PANORAMA DE PRESSE - CGT

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PANORAMA DE PRESSE 07/11/2016 08h11 CGT Panorama réalisé avec Pressedd

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PANORAMA DE PRESSE

07/11/2016 08h11

CGT

Panorama réalisé avec Pressedd

Page 2: PANORAMA DE PRESSE - CGT

SOMMAIRE

ACTUALITE SOCIALE(5 articles)

lundi 7 novembre 2016

Les 25 sans-papiers embauchés, les 25 régularisés ! (804 mots)

«C'est une très belle victoire ! C'est immense et même assez rapide à l'échelle desmouvements de travailleurs sans papiers…

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lundi 7 novembre 2016

Accalmie en trompe-l’œil aux urgences d’Avignon (629 mots)

Locaux en partie neufs, salle d’attente calme, personnel affairé : on cherche envain, dans les couloirs des urgences de l’…

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lundi 7 novembre 2016

« A la fin du XIXe siècle, le mouvement féministe a étécaricaturé »(587 mots)

Sylvie Chaperon, chercheuse et spécialiste du féminisme, est professeured’histoire contemporaine du genre à l’université d…

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lundi 7 novembre 2016

Tous féministes… ou presque (1063 mots)

C’est un mot qui désormais flotte dans l’air comme une bannière : féminisme. Il ya encore peu raillé, conspué, assimilé à …

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samedi 5 novembre2016

Pour les patrons, la fin des 35 heures n'est plus une priorité(807 mots)

C'est un « totem ». Un symbole qui marque tellement l'appartenance à un camppolitique, la droite, que tous ou presque sont…

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PROTECTION SOCIALE(2 articles)

lundi 7 novembre 2016

Vive la Sociale ! (1012 mots)

L’Histoire est bonne pour la santé. Sa piqûre de rappel soulage, revigore,retrempe, même si elle ne guérit pas toujours, ne prévie…

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dimanche 6 novembre2016

Pour une refondation politique de la Sécurité sociale (791 mots)

On pouvait espérer de -l'irruption du concept d'« ubérisation » – c'est-à-dire lebasculement de la création de valeur vers…

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Page 3: PANORAMA DE PRESSE - CGT

MOUVEMENTS SOCIAUX(7 articles)

lundi 7 novembre 2016

Grève La ministre du Travail reçoit trois syndicats d'i-Télé(256 mots)

En grève depuis le 17 octobre, la centaine de salariés d'i-Télé a voté vendredi, à 83% des voix, la reconduction du mouvem…

Page 21

lundi 7 novembre 2016

Un an de prison avec sursis requis contre un militant CGT(509 mots)

Pendant que Philippe Christmann, administrateur de la fédération CGT dessalariés de la construction, du bois et de l'ameub…

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lundi 7 novembre 2016

A partir de ce lundi, elles travaillent gratis (724 mots)

Si, pour un même travail, la rémunération devait être équivalente, les salariéesfrançaises pourraient partir en congés auj…

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lundi 7 novembre 2016

Inégalités salariales femmes-hommes : grève ce lundi à 16h34(222 mots)

Travailleuses, arrêtez tout ce lundi à 16 h 34 et 27 secondes précisément. Posezles crayons. Eteignez les ordinateurs. Cla…

Page 24

lundi 7 novembre 2016

L’hôpital malade de sa logique financière (1867 mots)

C’est un vent lourd qui souffle sur l’hôpital. Et pour la première fois, on peut avoirle sentiment que l’on n’est pas loin…

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lundi 7 novembre 2016

Anne Gervais, infectiologue à l’hôpital Bichat (AP-HP) « Letravail devient » à la chaîne « , individuel » Pauline, 27 ans, ex-aide-soignante « On nous pousse à la faute » Laurent*, 37 ans,infirmier « L’hôpital est en train de se déshumaniser » Undirecteur de CHU de Province « Le temps du travail est devenuplus stressant »(1044 mots)

«Avant, en cardiologie au CHU de Strasbourg, on était trois infirmiers pour trentepatients, maintenant on n’est plus que d…

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lundi 7 novembre 2016

Grève à i-Télé : « Ils nous volent nos vies »(935 mots)

Ils nous volent nos vies. » Voilà le genre de phrases que l’on peut entendre lorsdes assemblées générales quotidiennes au cours de…

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Page 4: PANORAMA DE PRESSE - CGT

EUROPE ET INTERNATIONAL(1 article)

samedi 5 novembre2016

Pourquoi le chômage stagne en zone euro (957 mots)

Repassera-t-il sous la barre symbolique des 10 % avant Noël ? Peut-être pas.Selon les chiffres publiés jeudi 3 novembre …

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Page 5: PANORAMA DE PRESSE - CGT

ACTUALITE SOCIALE

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Page 6: PANORAMA DE PRESSE - CGT

COVEA IMMOBILIER

Les 25 sans-papiers embauchés, les 25 régularisés !La totalité des 25 travailleurs du chantier parisien de l'avenue de Breteuil reprendront leurposte ce matin, après deux mois de conflit, embauchés cette fois-ci directement par le donneurd'ordres.

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804 mots

SOCIAL-ECO

«C'est une très belle victoire ! C'est

immense et même assez rapide à

l'échelle des mouvements de tra-

vailleurs sans papiers ! » Marilyne

Poulain, de l'union départementale

CGT, savoure le dénouement de deux

mois de conflit sur un chantier du

très chic 7e arrondissement de Paris.

L'ensemble des 25 travailleurs mi-

grants y œuvrant jusqu'ici illégale-

ment vont pouvoir réinvestir le site

ce matin la tête haute, promesses de

contrat en poche. Avec une régulari-

sation administrative en cours. « Les

négociations ont été assez efficaces

dans la dernière ligne droite après

trois semaines de discussions

constructives par rapport au début du

mouvement », apprécie la syndica-

liste.

L'histoire avait effectivement plutôt

mal commencé. Après deux accidents

du travail non reconnus par

l'entreprise de construction sous-

traitante MT BAT Immeubles, les tra-

vailleurs s'étaient mis en grève le 7

septembre avec occupation des lieux.

Le deuxième accident était révéla-

teur des conditions de travail déplo-

rables imposées aux ouvriers : un sa-

larié portant une masse d'une dizaine

de kilos avait chuté d'un échafaudage

non sécurisé sur une hauteur de deux

mètres. L'employeur avait refusé

d'appeler les pompiers pour porter

secours au jeune blessé, victime

d'une fracture ouverte au poignet. Le

sous-traitant espérait s'en sortir en

négociant discrètement l'évacuation

de l'accidenté sans aucune déclara-

tion officielle. C'était compter sans

la réaction outragée des travailleurs

sans papiers et une arrivée des pom-

piers en fanfare suivis par la police et

l'inspection du travail. Le conflit ve-

nait de commencer.

Tout en niant toute responsabilité

dans l'affaire, reportant la faute sur le

donneur d'ordres, Capron, et le sous-

traitant, MT BAT Immeubles, le

pragmatique propriétaire Covéa Im-

mobilier s'était empressé de deman-

der l'expulsion des grévistes. Mais la

mobilisation continuait hors les

murs : manifestation devant le

maître d'ouvrage, sur les trottoirs du

donneur d'ordres Les travailleurs te-

naient à placer tous les acteurs au

pied du mur. Après deux mois de

chantier arrêté, une grosse perte fi-

nancière pour Covéa, la médiation

les rassemblant tous autour d'une

même table aura porté ses fruits. Exit

le sous-traitant. Jeudi, la société Ca-

pron s'est engagée à embaucher les

25 salariés, soit 10 en CDI en fonc-

tion de leur ancienneté et les autres

en CDD jusqu'à la fin du chantier. Ils

pourront ensuite accéder à une cel-

lule de reclassement, pour enchaîner

sur une formation ou un accompa-

gnement dans leur recherche

d'emploi. « On les traite comme des

travailleurs comme les autres », se

réjouit Marilyne Poulain. De leur cô-

té, la Direccte et la préfecture ont

donné leur feu vert pour leur régula-

risation. Quant au grand absent de la

médiation, le sous-traitant MT BAT

Immeubles, il n'a pas vraiment réussi

à se faire oublier. « Il est hors de

question qu'il remette directement

ou indirectement les pieds sur ce

chantier, précise maître Renaud Se-

merdjian, l'un des avocats de Covéa

Immobilier. L'entreprise Capron a

compris les enjeux et l'intérêt

d'embaucher ces 25 employés. Pour

nous, il était hors de question de dis-

cuter avec la société MT BAT Im-

meubles. » Covéa Immobilier n'a pas

encore de position arrêtée quant à

une suite à donner en justice à cette

affaire en raison des préjudices que

le groupe estime avoir subis. La CGT,

elle, a déjà entamé les démarches

pour un recours aux prud'hommes

contre MT BAT Immeubles, pour tra-

vail dissimulé, afin d'obtenir les ar-

riérés de salaires et de cotisations. Le

Défenseur des droits a été saisi pour

discrimination et a ouvert une en-

quête. L'union départementale CGT

va également se constituer partie ci-

vile au pénal pour dénoncer « les

conditions de travail indignes, la

mise en danger d'autrui, le droit à la

santé et à la sécurité piétinés ». En-

fin, le syndicat devrait aussi saisir le

Tass (tribunal des affaires de Sécurité

sociale) pour faire reconnaître la

faute inexcusable de l'employeur par

rapport aux accidents du travail. En

réussissant à impliquer tous les

maillons de la chaîne de la construc-

tion, les salariés ont aussi obtenu de

faire respecter la sécurité au travail.

« Tout le monde est content de re-

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Page 7: PANORAMA DE PRESSE - CGT

commencer le travail, conclut Dipa

Camara, tout nouveau salarié de Ca-

pron. On habite tous dans des foyers

différents mais on va s'organiser pour

fêter ça : on ne peut pas laisser filer

cette victoire ! »■

par Kareen Janselme

Tous droits réservés L'Humanité 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016

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Page 8: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Accalmie en trompe-l’œil aux urgences d’Avignon

Si la direction de l’hôpital Henri-Duffaut a finalement réussi à enrayer la crise qui l’a agitédébut octobre, les problèmes de fond subsistent.

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Pages 18-19629 mots

FRANCE

L ocaux en partie neufs, salle

d’attente calme, personnel af-

fairé : on cherche en vain, dans les

couloirs des urgences de l’hôpital

Henri-Duffaut d’Avignon, les stig-

mates de la crise qui a ébranlé les

lieux il y a un mois. Le 5 octobre, le

directeur reçoit un courrier signé

par 13 des 28 médecins des urgences

adultes, qui annoncent leur démis-

sion : « Le défaut de management de

notre équipe médicale, accentué par la

pénibilité de nos conditions de travail

[…] est responsable de cette situation

critique. »

Entonnoir

Publiquement, ils n’en diront guère

plus. Seul un communiqué non signé

reprenant leurs revendications sera

diffusé. Même au sein du service, le

personnel paramédical doit conti-

nuer le travail dans un climat très

flou. «C’était perturbant, raconte une

aide-soignante. On ne savait même

pas qui était démissionnaire… On a

tenté d’en parler, mais on n’a pas eu de

réponse.» Face au mutisme des méde-

cins, les syndicats sont appelés à la

rescousse pour l’explication de texte.

