Panorama de l’aide alimentaire en Occitanie
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Panorama de l’aide alimentaire en Occitanie
Etat des lieux et pistes de réflexion
Paul CEZANNE (1839 – 1906), nature morte au panier ou table de cuisine
© Photo RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / André Lewandowski
Etude réalisée en 2017-2018 par la DRAAF Occitanie, en collaboration avec la
DRJSCS Occitanie
Réalisation de l’étude et rédaction : Marine Rol, DRAAF Occitanie Direction, suivi de l’étude et relecture : Claire Deram, DRAAF Occitanie et Anne-Marie Guiraud, DRJSCS Occitanie.
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Table des matières
1. Contexte d’étude ............................................................................................................................. 1
1.1. L’aide alimentaire en France : chiffres-clés ............................................................................. 1
1.2. Rappels historiques et cadre réglementaire ........................................................................... 1
1.2.1. Rappels historiques ......................................................................................................... 1
1.2.2. Cadre réglementaire actuel ............................................................................................. 3
1.2.3. Financements de l’aide alimentaire ................................................................................ 6
1.2.4. Approvisionnement en denrées : les dons privés ........................................................... 8
1.3. Diversité des modalités de distribution .................................................................................. 9
1.4. L’aide alimentaire en région Occitanie .................................................................................. 12
1.4.1. La procédure régionale d’habilitation ........................................................................... 12
1.4.2. Actions régionales menées dans la lutte contre la précarité alimentaire ..................... 13
2. Méthodologie d’étude................................................................................................................... 15
2.1. Historique de l’étude ............................................................................................................. 15
2.2. Etude 2017 ............................................................................................................................ 15
2.2.1. Objectifs de l’état des lieux ........................................................................................... 16
2.2.2. Etude quantitative ......................................................................................................... 16
2.2.3. Etude qualitative ........................................................................................................... 17
2.2.4. Limites méthodologiques et difficultés rencontrées..................................................... 18
3. Présentation des résultats de l’enquête au niveau régional ......................................................... 19
3.1. Résultats quantitatifs issus du questionnaire d’enquête ...................................................... 19
3.1.1. Données générales sur les structures et leur fonctionnement ..................................... 21
3.1.2. Étude des profils des personnes accueillies en Occitanie ............................................. 26
3.1.3. Pratiques de distribution de l’aide alimentaire en Occitanie ........................................ 29
3.1.4. Des modalités variables d’accès à l’aide alimentaire .................................................... 31
3.1.5. Des accompagnements variés en vue d’une réinsertion sociale et professionnelle .... 32
3.1.6. Offre alimentaire et approvisionnement en denrées et produits particuliers .............. 37
3.2. Résultats qualitatifs issus des entretiens .............................................................................. 42
3.2.1. Un manque important de bénévoles ............................................................................ 42
3.2.2. L’encadrement des dons alimentaires par les grandes et moyennes surfaces ............. 43
3.2.3. Des locaux non adaptés aux activités associatives ........................................................ 45
3.2.4. Produits frais.................................................................................................................. 46
3.2.5. Autres problématiques concernant l’aide alimentaire ................................................. 49
3.3. Réflexion sur les modalités de distribution de l’aide ............................................................ 53
3.4. Focus sur les épiceries sociales et solidaires ......................................................................... 54
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
3.4.1. Fonctionnement des structures .................................................................................... 54
3.4.2. Distribution de l’aide alimentaire et accompagnements sociaux ................................. 55
3.4.3. Offre alimentaire ........................................................................................................... 56
3.5. Mise en place de l’aide alimentaire par les CCAS et CIAS ..................................................... 57
3.5.1. Soutien aux associations caritatives d’aide alimentaire ............................................... 58
3.5.2. Aides financières ........................................................................................................... 58
3.5.3. Colis et paniers alimentaires ......................................................................................... 59
3.5.4. Epiceries sociales gérées par les CCIAS/CIAS ................................................................. 60
4. Bilan régional ................................................................................................................................. 62
5. Recommandations à destination de la DRAAF et de la DRJSCS Occitanie .................................... 64
Annexes ................................................................................................................................................. 66
Annexe 1 : Résultats de l’étude Abena 2004-2005 ........................................................................... 66
Annexe 2 : Résultats de l’étude Abena 2011-2012 et évolutions depuis 2004-2005 ....................... 66
Annexe 3 : Résultats de l’enquête E3A.............................................................................................. 67
Annexe 4 : Taux de chômage localisés et indicateurs sociaux régionaux ......................................... 68
Annexe 5 : Répartition du revenu déclaré en France et en Occitanie .............................................. 69
Annexe 6 : Liste des structures habilitées au niveau national .......................................................... 70
Annexe 7 : Répartition géographique des points de distribution d’aide alimentaire à l’échelle
départementale ................................................................................................................................. 71
Annexe 8 : Liste complète des entretiens réalisés dans le cadre du panorama ............................... 77
Annexe 9 : Le programme Uniterres mené par l’ANDES ................................................................... 79
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
1. Contexte d’étude
1.1. L’aide alimentaire en France : chiffres-clés
La méthode la plus utilisée pour la mesure de la pauvreté est celle s’appuyant sur le niveau de revenu.
Le seuil de pauvreté fixé par l’Insee correspond à 60% du revenu médian de la population française,
60% étant le seuil le plus utilisé en Europe.
En France, le niveau de vie médian est de 1 692 euros mensuels en 2015 pour une personne vivant
seule : le seuil de pauvreté est donc fixé à 1 095 euros pour une personne seule et à 2132 euros pour
un couple avec deux enfants en bas âge selon le système de parts de l’Insee. En suivant cette méthode
de calcul, en 2015, le pourcentage de la population vivant sous ce seuil était de 14.2. D’après les
estimations de l’Insee, il devrait être de 13.9% en 20161. Ainsi en 2015, 8 875 000 personnes vivaient
sous le taux de pauvreté. D’après l’Observatoire des inégalités, un tiers d’entre eux sont des enfants2.
En France, en 2015, plus de 4 millions de personnes étaient bénéficiaires de l’aide alimentaire, un
chiffre en constante augmentation et issu des rapports annuels des différentes associations nationales
têtes de réseau.
L’étude réalisée par l’institut CSA pour le compte des Banques Alimentaires en 2016 a permis d’établir
un profil des personnes bénéficiant de l’aide alimentaire de l’ensemble des Banques, soit environ 2
millions de personnes en situation de précarité. Celles-ci ont en moyenne 45 ans, 70% d’entre elles
sont des femmes. 65% ont au moins un enfant à charge et 28% sont divorcés ou séparés. 85% d’entre
elles ont un logement stable. Sur le plan professionnel, 34% sont au chômage et 23% ont en emploi
précaire. L’étude alerte également sur le niveau de santé de ces personnes : une personne sur deux
rencontre des problèmes de santé et cette catégorie de dépenses et souvent négligée au profit
d’autres priorités comme le logement ou la nourriture.
L’insécurité alimentaire concerne cependant une population très hétérogène : des personnes isolées,
des familles monoparentales, des chômeurs, des étudiants, des jeunes, des personnes en emploi
précaire, des travailleurs pauvres, des enfants, des personnes en situation de handicaps…
1.2. Rappels historiques et cadre réglementaire
1.2.1. Rappels historiques
L’aide alimentaire européenne a été initiée en 1987 via la création du Programme européen d’aide aux
plus démunis (PEAD). Celui-ci, intégré dans la Politique Agricole Commune (PAC), fonctionnait selon le
principe de redistribution des surplus de la production agricole européenne aux personnes en situation
de précarité, par l’intermédiaire d’organismes caritatifs dits « têtes de réseau » : les Restos du Cœur,
La Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA), le Secours Populaire Français et la Croix-
Rouge Française. Le PEAD fonctionnait selon un principe de troc : les matières premières agricoles
issues des stocks d’intervention de la PAC étaient échangées contre des produits alimentaires plus
élaborés via des appels d’offre auprès des entreprises agroalimentaires. Si un produit manquait dans
1 Estimation avancée du taux de pauvreté et des indicateurs d’inégalités, résultats expérimentaux pour 2016 par Kevin Schmitt et Michaël Sicsic, division Etudes sociales, Insee, paru le 1/10/2017. 2 Article « Qui sont les pauvres de France ? » paru le 16 octobre 2017, disponible sur le site internet de l’Observatoire des inégalités à l’adresse https://www.inegalites.fr/Qui-sont-les-pauvres-en-France
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
les stocks d’intervention de la PAC, l’Europe mettait à disposition des Etats une enveloppe pour acheter
ces produits sur le marché.
En France, à partir des années 2000, plusieurs plans pour l’insertion et l’alimentation se succèdent. En
2001 est lancé le Programme national nutrition santé (PNNS) coordonné par le secrétaire d’Etat à la
santé et aux handicapés et en collaboration avec les Ministères de l’éducation nationale, de
l’agriculture et de la pêche, de la recherche, et du secrétariat d’Etat aux PME, au commerce, à
l’artisanat et à la consommation.3
En 2003, le Programme alimentation et Insertion (PAI)4 est initié par le secrétaire d’Etat en charge de
la lutte contre les exclusions, dans l’objectif de mieux prendre en compte les besoins spécifiques des
populations ayant recours à l’aide alimentaire. De cette initiative découlera la première étude
européenne sur l’Alimentation et la nutrition des Bénéficiaires de l’Aide alimentaire (Etude ABENA) en
2004-20055. Les résultats conduiront à la fin de l’année 2005 à l’élaboration d’un plan sur trois ans
(2006-2008) pour l’amélioration de l’aide alimentaire, qui sera intégré au PNNS 2 de 2006-2010. Une
seconde édition de cette étude sera menée en 2011-126, afin d’actualiser les informations obtenues
et de pouvoir mesurer les éventuelles évolutions des profils des bénéficiaires de l’aide alimentaire.
En 2003-2004 est également réalisée l’enquête E3A7 (Enquête auprès des associations d’aide
alimentaire) ; l’objectif est d’analyser leurs modes de fonctionnement et d’estimer la qualité
nutritionnelle de l’aide distribuée.
3 Communiqué de presse du Secrétariat à la Santé et aux Handicapés, le 1er février 2001. « Ce programme […] favorise l’information et l’éducation pour la promotion et l’adoption de comportements favorables à la santé ». Le programme donne la priorité à l’éducation des jeunes enfants dès l’école primaire. Il permet la mise en place d’un guide alimentaire pour le public et les professionnels concernés, favorise l’accès à des consultations hospitalières de diététique et de nutrition. Il précise que des mesures spécifiques seront « renforcées notamment en direction des personnes en situation de précarité, les actions seront menées avec le réseau associatif » mais n’est cependant pas adapté aux personnes bénéficiant de l’aide alimentaire. 4 Le PAI, dont l’action se concrétisait via la distribution aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, de plaquettes et affiches présentant des conseils nutritionnels, n’a pas été reconduit en 2017. 5 L’étude Abena édition 2004-2005 a été réalisée suivant deux volets concernant respectivement l’alimentation et l’état nutritionnel des bénéficiaires, et une étude socio-anthropologique des bénéficiaires : - Bellin-Lestienne C, Deschamps V, Noukpoapé A, Hercberg S, Castetbon K. Alimentation et état nutritionnel
des bénéficiaires de l’aide alimentaire. Étude Abena, 2004–2005. Institut de veille sanitaire, Université de Paris 13, Conservatoire national des arts et métiers. Saint-Maurice : 2007. 74 pages.
- César C. Comportements alimentaires et situations de pauvreté. Aspects socio-anthropologiques de l’alimentation des personnes recourant à l’aide alimentaire en France. Étude Abena, 2004–2005. Institut de veille sanitaire, Université de Paris13, Conservatoire national des arts et métiers. Saint-Maurice, 2007. 108 pages.
Pour plus d’information sur l’étude, se référer aux annexes de ce rapport. 6 Grange D, Castetbon K, Guibert G, Vernay M, Escalon H, Delannoy A, Féron V, Vincelet C. Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire. Etude Abena 2011-2012 et évolutions depuis 2004-2005. Observatoire régional de santé Ile-de-France, Institut de veille sanitaire, Institut national de prévention et d'éducation pour la santé ; 2013. 186 p. Pour plus d’information, se référer aux annexes de ce rapport. 7 Réalisée par l’UMR Inserm U557/Inra/Cnam et l’Usen dans le cadre du PNNS, elle concernait exclusivement les associations distribuant de l’aide alimentaire sous forme de colis, de repas ou de libre-service, dans un local, à l’exclusion des centres d’hébergement ou de réinsertion sociale. Elle s’est concentrée sur différents aspects : « modes de fonctionnement, équipement et difficultés des associations », « types et provenance des aliments délivrés » et « qualité nutritionnelle et valeur marchande des colis et repas donnés ». La synthèse des principaux résultats, réalisée par Constance Bellin, Anne-Gwenhael Dauphin, Katia Castetbon, et Nicole Darmon, est disponible sur le site de l’InVS. Pour plus d’information, se référer aux annexes de ce rapport.
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Dans le même temps, en 2004, le PEAD ne permet plus de fournir de viande aux populations démunies,
l’Europe ne possédant plus de stock de cette matière première. De cette situation naît le Programme
national d’aide alimentaire (PNAA) mené par la Direction générale des affaires sociales (DGAS). Le
PNAA est alimenté à hauteur de 10 millions d’euros par an et permet l’achat de produits carnés, de
poisson, de fruits et légumes et autres produits non fournis par le PEAD, mais aussi de soutenir les
actions des associations caritatives.
1.2.2. Cadre réglementaire actuel
Des politiques publiques de l’alimentation visant le mieux-manger pour tous
En France, en 2010, l’article 1er de la Loi n°2010-874 de modernisation de l’agriculture et de la pêche
fonde pour la première fois le cadre de la mise en œuvre d’un politique publique de l’alimentation.
L’article L.230-1 du Code Rural (article 1er de la Loi 2010-874) présente les objectifs de la politique
publique de l’alimentation :
« La politique publique de l’alimentation vise à assurer à la population l’accès, dans des conditions
économiquement acceptables par tous, à une alimentation sûre, diversifiée, en quantité suffisante, de
bonne qualité gustative et nutritionnelle, produite dans des conditions durables. Elle vise à offrir à
chacun les conditions du choix de son alimentation en fonction de ses souhaits, de ses contraintes et de
ses besoins nutritionnels, pour son bien-être et sa santé. »
La politique publique de l’alimentation est déclinée au travers du Programme National pour
l’Alimentation (PNA), dont les mesures s’inscrivent dans la stratégie du PNNS et du volet prévention
du Plan Obésité.
Jusqu’à l’adoption de la Loi n° 2010-874 de modernisation de l’agriculture et de la pêche, il n’existait
pas en droit français de définition de l’aide alimentaire. A partir du 27 juillet 2017, l’Article L.230-6 du
Code Rural précise alors que « L’aide alimentaire a pour objet la fourniture de denrées alimentaires
aux personnes les plus démunies. Cette aide est apportée tant par l’Union européenne que par l’État
ou toute autre personne morale ».
L’aide alimentaire est présente dans le PNA dans le volet d’actions « Améliorer l’accessibilité à
l’alimentation pour tous »8. Publié en février 2011, son slogan « Bien manger, c’est l’affaire de tous »
montre la volonté d’une alimentation de qualité pour l’ensemble de la population française. Le PNA
est un programme interministériel piloté par le Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et de la
forêt (MAAF). Il a pour axe premier « Faciliter l’accès de tous à une alimentation de qualité ». Cet axe
se décline en différentes actions, l’action I.1 s’intitulant « Mieux manger en situation précaire », qui
elle-même se décline en différents objectifs :
« I.1.1 Augmenter les quantités et favoriser un régime plus équilibré
I.1.1.1. En mobilisant davantage de dons et d’invendus pour l’aide alimentaire
I.1.1.2. En réorganisant l’aide alimentaire
I.1.1.3. En accompagnant la distribution de l’aide alimentaire avec des actions sociales
I.1.1.4. En assurant une distribution équitable de l’aide alimentaire sur tout le territoire toute
l’année
8 Pour plus d’information, se référer à la partie 1.2.2 présentant le fonctionnement actuel de l’aide alimentaire.
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I.1.1.5. En levant les freins pesant sur les associations en matière de distribution de denrées
alimentaires
I.1.2 Favoriser les initiatives alliant lutte contre le gaspillage alimentaire et aide aux personnes
démunies. »9
Alimenté par le BOP 206 des finances publiques, le PNA fonctionne via un appel à projet annuel, en
partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) depuis 2016.
Depuis sa mise en place en 2011, 106 lauréats ont été récompensés. En 2017, l’appel à projet PNA est
doté de 1.5 M€ et soutiendra les projets en lien avec les quatre priorités de la politique publique de
l’alimentation :
La justice sociale
L’éducation alimentaire des jeunes
La lutte contre le gaspillage alimentaire
L’ancrage territorial et la mise en valeur du patrimoine alimentaire
Le PNA se décline en région via les Programmes régionaux pour l’alimentation (PRA) pilotés par les
Directions régionales de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF)10. Celles-ci disposent
d’un budget propre sur lequel elles réalisent des appels à projets régionaux.
Au niveau européen, le PEAD est remis en cause en 2013 par sept pays d’Europe, dont l’Allemagne et
le Royaume-Uni, qui s’opposent à ce que les fonds alloués au titre du PEAD dans le cas d’absence de
stock de certains produits, tirés du budget de la PAC, soient utilisés à des fins sociales. Cette pratique,
condamnée en 2011 par la Cour Européenne de Justice, mène à une reconsidération du PEAD. Le
Conseil européen décide de le remplacer, à compter du 1er février 2014, par le FEAD, Fonds européen
d’aide aux plus démunis. Celui-ci est désormais annexé au Fonds social européen (FSE) et non plus à la
PAC.
L’approvisionnement en produits provenant du FEAD impose leur distribution gratuite aux
bénéficiaires. Cette idée remettant en cause le modèle de l’épicerie sociale et solidaire répandu en
France, le Gouvernement met en place en 2014 un Crédit national pour les épiceries solidaires (CNES)
pour compenser la diminution des produits auxquelles elles devront faire face.
Par ailleurs, en 2016, le Gouvernement vote la loi numéro 2016-138 du 11 février 2016 relative à la
lutte contre le gaspillage alimentaire, dite « Loi Garot ». Celle-ci rend obligatoire pour les GMS dont la
surface est supérieure à plus de 400 m² le recours à une convention pour les dons réalisés entre un
distributeur de denrées alimentaires et une association caritative habilitée (régionalement ou
nationalement) en contrepartie d’une réduction d’impôts proportionnelle aux quantités données. Elle
prévoit également une sanction pour éviter la destruction volontaire de denrées alimentaires encore
consommables.
Dans le cadre de cette convention, il est signalé que les produits donnés doivent être dans de bonnes
conditions de conservation et d’emballage. Pour tenir compte des délais, « les entreprises
agroalimentaires et les distributeurs s’engagent à respecter un délai de 72h avant la fin de la DLC pour
9 Programme National pour l’Alimentation, Ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire, février 2011, 76 pages. Disponible sur le site du Ministère www.alimentation.gouv.fr et à l’adresse agriculture.gouv.fr/programme-national-pour-lalimentation (date de dernière consultation : 05/01/18). 10 Pour plus d’informations, se référer à la partie 1.4 de ce rapport.
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
la remise des produits aux associations et dans tous les cas ce délai ne doit pas être inférieur à 48
heures » (Guides de bonnes pratiques de l’aide alimentaire, ANIA/FCD). Les grandes surfaces
alimentaires s’engagent donc à réaliser un tri des denrées. Les associations viennent les chercher par
elles-mêmes et les distribuent ensuite aux personnes bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Le 20 juillet 2017 sont lancés les Etats Généraux de l’Alimentation (EGA). Pendant cinq mois, leur
vocation a été d’être un temps de réflexion partagée et de construction collective de solutions autour
des différentes thématiques de l’alimentation développées notamment dans 14 ateliers ayant réunis
environ 700 participants experts, mais aussi dans une consultation publique et des évènements
territoriaux. La thématique de la précarité alimentaire était étudiée dans l’atelier 12 présidé par
Françoise Soulage, présidente du collectif ALERTE : « Lutter contre l’insécurité alimentaire, s’assurer
que chacun puisse avoir accès à une alimentation suffisante et de qualité en France et dans le monde ».
Un des résultats de ces EGA pour l’aide alimentaire est le projet de loi pour l’extension du don des
excédents alimentaires (dans le cadre de la loi du 11 février 2016) au cas des établissements de
restauration collective et des industries agro-alimentaires11.
Le système d’habilitation des associations caritatives
Depuis la création du FEAD au niveau européen en 2013 pour la période 2014-2020, la France a mis
en place un système d’habilitation pour les personnes morales de droit privé distribuant de l’aide
alimentaire. Cette habilitation est obligatoire pour :
Percevoir des contributions publiques destinées à la mise en œuvre de l’aide alimentaire,
Bénéficier de denrées financées par le FEAD ou le CNES, même indirectement (par une Banque
Alimentaire par exemple),
Bénéficier de denrées ayant fait l’objet d’une défiscalisation par le donateur, même indirectement.
Cette habilitation est soumise à des conditions :
Disposer d’une organisation permettant soit la distribution de denrées alimentaires aux personnes
démunies, soit la fourniture de ces denrées à d’autres personnes morales,
Avoir mis en place des procédures garantissant que les denrées sont conformes aux exigences en
vigueur en matière d’hygiène,
Assurer la traçabilité physique et comptable des denrées,
Avoir mis en place les procédures de collecte et de transmissions des données chiffrées de l’aide
alimentaire12.
11 A cette heure, le seuil au-delà duquel le don sera obligatoire n’est pas encore déterminé. Les EGA ont également déclaré la volonté de l’Etat d’encourager les initiatives de distribution des bons alimentaires pour des produits frais entre les enseignes, associations caritatives et collectivités locales. L’aide alimentaire se veut « élargie à une approche plus globale de lutte contre l’insécurité alimentaire ». La liste des principales actions retenues est disponible sur le site internet du Ministère de l’agriculture à l’adresse : agriculture.gouv.fr/les-principales-actions-retenues-pour-une-alimentation-saine-durable-et-accessible-tous (publication le 21/12/17). 12 Pour plus d’information sur le dossier d’instruction à l’habilitation, se référer à l’arrêté du 8 août 2012 relatif à la composition du dossier de demande d’habilitation pour recevoir des contributions publiques destinées à la mise en œuvre de l’aide alimentaire disponible sur le site du Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt à l’adresse : agriculture.gouv.fr/habilitation-des-associations-caritatives. Les dossiers de demande d’habilitation au niveau régional sont disponibles sur les sites de la DRAAF et de la DRJSCS Occitanie aux adresses suivantes : draaf.occitanie.agriculture.gouv.fr/Fonctionnement-de-l-aide (DRAAF) et occitanie.drjscs.gouv.fr/spip.php?article1460 (DRJSCS)
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Il existe deux procédures d’habilitation :
Une habilitation nationale qui concerne les personnes morales de droit privé dont l’activité est à
vocation nationale (ie. dont l’activité couvre 9 départements ou plus). Elles effectuent leur
demande auprès du Ministère chargé de l’alimentation, et celle-ci est accordée par les Ministres
chargés de l’alimentation et de la lutte contre l’exclusion sociale.
