée du Louvre, 2008. L'Art du jardin, du début du XXe siècle à nos jours (avec Monique Mosser), Centre national de la

documentation pédagogique, 2011. La liste complète des productions scientifiques d’Hervé Brunon est disponible sur le site internet du Centre André Chastel : www.centrechastel.paris-sorbonne.fr/membres/herve-brunon

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Feuille de Charme n° 17 page 15

Dimanche 16 juin 2013

La rose des prairies

Chez Catherine et Jean-Pierre Chabry, membres du CPJA François-Xavier d’Ussel Le 16 juin 2013, une petite quarantaine de membres du CPJA se sont retrouvés au jardin de la Rose des Prairies chez Jean-Pierre et Catherine Chabry à Dourioux, petit hameau près de Charbonnières-les-Varennes à l’Ouest de Riom. Ce jardin, très agréablement dessiné en 2001 par Catherine Chabry, permet un survol historique impressionnant : on évoque les pépins de roses retrouvés dans les Pyramides, les Croisés qui ont rapporté la célèbre rose de Gallique dont descendent la plupart des variétés anciennes. Peu de fleurs ont suscité autant de passions que la rose à travers les siècles.

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Feuille de Charme n° 17 page 16

À Dourioux, la roseraie et ses annexes ; le jardin secret, le potager, la source miraculeuse et les champs expérimentaux ; abritent plus de 1.300 variétés de rosiers anciens, galliques, anglais, botaniques et quelques modernes. Chaque allée est un assemblage de couleurs et d’odeurs. Hélas les conditions climatiques n’ont pas été au rendez-vous cette année et la floraison a été retardée de 3 semaines, ce qui ne nous a pas permis de profiter pleinement de ce jardin. Cependant les explications passionnées de Catherine Chabry ont compensé l’absence de floraison et d’odeurs.

Nous parcourons l’allée Joséphine où nous retrouvons des variétés cultivées à la Malmaison : « Joséphine de Beauharnais », « Impératrice Joséphine », « Chapeau de Napoléon », « La belle sultane »….

Chaque rose a son histoire que notre hôtesse nous conte avec chaleur.

Après ce parcours historique, entrecoupé de renseignements techniques sur l’origine des roses en France, leur culture, leur taille et quelques conseils sur les traitements, un rafraichissement à base de sirop de roses, fait maison bien évidemment, nous est proposé. Pendant cette pause certains en profitent pour acheter des rosiers anciens cultivés par Catherine Chabry. Après cet intermède rafraichissant nous poursuivons la visite par les champs où sont cultivées diverses variétés avant implantation dans le jardin. Nous terminons par le potager, puis c’est le moment de se quitter non sans rester un peu sur notre faim.

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Feuille de Charme n° 17 page 17

Quelques données historiques

Au XIIe et XIIIe siècle, alors que les croisades embrasaient les cœurs et les passions, les voyageurs armés rapportèrent du Proche Orient de nouvelles variétés de roses dont la mythique rose de Damas qui dès le XIIIe siècle fit la fortune de Provins en région parisienne. Cette rose était plantée originellement sur l'Ile de Samos en l'honneur de la déesse Aphrodite. Plus tard, elle fut honorée à Rome avec la déesse de l'amour, Vénus. C’est à cette époque que la culture du rosier en France débuta réellement avec gallica officinalis (Rose des Apothicaires). Cette variété ramenée de Terre Sainte sera d’abord cultivée pour ses vertus médicinales avant d’être appréciée pour sa beauté au jardin. C’est à partir de cette variété que l’on fabriquait l’essence de rose au Moyen Age.

En France, les rosiers anciens les plus cultivés étaient alors les Galliques aussi appelées Roses de France (Rose de Provins, Charles de Mills, Tuscany) mais aussi des variétés de roses blanches appelées Alba (Céleste, Jeanne d'Arc, Cuisse de Nymphe), des rosiers de Damas (Félicité Hardy, Quatre Saisons, Rose du Roi), des rosiers Cent feuilles (Rosa Centifolia, Rose des Peintres, Petite de Hollande) et enfin des rosiers Moussus (Moussu commun, Salet). Toutes ces variétés avaient des traits communs : développées en gros buissons, elles présentaient le plus souvent une floraison. Au

XVIIe siècle, une mutation de Rosa gallica fait apparaître les « roses à cent feuilles », Rosa centifolia dont une mutation au XVIIIe siècle donne les « rosiers mousseux » (Rosa moschata).

Quelques informations techniques

Création d’une variété : pollinisation manuelle des 2 variétés dont on veut marier les caractéristiques : odeur, couleur, taille de la fleur pour obtenir des graines que l’on sèmera puis plantera pour sélectionner les plants qui correspondent aux caractéristiques souhaitées. Puis multiplication par greffage en écusson qui permet la reproduction à l’identique. Taille : c’est gros travail mais pour les rosiers anciens il faut une taille légère à l’automne et au printemps.

Engrais conseillés par notre hôtesse

« Patent kali » roche broyée contenant une teneur élevée en magnésium et en soufre garantissant un effet bénéfique sur le rendement et la qualité sans accroître la salinité des sols. A mettre au pied des rosiers à l’automne et au printemps.

Le purin de consoude (symphytum caucasicum) (réalisation comme le purin d’ortie). Grâce à sa forte teneur en matière organique, notamment en potasse, en calcium et en azote, c’est un stimulateur de croissance et de floraison reconnu pour les plantes. Il combat, comme le purin d’ortie, les pucerons et renforce les défenses de la plante (fonction éliciter).