«Cela fait quelques mois que la colère

monte, analyse Patrick Bourdillon

(CGT). Les urgences d’Avignon ac-

cueillent entre 180 et 200 personnes

par jour et le nombre de patients aug-

mente de 8 % par an. La tension est de

plus en plus forte en termes de prise

en charge, de plages horaires et

d’effectivité des gardes.»

Confrontée à une crise majeure, la di-

rection met alors les bouchées

doubles. Un accord pour une nou-

velle gouvernance est trouvé en

quelques jours et les treize urgen-

tistes acceptent de lever leur démis-

sion. Mais en arrière-plan, les pro-

blèmes persistent car la situation

d’Avignon est tristement banale. «On

a hérité de plusieurs lois qui ont

conduit à réduire le budget des établis-

sements, relève la déléguée CGT Gra-

ziella Lovera. Sauf que là, on en est

à racler les fonds de tiroir.» En début

de chaîne, le service des urgences, cet

entonnoir, ne parvient plus à réguler

l’afflux de patients : «Même dans

notre région, plutôt attractive, la

désaffection des généralistes entraîne

de plus en plus de gens aux urgences.

Avec la précarisation de la population,

beaucoup viennent simplement pour se

soigner, prendre un médicament. Au-

tant de personnes qu’on refusait aupa-

ravant.»

« Saturés »

Lorsqu’ils arrivent, les patients

passent tous par un infirmier chargé

de déterminer le degré d’urgence.

Une étape majeure qui soumet les

soignants à une triple pression, sou-

ligne Rémi Haon, 31 ans, infirmier ici

depuis quatre ans : « Celle des pa-

tients, qui exigent une réponse rapide.

Celle des médecins, qui nous de-

mandent de ne pas passer à côté d’un

critère de gravité. Et celle de la direc-

tion, parce qu’on travaille sur douze

heures. Douze heures pour 200 pa-

tients ! »Il y a deux ans, le personnel

paramédical avait déjà alerté, enta-

mant une grève qui s’était soldée par

sept embauches. Deux postes de mé-

decins urgentistes sont également

dans les tuyaux, tandis que

l’agrandissement des locaux en jan-

vier a aussi fait du bien. «Sauf qu’il

a été décidé en 2007, en prévision du

passage à 50 000 personnes à l’année,

relève Rémi Haon. Or on en est à 60

000, on est déjà saturés.» La direction

de l’hôpital le concède. Mais comme

d’autres établissements endettés,

Henri-Duffaut subit depuis 2015 un

Contrat de retour à l’équilibre finan-

cier (Cref) imposé par l’Agence régio-

nale de santé (ARS) : économie sur

les achats, mutualisation des services

avec l’hôpital de Cavaillon, refonte

des plannings, diminution de la

masse salariale. A Avignon, le Cref

se traduit ainsi par un projet de sup-

pression de 130 postes. «On est comp-

table des deniers publics, plaide Jean-

Noël Jacques, directeur de l’hôpital.

On fait comme on peut, c’est plus de

l’optimisation de moyens.» Patrick

Bourdillon (CGT) veut bien

l’entendre, mais pas à n’importe quel

prix : « L’hiver arrive, avec un afflux de

personnes évident, et on n’a pas solu-

tionné les problèmes. » Les syndicats

espèrent mobiliser un maximum ce

mardi lors d’un rassemblement à

9 heures devant l’hôpital. Les méde-

cins des urgences ont, bien entendu,

été conviés. ■

par Stéphanie Harounyan

Tous droits réservés Libération 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 8

Page 9: PANORAMA DE PRESSE - CGT

« A la fin du XIXe siècle, le mouvement féministe a été caricaturé »

Sylvie Chaperon, spécialiste du féminisme, revient sur l’histoire du mot, qui désignait àl’origine une anomalie chez des hommes efféminés.

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Page 5587 mots

ÉVÉNEMENT

S ylvie Chaperon, chercheuse et

spécialiste du féminisme, est

professeure d’histoire contempo-

raine du genre à l’université de

Toulouse-II. Elle vient notamment

de participer à l’élaboration d’unDic-

tionnaire des féministes en France qui

sera publié début 2017 chez PUF.

Le terme féminisme s’est-il imposé

comme un marqueur de respectabili-

té dans le débat public ?

Je ne dirais pas cela, si tel était le

cas, ce serait une révolution ! Peut-

être que des artistes se l’approprient,

mais j’ai le sentiment que du côté des

politiques, c’est plutôt l’égalité

hommes-femmes qui est mise en

avant. D’ailleurs, dans le débat poli-

tique, elle est souvent instrumentali-

sée par rapport à l’islam, de manière

habile. Par exemple, quand la prési-

dente du FN, Marine Le Pen, s’en sai-

sit, ce n’est pas le féminisme qu’elle

met en avant mais l’égalité, comme

si c’était un marqueur de notre iden-

tité française… En fait, le mot fémi-

nisme a été un repoussoir pendant

longtemps.

D’où vient ce mot ?

Il est apparu en France dans les an-

nées 1860. C’était un terme médical

pour désigner une anomalie de dé-

veloppement physiologique chez cer-

tains hommes efféminés. Son pen-

dant chez les femmes était le « mas-

culinisme ». Puis, au début des an-

nées 1880, le mot revient sous la

plume d’Alexandre Dumas fils, sous

une forme ironique pour faire réfé-

rence à ceux qui veulent donner du

pouvoir aux femmes. Au cours de

cette même décennie, la militante

pour leurs droits Hubertine Auclert

le reprend dans son journal, la Ci-

toyenne. C’est à partir de là que, petit

à petit, le féminisme désigne ainsi les

partisans de l’égalité hommes-

femmes.

A-t-il été connoté négativement dès

le départ ?

A l’époque d’Hubertine Auclert, le

mot était très nouveau et restait in-

terne au mouvement, donc il n’était

pas encore chargé de connotations.

Mais à partir du moment où le terme

est entré dans le langage courant, à la

fin du XIXe siècle, le mouvement fé-

ministe a été caricaturé et associé à

l’excès, au radicalisme, à l’image de

la « vieille fille » qui n’aime pas les

hommes alors que c’est un mouve-

ment non violent qui ne s’est jamais

attaqué aux personnes. Même Si-

mone de Beauvoir, en 1949, avant

qu’elle ne s’en revendique, disait :

« Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis

féministe »… En fait, ce mot a tou-

jours fait peur, de manière assez irra-

tionnelle.

Pourquoi ?

Sans doute parce que le féminisme

bouscule la division sexuelle de la so-

ciété… Cette même crainte est désor-

mais associée au terme « genre », qui

est sorti de sa sphère d’origine et sus-

cite la peur chez ceux qui ne voient

pas de quoi il s’agit et pour qui

l’homme est devenu femme et

vice versa. Les antiféministes se sont

presque toujours employés à décrédi-

biliser le mouvement et ses revendi-

cations.

N’y a-t-il pas des périodes où le mot

a été associé à des choses positives ?

Si, quand le mouvement est très fort

et se diffuse largement. Dans ces

moments-là, il peut même être repris

par des collectifs concurrents. Par

exemple, au début du XXe siècle, on

parlait de « féminisme chrétien »

pour glorifier la mère ou pour évo-

quer une meilleure reconnaissance

du rôle de la femme dans l’Eglise…

Dans les années 70, il y a également

eu une mode autour du féminisme,

certains s’en autoproclamaient.

Certains estiment qu’il faudrait peut-

être plutôt parler d’humanisme,

d’antisexisme ou d’égalitarisme.

C’est une idée qui revient périodi-

quement. Dès le milieu du XXe,

l’activiste et écrivaine Edith Thomas

proposait ainsi dans un ouvrage ja-

mais publié, le Courage, de parler

d’« humanisme ». Mais le « fémi-

nisme » a un sens, une histoire. Pour-

quoi en changer ? Ne vaut-il pas

mieux travailler à mettre en avant

des connotations plus positives ? ■

par Virginie Ballet

Tous droits réservés Libération 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

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Page 10: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Tous féministes… ou presque

De Beyoncé à la Fashion Week en passant par la « Manif pour tous », le conceptest brandi, floqué, mais aussi galvaudé et détourné, notammentpar les personnalités politiques, au risque de le vider de son sens.

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Pages 2-51063 mots

ÉVÉNEMENT

C ’est un mot qui désormais flotte

dans l’air comme une bannière :

féminisme. Il y a encore peu raillé,

conspué, assimilé à de l’hystérie, le

voici servi, repris, brandi. Limite à la

mode, il s’affiche sur des sweat-shirts

ou au dernier défilé Dior à la Fashion

Week. Il est dégainé sur des comptes

Instagram par des actrices, des man-

nequins, des chanteuses, des écri-

vaines, de Willow Smith à Beyoncé et

ses concerts féministes au Stade de

France, en passant par les actrices

Emma Watson à l’ONU ou Patricia

Arquette qui parle d’égalité salariale

aux oscars. So pop ? Voici encore

que dans le dernier numéro desInro-

ckuptibles, avec Natalie Portman

comme rédac cheffe, les interviews

« proféministes » s’enchaînent, et on

y lit même cette phrase de la créa-

trice de la série télévisée Transpa-

rent, Jill Soloway - décrite par Port-

man comme « la plus grande figure du

féminisme aujourd’hui » : « Je n’aurais

jamais cru que le féminisme allait rat-

traper les sociétés actuelles. » Mais

est-ce vraiment le cas ? Ou serait-on

pris dans une vague sournoise de fe-

minism washing qui, tel le green wa-

shing, offre un vernis féministe à peu

de frais ?

Strates

Même les politiques, autrefois plutôt

frileux sur la question, s’en sai-

sissent, d’autant qu’ils sont doréna-

vant questionnés sur le sujet. Et c’est

nouveau. Le président Hollande ? Un

« féministe » revendiqué - le co-

ming out a eu lieu en mars dans les

colonnes du magazine Elle. Tout

comme Justin Trudeau au Canada ou

Barack Obama. Le mot s’est aussi in-

vité dans la campagne électorale

américaine, où les outrances miso-

gynes de Trump ont suscité çà et là

des poussées de féminisme comme

on aurait la fièvre.

En France, le sujet inspire également

nos présidentiables. Alain Juppé par

exemple, qui explique lors d’un débat

sur l’égalité femmes-hommes à Bor-

deaux qu’elle est pour lui une évi-

dence, « par conviction et par tempé-

rament », avant d’ajouter : « Je res-

sens la présence des femmes comme un

apaisement. » Nicolas Sarkozy n’est

pas en reste, lui qui clame, en mee-

ting le 9 octobre, qu’« en France, la

femme est libre depuis toujours ».

Les droits des femmes s’invitent

jusque dans la bouche de Marine

Le Pen, bien que le sujet n’ait jamais

été une priorité pour le Front natio-

nal - sinon les eurodéputés

d’extrême droite ne voteraient pas,

par exemple, systématiquement

contre toute proposition visant à

promouvoir l’égalité femmes-

hommes. La présidente du FN, après

les agressions sexuelles et viols com-

mis dans la nuit du 31 décembre à

Cologne, de se présenter dans une

tribune publiée le 14 janvier sur le

site de l’Opinion comme une « femme

française libre, qui a pu jouir toute sa

vie durant des libertés très chères, ac-

quises de haute lutte par nos mères et

nos grands-mères ».

Signe ultime que le féminisme s’est

faufilé jusque dans des strates in-

soupçonnées de la société, les mili-

tants de la « Manif pour tous »

n’hésitent pas à invoquer le concept.