Une habilitation régionale qui concerne les personnes morales de droit privé dont l’activité n’a pas
vocation nationale (ie. dont l’activité couvre 8 départements ou moins). Elles effectuent leur
demande auprès du préfet de région du siège du demandeur13.
La première habilitation est délivrée pour une durée de trois ans, les habilitations suivantes le sont
pour une durée de 10 ans. Pour une union ou une fédération d’associations, l’habilitation nationale
est accordée pour elle-même et l’ensemble des membres qu’elle a désignés. En 2017, 20 structures
sont habilitées au niveau national14 dont les quatre têtes de réseau associatives15.
Ces quatre têtes de réseau possèdent un statut spécifique étant donné l’agrément qu’elles ont à
bénéficier directement des denrées alimentaires du FEAD et/ou du CNES. Ces associations ont été
désignées par l’Etat en 1987, lors du lancement du PEAD. Elles se réunissent annuellement avec
FranceAgriMer, la DGAL et la DGCS afin de s’accorder sur le choix des produits à livrer pour l’année
suivante. FranceAgriMer, au statut d’établissement public, est chargé de la rédaction et du suivi des
appels d’offre16.
Les structures de droit public ayant une activité d’aide alimentaire ne sont pas soumises au système
d’habilitations. Cela concerne les CCAS, CIAS et les épiceries sociales et solidaires gérées par un CCAS
ou un CIAS17.
1.2.3. Financements de l’aide alimentaire
Au niveau européen, l’aide alimentaire est financée à travers le FEAD via le FSE. La Commission
Européenne approuve les programmes nationaux sur la période 2014-2020, pour un montant total de
3.5 milliards d’euros. Les pays de l’UE doivent cofinancer leur programme national à hauteur de 15%
au minimum.
La Commission européenne approuve ou non les programmes nationaux. Dans ce cadre, la France
bénéficie d’un montant de 500 millions d’euros sur la période 2014-2020, auxquels s’ajoutent 88 M€
de crédits nationaux sur sept ans. Les pays étant libres de choisir le type d’aide qu’ils souhaitent
apporter, la France a décidé de ne consacrer ses crédits qu’à l’achat de denrées alimentaires.
Au niveau national, la France agit pour l’aide alimentaire à travers le BOP 304 « Inclusion sociale et
protection des personnes » et son action 14 « aide alimentaire », pour un montant total de 42.4 M€
13 Se référer à la partie 1.4 de ce rapport pour plus d’informations. 14 Se référer à la l’annexe 6 pour la liste complète. 15 La fédération française des Banques alimentaire, le Secours populaire français, la Croix Rouge française et les Restaurants du cœur. 16 Pour plus d’informations sur les mécanismes de choix des denrées du FEAD, se référer au rapport FORS : Le système de choix des denrées français et la mise en œuvre du FEAD dans les pays européens, Rapport final, FORS Recherche Sociale, septembre 2017, 142 pages. Etude financée par le programme 215 du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Disponible sur le site agriculture.gouv.fr 17 CCAS/CIAS : Centre communal / intercommunal d’action social, dépendants d’une commune ou d’une intercommunalité.
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
de crédit budgétaire en 2017. Les financements dédiés à l’aide alimentaire en 2017 s’élèvent à 113.7
M€, dont 71.27 M€ de subventions européennes18. Sur le plan opérationnel, la Direction générale de
la cohésion sociale (DGCS) pilote la mise en œuvre du FEAD, en collaboration avec la Direction générale
de l’alimentation (DGAL) du Ministère chargé de l’agriculture, qui était anciennement chargé de la
gestion du PEAD.
Tableau 1 : les crédits en faveur de l'aide alimentaire en 2017 (en millions d'euros)
Montant
FEAD
Contribution UE 71.27
Contribution nationale 12.58
Epiceries sociales 8.23
Subventions aux têtes de réseau associatives nationales 4.56
Aide alimentaire déconcentrée 14.88
Subvention pour charge de service public à France Agrimer 2.17
Les crédits nationaux sont partagés en plusieurs actions :
Le volet « épiceries sociales » correspond au CNES. Celui-ci a lancé un appel à candidatures auquel
ont répondu l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES), la
Fédération française des banques alimentaires (FFBA), la Croix Rouge et Imagine 84.
Le volet « aides alimentaires déconcentrées » permet de financer les services déconcentrés de
l’Etat qui mettent en œuvre la distribution de l’aide alimentaire, chargés de la cohésion sociale et
de la lutte contre la pauvreté.
Le volet « subventions aux têtes de réseau associatives ». Elles sont quatre : les Restos du Cœur,
la Fédération française des banques alimentaires, le Secours Populaire Français et la Croix Rouge
Française. Cette subvention permet de prendre en charge une partie de leurs coûts de
fonctionnement au titre de l’aide alimentaire (logistique, formation de bénévoles, etc.).
Le volet « subventions pour charge de service public à FranceAgriMer » concerne son rôle en tant
qu’organisme intermédiaire de gestion du FEAD. Celui-ci est notamment en charge de la gestion
des marchés publics et des contrôles qui en découlent.
Le CNES est destiné à compenser la perte des approvisionnements de l’Union Européenne lors de la
mise en place du FEAD, dans la mesure où le FEAD impose une redistribution gratuite des denrées aux
18 Données : Commission des finances du Sénat, à partir du projet annuel de performance annexé au projet de la loi de finances pour 2017, disponible sur le site internet du Sénat à l’adresse : www.senat.fr/rap/l16-140-331/l16-140-3313.html (date de dernière consultation : le 04/01/18)
8
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
bénéficiaires de l’aide alimentaire. Ce crédit national est délivré à quatre associations : La FFBA,
l’ANDES, la Croix Rouge Française et Imagine 84.
Les épiceries sociales et solidaires sont des structures proposant à leurs bénéficiaires des produits
alimentaires, d’entretien et d’hygiène (parfois des jouets pour enfants, vêtements, etc.) moyennant
une participation financière fixée en moyenne entre 10 et 30% du prix en grandes surfaces. L’accès se
fait généralement sous conditions de ressources et sur recommandation d’un travailleur social. Une
épicerie sociale est souvent municipale et essentiellement financée par un CCAS alors qu’une épicerie
solidaire est portée par une association ou un groupement d’associations.
Au niveau national, en 2017, la FFBA déclare servir plus de 700 épiceries sociales et solidaires, la Croix
Rouge en gère 80, l’ANDES possède un réseau d’environ 350 épiceries (dont 200 épiceries solidaires,
habilitées via l’ANDES) et Imagine 84 dirige 7 épiceries solidaires qu’elle nomme « boutiques
alimentaires et sociales ». L’ANDES a fait le choix de l’attribution d’une enveloppe financière auprès
des pouvoirs publics, tandis que la FFBA a choisi de s’appuyer sur un appel d’offre confié à
FranceAgriMer pour l’achat des denrées.
1.2.4. Approvisionnement en denrées : les dons privés
L’aide alimentaire repose également sur un approvisionnement provenant de dons privés. Un de ses
piliers importants est le système de ramasse auprès des GMS et des enseignes locales.
Au travers du Pacte de lutte contre le gaspillage alimentaire et de la mobilisation du Gouvernement
sur ce sujet, tous les acteurs, et en particulier la grande distribution, ont été incités à renforcer encore
leurs actions de dons auprès des associations caritatives. Les Ministères des finances et des comptes
publics, celui des affaires sociales, de la santé et des droits de la femme ainsi que celui de l’agriculture,
de l’alimentation et de la forêt ont publié un rappel réglementaire intitulé « Tous concernés par le don
de denrées alimentaires » reprenant les différents points-clés lors du don entre structures privées et
associations caritatives.
- Le don peut être de formes diverses : don direct de produits alimentaires, bruts ou
transformés ; don de matériel, de ressources, de prestation ; mécénat de compétences ;
soutien financier ; soutien institutionnel méthodologique
- Les acteurs concernés : producteurs agricoles, industries agro-alimentaires, secteur du
transport et du stockage, distributeurs et grossistes, restaurateurs, collectivités locales,
particuliers
La ramasse est une des sources principales d’approvisionnement en denrées pour les associations
distribuant de l’aide alimentaire. Selon leur rapport d’activité 2016-2017, les Banques Alimentaires ont
collecté 106 000 tonnes de denrées en 2016, dont 64.5% étaient destinées à être jetées (62% en 2015).
Sur ces 68 000 tonnes récupérées, 60.4% provenait des distributeurs (GMS et grossistes) et 39.6%
provenaient des producteurs agricoles et des industries agroalimentaires. En 2016, les
approvisionnements auprès de la GMS ont augmenté de 8%, et le nombre de magasins partenaires de
12%.
L’approvisionnement se fait également via des collectes qui peuvent être nationales dans le cas des
réseaux nationaux (par exemple, 12% des denrées distribués par la Banque Alimentaire provenait de
la collecte annuelle nationale).
9
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
D’autres sources de denrées existent :
- Les jardins solidaires d’insertion qui produisent fruits et légumes parfois donnés aux
associations caritatives, notamment en cas de surplus,
- Le mécénat et le parrainage,
- Les retraits agricoles,
- Les achats directs auprès des grandes surfaces ou de grossistes par les associations via leurs
fonds propres, etc.
1.3. Diversité des modalités de distribution
A la création du PEAD en 1987, l’aide alimentaire est pensée comme un système visant à répondre à
une situation d’urgence. L’idée de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, pour
la redistribution des excédents de la PAC aux associations caritatives, est une idée conjointe de
Coluche, l’investigateur des Restos du Cœur. Dans les années 1980, les modes principaux de
distribution de l’aide alimentaire correspondent donc à une réponse à une urgence temporaire : repas
chauds, collations et distributions de denrées.
Aujourd’hui, les publics ont évolué. Les personnes sans domicile fixe ne sont plus les profils majoritaires
des bénéficiaires de l’aide alimentaire. Les associations reçoivent des personnes en situation de
précarité possédant un domicile fixe et capables de cuisiner et de préparer des repas, éventuellement
moyennant une faible contrepartie financière dans le but de retrouver à terme leur autonomie. Les
modes de distribution sont donc de plus en plus variés et s’adaptent aux différents profils. L’aide
alimentaire se retrouve donc sous des formes diverses.
L’aide peut être sous la forme de repas chauds et de collations à consommer directement sur le lieu
de distribution. Ce peut être un repas complet comme un sandwich ou une simple boisson chaude,
servi dans des centres fixes (centres d’accueil, restaurants sociaux, repas partagés) ou dans des points
de distribution mobiles comme les camionnettes réalisant des maraudes.
Les associations distribuent également des paniers et colis alimentaires contenant des denrées brutes
à cuisiner. Là encore, les modalités de fonctionnement varient : les denrées peuvent être choisies
librement par le bénéficiaire ou au sein de différentes familles de produits. Leur contenu peut
également être composé par le bénéficiaire dans le cadre d’une liste de denrées pré-établie avec un
bénévole de l’association. Enfin, le colis ou le panier peut être préparé en amont par l’association sans
que le bénéficiaire ne puisse choisir son contenu. C’est un cas courant notamment pour les associations
recevant un nombre important de bénéficiaires. Certaines associations font cependant le choix d’un
libre-service gratuit, les quantités étant toutefois limitées pour que chacun puisse obtenir un panier
suffisant. Ceci est une alternative au problème parfois soulevé du gâchis lorsque l’on impose des
produits.
Les épiceries solidaires et sociales se sont développées à la fin des années 1990. D’abord porté par les
CCAS, ce mode de distribution solidaire s’est ensuite développé via des collectifs d’associations ou des
10
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
initiatives citoyennes. Aujourd’hui, la France en compte plus de 1130 habilitées localement ou portées
par des réseaux nationaux19.
La distribution de l’aide alimentaire ne se fait pas uniquement en nature mais peut se retrouver sous
la forme d’un soutien financier aux personnes : délivrance de chèques services, bons alimentaires,
chèques d’accompagnement personnalisé dans le cas des CCAS, etc.
L’aide alimentaire est également très diversifiée dans les structures qui la portent : associations
caritatives nationales et régionales, CCAS et CIAS, CHRS, missions locales jeunes et missions locales
insertion, maison pour jeunes, épiceries étudiantes, jardins solidaires d’insertion ou encore
groupement d’achats, etc.
Enfin, les structures ayant une action dans l’aide alimentaire ont des caractéristiques diverses quant à
la gratuité ou non de la distribution :
- Certaines délivrent une aide alimentaire entièrement gratuite,
- D’autre demande une somme suivant une échelle basée sur les ressources des personnes,
- Un pourcentage, souvent faible, du prix des denrées peut être demandé,
- Certaines associations demandent une cotisation annuelle,
- Enfin, certaines associations demandent une participation symbolique au bénéficiaire, de
l’ordre de 0.5 centimes ou 1 euro.
L’accès à la distribution de l’aide peut être libre et universel ou conditionné à différents facteurs :
conditions de ressources, de résidence, présence ou non d’un projet de réinsertion dans la vie
professionnelle, prescriptions d’un travailleur social ou encore preuve d’un hébergement dans un
foyer collectif ou un centre d’hébergement... L’accès peut également être conditionné à la présence
de la personne à des ateliers sociaux de réinsertion sociale et professionnelle.
De manière générale, la quasi-totalité des structures délivre de l’aide alimentaire en urgence à une
personne démunie.
Le document de la page suivante reprend de façon simplifiée le fonctionnement de l’aide alimentaire
en France.
19 Pour plus d’informations sur le fonctionnement des épiceries sociales et solidaires, se référer à la partie 3.4.4 page 57.
11
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
12
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
1.4. L’aide alimentaire en région Occitanie
L’Occitanie est attractive sur le plan résidentiel : au 1er janvier 2016, elle compte 5 830 200 habitants,
et figure au 2ème rang des régions métropolitaines pour le taux de croissance démographique16.
Cependant, même si la région bénéficie d’un dynamisme économique propice à la création d’emploi,
celui-ci s’avère insuffisant face à la hausse de la population active. La population régionale se concentre
très largement dans les aires urbaines de Toulouse, Montpellier, Perpignan et Nîmes et sur le littoral.
Les départements de la Haute-Garonne, de l’Hérault et du Gard rassemblent 55% de la population
régionale. À l’inverse, les départements de l’Ariège, de l’Aveyron, du Lot, de la Lozère et des Hautes-
Pyrénées ont une croissance démographique annuelle proche de zéro.
Le rapport de l’Insee pour l’Occitanie20, réalisé à partir des données des années précédentes, ont mis
en évidence la prédominance de la pauvreté dans la région : en 2013, 17% de sa population vivait sous
le seuil de pauvreté, la plaçant au 4ème rang des régions les plus pauvres. Cette donnée est à relier au
taux de chômage élevé : au troisième trimestre 2017, celui-ci était de 11.3%, second taux le plus élevé
de métropole derrière les Hauts-de-France21.
Ce rapport met en évidence les difficultés des populations vulnérables : « Plus du tiers des familles
monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté (2ème rang). Le taux de pauvreté des moins de 30 ans
est le 3ème plus élevé de métropole, celui des 75 ans ou plus le 2ème, après les hauts-de-France. La région
se classe au 2ème rang pour la part des allocataires de minima sociaux dont au moins les trois-quarts
des revenus proviennent des prestations sociales. Par ailleurs, de nombreux jeunes ne sont pas insérés :
4.2% des 18-24 ans ne sont ni en emploi, ni au chômage, ni en formation (4ème rang) » (source : Insee).
Les revenus déclarés par unité de consommation en 2014, selon l’Insee, font partie des plus faibles de
France métropolitaine22. Les indicateurs économiques et sociaux localisés sont disponibles en annexe.
1.4.1. La procédure régionale d’habilitation
La procédure d’habilitation est conduite en région par la Direction régionale de la jeunesse, des sports
et de la cohésion sociale (DRJSCS) en lien avec la DRAAF, les DDCS, les DDPP et les DDCSPP23. Depuis le
remaniement des régions en 2016, l’habilitation porte sur l’ensemble de la région Occitanie (13
départements). Au 31 juillet 2017, 173 associations sont habilitées régionalement, dont 135 jusqu’à
2027 (première vague de renouvellement de l’habilitation pour 10 ans).
20 L’Occitanie au regard des autres régions métropolitaines : dynamisme, précarité et contrastes, Noémie Montcoudiol, Insee, Insee analyses Occitanie numéro 40 paru le 23/03/2017. 21 Les taux de chômage localisés par département s’échelonnent de 6.2% pour le département de la Lozère à 14.9% dans les Pyrénées Orientales. Rapport complet disponible sur le site de la Direccte Occitanie, http://occitanie.direccte.gouv.fr/, publié le 3 janvier 2018, 8 pages. 22 Pour plus d’information, se référer aux annexes. 23 DDCS : direction départementale de la cohésion sociale. DDPP : direction départementale de la protection des populations. Ces deux organismes peuvent ne former qu’une seule direction départementale (DDCSPP) dans certains départements.
13
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
1.4.2. Actions régionales menées dans la lutte contre la précarité alimentaire
Dans le cadre du programme national et régional pour l’alimentation, les travaux de la DRAAF Occitanie
pour l’alimentation s’articulent autour de six axes :
Dans ce cadre a lieu tous les ans le Comité régional de l’alimentation (CORALIM) qui réunit près de 200
personnes : services de l’Etat, collectivités territoriales, Chambres d’agriculture, fédérations
représentatives de la production agricole, de la transformation et du commerce alimentaire,
établissements d’enseignement agricole, associations œuvrant dans le domaine de l’éducation, de
l’aide alimentaire, associations de consommateurs, de parents d’élèves et des centres de recherche.
Des ateliers de réflexion sont organisés autour des six axes du PRA.
Dans le cadre de l’appel à projet national annuel du PNA, la DRAAF opère une pré-sélection régionale
des candidatures, en partenariat avec l’ADEME et la DRJSCS. Cet appel à projet étant en partie financé
par l’ADEME et le Ministère des solidarités et de la santé, l’appel à projet PNA encourage des projets
comportant une composante sociale ou environnementale importante. Les projets non sélectionnés
au niveau national peuvent cependant bénéficier d’un financement régional via la DRAAF.
La DRAAF et l’Agence régionale de santé (ARS) pilotent également un appel à projet régional autour
de la thématique « Alimentation, activité physique, précarité ». En 2017, la mobilisation a été
importante avec 43 projets déposés sur les thèmes de la lutte contre les inégalités sociales de santé
axée sur la prévention du surpoids et de l’obésité, l’amélioration de l’offre alimentaire et de
l’accessibilité à une alimentation variée. En 2017, 24 projets ont été lauréats de cet appel à projets
pour un financement total de 106 000 €. En 2016, 30 initiatives avaient été retenues pour un montant
total de 128 700€.
En 2016, face au développement important des pratiques de dons et de ramasses auprès des grandes
et moyennes surfaces (GMS) par les associations caritatives, la DRAAF et la DDPP de l’Hérault ont édité
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
une plaquette régionale24 rappelant les règles et principes de bases pour l’habilitation des structures
d’aide alimentaire ainsi que les rappels en matière d’hygiène des denrées.
Le fonds de développement de la vie associative (FDVA), porté par la DRJSCS, permet une aide aux
associations souhaitant mettre en place des formations auprès de leurs bénévoles via une subvention
sur le projet. Ces formations peuvent concerner les bénévoles de la structure mais sont ouvertes aux
bénévoles d’autres associations souhaitant y participer. De plus amples informations sur ce fonds sont
disponibles sur le site internet de la DRJSCS Occitanie et à l’adresse http://occitanie.drjscs.gouv.fr/-
090-Soutenir-la-vie-associative-.html.
24 Associations caritatives, épiceries sociales : recevoir des dons, récolter des marchandises et redistribuer en toute sécurité l’aide alimentaire aux personnes les plus démunies. Plaquette de rappel réglementaire téléchargeable sur le site de la DRAAF Occitanie à l’adresse http://draaf.occitanie.agriculture.gouv.fr/Associations-caritatives-rappels
15
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
2. Méthodologie d’étude
2.1. Historique de l’étude
Un panorama similaire a été réalisé par la DRAAF en 201125, en partenariat avec l’INRA et l’Ireps26.
Cependant, celui-ci doit être actualisé du fait des modifications réglementaires qui ont été opérées
depuis cette date (système d’habilitation notamment, création du CNES, etc.). Par ailleurs, celui-ci n’a
concerné que l’ex-région Languedoc Roussillon ; aucune étude équivalente n’avait été menée en ex-
région Midi Pyrénées. La création de la région Occitanie en 2016 a implicitement imposé la mise en
place d’états des lieux régionaux pour les différentes thématiques alimentaires gérées par la DRAAF,
du fait de la superficie importante de la région qui compte maintenant 13 départements, mais aussi
par la diversité des territoires qui la composent.
En 2011, l’étude avait porté sur 256 points de distribution de l’aide alimentaire de tout type : associatif
(associations locale ou nationale), centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), mission
locale insertion (MLI), CCAS et CIAS. Les structures ayant répondu à l’enquête étaient pour la grande
majorité située sur la côte littorale, territoire le plus peuplé de l’ex-région Languedoc Roussillon. Le
croisement des informations obtenues avec des indicateurs de précarité confirmait la logique de cette
localisation. La couverture territoriale montrait des manques importants de dispositifs d’aide
alimentaire dans certaines zones, notamment dans la partie ouest des Pyrénées Orientales (Cerdagne
et côte Vermeille), le nord-ouest de l’Hérault (hauts Cantons et région de Ganges) et le sud de la Lozère.
2.2. Etude 2017
L’étude concerne l’ensemble des structures distribuant de l’aide alimentaire en Occitanie. Elle avait
pour but de dresser un panorama global de l’activité, en mettant en lumière les points forts mais aussi
les difficultés et besoins présents.
Elle s’interroge sur des aspects divers de l’aide alimentaire : couverture géographique, modalités de
distribution et d’approvisionnement, conditions d’accès à cette aide par les demandeurs, dispositifs
d’accompagnement portés par ces structures, moyens humains et matériels impliqués, éventuelles
synergies et initiatives présentes dans la région, etc.
Cette analyse n’est pas tournée uniquement vers la distribution de l’aide mais a pour objectif une
étude globale du système de fonctionnement de l’aide alimentaire, depuis la production de denrées
et l’approvisionnement des structures, les chantiers de réinsertion qu’elle permet, à la distribution
dans toutes ses formes, en analysant les points forts et difficultés rencontrées.
