Parceque #6

52

description

PARCEQUE, le magazine qui dessine, numéro 6.

Transcript of Parceque #6

Page 1: Parceque #6
Page 2: Parceque #6
Page 3: Parceque #6

EDITOPar Carole Sertimoun

PARCEQUE, le magazine qui dessine : une folle équipe de rédacteurs et d’illustrateurs benévoles qui ne vous veulent que du bien.

Direction de la rédaction et maquette : Carole Sertimoun.

Adjoint à la rédaction en chef : Gilles Seiller

Relecteur : Ludovic Labati

Articles : Rachel Balen, Sarah BK, Angéla Bonnaud, Clémentine Brissi, Sophie Carrez, Coralie Daudin, Nicolas David, Mathieu Gueguen, Romain Jammes, Ludovic Labati, Rip Laimbeer, Jean Museau, Margaux Perez, Coline Poulette, Tony Querrec, Dominique Sertillanges, Carole Sertimoun, Sidonie Tellier-Loison, Lauren Zeitoun.

Illustrations :Camille Alessandroni, Anne Derenne, Florent Dutarque, Ftisy, Marius Guiet, Outi Munter, Marina Nesi, Julie Olivier, Agathe Parmentier, Laura Pigeon, Rougerune, Tarte Tatin, Tim, Raphaël Watkins Abitbol, Lauren Zeitoun, et les Nobles du 33.

Couverture et Sommaire : Wild in the woods de Jayne SteigerTous droits réservés ©

Illustration Sommaire : Loups, par Marina Nesi.

Créa et gestion du site parceque.org : Sarah Bk et Vincent Desdoigts

PARCEQUE est une association à but non lucratif ayant pour vocation de promouvoir l’art du dessin et de l’écriture libres et sensibles par la diffusion nationale bimestrielle d’un magazine participatif et avant-gardiste auprès d’une large population.

Pour nous écrire : [email protected]

Pour nous écrire pour de vrai : ASSOCIATION PARCEQUE108 rue du RP C.Gilbert92600 Asnières sur Seine

Ne vous inquiétez pas, les belles soirées d’été s’en sont allées, mais pas nous ! On est resté juste pour vous, avec nos histoires à lire au coin de la cheminée qui toussotte parce qu’il faut bien se remettre en jambes, elle l’avait pas vu venir si vite l’hiver. C’est comme nous, avec la nuit le matin, la nuit le soir, et entre les deux si peu de jour qu’on s’agite pour pas le laisser trop filer. C’est qu’un dur moment à passer, bientôt les robes revoleront au vent. Mais ça sera 2012, alors comme ce sera potentiellement la fin du monde, on s’agitera pendant toute une année un peu comme on le fait pendant nos journées d’hiver, pour profiter, encore et encore, tant qu’il reste un peu de vie à vivre. Puis si ça se trouve ce sera pas du tout la fin du monde, et alors qu’est-ce qu’on sera contents : on aura bien profité et en plus on sera même pas morts !En attendant le fin mot de l’histoire, dans un an, croyez-nous, on s’agite pour remplir PARCEQUE ! Chez nous, c’est comme si c’était la fin du monde et le début du monde tous les deux mois !

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / ÉDITO / 03

Page 4: Parceque #6
Page 5: Parceque #6

SommairePARCE QU’ELLE FAIT NOTRE COUV

07 À propos de Jayne Steiger

PARCE QU’IL SE PASSE DES CHOSES08 Les News de la rédaction

PARCE QU’ON N’EST PAS TOUT SEULS10 Bien réussir son ménage 2.0

14 Le Monstre de Bansky

PARCE QU’ON SE SOIGNE16 Api-Thérapie

PARCE QU’ON EST HIGH TECHDossier Spécial : Survivre sans Steve

19 Itinéraire d’une pomme croquée20 Après la pomme, les pépins ?

PARCE QU’ON VEUT CHANGER LE MONDE22 Et si on paniquait ?

PARCE QUE NOS OREILLES EN REDEMANDENT24 Mister Rager

26 We love Green

PARCE QUE Y EN A MARRE28 J’ai la frange qui me démange

30 De WOW à Cluedo32 De la téléportation

PARCEQUE LA VIE, C’EST PAS DU FOIE GRAS36 Quand le moteur fait silence

PARCE QUE LES VOYAGES NOUS FAÇONNENT38 Gunug Rinjani

42 Bon train

PARCE QUE C’EST QUAND L’APÉRO ?44 I got the frite

46 FAUROSCOPE

50 ILS FONT PARCEQUE

Page 6: Parceque #6
Page 7: Parceque #6

A propos de

Jayne Steiger

Jayne Steiger est une illustratrice américaine née en 1991 à Detroit, dans le Michigan. Elle étudie actuellement l’illustration au Maryland Insitute College of Art à Baltimore dans le Maryland.

Ses outils de prédilection sont les feutres et les stylo. Dans ses dessins, elle aime retranscrire des motifs, des détails et des mouvement fluides qui dépeignent une intrigue enchanteresse. Parallelement à l’illustration, elle dessine aussi des vêtements et des poupées de tissu faites main. Ce qui l’inspire, ce sont les contes de fées, les traditions folkloriques, les rêves et les vieux bouquins.

Son travail a été exposé à la Galerie Nucleus en Californie, ainsi que chez elle, dans le Maryland, au Toson Art Collective et au Jordan Faye Contemporary.

Dans son temps libre, elle collectionne les antiquités, fabrique ses propres vêtements, dévore des livres et se balade de part le monde.

http://www.nytemareasylum.com

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / À PROPOS DE / 07

(notre couverture)

\

Page 8: Parceque #6

SAVE AFRICA, par TonyÀ l’heure où les médias s’émeuvent de la mort de Steve Jobs, bien peu d’entre eux relaient la mort de nombreux enfants liés à la famine -2.3 millions d’enfants sont à ce jour en danger!- qui persiste depuis début Juillet dans la corne de l’Afrique. À ce jour près de 13 millions de personnes sont concernées par cette famine sans précédent. Parce que l’info est quasi absente dans les médias, PARCEQUE vous invite à vous mobiliser pour faire circuler l’information, car un élan de solidarité est indispensable pour sauver la vie de ces personnes. Faites un don sur www.actioncontrelafaim.org ou www.unicef.fr

CINÉMOI, par CaroleFaire des économies, arrêter sa carte UGC, c’est la crise... et aller voir en dernier, par hasard, deux des films les plus beaux que j’aie pu voir cette année : Drive et Polisse. Le premier, synopsis douteux laissant présager le pire, pour une image superbe, un jeu d’acteur subtil, une BO d’enfer... Et le deuxième, documentaire déguisé, coup de gueule contre ceux qui ruinent l’enfance et son innocence. Un jeu juste presque sans fausse note. Pétage de câble. L’autre visage de la polisse qui protège. On n’en ressort pas indemne...

BON VIEUX CHARLIE, par AngélaL’incendie des locaux de Charlie Hebdo me donne l’opportunité de vous parler de ce journal pas comme les autres. Lectrice occasionnelle, il me transporte par ses articles toujours plus satiriques, critiques ; plein d’humour noir, jaune, musulman, catholique... Alors quand je l’achète, je balaie d’un regard la couverture, et si je souris, je le prends. Le lire perpétue ce sourire, et souvent même un peu de rire ! Mes voisins me dévisagent et s’interrogent : peut-on rire de tout ? Charlie prouve que oui, puisqu’il remet tout le monde à sa place sans oubli !

MADAME PROPRE, par SidonieLe 21 octobre dernier, au musée de Dortmund en Allemagne, une femme de ménage trop professionnelle s’est donné beaucoup de mal pour retirer la patine d’une baignoire en caoutchouc. Loin de se douter qu’il était peu probable de trouver une salle de bain fonctionnelle au centre d’un lieu d’exposition, elle a en fait détruit l’élément principal de l’œuvre « Quand des gouttes d’eau commencent à tomber du plafond » de l’artiste Martin Kippenberger, ce qui fait revenir l’heure de ménage à 800 000 euros.

Les NewsIllustrations : Nicolas David

08 / NEWS / PARCEQUE #6

Page 9: Parceque #6

JE VEUX VOIR DONOMA ! par ColineLe speech de Donoma, le voilà : un long-métrage réalisé avec 150€ de budget, qui défonce les principes de buzz et se retrouve sélectionné dans les plus sympas festivals de cinéma indépendant du monde. Le jeu d’acteur est bon, car instinctif : au coeur des amours croisés du film, Djinn Carrénard, réalisateur « amateur » lâche ses acteurs sur une situation établie, ils font alors ce qu’ils veulent du dialogue. Allez donc voir Donoma.www.jeveuxvoirdonoma.com

GOOGLE TOURNE EN ROND, par Nicolas D.« Do a barrel roll ! » L’agassant conseil de Peppy dans Lylat Wars sur Nintendo 64 était devenu mème et l’internouille en avait fait une superbe chanson. Google a décidé de lui rendre hommage en en faisant un Easter egg bien geek qui change de l’usé Konami code. Et pour ceux qui douteraient de la corrélation essayez donc de taper « Z or R twice » comme le précisait Peppy... A vos claviers, c’est parti pour les montagnes russes !

JÉSUS, REVIENS, par ClémentineQuand la liberté d’expression se prend des oeufs dans la figure, on peut dire que ce n’est pas bon signe. Depuis mi-Octobre, des fondamentalistes chrétiens perturbent les représentations de la pièce de Roméo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu » d’abord au théâtre de la Ville et à présent au 104. Le plus fou ? Comme nous le rapporte Le Monde, aucun de ces trouble-fête ne sait de quoi parle réellement la pièce et nul ne l’a vue jouer. Absurde, me direz-vous. Que chacun ait son opinion, mais quand même, dans «extrême» il y a toujours «extrême», manière de dire...

TIMELINE-REVOLUTION, par SarahLors de la conférence Facebook F8 qui a eu lieu ce 22 septembre, Mark Zuckerberg a présenté Timeline : un nouveau profil Facebook entièrement repensé. D’ici début décembre, votre wall deviendra une véritable page biographique retraçant les événements marquants de votre vie depuis votre naissance, le tout accompagné de photos et de vidéos. Une bonne occasion de faire le ménage dans des publications vieilles de plusieurs années et de constater non sans stupeur que oui, Facebook conserve tout…

Illustrations : Nicolas David

vues par la redaction/

Page 10: Parceque #6

bien reussirson menage 2.0

/

/

Page 11: Parceque #6

On en parle depuis des mois mais on l’a toujours remis au lendemain. On n’y a peut-être jamais pensé. On sent que les paramètres de confidentialité deviennent toujours plus difficiles à gérer... Certains noms ne nous évoquent pas plus qu’une soirée arrosée. 460 amis ? 1680 amis ? 120 amis ? Chacun à son échelle, dans son référentiel, se demande soudain « il serait peut-être temps de trier mes amis Facebook, non ? »

Texte : Sarah BK // Illustration : Marius Guiet

ON S’INVENTE des critères de tri, tantôt drôles et absurdes, tantôt graves et sérieux, parfois effrayants. Le génocide peut alors commencer parce qu’on le sait, supprimer quelqu’un de Facebook est un acte abominable ; celui d’affirmer que l’autre est maintenant considéré comme moins que moins que rien, moins important que le camarade de primaire dont on ne reprendra peut-être jamais de nouvelles, moins utile qu’un pote garagiste qu’on garderait dans ses contacts juste au cas où la courroie d’alternateur referait des siennes... On signe et coupe de ce fait quelconque communication ou reprise de contact éventuellement peut-être potentiellement probable.