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Feuille de Charme n° 17 page 18

Vigilance sur le Douglas

Nécrose du Douglas Des symptômes discrets mais importants à prendre en compte

Sur des peuplements adultes (30 à 50 ans), un phénomène nouveau commence à prendre de l’ampleur, même s’il reste discret à l’échelle de notre région. Il concerne certains arbres présentant des phénomènes de nécrose du tronc qui ne provoquent pas toujours la mortalité de la tige. On constate alors une déformation du tronc plutôt localisée à la base du houppier, appelée « nécrose cambiale en bande ». Cette déformation correspond à la réaction de l’arbre, qui entoure la zone de mortalité cambiale d’un bourrelet de cicatrisation particulièrement actif et qui permet au symptôme d’apparaitre aux yeux du forestier averti. Ce phénomène affecte essentiellement les peuplements de basse altitude (mais on en trouve en Auvergne jusqu’à 700 m) ou situés en situation difficile. Dans la zone de présence du Douglas, une enquête réalisée en Bourgogne indique qu’en moyenne 5 % des tiges sont atteintes avec des sévérités variables. Ce type de dommage peut concerner 40 % des tiges sur les situations extrêmes. L’origine de ces lésions reste pour l’instant difficile à déterminer et les éco physiologistes de l’INRA s’intéressent au sujet. Le conseil donné face à cet aléa consiste à repérer et retirer ces arbres dont la valeur d’avenir est hypothéquée par un défaut technologique du bois et une fragilité certaine. L’origine abiotique (qui n’est pas due à une maladie ou à un parasite) de ce phénomène n’oblige pas à une intervention spécifique et rapide, mais ces arbres doivent être retirés au fur et à mesure des éclaircies programmées.

Jean-Luc Parrel (CRPF)

Article issu du Bulletin Forêt d'Auvergne N°52

du Centre Régional de la Propriété Forestière d'Auvergne. Avec leur aimable consentement

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Feuille de Charme n° 17 page 19

Vigilance sur le buis

La pyrale du buis Les maladies du dépérissement du buis

Depuis ces dernières années, les plantations de buis font l’objet d’attaques de plusieurs bio agresseurs émergents, causant d’importants dégâts et leur destruction dans de nombreux sites patrimoniaux. La pyrale du buis est un lépidoptère de la famille des Crambidae, originaire d'Asie. C'est un papillon nocturne, attiré par la lumière, qu'on peut voir tournoyer autour de lampadaires de nuit, mais qu'on ne voit voler de jour que s'il a été effarouché.

La chenille de ce papillon ne semble consommer que des feuilles de buis (déjà observé en Europe sur Buxus sempervirens (buis commun) ; Buxus sempervirens L, rotundifolia (ou buis à feuilles rondes qui est une variété horticole) et Buxus colchica Pojark (ou buis de Colchide ou du Caucase).

En l'absence de prédateurs, elles peuvent provoquer des dégâts très importants sur leurs plantes hôtes. Elles tissent des toiles autour des plants infestés et laissent sur le sol de nombreuses déjections vert foncé.

Les adultes sont exclusivement des nocturnes. En Europe occidentale, l’espèce semble produire deux à trois générations par an.

L'hivernage se fait sous forme de nymphe, dans des cocons de feuilles et de soie, situés à l'intérieur du feuillage des plans infestés.

La première génération des papillons prend son vol en juin. La ponte des œufs en groupe se fait sur la face inférieure

des feuilles. Les œufs donnent naissance aux chenilles.

Les chenilles au dernier stade mesurent 35-40 mm de long. Elles se transforment alors en nymphe.

La nymphose dure environ un mois (pendue par la queue, tête vers le bas, généralement dans un cocon tissé entre les feuilles).

Les papillons en sortent deux à trois semaines après. La dernière génération passe l’hiver en l’état de jeunes chenilles logées dans des cocons. Dès

mars, elles quittent leurs cocons et recommencent à s’alimenter sur les feuilles.

Il s'agit d'une espèce invasive, qui figure depuis 2008 sur la liste d'alerte de l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes2 (OEPP, 2007).

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Feuille de Charme n° 17 page 20

Son introduction accidentelle en France a été repérée en 2008, mais le nombre d'individus laisse penser qu'elle date de 2005 au moins. Depuis, cette espèce est régulièrement signalée en Alsace et plus récemment en Île-de-France et en Poitou-Charentes. On la trouve également en Suisse et sur la Côte d'Azur.

Il y a d’autre part des maladies du dépérissement du buis dues à plusieurs champignons (Cylindrocladium buxicola, Volutella buxi) à l’origine de déclins massifs depuis la fin des années 2000 en France. La combinaison de ces deux problèmes émergents est un cas unique dont les propriétaires de jardins qui en sont victimes peuvent témoigner de l’extraordinaire virulence, en particulier au cours de l’été passé.

Récemment, des études de risques ont mis en évidence le potentiel de progression de ces bio agresseurs dans toutes les régions françaises.

Il n’existe aujourd'hui aucune solution pleinement efficace pour lutter durablement et le plus écologiquement possible contre ce ravageur et ces pathogènes.

Cependant, en cas de traitement, pensez à vaporiser sous les feuilles et ceci partout à l’intérieur du massif de buis

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LES CONSEILS DE FLORUS

Feuille de Charme n° 17 page 21

La taille des agrumes

La taille de ces petits arbres est simple et, quand ils sont assez grands ou déjà bien formés, celle-ci pourra se limiter au strict minimum. Un simple entretien en ôtant de temps à autre les branches mal organisées et en aérant un peu l’intérieur de l’arbre, pourra souvent suffire. Si vous taillez de façon plus importante, faites-le toujours après la récolte. Les tailles de formation Elles doivent être faites sur un jeune sujet pour fortifier et « diriger » les branches maîtresses. Ces branches, qui soutiendront la croissance de l’arbre et lui donneront sa forme, seront issues des trois ou quatre rameaux principaux. En tige Pour obtenir cette forme, on supprime les départs latéraux du jeune arbre tout en conservant sa flèche. Grâce à cela poussent de nouveaux bourgeons qu’il faut supprimer sur la partie basse. La sève monte et favorise la pousse de branches en hauteur. Quand l’arbre aura atteint la hauteur voulue, il faudra l’étêter et supprimer les branches latérales. Dans tous les cas il faut, à la fin de l’hiver :

Ôter les bois morts, Supprimer les « gourmands » démarrant sur le tronc, Couper, au départ du tronc, les branches qui en croisent une autre, Enlever les rameaux les plus faibles.