Des structures comme les Banques alimentaires ne proposant pas de distribution directe de denrées
n’ont pas participé au questionnaire d’enquête. C’est le cas également de structures comme l’ANDES
25 Panorama des structures d’aide alimentaire en Languedoc-Roussillon, K. Pamard, B. Ledesert, I. Ruiz, H. Boulahtouf et C. Casu, juin 2011. 26 INRA : Institut national pour la recherche agronomique. Ireps : Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé.
16
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
ou REVIVRE Pays d’Oc. Leur connaissance de la problématique a cependant été prise en compte à
travers les entretiens qui ont été menés.
Ce projet s’appuie sur une approche quantitative et une approche qualitative.
2.2.1. Objectifs de l’état des lieux
1. Recenser les acteurs de l’aide alimentaire sur l’ensemble de la région afin d’obtenir une vision
cartographiée de la répartition géographique des structures d’aide. L’analyse, bien que
régionale, s’est également menée à l’échelle départementale. En effet, la diversité des
territoires a conduit à des études départementales plus enclines à révéler les besoins et
manques au niveau des bassins de vie.
2. Avoir une vision globale des modalités de fonctionnement de l’aide alimentaire (dans sa
distribution et les produits qu’elle distribue, son approvisionnement en denrées, etc.), des
profils concernés et des accompagnements sociaux qu’elle porte.
3. Identifier les projets remarquables par leur caractère innovant et exemplaire, afin de mettre
en avant leur mode de fonctionnement pour qu’ils puissent éventuellement servir d’appui à
d’autres associations.
4. Mettre à disposition de tous des outils comme des cartographies, annuaires, rapport régional
et monographies départementales… permettant une meilleure communication entre
structures, un partage d’information et la mise en place de mutualisation de moyens voire de
synergies positives.
5. Apporter à la DRAAF et la DRJSCS des pistes de travail dans l’accompagnement des acteurs
régionaux quant à la couverture des territoires ou les actions sont peu ou pas présentes, mise
en place de formations adaptées en fonction des demandes, etc.
6. Apporter une réflexion sur le lien entre agriculteurs et aide alimentaire.
7. Expliciter et renforcer les liens entre les différents maillons de la chaîne de l’aide alimentaire.
2.2.2. Etude quantitative
Recensement des structures
Un premier recensement des structures a été réalisé grâce aux données d’habilitations régionale et
nationale. Pour les associations nationales, à l’exception d’une, les données transmises ne contenaient
que les sièges sociaux des associations, et non les points de distribution. Les sièges départementaux
des associations ont donc été contactés afin de transmettre la liste de leurs centres de distribution
alimentaires. Ces données ont été croisées avec les données des Banques alimentaires et de l’ANDES.
Les CCAS et CIAS ne nécessitant pas l’habilitation pour distribuer de l’aide alimentaire, il n’existait pas
de fichiers contenant ces informations. Il a donc été nécessaire de contacter les UDCCAS27. Dans les
départements où l’information n’était pas présente, les informations ont été obtenues grâce aux
données des Banques alimentaires et via des prises de contact directes avec les CCAS ou CIAS des
chefs-lieux de département.
27 UDCCAS : Union départementale des CCAS. En Occitanie, il en existe 5 sur les 13 départements que compte la région : le Gard, la Haute-Garonne, le Gers, l’Hérault et les Hautes-Pyrénées.
17
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Enquête par questionnaire
Des questionnaires destinés aux structures associatives ont été envoyés aux 173 associations habilitées
régionalement en région Occitanie. Le questionnaire a également été transmis aux sièges
départementaux des réseaux nationaux et pour certaines associations habilitées nationalement,
directement à leurs centres de distribution. Il a été transmis à l’ensemble du réseau ANDES (épiceries
solidaires) et du réseau Cocagne (Jardins d’insertion). Les questionnaires destinés aux associations
d’aide alimentaire ont été transmis par courrier électronique. Les sièges sociaux associatifs
départementaux étant chargés de transmettre le questionnaire à l’ensemble de leurs points de
distribution, 702 points de distribution ont été ciblés.
Des questionnaires spécifiques aux CCAS et CIAS ont également été rédigés afin de mieux cerner
l’activité d’aide alimentaire par ces structures. Dans le cas des départements du Gard, de la Haute-
Garonne, du Gers, de l’Hérault et des Hautes Pyrénées, ceux-ci ont été transmis par l’intermédiaire de
leur UDCCAS. Pour les autres départements, les listes nous ont été transmises par les Banques
alimentaires, lesquelles n’avaient parfois pas de contacts CCAS dans certains départements (Ariège et
Tarn-et-Garonne notamment). Enfin, les CCAS des chefs-lieux de départements ont été contactés. Le
nombre total de questionnaires transmis n’a cependant pas pu être quantifié dans la mesure où les
UDCCAS se sont souvent eux-mêmes chargés de le transmettre aux membres de leurs unions sans nous
donner la liste complète des communes concernées.
Deux relances par mail et une relance téléphonique ont été réalisés, deux semaines après chaque date
limite de retour de questionnaire.
Indicateurs choisis
Dans la réalisation de la cartographie, le choix a été fait de réaliser un recensement couplé à une
analyse du niveau de vie des populations. Pour cela, un découpage du territoire en bassins de vie a été
réalisé selon les critères de l’Insee. L’indicateur choisi pour caractériser le niveau de vie des populations
est le taux de pauvreté à 60%, indicateur le plus utilisé sur l’ensemble de l’Union Européenne.
2.2.3. Etude qualitative
Les entretiens ont été réalisés en face à face ou par téléphone. Ils peuvent être séparés en trois
catégories.
Dans un premier temps, des entretiens de cadrage auprès des têtes de réseau et des Banques
alimentaires ont été menés. Ceux-ci avaient pour objectifs l’obtention d’une vision globale du
fonctionnement de l’aide alimentaire dans le département dans lequel ils se trouvent : éventuelles
zones non couvertes, manques et besoins liés aux caractéristiques de la région, modalités de
fonctionnement propres à l’association, etc.
Dans l’objectif de mieux cerner les différentes problématiques auxquelles peuvent faire face les
associations, des entretiens visant à approfondir le fonctionnement de certaines structures ont
également été réalisés avec des CHRS, épiceries solidaires, structure d’insertion via
l’approvisionnement en denrées alimentaire, CIVAM, structure d’insertion par le maraîchage en
production biologique, etc. Des entretiens avec des acteurs publics ont également été réalisés.
18
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Enfin, des entretiens avec certains porteurs d’initiatives ont été réalisés. Ceux-ci ont permis une
analyse approfondie de ces expériences exemplaires et novatrices.
2.2.4. Limites méthodologiques et difficultés rencontrées
Une première limite a été rencontrée lors du recensement des structures distribuant de l’aide
alimentaire. En effet, si un nombre conséquent d’entre elles portent l’habilitation, il reste néanmoins
certain que nombre d’entre elles ne la possèdent pas. Les initiatives ponctuelles, les personnes
réalisant des maraudes, etc. ne fonctionnant que sur leurs ressources propres et ne nécessitant pas
d’aides publiques ou de denrées des Banques alimentaires ou des GMS ne sont pas soumises au régime
d’habilitation et il n’est donc pas possible de les comptabiliser.
D’autre part, il a été difficile d’établir une liste de CCAS et CIAS distribuant de l’aide alimentaire qui,
par leur statut public, ne requièrent pas l’habilitation. Dans les départements où il n’existe pas d’union
ou de réseau entre les CCAS et prenant en compte les délais imposés par l’étude, l’information n’a
parfois pas pu être obtenue.
De même, il a parfois été difficile d’obtenir la liste complète des points de distribution locaux des
associations d’aide alimentaire habilitées nationalement.
La diversité des territoires de la région mène à une diversité importante de fonctionnement, de
modalités de distribution, de problématiques, de manques et de freins qui n’ont parfois pas pu être
pris en compte dans leur globalité. La mobilité des personnes pour se déplacer vers les points de
distribution est une donnée essentielle au vu des diversités géographiques marquées entre les
territoires. Le réseau de transports en commun mais aussi les systèmes d’organisation entre les
personnes bénéficiaires sont des informations fondamentales pour mieux comprendre la mobilité.
Cependant, leurs études demandent une analyse au niveau local qui nécessitent un temps important
au vu de la superficie de la région Occitanie. Cette donnée n’a donc pas pu être prise en compte.
Dans la mesure où les associations ne possèdent pas certaines données chiffrées (part des produits
frais dans le stock, répartition des profils des bénéficiaires, etc.) et par nécessité d’alléger les
questionnaires souvent remplis par des bénévoles très sollicités, le choix a été fait de nous baser
davantage sur le ressenti des associations et non sur des données chiffrées précises. Les résultats
présentés ici reposent donc sur du déclaratif de la part des associations et correspondent à une
perception de l’aide alimentaire.
La DRAAF et les associations d’aide alimentaire sont conscientes du fait que des familles se fournissent
auprès de plusieurs associations. Cependant, du fait de l’anonymat des données, le phénomène n’a
pas pu être quantifié et n’est donc pas pris en compte dans ce diagnostic.
Les chiffres énoncés dans ce rapport sont amenés à être actualisés et modifiés du fait de la perpétuelle
création et disparition des associations et points de distribution. Les listes fournies aujourd’hui ne
peuvent pas être exhaustives.
19
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
3. Présentation des résultats de l’enquête au niveau régional
3.1. Résultats quantitatifs issus du questionnaire d’enquête
286 questionnaires ont été transmis par courrier électronique aux associations distribuant directement
de l’aide alimentaire auprès des personnes en situation de précarité. Ces questionnaires d’enquête
visaient les associations habilitées au niveau régional et celles habilitées au niveau national. Des
questionnaires ont donc été transmis aux sièges associatifs départementaux des structures ayant une
couverture nationale pour l’aide alimentaire, qui ont été chargés de les redistribuer à leurs centres de
distribution afin qu’ils soient renseignés localement et non pour l’ensemble du département. Au total,
702 points de distribution étaient donc visés lors de l’envoi, sur l’ensemble de la région. 192
questionnaires nous ont été retournés, qui concernaient 400 points de distribution dans la mesure où
les sièges départementaux ont parfois rempli un unique questionnaire pour l’ensemble de leurs points
de distribution locaux, dans le cas où ceux-ci possédaient les mêmes modalités de fonctionnement et
de distribution.
Tableau 2 - Taux de réponse au questionnaire d'enquête
Taux de réponse des structures habilitées régionalement 83.5 %
Taux de réponse des structures habilitées au niveau national 46 %
Taux de réponse général en termes de nombre de questionnaires retournés 67.1 %
Taux de réponse général en termes de points de distribution de l’aide alimentaire 57 %
Les structures ayant répondu pour plusieurs points de distribution ont été analysées comme un seul
point de distribution dans notre analyse statistique. Elles ont cependant fait l’objet d’une analyse
particulière relative aux questions posées. Les résultats présentés ici sont des indicateurs de tendance
sur l’aide alimentaire. Ils sont le reflet d’une réalité de terrain. Il est important de garder à l’esprit que
la majorité des résultats présentés dans ce rapport correspondent à des réponses données par les
associations habilitées régionalement, et dont le fonctionnement est parfois différent de celui des
associations nationales qui couvrent l’ensemble de la région.
Au total, 723 points de distributions alimentaires, hors CCAS et CIAS, ont été recensés sur l’ensemble
de la région. La cartographie régionale (disponible à la page 20) permet d’étudier leur répartition. Une
cartographie plus fine réalisée à l’échelle départementale est également disponible en annexe.
Source : DRAAF Occitanie, 2017
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Le questionnaire d’enquête s’est articulé selon différentes thématiques :
• Données générales sur le fonctionnement des structures,
• Profils des personnes accueillies,
• Pratiques de distribution de l’aide alimentaire,
• Modalités d’accès à l’aide alimentaire,
• Modalités et types d’accompagnement des personnes accueillies par les structures
distribuant de l’aide alimentaire,
• Approvisionnement en denrées et partenariats.
3.1.1. Données générales sur les structures et leur fonctionnement
L’aide alimentaire n’est pas vu comme seul levier d’action dans la lutte contre la précarité.
La majorité des répondants (45%) déclarent considérer l’aide alimentaire comme une des activités de
l’association au même rang d’importance que les autres activités menées. L’aide alimentaire est
souvent perçue comme une porte d’entrée vers d’autres voies d’aide et d’accompagnement de par la
nécessité biologique de se nourrir. Elle est ensuite adaptée et intégrée dans de multiples
accompagnements sociaux et professionnels visant une réinsertion des personnes en difficulté.
Seuls un quart des associations déclarent percevoir leur activité d’aide alimentaire comme une activité
annexe ou complémentaire : ce sont souvent des centres d’hébergement dont la priorité est l’accueil
des personnes, l’accès à un endroit sûr pour dormir ainsi qu’à des sanitaires et douches.
Entre les départements, les résultats varient : à titre d’exemple, dans l’Aude, la moitié des structures
répondantes déclarent l’aide alimentaire comme leur seule activité ou l’activité principale, tandis que
dans le Gers, 46% des structures présentent l’aide alimentaire comme une action annexe ou
complémentaire, mais non privilégiée. En Ariège et dans le Gers, aucune structure n’a déclaré
considérer son action d’aide alimentaire comme une activité annexe.
Un budget dédié à l’aide alimentaire majoritairement stable ou en augmentation
Environ 60% des structures répondantes ont estimé que le budget qu’elles dédient à l’aide alimentaire
ne variera pas l’année suivante. En parallèle, 21.3% des structures déclarent quant à elles une
augmentation du budget de leur structure dédié à l’aide alimentaire pour faire face à l’importance du
nombre de personnes la nécessitant. 9% des structures pensent quant à elles diminuer le budget dédié
à l’aide alimentaire au profit d’autres accompagnements sociaux comme l’accès au logement.
Votre seule activité ou votre activité principale
30%
L'une de vos activité, parmi d'autres
Une activité annexe ou complémentaire
25%
Graphique 1 : Vision de l'action aide alimentaire par les assoiations elles-mêmes
Source : DRAAF Occitanie, 2017
22
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Au niveau intrarégional, les départements dans lesquels la part des structures souhaitant augmenter
le budget relatif à l’aide alimentaire est la plus importante sont l’Ariège et le Gard.
Un nombre d’actifs variable au sein des associations
Pour l’étude du nombre de salariés dans les structures associatives, les résultats statistiques ne portent
que sur les structures ayant rempli le questionnaire pour un unique point de distribution. Les sièges
départementaux ayant répondu pour l’ensemble de leurs points de distribution ont donc été exclus.
Les résultats portent sur un total de 173 réponses.
Environ 40% des structures associatives fonctionnent uniquement grâce à des bénévoles. Les
structures de plus de 10 salariés sont majoritairement des jardins ou chantiers d’insertion, ou des
centres d’hébergement comme les CHRS.
La majorité des structures répondantes emploient des bénévoles : seules 19 structures nous ont
communiqué fonctionner sans. Parmi elles, toutes sont des structures d’hébergement et/ou d’accueil
de jour, à l’exception de deux épiceries sociales, un centre social et culturel, une association de
21,3 %
60,1 %
9,0 %
9,6 %
Graphique 2 : Un budget identique ou supérieur pour l'aide alimentaire pour plus de 80% des structures
Supérieur
Identique
Inférieur
Ne sait pas
Source : DRAAF Occitanie
Source : DRAAF Occitanie,
2017
39,9
20,2
16,8
23,1
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Graphique 3 : Un nombre important de structures ne reposent que sur du bénévolat (répartition en %)
Plus de 10 salariés
Entre 3 et 10 salariés
De 1 à 3
aucun
23
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
prévention et de lutte contre les addictions, et une UDAF (Union départementale des associations
familiales).
De même que pour les résultats relatifs au nombre de salariés dans les structures associatives, les
structures ayant répondu pour la somme de leurs antennes locales de distribution n’ont pas été prises
en compte.
Sur le graphique X, on peut ainsi lire que la majorité des structures distribuant de l’aide alimentaire
(35.6%) fonctionnent avec un effectif de bénévoles compris entre 11 et 29. Seulement 6 structures ont
déclaré fonctionner avec plus de 50 bénévoles au total, soit 3.4% des structures répondantes.
Là encore, les résultats à l’échelle départementale illustrent les disparités territoriales : en Ariège, dans
les Pyrénées Orientales et dans le Tarn, 30 à 33% des structures fonctionnent avec un nombre de
bénévoles compris entre 1 et 5.
Un rythme de distribution hebdomadaire majoritaire, en semaine.
Même si la grande majorité (60%) des structures répondantes déclare délivrer de l’aide alimentaire
une à plusieurs fois par semaine, il est toutefois important de noter que plus du quart des structures
interrogées le font quotidiennement.
10,9
14,9
22,4
35,6
12,6
3,4
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Graphique 4 : Près de la moitié des points de distribution fonctionnent avec moins de dix bénévoles
Plus de 50 bénévoles
De 30 à 50 bénévoles
De 11 à 29 bénévoles
De 6 à 10 bénévoles
Entre 1 et 5 bénévoles
0 bénévoles
Source : DRAAF Occitanie
24
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Rythme de distribution Répartition entre les
structures (%)
Quotidiennement 28,6
Une à plusieurs fois par semaine 60,9
Mensuellement 7,3
Ponctuellement 4,7
Bimestriellement ou plus 7,3
Les sièges nationaux ayant répondu pour la totalité de leurs points de distribution d’aide et ceux-ci
possédant parfois des modalités de fonctionnement différentes, la somme des pourcentages est
supérieure à 1. Il est également important de garder à l’esprit qu’une structure distribuant de l’aide
alimentaire peut le faire sous plusieurs formes et sous différentes modalités. Par exemple, une
association peut distribuer quotidiennement des collations et sandwichs, et distribuer en parallèle des
colis alimentaires de manière hebdomadaire. Ce fonctionnement l’aura donc amenée à cocher deux
cases dans notre questionnaire.
Les résultats varient à l’échelle départementale. En Ariège, la totalité des structures distribuent l’aide
alimentaire quotidiennement ou une à plusieurs fois par semaine. De même, en Haute-Garonne, 96%
des structures suivent les deux premiers rythmes de distribution. En parallèle, dans le Tarn-et-
Garonne, près de 43% des associations ont déclaré distribuer au moins une de leur pratique d’aide
alimentaire (paniers, repas…) de façon bimestrielle ou plus.
Le milieu rural reste peu couvert par l’aide alimentaire
Lors des entretiens qualitatifs, il a été relevé à de maintes reprises les besoins de couvertures des zones
rurales en matière d’aide alimentaire. On remarque que d’après les résultats obtenus, 43% des
associations déclarent avoir une activité dans le milieu rural.
Pour comprendre ce besoin de couverture de l’aide alimentaire en milieu rural, il est important de
souligner que 58% de la population d’Occitanie vit dans des communes allant de 200 à 10 000
habitants. Le Massif Central et les Pyrénées occupent à eux deux 54.8% de la superficie régionale et
concernent 20.8% des habitants.
Source : DRAAF Occitanie
Graphique 5 : Rythme de distribution de l'aide alimentaire par les structures interrogées
Quotidiennement
Une à plusieurs fois parsemaineMensuellement
Ponctuellement
Bimestriellement ou plus
Source : DRAAF Occitanie
25
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Au niveau régional, 70% des associations déclarent avoir une action dans le secteur urbain28. Cette
information est à mettre en regard des données démographiques occitanes : les 43 grandes et
moyennes aires urbaines que compte la région regroupent plus de 4 millions d’habitants, soit 74% de
la population. Les associations ont donc souvent une action en milieu urbain ou péri-urbain (35% des
répondants) couplée à une action en milieu rural (système itinérant ou de livraison par exemple).
Les disparités entre territoires sont marquées : bien que certains départements obtiennent des
résultats très homogènes entre les zones rurales et urbaines, il en est d’autres où l’écart entre la part
des associations agissant en milieu rural et celle des associations agissant en milieu urbain est creusée.
C’est le cas notamment de la Haute-Garonne et de l’Hérault. En parallèle dans le Gers, une part plus
importante d’associations déclare avoir une action dans les zones rurales que dans les zones urbaines
ou péri-urbaines. Ces résultats sont bien évidemment à mettre en regard des caractéristiques
démographiques des départements et doivent être analysés à l’échelle des territoires.
Pour cela, les monographies départementales et les cartographies issues du recensement présentes
dans les annexes de ce rapport permettent de mettre en valeur la couverture géographique de l’aide
alimentaire ainsi que les manques en termes d’accès physiques à l’alimentation dans les zones rurale.
De la même manière, les structures ont été interrogées sur leur échelle d’action pour l’aide
alimentaire. Les structures pouvaient ainsi indiquer si les personnes accueillies dans leurs murs et
venant chercher de l’aide alimentaire venaient uniquement du quartier, de l’ensemble de la commune,
des communes proches ou de l’ensemble du département.
Les résultats ont été comptabilisés de la manière suivante : il a été admis qu’une association déclarant
recevoir des personnes sur l’ensemble de sa commune recevait aussi des personnes provenant du
quartier. De même, une association recevant des personnes provenant des communes proches reçoit
également des bénéficiaires venant de l’ensemble de la commune dans laquelle elle se trouve, et donc
du quartier dans lequel elle est implantée.
28 Source : Conseil régional Occitanie, Pyrénées Méditerranée.
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Rural
Périurbain
Urbain
Répartition du secteur d'action des associations (%)
Graphique 6 : Les territoires ruraux, moins couverts par l'aide alimentaire
Source : DRAAF Occitanie
26
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Les résultats montrent ainsi que 30.4% des structures ont une action à l’échelle départementale, ce
qui signifie qu’elles accueillent des personnes venant de l’ensemble du département pour recevoir de
l’aide alimentaire et d’autres types d’accompagnement (hébergement d’urgence notamment) au sein
de leurs locaux. 37% des structures déclarent quant à elles recevoir des personnes venant de leur
quartier, commune, et des communes proches. 95% des structures interrogées ont une action
minimum sur l’ensemble de leur commune ; seules 5% n’agissent qu’à l’échelle du quartier dans lequel
elles se trouvent.
3.1.2. Étude des profils des personnes accueillies en Occitanie
L’étude porte sur deux piliers d’analyse des personnes accueillies : les profils majoritaires des
personnes au regard de leur situation professionnelle ou de ressources et les profils majoritaires des
personnes accueillies au regard de leur situation familiale.