Enfin, principalement lorsqu’il s’agit

de s’opposer à la gestation pour au-

trui (GPA), « ce nouvel esclavage qui

asservit les femmes ». C’est ainsi

qu’on a pu entendre le mot « fémi-

niste » lors de leur dernier défilé en

octobre.

Mais que penser de ces nouveaux

« militants » ? Le féminisme serait-

il (enfin) devenu bankable ? Voilà

quelques années que le marketing l’a

compris (coucou Dove ou Always).

Restait à infuser chez les politiques.

Et de ce point de vue, on revient de

loin.

Souvenons-nous en effet des mots de

Jacques Chirac, dans un entretien au

Figaro Magazine, en 1978 : « Pour

moi, la femme idéale, c’est la femme

corrézienne, celle de l’ancien temps,

dure à la peine, qui sert les hommes à

table, ne s’assied jamais avec eux et ne

parle pas. »

« Pendant longtemps, quand j’ai inter-

rogé des politiques, hommes ou

femmes, cela commençait par » je ne

suis pas féministe, mais « ou » je le

suis, mais « », rappelle Mariette Si-

neau (1), directrice de recherches

CNRS au Centre de recherches poli-

↑ 10

Page 11: PANORAMA DE PRESSE - CGT

tiques de Sciences-Po (Cevipof). Mit-

terrand ? Toujours selon Mariette Si-

neau, « il était hérissé par le féminisme

et les féministes. Il n’aimait pas les

femmes en pantalon et pas ma-

quillées ». Les politiques

d’aujourd’hui, nouvellement auréo-

lés de leur brevet de féminisme, sont-

ils crédibles pour autant ?

Prétexte

Prenons le cas de la droite française,

qui s’est historiquement peu intéres-

sée à cette question. « Elle s’y est mise

très tard », confirme Janine Mossuz-

Lavau, directrice de recherches CNRS

émérite au Cevipof. Aujourd’hui, elle

tourne autour, joue avec le concept,

sans pour autant assumer pleine-

ment le mot « féminisme ». Alain

Juppé comme Nicolas Sarkozy pré-

fèrent parler d’égalité. Chez Marine

Le Pen, il prend avant tout l’allure

d’un prétexte. «Je pense qu’elle est la

première en France à avoir ouverte-

ment détourné le féminisme, com-

mente Mariette Sineau. Elle s’en sert

pour mieux montrer du doigt le voile

et défendre la femme blanche française

de souche.» On pourra toujours ironi-

ser en disant que le féminisme ne

veut plus dire grand-chose à force

d’être récupéré. Reste que ces nou-

veaux engouements sont les signaux

d’un changement plus profond. Ma-

riette Sineau : « S’il est récupéré, pro-

noncé, c’est quand même une forme de

victoire, tant il a longtemps fait l’effet

d’un épouvantail. » D’autant que

le féminisme apparaît comme moins

monolithique que dans les an-

nées 70, où seul le Mouvement de li-

bération des femmes (MLF) surna-

geait.

« Léféministes »

En 2016, des Femen à Osez le fémi-

nisme en passant par le collectif afro-

féministe Mwasi, le spectre est très

large, les sujets d’intérêt se sont mul-

tipliés (songeons à l’action du collec-

tif Georgette Sand contre la « taxe

tampon »). Leurs dissensions aussi.

D’ailleurs, signe de cette propaga-

tion, on n’hésite plus à solliciter un

point de vue féministe sur divers faits

d’actualité. Mais, étrangement, on

attend des féministes un discours

univoque sur tous les sujets - comme

si elles appartenaient à un bloc com-

mun qui dit forcément la même

chose, un truc qui s’appellerait « lé-

féministes ». Au fait, que pense donc

« léféministes » des viols de Co-

logne ? Et que pense « léféministes »

du port du burkini ? Que pense « léfé-

ministes » de la parité ? Et au fait, que

pense « léféministes » du feminism

washing ? Les intéressées s’en in-

dignent, elles s’en amusent, mais

elles gardent les pieds sur terre. Et

alignent les chiffres. Les femmes

gagnent en moyenne 19 % de moins

que leurs homologues masculins, se-

lon une étude de l’Insee de 2013. Ce

lundi, un jeune collectif, les Glo-

rieuses, appelle les Françaises à faire

comme les Islandaises : cesser de tra-

vailler à 16 h 34 (lire page 3) afin de

protester contre les inégalités sala-

riales - puisque les femmes ne sont

techniquement plus payées à partir

de cette heure-là, pourquoi ne pas le-

ver le camp ? D’ailleurs, nous arrê-

tons ici cet article.

(1) Elle a publié en 2011 Femmes et

pouvoir sous la Ve République. De

l’exclusion à l’entrée dans la course

présidentielle. Coll. académique

(Presses de Sciences-Po). ■

par Catherine Mallaval et Johan-

na Luyssen

Tous droits réservés Libération 2016

9f9723528130a30db53019a05801c1ff87347a3409c6744911a1c27

Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 11

Page 12: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Pour les patrons, la fin des 35 heures n'est plus une priorité

Plutôt que d'avoir à lancer de nouvelles négociations sur la durée du travail, les chefsd'entreprise réclament de la flexibilité

samedi 5 novembre 2016Page 9

807 mots

FRANCE

C'est un « totem ». Un symbole qui

marque tellement l'appartenance à

un camp politique, la droite, que tous

ou presque sont d'accord : il faut en

finir avec les 35 heures. Les candi-

dats à la primaire de la droite le ré-

pètent à l'envi, chaque fois qu'ils pré-

sentent les volets économiques de

leurs programmes respectifs. « On est

dans un pays qui travaille 35 heures »,

a une fois de plus déploré François

Fillon, jeudi 3 novembre, lors du

deuxième débat télévisé de la pri-

maire. Las. Le sujet n'a été

qu'effleuré lors de cette soirée. Pour-

tant la sortie des 35 heures est pré-

sentée comme l'un des axes centraux

de leurs projets : 39 heures payées 39

pour Nicolas Sarkozy, une durée du

travail fixée au sein des entreprises

dans la limite européenne de 48

heures par semaine pour François

Fillon, ou encore des négociations

obligatoires pour relever cette durée,

pour Alain Juppé.

Sur le terrain, les entreprises, qui

avaient fortement critiqué la mesure,

semblent s'y être faites. Elles ne sont

pas nécessairement demandeuses

d'une augmentation de la durée lé-

gale du travail. « C'est vrai que revenir

dessus serait un symbole politique fort,

pour l'attractivité à l'international de

la France, ce serait une bonne chose »,

insiste-t-on au Medef. Pour autant,

explique le DRH d'une grande entre-

prise tricolore : " Nous n'avons pas

forcément besoin de ça aujourd'hui.

Revenir sur les 35 heures impliquerait

de négocier de nouveaux accords

d'entreprise, ce qui est long et contrai-

gnant. Ce que nous voulons, au-

jourd'hui, c'est surtout de la flexibilité.

"

Durée moyenne de 40,4 heures

D'autant, dit-on dans les organisa-

tions syndicales, que plusieurs dispo-

sitifs existent aujourd'hui pour

rendre plus souple la durée du travail

hebdomadaire des salariés français :

forfait jours qui lisse le temps de tra-

vail sur une période annuelle, pos-

sibilité de moduler le temps de tra-

vail sur plus d'une semaine pour ré-

pondre aux besoins d'une activité

fluctuante…

Des dispositifs que la loi travail pro-

mulguée en août prolonge, en per-

mettant aux entreprises de signer des

accords qui primeront sur les accords

de branche en matière de temps de

travail. Selon Eurostat, les salariés

français du privé travaillant à temps

plein sont d'ailleurs déjà nombreux

à être au-dessus de la durée légale

hebdomadaire : en 2015, ils ont tra-

vaillé en moyenne 40,4 heures. « On

n'a pas arrêté d'avoir des possibilités

de négocier et de moduler le temps de

travail », explique un bon connais-

seur des questions sociales.

Chez EDF, où l'on a signé, en février,

un accord d'aménagement du temps

de travail des cadres, on le reconnaît

volontiers : « Nous avons réussi, avec

le droit en vigueur, à trouver les es-

paces de respiration qui nous man-

quaient », explique Marianne Lai-

gneau, DRH du groupe.

A la CGPME, l'instance représenta-

tive des petites entreprises, c'est jus-

tement la perspective d'avoir à se re-

mettre autour de la table pour des

négociations longues et fastidieuses,

en cas d'abolition des 35 heures, qui

effraie : " Nous ne sommes pas deman-

deurs d'une telle mesure ! ,s'écrie Jean-

Michel Pottier, vice-président chargé

du pôle social. Ce n'est pas prioritaire

pour nous. Les 35 heures ont nécessité

une grosse réorganisation, beaucoup

d'entreprises se sont organisées pour

que le travail soit fait sur cette durée et

ne veulent pas renégocier ".

Selon M. Pottier, un passage aux 39

heures ferait perdre de l'argent aux

PME qui n'ont pas recours aux heures

supplémentaires. « C'est pensé pour

les grandes entreprises, comme

d'habitude », s'agace-t-il. " J'ai du mal

à comprendre les candidats - à la pri-

maire - , confie Christian Janson, pa-

tron de Sedepa, équipementier auto-

mobile des Yvelines. Ce que nous sou-

haitons, ce n'est pas le retour aux 39

heures ! C'est être libre de faire des

choix avec nos salariés. S'il s'agit

d'encourager l'emploi, il y a d'autres

réformes plus importantes, comme fa-

voriser l'apprentissage. "

Abdenour Ain Seba, à la tête d'IT

Partner, une PME informatique lyon-

naise, le dit sans détour : « Abroger

les 35 heures, je m'en fous ! Je ne vais

pas retirer leurs jours de RTT aux gens.

Ce débat est devenu idéologique, en

décalage total avec la réalité des

PME. »

↑ 12

Page 13: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Sarah Belouezzane, et Audrey

Tonnelier■

par Sarah Belouezzane, Et Au-

drey Tonnelier

Tous droits réservés Le Monde 2016

599563A689308201759B1860170E41C286B477396956735555B8119

Parution : Quotidienne

Diffusion : 267 897 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 20 594 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

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Page 14: PANORAMA DE PRESSE - CGT

PROTECTION SOCIALE

↑ 14

Page 15: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Vive la Sociale !

lundi 7 novembre 20161012 mots

IDÉES

L’Histoire est bonne pour la santé. Sa piqûre de rappel soulage, revigore, re-

trempe, même si elle ne guérit pas toujours, ne prévient pas forcément les re-

chutes. Bien dosée, elle se fait recommandation et même thérapie collective.

Ne serait-ce que pour se remémorer que le passé n’est jamais certain et le fu-

tur jamais sûr. Que rien n’est écrit à l’avance. Que l’espoir fait vivre, pour dire

vite.

Prenons ce 27 mai 1943, tout nimbé de désespoir. Le 48, rue du Four, dans le

6e arrondissement de Paris. Tandis qu’à l’extérieur des guetteurs redoutaient

de voir débouler des voitures de la Gestapo ou de la Milice, les représentants

des mouvements de Résistance, des syndicats et des partis politiques, gauche

et droite confondues, se réunissaient.

Naissait ce jour-là le Conseil national de la Résistance (CNR), sous l’autorité de

Jean Moulin. Moins d’un an plus tard, le 15 mars 1944, tandis que la Libération

n’était encore qu’une espérance, alors que Jean Moulin et un autre membre de

cette première réunion, Roger Coquoin, étaient morts en héros, le CNR adop-

tait un programme de réformes pour l’après. Il était baptisé avec un bel, un

naïf, un forcené optimisme : « Les Jours heureux ».