Vous pouvez intervenir plusieurs fois dans la saison. Il vaut mieux de petites coupes légères pratiquées à bon escient, qu’une seule grosse taille. La croissance des orangers et des citronniers étant rapide, toute erreur de taille peut être corrigée aussitôt sans attendre l’année suivante.

Mais souvenez-vous toujours que :

Un arbre vigoureux devra être taillé légèrement Un arbre chétif sera taillé plus sévèrement

M-J.H

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LA VIE DU C.P.J.A

Feuille de Charme n° 17 page 22

Feuille de code

Cette rubrique, que vous retrouvez dans chaque Feuille de Charme, a pour but de traiter des questions des pratiques ou du droit concernant les parcs et jardins. N’hésitez pas à envoyer vos questions à Marie-Jacqueline d’Hérouville [email protected] qui transmettra à Henri Jausions, membre du CA et expert géomètre, qui a accepté d’être votre conseiller, rédige ces articles et répond à vos futures questions…

LE JARDINIER ET LES PRODUITS « PHYTO »

Vous qui avez suivi (avec passion !) en 2008 le « Grenelle de l’environnement », vous ne serez pas déçus lorsque vous connaitrez toutes les obligations et contraintes que cela suppose concernant l’utilisation des produits phytosanitaires !

Un plan d’action « Ecophyto » a été mis en place dans le but d’améliorer et réduire progressivement l’utilisation des produits phytosanitaires en France. Une nouvelle règlementation se met en place, tant pour la classification des produits que leur utilisation.

Ceci concerne les produits de traitement des plantes et les arbres, contre les parasites, insectes, champignons et autres. Cela touche aussi les produits de traitements des sols : désherbants de toutes sortes, défoliants, anti germinatifs. Tous ces produits sont classés. Certains sont interdits à la vente, comme le chlorate qui vous a permis pendant longtemps d’avoir de belles allées. D’autres sont réservés aux professionnels et enfin les derniers sont pour tout le monde dans le commerce sous l’appellation « EAJ » (emploi autorisé en jardin).

Ce classement et cette contrainte dans l’utilisation laissent supposer que les produits « pro » seront plus efficace que ceux classés EAJ. Dès lors comment se procurer ces produits ?

Les professionnels, à la suite d’une formation, devront obtenir un certificat individuel pour les produits phytopharmaceutiques, appelé Certiphyto, qui attestera de connaissances suffisantes pour utiliser de tels produits en sécurité et pour en réduire l’usage. Il sera obligatoire à partir du 1er octobre 2014.

Cette formation est ouverte aux propriétaires forestiers mais qu’en est-il des propriétaires de jardins ? Aujourd’hui je ne connais pas la réponse, mais notre prochaine assemblée générale doit aborder ce sujet sensible.

Rendez-vous donc à notre Assemblée Générale le 1er mars prochain.

Pour en savoir plus: Lire la revue « Forêts de France » n° 561. Code Rural et de la pêche maritime sous les articles L et R 253-1 et suivants. http://e-phy.agriculture.gouv.fr/ http://draaf.auvergne.agriculture.gouv.fr/ et taper dans recherche le mot « échophyto »

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ACTIONS PROGRAMMÉES EN 2014

Feuille de Charme n° 17 page 23

ACTIONS PROGRAMMÉES EN 2014

Assemblée Générale ordinaire du CPJA à la Mairie de Pont-du-Château (63)9 h 30 : Accueil à la mairie 10 h : Assemblée Générale réservée aux seuls membres du CPJA à jour de leur cotisation 12 h : Déjeuner 14 h 30 : Information sur le plan « Ecophyto » par Madame Bouquet – chargée de mission pour le

plan Ecophyto à la DRAA Auvergne. 16 h : Visite du musée de la Batellerie

Découverte de deux parcs à Boulogne Billancourt

- Le jardin Albert Khan : un genre de jardin bien particulier au XIXème siècle : le jardin dit « de scènes ».

- Le parc Rothschild : parc paysager du XIXème siècle, créé vers 1860 selon un projet de Joseph Paxton, remanié par Paul Loyre, devenu propriété communale.

Rendez-vous aux jardins Le thème de ces trois journées est « L’enfant au jardin ». Le vendredi sera, comme chaque année, consacré aux scolaires. www.rendezvousauxjardins.culture.fr

« Vouloir apprendre ailleurs »

Voyage d’étude en Bourgogne du lundi 23 au mercredi 25 juin Nous serons logés au château de Barbirey dont les jardins sont classés « jardin remarquable ». De là, nous rayonnerons pour découvrir des merveilles.

Le Puy-en-Velay

- Un jardin à réinventer pour un hôtel particulier, - Rencontre avec un expert passionné de Bonzaïs, qui nous accueillera dans son drôle

d’univers à Chadrac.

Jardins du pays d’art et d’histoire de Riom

- La Folie Mercier à Mozac : les bordures en acier et les suites du plan de gestion - Deux jardins à Marsat :

• le manoir d’Aubeterre : masques de lave et glycine remarquable • l’Enclos Faydit du Corail : plan de jardin Attiret de 1783 et circuit hydraulique

Journées Européennes du Patrimoine 2014Thème « Patrimoine culturel, Patrimoine naturel » www.journeesdupatrimoine.culture.fr

Conférence Thème en cours de choix

Toutes les journées de rencontre-formation sont préparées et réalisées avec l’aide de spécialistes. Elles sont ouvertes à tous les amis de nos adhérents susceptibles d’être intéressés par les thèmes de nos rencontres et par les objectifs de

l’association. Les personnes de la DRAC, du Conseil Régional, des Conseils Généraux, sensibilisées du fait de leurs fonctions aux problèmes

environnementaux et à l’art du paysage, seront invitées aux journées de formation.