Le bouton «supprimer de mes amis» est parfois plus violent qu’une assiette brisée, qu’une porte close ou qu’une désinvolture sèche et calculée.

Ce matin-là donc, avec nos 130 amis (c’est une moyenne mondiale), on prend la décision de faire LE ménage. Liste non exhaustive des questions révélatrices de la nécessité de suppression immédiate :

- LUI ai-je parlé ces 5 dernières années ?

- CETTE DERNIÈRE ANNÉE ? Ces 6 derniers mois ?

- SI OUI, ai-je réellement envie de lui reparler durant ces 6 prochains mois ? Ces 5 prochaines années ?

- HEU... Qui c’est celle-là déjà ?

- LUI, LA RENCONTRE D’UNE SOIRÉE à la mâchoire carrée façon Pattinson et la voix de Dussolier, il me semble bien que il ne m’a plus jamais parlé depuis que il m’a ajoutée sur Facebook il y a 3 ans ; et que, comble de l’horreur, il est « in relationship » (« with » une brune-yeux-verts-90-60-90 en plus !)

- LUI MON COPAIN DE PRIMAIRE pas vu depuis 17 ans, ajouté mécaniquement il y a 4 ans, croisé dans le métro il y a quelques semaines. On avait beau avoir tous les deux nos oreilles écrasées sous un casque WESC, aucun de nous deux n’a pris la peine de le retirer pour se dire bonjour.

- ELLE, la petite-amie-du-moment de mon pote que j’avais ajoutée pour lui faire plaisir et le conforter dans ses goûts « si si elle est vraiment sympa ta nana et heu… cultivée ! », je crois bien qu’il est avec une autre depuis 6 mois, et qu’elle est vachement plus belle.

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / SOCIÉTÉ /11

Page 12: Parceque #6

- Je suis très heureuse pour ELLE ET SES TROIS GAMINS, son mariage aux 540 invités et son voyage de noces sur les îles Marquises, mais comment dire, je suis pas heureuse en fait, non.

- BON je pensais que je lui pardonnerai un jour d’avoir renversé le quart de Pommard 1986 sur le bambou de mon salon, mais en fait, non.

- LUI, LE COLLÈGUE que j’avais ajouté qui sentait le sanglier mouillé les jours de rush, faut se faire une raison, j’ai changé de boîte depuis 3ans. Et il doit toujours sentir le sanglier mouillé.

- VOUS MES CAMARADES de primaire que j’ai ajoutés parce qu’on s’est reconnus sur une photo de classe, mais avec qui je n’ai pas même échangé un « hey ! » « coucou » « salut » depuis qu’on est en âge de les écrire correctement.

- LUI, CE PREMIER GARÇON à m’avoir écrit « je t’aime » sur un bout de papier à grands carreaux en CM2 et que j’étais si heureuse de retrouver 15 ans plus tard, tellement contente que j’ai pas su quoi dire.

- LUI LE TYPE TROP HYPE tellement «in» que ça fait trop classe d’avoir dans ses amis et qui m’invite à 146 soirées par semaine, moi et ses autres 4780 amis.

- LUI LE TYPE QUI POURRIT MON MUR à coup de vidéos de F1, de foot, de tuning et de bêtisiers façon Vidéo Gag.

- LUI ET SES POSTS ET SES LIKES TRÈS À DROITE : « Pour le retour de l’Euro » « non aux Roms ».

- ELLE QUI POLLUE mon encart « nouvelles en temps réel » avec ses écoutes Spotify.

- LUI QUI A LE POST IMPULSIF « toutes des sa-lopes », « Fuck la vie », grands adeptes des ma-juscules et points d’exclamation à répétition « PUTAAAAAIIIINNN !!!!!!!!!!!!!!!!! MES PATES SONT TROP CUITES !!!! ».

- LUI QUI PREND LA PEINE de si-gnaler tous les lieux où il se

trouve, 260 fois par jour (toilettes incluses).

Bravo, à ce stade, vous avez normale-ment déjà supprimé la moitié de vos amis Facebook.

Maintenant, si vous êtes un minimum empathique, il s’agira

de construire votre argumentaire de la ma-

nière la plus diplomate possible pour votre éven-

tuelle prochaine rencontre avec un ami supprimé. Parce que vous

le savez vous-même très bien : peu importe le degré de proximité que vous aviez avec votre ami Facebook, la réapparition du petit bouton « Ajouter comme ami » à côté de son nom provoque toujours un petit picotement dans le bas-ventre. Blessure d’amour ? D’orgueil ? À vous de faire le tri. S.B.K.

12 / SOCIÉTÉ / PARCEQUE #6

Page 13: Parceque #6

Camille Alessandroni

Page 14: Parceque #6

Le Monstre de

BanksyBanksy, figure mythique du Street Art tant par son anonymat que par son oeuvre romantico-révolutionnaire désormais posée sur les murs du monde entier, s’est attaqué l’an passé à la réalisation avec « Faites le mur ». Retour sur cette curiosité filmique irrésolue.

Texte : Coralie Daudin // Illustration : Agathe Parmentier

Page 15: Parceque #6

Il y a près d’un an sortait sur nos écrans Exit through the gift shop (« La sortie se fait par la boutique souvenirs»), pauvrement traduit en France par Faites le mur. Présenté par la bande annonce comme un documentaire sur l’univers du street art, il se révèle bien plus complexe. La bande annonce anglaise retranscrit à merveille la démarche caustique de Banksy, en détournant les phrases d’accroche des critiques cinéma.

Le film se divise en deux parties. La première relate comment Thierry Guetta, cousin de l’artiste Space Invader, se met à suivre des artistes urbains, caméra au poing, dans le but d’en faire un documentaire. Il les suit pendant des années, en enregistrant tout de manière obsessionnelle, jusqu’à atteindre son maître vénéré : Banksy. Mais devant la catastrophe du montage (à déconseiller aux épileptiques), Banksy prend les rennes, retourne la caméra vers le réalisateur et lui propose de s’essayer au Street Art, ce qu’il va faire d’une manière totalement trash, entouré d’une armée d’assistants, l’aidant à produire de manière quasi industrielle. Mr Brainwash (MBW - « Monsieur lavage de cerveau »), nom d’artiste de Thierry Guetta, échappé du contrôle du maître tel un monstre de Frankenstein peintre, transforme le film en critique du milieu de l’art contemporain, vérolé par l’argent. Car qu’est-ce que le Street Art sinon cet esprit révolutionnaire qui se rit des règles établies de la société, que l’argent pilote au quotidien ?

L’allégorie est tellement parfaite, le personnage de Thierry Guetta tellement énorme qu’on commence à douter de la véracité du documentaire. Ses bourdes hilarantes, certes, peuvent paraître jouées. Une symétrie semble se tracer dans le scénario et l’épilogue, à la mise en scène parfaite, finit d’installer la suspicion.

Alors en bon spectateur du XXIème siècle, on écume le Net. Résultat on découvre que l’homme

ou du moins le personnage existe bel et bien : il donne des interviews, a réalisé la jaquette du CD best of de Madonna, possède une page Facebook et un site… Mais là encore tout se discute. Le site est gaguesque et des détails laissent perplexe, notamment au bas de sa biographie, où l’on trouve une étrange illustration montrant Yoko et John tenant un panneau Art is over (here) (« l’art est fini » / « L’art est par ici »). On ne s’attend pas à une telle subtilité venant d’un homme qui construit son oeuvre à la pelleteuse. De plus on sait depuis la série How I met your mother que les productions n’hésitent pas à constuire de vrais-faux sites pour renforcer l’engouement général (vous souvenez vous de tedisajerk.com ?).

Malgré l’enquête, le mystère demeure. Mais quand on sait qu’en Angleterre Banksy est devenu un marché si lucratif qu’il est tombé aux mains de la mafia contrôlant trafic de drogues et DVD pirates, le film pourrait être vu comme une sorte

de psychothérapie de Banksy, dans laquelle il ferait face à son monstre, le double maléfique qui met un prix sur sa création (des rumeurs ont même rapporté que Thierry était Banksy lui même). Il paraît bien décidé à lutter contre celui-ci, puisque pour continuer dans la subversion, il propose désormais le téléchargement gratuit de ses oeuvres sur son site.

Pourquoi Banksy donnerait-il du crédit à Mr Brainwash s’il le méprise ? Pourquoi faire un film sur lui si ce n’est pour nous « laver le cerveau » ? MBW paraît en fait être sa plus grande création.

Quelle que soit la part de réalité et de fiction dans cette histoire, on est sûr au moins d’une chose : il y en a un qui doit bien rigoler derrière son masque. Et il a tout compris au Cinéma. C.D.

Exit through the gift shop, (Faites le mur) , 2010.Documentaire, 87min.Réalisé par Banksy.

Mr Brainwash, échappé du contrôle du maître tel un monstre de Frankenstein peintre, transforme le film en critique du milieu de l’art contemporain, vérolé par l’argent.

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / SOCIÉTÉ / 15

Page 16: Parceque #6

NOTRE DOSSIER SPECIAL

survivre sans steve

Illustrations : Ftisy

/

Page 17: Parceque #6

1990, rendez vous chez Gérard A. Il me donne un grand carton et me dit : « Maintenant Mr Dominique, à vous de bosser ». Je déballe le précieux paquet décoré d’une pomme muticolore… « vous savez brancher tout ça j’espère ? -Oui bien sûr… » C’est la première fois que je déballe un Mac pour de vrai, un Macintosh II CX, la bête venue des US… la première d’une longue série.

Il faut dire que depuis 1986 les ordinateurs puis les Macs étaient dèjà présents chez nous au 44, dans ce Studio et Laboratoire photographique renommé, avec un patron qui rapportait sans cesse des infos venant de son labo jumeau de San Francisco. J’avais postulé pour y travailler et au final je me retrouve, ici à Paris, à faire des photos et à découvrir un système inconnu en France : la PAO, Publication Assistée par Ordinateur. Pendant ce temps c’est un certain Steve Jobs, qui avec ses potes, invente le Macintosh…

L’idée au 44 était de préparer les éléments destinés aux imprimeurs, directement sur du film, ce qui leur permettait de fabriquer leurs plaques pour l’impression. Pour automatiser cette tâche nous avions besoin d’ordinateurs et de traitements de texte. Les Macintosh connectés à une « flasheuse », ou photocomposeuse dans le jargon, allaient nous apporter tout ça avec des logiciels comme MacPublisher, Macpaint et, pour la PAO, le logiciel Aldus PageMaker. Et depuis, je continue de croquer des pommes en compagnie de Steve, car oui, c’est comme s’il avait été à côté

de nous toutes ces années. Pas une Apple Expo à Paris sans qu’il ne nous annonce une nouveauté, un coup de génie. Du premier Macintosh avec sa souris carrée, au dernier Imac avec son grand écran et sa souris sans fil. Bien sûr on ne peut oublier que l’invention du téléphone ce n’est pas Steve Jobs, ni celle du lecteur de musique portable, mais c’est toujours dans la même optique que ces « I.Appareils » on été inventés : beaux, pratiques et simples d’utilisation.