La quasi-totalité des structures accueille des personnes vivant par les minimas sociaux. Les personnes
exclues, sans domicile fixe et/ou sans aucune ressource forment également une part importante des
personnes accueillies. Il est à noter, bien que cela ne soit pas spécifié dans les réponses, qu’un nombre
important de structures a spécifié accueillir des personnes migrantes, en attente d'ouverture de droits
(14 structures). Ce résultat ne peut cependant pas être pris en compte en termes quantitatifs
(certaines structures en accueillant ne l'ont peut-être pas spécifié dans la case "autre") mais il dénote
cependant de l'importance de l'accueil d'une population étrangère au sein des associations en
Occitanie, région particulièrement concernée par l’accueil de réfugiés.
Est également à noter le nombre important de structures déclarant accueillir des personnes retraitées
(plus de 60% d’entre elles), conséquence des faibles revenus au niveau régional (données Insee en
annexe). Il est essentiel de mettre en place des structures d’accueil adaptées à ces personnes dont les
dépenses de santé sont souvent importantes et qui peuvent également rencontrer les difficultés dans
la mobilité et l’accès à l’aide. Les résultats sont variables à l’échelle des départements. Ainsi, dans le
Gard, 83% des associations ont déclaré recevoir des personnes retraitées parmi les profils majoritaires
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
5,0
27,6
37,0
30,4
Graphique 7 : Répartition des strutures en fonction de leur périmètre d'action (%)
quartier commune communes proches département
Source : DRAAF Occitanie
27
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
des bénéficiaires. Dans l’Aude, 55% des structures déclarent quant à elles recevoir des étudiants et
jeunes de moins de 25 ans parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Le graphique se lit : « Parmi les structures répondantes, 89.4% ont déclaré que le profil « personnes
bénéficiaires des minimas sociaux » était majoritaire parmi les personnes accueillies. 30.2% ont déclaré
recevoir des régulièrement et en nombre important des étudiants et jeunes de moins de 25 ans. »
Si l’on s’intéresse à la catégorie des travailleurs à bas revenus, ceux-ci peuvent être répartis selon
différentes modalités de contrats. La catégorie des travailleurs à bas revenus est de plus en plus
présente dans les associations distribuant de l’aide alimentaire. Une partie importante des associations
nous a spécifié dans les entretiens accueillir de plus en plus de personnes vivant d’emplois précaires
et dont les revenus ne sont pas suffisants pour subvenir aux besoins du foyer.
Au niveau de la situation familiale, les catégories les plus majoritairement accueillies dans les points
de distribution de l’aide alimentaire sont les personnes isolées ainsi que les foyers monoparentaux
(pour une grande partie des femmes jeunes avec un ou plusieurs enfants). Les couples avec plusieurs
enfants forment également une catégorie importante de personnes nécessitant un recours à l’aide
alimentaire.
89,4
66,7
62,4
55,6
51,9
30,2
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Bénéficiaires des minimas sociaux
Grands exclus, SDF, personnes sans aucune ressource
Retraités
Demandeurs d'emploi indemnisés
Travailleurs salariés à bas revenus
Etudiants, jeunes de moins de 25 ans
Part des associations déclarant recevoir le profil comme faisant partie des profils majoritaires (%)
Graphique 8 : Des profils de bénéficiaires diversifié au regard des conditions de ressources
En CDI26%
En contrat aidé35%
En insertion39%
Graphique 9 : Répartition des types de contrats des travailleurs salariés à bas revenus nécessitant l'aide alimentaire
Source : DRAAF Occitanie
Source : DRAAF Occitanie
28
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
On relève également qu’une part importante des associations répondantes (38.7%) déclare accueillir
des jeunes de moins de 25 ans comme un des profils majoritaires parmi les bénéficiaires. Rappelons
que les jeunes de moins de 25 ans n’ayant jamais travaillé ne peuvent pas bénéficier du RSA. Les aides
pour l’emploi et l’insertion versées aux jeunes en situation précaire et n’ayant jamais travaillé sont
limitées dans le temps (2 ans maximum pour la garantie jeunes, 4 mois pour l’aide financière à la
recherche du premier emploi). Ces aides sont cumulables avec des celles consacrées au logement et à
la santé, ou encore pour les dispositifs d’alternance.
Le graphique se lit : « Parmi les structures répondantes, 88% ont déclaré que les adultes isolés faisaient
partie des profils majoritaires des personnes accueillies. Seules 3.1% déclarent recevoir un nombre
important et régulier de mineurs isolés. »
D’autres catégories ont été relevées dans les réponses au questionnaire : les retraités –que l’on
retrouve dans la catégorie « adultes isolés » ou encore dans le graphique présentant les profils des
bénéficiaires au regard de leurs ressources -, les femmes victimes de violence, ainsi que les personnes
handicapées –souvent accueillies en structures d’hébergement.
Ces résultats mettent en évidence des besoins spécifiques en matière d’alimentation : les profils
majoritairement accueillis sont des personnes possédant un logement fixe capable de cuisiner même
de façon précaire. Les paniers et colis semblent adaptés, mais il ne faut pas oublier que les personnes
exclues ou sans domicile fixe ne sont pas équipées : il est important de garder une distribution de repas
chauds la plus active possible. Enfin, l’importance des foyers monoparentaux et des couples avec
enfants dans les profils familiaux dénotent de l’importance d’adapter les contenus des paniers à une
consommation infantile.
88,0
70,7
61,3
36,6
38,7
3,1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Adultes isolés
Foyers monoparentaux
Couples avec enfants
Couples sans enfants
Jeunes de moins de 25 ans
Mineurs isolés
Part des structures déclarant accueillir le profil parmi les profils les plus accueillis (%)
Graphique 10 : Profils majoritaires des bénéficiaires au regard de leur situation familiale
29
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
3.1.3. Pratiques de distribution de l’aide alimentaire en Occitanie
Le graphique se lit : « Parmi les structures répondantes, 24.1% ont déclaré distribuer des repas chauds
servis sur place aux bénéficiaires ».
La quasi-totalité des structures interrogées distribue des denrées brutes aux bénéficiaires, sous formes
de paniers ou de colis alimentaires. Ce mode de distribution peut être le seul pratiqué mais il peut
aussi être couplé à la distribution de repas chauds et/ou de sandwichs ou collations. Près de 10 % des
structures distribuent des aides financières sous la forme de bons alimentaires, de tickets services, etc.
Seul un quart des structures interrogées distribuent des repas chauds et moins de 20% des sandwichs
et collations, alors que 66.7% des structures interrogées déclarent accueillir des personnes « grands
exclus, sans domicile fixe, sans aucune ressource » parmi leur public majoritaire.
Ce choix de la distribution de denrées brutes répond à différents facteurs : manque de temps, de main
d’œuvre et de matériel pour la confection de repas, volonté de distribuer des denrées que les
personnes peuvent utiliser pendant plusieurs jours, prise en compte du fait qu’une partie du public
accueilli possède du matériel leur permettant de cuisiner, etc.
Les repas chauds servis sur place soulignent la volonté des associations d’associer le repas au partage
et encouragent les bénéficiaires à rester sur le lieu de distribution, dans l’idée de reconstruire un lien
social entre les bénéficiaires eux-mêmes mais aussi entre les bénéficiaires et les bénévoles. Ces repas
chauds concernent notamment les personnes sans domicile fixe (vivant en foyers, dans la rue, en
hôtel…) ne possédant pas de matériel pour cuisiner les denrées distribuées dans les colis.
24,1
2,1
16,8
88,5
9,9
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Repas chauds servis sur place
Plateaux repas à emporter
Sandwichs/ collations
Denrées brutes à cuisiner
Aides financières
Part des structures mettant en place la pratique de distribution (%)
Graphique 11 : Les structures distribuent majoritairement des denrées brutes
Source : DRAAF Occitanie
30
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Les denrées brutes peuvent être distribuées aux bénéficiaires sous différentes modalités.
Le graphique se lit : « 50% des structures ont déclaré préparer les colis ou les paniers alimentaires en
amont de la distribution ».
Pour la moitié des associations, les colis ou paniers sont préparés en amont sans laisser de liberté aux
bénéficiaires sur leur contenu. Cela soulève une autre problématique parfois mise en avant lors des
entretiens ou dans des remarques laissées dans les questionnaires : le gaspillage alimentaire des
produits délivrés. En effet, certains produits sont souvent jetés par les bénéficiaires de l’aide, du fait
d’un régime alimentaire particulier ou un manque d’information quant à la façon de les cuisiner et
consommer. Les colis sont parfois donnés fermés aux personnes qui ne les ouvrent qu’une fois chez
eux. Les bénéficiaires ont parfois la possibilité de rendre les produits directement à l’association s’ils
ne conviennent pas afin d’éviter de les jeter. D’autres enfin mettent en place des systèmes de troc
entre eux à la sortie des points de distribution.
Le manque de temps et de bénévoles est le facteur prépondérant dans la possibilité ou non pour le
bénéficiaire de choisir ou d’orienter la composition de son colis. La délivrance de paniers est parfois
couplée avec un libre-service dont les modalités de gratuité ou non sont variables.
La question de la participation financière des bénéficiaires à l’aide alimentaire est également de plus
en plus abordée, non seulement du fait des valeurs et la façon de penser l’aide qu’elle prône, mais
aussi par l’obligation de gratuité dans la délivrance des produits du CNES.
0 10 20 30 40 50 60
Denrées choisies librement par le bénéficiaire
Denrées choisies par le bénéficiaire au sein de différentesfamilles de produits
Colis ou paniers préparés en amont
Colis composés par le bénéficiaire dans le cadre d'uneliste de denrées pré-établie
Répartition des modalités de distribution des denréesbrutes au sein des associations (%)
Graphique 12 : Les paniers et colis sont le principal mode de distribution des denrées brutes
Source : DRAAF Occitanie
31
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
La participation financière peut être de plusieurs formes : pourcentage du prix du repas (souvent très
faible), participation symbolique (souvent 1 euro ou 50 centimes), participation à l'année ou sur une
période donnée donnant accès à l'aide alimentaire, etc. Pour une partie des associations ayant
répondu "oui" à la question "une participation financière est-elle demandée au bénéficiaire ?", la
participation dépendait de la forme de l'aide alimentaire sollicitée. En effet, une association peut, par
exemple, décider de distribuer gratuitement des repas et demander en parallèle une participation
financière pour les personnes souhaitant bénéficier de colis alimentaires.
Enfin, la participation des personnes dépend parfois de la décision d'un travailleur social et par
conséquent, le choix d'une participation ou non n'est pas fait par l'association : certains bénéficiaires
doivent apporter une contribution financière pour accéder à l'aide alimentaire tandis que d'autres y
auront accès gratuitement. Par conséquent, ces résultats sont à prendre avec précaution : s'ils donnent
des valeurs indicatives concernant le fonctionnement de l'aide alimentaire, il reste certain qu'ils ne
représentent pas une réalité de terrain souvent bien plus complexe à modéliser.
3.1.4. Des modalités variables d’accès à l’aide alimentaire
Différentes modalités d’accès à l’aide alimentaire ont été posées, chacune répondant à une
interrogation souvent citée dans les entretiens : sur quels critères accueillir les personnes en situation
précaire ? Bien que ces personnes puissent se trouver dans une situation de précarité permanente
(perte d’un emploi depuis de nombreuses années, difficultés pour les parents de subvenir aux besoins
du foyer, etc.), d’autres peuvent rencontrer des difficultés passagères les mettant dans une situation
de précarité économique temporaire : perte de mobilité temporaire due à un accident, frais de
réparation d’une voiture ou achat d’équipement électroménager, etc. Dans ces cas plus spécifiques, il
est essentiel de réaliser des entretiens au cas par cas pour mieux comprendre ce qui a amené la
personne à venir chercher de l’aide alimentaire : à quoi les économies réalisées vont-elles lui servir ?
La personne a-t-elle un projet précis ? Est-il possible de l’orienter vers des services sociaux adaptés, la
guider dans les ateliers ou les différentes aides proposées ?
Pour répondre à ces questions, les associations font souvent le choix de passer par un travailleur social
(pour 45% d’entre elles). 55% des structures ne l’exigent cependant pas, préférant poser des critères
plus simples comme celui des ressources ou du lieu de résidence.
Il est cependant à noter que parmi les structures demandant une orientation par un travailleur social,
certaines ne le font que dans le cas d’un certain type de distribution de denrées (paniers, libre-service
59%
41%
Graphique 13 : La majrité des structures demandent une participation financière pour l'accès à l'aide alimentaire
Structures demandant une participation financière dans le cadre de leur activitéd'aide alimentaire (%)
Structures ne demandant pas de participation financière (%)Source : DRAAF Occitanie
32
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
et épiceries sociales et solidaires le plus souvent). Dans les cas de repas partagés, collations ou
sandwichs notamment, l’accès peut être libre.
Conditions d’accès à l’aide alimentaire : un nombre faible de structures proposant un accès libre
Les résultats obtenus montrent que 21.9% des structures répondantes offrent un accès libre et
universel pour au moins une de leurs modalités de distribution des denrées. Seules 12.8% des
structures offrent un accès libre et universel constant pour l’ensemble de leurs modalités de
distribution.
Les autres conditions d’accueil évoquées sont diverses : orientation via le 115 ou le CADA29, femmes
victimes de violence, projet de la personne, etc. Certaines associations conditionnent l’accès à l’aide
alimentaire aux ressources et au lieu de résidence : c’est le cas pour 18.2% d’entre elles. Il n’est
cependant pas précisé si ces conditions concernent une seule modalité de distribution ou si chaque
condition d’accès correspond à une modalité de distribution de l’aide.
L’accès à l’aide alimentaire est souvent limité dans le temps, en vue d’une réinsertion de la personne
dans la vie active sociale et professionnelle la plus rapide possible. La majorité des associations (59%)
limitent l’accès à l’aide dans le temps, le délai pouvant varier de 2- 3 mois à 2 ans. La moyenne d’accueil
des personnes est de 7 mois avant le réexamen de leur dossier. Il est à noter que l’accord pour l’accès
à l’aide alimentaire est souvent renouvelable (jusqu’à 2 fois maximum pour les structures interrogées).
3.1.5. Des accompagnements variés en vue d’une réinsertion sociale et professionnelle
Des ateliers individuels d’information et d’aide dans les démarches administratives
L’aide alimentaire est souvent perçue comme une porte d’accès vers un accompagnement plus
individuel et adapté. La réponse à un besoin physiologique primaire, se nourrir, permet aux
associations d’ouvrir un échange avec les personnes afin de les aider à résoudre la cause plus profonde
29 CADA : Centre d’accueil de demandeurs d’asile. Ils offrent aux demandeurs d’asile un lieu d’accueil pour toute la durée de l’étude de leur dossier de demande de statut de réfugiés. Cet accueil prévoit leur hébergement, un suivi administratif, un suivi social et une aide financière alimentaire.
12,8
29,9
47,1
7,52,7
Graphique 14 : Les ressources comme condition principale d'accès à l'aide alimentaire
accès libre et universel
Sur conditions de ressources dès la première demande
Libre dans le cadre d'un dépannage puis sur condition de ressources
Sur conditions du lieu de résidence uniquement et dès la première demande
Autres conditions
33
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
de leur situation : foyers endettés, perte d’un travail, absence de moyen de locomotion, mauvaise
gestion du budget...
Parmi les structures répondantes, 78% nous ont indiqué mettre en place un accompagnement
individuel des personnes. Parmi ces structures, 95% d’entre elles accordent un temps d’accueil et
d’écoute de la personne, en lui procurant des informations sur la structure et les dispositifs sociaux
qu’elle propose. Ce premier accompagnement « simple » ouvre vers d’autres ateliers individuels plus
précis comme le rétablissement de l’accès aux droits, les aides pour l’accès au logement, à l’emploi ou
encore des ateliers proposant un aide à la gestion du budget.
Le graphique se lit : « 62.4% des associations mettent en place un dispositif d’accompagnement
individuel d’aide à l’accès aux droits ».
La quasi-totalité des structures ne proposant pas d’accompagnement individuel dans leurs murs
orientent les bénéficiaires vers des SAO30.
Il est cependant à noter que parmi les structures proposant un accompagnement individuel, 26% ne
proposent que le module « Accueil, orientation, information ». Si on déduit ces structures, elles ne
sont alors plus que 53% à proposer un accompagnement individuel sur la durée.
L’Aude, la Haute-Garonne et l’Hérault sont les départements dans lesquels le nombre de structures
proposant des dispositifs d’accompagnement est le plus important, et où ces dispositifs sont les plus
variés et nombreux au sein d’une même association. Certains départements se démarquent par des
accompagnements particuliers. Ainsi, dans les Hautes-Pyrénées, 37.5% des structures proposent un
suivi médical des personnes. Dans le Tarn, 43% des structures proposent aux bénéficiaires un dispositif
de soutien à la parentalité.
30 SAO : services d’accueil et d’orientation, qui travaillent souvent en synergie avec les CHRS.
95,3
62,4
53,7
43,6
43,0
38,3
19,5
18,8
18,8
16,1
Accueil, écoute, information
Accès aux droits
Suivi global du bénéficiaire
Accès au logement
Accès à l'emploi
Aide à la gestion du budget
Soutien psychologique
Soutien à la parentalité
Aide juridique
Accompagnement médical
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Mise en place de l'accompagnement individuel par les structures interrogées (%)
Graphique 15 : Plus de la moitié des associations proposent un accompagnement individuel sur la durée
Source : DRAAF Occitanie
34
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Des sorties et des ateliers de cuisines pour retisser le lien social
Parmi les structures interrogées, 58.9% des structures proposent des ateliers collectifs aux personnes
accueillies.
Les ateliers les plus proposés par les structures et suivis par les bénéficiaires sont les ateliers de cuisine
(69% des structures en mettent en place) et ceux proposant des ateliers de loisirs et des sorties
culturelles (59.3%). Ces ateliers collectifs ont pour vocation à reconstruire un lien social souvent rompu
par l’isolement des personnes en situation de précarité. Des ateliers d’aide et d’information pour
l’accès aux dispositifs de santé sont également proposés par 35% des associations. En effet, les
dépenses de santé sont souvent les premières à être sacrifiées dans une situation de précarité, au
profit de celles concernant le logement, l’alimentation ou les transports.
Près d’un tiers des associations propose des cours de FLE31 aux personnes qu’elles accueillent. Cela
dénote le nombre important de personnes nécessitant un recours à l’aide alimentaire et ne maîtrisant
pas la langue française (migrants et réfugiés notamment).
Le Gard (67% des structures proposant un ou des atelier.s collectif.s), l’Hérault (56%) et le Tarn (61%)
sont les départements dans lesquels le nombre de structures proposant des ateliers collectifs est le
plus important, et dans lesquels les ateliers sont les plus variés et nombreux au sein d’une même
association.
Le graphique se lit : « 59.3% des associations répondantes déclarent mettre en œuvre des activités
collectives de loisirs et des sorties ».
Les ateliers collectifs et individuels sont souvent le résultat d’une réflexion concertée entre
bénéficiaires et structures associatives afin de répondre au mieux aux besoins et envies. 48.1% des
structures répondantes déclarent ainsi que les bénéficiaires ont été impliqués, même partiellement,
dans la définition de l’offre d’accompagnement et d’activités. La prise en compte de la position des
bénéficiaires entraîne non seulement la mise en place d’ateliers et d’entretiens individuels plus
31 FLE : Français langue étrangère.
69.0
59.3
35,4
32.7
31.0
27.4
27.4
230
21.2
14.2
12.4
cuisine
loisirs, sorties
santé
Langue
Bien-être
Sport
Jardinage
Informatique
Soutien scolaire
Emploi
Gestion budget
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Mise en place de cet accompagnement chez les structures interrogées (%)
Graphique 16 : Les ateliers cuisine et les loisirs sont les activités collectives les plus proposées par les associations
Source : DRAAF Occitanie
35
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
adaptés aux personnes accueillies, mais également plusieurs effets collatéraux. D’abord,
l’établissement d’un lien entre les bénévoles et les bénéficiaires, qui peuvent librement échanger avec
les bénévoles, permettant de se dégager même partiellement du cadre donneur-receveur, aidant-aidé.
Ensuite, la prise en compte de leur avis permet aux bénéficiaires de se sentir plus valorisés et écoutés,
et participe à la reconstruction d’une estime de soi souvent mise à mal par le sentiment d’assistanat
des personnes en situation précaire. Une implication même partielle des personnes est valorisante car
elle renforce le sentiment d’écoute et de tolérance au sein les lieux d’accueil et participe ainsi à la
reconstruction des liens sociaux.
Les freins pour la mise en place d’un dispositif d’accompagnement des bénéficiaires sont multiples.
Les trois premiers facteurs freinant le développement des dispositifs sociaux d’accompagnement
relevés par le questionnaire d’enquête sont le manque de ressources budgétaires (47.4% des
structures répondantes), un manque de temps (pour 42.8% des structures) et un manque de main
d’œuvre (41.4%). Certaines structures ont également relevé un « manque d’intérêt » de la part des
bénéficiaires (pour plus d’un quart des structures répondantes), notamment par les difficultés de leur
imposer des horaires et dates fixes.
Bien que présent régionalement, le manque de bénévoles pour la mise en place d’ateliers a
particulièrement été relevé par l’Ariège, l’Aude, l’Aveyron, l’Hérault et les Pyrénées Orientales dans
les questionnaires d’enquête.
Le graphique se lit : « 41% des structures déclarent comme frein principal le manque de main d’œuvre
pour la mise en place de dispositifs d’accompagnement ».
Le dernier frein relevé est celui du manque de formation des bénévoles qui se retrouvent en difficulté
dans l’animation d’un atelier, d’une sortie, d’un entretien individuel d’aide ou d’information… Parmi
les répondants, 30 associations nous ont fait part d’un besoin de formation de leurs bénévoles. 14
d’entre elles ont pu nous préciser la ou les formation(s) souhaitée(s), pour un total de 19 formations.
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Manque de formation des bénévoles
Manque de temps pour la mise en place d'une activité d'accompagnement
Désintérêt de la part des bénéficiaires
Manque de main d'œuvre pour la mise en place d'un accompagnement
Manque de ressources budgétaires pour la mise en place d'un accompagnement
Part des structures ayant souligné le frein (%)
Graphique 17 : Des freins variés à la mise en place de dispositifs sociaux d'accompagnement
Source : DRAAF Occitanie
36
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
20% des associations interrogées ont spécifié ne pas avoir de freins actuellement dans la mise en place
d’accompagnements individuels ou collectifs. Les autres freins dont ont souhaité faire part les
associations sont des locaux trop petits et/ou non adaptés à l’accueil du public, ainsi que la barrière de
la langue.
Le frein principal pour le développement des activités associatives reste la ressource financière.