Samedi 1er mars

Paris

Vendredi 4 ou Samedi 5 avril

30-31 mai, 1 juin

Octobre ou novembre

20 et 21 septembre

Mardi 12 août

Vendredi 25 juillet

23-24-25 juin

Bourgogne

Haute Loire

Puy-de-Dôme

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LA VIE DU CPJA

Feuille de Charme n° 17 page 24

Jeudi 20 au dimanche 23 juin 2013

Visite de nos amis bretons en Auvergne

Daniel Piquet Vice-président de l’Association des Parcs et Jardins de Bretagne

Tout d’abord je tiens à remercier très vivement Claude Aguttes, Président d’honneur de l’Association des Parcs et Jardins d’Auvergne et Arnaud Rochette de Lempdes, Président de l’Association des Parcs et Jardins d’Auvergne, qui ont été les artisans de ce superbe weekend et nous ont permis de découvrir des sites exceptionnels, certains peu connus d’Auvergne. Venant d’horizons différents, les bretons se sont retrouvés le jeudi 20 juin en fin de journée dans le centre ville de Riom au fort passé historique. Riom, ancienne capitale de la région Auvergne, est d’origine gallo romaine : « ricomagus » riche marché. Son statut de ville royale, lieu du pouvoir civil et judiciaire, lui a permis de constituer un riche patrimoine architectural que nous font découvrir Claude et Arnaud.

La maison des Consuls

L’hôtel Guymoneau

L’hôtel Arnoux de Maison Rouge La Tour de l’horloge

L’hôtel Arnoux de Maison Rouge, l’hôtel Guymoneau avec sa belle cour intérieure et son escalier à vis, le beffroi de la tour de l’horloge, la maison des Consuls XVIe siècle avec ses médaillons en terre cuite, l’hôtel de Jenzat XVIIIe siècle où nous sommes chaleureusement accueillis par la famille Rocquigny. Très bel ensemble XVIIIe avec son jardin et ses décors intérieurs.

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Feuille de Charme n° 17 page 25

Il est déjà 21 heures et l’équipe talentueuse du restaurant « le Flamboyant » nous attend pour le dîner.

Le vendredi matin 21 juin notre groupe, après une marche sur les chemins étroits d’Artonne, est très aimablement accueilli au château du Verger par le Général de Larouzière (Président d’honneur de l’Association des Parcs et Jardins d’Auvergne) qui s’occupe personnellement de son jardin architecturé en terrasses, exposé au sud et bénéficiant d’une vue magnifique sur la chaîne des Puys. Nous y visitons également son exceptionnel pigeonnier.

Lors du retour vers le car, trois de nos participants s’égarent dans le dédale de rues mais nous les retrouvons fort heureusement après une demi-heure de recherches.

À 12 h 30 nous arrivons au château d’Opme à Romagnat, accueillis par Monsieur et Madame Durin et leurs enfants. Ancien château fortifié réaménagé à la fin du XVIe siècle avec un jardin en terrasses reliées par un escalier à double révolution et disposant

d’une fontaine attribuée à Jacques Androuet du Cerceau. La vue s’étale sur toute la plaine et les monts d’Auvergne. Le jardin est labellisé « jardin remarquable ». Monsieur et Madame Durin nous ont très aimablement mis à disposition le château pour notre déjeuner pique nique. Nous quittons se superbe endroit pour nous rendre au château de La Batisse situé en contre bas à Chanonat où nous attendent Monsieur et Madame Arnoux de Maison Rouge au portail d’entrée de la propriété.

Monsieur de Maison Rouge nous présente en préambule l’exceptionnel plan XVIIIe siècle du jardin qui est merveilleusement situé au creux d’un vallon, traversé par des eaux canalisées alimentant vasques, bassins et cascades.

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Feuille de Charme n° 17 page 26

Nous ne quittons pas Chanonat sans au préalable passer au château de Varvasse chez Monsieur et Madame Valéry Giscard d’Estaing, visite préparée par Claude Aguttes.

Le temps passe trop vite et nous devons terminer la journée au milieu des monts d’Auvergne à quelques dizaines de kilomètres au château Liberty à Condat-lès-Montboissier.

La route serpente à travers les vallées, le car y est parfois à l’étroit ; mais après une heure de route nous découvrons le château Liberty datant du XVIIIe siècle siégeant sur un plateau au milieu de son écrin végétal. Nous y sommes accueillis par Monique et Jean Norbert Muselier remontés de Marseille pour l’occasion. La propriété a fait l’objet d’une restauration époustouflante. Elle a conservé son grand potager, verger protégé par de très hauts murs et remis en valeur. Madame Dominique Giron, maire de Condat-lès-Montboissier et vice- présidente du Conseil Général, nous y rejoint et nous présente cette région très attachante.

Nous nous attardons sur la terrasse autour d’un apéritif, profitant du soleil couchant. Monique et Jean Norbert nous ont fait partager un diner auvergnat ; l’inoubliable blanquette de Liberty dans le cadre exceptionnel de leur salle à manger et leur superbe cuisine. Nous quittons avec regret cette ambiance chaleureuse et unique.

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Feuille de Charme n° 17 page 27

La passion et les échanges nombreux nous font oublier l’heure et c’est avec retard que nous arrivons à Augerolles au Ventalon. Charles Henri et Paule de Provenchères nous attendent pour nous faire partager leurs passions dans ce site remarquable de beauté et de grandeur. Charles Henri ; Président du syndicat forestier du Puy de Dôme, nous présente l’ensemble de son

arboretum dans le vallon que domine la propriété. Paule nous fait les honneurs de son jardin intimiste à l’abri de hauts murs. Le soleil et l’heure nous amènent vers le pique nique que nous partageons sous les vélums mis en place par nos hôtes.

La sieste se fera dans le car. Nous devons rejoindre Riom en passant au château de Saint Saturnin chez Monsieur et Madame Pénicaud. La propriété, fief des la Tour d’Auvergne dont la dernière fille est devenue Catherine de Médicis, est passée à Marguerite de Valois qui en fit don à Louis XIII. Devant la bâtisse s’étale un grand jardin en terrasse de deux hectares et un petit jardin intimiste sur le coté est, clos de murs, qui fait l’objet d’une restauration dans l’esprit renaissance italienne avec la mise en place d’un bassin d’eau. Monsieur Pénicaud nous fait partager sa passion et les échanges sont animés autour de rafraîchissements.