2011, pas un jour sans que le buzz soit fait sur Internet à propos de l’iPhone 5 : photomontages, maquettes en « carton », et bien sûr le fameux prototype oublié

dans un bar… Et le buzz final c’est Steve qui l’a fait le 5 Octobre ; il a emporté avec lui la version 5…

« Steve était l’un des plus grands inventeurs américains, assez courageux pour penser différemment, assez audacieux pour croire qu’il pouvait changer le

monde, et assez talentueux pour le faire », a déclaré le président Barack Obama. Steven Spielberg déclare quant à lui que « Steve Jobs est le plus grand inventeur depuis Thomas Edison, il a mis le monde à la portée de nos doigts ».

Saloperie de crabe, il a fini par croquer la pomme, et nous nous retrouvons orphelins. Vas-y Steve, propose tes « iWings » au Paradis, les anges t’attendent au tournant, il vont enfin pouvoir s’éclater. D.S.

Avoir grandi avec Apple ou presque, ça laisse des séquelles ! Un tas de souvenirs à raconter aussi, au fil des innovations au service de l’image et, plus tard, de l’humain.

Texte : Dominique Sertillanges

Itineraire d’une

pomme croquee

Du premier Macintosh avec sa souris carrée, au dernier Imac avec son grand écran et sa souris sans fil.

/

/

Page 18: Parceque #6

AVEC L’IPHONE, PLUS BESOIN D’EN FAIRE DES TONNES POUR FLATTER SON EGO. Seul objet qu’ont en commun un ado de banlieue, un ministre et une vedette des médias, l’iPhone nous fait entrer dans la peau d’un VIP. Plus économique et moins encombrant qu’une Ferrari pour se sentir important. Mais allez faire un Paris-Nice en iPhone…

PLUS BESOIN DE S’ENCOMBRER DE VRAIS AMIS. Avec l’iPhone, vous pouvez collectionner les relations, et surtout vous pouvez les étaler devant vos collègues et le peu d’amis qui vous restent. Pour cela, montez la sonnerie et absentez-vous précipitamment du boulot (pause clope ou pause café) ou d’une réunion (encore mieux) pour que tout le monde puisse juger combien vous êtes une personne sollicitée. Renouvelez l’opération toutes les heures pour enfoncer le clou.

PLUS BESOIN D’AVOIR DES NEURONES EN ÉTAT DE MARCHE. Dignes membres de la Tribu des Modernes, les possesseurs d’iPhone ont facilement deux ans d’avance sur leur entourage – qu’ils éclairent

sur les dernières nouveautés technologiques. Et, encore plus fort, ils peuvent les leur

expliquer !

PLUS BESOIN DE PARTIR EN CROISIÈRE AU LARGE DE LA SOMALIE… Si vous voulez connaître des émotions fortes, prenez le métro et exhibez votre iPhone, sous sa coque orange fluo. Vous appâterez

les spécialistes du vol à l’arraché – et si vous êtes

coriace, vous jouerez le rôle de l’hameçon.

PLUS BESOIN D’AVOIR QUELQUE CHOSE À DIRE POUR L’OUVRIR. « C’est quoi ta nouvelle appli ? Regarde comment je synchronise mon PC avec mon iPhone en passant par l’Androïd de mon HTC…

Steve Jobs est mort… les possesseurs d’iPhone vont-ils lui survivre ? Retour sur tout ce que l’iPhone apporte aux « guiiques ». Que ceux qui ont accidentellement acheté un iPhone se rassurent, ils ne sont pas concernés par ce qui suit…

Texte : Ludovic Labati

Apres la pomme,

LES PEPINS ?/

\

Page 19: Parceque #6

Je crois que c’est le moment d’acheter des actions Apple… » Aussi fort que le rugby, les présidentielles ou Koh-Lanta, l’iPhone n’a pas fini de remplir les trous de nos conversations.

PLUS BESOIN D’AVOIR LES MUSCLES ET LE HÂLE pour aller au contact avec ses collègues féminines : « euh… t’as pas ton chargeur d’iPhone ? j’ai oublié le mien ». Classe, l’entrée en matière !

PLUS BESOIN D’AVOIR UN LÉZARD EXOTIQUE, un chien ou, pire, un enfant. L’iPhone est le « tamagoshi » des années 2000. Ses heureux propriétaires doivent le recharger, mettre à jour le système, l’uploader, l’alimenter en applis, vérifier leurs messages… Futurs parents, ne glissez pas, plus tard, votre nourrisson dans votre poche : elle s’abîmerait.

PLUS BESOIN D’AVOIR TENTÉ MÉDECINE ou la prépa à Polytechnique pour faire avancer la science. Avec l’iPhone, participez aux études les plus pointues sur la non-propagation des ondes - en tant que cobaye.

PLUS BESOIN DE DONNER À L’ARC. C’était le côté humanitaire de l’iPhone : on donnait plein d’argent à un (pauvre) malade du cancer. A partir de maintenant, vous donnerez vos euros aux héritiers du (pauvre) ex-malade.

ET EN PLUS, avec l’iPhone, vous pouvez téléphoner. C’est là qu’éclate tout le talent visionnaire de Steve Jobs. Comment ça, téléphoner ? Oui, vous pouvez parler, de vive voix et en temps réel, à une personne qui ne se trouve pas dans la même pièce que vous, ou qui est même à l’autre bout de la rue. Une toute petite fonctionnalité, presque marginale, qui nous a changé la vie. Trop fort, Steve… L.L.

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / DOSSIER / 19

Page 20: Parceque #6

APItherapie

Le miel, on le connaît pour ses vertus adoucissantes et apaisantes :

un petit grog pour les maux de gorge, c’est un médicament qu’on s’accorde aisément,

comme un savoir ancestral acquis depuis des générations,

de la grand-mère de la grand-mère de la grand-mère, et plus encore.

Mais connaissez-vous ses applications thérapeutiques, à hôpital notamment ?

Et oui, mamie a plus d’un tour dans son sac !

Texte : Sophie Carrez // Illustration : Laura Pigeon

/

Page 21: Parceque #6

LES HIÉROGLYPHES LE PROUVENT : le miel comptait déjà comme un médicament miracle de la pharmacopée des Egyptiens dans l’Antiquité. Ils l’utilisaient pour soigner les brûlures mais aussi embellir la peau ou encore embaumer les morts. De même Hippocrate utilisait le miel dans de nombreuses préparations, expliquant qu’il «conduisait à la plus extrême vieillesse», et le recommandait en usage externe pour le traitement des blessures, des ulcères et des plaies purulentes.

Plus récemment, en France, en 1978 après JC pour être précis, l’équipe du Pr Descottes, chirurgien viscéral au CHU de Limoges, entreprend une étude prospective (c’est à dire qu’on suit les patients traités sur plusieurs mois/années) et comparative sur l’utilisation du miel dans le traitement des plaies chroniques et notamment des escarres, qui sont très difficiles et surtout très longues à soigner.

D’après cette étude, le miel semble, en comparaison des traitements habituels -pansements spécifiques imbibés d’agents cicatrisants divers- très, voire plus efficace, notamment pour les plaies infectées par le staphylocoque doré. Cette bactérie est responsable de la plupart des infections de la peau, et devient bien souvent résistante aux antibiotiques en milieu hospitalier. On parle alors de SARM : staphylocoque doré résistant à la methiciline, pour lequel l’arsenal thérapeutique « classique » est très limité. Le miel constituerait donc un espoir certain.

Au fur et à mesure des expériences, le Pr Descottes affine ses protocoles en favorisant l’utilisation de miels artisanaux non chauffés, non exposés aux UV de la lumière solaire, en rajoutant selon l’usage des huiles essentielles comme le thym pour le staphylocoque doré. Les recherches se développant de part et d’autre dans le monde, on a même découvert en Australie une espèce d’arbrisseau donnant du miel jusqu’à 100 fois plus actif contre les micro-organismes que les autres miels. Des préparations de miel stérile destinées

aux soins baptisées Medihoney, Melipharm etc. ont ainsi vu le jour et sont distribuées dans la plupart des pays d’Europe et aux Etats-Unis, preuve irréfutable s’il n’en faut que le miel a un bel avenir : il intéresse les laboratoires !

Mais alors comment ça marche ? Le miel contient diverses substances possédant des qualités antibactériennes. En présence d’une bactérie, une enzyme contenue dans le miel produit du peroxyde d’hydrogène -en des termes plus abordables : de l’eau oxygénée- qui va traverser la paroi de la bactérie

et la tuer. Et l’avantage, c’est qu’au contraire d’un antiseptique classique, à long terme, l’action persiste dans le temps et la peau n’est pas endommagée.

Selon l’origine des fleurs butinées, le miel contient également des huiles essentielles dont l’action bactéricide est bien connue. Et comme la nature est décidément bien faite, il contient aussi des traces de propolis -cire utilisée par les abeilles pour colmater les interstices de la ruche- aux effets anti-infectieux puissants, notamment antifongiques (contre les champignons). Mais la principale action du miel reste son pouvoir osmotique : il appelle l’eau présente dans les bactéries, les vidant ainsi de leur contenu. Simple et efficace.

Ainsi le remède de nos grand-mères semble avoir pris du galon, respecté et reconnu par le corps médical. Mais attention, malgré tous ces effets bénéfiques, il est préférable de demander l’avis de votre médecin ou de votre pharmacien avant de tartiner allègrement vos brûlures avec le miel de votre petit déjeuner ! S.C.

Pour plus d’infos: (âmes sensibles s’abstenir : photos de plaies / amateurs de gore, faites-vous plaisir)

www.chu-limoges.fr/IMG/pdf/peau_de_miel-2.pdf

« La principale action du miel reste son pouvoir osmotique : il appelle l’eau présente dans les bactéries, les vidant ainsi de leur contenu »

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / SANTÉ / 21

Page 22: Parceque #6

Et si on

paniquait ?ACCROCHEZ-VOUS, les temps sont très instables. Les marchés flanchent, les banques s’écroulent et les États regardent leurs pieds, penauds, devant le mur dans lequel ils foncent... Mais dans ce climat si favorable aux idées dégoulinantes de populisme, à ces refrains haineux contre les riches ou les puissants, et dans ce charivari de purulents gauchistes, bref, dans ce climat pré-révolutionnaire, il faut bien qu’une lumière abreuve le monde du délicieux marché et de ses remèdes-miracles ô combien généreux.

Et c’est là qu’intervient le mal absolu, le Mephisto de l’économie, le Balthazar de la Finance. Comme disait Baudelaire parmi « Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, dans la ménagerie infâme de nos vices, il en existe un plus laid, plus méchant, plus immonde ! » C’est celui qui d’une bouchée avale le monde et plonge les citoyens dans un voile d’obscurantisme : la dette publique !

Car on en a entendu des belles, à différents états de décomposition. La panique organisée a fait son petit effet même si la règle d’or a du plomb dans l’aile. On entend que la dette est le cancer de la France, son remboursement devient une priorité absolue. C’est qu’après tout, chers concitoyens, nous vivions jusqu’ici au dessus de nos moyens : un école gratuite, une santé gratuite, de l’aide pour les assistés et des retraités en forme. Bref un monde marchant sur la tête à cause de ces entraves colossales à la liberté du marché de piétiner son monde quand il ne lui rapporte pas assez.