Près des trois quarts des structures répondantes ont déclaré que les ressources financières étaient le
frein principal dans le développement de leurs activités. La seconde demande concerne les besoins
matériels liés à la logistique : camionnettes frigorifiques, camionnettes ou fourgons de transports,
réfrigérateurs et congélateurs en température négative mais aussi petit matériel de cuisine…
Le graphique se lit : « Parmi les associations répondantes, 72.9% ont déclaré que leurs ressources
financières étaient un frein majeur au développement des activités d’accompagnement des
personnes. »
Concernant les besoins matériels liés à la logistique et notamment les réfrigérateurs, il est possible de
se rapprocher de la Banque alimentaire de laquelle l’association dépend. Par les partenariats nationaux
existants avec des entreprises du surgelés, il est parfois possible qu’elle puisse fournir du matériel
frigorifique.
Graphique 18 : Besoins de formation de la part des associations
règles d'hygiène, respect de la chaîne du froid, sécurité (36,8 %)
formation en animation pour les bénévoles en charge d'ateliers, formations àl'accompagnement des personnes, à l'accueil et à l'écoute (26,3 %)
diététique, nutrition, alimentation (10,5 %)
connaissance des droits, procédures d'asile (21,1 %)
soutien psychologique aux personnes (5,3 %)
Source : DRAAF Occitanie
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Formations
Ressources financières
Besoins matériels liés à la logistique
Locaux plus adaptés
Part des associations ayant fait part du besoin de formation (%)
Graphique 19 : Un manque de ressources financières pour le développement des activités
Source : DRAAF Occitanie
37
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Deux autres besoins sont également ressortis du questionnaire :
- Le besoin des associations en bénévoles dont le nombre et l’engagement est en constante
baisse. Les associations peinent à renouveler leurs bénévoles.
- Le besoin de nouveaux locaux plus récents, plus grands et plus adaptés à l’accueil d’un public
et la mise en place d’ateliers (ateliers cuisine notamment), mais également plus accueillants
pour les bénéficiaires et les bénévoles.
Ces points sont développés plus amplement dans l’analyse qualitative des résultats d’entretiens.
L’aide alimentaire comme une voie d’entrée vers les autres secteurs d’accompagnement et d’insertion
Parmi les structures répondantes, près de 70% d’entre elles déclarent travailler avec les services
sociaux de leur Conseil départemental, qui agissent dans les différentes thématiques de la solidarité
(logement, emploi, insertion, familles, etc.). Un travail important se fait également en partenariat avec
les mairies et les CCAS de leur commune, qui peuvent subventionner et/ou soutenir la logistique et la
gestion des associations. Les travailleurs sociaux des CCAS travaillent souvent en complémentarité
avec les associations d’aide alimentaire de leur commune ou intercommunalité.
Les structures déclarent également à près de 60% travailler avec d’autres associations d’aide
alimentaire, Banque alimentaire comprise.
CPAM : Caisse primaire d’assurance maladie
SIAO : Services intégrés de l’accueil et de l’orientation
CAF : Caisse des allocations familiales
Le graphique se lit : « Environ 66% des structures répondantes travaillent en collaboration avec la
mairie ou le CCAS de leur commune pour la thématique de l’aide alimentaire ».
3.1.6. Offre alimentaire et approvisionnement en denrées et produits particuliers
La majorité des structures répondantes déclarent se fournir via les Banques alimentaires, dans la
mesure où les structures habilitées au niveau régional constituent une part importante des structures
0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0
Mairies, CCAS
Services sociaux du Conseil départemental
Associations d'aide alimentaire
Autres associations caritatives (hors aide alimentaire)
CAF
SIAO
CPAM et centres relatifs à la santé
Centres d’hébergement
Point d’accès aux droits, Maison de la justice et du droit
Bailleurs sociaux et points d'aide à l'accès au logement
Structures pour la formation et l'insertion professionnelle
Part des structures ayant déclaré travailler avec le partenaire (%)
Graphique 20 : Un nombre important de partenaires pour les associations distribuant de l'aide alimentaire
Source : DRAAF Occitanie
38
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
répondantes. Cela explique également le taux plutôt faible de structures déclarant réaliser des
ramasses auprès des GMS ; les structures régionales préfèrent passer directement par les denrées
collectées par les Banques alimentaires pour plusieurs raisons pratiques : les structures n’ont pas à
aller démarcher les entreprises, ne réalisent pas le document Cerfa de défiscalisation des dons (évitant
ainsi de démarches administratives), n’ont pas à réaliser le tri très chronophage des denrées reçues ni
à financer la destruction des biodéchets ne pouvant pas être distribués aux personnes, etc.
Les Banques Alimentaires jouent donc un rôle essentiel puisqu’elles assurent à près de 80% des
associations un apport en denrées en agissant sur les plans logistique et administratif. Il est cependant
à noter que près d’un tiers des associations se fournissent via des partenariats avec des structures
locales, et notamment des supérettes et petits commerces de proximité (boulangeries, traiteurs…)
pour lesquels une convention de dons avec les Banques alimentaires n’est pas envisageable du fait des
faibles quantités de produits. Cette catégorie concerne également les producteurs agricoles.
Plus de la moitié des structures interrogées réalisent des achats dans des grandes surfaces, des
structures discounts ou via des plateformes solidaires. Ces achats concernent principalement les
produits frais comme la viande et le poisson mais également des produits d’entretien et d’hygiène, ou
encore des produits pour nourrissons. En effet, si les structures habilitées au niveau national mettent
souvent en place des journées de collectes dans les GMS pour obtenir ces produits non-alimentaires
(mais pourtant essentiels), ce n’est pas le cas des associations habilitées au niveau régional et qui font
pourtant elles aussi face à une demande importante de ces produits de la part de leurs bénéficiaires.
Tableau 3 : Sources d'approvisionnement des associations d'aide alimentaire (en %)
Banque alimentaire
Réseau national
bénéficiant du FEAD
Partenaires locaux (producteurs,
petites surfaces, épiceries, IAA32)
Production propre
(jardins, etc.) Achats
Dons, collectes, ramasses
auprès des GMS
79,1 28,9 32,1 8,0 51,3 36,4
32 IAA : Industries agro-alimentaires.
Source : DRAAF Occitanie
39
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Une part importante de produits frais dans le stock des associations
Plusieurs catégories de denrées peuvent être classées en tant que produits frais : les laitages, les
produits carnés, les poissons, les œufs et les fruits et légumes, etc. Il n’a pas été possible de préciser
de quelles catégories est majoritairement constituée la classe des « produits frais ». La majorité des
associations s’accordent à dire que leur stock de produits frais et notamment de produits laitiers s’est
amélioré depuis la mise en application de la loi dite « Loi Garot » de lutte contre le gaspillage
alimentaire, qui encadre le don des GMS aux associations caritatives.
Cependant, de nombreux manques en fruits et légumes ont été relevés par les Banques Alimentaires,
tout comme pour les viandes et poissons. On peut donc supposer que les produits frais pris en compte
par les associations sont majoritairement des produits laitiers. 52% d’entre elles déclarent que les
produits frais forment une part importante des produits qu’elles proposent.
Sur la thématique des produits frais, les inégalités entre départements sont marquées. Dans le Gard,
82% des associations considèrent leur stock de produits frais comme dominant ou important. A
contrario, on observe des difficultés dans l’approvisionnement en produits frais pour l’Aveyron (37.5%
des associations considérant leur stock de produits frais comme marginale par rapport au stock total
de produits proposés), la Lozère et le Tarn. On peut souligner deux remarques :
- Dans les Pyrénées Orientales, la part des associations décrivant leur stock des produits frais
comme important ou dominant est en dessous de la moyenne régionale (63%). Pourtant, la
zone de Perpignan est marquée par l’importance du marché et du pôle économique Saint
Charles, premier centre de commercialisation, transport et logistique de fruits et légumes en
Europe. Avec la présence de la Cistella de Marianne et de la Banque alimentaire du 66, le
département ne manque ni d’approvisionnement, ni de moyens logistiques pour bénéficier de
produits frais. La Banque alimentaire distribue une quantité de produits frais supérieure aux
recommandations nutritionnelles nationales, en collaboration avec la Cistella de Marianne. La
vision des produits frais est donc subjective : si les associations ne déclarent pas de manque
en fruits et légumes, elles peuvent cependant ressentir un manque au niveau des produits
carnés ou laitiers.
- Les résultats des Hautes-Pyrénées sont supérieurs à la moyenne régionale pour les structures
estimant leur stock de produits frais important et dominant, alors que la Banque alimentaire
du 65 nous a fait part de ses grandes difficultés à se fournir en fruits et légumes. Là encore, la
vision des associations quant à la distribution de produits frais est subjective et dépend du
ressenti des associations face aux besoins des bénéficiaires.
10.8 %
52.4 %
23.8 %
34.1 %
Graphique 21 : Perception de la part des produits frais dans le stock de denrées proposées
Dominante
Importante
Secondaire
Marginale
Source : DRAAF Occitanie
40
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Produits d’hygiène et produits pour nourrissons
Près d’un tiers des structures ne proposent que des produits alimentaires. 67.6% des structures
interrogées, soit la quasi-totalité des structures proposant des produits non-alimentaires, proposent
des produits d’hygiène. 43% des structures proposent des produits pour nourrissons. Ce résultat est à
mettre en regard de ceux obtenus dans l’étude des profils familiaux des personnes bénéficiaires de
l’aide alimentaire :
- 70.7% des structures déclarent accueillir des foyers monoparentaux,
- 61.3% des structures déclarent accueillir des couples avec enfants.
La demande en produits d’hygiène et pour nourrissons est souvent très forte du fait des prix élevés de
ces produits dans le commerce. Parmi les associations distribuant ces produits, nombreuses sont celles
déclarant ne pas réussir à les avoir en quantités suffisantes pour aider les familles. Par ailleurs, près de
10% des associations et structures interrogées distribuent des aides financières aux bénéficiaires, qui
peuvent être utilisées pour l’achat de ces produits non alimentaires essentiels.
Qu’en est-il du lien entre la production locale et l’aide alimentaire ?
Près d’un quart des structures déclarent travailler de façon régulière avec des producteurs locaux,
rarement sous forme d’une convention de dons. Bien que pour certaines structures l’engagement des
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Produits d'hygiène
Produits pour nourrissons
Produits liés à une restriction alimentaire
Aucun produit
Part des structures proposant le produti ou non (%)
Graphique 22 : Deux tiers des associations distribuent des produits d'hygiène en parallèle de l'aide alimentaire
Source : DRAAF Occitanie
Non60%
Oui23%
Non, mais notre structure envisage de le faire / est en train de mettre en place des
partenariats pour renforcer un approvisionnement local
17%
Graphique 23 : Lien entre production locale et aide alimentaire : réponse à la question "Travaillez-vous avec des producteurs locaux ?"
Source : DRAAF Occitanie
41
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
producteurs locaux se fasse sous la forme d’une livraison hebdomadaire, la majorité des structures
déclarent travailler avec eux de façon ponctuelle, dépendamment de leur production. Les dons
concernent les fruits et légumes, de manière plus rare des œufs.
60% des structures ne travaillent pas avec la production locale et n’envisage pas de mettre en place
des partenariats. 17% des structures envisagent quant à elle de le faire et sont en recherche de
producteurs proches intéressés par l’aide alimentaire. 40% des structures travaillent donc avec des
producteurs locaux, envisagent de le faire ou sont en train de mettre en place des partenariats.
Dans le cas des épiceries sociales et solidaires, au niveau régional, 15 épiceries ont intégré le
programme Uniterres mis en place par l’ANDES. Dans ce cadre, elles sont fournies hebdomadairement
par des producteurs locaux en difficultés financières33. Un rappel sur le programme Uniterres mené
par l’ANDES est disponible en annexe.
33 Pour plus d’information sur le fonctionnement du programme Uniterres de l’ANDES, se référer aux annexes.
42
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
3.2. Résultats qualitatifs issus des entretiens
Lors de l’enquête, 24 entretiens de cadrage ont été réalisés, au réel ou par téléphone. Les entretiens
ayant été réalisés dans le cadre de l’étude d’initiatives exemplaires ont également été pris en compte
dans les cas où des contraintes et difficultés ont été abordées. La liste complète des entretiens
(entretiens de cadrage et initiatives) est disponible en annexe. Des trames d’entretiens ont été
élaborées pour mener ces entretiens semi-directifs, mais les thématiques présentées plus bas sont
majoritairement issues de l’expression spontanée des acteurs interrogés. Les résultats des entretiens
couvrent la totalité des départements d’Occitanie.
Les structures interrogées sont variées, afin de mettre en lumière les difficultés auxquelles elles
peuvent faire face dans leur fonctionnement. Les entretiens ont donc concerné des structures
d’approvisionnement, un chantier d’insertion par la logistique, un chantier d’insertion par l’agriculture
biologique, des épiceries sociales et solidaire fixes et itinérantes, des sièges associatifs
départementaux de réseau distribuant de l’aide alimentaire et devant assurer une logistique de
stockage, des points de distribution de l’aide alimentaire en flux tendus, des réseaux agissant pour une
amélioration du lien entre la production locale et la distribution, des réseaux associatifs variés, un
CHRS, et des services de l’administration publique.
De ces entretiens, quatre thématiques ont été mises en avant par les structures :
• Le nombre de bénévoles en constante diminution et la difficulté pour les associations de
renouveler l’effectif en recrutant des retraités actifs
• Les dons de produits des GMS
• Les locaux associatifs non adaptés aux activités
• Un approvisionnement limité en produits frais
Pour ces quatre thématiques complexes, des pistes de réflexion seront proposées, issues des
entretiens avec les acteurs associatifs, privés, et publics. Les autres problématiques soulevées de façon
moins récurrente et/ou appuyées lors des entretiens seront présentées ensuite.
3.2.1. Un manque important de bénévoles
Les constats
Le manque de bénévoles dans les structures associatives est la thématique qui a été la plus abordée
lors des entretiens. Les inquiétudes relatives aux bénévoles sont de trois catégories.
Tout d’abord, l’effectif des bénévoles au sein des associations est vieillissant. Ces bénévoles retraités
sont en effet ceux présents depuis la première heure et le développement de l’aide alimentaire en
France avec le développement des associations et des réseaux à vocation nationale et notamment la
mise en place du PEAD en 1987. Ces bénévoles se retirent petit à petit de la vie associative pour des
raisons évidentes liées à l’âge. Les bénévoles restants dans les structures éprouvent des difficultés à
exécuter certaines tâches logistiques.
Ce vieillissement des bénévoles est à mettre en relief d’une seconde difficulté : celle du
renouvellement de la population bénévole. Les structures ont de plus en plus de difficultés à recruter
des retraités actifs, seule catégorie sociale pour laquelle les contraintes horaires des associations
peuvent être facilement dépassées. En effet, les associations distribuant de l’aide alimentaire
possèdent des contraintes horaires fortes dues à l’organisation de la distribution des denrées. Il est
alors difficile pour une personne active ou des étudiants de s’intégrer dans la durée dans ces
structures, qui demandent une organisation quotidienne. Les structures font également part du
43
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
manque de bénévoles qualifiés prêts à intégrer des postes à responsabilité comme la logistique, la
trésorerie, etc.
Un dernier frein concernant les bénévoles, relié à celui des contraintes horaires fortes, est le manque
d’engagement de la part des bénévoles nouvellement recrutés. En effet, les associations nous ont fait
part de personnes moins impliquées qu’auparavant : absences nombreuses parfois sans prévenir,
engagement sur quelques jours seulement ou sur une seule période de l’année, prise de vacances des
bénévoles pendant les périodes de pics d’activité, personnes présentes uniquement pour un soir, etc.
Les associations peinent à prendre en compte ces contraintes et à élaborer des emplois du temps
permettant à la structure de fonctionner sans essouffler les bénévoles présents quotidiennement ou
de manière régulière.
Pistes de réflexion
Les associations ont souvent évoqué d’elles-mêmes les besoins d’amélioration de la communication
et la sensibilisation à faire avec le public. Les rencontres se font souvent lors des journées de collectes
nationales, éventuellement lors de journées associatives organisées par les communes. En dehors de
ces événements, les personnes intéressées par le bénévolat ignorent souvent vers quelles structures
se tourner pour savoir quelles associations sont présentes sur leur commune, connaître leur
fonctionnement, les rôles des bénévoles, etc. Certaines associations ont mis en place des guides pour
futurs bénévoles, disponibles sur internet. Elles tentent également de promouvoir leurs activités à
travers les services communaux dédiés à la vie associative.
Certaines structures souhaiteraient également pouvoir adapter leurs horaires aux personnes
souhaitant être bénévoles, en élargissant leur activité aux week-ends notamment, afin que les
personnes actives et les étudiants puissent prendre part à la vie associative à travers des fonctions
logistiques mais aussi l’animation d’ateliers collectifs par exemple.
Il est également important d’agir au niveau des locaux afin de les rendre plus accueillants, autant pour
les bénéficiaires que les bénévoles, mais aussi plus confortables et propices à une activité bénévole
(locaux mieux isolés, par exemple). Ce volet est développé plus bas dans la thématique des locaux
associatifs.
Un dernier levier d’action est celui de l’accueil de personnes en volontariat et en service civique. Des
structures ont mis en place des dispositifs d’accueil des personnes en recherche d’emploi souhaitant
justifier d’une expérience de volontariat. Elles accueillent ainsi pour une période des volontaires et
leur délivrent ensuite un certificat de présence qui pourra être un appui lors d’entretiens
professionnels. Le service civique est également un dispositif permettant aux jeunes de 16 à 25 ans
(jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap) de mener des missions civiques sur une
période allant de 6 à 12 mois, à raison de 24 à 35 heures par semaine. En Occitanie, le dispositif
fonctionne grâce à une enveloppe de 40 millions d’euros. Le service civique peut être vu comme une
porte d’entrée vers une redynamisation du bénévolat, de nombreux jeunes continuant leur activité en
tant que bénévole dans la structure qui les a accueillis pendant leur service civique. De nombreux
documents sur le service civique sont disponibles sur le site internet de la DRJSCS Occitanie à l’adresse
http://occitanie.drjscs.gouv.fr/spip.php?rubrique440.
3.2.2. L’encadrement des dons alimentaires par les grandes et moyennes surfaces
Le cadre réglementaire du don alimentaire
La loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire impose depuis le 11 février
2017 aux grandes surfaces de plus de 400 m² de proposer, à une ou plusieurs associations d’aide
44
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
alimentaire, de conclure une convention de dons alimentaires. Ces dons sont encadrés par une
réglementation stricte en matière d’hygiène alimentaire. En contrepartie de ces dons, les GMS34
bénéficient d’une défiscalisation dans le cadre du don aux associations caritatives.
Dans le cadre de cette convention, il est signalé que les produits donnés doivent être dans de bonnes
conditions de conservation et d’emballage. Pour tenir compte des délais, « les entreprises
agroalimentaires et les distributeurs s’engagent à respecter un délai de 72h avant la fin de la DLC pour
la remise des produits aux associations et dans tous les cas ce délai ne doit pas être inférieur à 48
heures » (Guides de bonnes pratiques de l’aide alimentaire, ANIA/FCD). Il est recommandé de bien lire
la convention de dons ainsi que ses annexes, qui précisent les modalités complètes du don alimentaire
pour les associations et les commerces de détail alimentaire. Un modèle de convention est disponible
sur le site du Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt35.
Les constats
Lors de nos entretiens, il nous a été rapporté par les associations des cas de GMS ne remplissant pas
les conditions du don alimentaire comme prévu dans les conventions : produits avec des DLC trop
courtes voire dépassées, emballages en mauvais état impactant la qualité du produit, fruits et légumes
abîmés par un mauvais stockage, absence totale ou partielle de tri des denrées, etc. Ces mauvais
comportements, non généralisables à l’ensemble des GMS, ont des répercussions négatives sur les
associations par plusieurs aspects :
• Tout d’abord, lorsqu’il n’a pas été réalisé correctement au préalable par les GMS, le tri des
denrées est une action chronophage pour les associations, qui demande des bénévoles
disponibles ainsi que des locaux adaptés. Pour les associations pratiquant la ramasse, il est
obligatoire d’effectuer un tri des denrées alimentaires au sein de leur lieu de stockage. C’est
également une activité coûteuse puisqu’elles devront financer par leurs propres ressources la
destruction des biodéchets non distribuables.
• Le formulaire Cerfa pour la défiscalisation des dons alimentaires est parfois réalisé en fonction
des denrées données par les supermarchés, et non en fonction des denrées distribuées par
l’association comme cela devrait être le cas. C’est notamment le cas pour des structures
habilitées régionalement qui n’ont ni le temps ni les moyens logistiques et humains de peser
les denrées issues du don après le tri.
• Il a été mentionné des pratiques de « chantage » de la part de certains supermarchés, mettant
ainsi en concurrence les associations. Les associations ne pouvant souvent pas se permettre
de « perdre » les dons d’un supermarché, celles-ci sont contraintes d’accepter les denrées
données, même si celles-ci ne sont pas triées. Certaines associations nous ont également fait
part de certains supermarchés les contraignants dans les jours et horaires de retrait, alors que
ceux-ci ne convenaient pas à leur rythme de distribution.
34 GMS : Grandes et moyennes surfaces 35 MODELE. Convention de dons de denrées alimentaires entre un commerce de détail alimentaire et une association d’aide alimentaire habilitée en application de l’article L. 230-6 du code rural et de la pêche maritime. Téléchargeable à l’adresse : agriculture.gouv.fr/telecharger/82404?token=5151d6c18ab38879e8f598c17d2327cb (le 18-02-2017).
45
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Depuis quelques années, on note également sur la région l’émergence d’entreprises parfois de
l’économie sociale et solidaire, qui récupèrent les dons des grandes surfaces pour les trier et les
distribuer ensuite moyennant une contribution de la part des associations.
Les associations nous ont également fait part de leurs inquiétudes quant aux systèmes de promotion
des produits à DLC proche dans les supermarchés, qui réduisent souvent le stock de denrées données.
Cette réflexion est notamment suivie par les épiceries sociales et solidaires qui peinent à trouver un
modèle adéquat face aux promotions des magasins discount et hard-discount.
Pistes de réflexion
Le problème du non-respect des normes pour le don alimentaire est un sujet complexe car les
supermarchés ne respectant pas les règles du don gardent la main face aux associations qui nécessitent
les denrées issues des ramasses. Des contrôles peuvent toutefois être envisagés via les DDPP36 par des
contrôleurs sanitaires mais aussi en collaboration avec ceux de la répression des fraudes au vu de
l’importance des montants financiers provenant la défiscalisation.
Il est également important de sensibiliser les grandes surfaces au don et à ses modalités. Cet aspect
est rendu complexe du fait du turnover important des salariés en grandes surfaces.
Certaines associations nous ont également fait part de l’idée de mettre en place une « marque » de
qualité pour les supermarchés respectant les bonnes pratiques du don alimentaire, qui pourrait être
affichée sur l’enceinte du magasin. Cependant, cette reconnaissance semble difficile à mettre en place
et à instaurer sur la durée.