La journée du samedi 22 Juin débute par la visite du jardin du château d’ Hauterive XVIIe siècle, situé sur une colline dominant Issoire. Marie-Caroline d’Hauterive nous attend, prête à nous faire partager sa passion et son expérience pour la restauration et l’entretien de ce très beau jardin et parc de 13 hectares labellisé « jardin remarquable », de type classique avec parterres, bosquets, potager, arbres d’alignement.

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Feuille de Charme n° 17 page 28

Les minutes s’égrènent trop rapidement avant que nous arrivions au château de Portabéraud ISMH chez Véronique Bouët Willaumez. Bien que très occupée par les préparatifs d’une animation théâtrale prévue en soirée, Véronique nous présente son jardin clos, écrin de la maison archétype de la folie du XVIIIe siècle avec ses statuaires, grilles et ornements.

Quelques kilomètres plus loin dans la plaine nous arrivons tardivement au château de Blanzat où Claude Aguttes et son épouse nous accueillent. Le jardin aménagé dans l’esprit du XVIIIe avec son théâtre de

verdure, son orangerie et ses vases d’Anduze est labellisé jardin remarquable. Un rafraichissement nous y attend.

Nous rejoignons ensuite directement le château de Tournoël sur son piton rocheux entouré de bois, où Claude et son épouse ont organisé un diner médiéval. C’est avec beaucoup de difficultés que l’autocariste réussit à nous hisser sur ce piton dominant la plaine de Limagne. Le site est exceptionnel, la restauration du château est époustouflante ; cour intérieure, cuisine médiévale, salle des gardes,

salons, et chambres à l’étage sont

restaurés dans le respect historique. De nombreux adhérents de l’Association des Parcs et Jardins d’Auvergne nous y rejoignent. Le diner se déroule dans une ambiance très festive à la façon du XVe siècle avec les cuissons dans la cuisine et le four du château. Malheureusement

nous devons nous soumettre à l’horaire et quitter ce lieu magique ;

il est minuit.

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Après une courte nuit nous reprenons l’autocar à 9 heures afin de rejoindre le jardin du Prat chez Henri et Marie Xavière Chevallier-Chantepie. Le jardin est une création très réussie avec beaucoup de sensibilité, mettant en valeur la maison en respectant le site et sa rivière.

Quelques kilomètres plus loin nous visitons le château du Méage ISMH appartenant à la famille Chavagnac. Nous sommes accueillis par Isabelle et Bruno.

Un jardin classique entoure le château et sa douve en eau ; c’est un site tout à fait préservé. Bruno nous présente en aparté ses superbes travaux de menuiseries.

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Nous remontons plus au nord au château d’Avrilly appartenant à la famille Chabannes de la Palice. Nous y sommes accueillis par Madame Ghislaine de Chabannes et Monsieur Pierre Daumin, secrétaire de l’Association des Amis d’Avrilly. D’origine XVe, remanié au XIXe, le château est entouré de son écrin de cent hectares avec plans d’eau, orangerie et belvédère. Nous déjeunons dans l’orangerie en dégustant une cuisine typique de la région ; une succulente tourte bourbonnaise aux pommes de terre.

D’Avrilly nous rejoignons la gare de Moulins d’où le train reconduira la majorité des nôtres à Paris. Notre groupe à l’unanimité a été enchanté par ce voyage historique en Auvergne et s’il fallait retenir une chose, outre l’intérêt et la beauté des sites, c’est l’accueil particulièrement chaleureux que nos amis auvergnats nous ont réservé. Merci à Arnaud qui nous a accompagnés et guidés durant tout le séjour. Nous reviendrons. Dîner à Tournoël

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Vendredi 26 juillet 2013

En Bourbonnais

Trois jardins, trois niveaux d’évolution Philippe Chevallier-Chantepie

En 2013, sous un ciel radieux dans l'Ouest du département, le CPJA nous a permis de découvrir ou redécouvrir trois sites dont les jardins représentent trois étapes dans la réalisation d'un jardin : La Condemine, un jardin médiéval à créer ; La Bussière, l'évolution six ans après ; Le Plaix, un jardin abouti. Le château de la Condemine, chez Monsieur et Madame Patrick Boeri : un projet de jardin médiéval dans la cour du château à imaginer Nous avons été accueillis autour du traditionnel café par Monsieur et Madame Patrick Boeri qui nous ont ensuite fait découvrir les immenses travaux de restauration entrepris en quelques années. Il était en effet essentiel de s'imprégner de l'esprit de cet ensemble médiéval avant d'imaginer un jardin dans la haute cour du château. Monsieur et Madame Boeri nous ont ensuite présenté l'emplacement du futur jardin en précisant quelques invariants, essentiellement le maintien de deux superbes platanes.

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Selon une habitude maintenant bien rodée, notre groupe s'est réparti par affinité pour réfléchir, puis proposer un projet. Pendant presque deux heures, chacune des équipes s'est attachée à imaginer un jardin pouvant s'inscrire dans un cercle assez restreint, respectant les éléments architecturaux constitutifs de cette haute cour et gardant l'esprit des jardins médiévaux de cette époque. Les restitutions faites devant les propriétaires ont dégagé quelques constantes : cloisonnement, élévation, utilisation du puits, ouverture. Les quatre schémas ci-dessous restituent quelques-unes des propositions faites. Ces restitutions très riches et variées ont été suivies par le traditionnel pique-nique pris à l'ombre des platanes. Merci à Monsieur et Madame Boeri pour leur large participation, tant au plan culinaire que pour l'installation de la cour complètement dégagée pour nous recevoir malgré les travaux.

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Le château de la Bussière, Chez Monsieur et Madame Doucet membres du CPJA, un jardin en pleine évolution.

En début d’après-midi, nous rejoignons La Buissière, ancien couvent fondé au XIIème pour les religieuses de l’ordre de Cîteaux. De cette ancienne abbaye, restent une tour de l’enceinte, un portail à voussures et une tour ronde du XVIème dénommée l’Oratoire de l’Abbesse. Sur les vestiges, s’élève une grande maison encadrée de tours rondes aux angles. Au XIXème, fut accolée une aile en retour.