Aux huées fanatiques ne prêtez pas l’oreille ! Car des menteurs, des truands flattent les bas instincts du peuple pour l’amener à sa perte. Ils parlent, sans savoir, des milliards versés aux banques, des exonérations aux grandes entreprises, des riches non-imposables. Foutaises ! Ni valises, ni marchés truqués, ou encore conflits d’intérêts menaçant la santé de tous les Français, n’ont entaché le bilan parfait de notre bon gouvernement.

Alors il est venu le temps de se serrer la ceinture, privatisons l’école, la poste, les hôpitaux, supprimons les fonctionnaires. Travaillons plus, gagnons moins, contractons encore plus l’économie si bien que, comme chez notre voisine la Grèce, le déficit s’envolera de plus belle... Cédez à ce vent de panique et votez comme il faut. Laissez Mélenchon dans ses tripes, Laguillier à ses fados ! Et là dorénavant ce sera comme auparavant une poignée de riches qui prendront le peuple à la gorge. Il n’aura, alors, plus rien à partager... R.J.

Texte : Romain Jammes // Illustration : Tim

22 / POLITIQUE / PARCEQUE #6

Page 23: Parceque #6
Page 24: Parceque #6

Mister RagerClairement détesté par toute une branche

du Hip Hop underground, adulé par une génération entière de kids aux goûts musicaux

aussi éphémères que leur style vestimentaire, qu’est donc cet objet artistico-médiatique

qu’est devenu Kid Cudi en presque deux années?

Texte : Rip pour Stereotree // Illustration : Raphaël Watkins Abitbol

Page 25: Parceque #6

ÉRIGÉ comme un vil chantre du mainstream putassier suite à ses collaborations avec The Crookers ou surtout plus récemment David Guetta, l’enfant de Cleveland n’en est pas moins un artiste à part entière, dont les premiers albums, puissants et épais, sont, soyons couillus, faits d’un bois extrêmement rare dans l’histoire du Hip Hop. Et si le premier volet de ce diptyque portait sur les rêves et les cauchemars, ce « The Legend Of Mr. Rager » vient s’inscrire dans une réalité brute, concrète et désenchantée où le jeune MC semble se perdre, pour le meilleur et pour le pire.

À l’instar de son précédent opus, Kid Cudi divise le disque en plusieurs actes, relatant cette fois-ci le parcours pour le moins tortueux d’un artiste à la fois fictif et terriblement autobiographique. Car Cudi ne semble pouvoir créer qu’en puisant dans les parts d’ombre qui l’habitent, rongé par les doutes et la drogue, évoquant l’autodestruction des rockstars du passé. Ainsi, une fois clôturé un premier acte asymétrique tant la solitude relatée semble contagieuse et unanime (les excellents « Scoot Mescudi vs The World » avec Cee-Lo et « REFOREV »), l’album semble sombrer dans une torpeur addictive où les sublimes « Marijuana » et «Mojo So Dope» trônent en monarques déchus.

Mais le MC n’oublie pas de faire remuer nos crânes alors embrumés, au moyen du convaincant « Ashin’ Kusher » (Chuck Inglish des Cool Kids aux manettes), de l’étonnant «Erase Me» en compagnie du démiurge Kanye West, de l’épuré et bouncy « Wild’n Cuz I’m Young » ou du plus remuant et électronique « The Mood », mais cet acte, bien que loin d’être raté, soyons clairs, est le moins réussi de ce disque. En revanche, saluons l’efficacité d’un track comme « MANIAC », où le cliniquement dérangé Cage vient copier/coller le flow de Cudi pour un duo fouillant les abysses de la psyché tordue de Mr. Rager. Ce dernier trouvant son hymne avec ... « Mr. Rager », à la fois énergique et lancinant, dont l’hypnotique refrain montre l’artiste s’exhortant presque lui-même à ne pas se perdre plus encore, la thématique se prolongeant presque sur l’envoûtant « The Worries», sombre egotrip jamais creux où Mary J. Blige se tient aux côtés de l’artiste pour affronter ses démons. « The End » vient idéalement clore ce chapitre en compagnie de GLC, Chip Tha Ripper et Nicole Wray.

Enfin, un dernier triptyque vient conclure cette légende, et dans un stupéfiant ballet, la lourdeur

des ambiances flir te avec une légèreté bienvenue et quasi-salvatrice, entre solitude (« All Along ») et introspection (« GHOST! »). « Trapped In My Mind » offrant un climax formellement proche de la contine pour enfants mais portant paradoxalement le lourd constat d’un être voué à jongler avec ses fêlures...

Alors, nous aurions pu évoquer l’incroyable travail de production des beatmakers Emile, Plain Pat ou encore No I.D., tissant un décor parfait et de haut-vol à ce trip musical. Nous pourrions admettre, en toute objectivité, que Kid Cudi n’est pas le meilleur rappeur de la planète, mais devrions alors statuer qu’il en est un des plus importants. En deux albums (et un street LP), l’homme a su se distinguer, créer un univers unique et intriguant, montrer une maturité artistique et une ouverture d’esprit absolument rares dans le Hip Hop actuel et surtout, là est la clé du personnage et de son succès, développer une expression (subtile mixture de rap et de chant) confinant à l’émotion brute et aussi simple que cela puisse paraître, touchante... R.L.

Man on the Moon II : The legend of M.RagerGenre: Hip Hop décomplexéLabel: G.O.O.D. Music / Universal MotownDate de sortie: 9 Novembre 2010Production: Emile, No I.D., Plain Pat, Dot Da Genius, Mike Dean, Kid Cudi, Chuck Inglish, Jim Jonsin, The Smeezingtons, Anthony Kilhoffer, Jeff Bhasker, Blended Babies, Ken Lewis.Featurings: Cee-Lo Green, Mary J. Blige, Kanye West, Cage, St. Vincent, GLC, Chip Tha Ripper, Nicole Wray.

Fondé fin 2007 par deux activistes passionnés, Stereotree est un webzine musical curieux et exigeant, dont le leitmotiv est de mettre en avant une musique de qualité, quelle que soit sa renommée. Couvrant les scènes Hip Hop, Nu Soul, Electro ou House, on y retrouve entre autres chroniques et interviews d’artistes français et internationaux, mais aussi de nombreux albums et mixes exclusifs en téléchargement totalement gratuit.

Page 26: Parceque #6

we love green

Page 27: Parceque #6

C’EST QUOI ? Tout d’abord de la magie : celle du gentil esprit de l’écologie qui éloigne les nuages gris pour laisser place à la scène sous un doux soleil d’automne. Celle de voir réunis des milliers de jeunes festivaliers dans une ambiance music et éco friendly : beaux gosses Rock, jeunes filles en (couronnes de) fleurs… Ou encore le plaisir de déguster un rosé bio dans un verre consigné les pieds dans l’herbe… bref, de voir la vie en rose… enfin, en vert le temps d’un weekend.

Mais la véritable surprise de ce happy hippy festival, c’est que même s’il est éphémère et donc jetable, rien n’a été perdu ! Car quand la très hype équipe de We Love Art décide de faire quelque chose, elle le fait bien. Aidée par Emmanuel De Buretel (habitué des festivals et des avancées scandinaves et japonaises), ils ont mis deux ans à mettre en place ce projet pour un résultat quasi parfait !

Tout d’abord, les invités : Au programme des groupes qui déboîtent comme Metronomy, Of Montreal, Kuder & Dorfmeister ou encore Selah Sue, Soko ou Pete Doherty… choisis pour leur sensibilité face à ce projet. Ensuite le lieu, puisque le rendez-vous était donné au splendide parc de Bagatelle. Mais là où l’on tombe des nues, c’est quand on regarde de plus près les promesses de ce festival (toutes tenues) : - zéro déchets et 100% de recyclage (les contenant de la restauration on été transformés en compost pour le parc !) - une scénographie réalisée à partir d’éléments de récup’ grâce à des workshops - la mise en place d’un groupe solaire électrogène pour alimenter le festival - l’incitation au covoiturage et la mise en place d’un garage à vélos- la vente de produits bio et locaux - la distribution de cendriers de poche (juste génial)… et, chouchou parmi les chouchous, les toilettes sèches, haut lieu d’épouvante pour tous ces urbains ardus que nous sommes. « Des copeaux de bois sur mon pipi ? Ça, jamais ! » Détrompez-vous. Oh surprise ! Je n’ai jamais vu des toilettes de festivals qui sentaient si bons et qui étaient si propres (sans parler du petit côté cabane, plein de charme).

Bref, espérons que ce paradis pour jeunes écolos fera son come back l’an prochain. En attendant, il a été nommé au Greener Festival Awards, qui récompense les festivals engagés pour réduire leur impact environnemental. De quoi donner le feu vert à une nouvelle tendance. L.Z.

Alors comme ça tu fais aussi partie de ceux qui pensent qu’un festival vert ça n’existe pas ? Haha, on voit que tu n’es pas allé au We Love Green !

Texte et illustration : Lauren Zeitoun

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / MUSIQUE / 27

Page 28: Parceque #6

j'ai la frange qui me demangeTexte : Clémentine Brissi // Illustration : Florent Dutarque

28 / COUP DE GUEULE / PARCEQUE #6

/

Page 29: Parceque #6

DEPUIS notre plus tendre enfance on nous bassine avec cette phrase: « N’essaie jamais de couper ta propre frange toute seule ! ». Ok, mais alors on fait quoi quand l’irrépressible besoin de raccourcir les choses nous prend ? Et cette discussion, hypothétique la discussion, mais que nous avons toutes eue avec notre coiffeur :

(début de la scène)Le Coiffeur : « Ohlala mais vous vous êtes coupé la frange toute seule... Je le vois ! »L’accusée : « Ah non, non, pas du tout. »Le coiffeur : « Mais c’est un ma-ssacre, vous l’avez fait vous-même, il n’y aucun doute là-dessus»L’accusée devenue coupable: « Ah, ça ? La frange ? Vous parliez de MA frange... Alors, effectivement, il est possible que tout cela soit l’oeuvre de ma copine Louise, monsieur ledit coiffeur. » (fin de la scène)

Oui, parce qu’il est bien sûr évident qu’à ce moment-là, il est formellement interdit d’avouer que c’est de notre faute à nous si cette frange ressemble plus à une pente descendante qu’à une petite route de campagne, droite et jolie. Nous aurons compris, donc, il ne faut jamais avouer devant un coiffeur, JA-MAIS. L’utilisation d’une potentielle copine, même d’Ernestine, est fortement recommandée.

Autant dire que j’ai commencé cette pratique beaucoup trop tôt et, force est de le constater : ma première rencontre avec une paire de ciseaux a été fatidique. Oui, parce que, avant de savoir les choses, on ne les sait pas : on n’a donc pas conscience des conséquences possibles ; mais une fois qu’on sait, les ami(e)s... Le pouvoir, parce que c’est réellement de ça dont il s’agit, le pouvoir de couper les choses, de les rendre plus courtes qu’elles ne l’étaient ou même de les faire disparaître... De la magie ! À partir de là, c’en était fini...

À 4 ans, disparition de plusieurs mèches de cheveux sur le devant de la tête, à 12, nous en étions à 2 centimètres de frange mais sans nous rendre

compte que ça ne ressemblait à rien, et j’ai passé les années suivantes à chercher à atteindre la frange parfaite. De fiasco en fiasco, confiant ce qui m’est le plus cher à de multiples personnes aussi peu qualifiées que moi (et souvent même pire) en matière de ciseaux. Et, aujourd’hui, 22 ans, presque bien tassés, le cachet de la poste faisant foi, cela va bientôt faire 2 ans jour pour jour que la frange est là ! Et à certains moments elle se rapproche assez de la frange de mes rêves de petite fille. D’aucuns diront qu’à l’heure actuelle elle est parfaite (véridique) mais, croyez-en une personne d’expérience, la cohabitation avec une frange ne rend pas la vie aussi rose qu’un vernis à ongles saveur framboise.