« Trou », « charges », « gains d’efficience »

Le document appelait de ses vœux « un plan complet de sécurité sociale, visant

à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont

incapables de se le procurer par le travail ». Ce qui fut fait par des ordonnances

d’octobre 1945. Leur mise en œuvre s’étendit de 1946 à 1948. Un ministre

communiste, Ambroise Croizat, et un haut fonctionnaire gaulliste, Pierre La-

roque, en furent les grands artisans. La Sécu était née.

Qu’il semble éculé le souffle épique de la Libération, ramené à une rude

comptabilité

Pourquoi se rappelait-on cela, la semaine passée ? Pourquoi cette envie de re-

lire les magnifiques pages d’Alias Caracalla, où Daniel Cordier, le secrétaire de

Jean Moulin, faisait revivre ce 27 mai, 48, rue du Four ? Tout simplement parce

qu’est discuté ces jours au Parlement le PLFSS. Le PLFSS ? Oui, le PLFSS, le

projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ah, le PLFSS, bien sûr, que

ne le disiez-vous plus clairement !

Lors de la première discussion du texte par les députés, il ne fut question

que de « trou », de « charges », de « hausse des cotisations », de « gains

d’efficience ». L’idée fut notamment caressée de matraquer l’économie dite

« collaborative » et les combines de petits malins pour arrondir leurs fins de

mois.

Il fut ainsi voté une dîme sur les locations d’appartements par Airbnb, mesure

qui a fait pleurer dans certaines chaumières. Mais aussi décidé de taxer le

↑ 15

Page 16: PANORAMA DE PRESSE - CGT

louage des voitures, des tondeuses et même des poussettes (amendement

n° 591), puisque tout semble se pouvoir louer aujourd’hui, sauf le Bon Dieu.

Poujadisme, quand tu nous tiens

A lire le compte-rendu fatigué de ces débats, on se disait qu’il y avait loin de

la rue du Four au Palais-Bourbon, beaucoup plus loin que les trois stations de

métro répertoriées. Entre « Les Jours heureux » et le PLFSS s’étendait un fos-

sé plus large et profond que le trou de l’Assurance-maladie ou des caisses de

retraite. Qu’il semblait éculé le souffle épique de la Libération, ramené à une

rude comptabilité. Même si, comme le soldat Ryan, le but est bien de sauver la

Sécu.

La Sécu ? Une lubie caricaturée en vampire saignant à mort l’entrepreneur et

l’assuré

La Sécu et, derrière elle, la solidarité, ce pacte nécessaire à toute société hu-

maine. Une belle idée d’hommes pourchassés, de rêveurs debout, devenue

pour les Français à la fois aussi vitale et oubliée que la petite carte sans

cesse égarée. Une lubie d’êtres en sursis, aujourd’hui caricaturée en une mons-

trueuse administration et un matricule impossible à retenir. Un ogre dévorant

500 milliards d’euros par an, un vampire saignant à mort l’entrepreneur et

l’assuré social en prétendant le soigner.

Tant il en est pour penser ainsi. On se souvient d’avoir interrogé il y a quelques

années une femme qui militait pour la fin de cette avanie collectiviste. La

brave dame se voyait assez bien en résistante des temps modernes, luttant

contre l’oppression d’une institution totalitaire et bolchevique. Elle refusait

de verser ses cotisations à l’organisme public et avait souscrit une assurance

privée et individuelle en Angleterre. Chiffres à l’appui, elle détaillait les for-

midables économies qu’elle réalisait ainsi. Oubliant juste de préciser que ses

enfants étaient, eux, inscrits à la Sécurité sociale, sous le régime de son ex-

conjoint… Poujadisme, quand tu nous tiens.

Bain de jouvence

On se rappelle également ce cordonnier rencontré dans le Morvan. Il se lamen-

tait avec humour d’être tondu par le RSI, le régime social des indépendants.

« Moi, je leur ai dit : “Eh, faut m’en laisser un peu ! ” »Et, de fait, le RSI, la CSG

et ces autres sigles abscons cachent des bureaux d’octroi qui n’y vont pas tou-

jours de main morte.

Et que dire de ce sentiment partagé par tant de malades de n’être réduits qu’à

un lit qu’on occupe indûment, à une table d’opération qu’on usurpe, à un mé-

dicament qu’on vole, bref à un coût pour la société. La Sécurité sociale, c’est

aussi ça. Il serait imbécile de le nier, tout comme il serait imbécile de nier

les abus. La Sécu est malade, souffreteuse à l’orée de ses 70 ans, qui dira le

contraire ?

Pour se refaire une santé, rien ne vaut donc l’Histoire. Un documentaire invite

à nous y replonger, comme dans un bain de jouvence. Il sort en salles, ce mer-

credi 9 novembre, et s’appelle La Sociale, de Gilles Perret.

↑ 16

Page 17: PANORAMA DE PRESSE - CGT

L’Assurance maladie.

Son auteur avait organisé une avant-première au printemps, quand les rues de

Paris résonnaient des manifestations contre la loi travail. Fait d’aller-retour

entre hier et aujourd’hui, cette ode à la Sécu réincarne les grandes figures qui

la fondèrent et moque à l’occasion des successeurs bien ignorants du précieux

héritage qu’ils gèrent.

De ce film, Jacques Mandelbaum fera dans les jours à venir une critique plus

inspirée que nous ne saurions le faire. Disons juste que La Sociale est d’un mi-

litantisme totalement assumé, d’un manichéisme parfois pesant. Mais Gilles

Perret a l’immense don de combattre la plus grave des maladies : l’oubli.

L’Assurance maladie.

BERTRAND GUAY / AFP

Par Benoît Hopquin

Tous droits réservés http : //www.lemonde.fr 2016

3a98a3cd85108b09f59b10c01507912583747c34b9c17a189c556a3

Parution : Quotidienne

Audience : 20 594 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 17

Page 18: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Pour une refondation politique de la Sécurité sociale

L'« ubérisation » contraint à revoir les outils de la solidarité et de la protection sociale. Laréforme n'aura pas lieu sans débat idéologique

dimanche 6 novembre 2016Page 38

791 mots

LE MONDE ECO ET ENTREPRISE

On pouvait espérer de -l'irruption du

concept d'« ubérisation » – c'est-à-

dire le basculement de la création de

valeur vers les utilisateurs non sala-

riés d'une plate-forme – qu'il pro-

voque une prise de conscience de la

nécessité d'une véritable politique du

travail adaptée aux enjeux du XXIe

siècle. L'inadaptation des institu-

tions à ces nouveaux paradigmes a

été largement soulevée par maints

rapports, dont celui du député Pascal

Terrasse (PS) et de l'Inspection gé-

nérale des affaires sociales. Mais à

l'exception notable de la création du

compte professionnel d'activité

(CPA), le gouvernement a choisi de

mobiliser les vieilles recettes (« flexi-

sécurité ») et la réglementation ré-

pressive, comme en témoignent la loi

El Khomri et la récente proposition

de loi Grandguillaume concernant les

taxis et les VTC.

Les entreprises, elles, s'interrogent

plus volontiers sur la stratégie à

adopter face à l'ubérisation. Les

bonnes intentions donnent trop sou-

vent lieu à des recommandations si-

tôt annoncées sitôt enterrées, à

l'instar de l'open innovation,

l'aplatissement hiérarchique ou les

structures « horizontales ».

Arrêtons de colmater les fuites sur un

bateau qui sombre ! Construire une

politique du travail consiste à fuir la

gestion de la courbe du chômage et la

liste des courses des lobbys. Il s'agit

de se projeter dans un futur défini et

souhaitable, boussole et garant de la

cohérence de l'ensemble des mesures

et réformes. Fantasme d'un passé ré-

volu, le retour au plein-emploi peut

difficilement prétendre à une telle vi-

sion. Il convient plutôt de se doter

de corps intermédiaires solides et

d'institutions de régulation adaptées

à cette représentation, au nombre

desquelles les instances d'attribution

et de portabilité des droits, de redis-

tribution et de solidarité, de défini-

tion et de contrôle des conditions de

travail, de formation.

Enfin, et cette condition est essen-

tielle, une politique du travail viable

doit être à même de mettre en place

un système fiscal adapté aux modes

de création de valeur à l'ère numé-

rique, afin de financer un filet de sé-

curité pour les victimes de la transi-

tion que sont les chômeurs et les tra-

vailleurs pauvres.

Tout cela ne dit rien sur la couleur

idéologique d'un tel projet. Pourtant,

la polarisation est un attribut de sa

dimension politique. M. Juppé, M.

Mélenchon et M. Macron ne feront

pas les mêmes arbitrages lorsqu'il

s'agira de décider dans quelle mesure

on sacrifie la sécurité à la mobilité,

ou encore la solidarité à la libre en-

treprise et à l'innovation. Une chose

est sûre, le « ni gauche ni droite » est

un doux rêve.

Il y a bien une politique de droite :

instaurer un contrat unique, à tiroirs,

où les parties sont laissées -libres de

fixer les conditions qui leur

conviennent le mieux ; faciliter la

création d'entreprise par une baisse

drastique des cotisations et la créa-

tion d'un contrat spécial start-up. Le

travail indépendant est encouragé et,

pourquoi pas, on y adjoint une pro-

tection a minima financée par une

taxation des entreprises du numé-

rique. Un revenu de base à 500 € ser-

virait de -filet de sécurité pour les

laissés-pour-compte de la transition

technologique, justifiant un désen-

gagement de l'Etat des politiques de

protection diverses, à l'instar de la

famille. En somme, il s'agirait de

creuser le sillon de la flexibilité enta-

mé depuis plusieurs décennies, avec

le succès qu'on lui connaît.

A gauche, les choix sont moins aisés,

mais les perspectives plus riches. Il

s'agit d'entreprendre un travail de re-

fondation idéologique, tant la gauche

est déchirée entre la flexisécurité et

le retour au plein-emploi. Une pre-

mière étape consisterait à refonder

les institutions de sécurité sociale

comme le fit Pierre Laroque après la

guerre. La multiplicité des statuts

pourrait céder le pas à une solidarité

inclusive, qui lierait dans un même

bateau indépendants et salariés.

La portabilité des droits serait ac-

compagnée par une politique pu-

blique de formation et de sécurisa-

tion des parcours, ainsi que des ser-

vices publics universels (santé, loge-

ment). Le critère de subordination

pourrait, quant à lui, laisser place à

la notion de « dépendance », source

d'une conception renouvelée de la

sécurité et de l'autonomie.

↑ 18

Page 19: PANORAMA DE PRESSE - CGT

par Diana Filipova ■

par Diana Filipova

Tous droits réservés Le Monde 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 267 897 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 20 594 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

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Page 20: PANORAMA DE PRESSE - CGT

MOUVEMENTS SOCIAUX

↑ 20

Page 21: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Grève La ministre du Travail reçoit trois syndicats d'i-Télé

lundi 7 novembre 2016Page 11

256 mots

SOCIAL-ECO

E n grève depuis le 17 octobre, la

centaine de salariés d'i-Télé a

voté vendredi, à 83 % des voix, la re-

conduction du mouvement, qui entre

ainsi dans sa quatrième semaine.