À la suite des États généraux de l’alimentation dont la clôture a eu lieu le 21 décembre 2017, il est
envisagé d’encadrer de façon plus importante les promotions réalisées par les GMS, limitant leur seuil
à 34% de la valeur initiale du produit. Cela répondrait à certaines craintes dont nous ont fait part des
associations concernant les promotions importantes dans les grandes surfaces dites « discount ».
3.2.3. Des locaux non adaptés aux activités associatives
Les constats
Lors des entretiens, les structures nous ont souvent fait part du mauvais état de leurs locaux associatifs
qui sont souvent trop petits, vétustes et mal isolés. Les locaux ne sont souvent pas adaptés au stockage
de denrées et contraignent les associations à se trouver dans une logique de flux tendu pour la
distribution des denrées. Par ailleurs, les locaux ne sont souvent pas adaptés à l’accueil d’un public,
qui nécessiterait un espace d’accueil et d’attente convivial, des bureaux adaptés pour discuter avec les
bénéficiaires lors d’entretiens individuels, et des salles pour mettre en place des ateliers collectifs. De
même, il est souvent impossible pour les associations de mettre en place des ateliers cuisine ou de
confectionner des repas par manque d’équipements et de place.
Cette situation est dommageable par deux aspects :
• Tout d’abord, les locaux ne sont pas propices à l’établissement d’un lien entre les bénévoles
et les bénéficiaires qui ne souhaitent pas rester dans ces lieux trop peu conviviaux et viennent
uniquement récupérer les colis alimentaires.
• Ils ne favorisent pas non plus l’envie de mettre en place des ateliers et ne favorisent pas le lien
social entre les bénéficiaires eux-mêmes qui ne souhaitent pas rester dans les locaux le temps
d’un café, d’un échange, etc.
36 Directions départementales de la protection des populations.
46
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
• Des locaux dans un mauvais état sont un frein dans la « fidélisation » des bénévoles à
l’association. Il en effet difficile de motiver des personnes à offrir plusieurs heures de leur
temps toutes les semaines dans des locaux froids, petits ou en mauvais état.
Le mauvais état des locaux associatifs pèse donc sur les trois profils de l’aide alimentaire : le
bénéficiaire, qui n’est pas encouragé dans une réinsertion sociale ; le bénévole, qui n’arrive pas à tisser
de lien avec les bénéficiaires et travaille dans de mauvaises conditions ; l’association, qui ne peut pas
mettre en place les dispositifs d’accompagnement qu’elle souhaiterait.
Lorsque le lien entre les bénévoles et les bénéficiaires ne peut pas se créer, ceux-ci se retrouvent dans
une situation de simple donneur/receveur, aidant/aidé. Dans ce cas, les bénéficiaires ressentent
souvent cette situation comme dégradante et la perspective d’un échange autre que matériel entre
l’association et le bénéficiaire est rompue. Les bénévoles eux-mêmes ont des difficultés à gérer cette
situation et à tisser un lien avec les personnes venant chercher l’aide, qui se retrouve en confrontation.
Il apparaît alors difficile de faire venir les personnes dans les ateliers organisés et de retisser un lien
social souvent rompu par l’isolement. Cette situation de donneur/receveur à sens unique n’est
également pas gratifiante pour les bénévoles qui le vivent souvent comme une perte de sens à leur
travail et leur implication auprès des bénéficiaires.
Depuis quelques années, du fait de l’affluence croissante des personnes aux points de distribution, les
associations font également face à des comportements agressifs de la part de certains bénéficiaires
qu’il est difficile de gérer, notamment pour des bénévoles ponctuels et non formés. Ces situations ont
contraints certaines associations à ne plus se rendre sur certains sites difficiles. Elles ont également vu
des bénévoles se désengager de l’association.
Pistes de réflexion
Une amélioration des locaux associatifs peut se faire par différents biais :
• Les mairies et leurs CCAS ou CIAS soutiennent parfois les associations d’aide alimentaire par
des subventions, qui peuvent être utilisées en vue d’une amélioration des lieux d’accueil et
de stockage.
• Une remise en état, voire un prêt de locaux pour le développement de l’association peuvent
être financés par le mécénat.
• Des locaux mutualisés (lieux de stockage ou lieux d’accueil dans le cas où l’association n’agit
de façon quotidienne) peuvent également être une solution.
3.2.4. Produits frais
Un produit alimentaire frais est un produit n’ayant subi après fabrication aucun autre procédé de
préservation que la mise sous emballage étanche et le maintien à température froide. Son délai de
vente est de 1 à 21 jours37. La gamme des produits frais regroupe donc plusieurs catégories de
produits : les produits laitiers et ovoproduits, les produits carnés et le poisson, les fruits et légumes,
les plats préparés, etc.
Par ailleurs, l’ANSES a publié en 2016 un rapport d’expertise collective concernant les repères de
consommation alimentaire présentant les quantités conseillées pour chaque gamme de denrées, qu’il
est important de prendre et qui peut servir de référence en termes d’apports nutritionnels38. Des
37 Source : AgroJob, définition du frais en agroalimentaire. 38 ANSES (agence nationale de la sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail), Actualisation des repères de consommation alimentaires, avis de l’Anses, rapport d’expertise collective. Décembre 2016, édition scientifique.
47
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
recommandations nutritionnelles sont également disponibles sur le site mangerbouger.fr du PNNS39.
Parmi les huit recommandations principales, on trouve notamment :
• Consommer au moins 5 fruits et légumes par jour,
• Consommer entre 3 et 4 produits laitiers par jour,
• Consommer une à deux fois par jour de la viande, des œufs ou du poisson.
De nombreuses associations nous ont déclaré spontanément prendre en compte, dans la mesure du
possible, les huit recommandations nutritionnelles dans la préparation des paniers et des repas, en
appuyant notamment sur les trois recommandations citées plus haut concernant les produits frais.
Constats
Plusieurs constats sont ressortis lors des entretiens, énoncés par de structures variées concernant
aussi bien l’approvisionnement que la distribution au public.
Tout d’abord, l’approvisionnement en fruits et légumes varie de façon importante en fonction des
saisons et en fonction des départements. En fonction des saisons tout d’abord : l’approvisionnement
en fruits et légumes est souvent bien plus important en saison estivale (forte période de production)
qu’en hiver, où la production locale est faible pour de nombreux départements. Les Banques
alimentaires et les associations observent donc une baisse importante du stock de fruits et légumes
qui leur est proposé et doivent se fournir majoritairement via les ramasses auprès des GMS. En été, la
production est forte mais c’est aussi la période de l’année pendant laquelle de nombreuses
associations ferment leurs portes (en général, pour une durée minimum de deux semaines). Par
ailleurs, les associations nous ont fait part d’une baisse du nombre de bénéficiaires pendant la période
estivale. L’approvisionnement en fruits et légumes est aussi conditionné par la position géographique
– certains territoires comme les Hautes Pyrénées produisent très peu de fruits et légumes – et des
associations nous ont fait part de leur impossibilité à récupérer des fruits et légumes même en
parcourant des distances importantes.
Ces facteurs conditionnent les liens entre les acteurs de la production agricole et les associations
caritatives d’aide alimentaire, auxquels s’ajoutent trois autres contraintes :
– Il n’existe pas de réseau de producteurs intéressés pour participer à l’aide alimentaire, sous
forme de dons ou moyennant une participation financière de la part des associations. Les
associations peinent à se faire connaître auprès des producteurs, par manque de contacts mais
aussi par manque de temps. Un réseau existant est celui de l’ANDES via le programme
Uniterres, mais il ne concerne que les agriculteurs en situation de difficultés économiques.
– Les producteurs ne savent pas vers qui s’orienter pour donner les invendus ou les produits non
commercialisables. Il est difficile pour eux non seulement d’identifier les associations d’aide
alimentaire potentiellement intéressées par leurs dons, mais aussi de connaître leurs attendus
et leurs capacités de redistribution des dons auprès des bénéficiaires – ces facteurs
dépendants de nombreuses variables comme la saison, le rythme de distribution, le nombre
de bénéficiaires, etc.
– Les associations ou les producteurs ne sont parfois pas en mesure d’assurer la logistique des
denrées en termes de récupération ou livraison et de stockage.
39 Lancé en 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition.
48
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Les associations nous ont également fait part d’un manque de produits carnés et de poissons, denrées
qu’il est difficile d’obtenir notamment du fait de la réglementation encadrant le don alimentaire. En
effet, pour des raisons de sécurité sanitaire, les produits suivants ne peuvent pas être donnés aux
associations :
• Les pâtisseries réfrigérées à base de crème pâtissière ou de chantilly,
• Les coquillages, crustacés et huîtres,
• Les produits de poissonneries réfrigérées non préemballés,
• Les viandes réfrigérées non préemballées,
• Les steaks hachés, les abats, les farces et produits réfrigérées, préemballés ou non,
• Les produits réfrigérés détériorés, abîmés, présentant un aspect anormal.
Un rappel des conditions premières du don alimentaire aux associations caritatives est disponible sur
le site du Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt40. Les associations doivent souvent
acheter ces produits onéreux dans le commerce lorsqu’elles le peuvent. Elles optent souvent pour des
produits carnés et du poisson sous forme congelée lorsqu’elles possèdent des congélateurs adaptés
au stockage. Cela soulève une autre problématique des produits frais : les associations doutent parfois
dans la distribution des denrées congelées, dans la mesure où elles ne sont pas capables de savoir si
les bénéficiaires possèdent chez eux un congélateur permettant de conserver le don dans de bonnes
conditions. En effet, si la majorité des personnes possédant un logement ont un réfrigérateur, ce n’est
souvent pas le cas pour les congélateurs. Les associations font également face à des difficultés dans le
respect de la chaîne du froid qui suppose un matériel adapté, non seulement entre le point
d’approvisionnement et celui de distribution, mais également entre le point de distribution et le
domicile du bénéficiaire.
Enfin, il est important de souligner que même si le stock des produits frais et notamment de produits
laitiers a nettement augmenté depuis la loi du 11 février 2016 de lutte contre le gaspillage alimentaire,
de nombreuses associations nous ont fait part de manques concernant les produis de base comme le
lait, l’huile, ou le beurre.
Pistes de réflexion
Dans l’optique de l’amélioration du lien entre la production agricole et la distribution de l’aide, il
semblait important de mettre à disposition des acteurs des outils leur permettant de mieux se
connaître et communiquer. Un premier outil verra le jour à la suite de ce panorama : la cartographie
interactive PICTO recensant les points de distribution et les structures d’approvisionnement de l’aide
alimentaire sur l’ensemble de la région. Cette cartographie est un premier levier pour les producteurs
souhaitant entre en contact avec les structures caritatives. Il est ensuite important que les associations
puissent communiquer sur leurs attendus sur les produits, en termes de quantité, de jour
d’approvisionnement voire d’un éventuel rythme régulier d’approvisionnement qui pourrait se mettre
en place, etc.
Cet outil nécessite cependant une diffusion auprès des différents acteurs ainsi qu’une animation voire
une actualisation des informations qu’il contient pour pouvoir être efficacement utilisé. Une
communication sur les différents outils semble nécessaire au niveau régional, départemental et
communal afin de développer les réseaux d’acteurs et renforcer le système de l’aide alimentaire.
40 Ces rappels sont disponibles à l’adresse http://agriculture.gouv.fr/le-don-alimentaire-en-toute-securite-suivez-le-guide (19-02-2018)
49
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Il serait également intéressant pour les associations de développer leurs liens avec les centrales
d’achats et les coopératives agricoles afin éventuellement de pouvoir mettre en place un système
d’approvisionnement continu à des prix de gros ou de demi-gros fixés sur l’année, assurant un revenu
aux agriculteurs et des produits locaux et de qualité aux bénéficiaires. Ces initiatives peuvent s’inspirer
du programme Uniterres mis en place par l’ANDES et présenté dans les annexes.
Une initiative parfois mise en place par les associations est également de faire coïncider les jours de
marchés avec ceux de distribution. Les bénévoles peuvent ainsi venir chercher les fins de marchés
gratuitement ou à prix réduits, et les distribuer directement ensuite sous la forme d’un libre-service
ou utilisés dans des ateliers cuisine puis d’un repas partagé.
Enfin, il est important de souligner que dans le cadre des États Généraux de l’alimentation qui se sont
tenus en décembre 2017, l’obligation de dons alimentaires aux associations caritatives sera étendue
aux structures de la restauration collective, ce qui peut être un levier supplémentaire dans
l’approvisionnement en produits frais pour les associations.
Réflexion sur la mise en place d’une plateforme régionale de redistribution alimentaire
L’idée d’une plateforme de regroupement des denrées de l’aide alimentaire puis d’une redistribution
dans l’ensemble des départements a déjà été évoquée et un projet de création d’une telle plateforme
est en cours à Toulouse par les Banques alimentaires de la région. Cette plateforme logistique aurait
pour objectif de regrouper les dons des grands donateurs comme les entreprises et industriels de
l’agroalimentaire, afin ensuite d’organiser une redistribution vers les Banques alimentaires
départementales en prenant en compte les produits manquants, le nombre de bénéficiaires, etc. Le
projet est actuellement en cours de réflexion mais la question des financements est un frein dans sa
réalisation.
3.2.5. Autres problématiques concernant l’aide alimentaire
Un manque de diversité dans les produits proposés
Les entretiens avec les structures nous ont permis de mettre en évidence les difficultés pour les
associations de se fournir en produits essentiels dits « de base » comme le sucre, le lait, l’huile, etc. Il
a également été rapporté un manque de diversité dans les produits, souvent identiques d’une semaine
sur l’autre et ne permettant pas de varier les plats qui seront préparés par les bénéficiaires. Les
associations mettent souvent en place, avec l’aide de leurs bénévoles et de leurs bénéficiaires dans le
cas des associations à habilitation régionale, des guides et livres de recettes permettant de varier les
plats et de cuisiner autrement les produits distribués.
Les produits alimentaires « de base » peuvent être obtenus dans le cadre des collectes solidaires
auprès du grand public ou auprès de centrales d’achat solidaires. Enfin, les associations nous ont fait
part d’un manque important concernant les produits d’hygiène (d’hygiène corporelle, de nettoyage ou
encore produits pour femmes) ainsi que pour nourrissons. Ces produits sont souvent très coûteux dans
les grandes surfaces et difficiles à obtenir lors des collectes. Certaines associations, notamment des
épiceries sociales et solidaires, n’ont pour seules solutions de les acheter auprès des centrales d’achat
solidaires ou dans les magasins hard-discount.
Les associations ont parfois du mal à se connaître et à communiquer entre elles
Même si les associations ont globalement une bonne connaissance des points associatifs des réseaux
nationaux d’aide alimentaire proches, ce n’est pas toujours le cas des associations habilitées
régionalement. La cartographie disponible à la suite de ce panorama ainsi que les annuaires ont
50
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
vocation à être des outils permettant le rapprochement des structures entre elles, et des éventuels
points d’appui dans la mise la coopération des associations entre elles.
La création et l’animation d’un réseau des acteurs de la solidarité et de l’aide alimentaire au niveau
départemental est une réflexion qui pourrait être envisagée, éventuellement portée par les Conseils
départementaux ou les DD(CS)PP étant donné leurs compétences sociales.
Dans cette optique, le réseau innovant Gers solidaire, porté par le Conseil départemental du Gers, est
un moteur dans la mutualisation des moyens et la mise en place d’un réseau solidaire autour de l’aide
alimentaire41.
La mutualisation des moyens : de nombreux freins
Les associations ont souvent évoqué d’elles-mêmes les freins existants à une mutualisation des
moyens (logistiques et de stockage notamment) entre les associations : difficultés logistiques,
contraintes au niveau du temps et du bénévolat… Dans la mise en place de projets communs, la
difficulté principale est la crainte d’une perte d’identité de l’association. En effet, celles-ci portent
souvent des valeurs différentes illustrées par la diversité des modalités de distribution de l’aide et des
accompagnements sociaux proposés. La crainte est que l’association ne soit plus reconnue dans le
cadre d’une action commune, des ateliers ou un dispositif itinérant notamment.
Des systèmes itinérants difficiles à mettre en place
Les territoires ruraux sont importants sur la région et leur couverture est souvent peu assurée par les
antennes locales associatives. Par ailleurs, les personnes vivant en milieu rural ne peuvent souvent pas
se déplacer vers les points d’aide alimentaire lorsqu’elles ne possèdent pas leur propre moyen de
transport. Les dispositifs itinérants et les épiceries sociales itinérantes ont vocation à combler ce
manque en apportant l’aide alimentaire directement dans les villages des zones rurales. Ils sont
cependant difficiles à mettre en place pour différentes raisons. D’abord, ils nécessitent l’achat et
l’aménagement d’un camion pour le transport des denrées et le matériel annexe permettant la mise
en place des différents dispositifs sociaux parallèles à l’aide alimentaire. Les demandes de subventions
sont souvent des démarches chronophages et lorsqu’elles aboutissent, un délai est nécessaire avant
l’arrivée des financements. Ensuite, il est nécessaire de mobiliser des bénévoles capables d’assurer les
tournées du camion, la distribution de l’aide et les accompagnements sociaux, de façon régulière. Ils
nécessitent donc une mobilisation importante des bénévoles sur une période de temps relativement
longue, une tournée nécessitant souvent une demi-journée. Une logistique particulière est à mettre
en place, qui requière un temps important pour les gérants associatifs. Enfin, les épiceries sociales et
solidaires sont parfois ressenties comme une concurrence pour les petites épiceries et supérettes
locales, et font face à des difficultés pour s’implanter.
Des territoires isolés et difficiles d’accès
En accord avec ce qui a été énoncé précédemment, les associations relèvent des difficultés face à
l’escarpement des certains départements montagneux et l’isolement de certaines communes. Ceci
concerne les bénéficiaires dans leurs difficultés à l’accès physique à l’aide alimentaire (cf. les systèmes
itinérants de distribution de l’aide alimentaire), mais aussi les bénévoles et enfin les associations elles-
mêmes. D’abord, les associations ont conscience qu’il est difficile de faire venir les bénévoles dans
certains points de distribution du fait de la distance importante qu’ils auraient à parcourir depuis les
villes les plus proches. Les associations elles-mêmes possèdent des difficultés en termes
41 Pour plus d’informations sur le réseau Gers Solidaire, se référer aux annexes présentant les initiatives exemplaires locales.
51
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
d’approvisionnement, la Banque alimentaire de laquelle ils dépendent pouvant se trouver à une
distance importante (notamment dans le cas de Banques alimentaires desservant l’aide sur plusieurs
départements). Ces caractéristiques freinent la mise en place d’associations locales à habilitations
régionales, qui pourraient pourtant apporter des solutions en milieu rural.
Une vague d’habilitation annuelle
Les structures d’approvisionnement nous ont souvent fait part de leur souhait de mettre en place une
seconde vague d’habilitation dans l’année. Celles-ci sont en effet souvent confrontées au cas de
nouvelles associations devant attendre parfois jusqu’à 11 mois avant de pouvoir bénéficier des
denrées des Banques alimentaires. Une deuxième vague d’habilitation n’étant pas envisageable, la
DRJSCS Occitanie peut cependant accepter à titre exceptionnel des dossiers de demande d’habilitation
de la part des associations. Elle leur délivrera alors un certificat de dépôt de dossier, permettant aux
Banques alimentaires, si elles le souhaitent, de donner des denrées alimentaires non-issues du FEAD à
l’association caritative.
Des difficultés à mettre en place et intégrer des réseaux d’acteurs pour les associations membres de
réseaux caritatifs nationaux
Par l’organisation centralisée des réseaux nationaux et les directives auxquelles doivent répondre les
antennes régionales, il est parfois difficile pour elles d’agir localement et en collaboration avec d’autres
réseaux et projets. En effet, les modalités de fonctionnement des structures répondent à des visions
précises de l’aide alimentaire et des dispositifs d’insertion sociale qui lui sont conjoints. Dans ce cadre,
leur adaptabilité aux conditions de terrain est parfois réduite, que ce soit dans l’organisation des jours
et des pratiques de distribution mais aussi dans les relations qu’elles peuvent avoir avec les différents
acteurs locaux de l’aide alimentaire et de la solidarité en général.
Le gaspillage alimentaire des denrées
Dans le cas des associations distribuant de l’aide alimentaire sous forme de colis ou de paniers,
certaines nous ont fait part de gaspillage alimentaire par les bénéficiaires. En effet, lorsque les colis
sont préparés en amont, certains produits peuvent ne pas convenir aux bénéficiaires, parce qu’ils ne
les apprécient pas, ne les connaissent pas, ignorent comment les cuisiner ou bien parce qu’ils ne font
pas partie de leur culture. Les associations ne pouvant souvent pas mettre en place des dispositifs de
paniers individualisés, la seule solution reste le recours à la sensibilisation des bénéficiaires et la mise
en place de livrets ou d’ateliers cuisine lorsque cela est possible.
Il est à souligner tout de même qu’un nombre important de structures essaie d’adapter le contenu des
paniers et colis aux demandes et besoins des bénéficiaires en fonction de caractéristiques : régimes
alimentaires particuliers, présence d’enfants en bas âge dans le foyer, etc. afin de limiter au maximum
ce gaspillage. Elles encouragent également les bénéficiaires à leur retourner les denrées qui ne seront
pas consommées ; ceci est souvent difficile puisque les bénéficiaires ouvrent souvent leur colis à leur
retour à leur domicile.
Difficultés d’approvisionnement pour les épiceries sociales et solidaires
Les épiceries sociales et solidaires ainsi que les Banques alimentaires qui les approvisionnent nous ont
fait part des retards dans les denrées du CNES. Les épiceries sociales et solidaires se trouvent souvent
dans des situations de rupture d’approvisionnement et dans l’obligation d’acheter les denrées auprès
de centrales d’achat ou dans des supermarchés discount, les Banques alimentaires distribuant
préférentiellement les produits issus des collectes aux structures de distribution ne demandant pas de
participation aux bénéficiaires.
52
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Subventions aux associations caritatives
Un premier aspect des demandes de subvention est celui de l’orientation vers les structures pouvant
parrainer ou subventionner les projets des associations. Les associations ont souvent des difficultés à
savoir vers quelles structures s’orienter dans le cadre d’une demande de subventions. Différents
acteurs (acteurs publics, collectivités), présents à différents niveaux (commune, pays, département,
région voire au niveau national), sont en capacité d’accorder des subventions aux projets sociaux. Pour
les guider, une idée serait de réfléchir à la mise en place d’un organigramme fonctionnel des personnes
responsables pour l’aide alimentaire au sein des différents acteurs de l’action publique.
Un second point est celui de l’accompagnement des structures subventionnées et de l’élaboration d’un
véritable « business plan » pour les associations, certaines associations ne réussissant plus à
fonctionner lorsque les subventions cessent. Les subventions sont, la plupart du temps, annuelles et
ne permettent donc pas une lisibilité dans la durée pour les associations. Des subventions sur une
période plus longue leur permettraient une meilleure organisation dans le temps.