Ce n’est pas parce que la dite frange nous sert à cacher nos sourcils et, de cette même manière, nous permet de ne pas nous en occuper aussi souvent qu’on le devrait, qu’il faut voir en elle le Messie. Pas celui qui joue au foot, l’autre. Mes ami(e)s, cette frange, elle pousse et

repousse. De manière sporadique dans le temps et inlassable, et rapidement, en plus. Alors, non, il est hors de question d’aller toquer à la porte

d’un coiffeur toutes les semaines pour qu’il rafistole la carrosserie. Et ce n’est pas uniquement parceque de conversations hypothétiques en conversations hypothétiques notre foi dans les coiffeurs en a pris un coup. Dès lors, la seule solution à notre portée, quelle est-elle ? On s’en charge toute seule... Prévisible depuis le début, non ?

Et je suis persuadée qu’une fois le mal fait nous avons toute la même réaction : « Cette fois c’est promis, j’arrête ! » Mais le sous-titre, lui, dit « jusqu’à la prochaine fois » Et ce au moins 2 fois par mois, et depuis presque 2 ans. Mais un jour, nous vaincrons, les filles !

Le temps pour une ultime mise en garde ? Sachez, en tout cas, que 100% des gagnants du Loto avaient tenté leur chance. C.B.

Que celle qui ne s’est jamais coupé la frange toute seule me jette la première paire de ciseaux... Les filles, il est temps de rétablir la vérité et d’avouer que, oui, parfois, y’a des ratés.

« D’aucuns diront qu’à l’heure actuelle elle est parfaite »

Page 30: Parceque #6

Mister Fly teste pour vous :

Cet article est un coup de gueule ! Où sont passés ces moments de franche rigolade en famille ou avec des amis ? Où sont donc partis les petits chevaux, le nain jaune, les sept familles, le Monopoly, le cochon qui rit ?

Texte : Mister Fly // Illustration : Julie Olivier

de wow

a cluedo\

Page 31: Parceque #6

APRÈS DES ANNÉES a jouer a des MMORPG (Massively Multiplayer Online Role Playing Games = Jeux de rôles multijoueurs en réseau), je me retrouve, sevré, un dimanche après-midi, à jouer au Cluedo avec quatre amis… Mais qu’est-ce qui a bien pu m’arriver, comment ai-je pu tant m’égarer ?

Dimanche après-midi pluvieux, dans un petit appartement en fond de cours de banlieue parisienne. Le bruissement du vent dans les feuilles trempées au travers de la fenêtre embuée faisant écho au doux grésillement du vinyle en bruit de fond. Je pose ma tasse de thé brûlant et m’apprête à jouer.

Je lance les dés, déplace mon pion. Pose une question à Mme Blanche. Celle-ci me tend une carte. Tout le monde s’active alors sur son calepin et c’est le tour de ma voisine.

Et ainsi s’écoule le temps… dans une voluptueuse chaleur procurée pas tant par le confort physique que par ce plaisir douillet de se sentir à sa place, ici et maintenant. Entouré d’amis chers ou de connaissances, partageant avec complicité ces instants.

Flashback : « Quelques années en arrière »

Une soirée comme tant d’autres, seul chez moi. Il faut que je me dépêche. Je fais bouillir de l’eau, hop j’y jette un sachet de nouilles instantanées, rapidement englouties et je fonce sur mon PC. J’ai raid à 20h pile et si je suis en retard on me remplace ! C’est ainsi que se déroule cette soirée, dans l’ombre de ma chambre. Le dos voûté, la tête penchée en avant, comme pour mieux capter les images qui m’assaillent. Répétant une chorégraphie apprise par cœur, mi stressé mi fasciné, avec pour chef d’orchestre le raid leader et ses insultes dans mon casque. Hop, dernier boss down, butin réparti. Je reste encore 20 minutes à faire sauter mon avatar dans la capitale et je me déconnecte (« Je déco »)…

Me revoilà seul dans ma chambre, baigné dans ce petit nuage de satisfaction dont le malaise malsain est atténué par la douce torpeur de la décharge d’endorphines. Je l’efface d’un geste et vais me coucher. 3h du mat, je vais être KO en cours demain…

Retour à la réalité de cette après-midi pluvieuse. Que de chemin parcouru depuis. Des phases de rechute, des phases de refus…

Je porte ma tasse à mes lèvres et laisse s’écouler en moi cette douce chaleur, teintée seulement des éclats de rire de mes partenaires. J’émerge enfin de ce songe pour entendre clamer haut et fort : « C’est le Colonel Moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque ! »

Oh, quel plaisir. Qu’est-ce qui a bien pu nous réunir à cet endroit ? Un prétexte, sans doute : refaire le lien entre nous, grands enfants, grâce au jeu. M.F.

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / COUP DE GUEULE / 31

Page 32: Parceque #6

RENTRÉE, boulot, grèves. Avec le cliché des feuilles mortes, le temps digne d’un dimanche à Saint Malo à la Toussaint, l’automne apporte son quota de grèves, pour plus de frites à la cantine, pour une prime, que sais-je ? L’étudiante favorisée que je suis n’a, au grand jamais, fait grève. Celles des autres, par contre, elle maîtrise. Quand les deux heures quotidiennes de transports deviennent cinq, la peau moite par l’effet « sardine » des Transiliens bondés, je me dis : et si, au lieu d’être dépendants d’un service qu’on ne nous rend jamais aussi bien que nous le désirons, nous pouvions annihiler toute perte de temps par la téléportation ? Je vous vois venir : « je ne suis pas un laser, nous sommes en 2011, et je serai à la retraite quand un mec réussira à téléporter une amibe ». Quand bien même ? On n’a pas le droit de rêver entre deux stations de Métro, coincée entre un violoniste (ahem) roumain et une poussette hurlante ? La fille les yeux dans le vague, c’est moi, et ma pupille qui se dilate, c’est mon cortex qui fantasme.

Dans mon esprit, la téléportation garde un but pratique et non de divertissement. Je vois

des portails doubles dans des endroits précis : dans mon placard, je me fais envoyer au bureau. Je reviens le soir entre mes casseroles et mes torchons. Idée de l’employeur, l’invention est le fait d’un nouveau fordisme : je rentabilise le travail de mes employés en leur évitant une fatigue inutile. Bénéfice énorme : l’excuse du bus en retard mais-si-j’ai-couru-après ne tient plus. Aussi, les morts de tantes virtuelles se multiplient, puis des meutes entières de chiens

inventées sur le vif disparaissent, enfin la tendance s’équilibre. Le constat est là : l’employé de bureau travaille, la compagnie produit et la crise s’arrête. C’est le paradis, les naissances augmentent, les femmes deviennent plus belles et euh… Bon. L’employé

travaille et l’actionnaire sirote du gin.

Revenons à nos moufflons. Que ferions-nous de tout ce temps ? Réponse évidente d’homo sapiens mou : dormir. Une heure de plus à ronronner sous des kilos de plumes, de coton, de peau humaine. On choperait moins de maladies débiles : la troisième gastro de l’hiver, la cinquième crève -bronchite ou sinusite cette fois-ci ? Oh oui,

De la teleportationArriver à l’heure au boulot sans profiter du déo de son voisin de métro, la solution était trop facile : la téléportation, c’est pour quand ?

Texte : Margaux Perez // Illustration : Anne Derenne

Je vois des portails doubles dans des endroits précis : dans mon placard, je me fais envoyer au bureau.

/ /

Page 33: Parceque #6
Page 34: Parceque #6
Page 35: Parceque #6

une bronchite, j’aime tellement la petite poudre à l’orange, tiens, je pourrais m’en faire des rails…je m’égare. Tout ça pullulant sur les barres métalliques, les fauteuils, dans l’éternuement du voisin (« tiens, dentifrice à l’anis »). Plus rien de tout ça : à la place, des anticorps tout mous. Un rhume, et c’est la fin façon Dame aux Camelias. On vous aura prévenu.

Les transports, c’est aussi le canon d’à côté qui occupe visuellement l’imaginaire pendant trois stations. Je suis de mauvaise foi. C’est trois fois par an une créature de ce genre. Le reste du temps, c’est la petite vieille qui sent pas bon, le Kévin strident qui étale ses sécrétions nasales sur votre sac et des tentatives de séduction à la limite du Pulitzer. C’est les odeurs mêlées d’Angel ou autre parfum prise de tête et d’œuf pourri-dégueu, sur le café au lait du matin. Les mous du genou -je me retiens là !- qui squattent comme de gros Jabba la partie gauche des escalators qui devrait être réservés aux Flash Gordon/mecs en retard. Sous cet angle, oui, le vrombissement aseptisé quasi inaudible de la petite machine qui vous disperserait en particules transmissibles à l’autre bout de la ville (du pays ? du monde ?) est plus que tentant. Bercés par le doux ron-ron du mécanisme, en apesanteur pour un instant, l’idée à de quoi plaire.

Mais c’est sans compter qu’une heure de plus, c’est une heure pour l’actionnaire : travailler plus pour gagner plus ? Au lieu de lire le dernier roman de Marc Lévi (« Reviens, je pars » ou « ici, à jamais », ou autre juxtaposition dénuée de sens), de se rendre sourd le temps d’un trajet, de refaire le monde

au téléphone avec la copine Jessyfer, l’employé serait convié une heure plus tôt au travail, et je vous en remets une heure de plus après celui-ci ? Elle est belle l’utopie du temps libre : ne vous préoccupez pas d’en avoir car ils sauront l’utiliser. Autant la passer avec ses camarades de galère.

Soit, on supprime les accidents de voiture, on minimise le risque de mourir d’un attentat dans les transports (quoi, moi, parano ?),

de choper des miasmes en cas d’attaque éclair de virus muté polio-peste-lèpre et les em-bouteillages du matin disparaissent : et quand va-t-on se maquiller, je vous le demande ? On oublie dans la foulée les balades, le lèche-vitrines, les musiciens de rue, les rencontres dans le train -oui, ça arrive aussi dans le transilien-, les heures à rêvasser derrière une vitre en gardant défi-ler les petites villes grises de grande banlieue… on devient un peu plus pressés, on ne se laisse plus sur-prendre par le quotidien. Notre cercle se réduit

à rien, dans la flemme de la sociabilité, remplacée par le goût du confort solitaire.

Ce serait comme une aggravation du phénomène de la vente en ligne. En ayant tout sous la main en un clic, le temps serait rentabilisé à ce point que la foule des temps morts qui en découleraient nous donnerait le tournis. Pris par un sentiment d’inutilité évident, privé de cet incroyable booster de l’intellect qu’est une marche dans la brise matinale, le cerveau rapetisserait, et nous deviendrions, malgré nous, de pâles robots à petites têtes et gros égos. M.P.