Face à ce conflit inédit dans

l'audiovisuel privé, la ministre du

Travail Myriam El Khomri a annoncé,

vendredi, qu'elle recevrait cet après-

midi trois syndicats de la chaîne

(CGT, CFDT et le syndicat autonome

Libres), qui lui ont écrit la semaine

dernière. Vendredi, alors que 300

personnes, grévistes et soutiens,

étaient rassemblées devant

l'immeuble de la chaîne à Boulogne

(Hauts-de-Seine), une nouvelle ren-

contre entre les syndicats et la direc-

tion n'a apporté « aucune avancée

concrète », ont déclaré les salariés à

l'AFP. Les grévistes réclament le dé-

part de l'animateur Jean-Marc Mo-

randini, la signature d'une charte

éthique et la définition d'un projet

« clair et précis » pour la chaîne, en

perte de vitesse. La direction du

groupe Canal Plus n'a proposé jus-

qu'ici que des départs négociés, déjà

acceptés par plusieurs journalistes et

rédacteurs en chef. Jeudi, le Conseil

supérieur de l'audiovisuel (CSA) a

pointé des manquements éthiques de

la part de l'animateur Morandini

dans son émission, mais aussi

l'absence de comité éthique au sein

de la chaîne, qu'elle menace de sanc-

tions.■

Tous droits réservés L'Humanité 2016

CA9E131986704D01E5A71880FE0BE17A8D146D3BE9DE77FC752F0F5

Parution : Quotidienne

Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016

↑ 21

Page 22: PANORAMA DE PRESSE - CGT

RÉPRESSION

Un an de prison avec sursis requis contre un militant CGTLe responsable de la fédération CGT de la construction comparaissait, vendredi pour des jets depeinture en 2014.

lundi 7 novembre 2016Page 11

509 mots

SOCIAL-ECO

P endant que Philippe

Christmann, administrateur de

la fédération CGT des salariés de la

construction, du bois et de

l'ameublement (FNSCBA), compa-

raissait vendredi matin devant le tri-

bunal correctionnel de Paris sur l'île

de la Cité, des dizaines de Christ-

mann étaient rassemblés à proximi-

té, place du Châtelet. Venus de toute

la France, des délégués CGT de la

construction, portant des masques à

l'effigie du militant, avaient fait le

déplacement pour le soutenir et exi-

ger sa relaxe, devant une banderole

dénonçant les « patrons du BTP qui

veulent mettre en prison les défen-

seurs des salariés ».

Sur plainte de la Fédération française

du bâtiment (FFB), Philippe Christ-

mann est poursuivi, et lui seul, pour

« dégradations en réunion » à la suite

de l'occupation, le 24 avril 2014, du

siège de l'organisation patronale,

dans le 16e arrondissement, par

quelques dizaines de militants CGT

de la construction, dans le cadre

d'une campagne pour la reconnais-

sance de la pénibilité. Fin 2015, la

FFB a proposé à la CGT d'étouffer

l'affaire à condition que le syndicat

signe un chèque de 30 000 euros qui

n'aurait pas été débité, explique

Serge Pléchot, secrétaire général de

la fédération CGT : « On a aussitôt

refusé. » La FFB réclame désormais

au militant 80 000 euros de dom-

mages et intérêts pour les frais de

nettoyage et de gardiennage du site

après l'action de 2014. « Nous par-

lons de jets de peinture à l'eau et de

confettis alors que dans le métier il y

a un mort par jour travaillé et un ac-

cident du travail toutes les cinq mi-

nutes », dénonce à la tribune Jean-

Pascal François, secrétaire fédéral de

la FNSCBA, avant de laisser place à

une pièce de théâtre écrite par Ricar-

do Monserrat, et au groupe Paul Ex-

ploit.

En fin de matinée, le couperet tombe.

Sorti du tribunal après une heure

trente d'audience, Philippe Christ-

mann annonce les réquisitions du

procureur de la République : un an

de prison avec sursis, 4 000 euros

d'amende dont la moitié avec sursis,

et l'interdiction de se rendre aux

abords de la FFB pendant trois ans.

« Ce sont des réquisitions extrême-

ment sévères, dénonce son avocate,

Marion Ménage. Il faut raison garder.

Un an de prison avec sursis pour

quelques billes de peinture, c'est to-

talement disproportionné ; dans

l'affaire Air France le procureur n'a

pas été aussi sévère (entre deux et

quatre mois de prison avec sursis

NDLR) alors qu'il y avait atteinte à

l'intégrité physique. » Serge Pléchot

renchérit : « Si Philippe est interdit

d'aller devant la FFB, pas nous ! Ce

n'est pas une provocation, c'est une

réponse. » Le délibéré sera rendu le

16 décembre. ■

par Fanny Doumayrou

Tous droits réservés L'Humanité 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016

↑ 22

Page 23: PANORAMA DE PRESSE - CGT

ÉGALITÉ

A partir de ce lundi, elles travaillent gratisPour dénoncer les inégalités salariales entre hommes et femmes, le collectif féministe les Glo-rieuses appelle celles-ci, mais aussi leurs collègues masculins, à cesser le travail ce 7 novembre à16 h 34.

lundi 7 novembre 2016Page 14

724 mots

SOCIÉTÉ

S i, pour un même travail, la

rémunération devait être équi-

valente, les salariées françaises pour-

raient partir en congés aujourd'hui, à

16 h 34 et 7 secondes précisément, et

ne revenir qu'au début de l'année

prochaine. L'équipe de la newsletter

féministe les Glorieuses ont fait le

calcul et appellent donc les tra-

vailleuses à quitter leur poste, ce lun-

di, à l'heure dite, pour marquer sym-

boliquement la persistance insup-

portable de cette inégalité.

L'idée vient d'Islande et n'est pas ré-

cente. Le 24 octobre 1975, à 14 h 8,

90 % des travailleuses s'étaient mises

en grève et avaient manifesté dans

Reykjavik pour dénoncer les écarts de

rémunération entre les hommes et

les femmes. Un mouvement qu'il leur

a fallu recommencer en 2005, en

2008 et donc une nouvelle fois, cette

année.

En France, les Glorieuses ont fait le

calcul, en se basant sur les données

fournies par Eurostat. Selon cet orga-

nisme de la Commission européenne,

les salaires des Françaises sont de

15,1 % inférieurs à ceux de leurs col-

lègues masculins. Elles ont reporté ce

pourcentage au nombre de jours ou-

vrés en 2016 pour arriver à ce lundi

après-midi. Elle ont aussi fait un

autre calcul, dont le résultat a de quoi

inquiéter : au rythme actuel de ré-

sorption des inégalités de revenus,

l'égalité salariale sera obtenue en

2186.

Mais cet écart, basé sur les salaires

brut moyens pour des temps com-

plets, masque des réalités plus di-

verses. Il y a d'abord une inégalité

dans les trajectoires de carrière et les

hiérarchies : plus on y monte, plus

les hommes y sont surreprésentés.

En regardant dans le détail les caté-

gories socioprofessionnelles, on peut

noter, d'après les chiffres de l'Insee

pour 2015, que si les écarts de sa-

laires entre les hommes et les

femmes ne sont « que » de 7,7 % par-

mi les employés, ils atteignent 16,6 %

entre ouvrières et ouvriers et 19,8 %

chez les cadres.

Si on compare les rémunérations des

femmes et des hommes, tous temps

de travail confondus, l'inégalité est

encore plus marquée : les femmes

gagnent, selon les chiffres du minis-

tère, 25,7 % de moins que les

hommes. En cause : les temps par-

tiels, le plus souvent imposés, qui

concernent 30,4 % des femmes,

contre seulement 8 % des hommes.

Et ce n'est pas tout : « Cet écart de -

rémunération cache d'autres inégali-

tés. Les femmes font davantage de

tâches non payées, comme les tâches

domestiques. Le chiffre est éloquent

puisque les hommes consacrent en

moyenne deux heures par jour aux

tâches domestiques, contre trois

heures et demie pour les femmes »,

rappellent les Glorieuses.

« On ne gagne pas un combat avec

la moitié de l'équipe », affirme

l'organisation, qui appelle « les

femmes, les hommes, les syndicats et

les organisations féministes à re-

joindre le mouvement ». Les Glo-

rieuses ont déjà reçu des soutiens de

poids, notamment celui d'Anne Ze-

lensky, cofondatrice en 1974 de la

Ligue des droits des femmes, avec Si-

mone de Beauvoir. La ministre des

Familles et des Droits des femmes,

Laurence Rossignol, a aussi affirmé

sa « sympathie » pour le mouvement,

même si elle estime « difficile pour

une ministre de soutenir ce qui

s'apparente à un appel à la grève ».

« Une enquête, que nous avions ini-

tiée pour appuyer une campagne de

sensibilisation, révélait que le monde

du travail était celui qui créait le plus

d'inégalités et de comportements

sexistes vis-à-vis des femmes », rap-

pelle aussi Laurence Rossignol.

Même si l'opération ne mobilisera

sans doute pas, cet après-midi, 90 %

des salariées, comme en Islande,

l'initiative a déjà pris une ampleur à

laquelle ne s'attendaient pas les Glo-

rieuses. Et, au rythme où vont les

choses, il faudra sans doute la réité-

rer dans les années à venir.

D'ailleurs, une pétition est d'ores et

déjà en ligne pour faire du 7 no-

vembre la journée de l'égalité sala-

riale. Affaire à suivre, hélas. ■

par Adrien Rouchaleou

Tous droits réservés L'Humanité 2016

B09503BA80204D0B25181B80980C210D8854793A59EE72179AD46E5

Parution : Quotidienne

Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016

↑ 23

Page 24: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Inégalités salariales femmes-hommes : grève ce lundi à 16h34

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Page 3222 mots

ÉVÉNEMENT

T ravailleuses, arrêtez tout

ce lundi à 16 h 34 et 27 se-

condes précisément. Posez les

crayons. Eteignez les ordinateurs.

Claquez la porte jusqu’à la fin de

l’année. Car à partir de cette heure,

les Françaises - qui ont un salaire

de 19 % inférieur à celui des hommes

environ - travaillent bénévolement.

Les 38,2 jours ouvrés restants

en 2016 représentent l’écart moyen

de rémunération entre femmes et

hommes. A l’origine de ce coup de

klaxon féministe, le collectif les Glo-

rieuses, depuis rejoint par celui

des Effronté-e-s. Il s’agit de lancer

un mouvement général pour mieux

mettre en lumière cette odieuse in-

égalité qui devrait être« une problé-

matique politique centrale ». La mi-

nistre des Familles, de l’Enfance et

des Droit des femmes, Laurence Ros-

signol, a montré sa sympathie envers

ce « mouvement du lundi 16 h 34 »,

en ajoutant : « Si dans mon ministère,

des femmes souhaitaient y prendre

part, je ne m’y opposerais pas. » Cet

appel sera-t-il largement suivi ? Des

féministes ont émis des réserves de-

vant l’initiative ou évoqué

l’impossibilité pour certaines

d’envoyer valser leur boulot à 16 h 34

(quid des travailleuses précaires ou

des salariées de la grande distribu-

tion ?). Reste qu’en Islande, le 24 oc-

tobre, elles ont été très nombreuses

à quitter leur travail (à 14 h 38) pour

aller manifester. La première fois, là-

bas, c’était le 24 octobre 1975. Lors

d’une impressionnante grève, elles

avaient été 90 % à quitter leur poste,

des caissières de supermarché

aux employées des conserveries de

poisson… ■

par Catherine Mallaval et Johan-

na Luyssen

Tous droits réservés Libération 2016

7e9c23ae8c00050185c514b09b0881fe8bd43133d9a87d5d0ff2c14

Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 24

Page 25: PANORAMA DE PRESSE - CGT

ANALYSE

L’hôpital malade de sa logique financière

Les conditions de travail ne cessent de se dégrader dans les établissements publics.Un mouvement social est prévu mardi.