Enfin, il serait positif pour les associations que les subventions puissent les aider dès le début de
l’action. En effet, la mise en place du projet et son lancement se font souvent bien avant l’arrivée des
subventions et les débuts se font via les ressources propres de l’association ou d’autres voies de
financement comme le mécénat ou les cagnottes solidaires en ligne. Des subventions présentes dès le
début des projets inciteraient plus fortement les associations à se lancer dans des initiatives
répondants à des enjeux locaux.
Une meilleure connaissance du dispositif d’habilitation nécessaire
Des associations présentes sur le terrain de l’aide alimentaire n’ont aujourd’hui pas connaissance du
dispositif d’habilitation pour pouvoir obtenir les denrées des Banques alimentaires, des GMS ou encore
des subventions de l’État pour les aider dans leur fonctionnement (prises en charges de factures, etc.).
Un travail est à mettre en place avec les délégués départementaux à la vie associative dès la création
de ces associations en loi 1901 et leur référencement dans le Journal Officiel. Il est important que ceux-
ci puissent sensibiliser et informer les associations caritatives à propos du dispositif d’habilitation. De
même, il semble important que par leur statut particulier, les associations inscrites en loi 1901
distribuant de l’aide alimentaire soit référencées dans une catégorie « aide alimentaire » lors de leur
inscription, afin qu’elles puissent être facilement identifiées.
Des difficultés quant au remplissage des formulaires de demande d’habilitation ont également été
signalées. Une initiative pour aider les associations pourraient être la mise en place de formations et
de dispositifs d’accompagnement dans ces démarches administratives.
La formation des bénévoles comme appui au développement des associations
Des demandes de formations sont ressorties des entretiens et des questionnaires d’enquête. Il est à
rappeler que dans le cas des structures habilitées au niveau régional, des formations sanitaires sont
souvent mises en place par les Banques alimentaires. Les associations têtes de réseau en mettent
également en place en interne. Un besoin de formation concernant l’élaboration de repas (normes
d’hygiène et pratiques sanitaires lors de la fabrication de repas) a également été énoncé par les
associations.
Une solution envisagée peut être l’utilisation du fonds de développement à la vie associative porté par
la DRJSCS. Ce fonds permet une aide aux associations souhaitant mettre en place des formations
auprès de leurs bénévoles via une subvention sur le projet. Ces formations peuvent concerner les
bénévoles de la structure mais sont ouvertes aux bénévoles d’autres associations souhaitant y
53
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
participer. Elles doivent être gratuites pour les participants, même si une participation financière peut
être demandée dans le cadre de la mise en place de repas. Ce fonds bénéficie d’une enveloppe de deux
millions d’euros répartie sur l’ensemble de la région lors de l’appel à projet annuel. De plus amples
informations sur ce fonds sont disponibles sur le site internet de la DRJSCS Occitanie et à l’adresse
http://occitanie.drjscs.gouv.fr/-090-Soutenir-la-vie-associative-.html. Il peut être envisagé dans le
cadre de la mise en place de formation d’hygiène alimentaire et d’aide administrative à la demande
d’habilitation si une structure associative souhaite porter les formations.
3.3. Réflexion sur les modalités de distribution de l’aide
Chaque modalité de distribution de l’aide possède ces forces et ses faiblesses. L’une conviendra mieux
à un public quand l’autre sera plus adapté à une autre catégorie de bénéficiaires : c’est la raison pour
laquelle il est important de soutenir une diversité des modes de distribution.
• Les paniers.
Souvent, les personnes n’ont pas la possibilité d’orienter ou de choisir leur contenu à cause du manque
de temps et de main d’œuvre des associations. Les bénéficiaires se retrouvent donc avec un colis non
adapté à leurs besoins et les associations font face à des cas de gaspillage alimentaire. Certains ouvrent
les paniers directement à la sortie de la distribution et dans ce cas, les bénéficiaires ont la possibilité
de rendre les produits qui ne seront pas consommés à l’association. Des pratiques de troc ont
également lieu. Parfois, les bénéficiaires n’osent pas rendre les produits aux associations et celles-ci
ne découvrent les produits jetés dans les poubelles proches qu’à la fin de la distribution. Certaines
associations demandent aussi de ne pas ouvrir les colis avant d’arriver chez eux. Cette pratique permet
d’éviter, dans le cas des associations mettant en place des paniers préparés en avance et adaptés à la
situation familiale des personnes, les éventuelles tensions lorsque les gens comparent leurs colis entre
eux. Avec cette pratique, les associations n’ont pas de retours sur ce qui a été réellement consommé.
Les colis sont cependant préparés en prenant le plus possible en compte l’équilibre alimentaire et les
recommandations du PNNS. Ils sont également une solution évidente pour les associations disposant
de peu de main d’œuvre et de temps, ainsi que de matériel de cuisine pour préparer des repas.
• Les repas partagés
Les repas partagés sont le temps d’un véritable moment social d’échange entre bénéficiaires, mais
aussi entre les bénéficiaires et les bénévoles. C’est une solution pour les personnes sans domicile fixe,
hébergées en hôtel… n’ayant pas accès à du matériel de cuisine. Ils sont également une porte d’entrée
pour impliquer les bénéficiaires dans les dispositifs d’accompagnement socioprofessionnels car il est
plus facile de créer un contact et de prendre un temps pour expliquer les activités de l’association.
Cependant, les repas collectifs ne sont une solution que le temps d’un repas, à la différence des paniers
qui eux aident les personnes sur une semaine le plus souvent. Par ailleurs, la mise en place de repas
partagés demande une main d’œuvre et du matériel importants.
• Epiceries solidaires et sociales fixes
Les épiceries solidaires et sociales sont vues comme un pas vers l’autonomie pour les personnes, qui
retrouvent la possibilité et la liberté de choisir les denrées, et donc les repas et menus qu’elles pourront
réaliser chez elles. C’est également un moyen de faire réfléchir les personnes à leur consommation.
Les épiceries solidaires et sociales peinent cependant à s’approvisionner dans toutes les catégories de
produits. Elles font parfois également face au gaspillage alimentaire sur certains produits peu
sélectionnés par les bénéficiaires et notamment les fruits et légumes. La plupart des épiceries ont
54
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
d’ailleurs des actions et des dispositifs de sensibilisation des personnes à l’achat de ces produits, à
travers un montant spécial fruits et légumes ou des guides de cuisine et de préparation.
Certaines épiceries nous ont également fait part de difficultés aux heures d’ouverture lors desquelles,
par peur de manquer, les personnes attendent groupées à l’entrée. Enfin, il est parfois difficile pour le
épiceries de faire rester et discuter les personnes autour d’une collation après que celles-ci aient
terminé leurs courses du fait des produits qui nécessitent d’être entreposés au frais.
3.4. Focus sur les épiceries sociales et solidaires
38 épiceries solidaires, gérées par des associations, ont répondu à notre questionnaire d’enquête.
Même si ces structures sont prises en compte dans les résultats quantitatifs présentés précédemment,
il semblait nécessaire d’apporter quelques points supplémentaires d’information quant à leur
fonctionnement. Les structures répondantes sont réparties sur l’ensemble de la région à l’exception
des départements de l’Aveyron et des Hautes Pyrénées.
3.4.1. Fonctionnement des structures
Parmi les structures répondantes, 57.9% déclarent avoir une action en zone urbaine, auxquels
s’ajoutent 18.4% déclarant avoir une action dans le secteur périurbain. Les zones urbaines et
périurbaines sont donc favorisées face au secteur rural couvert par 23.7% des épiceries solidaires.
Aucune structure ne fonctionne avec un budget supérieur à 500 000 euros. 43.2% des épiceries
solidaires répondantes fonctionnent avec un budget inférieur à 30 000 euros pour l’année 2017. Si l’on
s’intéresse à l’évolution du budget pour l’année suivante, on note que 31.6% ont l’intention de
l’augmenter pour répondre à la demande en termes de quantités et proposer une plus large gamme
de produits aux bénéficiaires. 57.9% des épiceries garderont le même budget destiné à l’aide
alimentaire. Seul 2.6% des épiceries envisagent de diminuer leur budget pour l’aide alimentaire (soit
une seule structure sur l’ensemble de répondants). 7.9% des structures répondantes ne savent pas
comment sera orienté leur budget relatif à l’aide alimentaire pour l’année suivante (résultats obtenus
en novembre 2017).
78.3% des épiceries fonctionnent avec un maximum de deux salariés (42.1% des épiceries fonctionnent
uniquement grâce à des bénévoles). Certaines épiceries fonctionnent avec un nombre important de
salariés (supérieur à 10, 5.3% des épiceries soit deux parmi les structures répondantes) : ce sont
souvent des salariés en insertion ou en contrat aidé, l’épicerie solidaire étant également un chantier
43,2
29,7
18,9
8,1
Graphique 24 : Budget pour l'année en cours (2017, répartition en %)
Inférieur à 30 000 euros
De 30 000 à moins de 100 000euros
De 100 000 à moins de 250000 euros
De 250 000 à moins de 500000 euros
Source : DRAAF Occitanie
55
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
d’insertion. La majorité des épiceries nécessite un nombre important de bénévoles pour assurer leur
bon fonctionnement : 44.7% des épiceries possède un effectif de bénévoles compris entre 11 et 29, et
18.4% un effectif compris entre 30 et 50 personnes.
3.4.2. Distribution de l’aide alimentaire et accompagnements sociaux
Parmi les structures répondantes, 89.5% limitent l’accès à l’épicerie solidaire dans le temps. La durée
moyenne d’accueil est de 5 mois et demi, éventuellement renouvelables (inférieur à la moyenne
régionale de 7 mois correspondant à l’ensemble des structures distribuant de l’aide alimentaire).
18.4% des structures mettent en place une distribution de colis ou de paniers en parallèle de l’épicerie.
Une structure met également en place des aides financières pour l’achat de denrées et de produits
d’hygiène.
Une seule structure ne met aucun accompagnement social en place pour les bénéficiaires de l’épicerie.
81.6% des épiceries mettent en place un dispositif d’accueil et d’orientation individuel à l’arrivée du
bénéficiaire. Sur la durée, 60.5% des épiceries mettent en place un dispositif d’accompagnement
individuel de la personne et 65.8% des épiceries mettent en place des ateliers collectifs. 13.5% des
épiceries ne mettent en place qu’un dispositif d’ateliers collectifs, sans entretien individuel d’accueil
et d’information ni autre type d’accompagnement individuel. Les épiceries solidaires sont vues comme
une porte d’entrée vers la réinsertion et l’autonomie (possibilité pour les personnes de faire leurs
courses, gérer leur budget etc.). Les dispositifs d’accompagnement des personnes proposés en
42,1 %
34,2 %
18,4 %
5,3 %
Graphique 25 Plus de la moitié des épiceries fonctionnent avec au moins un salarié
Aucun salarié
Un ou deux salariés
Entre 3 et 10 salariés
Plus de 10 salariés
Source : DRAAF Occitanie
7,9
7,9
15,8
44,7
18,4
5,3
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Graphique 26 : Répartition du nombre de bénévoles au sein des épiceries solidaires (données en %)
Plus de 50 bénévoles
Entre 30 et 50 bénévoles
Entre 11 et 29 bénévoles
Entre 6 et 10 bénévoles
Entre un et 5 bénévoles
Aucun bénévole
Source : DRAAF Occitanie
56
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
parallèle de l’épicerie sont donc essentiels dans cette dynamique et permettent la revalorisation de
l’estime du bénéficiaire tout en retissant un lien social souvent rompu par l’isolement.
3.4.3. Offre alimentaire
83.8% des épiceries considère leur stock de produits frais comme dominant ou important au sein de
l’offre de denrées qu’elles proposent. Cette valeur est nettement supérieure à la moyenne de 63%
obtenue au niveau régional pour l’ensemble des points de distribution. Cela est majoritairement dû
aux fait que les épiceries achètent ces produits comme une priorité. On remarque également plus bas
que l’approvisionnement via des producteurs locaux est plus important pour les épiceries solidaires
que pour l’ensemble des points de distribution régionaux.
Au niveau des produits particuliers, les résultats sont là encore au-dessus des résultats obtenus pour
l’ensemble des points de distribution. La part des structures distribuant des produits particuliers est
supérieure à la moyenne obtenue sur l’ensemble des points de distribution régionaux.
Tableau 4 : Offre de produits particuliers par les épiceries solidaires
Produits
d’hygiène et d’entretien
Produits pour nourrissons
Produits liés à une restriction
alimentaire
Aucun produit particulier
Epiceries solidaires et sociales (%)
86.5 64.9 8.1 13.5
Ensemble des points de
distribution (%) 67.7 43.1 3.7 30.3
Enfin, 35.1% des épiceries répondantes déclarent travailler en lien avec des producteurs locaux, pour
un approvisionnement régulier ou ponctuel (majoritairement en fruits et légumes). 21.6% des
épiceries sont en train de mettre en place des partenariats ou pensent le faire sur le court terme. 43.2%
des épiceries ne travaillent pas avec la production locale et n’envisagent pas de le faire actuellement.
Au niveau de l’ensemble des points de distribution régionaux, à titre de comparaison, l’enquête a
montré que 22.9% des structures fonctionnent en lien avec des producteurs locaux, 17% envisagent
de le faire, et 60.1% n’ont pas de lien avec la production locale et n’envisagent pas d’en développer
sur le court terme.
10,8
73,0
5,4
10,8
Graphique 27 : Perception de la part des produits frais dans le stock de denrées proposées (%)
Dominante
Importante
Secondaire
Marginale
Source : DRAAF Occitanie
Source : DRAAF Occitanie
57
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
3.5. Mise en place de l’aide alimentaire par les CCAS et CIAS
Les résultats présentés concernent 47 CCAS ou CIAS mettant en place une des modalités suivantes
d’aide alimentaire : des aides financières, une distribution de colis ou de paniers, une épicerie sociale,
un restaurant social ou un dispositif de soutien à une association d’aide alimentaire. Les CCAS ayant
répondu à l’enquête sont répartis sur six départements : le Gard, la Haute-Garonne, le Gers, l’Hérault,
les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne. Il a été difficile de contacter les CCAS et CIAS du fait de
l’absence d’UDCCAS42 dans certains départements et donc l’absence de recensement et de contacts
au sein des CCAS. Par ailleurs, les taux de retour des questionnaires ont été faibles, avec impossibilité
de le calculer de manière exacte dans la mesure où le nombre de CCAS actifs n’est actuellement pas
connu en Occitanie. Certains départements ne sont donc pas représentés ici.
Les communes ou intercommunalités ayant retourné le questionnaire d’enquête sont variées par leur
situation géographique, leur ancrage en zone rurale ou urbaine mais également par leur nombre
d’habitants. Parmi les CCAS répondant et déclarant mettre en place un dispositif relatif à l’aide
alimentaire, près de 30% sont implantés sur des communes de 5 000 à 10 000 habitants. Près de 75%
des communes présentées ici possèdent un nombre d’habitants inférieur à 10 000.
Le principal critère d’accès au dispositif du CCAS est celui des ressources financières (pour 91.5% des
CCAS répondants). Viennent ensuite les critères de résidence de la personne (63.8%) et de la situation
familiale (57.4%). Enfin, 34% des CCAS déclarent également prendre en compte le statut du
demandeur (bénéficiaire de minimas sociaux par exemple).
42.6% des CCAS déclarent demander à la personne de réaliser un autre type d’accompagnement lors
de son admission. Ce peut être un accompagnement à la gestion budgétaire, du bénévolat auprès de
l’épicerie sociale, etc.
Plus de la moitié des CCAS déclarent avoir observé une hausse des familles monoparentales. 42% des
CCAS déclarent également avoir reçu un nombre plus important de personnes retraitées.
42 UDDCCAS : Union départementale des CCAS
21,3
23,4
29,8
10,6
10,6
4,3
Graphique 28 : Répartition des CCAS et CIAS en fonction du nombre d'habitants de la commune ou de l'intercommunalité (%)
Moins de 3 000 habitants
Entre 3 000 et 5000 habitants
Entre 5 000 et 10 000 habitants
Entre 10 000 et 20 000habitants
Entre 20 000 et 50 000habitants
Plus de 50 000 habitants
Source : DRAAF Occitanie
58
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Les CCAS nous ont également fait part d’une augmentation d’hommes vivant seuls, de personnes en
attente d’ouverture de droits, de personnes sans domicile fixe et de personnes en recherche d’emploi.
Seuls deux CCAS ont déclaré mettre en place un restaurant solidaire. Dans ces deux cas, le restaurant
est ouvert plusieurs fois par semaine, hors week-ends, et est approvisionné via des appels d’offre
auprès de centrales d’achats.
3.5.1. Soutien aux associations caritatives d’aide alimentaire
78.7% des CCAS mettent en place des dispositifs de soutien aux associations d’aide alimentaire
présentes sur leur commune. Certains mettent en place plusieurs dispositif de soutien, couplant par
exemple un soutien financier sous forme de subventions (75% des CCAS mettant en place un dispositif
de soutien, soit 57.4% du total des CCAS répondants) à un support logistique comme la mise à
disposition de locaux ou une aide au transport des produits (30.6% des CCAS mettant en place un
dispositif de soutien, soit 23.4% du total des CCAS répondants). Seuls 2.5% des CCAS mettent en place
un accompagnement associatif.
Ce soutien peut se manifester sous d’autres formes comme le don des surplus du restaurant scolaire
de la commune, l’achat de ticket restaurants qui seront distribués aux associations puis aux
bénéficiaires, la mise en œuvre d’une collecte ou encore la prise en charge de repas dans le cas de
l’existence de tables solidaires sur la commune.
3.5.2. Aides financières
Les aides financières concernent 61.7% des CCAS ou CIAS. Elles sont majoritairement mises en place
par les communes ayant un nombre élevé d’habitants. Dans le tableau, les communes ont été
réparties en catégories selon leur nombre d’habitants.
Tableau 5 : Soutien financier aux associations par les CCAS ou CIAS
Moins de
3000 habitants
Entre 3000 et 5000
habitants
Entre 5000 et 10 000 habitants
Entre 10 000 et 20 000 habitants
Entre 20 000 et 50 000 habitants
Plus de 50 000
habitants
28,9
55,3
42,1
15,8
0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0
personnes en situation d’emploi
familles monoparentales
personnes retraités
jeunes de moins de 25 ans
Part des CCAS déclarant avoir observé une hausse du profil (%)
Graphique 29 : Plus de la moitié des CCAS ou CIAS déclarent observer une hausse du nombre de familles monoparentales
Source : DRAAF Occitanie
59
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Part des CCAS mettant en place une aide financières parmi
l’ensemble des CCAS répondants (%)
13.8 24.1 27.6 13.8 13.8 6.9
Part des CCAS de la catégorie mettant en
place un dispositif d’aides financières (%)
40 63.6 57.1 80 80 100
Les CCAS mettent souvent en place différentes aides financières pour l’alimentation. Le dispositif le
plus utilisé par les CCAS est la distribution de bons alimentaires et de tickets service aux personnes en
situation de précarité.
3.5.3. Colis et paniers alimentaires
La distribution de colis ou de paniers alimentaires concerne 59.6% des CCAS ou CIAS répondants. Cette
pratique est majoritairement mise en place par les communes de 5 000 à 10 000 habitants : celles-ci
représentent 40% des CCAS mettant en place le dispositif et 71.4% des CCAS dont la commune compte
entre 5000 et 10 000 habitants le mettent en place.
Tableau 6 : Délivrance d'aides financières à l'alimentation par les CCAS ou CIAS
Moins de
3000 habitants
Entre 3000 et 5000
habitants
Entre 5000 et 10 000 habitants
Entre 10 000 et 20 000 habitants
Entre 20 000 et 50 000 habitants
Plus de 50 000
habitants
Part des CCAS mettant en place une aide financières parmi
l’ensemble des CCAS répondants (%)
16.0 24.0 40.0 12.0 8.0 0
31,0
55,2
24,1
20,7
10,3
0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0
Aides à la restauration collective
Bons alimentaires et tickets services
Chèques d'accompagnement personnalisé
Espèces
Bons d'accès à un lieu de restauration
Part des CCAS proposant le dispositif (%)
Graphique 30 : Aides financières à la restauration mises en oeuvre par les CCAS et CIAS
Source : DRAAF Occitanie
Source : DRAAF Occitanie
60
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Part des CCAS de la catégorie mettant en
place un dispositif d’aides financières (%)
40.0 54.5 71.4 60.0 40.0 0
Ces colis sont pour 65% approvisionnés par la Banque alimentaire et 30% par des achats dans les
supermarchés proches. 20% des CCAS ont également mis en place un partenariat avec la Croix Rouge.
3.5.4. Epiceries sociales gérées par les CCIAS/CIAS
La gestion d’une épicerie sociale concerne 21.3% des CCAS ou CIAS répondants. Elle est
majoritairement mise en place par les communes avec un grand nombre d’habitants (70% des
réponses concernent des communes dont le nombre d’habitants est compris entre 10 000 et 50 000.
Dans 60% des cas, l’épicerie ouvre une fois par semaine, hors week-ends. L’épicerie est ouverte
plusieurs fois par semaine (hors week-ends) dans 40% des cas.
L’accès à l’épicerie sociale se fait majoritairement par la condition des ressources financières de la
personne. Le graphique précédent se lit : « 90% des CCAS pose comme condition le niveau de
ressources budgétaires de la personne pour avoir accès à l’épicerie sociale. 40% demandent comme
critère le lieu de résidence. ». Les critères sont bien sûrs cumulatifs ; certains CCAS ne demandant
qu’un seul critère parmi ceux cités, et d’autres demandant plusieurs justificatifs.
D’autres conditions ont également été posées, notamment la présence d’un projet pour la personne
demandant l’accès à l’épicerie (remboursement d’une dette, achat d’une voiture…) ou encore le fait
d’avoir déjà bénéficier de l’aide alimentaire auprès d’associations.
80% des épiceries sociales proposent des ateliers sociaux en parallèle de la distribution alimentaire.
Parmi ceux-ci, on retrouve les ateliers cuisine (87.5% des épiceries proposant un accompagnement ou
des ateliers), les ateliers de sensibilisation « nutrition-santé » (pour 50% des épiceries) et les ateliers
d’aide à la gestion du budget (25% des épiceries).
40
40
90
40
30
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Autre
Critère de résidence
Critères de ressources
Critères relatifs à la situation familiale
Statut du demandeur (bénéficiaire des minimas sociaux)
Part des CCAS demandant posant le critère pour accéder à l'épicerie (%)
Graphique 31 : Les ressources comme principal condition d'accès à l'épicerie sociale
Source : DRAAF Occitanie
Source : DRAAF Occitanie
61
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Les sources d’approvisionnement des épiceries sont multiples. Les principales sont les Banques
alimentaires (70% des épiceries), les achats auprès des GMS (60% des épiceries), ainsi que les collecte
(50% des épiceries en organisant).