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / COUP DE GUEULE / 35

Page 36: Parceque #6

quand le moteur fait

silenceTexte : Jean Museau // Illustration : Carole Sertimoun

PEU DE CHOSES sont plus assourdissantes que le départ d’une course de MotoGP. Rien n’est plus terrifiant que le silence d’une course interrompue par un drapeau rouge. Ce drapeau ô combien maudit qu’agitent les commissaires de piste pour signifier aux concurrents qu’un accident vient de se produire et qu’il leur faut quitter la scène pour laisser place aux secours. C’est ce qui s’est produit dimanche 23 octobre, à 16h04, sur le circuit de Sepang en Malaisie. Quatre minutes seulement après le départ. Une MotoGP, c’est l’équivalent d’une Formule 1 sur deux roues. Cent quarante kilos de technologie axés sur la performance absolue… plus de 240 chevaux, près de 340 km/h en vitesse de pointe. Et des courses en paquet où chacun s’acharne à doubler l’autre, se frôlant, se touchant, en perpétuelle défiance aux lois de l’équilibre, où l’homme et la machine ne sont reliés à l’asphalte brûlant que par quelques centimètres carrés de gomme. C’est lors du second tour que Marco Simoncelli, 24 ans depuis janvier et un avenir doré, a « perdu l’avant » comme disent les motards dans leur jargon. En clair, la roue avant de la Honda n°58 a perdu l’adhérence et l’italien s’est retrouvé couché sous sa monture. Une situation qui en général se termine par une longue glissade, sans autre conséquence qu’une course ratée et un cuir râpé. Mais Marco est un battant. Avec une crinière comme la sienne, suit son caractère de lion... Et avec l’énergie du désespoir il réussit à redonner de l’adhérence à sa roue avant, ce qui modifie la trajectoire de sa moto et le catapulte au centre de la courbe. Colin Edwards et Valentino Rossi, juste derrière, le percutent. L’image entre-aperçue sur les écrans géants est d’une violence inouïe. Dans le choc, son casque a été arraché. Arraché... Face contre terre, il ne bouge plus. Même au travers d’un écran l’issue est dramatiquement certaine. Après ça, les larmes. Et le vide.

« Il existe un lien obscur entre l’homme et son outil, fait de respect et de haine. On en prend soin. On l’entoure de mille attentions et on l’insulte dans ses nuits. Il vous use. Il vous casse en deux. Il vous vole vos dimanches et votre vie de famille, mais pour rien au monde on ne s’en séparerait. » (Vincent Gaudé, Le soleil des Scorta)

Pour rien au monde. J.M.

36 / PSYCHO-SPORT / PARCEQUE #6

Page 37: Parceque #6
Page 38: Parceque #6

38 / VOYAGES / PARCEQUE #6

Gunung Rinjani

Le Gunung Rinjani est le deuxième volcan le plus haut d’Indonésie. Il culmine à 3 726m d’altitude et domine

une partie du plus grand archipel du monde…Il est la cause de mon départ pour se pays fascinant,

le sommet était l’objectif de ce voyage. Récit d’une ascension, dans tous les sens du terme.

Texte : Mathieu Gueguen // Illustration : Rougerune

Page 39: Parceque #6

JOUR 1

8h - Cela fait maintenant plus d’une semaine que j’ai posé le pied sur le sol indonésien, une semaine que je baroude, seul, au milieu d’un des peuples les plus amicaux au monde… C’est sur l’île de Lombok, située à 70km à l’est de Bali, que je fais la connaissance des trois personnes qui feront l’ascension avec moi. Nous embarquons tous les quatre avec notre guide à l’arrière d’un pick-up pour entamer les 900 premiers mètres.

10h - Nous arrivons au pied du volcan… il ne paraît pas si impressionnant finalement. Il occupe à lui seul un bon tiers de l’île mais n’a pas l’air très pentu. Nous remplissons quelques documents administratifs à l’entrée du parc naturel et nous partons avec nos sacs sur le dos. De grandes plaines avec des herbes hautes s’ouvrent à nous. En ligne de mire, le Rinjani, sous un soleil de plomb.

12h - Première pause repas aux abords de la jungle. Nous repartons cette fois-ci à travers la végétation luxuriante et les racines… mais à l’ombre !

17h30 - Nous arrivons en haut de la caldeira du volcan ! Après pas moins de 5 heures de montée à travers la jungle, nous voici à notre premier campement de base (30 minutes avant la tombée de la nuit… nous sommes presque au niveau de l’équateur).Et déjà, quelle première récompense ! La caldeira entoure un lac au milieu duquel se dresse, inaccessible, le Gunung Baru, le volcan central toujours actif d’où une légère fumée s’échappe. Nous distinguons maintenant très bien le sommet du Rinjani : l’objectif, monter durant la nuit pour voir le lever de soleil au sommet… nous sommes à 2 600 mètres d’altitude. Le soleil se couche sur ce décor de rêve, je m’endors à 19h, épuisé, le réveil sonnera à 1h30 demain matin.

JOUR 2

1h30 - Comme prévu, le réveil sonne. Je sors péniblement de la tente et surprends un singe en train de rôder autour de la tente. Après un duel de regard d’une rare intensité et un blanc durant lequel ni l’un, ni l’autre ne bouge, le singe finit par partir en lâchant des petits cris qui devaient vouloir dire « Je reviendraiiiii ».Après un petit-déjeuner très copieux, nous partons pour la partie de l’ascension la plus redoutée… celle qui pousse la plupart des randonneurs à faire demi-tour.

3h - Il fait nuit noire, nous effectuons la montée à la lueur de nos lampes torches, sous un ciel arrogant tant il est truffé d’étoiles.

Mais lorsque nous dépassons les 3 000 mètres d’altitude, l’ascension se fait plus difficile et je commence à fatiguer. Mes camarades ralentissent le pas : nous arriverons là-haut tous les quatre ! C’est cliché, oui, mais à ce moment-là, ça me motive !

3h30 - Nous sommes obligés de marcher sur le bord de la caldeira en file indienne et passons parfois sur des flancs si étroits que notre guide nous encourage à n’éclairer que face à nous, pour ne pas voir le vide… et je suis incroyablement rassuré et serein (attention : cette dernière phrase est fausse).

4h - Notre groupe touche au but ! Il ne reste que 300 mètres à parcourir, ça tombe bien, je suis épuisé. Nous sommes à 3 400 mètres d’altitude… les derniers 300 mètres ont un dénivelé de 45°… dans la cendre volcanique (trois pas en avant = deux pas en arrière). Après une pause, nous nous élançons. Le ciel est dégagé et nous voyons clairement voir le sommet du volcan… il est tout proche.

5h - C’est dur ! Nous avons à peine parcouru la moitié du chemin. Mes jambes peinent de plus en plus à me soulever et je ralentis mon groupe. Après quelques minutes d’échanges, je parviens à les convaincre de continuer sans moi… je vais aller à mon rythme. Je les laisse donc partir devant et me retrouve seul, en compagnie du volcan… ça n’est pas si désagréable.

5h30 - Je n’arrive plus à avancer, je n’arrive pas à évaluer la distance qu’il me reste à parcourir… soupir, résignation, bon… j’arrête… mes jambes tétanisent et le moral n’y est plus… je m’assois dans la cendre. Mon groupe est bien plus haut, j’aperçois à peine la lueur des torches. Je vais quand même pas pleurer ? Bah si tiens, et ça fait du bien d’ailleurs. Du coup ça va mieux, je me dis que pas si mal d’avoir fait ça quand même : je vais attendre le soleil ici.

5h37 - Je suis debout. Mieux, je marche ! Encore mieux, dans le sens de la montée ! J’ai repris la route, comme ça, d’un coup. Un sursaut d’orgueil ? Je ne sais pas… Quoi qu’il en soit j’avance. Pas avec mes 2 jambes, mais avec 10, 100… les fameuses jambes qui nous portent lorsque les nôtres lâchent.

6h - J’arrive en haut du Rinjani, je suis très exactement à 3 726m d’altitude. Le premier rayon de soleil arrive ex-aequo avec moi… j’immortalise l’instant en photo avec le groupe. Ce que j’ai sous les yeux réduit à néant les

Page 40: Parceque #6

Florent Dutarque

Page 41: Parceque #6

plaintes de mes cuisses… j’y suis ! C’est… c’est… ça… ça me dépasse totalement… C’est le souffle coupé, c’est le poing de Tyson dans mon plexus solaire, c’est Pénélope Cruz qui me demande si je veux bien faire l’amour avec elle… et sa copine, c’est Michael Jackson qui revient et qui m’invite à jouer le solo de Beat It en live, devant 500 000 personnes… C’est le lever de soleil au sommet du Gunung Rinjani… Ça n’est pas beau, ça n’est pas splendide, ni même majestueux… c’est encore au-dessus. Le volcan culmine au sommet de Lombok, de là-haut on peut apercevoir Bali, Java et, de l’autre côté de l’Océan Indien, les îles Flores. Au creux de la caldeira, le lac bleu turquoise qui entoure le Gunung Baru,

d’où s’échappe une volute de fumée qui te rappelle qu’il ne faut pas trop le chercher. Partout, l’océan, la roche, les pics, la jungle, les nuages qui se profilent à l’horizon. On ne domine pas la nature là-haut, on est accueilli en son sein, on est serein, on est petit, tout petit et on est bien, tellement bien…

À ce moment-là, je le dis du haut de mes 25 printemps, j’ai vécu un des plus beaux moments de ma vie.

Ce jour-là, mes jambes m’ont dit « merde » et mes yeux « merci ». Ce jour-là nature m’a fait un cadeau incommensurable : la plus belle vue qu’il m’ait été donné de voir jusqu’à présent. Il n’y a que les enfants mal élevés qui refusent les cadeaux… et la terre en est un. Peut-être le plus beau de tous. Alors préservons la, à tout prix. M.G.

http://www.indonesia-tourism.com/http://www.rinjaninationalpark.com/

Page 42: Parceque #6

Bon

TRAINJe pourrais évidemment vous parler des sujets stéréotypés dont on parle quand on parle du train, comme les retards récurrents de la SNCF et des gens qui râlent constamment

dedans et à côté… mais je me suis dis qu’il y avait plus important, et surtout plus captivant !

Texte : Angéla Bonnaud // Illustration : Rougerune

42 / VOYAGES / PARCEQUE #6

Page 43: Parceque #6

SACHEZ que le train est créateur de relation, révélateur d’une vie sociale particulière. L’espace d’un instant. J’y attache beaucoup d’importance, car il peut, parallèlement à sa fonction première de moyen d’évasion, être un moment d’évasion. C’est un « entre deux » qui nous enrichira, si l’on n’est pas trop fatigué de parler, d’écouter. Cela se passe rarement dans le train du retour. Alors que certains sont entrain d’aller vers un autre monde, vous vous avez le vague à l’âme, et vous revenez vers votre monde quotidien, souvent le dimanche soir, enfermé dans votre mélancolie.

Le train fait le lien entre notre lieu de départ – connu et rassurant – et notre lieu d’arrivée – familier pour certains, inconnu pour d’autres. Il est donc un relais de vie. Il accueille et rassemble en son sein moult personnalités et ce pour un seul voyage, alors pourquoi ne pas prêter une seule fois attention à son voisin, à ses voisins proches ? À faire le même voyage, ou tout du moins un bout de voyage commun, on peut bien faire connaissance superficiellement sans s’attacher ? Un père repartant de Disneyland avec toute sa famille, un jeune sapeur-pompier du Sud délocalisé, un militaire en permission, un étudiant hongrois allant en Allemagne voir son amie, des parents rentrant en Italie après être venus voir leur fils en France, un Américain allant découvrir Paris… Parfois je n’ai pas été aussi loin dans la conversation, par manque de temps, ou de conviction pour me souvenir de toutes ces personnes avec qui j’ai partagé. Mais peu importe, à leur façon ils m’ont apporté un petit quelque chose, un regard – toujours biaisé – sur la vie, mais tellement riche en enseignements.