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Pages 16-171867 mots

FRANCE

C ’est un vent lourd qui souffle

sur l’hôpital. Et pour la pre-

mière fois, on peut avoir le sentiment

que l’on n’est pas loin d’une cassure.

Ce mardi en tout cas, une journée de

mobilisation avec grève aura lieu

(à l’initiative de la Coordination na-

tionale infirmière, rejointe par les fé-

dérations FO, CGT et SUD des sec-

teurs de la santé). Elle ne devrait

certes pas bloquer les établisse-

ments, mais les autorités auraient

tort de n’y voir qu’une classique

poussée de fièvre, comme nous y a

habitué le monde hospitalier depuis

plus de quinze ans. De fait, le ton est

grave, inquiétant même.«La dégrada-

tion des conditions de travail et

d’études entraîne un mal-être et une

souffrance profonde de la profession

dans son ensemble, associée dans

les établissements à une gestion

des ressources humaines déplorable,

sans aucun respect des soi-

gnant(e)s,explique la Coordination

infirmière. Ces conditions ont, hélas,

poussé au suicide certain(e)s de nos

consœurs-confrères, et cela dans le

mépris et l’indifférence générale du

gouvernement tandis qu’en libéral, le

ministère restait silencieux sur les

agressions subies par les infirmières-

infirmiers.»

L’été dernier, cinq d’entre eux

s’étaient suicidés, certains sur leur

lieu de travail, d’autres à leur domi-

cile, tous évoquant des tensions dans

l’exercice de leur métier (Libération

du 14 septembre).« Bien sûr, les sui-

cides ont des causes multiples, mais on

ne peut nier qu’il se passe quelque

chose de nouveau », nous disait alors

un ancien directeur d’hôpital.

Tarification à l’activité

Depuis le début des années 2000, les

quelque 1 000 établissements de san-

té en France connaissent un change-

ment continu. Il y a eu la mise en

place délicate des 35 heures, puis la

rigueur budgétaire s’est peu à peu

installée. Et enfin, l’installation de la

T2A (la tarification à l’activité, axe

majeur du plan « hôpital 2007 ») qui,

au-delà de son aspect comptable, a

changé profondément la vie des hô-

pitaux, mais aussi les priorités de

santé, et parfois même le sens du tra-

vail. La T2A trace une limite entre

des activités de soin rentables, qui

rapportent à l’hôpital, et celles qui le

sont moins. «Le gros changement, en-

fin, ce fut le niveau[particulièrement

bas pour 2016] de l’objectif national

des dépenses d’assurance maladie

[Ondam] », détaille l’ancien député

PS Olivier Véran, neurologue et au-

teur d’un rapport sur la tarification à

l’activité. Aujourd’hui, la progression

des dépenses de l’hôpital est fixée

par l’Etat et ce taux est volontaire-

ment bas pour réduire les coûts. « Se

créent des situations très difficiles

à vivre, avec le sentiment que, quoi que

fassent les personnels de santé, cela ne

sera jamais suffisant », remarque Oli-

vier Veran. Et pour cet homme

proche aujourd’hui d’Emmanuel Ma-

cron, « l’autre élément de tension, c’est

le poids des tâches administratives ».

«C’est vraiment pénible, poursuit le

professeur André Grimaldi, figure

emblématique de la défense de

l’hôpital public. Un jour, un établisse-

ment va être en équilibre, un autre jour,

c’est le déficit. Le tout dépendant des

variations de la T2A, qui va privilégier

telle activité plutôt que telle autre. Les

acteurs n’ont jamais le sentiment que

cela marche.»

A cela s’ajoute une mauvaise gestion

des métiers dans le domaine médical,

aujourd’hui symbolisée par les cadres

de santé, que l’on appelait hier les

« surveillants ». Ils occupent une po-

sition centrale à l’hôpital, « mais en

devenant la courroie de transmission

de la direction, ils sont piégés. Soit ils

défendent la direction, soit ils sou-

tiennent leur équipe. Leur rôle est im-

possible », note Grimaldi.

Logique budgétaire

Symptôme de ce glissement généra-

lisé, la Fédération hospitalière de

France, qui regroupe tous les hôpi-

taux du pays, a rendu public le mois

dernier un baromètre des percep-

tions et des attentes des profession-

nels des relations humaines à

l’hôpital. Il en est ressorti des

constats troublants. Non seule-

ment 75 % des acteurs des ressources

humaines interrogés déclarent « ne

pas disposer des moyens adaptés »,

mais les préoccupations des DRH

sont embolisées par la maîtrise de la

« masse salariale » : il s’agit du pre-

mier sujet de mobilisation pour 80 %

↑ 25

Page 26: PANORAMA DE PRESSE - CGT

des sondés, taux bien supérieur à ce-

lui constaté dans le secteur privé. « Il

y a un fort risque que l’impératif bud-

gétaire ne laisse que peu de temps au

déploiement des nécessaires dé-

marches d’accompagnement, collec-

tives ou individuelles », note la Fédé-

ration.

Ainsi va l’hôpital, même s’il n’y a pas

un, mais des hôpitaux. Pour autant,

alors qu’il reste souvent le lieu d’une

prise en charge remarquable, il est

désormais obnubilé dans son en-

semble par une logique budgétaire

qui a été un temps nécessaire, mais

qui parasite aujourd’hui tout

l’ensemble. Jusqu’au sens même du

métier. Au ministère de la Santé, on

se dit « vigilant », on insiste sur le fait

que pendant ce quinquennat, Marisol

Touraine s’est « battue »pour dé-

fendre l’hôpital public. Devant le

« malaise »actuel, elle devrait annon-

cer fin novembre une « stratégie na-

tionale pour améliorer la qualité de vie

au travail à l’hôpital ». Certes… Mais

est-ce une stratégie nationale

qu’attendent les acteurs de ces éta-

blissements ? « A quoi bon rester dans

le public si c’est pour faire comme dans

le privé ? »lâche André Grimaldi.

L’hôpital « cru 2016 » apparaît blessé

de l’intérieur comme de l’extérieur.

On l’a vu récemment à Tourcoing, où

une bagarre généralisée a éclaté aux

urgences. On l’a vu aussi avec les sui-

cides des infirmiers et infirmières.

Orphelin d’une hospitalité perdue, le

voilà, parfois, sans âme ni boussole.

Témoignages

Anne Gervais, infectiologue à

l’hôpital Bichat (AP-HP) : «Le

travail devient « à la chaîne », in-

dividuel»

«Le malaise des hôpitaux n’est pas, à

mon sens, lié à des problèmes de ré-

munération. Même en augmentant le

salaire, on va garder une insatisfac-

tion délétère si on ne s’attaque pas

aux problèmes de fond. Quels sont-

ils ? Ils sont liés à un rythme de tra-

vail croissant, avec une impression

ressentie de course à l’échalote dans

des conditions de plus en plus acro-

batiques et au final le sentiment d’un

travail imparfait.

«A nombre constant, on fait de plus

en plus de choses. La tension est per-

manente. Là où, hier, le travail

s’effectuait en équipe, il devient « à

la chaîne », individuel. Lorsque l’on

devient concrètement interchan-

geable, il est difficile d’avoir

l’impression d’agir sur son travail. Il

faut retrouver des moments

d’échanges entre nous et avec les pa-

ramédicaux et arrêter de croire qu’en

normant tout, on réglera les pro-

blèmes. Il faut qu’on apprenne à tra-

vailler ensemble en réseau, pas dans

une collaboration descendante dé-

passée.

« Alors que les rythmes de travail

s’intensifient, il importe aussi de se

préoccuper du bonheur au travail des

soignants. Sinon, on perd le sens du

travail, la motivation, les patients

deviennent des choses. La perfor-

mance n’est pas légitime si elle ne

s’accompagne pas d’une action sur la

qualité du travail. Evitons de soigner

les indicateurs plutôt que les pa-

tients. N’inventons pas une bureau-

cratie de la qualité de vie au travail,

avec ses indicateurs et ses proces-

sus. »

Pauline, 27 ans, ex-aide-soi-

gnante : « On nous pousse à la

faute »

«J’ai posé ma blouse il y a huit mois,

après un burn-out sévère. La nuit,

dans mon service, nous n’étions que

deux aides-soignantes pour plus de

110 résidents. Humainement, ce

n’était pas possible. Un jour, une pa-

tiente est morte de déshydratation.

Cela s’est fait sur trois jours et on ne

s’en est pas rendu compte. Ça a été

le fait de trop. J’ai craqué. On se sent

responsable. Mais on manque telle-

ment de temps…

«Quelque part, on nous pousse à la

faute. Aujourd’hui, à l’hôpital, il y a

un glissement des tâches. Des agents

chargés de l’entretien des locaux

sont recrutés pour faire le même tra-

vail que nous. Quant aux aides-soi-

gnantes, on nous demande parfois de

faire le boulot des infirmières. C’est

une véritable pression. Normale-

ment, nous ne devons pas faire de

gestes invasifs, comme retirer une

perfusion. Mais quand il manque des

infirmières, les cadres gèrent avec le

personnel disponible. Après, quand il

y a une erreur, on pointe du doigt les

soignants.

« On tire sur la corde et les soignants

finissent par se mettre en arrêt ma-

ladie. Bien souvent, ils ne sont pas

remplacés et ce sont alors leurs col-

lègues qui font deux fois plus

d’heures. Jusqu’à ce qu’ils s’épuisent

eux-mêmes. C’est un cercle vicieux.

Le corps n’est pas fait pour supporter

un tel rythme. A 27 ans, j’ai un

souffle au cœur, des problèmes de

tension et de circulation. En début de

carrière, j’allais travailler avec le sou-

rire, on était dans le système D, mais

on était plus nombreuses, on arrivait

à gérer. Aujourd’hui, après sept ans

d’exercice, je suis soulagée de ne plus

porter ma blouse. Partir, c’était une

question de survie. »

Laurent*, 37 ans, infirmier :

« L’hôpital est en train de se

déshumaniser »

«Avant, en cardiologie au CHU de

Strasbourg, on était trois infirmiers

pour trente patients, maintenant on

n’est plus que deux. Mais on n’a que

deux bras et deux jambes chacun… Il

y a quelques années, je pouvais en-

core prendre cinq minutes pour

m’asseoir sur le lit d’une mamie,

↑ 26

Page 27: PANORAMA DE PRESSE - CGT

prendre sa main, l’écouter un mo-

ment. Là, je ne peux plus. Avant on

répondait aux sonnettes en deux ou

trois minutes, maintenant, l’attente

peut monter à dix-sept minutes pour

les patients. Cela crée des tensions.

Les infirmiers sont les premiers à en-

caisser les mécontentements, ou

pire, la violence des patients.

L’hôpital est en train de se déshu-

maniser. Je tiens le coup, mais beau-

coup de collègues rentrent chez eux

le soir en pleurant. Ils ont le senti-

ment de ne pas faire leur métier cor-

rectement. Certains sont sous anti-

dépresseurs, ils ne sont plus capables

de bien travailler. Comme on n’est

pas assez nombreux, il arrive que les

plannings changent du jour au len-

demain. On a l’impression d’être des

pions, de simples numéros. Parfois,

quand un infirmier est absent,

les cadres demandent aux collègues

en repos de revenir pour le rempla-

cer. On les fait culpabiliser, ils disent

oui. Mais pour la vie de famille, c’est

vraiment pénible.