62
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
4. Bilan régional
La région Occitanie est une région attractive marquée par une forte croissance démographique, qui
s’explique principalement par l’arrivée résidentielle43. Avec 13 départements et une géographie
contrastée, la région concentrent des territoires divers, allant de zones très rurales à des département
largement urbanisés.
Cependant, le taux de chômage régional au 3ème trimestre 2017 est particulièrement élevé et s’élève à
11.3%, variant de 6.2% pour le département de la Lozère à 14.9% dans les Pyrénées Orientales. C’est
la seconde région pour le taux de chômage, derrière les Hauts-de-France (12.1%). Ce taux de chômage
est à mettre en regard de la pauvreté, qui concerne 17% de la population.
L’Occitanie se classe au 4ème rang des régions les plus pauvres de France derrière la Corse, les Hauts-
de-France et la région PACA. Parmi les populations vulnérables, les écarts sont particulièrement
marqués. Plus du tiers des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté (2ème rang). Le taux de
pauvreté des moins de 30 ans est le 3ème plus élevé de métropole, celui des 75 ans ou plus le second
après les Hauts-de-France. La région se classe 2ème pour la part des allocations de minima sociaux dont
au moins les trois quarts des revenus proviennent des prestations sociales44.
Par ces caractéristiques régionales, les associations d’aide alimentaire sont particulièrement sollicitées
en Occitanie et jouent un rôle essentiel dans le lien social et l’aide aux personnes démunies. Avec plus
de 700 points de distribution recensés et 173 associations habilitées régionalement pour la distribution
de l’aide alimentaire, c’est un levier essentiel dans le soutien aux personnes en situation de précarité.
Ce réseau important d’acteurs associatifs, privés et publics permet la mise en place d’un système
dynamique et innovant de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale. Il fait cependant face à des
freins et des difficultés qu’il était important de mettre en évidence afin de pouvoir développer des
solutions et soutiens adaptés aux besoins des associations.
Une matrice A.F.O.M. représentant les atouts, faiblesses, opportunités et menaces pour l’aide
alimentaire en Occitanie permet de mettre en évidence les points importants ressortant du panorama
régional. Elle reprend les conclusions issues des résultats quantitatifs et qualitatifs présentés dans ce
rapport et permet un bilan final de l’aide alimentaire en région Occitanie.
43 Les arrivées sont plus nombreuses que les départs. 44 L’intégralité des chiffres présentés provient de l’Insee. Insee analyses Occitanie numéro 40 paru le 23.03.2017. L’Occitanie au regard des autres régions métropolitaines : dynamisme, précarité et contrastes par Noémie Montcoudiol.
63
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Atouts Faiblesses
Des territoires et des productions riches et diversifiées réparties sur l’ensemble de la région.
Un nombre important d’entreprises de l’industrie agro-alimentaire, notamment au niveau des pôles urbains.
Des associations innovantes mettant en place des solutions répondants aux contraintes des territoires dans lesquels elles se trouvent.
Des pôles régionaux produisant ou assurant la logistique de quantités importantes de fruits et légumes.
Plus de 700 points de distribution de l’aide alimentaire répartis sur l’ensemble de l’Occitanie.
Des GMS qui ne respectent pas forcément les règles du don alimentaire, fragilisant les associations dans leur fonctionnement.
Des locaux en mauvais état, petits ou non adaptés à l’accueil d’un public ou au stockage de denrées, qui ne favorisent pas le lien entre l’association et les bénéficiaires.
Des territoires marqués par un taux de pauvreté élevés mais peu densément peuplés, isolés et difficiles d’accès.
De grandes disparités entre les territoire entraînant des zones où la production agricole est faible et non suffisante en termes de quantité et de variété.
Un manque de communication entre les associations elles-mêmes et entre les associations et le reste de la filière.
Opportunités Menaces
Le développement d’un réseau de producteurs intéressés pour participer à l’aide alimentaire, sous forme de dons ou de vente.
L’animation d’un réseau d’acteurs solidaires qui favoriserait la communication et renforcerait les actions d’aide alimentaire et sociales.
Une meilleure formation des bénévoles pour renforcer les liens entre bénéficiaires et bénévoles et revaloriser la filière et les personnes impliquées.
Une baisse du nombre de bénévoles et des difficultés à recruter de nouveaux effectifs, pourtant essentiels dans le secteur associatif.
Un manque d’associations dans certains milieux ruraux pour couvrir les besoins des populations isolées.
Un apport trop faible en produits frais, produits d’hygiène et pour nourrissons, et des difficultés pour diversifier les produits proposés.
64
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
5. Recommandations à destination de la DRAAF et de la DRJSCS
Occitanie
Ce panorama avait pour objectif d’établir un état des lieux de l’aide alimentaire en mettant en évidence
ses forces, ses faiblesses, les difficultés auxquelles elle fait face et les leviers d’action existants en vue
d’une amélioration du système. Au vu des résultats obtenus, il semblerait intéressant d’encourager les
acteurs souhaitant développer l’aide alimentaire dans les zones où le taux de pauvreté est important
et la couverture géographique faible, en accord avec les cartes présentées.
Un second point est le soutien des initiatives vectrices de lien entre le monde agricole et les
associations d’aide alimentaire : pour le producteur, un partenariat avec une association ou une
Banque alimentaire permet l’assurance de revenus fixes et constants sur l’année, éventuellement à un
tarif de « gros ». En parallèle, l’association est assurée d’un approvisionnement régulier en fruits et
légumes, insuffisant actuellement dans de nombreux départements.
De par l’étendue et la diversité de la région, il semble important pour les directions régionales de se
doter d’acteurs-relais au niveau départemental, souvent plus au fait de la réalité et des difficultés de
leur territoire et plus à même de répondre aux enjeux qu’ils portent. Ceux-ci deviennent alors vecteurs
d’information sur les dispositifs de financements, les appels à projets DRAAF et DRJSCS.
Il est également essentiel d’agir pour la divulgation de l’information sur le dispositif d’habilitation afin
que celui-ci devienne un mécanisme « réflexe » pour les associations d’aide alimentaire. Cela passe
par des relais locaux et notamment les délégués départementaux à la vie associative, premier contact
des associations lors de leur référencement en Loi 1901 dans le Journal Officiel. Pour améliorer cet
aspect, trois actions peuvent être menées :
- Mettre en place des plaquettes explicatives autour des enjeux et atouts de l’habilitation, qui
serait distribuées aux associations lors de leur inscription au Journal Officiel. Celles-ci doivent
être distribuées aux associations mettant en place de l’aide alimentaire, mais aussi aux
associations ayant une action sociale envisageant plus tard de le faire. Il serait également
intéressant de les distribuer aux Banques alimentaires comme outils de réponse aux
associations non-habilitées venant demander des denrées alimentaires.
- Former les délégués à la vie associative au dispositif d’habilitation afin qu’ils puissent
pleinement informer les associations
- Mettre en place un fichier collaboratif référençant les associations d’aide alimentaire, et
notamment les associations non habilitées. Cet outil permettrait l’accès à l’information pour
les DD(CS)PP, la DRJSCS et la DRAAF.
Il semble nécessaire d’encourager les DD(CS)PP à mettre en place davantage de contrôles des GMS, en
collaboration avec les Banques alimentaires, pour lutter contre les mauvaises pratiques de dons qui
pénalisent les associations.
Le fonds de développement pour la vie associative de la DRJSCS est un outil intéressant qui
nécessiterait d’être plus largement mis en valeur dans le domaine de l’aide alimentaire, notamment
dans le cadre des formations à l’hygiène alimentaire et à la préparation de repas. Il serait intéressant
de mettre en œuvre des dépliants explicatifs appliqués à l’aide alimentaire à destination des
associations. Le relais de la distribution pourrait être envisagé via les Banques alimentaires, le réseau
ANDES et Revivre Pays d’Oc, voire via les entreprises dites de l’économie sociale et solidaire présentes
sur la région comme SO Phénix ou Comerso.
65
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Plus largement, il semble important de développer des espaces communs de partage de l’information
entre directions régionales et collectivités territoriales : la DRAAF étant impliquée dans l’aide
alimentaire à travers le PNA et son lien à l’agriculture et la production locale, la DRJSCS par sa
compétence sociale et le dispositif d’habilitation, l’ADEME pour la notion de gaspillage et de
revalorisation des denrées alimentaires, et l’ARS pour les aspects de santé et de nutrition. Chaque
acteur possède des informations sur l’aide alimentaire qu’il serait intéressant de mettre en commun,
notamment dans le cas des différents appels à projets mis en œuvre. Un outil collaboratif, via un
« drive », des documents « cloud », etc. serait un réel point positif dans la communication, le partage
de l’information et l’actualisation des données.
Un outil collaboratif entre la DRAAF et la DRJSCS (voire la DREAL pour d’autres thématiques que celle
l’aide alimentaire) serait un plus dans la mise en commune d’information sur l’aide alimentaire mais
aussi sur les outils existants : logiciels de cartographie, formulaires d’enquête, traitement de données
statistiques et sûrement beaucoup d’autres qui n’ont pas été envisagés dans le cadre de ce panorama.
Enfin, à plus large échelle, il serait intéressant de se renseigner sur les actions mises en œuvre par les
DRAAF et DRJSCS d’autres régions en matière d’aide alimentaire, notamment celles présentes dans les
régions les plus pauvres (Hauts-de-France, PACA, Corse), afin de pouvoir échanger sur les différents
leviers d’action, problématiques communes, appels à projets existants, etc.
66
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexes
Annexe 1 : Résultats de l’étude Abena 2004-2005
En réponse à une demande émise en 2003 par le secrétariat d’État à la lutte contre l’exclusion et la précarité, l’unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen) a réalisé, en collaboration avec l’unité mixte de recherche Inserm U577/Inra/Cnam, l’étude Abena, consacrée à l’alimentation et à l’état nutritionnel des personnes bénéficiant de l’aide alimentaire. L’étude s’est concentrée sur quatre zones urbaines : le département de Seine Saint-Denis, les villes de Paris, Dijon et Marseille.
Le premier volet de l’étude s’est porté sur l’approvisionnement alimentaire et la consommation. Le loyer prend souvent la place principale dans le budget des ménages ce qui conduit à l’allocation de sommes inférieures à 3 euros par jour, contre les 3,50 euros préconisés par l’Inserm et associés à une connaissance de la valeur nutritionnelle des aliments. Les populations en précarité se tournent vers les aliments les plus économiques pour éviter le sentiment de faim : le principal constat est le manque de diversification de l’alimentation. Les féculents y sont très présents (au moins trois fois par jour dans près de 50% des cas). A contrario, les viandes, poissons et œufs sont peu consommés (moins d’une fois par jour pour 43% des personnes ayant répondu à l’enquête). Les produits laitiers et les fruits et légumes sont très peu présents en comparaison avec les repères du PNNS : 9.2% de répondants déclarent manger trois produits laitiers par jour et seulement 1.2% des personnes interrogées consomment au moins 5 fruits et légumes par jour.
Le second volet de l’enquête concernait les marqueurs nutritionnels. Les résultats mettent en évidence une prévalence du surpoids et de l’obésité, qui touche plus particulièrement les femmes (36% sont concernées par l’obésité, contre 13% chez les hommes, soit 2 à 3 fois plus que la population générale). D’autres observations ont été relevées comme la prévalence de l’hypertension artérielle (un quart des personnes concernées), des taux de cholestérol et de triglycérides, ainsi que de l’anémie chez les femmes et divers déficits en nutriments (vitamine C notamment).
Dans son approche socio-anthropologique, l’enquête met en avant l’importance capitale du lien social dans l’accès à l’information, à l’alimentation et aux droits. Elle appuie l’importance des liens familiaux mais aussi de la solidarité qui existe entre les familles recourant à l’aide alimentaire.
Annexe 2 : Résultats de l’étude Abena 2011-2012 et évolutions depuis 2004-2005
L’étude Abena a été reconduite au cours de l’hiver 2011-2012 dans six zones urbaines : Paris, Marseille, Grand-Dijon, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine (les quatre premiers territoires étant ceux sur lesquels avaient été réalisée l’enquête en 2004-2005). Les évolutions sociodémographiques ont été prises en compte dans la significativité des chiffres communiqués et de leurs évolutions.
Par rapport à la question de l’approvisionnement alimentaire par les populations précaires, on note un changement quant à la fourniture en produits frais notamment les fruits et légumes : en 2004-2005 pour ces denrées, l’aide alimentaire était la première source d’approvisionnement pour 63.6% des répondants, contre 29.4% en 2011-2012. Peu d’usagers (4.5%) avaient recourt à la fois à des structures distribuant des denrées brutes et à des structures où l’on distribuait des repas. D’après la synthèse du rapport réalisée par les mêmes auteurs, « comparé à 2004-2005, les usagers étaient davantage satisfaits en 2011-2012 de la diversité des aliments proposés et des possibilités de choix dans les structures qu’ils fréquentaient. En revanche, ils expriment le souhait d’une ouverture continue sur l’année des structures, de pouvoir contribuer d’avantage aux activités de fonctionnement des structures et d’avoir accès à des conseils, des guides ou des « ateliers cuisine », quand ce n’était pas le cas dans les structures qu’ils fréquentaient ».
67
Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Le volet de l’étude consacré à l’alimentation appuie également le manque de diversité dans les denrées consommées par les répondants, en relevant cependant une légère augmentation dans la fréquence de consommation des produits laitiers et des fruits et légumes frais (14.7% déclaraient consommer trois produits laitiers par jour et 6.5% cinq fruits et légumes ou plus quotidiennement).
Le volet épidémiologique montre une augmentation non significative de la prévalence de l’obésité et du surpoids chez les personnes en situation de précarité, les chiffres restant stables. Les résultats sont également proches pour la prévalence de l’hypertension et du diabète. La prévalence de l’anémie était quant à elle en nette diminution depuis 2004-2005.
Annexe 3 : Résultats de l’enquête E3A
L’enquête E3A a été réalisée auprès des Associations délivrant de l’Aide Alimentaire sur six sites géographiques préalablement sélectionnés : Paris, Dijon, Lille, Marseille, le Val de Marne et la Seine-Saint-Denis. Les réponses concernent un total de 187 structures.
Modes de fonctionnement, équipement et difficultés des associations. Les associations ayant répondu à l’enquête font pour les trois-quarts partis d’un réseau national et 73.5% d’entre elles fonctionnent sans salarié. Le mois d’août est un mois où les associations sont majoritairement (pour 69% d’entre elles) fermées. D’après la synthèse des résultats principaux45 publiée, « Le principal critère retenu par les associations pour attribuer un aide alimentaire est l’envoi par un service social (dans 82.6% des cas). Les familles monoparentales sont les plus représentées parmi les personnes accueillies (88.5%), mais 65% des associations enquêtées accueillent aussi des personnes sans domicile fixe. ». Les associations font également part des difficultés auxquelles elles sont face en termes de matériel et de personnel, près de 40% d’entre elles devant limiter le nombre d’usagers servis.
Types et provenance des aliments délivrés. Les Banques Alimentaires sont le premier fournisseur des associations (60%). Les denrées peu distribuées par les Banques Alimentaires sont apportées grâce à des achats : produits dits « d’épicerie », produits laitiers, matières grasses mais aussi produits frais (fruits et légumes, viande, poisson, œufs). Les fruits et légumes sont les produits manquant le plus aux associations.
Qualité et valeur marchande des colis et repas donnés. Les distributions d’aide alimentaire se font
majoritairement sous forme de colis (36%) ou de libre-service avec contrainte (32%). Il n’existe pas de
différence entre les colis et les repas de quelque nature qu’elle soit (quantité, apport énergétique…).
Cependant, selon la synthèse du rapport, « Les colis/paniers délivrés dans le cadre de l'aide alimentaire
ne respectent pas l'équilibre alimentaire du "colis conseillé" : ils manquent de viande, de fruits et de
légumes et contiennent trop de féculents raffinés, de matières grasses ajoutées et de produits sucrés
et/ou salés. En revanche, les quantités distribuées sont en accord avec le colis conseillé pour le poisson,
le fromage et les autres produits laitiers. Les distorsions les plus importantes entre les colis/paniers
distribués et le colis conseillé concernent les fruits et légumes (3 fois moins que la quantité conseillée)
et les produits sucrés et/ou salés (presque 5 fois trop). »
Cette enquête a permis d’élaborer une série de préconisations pour les associations, notamment au
niveau de l’équilibre alimentaire et en particulier des personnes vivant dans la rue, ainsi qu’au niveau
de la diffusion de l’information et des préconisations du PNNS.
45 E3A : Enquête auprès des Associations d'Aide Alimentaire. Synthèse des principaux résultats.
Constance Bellin, Anne-Gwenhael Dauphin, Katia Castetbon, Nicole Darmon Unité de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (UMR Inserm/Inra/Cnam) et Unité de Surveillance et D’Epidémiologie Nutritionnelles (InVS/Cnam).
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 4 : Taux de chômage localisés et indicateurs sociaux régionaux
Taux de chômage localisés, 3ème semestre 2017 Carte réalisée par le Service Etudes Statistiques Evaluation de la Direccte Occitanie à partir des données de l’Insee.
Occitanie France métropolitaine Rang
Taux de chômage en 2015 (en %) 12.1 10 2ème
Taux de pauvreté en 2013 (en %) 17 14 4ème
Niveau médian de vie (en €) 19 277 20 000 10ème
Jeunes non insérés en 2013 (en % des 18-24 ans)
4.2 3.9 4ème
Taux de pauvreté des 75 ans ou plus en 2013 (en %)
12.5 8.9 2ème
Part des logements sociaux parmi les résidences principales en 2015 (en %)
10.3 20.3 ND
Allocataires dont plus de 75% du revenu sont des prestations en 2014 (en %)
28.7 24.9 2ème
ND : Non déterminé Source : Insee, DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement)
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 5 : Répartition du revenu déclaré en France et en Occitanie
Répartition par département du revenu déclaré par unité de consommation pour l’ensemble de la France métropolitaine. La région Occitanie, délimitée par un pourtour bleu, possède des revenus parmi les plus faibles de France.
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 6 : Liste des structures habilitées au niveau national
Association des citées du Secours catholique
Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES)
Croix Rouge Française (pour l’ensemble de ses unités d’aide alimentaire)
Fédération de l’entraide protestante
Fédération française des banques alimentaires
Fédération nationale des paniers de la mer
Fondation de l’Armée du Salut
Imagine 84
Les Œuvres hospitalières françaises de l’ordre de Malte, dites ordre de Malte France
Réseau Cocagne
Le Refuge
Les Restaurants du cœur – les Relais du cœur
Revivre dans le monde
Secours catholique
Secours populaire français
Société de Saint-Vincent-de-Paul
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 7 : Répartition géographique des points de distribution d’aide alimentaire à
l’échelle départementale
- Ariège
- Aude
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
- Aveyron
- Gard
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
- Gers
- Haute-Garonne
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
- Hérault
- Lot
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
- Hautes Pyrénées
- Lozère
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
- Pyrénées Orientales
- Tarn
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 8 : Liste complète des entretiens réalisés dans le cadre du panorama
Département Structure Catégorie
09 ISCRA – IRISSE Epicerie solidaire et sociale
09 Secours populaire français Siège départemental, association
nationale
09 Croix Rouge française Siège départemental, association
nationale
11 Banque alimentaire de l’Aude Structure d’approvisionnement,
association nationale
12 Jardins du Chayran Réseau Cocagne, chantier
d’insertion
30 Restaurants du Cœur Siège départemental, association
nationale
30 CHRS Les Glycines Fondation de l’Armée du Salut,
CHRS
30 Société Saint-Vincent de Paul Epicerie solidaire et sociale
30 Défi Market Epicerie solidaire et sociale
31 (09, 82) Banque alimentaire de Toulouse et sa
région
Structure d’approvisionnement, association nationale (Haute-
Garonne, Ariège, Tarn-et-Garonne)
31 Revivre Pays d’Oc Structure d’approvisionnement
- Tarn-et-Garonne
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
31 Jardins du Volvestre Réseau Cocagne, chantier
d’insertion
32 Secours populaire français Siège départemental, association
nationale
32 Gers solidaire Réseau départemental
34 Restaurants du Cœur Siège départemental, association
nationale
34 Secours populaire français Siège départemental, association
nationale
34 Terre Contact Epicerie solidaire et sociale
34 Banque alimentaire de l’Hérault Structure d’approvisionnement,
association nationale
46 Croix Rouge française Siège départemental, association
nationale
46 Banque alimentaire du Lot Structure d’approvisionnement,
association nationale
48 Secours populaire français Siège départemental, association
nationale
48 Jardins de Cocagne de Lozère Réseau Cocagne, chantier
d’insertion
48 Epicerie sociale de Mende Epicerie sociale et solidaire,
ANDES
65 Banque alimentaire des Hautes-Pyrénées Structure d’approvisionnement,
association nationale
66 La Cistella de Marianne ANDES, chantier d’insertion
66 Secours populaire français Siège départemental, association
nationale
66 Banque alimentaire des Pyrénées Orientale Structure d’approvisionnement,
association nationale
66 Restaurants du Cœur Siège départemental, association
nationale
81 Croix Rouge Française Siège départemental, association
nationale
81 Restaurants du Cœur Siège départemental, association
nationale
82 CIVAM Semailles FRCIVAM, réseau national
82 Croix rouge française Siège départemental, association
nationale
Région Programme Uniterres ANDES
Région Animation réseau ANDES ANDES
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Panorama de l’aide alimentaire, DRAAF Occitanie, 2018
Annexe 9 : Le programme Uniterres mené par l’ANDES
Le programme Uniterres de l’ANDES
Le programme Uniterres développe des circuits courts entre des maraîchers et des arboriculteurs de proximité et les épiceries solidaires ANDES permettant un approvisionnement en fruits et légumes frais, locaux et de saison. Les équipes ANDES assurent l’organisation de la logistique et l’accompagnement personnalisé des producteurs en situation de difficultés financières. La production est achetée à un prix « juste » et stable, fixé sur une année.
Le programme répond à quatre objectifs :
- Soutenir les maraîchers et les arboriculteurs en difficulté en les aidant dans la gestion de leur production et leur commercialisation
- Améliorer la qualité de l’alimentation des clients des épiceries solidaires ANDES, par des approvisionnement réguliers en circuits courts et de proximité en fruits et légumes frais
- Promouvoir des habitudes alimentaires favorables à la santé à travers l’animation d’ateliers de cuisine réalisés avec les produits des fournisseurs du programme Uniterres
- Renforcer les liens entre consommateurs et producteurs à travers l’organisation de rencontres et d’évènements.