Monsieur et Madame François Doucet nous accueillent sur la terrasse pour nous présenter leurs jardins. Le soleil brille et chacun apprécie les bancs et parasols mis à notre disposition. Restauration du système hydraulique, éloignement de la végétation de la maison du logis, reprise des parties boisées, poursuite de l’aménagement du jardin potager. Que d’évolutions par rapport à la visite du CPJA en 2007 !

Une large visite du site permet à chacun d’admirer le travail fait et l’embellissement de la propriété sise en ce superbe vallon au milieu des forêts.

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Le château du Plaix, chez Monsieur et Madame de Becquevort, un jardin abouti

En fin de journée, nous rejoignons le château du Plaix où nous sommes reçus par Monsieur et Madame Xavier de Becquevort. Un premier rafraichissement nous est servi dès notre arrivée. Compte tenu de la température très estivale, il est vraiment le bienvenu.

Le Plaix est édifié au sommet d’une colline d’où la vue s’étend sur la vallée du Cher et le Berry. Après un incendie en 1634, il fut reconstruit. Les actuels bâtiments sont dans leur ensemble du XVIIème et disposés autour d’une grande basse-cour s’ouvrant par un porche daté de 1669. L’ancienne entrée était cependant à l’opposé, vers le grand jardin à la française, le parc et la chapelle.

Nous invitant à la découverte du Plaix, Xavier de Becquevort nous explique la façon dont il a conduit la restauration de sa propriété dont les jardins avaient été laissés à eux-mêmes pendant de longues années. Trente ans plus tard, le résultat est remarquable : terres regroupées, jardins complètement restaurés, charmilles centenaires remises en bon ordre avec la création d’un outil de taille facilitant leur entretien, création et mise en place d’un système d’arrosage particulièrement ingénieux à partir de l’étang créé à cet effet. Que dire aussi des milliers de plans de bégonias cultivés en serre chaque année et replantés dans les massifs du jardin. Tout simplement superbe !

Nous terminons notre journée par le traditionnel rafraîchissement pris à l’ombre des arbres bordant la chapelle. Un très grand merci à Françoise et Xavier de Becquevort pour cette très belle dernière étape de notre périple bourbonnais.

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Samedi 14 septembre 2013

Journée « d’art » au château de La Batisse

Chez François et Pierrette de Maison Rouge, membres du CPJA

À l’occasion du quadri centenaire de la naissance d’André Le Nôtre

À l’occasion du quadri centenaire de la naissance d’André Le Nôtre et dans le magnifique cadre du château de La Batisse, nous nous sommes retrouvés très nombreux le samedi 14 septembre pour un « voyage initiatique » à la fois historique, paysager et musical. Ces trois arts heureusement combinés ont enthousiasmé les personnes présentes. Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, et sous l’heureuse initiative de notre Président Arnaud Rochette de Lempdes, étaient présents, outre les membres du CPJA, de nombreux membres des Vieilles Maisons Françaises. Au total, plus de deux cent trente personnes ont pu profiter de cet événement.

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Accueillies par François de Maison Rouge très à l’aise dans son habit follement XVIIIème, les personnes présentes purent d’abord découvrir les plans originaux de La Batisse, exceptionnels tant par leur taille que par les détails et attribués à Jean-Baptiste Girard vers 1792, conservés et mis en valeur dans une pièce du château.

Puis, les invités furent conviés à écouter le duo lyrique composé de Catherine de Marnhac - soprano et Guy de Marnhac - ténor qui a interprété des airs et duos parmi les plus célèbres du « baroque » comme : Forêts paisibles des Indes galantes de Rameau ou Le Messie de Händel. Lully, Rameau, Purcell ou Glück étaient également invités au programme de ce récital aux sonorités joyeuses et brillantes qui se diffusaient dans l'atmosphère élégante du château de La Batisse.

François de Maison Rouge fit ensuite découvrir les jardins réguliers dits « à la française », dessinés par l'école de Le Nôtre. Les bassins et les vasques, les grottes en rocaille, le labyrinthe de verdure et l’allée célèbre qui conduit à quatre cascades.

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Leurs deux enfants, Axel organiste (12ans) et Aurore pianiste (10 ans) ont également accompagné leurs parents dans ce concert. La mère et le fils ont illustré par la voix ponctuée au clavecin la croustillante fable de La Fontaine « Les grenouilles qui demandent un roi »... ce qui a mis en joie le public ! Un programme d’une vigueur très actuelle !

Une assistance très nombreuse pour assister à la conférence de Monsieur Auserve et écouter le duo lyrique.

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Samedi 14 septembre 2013

« La vie et l’œuvre d’André Le Nostre» Conférence de Philippe Auserve

Président de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Clermont-Ferrand

Nul n’a jamais mieux porté son nom que l’illustre jardinier. Il est « le nôtre » en ce qu’il incarne le génie de notre pays de France dans tout ce qu’il peut avoir d’ordonné, de raisonnable et de grand, du moins selon l’idéal qui fut celui de l’âge classique. De même que l’esprit cartésien serait typiquement français dans sa

logique et sa clarté, de même le jardin de Le Nostre exprimerait les qualités d’harmonie et de mesure propres à notre nation. Il est « le nôtre » d’une autre façon encore puisqu’il n’est si modeste morceau de parc à quatre parterres bien ordonnés qui ne lui soit attribué. Combien de jardins se revendiquent de lui !