« On est malléable, on passe notre

temps à courir dans les couloirs, à

soulever les patients, on est en stress

permanent, et tout cela sans aucune

reconnaissance, avec un salaire infé-

rieur à 2 000 euros par mois, tout en

bossant parfois de nuit et en tra-

vaillant deux week-ends sur trois ! Si

c’était à refaire, je choisirais un autre

métier. Les conditions de travail sont

trop dégradées à l’hôpital. »

*Le prénom a été modifié

Un directeur de CHU de province :

« Le temps du travail est devenu

plus stressant »

«Récemment, j’ai eu le sentiment

qu’il se passait quelque chose de

nouveau et que l’on n’était pas de-

vant la énième plainte du monde de

l’hôpital comme depuis des années.

Comment l’expliquer ? Il y a des élé-

ments extérieurs. L’hôpital ne pro-

tège plus. Ses murs ne protègent plus

des secousses de la vie du dehors. Je

le sens, quand on discute avec des

médecins, ce n’est pas tant sur leur

vie professionnelle qu’ils mani-

festent de l’anxiété - et pour cause,

ils sont fonctionnaires -, mais c’est

sur leur vie de famille, sur les inquié-

tudes pour leurs enfants, C’est nou-

veau. Même eux, médecins hospita-

liers avec un statut social fort, sont

inquiets pour l’avenir. De près ou de

loin, ce sont près d’un million de per-

sonnes qui travaillent dans la santé.

Beaucoup aident leurs proches, qui

ont des difficultés sociales. C’est

nouveau, et cela fragilise.

« Quant aux éléments internes à ce

malaise, ce n’est pas tant que les soi-

gnants consacrent plus de temps à

leur travail mais que le temps du tra-

vail est devenu plus stressant, plus

rempli, plus contraignant. Je ne crois

pas à ceux qui pointent une nouvelle

génération de médecins, pour les-

quels soigner serait un travail comme

un autre. L’investissement reste au-

jourd’hui très fort, aussi bien chez les

vieux que chez les jeunes. Ils aiment

leur travail. Mais leur travail les

épuise, et ils n’ont pas le sentiment

de bien faire - et c’est inédit. »■

par Eric Favereau

Tous droits réservés Libération 2016

3a9733a28440e401e5b117d08608a1708684d036891f7d92897da74

Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 27

Page 28: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Anne Gervais, infectiologue à l’hôpital Bichat (AP-HP) « Le travail devient » à lachaîne « , individuel » Pauline, 27 ans, ex-aide-soignante « On nous pousse àla faute » Laurent*, 37 ans, infirmier « L’hôpital est en train de sedéshumaniser » Un directeur de CHU de Province « Le temps du travail estdevenu plus stressant »

N° 11029lundi 7 novembre 2016Édition(s) : Principale

Pages 18-191044 mots

FRANCE

«Avant, en cardiologie au CHU de

Strasbourg, on était trois infirmiers

pour trente patients, maintenant on

n’est plus que deux. Mais on n’a que

deux bras et deux jambes chacun… Il

y a quelques années, je pouvais en-

core prendre cinq minutes pour

m’asseoir sur le lit d’une mamie,

prendre sa main, l’écouter un mo-

ment. Là, je ne peux plus. Avant on

répondait aux sonnettes en deux ou

trois minutes, maintenant, l’attente

peut monter à dix-sept minutes pour

les patients. Cela crée des tensions.

Les infirmiers sont les premiers à en-

caisser les mécontentements, ou

pire, la violence des patients.

L’hôpital est en train de se déshu-

maniser. Je tiens le coup, mais beau-

coup de collègues rentrent chez eux

le soir en pleurant. Ils ont le senti-

ment de ne pas faire leur métier cor-

rectement. Certains sont sous anti-

dépresseurs, ils ne sont plus capables

de bien travailler. Comme on n’est

pas assez nombreux, il arrive que les

plannings changent du jour au len-

demain. On a l’impression d’être des

pions, de simples numéros. Parfois,

quand un infirmier est absent,

les cadres demandent aux collègues

en repos de revenir pour le rempla-

cer. On les fait culpabiliser, ils disent

oui. Mais pour la vie de famille, c’est

vraiment pénible.

« On est malléable, on passe notre

temps à courir dans les couloirs, à

soulever les patients, on est en stress

permanent, et tout cela sans aucune

reconnaissance, avec un salaire infé-

rieur à 2 000 euros par mois, tout en

bossant parfois de nuit et en tra-

vaillant deux week-ends sur trois ! Si

c’était à refaire, je choisirais un autre

métier. Les conditions de travail sont

trop dégradées à l’hôpital. »

* Le prénom a été modifié

«Récemment, j’ai eu le sentiment

qu’il se passait quelque chose de

nouveau et que l’on n’était pas de-

vant la énième plainte du monde de

l’hôpital comme depuis des années.

Comment l’expliquer ? Il y a des élé-

ments extérieurs. L’hôpital ne pro-

tège plus. Ses murs ne protègent plus

des secousses de la vie du dehors. Je

le sens, quand on discute avec des

médecins, ce n’est pas tant sur leur

vie professionnelle qu’ils mani-

festent de l’anxiété - et pour cause,

ils sont fonctionnaires -, mais c’est

sur leur vie de famille, sur les inquié-

tudes pour leurs enfants, C’est nou-

veau. Même eux, médecins hospita-

liers avec un statut social fort, sont

inquiets pour l’avenir. De près ou de

loin, ce sont près d’un million de per-

sonnes qui travaillent dans la santé.

Beaucoup aident leurs proches, qui

ont des difficultés sociales. C’est

nouveau, et cela fragilise.

« Quant aux éléments internes à ce

malaise, ce n’est pas tant que les soi-

gnants consacrent plus de temps à

leur travail mais que le temps du tra-

vail est devenu plus stressant, plus

rempli, plus contraignant. Je ne crois

pas à ceux qui pointent une nouvelle

génération de médecins, pour les-

quels soigner serait un travail comme

un autre. L’investissement reste au-

jourd’hui très fort, aussi bien chez les

vieux que chez les jeunes. Ils aiment

leur travail. Mais leur travail les

épuise, et ils n’ont pas le sentiment

de bien faire - et c’est inédit. »

«Le malaise des hôpitaux n’est pas, à

mon sens, lié à des problèmes de ré-

munération. Même en augmentant le

salaire, on va garder une insatisfac-

tion délétère si on ne s’attaque pas

aux problèmes de fond. Quels sont-

ils ? Ils sont liés à un rythme de tra-

vail croissant, avec une impression

ressentie de course à l’échalote dans

des conditions de plus en plus acro-

batiques et au final le sentiment d’un

travail imparfait.

« A nombre constant, on fait de plus

en plus de choses. La tension est per-

manente. Là où, hier, le travail

s’effectuait en équipe, il devient » à

la chaîne", individuel. Lorsque l’on

devient concrètement interchan-

geable, il est difficile d’avoir

l’impression d’agir sur son travail. Il

faut retrouver des moments

d’échanges entre nous et avec les pa-

ramédicaux et arrêter de croire qu’en

normant tout, on réglera les pro-

blèmes. Il faut qu’on apprenne à tra-

vailler ensemble en réseau, pas dans

une collaboration descendante dé-

passée.

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Page 29: PANORAMA DE PRESSE - CGT

« Alors que les rythmes de travail

s’intensifient, il importe aussi de se

préoccuper du bonheur au travail des

soignants. Sinon, on perd le sens du

travail, la motivation, les patients

deviennent des choses. La perfor-

mance n’est pas légitime si elle ne

s’accompagne pas d’une action sur la

qualité du travail. Evitons de soigner

les indicateurs plutôt que les pa-

tients. N’inventons pas une bureau-

cratie de la qualité de vie au travail,

avec ses indicateurs et ses proces-

sus. »

«J’ai posé ma blouse il y a huit mois,

après un burn-out sévère. La nuit,

dans mon service, nous n’étions que

deux aides-soignantes pour plus de

110 résidents. Humainement, ce

n’était pas possible. Un jour, une pa-

tiente est morte de déshydratation.

Cela s’est fait sur trois jours et on ne

s’en est pas rendu compte. Ça a été

le fait de trop. J’ai craqué. On se sent

responsable. Mais on manque telle-

ment de temps…

«Quelque part, on nous pousse à la

faute. Aujourd’hui, à l’hôpital, il y a

un glissement des tâches. Des agents

chargés de l’entretien des locaux

sont recrutés pour faire le même tra-

vail que nous. Quant aux aides-soi-

gnantes, on nous demande parfois de

faire le boulot des infirmières. C’est

une véritable pression. Normale-

ment, nous ne devons pas faire de

gestes invasifs, comme retirer une

perfusion. Mais quand il manque des

infirmières, les cadres gèrent avec le

personnel disponible. Après, quand il

y a une erreur, on pointe du doigt les

soignants.

« On tire sur la corde et les soignants

finissent par se mettre en arrêt ma-

ladie. Bien souvent, ils ne sont pas

remplacés et ce sont alors leurs col-

lègues qui font deux fois plus

d’heures. Jusqu’à ce qu’ils s’épuisent

eux-mêmes. C’est un cercle vicieux.

Le corps n’est pas fait pour supporter

un tel rythme. A 27 ans, j’ai un

souffle au cœur, des problèmes de

tension et de circulation. En début de

carrière, j’allais travailler avec le sou-

rire, on était dans le système D, mais

on était plus nombreuses, on arrivait

à gérer. Aujourd’hui, après sept ans

d’exercice, je suis soulagée de ne plus

porter ma blouse. Partir, c’était une

question de survie. »■

par Amandine Cailhol

Tous droits réservés Libération 2016

129ce3b28c30900ba5a719a0c80b11008da42f3659a07ac6660d8e1

Parution : Quotidienne

Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

↑ 29

Page 30: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Grève à i-Télé : « Ils nous volent nos vies »

lundi 7 novembre 2016935 mots

MÉDIAS

Ils nous volent nos vies. » Voilà le genre de phrases que l’on peut entendre lors

des assemblées générales quotidiennes au cours desquelles, depuis vingt-et-

un jours, les salariés d’i-Télé votent la grève, comme ils devraient le refaire ce

lundi 7 novembre.

Et ce cri a marqué plusieurs membres de l’équipe, dont cette journaliste qui,

jusqu’ici, n’avait pas voulu s’exprimer sur le conflit. Vendredi, elle avait envie

de faire savoir à l’extérieur la situation « épouvantable »qu’elle vit au sein de

la chaîne : « Nous sommes sidérés de la violence des méthodes de la direction…

Nous ne nous réveillons pas d’un mauvais cauchemar, dit-elle. Chaque jour, les

départs se succèdent. Il y a des crises de larmes. Des gens sont cassés. Il y a une

tristesse. Un deuil. »

Ce témoignage résume l’état d’esprit de l’équipe de la chaîne d’information du

groupe Canal+. C’est aussi le message qu’ont transmis les représentants des

salariés aux dirigeants, lors d’une réunion informelle organisée vendredi 4 no-

vembre, dans l’après-midi. Il y a des vrais risques psychosociaux, ont fait va-

loir les journalistes à la direction, qui a pris note.