Vous ne savez pas ce que vont faire tous ces gens qui vous entourent. Vous ne vous posez pas la question ? Chacun est dans sa bulle, alors que l’on est foule. C’est un véritable retour sur soi-même. Rarement à plusieurs, parfois à deux, majoritairement seul, le train, c’est la mobilité partagée. On voit défiler plus ou moins vite le paysage. Sur des trajets qui deviennent fréquents, on commence même à avoir ses repères. Pourtant, ceux qui nous accompagnent ne nous sont aucunement familiers. Seul, le paysage, un lac, un fleuve, une arrivée en gare, des tunnels, des éoliennes, un magasin, nous parlent instinctivement. Parfois le simple fait

de s’asseoir côté fenêtre en demandant pardon à notre voisin côté couloir va casser ce lourd silence qui peut durer toute la durée du voyage. Ce « pardon » va peut être entamer quelques échanges. Parfois le passage du contrôleur, l’arrêt inopiné – mais fréquent – du train en rase campagne, donnera l’occasion à ces deux âmes assises par hasard l’une à côté de l’autre de se rencontrer un bref instant.

Train : un lieu de rencontre momentané pour relation souvent passionnante mais éphémère. Cela pourrait être l’une des définitions du petit Larousse. Cela se passe souvent quand le train est plein, ou presque, car il faut bien l’avouer, le voyageur cherche souvent une place où les

deux fauteuils sont libres. On ne descendra souvent pas à la même gare. Satisfaits d’avoir fait ce bout infime de vie ensemble. Cela se finira par un sourire et un « bonne continuation ». Les deux sachant qu’ils ne se reverront probablement jamais. Croiser des routes sans rien attendre, sans être pour autant plongé dans l’indifférence utilitaire. C’est certain, à long terme cet échange ne nous changera pas la vie, mais à court terme, faire ce pas de côté à la découverte de l’autre… vous verrez c’est délicieux. Je ne dis pas qu’il faut le faire à chaque voyage, mais de temps à autre, ça réveille, ça révèle. Parfois on n’a pas la chance de pouvoir mettre un pied dans la vie de celui qui est à côté de nous. Trop absorbé par sa musique, son film, son livre, ses cours, son travail… Résultat : on imagine, on observe par dessus son épaule ce qu’il fait sur son ordi, quel livre il lit, ce qu’il apprend… on aiguise notre curiosité. Comme il ne veut pas participer, on s’invente une histoire.

Echanger, partager, ne veut pas forcément dire faire cela en non stop du début à la fin. Par intermittence, de manière légère et sans but précis, en laissant libre cours au voyage. Faire du train un lieu de partage. Le train assouvit ma curiosité de la relation humaine, et aussi du mystère de cette migration anonyme qui pour la plupart signifie assez peu. Simplement aller d’un point à un autre, passer d’un monde n°1 à un monde n°2 sans même regarder les mondes n°1 bis, ter…etc. Triste et sans avantage. Ouvrons-nous ! A.B.

« Train : un lieu de rencontre momentané pour relation souvent passionnante mais éphémère »

Page 44: Parceque #6

I got the FRITELa frite, quelle merveilleuse invention ! C’est lors d’un récent voyage à Bruges, en Belgique, que m’est venue à l’esprit la nécessité de tout vous dire sur ce morceau de fécule domestiqué qui fait la fierté de tout un pays. Ah ça oui, ils en sont fiers.

LE MUSÉE DE LA FRITE. Vous ne l’auriez jamais imaginé. Ils l’ont fait. C’est possible. Voici un résumé de ce que l’on peut y apprendre. La frite, c’est, il faut le savoir, d’abord un réel combat de paternité. France vs Belgique. En effet, il semblerait que la frite, en tant que met, soit apparue en 1680 en Belgique, et, sans interférence aucune en 1789 en France. Les grands esprits se rencontrent, paraît-il. Je précise en tant que met, car en tant que frite, pardon messieurs de la Révolution française, mais les vôtres s’appelaient les « pommes pont neuf », alors qu’en Belgique, on appelait ça des « fritches », donc bon, on peut être de mauvaise foi mais parfois il faut savoir s’avouer vaincu…

Donc pour ce qui est de l’histoire belge, il paraît que les habitants de Namur, ayant pour habitude de faire revenir du fretin –« le menu poisson »– dans de l’huile pour en améliorer le goût, remplaçaient le poisson les jours de mauvaise pêche par des pommes de terres découpées dans la forme de ces petits poissons. Et la frite est née. Ça se tient, et c’est poétique avec ça. Les Français quant à eux n’expliquent pas la raison de la découpe. Comme par hasard !

Mais alors pourquoi parle-t-on outre-Atlantique des « french fries » ? Là aussi, deux histoires

se côtoient -décidément ! La première, c’est que les soldats américains lors de la première Guerre Mondiale auraient goûté des frites en Belgique. Mais un peu paumés qu’ils pouvaient être, voyant leurs interlocuteurs belges leur causer en français, ils en ont déduit que la frite était française. La seconde, c’est que le président américain Thomas Jefferson qui raffolait des frites préparées par son cuisinier français aurait par conséquent nommé ce met « french fries ».

Après ce rapide historique –je me suis contentée de celui de la frite, allons à l’essentiel, car le musée comporte une première partie très complète consacrée à la pomme de terre et sa progressive domestication, jusqu’à son importation en Europe– voici le moment que vous attendiez tous : la recette de LA frite belge. Utiliser de préférence une variété de pomme de terre adaptée à la frite, comme la Bintjes en Belgique, ça c’est le top du top :1) les couper en bâtonnets2) les laver à l’eau froide pour enlever l’excès d’amidon3) les sécher4) les faire pocher 7 minutes environ dans de l’huile prévue pour la friture à 170°C5) les retirer et les laisser s’égoutter

Texte : Carole Sertimoun // Illustration : Tårte Tatin

Page 45: Parceque #6

et refroidir quelques minutes : ça c’est l’étape indispensable attention, venez pas vous plaindre après en disant que vous étiez pas prévenus !6) les replonger dans le bain d’huile à 180°C durant deux minutes, pour les frire et roussir7) éponger ou battre les frites – les battre c’est plus marrant, et en plus de faire perdre du gras à la frite, ça vous en fait perdre à vous aussi !

Et voilà, plus de doute, avec cette recette, vous êtes le roi de la frite belge.

Dans ce musée, vous apprendrez également qu’une décoction de pomme de terre après une bonne cuite, ça peut faire que du bien à votre goutte, mais aussi à vos rosiers car elle constitue aussi un très

bon insecticide contre les pucerons. Comme c’est pratique !

Enfin, le Friet-Museum vous apprendra aussi comment briller en société avec une simple patate crue, qui, transformée en instrument de musique, portera indubitablement sur vous tous les regards. La frite, c’est chic. Mais par contre vous ne vous ferez plus d’illusion : la plupart des frites belges proviennent, prédécoupées et congelées, de l’usine PinguinLutosa. Mais c’est pas grave, parce qu’avec votre ticket, vous pourrez aller en déguster à la Frituur (friterie, en flamand) du sous-sol avec un bon de 0,40€, qui vous fera oublier l’amertume de ce souvenir l’espace d’un cornet de papier. C.S.

Page 46: Parceque #6

TAUREAU : Votre humeur : Sportif ! Vous gagnerez votre match de foot samedi prochain ! Votre état d’esprit : « Si l’arbitre me met un carton rouge... je le course » Vous kifferez : Les vaches Vous ne kifferez pas : l’Espagne

BÉLIER : Votre humeur : Sur les nerfs ! Tout ça parce que tout le monde vous demande si vous avez fait une permanente avec vos cornes... Votre état d’esprit : « Tu veux qu’on se tape ? » Vous kifferez : Les chips Vous ne kifferez pas : Les gens qui n’aiment pas les chips

Fauroscope

LION : Votre humeur : Gourmand ! Vous vous gavez de Savane de Brossard à longueur de journée...Votre état d’esprit : « Ouais je roule en Peugeot... et alors ? » Vous kifferez : La fête des lumières Vous ne kifferez pas : Les éclipses

VIERGE :Votre humeur : Manque d’inspiration... vous avez le syndrome de la page blanche. Mais vous n’avez pas peur de l’engagement, ah ça non ! Votre état d’esprit : « Mon tableau préféré ? Carré blanc sur fond blanc, de Kandinsky » Vous kifferez : Les gentils Vous ne kifferez pas : Les méchants

Page 47: Parceque #6

GÉMEAUX :Votre humeur : Entreprenant ! Vous ouvrez un magasin de prêt-à-porter en l’honneur de votre signe astrologique Votre état d’esprit : « Comment ça j’ai fait une faute sur l’enseigne ? » Vous kifferez : Votre ami imaginaire Vous ne kifferez pas : La schizophrénie

BALANCE :Votre humeur : Indécis ! Entre les deux... votre coeur balance. Vous surveillez souvent votre poids parce que votre colloc’ est Lion et que, vous aussi, vous mangez pas mal de Savane... attention à votre équilibre alimentaire. Votre état d’esprit : « Han... je vais le dire à la maîtresse... » Vous kifferez : Les rapporteurs Vous ne kifferez pas : Les règles douloureuses

SCORPION :Votre humeur : Obtus ! Vous roulez à l’eau pétillante, vous portez la barbe de 3 jours (ou le maillot brésilien de 3 jours), vous mangez vos plats très épicés et vous rêvez de devenir fakir dans une prochaine vie... Votre état d’esprit : « Je suis l’as de pique... qui pique ton pic... Piqueline » Vous kifferez : Le parfum qui sent fort Vous ne kifferez pas : Avoir une suite de coeur au poker...

CANCER :Votre humeur : Gonflé à bloc ! Plus motivé, tu meurs.Votre état d’esprit : « Quand je serai grand, je serai médecin » Vous kifferez : Les fruits de mer Vous ne kifferez pas : Le chocolat

Faustrologue : Mathieu Gueguen // Illustrations : Outi Munter

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / FAUROSCOPE / 47

Page 48: Parceque #6
Page 49: Parceque #6

SAGITTAIRE :Votre humeur : Euphorique ! Vous allez jouer en première partie de Metallica, vous avez retrouvé votre poster dédicacé de Dave, et vous avez enfin réussi à choper le magnet Côtes d’Armor dans les boîtes de Père Dodu pour faire la France entière !Votre état d’esprit : « Oui c’est mon signe... j’écris ce que je veux » Vous kifferez : votre papy Vous ne kifferez pas : quand on critique Bob l’éponge

CAPRICORNE :Votre humeur : Ouvert d’esprit ! Mi-chèvre, mi-poisson, ce handicap de naissance se fait beaucoup ressentir en ce moment... Mais vous êtes vaillant et combatif et vous trouverez toujours le moyen de vous en sortir.Votre état d’esprit : « Je suis métisse, mélange de couleurs... hoho » Vous kifferez : Les Bee Gees Vous ne kifferez pas : revoir Sim se déguiser en femme pour les Grosses Têtes

VERSEAU :Votre humeur : Agacé ! Marre d’être la cruche de service, et pas qu’entre midi et deux...Votre état d’esprit : Cristalline ! Elle est si bonne.Vous kifferez : Guy RouxVous ne kifferez pas : Laurent Blanc

POISSON :Votre humeur : Méfiant ! On vous invite au restaurant japonais... vous flairez le guet-apens. Vous préférez rester à buller chez vous... Votre état d’esprit : « Les petits pois sont bons pour les petit poissons ! « Vous kifferez : la mer Egée Vous ne kifferez pas : l’amertume

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / FAUROSCOPE / 49

Page 50: Parceque #6

ILS ÉCRIVENT

SARAH BK, lorsqu’elle n’est pas sur Facebook, est chef de projet multimédia à l’Opéra de Paris. Graphiste, pianiste, geek et rédactrice à ses heures perdues, vous ne la croiserez jamais sans son gros casque audio sur les oreilles. Addiction notable à la crème de marron Clément Faugier.