Les origines familiales de Le Nostre expliquent certainement sa vocation. Son grand-père, Pierre Le Nôtre, était jardinier de Catherine de Médicis, spécialement chargé aux Tuileries de quatre parterres fleuris et de deux arborés. Son père, Jean, fut, toujours aux Tuileries, jardinier en chef de Louis XIII et à sa mort fut déclaré « dessinateur du Roi en ses jardins ». André, né le 12 mars 1613 rue Saint Honoré, a pour parrain le contrôleur général des jardins du Roi. De ses trois sœurs, une épouse celui qui a la charge de l’orangerie des Tuileries, une autre un jardinier en chef du même lieu. Le jeune André reçoit donc sa formation dans le milieu familial. Ayant du goût pour le dessin et la peinture, il travaille dans l’atelier de Simon Vouet où il fait la connaissance de Le Brun, le futur grand peintre avec qui il collaborera à Vaux-le-Vicomte puis à Versailles. Vouet avait voyagé en Italie et y avait dessiné des jardins. Le jeune André étudie aussi l’architecture, ce qui explique sans doute sa parfaite maîtrise de la perspective. En 1637, alors qu’il n’a que 24 ans, il reçoit la survivance de la charge de son père aux Tuileries. Il s’occupe également des jardins du Luxembourg.

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Ce premier chantier des Tuileries l’occupera pendant 30 ans. (Il habite une maison située dans le jardin même des Tuileries) Il remodèle complètement les parterres en épurant le dessin et le décor, et surtout en ouvrant une perspective à « perte de vue » dans l’axe du palais, ce qui deviendra les Champs-Elysées, le Rond Point, l’Etoile (il avait même fait le projet au-delà d’une avenue traversant en

ligne droite jusqu’à Saint-Germain-en-Laye). La grande chance de Le Nostre dès ce premier chantier est de disposer de crédits considérables (mais avec un contrôle financier très strict !). Colbert ne déclarait-il pas « Nous ne sommes pas dans un siècle de petites choses ». Le deuxième grand chantier de Le Nostre est Vaux-le-Vicomte, un chantier énorme et exaltant, commencé en 1656 et qui sera achevé dans le temps record de cinq ans. La propriété appartient à Fouquet, le surintendant des finances qui donne carte blanche pour le réaliser. La construction du château est confiée à Le Vau, son décor à Le Brun, les jardins à Le Nostre. Tous trois travaillent de concert, ce qui implique une harmonie parfaite.

Le Nôtre recompose complètement le paysage, en donnant une importance particulière à l’eau (un canal d’un kilomètre de long, des cascades artificielles, de nombreux bassins). Tout cela est achevé en 1661 pour la fameuse fête que Fouquet donne au roi et qui sera sa perte.

Le Nostre reçoit alors la mission de créer les jardins et le parc de Versailles, un énorme ensemble de plus de six mille hectares (quarante kilomètres de pourtour). Il est le premier à intervenir dès 1662, Le Vau n’entreprenant la construction du château que six ans plus tard. La volonté de Louis XIV était que tout soit grandiose. Selon son habitude Le Nostre restructure tout le paysage avec des travaux de terrassement qui emploieront jusqu’à trente mille hommes en même temps (en particulier, l’hiver, des soldats).

Les bassins vont prendre de plus en plus d’importance, ce qui pose un problème d’alimentation. Les eaux existantes n’étant pas en assez grande quantité, on canalise la Bièvre, mais cela ne suffit pas encore. Le célèbre ingénieur Riquet propose d’amener la Loire jusqu’à Versailles, mais les nécessités financières imposées par les grandes guerres font qu’on se contente de prendre les eaux de l’Eure. Pour les jeux d’eau, sont conçus mille quatre cent jets.

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Considérables aussi sont les travaux de plantation d’arbres, que ce soit pour les bosquets d’agrément du parc ou pour les forêts où l’on chasse. On fait venir jeunes sujet ou arbres déjà forts depuis les Flandres, le Dauphiné, la Normandie, par convois entiers : par exemple, en 1684, plus de deux millions de pieds de charmes ; en 1688, vingt cinq mille arbres déjà âgés. Selon Madame de Sévigné, on rencontrait sur les routes des suites de chariots véhiculant des « forêts toutes venues ».

Bien que personnellement Le Nostre s’intéresse plus aux arbres et aux eaux qu’aux fleurs, il ne néglige point les parterres avec leurs décors « en broderie » qui, dans les grandes occasions, sont renouvelés durant la nuit grâce à un système de petits pots enterrés. Outre les couleurs, il tient compte des parfums : héliotropes, tubéreuses, jasmins, sans parler des roses et des orangers.

Versailles à lui seul suffirait au travail de toute une vie, mais Le Nostre, entouré de tout son personnel : bureau d’études, architectes, ingénieurs hydrauliciens, horticulteurs, etc… remodèle aussi ou conçoit les autres jardins royaux (Marly, Fontainebleau, Saint-Germain) et d’autres, très nombreux, appartenant à l’entourage royal ou aux grands seigneurs, trouvant moyen, en se basant toujours sur les mêmes principes, d’inventer des plans et des effets nouveaux. De même il a travaillé pour certaines cours européennes, répandant ainsi la mode du jardin « à la française ». En s’appuyant sur des témoignages contemporains, en particulier celui de Saint-Simon, on peut cerner la personnalité du génial créateur. Homme de grande probité, il ne met pas moins de soin au service des particuliers qu’à celui du Roi. Foncièrement modeste, il ne joue pas au parvenu comme bien d’autres. Quand il sera anobli, il choisira de faire figurer sur son blason trois limaçons. Et Louis XIV apprécie tant sa simplicité et sa franchise qu’il le traite en familier, ce qu’il ne fait pas avec beaucoup de très hauts seigneurs. Il fut aussi un des plus grands collectionneurs et connaisseurs d’art de son temps. A sa mort, aucun de ses enfants ne lui ayant survécu, il lègue au Roi sur les cent vingt tableaux que comptait sa collection, les trente plus prestigieux, dont trois Poussin (aujourd’hui au Louvre), ainsi que des tableaux du Dominiquin et de l’Albane et un Breughel de Velours. En conclusion Monsieur Auserve cite, puisqu’on est à Chanonat où Jacques Delille a passé son enfance, un de ses vers célèbres qui semble fait exprès pour s’appliquer à Le Nostre :

« Osez ! Dieu fit le monde et l’homme l’embellit »

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La terre a revêtu sa robe d’innocence

Les étoiles du ciel se sont fracassées En mille flocons de cristaux scintillants.

Le silence intemporel des grands espaces

A pétrifié le soleil Derrière la soie de la brume.