Rassemblement de soutien

De leur côté, les représentants de la filiale de Vivendi, dirigé par Vincent Bol-

loré, ont le sentiment d’avoir proposé – et précisé – des avancées sur les re-

vendications des grévistes : promesse de nommer un numéro deux de la ré-

daction aux côtés de Serge Nedjar, qui cumule les fonctions de directeur et de

directeur de la rédaction, droit de ne pas travailler avec l’animateur Jean-Marc

Morandini, mis en examen pour corruption de mineur…

Des réponses jusqu’ici jugées insuffisantes par les salariés, la principale

concession obtenue concernant les conditions de départ, bonifiées à deux mois

par année d’ancienneté, avec un plancher et un plafond.

« Il suffirait d’un petit geste positif de la part des dirigeants pour qu’on arrête

cette grève, pense un journaliste. Mais on a l’impression de se prendre des doigts

d’honneur tous les jours. Comme s’ils voulaient surtout nous faire partir. Je suis de

nature optimiste, mais j’ai de plus en plus de mal… » Ce trentenaire a trouvé ven-

dredi du réconfort dans le rassemblement de soutien organisé devant le siège

d’i-Télé, à Boulogne-Billancourt. Il cite aussi la « cagnotte » de dons qui per-

met aux grévistes de compenser leurs pertes de salaire.

Un autre reporter se console avec les messages de soutien envoyés sur Twitter

via le hashtag #jesoutiensitele : « Ça change des critiques qu’on entend tout le

temps sur les journalistes… Mais on est épuisés, on ne va pas se le cacher. »

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Page 31: PANORAMA DE PRESSE - CGT

« Rupture »

« Depuis trois semaines, on vient tous les matins dans les locaux pour l’assemblée

générale à 10 h 30 », raconte une autre trentenaire qui, comme beaucoup à i-

Télé, ne s’était jamais engagée dans un conflit social, « sauf à la fac, contre le

contrat première embauche ».

« Tout le monde peut parler, même ceux qui ont des doutes sur la grève. On ne se

coupe jamais la parole. Il y a eu des AG moroses, d’autres plus joyeuses. Mais de-

puis quelques jours, les réunions sont ponctuées par les annonces de départs. A la

fin et au début, il y a des discours. C’est très émouvant », ajoute-t-elle.

« Dans le grand plateau open space, quand tu es dans un coin de la rédaction et

que tu entends des applaudissements à l’autre bout, tu sais que c’est l’annonce

d’un départ, raconte un autre. La question, c’est : « qui ? ” »

Pour ce journaliste, quelque chose s’est « cassé » dans les derniers jours : « Il

y a eu une rupture quand Serge Nedjar a décidé de ne pas nous laisser assurer les

émissions autour du débat de la primaire de la droite. Il a cassé quelque chose en

moi. Avant, je me disais qu’ils n’allaient pas m’embêter ni me pousser au départ

car je n’étais ni une grande gueule ni un cadre. » Il pensait pouvoir « continuer à

bosser en résistant aux pressions ». Plus maintenant : « Ils ont réussi à me dé-

goûter de ce groupe. Et c’est leur objectif… »

De plus en plus de salariés veulent activer leur clause de conscience pour quit-

ter l’entreprise. « Il y en a aussi qui voudraient partir mais ne peuvent pas, pré-

cise un journaliste, qui pense rester. Novembre, ce n’est pas du tout le bon mo-

ment pour chercher du travail en télévision… Ceux qui restent n’ont pas le choix. »

D’autres s’inquiètent de l’avenir de la chaîne, au vu des départs déjà offi-

cialisés : des rédacteurs en chef, une présentatrice, des reporters… « Imagi-

nons que je reste : comment je fais pour travailler ? A partir de la semaine pro-

chaine, j’ai peur que nous ne soyons plus en mesure de faire un JT avec un di-

rect. » « On réalise que plus rien ne sera comme avant », déplore une repor-

ter. Un journaliste-cameraman a aussi « peur pour l’après » : « On a vécu une

aventure collective humaine très puissante. Partir ou rester ? Le problème, ce sera

la reconstruction. »

Le gouvernement prend part à la médiation La ministre du travail et du

dialogue social, Myriam El Khomri, doit recevoir, lundi 7 novembre, trois syn-

dicats d’i–Télé. Il s’agit de la première rencontre entre un membre du gouver-

nement et des représentants des salariés de la chaîne privée, en grève depuis

le 17 octobre. Le gouvernement s’est jusqu’à présent montré prudent. Récem-

ment, le premier ministre, Manuel Valls, a fait valoir que ce conflit concernait

un « groupe privé », tout en appelant la direction à la « responsabilité ».

Mme El Khomri a « reçu un courrier daté du 2 novembre de trois syndicats, la

CGT, la CFDT et un syndicat libre, et elle a souhaité les entendre pour faire le

point », a expliqué le ministère, sans préciser le contenu de la lettre. Selon

l’entourage de Mme El Khomri, la même invitation sera lancée prochainement

à la direction de Canal+.

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Page 32: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Une caméra i-Télé.

Une caméra i-Télé.

KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Par Alexandre Piquard

Tous droits réservés http : //www.lemonde.fr 2016

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Parution : Quotidienne

Audience : 20 594 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

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Page 33: PANORAMA DE PRESSE - CGT

EUROPE ET INTERNATIONAL

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Page 34: PANORAMA DE PRESSE - CGT

Pourquoi le chômage stagne en zone euro

Selon Eurostat, le nombre de demandeurs d'emploi s'est établi à 10 % en septembre

samedi 5 novembre 2016Page 23

957 mots

LE MONDE ECO ET ENTREPRISE

Repassera-t-il sous la barre

symbolique des 10 % avant Noël ?

Peut-être pas. Selon les chiffres pu-

bliés jeudi 3 novembre par Eurostat,

le taux de chômage de la zone euro

s'est établi à 10 % de la population

active en septembre, identique à son

niveau d'août et de juillet.

Entre mars et juin, il était passé de

10,2 % à 10,1 % seulement. « Le taux

de chômage de l'union monétaire n'a

reflué que de 0,2 point sur ces six der-

niers mois, contre 0,4 point sur les six

précédents », note Jack Allen, chez

Capital Economics. « La baisse du

nombre de demandeurs d'emploi

marque le pas depuis le printemps »,

confirme Maxime Sbaihi, économiste

chez Bloomberg Intelligence.

Plutôt inquiétant – du moins, à pre-

mière vue. Car même s'il a reflué de-

puis son pic du printemps 2013, à

12,1 %, le chômage de la zone euro

est encore loin de son niveau

d'avant-crise, à 8,5 %.

Dans le détail, les chiffres d'Eurostat

offrent un tableau contrasté. Sans

surprise, et à l'exception de la Grèce,

les pays où le chômage avait le plus

explosé pendant la crise enregistrent

les plus fortes baisses. En Espagne,

il est ainsi tombé à 19,3 % en sep-

tembre, contre 21,4 % un an plus tôt,

tandis qu'il a reflué de 9,1 % à 7,1

% sur un an en Irlande, où il avait

culminé à 15,2 % début 2012. « Ces

deux pays poursuivent leur rattra-

page », commente Philippe Waech-

ter, chez Natixis AM. Si l'Allemagne

fait toujours figure de bonne élève

(4,1 %), la France (10,2 %), le Por-

tugal (10,8 %) et l'Italie (11,7 %)

peinent à réduire significativement

le nombre de demandeurs d'emploi.

Tout comme les pays baltes. En Au-

triche, il a même tendance à remon-

ter…

La raison ? « L'anémie de la croissance

du Vieux Continent, en partie », note

M. Waechter. Mais pas seulement :

selon la Commission européenne,

l'économie de la zone euro devrait

croître de 1,6 % en 2016, soit au

même rythme qu'en 2015. Le tasse-

ment de la baisse du chômage a donc

d'autres sources. Prudents, les éco-

nomistes avancent plusieurs hypo-

thèses. « Selon nous, c'est probable-

ment lié au retour sur le marché du tra-

vail de personnes qui s'en étaient éloi-

gnées pendant la crise », explique M.

Sbaihi. Bloomberg Intelligence es-

time ainsi que le taux de participa-

tion à la population active – c'est-à-

dire la part des individus cherchant

un emploi ou en occupant un par rap-

port à la population totale – est passé

de 63,8 % à 64,1 % entre le premier

et le deuxième trimestre dans la zone

euro. « A court terme, ces retours sur le

marché du travail ralentissent la baisse

du chômage », explique M. Sbaihi.

Mais à moyen terme, c'est une bonne

nouvelle : si ce scénario se confirme,

le nombre de personnes durablement

exclues de l'emploi sera peut-être

moins élevé que ne le redoutent les

économistes.

Après le choc de 2008 et les années

de récession qui ont suivi, le nombre

de chômeurs de longue durée, de

jeunes (diplômés ou non) laissés sur

le carreau et de demandeurs d'emploi

aux qualifications obsolètes a, en ef-

fet, explosé. Aujourd'hui, 42,7 % des

actifs grecs de moins de 25 ans sont

ainsi sans travail, 42,6 % des Espa-

gnols et 31,7 % des Italiens. Une pro-

portion qui aurait été bien plus forte

encore sans l'émigration de beau-

coup d'entre eux vers l'Allemagne et

le Royaume-Uni.

« La crise a bousculé les choses »

« Cette profonde séquelle laissée par la

crise sera difficile à résorber, d'autant

qu'elle a creusé les inégalités et le

risque d'exclusion sociale pour les

jeunes sortis prématurément du sys-

tème scolaire », pointe Stefano Scar-

petta, directeur du département em-

ploià l'Organisation de coopération

et de développement économiques

(OCDE).

Elle s'est en outre traduite par une

hausse du niveau du chômage dit

structurel, c'est-à-dire celui vers le-

quel l'économie tend lorsqu'elle

fonctionne normalement, en utili-

sant toutes ses capacités de produc-

tion, mais sans surchauffer. En 2007,

celui de la zone euro était de 8,5 %

environ, selon l'OCDE. Mais au-

jourd'hui, est-il de 9 % ? de 9,5 % ?

Plus ? « On ne sait plus très bien, tant

la crise a bousculé les choses en la ma-

tière », dit M. Scarpetta.

Le débat est moins théorique qu'il n'y

paraît. D'abord, parce que les salaires

ne recommencent à augmenter que

lorsque le taux de chômage structurel

est atteint et dépassé. « Dès lors, le

marché du travail recommence à se

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Page 35: PANORAMA DE PRESSE - CGT

tendre, et les salariés sont mieux placés

pour négocier des augmentations »,

rappelle M. Sbaihi. Une situation que

l'Italie, l'Espagne ou même la France

ne connaîtront pas avant des années.

De plus, un taux de chômage struc-

turel élevé pèse durablement sur la

croissance. Or, celle-ci devrait juste-

ment ralentir ces prochains mois. Se-

lon Natixis, le produit intérieur brut

de l'union monétaire ne devrait

croître que de 1,2 % en 2017.

L'économie sera pénalisée par la re-

montée progressive des cours du pé-

trole, ainsi que par les incertitudes

politiques entourant les élections

françaises et allemandes. Voilà qui

n'est pas de très bon augure pour le

marché de l'emploi…

Marie Charrel■

par Marie Charrel

Tous droits réservés Le Monde 2016

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 267 897 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015

Audience : 20 594 000 lect. - © AudiPresse One Global2016_v3

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