ANGÉLA BONNAUD fait du marketing, mais comme c’est dégueulasse le marketing (beurk), elle a décidé de mettre sa formation au profit du service public, et du coup elle se retrouve dans un hôpital en Picardie, et même si il n’y a pas beaucoup de boutiques, elle trouve ça plutôt cool. C’est aussi la trésorière de l’association PARCEQUE.

CLÉMENTINE BRISSI, après avoir étudié la photographie et le théâtre à la fac, s’est décidée à se débrouiller comme une grande et navigue entre les comédiens, les mariages et les jolis spectacles, de manière photographique et les petits articles dessinés de Parceque, de manière écrite. N’est pas fondamentalement contre le mariage mais pas profondément pour non plus. Est la Secrétaire de l’association PARCEQUE.http://clementineb.carbonmade.com

SOPHIE CARREZ est chanteuse mais elle a décidé de devenir médecin et de soigner les gens avec les mains plus souvent qu’avec la voix. Elle nous raconte ses aventures de bébé médecin pour qu’on sache que c’est pas facile de sauver des gens. Au moins chez PARCEQUE on l’écoute alors qu’à l’hôpital des fois les gens il prennent pas leur médicaments et s’étonnent d’avoir encore mal.

CORALIE DAUDIN vit pour les films et les images en attendant d’en vivre. Aime le vent dans les cheveux. Voue une passion sans limites aux voyages et… au raisin. http://www.flickr.com/photos/coralie_daudin/

MATHIEU GUEGUEN, c’est tout un monde.

ROMAIN JAMMES est en passe d’être diplômé d’un M2 de Science Politique à la Sorbonne. Banlieusard de coeur, d’âme, et de tête. Musicien à l’occasion, amoureux des mots et militant du Front de Gauche !romain-jammes.fr

LUDOVIC LABATI - notre relecteur - c’est un oeil acéré, pour veiller à ce que l’orthographe et la syntaxe restent à la hauteur du contenu de votre journal préféré. C’est aussi deux jambes qui ont couvert pas mal de kilomètres sur les chemins de grande randonnée, en France et au Liban. Et c’est – surtout et avant tout – l‘heureux papa d’un grand garçon de 10 ans…

RIP LAIMBEER est un trentenaire touche à tout rythmé par ses passions. Co-fondateur et rédacteur pour Stereotree, il est aussi artiste Hip Hop sous le nom de Ripklaw depuis un quinzaine d’années, graphiste, traducteur et tire, avec Le 4Romain, les ficelles du label Trueflav Records. Un point commun entre toutes ces activités, un amour immodéré pour les mots, l’image et l’esthétique dans son ensemble.http://stereotree.blogspot.com/

JEAN MUSEAU est journaliste, photographe et chef de la rubrique sport chez Moto Revue. Car chez PARCEQUE, on aime bien les motards.

MARGAUX PEREZ travaille dur à l’école du Louvre. Sa vie sera sans doute dans les musées, dans une atmosphère silencieuse et studieuse, ce qui, espérons-le, ne fera jamais taire ce qui bouillonne à l’intérieur.

TONY QUERREC, photographe, prêtant sa plume pour notre petit PARCEQUE à travers ses chroniques musicales, Tony Querrec voudrait être un artiste! Ce qu’il déteste par dessus tout, les étiquettes !

GILLES SEILLER : Élevé entre accordéons et musées techniques, Gilles Seiller parle vite et écrit mal. Et il dit plein de gros mots. Ces défauts flagrants ne l’ont pas empêché de

faire des études de communication et de répondre au téléphone pour gagner sa vie. Il aime pas tellement le téléphone. Il partage la vice-présidence avec Coline Poulette.

DOMINIQUE SERTILLANGES, c’est un peu un mélange de Bruce WIllis et de Mac Gyver. Il n’a pas beaucoup de cheveux, et il peut tout réparer ou presque, surtout les machintosh. Mais y’a juste un moment où il faut pas l’emmerder, c’est quand il prépare la fameuse tartiflette de Domi !

CAROLE SERTIMOUN : Photographiste polyvalente consacrant 39h par semaine à nettoyer la poussière sur des flacons de parfum, et le reste de son temps à rêver d’un avenir meilleur, surtout pour son magazine. Elle aime les gens et aussi beaucoup les chats. Mais elle mange du cheval, parce que c’est délicieux, surtout en aller-retour.

SIDONIE TELLIER-LOISON aime les doudous plus que tout mais comme ils ne savent ni écrire ni dessiner, elle se voit quelques fois obligée de communiquer avec de vraies personnes. Elle rêve que les mutations génétiques lui permettent un jour de se nourrir exclusivement de kir à la violette, de tarama et de granolas.

ILS DESSINENT

CAMILLE ALESSANDRONI aime fabriquer des vêtements qui tombent bien, a toujours un sac lourd de carnets et ne cuisine pas bio car elle a la flemme du coup elle a honte. Mais elle continue de manger du chocolat pas bio devant desperate housewives et puis, parfois, elle dessine pour remettre un peu d’équilibre dans le monde.

NICOLAS DAVID arrive à dessiner Pikachu en Pablo Picasso, et rien que pour ça, ça vaut le coup d’aller faire un tour sur son blog.http://mel0k.wordpress.com

ANNE DERENNE, illustratrice de vocation, économiste de formation; montagnarde

parcequ'ils le font

Page 51: Parceque #6

citadine ; écolo ne voyageant qu’en avion, enracinée sans racines... Elle aime depuis toujours partir à l´assaut de pages blanches à conquérir avec ses crayons. Plus qu´une passion c’est devenu une véritable addiction…http://derenne.ultra-book.com/

FLORENT DUTARQUE, autodidacte fraîchement débarqué dans l’aventure PARCEQUE, Florent joue les marchands de couleurs la journée et... À la nuit tombée, Lorsque tout est calme... ou presque....http://florentdutarque.carbonmade.com/

FTISY, 21 ans. Étudiante en illustration et graphisme. À la fois excentrique et réservée. S’amuse souvent des sophismes. Parfois un peu trop motivée. Aussi maniaque que bordélique. Adorant la polémique. Curieuse de tout, parfois de vous.http://experiencelitteraire.illustrateur.org/

MARIUS GUIET est diplômé en illustration de l’école Massana à Barcelone grâce à une version illustrée du manuel de civilité pour les petites filles de l’auteur Pierre LOUYS, ce qui fait que désormais il est très bien élevé. De retour en France, il devient illustrateur freelance pour les autres, et bénévole pour nous. Il fait partie depuis septembre du cabinet Pate-pelue, un atelier d’illustrateurs situé à Saint Denis.

OUTI MUNTER est illustratrice et dessinatrice au parcours linguistico-fructueux-expérimental qui l’a amenée de Helsinki à Paris. Elle aime à peu près tout (et aussi a peur d’à peu près tout mais essaie de rester très courageuse et dessine des femmes et des fois même des lapins). Tout particulièrement elle aime sa couette et les gens et pense qu’elle serait une despote assez gentille et très juste.www.outimunter.net

MARINA NESI vit à Londres et y créé collages et autres motifs textiles instinctifs et surréalistes.http://marinanesi.com/

JULIE OLIVIER est illustratrice et rêve d’un monde où les gens comme elle pourront vivre de leur art sans s’inquiéter du lendemain. C’est utopique et elle le sait, mais chez PARCEQUE elle a trouvé d’autre gens pour y croire avec elle. http://julie-o.fr

AGATHE PARMENTIER, graphiste pour de vrai et journaliste pour de rigoler. Appelle à la révolte nationale contre nos systèmes politiques et financiers, contre cette crise que nous n’avons pas demandée et que nous subissons !... sinon... heu... une fille plutôt tranquille (!)http://www.behance.net/agatheparmentier/frame

LAURA PIGEON vit à Strasbourg où elle s’adonne aux arts graphiques en tous genre et observe les oiseaux. Elle aide aussi les animaux en migration à traverser les routes sans y rester, et ça c’est bon pour l’écosystème !http://www.laurapigeon.com

COLINE POULETTE est rousse et fait de la boxe. Elle respire la fraîcheur de sa génération, mais elle porte souvent des bottes en peau de vache, du coup je ne suis pas sûre qu’on puisse lui faire confiance à 100%. La BD bloguerie est sa grande passion, et elle est vice-présidente de l’association PARCEQUE.arrosoirs.illustrateur.org

ROUGERUNE Adolescent prisonnier d’un corps d’adulte depuis un terrible accident de tondeuse où il perdit tous ses cheveux, il dut, à regret, abandonner sa première passion : la coiffure. À défaut de mieux, il se tourne alors vers le dessin, les bd, les films avec des épées, les t-shirts cools et les colliers en bonbons. C’est vraiment trop injuste…www.rougerune.com

TÅRTE TATIN, élevée aux pommes et à la bière, s’ennuie donc dessine à l’encre en se tachant. http://mangezdestartes.blogspot.com

TIM, de son nom complet Timothy Hannem, est un illustrateur français et l’auteur d’un Blog BD pour lequel il est connu depuis janvier 2008 : A Cup of Tim. Né le 14 avril 1979 à Agen, il obtient un bac en arts appliqués en 1998 au lycée Adolphe Cherioux à Vitry-sur-Seine. En 2000, au même lycée, il obtient un BTS en architecture extérieure. Par la suite, il ne continue pas dans l’architecture et effectue de nombreux petits boulots avant de devenir «intérimaire». Il raconte ces petits boulots et ses aventures en intérim dans les deux tomes de Quotidien Survival, une bande dessinée qu’il a auto-éditée.http://www.acupoftim.com/

RAPHAËL WATKINS ABITBOL, rêveur invétéré, s’est construit un monde de peinture et d’encre pour lequel il a composé des mélodies aux pianos, inspirées des histoires qu’il raconte.http://abitblog.tumblr.com/http://raphael-abitbol.tumblr.com/

LAUREN ZEITOUN, dite Lo, conceptrice-rédactrice à temps plein, gourmet à l’heure de table, gourmande à l’heure du goûter et gribouilleuse aux heures de pointes. Une feuille, un stylo... Et hop des personnages apparaissent, un petit monde se crée. PARCEQUE l’illustration, ça se consomme sans modération ! http://www.lesbullesdelo.com/

et enfin, LES NOBLES DU 33 pour les portraits des membres, ne savent pas dessiner, et c’est pour ça qu’on les aime.

Illustrations : Les Nobles du 33

parcequ'ils le font

PARCEQUE #6 / NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 / ILS FONT PARCEQUE / 51

Page 52: Parceque #6