La terre a revêtu sa robe d’innocence

Les longues cicatrices des labours d’automne. Les arbres sans fruits, les fleurs sans couleurs.

Le sang séché, l’espérance assassinée. Tout a disparu sous la robe immaculée.

Les saisons chaudes sont mortes.

La terre a revêtu sa robe d’innocence

Le passé est effacé. L’eau ne coule plus.

Morte saison…

Une graine a bougé. Et la terre a gémi.

Charles André

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INFOS… INFOS… INFOS… INFOS… INFOS…

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Les grands Rendez-vous La douzième édition des Rendez-vous aux jardins aura lieu les 30, 31 mai et 1er juin 2014. Le thème de ces trois journées sera « L’enfant au jardin ». Le vendredi sera, comme chaque année, consacré aux scolaires. www.rendezvousauxjardins.culture.fr

♣♣♣ « Vouloir apprendre ailleurs…en Bourgogne » Le voyage annuel du CPJA aura lieu du lundi 23 au mercredi 25 juin. Cette année, nous aurons la chance de loger au château de Barbirey, chez Monsieur et Madame Guyonnaud, dont les jardins sont classés « jardin remarquable ». Digoine, Beauregard, Sully, Cormartin, Berzé le Châtel… quelques exemples des merveilles que vous pourrez découvrir. Renseignements et inscription auprès de Véronique Bouët Willaumez – 06 11 60 67 05 - [email protected] et Philippe Chevallier-Chantepie 06 82 93 65 25 – [email protected]

♣♣♣ Les journées européennes du patrimoine 2014 auront lieu les 20 et 21 septembre. Le thème de l’année sera « Patrimoine culturel, Patrimoine naturel » wwwjourneesdupatrimoine.culture.fr

♣♣♣♣♣♣♣♣♣ Le saviez-vous ?

Un nouveau venu au sein du Comité des Parcs et Jardins de France : l’Association des Parcs et Jardins du Val de Marne (CPJ 94) a vu le jour cette année. Son président est Monsieur Jacques Hennequin. Maquettiste à la main verte, Monsieur Hennequin reconstitue jardins et paysages historiques - www.jh3d.fr/accueil_020.htm En 2011, sur proposition du Conseil National des Parcs et Jardins, les archives de France ont lancé une enquête sur les archives des parcs et jardins qui vise à dresser un état des lieux susceptible de concerner les parcs et les jardins, puis à déterminer les fonds menacés pour les protéger. Cette enquête est aujourd’hui très avancée et fera l’objet d’un « guide des sources » qui sera mis en ligne sur le site internet des archives de France.

La 11ème édition de la campagne « Jardins ouverts pour le Neurodon » aura lieu les jeudi 1er, vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 mai 2014. Pour la 11ème année consécutive, les parcs et jardins de Bretagne, Basse Normandie, Pays de la Loire, région Centre, et pour la première fois en 2014 le Domaine de Courson, se mobilisent et invitent le public à contribuer au financement de la recherche sur les maladies neurologiques. N’oubliez pas : 1 visiteur = 1 € reversé à la recherche.

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Un seul plan et une infinité d’interprétations. « La France des jardins du OUI » est une expérience inédite proposée à toutes les communes de France. Créer des jardins éphémères de même forme, mais différents selon le lieu, la taille, la matière, la manière… Une « œuvre d’art » en réseau conçue par l’artiste Catherine de Mitry. Chaque commune détient le même cahier de construction et réalise son propre jardin, en toute liberté. Association pour l’Art déployé – BP 44025 – 75161 Paris Cedex 04 wwwlafrancedesjardinsduoui.com – [email protected]

Le lundi 3 juin 2013, la commune du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, a inauguré son tout nouveau « lieu de mémoire ». Destiné à rappeler à ses visiteurs l'histoire atypique de ce plateau perché à 1000 mètres d'altitude à l'entrée des Cévennes pendant la Seconde guerre mondiale, cet endroit vise à entretenir la mémoire de cet épisode marquant de la Résistance française. (cf Feuille de Charme N° 15 page 27)

Le 21 Mars est proclamé Journée internationale des forêts par l'ONU. En France, des manifestations seront organisées du 14 au 21 mars 2014 pour faire découvrir notre patrimoine forestier et arboré. www.journee-internationale-des-forets.fr/ Le premier sommet de la Forêt et du Bois aura lieu les 15, 16 et 17 mai 2014 à la grande Halle d’Auvergne. Il regroupera les traditionnelles manifestations que sont Panorabois et Forexpo. L’objectif est de présenter au grand public et aux professionnels toute la filière bois. Sylvassur, un système d’assurance pour les forêts. La Fédération Nationale des syndicats de propriétaires forestiers a mis en place un système d’assurance adapté à la spécificité des forêts. C’est un contrat incendie ou incendie plus tempête, prenant en charge les dégâts causés par le vent, les ouragans et les tornades, même si ces événements météorologiques ne sont pas classés en catastrophe naturelle. Renseignements :

- Forestiers privés du Cantal : 04 71 63 61 00 – [email protected] - Forestiers privés de la Haute Loire : 04 71 09 38 86 – [email protected] - Syndicat des Sylviculteurs du Puy-de-Dôme : 04 73 98 70 92

[email protected] - Syndicat des propriétaires forestiers sylviculteurs du Bourbonnais : 04 70 35 08 92

[email protected]

Vous désirez figurer dans notre page « Infos » ? Facile ! Écrivez à Marie-Jacqueline d’Hérouville : [email protected]

N’oubliez pas de vous connecter sur le site du CPJF www.parcsetjardins.fr où vous trouverez toutes les informations relatives aux associations de jardins

Vous organisez sur vos sites ou êtes au courant de manifestations autour du thème « jardins et paysages »

pendant la saison estivale ? Ecrivez à Véronique Bouët-Willaumez : [email protected] qui transmettra par mail aux adhérents du

CPJA

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Rendez-vous aux Jardins

30, 31 mai et 1er juin 2014

« L’enfant au jardin »

www.rendezvousauxjardins.culture.fr